formes et enjeux d une mÉmoire urbaine...

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UNIVERSITÉ DE TOULOUSE-LE MIRAIL FRANÇOIS BORDES FORMES ET ENJEUX DUNE MÉMOIRE URBAINE AU BAS MOYEN ÂGE : LE PREMIER « LIVRE DES HISTOIRES » DE TOULOUSE (1295-1532) TOME 1 DU « LIVRE OFFICIER » AU « LIVRE DES HISTOIRES » THÈSE DE DOCTORAT NOUVEAU RÉGIME Préparée sous la direction de Madame le professeur Michelle FOURNIÉ 2006

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UNIVERSITÉ DE TOULOUSE-LE MIRAIL

FRANÇOIS BORDES

FORMES ET ENJEUX D’UNE MÉMOIRE URBAINE AU BAS MOYEN ÂGE :

LE PREMIER « LIVRE DES HISTOIRES »

DE TOULOUSE (1295-1532)

TOME 1 DU « LIVRE OFFICIER » AU « LIVRE DES HISTOIRES »

THÈSE DE DOCTORAT

NOUVEAU RÉGIME

Préparée sous la direction de Madame le professeur Michelle FOURNIÉ

2006

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Remerciements Le moment des remerciements est enfin arrivé, au bout de six longues années de

recherches et de plusieurs mois d’écriture. Moment de soulagement pour moi et de reconnaissance envers tous ceux qui ont partagé, à un titre ou à un autre, cette période si particulière.

Mes remerciements vont tout d’abord à ma directrice de thèse, Michelle Fournié, qui a accepté de soutenir le projet un peu fou d’un vieil étudiant difficile à encadrer. La rigueur et l’honnêteté intellectuelle dont elle fait toujours preuve ont été un exemple pour moi. Quant à Benoît Cursente, alors à la tête du FRAMESPA, il m’a fourni un appui sans faille pour que je puisse arriver au terme de ce travail, et je tiens à l’assurer de toute ma gratitude.

Mes recherches m’ont amené à mobiliser nombre de mes confrères, consœurs et collègues qui trouveront ici le témoignage de toute ma reconnaissance, et en particulier Bernadette Suau et Geneviève Douillard, Sylvie Desachy, Claudine Pailhès, Pierre Debofle, Françoise Sanchez et Paul-Henri Viala.

Les échanges avec d’autres chercheurs ont alimenté ma réflexion et ouvert de nouvelles pistes à explorer, et il m’est égréable ici de remercier Dominique Watin-Grandchamp, Véronique Lamazou-Duplan, Géraldine Cazals, Laurent Macé, Anne-Laure Napoléone et Marie Perny. Une mention particulière doit être faite pour Patrice Cabau, bénédictin des temps modernes, qui a fait preuve encore une fois de son érudition et de son extraordinaire capacité de travail.

Le personnel des Archives municipales de Toulouse a également eu sa part dans l’aboutissement de cette tâche. Je sais qu’il n’est jamais facile d’avoir un directeur qui mène de front la gestion du service et ses propres recherches, et je dois ici lui rendre hommage. Que mon adjointe Catherine Bernard en reçoive la meilleure part.

Les amis, Benoît, Jean-Marc (les deux), Catou, Sylvie, si nécessaires dans les moments de doute ou de nécessaire décompression, ont toujours été à mes côtés pour m’offrir simplement leur présence rassurante.

Quant à mes parents, je sais qu’ils ont partagé, même éloignés, mes espoirs comme mes angoisses, pour la seconde fois de leur vie.

Je ne saurais oublier ma fille, Camille, qui a vécu son adolescence au rythme de mes

recherches et a dû supporter un père souvent trop pris par ses travaux. C’est à elle que je dédie cette thèse, ainsi qu’à ma compagne, Malika, qui en a vécu toutes les étapes. Non contente d’assurer l’intendance quotidienne, de supporter les sacrifices que je lui imposais, de répondre à toutes mes sollicitations, elle en a assuré la relecture avec son regard toujours affûté. Ce travail n’aurait certainement pu voir le jour sans son aide et son attention de tous les instants.

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Sommaire

Introduction générale p. 4Sources p. 10

Bibliographie p. 20

1. DU « LIVRE OFFICIER » AU « LIVRE DES HISTOIRES » :

LA GENÈSE D’UNE MUTATION Introduction p. 60

1.1. L’ordonnance du 4 septembre 1295 p. 61

1.1.1. Les précédents (1205-1295) p. 61

1.1.2. Le contexte p. 66

1.1.3. L’ordonnance : présentation diplomatique p. 73

1.2. L’exécution de l’ordonnance p. 83

1.2.1. L’œuvre de Bernard de Sainte-Eulalie p. 83

1.2.2. Les continuateurs de Bernard de Sainte-Eulalie (1295 – fin XIVe siècle) p. 88

1.3. Le Livre des Histoires p. 92

1.3.1. Du livre officier au livre des Histoires p. 92

1.3.2. Les scribes p. 104

1.3.3. Les peintres p. 116

1.4. Les Histoires p. 122

1.4.1. Les textes p. 122

1.4.2. Les images p. 155

Conclusion p. 176

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Introduction générale

« Considérant que l'orgueil des individus seroit la ruine de l’égalité entre tous les citoyens, si les titres qui constatent des distinctions personnelles pouvoient exister en même tems que la déclaration des droits de l'homme ; considérant que le capitoulat étoit une institution perverse de la tyrannie pour opprimer le peuple par le peuple même, en arrachant de son sein ceux qui, s'abandonnant à une vanité ridicule, payoi[en]t chèrement le droit de ne point partager les vertus de leurs égaux pour aquérir les vices des usurpateurs de la souveraineté nationale ; voulant rapeller les citoyens aux sentiments d'amitié et de fraternité que se doivent tous les François qui vivent sous l'égide des mêmes loix, et bannir pour toujours le souvenir des titres personels que la malveillance pourroit faire servir à être les instrumens de la division ; voulant surtout consacrer cette unité de principes et de sentimens dans un jour destiné à célébrer la commémoration de la liberté et de l'égalité dans toute la république, (…)

Art. 7

Tous les titres du capitoulat, et les portraits des capitouls1, remis avant le 10 aoust à midi au président de la société populaire, seront brûlés sur l'autel de la patrie, à six heures du soir, aux cris de "Vive l'égalité 2" »

C’est ainsi que, le 8 août 1793, Claude-Alexandre Ysabeau, représentant du

peuple à l'armée des Pyrénées occidentales, Augustin-Jaques Leyris, représentant du

peuple à l'armée des Pyrénées orientales, et Marc-Antoine Baudot, représentant du

peuple à Montauban, dans le département du Lot et départements environnants,

décidèrent de marquer l’anniversaire des massacres de 1792 qui devait se dérouler

solennellement le 10 août suivant3. Le lendemain, le conseil général de la ville se

réunissait dans la maison commune et délibérait « d’exécuter avec empresement lesdits

arrettés, et à cet effet les registres appellés d’histoire contenant les portraits des

capitouls depuis mille cinq cens jusques en l’année mil sept cens quatre-vingts neuf

ayant été portés sur le bureau, ainsi que les registres des titres de la ville de Toulouse et

des nominations des capitouls faites par le roi, il a été également délibéré de les faire

transporter de suite chès le président de la Société populaire en conformité du susdit

1 Ce membre de phrase entre virgules a été rajouté au-dessus. 2 3 D 7. 3 Sur cette affaire, voir ROSCHACH (Ernest), « Les douze livres », p. 150-154 ; Id., Inventaire des archives communales antérieures à 1790, t. I, série AA, n° 1 à 60, Toulouse, Privat, 1891, p. CVII-CIX ; QUATREFAGES (A. de), « Peintures du XVe siècle, tirées du livre des Annales de l’Hôtel de ville de Toulouse », dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. IV, 1840-1841, p. 30-33.

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arrêtté »4. C’est alors que le citoyen Baudot entra dans le consistoire et, prenant peut-

être conscience du crime qu’il allait commettre, déclara « que l’intention des

représentants du peuple n’étoit pas de détruire les monuments d’histoire qui devoit être

conservés conformément aux décrets, mais que les feuilles contenant l’image des

capitouls doivent être brûllées. » Et le procès-verbal ajoute : « En conséquence toutes les

feuilles ont été arrachées des susdits registres, et le tout a été porté chès le président de

la Société populaire, ainsi que les registres contenant les titres de la ville et les

nominations des capitouls ci-dessus ennoncées »5. Un journaliste qui assista au

brûlement de ces précieux documents pouvait alors écrire : « C'est par cet autodafé que

fut très gaiement terminée cette fête, l'une des plus brillantes qui aient été décernées à la

liberté6 ».

A la suite de cet acte de vandalisme, onze des douze « livres des histoires » de

la ville conservèrent donc les textes qui remplissaient leurs grands feuillets de

parchemin mais se virent privés des peintures qui introduisaient chacune de leurs

chroniques annuelles. Ils représentaient deux siècles et demi de vie municipale, de 1532

à 1787. Le premier, le plus ancien et qui à lui seul couvrait une période presque aussi

longue (de 1295 à 1532), fut la principale victime de la fureur révolutionnaire contre les

symboles de l’Ancien régime. Il faut dire que la plupart de ses pages s’ornaient des

fameux portraits des capitouls, souvent accompagnés de leurs armes, signes intolérables

de cette noblesse dont on voulait alors effacer jusqu’à la moindre trace d’existence.

Trente ans plus tard, l’archiviste d’Aldéguier découvrit que plusieurs

particuliers avaient en leur possession un certain nombre de ces « tableaux sur vélin »

que l’on croyait définitivement perdus7. Une note postérieure nous apprend qu’en fait,

entre le moment où Baudot prit sa décision et celui où se déroula l’autodafé, « un employé

de la mairie conçut l’idée de s’emparer de plusieurs feuilles et de les soustraire au feu. Il

en fit un roulleau (d’environ 30 feuilles), les cacha dans son manchon-ourson et les

emporta chès lui à ses risques et périls ; d’autres l’imitèrent sans doute »8. Quarante-

deux feuillets se retrouvèrent chez un directeur des contributions, M. Beguillet, dont le

4 1 D 1 p. 413-414 (délibération du 9 août 1793). 5 Ibid. 6 Journal et affiches du département de la Haute-Garonne et de l'armée des Pyrénées, 1793, p. 261 (mercredi 14 août). 7 Cité par ROSCHACH (Ernest), « Les douze livres », p. 156. 8 3 D 7 (« Renseignements sur les vélins du Capitole de Toulouse qui se trouvent dans le cabinet de Mr Béguillet »).

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fils en céda à la ville trente-sept en 18439. Seize d’entre eux appartenaient au premier

Livre. D’autres furent vendus à des Anglais lors de l’occupation de la ville après la

bataille du 10 avril 1814, d’autres encore furent acquises par des amateurs d’art, sans

que l’on connaisse aujourd’hui leur lieu de conservation. Seuls trois feuillets issus de ce

premier recueil réapparurent par la suite : le premier, qui concernait les chroniques de

1434-1436 et 1436-1437, fut acheté chez un antiquaire d’Orléans par le vicaire général

du diocèse et restitué par celui-ci gracieusement à la municipalité toulousaine en 1877 ;

le deuxième, datant de 1369-1370 et 1370-1371, fut acquis à Londres en 1952 grâce à

l’action du conseiller culturel de l’ambassade de France, et fut mis en dépôt au Musée

des Augustins par la Direction des Musées de France ; le dernier, qui était la suite du

précédent (1371-1372 et 1372-1373), a aujourd’hui intégré l’exceptionnelle collection

rassemblée à la Pierpont Morgan Library de New-York10. Deux autres, enfin, ne nous

sont connus que par le dessin qui en a été levé alors qu’ils étaient toujours en possession

de M. Beguillet11.

Au total, à peine plus d’une vingtaine de feuillets auraient donc échappé aux

flammes du bûcher révolutionnaire sur les trois cents que le Livre comptait lorsqu’il fut

définitivement relié en 1534. La disparition de ce premier recueil capitulaire représentait

une perte considérable pour l’Histoire. C’était par lui qu’avait été initiée la tradition des

« annales manuscrites » de la ville, c’était lui qui servait de référence au droit d’image,

ce fameux jus imaginis que les capitouls invoquaient aux XVIIe et XVIIIe siècles pour

revendiquer l’ancienneté et la noblesse de leur fonction12. Outre ces remarquables

enluminures, le registre comprenait des écrits essentiels pour l’histoire municipale au

bas Moyen Âge : d’une part on y inscrivait chaque année les procès-verbaux des

élections des consuls ainsi que le nom des officiers que ceux-ci désignaient, et d’autre 9 Sur les épisodes de cette « restitution » et les suivantes, voir ROSCHACH (Ernest), « Les douze livres », p. 156-160 ; Id., Inventaire des archives communales antérieures à 1790, t. I, série AA, n° 1 à 60, Toulouse, Privat, 1891, p. CIX-CX et CXV-CXVII. 10 Nous nous permettons ici de renvoyer à notre étude : BORDES (François), « Sur un feuillet "américain" des Annales de Toulouse (1371-1372 et 1372-1373) », dans Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. LXI, 2001, p. 118-126 et pl. h.-t. 11 Ils sont reproduits dans NODIER (Charles), TAYLOR (Justin) et CAILLEUX (Alphonse de), Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France. [I] – 1 : Languedoc, Paris, Gide fils, 1833, pl. 33 undeciès (1448-1449) et sexiès (1453-1454). 12 Voir en particulier LA FAILLE (Germain de), Traité de la noblesse des capitouls de Toulouse, 4e éd., Toulouse, J.-F. Forest, s.d., p. 13 : « Il leur reste encore une preuve et une marque bien honorable de cette descendance romaine de leur noblesse, qui est ce droit d’image particulier aux nobles romains, dont j’ai parlé, et dont ces magistrats se conservent encore la possession » ; AA 69 f° 25v (Requête présentée au roi par le sindic de la ville de Toulouse au sujet de la recherche fait contre la noblesse des capitouls, 1763) : « Une marque visible et apparente de la noblesse qui venoit des grandes charges consistoit à avoir droit d’image, et de là vient l’usage observé depuis tant de siècles à Toulouse de faire peindre tous les ans les capitouls et de conserver tous ces portraits à l’hôtel de ville. Les plus anciens sont encore conservés dans les registres. »

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part un certain nombre de notations événementielles y avaient pris place au fil du temps.

Ces textes étaient en partie connus à la fin de l’Ancien Régime, grâce tout d’abord à

Nicolas Bertrand, le premier des historiens toulousains, qui en avait transcrit presque

mot à mot une sélection13, puis par l’entremise de Germain de La Faille, ancien syndic

de l’hôtel de ville, dont les deux volumes des Annales de la ville de Toulouse donnaient

non seulement les listes des capitouls depuis 1295 mais comportaient également bon

nombre de références aux mentions historiques qui se trouvaient dans le premier Livre14.

La structure même de son ouvrage était calquée sur celle de sa source : des annales qu’il

suivait pas à pas, en notant leurs apports comme leurs lacunes ou leurs erreurs. Son

entreprise suscita des vocations mais les émules qu’il eut, de Raynal15 à Du Rosoi16,

Aldéguier17 et enfin Du Mège18, ne se contentèrent souvent que de le plagier. Quant aux

listes capitulaires, seul le travail d’Abel et Froidefont, d’ailleurs suscité et rémunéré par

les capitouls eux-mêmes à la veille même de la Révolution, permit d’en avoir une

version plus satisfaisante19.

Depuis ces époques somme toute reculées, nombreux sont les historiens qui ont

puisé, à défaut de pouvoir utiliser le registre original, sur les écrits de La Faille et ces

listes d’Abel et Froidefont. Seuls quelques archivistes avaient apporté à ces dernières

plusieurs rectifications20. Il est vrai que leur profession facilitait grandement cette tâche.

Qui d’autre en effet pouvait être mieux placé qu’eux pour comparer les documents ou en

découvrir d’inédits ? Ernest Roschach devait aller encore plus loin en s’attaquant à 13 BERTRAND (Nicolas), Opus de Tholosanorum gestis ab urbe condita, Toulouse, Jean Grand-Jean, 1515, f° LIX-LXIv : Opusculum ex libris domus communis Tholose excerptum de Karoli regis Francie in Tholosam adventu et sancti Sudarii in Tholosam translatione et inde substractione, et de capitulariorum numero ac vestum illorum mutatione et colore, ac de parlamenti a Montepessullano in Tholosam recuperatione atque aliis Tholosanorum gestis. 14 LA FAILLE (Germain de), Annales de la ville de Toulouse depuis la réunion de la Comté de Toulouse à la couronne avec un abrégé de l’ancienne histoire de cette ville et un recueil de divers titres et actes pour servir de preuves ou d’éclaircissement à ces Annales, t. 1 : Toulouse, Colomyez et Posuel, 1687, t. 2 : Toulouse, Colomyes, 1701. 15 RAYNAL (Jean), Histoire de la ville de Toulouse, avec une notice des hommes illustres, une suite chronologique et historique des évêques et archevêques de cette ville et une table générale des capitouls, depuis la réunion du comté de Toulouse à la couronne jusqu’à présent, Toulouse, J.-F. Forest, 1759. 16 DU ROSOI (Barnabé FARMIAN DE ROSOI dit), Annales de la ville de Toulouse, Paris, Veuve Duchesne, 4 vol., 1771-1776. 17 ALDÉGUIER (Jean-Baptiste-Auguste d’), Histoire de la ville de Toulouse depuis la conquête des Romains jusqu’à nos jours, Toulouse, Paya, 4 vol., 1833-1835. 18 DU MÈGE (Alexandre), Histoire des institutions religieuses, politiques, judiciaires et littéraires de la ville de Toulouse, 4 vol., Toulouse, L. Chapelle, 1844-1846. 19 ABEL et FROIDEFONT, Tableau chronologique des noms de Messieurs les Capitouls de la ville de Toulouse, Toulouse, J.-F. Baour, 1786. 20 En premier ROSCHACH (Ernest), « Les listes municipales de Toulouse, du XIIe au XVIIIe siècle », dans Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 8e série, t. VII, 1885, p. 1-22, puis GALABERT (François), « Une nouvelle miniature des Annales capitulaires de Toulouse », dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. XVI, 1908, p. 317-341.

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l’histoire de cette collection unique que constituaient les douze livres de l’histoire de

Toulouse21. Son étude très précise et nourrie des meilleurs sources s’avéra très vite et

très justement comme un travail de référence. Il fut essentiellement complété, en ce qui

concerne les enluminures, par les recherches de Robert Mesuret22.

En dépit de toutes ces recherches, le premier Livre était pourtant loin d’avoir

livré tous ses secrets. Il ressemblait encore à un puzzle dont de nombreuses pièces

essentielles manquaient. Si l’on connaissait quelques-unes des étapes de sa composition,

certains de ses textes ou encore quelques-unes des illustrations qui l’ornaient, aucun

travail de fond n’avait été réalisé sur l’ensemble de ce recueil pourtant essentiel pour la

mémoire urbaine de Toulouse. C’est cette tâche que nous avons entreprise de mener à

bien et pour laquelle nous avons été conduit à travailler sur une triple problématique.

La première concernait la constitution même du recueil. Ernest Roschach avait

bien débroussaillé le terrain, mais les questions sans réponse restaient encore

nombreuses. Dans quel contexte historique, politique et archivistique était-il né ? Quels

avaient été les objectifs qui avaient guidé ses concepteurs ? Comment avait-il évolué

dans le temps et quelles avaient été les étapes des mutations qu’il avait pu subir ? Qui

intervenait dans sa composition ? Autant d’interrogations que tout historien devrait

d’ailleurs normalement se poser lorsqu’il aborde un « monument » de ce genre et qui

permettent d’éviter certaines interprétations hâtives.

La deuxième, qui représentait le travail le plus long et le plus délicat, consistait

en une reconstitution la plus complète possible du registre tel qu’il se présentait dans

son état le plus abouti à la fin de l’année 1532. Il nous a fallu pour cela croiser des

sources multiples, dépouiller systématiquement plusieurs dizaines de registres et

manipuler des centaines de documents de l’époque. Peu de textes nous sont parvenus

dans leur version complète, mais de nombreuses analyses ou mentions en avaient été

faites à diverses époques. Nous avons dû les comparer et les critiquer, afin d’aboutir à

un résultat dont nous savions par avance qu’il ne pourrait prétendre à l’exhaustivité mais

qu’il permettrait cependant de connaître au plus près notre Livre des Histoires. Les listes

de capitouls ont particulièrement fait l’objet d’un travail de vérification très précis qui a

permis d’en combler les lacunes ou d’en redresser les erreurs. 21 ROSCHACH (Ernest), « Les douze livres de l’histoire de Toulouse. Chroniques municipales manuscrites du treizième au dix-huitième siècle (1295-1787). Étude critique », dans Actes du 16e congrès de l’Association française pour l’Avancement des Sciences tenu à Toulouse en 1887, Toulouse, Privat, 1887, p. 129-460 (tiré à part : Toulouse, Impr. Douladoure-Privat, s.d., 338 p.). 22 Enlumineurs (Les) du Capitole de 1205 à 1610, Toulouse, Musée Paul-Dupuy, 1955 [catalogue par MESURET (Robert), préf. de SAINT-BLANQUAT (Odon de)].

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Ce n’est qu’au prix de ce labeur de plusieurs années que la troisième phase,

celle de l’analyse, pouvait commencer. Ici encore, de nombreuses questions se posaient.

Nos prédécesseurs s’étaient généralement contentés de décrire l’ouvrage ou de l’utiliser,

sans se préoccuper du sens profond qu’un tel type de document pouvait avoir pour ceux

qui l’avaient créé puis enrichi pendant deux siècles et demi. Les historiens de l’art,

quant à eux, avaient souvent étudié chacune de ses enluminures sans se préoccuper plus

avant du contexte qui avait présidé à leur création. Le développement des études sur la

mémoire urbaine depuis quelques décennies, qui se doublait d’un intérêt renouvelé pour

la diplomatique des actes municipaux, a ouvert de nombreuses perspectives et fourni

d’utiles éléments de comparaison pour répondre à nos interrogations. De quel type de

mémoire le Livre des Histoires était-il donc le support ? Quelle place prenait-il dans

l’ensemble du dispositif mémoriel mis en place dans la chancellerie toulousaine ? En

trouvait-on d’autres exemples dans le monde urbain médiéval, dans le fond et dans la

forme, ou bien était-il unique en son genre ? Et si oui, pourquoi un tel « livre des

gestes » consulaires avait-il pu exister à Toulouse et non ailleurs ?

Nous avons tenté de donner des premières réponses à ces questions, en ouvrant

nous-même des pistes pour des recherches futures. L’essentiel pour nous était surtout de

fournir une source renouvelée et la plus fiable possible aux historiens de demain. La

structure de notre étude s’avère largement tributaire de la démarche qui nous a guidée.

Elle s’inscrit dans une logique qui nous semblait la mieux à même de nous faire

connaître et comprendre dans toute sa complexité ce trésor en grande partie disparu.

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Sources Nota : pour la liste et le commentaire des sources qui nous ont servi à la reconstitution du

premier Livre des Histoires, voir la partie 2.1.

Archives

1) Archives Municipales de Toulouse

SERIE AA - ACTES CONSTITUTIFS ET POLITIQUES DE LA COMMUNE

1) « Cartulaires »

AA 1 : Cartulaire du Bourg, 1141-1271. Registre, parchemin, 126 fol.

AA 2 : Cartulaire de la Cité, 1141-1279. Registre, parchemin, 118 fol.

AA 3 : « Livre blanc de la maison commune », 1141-1556. Registre, parchemin, 251 fol.

AA 4 : Recueil de copies, 1192-1322. Registre, papier, 64 fol.

AA 5 : Vidimé du Livre blanc, Registre, parchemin, 889 fol.

AA 6 : Répertoire méthodique des archives (inachevé), 1152-1560. Registre, parchemin, 267 fol.

AA 7 : Recueil factice de copies de privilèges sur les leudes et péages, 1220-1528. Registre, papier, 345 fol.

AA 8 : Recueil des privilèges de la ville de Toulouse et du corps capitulaire, 1264-1574. Registre, papier, 409 fol.

AA 9 : Recueil concernant les leudes et péages (fragment), 1219-1512. Registre, parchemin, 18 fol.

AA 10 : Recueil factice de copies de privilèges sur les leudes et péages, 1160-1526. Registre, papier, 65 fol.

AA 11 : Recueil factice de copies de privilèges sur les leudes et péages, 1312-1536. Registre, papier, 268 fol.

AA 12 : « Livre leudaire », 1529-1539. Registre, parchemin, 130 fol.

AA 13 : Recueil en partie factice, [1328] 1515-1553. Registre, papier, 529 fol.

AA 17 : Premier livre des arrêts, 1525-1556. Registre, parchemin, 164 fol.

AA 20, Copie de documents politiques, administratifs et judiciaires intéressant la ville, 1488-1608. Trois-cent quatre pièces. Registre papier, In-fol., 354 feuillets, 707 p.

2) Documents originaux

AA 34-48 : Layettes (documents isolés originaux). 15 liasses

AA 60 : Recueil factice de copies des XVe et XVIe siècles relatives au rétablissement du capitoulat par Charles VII, 1432-1444.

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3) Domaine royal

AA 64 : Domaine royal, 1424-1768. 1 liasse

AA 65 : Domaine royal, 1320-1520. 2 registres papier, 933 p.

4) Privilèges

AA 66 : Serments des officiers royaux, 1271-1699. Recueil factice, papier, 40 fol.

AA 67 : Livre des serments des officiers royaux, 1370-1783. Registre, parchemin, 65 fol.

AA 73 : Francs-fiefs, 1387-1783. 1 liasse

AA 74 : Leudes et péages, 1457-1750. 1 liasse

AA 75 : Droits d’équivalent, [1141-1498]1514. Cahier, parchemin, 12 fol.

AA 76 : « Copies d’actes royaux et autres intéressant la ville de Toulouse », 1225-1499. Registre, papier, 687 p.

AA 77 : « Titres intéressant le corps municipal », 1496-1772. Registre factice, parchemin, 198 p.

AA 80 : Privilèges municipaux, 1247-1688. Impr., 97 p.

5) Délégations

AA 85 : Délégations, 1404-1714. Recueil factice, papier, 166 p.

AA 86 : Délégations, 14[18 ou 25]-1787. Recueil factice, papier, 346 p.

AA 87 : Délégations, 14[22]-1783. Recueil factice, papier, 708 p.

AA 88 : Délégations, 1510-1561. Registre, papier, 283 fol.

AA 89 : Délégations, fin XVe-1787. Recueil factice, papier, 512 p.

6) Etats de Languedoc

AA 102 : Procès-verbal des Etats tenus à Toulouse, 1419. Cahier, papier, 40 p.

AA 103 : Procès-verbal lu aux Etats de Béziers, 1419. Cahier, papier, 38 p.

AA 104 : Cahiers de doléances présentées au roi, 1428-1579. Recueil factice, papier, 460 p.

AA 110 : Procès-verbaux d’assemblées tenues au consistoire de la maison commune, 1454 n.s.-1633. Recueil factice, papier, 202 p.

AA 111 : Copies d’actes relatifs aux Etats de Languedoc, 1488-1525. Registre, papier, 251 p.

AA 112 : Etats de Languedoc, délégations, affaires diverses, 1431, 1470, 1536-1789. 1 liasse

AA 118 : Procès-verbaux des Etats de Languedoc, 1501-1510. Registre, papier, 240 fol.

AA 119 : Procès-verbaux des Etats de Languedoc, 1512-1522. Registre, papier, 193 fol.

AA 120 : Procès-verbaux des Etats de Languedoc, 1522-1534. Registre, papier, 288 fol.

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SERIE BB - ADMINISTRATION COMMUNALE

1) Registres de délibérations :

BB 1 : 1374-1380, 1388. Registre, papier, 58 fol.

BB 2 : 1414-1417 n.s. Registre, papier, 142 p.

BB 3 : 1418-1421. Registre, papier, 136 fol.

BB 4 : 1422-1424. Registre, papier, 96 p.

BB 5 : 1426-1428. Registre, papier, 120 p.

BB 6 : 1429-1430. Registre, papier, 46 fol.

BB 7 : 1435-1437. Registre, papier, 106 p.

BB 8 : 1438-1440. Registre, papier, 45 p.

BB 9 : 1524-1543. Registre, papier, 379 fol.

2) Registres du Consistoire :

BB 67 : 1411-1428. Registre, papier, 90 p.

BB 68 : 1519-1520. Registre, papier, 296 p.

BB 69 : 1523. Registre, papier, 126 p.

BB 70 : 1524-1525. Registre, papier, 525 fol.

BB 71 : 1525-1526. Registre, papier, 1190 p.

BB 72 : 1527-1528. Registre, papier, 1501 p.

BB 73 : 1528-1529. Registre, papier, 840 p.

BB 74 : 1529-1530. Registre, papier, 1450 p.

BB 75 : 1532-1533. Registre, papier, 1400 p.

3) Registres d’ordonnances :

BB 149 : 1504-1636. Registre factice, papier, 205 fol.

BB 150 : 1520-1534. Registre, papier, 533 p.

BB 151 : 1522-1534. Registre, papier, 156 fol.

4) Personnel :

a) Capitouls

BB 189 : Elections capitulaires, 1504-1789. 1 liasse

BB 192 : « Catalogue de Messieurs les capitouls », 1658. Registre, papier, 215 p.

BB 193 : Idem.

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BB 194 : Liste alphabétique des capitouls. 2 cahiers, 54 fol.

BB 195 : « Catalogue de Messieurs les capitouls », 1666. Registre papier, 144 p.

BB 196 : « Liste générale des capitouls » [manuscrit d’Abel et Froidefont], 1785. Registre,

papier, n.f.

b) Notaires (registres matricules)

BB 204 : 1266-1338. Registre, parchemin, 229 fol.

BB 205 : 1338-1357. Registre, parchemin, 143 fol.

BB 206 : 1357-1422. Registre, parchemin, 141 fol.

BB 208 : 1464-1500. Registre, parchemin, 235 fol.

BB 209 : 1500-1510. Registre, parchemin, 174 fol.

BB 210 : 1510-1519. Registre, parchemin, 162 fol.

BB 211 : 1520-1524. Registre, parchemin, 100 fol.

BB 212 : 1524-1530. Registre, parchemin, 142 fol.

BB 213 : 1530-1536. Registre, parchemin, n.f.

c) Collation d’offices :

BB 218 : 1530-1547. Registre, papier, 523 p.

5) Administration :

a) Administration (généralités) :

BB 246 : « Second recueil capitulaire, 1517-1782. Recueil factice, papier, 277 p.

BB 248 : Pièces diverses, 1525-1779. 1 liasse

BB 250 : « Actes et mémoires intéressant le corps municipal », 1247-1336, 1408, 1465, 1617-

1789. Recueil factice, papier, n.f.

b) Testaments capitulaires :

BB 265 : ca. 1420, 1506-1507, 1529-1530. Registre, papier, 190 fol.

6) Chroniques :

BB 268 : « Catalogue et summaire de la fundation » [chronique de Guillaume de La Perrière], 1548-1549. Cahier relié, parchemin, 18 fol.

BB 269 : « Annales de Toulouse » [manuscrit de Louvet], [1295]-1675. Registre, papier, [15]-231 fol.

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7) Annales manuscrites :

BB 273 : Premier livre, 1352-1517. 17 feuillets de parchemin

BB 274 : Livre II, 1532-1568. Registre, parchemin, 428 p.

SERIE CC- CADASTRE, IMPOTS, COMPTABILITE

1) Cadastre

CC 1-12 : Estimes et allivrements, 1331-1468. 12 registres, papier

CC 13-19 : Cadastres, 1478. 7 registres, papier

2) Impôts

CC 154-164 : Impôts de la ville, 1323-1481. 11 registres, papier

CC 938-954 : Arrérages, 1324-1515. 19 registres et cahiers, papier

CC 1203-1208 : Impôts sur les « bien aisés », 1513-1525. 6 registres et cahiers, papier

CC 1262-1268 : Quart du vin (contrats, baux à ferme), 1350-1787. 3 liasses et 4 registres

3) Dettes

CC 1510-1513 : Emprunts et dettes de la ville, 1346-1451. 4 registres

4) Comptabilité

CC 1576, 1579-1582 : « Comptabilité municipale avant la Révolution », 1441-1789. 5 registres, papier

5) Contrôle

CC 1669-1676 : « Rubrica thesaurarie », 1524-1534. 8 registres, papier

6) Comptes du trésorier

CC 1843-1892 : Recettes et dépenses, 1330-1534. 52 registres, papier

CC 2284 : Comptes divers, 1372-1373. Registre, papier, 174 p.

CC 2289-2292 : Frais de justice et de procédure, 1508-1516. 4 cahiers, papier

7) Pièces à l’appui des comptes

CC 2322 : 1379-1500. 1 liasse, papier

CC 2323-2391 : 1403-1534. 69 recueils factices, papier

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SERIE DD. BIENS COMMUNAUX, TRAVAUX PUBLICS. VOIRIE

DD 45 : Contrats, 1507-1549. Cahier, parchemin, 97 fol.

DD 154 : Travaux aux ponts de la ville, 1422-1850. Recueil factice, papier, 130 p.

DD 157 : Idem, 1477-1621. Recueil factice, papier, 446 fol.

DD 207 : Pont de la Dalbade à Tounis, 1518-1732. Liasse, papier

DD 211-212 : Pont de la Daurade, 1478-1480, 1512-1633. 2 liasses, papier

DD 216 : Ponts sur l’Hers, 1282-1748. Liasse, papier

DD 292 : Halles et marchés, 1483-1789. Liasse, papier

DD 296-297 : Hôtel de ville, 1190-1867. 2 liasses, papier

EE. AFFAIRES MILITAIRES

EE 1 : Bans, 1488-XVIIIe siècle. Liasse, papier

EE 2 : Dénombrements remis devant les capitouls, 1512-1558. Registre, papier, 424 fol.

EE 32 : Comptes des travaux pour les fortifications, 1355. Registre, papier, 133 fol.

EE 33-37 : Remparts, tours et fossés, 1481-1828. 5 liasses, papier

FF. PROCEDURES, JUSTICE, POLICE

FF 1-12 : Procès de la forêt de Bouconne, 1308-1516. 12 cahiers et registres, papier et parchemin

FF 15-31, 38-47 : Procès des leudes et péages, 1316-[1527]. 27 registres, recueils factices et cahiers, papier et parchemin

FF 57-66 : Conflits de juridiction (dont affaires Aimery Berenger et Claire de Portet), 1332-1532. 10 registres, recueils factices et cahiers, papier et parchemin

FF 75-90 : Procès concernant les cotisations (contre les officiers royaux et l’Université en particulier), 1343-1537. 16 liasses, registres, recueils factices et cahiers, papier et parchemin

FF 106-127 : Autres procès (série chronologique), 1375-1534. 22 liasses, registres, recueils factices et cahiers, papier et parchemin

FF 161-169 : Greffe du consistoire (procès-verbaux des audiences civiles de la cour des capitouls), 1517-1533. 10 registres, papier

FF 609 : Réglementation de la justice et police de la ville, 1407-1789. 2 liasses, papier

FF 610 : Ordonnances capitulaires, 1422-1787. Liasse, papier

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GG. CULTE, INSTRUCTION PUBLIQUE, ASSISTANCE PUBLIQUE

GG 784-789 : Culte, 1367-1855. 6 recueils factices, papier

GG 790-791 : Saint Suaire, 1395-XVIe siècle. 1 liasse et 1 cahier, papier

GG 841 : Privilèges de l’Université en matière de tailles, 1392-1514. Registre, papier, 116 p.

GG 842 : Procès avec l’Université, 1439. Liasse, papier

GG 915 : Collège de Rhétorique, XVe siècle-1693. Liasse, papier

GG 956 : Hôpital Saint-Sébastien, 1522-1790. Liasse, papier

GG 973-981 : Epidémies (en particulier dépenses et fournitures pour les pestiférés), 1517-1531. 1 liasse et 8 registres et cahiers, papier

SERIE HH. AGRICULTURE, INDUSTRIE, COMMERCE

HH 65-70 : Statuts des corps de métiers, 1270-1785. 5 registres et 1 liasse, papier

HH 76-78 : Enregistrement des réceptions de maîtrises, 1464-1544. 3 registres, papier

HH 100-101 : Police des métiers, XIVe siècle-1788. 2 liasses, papier

SERIE II. DOCUMENTS DIVERS

1) Layettes

II 1-100 : Documents originaux isolés, 1202-1789. 100 boîtes, parchemin et papier

2) Inventaires et répertoires des archives

II 614 : 1393. Cahier papier

II 615 : 1495 [inventaire de Bernard de Gaillac]. Registre, papier, 53 fol.

II 616 : 1495 [copie du précédent]. Registre, papier, 178 p.

II 617 : 1495 [double des précédents, avec ajouts]. Registre, papier, 63 fol.

II 618 : 1519 [premier répertoire de Jean Balard]. Registre, papier, 686 p.

II 619-621 : 1531-1532 [deuxièmes répertoires de Jean Balard]. 3 registres, papier

II 622 : 1547-1548 [troisième répertoire de Jean Balard]. Registre, papier, 171 p.

II 623-628 : 1560 [répertoires de Jean Balard fils]. 6 registres, papier

II 648 : Description par Roschach des miniatures des Annales manuscrites conservées, 1877. Liasse, papier

II 699 : Gesta Tholosanorum, de Nicolas Bertrand, 1515. Impr.

II 701 : Remarques sur l’histoire de Languedoc, de Pierre Louvet, 1657. Impr.

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SERIE S. AUTRES FONDS

3 S 4 : « Recherches historiques sur les établissements et les monuments de la ville de Toulouse, la vie de quelques artistes dont les ouvrages font l’ornement de la ville de Toulouse », par Joseph Malliot [autre copie dans 5 S 136]

2) Archives Départementales de la Haute-Garonne

ARCHIVES DU PARLEMENT DE TOULOUSE :

B 1- 25 (1444-1532) : Registres secrets du Parlement. 25 registres, parchemin

B 1899-1901 (1444-1532) : Enregistrement des actes du pouvoir royal. 3 registres, parchemin

ARCHIVES NOTARIALES

3 E 2959 : Pierre de Cuguron, 1437-1449. Registre, papier

3 E 4381 : Jean Grandjean, 1438-1450. Registre, papier

3 E 4400 : André de Gressio, 1449-1460. Registre, papier

3 E 5009 : Pierre La Rua, 1447-1450. Registre, papier

3 E 5431 : Adhémar et Jean Mandinelli, 1507-1513. Registre, papier

3 E 6143 : Guillaume Peyronis, 1412-1454. Registre, papier

3 E 6146 : Guillaume Peyronis, 1448-1477. Registre, papier

3 E 6184 : Guillaume de Podio, 1505-1521. Registre, papier

3 E 7007 : Pierre Salamonis, 1524-1528. Registre, papier

3 E 7416 : Pierre Tornerii, 1500. Registre, papier

FONDS DE SAINT-SERNIN

101 H 129 : Protocole de Bernard de Maurienco, 1428-1431. Registre, papier

101 H 133 : Protocole d’André de Gressio, 1412-1417. Registre, papier

101 H 154 : Protocole d’André de Gressio, 1438-1444. Registre, papier

FONDS DES DOMINICAINS

112 H 34 : « Petit mémoire » (faits importants dans la vie du couvent) [1229-1677], XVIIe siècle. Feuillets papier

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112 H 43 : « Mémoire des événements très remarquables arrivez à Toulouse et quelques fragments d’histoire » [1195-1372], XVIIe siècle. Feuillet papier collé dans registre

ARCHIVES PRIVÉES : PIECES ISOLÉES ET PETITS FONDS

1 J 132 : « Antiquités de Tholoze », XVIIe siècle. Registre, papier

1 J 275 : « Historia chronologica parlamentorum patriae occitaniae » [pseudo-chronique de Guillaume Bardin], XVIIe siècle. Registre, papier, 125 p.

MANUSCRITS

Ms 17 : « Extraict sommaire de ce qui est contenu dans les livres et registres de la Maison de ville de Toulouse. »

3) Archives départementales du Tarn

4 EDT AA 1 : Cartulaire d’Albi, 1220-1493. Registre, parchemin, 75 fol.

4 EDT AA 2 : 2e cartulaire d’Albi, 1220-1694. Registre, parchemin, 140 fol.

4 EDT AA 4 : 4e cartulaire d’Albi, 1234-1615. Registre, parchemin, 159 fol.

4 EDT AA 5 : 5e cartulaire d’Albi, 1536-1579. Registre, parchemin, 147 fol.

4 EDT AA 6 : 6e cartulaire de la ville, 1580-1630. Registre, parchemin, 139 fol.

4 EDT AA 7 : 7e cartulaire de la ville, 1634-1860. Registre, parchemin, 142 fol.

4) Archives municipales de Montpellier

AA 4 : « Grand Thalamus ». Registre, parchemin, 387 fol.

AA 9 : « Petit Thalamus ». Registre, parchemin, 565 fol.

5) Archives municipales de Narbonne

II (en cours de classement) : LAFONT (G.), « Annales historiques des consuls de Narbonne », ms

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Bibliothèques

1) Bibliothèque d’étude et du patrimoine de Toulouse

Ms 694 : « Remarques sur les antiquités et autres singularités de Tholoze », par Alexandre-Paul Filère,

XVIIe siècle

Ms 695 : « Recherches sur l’histoire de Toulouse », par Bernard du Puy, sieur des Grais, XVIIe siècle

Ms 696 : « Extraict sommaire de ce quy est plus remarquable aux six libres de l’annale de la ville de Thoulouse puis l’an 1295 jusques 1633 » , XVIIe siècle

Ms 874 : Recueil, XIVe et XVe siècles

Ms 993 : « Arrests de l’élection des capitouls » (1458-1632), XVIIe siècle

Ms 998 : « Recherches historiques » de Malliot, XIXe siècle

Ms 1796 : « Testament syndical de La Faille », XVIIe siècle.

2) Bibliothèque nationale de France

Fonds Doat 73 : Documents sur la ville de Toulouse depuis 854 jusqu’en 1596

Fonds français 5450 : Recueil de documents relatifs à Toulouse, XVe et XVIe siècles

Fonds français 18517 : « Entrées des rois, reines, princes et gouverneurs de provinces aux principales villes du royaume et ès cours de Parement, avec les cérémonies observées aux mariages, naissances des enfants de France, victoires et autrement. » Extraits d’archives municipales faits par ordre du roi en 1641 ; vol. II (1389-1633)

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Bibliographie

ABEL et FROIDEFONT, Tableau chronologique des noms de Messieurs les Capitouls de la ville de Toulouse, Toulouse, J.-F. Baour, 1786, 184-36 p.

ADAM-EVEN (Paul), « De l’acquisition et du port d’armoiries : armes nobles et bourgeoises. Etude d’héraldique comparée », dans Recueil du IVe congrès international des sciences héraldique et généalogique, Bruxelles, 1958, p. 79-106

AIRALDI (Gabriella), Gli Annali di Caffaro (1099-1163), Genova, Fratelli Frilli editori, 2002, 160 p. [Collana storica n° 1, « Memorie Genovesi »]

AIRALDI (Gabriella), Gli Annali di Oberto Cancelliere (1164-1173), Genova, Fratelli Frilli editori, 2004, 176 p. [Collana storica n° 3, « Memorie Genovesi »]

ALAUZIER (L. d’), « Les Boysson ou Buisson, marchands à Aubin, Figeac et Toulouse », dans Rouergue et confins, Actes des XXXIIe et XIVe congrès d’Etudes régionales respectivement de la Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon et de la Fédération des sociétés académiques et savantes Languedoc-Pyrénées-Gascogne (Rodez, 14-16 juin 1958), Rodez, Société des Lettres, Sciences et Arts de l’Aveyron, s.d., p. 109-119

ALBINI (Giulana), dir., Le scriture del comune : amministrazione e memoria nelle città dei secoli XII e XIII, Turin, Scriptorium, 1998, 171 p.

ALDEGUIER (Jean-Baptiste-Auguste d’), Histoire de la ville de Toulouse depuis la conquête des Romains jusqu’à nos jours, Toulouse, Paya, 4 vol., 1833-1835

AMOUROUX (R.), Le consulat et l’administration municipale de Narbonne, des origines à la fin du XIVe siècle, Thèse de doctorat sous la direction de P. Ourliac, Faculté de droit de Toulouse, 1970

ANATOLE (Christian), « Chroniques occitanes des Annales de Toulouse (1382-1516) », dans Hommage à Jean Séguy, t. I, Toulouse, 1978, p. 41-52

ANATOLE (Christian), « L’abandon du latin dans la rédaction des Annales de Toulouse. Le rôle de Jean-Jacques de Mesmes », dans Via Domitia, n. s., t. XV, 1979, p. 3-7

ANGELRAS (A.), Le consulat nîmois, histoire de son organisation, Nîmes, « La Laborieuse », 1912, 207 p.

ARABEYRE (Patrick), « Les écrits politiques de Bernard de Rosier (1400-1475), archevêque de Toulouse (1452-1475) », dans Positions des thèses de l’Ecole Nationale des Chartes, Paris, 1987, p. 9-15

ARABEYRE (Patrick), « Un prélat languedocien au milieu du XVe siècle : Bernard de Rosier, archevêque de Toulouse (1400-1475) », dans Journal des Savants, juillet-décembre 1990, p. 291-326

ARABEYRE (Patrick), « La France et son gouvernement au milieu du XVe d’après Bernard de Rosier », dans Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, t. 150, 1992, p. 291-326

ARABEYRE (Patrick), « Un "mariage politique" : pouvoir royal et pouvoir local chez quelques juristes méridionaux à l’époque de Charles VIII et Louis XII », dans Terres et hommes du Sud. 126e Congrès des Sociétés historiques et scientifiques, Toulouse, 9-14 avril 2001, à paraître

ARABEYRE (Patrick), Les idées politiques à Toulouse à la veille de la Réforme. Recherches autour de l’œuvre de Guillaume Benoît (1455-1516), Thèse pour l’obtention du grade de docteur en Droit de l’Université de Bourgogne, 1999, 2 vol., 707 p. ; publiée à Toulouse, Presses universitaires des Sciences Sociales de Toulouse, 2003, 585 p. [coll. « Etudes d’Histoire du Droit et des Idées politiques », n° 7]

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Armoriaux (Les) médiévaux, Actes du colloque international de Paris (Institut de Recherche et d’Histoire des textes, 1994), Paris, Editions du Léopard d’or, 1997, 424 p. [Cahiers du Léopard d’or, n° 8]

ARRAMOND (J.-C.) et BOUDARTCHOUK (J.-L.), « Le souvenir du Capitolium de Toulouse à travers les sources de l’Antiquité tardive et du Moyen Âge. Etat de la question et perspectives nouvelles », dans Archéologie du Midi médiéval, t. XI, 1993, p. 3-39

ARROUCAU (J.-P.), Aspects de la vie économique et sociale à Toulouse (1271-1314), Mémoire de maîtrise sous la direction de P. Contamine, Université de Paris-X, 1975

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Abréviations [chr.] chronique (correspond à l’ensemble du texte d’une année) [h.] histoire (correspond à une mention d’événement à l’intérieur de chaque chronique) [ill.] illustration (renvoie au tome 5) anc. ancien n.s. nouveau style vol. volume Par mesure de commodité, certains titres d’articles ou d’ouvrages fréquemment utilisés ont été cités en abrégé dans les notes. Sauf mention contraire, les cotes citées proviennent des Archives municipales de Toulouse (AMT). ADHG Archives départementales de la Haute-Garonne ADT Archives départementales du Tarn AF ABEL et FROIDEFONT, Tableau chronologique des noms de Messieurs les Capitouls de la

ville de Toulouse, Toulouse, J.-F. Baour, 1786 AMA Archives municipales d’Agen AMB24 Archives municipales de Bergerac AMB34 Archives municipales de Béziers AMM Archives municipales de Montpellier AMN Archives municipales de Narbonne BMT Bibliothèque d’étude et du patrimoine de Toulouse BnF Bibliothèque nationale de France HGL VIC (Claude de) et VAISSETE (Joseph), Histoire générale de Languedoc, 3e éd., Toulouse,

Privat, 1872-1892 NB BERTRAND (Nicolas), Opus de Tholosanorum gestis ab urbe condita, Toulouse, Jean

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PREMIÈRE PARTIE

DU « LIVRE OFFICIER » AU « LIVRE DES HISTOIRES » :

LA GENÈSE D’UNE MUTATION

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Introduction

L’histoire commence au printemps de l’année 1295, en plein Moyen Âge central.

Elle prendra fin près de deux siècles et demi plus tard, à la veille de l’événement marquant de

Toulouse à la Renaissance, l’entrée de François 1er, accompagné de la reine, du dauphin et de

ses grands officiers. Elle va voir l’élaboration de l’un des ouvrages les plus exceptionnels

qu’une chancellerie municipale ait pu créer à l’époque : le premier « Livre des Histoires » de

la ville.

Mais cette aventure est loin d’être linéaire, et elle mérite que l’on en narre les

diverses péripéties. Comment d’ailleurs pourrait-on imaginer qu’un tel ouvrage soit resté figé

dans la forme et dans le fond sur une période si longue et qui connut en outre de tels

changements de mentalités23 ? Il s’avère donc nécessaire d’essayer de déterminer les étapes

qui ont marqué son évolution et qui nous permettront par la suite de mieux saisir le ou les sens

qu’il a pris pour ceux à qui il était destiné.

Il nous faudra également nous attacher à découvrir quels en furent les auteurs ou les

simples copistes, et quels artistes contribuèrent, chaque année ou presque, à l’illustration de

ses feuillets. Car l’une des particularités, et non des moindres, du Livre des Histoires réside

dans ce dialogue systématique entre le texte et l’image, un dialogue qui va s’amplifier

lorsque, d’une part, les portraits vont occuper tout l’espace des feuillets introductifs de chaque

chronique, et que, d’autre part, les « gestes » capitulaires s’accroîtront de préfaces et autres

récits qui déborderont largement le strict cadre toulousain. Nous serons alors amené à

analyser dans le détail ces textes et ces illustrations pour essayer, ici encore, de mettre au jour

les éléments qui en éclaireront le sens profond.

Mais avant toute chose, il nous faut commencer par l’acte de naissance officiel de ce

recueil, l’ordonnance promulguée par les consuls en 1295.

23 Voir entre autres sur le sujet les ouvrages de MARTIN (Hervé), Mentalités médiévales, XIe - XVe siècle, 2e éd., Paris, Presses universitaires de France, 1998, 516 p. [collection « Nouvelle Clio »] et Mentalités médiévales II. Représentations collectives du XIe au XVe siècle, Paris, Presses universitaires de France, 2001, 300 p. [collection « Nouvelle Clio »], et celui de GENÊT (Jean-Philippe), La mutation de l’éducation et de la culture médiévales. Occident chrétien (XIIe siècle – milieu du XVe siècle), Paris, Seli Arslan, 1999, 2 vol., 569 p.

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1.1. L’ordonnance de 1295

Cette année-là, et le jour même de leur élection si l’on en croit les documents qui

nous en ont conservé la mémoire, les édiles toulousains décident en effet de confier au notaire

Bernard de Sainte-Eulalie la confection d’un « Grand Livre » en six parties. C’est la première

d’entre elles, réservée à l’inscription des élections annuelles, qui va donner naissance, au

terme de près d’un siècle, au « Livre des Histoires » de la ville.

Ce n’était pourtant pas la première fois que les consuls se préoccupaient de la mise

en place d’outils destinés d’un côté à faciliter le travail administratif et d’autre part à

constituer des recueils municipaux de mémoire. Le XIIIe siècle toulousain, celui qui voit

passer la ville d’une très large autonomie à la soumission au pouvoir royal, comporte dans ce

domaine des points de repère qui intéressent au premier chef notre sujet. Et sous-jacente à

cette histoire, c’est celle des archives de Toulouse elles-mêmes que nous découvrons.

1.1.1. Les précédents (1205-1295)

a) Le cartulaire de 1205

Dès 1205, le cartulaire rédigé en double exemplaire24 par le notaire Guilhem

Bernard constitue la première pierre de l’édifice administratif et archivistique toulousain.

Réalisé en huit mois25, ce corpus authentique des privilèges de la ville pose d’emblée la

question des raisons qui ont présidé à sa confection26.

