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Le dessin du corps humain implique de ne connaître qu’une seule structure anatomique. Dans le règne animal, elles sont nombreuses. Cette grande différence conduit à bon nombre d’itérations architecturales pour ce livre. D’autres livres sur le dessin animalier proposent une démonstration animal par animal, mais cela n’a pas beaucoup de sens à mes yeux. Mon objectif n’est pas de vous apprendre à dessiner précisément un ours ou un cheval. Mon but est qu’à la fin de ce livre vous vous sentiez largement pénétré par le concept de la force chez tous les mammifères, d’une manière qui vous permette de les dessiner, avec ou sans images de référence, en appliquant quelques règles simples. Dans la mesure où ce livre est basé sur l’idée abstraite de force, il est parfaitement raisonnable de le chapitrer selon les trois principales catégories de mammifères : les plantigrades, les digitigrades et les onguligrades. J’ai choisi d’approfondir cette approche afin de proposer une manière simple de dessiner tous les mammifères. Par chance, la principale différence entre ces mammifères réside dans les adaptations apportées à leurs appendices ou à leurs membres antérieurs et postérieurs et non à leur tronc. Ces variations déterminent la vitesse de déplacement des animaux. En général, un plantigrade est beaucoup plus lent qu’un ongulé, par exemple. Ces deux types d’animaux affrontent le frottement et la gravité de deux manières différentes. Mes recherches m’ont conduit à une autre découverte incroyable qui va changer la façon dont nous percevons le règne animal et, par extension, notre façon de le dessiner. Je vous invite à présent à me suivre, étape par étape, à travers le processus que j’ai mis au point. Puisque je ne suis pas un animal mais un être humain, je suis parti de l’anatomie humaine et m’en suis servi comme outil de comparaison. On commence toujours par ce que l’on connaît. Passons maintenant en revue ces différentes étapes pour mieux vous aider à comprendre ma méthode. Chapitre.1 Le modèle de « l’animal force » © 2011 Pearson Education France – Force volume 2 – Mike Mattesi

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Page 1: Force - Techniques de dessin dynamique pour l’animation

Le dessin du corps humain implique de ne connaître qu’une seule structure anatomique. Dans le règne animal, elles sont nombreuses. Cette grande différence conduit à bon nombre d’itérations architecturales pour ce livre. D’autres livres sur le dessin animalier proposent une démonstration animal par animal, mais cela n’a pas beaucoup de sens à mes yeux. Mon objectif n’est pas de vous apprendre à dessiner précisément un ours ou un cheval. Mon but est qu’à la fin de ce livre vous vous sentiez largement pénétré par le concept de la force chez tous les mammifères, d’une manière qui vous permette de les dessiner, avec ou sans images de référence, en appliquant quelques règles simples. Dans la mesure où ce livre est basé sur l’idée abstraite de force, il est parfaitement raisonnable de le chapitrer selon les trois principales catégories de mammifères : les plantigrades, les digitigrades et les onguligrades.

J’ai choisi d’approfondir cette approche afin de proposer une manière simple de dessiner tous les mammifères. Par chance, la principale différence entre ces mammifères réside dans les adaptations apportées à leurs appendices ou à leurs membres antérieurs et postérieurs et non à leur tronc. Ces variations déterminent la vitesse de déplacement des animaux. En général, un plantigrade est beaucoup plus lent qu’un ongulé, par exemple. Ces deux types d’animaux affrontent le frottement et la gravité de deux manières différentes.

Mes recherches m’ont conduit à une autre découverte incroyable qui va changer la façon dont nous percevons le règne animal et, par extension, notre façon de le dessiner. Je vous invite à présent à me suivre, étape par étape, à travers le processus que j’ai mis au point.

Puisque je ne suis pas un animal mais un être humain, je suis parti de l’anatomie humaine et m’en suis servi comme outil de comparaison. On commence toujours par ce que l’on connaît. Passons maintenant en revue ces différentes étapes pour mieux vous aider à comprendre ma méthode.

Chapitre.1Le modèle de « l’animal force »

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© 2011 Pearson Education France – Force volume 2 – Mike Mattesi

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2 Techniques de dessin dynamique pour l’animation – Les animaux

éTAPe.1

Commençons par le corps humain. Pour les besoins de cette leçon, j’ai numéroté les forces dans le diagramme de gauche pour les faire correspondre avec celles du diagramme de droite. Le concept principal sur lequel se concentrer dans l’humain est la conception fonctionnelle du rythme défini par un mouvement de gauche à droite. Ce mouvement est causé par la gravité, qui tire inéluctablement le corps humain vers le bas. Notre anatomie a réagi à cette attraction et est donc conçue pour fonctionner avec cette constante de force invisible.

