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Forrières

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Forrières

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L’Eglise et ses Sculptures

Forrières, 1200 habitants, humble village du Luxembourg belge, arrosé par la Lomme, bourg agricole mais où l’on taille la pierre aussi. La nouvelle église, dé-diée à Saint-Martin, est l’œuvre de Jean Gilson.Jean Gilson – architecte déjà fort connu – appartient à cette école contemporaine qui se veut rénovatrice mais non intégralement révolutionnaire.Exposant quelque jour ses vues sur l’art sacré, il plaida l’absolue nécessité de garder à celui-ci un caractère permanent et dit la prudence extrême qu’on devait mettre à l’engager.Nulle trace, dès lors, dans l’œuvre de Gilson des audaces d’un Le Corbusier à Ronchamp, nul désir de s’inspirer de Fossé en Ardennes ou d’Assy.L’art religieux du XIXème siècle obéissait à un goût très prononcé du pastiche.On connaît l’ampleur qu’atteignit chez nous la vague néo-gothique. (Et hélas ! aussi les ravages qu’elle causa !) Mais en marge du style « Béthune », quelle mul-titude en notre Occident de monuments néo-romans et néo-byzantins, meublés par les bondieuseries naturalistes de St-Sulpice !La tendance des bâtisseurs actuels – de ceux-là du moins qui font encore appel aux valeurs acquises – marque un retour très net vers l’art roman.L’église de Forrières est d’une harmonieuse pureté de ligne, toute traditionnelle en ce pays mosan qui connut une belle floraison du style roman.A l’autre bout de la Belgique, à Oostduinkerke en Flandre, dans les dunes, Jean Gilson érigea autrefois une monumentale église, dont la tour trapue aux massifs contreforts est sœur de celle de Lissewege et de Damme.A Saint-Vith, il acheva d’élever aujourd’hui une véritable basilique, imposante et sévère comme le sont les grands monuments romans de la proche région rhé-nane.Il faut louer sans réserve l’esprit d’adéquate synthèse, le goût, le sain régionalisme qui ont présidé à la construction de ces divers édifices où l’âme, certes, n’est pas absente.Mais Gilson, s’il s’avère habile ordonnateur de l’ouvrage architectonique, s’affirme aussi comme ayant une parfaite compréhension des fonctions respectives de l’art de bâtir et de l’art de sculpter.Le choix qu’il fit en « maître d’œuvre » de Zygmund Dobrzycki comme sculpteur en apporte la preuve.La personnalité de Dobrzycki peintre, sculpteur et céramiste, d’origine polo-naise, mais à présent de nationalité belge est assez connue pour que nous n’ayons pas à la présenter.Un fait actuel est très remarquable. L’église redevient un pôle d’attraction pour

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les artistes contemporains.Matisse a peint et dessiné à Vence, Léger et Rouault ont peint à Assy. Cocteau décore les murs de la petite chapelle de Villefranche-sur-Mer.Selon la conception de Dobrzycki aussi bien que de Gilson, la sculpture n’est pas un art d’appoint subordonné à l’architecture. Son rôle n’est pas uniquement d’or-ner un mur trop nu, d’étoffer une colonne, d’ouvrager archivolte ou meneaux.Architecture et sculpture doivent collaborer à l’intégralité d’un seul et même tout.Pénétrons dans l’église. Déjà la large base du pilier gauche du porche – masse blanche contrastant avec la pierre grise du pays – est historiée. La sculpture fait plus qu’adhérer au fond. Elle est creusée dans la pierre.Saint-Martin, image équestre admirable dans ses formes repliées et stylisées, partage son manteau avec le pauvre. Et voici le portail, que flanquent deux mo-numentales figures auréolées, dont Saint-Martin une nouvelle fois, tandis que les symboles des Evangélistes ornent le linteau.

Après avoir poussé la porte, nous nous trouvons pris dans une semi-obscurité.C’est une des visions fondamentales de l’architecture – et à notre connaissance reproduite dans toutes ses œuvres – que ce jeu de l’ombre et de la lumière, ombre du seuil s’opposant à la clarté qui baigne la nef et inonde l’autel.

Cette conception est d’origine spiritualiste. L’ombre – née ici d’un bas portique aux lourdes solives – appelle le recueillement. Il est salutaire que le fidèle médite un instant avant de connaître les joies de la lumière.Le vaisseau surmonté d’un plafond à poutres et solives apparentes, est extrême-ment simple. Les bas-côtés, étroites galeries rectilignes, conduisent à deux niches semi-circulaires où se dressent éclatantes de blancheur sur leur socle clair, deux statues. L’effet est saisissant.Le chœur – en réalité une abside – abrite l’autel. Ici encore nulle recherche. Les bancs de communion prennent appui sur deux monolithes de pierre blanche.L’autel est une table de pierre que surmontent le moins ornementé des taber-nacles et la plus simple des croix.

Aux baies cintrées du chœur et des petites nefs sont des vitraux, coups de dés joués par Gilson au grand jeu de hasard de la couleur.On devine aisément qu’à cette simplicité architecturale voulue et qui confine à l’austérité, l’adjuvant de la sculpture n’est nullement inutile.On prête à Dobrzycki ce propos : « Si la réincarnation existait, j’aimerais renaître au temps des sculpteurs romans ».

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Mais oui, cher Dobrzycki, l’auteur de ces lignes a parcouru bien des chemins de France et d’Allemagne à la découverte de la statuaire de l’école poitevine ou rhé-nane, vous voit parfaitement ayant œuvré à Moissac ou Saint-Benoît-sur-Loire.L’imagination est vive qui dicte l’expression de la pensée religieuse.

« Le fond essentiel des représentations de la sculpture » a dit Hegel, « c’est l’esprit incarné dans une forme corporelle ». On peut ajouter qu’il n’est pas d’art – même sacré – dans la servile représentation des choses et que la création véritable requiert une interprétation personnelle et de toute nécessité, l’affranchissement spirituel.

Il serait vain de nier que Dobrzycki va beaucoup plus loin dans la statuaire indé-pendante, Christ en croix de la tour, Vierge (voir la chapitre traitant de Gansho-ren et de sa Vierge) et Sacré-Cœur.

Ici est repoussé, au profit de la seule ligne et de l’immobilité, toute convention, toute particularité et presque toute individualisation même.

(Remarquons cependant la tendresse qui émane de la Vierge. A la suite de cet article, vous pourrez lire une lettre de M. J. Gilson à M. l’abbé Goffinet. Celle-ci parle de la Vierge, de Dobrzycki et d’une demande pour l’église Saint-Martin de Ganshoren.)

Sans doute dans l’art austère de la sculpture, la beauté idéale est-elle affaire avant tout d’harmonie d’ensemble et se peut-elle concevoir en dehors du figuratif et dans une quasi abstraction ?Jusque dans ses sculptures les plus audacieuses, Dobrzycki domine son art.