Aucun préambule ni aucun document émanant de l’autorité consulaire n’ayant été

conservé à ce sujet, nous en sommes réduits ici à des conjectures. Ernest Roschach, le premier

à s’y intéresser, fait une simple constatation : « Nous ne possédons pas la délibération

consulaire en vertu de laquelle la compilation a été faite ; mais, à la nature de la collection,

aux précautions prises pour en assurer 1’authenticité, il est aisé de voir qu’elle a une origine

24 Cartulaire du Bourg (AA 1) et cartulaire de la Cité (AA 2). 25 Entre février et septembre 1205 ; la date de septembre 1206 pour la transcription du titre 71 semble être en effet une erreur de millésime de la part du scribe, comme le pensait LIMOUZIN-LAMOTHE, La commune, p. 45 26 Sur ce cartulaire, voir BORDES (François), « Les cartulaires urbains de Toulouse (XIIIe-XVIe siècles) », dans LE BLÉVEC (Daniel), dir., Les cartulaires méridionaux, Actes du colloque organisé à Béziers les 20 et 21 septembre2002 par le Centre historique de recherches et d’études médiévales sur la Méditerranée occidentale, Paris, École des Chartes, 2006, p. 217-238, pl. h.-t.

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officielle27. » Quarante ans plus tard, Limouzin-Lamothe reprend cette citation et se contente

d’ajouter : « Nous pouvons donc supposer que les consuls s’inquiétèrent, au début du XIIIe

siècle, alors qu’ils avaient déjà conquis la plus grande partie de leurs libertés, de réunir les

titres de leur indépendance et d’en conserver les copies dans leurs archives, de peur que les

actes originaux ne soient soustraits frauduleusement ou ne se perdent28. » Il est vrai que la

plupart des cartulaires, religieux ou laïques, sont nés de la double nécessité de sauvegarder

des actes originaux fragiles et de pouvoir disposer d’outils facilitant le travail administratif29.

Mais il nous semble que cette seule explication utilitaire, si elle est plausible et comporte une

part certaine de réalité, ne peut à elle seule être invoquée. Une analyse du contexte historique

permet de mieux comprendre les motivations des consuls.

D’un côté, en cette année 1205, Toulouse est une ville quasiment indépendante,

jouissant de privilèges très importants dont celui d’exercer la justice criminelle, au point

qu’on a pu lui accorder le titre de « république urbaine » et la comparer à ses grandes sœurs

italiennes30. Il est d’ailleurs symptomatique de voir qu’au lendemain même du serment

réciproque de 1189 entre le comte Raimond V et les consuls, ceux-ci commencent une série

d’acquisitions immobilières (une dizaine au total) qui prennent justement fin en 1204, à la

veille de la confection du double cartulaire, et aboutissent à la création d’une véritable maison

commune31. Enfin, les Toulousains émancipés de la tutelle comtale viennent également de

signer plus d’une vingtaine de traités de paix avec d’autres communautés du « plat pays ». On

peut dès lors mieux comprendre qu’en ce début de l’année 1205 le chapitre consulaire ait

souhaité conserver de manière plus efficace mais également plus symbolique la mémoire de

ses droits et de ses actes.

Mais d’un autre côté, une nouvelle menace plane sur la ville. Elle est en effet à cette

époque en première ligne dans la lutte qu’Innocent III a entrepris pour extirper l’hérésie dans

le Midi. Devant l’absence de coopération du comte Raimond VI, le pape décide en 1203

d’agir directement dans la principale cité de son domaine : Toulouse. Il y dépêche donc deux 27 ROSCHACH, Inventaire, p. 1. 28 LIMOUZIN-LAMOTHE, La commune, p. 8. 29 Sur ce type de document, voir Olivier GUYOTJEANNIN, Laurent MORELLE et Michel PARISSE, dir., Les cartulaires, Actes de la Table ronde organisée par l’École nationale des Chartes et le G.D.R. 121 du C.N.R.S. (Paris, 5-7 décembre 1991), Paris, École des Chartes, 1993, 519 p. [Mémoires et Documents de l’École des Chartes, 39]. 30 Philippe WOLFF, dir., Histoire de Toulouse. Toulouse, Privat, 1982, p. 94 et 100. 31 La maison communale, d’après LIMOUZIN-LAMOTHE, La commune, p. 220, aurait été construite au début du XIIIe siècle mais ne serait mentionnée pour la première fois qu’en 1226 (AA 2/83) ; elle est cependant citée dans La chanson de la croisade albigeoise, lors du soulèvement des Toulousains à l’automne 1216 : dedins la maizo cominal (éd. E. Martin-Chabot, Paris, Les Belles Lettres, t. II, p. 218, l. 174, v. 2) ; cf. Ernest ROSCHACH, « Quelques données sur la vie municipale à Toulouse tirées de la chanson de la Croisade contre les Albigeois », dans M.A.S.I.B.L.T, 9e s., t. IX, 1897, p. 185-187.

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légats, Pierre de Castelnau et Raoul de Fontfroide, ayant pour mission de la soumettre à

l’autorité de l’Eglise32. Ils vont s’y employer avec succès et obtenir, le 13 décembre 1203, un

serment de fidélité que les consuls leur prêtent au nom de tous les habitants, et qui sera

confirmé officiellement en mars 120433. Sentant le risque qu’ils avaient alors de perdre leurs

précieuses libertés, les Toulousains font garantir par les légats omnes illas libertates, usatica

et omnes illos mores qui in Tolosa erant [toutes les libertés, les usages et les coutumes qui

existaient alors à Toulouse]. La nécessité pour eux de pouvoir disposer d’un corpus assurant à

la fois l’authenticité de ces privilèges et la sauvegarde des originaux devenait urgente.

C’est ce qui explique certainement la forme même de ces deux cartulaires que le

notaire Guilhem Bernard entreprend de réaliser en février 1205 : d’une part, les actes y sont

intégralement copiés par ses soins34 et authentifiés par quatre de ses collègues35, et d’autre

part la présentation même de ces codices leur confère une importance symbolique

apparemment très forte. Ecrits de façon régulière et soignée36, ornés d’initiales bicolores

(rouge et bleu) et filigranées, tous deux comportent en effet une superbe enluminure sur le

premier folio37.

Pour autant, la mise à jour régulière de ces deux cartulaires n’apparaît pas comme

une des priorités des magistrats et officiers municipaux dans les années, il est vrai troublées,

qui suivent. A la suite des 71 privilèges qui en constituent le noyau originel, seuls 37 autres

actes y furent transcrits entre 1205 et 129538. Encore faut-il préciser que certains d’entre eux

ne comportent aucune mention de transcription et que leur présentation laisse largement à

désirer et contraste avec l’œuvre appliquée de Guilhem Bernard. Sur le plan chronologique,

on peut également noter que 33 documents sont antérieurs à 1227 et 3 concernent les années

32 Sur cette légation, voir Michel ROQUEBERT, L’épopée cathare. 1198-1212 : l’invasion, Toulouse, Privat, 1970, p. 158-161. 33 Édité dans A. VILLEMAGNE, Bullaire du bienheureux Pierre de Castelnau, martyr de la Foi (16 février 1208), Montpellier, Impr. de la Manufacture de la Charité, 1917, p. 42-44, et dans Guillaume de CATEL, Histoire des comtes, Toulouse, Pierre Bosc, 1623, p.236-237. 34 « Eadem ratione et eisdem verbis ». 35 Petrus Sancius, Willelmus de Sancto-Petro, Ramundus Agobertus, Arnaldus Barravus. 36 Les deux cartulaires sont formés de cahiers de 4 feuillets doubles de parchemin fin et de bonne qualité, de petit format, avec réglure à la mine de plomb, et écrits en majorité sur 26 lignes. 37 Sur ces enluminures initiales, voir L. MACÉ, « Pouvoir comtal et autonomie consulaire à Toulouse : analyse d’une miniature du XIIIe siècle », dans Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. LXII, 2002, p. 51-59. 38 33 actes supplémentaires furent transcrits sur le cartulaire du Bourg et 15 dans celui de la Cité, dont 11 communs.

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1240, 1247 et 1248. Quant au dernier, il est daté de 127939 et nous indique donc une

interruption de 30 ans dans la tenue de ces libri jurium.

Pour expliquer cette irrégularité évidente, Limouzin-Lamothe met en avant les aléas

des relations de pouvoir entre la communauté toulousaine et les seigneurs successifs avec qui

elle devait composer : « Cette négligence semble s’expliquer en partie par ce fait que le

consulat ne maintint pas régulièrement son indépendance sous la domination de Raymond VII

et d’Alfonse de Poitiers. Il ne chercha dès lors à conserver que les titres qui, obtenus à la

faveur de circonstances particulières, reconnaissaient ses libertés et favorisaient ses

prétentions.40 » Nous en voulons pour preuve qu’aucun document de ces cartulaires ne

concerne la période de la Croisade contre les Albigeois entre mars 1208 et avril 1217, alors

que 14 autres datent de la seule année 1222, année qui voit la mort de Raimond VI et

l’avènement de Raimond VII, année également qui voit de nouveaux privilèges accordés à sa

fidèle capitale par son nouveau seigneur41. En revanche, le décès de celui-ci en 1249 semble

marquer un coup d’arrêt brutal et quasi définitif pour les cartulaires : plus aucun acte ne sera

transcrit jusqu’à celui de 1279. Ce grand silence recouvre entièrement la période de

l’administration rigoureuse d’Alfonse de Poitiers puis celle du rattachement du comté et de la

ville à la couronne. Comme l’écrivit Philippe Wolff, cette époque représenta pour les

Toulousains « les années de la lutte la plus serrée qu’ils devront mener pour le maintien de

leurs "libertés"42. » Il faudra attendre 1295 pour qu’un nouveau cartulaire puisse voir le jour.

b) L’établissement de 1227

Ce XIIIe siècle avait pourtant vu une seconde tentative d’organisation administrative,

dont nous trouvons d’ailleurs trace dans le cartulaire du Bourg43. Le 13 mai 1227, en effet, les

consuls ordonnent qu’à l’avenir quatre notaires, deux de la Cité et deux du Bourg, devraient

39 Il rapporte l’aquisition par la commune de droits féodaux pesant sur une parcelle voisine de la maison commune ; cela explique certainement sa présence dans le cartulaire au même titre que les actes du même type passés entre 1190 et 1205 qui concernent la zone où commença à s’édifier le palais communal. 40 LIMOUZIN-LAMOTHE, La commune, p. 9. 41 Le premier des actes de cette année est d’ailleurs le plus ancien règlement officiel de la procédure de l’élection des consuls que nous connaissions, dans lequel le comte reconnaissait n’avoir aucun droit sur la nomination des représentants de la ville (AA 1/75). 42 Philippe WOLFF, dir., Histoire de Toulouse. Toulouse, Privat, 1982, p. 168. 43 AA 1/73, LIMOUZIN-LAMOTHE, La commune, p. 405-406.

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tenir des livres des « établissements44 », c’est-à-dire des ordonnances consulaires. Une

chancellerie municipale était en train de (re ?)naître45.

Mais ce qui nous intéresse au premier chef, ce sont les considérants de l’acte. Le

premier fait apparaître un constat très critique du fonctionnement de l’administration

communale, et pointe en particulier l’incurie des consuls et des notaires qui les ont

précédés46. Le deuxième mentionne les risques pour la communauté en terme de référence et

de mémoire47. Le troisième constitue un plaidoyer vibrant pour l’importance de ces registres,

qui représenteront un véritable trésor pour Toulouse48. L’ultime justification, enfin, nous

rapproche de la notion de « bien commun » qui deviendra un leitmotiv au siècle suivant : la

rédaction et la conservation de ces futurs livres des Établissements devait servir à l’ensemble

de la communauté49.

La mise en application de cette ordonnance ne semble cependant pas avoir donné

tous les résultats qu’escomptaient les consuls : aucun registre annuel et systématique

d’établissements ou de règlements n’a été conservé et n’a apparemment existé50. La seule

trace que nous ayons d’une reprise de l’activité des notaires communaux réside dans la

transcription de nouveaux actes dans le cartulaire de Guilhem Bernard, mais « sans régularité,

sans aucun ordre chronologique, sans indication de notaire souscripteur, sans soin d’aucune

sorte51. » Cette tentative de 1227 resta donc sans suite.

c) Les matricules de notaires

Quarante ans plus tard, cependant, un autre type de document officiel voit le jour

dans l’orbite du chapitre consulaire : les livres matricules de notaires.

44 Sur les « établissements », véritables actes législatifs consulaires, voir LIMOUZIN-LAMOTHE, La commune, p. 157-159. 45 J. H Mundy a bien montré le passage du notariat comtal au notariat consulaire vers la fin du XIIe siècle, et le développement de la chancellerie municipale dans les premières décennies du XIIIe : cf. MUNDY (John Hine), Liberty and Political Power in Toulouse (1050-1250), New York, Columbia University Press, 1954, p. 115-121. 46 AA 1/73 f° 91 : Cum stabilimenta singulis annis a consulibus tolosanis facta seu posita, propter incuriam aut negligentiam consulum et notariorum eorumdem, penes eosdem notarios inscripta remanerent neque in libris publicis scriberentur, immo oblivionis nebula tegerentur. 47 Ibid., f° 91v-92 : ut si aliquis vel aliqua civium vel burgentium tolosanorum ipsis stabilimentis indigeret, super eisdem stabilimentis nullum consilium reperiret. 48 Ibid., f° 92 : Cum thesauro stabilimentorum in civitate tolosana et suburbio nichil preciosius habeatur, ne gemma stabilimentorum negligentie et oblivionis pedibus conculcetur, set semper indigentibus irradiet et appareat fructuosa. 49 Ibid. : Libros et stabilimenta ad honorem et utilitatem omnium conservantes, sicut sanius et plenius ad honorem et utilitatem universorum civium et burgensium tolosanorum intelligi poterit atque dici. 50 Cette pratique ne s’installera véritablement que trois siècles plus tard avec la grande réforme administrative du début des années 1520. 51 LIMOUZIN-LAMOTHE, La commune, p. 9.

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Si l’on ne connaît ni l’époque ni les conditions dans lesquelles les consuls

toulousains acquirent ou s’arrogèrent le droit de créer des notaires, on a déjà pu voir le rôle

important que ces derniers jouaient dans la chancellerie municipale en formation depuis

Guilhem Bernard. Le serment qu’ils devaient prêter lors de leur réception52 nous fournit les

éléments essentiels de leur rôle : rédacteurs des actes publics de la communauté mais

également de tous les contrats privés, ils en garantissaient l’authenticité par leur

souscription53 et devaient en assurer la conservation54.

Afin de mieux contrôler cette activité mais certainement aussi de maîtriser le

développement important de l’activité notariale dans la capitale du comté, les consuls

commencèrent donc, en juillet 126655, d’enregistrer officiellement les notaires désirant s’y

installer. Après avoir présenté les preuves de leurs aptitudes et prêté serment sur les

Evangiles, ceux-ci rédigeaient eux-mêmes le texte de leur engagement, à la fin duquel ils

dessinaient le signum personnel devant authentifier, durant toute leur vie, les actes qu’ils

enregistreraient56.

Contrairement au livre des Etablissements, le registre matricule fut tenu de manière

systématique dès cette époque, enregistrant consciencieusement les déclarations des notaires

venant s’installer à Toulouse ainsi que les procès-verbaux de transmission de leurs archives à

leur successeur lors de leur départ ou de leur décès57.

1.1.2. Le contexte

Toutes ces tentatives d’organisation administrative s’étaient déroulées sous le règne

des comtes de Toulouse. La mort d’Alfonse et de son épouse Jeanne, et surtout l’absence

d’héritier susceptible de leur succéder, entraîna pour Toulouse une profonde mutation : la

ville fut dorénavant placée sous l’autorité du roi. Elle se trouva dès lors soumise à son

52 Nous en possédons trois transcriptions occitanes quasiment identiques (la première dans AA 3/11, certainement de la fin du XIIIe siècle ; la deuxième au début du registre commençant en 1357 : BB 206 f° 1-v ; la dernière au début de celui de 1464-1500 : BB 208 f°1-v), et une version française dans AA 5/123. 53 BB 208 : prometi qu’els instrumens e las cartas que recebre vertadieyrament escriure en mos portocols, et al plus tost que poyre vertadierament e ses frau grossare. 54 BB 208 : e per maior segurtat de la causa publica e per aver memoria dels faitz e dels contraitz dels quals recebre cartas prometi e juri que am tota aquela bona cura e diligensa que poyre les portocols e las materias e les registres de las cartas et esturmens que recebre fizelmen e ses tot frau gardare. 55 Le f° 1 du premier registre (BB 204) mentionne la date du 12 juillet 1266. 56 Sur ce sujet, voir les études d’E. ROSCHACH, « Signets authentiques des notaires de Toulouse du XIIIe au XVIe siècle », dans Revue archéologique du Midi, t. 1, 1866, p. 142-152, et de P. SALIES, « Les seings des notaires toulousains au Moyen Age », dans MSAMF, t. 28, 1962, p. 41-63. 57 9 de ces registres ont été conservés : BB 204 (1266-1338), BB 205 (1338-1357), BB 206 (1357-1422), BB 208 (1464-1500), BB 209 (1500-1510), BB 210 (1510-1519), BB 211 (1519-1524), BB 212 (1524-1530) et BB 213 (1530-1536) ; seul celui couvrant la période 1422-1464 a disparu.

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contrôle et confrontée aux revendications de son administration. Deux exemples illustrent ces

nouvelles relations dans les deux décennies qui précédèrent la réforme de 1295 : celui des

élections consulaires et celui de la rédaction des coutumes.

a) Le problème des élections consulaires (1274-1283)

La liberté des consuls toulousains d’élire eux-mêmes leurs successeurs, acquise

vraisemblablement à la fin du XIIe siècle58, avait été confirmée en 1223 par le jeune comte

Raymond59, puis remise en cause par lui-même au début des années 124060 et enfin à

nouveau rendue à la communauté en janvier 124861.

C’est justement cette dernière décision qu’Alfonse conteste en décembre 1255,

arguant d’une spoliation et imposant aux consuls toulousains la restitution de son droit62, se

heurtant ainsi à leurs prétentions63. Mais il faudra attendre dix ans avant que nous

connaissions avec précision son argumentaire. Vers 1265, en effet, Durand de Saint-Bars et

Arnaud d’Escalquens, deux des capitulaires toulousains, lui présentent un mémoire afin

d’obtenir une confirmation de certaines des libertés que la ville revendiquait64. Le premier des

articles concerne l’élection des consuls dont le droit, selon eux, appartenait sans partage à la

58 LIMOUZIN-LAMOTHE, La commune, p. 135. 59 AA 1/87 f° 104 (LIMOUZIN-LAMOTHE, La commune, n° LXXXVII, p. 427) : Dominus Ramundus, Dei gratia dux Narbone, comes Tolose, marchio Provincie, domine regine Johanne inclite recordationis filius, sua spontanea voluntate, dixit et recognovit et concessit quod ipse nec sui successores non debebant in hac villa Tolose eligere consules nec usu vel consuetudine neque aliqua antiquitate preteriti temporis, sibi in hac villa Tolose eligere consules minime pertinebat nec pertinere debebat, nisi ex voluntate proborum hominum et universitatis urbis Tolose et suburbii illud evenerit. 60 Il semble en effet qu’entre 1241 et 1247 le comte ait récupéré le droit de nommer les consuls : cf. MOLINIER (Auguste), « La commune de Toulouse et Philippe III », dans HGL, X, Note XXXV p. 150-151. 61 AA 1/103 f° 123v-124 (LIMOUZIN-LAMOTHE, La commune, n° CIII, p. 460) : dominus Raimundus, Dei gratia cornes Tolose, marchio Provincie, filius quondam domine regine Johanne, gratis et bono suo animo et libera voluntate, recognovit, dixit et asseruit in veritate, quod totus consulatus Tolose urbis et suburbii erat et esse debebat in perpetuum in proprietatem et possessionem comunitatis et universitatis Tolose urbis et suburbii, presentis atque future, et quod ipsa sola comunitas et universitas Tolose urbis et suburbii, presens et futura, nunc et in perpetuum, nullius viventis requisito consilio vel consensu, propria auctoritate et voluntate sua poterat et debebat eligere, nominare, instituere, creare, mutare, reducere, facere et tenere consules in Tolosa, in urbe et suburbio. 62 HGL, VIII, Preuves, n° 456, col. 1387 : Preterea, cum bone memorie R., quondam comes Tholose predecessor noster, tempore quo decessit esset in possessione vel quasi ponendi consules in civitate Tholosana, de qua possessione nos spoliastis minus juste, volumus et precipimus ipsam possessionem nobis restituti indilate. 63 Par exemple dans le mémoire adressé au comte par les Toulousains, vers le mois d’août 1255 ; cf. HGL, X, Note 35, Preuve justificative II p. 167-168 : Et specialiter suplicamus quod vobis placeat quod abhinc in antea in dicta civitate per consules, qui pro suis temporibus ibi erunt, novi consules eligantur de civibus Tholosanis secundum formam et modum ibi longo tempore approbatum. 64 HGL, VIII, Preuves, n° 515, col. 1552-1556 ; voir aussi MOLINIER (Auguste), « Étude sur l’administration de Louis IX et d’Alfonse de Poitiers (1226-1271) », dans HGL, VII, Note LIX, p. 564-565.

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communauté65. Ils se permettent en outre de lui rappeler, dans le quatrième point de leurs

revendications, que ce privilège fut accordé cum instrumento publico par son prédécesseur66,

que si le comte avait pu avoir à certains moments quelque prérogative en la matière, c’était

uniquement par délégation expresse et au nom de la communauté67 et qu’il avait d’ailleurs

ensuite abandonné toute prétention par l’acte de 1248 dont il était question68.

Les conseillers du comte examinèrent point par point ces articles, et leurs réponses

correspondent bien au souhait d’Alfonse d’affirmer son autorité et de ne tolérer aucun partage

de pouvoir. En premier lieu, et s’ils reconnaissent qu’à une certaine époque les consuls furent

élus par les citoyens eux-mêmes, ils ne manquent pas de faire remarquer qu’ils furent

également nommés plusieurs fois par le comte69 ; ils ajoutent que d’ailleurs, lorsqu’il mourut,

Raymond VII avait désigné ceux qui dirigeaient les affaires de la ville cette année-là. Mais au

lendemain de son décès, et six mois avant la fin de leur année capitulaire, les Toulousains les

avaient expulsés du consulat et avaient ainsi dépouillé le comte de son droit légitime, ce qui

justifiait la restitution postérieure exigée dans les lettres de 125570. Quant à l’acte de 1248, il

65 HGL, VIII, Preuves, n° 515, col. 1553 : dicta universitas urbis et suburbii Tholose ad manum suam habebat et possidebat capitulatum vel consulatum dicte urbis, et ex parte dicte universitatis seu communitatis dicte urbis et suburbii et ex parte dicte urbis et suburbii capitularii vel consules, qui ex parte dicte communitatis urbis et suburbii in dicta urbe et suburbio pro tempore fuerant, circa finem sue administrationis annuatim alios capitularios vel consules de eadem urbe et suburbio eligebant et creabant et nominabant et instituebant, et eadem communitas sic institutos , creatos, electos vel nominatos pro consulibus tenebat et habebat. 66 Ibid., col. 1554 : Idem quod bone memorie dominus Raimundus, quondam comes Tholose, filius domine regine Johanne, cum instrumento publico eidem communitati recognovit, dixit et in veritate asseruit quod totus consulatus Tholose urbis et suburbii erat et esse debebat in perpetuum in proprietatem et possessionem communitatis et universitatis urbis Tholose et suburbii, tunc presentis et future, et quod in perpetuum, nullius viventis requisito consilio vel consensu, propria auctoritate et eadem voluntate, communitas et universitas poterat et debebat eligere, nominare, instituere, creare, mutare, reducere, facere et tenere consules in Tholosa in urbe et suburbio. 67 Ibid. : quod quicquid idem dominus comes tenuerat in consulatu et consulibus Tholose urbis et suburbii, eligendo, nominando, instituendo, creando, mutando, reducendo, faciendo, vel alio modo tenuerat dominus comes predictus nomine commande pro communitate et universitate et nomine communitatis et universitatis ejusdem urbis et suburbii Tholose et pro eis, et quod idem dominus comes nichil ibi tenuerat pro se ipso nec tenere debebat ullo modo. 68 Ibid. : si quid juris ibi habebat idem dominus comes vel habuerat, totum illud dominus comes dicte communitati urbis et suburbii absolvit in perpetuum et quittavit sine aliquo retentu, quem ibidem idem dominus comes non fecit ullo modo, prout hec omnia in dicto instrumento publico plenius continentur. 69 Ibid., col. 1556-1557 : Verum est quod ab antiquis temporibus cum predecessoribus domini comitis tam tempore pacis quam tempore guerre facta est electio consulum per ipsos cives (…). Pluries autem facta est electio consulum per dominum comitem. 70 Ibid., col. 1557 : Et eo tempore quo dominus Raimundus comes bone memorie migravit a seculo, ipse creaverat consules qui juxta morem Tholose debebant regere villam per unum annum. Et post obitum dicti domini comitis cives Tholosani consules creatos per dictum comitem expulerunt violenter de consulato et de domo communi bene per dimidium annum ante finem sui regiminis, et privaverunt indebite dominum comitem, qui nunc est, sua possessione vel quasi in qua erat ex facto sui predecessoris, propter quod dictus comes fuit restitutus ad illam possessionem. Unde sicut spoliatio fuit injusta, sic debet restitutio justa dici, et dicta restitutio cum magno consilio fuit facta, sicut continetur in ordinatione facta per dominum Guidonem Fulcodii, nunc papam, apud Vaurum de mandato domini regis et domini comitis recitata.

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apparaissait comme extrêmement douteux, d’autant qu’il n’était pas authentifié par le sceau

du comte71.

On en resta là jusqu’à la mort d’Alfonse, mais au lendemain de celle-ci, et dès la

prestation du serment de fidélité au roi entre les mains de ses représentants, les consuls

affirmèrent de nouveau avec force leurs prétentions72 : tout en acceptant cette allégeance, ils

réservaient, en leur nom propre et en celui de la communauté, un certain nombre de privilèges

dont le premier qu’ils mentionnent était celui d’élire les membres de leur chapitre73. Ils

obtinrent alors des lettres de non-préjudice, leur garantissant que le serment qu’ils prêtaient ne

portait aucunement atteinte à leurs libertés. La venue de Philippe III en 1272 fournit

certainement l’occasion aux consuls de réitérer leurs revendications, et leurs démarches

successives leur permirent, en juin 1273, d’obtenir du roi une confirmation générale des

privilèges et des coutumes74. Mais cela ne sembla pas satisfaire pleinement les représentants

de la communauté, qui soumirent à la bienveillance du souverain un certain nombre de points

toujours litigieux, dont celui de l’élection des consuls75. C’est de cette dernière pétition que

naquit la grande enquête que diligenta Philippe III quelque temps après76.

Le procès-verbal qui nous en reste semble pour le moins partial et peu concluant77.

Interrogés sur la pratique qu’ils avaient observée au cours de leur vie, les notables toulousains

dont le témoignage a été consigné dans ce texte confortent les prétentions royales plutôt qu’ils

ne défendent les libertés locales. La plupart d’entre eux confirment la réalité de la nomination

des consuls par Raymond VII pendant plusieurs années précédant sa mort, et nulle mention

n’est faite des actes pourtant essentiels de 1223 et 1248. Il est vrai que, dans la liste des

questions auxquelles ils devaient répondre, aucune ne portait explicitement sur un quelconque

privilège des consuls en matière d’élection. Toutes, au contraire, étaient formulées afin de

pouvoir justifier les droits du comte actuel, roi de France, en se basant sur l’usage en vigueur, 71 Ibid., col. 1558 : Non creditur quod dictum instrumentum de consciencia domini comitis bone memorie fuerit factum, sicut in petitione consulum continetur, nec in dicto instrumento sigillum prefati domini est appensum. 72 MOLINIER (Auguste), « La commune de Toulouse et Philippe III », dans HGL, X, Note XXXV p. 153 ; voir aussi DOSSAT (Yves), « Les deux serments de fidélité des consuls de Toulouse en septembre 1271 », dans Bulletin Philologique et historique, 1960, p. 703-711. 73 DOSSAT (Yves), Saisimentum comitatus Tholosani, Paris, Bibliothèque nationale, 1966, n° 1 p. 78 (16 septembre 1271) et n° 2 p. 80 (20 septembre 1271) : protestantes quod sibi et universitati urbis et burgi predictorum jus suum sit salvum in facto consulatus. 74 HGL, X, Preuves, n° 12 col. 120. 75 Ibid. : Ut de possessione juris capitulatus civitatis Tholose, in qua vos fuisse dicitis ab antiquo, veritatem sciri de plano et sine strepitu judicii faceremus et eandem possessionem vobis restitui, cognita hujusmodi veritate. 76 Ibid. : De jure vero et possessione capitulatus predicti veritatem precipimus diligenter cognosci, vocatis qui vocandi fuerint hinc et inde, ac nobis eandem referri ; on ne connaît pas la date exacte de l’enquête qu’Auguste Molinier situe logiquement vers 1274 (HGL, t. X, Notes, n° 35, p. 162) . 77 Ibid., p. 162-167 ; voir l’analyse d’A. Molinier, « La commune de Toulouse et Philippe III », dans ibid., p.155-156, qui pense qu’un second cahier, dans lequel auraient été transcrites les dépositions plus favorables aux Toulousains, a certainement existé.

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au moins pendant quelques années, sous ses prédécesseurs Simon de Montfort et Raimond

VII.

Le démonstration attendue se révélant certainement peu concluante, l’enquête ne

déboucha dans l’immédiat sur aucune décision concrète : il fallut attendre l’année 1283 pour

qu’un nouveau règlement voit le jour, qui tentait de concilier les revendications des deux

parties. Il semble une fois encore que les consuls toulousains aient profité de la nouvelle

venue de Philippe III dans leur ville, en juillet puis en août 128378, pour lui soumettre un

mémoire portant sur plusieurs problèmes qu’ils souhaitaient voir réglés, dont bien

évidemment celui des élections. Le roi se décida alors à trancher et, à l’occasion de son

passage à Nîmes au mois d’octobre suivant, promulgua une ordonnance qui, entre autres

choses, devait régler définitivement ce contentieux. Le système mis en place mêlait

habilement une dose de cooptation (les douze consuls sortants nommaient chacun dans leur

partita trois personnes susceptibles de leur succéder79) et une dose de nomination arbitraire

(assurée par le viguier royal qui choisissait parmi les trois pressentis ou pouvait en nommer

un autre si aucun ne lui convenait). C’est cette forme d’élection qui sera appliquée jusqu’en

1335 et à l’affaire d’Aimery Berenger.

b) La rédaction des coutumes (1274 et 1286)

Trois autres problèmes étaient réglés dans cette ordonnance de Nîmes : l’exemption

des péages, l’exercice de la justice et surtout l’épineuse question des coutumes.

Depuis la rédaction du cartulaire de 1205, dans lequel avaient été transcrits non

seulement les principaux privilèges de la ville mais également plusieurs actes constituant une

sorte de jurisprudence consulaire, aucune compilation n’avait été réalisée qui aurait permis de

mettre à jour ce droit coutumier80. Cet état de fait ne pouvait qu’occasionner régulièrement

des contestations entre les consuls et les agents du comte, puis du roi-comte. Ce fut en

particulier le cas en 125581 lorsque les envoyés d’Alfonse remirent en cause un certain

78 HGL, T. IX, p. 90-93. 79 AA 34/7 : tres personas ydoneas et sufficientes ad officium consulatus ; et non pas deux comme l’écrit par erreur Auguste Molinier, la liste définitive comportant donc trente-six noms, et non vingt-quatre (HGL, t. X, Notes, n° 35, p. 160). 80 Les consuls conservaient cependant dans les archives un certain nombre de jugements dont la substance se retrouvera dans certains des articles de la coutume rédigée. On peut citer celui du 11 février 1228 concernant la condamnation du fidéjusseur à la place du débiteur décédé (II 45 et art. 1 et 81 de la coutume) ou encore celui du 22 mars 1249 par lequel est confirmée la vente de biens d’un mineur (II 45 et art. 101 de la coutume. Je remercie M. Henri Gilles de ces utiles précisions qu’il m’a communiquées. 81 HGL,t. VIII, Preuves, n° 450 col. 1370-1374, n° 452 col. 1375-1378 et n° 455 col. 1382-1384, et t. X, Notes, n° 35, p. 167-168.

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nombre d’usages pratiqués par les consuls toulousains. Devant l’opposition que ceux-ci leur

témoignèrent en mettant en avant d’anciens privilèges et coutumes82, les représentants du

comte exigèrent que les magistrats municipaux leur montrent les actes originaux et mettent

par écrit leurs arguments83. Ces derniers refusèrent de s’exécuter et déclarèrent qu’ils

présenteraient leurs arguments au comte en personne lorsqu’il viendrait à Toulouse et qu’ils le

prieraient non seulement de confirmer leurs coutumes mais également de les augmenter84.

Pour les appuyer, ils convièrent au même moment les plus hautes autorités civiles et

religieuses à une grande assemblée qu’ils organisèrent à la maison commune, et les prièrent

d’être leurs interprètes auprès des envoyés du comte sur la légitimité de leurs privilèges et

coutumes85, ce qui se passa effectivement peu après au Château Narbonnais mais resta sans

effet86.

C’est ainsi que peu à peu, et sous la pression des innombrables contentieux soulevés

par le viguier, l’idée de la mise par écrit des usages naquit dans l’esprit des consuls

toulousains. Elle apparaît clairement pour la première fois au milieu d’une nouvelle série

d’articles revendicatifs transmis au comte Alfonse en juillet 126887, mais cette revendication

ne fut encore une fois pas satisfaite88. Son successeur Philippe III se montra en la matière,

comme en beaucoup d’autres, plus conciliant avec les Toulousains et plus attentif à leurs

doléances. Dès 1275, et à la suite d’une affaire de faux, une compilation des coutumes avait

été décidée par les magistrats municipaux89, et c’est le texte de ce registre, copié sur un

82 HGL,t. VIII, Preuves, n° 450 col. 1371 : pretendentes excusationes suas per libertates et consuetudines suas sic obtinuisse temporibus retroactis. 83 Ibid. : requisiverunt a predictis consulibus ut consuetudines, quas super hiis se habere dicebant, eis ostenderent et responsiones suas in scriptis redderent. 84 Ibid. : sepedicti consules (…) responderunt quod nichil super predictis articulis inmutarent, (…) nec responsiones suas in scriptis traderent, (…) nec consuetudines ostendere voluerunt, occasiones suas, sicut eis placuit, pretendentes et ad sui excusationem proponentes, quod cum dominum comitem ad partes istas venire continget, coram ipso raciones suas proponent et ipsum affectuose rogabunt, ut omnes consuetudines, quas habent super predictis articulis et aliis, eis confirmet et eciam ampliores concedat. 85 Ibid., col. 1372 : ex parte memoratorum consulum fuit humiliter requisitum ut prenominate persone, qui ob reverentiam illorum convenerant, (…) pro ipsis consulibus et pro aliis Tholosanis taliter responsuri, quod ipsi et civitas Tholose bonas habebant consuetudines et longevas, concessas et obtentas successive a pluribus dominis Tholose, quas volebant sine diminutione et immutatione tenere, sicut consueverant, et servare. 86 Ibid., col. 1373. 87 HGL,t. VIII, Preuves, n° 526 col. 1651-1652 : Item supplicant, quod cum in Tholosa consuetudines sint incerte et si adinveniuntur et fruguntur aliquid (corr. fruuntur aliquibus) minus bene quam [si] per aliquem vel aliquos bonos viros, justos et Deum timentes compilarentur omnes in uno registro seu libro, ideo ut sciretur in quibus et que hanet (corr. debent) consuetudines Tholose observari. 88 Selon Henri GILLES, Les coutumes de Toulouse (1286) et leur premier commentaire (1296), Extrait du Recueil de l’Académie de Législation, 6e série, t. V, 117e année, Toulouse, Impr. Espic, 1969, p. 15, « Alphonse de Poitiers répugnait à consacrer officiellement des pratiques qu’il s’efforçait avec constance de réduire le plus possible en vertu d’une politique délibérée d’anéantissement des libertés locales ». 89 Ibid., p. 247 : ipse dedit causam edicto ut omnes consuetudines registrerentur et ponerentur in quodam libro ne aliquis possit addere vel detrahere (…) et ita factum fuit et caute ; sur cette affaire, voir ibid., p. 17.

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rouleau de parchemin90, qu’ils présentèrent au roi lorsque celui-ci vint à Toulouse au cours de

l’été 1283. Au mois d’octobre suivant, il ordonna à ses commissaires de se faire présenter

l’original91 afin qu’ils puissent en comparer la teneur, article par article, avec celle du

rouleau ; après vérification et suppression de vingt articles, deux registres authentiques

servant de référence devaient être réalisés, l’un étant conservé par les consuls, et l’autre par le

viguier92. Il intégra dans l’ordonnance qu’il édicta à Nîmes au même moment la décision de

la rédaction définitive des coutumes de Toulouse93.

Il fallut cependant attendre encore trois années avant qu’elles ne soient promulguées,

le 5 février 1286, lors d’une cérémonie officielle qui eut pour cadre l’église symbolique de

Saint-Pierre-des-Cuisines94. Elles devaient régir la condition et des personnes à Toulouse

jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.

A partir de cette date, les grands problèmes qui occupaient une bonne partie de

l’énergie administrative consulaire depuis près d’un demi-siècle sont donc réglés, et Toulouse

rentre progressivement dans le cercle fermé des « bonnes villes » du royaume. Sa loyauté et

sa fidélité sont désormais acquises à Philippe IV le Bel, qui a succédé à son père en 1285. Et

elle en montre une preuve éclatante en 1294, lors de la guerre entre le roi de France et le roi

d’Angleterre95. Au début de cette année, le connétable Raoul de Clermont, seigneur de Nesle,

est envoyé pour saisir le duché d’Aquitaine. Il s’installe à Toulouse, où il assemble une armée

au mois de mars. La ville décide alors de participer à cette expédition en envoyant un corps de

milice considérable, et son soutien se voit récompensé d’un côté par une attestation royale

signifiant que le zèle et la fidélité que les Toulousains avaient démontrés en cette occasion ne

devait en aucun cas être préjudiciable à leurs libertés96, et d’un autre par des lettres du chef de

90 AA 34/6 (19 octobre 1283) : omnes consuetudines predictas, contentas in rotulo. 91 Ibid. : mandamus quatinus librum consuetudinum consulum et civium predictorum faciatis exhiberi vobis. 92 Ibid. : et inde duo registra fieri, quorum unum remaneat penes consules Tholose et aliud penes vicarium Tholose in Castro Narbonensi, ut, quando dubitabitur super consuetudine, ad dictos libros vel ad ipsorum alterum ad habendam certitudinem recurratur. 93 AA 34/7 : Demum cum predicti cives nobis supplicaverint quod nos eorumdem consuetudines vellemus in scriptis redigi ita quod in judicio non haberentur dubie et incerte sed per eas possent cause in judicio terminari nec probatione alia indigerent quia tamen alique ex ipsis consuetudinibus judicio quorumdam lima correctionis et declarationis indigent, concedimus eis quod eas consuetudines ad maiorem certitudinem redigi faciemus facta prius per nos declaratione et correctione supradictis. 94 Texte original de la promulgation dans II 3/1 ; copie insérée dans le texte des coutumes (AA 3/1) ; transcription dans GILLES (Henri), op. cit., p. 69-82 ; sur les épisodes de la rédaction entre 1283 et 1286, voir ibid., p. 18-20 ; sur les événements marquants de la ville qui se déroulèrent à Saint-Pierre-des-Cuisines, voir ibid., p. 70 n. 1. 95 Sur toute cette affaire, voir HGL, t. IX, p. 172-173, 176-177, 182-183. 96 AA 3/151 (Lettres patentes du roi Philippe IV, Senlis, jour de la Trinité, 7 juin 1294) : nos, eorundem in hac parte fidelitatem, devocionem ac servicium acceptantes, nolumus per comunem exercitum et cavalcatam predictis libertatibus comunitatis et consulum ac universitatis predictorum diminutionem aut prejudicium

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guerre en personne déclarant qu’ils méritaient ainsi non seulement de conserver leurs anciens

privilèges mais d’en obtenir de nouveaux97.

Les consuls ne tardèrent pas à profiter de cette aubaine, et dès le début de l’année

suivante, ils présentèrent une requête au roi afin qu’il autorise un certain nombre de

règlements qu’ils avaient faits sur le fonctionnement des cours de justice de la ville. Le roi ne

put alors que se montrer favorable à ses fidèles sujets98.

1.1.3. L’ordonnance : présentation diplomatique

C’est certainement dans la logique de cette situation que leurs successeurs

immédiats décidèrent de réorganiser leur système administratif et de créer un certain nombre

d’outils nécessaires à son bon fonctionnement.

L’ordonnance originale a malheureusement disparu, de même que sa transcription

contemporaine insérée en tête du grand livre de la ville. Les Archives municipales de

Toulouse en conservent cependant une copie intégrale réalisée par le greffier Clausolles au

début du XVIIIe siècle99, et une version incomplète existe encore dans un manuscrit des

Archives départementales100. La critique de ces deux documents nous a permis de donner une

version du texte la moins corrompue possible101. Elle révèle une structure très classique qui,

de l’invocation initiale à la mention finale du notaire, correspond à celle des actes importants

aliquod generari novumve modum nove subjectionis contra ipsos aut successores eorum dictamque civitatem et suburbium nobis in futuro acquiri. 97 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. I, p. 19 ; l’auteur prévoyait de donner la transcription de cet acte de Raoul de Clermont dans ses Preuves, mais l’original s’égara entre temps (ibid., Preuves, p. 53) ; un acte du même genre fut rédigé par le lieutenant du roi Robert d’Artois en septembre 1296 (AA 45/2). 98 BnF, Lat. 9187, p. 92b-93b : Hugues du Palais, lieutenant du viguier de Toulouse, procède à la publication d’un mandement de Philippe le Bel (Paris, 16 mai 1295) lui ordonnant d’entériner, s’il le juge convenable, les requêtes présentées au nom des consuls de Toulouse sur le fonctionnement des cours judiciaires de la ville (10 juin 1295). 99 Actuellement non coté ; E. Roschach, qui traduit cette pièce dans son étude sur « Les douze livres de l’histoire de Toulouse », p. 133-135, signale que la transcription a été faite à l’occasion d’un procès, mais l’ayant extraite de sa liasse d’origine sans noter aucune précision à ce sujet, rien ne nous permet de connaître l’affaire dont il s’agissait ; non daté, le document porte simplement la mention : « Collationné sur le registre de l’hôtel de ville de Toulouse par le greffier et secrétaire soussigné, Martin pour Clausolles » ; ces deux personnages apparaissent dans d’autres transcriptions, effectuées pour la plupart en 1723 à la suite de nouveaux règlements royaux concernant les municipalités ; la copie de l’acte de 1295 a pu également être réalisée lors de la rédaction des articles envoyés à Louis XV en 1717, dont le quatorzième le cite comme preuve de l’ancienneté de la noblesse capitulaire (AA 27/161). 100 ADHG, Ms 17 : Extraict sommaire de ce qui est contenu dans les livres et registres de la Maison de ville de Toulouse ; il s’agit du manuscrit cité comme « Extrait sommaire de la Daurade » par Ernest ROSCHACH dans son étude sur « Les douze livres » ; la transcription porte sur la première partie de l’acte, depuis le début jusqu’à suburbii Tolose. Le Ms 696 de la Bibliothèque municipale ne transcrit qu’un paragraphe du dispositif de l’acte. 101 Voir vol. 2, p. 17-19.

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des chancelleries de ce temps. Elle fait également apparaître quelques problèmes comme ceux

de la date ou du vocabulaire, et dont la principale source doit être recherchée dans la difficulté

qu’avaient les transcripteurs du XVIIe siècle pour déchiffrer les écritures de la fin du XIIIe.

a) Le protocole initial

Le texte commence par une invocation particulièrement longue et originale. Elle

place en effet l’acte non seulement sous le patronage traditionnel de la sainte Trinité102, mais

également sous celui de la vierge Marie, des apôtres Pierre et Paul, du proto-martyr saint

Etienne, du martyr Saturnin, de Marie-Madeleine et en général de tous les saints. En outre,

elle pose clairement les consuls comme les représentants de l’ensemble de la communauté de

Toulouse, l’universitas103. Nous n’avons pu retrouver qu’un seul acte du même type

présentant à peu de termes près la même formule, et il s’agit d’une autre décision

administrative hautement symbolique et qui a pu servir de modèle : l’ordonnance du 13 mai

1227 qui prescrivait la tenue par quatre notaires de registres dans lesquels ils transcriraient les

« établissements » de la ville104. On note ici la mention des deux saints référents105 de la ville,

Etienne, sous la titulature duquel était placée la cathédrale, et Saturnin, dont la basilique qui

portait le nom attirait des foules de pèlerins. De la triade toulousaine traditionnelle, seul

manque alors Exupère106.

A la suite de cette invocation se trouve la date, sous la forme de l’année (1295)

suivie du jour de la semaine (dimanche) et de la mention de la fête religieuse servant de

102 Voir à ce sujet GIRY (A.), Manuel de diplomatique, Paris, Hachette, 1894, p. 532-533, qui signale que la formule disparaît totalement des actes royaux sous Philippe le Bel ; dans le premier tiers du XIIIe siècle, on trouve les simples formules suivantes : In nomine Domini nostri Iesu Christi (AA 1/1, 4-7, 13-14, 28, 34, 52, 75, 80, 87-89, 91-94), In nomine sancte et individue Trinitatis, Patris (scilicet) et Filii et Spiritus sancti (AA 1/90, 96 ; AA 2/76-77), In nomine sancte et individue Trinitatis (AA 1/3), Ad honorem Dei omnipotentis, Patri et Filii et Spiritus sancti (AA 1/85). 103 Sur cette notion, voir l’article de RIGAUDIÈRE (A.), « Universitas, corpus, communitas et consulatus dans les chartes des villes et bourgs d’Auvergne du XIIe au XVe siècle », dans id., Gouverner la ville au Moyen Âge. Paris, Anthropos, 1993, p. 21-51 ; voir aussi MICHAUD-QUANTIN (P.), « Universitas ». Expressions du mouvement communautaire dans le Moyen Âge latin, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, 1970, 358 p. 104 AA 1/73 : In nomine Domini nostri Iesu Christi, ad honorem sancte et individue Trinitatis, Patris scilicet et Filii et Spiritus Sancti, et beate gloriose virginis Marie et beati Stephani et beati Saturnini et domini Ramundi, comitis Tolosani, et tocius populi urbis Tolose et suburbii ; il faut cependant noter qu’à cette époque une invocation semblable apparaît dans les textes de statuts des métiers qu’entérinent les consuls (HH 65 passim), statuts rédigés par des notaires de la ville. 105 Nous préférons ce qualificatif au terme de « saints patrons », les consuls toulousains n’ayant jamais revendiqué ni mentionné de patronage spécifique si ce n’est celui du saint Esprit, sous l’invocation duquel la chapelle de la maison commune était placée. 106 Sa mention n’apparaîtra dans les invocations des statuts de métiers que dans la seconde moitié du XVe siècle (HH 66 fol. 24v, 1465).

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référence (la Nativité de la Vierge). Sa place à cet endroit du dispositif nous indique

clairement que nous sommes en présence d’un type particulier d’acte, rédigé sous forme de

procès-verbal107. Ici se pose cependant un problème dû aux transcriptions que nous possédons

ou aux mentions postérieures qui en ont été faites. La copie des Archives municipales donne :

die dominica que est festum Nativitatis, alors que le Ms 17 note : die dominica ante festum

Nativitatis. Roschach, d’ailleurs, et malgré sa compétence en ce domaine, semble avoir hésité,

penchant parfois pour le 8 septembre108, parfois pour le 4109. La Faille, quant à lui, ne donne

pas de date précise, mais signale que l’élection eut lieu « le huitième de septembre, fête de la

Nativité de Notre-Dame »110, date que l’on trouve également dans les notes de Louvet111. Or

d’une part en cette année 1295, la fête de la Nativité (8 septembre) tombait un jeudi112 et non

un dimanche, et d’autre part les consuls ne pouvaient rédiger un acte officiel avant d’avoir été

élus. La bonne version serait donc celle du manuscrit « de la Daurade » : la décision aurait été

prise le 4 septembre, le jour même de l’élection des magistrats. Et nous en trouverions la

confirmation dans le quatrième répertoire de Jean Balard113, rédigé en 1560, ainsi que dans le

manuscrit de la Bibliothèque municipale114.

Or cette date, du moins en ce qui concerne l’ordonnance, ne peut pas être la bonne.

En effet, si les consuls étaient effectivement nommés le jour que rapporte fidèlement toutes

les chroniques du premier livre des Histoires, ils ne prenaient leurs fonctions officielles

qu’environ deux semaines plus tard. Pendant l’intervalle, les anciens consuls continuaient à

gérer les affaires courantes. On sait du moins que cette procédure existait dès 1336115, mais en

était-il déjà ainsi en 1295 ? Il semble bien qu’on doive répondre positivement à cette question.

Une preuve nous en est en effet donnée par le registre matricule des notaires, qui signale les

mutations consulaires en intégrant les noms des nouveaux consuls dans le texte de réception

du premier notaire qui s’inscrivait sous leur administration. Or deux actes d’immatriculation 107 Voir GIRY (A.), op. cit., p. 578 ; dans la plupart des autres actes, la date est donnée dans le protocole final, avant les souscriptions. 108 ROSCHACH (Ernest), Les archives, p. XIII et 15. 109 Id., « Les douze livres », p. 133. 110 Annales, t. 1, p. 20-21. 111 BB 269 f° 10 : Le dimanche 8e de septembre et feste de la Nativité de Nostre-Dame, reignant Philipe le Bel, furent esleus capitoulz de la ville et bourg de Tholoze. 112 GIRY (A.), op. cit., Calendrier B, p. 251. 113 II 627 f° 256v-257 : en premier lieu se treuve [-t-]il que l’an mil deux cens quatre vingtz et quinze, auquel an le premier livre des histoires de la present ville fut commencé, ladicte eslection fut faicte le dimenche avant la Nativité Nostre Dame, tout ainsi que se treuve audict premier livre des histoires f° I tourné et au commencement de l’histoire y descripte. 114 Ms 696 f° 88 : La creation capitulaire se fist le dimanche avant la feste de (la) la Nativitté de Nostre Dame. 115 Cette année-là, en effet, les consuls furent élus le 7 avril (ADHG, Ms 17 f° 7v-8, et AMT, CC 938 f° 1) et commencèrent leur administration le 23 du même mois (CC 938 f° 1) ; ce n’est qu’à partir de 1502 que la date de l’élection sera fixée définitivement au lendemain de la Sainte Catherine (26 novembre) et celle de la prise de fonction à la Sainte Luce (13 décembre).

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du 14 septembre 1295 font référence aux anciens consuls de 1294-1295 et le nom des

nouveaux n’apparaît que dans le suivant, qui date du 5 novembre116.

Ce dernier document fournit d’ailleurs un argument irréfutable pour la remise en

cause de la date de l’ordonnance : il s’agit en effet de la création comme publicus Tholose

notarius de Bernard de Sainte-Eulalie, celui-là même que les consuls chargèrent de mettre en

œuvre leur réforme administrative et qui rédigea le procès-verbal de cette décision. Comment

aurait-il pu être désigné le 4 septembre sans avoir été reçu dans ses fonctions et avant d’avoir

déposé son seing manuel dans le registre matricule ? L’ordonnance ne peut donc être

antérieure au 5 novembre 1295, et nous n’en connaîtrons certainement jamais la date exacte.

Les deux mentions chronologiques qui sont notées à la suite, celle du règne de Philippe IV et

celle de l’épiscopat de l’évêque de Toulouse Hugues117, ne nous apportent en effet aucune

précision supplémentaire118. En revanche, nous savons par les souscriptions que Bernard de

Sainte-Eulalie apposa lors de sa transcription du cartulaire de 1205 qu’il commença

effectivement son travail dans ce même mois de novembre 1295119. L’acte de création comme

notaire de Bernard de Sainte-Eulalie comporte enfin une ultime preuve complémentaire : le

douzième consul, Pierre Guillaume Blasini, n’y est pas mentionné, et nous savons par ailleurs

qu’il décéda pendant le cours de son administration120. L’ordonnance fut donc certainement

prise quelques jours seulement après le 5 novembre 1295.

Puis vient la suscription, composée de la qualité (venerabiles), du titre (viri capituli

urbis et suburbii Tolose) et du nom de 11 des 12 consuls de la ville. Ici encore, les

transcriptions doivent faire l’objet d’une critique approfondie, en particulier en ce qui

concerne les deux premiers éléments. Si l’on suit la lecture de Clausolles, qui désigne les

magistrats municipaux sous le terme viri Capitolini, nous aurions dans cette ordonnance la

première mention, inédite et précoce, du lien étroit des consuls toulousains avec le Capitole

d’origine romaine. S’il est vrai que dès 1296 le glossateur des coutumes de Toulouse

établissait déjà une relation entre le mot occitan « capitol », désignant le chapitre communal

116 BB 204 f° 37v (n° 484, 485 et 486). 117 Il s’agit d’Hugues Mascaron, évêque de 1286 à 1296 ; cf. P. CABAU, « Les évêques de Toulouse (IIIe-XIVe siècles) et les lieux de leur sépulture », dans Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. LIX, 1999, p. 158. 118 L’évêque Hugues décéda en effet le 2 décembre 1296 (ibid.), c’est-à-dire après la fin de l’administration des consuls en question ; les nouveaux furent élus le 29 septembre 1296. 119 AA 3/12 f° 25 ; Bernard de Sainte-Eulalie donne simplement le mois durant lequel il réalise ces transcriptions, mais sans préciser le jour. 120 ADHG, Ms 17 f° 2v (voir plus bas) ; comme me l’a obligeamment signalé M. Henri Gilles, il n’y a également que onze personnages représentés au premier folio du commentaire des coutumes de 1296 aux côtés de l’auteur offrant son œuvre (BNF, Lat. 9187).