L’image à droite présente les forces du corps humain à l’horizontale. C’est au niveau des hanches, de la cage thoracique et des épaules que se trouvent nos moyens de réagir à la gravité. Les zones du ventre et du cou/tête y son accrochées.

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Le modèle de « l’animal force » 3

éTAPe.2

Comparaison.de.la.force.entre.l’homme.et.l’animal

Le corps humain est conçu pour tenir debout. Il a quatre grandes forces qui équilibrent les masses du tronc. Quand on compare cette silhouette de forces à celle d’un animal, on peut noter une différence intéressante. L’animal a une force directrice de moins que les humains. Pourquoi cela ? Parce que le rythme de l’animal se décompose comme suit :

1. Il existe une force ascendante au niveau des hanches, semblable à celle de l’humain.2. Il y a ensuite une force descendante dans le bas du dos. Chez l’animal, elle intervient beaucoup

plus haut dans la colonne vertébrale où le poids de la cage thoracique et tous les organes internes sont entraînés par la gravité. Cette différence va nous conduire à une recherche plus approfondie.

3. Chez l’homme, la troisième force pousse dans le haut du dos, alors que chez les animaux cette dernière force pousse le cou et la tête. Ainsi, la force manquante chez l’animal est la force ascendante dans les épaules et le haut du dos. Examinons de plus près cette région de l’anatomie et voyons les raisons de cette différence.

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4 Techniques de dessin dynamique pour l’animation – Les animaux

éTAPe.3

Vue.en.coupe.de.face.:.comparaison.homme-animal.du.mouvement.scapulaire.(omoplates)

Cette image compare les omoplates d’un être humain à celles d’un animal.

1. La cage thoracique humaine se situe dans un alignement plus horizontal. Les omoplates glissent à gauche et à droite le long du dos du corps. Elles peuvent également pivoter à la surface du dos jusqu’à un certain point.

2. La cage thoracique d’un animal est essentiellement verticale dans son alignement. Cela permet aux omoplates de glisser le long de l’axe de sa cage thoracique. Cela empêche aussi les animaux d’étirer leurs membres antérieurs loin de leurs côtes.

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Le modèle de « l’animal force » 5

éTAPe.4Différences.de.squelette.au.niveau.des.épaules

Voici quelques observations de la plus grande importance :

• Les primates et les humains ont des clavicules, ou os du collier. Le gros plan du bas présente le squelette au niveau de la clavicule (reliée à la cage thoracique), de l’omoplate et de l’humérus (ou os de la partie supérieure du bras), le tout interverrouillé. Cette précision est très importante ! Pourquoi ?

• Cette image montre que si un homme se tenait horizontalement, cette position affecterait son squelette au niveau du soutien de sa cage thoracique et du haut du corps en raison de la chaîne de structures dont nous venons de discuter. Cette observation est importante parce que si nous ôtons la clavicule, l’omoplate n’a plus rien à quoi s’attacher, tout comme l’humérus ! Pour que les choses soient claires, cela signifie que tout le poids dans l’extrémité avant du corps d’un animal est pris en charge par les omoplates mobiles et les muscles qui les entourent. Quand nous, les êtres humains, nous relevons et nous positionnons horizontalement, notre cage thoracique et les organes internes sont soutenus par la structure squelettique de la clavicule, de l’omoplate et de l’humérus. Un animal ne possède pas un tel soutien !

• La cage thoracique et tous les organes internes de l’animal sont suspendus aux deux piliers des membres antérieurs. Ceci est essentiel pour le nombre et l’emplacement des forces dans notre « animal force ».

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6 Techniques de dessin dynamique pour l’animation – Les animaux

LA.gRAnDe.RéVéLATIOn

Voici la silhouette de notre « animal force ». C’est à partir de cette forme que tous les autres animaux vont être dessinés. N’est-il pas superbe ? D’une efficacité parfaite. La forme est décomposée en trois sections comprenant chacune un contraste droite/courbe qui fait le lien avec la suivante dans la section adjacente. L’orientation de cette forme fait l’objet d’une illustration séparée d’un contraste droite/courbe. Quelques remarques :

1. Cette zone représente la force ascendante dans la région de la hanche. Cela se produit ici parce que la colonne vertébrale est reliée aux hanches. Le bas de la forme dans cette région offre une ligne droite pour soutenir la force ascendante.

2. Cette section présente ce dont nous discutons depuis quelques pages. La zone 2 représente la force descendante de la gravité tirant sur la cage thoracique et les organes des animaux. Ici, le changement majeur dans la force se compare aux forces de l’homme. La ligne droite le long du dos montre le soutien nécessaire pour supporter le poids de l’animal de la zone 1 à la zone 3.

3. La force d’opposition lève la tête de l’animal via la structure du cou. Plus l’orientation naturelle de l’animal est horizontale, plus la colonne vertébrale est reliée dans le bas du squelette.