Forrières et Saint-Vith : Deux églises. Un maître architecte, un maître sculpteur. Une seule œuvre et qui a bien mérité de l’art chrétien de ce temps. (Voir le cha-pitre traitant de Saint-Vith)

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Symbolisme de l’Eglise

L’église paroissiale a été reconstruite à l’initiative des autorités communales, qui en confièrent la réalisation à l’architecte Jean Gilson.Celui-ci appela le sculpteur Dobrzycki à tenter avec lui cet essai d’expression du Sacré qu’est l’Eglise Saint-Martin à Forrières.Prenant délibérément pour thème une architecture reposante et calme, l’archi-tecte a implanté le bâtiment tout en bordure d’une courbe de rivière, dont il est séparé par un mur de soutènement établissant une aire horizontale d’assise.La Maison de Dieu s’érige ainsi naturellement de guingois, comme toutes les maisons d’un village de montagne, fuyant les alignements droits et sans joie.En recul sur l’alignement de la route, l’espace découvert permet aux véhicules les manœuvres d’approche et de dégagement pour les cérémonies ; il se crée de plus, en venant du bourg, tout un volume autour de l’église, avec au premier plan la tour, nue et rabotée, se pressant contre un porche bas.Derrière le grand pignon en triangle de la façade, se prolonge le vaisseau de la nef, bordée de part et d’autre d’un bas-côté formant déambulatoire.Le moëllon de grès de teinte gris bleu, la couverture en ardoises, le schiste pour les seuils, ébrasements et cintres des fenêtres, tels sont les matériaux naturels utilisés dans l’aspect extérieur de l’église, et l’intégrant excellemment dans le pay-sage typique de la Famenne.A l’intérieur, l’architecte a voulu un dépouillement plus précis encore, faisant pressentir un engagement que tente la sculpture, et faisant accepter ainsi par le fidèle une évolution progressive de l’architecture sacrée en évitant l’incompré-hension qui n’apporte que rejet.Le pavement en grandes dalles de schiste, le narthex en moëllons apparents ainsi que les retombées des arcs de la nef, le plafond en bois bruni, l’enduit des murs à la palette, le chœur, l’autel, ambons, bancs de communion en pierre blanche, confèrent au volume sacré une tonalité sobre et nette, en même temps qu’une ambiance recueillie.Sur la face de la tour est accroché un Christ en croix, rappel des calvaires au long des chemins d’Ardennes, tordus semble-t-il par cet âpre climat.

Sous le porche, largement ouvert comme un permanent appel, l’accès direct vers le baptistère. Celui-ci est dépouillé comme une attente ; le nouveau baptisé entrera ensuite dans la Maison, en franchissant une lourde grille, signe tangible de la résurrection qu’il vient d’accomplir. (Aujourd’hui, ce local est devenu la chapelle d’hiver et n’est plus accessible par l’extérieur. A l’intérieur, vous pourrez y découvrir un splendide Christ en croix provenant de la chapelle de Cocher. La

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grille, actuellement barre l’accès vers la tour et elle a été remplacée par une porte vers la chapelle d’hiver.)Du porche, sous un portique de pierre sculptée, une double porte en chêne donne accès à l’église.A gauche, Saint-Martin découpe son manteau, sculpture en relief prononcé, pour le donner au pauvre, gravé en creux, symbole recherché de la Charité posi-tive avec la Pauvreté négative.A droite, Saint-Martin dans sa vieillesse résiste à la tentation, sculpture en relief encore, et le Mal figuré par le diable, gravé lui aussi en négatif.Dès l’accès dans l’église, sous un jubé bas et couvert en bois, un narthex d’ombre oppose au visiteur la curieuse clarté mystérieusement douce du chœur tout blanc.C’est sous le jubé que se trouvent les confessionnaux, dans l’ombre de la péni-tence.La lumière est fournie par les fenêtres hautes de la nef, au-dessus de larges baies cintrées séparant la nef des déambulatoires latéraux.Le plafond est en bois sombre, le pavement de schiste noir, comme pour forcer le regard vers l’autel éclatant de lumière, centre essentiel de tout le volume interne de l’église.La triple retombée latérale des arcs délimitant la nef se pose sur des piliers en pierres brutes, rectangulaires, avec interposition d’un chapiteau de pierre blanche sculptée ; c’est l’histoire de Saint-Martin qu’ils racontent naïvement, à hauteur des regards.Les deux déambulatoires latéraux sont couverts par la charpente oblique appa-rente, rejetant en quelque sorte le cheminement vers le chœur.De petites fenêtres garnies de vitraux aux vives couleurs, tels un habit de simple, jettent au travers de la marche une lumière de joie, comme un symbole mouvant de ce qu’est la foi vivante.C’est tout un cheminement guidé par Saint-Martin qui lentement mène au chœur.Largement ouvert sur la largeur de la nef, blanc de pierres et de lumière, le chœur est en forme d’abside, et découpé par sept petites fenêtres comme chaque jour de la semaine au Sacrifice.Table de pierre supportée par une forêt de colonnettes en forme d’offrande, le Maître-Autel marque sa fonction essentielle de Pierre du Sacrifice.Le Tabernacle de cuivre, surmonté d’une fine croix de bois, concentre en un seul axe l’expression véritable de la Maison du Peuple Chrétien : la Table du Sacri-fice, la Présence permanente qui en découle, la Croix symbole de la marque du chrétien.

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Dans le chœur, entre la porte de la Sacristie et l’Autel, est prévue une statue du Saint patron de l’église, exprimant la garde et l’hommage près du Seigneur, mais aussi la place qui revient au chrétien au cœur bon. (Voir article sur la statue en polychrome de Saint-Martin, ainsi que sur la Vierge lui faisant face).Le banc de communion, très légère grille de pierre blanche, s’appuie aux deux ambons massifs, dont la face porte gravée quelques messages du Christ lui-même sur la Charité.De part et d’autre du chœur, en about aux déambulatoires, sous une niche cin-trée en moëllons, un petit autel secondaire se dissimule comme pour marquer d’une façon sensible la primauté essentielle du Maître-Autel.La hauteur de la tour est de 16,50 mètres, sur plan carré de 5,30 mètres de côté. La profondeur de la nef atteint 21 mètres, la largeur en est de 9 mètres, la hau-teur sous plafond est de 10 mètres.L’ouverture des arcs de la nef est de 6,15 mètres, les piliers ont 1 mètre sur 0,60 ; les chapiteaux mesurent 1,25 mètres de large et ont 0,50 mètre de hauteur.Le chœur a 8,60 mètres d’ouverture sur 6,50 mètres de profondeur et 7,90 mètres de hauteur.Les enduits sont de teinte grège ; les moëllons apparents sont bleutés. Les menui-series sont en chêne ciré et le plafond en sapin noirci.Les Entreprises Richard Benoit à Nassogne ont assumé l’entreprise générale de la construction. Le volume sacré délimité par ces dimensions et tonalités, le dépouillement extrême de l’architecture à laquelle s’intègre si heureusement l’apport de la sculpture, tout ceci crée cette chaude et intime et cependant mystérieuse dou-ceur d’une véritable église moderne, où l’âme se retrempe et trouve son réconfort devant son Dieu.En 1963, à la demande de la fabrique d’église de Forrières, l’administration communale autorise l’organisation d’une collecte sur le territoire de la Com-mune pour l’acquisition d’un orgue à tuyaux destiné à compléter l’ameublement de l’église paroissiale (En 2004, l’ensemble de claviers de cet orgue est descendu dans l’église).