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c’est-à-dire l’assemblée des consuls, et l’ancien Capitole dont seules trois villes pouvaient se

glorifier d’en avoir possédé un (Rome, Constantinople et Toulouse)121, il faudra cependant

attendre les années 1520 pour que, sous l’impulsion du greffier Pierre Salamonis, le capitulum

traditionnel soit remplacé dans les actes et sur le sceau par le plus noble capitolium122.

La transcription du second copiste ne semble guère plus fiable. Ses venerabiles viri

civitatis, urbis et suburbii n’apparaissent désignés sous cette forme dans aucun acte de

l’époque. Si l’on trouve systématiquement, associés à celui de consules, les termes d’urbis et

de suburbii pour désigner les deux ensembles constitutifs de la ville, le bourg et la cité, qui

chacun ont alors le même nombre de représentants dans le chapitre communal, celui de

civitatis se trouve uniquement associé à celui d’universitas123. Encore faut-il remarquer que

ces dernières formules ne sont employées que par la chancellerie royale. Les statuts de

métiers, qui nous fournissent les quelques rares textes réglementaires produits par les consuls

eux-mêmes dans les dernières décennies du XIIIe siècle et dans les premières du XIVe, ne les

font jamais apparaître. Les magistrats s’intitulent simplement, des années 1270 jusque vers

1315, consules urbis Tholose et suburbii124, puis, à partir de cette date, domini de capitulo

urbis et suburbii Tholose125.

Quant à la dernière hypothèse possible, celle de la leçon capitularii, elle ne résiste

pas davantage à une analyse du vocabulaire diplomatique de l’époque. Ce terme, employé

pour la première fois semble-t-il en 1292 par la chancellerie royale comme synonyme de

consules126, et qui deviendra fréquent seulement à partir des années 1320, ne se trouve jamais

associé au mot viri dont il constituerait un déterminant127. Si l’on se réfère aux transcriptions

des premiers procès-verbaux d’élection que nous avons pu reconstituer, les expressions

traditionnelles de la chancellerie municipale font apparaître d’une part l’officium venerabilis

capitulatus magne atque regie civitatis et suburbii (1295-1296 et 1296-1297) ou l’officium

consulatus seu capitulatus (1300-1301), et d’autre part les traditionnels viri venerabiles qui y

sont élus. Les solutions les plus plausibles restent donc à nos yeux celles de viri capituli ou 121 GILLES (Henri), op. cit., p. 158. 122 Voir MARTIN-CHABOT (E.), « La tradition capitoline à Toulouse à la fin du XIIIe siècle », dans Annales du Midi, t. XXIX, 29e-30e a., 1918, p. 345-354 ; ROSCHACH (E.), Les archives, p. XLIX. 123 Dilecti nostri consules urbis et suburbii ac universitatis Tholose (1294, Baudouin 167) ; consules et universitas civitatis Tholosane (1295, Baudouin 142) ; consules, universitatem et singulos homines civitatis Tholose (1301, Baudouin 147) ; dilectis et fidelibus nostris capitulo et universitati civitatis et suburbium (1303, Baudouin 176). 124 HH 65 passim ; un seul de ces textes les englobe sous le terme générique de capitulum nobilium regie urbis Tholose et suburbii (1273, HH 65 p. 28). 125 HH 65 p. 24 (1315), p. 19 (1316), p. 65 (1318) et 58 (1322). 126 Capitularii seu consules Tholose (Baudouin 12). 127 Le texte du procès-verbal de l’élection de 1295 le fait uniquement apparaître dans l’expression : notarii capitulariorum.

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capitulatus, dont l’abréviation sur l’original, au bout de quatre siècles, pouvait certainement

s’avérer difficile à résoudre.

C’est d’ailleurs ce que révèle le dernier élément de la suscription, constitué par la

liste des consuls qui sont comme autant d’auteurs de l’ordonnance. Si l’on compare les noms

originaux avec les transcriptions que nous trouvons dans nos deux copies, on ne peut manquer

de constater les erreurs de lecture et parfois même l’incapacité des copistes :

Noms originaux128 Clausolles Ms 17129

Petrus Barravi Petrus Barravi Petrus Barraut Vitalis de Villarasa Vitalis de Villatria Vitalis de Villarasa

Estuterius de Sancto-Barcio [blanc] de Santo-Barcio Estoutius de Sancto-Barcio Ramundus Isalguerii Raymundy de Ysalguerii Raymondus Isalguerii Ramundus de Jornal Raymundo Jornal Ramondus de Jornas Davinus de Roaxio Davitto de Rohatio Dominus de Roaxio Peregrinus Signarii Peregrinus Signarii Peregrinus Ignarii

Stephanus Maurandi Stephanus Maurandy Stephanus Maurandi Arnaldus de Galhaco Arnaldus de Galliaco Arnaldus de Gaillaca Oldricus de Portallo Aldricus de Portallo [blanc] de Portallo

Petrus Bertrandus Jordani Petrus Bertrandi Jordani Petrus Bertrandi Jordani

Seul manque dans ces listes le douzième consul, Petrus Guilhelmus Blasini, au sujet

duquel la première chronique précise : qui viam universe carnis ingressus fuit in eodem

capitulatu 130. Il était donc certainement déjà décédé lors de la publication de l’ordonnance, et

son absence dans cette liste apporte un argument supplémentaire pour confirmer que la date

de l’acte est postérieure à celle de l’élection.

b) Le corps du texte

Le second grand ensemble de l’ordonnance se compose de trois éléments qui

forment le corps même du texte : le préambule, l’exposé et enfin et surtout le dispositif,

véritable cœur de l’acte131. Ils vont nous permettre de mieux comprendre les motivations des

consuls de 1295 et leurs préoccupations quant au gouvernement de la Cité.

128 Transcrits tels qu’ils apparaissent le plus souvent dans les actes de l’époque. 129 Cette liste est celle des élections de 1295, le manuscrit ne rapportant pas les noms des consuls inscrits dans le texte même de l’ordonnance. 130 Il n’apparaît déjà pas le 5 novembre 1295 lors de la réception de Bernard de Sainte-Eulalie comme notaire public (BB 204 f° 37v). 131 Cette ordonnance transcrite sous forme de procès-verbal ne comporte pas la notification que d’autres « établissements » des consuls comportaient : noverint universi, tam presentes quam futuri (AA 2/83), ou manifestum sit cunctis, tam presentibus quam futuri (AA1/97).

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Le préambule, qui constitue « l’exorde du discours diplomatique »132, se révèle

particulièrement riche. Nous y trouvons tout d’abord l’énoncé de la finalité générale de l’acte,

dont la portée doit s’inscrire dans la longue durée (pro se ipsis et eorum successoribus) et

dont la ville dans son ensemble doit tirer profit (pro tota utillitate urbis et suburbii Tolose).

Puis vient la déclinaison des objectifs que visent les consuls. La première

considération a trait à la conservation nécessaire des privilèges et libertés de Toulouse (ad

conservationem statutorum, libertatum, immunitatum et aliorum jurium ad Tolosam

pertinentium), ainsi qu’à l’entretien de leur mémoire (ad memoriam eorum). Nous sommes là

dans le domaine du juridique, et plus particulièrement dans la sphère de la preuve : il faut

pouvoir, à tout moment, retrouver et produire les actes authentiques prouvant les droits de la

ville. A cet endroit, comme une sorte d’incise, est inséré un quatrain133 fort curieux qui chante

à la fois la liberté ancienne mais éternelle de Toulouse (Libera jure fuit et erit sine fine

Tolosa), ses qualités morales et son importance (Si fuit justa, pia, semper erit populosa), et

enfin les vertus similaires de ses douze consuls, qui en sont les dignes représentants (Gaudet

Tolosa his consulibus duodenis / Justis atque piis, moderatur robore plenis134). La deuxième

motivation des consuls, qui vient à la suite de ces vers, nous renvoie aussi à la mémoire, mais

celle des hommes et non celle des documents : il s’agit d’inscrire de manière officielle les

actions, les hauts faits, des magistrats municipaux afin qu’ils ne tombent pas dans l’oubli (ut

venerabilium nobiliumque virorum res geste pateant). Nous entrons désormais dans le monde

de l’Histoire et de la glorification de ses acteurs. Le vocabulaire employé n’est d’ailleurs pas

neutre, et si nous trouvons ici le terme traditionnel de venerabiles que nous avons vu

fréquemment employé pour qualifier les consuls, celui de nobiles n’est certainement pas

commun à cette époque. Mis à part un statut de métier de 1273135, aucun document jusqu’à

l’ordonnance de 1295 ne fait état de cette fameuse noblesse capitulaire revendiquée fortement

au XVe siècle et qui fera tant couler d’encre aux XVIIe et XVIIIe siècles lorsqu’elle sera

menacée. S’il faut attendre les années 1310 pour que l’expression de capitulum nobilium, le

« chapitre des nobles », apparaisse couramment dans les actes de la chancellerie communale,

les rares transcriptions des procès-verbaux d’élection du début du grand livre qualifient

132 GIRY (A.), op. cit., p. 537. 133 Signalé dans la transcription de Clausolles par le mot versus. 134 Le sens de ce dernier vers, ou du moins sa construction, nous semble moins clair qu’à E. Roschach qui traduisait : « Toulouse est fière des douze consuls / Qui la gouvernent, justes, pieux et pleins de force » (dans « Les douze livres », p. 133) ; peut-être y a-t-il eu erreur de transcription du copiste pour moderatur. 135 HH 65 p. 28 : nos capitulum nobilium regie urbis et Tholose et suburbii.

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parfois déjà les consuls de viri nobiles136. Notre ordonnance peut être considérée à juste titre

comme l’acte de naissance de cette tradition. L’incipit du registre en fournit une preuve

supplémentaire137, de même que certains des articles du dispositif de l’acte138.

Le texte se poursuit par un passage dont les blancs malheureusement laissés par le

copiste ne permettent pas de comprendre le sens139, avant de réaffirmer le souci des consuls

d’une bonne conservation, préservatrice de tout dommage (ad evitanda quamplurima damna

et pericula que in predictis et superpredictis poterant evenire), et l’utilité de leur action pour

la communauté dans l’avenir (inspecta utilitate publica in futurum proveniente).

L’exposé de la décision, deuxième élément du texte, est particulièrement bref (plena

deliberatione et tractatu communicato plurium virorum concilio) mais précise les différentes

étapes qui ont précédé la décision, de l’examen approfondi qui fut fait de l’ordonnance

jusqu’au conseil qui fut réuni sur le sujet. Les consuls, en énonçant ces circonstances,

apportaient une justification supplémentaire de leur action réglementaire.

Mais c’est en dernier lieu le dispositif lui-même qui va nous retenir plus

longuement. Il est introduit par les deux verbes qui caractérisent l’acte (ordinaverunt,

statuerunt) : il s’agit bien d’une ordonnance, ou plutôt d’un règlement administratif, dont la

valeur doit être perpétuelle (perpetuo). L’objet principal en est la réalisation d’un « plus grand

livre » de la ville (fieret unus liber sub majori forma), tâche qu’ils confient nommément et

spécifiquement au notaire Bernard de Sainte-Eulalie (ad quem faciendum specialiter

Bernardum de Sancta-Eulalia notarium creaverunt). Le comparatif qui caractérise ce

nouveau registre s’explique par le détail qu’ils donnent de sa future composition : il s’agissait

d’une part de regrouper en un seul volume les livres déjà existants et d’y ajouter d’autre part

de nouveaux éléments.

Dans la première des six parties devaient être transcrits, chaque année, les procès-

verbaux des élections des consuls. Ils comprendraient non seulement la date de la cérémonie,

le nom des magistrats et le capitoulat qu’ils représentaient, mais également la mention des

136 Chronique 6 (1300-1301), chronique 7 (1301-1302). 137 Incipit liber venerabilium atque nobilium capitulariorum magne atque regie civitatis et suburbii Tolose per manum Bernardi de Sancta-Eulalia publici Tolose notarii (Clausolles, f° 1). 138 Nobiles viri capitularii (id., f° 1v) ; nobili capitulo (id., f° 2). 139 Mais qui semble correspondre à des considérations générales sans lien direct avec l’objet de l’acte : Cernent [blanc] quorum partes cujusque duo sunt, tenet et domino [blanc] sic concedente sequentur (id., f° 1v) ; E. Roschach a d’ailleurs ingénument sauté ce passage dans sa traduction (« Les douze livres », p. 133).

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officiers qu’ils créeraient (assesseurs, syndics, notaires, membres de la « petite cour »)140. On

y insèrerait en outre le texte du serment prêté par les consuls et par ces mêmes officiers, le

nom des douze parties qui formaient la ville ainsi que leurs limites, la description des

bannières de chacune d’entre elles, la manière dont on devait les arborer, le nom des citoyens

qui devaient les suivre en cas de nécessité et enfin les devises qui les ornaient141.

La deuxième partie serait consacrée aux coutumes de Toulouse, que l’on devait

transcrire en forme « publique », c’est-à-dire authentique142.

La troisième serait formée de l’ensemble des privilèges et libertés de la ville143, et

serait suivie d’une quatrième dans laquelle on transcrirait, ici aussi en forme « publique », les

lettres de grâce royales. Les consuls mentionnent de nouveau à cette occasion que cela est

important pour la conservation de ces libertés et pour leur confirmation (lors de chaque

nouvel avènement de roi)144.

Dans une cinquième partie, on transcrirait tous les arrêts de la cour du roi et les

ordonnances de ses officiers, et en général tous les actes pouvant servir au « bon

gouvernement » de la ville et au maintien de ses privilèges145.

Le sixième et dernier chapitre de ce grand livre permettrait d’enregistrer toutes les

mutations de notaires, soit pour cause de décès, soit en raison de leur départ vers d’autres

horizons. Leurs archives devaient en effet faire l’objet d’une transmission officielle à leur

successeur de la part des consuls146.

140 In quarum prima ponatur dies in quo dicti nobiles viri capitularii fuerunt electi seu creati ad officium capitulatus seu etiam consulatus et eorum nomina conscribantur et nomina assessorum, sindicorum, notariorum omnium et nomina in parva curia constitutorum. 141 Itemque scribatur forma juramenti quorumlibet seu que debent jurare capitularii in tempore creationis eorum et omnes alii cum per ipsos ad eorum officium assumentur ; item nomina duodecim partitarum civitatis et suburbii et quibus limitibus dividuntur ; item omnia vexilla seu senherias cujuslibet partite et quo locata modo abstrahentur per vias seuque omnia debent poni et qui cives cujuslibet partite cum necesse fuerit sequi debeant dictas senheiras seu vexilla, scribantur etiam lingua eorumdem prout ab antiquo fuerunt scripta seu etiam consignata. 142 Item in secunda parte dicti libri scribantur omnes consuetudines Tolose in forma publica et que ad eorum usum et statum Tolose urbis et suburbii faciunt prout ab antiquo per antecessores nostros fuerunt conscripte seu etiam ordinate. 143 Item in tertia parte dicti libri scribantur omnia instrumenta statutorum, libertatum, immunitatum, largitatum atque omnium jurium ad Tolosam regiam civitatem et suburbium pertinentium. 144 Item in quarta parte dicti libri scribantur in forma publica tam littere quam gracie regie vel etiam alie que nobili capitulo et universitati Tolose fuerunt concesse et in posterum concedentur et ad perpetuam conservationem dictarum libertatum et immunitatum et etiam largitatum et ad confirmationem earumdem. 145 Item in quinta parte dicti libri scribantur omnia arresta per regalem curiam facta et etiam alia tam per regales magistratus quam per quoscumque alios facta et etiam que fient nihilominus in futurum que sunt et esse poterunt et que faciunt et facient ad regimen et bonum statum hujus ville Tolose et ad conservationem et confirmationem omnium predictorum. 146 Item in sexta parte dicti libri scribantur nomina notariorum quibus tradentur notarie seu libri et papirus publici notariorum deffunctorum et etiam scribantur nomina notariorum quibus tradentur notarie seu libri et papirus publici illorum notariorum qui ad alia loca se transtulerunt causa inhabitandi ibidem seu domicilium commutandi.

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c) Le protocole final

Comme pour mieux justifier leur action, les consuls insèrent à la suite de ce

dispositif un second exposé des motivations qui les ont conduits à rédiger cette ordonnance.

On y retrouve le souci politique du bon gouvernement de la cité, qui passe par la sauvegarde

et la défense de ses privilèges (populum et universitatem urbis et suburbii Tolosa ad eorum

libertates immunitates et alia eorum jura defendere et tuere et republicam gubernare), et de

façon plus précise l’expression d’une véritable volonté de sécurité et d’efficacité : le grand

livre serait conservé dans un endroit précis de la maison commune (dicto libro in certo loco in

domo communi fideliter tenendo et custodiendo) afin de le protéger et de le retrouver

facilement (predicta omnia tutius custodiantur et facilius valeant reperiri) et de lui éviter

toute dégradation et tout dommage (ipsa omnia penitus illesa remaneant et quamplurima

pericula nihilominus evitentur). C’était un véritable trésor qu’il fallait entretenir et protéger.

Ici s’arrête le texte de cette ordinatio tel que Bernard de Sainte-Eulalie l’avait inséré

au premier folio du registre qu’il inaugurait. Il n’y a donc pas, en fait, de protocole final, la

date ayant été énoncée en début de texte et les listes de témoins annoncées n’ayant, semble-t-

il, pas été transcrites par le notaire. Celui-ci s’est contenté, hors teneur, de mentionner qu’il a

consciencieusement commencé la tâche qui lui était confiée147. Nous allons voir maintenant

quel fut le devenir de ce grand livre de la ville sous sa conduite et celle de ses successeurs.

147 Quaquidem ordinatione facta et in hoc presente libro scripta ut apparet superius evidenter ad executionem omnium predictorum et primo quod ad primum de mandato dictorum capitulariorum ut sequitur est processum per me notarium suprascriptum singula in singulis partibus conscribendo.

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1.2. L’exécution de l’ordonnance

Il nous faut ici tenter de reconstituer virtuellement le « grand livre » avec les

éléments qui nous en ont été conservés, et de voir quelles parties en ont été réellement

rédigées et quelles ne l’ont peut-être pas été. Le travail n’est pas simple car l’original a été

démembré à la fin du XIVe siècle et que nous ne possédons aucun témoignage ni aucun

inventaire qui puisse nous aider dans cette démarche.

1.2.1. L’œuvre de Bernard de Sainte-Eulalie

Immédiatement à la suite de la transcription de l’ordonnance148, Bernard de Sainte-

Eulalie rédigea ou fit rédiger149 le procès-verbal de l’élection des consuls qui avait eu lieu le 4

septembre 1295 [chr. 1], et la première partie du grand livre s’enrichit chaque année, sauf

quelques exceptions que nous analyserons plus loin, du texte de la création consulaire. Dès

l’origine, il était certainement rédigé à l’issue de l’année d’administration, et nous en voulons

pour preuves les mentions de décès de magistrats en cours de période qui y sont rapportées150.

Dès l’origine aussi, la lettre initiale du récit s’ornait d’une petite miniature, comme pour

donner une valeur symbolique ajoutée à ce précieux trésor151. La tradition était lancée et

n’allait s’interrompre qu’à la veille de la Révolution. Quant à sa forme, elle va se fixer

relativement vite : après la date, nous trouverons la mention du représentant royal devant

lequel les consuls prêtaient serment152, puis la liste de ces mêmes consuls avec l’indication de

la partie de la ville qu’ils représentaient, et enfin les noms des officiers qu’ils avaient créés

(assesseurs, syndics, notaires, puis le ou les trésoriers à partir des années 1330).

148 L’ordonnance remplissait le recto du 1er folio et une partie de son verso, et la première chronique de 1295 est également localisée sur ce verso (II 627 f° 48v et 256v, Ms 696 f° 88). 149 Comme toutes les suivantes jusqu’au XVIe siècle, aucune de ces chroniques ne contenait le nom du rédacteur ou du copiste ; seules les pièces de comptabilité peuvent nous fournir quelques renseignements mais nous ne les possédons qu’à partir des années 1330. 150 Nous avons parlé plus haut de celle de Petrus Guilhelmus Blasini pour 1295-1296 ; l’année suivante ce fut le tour d’Aymericus de Suelho, qui fuit viam universe carnis ingressus in eodem capitulatu [chr. 2]. 151 BB 267 p. 1 : « Le premier [tableau] est de cette année ; il a 3 pouces en quarré et représente 12 capitouls qui prêtent le serment debout ; leurs habits sont de différentes couleurs et leurs chaperons sont en forme de capuchon » ; Ms 17 f° 3 : « Les capitouls sont peints habillez de vert, rouge et pourpre ». 152 Du moins à partir de 1299-1300 [chr. 5], comme le note LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 24 : Ils furent élus devant Guillaume Isarni, viguier de cette ville, le jour et fête de St Michel de septembre. Les années précédentes il n’est fait aucune mention du serment de ceux qui l’étoient, ni par conséquent marqué devant qui ils le prétoient.

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Dans ce premier ensemble, devaient également être consignés d’autres éléments,

dont certains furent effectivement transcrits sur parchemin. Ce fut le cas de la formule du

serment que prêtaient les consuls à leur entrée en charge153, ainsi que de celle des notaires154.

En revanche, les limites territoriales des douze parties de la ville ne furent pas enregistrées en

tant que telles. On se contenta de faire un résumé de l’acte de 1226, inséré dans le premier

cartulaire communal155, par lequel le territoire de sauvegarde de la ville se voyait augmenté

d’une lieue, et on y ajouta une explication du terme de dex (limite) souvent employé à

Toulouse156. Seules nous manquent en totalité les données concernant les bannières de ces

parties, pour lesquelles par ailleurs nous ne disposons malheureusement d’aucun

renseignement157.

La deuxième besogne du notaire consistait à copier de manière authentique les

coutumes de Toulouse. Leur texte en est aujourd’hui conservé en tête du « Livre blanc »158,

accompagné d’ailleurs des vingt articles refusés par le roi159, et l’on peut penser par le soin

que le copiste a apporté à sa présentation qu’il s’agit bien là du deuxième chapitre du grand

livre originel160. On ne trouve cependant aucune mention spéciale d’authentification de ces

actes ni même le nom du copiste qui en a réalisé la transcription, et la présence

immédiatement à la suite, et de la même main, du texte de lettres patentes données par

Philippe IV en 1304161 semble indiquer que ce chapitre ne fut réalisé qu’à cette époque.

En fait, la principale tâche de Bernard de Sainte-Eulalie consista à confectionner la

troisième partie de l’ouvrage qui lui avait été commandé par les consuls, c’est-à-dire

essentiellement à recopier l’ensemble du cartulaire du Bourg. Il commença ce travail, comme

nous l’avons vu plus haut, dès novembre 1295162, au lendemain même de sa réception comme

153 AA 3/10, f° 20-22. 154 AA 3/11, f° 22-v. 155 AA 1/102. 156 AA 3/9 f° 18v-19v. 157 Un seul texte, non daté mais très tardif (XVIIIe siècle), donne la liste des couleurs traditionnelles de chaque capitoulat (AA 25/265 p. 313) ; nous ne saurons probablement jamais si cette tradition remontait au XIIIe siècle. 158 On trouve en premier lieu le procès-verbal de leur promulgation (AA 3/1 f° 1-2), puis le texte même des coutumes (AA 3/2 f° 2-14v) ; c’est dans ce nouveau cartulaire que l’on va retrouver aujourd’hui la plupart des éléments du grand livre conçu en 1295. 159 AA 3/3 f° 14v-16v. 160 Le texte se présente en 2 colonnes de 44 lignes ; les initiales de chapitres sont dessinées en bleu ou rouge, et ornées d’un décor de rinceaux noir ou rouge; les marques de paragraphes sont également en alternance bleues et rouges. 161 AA 3/5, f° 17v-18. 162 AA 3/12 f° 25.

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notaire public, et le termina en mai 1296163. Il l’exécuta de manière très scrupuleuse,

respectant l’ordre strict de l’original et s’entourant même, comme son prédécesseur Guilhem

Bernard, de deux de ses collègues qui souscrivent et authentifient chacun des 104 actes164. En

revanche, aucun des titres supplémentaires contenus dans le cartulaire de la Cité165 ne fut pris

en compte par lui.

Il semble par ailleurs que ce soit l’année précédente que l’idée d’un nouveau

cartulaire ait germé dans l’esprit des magistrats municipaux. Le Livre blanc comprend en effet

trois documents de mars, avril et juin 1293 transcrits sous forme authentique en juillet 1294

par un autre notaire, Ramundus Vitalis, également assisté de deux de ses confrères166.

La quatrième partie devait être composée des lettres des rois, « origine de toute

grâce et de toute concession »167, et la cinquième par les arrêts de la cour du roi et les

ordonnances de ses officiers, et il semble qu’un certain nombre d’actes du temps de Philippe

III et IV antérieurs à 1295, dont la transcription reste anonyme et non datée, correspondent à

cette volonté. Une partie d’entre eux est insérée entre les coutumes et la transcription du

cartulaire de 1205168, et l’autre partie à la suite de celui-ci169.

Quant au dernier élément, dans lequel on était censé enregistrer les mutations des

notaires et la transmission de leurs archives, nous n’en avons gardé aucune trace. Les seuls

renseignements que nous possédons apparaissent dans l’instruction de la grande enquête de

1527 sur le droit des capitouls de créer des notaires ubique terrarum. Parmi les documents

présentés par ceux-ci à l’appui de leurs revendications, nous trouvons en effet trois registres

de collation de notaires à la suite de mutations d’études : le premier couvrait la période de

1324 à 1347170, le deuxième de 1348 à 1510 (n. s.) et le dernier de 1510 à 1527171. On peut

voir par là qu’il fallut plus de trente ans avant que la décision de 1295 ne soit appliquée dans

ce domaine. On peut aussi ajouter que la forme même que prit sa mise en œuvre ne

correspondait pas au souhait initial des consuls d’intégrer cette partie dans le grand livre : ces

163 AA 3/115 f° 83. 164 Il s’agit de Poncius Vitalis et de Guillermus Johannes Fusterii. 165 AA 2/76, 77, 83 et 84. 166 AA 3/239-241 ; les deux notaires qui corroborent ces actes sont Johannes Vasco et Vitalis de Agenno ; l’analyse de leur écriture montre cependant qu’ils furent certainement transcrits dans les années 1320 par Petrus Boneti. 167 ROSCHACH, Inventaire, p. XV. 168 AA 3/4 à 8 f° 16-18v ; ces actes sont de la même main que les coutumes. 169 AA 3/117 à 123 f° 85-92v. 170 Le texte commence par dire que le registre débute en 1327, puis cite les noms des capitouls qui y sont transcrits en premier, qui sont ceux de 1322-1323 et donne le début du premier acte qui date du 6 avril 1324. 171 BB 215 p. 49-51 (f° XXIII-XXIIII).

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registres, contrairement aux livres matricules des notaires systématiquement réalisés en

parchemin, étaient constitués de cahiers de papier qui leur conféraient un caractére évident de

moindre « noblesse ».

Il nous reste un dernier problème à résoudre en fonction de ces données : comment

se présentait matériellement ce registre ? Le démembrement de la fin du XIVe siècle, sur

lequel nous reviendrons, mais également l’intercalation de transcriptions postérieures dans les

parties des feuillets primitifs laissées en blanc ne nous facilitent pas la tâche pour tenter une

reconstitution. En outre, la plupart des folios ne comportent pas la numérotation d’origine,

mais celle qui fut mise en place dès le remaniement et qui servit de référence à l’inventaire de

Bernard de Gaillac en 1495172.

Nous pouvons cependant avancer quelques éléments de réponse à la question que

nous venons de poser. Tout d’abord, il est sûr que ce « grand livre » se présentait sous la

forme d’un registre unique, que l’on caractérise à partir de 1343 par la couleur de la peau qui

le recouvrait (le « Livre blanc »173), et non de six volumes différents. Mis à part celle qui

concernait les coutumes de la ville, toutes les parties qui le composaient étaient formées d’un

certain nombre de cahiers de parchemin qui devaient permettre non seulement de transcrire en

1295-1296 les éléments de base, mais aussi de les mettre à jour régulièrement.

Si l’on considère que Bernard de Sainte-Eulalie s’est conformé scrupuleusement aux

prescriptions de l’ordonnance, il a commencé son ouvrage par le chapitre des élections

municipales. Nous en voyons une confirmation dans le fait, mentionné plus haut, que le

premier procès-verbal fut rédigé immédiatement à la suite du texte fondateur de l’ordonnance

de novembre 1295 qui devait logiquement introduire l’ensemble du volume. Combien de

feuillets furent-ils ensuite réservés à la transcription des élections pour les années suivantes ?

Nous ne le savons pas, mais ce que nous pouvons supposer, et notre analyse de l’évolution de

ces procès-verbaux le montrera, c’est que leur importance grandissante dut combler en près

d’un siècle la totalité des feuillets blancs prévus à l’origine, et que ce blocage occasionna

certainement le démembrement du registre original.

172 II 615 f° 33v-52v ; ROSCHACH, Inventaire, p. 17 : « Le foliotage indiqué dans ce répertoire concorde exactement avec celui du manuscrit et en atteste l’authenticité ». 173 CC 1846 p. 74 ; cette appellation sera conservée pour nommer, après le démembrement du volume original, le registre en regroupant les deuxième, troisième, quatrième et cinquième parties et qui vont constituer le cartulaire municipal de référence jusqu’à la confection de son « vidimé » dans les années 1538-1540.

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Venait ensuite l’ensemble concernant les coutumes174, augmenté du règlement de

1283 sur l’organisation municipale175 et de plusieurs actes concernant la juridiction consulaire

et les péages176. Immédiatement après, se trouvait le texte des serments des consuls et des

notaires177. Cette partie était constituée de deux cahiers de six feuilles de parchemin qui ont

gardé leur cohérence.

La troisième partie commençait avec la copie intégrale du cartulaire du Bourg, qui

occupait soixante feuillets du registre178. Le premier d’entre eux se singularise par

l’ornementation particulière de la lettre initiale « I »179 [ill. n° 1], et sa réalisation ne peut

qu’avoir été inspirée par l’enluminure qui décorait le folio initial du registre de 1205.

Contrairement à celui des coutumes rédigé en deux colonnes, le texte de cette copie est

transcrit en longues lignes. Les cahiers de parchemin utilisés sont d’importance variable (4, 5

ou 6 feuilles).

A la suite, furent transcrits d’autres libertés ou franchises acquises depuis la mort de

Raimond VII, mais qu’il est difficile de bien distinguer des lettres royales ou des décisions de

la cour ou des officiers du roi, qui formaient la quatrième et la cinquième partie180. Il est

cependant certain que bon nombre de feuillets blancs devaient être réservés ici pour

l’enregistrement de ce type d’actes au fur et à mesure de leur arrivée dans la chancellerie

consulaire.

Dernière question, enfin, que l’on peut se poser : Bernard de Sainte-Eulalie,

nommément désigné par les magistrats de la ville pour confectionner ce grand livre, y

travailla-t-il seul ? Assurément pas, car la tâche était trop importante pour un seul homme. Il

est évident qu’un certain nombre de clercs ou d’autres notaires y fut associé et que lui-même

dut coordonner le tout. Comme nous l’avons vu, Bernard n’est mentionné que dans la

transcription authentique du cartulaire du Bourg, et ce seul travail lui prit sept mois181.

174 AA 3/1 à 3, f° 1-16v 175 AA 3/4 , f° 16v-17v. 176 AA 3/5 à 8, f° 17v-19. 177 AA 3/10, f° 20-22v ; les deux folios suivants (23 et 24) sont blancs et vierges de toute réglure, et le texte est d’une autre main que les parties précédentes. 178 AA 3/12 à 115, f° 25-83 ; le verso du folio 83 ainsi que le folio 84-v devaient être restés en blanc, et l’on y transcrivit un acte en 1340 pour combler en partie ce vide (AA 3/116, f° 83v-84). 179 ROSCHACH, Inventaire, p. 16 : « Grand I majuscule, occupant toute la hauteur de la page et rehaussé d’or. Le corps de la lettre figure un enroulement de rinceaux à courbes opposées, qui se termine, à la partie supérieure, par une sorte de serpent à tête chimérique soufflant dans une trompette. » 180 Si l’on prend en compte la seule présentation du texte, les transcriptions à longue ligne se poursuivent jusqu’au f° 100v (AA 3/129), avec différentes mains. 181 Les mentions d’authentification, qui sont datées avec précision, nous donnent la chronologie suivante : 7 actes en novembre 1295, 21 en décembre, 21 en janvier 1296, 12 en février, 13 en mars, 22 en avril et 8 en mai.

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Notaire public, il devait exercer parallèlement dans la ville son activité privée, à une époque

où l’on sait qu’elle se développe particulièrement dans les pays de droit écrit182. D’autre part,

il semblerait étonnant que la chancellerie municipale, dont il faisait d’ailleurs peut-être

partie183, n’ait été mise à contribution. Son importance transparaît clairement dans le procès-

verbal de 1295 : on y compte pas moins de deux docteurs ès lois, deux jurisconsultes et plus

d’une quinzaine de notaires. Le consul Arnaud de Gaillac est lui-même notaire, et cette

communauté de juristes a certainement joué un rôle essentiel à la fois dans la conception et

dans la réalisation du grand livre de la ville.

1.2.2. Les continuateurs de Bernard de Sainte-Eulalie (1295 – fin 14e siècle)

Quoi qu’il en soit, Bernard de Sainte-Eulalie était chargé d’initier un mouvement qui

était censé se poursuivre de façon continue dans l’avenir. L’analyse des traces qu’il nous reste

de l’activité de ses successeurs pendant plus de deux siècles nous montre que leur rigueur et

leur conscience professionnelle ne furent pas toujours à la hauteur de celles de leur

prédécesseur.

a) Le « livre blanc » : le second cartulaire de la ville

Certains notaires poursuivirent cependant cette œuvre dans le même esprit et la

même forme que son initiateur. Plusieurs périodes fastes peuvent de ce fait être mises en

évidence, au cours desquelles la transcription des titres est authentifiée par le rédacteur et

souvent corroborée par un ou deux autres notaires. Au XIVe siècle, on relève ainsi l’action de

Petrus Boneti en novembre 1322184, de Guillelmus Ayssada entre 1326 et 1340185, de Jacobus

Hathonis entre 1352 et 1357186 puis de Petrus Robberti 187en 1393. Leur succèdent au siècle

182 GIRY (A.), op. cit., p. 826-827 ; voir aussi E. ROSCHACH, « Signets authentiques des notaires de Toulouse du XIIIe au XVIe siècle », dans Revue archéologique du Midi, t. 1, 1866, p. 144, qui mentionne que le premier registre matricule de Toulouse donne 3 984 notaires enregistrés entre 1266 et 1337, soit une moyenne de 56 par an. 183 Nous ne connaissons malheureusement que 4 des 12 notaires consulaires pour l’année 1295-1296 [chr. 1], et Bernard de Sainte-Eulalie n’apparaît pas dans les noms cités. 184 AA 3/125 à 127, corroborés par Bernardus de Goyranibus et Geraldus de Sancto-Andrea ; AA 3/242 à 246, corroborés par Petrus Ramundi de Contrasto et Guillelmus de Agenno. 185 AA 3/116, corroboré par Ramundus de Rupibus et Germanus de Opere ; AA 3/128, corroboré par Ramundus de Contrastu et Petrus Bretz Cavalherii ; AA 3/256, corroboré par Jordanus Bernuscii ; AA 3/257 et 258, corroborés par Bartholomeus Tolzani. 186 AA 3/230 à 236, corroborés par Johannes Calveti et Guillermus Cellarerii ; AA 3/237, 248 et 249, corroborés par Johannes Pictavini. 187 AA 3/262 et 263.

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suivant Bernardus Fabri en 1402188, Johannes de Launaco en 1419189, Petrus Claraden en

1443190, Guillelmus Peyronis entre 1450 et 1463191, Petrus Guillelmus de Fraxino, alias

Peyronis entre 1472 et 1491192. Apparaissent enfin au XVIe siècle les deux grands greffiers du

consistoire de la Maison commune, Guillaume de Podio en 1510193 et Pierre Salamonis en

1521-1522194. D’autres actes comportent seulement la corroboration de notaires qui

authentifient l’acte195. Si l’on fait le total de ces documents, nous voyons que moins d’un

quart d’entre eux furent ainsi enregistrés de manière authentique.

En fait, comme le note Roschach196, et comme cela avait déjà été le cas pour le

cartulaire de 1205, la négligence l’emporta vite sur la rigueur, nous privant certainement

d’une part non négligeable de la mémoire communale. L’agencement du registre lui-même

avait en outre subi des perturbations irrémédiables lors du démembrement de la fin du XIVe

siècle : le relieur qui fut à cette époque chargé de regrouper en un volume les cahiers qu’on lui

apporta le fit en effet sans discernement, ou du moins sans instructions précises. Au bout de

plus de deux siècles d’utilisation, le registre en partie usé et devenu difficile à utiliser fut donc

jugé obsolète.

Ce furent les capitouls de 1528-1529 qui en décidèrent la réfection, et certainement

sur les conseils avisés de leur greffier Pierre Salamonis, grand réformateur des pratiques

administratives de la Maison commune. La délibération qu’ils prirent en conseil général le 10

décembre 1529, trois jours à peine avant de céder la place à leurs successeurs, démontre assez

la nécessité qu’il y avait à créer un nouvel outil :

« En tractant d’aultres affaires concernans le bien, profit et utilité de la chouse publicque, et entre aultres pour ce que, ainsi qu’est notoire, le livre blanc de la maison de céans, à cause de son ancienneté, en plusieurs parties d’icelluy est effacé et difficille à lire et journellement la lettre se consume, qui redonde au grand dommaige du bien publicque, et plus seroit si n’y estoit pourveu, pour icelle cause et aultres plusieurs considérations à ce mouvans, ledit conseil general illec present, par deliberation d’icelluy a esté conclud et ordonné que ledict libre blanc sera reffaict tout neuf en parchemin par maniere de vidimus et

188 AA 3 247 et 255, accompagnés de la mention : per alium scribi fecit. 189 AA 3/265. 190 AA 3/250 à 252. 191 AA 3/267 à 269 et 277, accompagnés de la mention : per mihi fidelem scribi feci, corroborés par Guido Magni Johannis et Hugo Jabelini. 192 AA 3/281-282, 285, 287, 289 et 298-299. 193 AA 3/325, avec la mention : manu propria scripsit. 194 AA 3/339 et 345. 195 Voir la liste dans ROSCHACH (E.), Inventaire, p. 16-17. 196 Ibid., p. XIV : « Il en fut de cette tentative comme de beaucoup d’entreprises des administrations à court terme, presque toujours incapables d’assurer la continuité de leurs œuvres. Brillamment commencé par Bernard de Sainte-Eulalie, le Livre blanc ne fut pas continué dans l’esprit de ses créateurs, et beaucoup des informations qu’il devait contenir, si précieuses pour les historiens futurs, ont été à jamais perdues. »

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script en grosse lettre en fourme deue, faisant faire aux despens de la ville, et de ce seront chairgés les prochains capitouls »197.

Il fallut cependant attendre le 30 septembre 1538 pour que la confection du

« vidimé » du Livre blanc soit enfin mise en œuvre avec Guillaume de La Perrière comme

grand ordonnateur198, mais ceci est une autre histoire que nous reprendrons plus tard.

b) « Livre blanc » et « livre vermeil »

Nous venons d’évoquer les bouleversements subis par ce registre, et cela nous

amène à nous interroger sur la période de son démembrement et de sa scission en deux

volumes.

Depuis 1295, les élections annuelles faisaient l’objet d’un procès-verbal transcrit

dans la première partie du Livre blanc. A la suite d’une évolution d’un siècle que nous allons

analyser en détail plus loin, et qui vit en particulier le développement des miniatures qui les

ornaient, ces compositions en sont venues à remplir chaque année tout un côté des feuillets de

parchemin. La partie qui leur était consacrée dans le Livre blanc finit donc, dans les dernières

années du XIVe siècle, par ne plus pouvoir être poursuivie. Peut-être d’ailleurs en était-il de

même pour celle concernant les actes royaux et des officiers, qui se multiplièrent également

pendant cette période. Il fallut donc procéder à une refonte de l’ouvrage.

Roschach situe la date de ce remaniement entre 1392 et 1406199. Il s’appuie pour

cela sur les comptes de la ville, qui font apparaître encore en mai 1392 le « Livre blanc »

comme support des portraits des capitouls et des procès-verbaux des élections200 et nous

apprennent en décembre 1406 qu’ils sont désormais insérés dans un « Livre vermeil »201. De

notre côté, nous avons trouvé un document du même type qui permet de resserrer cette

fourchette, puisque dès l’année précédente, en 1405, il est déjà fait mention de ce nouveau

197 BB 9, f° 108. 198 BB 79, p. 789-790. 199 ROSCHACH (E.), « Les douze livres », p. 136 ; en revanche dans son inventaire, il situe cet événement entre 1362 et 1406 (id., Inventaire, p. 16 n. 1). 200 CC 1854 f° 65v : per ostiriar [= istoriar] e pinher les senhos de capitol al libre blanc on son acostumatz de enluminar lesditz senhos e escriure am les officies. 201 CC 2324/81 : per nos escriure et pinher en lo libre bermelh de sains seguon qu’es acostumat de far cascun an (8 décembre 1406).

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registre202. Il est cependant regrettable que le compte de 1404 ne donne aucune précision à ce

sujet203.

Un autre élément à verser à ce dossier, négligé par Roschach, fournit une

justification administrative à ce démembrement. Il s’agit de l’un des articles de l’ordonnance

royale de Nîmes de 1390, qui prescrit que dorénavant le greffier de la maison commune

devait tenir des registres séparés pour les délibérations, les privilèges, les décisions du conseil

du roi et la correspondance active des capitouls204. L’application de cette nouvelle procédure

ne fut certainement pas immédiate, mais peut s’être avérée un élément déterminant dans la

naissance du Livre vermeil. Enfin, l’agrandissement de l’enluminure capitulaire en 1398-

1399, qui en outre, et pour la première fois, ne représente pas les seuls magistrats205, peut

faire penser que cette année-là a correspondu à la création du nouveau registre.

202 CC 1855 f° 76v : per escriupre et pynher losditz senhors de capitol al libre vermelh on cascun an son acostumatz de escriupre et pynher los senhors de capitol de cascuna anneya (mandement du 9 décembre 1405). 203 CC 2323/70 p. 55 : per pinher los capitols del an present e far scriure los noms e autra scriptura acostumada de far en lo libre on los capitols que d’aysy entras an acostumat de pinhe e scriure. 204 AA 3/253 : « Item que le notaire du consistoire de ladite maison ait et soit tenuz doresenavant de enregistrer touz les conseilz qui se feront en ladite mayson en un livre et en un autre livre registrer les privilegis et lettres de ladite mayson et escripre et registrer les instrumens qui ont esté et seront au conseilh et escripre les lettres closes que se tramettent au roy notre sire ou autre part. » 205 BB 267 p. 3 : « Le tableau a 6 pouces de haut et représente la Passion figurée de Jésus-Christ avec Joseph et Marie. »

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1.3. Le livre des Histoires

Au tournant du XIVe et du XVe siècle, naît donc le « Livre vermeil ». Et c’est sous

ce nom qu’on le voit apparaître pendant un demi-siècle dans les comptes, comme en 1421206,

en 1440207 ou en 1442208, ou avec sa variante de « Livre rouge » en 1454209. En 1460, un

changement important apparaît : le registre n’est plus qualifié par la couleur de la peau qui le

recouvre mais devient « Notre livre », « lo Libre nostre » en occitan210, avant de prendre en

1461, et pour la première fois, le nom de « Livre des Histoires »211 qu’il va désormais porter

jusqu’à la fin de notre période212.

C’est en ayant pour toile de fond cette évolution sémantique que nous allons

maintenant analyser plus précisément la forme et le fond de ce registre.

1.3.1. Du livre officier au Livre des Histoires

A sa naissance, les feuillets sont ceux d’un « livre officier »213, dont le but premier

est d’enregistrer officiellement la liste des magistrats élus et celle des officiers qu’ils

nomment. Dans les dernières décennies du XIVe siècle mais surtout à partir du milieu du XVe,

ces procès-verbaux d’élection vont s’enrichir de notes événementielles, puis de véritables

chroniques, parfois même de prologues qui vont transformer l’ouvrage désormais

individualisé en « Livre des Histoires » de la ville. Parallèlement, les scènes qui l’ornent

évoluent elles aussi. L’étude chronologique des transformations qui affectèrent la présentation

206 CC 1856 f° 38v : per pinher et escriure en lo libre vermelh los senhors de capitol de l’an present (18 novembre 1421). 207 CC 1861 p. 30 : lo libre vermelh (s)on son penctz los senhos de capitols (11 décembre 1440). 208 CC 1862 f° 17 : la istoria dels capitols lors predecesors en lo libre vermelh (25 novembre 1442). 209 CC 2322/151 : per far la ystoria e pintura de nostres personages, noms e armas al libre roge de la maiso comunal (9 janvier 1454 n. s.) ; on trouvera encore une fois ce qualificatif en 1470 : per fayre las istorias al libre rotz dels personages de mossenhors de capitols (CC 1868 p. 47). 210 CC 2334/38 et 39 : far una ystoria dedins lo livre nostre (26 avril et 19 septembre 1460). 211 CC 2335/29 : las pincturas dels capitols als libres de las ystorias (18 décembre 1461). 212 C’est à partir de la fin des années 1530 seulement, mais surtout du milieu du XVIe siècle, que le terme d’« Annales » commence à être employé dans le second livre des Histoires : Annales rerum scripturus sum quas decuriones gesserunt (1537-1538, BB 274 p. 27), « si onc annales de leurs predecesseurs ont merité estre escriptes » (1543-1544, ibid. p. 63), « ès precedens annales » (1553-1554, ibid. p. 159), « ceulx qui liront cez annales » (1557-1558, ibid. p. 215), « Annale contenant vraye description des gestes et faictz memorables des huict nobles seigneurs capitolz esleuz et instituez à regir et gouverner le capitole tholozain » (1559-1560, ibid. p. 255). 213 Hisoire de la France urbaine, t. 2 : « La ville médiévale », p. 584.

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matérielle de l’ouvrage peut nous fournir de précieuses indications pour la compréhension de

cette profonde mutation.

a) Le texte

Nous avons tenté de reconstituer le foliotage original du manuscrit perdu, et nous y

avons en grande partie réussi grâce aux mentions portées dans les différents manuscrits qui en

ont gardé la trace214.

Dans les vingt premières années, on trouve régulièrement deux procès-verbaux,

voire trois215, transcrits sur la même face de feuillet. Certains se voient même écrits à cheval

sur deux pages différentes216. Le folio n’est donc pas un cadre contraignant, comme il ne l’est

d’ailleurs pas non plus dans le reste du Livre blanc. A partir de l’année 1317-1318 [chr. 22],

en revanche, nous ne trouvons plus qu’un texte sur chaque recto ou verso, et c’est une

situation qui va perdurer jusqu’au milieu du XVe siècle217. Mais ce n’est que dans les années

1480 que de véritables chroniques couvrant régulièrement trois feuillets complets vont donner

tout son sens au Livre des Histoires.

Si l’on regarde d’un peu plus près l’évolution des textes, il faut attendre l’année

1382-1383 pour trouver le premier récit d’un événement historique, celui des émeutes qui se

déroulèrent alors à Toulouse218. Sept ans plus tard, en 1389-1390, l’entrée du roi Charles VI

dans la ville ne fait l’objet que d’une simple mention de quelques lignes219, alors qu’en 1392-

1393 on relate en détail l’arrivée du saint Suaire de Cadouin220. Ce texte se trouve d’ailleurs

inséré de manière originale entre la liste des capitouls et celle des officiers. Ces années-là sont

aussi marquées par les diverses réductions puis augmentations du nombre des capitouls que

214 Voir vol. 2. 215 C’est le cas pour les chr. 3 (1297-1298), 4 (1298-1299) et 5 (1299-1300) au f° 3. 216 chr. 10 (1304-1306) aux f° 5-v ; chr. 12 (1307-1308) aux f° 5v-6. 217 La première chronique d’importance semble être celle de 1442-1445 [chr. 137] ; Roschach, qui lui donne par erreur le n° 138, signale qu’on y trouve pour la première fois « un corps de récit donnant l’énumération, encore très succincte, de plusieurs faits » (« Les douze livres », p. 206). 218 [chr. 85] ; l’annaliste La Faille confirme (Annales, t. 1, p. 132) : « Il est écrit dans les Annales de l’Hôtel de ville, mais d’une maniere fort confuse, que les Capitouls de cette année firent une sévère punition de plusieurs mutins, qui fomentoient le trouble en cette ville ; ce qui fait voir qu’il y avoit eu quelque émotion. Il y est aussi fait mention du Conseil royal, qui tenoit alors son siège dans la sale neuve du Château Narbonnois (…). Au reste c’est le premier fait qui se lit dans nos Annales. Les années précédentes à compter depuis 1295 ne comprennent que les noms des Capitouls et ceux de leurs officiers » ; Roschach (« Les douze livres », p. 205-206) mentionne par erreur cette narration dans la chronique 86 en 1383-1384. 219 [chr. 90] ; Raynal signale faussement (Histoire de la ville de Toulouse, p. 152 note *) : « C’est le premier fait historique qui est rapporté dans les Annales de l’Hôtel de ville. » 220 [chr. 92].

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les procès-verbaux ne manquent pas de signaler221. Suivent trois périodes caractérisées par

des notes événementielles succinctes mais régulières, de 1394-1395 à 1407-1408, de 1417-

1418 à 1425-1427 et de 1437-1438 à 1440-1441. Comme on le voit, il se passa par deux fois

une décennie pendant laquelle aucun événement ne parut digne d’être noté dans le Livre

vermeil.

Tout semble changer à partir des années 1442-1445, époque troublée s’il en fut et

marquée par une série d’événements marquants de l’histoire toulousaine : la continuation

exceptionnelle des mêmes capitouls pendant trois « mandats » consécutifs, deux entrées

royales222, l’établissement du parlement et surtout l’un des plus graves incendies que

Toulouse ait connu, celui de 1442. Mais on peut certainement attribuer l’importance des

mentions à cette longue période de trois années rassemblées en une seule chronique [chr.

137]. La décennie qui suit ne produit en effet que peu de mentions, et les années 1448-1459

n’en comportent aucune223.

C’est en fait plutôt des années 1460 qu’il faut dater la véritable naissance d’une

tradition de notations historiques dans le registre, à l’époque même où il prend le nom de

« Livre des Histoires ». Dès lors, il va s’enrichir du récit des nouvelles conquêtes par les

capitouls de privilèges et libertés pour la ville, de celui des troubles en Roussillon ou en

Gascogne, ou bien encore des événements heureux ou malheureux qui touchent la

communauté. A partir de la chronique 146 (1459-1460), le texte occupe un ou deux feuillets

recto-verso, et même trois à plusieurs reprises224.

A la fin du siècle, les guerres d’Italie vont lui donner une autre dimension. Les

nouvelles qui en arrivent régulièrement225 fournissent une matière des plus consistantes226 qui

fait entrer l’histoire de Toulouse dans la cour de l’histoire nationale. Les « gestes » des

capitouls prennent alors de l’ampleur, en particulier dans la période qui suit l’édition de

221 Réduction de 12 à 4 [chr. 90, 1389-1390], augmentation de 4 à 6 [chr. 91, 1391-1392] puis de 6 à 8 [chr. 92, 1392-1393]. 222 Charles VII et le dauphin Louis le 8 juin 1442, partant pour la guerre de Guyenne ; les mêmes accompagnés de la reine, à leur retour, le 26 février 1443. 223 Elles apparaissent d’ailleurs très lacunaires quant aux élections : les chroniques des années 1456-1457, 1457-1458 et 1458-1459 n’existaient pas dans le manuscrit original ; voir LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 220 : « Ces trois années n’ont ni Capitouls ni histoire dans nos Annales. ; AF : « Les Capitouls des années ci-dessus manquent sur les registres de l’Hôtel-de-ville. » 224 chr. 160 (1475-1476), 168 (1487-1488) et 171 (1490-1491). 225 On trouve dans les pièces à l’appui des comptes de nombreuses mentions de paiement aux messagers du roi qui transmettent ces courriers ou à ceux de la ville pour aller aux nouvelles ; on peut citer par exemple celles de la patz del rey de Fransa et lo rey des Romens en 1502 (CC 2351/90 p. 13), l’arrivée des lettres du roi touchant la paix et union entre lui et le roi et la reine d'Espagne l’année suivante (CC 2353/167) ou encore la venue d’un chevaucheur que M. de Dunois avait envoyé per la victoria que era estada dela les mons cant M. de Fos moric en 1512 (CC 2364/118 f° 4v). 226 Voir par exemple le long récit transcrit dans la chr. 173 (1494-1495).

