Se baigner dans l’eau de Seine ? Oui, c’est possible. La der-nière piscine parisienne qui a ouvert ses portes en juillet2006 le permet. Baptisée « Joséphine Baker » en souvenir dela célèbre danseuse noire, cette piscine flottante est amar-rée au pied de la Bibliothèque Nationale de France, dans

le 13ème arrondissement. L’intérêt d’une piscine flottante repose sur le fait qu’ellepeut se déplacer selon les différentes manifestationsorganisées par la capitale, comme Paris-Plage. En été,traditionnellement la période la plus bondée, elle peutainsi accueillir plus de 500 personnes sur 1 800 m2.La ville de Paris avait injecté 17 millions d’euros dans ce pro-jet et avait sélectionné en 2003 la société des Grands tra-vaux de Marseille (GTM), une entité du groupe Vinci, pourla construction de la piscine. D’un poids total de 5 600 ton-nes, la piscine Joséphine Baker repose sur un caisson enbéton de 90 m de longueur sur 20 m de largeur. L’ensemblene s’enfonce pas dans le fleuve grâce à 7 flotteurs métal-liques creux.Véritable centre de remise en forme, la piscine flottan-te propose également à ses baigneurs deux solariums, unjacuzzi, un hammam, deux saunas, ainsi qu’une salle de fit-ness et un espace de musculation. Mais la véritable inno-vation de cet îlot paradisiaque reste la verrière télescopi-que motorisée en 4 parties. Si l’hiver celle-ci demeure fer-

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Reportage

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Parmi les 34 piscines parisiennes, la dernièrenée, « Joséphine Baker », est originale et

techniquement complexe. Elle flotte sur laSeine et dispose d’une verrière ouvrante.

Seulement voilà, son ouverture et sa fermeture provoquent des déplacements depoids qui risquent de déstabiliser la piscine

flottante. Un astucieux dispositif de pompagedes ballasts imaginé par Flygt, permet de

remédier à une situation qui sans cela pourrait rapidement devenir fâcheuse…

Flygt empêche la piscine Joséphine Baker de basculer

La piscine Joséphine Baker

est amarrée au pied de la

Bibliothèque Nationale de

France (Paris 13ème).

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mée pour protéger les baigneurs dufroid, en été, en revanche, la voiciouverte à la manière d’une piscineplein-air afin de profiter pleinementdu soleil.

Gare au déséquilibre

Cette verrière s’ouvre ou se ferme en5 minutes en déplaçant une massede 48 tonnes sur plus de la moitié dela longueur de la barge, ce qui entraî-ne un déséquilibre de la piscine flot-tante. Le problème de GTM était decompenser ce transfert de massegrâce à un ballastage maîtrisé, fautede quoi la piscine chavirait.Le dispositif imaginé devait faire appelà une technologie de pompage, or ceciest loin d’être le cœur de métier deGTM qui a sollicité dans un premiertemps un équipementier belge. Cedernier avait envisagé une solutionsimple qui consistait à pomper dans laSeine au niveau d’une des deux extré-mités de la barge, et de vidanger auniveau de l’autre. Hélas l’idée de pom-per directement dans le fleuve a duêtre abandonnée car non seulementdes algues gênaient, mais il a fallu seplier aux contraintes imposées parVNF (Voies Navigables de France). Or,VNF interdit de pomper puis rejeterl’eau de la Seine.De toutes façons, ce système ne conve-

nait pas à GTM car il était basé surdes pompes de surface. Et, travailleren aspiration dans les ballasts avecdes pompes de surface pose problè-me car les hauteurs d’eau sont fai-bles, de l’ordre de quelques dizainesde centimètres. Dans ces conditions,en fin de pompage, il existe un ris-

que de désamorçage et un arrêt de lapompe. Un homme doit alors réamor-cer la pompe. GTM craignait ce genrede situation car ce n’est pas un techni-cien qui ouvre la verrière le matin et lareferme le soir, mais le maître-nageur.Ce dernier n’a pas pour rôle de s’oc-cuper du réamorçage de la pompe deballast. Il lui faut une solution plussimple et rapide, comme appuyer surun bouton pour déclancher le ballas-tage/déballastage.

Un circuit fermé

GTM s’est alors tourné vers la socié-té Flygt pour qui, équiper une pis-cine flottante était une première, maisa cependant accepté de relever le défi.Les deux entreprises avaient déjà oeu-vré ensemble sur d’autres projets,notamment sur des chantiers (rele-vage d’assainissement, pompage defond de fouille…), elles ont donc col-laboré à nouveau pour trouver labonne formule. « Nous avons dénouéce sac de nœuds en optant pour lasolution qui consiste à garder une

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Le coeur de l’installation se

situe dans la soute.