Le 16 octobre 1963 M. Z. Dobrzycki contact l’abbé Goffinet pour lui proposer l’acquisition d’une statue de Saint-Martin bâtisseur de 1,25 mètres de haut qui conviendrait très bien dans l’église de Forrières. Le prix qu’il désire est de 35.000 francs.

Le 18 octobre 1963, avec sa légendaire verve, l’abbé Goffinet répond :

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« J’ai tardé à vous répondre car je devais essayer d’intéresser mes paroissiens à votre Saint-Martin. Voici très exactement où nous en sommes : nous sommes toujours avec des charges financières lourdes et en raclant les fonds de tiroirs, je pourrais tout au plus réunir 25.000 francs... »

Le 10 janvier 1964, M. Z. Dobrzycki donne son accord pour 25.000 francs et le 23 mars 1964, l’abbé Goffinet lui envoie cette lettre :

« J’ai le grand plaisir de vous annoncer que Saint-Martin, un vrai chef-d’œuvre, est entré dans notre paroisse de Forrières. Nous l’avons trouvé très beau, criant de vérité et de simplicité et nous l’avons aimé du premier coup d’œil. Et nos gens l’aimeront certainement comme ils ont aimé tout ce qui est sorti de votre ciseau ou, mieux, de votre cœur. »

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Première église réunissant les deux Forrières

Notre-Dame et Saint Martin. (1840 - 1957)

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Construction de la vieille église de Forrières en 1840.

Le projet de bâtir une église à Forrières remonte vers l’année 1790, il fut question de la construire à Forrières Notre-Dame sur un terrain communal, vis à vis de la maison de sieur Jouret, alors bourgmestre de la commune (actuellement propriété du Doc-teur Istaz). Quelques années plus tard, l’administration commu-nale acheta les bâtiments de la ferme dite de Madame Cataux à Forrières Saint Martin pour les convertir en église et presbytère ; mais, soit désaccord, soit tout autre motif, ce projet n’eut pas de suite ; on revendit ces bâtiments ainsi que les bois de construc-tion qui étaient déjà sur place.

Conseil communal de Forrières, district de Marche, Grand Duché de Luxembourg.Séance du 18 juillet 1827.

A Messieurs les administrateurs du diocèse de Namur.Le conseil communal de Forrières, district de Marche, Grand Du-ché de Luxembourg, a différentes fois réclamé pour obtenir le ré-tablissement de leur succursale sous les dates du 1ier juillet 1823, 16 janvier 1824, 29 juin 1826 et 18 août de même année ainsi que lors de sa suppression (celle-ci fut supprimée en décembre 1808) vient de nouveau renouveler leur demande en observant que lors de son installation, par suite de l’arrêté royal du 23 juillet 1825, il a promis par serment de gérer ses fonctions dans l’intérêt de la commune et de ses sections, et que cette promesse solennelle, faite à Dieu, l’oblige à saisir et proposer tous les moyens possibles d’améliorer le sort et la situation de toute la commune et d’en faire jouir autant que possible celle-ci des avantages généraux dont jouissent les autres populations communales du Grand Duché, eu égard aux fonds qu’elles versent au trésor royal et eu égard aussi à la bienfaisance que leur distribue le gouvernement paternel de Sa Majesté.Trop longtemps, Forrières a souffert de sa dislocation des ses deux parties qui formait avant une cure de toute ancienneté jusqu’à

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1807 ou 1808 portée l’une à la succursale d’Ambly, l’autre à celle de Wavreile (Namur). La population de Forrières s’élève vers 400 âmes, celle de Lesterny, sa section, à 206, ensemble 606, tandis que celle de Wavreille en compte 200, celle d’Ambly 780. For-rières, chef-lieu d’administration a fait et fera encore de grands sacrifices pour l’église et le presbytère et pour le service du culte catholique.L’éloignement des paroisses et les difficultés à y approcher pour la section de Lesterny inscrite à Masbourg, par des chemins impra-ticables, nous font espérer que les dignes administrateurs de ce diocèse feront renaître cette succursale en y réunissant Lesterny sa section. C’est la grâce.

Signé : Pierre J. Jouret, bourgmestre. J-B Jos. Hénin ; H. Henrot ; J-B Mareschal

Un arrêté royal du 10 août 1838 attacha le traitement ordinaire de desservant à la chapelle Saint Martin et Monseigneur l’Evêque de Namur l’érigea en succursale le 17 juin de la même année, y an-nexa Forrières Notre-Dame et y nomma un titulaire.

Ce fut M. l’abbé Louis Doucet. Comme cette cha-pelle se trouvait beaucoup trop petite et, pour exé-cuter la promesse de bâtir faite à Monseigneur, on résolut de la démolir pour construire l’église neuve sur le même emplacement et de laisser subsister la chapelle Notre-Dame.

Pour couvrir les frais de construction, le conseil communal fit cir-culer une liste de souscription volontaire qui s‘éleva à la somme de 5 mille cinq cents francs. Les habitants des deux côtés y prirent part ; ceux de Saint Martin afin d’avoir l’église neuve sur l’empla-cement de la vieille au centre du village et à la croisée des routes de Lesterny, Wavreille et Descourt ; ceux de Notre-Dame, afin de conserver leur chapelle qui est actuellement l’école communale mixte.

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Mais voici, que quelques uns se mettent à dire que lorsqu’on aura construit l’église de Saint Martin, il faudra aussi rétablir la chapelle de Notre-Dame qui, en effet, se trouvait à cette époque dans un mauvais état ; les murs, le toit et le plafond exigeaient avant peu d’années, des réparations assez importantes. D’un autre côté, l’école occupée à présent par le cantonnier Motkin, n’était pas mieux ; comment disait-on ferons-nous face à toutes ces dé-penses ? Et, ces inquiétudes n’étaient que trop fondées, qu’on démolisse plutôt les deux chapelles et que l’on construise l’église neuve entre les deux villages. Ce nouveau projet ne fut pas plutôt imaginé que répandu dans tout le village et y excita, comme on peut penser, des rumeurs en sens opposés. Ceux de Forrières Notre-Dame consentaient à la démolition de leur chapelle mais à la condition qu’on bâtit précisément à égale distance juste au milieu, entre les deux villages sur la prairie dite au dessus du pont des Battes (aujourd’hui prairie Poncelet). Ce projet était, il faut en convenir, on ne peut plus ruineux ; il eut fallu dépenser une somme considérable pour trouver des fondements sûrs et exhausser un cimetière au dessus de la rivière ; ajouter à cela, un tirant d’air violent qui cause pendant l’hiver un froid insupportable.