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l’ouvrage de Nicolas Bertrand227. La chronique 204 de 1526-1527 s’étale sur cinq feuillets,

celle de 1528-1529 sur six et la dernière du livre, celle de 1531-1532, sur sept.

C’est également au tournant du siècle que les prologues ou « préfaces » commencent

à précéder les procès-verbaux des élections et les chroniques événementielles. Le premier de

ces textes nous est rapporté par La Faille qui signale qu’il constitue la conclusion de la

chronique précédente228. Placé entre l’histoire de 1488-1489 et celle de 1489-1490, il narre

sous forme de dialogue une joute oratoire sur les qualités nécessaires au « bon

gouvernement » de la cité entre deux des grands officiers de l’administration capitulaire : le

licencié Pierre de Villemur, assesseur de la ville, et le greffier du consistoire Guillaume Pierre

Peyronis.

Il s’agit bien d’un texte de nature différente de ceux des histoires traditionnelles, et

qui se distingue de la chronique précédente par la présence d’une peinture qui l’illustre et

l’introduit229. En dépit de sa place en fin de chronique, il semble bien qu’il faille le rattacher à

la suivante dans laquelle était notée l’obligation pour le greffier de rédiger l’histoire de

l’année [h. 84]. L’artiste et le scribe ont certainement utilisé ce feuillet par manière

d’économie, car il ne comportait qu’une seule et très courte mention [h. 82].

Quelques années plus tard, en 1495-1496, La Faille nous signale un autre discours

très particulier. Il accompagnait l’une des plus curieuses enluminures, malheureusement

disparue, qui ornaient le Livre des Histoires, celle de la « Malebête »230, et consistait en « un

discours en latin d’un stile semblable à celui de l’Apocalipse, plein de lamentations et de

présages terribles231. » La chronique de 1499-1500 [chr. 177], quand à elle, comportait un

récit détaillé de la conquête du Milanais par Louis XII qui se trouvait peut-être intégrée

227 BERTRAND (Nicolas), Opus de Tholosanorum gestis ab urbe condita, Toulouse, Jean Grand-Jean, 1515, [63] ff. 228 LA FAILLE (Annales, t. 1, p. 259-260). 229 LA FAILLE (ibid.) : « Ce qu’il y a encore de plaisant est qu’à la tête de ce beau dialogue ils se sont fait peindre l’un et l’autre en posture de gens qui disputent. L’assesseur y est représenté avec une robe longue couleur de pourpre, un petit bonnet rond de même couleur et un chaperon noir sur l’épaule. Le mutin Peironis a une robe de bure, le bonnet et le chaperon de même » ; ADHG, Ms 17 f° 23 note : « Un dialogue qui est écrit de pace fait entre de Villeneuve [sic], assesseur, et Peyronis, notaire, lesquels sont peints et tirés au visé ; c’est une chose bien grossière. » 230 LA FAILLE (Annales, t. 1, p. 274-275) déclare à ce sujet : « En cet endroit de nos Annales, l’auteur s’est diverti à faire peindre sur les deux premières pages la figure bizarre d’un homme gigantesque n’ayant qu’un œil au milieu du front, monté sur un cheval monstrueux qui a plusieurs jambes longues et menues comme une écrevisse ; et à côté est représenté un homme couronné à cheval avec une lance à plusieurs branches ou bâtons dont il renverse d’autres hommes aussi à cheval. » 231 Ibid.

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comme une introduction générale à l’histoire locale de cette année, comme cela semblait déjà

avoir été le cas en 1494-1495232.

Ce dont nous pouvons être sûrs, c’est que ces « préfaces » vont se généraliser dès le

début du XVIe siècle. D’après le manuscrit de Louvet233, il y en aurait pour les années 1502-

1503, 1503-1504, 1505-1506, 1507-1508, 1509-1510, 1520-1521, 1522-1523 et 1531-1532.

Pour certaines d’entre elles, il précise même qu’il s’agissait d’une « préface latine »234.

L’Extrait sommaire, de son côté, mentionne une « histoire en latin » pour les années 1511-

1512, 1514-1515, 1515-1516, 1516-1517235, qui ne peut semble-t-il que correspondre à un

prologue. On ne voit pas en effet pourquoi cette annotation, si elle s’appliquait à la chronique

elle-même, n’apparaîtrait que dans les années 1510 au terme de près de 120 ans d’histoires

presque uniquement rédigées en latin. D’autre part, les années concernées s’inscrivent de

manière logique au milieu de ces trois premières décennies du XVIe siècle dans lesquelles ces

préfaces se multiplient236.

Nous n’en avons malheureusement conservé aucune, mais celles qui introduisent les

chroniques du deuxième livre peuvent nous en donner une idée. Fortement teintées

d’humanisme et de culture classique, elles proposent le plus souvent au lecteur des

considérations philosophico-historiques sur la nécessité de relater les gestes des « décurions »

de Toulouse afin de leur donner une gloire éternelle237. Elles s’inscrivent dans une tradition

qui remonte sans conteste au tournant des XVe et XVIe siècles.

b) L’image

La place de l’image dans le texte et son rapport avec lui connaissent également une

évolution sensible [annexe 1].

Dès la naissance du grand livre de la ville, nous avons vu plus haut que les procès-

verbaux des élections étaient ornés de petites enluminures représentant la prestation de

serment des consuls toulousains devant le viguier royal. Cette même cérémonie sera

232 Pour cette année-là, en effet, Ms 696 donne les noms des capitouls après la mention du voyage d’Italie et Ms 17 f° 24 précise : « Aprez le discours du voyage du roy Charles 8 en Italie, il est dit que Jean Dascis, maître en médecine, fut capitoul de Saint-Barthélémy. » 233 BB 192 p. 187. 234 1505-1506, 1509-1510, 1520-1521, 1522-1523 et 1531-1532. 235 Ms 17 f° 29v, 30v, 31v, 32v. 236 On peut remarquer que ni Louvet ni l’auteur de l’« Extrait sommaire » n’indiquent systématiquement ces prologues, aucune de leurs mentions n’étant commune à ces deux rédacteurs ; ils se complètent cependant, mais ne nous permettent pas de savoir s’il y a eu une systématisation de ce type de texte dans le Livre des Histoires ni à partir de quelle époque elle aurait pu se produire. 237 Voir par exemple BB 274 p. 15-16 (Chronique 212, 1535-1536).

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reproduite chaque année, sous des formes variées, pendant plus d’un demi-siècle. La seule

modification notable concernera la taille de cette représentation : des 3 pouces au carré de

l’origine238 (un peu plus de 8 cm de côté239), elle passe en 1348 à 5 pouces de large sur quatre

de haut240 (13,5 cm x 10,8 cm).

Cette année-là, elle présente certainement le premier tableau des capitouls en

pied241, qui, trois ans plus tard, en 1351-1352, occupe toute la largeur du feuillet et se trouve

rehaussé de la représentation des armes de plusieurs des édiles242. La feuille suivante, la plus

ancienne que les Archives municipales de Toulouse conservent, offre la même structure243.

Au recto, les magistrats de 1352-1353 y sont peints en pied et de face ; au-dessus de chacun

d’eux, les écus ont été laissés en blanc244 [ill. n° 3]. Au verso cependant, la miniature de

1353-1354 est complète de tous les blasons245 [ill. n° 4]. Le décor qui se met en place sur le

feuillet dessine un cadre dans lequel le texte vient s’inscrire exactement, formant ainsi un

ensemble qui fonctionne de façon cohérente dans l’unité du support [ill. n° 8]. Ce schéma va

perdurer jusqu’en 1398-1399246, lorsque apparaît, conjointement aux portraits des capitouls,

la scène de la Passion du Christ247. Cette nouveauté entraîne évidemment un agrandissement

en hauteur de l’image, qui passe de 4 pouces 6 lignes (12,1 cm) à 6 pouces (16,2 cm)248 et

occupe dès lors le même espace que le texte.

Une nouvelle évolution se produit dans les deux dernières décennies du XVe siècle,

donnant à l’image une place encore plus importante : elle occupe dès 1483-1485 tout l’espace

du feuillet249, puis en 1490-1491 deux feuillets complets250. Les œuvres réalisées par les

peintres n’étaient plus de simples enluminures associées au texte. Il s’agissait de véritables

tableaux introduisant chaque chronique et en faisant encore mieux ressortir les éléments

essentiels. La première de ces grandes illustrations représente l’écroulement du Pont-Vieux

238 BB 267 p. 1. 239 Les correspondances métriques que nous indiquons sont tirées de ROSCHACH (Ernest), « Les douze livres », p. 370 n. 1. 240 BB 267 p. 2. 241 Ibid. : « le fonds de la peinture est une mosaïque dorée », décoration qui ornera les portraits capitulaires jusqu’au début du XVe siècle. 242 « Ces tableaux ont toute la largeur de la page, c’est-à-dire 7 pouces 6 lignes [= 20,2 cm] sur 4 pouces six lignes [= 12,1 cm] ; on y voit la place de leurs écussons sans timbre mais il n’y en a que 5 qui portent des armoiries » (BB 267 p. 2). 243 BB 273/1. 244 MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 4 p. 19. 245 Ibid., n° 5 p. 20. 246 Les seules modifications concernent le nombre des capitouls, en fonction des réductions ou augmentations que nous avons évoquées plus haut. 247 BB 267 p. 3. 248 Ibid. 249 BB 267 p. 4 : « C’est le premier tableau qui tient toute la page. » 250 Ibid. : « Ce tableau tient les deux pages du registre » ; il s’agit du tableau des comtes de Toulouse.

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lors d’une inondation qui toucha Toulouse à la fin du mois de mai 1485 [chr. 166]251. La

Renaissance y fera apparaître une dernière originalité, celle de peintures composites offrant

une mosaïque de scènes différentes [ill. n° 29].

Au début du XVIe siècle, la structure qui allait être celle des Annales manuscrites de

la ville jusqu’à la Révolution était définitivement fixée : précédées d’un double feuillet orné

des portraits des capitouls et de scène(s) historique(s), introduites par des prologues fortement

teintés d’humanisme à la gloire de la ville et de ses magistrats, les chroniques enregistraient

désormais de façon de plus en plus détaillée tous les événements marquants de leur année

d’administration.

c) Le registre

Pour autant, et malgré tout le soin que l’on mit chaque année à l’enrichir de textes et

d’images, le Livre des Histoires eut à subir différents types de perturbations dès l’époque de

sa constitution, et plus spécialement à partir du milieu du XVe siècle.

La première période de sa destinée, lorsqu’il n’était encore que la première partie du

« Livre blanc », ne fait apparaître qu’un seul travail rétroactif de peinture en 1343252, et aucun

de nos manuscrits de référence ne mentionne une quelconque lacune en ce qui concerne le

procès-verbal de l’élection. La confiscation du capitoulat par le roi en 1335 à la suite de

l’affaire d’Aimeric Berenger fit seulement, et de façon logique, sauter la narration de l’année

1335-1336253. Et il en fut de même pour toutes les périodes qui virent les capitouls prorogés

d’une ou de plusieurs années au cours du XIVe siècle par la volonté du roi ou de son

représentant en Languedoc : le procès-verbal n’étant rédigé qu’à la veille de chaque mutation

capitulaire, il « couvrait » le temps d’administration des capitouls sortants, quelle que soit la

durée de ce temps. Ce fut le cas en 1375 [chr. 77], en 1385 [chr. 86], en 1388 [chr. 88] et en

1392 [chr. 91], années pour lesquelles nous savons que les capitouls ont vu leur mandat

prolongé.

251 Ibid. 252 Cette année-là, Guillaume Marrot est payé pour ses peintures per II ans passatz [pour 2 années passées], sans que nous sachions précisément les années dont il s’agit (CC 1846 p. 74). 253 La Faille note pour l’année 1335-1336 (Annales, t. 1, p. 74) : « Cette année n’a point de Capitouls dans les Annales de l’Hôtel de ville, parce que ceux de la précédente remplissent toute celle-ci ; leurs successeurs n’ayant commencé qu’au mois d’avril de 1336 » ; BB 269 et AF signalent également ces capitouls pour 1334-1335 et 1335-1336. Le capitoulat fut supprimé en août 1335 et rétabli le 3 janvier 1336 ; voir AA 3 n° 228-229 p. 300-311 : Restitution du capitoulat après sa suppression (septembre 1335 - février 1336 n. s.) ; voir également AA 6 n° 44-53 p. 48-76, et BB 250 (lettres patentes de 1335). Sur l’affaire Aimeric Berenger, voir FF 57 à 60 ; voir aussi HGL, t. IX p. 481-483, et en particulier la note 1 sur le récit qu’en fait la chronique de Bardin ; on trouvera ce récit dans HGL, t. X, Preuves, c. 38-42.

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De telles situations vont se renouveler au siècle suivant254, mais le fait le plus

frappant réside dans l’apparition de lacunes ou de feuilles inachevées qui ne peuvent

s’expliquer que par une négligence des magistrats en place et de leur chancellerie. Nous avons

en effet reconstitué pour ces années manquantes les listes des capitouls en place, et nous

avons pu vérifier qu’il ne s’agissait en aucun cas de capitouls prorogés. Ce phénomène

concerne essentiellement la seconde moitié du XVe siècle, et cela peut paraître paradoxal pour

une époque qui voit d’un côté la création de véritables tableaux peints sur une ou deux pages

entières du registre, et de l’autre le développement des récits historiques. L’analyse de ces

manques ne s’avère pas toujours des plus faciles, car il semble que la reliure (ou les reliures

successives du volume) ait entraîné des perturbations dans la suite logique des chroniques.

C’est ce qui explique le décalage de certaines listes capitulaires données par nos sources

secondaires, et parfois le désaccord entre elles sur certaines années.

Il en est ainsi pour la période entre 1449 et 1453 : La Faille, de même qu’Abel et

Froidefont, signalent l’absence totale de ces quatre années capitulaires255, alors que Louvet ne

reste muet que sur les trois dernières mais se trompe sur la première256. Ils se rejoignent en

revanche sur le déficit des chroniques de 1456-1457, 1457-1458 et 1458-1459257. Nous ne

possédons par ailleurs pour ces dates aucune trace d’un quelconque paiement d’enlumineur ou

d’écrivain qui aurait pu nous prouver que les histoires avaient bien été réalisées. Les gestes de

1463-1464 semblent bien ne pas avoir non plus vu le jour258, malgré la mention d’un

paiement au peintre Antoine Contarini259, et il en est de même pour les années 1467-1468260.

254 En 1427 [chr. 125], 1430 [chr. 127], 1434 [chr. 129], 1436 [chr. 130], 1444 [chr. 137] et 1485 [chr. 166]. 255 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 216 : « Ces quatre années manquent dans nos Annales. Il y a lieu de croire qu’elles ont été arrachées du registre, parce qu’il n’y a point de feuillets blancs. Il m’a été impossible d’en découvrir les Capitouls » ; AF : « Les Capitouls des années ci-dessus manquent sur les registres de l’Hôtel-de-ville. » 256 BB 269 f° 38-v saute les années 1450-1451, 1451-1452 et 1452-1453 sans explication mais donne pour 1449-1450 les noms des capitouls qui correspondent à 1452-1453. 257 BB 269 saute encore ces années sans explication ; LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 220 : « Ces trois années n’ont ni Capitouls ni histoire dans nos Annales » ; AF : « Les Capitouls des années ci-dessus manquent sur les registres de l’Hôtel-de-ville. » 258 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 230 : « Les Annales sont défectueuses de l’an 1463 » ; AF p. 80 : « Les Capitouls de la présente année manquent sur les registres de l’Hôtel-de-ville » ; BB 269 f° 39v ne donne aucune liste pour cette année et mentionne seulement le grand incendie qui toucha la ville en mai 1463. 259 Un mandement des capitouls au trésorier, le 2 décembre 1464, lui enjoint de payer 24 livres à Contarini a causa de las pinturas per luy fazedoras tant al libre que al epitaphi de la paret [pour les peintures qu’il a réalisées tant au livre que pour l’épitaphe du mur [du consistoire]] (CC 2336/33), ce qui pourrait laisser à penser qu’il avait illustré alors la chronique de cette année 1463-1464 ; la solution nous est donnée par la quittance qui fut établie un an plus tard, lorsque le peintre fut payé, qui mentionne bien que la somme qui lui était due récompensait uniquement son travail de fresquiste : ad causam sui laboris faciendo picturam ipsorum dominorum de capitulo in [con]sistorio domus communis [en rasion de son travail de peinture des seigneurs du chapitre dans le consistoire de la maison commune] de l’année passée (CC 2336/32, 21 septembre 1465).

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Dix ans plus tard, s’ouvre une nouvelle période délicate qui va durer jusqu’à la fin

du siècle. La première décennie voit à la fois la multiplication des lacunes (1479-1480, 1482-

1483, 1486-1487) mais également l’interversion de la chronique de 1478-1479 avec celle de

1480-1481. La confusion est certainement due à l’absence de date précise dans les procès-

verbaux d’élection261, mais peut-être également aux travaux de reliure successifs de l’ouvrage

comme nous le verrons plus bas. Quoi qu’il en soit, cette situation a conduit tous les

compilateurs d’Ancien régime à commettre de nombreuses erreurs que nous nous sommes

efforcé de corriger262.

La dernière décennie enfin, et en particulier la période entre 1492 et 1496, pose

beaucoup de problèmes : La Faille signale qu’elle ne possède qu’une seule liste de capitouls

et qui plus est non datée, mais qu’il identifie avec raison pour être ceux de 1494-1495263 ;

Louvet donne ces mêmes magistrats pour 1492-1493, puis passe sans explication et

directement à l’année 1496-1497264 ; quant à Abel et Froidefont, ils indiquent que les deux

premières années manquent dans le registre, mentionnent ces capitouls de 1494-1495 à leur

bonne place mais les font continuer leur administration en 1495-1496265. Les choses se

compliquent d’ailleurs pour cette dernière année, puisque les capitouls véritables qui y

officièrent et dont nous avons retrouvé la liste266 sont ceux qui sont donnés par la plupart de

nos sources secondaires pour l’année 1496-1497, et que par ailleurs, le nom des magistrats

réellement élus pour celle-ci n’apparaît chez aucun de ces auteurs…

De tous ces éléments, et des recherches que nous avons pu mener pour tenter de

reconstituer le plus fidèlement les listes capitulaires manquantes, il ressort une première

évidence : les deux élections qui étaient transcrites dans le Livre pour cette période ne

260 BB 269 ne donne aucune liste pour cette année, sans explication ; LA FAILLE (Germain de), Annales, t.1, p. 235 : Les Capitouls de 1467 manquent dans les Annales ; AF : Les Capitouls de la présente année manquent sur les registres de l’Hôtel-de-ville. 261 La Faille note pour 1480-1481 (Annales, t. 1, p. 249) : « La date de leur élection n’est point dans les Annales » ; pour 1481-1482 (Annales, t. 1, p. 251) : « Il n’est pas dit dans le livre des Annales en quel mois ni devant qui ils furent élus » ; pour 1483-1484 et 1484-1485 (Annales, t. 1, p. 251) : « Le jour de leur élection n’est point dans les Annales. » 262 La liste de l’année 1478-1479, considérée par tous comme lacunaire, est en fait celle qu’ils donnent pour 1481-1482 ; celle (très incomplète) qu’ils proposent pour 1482-1483 correspond justement à celle de 1481-1482, et l’année 1483-1484 était lacunaire. 263 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 267 regroupe ces années 1492-1493, 1493-1494, 1494-1495 et 1495-1496 et donne les noms des capitouls de 1494-1495 en précisant : « Ces quatre années n’ont que cette élection sur le livre des Annales. Il n’y est même pas dit à laquelle de ces années elle apartient, l’auteur en ayant omis la date. Mais les registres du Parlement nous aprennent que ce fut en l’an 1494 » ; il signale en revanche que le récit de la campagne d’Italie est écrite aux années 1495 et 1496, ce qui semblerait sous-entendre que ces 2 années ont eu une chronique sans transcription de l’élection. 264 BB 269 f° 44-v ; comme pour la période de 1449 à 1453, il attribue donc comme année à cette feuille celle de la première chronique manquante. 265 AF p. 87-88 ; Ms 17 f° 24 fournit d’ailleurs les mêmes éléments. 266 HH 77 f° 27.

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comportaient effectivement pas la mention de l’année à laquelle chacune correspondait.

Deuxièmement, les années 1492-1493 et 1493-1494 étaient bien absentes du Livre, du moins

les textes car nous savons par ailleurs que Laurent Roby fut payé 8 £. pour la peinture de

l’histoire de cette dernière année267. On peut cependant penser que La Faille n’aurait pas

manqué de nous signaler ici, comme il le fait systématiquement, la présence de la seule image

des capitouls, et nous en déduisons donc que si Roby effectua son travail, sa peinture

n’intégra pas le Livre ou en disparut très vite. En revanche, c’est également lui qui fut chargé

de celle de l’année suivante (1494-1495), celle-là même qui introduisait l’élection des

capitouls mal datée par les compilateurs des siècles suivants. La documentation comptable,

incomplète pour cette période, ne nous permet malheureusement pas de pousser plus loin

notre analyse. On peut néanmoins postuler que l’année 1496-1497 était également en déficit,

les noms des capitouls de l’élection correspondante, connus par ailleurs, n’apparaissant dans

aucune liste postérieure.

Outre ces lacunes concernant des chroniques entières, le Livre comportait un certain

nombre de feuillets incomplets ou inachevés. A la suite de l’histoire qui regroupait les années

1442-1443, 1443-1444 et 1444-1445 [chr. 137] pendant lesquelles les mêmes capitouls

administrèrent la ville268, l’on trouvait par exemple une représentation de ces magistrats sans

leurs noms269, et accompagnée de la seule mention d’un incendie qui frappa la ville durant

leur administration270. Cette notation pose problème, car le grand feu qui embrasa les

quartiers de la Dalbade et de la Daurade à cette époque eut lieu le 8 octobre 1442271, c’est-à-

267 CC 2344/31 ; cette somme pouvait correspondre à l’époque soit à la peinture d’une double feuille (comme le tableau de comtes de Toulouse de 1490-1491), soit à celle de deux années (celle en cours et la précédente). 268 BB 273/10. 269 La position de cette feuille après la chronique 137 a provoqué l’erreur de La Faille et d’AF, qui ont considéré que les capitouls représentés étaient différents de ceux des deux années précédentes ; La Faille (Annales, t. 1, p. 210) : « Les Capitouls de cette année [1444-1445], comme ceux des autres, sont peints avec leurs armes dans le livre des Annales ; mais leurs noms ne s’y lisent point et je n’ai sçu les trouver dans aucun titre ni registre. L’on découvre par les armes qu’il y en avoit un de la famille de Ducros et un autre de celle d’Auterive » ; AF p. 77 : « Les Capitouls de la présente année manquent sur les registres de l’Hôtel-de-ville ». 270 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 210 : « Sur la demi-feuille qui est au-dessous de leurs portraits il y a seulement ces mots latins : Hoc anno millesimo quadringentesimo quadragesimo quarto Tolosae fuit magnum incendium ; mais il n’est point fait mention ailleurs de ce grand embrasement. Je croi que c’est celui qui arriva l’année précédente, où j’en ai fait mention » ; ADHG, Ms 17 f° 15v note simplement pour cette année : In Tolosa fuit magnum incendium ; Ms 696 f° 93v est encore plus laconique : Magnum incendium Tholose, follio 71. 271 ADHG, 3 E 2959 (minutes de Cuguron) f° 187v : Anno Domini M° IIIIc XLII et die lune octava mensis octobris, diversorium Corone fuit distructum per ignis incendium et tota carreria fuit totaliter distructa de qualibet parte usque ad carreriam sive ecclesiam de Aurata et supra Corronam usque ad hospicium magistri Petri [blanc] bacallarii in legibus Tholose et ab alia parte usque ad domum Petri Pagani et templum Sancti-Johanis totaliter combustum et totum conventum Sancti-Johanis demptum stabulis et cameris existentibus supra stabulos et tota ecclesia parochialis de Albate et tota ecclesia parochialis de Aurate et carreria Giponeriorum, Lanternariorum, Selviniarorum, Spaseriorum et Cuteleriorum usque ad domum domini Jacobi Ysalguerii [L’an 1442, et le lundi 8 octobre, l’hôtellerie de la Couronne fut détruite par un incendie, et toute la rue fut entièrement

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dire pendant l’année capitulaire 1441-1442, et cet événement marquant aurait donc dû être

transcrit dans la chronique correspondante. Or celle-ci ne mentionne que la venue du roi

Charles VII272, dont l’entrée fait d’ailleurs l’objet de l’illustration [ill. n° 22]. D’après les

traces que nous avons de la narration de cet incendie, elle se trouvait effectivement dans la

chronique suivante, et certainement notée juste après le procès-verbal de l’élection des

nouveaux capitouls qui s’était déroulée quelques semaines après la catastrophe273. On peut

comprendre que le greffier qui rédigea cette chronique à la fin de l’année 1445 ait voulu

conserver la mémoire particulière d’un malheur qui avait marqué durablement les esprits. On

peut aussi penser que la feuille incomplète qui le situe en 1444 porte cette date tout

simplement parce qu’elle fut réalisée au même moment, à la fin de l’année capitulaire 1444-

1445. Un dernier élément troublant vient se rajouter aux problèmes posés par cette feuille : il

s’agit de la peinture qui, outre les portraits des capitouls, y représenterait le siège d’une

ville274. Cette année capitulaire, comme nous l’avons vu, étant englobée dans les trois que

dura l’administration des magistrats élus en 1442, et dont l’illustration représentait l’entrée de

la reine-mère et du dauphin en 1443 [ill. n° 23], il est difficilement compréhensible que cette

dernière année ait fait l’objet d’un traitement pictural similaire à celui d’une année

« ordinaire ».

L’autre feuillet incomplet, et qui pose également problème, concerne la chronique

qui a été jusqu’ici identifiée à tort comme correspondant à l’année 1447-1448 et dont

l’illustration représente les « dons du Saint Esprit » aux capitouls275 [ill. n° 26]. Son caractère

inachevé est évident, tant pour le texte que pour l’image. Au regard du premier, tout d’abord,

l’énoncé de la date fait apparaître le seul siècle et laisse en blanc l’année de l’élection, que

notre reconstitution des listes capitulaires a permis d’identifier comme étant 1452-1453. Le

procès-verbal lui-même s’arrête brusquement au verso du feuillet sans raison apparente, et

détruite de tous côtés jusqu’à la rue et église de la Daurade, et au-dessus de la Couronne jusqu’à l’hôtel de Me Pierre [blanc], bachelier ès lois de Toulouse, et de l’autre côté jusqu’à la maison de Pierre Pagani, et le temple de Saint-Jean fut entièrement brûlé, et tout le couvent de Saint-Jean sauf les écuries et les chambres qui se trouvaient au-dessus, ainsi que l’église paroissiale de la Dalbade et toute l’église paroissiale de la Daurade, et les rues des Giponiers, des Lanterniers, des Cerviniers, des Espasiers et des Couteliers jusqu’à la maison de sire Jacques Ysalguier]. 272 BB 273/9v. 273 ADHG, Ms 17 f° 15 en parle d’ailleurs sous la chronique de 1442-1444 et note cet événement après la liste des capitouls et avant l’entrée du roi Charles ; même chose pour BB 269 f° 37v et pour Ms 696 f° 93-v ; La Faille le situe également dans la première année de ce capitoulat [1442-1443] (Annales, t. 1, p. 200). 274 BB 267 p. 3 : « Il représente une ville assiégée avec un évêque sur le rempart » ; Roschach (« Les douze livres », p. 397) l’a identifiée comme étant le siège de Metz qui se déroula pendant 4 mois et prit fin le 28 février 1445. 275 BB 273/12 ; l’identification pour 1447-1448 a d’abord été faite dans LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 214, puis reprise par ROSCHACH (Ernest), « Les douze livres », p. 398, dans MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 26 p. 50, et enfin par Cau, Les Capitouls, p. 86-87.

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sans donner le nom des capitouls de Saint-Pierre-des-Cuisines ni du Taur, pas plus que la liste

des officiers de la maison commune. Enfin, le « A » initial du procès-verbal, qui devait être

orné, n’a pas été réalisé. La peinture, quant à elle, se présente également inachevée, l’image

de la ville assiégée étant restée au stade de l’esquisse à la plume. La composition même du

tableau apparaît atypique : les capitouls agenouillés sont peints dans un cadre en partie haute

du feuillet, et au-dessus de la scène historique, ce qui tranche avec l’ensemble des feuilles

conservées dans lesquelles ils sont toujours placés dans le registre inférieur.

En tout état de cause, nous pouvons proposer le schéma suivant. La chronique de

1447-1448 était effectivement en déficit ; on trouvait cependant la suivante [chr. 141] puis

notre fameux folio inachevé et non daté. Si celui-ci fut identifié par La Faille comme étant de

1447, c’est certainement parce qu’il dut penser à une interversion avec le précédent. Louvet,

de son côté, comme il le fera pour les manques de 1492-1496, lui attribua d’office la date de

la première année qui introduisait la série de lacunes entre 1449 et 1453. Pourquoi cette

chronique resta-t-elle inachevée ? Pourquoi ni le texte ni l’image ne connurent la finition qui

était sans doute prévue ? Autant de questions auxquelles il est bien difficile de répondre. Le

seul fait objectif réside dans le déficit de la véritable chronique de 1447-1448 ainsi que de

celles de 1449-1450, 1450-1451 et 1451-1452.

Au XVIe siècle, d’autres feuilles paraissent également incomplètes. Sur celle de la

chronique de 1506-1507, et selon La Faille, les « Capitouls sont peints sur le registre avec

leurs armes ; mais l’on a obmis d’y mettre leurs noms : il n’y a même rien d’écrit cette année-

là276. » De même en 1524-1525, « l’histoire n’est écrite, ains seulement les noms sur les

peintures277. » Le Livre des Histoires avait donc parfois du mal à être tenu à jour.

Ces analyses nous amènent tout naturellement à évoquer maintenant les vicissitudes

qu’il connut jusqu’au XVIIe siècle, époque où Louvet puis La Faille s’attachèrent à l’analyser

et à l’utiliser. Constitué à l’origine des cahiers de parchemin démembrés du Livre blanc, il

connut, et dès avant la fin de son premier siècle d’existence, plusieurs accroissements qui

occasionnèrent des reliures successives. Nous en avons la preuve pour 1490, année qui voit le

trésorier des capitouls acheter sept peaux supplémentaires ainsi qu’une « bordure » (cantonie)

de laiton et lui faire confectionner une reliure neuve278. Près de vingt ans plus tard, en 1508,

la nécessité se fait de nouveau sentir de relier le volume, non pas à cause d’une quelconque

276 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 299. 277 ADHG, Ms 17 f° 37. 278 CC 1582 p. 7v : a XXIII de setembre, he crompadas set pels de parguam per metre al libre de las storias (…) ; item a XII de octobre, he crompat hun cantonie de laton per lodit libre (…) ; item he paguat per relia lodit libre tot de nau.

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dégradation mais tout simplement parce qu’il fallait y intégrer toutes les chroniques réalisées

depuis 1490279. L’augmentation du texte des histoires accélère ce mouvement, et contraint les

capitouls à confier au libraire Michel Garreau la même opération dès 1519280, avant que les

années 1532-1534 ne voient l’apparition d’un nouveau Livre des Histoires, second du nom.

Au terme de près de 240 ans, le désormais « Livre vieux » ne comptait pas moins de

300 folios de parchemin sur lesquels 209 chroniques illustrées d’autant de peintures narraient

les noms et les gestes des nobles seigneurs du chapitre de Toulouse. A la veille de son

achèvement, en 1531-1532, il était toujours recouvert d’une peau de couleur rouge et se

trouvait conservé dans l’armoire marquée « L » des archives de la maison commune281. Le

garde de celles-ci, Jean Balard, signalait cependant que « pour le veoir, complir et continuer

en est jecté plusieurs fois et le notaire du concistoire et aucuns des seigneurs [capitouls] le

prenent pour le veoir et continuer »282. Cette situation, déjà anormale pour un archiviste à

l’époque, explique certainement que, dès la confection du nouveau Livre, l’ancien se vit doté

de chaînes empêchant qu’on puisse l’emprunter283.

1.3.2. Les scribes

Il nous faut maintenant évoquer les hommes qui, année après année, œuvrèrent à la

confection de ce Livre des Histoires [annexe 2]. La tâche, ici encore, n’est pas aisée car les

lacunes ou l’imprécision de la documentation constituent autant d’obstacles à une analyse

fine. En outre, nous devons distinguer trois niveaux différents d’intervention, bien identifiés à

partir de la fin du XVe siècle : la conception, la mise en ordre et la copie.

Abordant ce problème des rédacteurs du Livre des Histoires, Roschach distingue

dans le temps quatre groupes, dont les deux premiers concernent notre période : celui des

279 CC 2358/21 p. 61 : per far religar tot de nau lo libre de las istorias. 280 CC 1882 p. 62 : a mestre Micheu Garreu, librayre, per religar lo libre de las istorias ; le même libraire fournit la même année pour le Livre des Histoires une douzaine de peaux de mouton et dix peaux de veau : a mestre Micheu Garreu, librayre, per una dotzena de pels de moto et detz pels de vedel per metre al libre de las istorias (ibid., p. 63). 281 II 620 p. 227 : « Libre des histoires de la ville de Thoulouse auquel sont mises les figures, noms et actes principaulx année par année consequemment de ceulz qui ont esté capitoulz et du temps et affaires d’extime qui ont regné, commancé l’an mil CC XCV et après continué année par année jusques à présent ; ledict livre est en parchemin magni voluminis couvert d’aiz et de peau rouge, et se tient in armario de L au comptoir. » 282 Ibid. ; en 1519, l’inventaire du même Jean Balard signalait : Liber historiarum, gestorum et figurarum Tholose in pargameno descriptus variisque figuris, postibus et pelle copertus est in armaio L et ibi stare debet (II 618 p. 353). 283 CC 2387/241 (9 décembre 1534) : « à Peyre Coy, esperonier, pour les chesnes qu’il a estaquades du livre vieulx des histoires. »

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notaires ou greffiers de la maison commune, depuis 1295 jusque vers 1500, puis « celui des

rédacteurs d’occasion, étudiants de l’Université ou jeunes avocats dont le notaire capitulaire

empruntait la plume »284 dans la première moitié du XVIe siècle. Nous sommes globalement

d’accord avec cette analyse, même s’il faut y apporter quelques nuances.

Tout d’abord, il semble évident qu’à la suite de Bernard de Sainte-Eulalie, ce furent

les notaires du consistoire de l’hôtel de ville que les capitouls chargèrent de rédiger les

procès-verbaux d’élection. On peut le déduire entre autres par l’absence de toute trace,

pendant près de deux siècles, d’un éventuel paiement concernant cette tâche : elle faisait

partie du travail ordinaire pour lequel ils recevaient des gages annuels. Elle était d’ailleurs

inscrite comme leur incombant sur l’un des feuillets du Livre des Histoires de la fin du XVe

siècle : « Le greffier de la maison de ville est teneu et obligé de faire l’histoire de son

année »285. On peut aussi penser avec raison que leur rôle aux côtés des magistrats

municipaux leur facilita, à partir du XVe siècle, l’œuvre de recension des événements

marquants de l’année capitulaire. Le notaire du consistoire faisait partie, au même titre que les

assesseurs, les syndics, le trésorier et le notaire de la trésorerie, des « grands officiers » de

l’administration municipale, et la carrière des hommes qui ont occupé cette charge, comme

leur action, mériteraient certainement de faire l’objet d’études plus poussées.

L’analyse prosopographique sommaire que nous avons réalisée permet déjà de faire

ressortir quelques-uns des grands noms de cet office : Jehan de Bosco entre 1336 et 1354,

Pierre Bel entre 1367 et 1388, Bernard Fabri entre 1390 et 1424, André del Gres (de Gressio)

entre 1425 et 1463, Guillaume Pierre del Fraysse (de Fraxino), dit Peyronis, entre 1464 et

1491, Etienne Telhet de 1493 à 1510, Guillaume du Puy (de Podio) de 1510286 à 1522, et

enfin Pierre Salamonis, le grand réformateur, qui prit sa suite cette même année 1522287 et

dont la carrière se poursuivit jusqu’en 1542. On ne peut qu’être frappé par la longévité

administrative de ces hommes, mais l’explication en est relativement simple : leur

permanence à la tête de la chancellerie capitulaire représentait une garantie de continuité de

l’action municipale, dans un système fragilisé par le renouvellement annuel des premiers

magistrats et l’impossibilité pour eux de revenir aux affaires avant plusieurs années288.

284 ROSCHACH (Ernest), « Les douze livres », p. 163. 285 BB 192 p. 141 ; le folio original donné par ce manuscrit (f° 122) correspond à l’année 1489-1490 ; Roschach date sans raison cette mention de 1503 (« Les douze livres », p. 164). 286 Étienne Telhet décède au cours de l’année capitulaire 1509-1510 et Guillaume du Puy lui succède aussitôt. 287 Guillaume du Puy décède après deux mois de fonctions, et est alors remplacé par Pierre Salamonis. 288 Trois années pleines à partir du règlement de 1283 (AA 3/4), six à partir de celui de 1336 (AA 3/229), confirmé par les ordonnances royales de Nîmes de 1390 (AA 3/253).

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Il est d’ailleurs à noter que la carrière de la plupart de ces greffiers du consistoire

leur permit d’accéder eux-mêmes aux honneurs du capitoulat : Bernard Fabri en 1404-1405,

1411-1412 et 1418-1419, André del Gres en 1438-1439 et 1448-1449, Guillaume Pierre del

Fraysse (Peyronis) en 1473-1474 et 1483-1485 et pour finir Pierre Salamonis en 1535-1536.

Loin d’être de simples « gratte-papiers », ces notaires sont donc des membres essentiels de la

haute administration capitulaire. Chargés de rédiger les actes officiels de la communauté et

d’enregistrer ceux provenant de l’administration royale, assistant les capitouls dans toutes

leurs délibérations, responsables de la bonne tenue des « archives courantes », il est tout à fait

probable qu’ils eurent un rôle primordial dans la rédaction des chroniques du Livre blanc puis

vermeil jusqu’au début du XVIe siècle.

C’est à cette époque que l’on trouve d’ailleurs quelques précisions supplémentaires

sur le sujet, de même que les premières traces d’une division du travail concernant les textes

du Livre des Histoires. En 1512, on paye au capitoul Jean Roguier deux livres tournois per far

et fayre escriure lo pitaffle al libre de las istorias289 [pour concevoir et faire écrire l’épitaphe

au Livre des Histoires]. Ce terme très particulier de « pitaffle »290 pose un problème que ne

sont pas attachés à résoudre jusqu’ici les historiens d’art toulousains. Il apparaît en 1464 et

s’applique alors aux peintures murales de l’Hôtel de ville291. On le retrouve dans le même

contexte en 1489292, et il doit correspondre au commentaire écrit qui accompagnait les

peintures. Le mot se voit ensuite associé au Livre des Histoires en 1492293, en 1510294 et enfin

en 1512 dans le texte que nous venons de voir. Or nous sommes sûrs que les chroniques

correspondant à ces deux dernières années au moins comportaient des préfaces latines295,

sortes de laudes à la gloire des capitouls. Et à la même époque se développait au sein de la

maison commune la pratique des « testaments capitulaires » que nous étudierons plus loin296,

rédigés à chaque fin d’année capitulaire et qui permettaient aux nouveaux capitouls de

289 CC 1878 p. 49. 290 On trouve également les versions « pitaffe » ou « epitafle ». 291 CC 2336/33 (2 décembre 1464) : a maistre Anthoni Conteri [= Contarini], pinheyre de Tholosa, la soma de vint et quatre liuras a luy deguda a causa de las pinturas per luy fazedoras tant al libre que al epitaphi de la paret [« A maître Antoine Contarini, peintre de Toulouse, la somme de vingt-quatre livres dues pour les peintures qu’il a réalisées tant dans le Livre qu’à l’épitaphe du mur [de la maison commune] ») ; sur les peintures de l’Hôtel de ville, voir vol. 3 p. 89 et suiv. 292 CC 1871 p. 53 : a Jacmes Mostier, pintre, per far le pitaffe del portal de la gran porta et pitaphe de dama Clamenssa [« A Jacques Moustier, peintre, pour faire l’épitaphe du portail de la grande porte et l’épitaphe de dame Clémence »]. 293 CC 2343/61 (22 novembre 1492) : paiement de 15 sous per far esqriure le pitaphle de messenhos al libre de las estorias [pour faire écrire l’épitaphe de messeigneurs au livre des Histoires]. 294 CC 1877 p. 54 : paiement de 2 livres tournois per far fa lo epitafle d’escriptura de letra forma al libre de las istorias [pour faire réaliser l’épitaphe d’écriture en lettre de forme au livre des histoires]. 295 BB 192 p. 187 et ADHG, Ms 17 f° 29v. 296 Voir vol. 3 p. 38 et suiv.

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connaître les affaires en cours comme celles qui avaient été menées à bien par leurs

prédécesseurs. Le terme d’épitaphe prend donc ici tout son sens : nous sommes dans le

domaine de la « mort administrative » et dans celui de la glorification post mortem des

premiers magistrats de la ville. Il ne peut que concerner ces harangues introductives, elles

aussi rédigées en fin d’année capitulaire.

Le même processus semble se reproduire en 1513, mais sous la houlette plus

traditionnelle du greffier du consistoire, Guillaume du Puy : celui-ci reçoit 4 livres et 10 sous

en particulier « pour fere escripre le dire de l'istoire au livre des ystoires »297. Et l’on peut

penser que c’est encore lui qui fut chargé en 1515 de « faire transcrire les affaires importantes

de cette année qui sont écrites sur parchemin »298. En 1524, nous apprenons que c’est un autre

des « grands serviteurs » de la maison commune, l’assesseur Guillaume Pellicier299, qui « a

enregistré l’histoire de ceste presente année et y a beaucoup travaillé sans en avoir eu aulcun

denier ne payement »300.

L’année suivante, une nouveauté apparaît dans le processus de création des

chroniques : l’étape de mise en ordre des textes. Souvent anonyme, elle semble représenter un

travail plus important que la copie et se voit récompensée par un salaire plus important. Six

livres sont ainsi payées cette année-là301 puis cinq à partir de 1527302 à « l’ordonnateur » des

gestes capitulaires, alors que la somme versée à l’époque au copiste n’est que de 3 livres303. A

cette dernière date, c’est un docteur ès arts, Jean Sudorin, qui assura cette mise en forme. Il fut

suivi semble-t-il en 1528, 1529 et 1531 par l’assesseur Pellicier304, alors qu’en 1530 ce n’est

297 CC 2352/1 (12 décembre 1513) ; ce paiement le récompensait également de ses peines pour « escripre et fere escripre le tableau des ordonnances des barbiers touchant la peste », ainsi que per lo copia del testament per nos fayt a la fin de nostra annada et de nostra capitolat [pour la copie du testament par nous fait à la fin de notre année et de notre capitoulat]. 298 CC 2365/289 : per far escriure las causas d’importance d’aquest an qu’es en pereguam escriut [pour faire écrite les choses d’importance de cette année, qui sont écrites sur parchemin]. 299 Assesseur à partir de 1520-1521 et jusqu’en 1536-1537, il fut également capitoul en 1524-1525. 300 CC 2373/32 ; au bas de sa requête, est écrite une note du greffier Pierre Salamonis qui propose de lui accorder 5 livres tournois in recompensatione quam plurimorum serviciorum extraordinariorum [en récompense de très nombreux services exceptionnels]. 301 CC 1669 f° 112v (12 décembre 1525) : per ordenar la gesta de las causas que son estadas la present annada per ho registrar al libre de las historias [pour mettre en ordre l’histoire des affaires qui se sont passées cette année pour l’enregistrer au livre des histoires]. 302 CC 2378/276 (12 décembre 1527) : « pour avoir ordonné les gestes de la meson commune de la present année » ; CC 2352/1 (11 décembre 1528) : « pour paier à celluy qui a ordonné les gestes de messieurs de capitoul de la presente année » ; voir aussi CC 1670 p. 370. La même somme est payée pour un travail semblable en 1529 (CC 1671 p. 350 et CC 1888 p. 33), en 1530 (CC 2381/191 et 228), en 1531 (CC 1889 p. 37 et CC 2382/171) et en 1532 (CC 1674 p. 245). 303 CC 1669 f° 110v (11 décembre 1525) (6 livres pour deux chroniques) ; CC 1670 p. 321 (14 mars 1528 n. s.) et 370 (décembre 1528) ; CC 1671 p. 348 et CC 1888 p. 33 (décembre 1529) ; CC 1889 p. 37 (décembre 1531) ; CC 1674 p. 245 (12 décembre 1532). 304 Bien que le mandement de paiement pour l’année 1528 ne fasse apparaître aucun nom, la quittance établie par Pierre Salamonis au dos de la pièce mentionne que la somme de 5 livres a été « payée à maistre Guillaume

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autre que le capitoul Pierre de Malenfant, docteur en droit civil et canonique, que l’on rétribue

à cet effet305. Aucune règle ne paraît donc établie en la matière à cette époque.

Une fois la phase de conception et d’ordonnancement achevée, il fallait faire copier

les textes définitifs dans le Livre des Histoires. La première mention que nous connaissions

d’un tel travail remonte à 1338. Cette année-là, en effet, Perrot Alauso, qualifié d’enluminayre

de pinzel [enlumineur à pinceau], reçoit 10 sous tournois non seulement pour la peinture des

capitouls mais également per enluminar e per escriure los noms e de lors officiers306 [pour

enluminer et pour écrire leurs noms et ceux de leurs officiers]. Il semble que cette pratique de

confier à un enlumineur le soin de réaliser le texte et l’image de chaque chronique ait prévalu

dès le début et se soit perpétuée assez longtemps. C’est du moins l’hypothèse que l’on peut

formuler en remarquant d’une part que seuls des peintres ou enlumineurs apparaissent dans

les comptes, et d’autre part que la composition de chaque page présente une unité évidente. Et

c’est encore le cas à la fin du XIVe siècle avec Jehan Negrier, illuminador de libres : en 1388,

on le paye 5 francs d’or per sos trebalhs de penher e estoriar nos en lo libre blanc de sains e

metre en lodit libre [los] noms delsdichs senhors e dels ufficies de sains307 [pour ses peines de

nous peindre et de mettre nos histoires dans le livre blanc de céans et de mettre dans ledit livre

les noms desdits seigneurs et des officiers de céans], et il reçoit 3 écus pour la même tâche en

1392308.

Ce même Negrier obtient en 1404 la même somme per pinher los capitols del an

present e far309 scriure los noms e autra scriptura acostumada de far en lo libre on los

capitols que d’aysy entras an acostumat de pinhe e scriure310 [pour peindre les capitouls de

cette année et faire écrire les noms et d’autres textes que l’on met traditionnellement dans le

livre que les capitouls jusqu’à maintenant ont accoutumé de [faire] peindre et écrire]. A-t-il

effectivement sous-traité la copie du texte ou bien s’agit-il, comme souvent, d’une phrase mal

construite par le notaire de la trésorerie ? Toujours est-il que, les deux années suivantes, les

Pellicier, licencié, qui a ordonné les gestes mentionées au present mandement » (CC 2352/1v, 7 mars 1529 n. s.) ; en 1529, c’est Guillaume Pellicier qui signe la quittance de l’ordonnancement des gestes (CC 2380 p. 115) et celle de l’écriture des gestes (CC 2380 p. 111), alors qu’en 1531 il ne paraphe que celle de l’ordonnancement (CC 2381/171). 305 CC 2381/191 : c’est du moins lui qui signe la quittance « à cause de la composition et ordonement des gestez de l’an mil Vc XXIX finissent XXX. » 306 CC 1845 p. 105 (3 janvier 1338 n. s.) ; MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 99. 307 CC 1852 p. 199 (20 mai 1388) ; MESURET (Robert), Les enlumineurs, X p. 27. 308 CC 1854 f° 65v (10 mai 1392) : per ostiriar [= istoriar] e pinher les senhos de capitol al libre blanc on son acostumatz de enluminar lesditz senhos e escriure am les officies ; Mesuret, ibid., ne cite pas ce texte. 309 Souligné par l’auteur. 310 CC 2323/70 p. 55 (2 décembre 1404).

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mentions du paiement font de nouveau référence au seul travail de l’enlumineur311, et qu’en

1421 Jehan Aymes, lui aussi enlumenayre de libres, se voit également récompensé de ses

peines per pinher et escriure en lo libre vermelh los senhors de capitol de l’an present seguon qu’es

acostumat de far cascun an 312 [pour peindre et écrire dans le livre vermeil les seigneurs du

chapitre de cette année comme on a coutume de le faire chaque année].

Tout semble changer vers les années 1440, où enlumineurs et peintres n’apparaissent

plus que comme les créateurs de la peinture ornant chaque chronique313, même si parfois le

vocabulaire employé peut prêter à confusion. Les textes parlent en effet à cette époque de

« peindre l’histoire des capitouls »314 ou de « faire l’histoire et peinture » 315 de l’année, et

désormais « l’histoire » que l’on commande au peintre correspond au tableau illustrant chaque

chronique et non plus au récit des gestes capitulaires316. Il n’est plus du tout fait mention du

travail d’écriture.

Les choses se compliquent cependant à partir des années 1480, avec l’entrée en

scène d’un personnage malheureusement difficile à cerner, Laurent Roby (ou Robini en

latin)317. Il apparaît pour la première fois dans les comptes de la ville en 1486, comme simple

peintre des portraits et blasons des capitouls dans le livre des Histoires318. Il y œuvre de

nouveau en 1489319, puis l’année suivante où sa signature autographe sur la quittance au dos

du mandement de paiement mentionne sa qualité de notaire320. En 1491, qualifié

d’illuminayre dans le mandement, il paraphe de nouveau la quittance comme notaire et s’y

311 CC 1855 f° 76v (9 décembre 1405) : per escriupre et pynher losditz senhors de capitol al libre vermelh on cascun an son acostumatz de escriupre et pynher los senhors de capitol de cascuna anneya ; CC 2324/81 (8 décembre 1406) : per nos escriure et pinher en lo libre bermelh de sains seguon qu’es acostumat de far cascun an. 312 CC 1856 f° 38v (18 novembre 1421) ; MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 100. 313 Guiraut Salas est ainsi payé le 11 décembre 1440 per son tribalh de pinhe lo libre vermelh (CC 1861 p. 30) ; MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 21 p. 41. 314 CC 1862 f° 17 (25 novembre 1442) : per son salari de aver pinta la istoria dels capitols ; MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 22 p. 42. 315 CC 2322/151 (9 janvier 1454 n. s.) : per far la ystoria e pintura de nostres personages, noms e armas al libre roge de la maiso comunal ; non cité par Mesuret dans sa notice sur Guilhem Viguier (MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 101-103). 316 Ce sont d’ailleurs les mêmes termes qui qualifient le travail des peintres sur les murs du consistoire ; voir 3e partie p. 89 et suiv. 317 Sur ce personnage, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 103-105 ; il faisait partie du groupe d’enlumineurs qui s’inquiètent de leur avenir en 1477-1478 et présentent une requête aux capitouls afin d’obtenir des statuts de leur métier : voir à ce sujet CLAUDIN (A.), Les enlumineurs, les relieurs, les libraires et les imprimeurs de Toulouse aux XVe et XVIe siècles (1480-1530). Documents et notes pour servir à leur Histoire, Paris, A. Claudin, 1893, p. 13-17. 318 CC 2322/258 (12 décembre 1486) : a mestre Laurens Roby, pintre, la soma de quatre liuras de tornes a(s)el degut per sa pena et trebalh per metre en lo libre de las hostorias [sic] nostras armas et personatges. 319 CC 2322/319 (11 décembre 1489) et CC 1871 p. 53. 320 CC 2341/25 (décembre 1490).

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intitule pour la première fois ystoriayre321, titre qu’il reprend en 1492322 et que les capitouls

eux-mêmes lui accordent en 1495. Ce dernier acte, par sa formulation qui correspond à celle

du paiement des gages des officiers municipaux, pourrait d’ailleurs faire de cet enlumineur-

notaire le premier peintre officiel de Toulouse323. Nous retrouvons à son sujet les mêmes

titulatures en 1500324, puis en 1503325, 1504326 et 1505327. Cette dernière année, les capitouls le

qualifient de notari et pintre, et ce sera encore le cas en 1507328, en 1508329, en 1509330 et

enfin en 1510331.