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Le modèle de « l’animal force » 7

VOLume

L’image de gauche intègre une force, un volume et une forme pour créer l’animal dynamique. J’ai placé une grille à la surface en accentuant volontairement son volume. Notez comme il remplit l’espace.

Testons quelque peu ce dessin. La pose de gauche présente la forme de « l’animal force » inscrite dans un volume. Notez la souplesse et la posture. Il n’y a pas encore de membre.

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Juste pour ajouter la légère touche d’anatomie, les esquisses précédentes de « l’animal force » comportent des grisés pour représenter les régions de la tête, de la cage thoracique et des hanches. Un volume simple et des traits se chevauchant nous donnent l’illusion de la perspective. Ces volumes simples me rappellent le premier animal dont nous allons discuter.

Un phoque ! Comme je l’ai mentionné dans mon précédent livre, Force : techniques de dessin dynamique pour l’animation, vous allez apprendre à dessiner des mammifères en commençant par comprendre le volume simple d’un phoque. La forme simple, nette, du corps représente un spécimen idéal pour comprendre le « mammifère force ». Ici, pas de dispersion avec le surplus d’anatomie rattachée aux membres antérieurs et postérieurs. Le gros de cette anatomie est noyé dans la forme du corps du mammifère.

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Le modèle de « l’animal force » 9

Voici notre première image de comparaison animal-humain. Les images de comparaison ont été conçues pour présenter clairement un bref aperçu des différents aspects d’un animal spécifique. Cette même disposition sera appliquée à plusieurs animaux dans les différents chapitres de ce livre. Voici les différentes zones et ce qu’elles nous montrent :

1. La silhouette du phoque basée sur la forme de notre « animal force » avec le système de squelette intégré dans la forme. Nous allons également trouver les trois principales forces qui définissent la forme.

2. L’anatomie humaine de la jambe et du pied (correspondant à la patte arrière de l’animal en question).

3. Un déroulé du membre postérieur du phoque, qui est donc comparé à la jambe d’un homme.4. Un déroulé du membre antérieur du phoque, comparé à un bras humain.5. Le bras humain, utilisé pour comparaison avec la patte avant du mammifère en question.

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Lorsque vous dessinez des animaux, notez la crête de l’omoplate/épaule de l’animal au-delà du bord supérieur de la forme de son corps. Cette protubérance visuelle indique qu’une force appliquée s’oppose à la force directrice verticale, qui lutte elle-même contre la gravité. Cette protubérance provoque la confusion chez de nombreux artistes entre la force ascendante de l’omoplate et la force descendante dans la cage thoracique. Cette force ascendante dans la région de l’épaule, due à l’absence de l’attachement de l’omoplate au collier, crée un schéma de type pont suspendu, mais n’oubliez pas la fiche de la cage thoracique entrant dans le cou et apparaissant derrière l’omoplate !

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Le modèle de « l’animal force » 11

La girafe et le tamanoir sont des exemples probants de ce contraste dans la silhouette. Parce qu’elles mangent les feuilles des acacias, les girafes possèdent un long cou et de grandes jambes. Leurs omoplates sont énormes, définissant la forme largement triangulaire de leur corps et soutenant ses très lourds membres antérieurs. Pour sa part, le tamanoir mange les fourmis. Ses pattes courtes et trapues traversent le paysage pendant que son museau en forme d’aspirateur renifle et aspire sa nourriture. Son museau s’incurve vers le sol, pas vers le ciel. La silhouette de son corps, créée par l’anatomie, découle de la fonction de l’animal.La silhouette du tronc d’un animal peut changer radicalement avec l’évolution fonctionnelle. L’environnement de l’animal a contribué à façonner la plus efficace des machines. L’anatomie de l’animal provient de ses habitudes alimentaires et de ses méthodes de déplacement, de protection et de chasse. Elle vient aussi de l’environnement : température, relief, ressources alimentaires, etc.La taille des poumons de l’animal définit ses besoins en oxygène, qui résultent de ses efforts physiques. Cette taille modifie la silhouette.

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Examinons les différents types de locomotion animale (ou démarche). Comme je l’ai déjà indiqué, je vais utiliser l’anatomie comparative tout au long de cet ouvrage. L’illustration ci-dessus montre les différents types basés sur l’anatomie de l’homme. Voici comment ils fonctionnent :

1. Plantigrades. Ces animaux posent entièrement leurs mains et leurs pieds sur le sol, tout comme un être humain.

2. Digitigrades. Ces animaux se déplacent sur leurs doigts mais il s’agit plus de marcher sur le coussinet de la main (la paume chez l’homme) ou l’avant-pied.

3. Onguligrades. Ces animaux marchent sur leurs orteils ou leurs ongles.

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