Ceux de Saint Martin ne voulaient pas se laisser déposséder du droit qu’ils tenaient du gouvernement et de l’évêché, qui avaient fixé chez eux le siège de la succursale et ils consentaient tout au plus à laisser bâtir sur un rocher (devant le presbytère occupé ac-tuellement par la DNF et la maison des Ainés) touchant à la rivière et au chemin qui sert d’avenue à leur village ; en sorte que voilà la paroisse livrée à un tiraillement et une discorde assez violente. L’honorable bourgmestre d’alors M. Charles Incoul après avoir vainement employé la patience et de bonnes raisons pour calmer les esprits et ramener ceux de Forrières Notre-Dame à se désister de leurs prétentions se fit forcé de donner sa démission. Heu-reusement pour la commune elle ne fut pas acceptée par le gou-vernement. Cette extrémité inattendue fit rentrer en eux-mêmes la plupart des habitants de Forrières Notre-Dame qui comprirent

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Saint Nicolas 1949

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que la désunion et l’attachement à leurs idées n’étaient pas un moyen pour sortir d’embarras ; et quand le temps eut ramené un peu de calme dans leur esprit, ils trouvèrent que l’emplacement proposé par ceux de Saint Martin était incontestablement plus salubre, moins coûteux et quant à l’éloignement fort peu diffé-rent de celui qu’eux-mêmes demandaient naguère si vivement, en effet la différence n’était que de 40 à 50 pas. A cette époque, le chemin qui servait d’avenue aux deux villages prenait près du pont des Battes, traversait la prairie à gauche de la route actuelle de la gare (rue des Alliés), passait entre le cimetière et la coo-pérative «Le Travail» d’ailleurs c’est encore le vieux chemin (Au Fosset), elle longeait la façade de l’église, le jardin du presbytère et aboutissait à la chapelle Saint Roch (Impasse Saint Roch) bâtie sur l’emplacement de la vieille église de Forrières Saint Martin.

L’honorable bourgmestre craignant que les habitants de Notre-Dame ne reviennent par la suite à leur première idée, leur fit pré-senter une déclaration à signer, par laquelle ils consentaient à la démolition de leur chapelle et à la construction sur l’emplacement proposé par ceux de Saint Martin et qui est l’endroit actuel sous la condition que dans quelques années, l’administration bâtirait un pont en pierre (pont des Battes) et rectifierait le chemin entre les deux villages (actuellement rue des Alliés entre le pont des Battes et la gare - appelée avant la guerre rue de la gare) ce qui facili-terait beaucoup pour eux l’accès à l’église neuve. Cette déclara-tion fut signée à l’exception de huit à dix personnes. Cependant, malgré l’issue de ce désaccord, la souscription pour bâtir l’église ne fut payée qu’en partie et prenant à compte des travaux de corvées plusieurs habitants prétextèrent que puisqu’on changeait le plan primitif ils n’étaient plus tenus à leurs engagements et les autres pour la raison qu’ils ne voulaient pas s’imposer un sacrifice auxquels les premiers refusaient. Malgré cet obstacle on se mit à l’œuvre et les travaux commencèrent pendant l’été de 1839. Le devis estimatif et le cahier des charges des travaux furent faits et dressés par F. Cordonnier, architecte provincial à Neufchâteau.

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Maître autel de l’ancienne église de Forrières actuellement dans l’église de Dochamp

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On creusa les fondements de l’église actuelle du côté de For-rières Notre-Dame à une profondeur de 6 à 7 pieds (environ 2,50 mètres) et de deux pieds (0,65 mètres), du côté de Forrières Saint Martin, du reste, c’est du rocher partout, mais fortement incliné vers Notre-Dame.

Lorsque tout fut prêt, on procéda à la bénédiction solennelle de la première pierre. Celle-ci fut placée à l’angle droit de la porte d’entrée. Ce fut M. l’abbé Bechet, doyen de Nassogne, délégué par Mgr l’évêque de Namur, qui remplit cette mission, au milieu du concours des fidèles de la paroisse et de plusieurs prêtres des environs. Il y fit une instruction sur la sainteté et l’antiquité des lieux consacrés au culte du Seigneur, sur les bénédictions qu’Il aimait à répandre sur les hommes et sur le zèle que doivent mon-trer les fidèles à les entretenir et les réparer.

Cette cérémonie eut lieu le jeudi, 19 avril 1840.

Alors les travaux commencèrent et furent poussés avec activité. Les murs furent finis le 17 juillet suivant. Les maçons les Ligots de Forrières, en famille, qui furent payés à la toise (1.949 mètres), y compris la façade des mur du cimetière ; on leur paya 1.686,75 francs ; Hontoy de Bure fit la charpente pour la somme de 1.961 francs ; les ardoisiers furent les frères Havenne de Rochefort, les matériaux pour la confection du toit y compris la main d’œuvre coutèrent 1.601 francs 75 centimes.

L’année suivante, au printemps (1841) les ouvriers de M. Botte de Farcienne, commencèrent le plafond ; ce travail coûta 1665 francs. La commune fournissait tout, excepté le plâtre et payait en outre un manœuvre pour servir les plafonneurs. Les pierres de taille avaient été fournies par Gillard de Forrières au prix de 969,55 francs, non compris, 175 francs pour la pierre de balustre, la pierre d’autel et le palier d’entrée avec ses marches.

Durant l’hiver 1841 à 1842, la construction de l’église étant termi-

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née, on pensa à l’achat du maître autel.

On était sur le point de contracter marché avec Closter de Nas-sogne pour un autel à la romaine au prix de 800 francs, lorsque par une circonstance heureuse et le hasard, on apprit, qu’il se trouvait à Liège, à l’église Saint-Pholien, un autel convenable pour le premier d’une église de campagne. Monsieur l’abbé Doucet premier curé de la paroisse partit pour le voir avec M. Davreux, ancien instituteur de Lesterny receveur communal de Forrières.

Ils le trouvèrent fort convenable, mais déjà deux ou trois amateurs s’étaient présentés et M. le curé de la paroisse ne leur dissimula pas, qu’à prix égal, ils n’auraient pas la préférence. Il ne voulut pas fixer un prix avant une prochaine réunion du conseil de fa-brique et leur dit qu’on ne le céderait certainement pas moins de 450 francs.

Cette église, avec sa masse rectangulaire, à peine surmonté d’un petit clocher quadrangulaire terminé par une croix élancée et un coq dont la queue fut emportée vers 1860 par un violent ouragan, domine la place communale et la gare.«Ni rovian nin noss vi èglije su l’place dol gare, qu’estév surmontey don gros coq qu’a d’morè longtemps sins quaw’ su qui n’è nin fwar honorâb po on coq. Louis Grandmont (1977)»

La cure à l’ombre de l’église, est une demeure spacieuse et dis-crète, bien assise sur le rocher schisteux surplombant la rivière. Les matériaux de construction, comme l’église d’ailleurs, pro-viennent des carrières de la localité. Une pierre rectangulaire, pla-cée au-dessus de la porte est agrémentée d’un chronogramme latin : «Sacris Aldibos extructis in cipiunt praesbyterium».

Quelques grandes lettres de cette inscription en fixant l’âge ; il fut bâti en 1843, de manière telle, que bientôt le siècle, en passant sur lui, semble l’avoir à peine effleuré d’une aile respectueuse et légère.