Ce terme de « faiseur d’histoires » correspond en fait déjà à ce que l’on appellera

plus tard le « peintre d’histoire ». Et même si les peintures ou enluminures comportaient en

elles-mêmes des écritures sous forme de cartels ou de phylactères, ce qui fut le cas du tableau

des comtes de Toulouse en 1490-1491332, les artistes qui les réalisaient ne s’occupaient plus

directement des textes des chroniques qui par ailleurs avaient pris un volume très important.

Nous en voulons pour preuve le paiement qui fut ordonné en faveur du même Laurent Roby

en 1507 et en 1508 pour son travail effectif de peintre, pour le parchemin dont il eut besoin

mais également pour ses peines d’avoir fait transcrire l’histoire de toute l’année capitulaire333.

Un autre enlumineur se verra qualifié à cette époque du même titre d’hystoriayre : il s’agit de

Léonard Lachieze334, auteur des peintures de 1498-1499335 et de 1500-1501, année de son

décès336.

321 CC 2343/14 (10 décembre 1491). 322 CC 2343/82 (7 décembre 1492) : Ego, Laurencius Robini, ystoriator. 323 CC 2344/56 (12 décembre 1495) : a mestre Laurens Roby, ystoriayre, per las ystorias de nostre capitolat la soma de quatre liuras de tornes a el deguda per sos gatges ordinaris que pren de nos et de la vila a causa de sondit offici [à maître Laurent Roby, faiseur d’histoires, pour les histoires de notre capitoulat, la somme de quatre livres tournois qui lui est due pour les gages ordinaires qu’il prend de nous et de la ville en raison de sondit office] ; dans la quittance autographe, Robini s’intitule notarius Tholose publicus et ystoriator. 324 CC 2348/68 (11 décembre 1500) : qualifié d’ystoriayre dans le mandement, il s’intitule notari et ystori[ad]or de l’estoria del libre. 325 CC 2351/87 p. 47 : ystoihayre. 326 Doc. n. c. (10 décembre 1504) : hystoriayre. 327 CC 2355/34 (10 décembre 1505). 328 CC 2356/60 (6 décembre 1507). 329 CC 2358/21 p. 61. 330 CC 2358/14 (23 octobre 1509). 331 CC 2359/20 et CC 1877 p. 46. 332 Laurent Roby se qualifie d’ailleurs à cette occasion d’ystoriayre de la istoria doble, c’est-à-dire du double feuillet où étaient représentés les comtes (CC 2343/14v). 333 CC 2356/60 (6 décembre 1507) : a mestre Laurens Robi, notari et pintre, la soma de detz liuras detz sous tornes et aysso tant per las pinturas de nos faitas al libre de las istorias que per lo pargam et far scriure l'acte de tot l'an [à maître Laurent Roby, notaire et peintre, la somme de dix livres dix sous tournois, et ceci tant pour les peintures de nos personnes faites au livre des histoires que pour le parchemin et pour avoir fait écrire l’acte de toute l’année] ; CC 2358/21 p. 61 : a mestre Laurens Roby, notari et pintre, per las pinturas que ha faitas al libre de las istorias et per far scriure lo pictaffle [à maître Laurent Roby, notaire et peintre, pour les peintures qu’il a faites au livre des histoires, et pour avoir fait écrire l’épitaphe]. 334 Sur ce personnage, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 105, qui le prénomme par erreur « Bernard ».

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Si les peintres ne se voyaient plus chargés de copier les textes des chroniques,

comment et par qui l’étaient-ils donc ? Il est très difficile de le savoir avec précision, du

moins au regard des rares documents qui y font allusion. Nous avons vu plus haut les

mentions anonymes de la copie des « épitaphes » dans les chroniques de 1491-1492, 1509-

1510 et 1511-1512. Cette dernière [chr. 189] est d’ailleurs intéressante à plus d’un titre, mais

surtout par la mention manuscrite qui y fut apposée en 1546 et que La Faille transcrivit

fidèlement :

« L’Annale précédente a été faite et écrite par Monsieur Maître Jean-Jacques de Mesmes, seigneur de Roissi et maître des Requêtes de l’Hôtel du Roi, lequel étant dans la ville de Toulouse le dix-septième de janvier de l’an 1546 en la maison de ladite ville et en présence de Messieurs les Capitouls d’icelle année, reconnut la lettre et écriture précédente faite et écrite de sa main propre. Signé de Mesmes »337.

L’annaliste du XVIIe siècle nous fournit également son sentiment sur ce certificat en

ajoutant qu’il « est vraisemblable que Jean-Jacques, à la prière de quelqu’un des Capitouls de

cette année, composa ce morceau d’histoire »338. En fait, si l’on lit bien ce document, Jean-

Jacques de Mesmes y revendiquait non pas la conception de la chronique, mais sa simple

transcription dans le Livre des Histoires (« la lettre et écriture », « de sa main propre »). Jeune

professeur à l’époque, il avait donc été celui à qui le licencié Roguier, qui avait créé le texte,

avait confié la tâche de le recopier sur le parchemin du précieux volume339.

En 1519, le nom d’un autre copiste nous est fourni par un mandement au trésorier de

la ville : il s’agit d’un certain Pierre Castel, sur qui le texte ne nous donne par ailleurs aucun 335 CC 2347/56 (28 novembre 1499) : a mestre Leonard La Chieza, hystoriayre, la soma de hueyt liuras de tornes a el deguda per las hystorias de nostre capitolat, lasqualas de mandament nostre a faytas al libre de las hystorias de la present ciutat coma es de costuma de far cascun an [à maître Léonard Lachieze, faiseur d’histoires, la somme de huit livres tournois qui lui est due pour les histoires de notre capitoulat, lesquelles il a faites de notre mandement au livre des histoires de la présente ville comme il est de coutume de faire chaque année] ; la quittance au dos est simplement signée : « de Lachieze, enlumyneur à Tholose ». 336 Mention dans CC 2350/94 (22 novembre 1501) : als heretiers de mestre Leonard Lachiesa desa entras hystoriayre de Tholose ou al tutor delsditz heretiers la soma de detz liuras tornes per la ystoria de nostre capitolat per lodit Lachiesa feyta al libre de las hystorias [aux héritiers de maître Léonard Lachieze, de son vivant faiseur d’histoires de Toulouse, ou au tuteur desdits héritiers, la somme de dix livres tournois pour l’histoire de notre capitoulat faite par ledit Lachieze au livre des histoires]. 337 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 320-321, qui note : « Au reste j’ai cru digne de remarque que ce fut Jean-Jacques de Mesmes, seigneur de Roissi, maître des requêtes, depuis Premier Président au Parlement de Rouen et ensuite conseiller d’État, qui composa et écrivit de sa main sur nos Annales l’Histoire qu’on y lit de cette année : car voici ce qui est écrit à la fin de cette histoire. » [suit le texte inséré ci-dessus] ; confirmé par ADHG, Ms 17 f° 29v : « Me Jaques de Mesmes, depuis sieur de Roissi et maître des requêtes du roy, auteur et écrivain de la présente histoire comme il le dit à Mrs les capitouls étant venu en Toulouse le 17 janvier 1546 et reconnut la lettre. » 338 Ibid. 339 Sur cette chronique et le personnage de Jean-Jacques de Mesmes, voir ANATOLE (Christian), « L’abandon du latin dans la rédaction des Annales de Toulouse. Le rôle de Jean-Jacques de Mesmes », dans Via Domitia, n. s., t. XV, 1979, p. 3-7.

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renseignement précis340. En revanche, la copie sur parchemin des chroniques de 1520-1521 et

1521-1522 est confiée à un professionnel de l’écriture, Jacques Escudier, qualifié

d’écrivain341. Puis en 1525, retour à l’anonymat pour le copiste qui fut chargé de copier non

seulement la chronique de l’année qui se terminait mais également la précédente342.

Trois ans plus tard, les comptes du trésorier font apparaître une mention assez

singulière : il y est dit qu’on a payé 3 livres à un bachelier en droit, Pierre du Puy, « pour

avoir escript les gestes de messeigneurs de capitoul de l’année passée et pour la

illaminature »343. Comme nous savons par ailleurs que c’est le peintre Martin Antoine qui

réalisa cette année-là les peintures du livre344, on peut en déduire que Pierre du Puy copia le

texte en l’ornant de quelques initiales décoratives comme on en retrouvera dans le deuxième

livre345. Les dernières années, quant à elles, ne nous fournissent que des mentions anonymes

de paiement « pour celuy qui a escript les gestes » des capitouls346, sans aucune quittance

nous permettant d’en connaître l’identité. Les seuls noms qui apparaissent sont ceux des

officiers qui firent réaliser l’opération, comme l’assesseur Guillaume Pellicier en 1529347, ou

bien encore le greffier Salamonis qui certifie en 1531 « avoir eu la charge de faire escripre les

gestes » et reçoit donc les trois livres tournois correspondant à cette opération348.

Il est cependant clair que cette ultime étape du processus concernant le texte, sa

copie dans le Livre des Histoires, a connu deux phases bien distinctes : tant qu’il ne s’agissait

que d’un texte restreint et qui s’inscrivait dans le même espace que l’image, ce furent les

peintres et enlumineurs qui le calligraphièrent ; en revanche, dès que l’image a occupé toute la

surface d’un puis de deux feuillets de parchemin, et par là même s’est trouvée dissociée du

340 CC 1882 p. 69 : a mestre Peyre Castel per l’escriptura que ha faita al libre de las historias [à maître Pierre Castel pour l’écriture qu’il a faite au livre des histoires]. 341 CC 2352/1 (12 décembre 1521) : a mestre Jacques Scudier, scribani, la soma de tres liuras torneses et aysso per la escriptura que ha faita al libre de las istorias com es de costuma [à maître Jacques Escudier, écrivain, la somme de trois livres tournois, et ce pour l’écriture qu’il a réalisée au livre des histoires comme il est de coutume] ; CC 1884 p. 92 (décembre 1522) : « A maistre Jacques Escudier, escripvain, pour l’escripture des gestes au livre des histoires : III £ » 342 CC 1669 f° 110v (11 décembre 1525) : A [laissé en blanc] per la scriptura que a faicta al libre de las historias com es de costuma tant de l’annada darrierament passada que de la present [à N. pour l’écriture qu’il a réalisée au livre des histoires comme il est de coutume, tant pour l’année passée que de la présente]. 343 CC 1670 p. 321 (14 mars 1528). 344 CC 2378/266. 345 Le mandat de paiement du 11 décembre 1527 ne fait d’ailleurs apparaître que le travail d’écriture : « à celluy qui a escriptes les gestes de la present année » (CC 2378 p. 267) ; la quittance autographe de Dupuy, au dos de ce mandement, mentionne étrangement : « à cause de escripre et inserer au libre des hystoires les gestes de l’an mil Vc XXV finisant XXVI » : ce personnage aurait-il réalisé la copie également cette année-là ? 346 CC 1671 p. 348 et CC 1888 p. 33 (décembre 1529) ; CC 1889 p. 37 (décembre 1531) ; CC 1674 p. 245 (12 décembre 1532) : « plus de paier à celluy qui a escript et mis au net dedans le livre lesd. gestes, la somme de troys livres. » 347 CC 2380 p. 111. 348 CC 2382/172.

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texte, la copie de celui-ci a été confiée à des professionnels de l’écriture (clercs, juristes,

écrivains publics). Cela s’avérait d’autant plus nécessaire que, comme nous l’avons vu, les

récits commençaient parallèlement à prendre de plus en plus de place dans le registre.

Le latin est sans conteste la langue de prédilection du Livre des Histoires, et cela

n’est pas pour nous surprendre. S’agissant d’un registre officiel tenu dans le cadre de la

chancellerie municipale, il est rédigé dans la langue des actes authentiques, celle qu’utilisent

les notaires et la plupart du temps les autres chancelleries dans les documents importants.

Pour autant, ce n’est pas la seule qui apparaisse dans les chroniques.

L’occitan, traditionnellement réservé aux documents de gestion dans les archives

toulousaines, y est présent de manière épisodique mais peut-être un peu plus fréquente qu’on

n’a pu l’observer jusqu’ici. Roschach signalait six chroniques écrites « en roman » : celles de

1382-1383 en partie [chr. 85], de 1387-1388 [chr. 88], de 1437-1438 [chr. 132], de 1438-1439

[chr. 133], de 1439-1440 [chr. 134] et de 1516-1517 [chr. 194]349. Christian Anatole, qui

reprit le dossier à la fin des années 1970, réduisit encore ce nombre à quatre, avançant d’une

part avec raison que ce que Roschach considérait comme la chronique 134 n’était en réalité

que la fin de la chronique 133 (il s’agissait du récit de l’entrée à Toulouse du dauphin Louis

en 1439), mais concluant d’autre part un peu vite que celle de 1516-1517 ne comportait que

les légendes des peintures en occitan350. Il se basait pour cela sur la mention contenue dans

l’« Extrait sommaire » signalant cette année-là une « histoire en latin »351. En fait, et nous

venons de le voir, cette annotation correspondait certainement à la présence d’une préface

latine servant de prologue à la chronique elle-même. En ce qui concerne cette dernière,

cependant, nous sommes d’accord pour dire que rien ne permet d’affirmer qu’elle fut écrite en

langue « vulgaire ».

En revanche, quelques éléments peuvent donner à penser que d’autres textes furent

rédigés en langue d’oc. Nous nous basons pour cela sur la fidélité avec laquelle certaines des

listes capitulaires ont été dressées au XVIIe siècle, et en particulier celle de Louvet (BB 192).

On ne voit pas en effet pourquoi cet archiviste-historien aurait pris la liberté de traduire en

occitan des noms et prénoms de capitouls ainsi que leurs qualités s’ils étaient transcrits en

latin sur l’original. D’autre part et surtout, comment cet homme originaire de Beauvais, et 349 ROSCHACH (Ernest), « Les douze livres », p. 200 n. 1 ; il concluait : « On ne peut manquer d’être frappé de la faible part faite à l’idiome local dans les chroniques de la Maison de Ville, où l’on paraît s’être à peu près astreint à n’employer que la langue officielle. ». 350 ANATOLE (Christian), « Chroniques occitanes des Annales de Toulouse (1382-1516) », dans Hommage à Jean Séguy, t. I, Toulouse, 1978, p. 41-52 351 ADHG, Ms 17 f° 32v.

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donc étranger à la langue toulousaine, aurait-il pu le faire ? Enfin, dernière preuve, ces mêmes

noms sont également donnés en langue d’oc dans d’autres listes que nous conservons. Partant

de ce constat, nous pouvons avancer que sept chroniques des dernières décennies du XVe

siècle comportaient au moins le procès-verbal de l’élection rédigé en occitan. Il s’agit des

années 1480-1481 [chr. 164]352, 1481-1482 [chr. 165], 1489-1490 [chr. 170]353, 1494-1495

[chr. 173]354, 1497-1498 [chr. 175]355, 1498-1499 [chr. 176]356 et 1500-1501 [chr. 178]357.

Il est difficile d’expliquer les raisons pour lesquelles le latin fut abandonné au profit

de l’occitan dans la rédaction de certaines des chroniques du Livre des Histoires. Christian

Anatole avance comme hypothèse le bâclage occasionnel du travail de la chancellerie

municipale358. Il se fonde pour cela sur la seule mention que nous possédions du processus de

création des textes, mais commet semble-t-il un contresens dans l’interprétation qu’il en fait.

Il s’agit d’une note du greffier Salamonis inscrite à la fin de la chronique 210, la première du

deuxième Livre des Histoires (1532-1533 et 1533-1534) : Salomonis, scriba publicus,

maximam partem in publicis commentariis et registris retinuit, qui hisce359 gestis gallice

scribendis preerat360. Roschach avait relevé ce texte et en avait conclu que, « à l’époque où

l’histoire était rédigée en latin, ce qui était encore le cas en 1533, le greffier du Consistoire

fournissait au rédacteur une sorte de matière en français361 ». Car il s’agit bien de français

(gallice) dont parle Salamonis, et non d’occitan comme le prétend Christian Anatole362, et

rien ne nous permet d’affirmer que les notaires ou greffiers du consistoire chargés de fournir

les éléments de la chronique annuelle le faisaient en langue d’oc. Au contraire, leur solide

culture latine et leur pratique notariale quotidienne ne pouvaient que les incliner à créer

352 BB 192, BB 269 f° 41v et Ms 17 f° 21 transcrivent les noms en occitan. 353 Dans BB 192, les noms sont transcrits en occitan ; Ms 17 f° 23 donne 5 capitouls et 1 syndic et il semblerait, d’après la transcription qu’il donne des noms, que cette chronique ait été effectivement écrite en occitan 354 Noms transcrits en occitan dans BB 192 et BB 269 f° 44. 355 Noms transcrits en occitan dans BB 192 et BB 269 f° 44v. 356 Noms transcrits en occitan dans BB 192 et BB 269 f° 45. 357 Noms transcrits en occitan dans BB 192 et BB 269 f° 45v ; Ms 17 f° 25v, qui ne donne qu’un nom, semble confirmer l’écriture en occitan. 358 ANATOLE (Christian), « Chroniques occitanes des Annales de Toulouse (1382-1516) », dans Hommage à Jean Séguy, t. I, Toulouse, 1978, p. 44 : « C’est donc sans doute à des rédacteurs pressés qui ont bâclé leur travail en utilisant l’occitan que l’on doit nos textes. » 359 Le manuscrit porte : husce. 360 BB 274 p. 8. 361 ROSCHACH (Ernest), « Les douze livres », p. 164 n. 2. 362 ANATOLE (Christian), ibid. : « La chronique 210 indique comment procédaient les rédacteurs. Ils travaillaient sur un texte occitan, et comme les formules latines à utiliser variaient peu leur travail était aisé » ; id., « L’abandon du latin dans la rédaction des Annales de Toulouse. Le rôle de Jean-Jacques de Mesmes », dans Via Domitia, n. s., t. XV, 1979, p. 4 : « On sait comment procédaient les notaires durant les deux premiers siècles : ils établissaient un premier texte en occitan et le traduisaient ensuite en latin en utilisant toujours les mêmes formules. Il suffisait en somme de remplacer les noms des consuls et des officiers sortants par ceux de leurs successeurs. »

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directement les textes dans la langue officielle qui sera celle de la chancellerie toulousaine

jusqu’en 1539. En revanche si, comme nous l’avons vu, cette tâche était confiée à des

hommes qui ne possédaient pas, ou n’avaient pas encore intégré, cette culture, il est fort

probable que ceux-ci aient utilisé leur langue maternelle, celle qui servait à la communication

habituelle des Toulousains de l’époque. C’est d’ailleurs certainement le cas pour les peintres

chargés non seulement d’illustrer les histoires mais aussi parfois d’accompagner leurs images

de légendes, et qui explique que certaines de celles-ci soient rédigées en occitan. Nous en

avons au moins la preuve pour les chroniques de 1401-1402363, de 1490-1491364 et de 1516-

1517 [ill. n° 33].

Enfin, il nous faut signaler la plus grande rareté encore du français dans le Livre des

Histoires. Une seule chronique, celle de 1511-1512, est signalée comme étant rédigée dans

cette langue365. Encore faut-il préciser que son prologue l’était en latin366, ce qui explique

d’ailleurs la notation de La Faille quant à l’ensemble du texte de l’année : « Il est écrit à la

manière de ce tems-là, je veux dire moitié latin et moitié françois »367. Cette indication

pourrait d’ailleurs prouver que plusieurs autres chroniques de l’époque se présentaient sous la

même forme d’une préface latine suivie de la relation des événements marquants de l’année

en français. Cela expliquerait alors que nos manuscrits de référence aient signalé la présence

d’une « préface latine » ou d’une « histoire en latin » pour les années où le texte même de la

chronique ne l’était pas. Il faudrait donc revoir à la hausse l’importance de la présence du

français dans le Livre des Histoires avant que cette langue, à partir de 1539, ne s’impose

comme sa langue officielle. Si d’ailleurs, comme nous l’avons fait pour l’occitan, nous

consultons les listes capitulaires dressées au XVIIe siècle, nous pouvons penser qu’au moins

le procès-verbal de l’élection de 1513-1514 a également été transcrit en français368. Pour

terminer, nous évoquerons l’étrange texte rapporté par Nicolas Bertrand, le dernier de son

Opusculum ex libris domus communis Tholose excerptum. Contrairement aux autres, il n’est

pas daté, mais nous avons pu le rapporter à la chronique 172 de 1491-1492. Il se présente sous

363 La Faille note (Annales, t. 1, p. 155) : « Au-dessus de la peinture des Capitouls de cette année, il est écrit en langage du païs : L’an dejoux escrieut fourec confirmat et consacrat archevesque de Toulouse moussur Vital de Castelmaur filh naturel de Toulouse. » 364 Il s’agit de la double page représentant les portraits des comtes de Toulouse, accompagnés des textes occitans transcrits par CATEL (Guillaume de), Histoire des Comtes de Toulouse : « Les comtes de Tolose avec leurs pourtraits tirez d’un vieux livre manuscrit gascon » ; BB 267 p. 4 précise sur ce tableau : « Il représente les comtes de Toulouse conformes pour les habitudes [sic] au manuscrit gascon rapporté par Catel. » 365 Ms 17 f° 28v précise : « Nota. L’histoire est écrite en françois » ; il s’agit de la chronique écrite par Jean-Jacques de Mesmes et authentifiée comme telle par ses soins en 1547, comme nous l’avons vu plus haut. 366 Ms 17 f° 29v. 367 Annales, t. 1, p. 321. 368 Les noms sont rapportés en français dans BB 192.

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la forme d’un récit en latin « truffé » de français auquel la remarque de La Faille citée plus

haut pourrait également très bien s’appliquer.

Dans ce dernier développement, nous avons croisé un certain nombre d’artistes

ayant participé à l’ornement du Livre des Histoires, et il est maintenant nécessaire de

s’attacher plus précisément à ces créateurs qui lui ont donné ses lettres de noblesse.

1.3.3. Les peintres

Le plus ancien nom qui apparaît est celui de Peyre Arguier, enlumineur demeurant à

la rue de l’Olmet sec. En 1331, il reçoit 10 sous tournois pour son travail de peinture des robes

des capitouls, à une époque où l’image précédant le texte représente la cérémonie de serment

au viguier369. Il inaugure une longue période de plus d’un siècle pendant laquelle seuls des

artistes qualifiés simplement d’enlumineurs interviennent dans le Livre des Histoires [annexe

3].

En 1337, nous avons vu que Perrot Alauso avait été chargé de peindre le serment et

de transcrire le procès-verbal de l’élection370, et six ans plus tard, en 1343, Guillaume Marrot

en fait de même mais pour les deux années précédentes371. Les lacunes des documents

d’archives ne nous font ensuite connaître jusqu’à la fin du siècle que deux autres noms, celui

de Peyre d’Alvilar (Auvillar ?) pour la peinture de 1362-1363372, et surtout celui de Jehan

Negrier, que nous avons déjà vu à l’œuvre comme calligraphe.

Celui-ci est le premier artiste qui intervient à plusieurs reprises dans le Livre des

Histoires : en 1388373 tout d’abord, puis en 1392374 et sans discontinuité en 1404375, 1405376

369 CC 1843 p. 128 (19 août 1331) : per la letra del pinzel de las raubas dels senhors (traduction littérale : « pour la lettre du pinceau des robes des seigneurs [du chapitre] ») ; MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 99, commet plusieurs erreurs de lecture : 1330 pour 1331, Viguier pour Arguier et lecia pour letra, et considère que dès cette époque les capitouls étaient déjà représentés en portraits, ce qui n’est pas le cas. 370 CC 1845 p. 105 (3 janvier 1338 n. s.) : per far de pinzel los senhors ab las raubas dest an prezent en la maniera que juran al viguier e per enluminar e per escriure los noms e de lors officiers [pour représenter au pinceau les seigneurs [du chapitre] de cette année avec leurs robes, lorsqu’ils prêtent serment au viguier, et pour enluminer et pour écrire leurs noms et ceux de leurs officiers] ; MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 99. 371 CC 1846 p. 74 : a mastre G. Marrot, enlumenaire, per far las raubas dels senhors e enlumenar e daurar el libre blanc on es acostumat per II ans passatz [à maître G[uillaume] Marrot, enlumineur, pour représenter les robes des seigneurs [du chapitre] et enluminer et dorer le livre blanc comme de coutume pour deux années passées] ; MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 99, le nomme « Mairot ». 372 CC 1848 f° 69 : a-n P[eyre] d'Alvilar per penher los senhors al lhibre blanc [à Peyre d’Alvilar pour peindre les seigneurs [du chapitre] au livre blanc] ; MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 99, le nomme « del Villar ». 373 CC 1853 f° 212v (20 mai 1388) : per pinhe los senhors de capitols e los ufesies al libre blanc, aisi com es de costuma [pour peindre les seigneurs du chapitre et les officiers au libre blanc comme il est de coutume] ; CC 1852 p. 199 (même date) : per sos trebalhs de penher e estoriar nos en lo libre blanc de sains e metre en lodit

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et 1406377. Ces apparitions récurrentes dans les comptes de la ville ont laissé supposer à

Roschach, puis à Robert Mesuret, que les chroniques conservées de 1392-1393 et 1393-1394

étaient dues à son pinceau378. Rien ne nous permet de l’affirmer, d’autant qu’il arrivera par la

suite que d’autres artistes travaillent souvent en alternance avec certains de leurs confrères.

En 1421, c’est l’enlumineur Jehan Aymes qui réalise la peinture et la calligraphie de

l’année capitulaire379. Une lacune documentaire de plus de quinze ans nous prive ensuite du

nom de ses successeurs, avant que n’apparaisse en 1439 celui de Guiraut Salas (ou de

Sales)380. Il avait peint cette année-là les édiles de 1438-1439 et l’entrée du dauphin Louis à

Toulouse381 [ill. n° 20]. Visiblement satisfaits, les capitouls font de nouveau appel à lui en

1440382, puis en 1441383, année où il représente une porte de la ville et les saints Michel et

Saturnin [ill. n° 21]. Avec lui finit l’ère des enlumineurs et commence celle des peintres dont

libre [los] noms delsdichs senhors e dels ufficies de sains [pour ses peines de nous peindre et historier dans le livre blanc de céans et mettre dans ledit livre les noms desdits seigneurs [du chapitre] et des officiers de céans]. 374 CC 1854 f° 65v (10 mai 1392) : per ostiriar e pinher les senhos de capitol al libre blanc on son acostumatz de enluminar lesditz senhos e escriure am les officies [pour historier et peindre les eigneurs du chapitre au livre blanc où il est de coutume d’enluminer lesdits seigneurs et d’écrire [leurs noms] et ceux des officiers]. 375 CC 2323/70 p. 55 (2 décembre 1404) : per pinher los capitols del an present e far scriure los noms e autra scriptura acostumada de far en lo libre on los capitols que d’aysy entras an acostumat de pinhe e scriure [pour peindre les capitouls de cette année et faire écrire les noms et d’autres textes que l’on met traditionnellement dans le livre que les capitouls jusqu’à maintenant ont accoutumé de [faire] peindre et écrire]. 376 CC 1855 f° 76v (9 décembre 1405) : per escriupre et pynher losditz senhors de capitol al libre vermelh on cascun an son acostumatz de escriupre et pynher los senhors de capitol de cascuna anneya [pour écrire et peindre lesdits seigneurs du chapitre au livre vermeil où chaque année on a coutume d’écrire et de peindre les seigneurs du chapitre de chaque année]. 377 CC 2324/81 (8 décembre 1406) : per nos escriure et pinher en lo libre bermelh de sains seguon qu’es acostumat de far cascun an [pour nous écrire et peindre dans le livre vermeil de céans comme l’on a coutume de faire chaque année]. 378 ROSCHACH, « Simple note », p. 7 (il l’appelle par erreur « Noguier ») ; MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° X p. 27-28. 379 CC 1856 f° 38v (18 novembre 1421) : per pinher et escriure en lo libre vermelh los senhors de capitol de l’an present seguon qu’es acostumat de far cascun an [pour peindre et écrire dans le livre vermeil les seigneurs du chapitre de l’année présente suivant ce que l’on a coutume de faire chaque année]. 380 CC 1860 p. 15 (novembre 1439) ; il reçoit un paiement de 3 livres sans plus d’explication, mais cette somme correspond à ce qui était alors traditionnellement payé pour la peinture dans le Livre des Histoires ; sur ce personnage, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, XVIII p. 39-42. 381 Mesuret lui attribue également la peinture précédente, mais au terme d’une démonstration peu probante à partir des documents comptables. 382 CC 1861 p. 30 (11 décembre 1440) : per son tribalh de pinhe lo libre vermelh (s)on son penctz los senhos de capitols [pour son travail de peindre le livre vermeil où sont peints les seigneurs du chapitre] ; il n’obtiendra le paiement de ce travail ainsi que de celui de l’année précédente qu’en novembre 1442 (voir la note suivante). 383 CC 1862 f° 17 (25 novembre 1442) : a mestre Guiraut Salas, illumenayre, la soma de sieys liuras tornes, (…) per son salari de aver pinta la istoria dels capitols lors predecesors en lo libre vermelh com es acostumat de far et aysso de doas anneyas passadas, so es asaber de l’an m iiiic xxxix (…) et de l’an m iiiic xl (…) de lascals ystorias aldit mestre Guiraut no era stada fayta deguna pagua ni satisfactio [A maître Guiraut Salas, enlumineur, la somme de six livre tournois, (…) pour son salaire d’avoir peint l’histoire des capitouls qui les ont précédés dans le livre vermeil comme l’on a coutume de faire, ainsi de deux années précédentes, c’est à savoir de l’an 1439 (…) et de l’an 1440 (…), pour lesquelles histoires il n’avait été rien payé ni satisfait audit maître Guiraut] ; ce paiement rétroactif concernait donc les chroniques de 1439-1440 et 1440-1441.

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beaucoup, comme nous le verrons, réaliseront non seulement les enluminures du Livre mais

aussi les fresques capitulaires sur les murs de la maison commune.

Le premier d’entre eux se nomme Guillaume Viguier384. Il intervient tout d’abord

sur la chronique de 1453-1454, et obtient à cette occasion un salaire double de ses

prédécesseurs, peut-être en raison des couleurs et de la matière première qu’il se fait payer

pour réaliser son œuvre385. Après un passage en Catalogne, il reviendra à Toulouse dans les

années 1465 et obtiendra une nouvelle commande des capitouls en 1470 pour l’enluminure de

l’année dans le Livre des histoires et le portrait des magistrats sur les murs du consistoire386.

Après lui, nous trouvons Antoine de Loigny (de Lonhi), peintre verrier de la rue de

la Porterie, qui va réaliser une « histoire » en 1460387, puis un artiste d’origine peut-être

italienne, Antoine Contarini388. Parfois simplement nommé mestre Antoni, il apparaît en 1445

comme fresquiste du consistoire sur les murs duquel il peint l’entrée à Toulouse de la reine

Marie d’Anjou389 ainsi que les capitouls de l’année390, mais il faut attendre l’année 1461 pour

le voir intervenir dans le Livre des Histoires391. C’est peut-être lui qui réalisa la peinture de la

chronique 149 (1462-1463) représentant l’entrée de Louis XI à Toulouse.

Nous découvrons ensuite deux personnages associés, Daniel de Sant-Valeri e

Colinet « son compagnon », qui exécutent en 1465 la fresque murale des capitouls et

384 Sur ce personnage, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 101-103, qui ne connaissait pas le premier document que nous produisons à son sujet et ne cite que celui de 1470. 385 CC 2322/151 (9 janvier 1454 n. s.) : per far la ystoria e pintura de nostres personages, noms e armas al libre roge de la maiso comunal en loqual es acostumat de far las istorias e pintura dels personages, noms e armas d’aquels que son capitols de Tholosa, e tant per sa pena com per aur, azur, colors e autras causas necessarias a far ladita pintura e ystoria [pour faire l’histoire et peinture de nos personnes, de nos noms et de nos blasons au livre rouge de la maison commune, dans lequel on a coutume de faire les histoires et la peinture des personnes, noms et blasons de ceux qui sont capitouls de Toulouse, et tant pour sa peine que pour l’or, l’azur, les couleurs et les autres choses nécessaires pour faire ladite peinture et histoire]. 386 CC 1868 p. 47. 387 CC 2334/38 (26 avril 1460) et 39 (19 septembre 1460) ; sur cet artiste, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 100-101. 388 Sur cet artiste, voir ibid., XX p. 45-48. 389 CC 2329/12 (16 novembre 1445) : a mestre Anthony Contarini, pencheyre, la soma de setze lioras tornes (…) per causa de son trebailh et colors de far la pintura cum la regina, nostra sobirana dona, fet sa intrada en la present ciutat [à maître Antoine Contarini, peintre, la somme de 16 livres tournois (…) pour son travail et les couleurs [qu’il employa] pour réaliser la peinture de l’entrée de la reine, notre souveraine, dans la présente ville] ; Mesuret, ibid., lui attribue le tableau représentant cette scène dans le Livre des Histoires [ill. n° 23], mais sa démonstration ici encore n’est absolument pas probante, la somme payée correspondant au travail des fresquistes du consistoire, ce qui est confirmé par le document suivant. 390 CC 2331/49 (25 novembre 1445) : a mestre Antoni, pinheyre, la soma de setze lieuras tornes (…) per sa pena et trebalh de far et pinhe los nostres personages et de nostres officiers en lo concistori et per las colors que a mezas a ladita pintura [A maître Antoine, peintre, la somme de 16 livres tournois (…) pour sa peine et son travail de représenter et peindre nos personnes ainsi que celles de nos officiers dans le consistoire, et pour les couleurs qu’il a employées à ladite peinture]. 391 CC 2335/29 (18 décembre 1461) : per far las pincturas dels capitols als libres de las ystorias [pour faire les peintures des capitouls aux livres des Histoires] ; MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 45 donne par erreur la date du 18 septembre 1464 ; il est payé en même temps pour une fresque au consistoire représentant le couronnement du roi.

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l’enluminure du Livre392, puis nous retrouvons Guillaume Viguier dont nous avons déjà vu

qu’il travaillait aux mêmes deux ouvrages en 1470.

Vient alors la grande période de Laurent Roby, l’historiayre que nous avons

longuement évoqué plus haut, qui se voit confier la peinture du Livre seize fois au moins

entre 1486 et 1510393. Il n’apparaît en revanche jamais comme fresquiste du mur de l’hôtel de

ville, et son « règne » n’est pas sans partage : on note en 1499 et 1501 l’intermède de Léonard

Lachieze, l’autre peintre d’histoire, et en 1506 celui de Guillaume Carbonel394.

Pelegrin Frison395, peintre verrier, lui succède et réalise deux chroniques, celles de

1511-1512396 et 1513-1514397. Il avait commencé sa carrière comme peintre des fresques de

la maison commune en 1504398, puis en 1507399 et 1508400, et il les réalisera encore en 1514

parallèlement aux enluminures du Livre401.

L’année suivante, la réalisation de ces dernières se voit récompensée de 20 livres

tournois402, c’est-à-dire quasiment du double de la plus haute somme jusqu’alors réservée à ce

type de travail403. Peut-être faut-il voir ici l’intervention d’artistes d’un statut plus élevé que

les précédents, comme Mathieu Cochin, maître de la corporation des peintres verriers de 392 CC 2322/223 (3 décembre 1465) : a Daniel de Sant-Valeri et a Colinet son companho, pintres, la soma de nau lieuras de tornes a els degudas a causa de l’estoria de nostre capitolat que an portraita et pinta al gran concistori et al libre de las istorias [à Daniel de Sant-Valeri et à Colinet son compagnon, peintres, la somme de neuf livres tournois qui leur est due pour l’histoire de notre capitoulat qu’ils ont peinte au grand consistoire et au Livre des Histoires] ; voir aussi CC 1866 p. 66 ; l’identité de Colinet reste problématique : la quittance attachée au premier document le fait apparaître comme Colinus de Trysia, alors que le second le nomme « Colinet de Torssi » ; voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 101. 393 On lui doit notamment la peinture des chroniques 180 (1502-1503) [ill n° 30] et 181 (1503-1504) [ill n° 31], faussement attribuées par Mesuret à Pelegrin Frison (MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 32-33 p. 56-57) ; CC 2351/87 p. 47 (décembre 1503) et CC n. c. (10 décembre 1504). 394 CC 2355 f° 148 (7 décembre 1506) : a mestre Guilhaumes Carbonel, pintre de Tholosa, la soma de cinq liuras tornesas et aysso per las pinturas de nos faytas al libre de las istorias [à maître Guillaume Carbonel, peintre de Toulouse, la somme de cinq livres tournois, et ceci pour nos peintures faites au livre des histoires] ; voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 106. 395 Sur cet artiste, voir ibid., p. 55-57, et CORRAZE (Raymond), « Le peintre Pélegrin Frison », dans Revue historique de Toulouse, t. XXXII, 1945, p. 68-70. 396 CC 1878 p. 42 (décembre 1512) : a Me Pelegrin Frizon, pintre, per las pinturas de messenhors al libre des las istorias [à maître Pelegrin Frison, peintre, pour les peintures de messeigneurs [les capitouls] au livre des histoires]. 397 CC 1880 p. 54 (décembre 1514) : même mention que dessus, et CC 2364/151 (4 décembre 1514) : A mestre Pelegrin Frison, pintre de Tholosa, la soma de unse liuras tornesas et aysso per nostras pinturas faitas al libre de las istorias [à maître Pelegrin Frison, peintre de Toulouse, la somme de onze livres tournois pour nos peintures faites au livre des histoires]. 398 CC 2354/74 (10 décembre 1504) : a mestre Peregrin Fruzon [sic], pinctre, la soma de vingt liuras tornes a el deguda per far las pincturas de nostre capitolat [à maître Peregrin Frison, peintre, la somme de vingt livres tournois pour faire les peintures de notre capitoulat] ; cette somme de 20 £ correspond bien à l’époque au travail des fresques et non à celui du Livre qui est rémunéré 4 £ ; d’autre part, nous savons que cette année-là, c’est Laurent Roby qui réalisa les enluminures des chroniques (CC 1875 p. 72 et CC n. c.). 399 CC 2356/96 (2 octobre 1507), et CC 2356/139 (14 octobre 1507). 400 CC 2358/21 p. 58 et 60. 401 CC 1880 p. 51. 402 CC 2365/289 ; le nom du peintre n’est pas noté dans les comptes du trésorier de la ville. 403 Entre 4 et 11 livres maximum, et de 4 à 6 le plus souvent.

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Toulouse, qui passe un marché avec les capitouls pour cette somme en 1518404. Il se fait

même payer 23 livres tournois en 1519405, ce qui constituera un record pour notre période.

Antoine Ferret, quant à lui, reçoit 15 livres pour ce même travail dans le Livre des

Histoires en 1521406, année où il réalise également les fresques de la maison commune407.

Comme Peregrin Frison, il avait commencé sa collaboration avec les capitouls dans cette

unique spécialité, pour laquelle nous le trouvons couché dans les pièces comptables en

1511408, 1513409, 1516410 et 1519411. Après une absence de plus de dix ans, il fera sa

réapparition en 1531 puis en 1532, et certainement à la fois comme fresquiste et

enlumineur412.

Ce sera d’ailleurs le cas de tous les artistes qui interviendront dans l’intervalle, qu’il

s’agisse de Jacques Bataille en 1524413 et 1525414, de Martin Antoine peut-être en 1527415

mais assurément en 1528416, et enfin d’Antoine Olivier l’année suivante417.

404 CC 2369/164 (13 novembre 1518) : a mestre Mathieu Cochin, pintre de Tholosa, la soma de detz liuras et aysso en deduction de las pinturas que a pres a far al libre de las istorias, marquait fait a vint liuras [à maître Mathieu Cochin, peintre de Toulouse, la somme de dix livres en déduction des peintures qu’il doit faire au livre des histoires, marché fait à vingt livres] ; le paiement du reste de la somme due n’apparaît pas dans les comptes ; sur cet artiste voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 106-107. 405 CC 1882 p. 58, 60 et 62 ; le paiement a été effectué en trois versements, deux de 8 livres et un de 7. 406 CC 2371/371 (12 décembre 1521) : a mestre Anthoni Ferret, pintre de Tholosa, la soma de quinse liuras tornesas et aysso per las pinturas nostras faitas al libre de las istorias [à maître Antoine Ferret, peintre de Toulouse, la somme de quinze livres tournois, et ceci pour nos peintures au livre des histoires] ; sur ce peintre, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 108-110. 407 CC 2371/385 (4 décembre 1521). 408 CC 2363/103 (11 décembre 1511) ; il ne sera réellement payé que deux ans plus tard : CC 2363/101 (4 avril 1513). 409 CC 2363/46 (21 novembre 1513). 410 CC 2352/1 (13 octobre 1516). 411 CC 1882 p. 55 et 62. 412 CC 1889 p. 37 (décembre 1531) et CC 2382/194 (10 décembre 1531) : « a Me Anthoine Ferret, pinctre, la somme de quarente livres tournois à luy deue et acoustumer payer pour la pincture de messieurs de la present année » ; CC 1674 p. 247 (décembre 1532) et CC 1890 ; bien qu’il n’y ait aucun détail sur le type de travail exécuté par Ferret, la somme qu’il reçoit correspond à celle qui fut payée en 1528 à Martin Antoine et en 1529 à Antoine Olivier pour les fresques et les enluminures (voir plus bas). 413 CC 2373/5 (9 décembre 1524) : a mestre Jaques Batalha, pintre de Tholosa, la soma de trenta et cinq liuras tornesas, et aysso per nostras pinturas faitas tant al gran concistori que al libre de las istorias [à maître Jacques Bataille, peintre de Toulouse, la somme de trente-cinq livres tournois, et ceci pour nos peintures faites tant au grand consistoire qu’au livre des histoires] ; sur cet artiste, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 107. 414 CC 2375/79 (16 octobre 1525) : requête de Jacques Bataille, « disant que par vous messeigneurs luy a esté bailhé à fere les peinctures du livre des histoeres et aussi de vous messeigneurs en le tinel et sale de la tresorerie de la maison commune, et par vous a esté faict marché à la somme de trente six livres tornoeses » ; la somme lui est payée le lendemain (CC 2375/78) ; voir aussi CC 1669 f° 101v. 415 CC 2378/266 (11 décembre 1527) : il reçoit 36 livres « pour les peinctures des messeigneurs de capitoul de l’année présente », ce qui correspond au prix du marché qu’il obtint l’année suivante pour les deux types de travail ; sur ce peintre, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 108, qui le nomme Martin « Anthonie ». 416 CC 2379/116 (12 décembre 1528) : supplique de Martin Antoine qui a, entre autres choses, « parfaictes voz painctures tant au consistoire nouveau de la maison commune que dans le libre des histoires sur ce ordonné tant richement et magnifficquement qu’est possible, combien ne luy ayés promis que trente six livres que à grand peine est fournie le cabal desdictes painctures » ; il reçoit 8 livres supplémentaires (CC 2379/115). 417 CC 2380 p. 357 (11 décembre 1529) : « a Me Anthoine Olivier, peinctre, la some de quarante livres tourn. à luy deue pour les peinctures de la presente année acoustumées de faire tant au concistoire que au livre des

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Au terme de cette étude sur les créateurs qui enrichirent les chroniques du Livre des

Histoires, nous pouvons dégager trois grandes périodes correspondant à trois catégories

d’intervenants : nous trouvons tout d’abord, de l’origine au milieu du XVe siècle, le groupe

des enlumineurs et plus spécialement des « enlumineurs de livres » ; puis, à partir de 1450

environ et jusqu’au début des années 1520, celui des peintres et en particulier des « peintres

d’histoire », qui n’interviennent que sur les feuillets du Livre ; et enfin dans la dernière

décennie, nous voyons apparaître un nouveau type de peintre qui se caractérise par sa

polyvalence et crée ses œuvres aussi bien sur les murs de la maison commune que sur le

parchemin du Livre des Histoires.

histoires » ; voir aussi CC 1671 p. 351 (même date) ; sur ce peintre, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, p. 108.

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1.4. Les Histoires

Il nous faut maintenant étudier de manière plus précise en quoi consistaient

exactement ces « histoires ». Quelles gestes ont-elles mérité d’être inscrites dans ce grand

livre de la mémoire capitulaire ? Lesquelles ont inspiré les artistes dans leurs illustrations

annuelles ? Ce faisant, nous serons amené à nous interroger sur la sélectivité de cette

mémoire, sur ses lacunes (volontaires ou involontaires ?) comme sur ses thèmes de

prédilection. Cette analyse nous permettra de mieux comprendre l’élaboration de cet outil

mémoriel et d’éclairer le sens qu’il a pu prendre aux yeux de ses concepteurs.

1.4.1. Les textes

Les 277 mentions que nous avons déterminées comme ayant été sans conteste

transcrites dans le Livre des Histoires de Toulouse peuvent être regroupées en quatre grandes

rubriques : le fonctionnement de l’institution capitulaire et de l’administration municipale, les

événements dynastiques et les opérations militaires, les affaires religieuses, et enfin la gestion

de la ville, qui comprend le nombre d’occurrences le plus important.

a) Une ville et ses institutions

Un peu plus d’un quart des histoires (25,3 %) intéresse directement les institutions

municipales et l’organisation de la cité. Pour ce qui concerne les élections elles-mêmes, nous

avons laissé de côté toutes les mentions de prorogation du mandat des capitouls, considérant

qu’elles faisaient partie du procès-verbal et qu’elles ne constituaient pas des « histoires » à

proprement parler. En revanche, un certain nombre d’autres notations entraient manifestement

dans cette catégorie, et en premier lieu celles ayant trait à la variation du nombre des

magistrats municipaux : réduction de 12 à 4 en 1389-1390 [h. 3], puis augmentation de 4 à 6

en mai 1391 [h. 4], de 6 à 8 l’année suivante [h. 5] et de 8 à 12 en 1401 [h. 11], enfin nouvelle

et dernière réduction de 12 à 8 en 1438 [h. 17]. On ne manque pas non plus de signaler à

l’occasion les problèmes qui s’élevaient lors de telle ou telle élection, dus la plupart du temps

à l’ingérence des officiers royaux ou du parlement comme en 1469 [h. 48], en 1497 [h. 96], en

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1502 [h. 115], en 1513 [h. 160-161] et en 1519 [h. 214], ou bien encore en 1518 lors du décès

d’un capitoul en charge [h. 204]. Dans le même domaine, l’interdiction faite aux officiers

royaux d’être élus au capitoulat, en décembre 1495, fait également l’objet d’une notation

[h. 39], de même que la continuation exceptionnelle de deux capitouls en 1505 [h. 123].

Plusieurs mentions concernent la fonction elle-même des premiers magistrats.

L’obtention du privilège de noblesse que la charge confère de manière définitive à partir de

1496 est bien sûr inscrite dans le Livre [h. 94], de même que le récit de sa confirmation en

1517-1518 [h. 202]. Mais les devoirs qui sont liés à la première magistrature ne sont pas

oubliés, comme l’obligation de résidence, en particulier en temps de peste [h. 124], la

nécessité d’équité dans la répartition des charges communes entre les citoyens [h. 153] ou la

disponibilité pour vaquer efficacement aux tâches de police de la cité [h. 247]. Le

manquement aux règles de droit de leur part peut par ailleurs leur valoir quelques

désagréments : poursuivis en 1483-1485 par des débiteurs désireux de récupérer les fortes

sommes qu’ils leur avaient prêtées pour financer des ambassades auprès du roi, les capitouls

se virent ainsi excommuniés jusqu’à paiement définitif de leurs dettes [h. 73]. Quant à leur

paraître, si important à cette époque, il fait l’objet en toute fin de notre période (1531-1532)

d’une modification notoire : « Les capitoulz firent oster les peaux de leurs manteaux qui les

surchargeoit trop, pour y metre le satin blanc » [h. 274]418.

Les textes concernant les symboles forts de la cité occupent en outre une place non

négligeable. Le premier d’entre eux mentionne en 1442-1445 la restitution à la ville de la

bannière qui avait peut-être été indûment conservée depuis 1439 par Pierre-Raymond

d’Aurival [h. 24]419. Dans la même chronique, un autre texte [h. 26] signale la victoire des

Toulousains dans l’affaire des esclaves catalans, confirmant par là-même que, pour adapter un

adage bien connu, « l’air de Toulouse rend libre » et donnant tout son sens à la sentence

inscrite dans l’ordonnance de 1295420. La ville put également s’enorgueillir, durant cette

418 Sur cet épisode de l’évolution vestimentaire des capitouls, voir BORDES (François), « Vêtement et fonctions municipales à Toulouse (XIIIe-XVe siècle) : du texte à l’image », dans ARIBAUD (Christine) et MOUYSSET (Sylvie), dir., Vêture et pouvoir, XIIIe-XXe siècle, Actes du colloque des 19 et 20 octobre 2001, Centre Universitaire d’Albi, Toulouse, CNRS – Université de Toulouse – Le Mirail, 2003, p. 130-131. 419 Celui-ci l’avait portée le 25 mai 1439 lors de l’entrée du dauphin Louis à Toulouse (BB 273/8v) [h. 18]. 420 Libera jure fuit et erit sine fine Tolosa ; Guillaume de la Perrière ne manquera pas de s’y référer un siècle plus tard dans dans son « Catalogue et summaire de la fundation… » (AA 5, f° 29-v) : « Et entre autres, en Tholoze a une liberté conforme au droict de nature, c’est que tous hommes sers et esclaves de quelque nation et contrée qu’ilz soient, venantz à Tholoze ou aux limites d’icelle, retournent à leur naturelle ingenuité et franchise originalle ; de telle facon que ne peuvent estre reduictz, vindiquez ou retournez en servitude de leurs maistres quelz qu’ilz soient, car les capitolz et sindic dudict Tholoze les defendent envers et contre toutes nations, et le

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longue période de trois années successives d’administration par les mêmes capitouls, de

l’installation dans ses murs du second parlement du royaume [h. 27]. Et les scribes

s’attachèrent à signaler les aléas de cette grande institution : son transfert à Montpellier en

1467 [h. 42], puis son retour deux ans après [h. 43]. Dans le même ordre d’idée, la tenue à

Toulouse en 1518 des Etats de Languedoc fit l’objet d’une inscription particulière dans le

Livre [h. 203]. C’était un événement d’autant plus exceptionnel pour les Toulousains qu’ils ne

voyaient que très rarement cette assemblée dans leur ville et que la dernière fois remontait à

plus de 60 ans421. Toulouse qui se glorifie, donc, mais aussi Toulouse qui rayonne. A

l’occasion de l’épisode de l’enfermement des filles repenties dans l’hôpital du Saint-Esprit en

1516-1517, on mentionne incidemment que « M. d’Esparos, frère de M. de Lautrec, fist

audict an bastir à Villemur ung pareilh hospital »422. La grande ville devient ainsi un modèle

dans la région, mais également dans tout le royaume : lors de la grande disette de 1532, les

capitouls gérèrent avec tant d’efficacité l’afflux et le ravitaillement des pauvres venus en

masse des campagnes affamées que « le roy ayant apris l’ordre qu’on observoit à Tholoze en

l’endroit des pauvres y envoya exprès pour en sçavoir toute la forme et maniere et pour la

faire observer par toutes les bonnes villes de France et surtout en Bretagne où il estoit

lors »423 [h. 270]. Ce rayonnement se marque aussi par l’activité diplomatique que déploient

les élus de la ville, et qu’ils font scrupuleusement inscrire dans le Livre, du moins en ce qui

concerne les grands événements dynastiques. C’est ainsi que sont notées les ambassades à

l’occasion du sacre de Louis XI en 1461 [h. 33], aux états généraux de Tours en 1484424 [h.

67], au sacre de Louis XII en 1498 [h. 97], aux fiançailles de Claude de France, fille de ce

dernier, avec François, duc d’Angoulême, en 1506 [h. 119] et enfin lors de l’avènement de ce

dernier comme roi de France en 1515 [h. 172]. Il est vrai que l’enjeu pour la ville était

extrêmement important lors de chaque succession royale : il était en effet indispensable de

faire confirmer à chacune de ces occasions les privilèges accordés par les prédécesseurs du

nouveau roi. En 1485, les capitouls envoyèrent par ailleurs plusieurs députés afin d’obtenir la

confirmation spécifique de la remise des tailles pour cent ans que le roi Louis XI avait

octroyée aux Toulousains à l’occasion de sa venue dans la ville en 1463 [h. 68].

sindic dudict Tholoze a obtenu autreffois arrest contre la potestat du pais de Catheloigne pretendant vindiquer ses sers et esclaves estans venuz dudit Catheloigne audit Tholoze. » 421 En mars 1451 ; voir AA 108 f° 1. 422 Ms 696 f° 102v. 423 BB 269 f° 58. 424 Les capitouls n’ayant envoyé aucun ambassadeur pour le sacre du roi à Reims, ils profitèrent des états généraux pour lui présenter les hommages de la ville.

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Mais Toulouse, comme les autres « bonnes villes » du royaume, connaissait certains

moments privilégiés de gloire dont la mémoire ne pouvait qu’être conservée : nous voulons

parler des entrées royales, dont l’organisation et les rites se fixèrent peu à peu tout au long du

XVe siècle425. De 1380 à 1533, seul Louis XII n’honora pas la ville de sa personne. Charles

VI y vint en 1389 [h. 2], Charles VII en 1442 [h. 20] puis 1443 [h. 22], et Louis XI la

première fois comme dauphin en 1439 [h. 18] puis comme roi en 1463 [h. 36]. Quant à

François 1er, il avait promis, lors de sa captivité à Madrid et à la suite de sa maladie, de venir

se recueillir près des fameux corps saints de Saint-Sernin grâce auxquels il avait recouvré la

santé. Ne pouvant réaliser ce vœu dès sa libération, en 1525, il chargea le premier président

du parlement, M. de Minut, de le réaliser pour lui, « ce que après avecq grandes ceremonyes

et solempnitez par luy auroit esté faict »426 [h. 248].

A partir de la toute fin du XVe siècle, d’autres entrées de grands personnages font

l’objet de notations dans le Livre. Les capitouls accueillirent ainsi successivement avec tous

les honneurs dus à leur rang le cardinal Jean Briçonnet, évêque de Saint-Malo, en 1500 [h.

102], le nouveau sénéchal de Toulouse, François de Rochechouart, en 1503 [h. 105], le

vicomte de Lautrec, gouverneur de Guyenne, accompagné de M. de Tournon, lieutenant du

duc de Bourbon, gouverneur pour le Roi au pays de Languedoc, en 1515 [h. 174], le cardinal

Jean d’Orléans, archevêque de Toulouse, en 1523 [h. 236], et enfin Odet de Foix, seigneur de

Lautrec et lieutenant du roi en Languedoc, l’année suivante [h. 241].

Fiers de ces honneurs et de la renommée de leur ville, les capitouls se montrent par

ailleurs extrêmement jaloux de leurs prérogatives et de leur rang. L’entrée du cardinal

d’Orléans, dont nous venons de parler, et qui se déroula le 15 mars 1523, donna ainsi lieu à

une querelle de préséance avec le sénéchal qui voulait précéder les capitouls auprès de cet

hôte prestigieux. Il en fut débouté par arrêt du parlement qui donna gain de cause aux

premiers magistrats municipaux [h. 237]. Ils durent enfin défendre âprement leur titre même

de « capitouls », qui leur fut disputé par les consuls de Muret au début des années 1520, et

obtinrent sentence en 1521 « portant que les sieurs capitoulz sont en possession d’estre

425 Nous nous permettons de renvoyer à nos deux études : « Une perception de l’espace urbain : cortèges officiels et processions générales à Toulouse du XIVe au XVIe siècle », dans Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. LXIV, 2004, p. 135-153, fig., et « Rites et pratiques cérémonielles à Toulouse au bas Moyen Âge et à la Renaissance », dans Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. LXV, 2005, à paraître 426 II 627 f° 205-v.

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nommés "capitoulz", avec deffences aux consulz de Muret et autres de prendre ce nom », sous

peine de punition corporelle427 [h. 228]. Les capitouls ne pouvaient être que de Toulouse.

L’organisation de l’administration municipale fait également l’objet de plusieurs

notations dans le Livre. Les capitouls ne manquent pas de faire mentionner la création de

nouveaux offices utiles à la cité. Les attaques renouvelées de la peste les déterminèrent ainsi à

instituer en 1509-1510 « deux chirurgiens pour proceder aux pestiferés, et les firent loger en

maison privée »428 [h. 139], puis en 1515-1516 un capitaine de la santé [h. 183]. On retiendra

ensuite que l’année 1518-1519 fut particulièrement fertile dans le domaine administratif : les

capitouls organisèrent d’une part la « famille du guet » qui serait désormais reconnaissable

par les casaques aux armes de Toulouse que ses 30 hommes portaient [h. 210], instaurèrent

d’autre part quatre « réveilleurs » chargés d’arpenter les rues de la ville « toutes les nuitz

depuis une heure jusques à cinq criant avec son de cloche : "Reveilhés-vous qui dormés, priés

Dieu pour les trepassés" »429 [h. 211], et enfin huit revendeurs jurés, seuls habilités à vendre

les biens mobiliers [h. 212]. D’autres périodes apparaissent moins fastes, comme en 1442-

1445, dans laquelle le roi imposa la réduction du nombre des sergents de ville de 452 à 120

[h. 28]. Quant au problème récurrent du droit que possèderaient les capitouls de créer des

notaires et de transmettre aux successeurs leurs notes et protocoles, il apparaît dans la

chronique de 1473-1474 qui note que les magistrats toulousains obtinrent gain de cause [h.

56]. Enfin, comment ne pas signaler le soin tout particulier qu’ils apportèrent à la gestion des

archives, en renforçant tout d’abord leur sécurité par l’installation d’une porte de fer en 1489-

1490 [h. 83], puis en en faisant dresser un inventaire en 1495 [h. 91]430 ?

b) Une ville dans le royaume

Le deuxième ensemble d’histoires contenues dans le Livre est constitué de notations

qui dépassent largement le cadre restreint des murailles toulousaines. Elles fournissent à la

ville l’occasion de raccrocher son histoire à celle du royaume mais également de montrer à la

monarchie sa fidélité et son soutien. Une première série est constituée des mentions liées aux

événements dynastiques, une seconde aux événements militaires et aux relations

internationales. 427 BB 269 f° 54. 428 ADHG, Ms 17 f° 28v. 429 BB 269 f° 53-v. 430 Il s’agit de l’inventaire de Bernard de Gaillac et Mathurin Forastier (II 615).

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Nous avons vu plus haut que l’avènement des nouveaux rois donnait l’occasion aux

capitouls d’envoyer des ambassadeurs en cour. Auparavant, cependant, on n’avait pas manqué

de mentionner le décès du monarque précédent et les cérémonies d’honneurs funèbres que la

ville leur rendait à cette occasion : ce fut le cas pour Charles VI en 1422 [h. 15], Charles VII

en 1461 [h. 32] et Louis XII en 1515 [h. 170]. L’année précédente, de semblables honneurs

avaient été rendus à la reine Anne de Bretagne [h. 162]. Parfois, la mention du seul décès est

enregistrée, comme pour Louis XI en 1483 [h. 66], pour Charles VIII en 1498 [h. 97] ou pour

la reine Claude de France en 1524 [h. 240]. Ces notations concernaient également parfois des

parents du roi, comme Charles de France, duc de Guyenne, et Gaston IV, comte de Foix, son

beau-frère, tous deux décédés en 1472 [h. 50]. Mais d’autres événements dynastiques

donnaient lieu à des festivités qui démontraient la fidélité de la ville à la monarchie : la

naissance d’un dauphin, comme pour Charles-Orland en 1492 [h. 89] et pour François en

1518 [h. 196] ; des mariages princiers ou royaux, comme ceux du duc d’Angoulême avec

Claude de France en mai 1514 [h. 163] et de Louis XII avec Marie d’Angleterre en octobre de

la même année [h. 164], ou bien encore celui de François 1er avec Eléonore d’Autriche en

1530 [h. 262]. Enfin, les capitouls n’oublient pas de faire noter la libération des enfants de

François 1er en 1530, et ce d’autant plus que la ville pouvait se glorifier d’avoir largement

participé au paiement de leur rançon [h. 261].

Mais si les Toulousains jouissent de temps en temps de moments d’insouciance et

festifs, il est évident que les troubles tant régionaux que nationaux et même internationaux

entretinrent pendant toute notre période un climat d’insécurité certain, et dont nous retrouvons

l’écho dans le Livre des histoires.

Barriera e frontiera de tot lo pays de langue d’oc [barrière et frontière de tout le

pays de langue d’oc], Toulouse joue un rôle stratégique essentiel jusqu’au tout début du XVIe

siècle. Place forte protégée par une enceinte de remparts relevée entre 1345 et 1355, elle

apparaît aussi comme une base arrière importante en terme de ravitaillement et d’armement.

Des épisodes militaires de la guerre de Cent ans, seule la prise de Lourdes sur les

Anglais à l’issue d’un très long siège, en 1407, semble avoir fait l’objet d’une mention

spéciale [h. 13]. Et il faut attendre la seconde moitié du XVe siècle pour retrouver la trace de

troubles touchant la région. En 1469, ce sont ceux fomentés par le comte d’Armagnac qui

provoquent l’intervention du comte de Dampmartin, grand maître d’hôtel du roi. Celui-ci,

accompagné d’une armée importante, traverse la Garonne par le pont de la Daurade [h. 45].

Quatre ans plus tard, le siège de Lectoure et la mort de Jean V, comte d’Armagnac, metent fin

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à ce conflit interne [h. 51]. Mais très vite, les zones gasconnes sont de nouveau le théâtre de

rivalités seigneuriales. Dès 1484, débute la guerre entre les maisons d’Albret et de Foix pour

la succession de cette dernière, affaire qui fait l’objet d’un long développement dans le Livre

[h. 69]. Ravivés en 1486 « par quelques fouls et insensés en la ville de Pamiès, de Saverdun,

d’Auterive et de Miramond et par grand dol et trahison respectivement commise avec grande

assemblée de gens d’armes »431, les troubles menacent alors directement Toulouse qui doit

prendre toutes les mesures de sécurité qui s’imposent [h. 76].

Ce rôle de place forte va cependant diminuer pendant les dernières décennies du

XVe siècle, en même temps que la notion de frontière va évoluer. Désormais, les enjeux se

déplacent vers le Roussillon et la Catalogne d’un côté, et vers la Navarre de l’autre. La

première campagne militaire d’envergure concerne dès 1463 le Roussillon et la Cerdagne et

se termine par la paix que Louis XI signe à Bayonne evc les rois de Castille et d’Aragon [h.

35]. Mais la guerre reprend en Catalogne en 1469 et Tanguy du Chastel réduit tout le pays

jusqu’à Barcelone [h. 44]. Quatre ans plus tard, le roi d’Aragon prend la ville de Perpignan.

Une armée française est alors levée, qui met le siège devant la ville, mais sans succès [h. 52].

Il fallut attendre l’année 1475 pour que, à l’issue d’un nouveau siège dramatique pour les

habitants, Perpignan fût enfin reprise au nom du roi de France [h. 59]. Après de nouvelles

escarmouches sur la frontière entre Languedoc et Roussillon en 1495-1496 [h. 95], la guerre

renaît en 1502-1503 dans cette dernière province, où se déroule en particulier l’épisode du

siège de Salses [h. 106].

Mais les Toulousains suivent aussi de près tout ce qui se passe du côté occidental

des Pyrénées, où Anglais et Espagnols tentent régulièrement de créer de nouveaux fronts.

C’est le cas en 1511-1512, lorsque les premiers débarquent à Fontarabie et menacent

Bayonne, et les seconds s’attaquent à la Navarre, s’emparent de Pampelune et s’avancent vers

le Béarn [h. 148]. Toulouse ne peut d’ailleurs se désintéresser de ces troubles, car elle voit

alors passer ou faire étape des troupes de mercenaires [h. 151] et les capitouls sont chargés du

ravitaillement en armes de l’armée royale [h. 152]. L’année suivante, ce sont des vivres qu’ils

envoient à Bayonne en prévision d’un éventuel siège par les Anglais [h. 156]. Dix ans plus

tard, la zone de Fontarabie est toujours l’objet d’une lutte âpre entre Espagnols et Français [h.

234].

431 II 627 f° 336-v.

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Par ailleurs, des événements plus lointains trouvent également leur place dans le

Livre. L’entrevue et la paix de Picquigny en 1475 entre Louis XI et Edouard IV d’Angleterre

font ainsi l’objet d’un récit détaillé [h. 60], de même qu’est rapporté la rencontre qui se

déroula entre François 1er et Henri VIII lors du fameux « Camp du Drap d’or » en 1520 [h.

216]. Les agissements de Charles le Téméraire en 1475-1476 sont également rapportés avec

une certaine précision [h. 62], mais ce sont surtout les guerres d’Italie qui, tant dans les

préfaces comme nous l’avons vu plus haut que dans les histoires, vont donner lieu à des

développements substanciels. C’est le cas en 1511-1512 avec la campagne puis la mort à

Ravenne de Gaston de Foix [h. 147], en 1514-1515 avec la conquête du duché de Milan sur

Maximilien Sforza [h. 173] et enfin en 1526-1527 avec le siège de Rome au cours duquel

Charles de Bourbon perdit la vie [h. 253]. Enfin, sur les autres scènes du théâtre international,

les seuls événements qui semblent avoir trouvé écho à Toulouse sont la prise de Rhodes par

les Turcs en décembre 1522 [h. 239] et les terribles inondations qui touchèrent l’Europe en

1530 [h. 263].

c) Une ville chrétienne

Les mentions ayant trait à la religion forment un troisième ensemble, mais de loin le

moins important des quatre (moins de 10%).

Les premières que nous trouvons concernent l’un des événements les plus forts de

l’histoire religieuse de la ville en cette fin du Moyen Âge : la translation à Toulouse, pour

raison de sécurité, du fameux saint suaire de l’abbaye périgourdine de Cadouin. De son

arrivée, le 28 octobre 1392, qui fournit l’occasion d’un compte-rendu circonstancié [h. 6],

l’on peut suivre comme un feuilleton dans les chroniques suivantes toutes les péripéties qui

marquèrent son passage dans la ville : le procès entre les capitouls d’une part, l’abbé de

Cadouin et les abbés de Cîteaux et du Chambon, représentants le chapitre général de Cîteaux,

de l’autre (1394-1395) [h. 7], le transfert de cette sainte relique à Paris en 1399-1400 à la

demande du roi [h. 8], et enfin son « vol » par des moines de Cadouin désireux de la ramener

dans son monastère d’origine [h. 31].

Mais si le suaire disparaît de Toulouse, la ville dispose par ailleurs d’autres

précieuses reliques, dont celles de Saint-Sernin qui sont en partie sous la garde des capitouls.

En 1503, « les capitouls ayant eu avis que quelques sélérats avoient comploté d’enlever de

l’église de Saint-Sernin les reliques des saints, qui s’y conservent depuis plusieurs siècles, en

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firent faire un inventaire général et prirent des seuretez pour la conservation de ce trésor »432

[h. 110]. En 1512, se déroule la cérémonie de l’élévation de trois « corps saints » : ceux de

Simon, de Jude et de Suzanne [h. 145], et six ans plus tard celle de plusieurs autres dont nous

ne connaissons pas les noms [h. 198].

La vie religieuse toulousaine passe aussi par la succession des archevêques qui y

sont nommés. Une place à part semble avoir été faite à Vidal de Castelmaurou, prêvôt du

chapitre de Saint-Etienne et élu par ce même chapitre en 1402, et qui avait la particularité

d’être filh naturel de Toulouse433 [h. 12]. Le décès d’Hector de Bourbon en 1502 est

mentionné [h. 113], de même, comme nous l’avons vu, que l’entrée de son successeur, Jean

d’Orléans, vingt ans après sa nomination [236]. Mais les rapports avec ces dignitaires ne sont

pas faits que de respect et d’honneurs rendus. En 1530-1531, les capitouls s’opposent par

exemple aux statuts synodaux promulgués par ce même cardinal d’Orléans et touchant en

particulier la matière des mariages, appellent « comme d’abus » au parlement et obtiennent

gain de cause [h. 265].

Les événements importants qui touchent les nombreux ordres religieux de la ville

trouvent également un certain écho dans le Livre. On y note ainsi la réformation des Grands

Carmes en 1517-1518 [h. 197] de même que celle des Augustins en 1519-20 [h. 218], l’union

des couvents des Cordeliers et de la petite Observance en 1521-1522 [h. 232] ou encore le

chapitre général des Cordeliers qui se déroula en 1532 [h. 277]. Certaines décisions

pontificales concernant l’ensemble de la communauté chrétienne font aussi l’objet de

commentaires spécifiques : la fondation de l’Ave Maria pendant l’année capitulaire 1475-

1476, avec les indulgences afférentes [h. 64], le « jubilé centenaire »434 en 1500-1501 [h.

103], de nouvelles indulgences « en forme de jubilé »435 en 1514-1515 [h. 171], puis en 1526-

1527 spécialement pour les fidèles qui viendraient visiter les corps saints de Saint-Sernin [h.

252]. Un « pardon » pour l’hôpital Saint-Sébastien fut également obtenu du pape en 1513-

1514, en tout point semblable à celui de son homologue parisien [h. 168].

Pour autant, la vie religieuse locale n’est pas absente du Livre. On note ainsi la

procession du Corpus de 1463 [h. 37], qui, il est vrai, prit cette année-là un relief tout

particulier : elle se déroula en effet quelques jours à peine après l’un des plus importants

432 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 285-286, qui ajoute : « Les capitouls avec l’abbé de cette église sont gardiens et conservateurs nez de ce précieux dépôt ; et en cette qualité il leur apartient d’en avoir une clef. » 433 Ibid., p. 155. 434 Ibid., p. 282. 435 BB 269 f° 50.

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incendies que la ville ait connus et fut honorée de la présence du roi Louis XI qui venait de

faire son entrée dans la ville. Dix ans plus tard, en 1473-1474, période de recrudescence de la

peste, nous trouvons la mention de deux autres processions destinées « à apaiser l’ire du Tout-

Puissant »436 [h. 58], et en 1528-1529 deux autres sont organisées dans le même but [h. 258].

Certaines prédications, remarquables par les conséquences qu’elles entraînèrent dans

la ville, eurent également les honneurs du Livre. En 1515-1516, voici celle du Père Mathieu,

de l’ordre des Cordeliers, « qui avoit un si grand don de vertu en ses predications qu’ayant

converti plusieurs filles debauchées et leur ayant persuadé d’entrer en closture, les capitoulz

les y firent mettre au couvent de Saint-Sprit »437 [h. 190]. Lui succède en 1518-1519 un autre

membre de son ordre, Thomas Illyricus, dont les prêches connurent un succès considérable :

« ses predications opererent si fort dans les cours des magistratz de la ville qu’ilz abolirent

tous les jeux des cartes et masques dans Tholoze, et tous les moules de cartons et papiers

furent bruslés et jettés en la rue d’entre les Cordeliers et le college de Foix en grand

monceau ; et de plus firent brusler toutes les cartes qui se trouverent chès les marchandz »438,

et ce fut en outre à son instigation que « le nom de Jezus fut mis et gravé en divers lieux de la

ville et aux plus apparents, comme aux portes, aux ponts et aux carrefours »439 [h. 205]. Et ce

fut un autre Cordelier du nom d’Arnaud Reveland qui, la même année, persuada les capitouls

de créer les quatre « réveilleurs » dont nous avons parlé plus haut [h. 211].

Enfin, dans ces premières décennies du XVIe siècle, Toulouse vit s’allumer plusieurs

bûchers d’« hérétiques ». Le premier fut dressé dès 1510-1511 pour Gonsalve Molina,

professeur en médecine [h. 144]. En 1519-1520, ce fut celui d’un anonyme, qui s’accompagna

de l’arrestation dans la ville de plusieurs marranes [h. 223], puis en 1531-1532 celui de Jean

Cadurcus, « homme docte en droit et connu de tout le monde pour sa capacité » mais

« tellement infecté de l’hérésie de Luther qu’il le disoit partout et se glorifoit de suivre ses

erreurs »440 [h. 272].

436 BERTRAND (Nicolas), Opus, f° 61 : ad placandum iram Omnipotentis. 437 BB 269 f° 51v. 438 BB 269 f° 52v-53. 439 ADHG, Ms 17 f° 34. 440 ADHG, Ms 17 f° 40-v.

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d) Gérer la ville

Mais la grande majorité des mentions rapportées dans le Livre, du moins de celles

dont nous avons gardé une trace, se rapporte à la gestion de la ville et aux actions des

capitouls en faveur de celle-ci (plus de 50% d’occurrences). On peut les répartir suivant les

quatre grandes fonctions que se partageaient traditionnellement les capitouls depuis le début

du XVIe siècle au moins : la police, la justice, l’assistance et les travaux publics441, auxquelles

nous ajouterons le domaine essentiel dont toute l’action des édiles dépendait, les finances.

- La police

La première d’entre elles, la police générale de la ville, apparaît comme un domaine

d’intervention extrêmement vaste, qui comprend à la fois l’hygiène et la sécurité publiques, la

réglementation en général et celle sur les métiers en particulier, mais aussi tout ce qui peut

avoir trait au ravitaillement.

Depuis la Grande Peste de 1348-1350, la ville, comme beaucoup d’autres dans le

royaume, subit de façon récurrente des résurgences plus ou moins violentes de l’épidémie. De

la « grande mortalité » de 1470-1471 [h. 49] jusqu’à celle de 1528-1529 qui frappa en plein

cœur la maison commune [h. 259], ce ne sont pas moins de 13 pestes qui sont évoquées dans

le Livre. Outre les deux que nous venons de citer, on retrouve ainsi ses assauts en 1473-1474

[h. 55], 1483-1485 [h. 71], 1502-1503 [h. 104], 1505-1506 [h. 122], 1509-1510 [h. 139],

1513-1514 [h. 166] où elle ne parvint pas à franchir les murailles, 1514-1515 [h. 177] où deux

tiers des malades furent sauvés, 1515-1516 [h. 183], 1519-1520 [h. 217], 1520-1521 [h. 224-

226], et enfin en 1521-1522 [h. 229]. Plusieurs d’entre elles donnèrent lieu à la mise en place

de mesures prophylactiques ou sécuritaires particulières de la part des capitouls : rondes

nocturnes pour lutter contre les pilleurs de maisons [h. 55], rassemblement et visite médicale

des pauvres mendiants [h. 104], regroupement des malades [h. 122 et 224], ravitaillement des

familles atteintes enfermées dans leur maison [h. 139], cadenassage des maisons infectées [h.

224], ou encore interdiction de vente des vêtements usagés [h. 259]. Nous avons également vu

que pour répondre plus efficacement aux attaques de ce fléau, les édiles créèrent d’une part

deux chirurgiens de la peste en 1509-1510 [h. 139] puis un capitaine de la santé en 1515-1516

[h. 183], dont La Faille nous précise les fonctions : « On l’appella de ce nom parce qu’on lui

441 La première mention officielle de cette répartition se trouve dans le registre des testaments capitulaires, et plus particulièrement dans le testament des capitouls de 1511-1512 (BB 265 p. 40).

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donna un nombre de gardes ou de soldats pour l’exécution des fonctions de sa charge, dont la

principale estoit de renfermer les pestiférez et de les empêcher de sortir de leurs maisons »442.

Le deuxième grand fléau de la ville médiévale est sans conteste l’incendie, d’autant

plus dangereux dans une cité constituée de maisons dont la majeure partie se trouve alors

construite entièrement en bois ou à pans de bois tout au moins. Deux des plus importants pour

Toulouse furent celui de 1442 [h. 21 et peut-être 29], qui désola tout le capitoulat de la

Dalbade et poussa jusqu’à l’église de la Daurade, et surtout celui de 1463 dont il ne semble

pas y avoir eu de description détaillée mais une simple mention [h. 38]. D’autres nous sont

également signalés en 1502-1503, où deux brasiers non localisés touchèrent la ville [h. 107],

et vingt ans plus tard, en 1522-1523, dans lequel 80 maisons furent brûlées autour de la rue

Servinières (actuelle rue Saint-Rome), en plein cœur de ville [h. 238]. Pour lutter contre ces

incendies et pour les prévenir, les capitouls promulguèrent des ordonnances spécifiques en

1468-1469 [h. 47], puis de nouveau en 1473-1474 [h. 57].

Pour en finir avec ce chapitre des catastrophes, il nous faut bien sûr évoquer les

inondations dont la ville souffrait régulièrement. Celle de 1485 fut assez exceptionnelle pour

être notée : outre qu’elle entraîna une nouvelle fois la chute du pont Vieux qui venait d’être

refait à neuf, elle ne fut pas causée comme la plupart du temps par de fortes pluies, mais « par

les fontaines et sources venues par dessoubz terre »443. Quarante ans plus tard, en 1523-1524,

l’antique pont est de nouveau la victime de l’impétuosité du fleuve, qui investit également le

quartier de Saint-Cyprien et submerge l’île de Tounis, et seule l’intervention du saint

Sacrement peut calmer son ardeur [h. 242].

Ces malheurs du temps n’étaient pas sans entretenir un climat de troubles dans la

population, ou du moins, dans l’esprit des édiles, étaient susceptibles d’en entraîner de graves.

Les « maquereaux, putains et vagabonds » constituaient sans conteste pour eux les catégories

les plus menaçantes, et ils prirent à plusieurs reprises des mesures de réquisition, de punition

exemplaire ou d’expulsion à leur encontre [h. 102 (1499-1500) ; h. 116 (1503-1504)]. Le

problème des prostituées, du moins de celles de la « maison publique », trouva en outre un

règlement partiel en 1516-1517, lorsque le Père Mathieu, prédicateur franciscain, en persuada

un certain nombre de racheter leur vie de pècheresses en se retirant du monde : les capitouls

442 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 2, p. 2. 443 II 627 f° 438v.

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les installèrent alors « au couvent de Saint-Sprit et en firent venir huit de Paris pour leur

apprendre les seremonies et institutz »444 [h. 190].

Mais d’autres troubles à l’ordre public beaucoup plus graves pouvaient parfois

éclater dans la ville. Les plus sérieux donnèrent lieu, en 1382-1383, à la toute première des

histoires du livre : il ne s’agissait de rien de moins que de l’épisode toulousain de la révolte

des « Tuchins » qui embrasait alors tous les pays de langue d’oc [h. 1]. Un siècle plus tard, en

1490-1491, c’est l’élection de l’archevêque de Toulouse qui fournit l’occasion de heurts

violents entre les partisans de Pierre du Rosier et ceux d’Hector de Bourbon [h. 86].

Afin de prévenir tout désordre, les capitouls disposaient d’un arsenal règlementaire

qu’ils enrichissaient régulièrement. Nous avons déjà vu plus haut qu’ils avaient été amenés

par deux fois à organiser par ordonnance la défense de la ville contre les incendies. D’autres

mentions font état de règlements municipaux ou d’arrêts du parlement sur des sujets aussi

variés que le commerce [h.40 (1465-1466)], la fréquentation des tavernes [h. 82 (1488-1489) ;

h. 184 (1515-1516)], la vente du poisson et le nettoiement des rues [h. 155 (1511-1512], le

poids et le prix du pain [h. 182 (1515-1516)], le commerce des draps [h. 188 (id.)] ou encore

l’interdiction du port d’armes aux étudiants [h. 221 (1519-1520)]. Le Livre note également

l’un des statuts de métier que les capitouls furent amenés à promulguer, celui des drapiers

qu’ils réformèrent en 1468-1469 [h. 47].

De nombreuses histoires font en dernier lieu référence à l’économie et au

ravitaillement. Le bas Moyen Âge connaît en effet de sérieuses crises et il est de la

responsabilité des édiles de pourvoir aux besoins vitaux de la population urbaine. Des disettes

sont régulièrement signalées, comme en 1504-1505 [h. 118] ou en 1531-1532 [h. 269],

entraînant à chaque occasion un afflux de pauvres venant de zones parfois relativement

éloignées (« de la Gascogne, de la Xaintonge, du Limosin, d’Auvergne, Rouergue, à foison

jusqu’à de familhes entieres qui avoint abandonné leurs maisons » lors de cette dernière445).

Une grande famine toucha même la région en 1473-1474 [h. 54], au cours de laquelle le

« pouvre monde » fut obligé de se nourrir de « pain de som sive bren, à glan, avoine, racines

et herbes »446, et d’autres semblent avoir sévi en 1497-1498, mais sans que Toulouse cette

fois-ci en ressente les effets [h. 98], et en 1528-1529 [h. 257]. D’autres mentions, sans

444 BB 269 f° 51v. 445 BB 269 f° 57v-58. 446 II 627 f° 394v.

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spécifier explicitement de telles catastrophes, font état de la préoccupation des capitouls lors

des périodes qui voyaient les prix, et en particulier celui du blé, flamber sur les marchés

toulousains. Ce fut le cas en 1507-1508 [h. 129], 1514-1515 [h. 178], 1515-1516 [h. 181],

1521-1522 [h. 230] ou encore 1522-1523 [h. 235]. La situation fut même si critique en 1530-

1531 que « les boulangers furent trois jours sans avoir du pain, ce qui ne fut pas sans

aprehantion de sedition du peuble quy y branloit desjà »447.

Outre l’élément essentiel que constituait le blé, un autre produit faisait l’objet de

toutes les attentions municipales : le bois à brûler et à chauffer, nécessaire non seulement pour

la consommation individuelle mais surtout pour les nombreuses activités artisanales qui en

consommaient. Il provenait essentiellement des montagnes pyrénéennes et était acheminé à

Toulouse par flottage sur l’Ariège puis la Garonne. Dans ce secteur aussi, la disette se fait

sentir en 1517-1518 [h. 199], obligeant à prendre l’année suivante des mesures draconiennes

et en particulier à faire « rompre toutes les paissieres ou chaussées de la riviere de

l’Ariege »448 [h. 207]. Dès lors, l’approvisionnement fut assuré de manière plus satisfaisante,

ainsi qu’il est noté en 1519-1520 [h. 215], mais les capitouls devaient toujours faire preuve

d’extrême vigilance car la pénurie pouvait menacer à tout moment, comme en décembre 1531

[h. 271].

Quelque notations viennent cependant éclaircir le tableau parfois très sombre que

cette analyse révèle. En 1483-1485, et malgré une extrême sècheresse, Toulouse connaît

l’abondance de blé et de vin [h. 70]. Trente ans plus tard, en 1513-1514, année de stérilité

pour la ville, un véritable prodige se produit : « nasquirent force milletz en grande abundance

sans que par aucung eussent esté semez, ains comme les bonnes gens des villaiges attestoient

qu’il y avoit vingt ans qu’on n’y avoit semez aucuns milletz, qu’est une chose admirable, que

feust ung grand bien et soulaigement pour le pouvre et menu peuple »449 [h. 165]. En 1516-

1517, nouveau miracle aux yeux du rédacteur : « cette année fut heureuse et abondante en tout

et n’y eut aucune sorte de maladie »450 [h. 192]. Enfin, comment ne pas mentionner qu’en

1511-1512, « le mois de décembre sembla un beau mois de may : les roses et autres fleurs et

les seigles estoint tous fluris entre la Sainte Catherine et Sainte Luce »451 [h. 146] ?

447 BB 269 f° 57. 448 BB 269 f° 53. 449 II 627 f° 93-v. 450 BB 269 f° 51v. 451 Ibid., f° 48v.

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- La justice

La deuxième des grandes fonctions capitulaires était celle de la justice. Nous avons

vu que certains troubles venaient parfois perturber sérieusement l’ordre public, et les

magistrats municipaux étaient régulièrement amenés à soumettre les fauteurs de trouble à

toutes les rigueurs du droit, et en particulier à celles du parlement.

En 1490-1491, ce sont des faux-monnayeurs qui sévissent à Toulouse, mais leur

poursuite semble avoir été entravée [h. 85]. Vingt-cinq ans plus tard, en 1515-1516, Michel

Taulhac et ses complices, qui profitaient de leur situation de capitaine et sergents du guet pour

commettre des crimes atroces, font l’objet d’exécutions capitales individualisées propres à

marquer les esprits et à servir d’exemples [h. 185]. Puis en 1530-1531, c’est au tour d’un

orfèvre espagnol d’être fouetté et banni pour le viol qu’il avait commis sur une « pauvre fille

delaissée »452 [h. 267]. C’est d’ailleurs le même châtiment qui frappe un boucher négligent

qui proposait à ses clients, en 1520-1521, « des chairs corrompues » [h. 227].

Parfois, d’autres peines moins graves, mais qui à coup sûr avaient une portée

symbolique, qui trouvent place dans le Livre. Voici en 1515-1516 Me Pierre de Langon, qui

avait osé vouloir arrêter un capitoul et se voit condamné à 25 £ d’amende [h. 186]. Quinze ans

plus tard, deux autres personnalités coupables de fraude sont également poursuivies et frappés

de la même peine : il ne s’agit pas moins que du juge mage, Jean Chavagnac, qui avait vendu

du vin à un prix trop élevé, et du second président du parlement, Barthélemy Robin, ce

dernier ayant « exposé à la Pierre du bled pourri »453 [h. 266]. En 1530-1531, ce furent des

officiaux de Rodez et d’Auch qui se virent condamnés à de fortes amendes pour avoir excité

un meurtre dans les murs du fameux « Château vert », la maison publique de la ville [h. 268].

Enfin, le Livre ne manque pas d’enregistrer les grandes affaires judiciaires liées à la

répression des hérésies, même si elles ne relevaient pas de leur compétence. C’est le cas dans

la chronique de 1510-1511, où est noté le bûcher du professeur en médecine Gonzalve Molina

[h. 144], dans celle de 1519-1520 qui mentionne l’arrestation de marranes et l’exécution d’un

« hérétique » dans laquelle La Faille crut déceler la première manifestation des « nouvelles

opinions de Luther »454 [h. 223]. Ce fut en tout cas ce motif qui provoqua, en 1531-1532,

l’arrestation de « quinze cytoyens de la ville de diverses qualités et de toute sorte grande et

452 Ibid., f° 57v. 453 BB 269 f° 57-v. 454 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 2, p. 23.

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petite, ecclésiastique, laïque, longue et courte robe »455 et surtout un nouveau bûcher, celui de

« Jean Cadurco, homme docte en droit et connu de tout le monde pour sa capacité »456 qui

refusa d’abjurer sa foi [h. 272].

- L’assistance

Par ailleurs, les capitouls doivent assurer une fonction d’assistance qui prend, dans

ces temps de malheurs à répétition, une extrême importance. Chaque disette draîne, comme

nous l’avons vu, des milliers de pauvres dans la ville qu’il faut contrôler bien sûr, et cela

relève de l’ordre public, mais qu’il faut également soigner et nourrir. Ils s’y emploient par

exemple en 1504-1505, car « cette année, il y eut une grande disette de bledz, ce qui ne donna

pas peu de peine à ces messieurs de pourvoir aux hospitaux et aux autres peauvres de la ville

pour lesquelz ilz s’emploient jour et nuit à faire cuire du pain »457 [h. 118]. En 1528-1529, la

pénurie de blé s’ajoute à l’épidémie, et « il arriva sy grande quantité de pauvres de tous costés

que les capitoulz, pour y donner ordre, furent constraintz de les faire tous assembler aux

Augustins et visiter par trois medecins afin de separer les malades et pourvoir à ce qu’ilz

n’infectasent les autres ; (…) ceux qui se portent bien mais qui estoint invalides à travailler

furent conduitz par le capitaine du guet à Saint-Ciprien en nombre de 800, où ilz furent

nourris tous les jours aux despens du peublic par les soins d’Anthoine Bertrand, notaire, qui

avoit soin de leur fournir pain, vin et quelques fois de la chair ; et deux capitoulz y alloint tous

les jours prendre garde. (…) Et avec tout cella on donnoit l’aumosne hors la porte Saint-

Estienne tous les jours à 10 000 pauvres »458 [h. 257]. Une cotisation générale fut même

organisée, à laquelle le clergé fut même soumis, et l’on dut renouveler l’opération trois ans

plus tard, les mêmes causes produisant les mêmes effets [h. 269]. La nourriture des pauvres,

et en particulier des pauvres de la ville, faisait aussi parfois l’objet de quêtes publiques,

comme en 1502-1503 [h. 111]. Les capitouls durent même pourvoir en 1518-1519 au manque

de personnel de l’hôpital Saint-Jacques, à Saint-Cyprien : « Et parce qu’en la visite que Mrs

les capitoulz firent au grand hospital de Saint-Jaques ilz treuverent qu’il n’y avoit personne

pour servir les pauvres, ilz procurent que les religieuses repenties y vouleussent aller, ce

qu’elles firent avec grand soin et soulagement des peauvres »459 [h. 208]. En 1526-1527,

455 ADHG, Ms 17 f° 40-v. 456 Ibid. 457 BB 269 f° 47. 458 BB 269 f° 56-v. 459 Ibid., f° 53.

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cependant, cet hôpital connut une telle affluence qu’afin de le « descharger », on « donna le

mestier à 120 enfans desjà grandz »460 [h. 251].

Mais c’est en temps de peste que la situation devenait encore plus critique et que les

capitouls étaient amenés à prendre des mesures exceptionnelles en terme de santé publique.

Nous avons déjà signalé qu’en 1509-1510 ils instituèrent des médecins de la peste [h. 139],

puis en 1515-1516 un capitaine de la santé [h. 183]. Mais leur implication personnelle fait

l’objet de notations régulières dans le Livre, qui ne manque pas de signaler leur présence sur

le terrain et d’indiquer par ailleurs l’exil des parlementaires dans des zones plus sûres. En

1502-1503, « on fist assembler tous les pauvres sur peine du fouet au couvent des frères

Prêcheurs, lesquelz [pauvres] on fist visiter par médecins et chirurgiens tous les malades,

lesquelz on fit penser dans les hospitaux selon leur condition et on fit sortir les autres après

qu’on en eut fouetté quelques-uns »461 [h. 104]. En 1505-1506, « la peste fut grande en

Tholoze et l’on fit deffences aux pauvres de quester parmi les rues ; et on leur donnoit dans

les hospitaux tout ce qui leur estoit necessaire ; et les chirurgiens de l’hospital de la Grave

firent si bien leur devoir que la peste cessa et n’en moururent pas plus de 3000 »462 [h. 122].

Neuf ans plus tard, les capitouls peuvent même se glorifier d’avoir sauvé les 2/3 de la

population grâce à leur action [h. 177]. Afin de mieux répondre à ces situations de crise, ils

rénovent en 1508-1509 les infirmeries pour les pestiférés [h. 132] et créent en 1514-1515,

dans le quartier de Saint-Cyprien, l’hôpital Saint-Sébastien destiné à les accueillir [h. 176]. Ils

y financent même l’installation de fonds baptismaux lors de la grande peste de 1528-1529 en

raison du danger de contagion entre cet hôpital et l’église pourtant proche de Saint-Nicolas [h.

259].

- Les travaux publics

La grande majorité des histoires concerne cependant le domaine le plus visible de

l’action municipale, celui des travaux publics. L’essentiel des efforts des capitouls se porte

sur les remparts et les ponts, et cela n’est pas pour nous surprendre dans une ville disposant

d’une enceinte fortifiée de près de 5 km de long et, du moins à la fin du XIIIe siècle, de quatre

ouvrages sur la Garonne. Mais d’autres équipements publics naissent en ce bas Moyen Âge, et

460 Ibid., f° 55v. 461 Ibid., f° 45v-46. 462 Ibid., f° 47.

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une certaine « ratio urbanistique »463 commence à voir le jour dans les premières décennies

du XVIe siècle.

Dans ces temps troublés de la Guerre de Cent ans, la défense de la ville devient l’une

des préoccupations majeures de la ville qui, dès les premières années du conflit avec

l’Angleterre, s’attache à reconstruire une ligne de défense en partie détruite lors de la

croisade, un siècle auparavant. De la première campagne de travaux de 1345-1346464 jusqu’à

l’intervention d’experts italiens en 1525 et 1538465, l’aménagement et l’entretien des

fortifications revient de manière obsessionnelle dans les délibérations et les requêtes des

capitouls466. Leur principal souci en est bien sûr, et avant tout, d’assurer le financement de ces

travaux extrêmement coûteux. Ils vont y parvenir, du moins en bonne partie, grâce à un impôt

spécial sur la vente du vin, le souquet ou « quart du vin », qui, de temporaire au XIVe siècle,

va devenir régulier à partir de 1400.

C’est de cette époque que date la première mention de tels travaux dans le Livre des

Histoires. On y apprend qu’en cette année 1400-1401 les « seigneurs du chapitre » firent

réaliser cent brasses (près de 500 m) de muraille avec deux tours entre la porte Saint-Etienne

et la porte Neuve [h. 10]. Quarante ans plus tard, la tour Pouzonville, au nord du Bourg, est

reconstruite467 [h. 19] et l’événement semble assez important pour illustrer le « portrait » qui

orne le feuillet de la chronique [ill. 21]. En 1487-1488, on note la réparation des murailles du

côté de la Prévôté [h. 78], qu’on rappelle en 1494-1495 à l’occasion de nouveaux travaux en

signalant au passage que toutes ces constructions étaient réalisées « de tuille et mortier

franc »468 [h. 92]. L’année suivante, la guerre avec l’Espagne détermine les capitouls à

aménager deux grands « boulevards » défensifs, l’un à la porte du Château et l’autre à celle de

Muret [h. 93]. Enfin, en 1507-1508, le véritable travail de Sisyphe des magistrats toulousains

semble prendre fin, du moins si l’on en croit Germain de La Faille : « Selon nos Annales, ce

ne fut qu’en cette année qu’on acheva de bâtir de brique l’enceinte de murailles de cette ville,

après qu’on eut joint la grande tour de la porte du Basacle »469 [h. 125].

Il manquait cependant encore une véritable enceinte dans le quartier de Saint-

Cyprien, ou pour mieux dire un ouvrage de défense qui soit adapté aux progrès de l’artillerie.

463 LE GOFF (Jacques), « La ville comme image : l’urbanisme », dans DUBY (Georges), dir., Histoire de la France urbaine. T. 2 : La ville médiévale. Paris, Seuil, 2e éd., 1992, t. II, p. 390. 464 AA 35/62 et AA 5/274. 465 AA 13/180, EE 160 et AA 13/249 f° 461v-466. 466 Pour la période 1350-1450, voir WOLFF (Philippe), Commerces, p. 96-100. 467 Voir BORDES (François), dir., Toulouse, parcelles de mémoire. 2000 ans d’histoire urbaine au regard de 8 siècles d’archives, catalogue d’exposition, Toulouse, Archives municipales, 2005, p. 94-95. 468 Ms 696 f° 98v-99. 469 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 301.

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Ce fut l’objet du programme qui commença en 1511 [h. 150] et vit en quelques années

l’édification de dix tours entre la porte de Muret au sud et la Garonne près du gué du Bazacle

au nord470.

Mais la tâche des capitouls ne fut pas pour autant terminée, et l’entretien de cet

exceptionnel ensemble leur demanda régulièrement de lourds investissements. Ce fut en

particulier le cas en 1528-1529 lorsque les 300 brasses de remparts élevées en 1400

s’écroulèrent [260].

Les problèmes posés par les ponts furent tout-à-fait comparables. Notre période les

voit régulièrement s’écrouler puis se reconstruire avant d’être pour certains totalement

abandonnés471. Il est vrai que de fréquentes inondations viennent souvent ruiner les efforts

des capitouls472. Vers 1410, seul le « pont neuf » de la Daurade, d’après leurs écrits, semble

permettre le passage entre la ville et le quartier Saint-Cyprien473.

C’est d’ailleurs celui-ci qui fait l’objet de toutes les attentions des édiles et qui

apparaît le plus fréquemment dans nos chroniques. Dès 1399-1400, il nécessite de grandes

réparations [9], mais qui ne suffisent pas à éviter les effets des crues de 1413, 1430 et 1437.

En cette dernière année, le massif qui supportait la tour du bout du pont sur la rive gauche

s’effondre, obligeant les édiles à faire réédifier l’ouvrage de défense474 [h. 16]. Cet événement

fut d’ailleurs le sujet de l’illustration qui orne le feuillet de la chronique où cette mention fut

inscrite [ill. 19]. En 1480-1481, c’est toute la première arche, toujours vers Saint-Cyprien, que

l’on doit reconstruire « de tuyle et mortier franc » [h. 65]. Vingt-cinq ans plus tard, en 1505-

1506, les députés de la ville à la Cour obtiennent du roi que l’on puisse lever un « droit de

barre » sur tous ceux qui empruntaient ce pont afin de ne pas grever continuellement les

finances municipales [120]. C’est peut-être grâce à cela qu’en 1507-1508, « le principal arc et

principalle partie dudict pont » put être relevé, à l’endroit le plus profond du fleuve [h. 126].

L’année suivante, c’est la seconde arche qui menace ruine [h. 131] ; deux autres sont refaites

470 Sur la chronologie et l’étude des fortifications de Saint-Cyprien, voir LEBLANC (Gratien), « Toulouse, les remparts du faubourg Saint-Cyprien », dans MSAMF, t. XLV, 1983-1984, p. 19-137, et en particulier p. 43-45. La construction de « la grosse tour près de l’hospital de la Grave » est mentionnée dans le Livre en 1513-1514 [h. 169]. 471 Sur la question des ponts, voir WOLFF (Philippe), Commerces, p. 91-95, et COPPOLANI (Jean), Les ponts de Toulouse, Toulouse, Privat, 1992, 157 p., et en particulier p. 13-27. 472 Nous en avons répertorié 8 sur l’ensemble de notre période. 473 FF 80 f° 13V-14 : « lesdicts pons ont eu et encore ont besoing de très grans importables reparacions ; aussi estoient-ils de pieçà et sont de present toux ruineux, et tellement qu’ilz sont toux cheuz et corruez, et ne peut-on passer dessus, excepté ledit pont nommé Deaurate. » 474 Voir BORDES (François), dir., Toulouse, parcelles de mémoire. 2000 ans d’histoire urbaine au regard de 8 siècles d’archives, catalogue d’exposition, Toulouse, Archives municipales, 2005, p. 97-98.

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à neuf en 1509-1510 [h. 141] et des réparations sont effectuées sur le troisième pilier à partir

de la rive droite en 1523-1524 [h. 245]. Enfin, les deux années 1526-1527 et 1527-1528

voient de nouvelles interventions de consolidation de l’édifice [h. 254-255].

L’antique pont Vieux, quant à lui, fort délabré à cette époque, et qui venait d’être

reconstruit en partie en bois, fut emporté comme nous l’avons vu plus haut par l’inondation de

mai 1485 [h. 72]. Relevé peu après, il subit le même sort en 1507-1508 [h. 127]. Ce n’était

plus alors qu’une simple passerelle de bois posée sur les vieux piliers de brique. Pour

remédier à cette situation, les capitouls semblent, dès 1504-1505, avoir projeté de construire

un nouveau grand pont en pierre et en brique [h. 117], mais il faudra attendre encore une

quarantaine d’années avant que la première pierre de celui-ci ne soit enfin posée.

Outre les ponts enjambant la Garonne, il en existait un autre plus modeste mais tout

aussi cher aux Toulousains, celui qui permettait de joindre la rive droite et l’île de Tounis475.

Construit à l’origine en bois, on décide de le rebâtir en brique dès 1510-1511, mais il semble

que ce nouvel ouvrage n’ait jamais été véritablement réalisé [h. 142] : c’est en fait en 1514-

1515 que la première pierre en est posée [h. 175]. Trois arches sont achevées en 1516-1517 et

représentées sur l’une des scènes qui illustrent le feuillet [ill. 33], et le pont est considéré

comme achevé l’année suivante [h. 201]. Il restait seulement à en aplanir la chaussée et à le

paver, ce qui fut réalisé en 1518-1519 [h. 206]. C’est à partir de cette réalisation qu’un

deuxième projet de nouvelle jonction jusqu’à Saint-Cyprien vit le jour dans l’esprit des édiles

et connut même un début de réalisation en 1519-1520 [h. 220].

Si la traversée de la Garonne et de sa dérivation sont parmi les principales

préoccupations des capitouls, d’autres obstacles nécessitaient l’édification ou l’aménagement

de ponts. Il en est ainsi des ruisseaux qui serpentaient dans la banlieue, comme le Touch à

l’ouest, dont le pont fut reconstruit en 1499-1500 [h. 100], ou comme l’Hers à l’est avec celui

de Montaudran, dont la gestion fut récupérée par les capitouls en 1516-1517 [h. 194], qui fut

réédifié l’année suivante [h. 200] et reconstruit avec briques et chaux en 1528-1529. Cette

année-là, en outre, deux autres ponts sur ce même ruisseau furent refaits, dont celui de Las

Cledas, à Balma [h. 260].

Plusieurs ouvrages furent également aménagés pour faciliter le passage au-dessus du

fossé qui bordait les remparts. En 1468-1469, on réalisa un pont à la porte de l’Isle, à Saint-

Cyprien, et on commença de bâtir celui de la porte Saint-Etienne [h. 46]. On le termina cinq

ans plus tard, en même temps que celui de la porte Arnaud-Bernard fit l’objet de réparations

475 Sur ce pont, voir BORDES (François), dir., Toulouse, parcelles de mémoire. 2000 ans d’histoire urbaine au regard de 8 siècles d’archives, catalogue d’exposition, Toulouse, Archives municipales, 2005, p.101-103.

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[h. 53]. En 1511-1512, enfin, c’est celui de la porte Montoulieu qui est rebâti en brique [h.

143].

Le Livre des Histoires fait par ailleurs apparaître d’autres équipements publics de la

cité. Le marché aux grains de la Pierre, détruit par l’incendie de 1463476, est terminé dix ans

plus tard avec la réfection des mesures de la ville [h. 53]. Une halle « pour vendre toutes

marchandises » est édifiée en 1523-1524 [h. 244] puis transférée en face de l’église du Taur

en 1531-1532 [h. 276], et une autre destinée à la vente du poisson est projetée du côté de la

Daurade en 1525-1526 [h. 249]. Les boucheries qui se trouvaient dans la zone de la Pierre

sont, quant à elles, déplacées au bout du pont Vieux en 1532 [h. 275].

L’aménagement de fontaines municipales, tardif pour notre ville477, commence

véritablement au début du XVIe siècle. En 1508-1509, tout d’abord, des travaux sont effectués

près de la porte Montgaillard afin d’aménager une « font vive » abondante mais qui ne semble

pas avoir fonctionné très longtemps478 [h. 133]. Mais la grande fontaine communale, celle qui

va être l’objet principal des préoccupations des capitouls, va voir le jour au centre de la place

Saint-Etienne. Son édification prendra cependant plusieurs décennies : si la décision de sa

construction fut en effet prise en 1523 [h. 246], il faudra en effet attendre les années 1545

pour que cette réalisation voit enfin le jour479.

Comme d’autres collectivités, la ville de Toulouse est également amenée à prendre

en charge certains équipements liés à l’enseignement. Un arrêt de parlement ayant prévu en

1516 la construction de six « estudes » (trois pour le droit canon et trois pour le droit civil),

les capitouls durent s’exécuter tout en retardant l’échéance : les travaux des trois premières ne

commencèrent qu’en 1518-1519 [h. 209] pour s’achever l’année suivante [h. 219]. Quant aux

trois dernières, elles ne furent édifiées qu’en 1521-1522 [h. 233].

Cette époque voit également le transfert de la « maison publique » et de ses

prostituées au Pré Montardy [h. 250], et surtout, à partir des années 1525, la construction de la

« tour des archieux » qui abritera les archives municipales jusqu’en 1946480 [h. 256]. Enfin,

un certain nombre de travaux dans la maison commune même sont notés, comme en 1473-

476 Voir SALIES (Pierre), « Le grand incendie de Toulouse de 1463 », dans Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. 30, 1964, p. 142-143 n° 21. 477 Sur ce sujet, voir BORDES (François), dir., Fontaines toulousaines, catalogue d’exposition, Toulouse, Archives municipales, 2003, p. 21-22. 478 Ibid., p. 223-224. 479 Ibid., p. 62-64. 480 Voir ROSCHACH (E.), « Les Archives de Toulouse. Histoire du dépôt et de l’édifice », dans Id., Inventaire des archives communales antérieures à 1790, t. I, série AA, n° 1 à 60, Toulouse, Privat, 1891, p. L-LVIII.

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1474 lorsque l’on répara la cour des causes civiles, qu’on restaura un banc du consistoire et

qu’on en réalisa un tout neuf [h. 53].

Nous ne saurions terminer ce chapitre sur les travaux publics sans évoquer les

quelques mentions de décisions en matière d’urbanisme notées dans le Livre des Histoires. La

plupart furent dictées par des considérations touchant l’hygiène publique et la circulation dans

un réseau médiéval de ruelles qui devenait inadapté. C’est ainsi qu’en 1491-1492, les

capitouls ordonnent de faire abattre tous les « appens, valées, anvaux et capellades » des

places du Salin, de Boulbonne, de Saint-Georges, de Saint-Sernin et de la porte d’Arnaud-

Bernard, de même que les « badorques » et tables de la Pierre et les bancs des bouchers de la

rue des Bancz-Majors [h. 90]. Ce problème des étaux qui encombraient les rues de la ville se

repose en 1509-1510, et une nouvelle décision intervient pour les « renfermer » à l’intérieur

des boutiques [h.138]. Cette même année, les édiles se préoccupent aussi de faire nettoyer

tous les cloaques de la ville et évacuer les boues qui s’accumulaient dans les rues [h. 137].