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Les annexes élevées en 1865, rappellent que le pasteur de l’époque, M. l’abbé Doucet, charmait ces loisirs que lui laissait la vie pastoral à nourrir un petit bétail. Jusqu’à cette époque, une partie de la façade principale et du pignon donnant sur la rivière étaient voilés par une double rangées de tilleuls et de peupliers ombrageant le cimetière et la rivière où les vaguelettes de son eau claire clapotent et ruissellent le long du rocher.

C’est à l’ombre de ces tilleuls, embaumant l’endroit, et non loin d’un rocher, que le premier curé de la paroisse actuelle aimait à réunir, à la belle saison, les enfants du catéchisme. Les explica-tions du saint prêtre, selon l’expression des anciens du village, étaient souvent accompagnées du bourdonnement des abeilles qui visitaient les saules et les noisetiers bordant le cimetière et clôturant la vaste cour.

A part des travaux d’intérieur et une véranda où furent réem-ployées quatre fenêtres du chœur de l’église, remplacées par des vitraux, l’aspect primitif de la vieille maison curiale n’a plus été modifié.

Eloignée des bruits, formant un bel ensemble avec son jardin de couvent, l’église et le champ du repos, il y fait bon pour le cœur et l’esprit.

Après la deuxième guerre mondiale de 1940-1945, force est de constater que la vieille église a été bien secouée.Divers scénarios se présentent ; restauration de la vieille église ou construction d’une nouvelle église ?Le 30 juillet 1957, le Collège Echevinale envoi une lettre à l’abbé Goffinet pour l’avertir que deux personnes ont dégradé volontai-rement la toiture et des fenêtres de l’ancienne église le lundi 22 juillet 1957 vers 14h30’. Ces dégradations ont été constatées et enregistrées par Roger Protin, garde-champêtre.

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Le 29 août 1957 : le principe de démolition de l’ancienne église est pris par le Conseil Communal.

Le 13 mai 1960 : accord sur demande de la Fabrique d’Eglise pour vendre le mobilier de l’ancienne église (maître autel, deux autels latéraux, banc de communion, balustrade du jubé). Le pro-duit de la vente est destiné aux achats pour la nouvelle église.

Les archives paroissiales nous montrent un courrier entre Mon-sieur Pierre Paul Château de Rougemont à Profondeville et M. l’abbé J. Goffinet. Le 12 mars 1962, M. Pierre Paul adresse à M. l’abbé Goffinet cette lettre :

« Il y a quelques années que je m’occupe d’une petite paroisse française, avec les routiers de Rochefort et quelques étudiants de Louvain.« Peut-être avez-vous lu dans les journaux que nous ayons assu-ré les exercices de semaines sainte depuis 1955, et qu’en 1961, nous avons repeint l’église entièrement, à la grande satisfaction du clergé, du conseil municipal et des paroissiens unanimes. Notre travail n’est pas pour autant terminé. Ce village de Trem-bloy-lez-Carignan (8 km de Florenville) n’a pas de prêtre, et c’est Monsieur l’abbé Coulon, révérend curé de Lambermont (Belgique) qui, en plus de sa paroisse belge, s’occupe des trois paroisses française (Trembloy, Matton et Deux-Villes).« Pour célébrer la prochaine semaine sainte avec le faste qu’elle mérite dans cette église complètement rénovée, mais dont les murs ne sont pas encore garnis de gravures ou de représenta-tions indispensables, nous aurions voulu trouver un chemin de croix complet. Les recherches sont en cours, mais je viens brus-quement de penser à l’église désaffectée de Forrières, et à son chemin de croix caractéristique.« Lorsque l’on cherche pour les autres on se surprend à être d’une hardiesse inouïe. Mais vous comprendrez aisément ma dé-marche. Je voudrais par la présente, vous demander si ce che-min de croix existe toujours, et ensuite si vous avez l’intention et

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Le dernier mariage célébré dans notre vieille église, par l’abbé Jean Goffinet, est celui de Monsieur et Madame Mélard - Crucifix.

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peut-être l’autorisation d’en faire quelque chose, et enfin, dans le cas où vous chercheriez un placement utile, à inscrire la paroisse de Trembloy comme candidate préférentielle sur la liste des ama-teurs éventuels.« En vous remerciant de l’attention que vous réserverez à ma de-mande, je vous prie d’agréer cher Monsieur le Curé, mes respec-tueuses salutations. »

En réponse, ce dernier a annoté cette missive comme ceci :« Le 15 mars 1962, je réponds : Ta lettre du 12 a retenu toute mon attention. Je ne manquerai pas de tenir au courrant de la décision qui sera prise incessamment au sujet du chemin de croix et il va de sans dire que priorité te sera accordée. »

Mais malgré cela, l’église de Trembloy-lez-Carignan est bien vide.

A la date du 10 avril 1962, le Ministère de la Justice, Administra-tion des Cultes, Dons et Legs, Fondations arrête :« Vu les délibérations des 5 mars et 2 avril 1961, par lesquelles le conseil de fabrique de l’église de Forrières sollicite l’autorisa-tion d’aliéner deux confessionnaux et un chemin de croix, objets mobiliers qui lui appartiennent, de l’ancienne église de Forrières ;« Vu l’avis favorable de l’autorité diocésaine du 17 février 1961, pour autant que le mobilier susdit soit réservé par priorité, même en cas d’offres supérieures, à des églises du diocèse de Namur ;« Arrête : La fabrique d’église et le conseil communal de Forrières sont autorisés aux fins pré mentionnées, sous réserve qu’il soit tenu compte de la condition imposée par l’autorité diocésaine.

Et à Dochamps ? Après notre visite et le dire de certaines personnes les trois autels proviendraient bien de Forrières. Le maître autel avait une peinture qui était fortement abîmée et qui aurait été remplacée par un fond rouge et un christ en croix.Monsieur Pierre Daulne, ancien instituteur de Dochamps, nous précise nos informations.

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Histoire de la chapelle Saint Roch de Forrières

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La coquette chapelle Saint Roch, située au centre de Forrières Saint Martin, à la croisée des routes de Wavreille, de Lesterny, d’Eccourt et de Notre Dame, s’élève à l’endroit même où se trou-vait la chapelle dans laquelle se célébraient les offices divins pour les paroissiens de cette partie du village.

Ce premier sanctuaire beaucoup plus vaste que le second, dépen-dant de Rochefort, fut bâti en 1636 par suite d’un voeu. Plus tard, de 1666 à 1808, cette chapelle fut administrée par la collégiale de Nassogne, puis devint vicariat de Wavreille jusqu’en 1840. Au cours de cette année, elle fut supprimée et les paroissiens de For-rières Saint Martin, avec ceux de Forrières Notre Dame formèrent la paroisse actuelle dédiée à Saint Martin. La chapelle, existant encore fut démolie en 1867. Elle fut remplacée par un sanctuaire qui fut lui-même transformé en 1953.

Mais quelle fut l’origine du premier sanctuaire et pourquoi l’avoir dédié à Saint Roch?

En 1636, rapporte un chroniqueur de l’époque, une sécheresse effrayante désola la Famenne et l’Ardenne. «Sécheresse amène Chéresse». La chèreté des vivres réduist un grand nombre d’ha-bitants à la plus cruelle misère. L’ouvrier était sans ouvrage et souvent sans un morceau de pain. Pour nourrir sa famille, on le voyait disputer aux animaux domestiques des grains d’avoine ou quelques morceaux de betteraves. Cette disette engendra des maladies et notamment ce fléau terrible qu’est la peste noire.