En 1507-1508, ils aménagent la rue Saint-Antoine, du côté du Pré Montardy [h. 128]

et, quatre ans plus tard, dans un souci pratique mais non dénué de vision esthétique, ils

décident du transfert de l’église Saint-Georges du centre de la place où elle se trouvait à l’un

des angles de cette même rue Saint-Antoine [h. 154].

- Les finances

Tous ces travaux et aménagements urbains ne pouvaient cependant se réaliser sans

d’importantes dépenses qui grévaient de manière parfois dramatique les finances municipales.

De plus, comme toutes les autres bonnes villes du royaume, Toulouse se voit régulièrement

soumise aux exigences royales à une époque où les impositions prennent petit à petit un

caractère régulier et parfois définitif. C’est un combat permanent que mènent les capitouls

afin d’obtenir remise ou baisse des diverses tailles qui touchent la ville. C’est à l’ensemble de

ces problèmes fiscaux que le dernier ensemble des « histoires » de la ville est consacré.

Les bonnes nouvelles en la matière sont extrêmement rares, et l’on comprend

qu’elles fassent l’objet de mentions particulières. C’est le cas en 1417-1418, lorsque la reine

Isabeau « osta et revoqua toutes impositions, subcides et aydes qui se levent par tout le

royaume », à l’exception de la gabelle [h. 14]. Un quart de siècle plus tard, une décision

similaire est également publiée par les rues et carrefours de la ville [h. 23]. Outre ces mesures

générales, un événement malheureux va occasionner pour Toulouse un privilège particulier :

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il s’agit du terrible incendie de 1463. Lorsque le roi Louis XI entre dans la ville quelques

jours après seulement, il découvre en effet de visu l’ampleur du désastre qui a touché près de

la moitié de la cité. Touché par cette catastrophe, il accorde aux Toulousains une exemption

totale des tailles et autres impositions pour cent ans [h. 38]. En 1466-1467, on signale

qu’effectivement la ville bénéficia de cette faveur [h. 41], et en 1487-1488 on note dans le

Livre la confirmation de cette dispense, malheureusement assortie alors du paiement d’une

somme annuelle compensatrice [h. 79]. Il semble qu’en 1516-1517 il fallut remobiliser les

députés en Cour pour renouveler l’ancienne abolition [h. 193].

Depuis la fin du XVe siècle, ce privilège était en fait régulièrement remis en question

sinon bafoué. En 1491-1492, la menace d’une reprise de la guerre avec l’Angleterre fournit au

roi l’occasion d’obtenir de ses bonnes villes un « don gratuit » de 200 00 £, dont 6 000 à la

charge de Toulouse [h. 88]. Et trente ans plus tard, c’est une somme dix fois plus importante

que les commissaires royaux réclament aux capitouls « tant la necessité du roy qui avoit tout

perdu à Milan étoit grande » [h. 231].

Ces tailles royales, comme d’ailleurs les impositions municipales, lorsqu’elles

devaient être perçues, faisaient régulièrement l’objet de conflits et de contentieux, certaines

catégories de personnes s’estimant, en raison de leur statut ou de leur fonction, devoir en être

exemptées. Ce fut le cas dans les années 1440 et le parlement dut alors intervenir pour obliger

à l’avenir tous les officiers royaux de la ville et de la sénéchaussée de Toulouse (sauf le

viguier et le sénéchal) à contribuer aux diverses tailles et subsides levés par le roi [h. 25].

Cette décision ayant certainement perdu de sa vigueur, elle dut être renouvelée en 1485-1486

[h. 77]. La difficulté pour les capitouls de faire participer l’ensemble de la population aux

charges auxquelles la ville était soumise était très grande, et l’on comprend que, lorsque tel

était le cas, on ait pris soin de le faire inscrire dans le Livre, comme en 1512-1513 pour la

mise en armes de la cité [h. 158]. Les situations de crise leur fournissent également l’occasion

de mobiliser nobles et clercs et de provoquer un véritable élan de solidarité. La cherté du blé

en 1515-1516 leur permet ainsi de faire lever une cotisation sur les plus riches, dont les

parlementaires et les ecclésiastiques, eux-mêmes montrant d’ailleurs l’exemple [h. 181]. Les

mêmes causes produisant les mêmes effets, la disette de 1531-1532 provoque une semblable

décision [h. 269].

D’autres privilèges fiscaux sont en outre concédés à la ville pendant notre période.

En 1485-1486, il est enfin permis aux capitouls d’affermer le « quart du vin », cet impôt

destiné aux travaux des fortifications et des ponts [h. 75]. Comme il était généralement

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accordé pour des périodes déterminées, on note de nouveau son arrentement trois ans plus

tard [h. 81], de même que sa nouvelle prorogation pour une durée de six ans en 1507-1508 [h.

130].

En 1509-1510, on accorde aux Toulousains l’exemption du droit de l’équivalent sur

les chairs salées et le vin de leur production [h. 140], mais il leur faut aller en justice pour

qu’enfin en 1518-1519 cette franchise leur soit définitivement reconnue [h. 213]. Les « leudes

et péages » qui faisaient également de manière régulière l’objet de contentieux et de procès

font l’objet de quelques mentions. En décembre 1512, les habitants de Toulouse se voient

ainsi confirmer l’antique privilège de franchise en la matière dans toute l’étendue de l’ancien

comté qu’on leur contestait une nouvelle fois [h. 159]. Il leur fallut cependant intenter une

nouvelle action en justice en 1519-1529 lorsque le seigneur de Mauran revendiqua un droit de

péage sur les radeaux menant en particulier le bois pour la provision de la ville [h. 222].

Quant aux droits levés sur les ponts dans leur propre ressort et qui avaient été aliénés, les

capitouls les récupérèrent en 1509-1510 [h. 135], avec parfois certaines difficultés qui prirent

quelques années avant d’être réglées à l’amiable [h. 157 (1512-1513) et h. 194 (1516-1517)].

Le Livre des Histoires se fait par ailleurs l’écho de la grande affaire judiciaire

toulousaine, celle qui occupa pendant deux siècles l’administration municipale : le procès de

la forêt de Bouconne. Au début du XIVe siècle, le seigneur de l’Isle-Jourdain avait interdit

l’usage de cette forêt aux Toulousains. Ces derniers revendiquèrent alors une compensation

financière qui leur fut accordée en 1324 sous la forme d’une rente annuelle de 300 £481. Mais

les capitouls eurent bien du mal tout au long du XIVe siècle et dans la première moitié du XVe

pour faire respecter cette décision. Les personnes qui se succédèrent à la tête du comté de

l’Isle-Jourdain renaclèrent en effet régulièrement à s’acquitter de ce paiement, et la tâche pour

les édiles était rendue plus difficile par le rang même de ces comtes : le duc de Bourbon dans

les années 1420, le comte d’Armagnac à partir de 1445, le duc de Nemours vers 1490. De

nombreuses mentions font naturellement référence à toute cette affaire. On y lit ainsi

successivement plusieurs épisodes de ce feuilleton judiciaire : l’arrêt qui mit fin en 1459-1460

à près de 50 ans de procédure [h. 30], la reprise du procès en 1491-1492 [h. 87], le nouvel

arrêt de 1497-1498 [h. 99], la députation en Cour pour son exécution en 1505-1506 [h. 121] et

l’arrêt définitif de 1517-1518 [h. 195].

Enfin, pour en terminer avec ce domaine des finances, nous mentionnerons la

notation d’une mutation monétaire en 1474-1475 [h. 61], et celle de pratiques pour le moins

481 AA 3/230.

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surprenantes pour les Toulousains de la part d’officiers supérieurs du roi (son bouteiller, son

pannetier et son chambrier) : celui-ci leur avait été accordé des droits sur la vente de produits

liés à leur office et ils vinrent en personne les revendiquer à Toulouse [h. 74].

Au terme de ce catalogue des diverses « histoires » composant le premier Livre

dont nous avons trouvé la trace, force est de constater que de nombreux événements

marquants de cette période n’y ont pas trouvé place. Ces lacunes provenaient-elles d’une

volonté délibérée des capitouls, ou bien constituaient-elles de simples omissions ? Il est bien

difficile de pouvoir le dire sans en avoir auparavant dressé la liste.

e) Les lacunes

Dans les annales comme dans les chroniques, les faits non retenus par l’auteur

peuvent en effet prendre autant de sens que ceux qu’il a transcrits. Nous allons donc nous

attacher à mettre en lumière ceux qui sont restés dans l’ombre mais qui peuvent en partie

éclairer notre compréhension du Livre des histoires. Une nouvelle fois, la tâche n’est pas

aisée, car les divers archivistes ou analystes qui nous en ont transmis le contenu ont pu opérer

eux-mêmes une sélection en fonction de leur propre sensibilité ou des objectifs particuliers de

leur travail.

L’exemple le plus probant est celui de Nicolas Bertrand, le premier des historiens à

avoir non pas seulement utilisé mais surtout transcrit in extenso des mentions historiques qui

se trouvaient dans ce premier Livre482. Le terme d’excerptum dont il qualifie son opuscule ne

laisse d’ailleurs aucune ambiguité sur son propos : il s’agit bien d’extraits, de morceaux

choisis en quelque sorte, donnés en transcription littérale et sans aucun commentaire

particulier de sa part483. Ils concernent seize chroniques produites entre 1389-1390 et 1491-

1492484, ce qui constitue déjà en soi une sélection. Si la plupart de celles-ci sont intégralement

transcrites (hormis le procès-verbal des élections), on note cependant quelques omissions. La

chronique de 1399-1400 se voit par exemple amputée de la mention concernant la réparation

482 BERTRAND (Nicolas), Opus, fol. 59-62v° : Opusculum ex libris domus communis Tholose excerptum de Karoli regis Francie in Tholosam adventu et sancti Sudarii in Tholosam translatione et inde substractione, et de capitulariorum numero ac vest[i]um illorum mutatione et colore, ac de parlamenti a Montepessullano in Tholosam recuperatione atque aliis Tholosanorum gestis. 483 On notera simplement, au f° 60, une courte digression sur les variations des couleurs et des formes des vêtements capitulaires qu’il avait observées sur les enluminures, que par ailleurs il ne décrit pas. 484 Voir ROSCHACH (E.), Inventaire des archives communales antérieures à 1790, t. I, série AA, n° 1 à 60, Toulouse, Privat, 1891, p. XLII-XLIV, qui avait pointé quinze chroniques, n’ayant pas identifié la dernière mention sur les mesures de salubrité prises par les capitouls comme étant de 1491-1492.

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du pont de la Daurade [h. 9]. En 1460-1461, Nicolas Bertrand commence sa transcription au

sacre de Louis XI en passant sous silence les honneurs funèbres qui furent rendus au défunt

Charles VII [h. 32]. En 1468-1469, enfin, son choix se porte sur le retour du parlement exilé

depuis deux ans à Montpellier, en délaissant tous les récits des guerres de Catalogne et de

Gascogne [h. 44 et 45], de même que la réalisation de ponts sur les fossés de la ville [h. 46] et

la mention de divers statuts et ordonnances des capitouls [h. 47]. En fait, la sélection qu’a

opérée cet avocat au parlement, par deux fois capitoul485, qui appartient à « un milieu de

juristes, d’universitaires et de parlementaires très attachés aux privilèges des institutions dont

ils font partie »486, correspond bien à sa personnalité. On y trouve en priorité les diverses

mutations du nombre des magistrats municipaux jusqu’en 1438, les entrées royales, les

affaires touchant de près le parlement et les événements religieux marquants de la période

(saint suaire, Ave Maria entre autres).

La démarche de Germain de La Faille, avocat au parlement et ancien capitoul

comme son prédécesseur, s’avère différente. Au départ personnel, son travail prend une toute

autre dimension lorsque il doit le mettre en forme à la demande expresse des édiles. Son

œuvre, qui se structure à l’identique des annales manuscrites et les suit fidèlement sur le plan

chronologique, prend alors la forme d’un ouvrage à la fois d’histoire et d’édification : « Mon

dessein a été uniquement d’apprendre à mes concitoiens les divers âges et les diférens

changemens qui sont arrivez à leur ville. J’ai voulu leur mettre devant les yeux les grands

exemples de fidélité de leurs ancêtres, qui ont mérité à cette ville les privilèges singuliers dont

il a plu à nos rois de l’honorer. J’ai voulu enfin les instruire de plusieurs autres choses

semblables, qu’il est bien plus utile à un homme né dans Toulouse de ne pas ignorer, que de

connoître à fond Athènes ou Rome »487. Il inscrit aussi cette histoire particulière de Toulouse

dans celle plus générale du royaume : « J’ajoute que ces principaux faits de l’histoire du

roiaume que je raporte se lisent la plupart dans les annales manuscrites de l’hôtel de ville, qui

m’ont servi comme de fonds, et dont les miennes ne sont qu’une manière d’amplification »488.

La première difficulté pour nous réside dans le fait qu’il ne cite pas textuellement les

emprunts qu’il fait au Livre des Histoires, et que s’il note souvent dans la marge ou dans son

exposé qu’il a tiré les événements dont il parle des Annales de la ville, cette mention est loin

d’être systématique. Le second problème vient du fait qu’il dispose d’autres sources locales 485 En 1499-1500 et 1510-1511 ; il fut en outre sans discontinuité (sauf ses deux années de capitoulat) assesseur ordinaire, puis honoraire, des capitouls entre 1497 et 1515. 486 FOURNIÉ (Michelle), « Nicolas Bertrand », dans L’humanisme à Toulouse, 1480-1520, Catalogue d’exposition, Bibliothèque de Toulouse, 2004, p. 94. 487 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, « Préface ». 488 Ibid.

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privilégiées : les registres du parlement à partir de 1444 et, pour la dernière décennie qui nous

intéresse, ceux des délibérations de la maison commune (à partir de 1524). Ici encore, La

Faille omet parfois les références des manuscrits qu’il avait consultés.

Son travail est donc celui d’un annaliste mais avec une démarche d’analyste. Et si

l’on compare année par année les histoires qu’il cite comme ayant été transcrites dans le

premier Livre avec celles que nous avons identifiées, nous ne pouvons, comme pour Nicolas

Bertrand, que constater que l’historien a sélectionné un certain nombre d’événements en en

laissant de côté un certain nombre. Les travaux publics, par exemple, ne semblent pas

l’intéresser particulièrement, du moins quand il s’agit de simples réparations [h. 9, 10, 53, 65,

78, 92, 130, 131, 141, 142, 245, 254, 255, 260] ou de constructions modestes [h. 46, 100, 143,

200]. Les équipements collectifs, mis à part le pont de Tounis et les études, sont également

oubliés, qu’il s’agisse des halles et des boucheries [h. 244, 249, 275, 276], de l’hôpital Saint-

Sébastien [h. 176], de la fontaine ou « grifoul » de Saint-Etienne [h. 246] ou bien encore de la

« maison du public » (le bordel) [h. 250]. Les années 1488-1489489, 1489-1490, 1494-1495 et

1529-1530 ne lui ont fourni aucune mention précise, et l’administration de celles de 1511-

1512, 1513-1514, 1517-1518, 1519-1520, 1530-1531 et 1531-1532 ont fait l’objet de coupes

franches de sa part.

Il semble enfin avoir pris quelques libertés avec la chronologie. Certaines s’avèrent

en fait des rectifications nécessaires, les histoires originales ayant parfois été enregistrées

l’année (ou quelques années) suivant l’événement. C’est le cas pour le transfert du saint suaire

à Paris en 1399 [h. 8], son vol en 1455-1456 [h. 31] ou du don gratuit au roi de 1491 [h. 88].

D’autres sont citées en fonction de l’année de la prise de décision, que La Faille connaissait

entre autres par les registres du parlement ou de délibérations : la construction des études en

1515-1516 [h. 209], par exemple, ou bien encore la mdification des manteaux des capitouls en

1530-1531 [h. 274]. Les dernières, cependant, paraissent des erreurs de l’annaliste du XVIIe

siècle : le siège de Lectoure de 1472-1473 [h. 51] dont il parle quatre ans plus tôt, ou enfin la

construction des tours de Saint-Cyprien en 1511-1512 [h. 150] qu’il évoque pour 1508-1509.

Le dernier cas que nous évoquerons ici est celui de l’archiviste Jean Balard fils, dont

les inventaires se sont révélés fort précieux pour cette étude. Lui ne fait pas œuvre d’historien,

bien entendu. L’instrument de travail qu’il met au point en 1560 (II 627490) se présente

489 Mis à part le dialogue entre Peyronis et Villemur. 490 Plusieurs minutes, copies ou mises au net partielles de ce répertoire existent par ailleurs sous les cotes II 623-626 et 628 ; sur le travail de cet archiviste, voir « Les Archives de Toulouse. Histoire du dépôt et de l’édifice », dans Id., Inventaire des archives communales antérieures à 1790, t. I, série AA, n° 1 à 60, Toulouse, Privat, 1891, p. LXII-LXVII.

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comme un répertoire qui suit un ordre alphabétique de matières et qui est loin d’être

systématique et complet. S’il analyse effectivement un certain nombre de chartes originales

conservées dans des liasses, il intègre aussi dans son inventaire de multiples références tirées

soit des cartulaires, soit des deux premiers livres des histoires, soit encore des registres de

délibérations du Conseil. L’intérêt majeur de ce travail pour nous réside dans le fait qu’il

assortit ces références d’une indication précise des feuillets de chacune de ses sources.

L’inconvénient non moins majeur vient de la sélection des matières qu’il traite, qui ne

recouvrent pas l’ensemble de celles que l’on peut trouver dans le Livre des Histoires et

laissent donc de côté bon nombre de mentions.

Ces restrictions étant posées, on peut s’étonner que quelques-uns des événements

majeurs de l’histoire locale, régionale ou nationale n’aient pas fait l’objet d’une inscription

dans le Livre des Histoires491.

Sur le plan local, citons par exemple l’élévation des reliques de saint Jacques le

Majeur, à Saint-Sernin, ainsi que la consécration de l’église des Jacobins, qui se déroulèrent

toutes deux en 1385, et que Nicolas Bertrand pour la première et La Faille pour les deux ne

manquent pas de mentionner dans leurs œuvres492. On aurait également pu trouver la

fondation du Collège de Mirepoix en 1416, tout aussi bien que l’arrêt de 1446 instituant que

les écoles étaient du ressort des capitouls ou bien encore l’affaire du crucifix miraculeux du

Salin, toutes choses relevées et détaillées également par La Faille493. On aurait dû cependant y

rencontrer la mention de l’extension du privilège des francs-fiefs de mars 1420 qui touchait

directement les capitouls494, de même que, la même année, le récit de l’entrée du roi Charles

VI à Toulouse495 et l’installation qu’il y fit d’un premier parlement496. Et comment ne pas

s’étonner également de ne voir apparaître aucune référence, pour la fin du XIVe siècle et la

première moitié du XVe, de ces terribles grandes compagnies qui, de l’Auvergne à la 491 Nous ne traiterons bien sûr ici que de la période postérieure à 1382-1383, année de la première mention historique avérée. 492 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 134-135 ; BERTRAND (Nicolas), Opus de Tholosanorum gestis ab urbe condita, Toulouse, Jean Grand-Jean, 1515, f° XLIXv. 493 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. , et t. 2 p. 57-58. 494 AA 5/150 ; publié dans GALABERT (François), « La mention "alias sic signata" et les tarifs de chancellerie au XIVe siècle d’après des documents relatifs au droit de franc-fief à Toulouse et aux origines de la noblesse », dans Bibliothèque de l’École des Chartes, 1912, p. 467-469 ; voir aussi LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p.. 495 Voir la mention transcrite dans le Livre blanc (AA 3/265) et signée par le syndic J. de Launac : Item anno domini millesimo quadringentesimo XIX et die dominica intitulata tercia mensis marcii hora completorii serenissimus princeps dominus Karolus, dalphinus Vianensis, dux Bituricensis, comes Pictavie et Torrene, filius unicus domini nostri Karoli regis Francie et regens regnum propter infirmitatem dicti domini nostri regis, intravit Tholosam cum magno exercitu gentium armorum et balisteriorum et archeriorum de regno Scotie ; l’entrée du dauphin eut lieu le 3 mars 1420. 496 HGL, t. IX, p. 1057-1058

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Garonne, vivent sur le pays et qui sont si présentes dans les registres de délibération de la

maison de ville497 ? Sans parler de tous les événements liés au conflit franco-anglais, dont un

rare écho nous est seulement fourni (prise de Lourdes en 1407, h. 13). Enfin, et contrairement

à ceux de ses prédécesseurs ou successeurs, les honneurs funèbres de Louis XI ne prirent pas

non plus place dans le Livre, oubli que La Faille ne manqua pas de relever498. Nous

remarquons en outre qu’aucun décès des archevêques de Toulouse, sauf celui d’Hector de

Bourbon en 1502-1503, ni des premiers présidents du parlement, n’y figure, la vie de cette

dernière institution ne faisant d’ailleurs l’objet d’aucune notation mis à part son départ à

Montpellier et son retour deux ans plus tard [h. 42 et 43]. Enfin, la prédication de Vincent

Ferrier dans la région, et plus précisément à Toulouse dans le deuxième semestre de l’année

1416, ne semble avoir laissé de traces que dans les registres du Conseil499.

Si l’on passe au niveau supérieur, celui de l’histoire générale du royaume, nous ne

pouvons que faire la même constatation, du moins jusqu’à l’apparition des préfaces et des

récits circonstanciés des campagnes d’Italie ou de Catalogne. Les dernières décennies de la

Guerre de Cent ans n’ont pas inspiré les greffiers, alors même que la situation du pays revient

régulièrement dans les séances du consistoire, ne serait-ce qu’à l’occasion des subsides

nécessaires à la guerre que le roi ou son représentant en Languedoc imposent régulièrement à

la ville. La terrible bataille d’Azincourt (25 septembre 1415) n’est pas mentionnée, pas plus

d’ailleurs que les divers épisodes de la reconquête du royaume par le roi Charles VII. On peut

noter à ce sujet que, par ailleurs, le registre de délibérations de 1429-1430 évoque la pucella

que venit pro reparando et recuperando regnum500. Jeanne d’Arc n’eut donc pas droit aux

honneurs du Livre des Histoires, et Philippe Wolff donne sur cette absence d’intérêt pour les

affaires nationales à cette époque une explication que nous partageons volontiers :

« Accaparée par le souci de ses propres misères, Toulouse n’a prêté à celle-ci [la reconquête],

497 Voir en particulier ÉCLACHE (Michèle), Histoire politique et fiscale de Toulouse (1415-1440). Thèse de doctorat de 3e cycle, Université de Toulouse-Le Mirail, 1974, 489 p., dactyl., et WOLFF (Philippe), Commerces et marchands de Toulouse (vers 1350 – vers 1450), Paris, Plon, 1954, p. 50-60. 498 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 254 : « Le troisième d’octobre de la même année on fit dans l’église de Saint-Estienne un service solennel pour le feu Roi. Nos Annales n’en font aucune mention. » 499 BB 2 p. 139 (s.d.) : Cum nuper venit in presenti civitate magister Vincentius Ferrerii, sollempnis magister in theologia, et moratus fuit per tres septimanas cotidie sermonando, plura bona exempla dando, cui ipsi [domini] dederunt centum francos amore Dei ; voir aussi la délibération du 30 août 1416 (ibid., p. 89) relative à l’interdiction par le sénéchal d’une procession à l’occasion de la venue de maître Vincent ; sur ses prédications dans le Midi cette année-là, voir : T. (A.), « Saint Vincent Ferrier dans le Midi de la France, d’après les documents d’archives (1416) », dans Annales du Midi, t. 4, 1892, p. 236-247 ; voir aussi MONTAGNES (Bernard), « Prophétisme et eschatologie dans la prédication méridionale de saint Vincent Ferrier », dans Fin du monde et signes des temps. Visionnaires et prophètes en France méridionale (fin XIIIe-début XVe siècle), Cahiers de Fanjeaux n° 27, Toulouse, Privat, 1992, p. 331-349. 500 BB 6 f° 23v (26 juillet 1429).

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tant qu’elle s’est déroulée loin de ses murs, qu’une attention distraite »501. Nous pouvons

rajouter qu’il en est de même pour toutes les affaires religieuses qui secouèrent l’Occident aux

XIVe et XVe siècles : aucune information sur le Grand schisme, aucun écho des luttes entre le

roi de France, le Pape et l’Empereur, aucune notation du décès ou de l’élection d’un

quelconque pontife. Pas plus d’ailleurs qu’il n’y en eut sur le conflit entre les Armagnacs et

les Bourguignons qui connut pourtant sa version toulousaine502.

Nous pourrions donner beaucoup d’autres exemples de ces lacunes, comme celles

concernant les Etats de Languedoc particulièrement absents du Livre503, mais ceux que nous

avons pointés suffisent à montrer que nous ne sommes pas ici en présence d’annales

exhaustives. Il y a bien un choix de la part de celui qui « ordonne » les gestes des capitouls,

choix dont nous serons amené à analyser le sens dans la troisième partie de cette étude. Mais

avant d’en terminer avec les textes, il nous faut maintenant évoquer un dernier problème qui a

perturbé quelques-uns des feuillets du Livre : il s’agit des diverses falsifications dont il a pu

faire l’objet au cours de son histoire, et qui portent essentiellement sur les listes capitulaires et

les armes des premiers magistrats.

f) Les falsifications

Certains de ceux qui ont dépouillé le registre aux XVIIe et XVIIIe siècles n’ont pas

été dupes des grattages ou surcharges que le manuscrit original présentait.

Le premier fut l’auteur de l’« Extraict sommaire » de 1637504, qui se rendit compte

que la famille de Puget avait usurpé à plusieurs reprises le titre de capitoul. Mais laissons-lui

le soin de nous exposer les faits :

« Au feulhiet 2 dudict libre et 3 apert et en divers endroitz d’icelluy que le nom de Puget se trouve raturé, altéré et aultant de foys qu’on a trouvé subjet de changer ce nom de Puget pour faire que celluy quy prétand estre de ceste race feust de qualitté ; le nom de Puget se trouve altéré et escript de lettre et ancre nouvelle au lieu que l’ung et l’aultre fault nécessairemant sont escript de caractaires antiques et au lieu qu’ilz ont faicte lesdites altérations et supposé ledict nom de Puget, on a taché de le faire lorsqu’on a rancontré le nom de scutiffer ou miles ou domicellus affin que

501 WOLFF (Philippe), Commerces et marchands de Toulouse (vers 1350 – vers 1450), Paris, Plon, 1954, p. 60. 502 Voir DOGNON (Paul), « Les Armagnacs et les Bourguignons, le comte de Foix et le Dauphin en Languedoc, 1416-1420 », dans Annales du Midi, t. 1, 1889, p. 433-509. 503 Ils ne sont cités qu’à l’occasion de leur tenue à Toulouse en 1517-1518, après plus de soixante ans d’absence. [h. 203]. 504 Ms 696 ; sur toutes ces falsifications, voir ROSCHACH (E.), « Les listes municipales de Toulouse, du XIIe au XVIIIe siècle », dans Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 8e série, t. VII, 1885, p. 1-22, qui propose un certain nombre de restitutions, incomplètes et parfois erronnées.

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ledict Puget feust de qualitté quoyque Pugeti ne feust que ung notaire, ainsin qu’il ce void cy-dessus en l’an 1297, lesquelles altérations et suppositions de nom et qualittés de Puget se trouvent au feulhiet 12e dudict libre, aux feuilhets 32 en l’an 1363, 28e verso 1358, au feulhiet 10e, aux feulhietz 88 de l’an 1466, 40e 1381, aux feulhietz dudict libre follio 3, 4, 5, 4 verso, follio 6 verso, 7, 8 »505.

La falsification semble avoir été grossière pour l’œil avisé de notre auteur anonyme :

l’encre paraissait plus récente et la graphie plus moderne que pour le reste du texte. Un

exemple tiré d’un feuillet qui a été conservé montre cependant que cela n’était peut-être pas

aussi évident pour un non spécialiste [annexe 4a et c]. La preuve en est que s’il ne s’y est pas

laissé prendre, d’aussi honorables successeurs que La Faille ou Abel et Froidefont furent

victimes de la supercherie.

Le tableau suivant présente les noms des véritables capitouls qui se virent ainsi

déchus de leur dignité :

Année Faux noms Noms véritables

1296-1297 Bertrand ou Raimond de Puget Bernard de Gaillac

1301-1302 Bertrand de Puget, damoiseau Bertrand du Palais, damoiseau

1308-1309 Bertrand de Puget, damoiseau Bertrand du Palais, damoiseau

1313-1314 Bertrand de Puget, damoiseau Bertrand du Palais, damoiseau

1319-1320 Bertrand de Puget, damoiseau Bertrand du Palais, damoiseau

1324-1325 Guillaume de Puget, damoiseau Arnaud de Regiis

1358-1359 Pons de Puget, chevalier Pons de Prinhac, chevalier

1363-1364 François de Puget, François Bajuli

1368-1369 Jean Puget Jean Pagèse

1381-1382 Michel de Puget Michel Barravi

1401-1402 Guillaume de Puget Guillaume Pagèse

1434-1436 Pierre de Puget Pierre Pate

1437-1438 Bertrand Puget Bertrand de Holmeda

1459-1460 Guillaume Puget Guillaume Pagèse

1466-1467 Pierre Puget Pierre Duranti

1500-1501 Guillaume Puget, avocat au parlement Raimond Pagèse

505 Ibid., f° 88v.

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La famille de Puget usurpa donc 16 fois l’honneur du capitoulat qu’elle avait

pourtant déjà connu : Jean Puget, qui avait été notaire capitulaire en 1297-1298, avait en effet

été élu consul en 1309-1310. Mais comme le pensait l’auteur de l’« Extraict », l’office de

notaire ne devait pas convenir à une lignée qui prétendait à la noblesse506 et qui ne pouvait en

outre revendiquer que ce seul et unique représentant dans le corps consulaire en près de deux

siècles et demi. A quel moment le faussaire réalisa-t-il son œuvre ? Il est difficile de le savoir,

même si l’on peut préjuger que ce fut après que le premier Livre ait été terminé.

La famille Puget n’est cependant pas la seule à s’être distinguée en la matière.

D’autres l’ont imitée, dans des limites néanmoins plus raisonnables. Celle de Nos fit ainsi

disparaître sur le feuillet de 1407-1408 le nom de Gaillard Tornerii, miles de son état, au

profit d’un Gaillard de Nos inventé de toutes pièces. Trente ans plus tard, c’est Guillaume de

Nos qui prend la place de Guillaume de Saint-Antoine, à la suite d’une falsification en partie

pointée par l’auteur de l’« Extraict »507 et dont nous avons gardé la trace [annexe 4b]. En

1445-1446, nouvelle atteinte du manuscrit original, sous la forme d’une rature cette fois-ci :

« Me Jehan de Nos burgensis ; il estoit audit an thresorier [sic] de la maison de ville ; il y

avoit au nom de de Nos ung autre nom ainsin qu’il appert de la rature du parchemin audict

endroit quy est raturé, où se voit que pour faire en sorte que Jean de Nos feust bourgeois on y

a mys en aultre tamps d’aultre escripture et encre, le nom de de Nos raturant le

parchemin »508. La reconstitution des listes de capitouls que nous avons effectuée permet de

restituer l’identité de la victime du faussaire : il s’agissait de Petrus Johannis de Villanova,

alias Garrigia. Enfin en 1476-1477, une dernière altération du manuscrit nous est signalée.

Elle porte cette fois-ci non plus sur le nom , mais sur la qualité de Jacques de Nos, alors

capitoul : celle de mercator qui y était inscrite fut remplacée par celle beaucoup plus

honorable de scutifer, mais d’une manière grossière qui ne trompa pas notre paléographe

distingué509.

La famille de Comères (Comeriis) s’enrichit également d’un capitoul en 1368-1369,

en la personne de Guillaume qui prit alors la place d’un membre de la famille de Comminges

(Conveniis) [annexe 4c]. La transformation assez simple du nom fut encore plus facilitée par

un « nettoyage » de tout le texte du feuillet, le rendant presque illisible. Il est cependant aisé 506 Voir LA FAILLE (Germain de), Traité de la noblesse des capitouls de Toulouse, Toulouse…, p. 60 507 Ms 696 f° 94, évoquant les altérations du manuscrit concernant la famille de Nos, déclare : « constat que en l’an 1436 Guilhiaume de Nos aiant esté faict capitoul, la qualitté d’icelluy se trouve effacée. » 508 Ibid., f° 93v-94. 509 Ms 696 f° 94 : « Il y a aultre altération au feulhiet 111 [sic] dudict libre en l’an 1476 de Jaques de Nos, scutifer, et il y avoit mercator, aiant raturé se mot dernier pour y mettre le précédant pour faire qu’estant faict capitoul il n’estoit pas marchant mais telles altérations sont sy palpables et apparantes qu’il n’y fault plus doubter. »

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de voir que les rajouts qui y ont été faits, tant pour Puget que pour Comères, sont d’une main

très moderne [ill. n° 6]. Roschach avait bien noté cette altération, qui concernait également la

falsification grossière du blason des Puget510 [annexe 4c].

Une autre famille en cause est celle des Fabri, dont une branche deviendra celle bien

connue des du Faur. En 1302-1303, c’est la qualité de notarius de Raymond Fabri qui est

remplacée par celle plus noble de domicellus, du moins d’après l’auteur de l’« Extrait »511. La

même transformation est effectuée sur le feuillet de 1310-1311 au profit de Raimond Fabri512.

En 1322-1323, une nouvelle falsification intervient ; elle n’échappe pas à notre auteur qui

pointe du doigt à cette occasion les coupables présumés513.

Enfin, une dernière altération nous est signalée en 1519-1520. Elle concerne le

marchand Jean Boisson, seigneur de Bauteville. Il semblerait qu’on ait voulu faire disparaître

sa qualité au profit de son titre514. Dans ce cas, on aurait pu aussi le faire sur le feuillet de

1515-1516 où le même Boisson apparaissait avec les mêmes métier et titulature.

Les chroniques elles-mêmes ne semblent pas avoir fait l’objet d’ajouts, de

corrections ou de falsifications, bien qu’on se soit préoccupé au début du XVIIIe siècle de les

restaurer et compléter. Cette œuvre fut réalisée par M. Médidier, assesseur des capitouls, qui

avait été chargé par ceux-ci de « vouloir y faire travailler et de remplir luy-même les lacunes

des années qui avoint été négligées par Mrs les chefs du consistoire obligés à ce devoir par la

distinction de leur charge ». Il s’attela à cette tâche « en s’aydant des mémoires qu’il a

soigneuzement recueillis depuis longtems, non seulement par le zèle et l’affection particulière

qu’il a toujours eu pour le bien et le service de cette ville mais encore par son étude toute

entière qu’il a voulu luy donner pour randre libéralement à cette maison le lustre dont elle a

été privée en divers tems durant pluzieurs siècles », et il aurait ainsi « réparé cinq cens vingt- 510 ROSCHACH (Ernest), Les douze livres, p. 373 n. 1 : « Cette liste est une des plus endommagées ; le parchemin a été lavé et a subi des surcharges et des interpolations considérables. Un faussaire a substitué le nom de Comères à celui de Comminges (Comeris au lieu de Convenis) et celui de Puget à celui de Pagèse. Dans ce dernier cas, la fraude est rendue manifeste par le repeint extrêmement grossier de l’écu des Puget mis à la place de celui des Pagèse ; le faussaire a fait un écusson arrondi par le bas et beaucoup plus grand, tandis que tous les autres blasons du tableau sont en bannière, arborés au sommet de pignons gothiques ». 511 Ms 696 f° 89 indique en effet : « Y avoit Ramundus Fabri notario [sic], ledict mot a esté raturé, y aiant esté mys par dessus domicello pour faire que ledict Fabri feust d’aultre qualitté que de notaire. » 512 Ibid. f° 89v : « au nom de Raymond Fabri y avoit le mot de notarius, et y a esté mys le mot de domicellus pour changer la qualitté. » 513 Ibid. f° 90v ; la falsification concerne un personnage qu’il nomme Bernard Fabri de Montecrapano, mais qui s’appelait en fait Raimundus Fabri, et dont il affirme qu’il était notaire et qu’il exerçait cet office en 1317 : « et parce que la qualitté de notaire desplaisoit aux dessandans dudict Fabri, quy sont les messieurs du Faur, citoiens de la ville de Thoulouse, il a esté raturé les deux motz "de Montecrapano notaire" et mys par dessus Bernardus Fabri de Castanetto, domicellus. » 514 Ms 696 f° 103v : « Il y avoit sur ledict libre audict feulhiet Joannes Boisson, mercator ; ce mot a esté effacé et raturé, et mys par dessus ce mot Bauteville. »

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quatre années en commançant l’année 1295 jusqu’à la présente, dans lesquelles il a fait

revivre les chiffres effacés par l’ancièneté, rétably les entrées de nos roys et des princes, écrit

les chozes les plus remarquables de tous ces tems »515. Il en avait également profité pour faire

corriger les erreurs commises par le relieur dans le premier Livre des histoires, erreurs que

nous avons pointées plus haut. Heureusement pour nous, cette nouvelle perturbation du

registre original eut lieu après que nos sources privilégiées aient analysé le contenu de celui-

ci, et les feuillets qui ont été conservés ne font pas apparaître de mentions ajoutées à cette

époque.

Outre les textes qu’il comportait, le Livre s’ornait de « portraits » dont nous avons

déjà vu l’évolution formelle. Nous devons maintenant nous arrêter quelques instants sur

l’analyse des représentations qui y étaient figurées et sur leur symbolique.

1.4.2. Les images

Présentes dès le début de la réalisation du livre officier, les images évoluent en effet

également dans les symboles qu’elles véhiculent. Aux simples portraits des consuls s’ajoutent

peu à peu des scènes dont il nous faut étudier le sens profond. L’ensemble de ces images doit

également être mis en regard du texte pour voir comment les deux éléments se répondent ou

se complètent. Nous aborderons dans un premier temps les représentations des premiers

magistrats avant de nous intéresser aux diverses scènes qui sont progressivement apparues sur

les feuillets de parchemin du Livre.

a) Les portraits

Ce n’est qu’à partir du milieu du XIVe siècle que nous trouvons les premiers

véritables « portraits » des consuls. Comme nous l’avons évoqué plus haut, et ce depuis 1295,

l’enluminure de petit format qui introduisait chaque procès-verbal d’élection donnait à voir la

cérémonie de prestation de serment des édiles devant le viguier de Toulouse. Si nous ne

possédons plus de feuillets originaux pour cette période, nous pouvons cependant avoir une

idée de la composition de cette scène grâce au commentaire des coutumes de Toulouse réalisé

en 1296. Le premier folio de ce manuscrit offre en effet une miniature dans laquelle les

515 BB 46 f° 258-259 (délibération du 13 janvier 1719).

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consuls offrent le livre au représentant du roi [ill. n° 2]. Les analyses que nous avons pu

retrouver de nos images montrent que cette cérémonie du serment fut systématiquement

figurée jusqu'au milieu du XIVe siècle. La Faille le note pour 1299-1300516, 1303-1304517,

1304-1306518 et 1308-1309519. En 1337, Perot Alauso est rétribué pour la représentation de

cette cérémonie520, et l’« Extrait sommaire de la Daurade » signale que le viguier était encore

présent dans la scène en 1350-1351521. L’enlumineur intégrait même parfois le public qui

assistait à la solennité522.

C’est semble-t-il à partir de 1351 que l’enluminure qui prend toute la largeur de la

feuille de parchemin représente pour la première fois seuls et en pied les consuls. C’est aussi à

cette date que leurs blasons apparaissent à leurs côtés523. C’est ainsi qu’ils sont figurés sur le

feuillet suivant que nous avons conservé : au recto, concernant l’année 1352-1353, l’artiste a

de nouveau laissé en blanc leurs armes [ill. n° 3], alors qu’au verso toutes sont pour la

première fois représentées [ill. n° 4]. Certains portent le chaperon, mais d’autres non, et ils

semblent tous en grande conversation, comme le soulignent les positions des mains de la

plupart d’entre eux, caractéristiques dans l’iconographie médiévale de la discussion524. L’un

d’entre eux tient même fermement le poignet d’un autre, ce qui ne semble pas aussi anodin

qu’il n’y paraît et traduit peut-être un antagonisme entre les consuls525. L’index tendu

caractérise entre autres « tous ceux que leur fonction ou leur activité du moment mettent en

relation de communication d’idées et d’enseignement »526.

516 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 24 : « Les années précédentes il n’est fait aucune mention du serment de ceux qui l’étoient, ni par conséquent marqué devant qui ils le prêtoient. Il est vrai que dans la lettre capitale ils sont représentez en petit, qui le prêtent devant un magistrat : apparemment c’étoit le viguier ». 517 BB 267 f° 1 : « Ils prêtent le serment devant le viguier qui est assisté de deux officiers ». 518 Ibid. : « L’un des capitouls prête le serment à genoux ». 519 Ibid. : « Ils prêtent le serment debout ». 520 CC 1845 p. 105 : per far de pinzel los senhors ab las raubas dest an prezent en la maniera que juran al viguier [pour représenter au pinceau les seigneurs de la présente année avec leurs robes lorsqu’ils prêtent serment au viguier]. 521 Ms 17 f° 9. 522 D’après BB 267 p. 2, « il y a des dames qui assistent à la prestation du serment » en 1336-1337. 523 BB 267 f° 1 : « On y voit la place de leurs écussons sans timbre mais il n’y en a que 5 qui portent des armoiries ». 524 GARNIER (François), Le langage de l’image au Moyen Âge. Signification et symbolique, 3e éd., Paris, Le Léopard d’or, 1995, p. 212 : « L’index tendu plus ou moins horizontalement correspond à l’affirmation de l’opinion d’un personnage sur un plan déterminé, philosophique, théologique, politique ou autre. La main ouverte signifie la réception, l’acceptation d’une idée, d’une volonté, d’une situation extérieure. La conjonction des deux gestes constitue le schéma typique de la discussion, dans laquelle chacun des partenaires d’une part essaie de comprendre les thèses de son adversaire pour en retenir les éléments acceptables, et d’autre part présente, développe et soutient ses propres opinions. » 525 Ibid., p. 199 : « La tenue du poignet est un geste par lequel une personne affirme le pouvoir qu’elle a, qu’elle prend ou qu’elle veut prendre sur un autre homme. Il ne s’agit pas d’une quelconque marque d’amitié, de sympathie. » 526 Ibid., p. 170.

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Les capitouls de 1352-1353 Les capitouls de 1353-1354

Certains tiennent à la main des documents roulés symbolisant peut-être les

ordonnances qu’ils sont amenés à prendre pour gérer la ville.

Si en 1352-1353 ils se parlent par groupe de deux ou trois, dès l’année suivante et

jusqu’en 1411-1412 ils sont systématiquement représentés deux par deux, le décor isolant

parfois fortement chaque couple, soit par le traitement du fond, soit par l’introduction d’un

élément architectural. De plus, ils passent progressivement de la position debout à la station

assise (sur un grand banc dont on aperçoit l’extrêmité de chaque côté de l’enluminure), dont

la plus ancienne figuration conservée date de 1367-1368 [ill. n° 5].

Le décor de l’enluminure de 1367-1368 Le décor de l’enluminure de

1369-1370

En 1392-1393, pour la première fois semble-t-il, le trésorier prend place dans le

« portrait », mais dans la marge et à un registre inférieur [ill. n° 11]. Il tient dans ses mains un

mandat de paiement scellé des petits sceaux rouges des capitouls, tel qu’on peut encore en

voir plusieurs centaines dans les fonds des Archives municipales (série CC, Pièces à l’appui

des comptes). L’année suivante, son successeur a également les honneurs du Livre [ill. n° 12].

Il est vrai qu’il s’agissait de deux membres de grandes familles toulousaines de l’époque. Une

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quinzaine d’années plus tard, alors qu’on a instauré un trésorier pour la cité et un autre pour le

bourg, les deux sont représentés, de chaque côté du chapitre capitulaire, mais toujours dans la

marge [ill. n° 13] ; l’un tient un mandat, et l’autre une bourse. Leurs successeurs de 1410-

1411, 1411-1412 et 1412-1413 se verront également portraituré chaque année [ill. n° 14, 15 et

16]. S’ils disparaissent dans la scène de 1434-1436 [ill. n° 17], on les retrouve sur le verso de

ce feuillet en 1436-1437, mais accompagnés cette fois-ci par les deux assesseurs les deux

syndics de la ville [ill. n° 18]. Les différents registres de l’image marquent bien la hiérarchie

qui existait entre les officiers municipaux : les assesseurs sont placés au-dessus des trésoriers

qui eux-mêmes dominent les syndics, dans l’ordre exact d’ailleurs suivant lequel ils sont

toujours nommés dans les procès-verbaux d’élection. Le trésorier apparaîtra encore, mais à sa

table, en 1438-1439 [ill. n° 20], 1440-1441 [ill. n° 21], puis de nouveau au-dessous des

assesseurs en 1442-1444 [ill. n° 23] et 1446-1447 [ill. n° 24], et une dernière fois en 1500-

1501 [ill. n° 29]. Enfin, le greffier du consistoire est représenté en 1503-1504 [ill. n° 31] et

les assesseurs seuls en 1520-1521527.

Jean d’Aurival, Raimond de Puibusque, trésorier en 1392-1393 trésorier en 1393-1394

Arnaud Amic et Jean de Jean, dit Blasini

trésoriers de la cité et du bourg en 1409-1410

527 ADHG, Ms 17 f° 35 : « Nota que les assesseurs sont peints. »

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L’assesseur, le trésorier et le syndic de la Cité (à g.) et du Bourg (à dr.)

en 1436-1437

Le greffier du consistoire en 1503-1504

Certaines des représentations des capitouls prennent au XVe siècle un caractère

particulier. En 1412-1413 [ill. n° 16] comme en 1436-1437 [ill. n° 18], en 1446-1447 [ill. n°

24], en 1448-1449 [ill. n° 25] et enfin en 1453-1454 [ill. n° 27], ils sont peints tels des orants,

à genoux et les mains jointes, levant la tête vers la Vierge figurée dans divers épisodes de sa

vie. Il n’y a rien d’étonnant à cette dévotion particulière pour elle, à une époque où celle-ci se

développe partout dans le royaume. Le dessin inachevé de 1452-1453, quant à lui, comporte

une symbolique encore plus forte : s’il montre de la même manière les capitouls en prière,

c’est pour recevoir l’Esprit saint, tels les apôtres lors de la Pentecôte528 [ill. n° 26]. La

chapitre capitulaire devient ainsi un véritable collège apostolique. Nous reviendrons sur ces

images dans notre dernière partie car elles nous éclairent sur la représentation d’eux-mêmes

qu’avaient les capitouls.

L’une des questions qui se pose sur ces portraits, ou du moins que certains auteurs

ont posée, concerne leur réalisme. S’agissait-il de véritables portraits d’après nature ou bien

de représentations conventionnelles comme le Moyen Âge nous en fournit nombre

d’exemples ? Plusieurs de nos sources nous fournissent à ce sujet leurs impressions. D’après

528 MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 26 p. 50 ; voir aussi ROSCHACH, « Les douze livres », p. 398.

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le « testament syndical de La Faille », le feuillet de l’année 1498-1499 serait « un des 1ers où

les capitouls paraissent avoir été peints d’après nature »529, mais c’est surout en 1531 que

« les portraits des capitouls sont très bien faits et paraissent très ressemblants »530. Malliot,

quant à lui, juge qu’en 1430 déjà, « le style avait bien changé [et] les têtes étaient bien

rendues »531. Il est cependant d’accord avec le jugement précédent sur le tableau de l’année

1498, qui montrait que « la peinture avait acquis quelque degré de perfection »532, avis qu’il

réitère pour celui de 1529533. Roschach, quant à lui, trouve que « c’est un grand euphémisme

de donner le nom de portraits aux images consulaires peintes par les enlumineurs durant les

deux premiers siècles des Annales »534. Sans parler des premières images incluses en

miniature dans le « A » initial de la chronique, il estime que pendant tout les XIVe et XVe

siècles, « toutes ces représentations humaines, traitées à la chinoise, ont un dessin uniforme et

la seule indication personnelle dont l’artiste paraisse avoir tenu compte, est la couleur et la

coupe des cheveux et de la barbe », les traits du visage étant simplement indiqués « d’après un

patron traditionnel »535. Il juge en dernier lieu que « l’imitation directe de la nature, le souci

de la fidélité du portrait commencent à s’accuser au seizième siècle536 ».

Sans remettre en cause cette analyse qui nous semble assez pertinente, nous pensons

qu’une analyse plus fine de ces figurations permettrait de découvrir, dans le travail de

l’enlumineur ou du peintre, certains éléments qui ne relèvent certes pas de la ressemblance

mais d’une certaine personnalisation de quelques-uns de nos portraits. C’est ce que nous

avons pu mettre en évidence sur le feuillet de 1372-1373 conservé à la Pierpont Morgan

Library [ill. n° 10], dans lequel le troisième capitoul en partant de la gauche a un visage

beaucoup plus jeune que celui de ses compagnons. Or il s’agit de Galois Ysalguier, capitoul

du Pont-Vieux, dont l’élection fut en effet exceptionnelle cette année-là. N’ayant pas atteint la

« majorité consulaire » qui était alors de 25 ans, il ne pouvait donc prétendre à cette charge

sans une dispense d’âge, qui lui fut effectivement accordée537. L’artiste a donc pris en compte

cet élément et a nettement individualisé Galois au milieu de ses collègues plus âgés et portant

529 BB 267 p. 5. 530 Ibid., p. 6. 531 3 S 4, p. 256. 532 Ibid., p. 257. 533 Ibid., p. 258: « Les morceaux de peinture avaient plus de perfection ». 534 ROSCHACH, « Les douze livres », p. 370. 535 Ibid., p. 371. 536 Ibid., p. 372. 537 BORDES (François), « Sur un feuillet "américain" des Annales de Toulouse (1371-1372 et 1372-1373) », dans Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. LXI, 2001, p. 122.

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barbe. Il serait certainement édifiant d’analyser dans cette optique l’ensemble des portraits qui

sont aujourd’hui conservés.

Le dernier point sur lequel nous souhaiterions nous arrêter quelques instants

concerne les armoiries qui, comme nous l’avons vu, accompagnaient ces représentations des

capitouls depuis le milieu du XIVe siècle. Tout d’abord, cela nous indique que, quelle que soit

la condition sociale des consuls à l’époque (nobles, marchands, juristes), tous possédaient des

armes, ou peut-être en créaient pour l’occasion. Les travaux de Paul Adam-Even et Michel

Pastoureau ont bien montré que « la capacité héraldique (…) appartenait à tout le monde » à

cette époque, et que « la libre adoption a toujours été le moyen normal et le plus fréquent pour

prendre des armoiries »538. La seule interdiction consistait à ne pas prendre les armes d’une

autre personne. L’armorial capitulaire qui débuta alors et s’enrichit chaque année jusqu’à la

Révolution comportait, à la fin de l’Ancien régime, près de 3 000 blasons. Ce furent ces

représentations, signes évidents et intolérables de noblesse pour les révolutionnaires, qui

valurent aux annales de Toulouse d’être dépecées en 1793. L’étude fine de ces armes, de leur

évolution, de leur fidélité aux règles traditionnelles du blason manque encore aujourd’hui et

constituerait un champ d’étude qu’il serait nécessaire de creuser. Les travaux de Roschach sur

le sujet539 , complétés par ceux de Galabert540 et de Damien Garrigues541, doivent être revus

en fonction des nouvelles identifications de capitouls ou d’officiers que nous avons pu faire.

b) Les scènes

Outre les portraits, toujours présents, nous avons déjà noté que des tableaux

apparaissent au fur et à mesure de la vie du livre des Histoires : ces scènes religieuses ou

historiques forment un corpus d’enluminures complexe où réalisme et symbolique se côtoient.

La plus ancienne de ces images dont nous ayons la trace date de 1398-1399 : il s’agit

d’un tableau religieux, aujourd’hui disparu, représentant « la Passion figurée de J. C. avec

Joseph et Marie »542. Nous avons conservé en revanche la suivante, réalisée pour l’année

538 PASTOUREAU (Michel), Traité d’héraldique, 4e éd., Paris, Picard, 2003, p. 60 ; voir aussi ADAM-EVEN (Paul), « De l’acquisition et du port d’armoiries : armes nobles et bourgeoises. Étude d’héraldique comparée », dans Recueil du IVe congrès international des sciences héraldique et généalogique, Bruxelles, 1958, p. 79-106. 539 ROSCHACH, « Les douze livres », p. 420-460. 540 GALABERT (François), « Une nouvelle miniature des Annales capitulaires de Toulouse », dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. XVI, 1908, p. 317-341 541 GARRIGUES (Damien), « Examen critique de quelques séries d'armoiries capitulaires », dans Bulletin de la Société Archéologique du Midi de la France, 3e série, tome 3, 1937-1939, p. 308-339. 542 BB 267 p. 1.

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1412-1413, et où l’on peut voir justement la Vierge dont nous venons de parler [ill. n° 16].

Revêtue d’une robe de brocart et d’un manteau bleu, elle soutient de sa main gauche l’Enfant

Jésus et tient dans la droite une pomme. Elle est assise sur un trône orné d’un dais543. Chaque

capitoul est accompagné d’un saint (ou peut-être d’un apôtre544), qui lui met la main sur

l’épaule ou sur la tête comme pour l’inspirer ou le guider. Il paraît évident que ce type de

représentation donnait une dimension symbolique supplémentaire à ces tableaux.

Les scènes d’inspiration religieuse vont d’ailleurs, désormais, venir rehausser de

manière régulière les portraits capitulaires. Nous trouvons une très belle « Descente de croix »

en 1436-1437545 [ill. n° 18], une « Annonciation » en 1446-1447546 [ill. n° 24], et enfin deux

« Adoration des rois mages » en 1448-1449 puis de nouveau en 1453-1454, malheureusement

disparues mais dont nous possédons des gravures [ill. n° 25 et 27].

On peut rattacher à cette ensemble trois autres peintures dans lesquelles la religion

est au centre d’événements locaux : les capitouls invoquant saint Roch en 1473-1474547,

année de grande peste [h. 55], la vérification des reliques de saint Simon et saint Jude en

1510-1511548 [ill. n° 32] et leur élévation avec celles de Sainte Suzanne l’année suivante [h.

145]549. On peut aussi noter, dans les portraits eux-mêmes des capitouls ou le décor qui les

entoure, la présence récurrente des anges, comme en 1371-1372 [ill. n° 9], 1393-1394 [ill.

n° 12], 1412-1413 [ill. n° 16], 1437-1438 [ill. n° 19], 1438-1439 [ill. n° 20], et 1446-1447

[ill. n° 24].

D’autres scènes, mais d’inspiration laïque, vont aussi progressivement prendre place

sur les feuillets du Livre. Celle de 1434-1436 a été identifiée par Roschach comme

représentant « l’entrée des gens de guerre dans la ville d’Albi », à l’occasion du conflit entre

deux compétiteurs de cet évêché en 1435550 [ill. n° 17]. La Faille n’est pas aussi précis et se

543 Sur cette enluminure, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 16 p. 32-33 ; voir aussi ROSCHACH, « Les douze livres », p. 392-393 : « La cour de la Vierge Marie ». 544 Aucun ne dispose d’attribut permettant de l’identifier, mais on peut penser qu’aux 12 capitouls d’alors le peintre ait fait correspondre les 12 apôtres. 545 MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 19 p. 37-38 ; voir aussi ROSCHACH, « Les douze livres », p. 395. 546 MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 25 p. 49 ; voir aussi ROSCHACH, « Les douze livres », p. 398, et ÉCLACHE (Michèle), PELIGRY (Christian) et PENENT (Jean), Images et fastes des capitouls de Toulouse, catalogue d’exposition, Toulouse, Musée Paul-Dupuy, 1990, p. 37-38. 547 BB 267 p. 4. 548 MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 34 p. 58 ; voir aussi ROSCHACH, « Les douze livres », p. 407 : « Scène funèbre ». 549 BB 267 p. 6 : « Il représente un dominicain en chaire en présence de plusieurs évêques dont deux tiennent des os à la main. » ; voir aussi ROSCHACH, « Les douze livres », p. 407-408. 550 ROSCHACH, « Les douze livres », p. 393-394 ; sur toute cette affaire, à laquelle furent mêlées les grandes compagnies, voir HGL, t. IX, p. 1122-1124 ; sur ce feuillet, voir aussi ÉCLACHE (Michèle), PELIGRY (Christian)

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contente d’une description sommaire de la scène : « Le tableau représente la prise d’une ville

par des croisés d’une croix blanche »551. L’identification est délicate, car cette chronique ne

comporte aucune histoire particulière [chr. 130], mais il semble que l’hypothèse de Roschach

soit la bonne. Dix ans plus tard, en 1444-1445 selon La Faille, un nouveau tableau donnait à

voir le siège d’une ville dont l’évêque défendait les murs552, dans lequel Roschach voyait le

« siège de Metz par le roi Charles VIII [sic] »553. L’original ayant disparu, il est bien difficile

de se prononcer d’autant que cette chronique [chr. 138] « doublerait » en quelque sorte une

partie de la précédente [chr. 137] qui englobait les années 1442-1443, 1443-1444 et 1444-

1445, les mêmes capitouls ayant été prorogés prendant trois ans. Nous pensons que l’annaliste

du XVIIe siècle a pu commettre ici une erreur de date, d’autant que lorsqu’il décrit par ailleurs

le feuillet incomplet de 1444-1445554, il ne signale pas cette scène. Nous pensons donc qu’il

faut plutôt attribuer ce tableau à l’année suivante 1445-1446, et y voir certainement une

illustration du conflit qui s’éleva à Lectoure à l’occasion d’une nouvelle affaire d’élection

épiscopale et donna lieu à un siège de la ville555.

Quant au simple dessin inachevé de 1452-1453 [ill. n° 26], son mystère reste

entier556. La nouvelle datation que nous avons proposée permet plusieurs hypothèses : l’on

pense au premier abord à la prise de Constantinople, mais aucun élément figuratif

caractéristique d’une cité orientale ne s’y trouve ; le siège de Bordeaux et le départ sans gloire

des Anglais, à la suite de la bataille de Castillon, peut aussi être évoqué, mais l’on n’y

retrouve pas non plus la figuration traditionnelle de la ville à cette époque. Le mystère reste

donc, pour le moment, entier557.

Le tableau qui ornait le feuillet de 1460-61 ne pose, quant à lui, aucun problème. Il

représentait le sacre de Louis XI, à Reims, le 15 août 1461558, dont la mention se retrouve

également inscrite dans le Livre [h. 33]. Il ouvre une nouvelle ère, celle des tableaux se

rapportant à des événements dynastiques et à des opérations militaires extra-nationaux. et PENENT (Jean), Images et fastes des capitouls de Toulouse, catalogue d’exposition, Toulouse, Musée Paul-Dupuy, 1990, p. 36-37. 551 BB 267 p. 3. 552 Ibid. : « Il représente une ville assiégée avec un évêque sur le rempart. » 553 ROSCHACH, « Les douze livres », p. 396 ; ce siège se déroula pendant quatre mois et prit fin le 28 février 1445. 554 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 210 : « Les Capitouls de cette année, comme ceux des autres, sont peints avec leurs armes dans le livre des Annales ; mais leurs noms ne s’y lisent point et je n’ai sçu les trouver dans aucun titre ni registre. 555 Sur cette affaire, voir HGL, t. XI, p. 13-14. 556 MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 26 p. 50 ; voir aussi ROSCHACH, « Les douze livres », p. 398. 557 Je me permets de renvoyer ici à ma communication sur « Le feuillet des Annales manuscrites de Toulouse dit de 1447 : nouvelle datation, nouvelle interprétation », à la Société archéologique du Midi de la France (séance du 6 juin 2006) (à paraître en 2007 dans le Bulletin académique de la Société). 558 BB 267 p. 2 : « Il représente le sacre de Louis XI ».

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Plusieurs scènes historiques concernant le règne de Louis XI faisaient ainsi l’objet de

peintures. On trouvait tout d’abord, semble-t-il, sa rencontre avec Charles le Téméraire sous

les murs de Paris en 1465559, puis son entrevue avec Edouard IV, roi d’Angleterre, à

Picquigny près d’Amiens en 1475, dont le récit était donné dans la chronique correspondante

[h. 60]. Nous possédons quelques éléments sur cette représentation aujourd’hui disparue :

« L’abouchement du roy de France et du roy d’Angleterre est peint au livre ; ils sont sur un

pont et chacun a ses gens de son côté en armes, retirez toutesfois ; lesdits roys se touchent en

la main »560. En 1476-1477, selon Malliot et La Faille, la chronique était illustrée d’une scène

de bataille, identifiée par le premier comme étant celle de Nancy561, ce que le second ne

précisait pas562. Ici aussi, il semble qu’il y ait eu une erreur de chronique, peut-être due une

nouvelle fois à l’absence de date précise dans le procès-verbal. Alors qu’aucune histoire n’est

mentionnée en effet pour cette année 1476-1477, on trouve dans la précédente, celle de 1475-

1476, un long discours sur la guerre avec le duc de Bourgogne [h. 32], qui évoque notamment

certains épisodes de ce conflit entre 1472 et 1475 dont plusieurs sièges : celui fort célèbre de

Beauvais, auquel est attaché le nom de Jeanne Hachette, celui de Rouen et celui de Metz563.

Si Malliot avait opté pour celui de Nancy, au cours duquel Charles le Téméraire trouva la

mort en janvier 1477, c’est qu’il y avait peut-être des éléments (bannières par exemple)

d’« Allemaigne », comme il est dit dans le texte. Auquel cas, nous serions plutôt tentés de

proposer celui de Metz, également ville d’Empire et qui se trouvait dans la zone de combats

de cette époque.

Le tableau historique suivant, n’est pas non plus sans poser problème. La Faille

déclare qu’il s’agit du « mariage de Charles VIII célébré par le Pape en présence de plusieurs

cardinaux »564. Il semble qu’une note portée sur le feuillet (mais à quelle époque ?) évoquait

au contraire celui de Maximilien d’Autriche avec Marie de Bourgogne, du moins selon les

dires de Malliot qui conteste cette identification et penche pour celui « de Charles VIII,

encore dauphin, avec Marguerite », fille ce même Maximilien565. Roschach, quant à lui, en

559 3 S 4 p. 256 : « En 1465, entrevue de Louis XI et d’Edouard d’Angleterre [note A : Les notes marginales de ce registre étaient d’une main étrangère et souvent peu exactes. Je crois fort que l’entrevue représentée était plutôt celle du roi et du comte de Charolais, puisque celle d’Edouard n’eut lieu que quelques années après] » 560 ADHG, Ms 17 f° 20 ; confirmé par La Faille : « Il représente l’entrevue de deux rois qui se touchent la main en présence de deux armées » (BB 267 p. 4). 561 3 S 4 p. 257 : « 1477 : Bataille de Nanci, où le duc de Bourgogne fut tué ». 562 BB 267 p. 4 : « Il représente une bataille. » 563 Pour tant est que notre identification « Mis » = Metz soit exacte. 564 BB 267 p. 4. 565 3 S 4 p. 257 : « L’histoire ne s’accorde guère avec cette note ; il est seulement parlé d’un projet de mariage avec Jeanne de Castille qui n’eut pas lieu ; on ne comprend pas les raisons qu’on aurait eu de représenter le mariage de Maximilien d’Autriche avec Marie de Bourgogne comme l’indique la note. »

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dernier lieu, considère que nous sommes en présence du « mariage de Louis de France, duc

d’Orléans ([futur]Louis XII), avec Jeanne de France, duchesse de Berry, fille du roi Louis

XI »566. En outre, l’année même du feuillet était incertaine : 1477-1478 (La Faille et

Roschach) ou 1478-1479 (Malliot), et aucune mention d’histoire ne pouvait nous aider en la

matière dans ces années-là. Or aucune de ces deux chroniques ne pouvait convenir ni pour le

mariage du futur Louis XII avec la fille de Louis XI, Jeanne, qui eut lieu le 8 septembre 1476,

ni pour celui de Maximilien avec Marie de Bourgogne, qui fut célébré 19 août 1477, et surtout

pas pour les fiançailles du dauphin Charles avec Marguerite, celles-ci s’étant déroulées le 22

juin 1483. Il fallait donc, au moins pour les deux premiers événements, soit qu’il y ait eu de

nouveau une chronique non datée, soit que l’événement ait été enregistré sur la chronique

suivante. Ce dernier cas de figure étant extrêmement rare et ne concernant que des

événements s’étant déroulés en toute fin d’année, seule la première hypothèse semble

plausible. Or nous venons de voir que la chronique de 1475-1476 comportait comme scène

une bataille. Celle de 1476-1477 ne pouvait donc représenter, comme d’ailleurs la note

inscrite sur le feuillet le mentionnait, que le mariage de Maximilien d’Autriche avec Marie de

Bourgogne.

En 1485-1486, un nouvel événement « dynastique » prend place dans le Livre : le

« couronnement de Marguerite d'Autriche, fille de l'Empereur Maximilien, fiancée du roi

Charles VIII »567. Celle-ci, fiancée au dauphin Charles depuis le 22 juin 1483 et alors qu’elle

n’avait que 3 ans, était de fait devenue la future reine depuis le sacre de celui-ci comme roi le

30 mai 1484. Ici encore, aucune histoire n’a pu être recensée dans le Livre sur cet événement.

On peut penser qu’il devait au moins y être inscrit l’annonce à Toulouse de l’événement et les

feux de joie qui l’accompagnèrent.

C’est ce qui se passe six ans plus tard, en 1491-1492, lorsque naît le dauphin

Charles-Orland [h. 89] dont le baptême inspira cette anné-là le peintre chargé du

« portrait »568. Cette enluminure a malheureusement disparu, comme d’ailleurs la suivante qui

représentait une nouvelle scène guerrière et illustrait la chronique de 1494-1495. La Faille

nous en fournit cependant une description sommaire : « Il représente une marche d’armée vers

une ville coupée par une rivière »569. Il s’agit là de la première d’une série de scènes liées aux

guerres d’Italie qui vont venir à plusieurs reprises orner les feuillets du Livre. Cette année-là, 566 ROSCHACH, « Les douze livres », p. 400. 567 ROSCHACH, « Les douze livres », p. 401 ; BB 267 p. 4 situe par erreur l’événement pour 1484-1485 : « « Il représente le couronnement d’une reine ». 568 ROSCHACH, « Les douze livres », p. 403-404 : « Baptême de Charles-Orland, dauphin de Viennois, dans la chapelle de Montilz-lez-Tours, le 13 octobre 1492 » ; BB 267 p. 4 : « Il représente un baptême ». 569 BB 267 p. 4 ; Malliot la date de 1492 et note : « Charles VIII allant assiéger Naples » (3 S 4 p. 257).

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une longue préface narrait avec force détails la campagne du roi dans toute la péninsule, de

Florence jusqu’à Naples [chr. 173].

En 1497-1498, c’est le sacre de Louis XII à Reims (27 mai 1498) qui introduit la

chronique570, avant que, deux ans plus tard, son entrée dans Alexandrie et Milan ne soit

peinte571. La conquête du Milanais s’était déroulée entre juillet et août 1499, mais son récit fut

rédigé comme préface de la chronique de 1499-1500 [chr. 177]. L’année suivante, nous

trouvons une composition de plusieurs scènes historiques [ill. n° 29 et 29bis]. Nous n’avons

conservé la trace que d’une seule histoire de la chronique qui ait inspiré le peintre (le jubilé

[h. 103]), mais l’on peut présumer que les autres événements représentés, dont la plupart sont

liés à la croisade organisée par le pape Alexandre VI avec les rois de France et d’Espagne

contre les Ottomans572, y étaient évoqués. Pour 1502-1503, des théâtres d’opérations

militaires font à nouveau l’objet de tableaux, dont nous n’avons conservé qu’une partie [ill.

n° 30]. Deux scènes de siège y figurent, mais leur identification reste mystérieuse573. Dans

celle du bas, les capitouls semblent assister au spectacle. Peut-être faut-il voir dans l’une

d’elles le siège de Salses, dont le récit détaillé figura cette année-là dans le Livre [h. 106], ou

bien un nouvel épisode des guerres d’Italie dans lesquelles Bayard s’illustra à cette époque et

qui faisait éventuellement l’objet de la préface.

Puis ce furent les fiançailles de Claude de France avec François, duc d’Angoulême,

auxquelles les capitouls avaient œuvré [h. 119], qui fournirent au peintre de 1505-1506 le

sujet de son « portrait »574, avant que les événements d’Italie ne soient à nouveau d’actualité

l’année suivante avec l’entrée triomphale de Louis XII à Gênes575, puis en 1508-1509 avec la

570 BB 267 p. 4 : « Il représente le sacre d’un roi et son couronnement » ; confirmé par Malliot (3 S 4 p. 257) : « Sacre de Louis XII », qui ajoute ce commentaire : « La peinture avait acquis quelque degré de perfection. ». 571 BB 267 p. 5 : « Il représente l’entrée de Louis XII à Alexandrie et à Milan » ; ADHG, Ms 17 : « Entrée du roy Louis comme duc de Milan dans Alexandrie et dans Milan est peinte » ; 3 S 4 p. 258 : « En 1499, départ de Louis XII pour la conquête de Milan ; entrée du même roi à Milan en habit ducal. » 572 Sur ce double feuillet, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 30-31 p. 52-54 ; voir aussi ROSCHACH, « Les douze livres », p. 405-406, et QUATREFAGES (A. de), « Peintures du XVe siècle, tirées du livre des Annales de l’Hôtel de ville de Toulouse », dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. IV, 1840-1841, p. 54-61 ; ce feuillet a été par erreur attribué à l’année 1501-1502 par CAU (Christian), Les Capitouls de Toulouse. L’intégrale des portraits des Annales de la Ville. 1352-1778, Toulouse, Privat, 1990, p. 90-91. BB 207 p. 5 : « Il représente une armée navale, l’élection d’un Empereur , le jubilé et la prise d’une ville » ; ADHG, Ms 17 : « Ainsi y avoit-il beaucoup de peintures pleines de gens d’Église comme cardinaux, évêques, etc. » ; Malliot, quant à lui, ne signale que le Jubilé (3 S 4 p. 258). 573 BB 207 p. 5 : « Il représente le siège d’une ville avec du canon » ; sur ce feuillet, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 32 p. 56-57 ; voir aussi ROSCHACH, « Les douze livres », p. 406. 574 BB 267 p. 5 : « Un mariage fait par un cardinal » ; 3 S 4 p. 258 : « Mariage de Mme Claude de France avec François duc d’Angoulême. » 575 BB 267 p. 5 : « Il représente le triomphe du roi Louis XII et son entrée à Gênes » ; 3 S 4 p. 258 : « Départ de Louis XII pour aller réduire Gênes ; entrevue du même roi avec Ferdinand roi d’Aragon (c’était plutôt le traité de Louis XII avec Philippe d’Autriche, roi de Castille). »

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bataille d’Agnadel et l’entrée du roi de France à Milan576. Son mariage avec Marie

d’Angleterre en 1514 fait ensuite l’objet de l’illustration de la chronique dans laquelle elle se

trouve rapportée [h. 164]577, de même que, l’année suivante, le sacre de François 1er, son

successeur. Cette dernière représentation côtoyait semble-t-il la scène d’une bataille que nous

serions tentés d’identifier comme étant celle de Marignan578.

Comme on le voit, le premier Livre des histoires faisait la part belle à la royauté et

aux conflits dans lesquels celle-ci était engagée. Mais les événements locaux n’étaient pas

pour autant oubliés, et les scènes civiques ornaient régulièrement ses feuillets.

Les premières d’entre elles concernaient l’une des cérémonies majeures de l’histoire

des villes médiévales, l’entrée royale579. Si l’on y inclut celles de membres de la famille

royale en général, nous en trouvons quatre qui firent l’objet de « portraits », toutes au

quinzième siècle. La première représente celle du dauphin Louis, futur Louis XI, le 25 mai

1439 [ill. n° 20], dont le récit en occitan est transcrit dans la chronique [h. 18]. Les capitouls

revêtus de leurs robes, manteaux et chaperons portent le dais qui abrite le dauphin monté sur

un cheval richement harnaché580. Quatre ans plus tard, Toulouse reçoit avec faste, et pour la

première fois, le roi Charles VII en personne, qui s’en allait guerroyer en Aquitaine [h. 20].

Le peintre y figure la même scène [ill. n° 22], mais le roi et les capitouls y sont précédés de la

bannière de la ville et suivis du dauphin Louis qui accompagnait le roi lors de cette campagne

militaire581. La chronique suivante, portant sur les années 1442-1445, nous montre l’entrée de

576 BB 207 p. 5 : « Il représente des batailles, des messes, l’entrée d’un roi dans une ville avec plusieurs prélats qui vont le recevoir » ; voir aussi ROSCHACH, « Les douze livres », p. 407 : « Bataille d’Aignadel, prise de Crémone, Brescia et Bergame ; entrée du roi Louis XII à Milan, mai 1509. » 577 BB 207 p. 6 : « Il représente le mariage d’un roi » ; La Faille précise par ailleurs (Annales, t. 1, p. 324) : « Le mariage fut consommé à Abbeville au commencement du mois d’octobre. La célébration en est peinte sur une feuille de nos Annales. Le roi et la reine y sont representez, qui se donnent la main. Le roi a une longue robe bleue, parsemée de lys d’or, avec des manches fort amples, bordées d’hermines, de même que le bas de la robe ; et sur le haut un large rabat d’hermines. La reine y paroit avec une pareille robe de brocard rouge, fond d’or, la queue portée par deux pages. Elle a pour coifure une espèce de guirlande ou couronne à fleurons d’or avec de bandelètes or et rouge, qui lui décendent sur les épaules. » 578 BB 267 p. 6 : « Il représente son couronnement et une bataille. » 579 Sur ce sujet, voir GUENÉE (Bernard) et LEHOUX (Fr.), Les entrées royales françaises de 1328 à 1515, Paris, C.N.R.S., 1968, 366 p., ill. [coll. « Sources d’Histoire médiévale »] ; sur celles qui se déroulèrent à Toulouse, nous nous permettons de renvoyer à nos deux articles : « Une perception de l’espace urbain : cortèges officiels et processions générales à Toulouse du XIVe au XVIe siècle », dans Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. LXIV, 2004, p. 135-153, fig., et « Rites et pratiques cérémonielles à Toulouse au bas Moyen Âge et à la Renaissance », dans Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. LXV, 2005, p. 580 Sur cette représentation, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 21 p. 40-41 ; voir aussi ROSCHACH, « Les douze livres », p. 395-396, et QUATREFAGES (A. de), « Peintures du XVe siècle, tirées du livre des Annales de l’Hôtel de ville de Toulouse », dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. IV, 1840-1841, p. 34-38. 581 Sur cette entrée, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 23 p. 43-44 ; voir aussi ROSCHACH, « Les douze livres », p. 396-397, et QUATREFAGES (A. de), « Peintures du XVe siècle, tirées du livre des Annales de l’Hôtel

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la reine Marie d’Anjou, portée en croupe par son fils, le dauphin Louis, qui se situa le 26

février 1443 à la fin de la guerre d’Aquitaine [ill. n° 23]. Le cortège de la reine et des

capitouls est suivi de deux cavaliers dans lesquels on peut reconnaître le roi Charles VII et son

lieutenant en Languedoc, Charles d’Anjou582. La représentation de la dernière de ces

cérémonies, celle qui concerne Louis XI en 1463, n’a malheureusement pas été conservée,

mais nous en possédons cependant une description grâce à La Faille : « Le Roi y est

représenté à cheval sous le dais, vêtu d’un pourpoint de toile d’or, avec des chausses étroites,

le bas et le haut tout d’une pièce. Le dais à huit bâtons d’un brocard bleu, semé de fleurs de lis

d’or, est porté par les huit Capitouls vêtus de leurs manteaux de cérémonie. Roaix y est

représenté aussi, portant la banière aux armes de Toulouse »583.

Un seul autre grand personnage, parmi ceux qui firent leur entrée à Toulouse au bas

Moyen Âge et au début du XVIe siècle, semble avoir eu également les honneurs du

« portrait » : il s’agit de l’archevêque Jean d’Orléans en 1522-1523. Le récit que le Livre en

conservait montrait l’importance de l’événement [h. 236], mais mettait également en exergue

la querelle de préséance entre le sénéchal et les capitouls qui se termina au bénéfice de ces

derniers [h. 237]. Cette peinture, d’après La Faille, représentait fidèlement la cérémonie ainsi

réglée mais comportait une anomalie, ou tout au moins un anachronisme, qui pourrait donner

à penser qu’elle fut réalisée bien postérieurement : « Il fut décidé par le Parlement qu’il

marcheroit devant l’archevêque, lequel auroit deux Capitouls, un à chaque côté, et deux autres

après. C’est de la sorte aussi que cette entrée est représentée dans la peinture qu’on en peut

voir dans le livre des Annales : à cela près qu’un porte-croix marche à chaval immédiatement

devant l’archevêque, et par conséquent entre le sénéchal et luy. L’archevêque y est peint

monté sur une mule richement enharnachée ; mais il y a dans cette peinture un anacronisme

de pinceau, s’il m’est permis de me servir de ce terme, en ce qu’il y est représenté vêtu d’un

habit de cardinal ; car il est constant que ce prélat ne fut reçu au Sacré collège par le Pape

Clément VII que quinze ans après »584.

D’autres histoires concernant directement la ville et l’action des capitouls connurent

également une traduction en images. Le rétablissement du parlement en 1468-1469 grâce à

l’action du juge mage Guillaume Bruni [h. 43] fournit l’occasion au peintre de représenter la de ville de Toulouse », dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. IV, 1840-1841, p. 40-45. 582 Sur ce feuillet, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 24 p. 46-48 ; voir aussi ROSCHACH, « Les douze livres », p. 397, et QUATREFAGES (A. de), « Peintures du XVe siècle, tirées du livre des Annales de l’Hôtel de ville de Toulouse », dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. IV, 1840-1841, p. 46-47. 583 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 229. 584 Ibid., t. 2, p. 30; confirmé dans BB 207 p. 6 : « Il représente l’entrée d’un cardinal. »

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séance du consistoire dans laquelle celui-ci en fit l’annonce. Le feuillet original a disparu,

mais Rivalz en a conservé la mémoire dans un dessin qui se trouve aujourd’hui dans les

collections du Musée Paul-Dupuy [ill. n° 28]585. La Faille, quant à lui, nous en décrit les

couleurs : « Le Brun y est représenté assis au milieu des Capitouls avec une longue robe

bleue, un chaperon rouge et à queue sur l’épaule, et sur la tête un bonnet de même couleur et

fait en pointe et sans rebord. Les Capitouls paroissent avec leurs manteaux et un semblable

bonnet. Un secrétaire s’y voit vêtu d’une pareille robe bleue, debout et tête nue, faisant lecture

des patentes avec une grande foule d’assistans représentée derrière les Capitouls »586.

Dans le domaine des travaux publics, nous voyons illustrées la reconstruction de la

tour du bout du pont de la Daurade en 1437-1438 [h. 16] [ill. n° 19]587, celle de la porte

Pouzonville en 1440-1441 [h. 19] [ill. n° 21]588 et l’édification des trois arcs du pont de

briques de Tounis en 1516-1517 [h. 189] [ill. n° 33]589. La mission d’assistance des édiles,

liée à celle du maintien de l’ordre moral, se voit représentée cette même année dans

l’enfermement des « repenties » au couvent de la Madeleine [h. 190] [ill. n° 33bis]590, puis en

1518-1519 par la peinture de leur action auprès des malades [h. 208]591. La Justice n’était pas

oubliée : en 1503-1504, une partie du « portrait » donne ainsi à voir le jugement de Bernard

de Bordeval [h. 116] [ill. n° 31]592, et on pouvait également admirer en 1510-1511 une scène

d’inquisition, aujourd’hui disparue, dans laquelle étaient figurées « deux exécutions de

justice, l’une pour la peine de la roue et l’autre pour la peine du feu ; l’inquisiteur assiste à la

première, et l’autre est faite en présence des capitouls à cheval ; c’est l’exécution du corps de

Gonsalve Molina, professeur en médecine à Toulouse, qui, étant mort en prison, fut 585 Sur ce feuillet, voir ROSCHACH, « Les douze livres », p. 399-400, et QUATREFAGES (A. de), « Peintures du XVe siècle, tirées du livre des Annales de l’Hôtel de ville de Toulouse », dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. IV, 1840-1841, p. 48-54 ; voir aussi ÉCLACHE (Michèle), PELIGRY (Christian) et PENENT (Jean), Images et fastes des capitouls de Toulouse, catalogue d’exposition, Toulouse, Musée Paul-Dupuy, 1990, p. 38-39 ; et en dernier lieu, PENENT (Jean), Antoine Rivalz, 1667-1735. Le Romain de Toulouse, Catalogue d’exposition, Toulouse-Musée Paul-Dupuy, Paris-Somogy, 2004, n° 142. 586 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 236. 587 Sur cette image, voir BORDES (François), dir., Toulouse, parcelles de mémoire. 2000 ans d’histoire urbaine au regard de 8 siècles d’archives, catalogue d’exposition, Toulouse, Archives municipales, 2005, p. 97-98 ; voir aussi MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 20 p. 39-40. 588 Sur ce feuillet, voir BORDES (François), dir., Toulouse, parcelles de mémoire. 2000 ans d’histoire urbaine au regard de 8 siècles d’archives, catalogue d’exposition, Toulouse, Archives municipales, 2005, p. 94-95 ; voir aussi MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 22 p. 41-42, et ROSCHACH, « Les douze livres », p. 396. 589 Sur cette représentation, voir BORDES (François), dir., Toulouse, parcelles de mémoire. 2000 ans d’histoire urbaine au regard de 8 siècles d’archives, catalogue d’exposition, Toulouse, Archives municipales, 2005, p. 101-104 ; voir aussi MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 35 p. 59, et ROSCHACH, « Les douze livres », p. 408. 590 Sur cette représentation, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 36 p. 60, et ROSCHACH, « Les douze livres », p. 409. 591 BB 267 p. 6 : « Il représente des religieuses qui servent des malades. » 592 Sur ce feuillet, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 33 p. 57, qui voit dans le personnage central de la scène le verguier et de chaque côté des plaideurs.

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néantmoins brûlé par arrêt du Parlement d’autant qu’il avait été déclaré hérétique par sentence

de l’inquisiteur »593. Nous ne reviendrons pas enfin sur les quelques scènes religieuses

(élévations de reliques en particulier) que nous avons mentionnées plus haut et qui montrent

l’ingérence des capitouls dans tous les secteurs de la vie de la communauté.

Cela nous amène tout naturellement à évoquer la représentation de la ville dans

l’ensemble de ces peintures et à noter que le décor urbain n’y est que peu présent.

Contrairement aux enluminures contemporaines dans le reste du royaume, ce décor est même

complètement absent de toutes les scènes d’entrées des rois à Toulouse, comme si les

capitouls eux-mêmes étaient la Ville. Symbolique sur les plus anciennes feuilles (sous forme

de créneaux par exemple)594, nous venons de voir qu’il intègrait de temps en temps, et très

partiellement, le « portrait » capitulaire. Outre l’image de la tour du pont en 1437-1438 et de

celle d’une porte en 1440-1441, on trouvait peut-être en 1487-1488 une représentation de la

cathédrale Saint-Etienne à l’occasion de réparations aux murailles de la prévôté [h. 78]595. La

peinture de 1511-1512 intégrait également les fortifications dans la scène d’exposition des

reliques596, mais il faut attendre l’année 1516-1517 pour voir apparaître avec précision

certains bâtiments ou ensembles architecturaux toulousains : la double page présente d’un

côté le pont de Montaudran sur l’Hers, le poids public de la ville et une vue perspective

depuis le pont de Tounis en construction jusqu’aux moulins du Château Narbonnais, et de

l’autre le couvent de la Madeleine créé pour accueillir les filles repenties [ill. n° 33bis]. Nous

mentionnerons enfin le seul événement catastrophique toulousain qui ait fait l’objet d’un

« portrait », l’écroulement du Pont vieux en 1483-1485 [h. 72], dont le double feuillet est

aujourd’hui perdu597.

Il nous reste maintenant un dernier domaine à évoquer, celui des allégories et des

symboles. Plusieurs représentations peuvent être rangées dans la première de ces catégories.

La plus ancienne, qui faisait partie de la chronique de 1489-1490, constitue l’un des très rares,

sinon unique, témoignages toulousains de cette époque sur la philosophie du « bon

gouvernement ». Nous sommes sans doute loin, ici, de celle qui s’était déjà affirmée dans

certaines villes italiennes comme Sienne, mais cette image et le discours qui l’accompagnent

montrent bien que cette préoccupation était bien présente dans le milieu du capitoulat 593 Ibid., p. 5. 594 Par exemple en 1368-1369 et 1369-1370 [ill. n° 6 et 7]. 595 ADHG, Ms 17 f° 22v : « Je crois que ce qui est peint au feuillet 124 [certainement pour 114] est le dessein de l’église Saint-Étienne. » 596 BB 267 p. 6 : « On y voit les remparts et les tours de la ville. » 597 Ibid. p. 4 : « Il représente la rupture du Pont Vieux ; c’est le premier tableau qui tient toute la page. »

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toulousain. Si ce feuillet a lui aussi disparu, nous en possédons une description relativement

précise grâce, une nouvelle fois, à La Faille. Le premier élément à souligner est que cet

ensemble n’était pas placé en introduction de la chronique, mais à la fin, et que cela semble

être le seul exemple de ce genre dans le Livre598. Mais laissons la plume à l’annaliste :

« Les interlocuteurs dans ce dialogue sont Villamur, asesseur, et Fraxine, surnommé Peironis, secrétaire de l’Hôtel de ville. Villamur interroge Peironis sur les qualitez qu’il jugeroit nécessaires à un magistrat pour l’administration des affaires publiques. Après quoi il lui demande s’il croit qu’on puisse en conscience s’engager dans cet emploi. Peironis lui répond de son mieux et renforce ses réponses de plusieurs passages de saint Augustin qu’il cite à tort et à travers. Mais Villamur ne se rendant point à ses réponses et insistant toujours, enfin Peironis, fâché de tant d’interrogations, lui dit qu’il est l’heure d’aler dîner, qu’il sent alumer sa bile : et que s’il continue davantage à l’interroger, il ne lui répondra que par des coups. Mais Villemur se mocque, disant qu’il ne lui voit point d’épée. Sur cela Peironis aprétant ses poings pour le fraper, l’assesseur cède et ils se retirent l’un et l’autre sans coup férir » 599.

La Faille nous fournit même une description de la scène que le peintre a réalisée, et

qui ressemble plus à une caricature qu’à une représentation symbolique : « Ce qu’il y a encore

de plaisant est qu’à la tête de ce beau dialogue ils se sont fait peindre l’un et l’autre en posture

de gens qui disputent. L’assesseur y est représenté avec une robe longue couleur de pourpre,

un petit bonnet rond de même couleur et un chaperon noir sur l’épaule. Le mutin Peironis a

une robe de bure, le bonnet et le chaperon de même »600, ce que confirme l’auteur de

l’« Extrait sommaire »601. Les deux personnages en question étaient en fait des personnages

clefs de l’administration municipale de l’époque. Guillaume Peyronis, dit del Fraysse, avait

été au début de sa carrière, entre 1459 et 1463, notaire de la trésorerie, puis était devenu

notaire du consistoire, c’est-à-dire greffier des capitouls, charge qu’il avait occupée sans

discontinuité depuis 1464 sauf les deux années où il avait été élu lui-même à la première

magistrature de la cité, en 1473-1474 et 1483-1485. Pierre Durand, alias de Villemur, quant à

lui, est aussi un juriste. Licencié ès lois, il devient capitoul en 1476-1477, puis assesseur au 598 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 259 : « Rien ne marque tant la simplicité, pour ne pas dire l’ignorance de ce tems-là, qu’un dialogue que l’écrivain des Annales y a inséré à la fin de cette année après y avoir fait mention de quelques réparations publiques et de certains procès qui furent terminez par la diligence des Capitouls. » 599 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 259-260., qui ajoute : « Ce qu’il y a encore de plaisant est qu’à la tête de ce beau dialogue ils se sont fait peindre l’un et l’autre en posture de gens qui disputent. L’assesseur y est représenté avec une robe longue couleur de pourpre, un petit bonnet rond de même couleur et un chaperon noir sur l’épaule. Le mutin Peironis a une robe de bure, le bonnet et le chaperon de même » ; ADHG, Ms 17 f° 23 note : « Un dialogue qui est écrit de pace fait entre de Villeneuve [sic], assesseur, et Peyronis, notaire, lesquels sont peints et tirés au visé ; c’est une chose bien grossière. » 600 Ibid., p. 260. 601 ADHG, Ms 17 f° 23 : « Un dialogue qui est écrit de pace fait entre de Villeneuve [sic], assesseur, et Peyronis, notaire, lesquels sont peints et tirés au visé ; c’est une chose bien grossière. »

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moins à partir de 1485 et le restera jusqu’à la fin du siècle. C’est dire que ces hommes

connaissent tous les rouages du capitoulat et qu’ils sont parmi les mieux placés pour juger des

qualités nécessaires à un bon magistrat. Il est regrettable que nous n’ayons pas conservé le

détail de l’argumentation de l’un et de l’autre, et que La Faille n’ait rapporté que le côté

anecdotique et trivial de cette âpre discussion.

La deuxième allégorie, assurément la plus étonnante, date de 1495-1496 et fut

baptisée par les annalistes du XVIIe siècle du nom de « la Malebête »602. La Faille nous en

fournit encore une fois une description sommaire mais très évocatrice : « En cet endroit de

nos Annales, l’auteur s’est diverti à faire peindre sur les deux premières pages la figure

bizarre d’un homme gigantesque n’ayant qu’un œil au milieu du front, monté sur un cheval

monstrueux qui a plusieurs jambes longues et menues comme une écrevisse ; et à côté est

représenté un homme couronné à cheval avec une lance à plusieurs branches ou bâtons dont il

renverse d’autres hommes aussi à cheval »603. Comme le notait l’« Extrait sommaire de la

Daurade », aucune histoire de cette année ne pouvait en expliquer le sens, si ce n’est un

discours sur « la ligue du pape, du roy d’Espagne, d’Aragon, des Vénitiens, du duc de

Milan » ; et il ajoutait : « je crois que par ce monstre l’inventeur a entendu ladite ligue et

confédération »604. Or, ce texte, sous forme de préface très détaillée, introduisait sans conteste

la chronique précédente de 1494-1495 [chr. 173]. La Faille n’en donne pas plus

d’interprétation, se contentant de signaler que « l’auteur a accompagné cette peinture d’un

discours en latin d’un stile semblable à celui de l’Apocalipse, plein de lamentations et de

présages terribles », et que cette peinture donna certainement naissance à des peurs qui se

manifestaient encore de son temps605. D’après Malliot, enfin, cette allégorie était tout

simplement celle de « Charles VIII combattant »606, ce que nous serions tenté de valider au vu

des longs développements consacrés aux guerres que ce roi mena en particulier en Italie.

La dernière de ces allégories, enfin, illustre la chronique de 1503-1504 et fait partie

des feuillets qui ont été conservés [ill. n° 31]. En suivant l’analyse de Robert Mesuret607, nous

pensons qu’il faut y voir clairement une représentation de la Justice, tenant dans sa main

602 BB 267 p. 4 : « Il représente la malebette et un combat » ; ADHG, Ms 17 f° 24 : « La malebestie est peinte. » 603 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 274. 604 ADHG, Ms 17 f° 24. 605 LA FAILLE (Germain de), Annales, t. 1, p. 274-275 : « Cette peinture jointe à ce discours, qui n’est au fond qu’un pur galimatias, donna naissance par succession de tems à un bruit qu’il y auroit de la peine encore aujourd’hui à déraciner de l’esprit de beaucoup de gens ; qu’en ce tems-là ce monstre, qu’ils apelent la Malebeste, couroient les rues de cette ville aux heures de la nuit ; et que tous ceux à qui elle se montroit mouroient infailliblement le lendemain. J’ai vu des curieux de la campagne venir demander dans l’Hôtel de Ville qu’on leur fit voir la Malebeste. » 606 3 S 4 p. 257. 607 MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 33 p. 57.

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droite un glaive et dans l’autre un lis, dont les capitouls et leurs officiers représentés au-

dessous s’inspirent dans leurs jugements608. C’était l’une des quatre grandes fonctions qu’ils

assumaient, avec les travaux publics, l’assistance et la police, et cette année-là leur avait

particulièrement fourni l’occasion de s’en montrer dignes [h. 116].

Nous terminerons cette analyse par l’étude de quelques scènes ou dessins

symboliques qui ornaient certains des feuillets du livre. Le premier de ceux-ci représente les

armes de la ville, et apparaît dès 1371-1372609, sur un feuillet aujourd’hui conservé à la

Pierpont Morgan Library610 [ill. n° 9]. Il s’inscrit dans le registre inférieur de la page, dans un

quadrilobe soutenu par deux anges nimbés, et c’est à notre connaissance la plus ancienne

représentation des armes complètes de Toulouse. Une vingtaine d’années plus tard, le même

type de représentation orne la chronique de 1393-1394611 [ill. n° 12] . En 1412-1413, toujours

soutenues par des anges, ces armes occupent la partie centale de la composition de « la Vierge

à la pomme »612 [ill. n° 16]. Ce n’est qu’en 1437-1438 qu’elles sont accompagnées de celles

du roi portant les trois fleurs de lis, placées d’une part dans le même registre supérieur de

l’image, de chaque côté de la tour du pont, mais également sur cette tour elle-même, au-

dessus de la porte613 [ill. n° 19]. On peut rapprocher cette figuration de celle de l’entrée de

Charles VII, où nous voyons les armes du roi en partie centrale du bandeau où sont

représentées celles des capitouls, mais où celles de la ville sont bien présentes, et de manière

un peu démesurée, sur la bannière qui précède le souverain614 [ill. n° 22]. Nous pouvons enfin

y ajouter une dernière peinture, encore plus symbolique, réalisée sur le feuillet de 1440-

1441615 [ill. n° 21]. Contrairement à ce que certains auteurs ont écrit616, il ne faut

608 CAU (Christian), Les Capitouls de Toulouse. L’intégrale des portraits des Annales de la Ville. 1352-1778, Toulouse, Privat, 1990, p. 93 y voyait par erreur « la Vierge qui siège sur son lit de justice » ; la Vierge est traditionnellement représentée revêtue d’un manteau bleu, et les capitouls auraient certainement été peints agenouillés, en position d’orants. 609 Contrairement à ce qu’affirme Christian Cau qui date cette apparition de 1393-1394 : CAU (Christian), Les Capitouls de Toulouse. L’intégrale des portraits des Annales de la Ville. 1352-1778, Toulouse, Privat, 1990, p. 72 ; l’« Extrait sommaire de la Daurade » le signalait d’ailleurs déjà (ADHG, Ms 17 f° 10) : « Les armes de la ville peintes au-dessous de celles de France, qui sont des fleurs de lys sans nombre. » 610 Il y est conservé sous la cote Ms M 717 ; sur ce feuillet, nous nous permettons de renvoyer à notre étude : BORDES (François), « Sur un feuillet "américain" des Annales de Toulouse (1371-1372 et 1372-1373) », dans Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. LXI, 2001, p. 118-126 et pl. h.-t. 611 Sur ce feuillet, voir MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 12 p. 28 ; voir aussi BORDES (François), dir., Toulouse, parcelles de mémoire. 2000 ans d’histoire urbaine au regard de 8 siècles d’archives, catalogue d’exposition, Toulouse, Archives municipales, 2005, p. 111-112. 612 Voir note 543. 613 Voir note 587. 614 Voir note 581. 615 Voir note 588. 616 CAU (Christian), Les Capitouls de Toulouse. L’intégrale des portraits des Annales de la Ville. 1352-1778, Toulouse, Privat, 1990, p. 82 ; ROSCHACH, « Les douze livres », p. 396.

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certainement pas y voir seulement la représentation des saints patrons de la ville, mais bien,

comme l’a noté Mesuret617, d’un côté du protecteur de la royauté (saint Michel618), et de

l’autre de celui de Toulouse (saint Sernin). Il s’agissait en fait, et tout simplement, d’une autre

traduction picturale et symbolique des armes de France et de Toulouse. Il semble en outre que

l’autre grand protecteur de Toulouse, saint Etienne, ait été représenté en 1466-1467619.

Le dernier élément qui nous retiendra quelques instants concerne le double feuillet

représentant le tableau « généalogique » des comtes de Toulouse depuis Charlemagne, qui les

institua, et Torsin, le premier en titre, jusqu’à Philippe III qui réunit le comté à son domaine.

Cette enluminure introduisait la chronique de 1490-1491, sans que l’on sache pour quelle

raison, ni en relation avec quel événement. Si l’original de cet exceptionnel panneau est

aujourd’hui perdu, un souvenir en a été gardé grâce à l’une des œuvres de Guillaume Catel.

Dans son Histoire des comtes de Tolose620, il nous fournit plusieurs traités et chroniques dont

l’un s’avère être la copie imprimée du manuscrit Livre des Histoires. Il s’intitule « Les comtes

de Tolose avec leurs pourtraits tirez d’un vieux livre manuscrit gascon »621, et comme

l’indique ce titre, il ne se contente pas de rapporter les textes mais fournit également la

reproduction sous forme de gravures des dessins originaux. Il faut néanmoins dire que l’artiste

qui réalisa ces « portraits » s’inspira plus de ces originaux qu’il ne les copia fidèlement, ce qui

confère souvent à ses créations un aspect assez particulier. La Faille, qui connaissait les deux

versions, considérait cependant que ces images étaient « conformes pour les habitudes au

manuscrit gascon rapporté par Catel »622. L’« Extrait sommaire de la Daurade », quant à lui,

précisait en ce qui concerne celles qui ornaient les feuillets de parchemin du Livre : « Ils sont

tous peints avec leurs habits, chevelure et ornement de tête divers (…). Et cause [= sauf] que

leurs mantaux ne sont point mi-partis et n’ont point d’hermines, ils rapportent fort à ceux des

capitouls et sont de diverses couleurs »623. Chaque personnage y était accompagné d’un

617 MESURET (Robert), Les enlumineurs, n° 22 p. 41. 618 Sur ce point, voir BEAUNE (Colette), Naissance de la Nation France, Paris, Gallimard, 1985, p. 188-206 ; voir aussi MÉRINDOL (Christian de), « Saint-Michel et la monarchie française à la fin du Moyen Âge dans le conflit franco-anglais », dans La "France anglaise" au Moyen Âge, actes du 111e Congrès national des Sociétés savantes, Histoire médiévale et philologie, Amiens, 1994, t. 1, Paris, Comité des Travaux historiques et scientifiques, 1988, p. 513-542. 619 « Dans ce blanc [au-dessus des blasons des capitouls], ce trouve peint sur le registre un saint Étienne » (copie réalisée en 1686 et qui faisait partie des archives du vicomte de Roquette-Buisson ; cette pièce portait comme mention : « Le présent extrait a esté tiré figurativement du premier livre de l’Histoire ou Annalles » ; elle a été transcrite au XXe siècle par Jules Chalande, 40 Z). 620 CATEL (Guillaume de), Histoire des comtes de Tolose, Toulouse, P. Bosc, 1623. 621 Ibid., p. 23-28 de la seconde partie ; sur cette chronique, voir BORDES (François), dir., Toulouse, parcelles de mémoire. 2000 ans d’histoire urbaine au regard de 8 siècles d’archives, catalogue d’exposition, Toulouse, Archives municipales, 2005, p. 85-86 ; voir aussi ROSCHACH, « Les douze livres », p. 401-403. 622 BB 267 p. 4. 623 ADHG, Ms 17 f° 23v.

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« rondeau sive escripteau »624 portant le texte de sa biographie sommaire écrite en langue

d’oc. C’est cette liste que Nicolas Bertrand reprendra dans ses Gesta, en l’agrémentant et

l’enrichissant de commentaires historiques plus substanciels625. Si cette enluminure garde le

mystère de sa naissance, on peut avancer l’hypothèse que si les capitouls ont voulu, cette

année-là, rappeler la mémoire des comtes, ce n’était peut-être pas sans relation avec la

défense de leurs privilèges, dont la plupart provenaient de leur libéralité et qu’il fallait, lors de

chaque nouvel avènement à la couronne, faire confirmer. Ou peut-être faut-il y voir une

illustration de la volonté des capitouls de s’inscrire dans une continuité historique mythique

dont le franciscain Etienne de Gan, dès 1453, avait posé les premiers jalons626.

Enfin, nous ne serions être complet sur ce chapitre des scènes illustrant les

chroniques du Livre si nous ne mentionnions une mystérieuse « chasse au sanglier » qui

décorait la chronique de 1480-1481627.

624 II 625 f° 365 et suiv. 625 BERTRAND (Nicolas), Opus de Tholosanorum gestis ab urbe condita, Toulouse, Jean Grand-Jean, 1515, f° XXIIIv-XXVIv. 626 De fundationibus, tempore, loco et nomine Tholose et Rome, Anglie, Britanie, Narbone et Parisius, dans AA 5/1, f° 1-14. 627 BB 267 p. 4 : « Il représente un cavalier poursuivant un sanglier. »

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Conclusion

de la première partie

Au terme de cette analyse de la naissance et du développement du Livre des

histoires de Toulouse, nous pouvons d’ores et déjà dégager quelques conclusions quant à sa

forme et à son contenu.

En premier lieu, nous ne pouvons qu’énoncer une évidence : lorsqu’on le clôtura, en

1532, il ne ressemblait en rien à ce qu’il avait été à son origine en 1295. D’un simple outil

d’administration destiné à enregistrer année après année les procès-verbaux d’élection des

capitouls, il était devenu en près de deux siècles et demi un recueil d’histoires dans lequel les

événements locaux, régionaux, nationaux et internationaux pouvaient prendre place. Et en

même temps que ces récits s’amplifiaient, les images qui tous les ans venaient illustrer tel ou

tel fait marquant occupaient également un espace de plus en plus important. Il s’était

métamorphosé en un recueil de fastes et une galerie de portraits unique en son genre dans le

royaume à l’époque.

Chemin faisant, nous avons pu déterminer les grandes étapes de cette mutation, et en

particulier, à la fin du XIVe siècle, le moment où il s’individualise par rapports aux autres

composantes du « grand livre » institué en 1295. Il commence alors sa propre vie, et cette

première rupture, essentiellement due à des problèmes matériels, va sans aucun doute

favoriser son évolution. Les contraintes imposées par la croissance du « grand livre » originel

vont alors disparaître, et le nouveau « livre vermeil » qui ne comportait alors qu’une

cinquantaine de folios va permettre l’expression d’une véritable création artistique et

l’intégration de développements textuels plus importants.

Le dernier quart du XVe siècle apparaît comme le moment essentiel de cette

métamorphose. C’est en effet à partir de ce moment, et plus précisément dans les années

1480, que d’une part les « histoires » prennent plus de consistance et que d’autre part les

« portraits » deviennent de véritables tableaux occupant d’abord tout l’espace d’un feuillet

puis celui d’une double page. Les préfaces, qui vont prendre progressivement la forme de

véritables dissertations historiques ou historico-philosophiques, apparaissent à cette époque,

de même que les premières représentations allégoriques.

Parallèlement, le contenu même des « gestes » enregistrées dans le Livre évolue

également. Aux événements purement toulousains qui en fournissaient la matière à l’origine

vont petit à petit se rajouter, et parfois avec force détails, les notations de type « dynastique »

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et les récits des campagnes militaires royales. Si certaines de ces dernières concernent

effectivement encore Toulouse – qui perd peu à peu son rôle de place forte frontière au profit

de celui de ville de l’arrière alimentant les armées en armes et vivres lors des conflits du

Roussillon et de Catalogne ou encore du Pays basque –, d’autres touchent des théâtres

d’opération bien éloignés des rives de la Garonne. On y trouve ainsi des relations

extrêmement détaillées sur tous les épisodes qui marquèrent les guerres que Charles VIII, puis

Louis XII, menèrent en Italie. Grâce à cet élargissement du panorama politique, l’histoire de

Toulouse prend alors une autre dimension, nationale sinon internationale.

Pour autant, et toujours en cette fin du Moyen Âge, les chroniques sont loin d’avoir

été tenues avec la régularité et la rigueur que l’on pourrait s’attendre à trouver pour un

ouvrage qui a été considéré, dès l’époque moderne, comme un monument et un trésor

municipal. Certaines ont été rédigées a posteriori, d’autres ne l’ont jamais été, plusieurs enfin

n’ont pas été datées, et ces négligences ont eu pour conséquence d’entraîner des perturbations

évidentes dans l’organisation du registre lors des différents travaux de reliure dont il fit l’objet

jusqu’à la naissance du deuxième Livre. Nous pouvons en déduire qu’il avait alors perdu son

sens originel d’instrument d’administration, ce « livre officier » qui composait la première

partie du « grand livre » de 1295.

En examinant ainsi dans les moindres détails la forme et le fond de cet ouvrage,

nous avons mis en lumière toute sa richesse mais aussi sa profonde complexité. Ce faisant, de

nouvelles questions se sont imposées à nous. Si le Livre n’avait pas le même sens en 1532

qu’à son origine, quels avaient été les acteurs et les facteurs de ce changement ? Quelle

perception nouvelle les capitouls en avaient-ils à la fin du XVe siècle ? Et enfin quelle place

tenait-il dans l’ensemble du dispositif mémoriel mis en place par la chancellerie municipale ?

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