Il fit d’affreux ravages dans tous les foyers. Pas un homme de la route de Lesterny ne survécut.

Que de larmes et que d’angoisses !

Tous les efforts de la science furent impuissants à conjurer le fléau, et, de la population dévastée, il ne resta de valides que quelques chefs de famille. Et encore, la mort planait sur leur têtes. Ils prirent

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la décision de se rendre à l’église de Rochefort pour demander la protection de Saint Roch. Ils firent voeu de lui bâtir une chapelle et de célébrer sa fête.

Plein de confiance, ils reprennent le chemin du retour au milieu des sentiers escarpés et rocailleux. Leur premier soin en rentrant fut de désigner l’endroit où serait bâtie cette chapelle et, avant la fin de la neuvaine, ils voulurent eux-mêmes poser la première pierre; ils scièrent ensuite un tronc d’arbre qui servit de piédestal et y placèrent la statue de leur saint protecteur.

Leurs premiers efforts furent récompensés et leur fervente prière exaucée, car, dès ce moment, le fléau cessa. Tout danger était disparu et depuis cette époque tricentenaire, aucun cas mortel de choléra ne fut plus jamais enregistré.

D’après Monsieur l’abbé Doucet, en 1866, une épidémie de cho-léra fit de nombreuses victimes dans plusieurs localités voisines, mais aucun cas ne se présenta à Forrières.

Le sanctuaire, selon la promesse, fut élevé la même année. De bouche en bouche, la nouvelles se répandit dans les environs; la statue de Saint Roch fur bientôt l’objet d’un culte fervent. Un chroniqueur rapporte que les pélerins étaient jadis précédés de cavaliers qui tiraient des coups de feu aux abords de la chapelle.

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LES PIERRES OU « CUVELEES » DU DIABLE

Dans les annales de l’Institut archéologique du Luxembourg, M. Geubel relate qu’en 1847 « entre Forrières St-Martin et Wavreille, il existait une réunion de gros blocs de rocher appelés Pierres du Diable ».C’était un assemblage de six dolmens composés de trois pierres chacun, l’une formant table sur les deux autres. Ces six dolmens, par leur disposition, for-maient à peu près un cercle. Les tables avaient été renversées et chacune d’elles était encore appuyée contre ses soutiens.Le sol sur lequel elles reposaient était uni et aucune autre pierre ne se voyait dans les environs. Ces pierres étaient brutes, elles avaient cinq, six et sept pieds de long. Celles qui formaient table étaient larges et plates.On les désignait sous le nom de « Cuvelées du Diable » ce qui veut dire charge du diable.D’après la légende, un trésor caché sous la plus grosse appartiendrait à celui qui pourrait la soulever.Les écrits de l’archéologue Geubel précisent l’existence de dix-huit pierres il y a un siècle ; aujourd’hui il n’en reste que six. On ne peut que déplorer la dispa-rition des autres, due à des actes de vandalisme. D’aucuns rapportent que des inconscients les auraient brisés vers la fin du siècle passé et leurs débris auraient servi à empierrer la route voisine. Melle M. Dufoing me signale que c’est grâce à l’intervention de son grand-oncle, M. Vallez, que quelques pierres subsistent encore.Il est bien regrettable que ces dolmens n’aient pas été conservés intacts et proté-gés par un organisme officiel ou acquis par l’Etat, comme ces le cas pour le grand dolmen de Wéris.Il convient de faire observer que les pierres de l’espèce, ayant un caractère d’au-thenticité comme celles de Forrières, sont plutôt rares en Belgique. Il n’y a guère que les menhirs de Gozée, Baileux, Velaines, Hollain et les deux dolmens de Wéris.En août 1897, le baron de Loë, savant conservateur du musée du cinquantenaire, visita les lieux et fit effectuer des fouilles en 1897, 1898 et 1899. Ils n’y trouvèrent que quelques morceaux de silex, des fragments d’os et des débris d’une poterie paraissant être d’origine belgo-romaine.Les « Pierres du Diable » sont de nature toute différente de celle des roches en-vironnantes ; ce sont des blocs de grès landenien qui ont dû être amenés de loin. Elles reposent sur un mamelon schisteux recouvert de gazon, au lieu dit « Nioly » situé entre la route de Forrières-Wavreille et le chemin de terre qui conduit vers la vaste campagne de Neuve-Fontaine d’une part et vers Jemelle-Rochefort

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d’autre part.Vers la fin du siècle dernier, ce mamelon était planté de sapins de Hongrie et les pierres gisaient dans une clairière centrale où le demi-jour leur donnait un aspect mystérieux et funèbre. Aujourd’hui, ce lieu est transformé en prairie.Quand on ce promène en cet endroit, on pense inévitablement aux sacrifices sanglants du culte druidique qui était accompagné de la musique et des chants « rituéliques » des bardes. Comme nos ancêtres croyaient qu’une existence ne pouvait se racheter que par une autre et que seuls les hommes exposés dans les combats, ils immolaient parfois des êtres humains. Des autels publics étaient dressés à cette fin. Les druides tirèrent parti des dolmens, monuments antérieurs à leur religion.Une grande croix se dresse au bord du chemin de campagne, à peu de distance des anciennes pierres, symbolisant aux yeux du visiteur la victoire du christia-nisme sur le paganisme.

L’on prétend que certaines coutumes encore en honneur dans nos régions avant la dernière guerre, se rattachent à l’époque druidique pourtant si lointaine.Ces coutumes sont généralement considérées comme les survivances des an-ciens sacrifices. Elles se pratiquent aux mois de février-mars qui sont spéciale-ment consacrés aux expiations.La « Chérode », feu que l’on allume au sommet des monts le soir du mardi gras et le « Grand-Feu » le soir du premier dimanche de carême, symbolisent la pu-rification des hommes et des animaux. Ce sont de grandes réjouissances accom-pagnées de cris, de chants et de rondes exécutées à la lueur des flammes au sein desquelles on précipite un balai dont la crémation signifie la destruction des « esprits néfastes ». Entre deux reprises du feu on saute par-dessus les tisons pour se préserver de la colique et de tout maléfice. Lorsqu’on voit sept « grands-feux » à la fois, on n’a rien à craindre des sorciers.Autrefois, lors de la « Chérode », on allumait un feu sur le chemin suivi par les bestiaux pour se rendre à l’abreuvoir. On forçait les animaux à passer sur les cendres encore chaudes, afin de les préserver de tout maléfice.Souhaitons que certaines de ces coutumes si vieilles et si pittoresques persistent, nonobstant les vicissitudes de la vie moderne.

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Dans les premiers temps de la féodalité, les localités de Forrières, Hamerenne, On, Marloie, Jemeppe, Hargimont, Aye, Humain, Thys et Sinsin-Haute, faisaient partie du COMTE DE LAROCHE, qui, vers l’an 1152, subit un démembre-ment. Les villages précités échurent à Wéry Ier de Walcourt qui les recueillit de l’héritage de sa mère Mathilde de Laroche. Wéry Ier possédait la seigneurie de Walcourt, du chef de son père Thierry et devint seigneur de Rochefort vers 1187.Pierre et Conon de Duras, au moment de partir pour la troisième croisade, léguèrent tout ce qu’ils possédaient à l’Eglise de Liège ; celle-ci céda peu après à Wéry Ier, beau-frère de Pierre et Conon, la seigneurie de Rochefort qui passa ainsi à la Maison de Walcourt.La partie importante du comté de Laroche dont Wéry aurait dû également hériter fut concédée par l’empereur d’Allemagne, Frédéric Barberousse, à Henri l’Aveugle comte de Namur puis passa à Baudoin de Hainaut.Wéry et ses successeurs ne purent jouir ni pleinement ni paisiblement de ce maigre héritage qui fit l’objet de longues contestations : « L’an mil CCC et XV, Mairie de Forrières (Ferieres, Forires, Forieres) figure dans l’état des revenus du Comte de Luxembourg en la terre de Laroche dite d’Ardenne, dressé en l’an sus-dit. (Redevances annuelles dues par les habitants, au comte de Luxembourg) ».

L’ EPOQUE FEODALE ET LE CHATEAU VALLEY

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Celles-ci ne prirent fin que le 22 octobre 1317, à la suite d’un traité conclu entre Thierry III seigneur de Walcourt et de Rochefort et Jean roi de Bohême et de Pologne, comte de Luxembourg et de Laroche.Ce traité stipulait notamment que « Aye et tout son ban appartiendra à Jean de Bohême, à charge par lui d’en bailler hommage et de le reprendre en fief du seigneur de Rochefort ; Jean de Bohême doit avoir hauteur (haute juridiction seigneuriale) à Marloie, Jemeppe, Hargimont, Humain, sauf les droits patrimo-niaux qu’y possède le seigneur de Rochefort. Celui-ci jouira à jamais comme de son propre héritage, des villages de Forrières, On, Thys, Hamerenne, en toute seignererie et hauteur ».Toutefois, les termes de cet accord ne furent pas entièrement respectés. Les puissants successeurs du roi de Bohême ne firent point hommage du ban d’Aye et d’autre part, les seigneurs de Rochefort continuèrent de relever devant la Cour féodale de Laroche, les territoires de Forrières, On, Thys et Hamerenne qui furent à plusieurs reprises mentionnés parmi les fiefs luxembourgeois.Ce bref exposé indique l’origine des droits que les ducs de Luxembourg reven-diquaient, en tant que comtes de Laroche sur ces quatre villages faisant partie du comté de Rochefort. De leur côté, les princes-évêques de Liège possédaient des droits séculaires sur la partie la plus importante des terres de Rochefort. Au mépris de ces droits, on vit les ducs de Luxembourg manifester à diverses reprises, leurs prétentions sur le comté de Rochefort ; entre autres, Charles le Téméraire duc de Bourgogne et de Luxembourg, ennemi mortel des liégeois, qui en 1467 n’hésita pas à contraindre Louis Ier de la Mark à lui faire hommage de son comté.Une telle situation ne pouvait subsister sans inconvénients. Un différend survint en 1546 entre le châtelain de Rochefort, L. Lardenoy et les bourgeois de Jemelle. Lardenoy, invoquant un édit de l’empereur Charles-Quint, avait fait saisir des chevaux à Jemelle. Les propriétaires déposèrent plainte devant le tribunal lié-geois des XXII qui condamna le châtelain au bannissement et à l’amende, du chef d’abus de pouvoir. L’inculpé rétorqua que s’il avait fait exécuter à Jemelle un édit Luxembourgeois, c’est qu’il croyait ce village en terre luxembourgeoise. L’évêque Georges d’Autriche et l’empereur Charles-Quint chargèrent des Com-missaires de régler ce conflit à l’amiable, en même temps que d’autres de sem-blable nature. Un traité conclu en novembre de cette même année consacrait la double vassalité du comté de Rochefort. L’évêque de Liège gardait ses anciens droits sur la partie liégeoise du comté ; en ce qui concerne la partie luxembour-geoise, le duc de Luxembourg avait juridiction sur les villages de Forrières, On, Thys et Hamerenne, lesquels suivant les textes de l’époque « les comtes de Ro-chefort ont tenus et reconnus en fiefs du duché de Luxembourg ». (Lamotte)

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En 1618 une nouvelle contestation eut pour objet ces mêmes villages. Les archi-ducs Albert et Isabelle firent savoir au comte que ces bourgades « mouvaient en fief du château de Laroche et qu’il était obligé d’en faire relief devant le prévôt de cette ville ». Le comte prouva par des copies d’anciens reliefs qu’il relevait ces terres directement à Luxembourg et non à Laroche. Les archiducs considérèrent qu’en ce cas, il n’y avait pas lieu d’insister.

Forrières était l’un des dix-huit villages faisant partie du comté de Rochefort.Les seigneurs avaient comme résidence un puissant manoir dont les ruines dominent encore, non sans majesté, la ville de Rochefort. Depuis Wéry Ier de Walcourt (1187) jusqu’à la Révolution Française de 1789, vingt-six seigneurs et comtes ayant appartenu à quatre Maisons ont régné sur notre bourgade ; ce sont les Maisons :• de Walcourt (1187 à 1422)• de la Marck (1422 à 1544)• de Stolberg (1544 à 1574)• de Löwenstein (1574 à 1755)• puis de nouveau la Maison de Stolberg (1755 à 1795), date de l’annexion des Pays-Bas autrichiens à la République Française.Les seigneurs de Rochefort, en tant que souverains des terres de Chassepierre et de Cugnon (placés sous la protection des Rois de France) avaient le droit de battre monnaie et en usaient.A la suite d’un très long procès entre les Löwenstein et les Stolberg, la Chambre Impériale rendit en 1732 un arrêt (qui ne fut exécuté qu’en 1737) par lequel le comte de Löwenstein fut dépossédé de la partie liégeoise de son domaine, mais put, grâce à l’appui du roi de France, garder les fiefs luxembourgeois, parmi les-quels Forrières.En 1755, à la suite de l’intervention personnelle de l’empereur d’Allemagne Fran-çois Ier, on vit les villages de Forrières, On, Thys et Hamerenne réunis à nouveau au comté de Rochefort. En ce qui concerne Forrières, un écrit nous rapporte ce fait en précisant que le 3mai 1756 la communauté de ce village reçut et admit le représentant des comtes de Stolberg ; elle lui prêta le serment de fidélité et d’obéissance de la part de tous les sujets.Voici l’acte qui rappelle cet évènement :« Le trois may 1756 à cinque heures de relevée. Comparut Monsieur Sandcoul, Conseiller Prévost, faisant pour la Maison des Seigneurs, Princes et Comtes de Löwenstein ; en vertu des pouvoirs et constitutions luy donnés le 24 juillet 1755 a déclaré à la justice et aux habitants respectivement et spécialement assem-

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blés et convoqués au son de la cloche et du tambour que, par appointements et transactions arrivés la très haulte et très puissante médiation de Leurs Majestés Impériales et Royales, entre la dite Maison de Löwenstein et celle des Seigneurs, Princes et Comtes de Stolberg du 9 juillet 1755, cette Terre et Seigneurie Hau-taine de Forier, appendices et appartenances, est passée au domaine de la dite Maison de Stolberg et que partant il libère les manants de toute fidélité et obéis-sance qu’ils ont prestés envers la Maison de Löwenstein, leur déclarant qu’ils au-ront à reconnaître les Seigneurs, Princes et Comtes de Stolberg, pour leur vrays et légitimes Seigneurs ainsi que les loyaux et fidèles officiers, justiciers et sujets sont tenus de faire présent Noble Seigneur Charles Antoine de Rossius, Seigneur de Humain, Conseiller, Prévost et Constitué de la Maison des Seigneurs, Princes et Comtes de Stolberg comme il a paru dès sa constitution en date du 20 dé-cembre 1755 qui sera sous insérée, lequel a le premier accepté et demandé d’être immis dans la réelle, corporelle et actuelle possession de la terre et seigneurie, biens, cens et rentes y annexées, fonds et revenus quelconques, appendices et appartenances, droits, titres, prérogatives et émoluments, de telle nature qu’ils puissent être et comme on les puisse nommer.« Jean Adam Bodet, huissier extraordinaire du Conseil provincial de Luxem-bourg à Marche, lequel en vertu du décret de nos Seigneurs du Conseil pro-vincial de Luxembourg en date du 26 avril 1756 nous a fait commandement de la part de Sa Majesté l’Impératrice de recevoir et immettre le dit Seigneur de Rossius de Humain, de lui prester serment de fidélité et d’obéissance auquel sont tenus les bons et loyaux sujets.« En tout quoy la dite Cour condescend comme juste et raisonnable avoir reçu et admis le dit Seigneur et l’immettre dans la réelle, corporelle et actuelle pos-session de cette Terre et Seigneurie, l’ayant conduit à l’Eglise où il a mis la main à la cloche de la Chapelle Notre-Dame de ce lieu et reçu le serment de fidélité et d’obéissance de tous les sujets en particulier qui ont signé et marqué respective-ment au dit Forier le 3 may 1756 ».Suivent toutes les signatures.

La Justice

La justice était rendue à Forrières par une « Haute Cour et Justice » composée de : un mayeur, sept échevins, un greffier et un sergent, tous nommés par le sei-gneur comte de Rochefort.Le mayeur en était le président ; les échevins choisis parmi les habitants aisés du village, jouaient le rôle de juges. Le greffier, homme lettré généralement, était spécialiste des affaires judiciaires ; c’était lui qui, en réalité, rendait la justice.

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Le sergent cumulait les fonctions d’huissier, de garde champêtre et d’agent de police. Si des procureurs (nous dirions aujourd’hui des avocats), se présentaient devant la Haute Cour pour assurer la défense des inculpés, il était formellement interdit de les y admettre s’ils n’étaient dûment assermentés par le seigneur.Les jugements rendus par ce tribunal étaient sévères et pour des cas graves allaient jusqu’à la peine de mort par pendaison. Parmi les peines prévues pour des délits de moindre importance figuraient l’exil ou bannissement, l’empri-sonnement, les voyages (on devait se rendre plusieurs fois, à pied, à un endroit désigné, généralement un lieu de pèlerinage comme Marche, Walcourt, etc…) et les amendes.Citons deux exemples tirés des registres de l’ancienne Cour de Forrières, Cathe-rine J. fut condamnée pour infanticide commis le 26 juillet 1768. Elle fut pendue à un poteau dressé à cette fin sur la rue, devant sa maison et son corps fut en-suite exposé sur une roue placée dans l’endroit le plus apparent de la juridiction. La sentence fut rendue le 26 septembre 1769.Deux jeunes hommes du village de Forrières, Joseph C. et Jean François L., ayant coopéré à un complot de désertion d’un régiment wallon cantonné dans la région, furent poursuivis par l’officier de la ville de Marche, en avril 1743. Une lettre en date du 14 janvier 1744 adressée de Bruxelles au Conseil de Luxem-bourg par le Conseiller de son Excellence le Ministre Plénipotentiaire pour la Gouvernement des Pays-Bas, nous apprend que les deux délinquants ne pouvant payer l’amende de cent écus à laquelle ils avaient été condamnés, introduisirent une requête auprès du dit Conseil. Celui-ci commua leur peine en celle de bannissement pour une année du territoire sur lequel il exerçait sa souveraineté. L’amende cessa de ce fait et le temps de la détention en prison fut déduit de la période d’exil.Les seigneurs gardaient jalousement la plus large prérogative dont ils jouissaient et qui consistait dans l’exercice de la juridiction criminelle. Dans ce domaine la Haute Cour jugeait généralement par arrêts, c’est-à-dire sans appel. Toutefois la Cour du village devait, « surtout en matière d’importance, user de l’avis de per-sonnes doctes en droit, versées en justice et non suspectes. » (Sohet).

La « Haute Cour et Justice » de Forrières tenait ses assises dans un château qui se dressait à l’endroit où se trouve la propriété de feu M. Léon Vallez. Certaines dépendances de ce château avaient été transformées en habitations et subsis-taient encore il y a une trentaine d’années. La route qui conduit vers ce lieu porte encore la dénomination « d’Eccourt » qui n’est qu’une déformation de « des

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Cours ».Dans les premiers temps de la féodalité, Forrières n’eut d’autre justice supérieure que celle de Laroche dont cette localité dépendait.Le 17 avril 1535, le Conseil provincial de Luxembourg accorda à Louis II de la Mark le droit de juger en degré d’appel les sentences rendues par les justices subalternes de ses seigneuries.Par après, l’autorité du Conseil de Luxembourg s’affirma de plus en plus. Par un arrêt de l’an 1571, celui-ci défendit aux habitants de Forrières, On et Thys d’aller « prendre cour » à Rochefort ou en « appel » à Liège, sous peine de sanctions et menaça le comte de Rochefort de confisquer son fief s’il « prêtait la main à pareille entreprise ».Comme Forrières était luxembourgeois, la justice locale ne devait plus en cas d’appel, du moins à partir de cette époque, en référer à la Haute Cour de Ro-chefort, mais s’adresser directement au Conseil de Luxembourg. C’est ainsi, par exemple, que le 26 septembre 1724, Henri Gilles de Forier déclara se porter pour « appelant » du décret rendu par la Haute Cour du lieu le 20 septembre de la même année, par devant le Conseil de Luxembourg.Dans certains cas particuliers le Grand Conseil de Malines tranchait en dernier ressort.

La Cour Foncière

Celle-ci avait pour mission de recevoir les actes, de juger les contestations concernant les terres comprises dans sa circonscription, d’en percevoir le cens et de réprimer les délits relatifs à ces terres.La Cour Foncière de Forrières siégeait au même lieu que la « Haute Cour et Jus-tice » et ses membres étaient généralement les mêmes que ceux qui composaient cette dernière. Pratiquement les deux Cours de Forrières se confondaient. Les actes de l’ancienne justice le prouvent à suffisance.

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