Pompes Flygt

de la série 2670.

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quantité d’eau constante dans un cir-cuit fermé. Sur les sept flotteurs quecompte la piscine, seuls trois situésaux extrémités jouent sur la compen-sation du poids pour que la piscinereste toujours de niveau. Lors de l’ou-verture de la verrière, les flotteurs verslesquels elle se dirige se vident ; tandisque lors de la fermeture, ils sont à nou-veau remplis pour compenser la massede la verrière. La technique consisteà basculer l’eau d’une extrémité versl’autre. Nous avons également préféréemployer des pompes submersiblesplutôt que des pompes de surface »,explique Laurent Frithmann, chargéd’affaires chez Flygt « pour éviter toutrisque de désamorçage ».

Ballastage/déballastage : unequestion de débit

Les flotteurs sont plus précisémentdes ballasts, des sortes de lest per-mettant de gérer la stabilité de la barge.Il s’agit de capacités pouvant être rem-plies ou vidées d’eau selon le déplace-

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« Comment ça fonctionne ? »

Les trois flotteurs situés aux extrémités sont

les flotteurs « 4.2 », « 1.1 » et « 1.2 » (Voir

schéma). La verrière est fermée sur le flot-

teur 4.2 et s’ouvre sur les flotteurs 1.1 et

1.2. Les volumes d’eau transférés sont de

5,9 m3 dans le flotteur 1.1 et de 13,6 m3

dans le flotteur 1.2. En ce qui concerne le

flotteur 4.2, il s’agit de la somme des deux

précédents car c’est le même volume d’eau qui

est transféré. « Les hauteurs d’eau sont donc

différentes » précise Laurent Frithmann, « quand

la verrière est ouverte, il y a 2,20 m d’eau dans

le flotteur 1.1 qui est rempli à 76%, 1,70 m

d’eau dans le flotteur 1.2 rempli à 57%, et

34 cm dans le flotteur 4.2 à 11% de rem-

plissage. Quand la verrière est fermée, on

obtient les volumes inverses ».

Une seule canalisation de diamètre 150 mm

en alliage d’aluminium et d’acier inoxyda-

ble, relie le flotteur 4.2 au flotteur 1.1. Située

à l’extérieur, elle fait toute la longueur de la

piscine. La masse d’eau déplacée lors de

l’ouverture de la verrière s’élève à 19 m3. 1 dm3

d’eau propre pesant environ 1 Kg, la masse

totale d’eau déplacée avoisine les 19 tonnes.

Etant en réseau fermé, le volume d’eau

reste le même dans les flotteurs. « Cette

eau a été traitée pour éviter de la changer

régulièrement. Ainsi, il n’est pas prévu de

la changer tous les six mois pour effectuer

des opérations de maintenance », souli-

gne Laurent Frithmann.

Une seule canalisation relie

le flotteur 4.2 au flotteur 1.1.

Située à l’extérieur, elle fait

toute la longueur de la

piscine.

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ment de la verrière, et ce par lebiais d’un circuit de ballastageet à l’aide de pompes. LaurentFrithmann précise : « Contrai-rement au flotteur qui est étancheet dont le rôle est d’assurer laflottaison, le ballast est forméd’un volume d’air que l’on va rem-placer par de l’eau ou inverse-ment. En aucun cas ce ballastdoit être étanche. Il est doncmuni sur le dessus d’une prised’air qui permet de faire entrerde l’air ambiant lorsque l’eaudu ballast se vide. Cette arrivéed’air est indispensable. Sans elle,la dépression dans le ballastserait telle qu’il s’écraserait surlui-même comme une canette decoca-cola ».Le ballast 4.2 mesure 10,7 m delongueur, 6,30 m de largeur et2,88 m de hauteur. De l’autre côté,ce sont les mêmes dimensionspour l’ensemble des ballasts1.1 + 1.2. « Lors de la phase deconceptualisation, nous noussommes penchés sur des débitset non sur des vitesses », expli-que Laurent Frithmann, « le bal-lastage/déballastage du flotteur1.1 nécessite le transfère d’unvolume d’eau de 6 m3 en 1 minu-tes et 32 secondes. Pour le flot-teur 1.2 le système ballaste/débal-laste 13 m3 en 3 minutes 32 s.Enfin, dans le cas du flotteur 4.2,ce sont 19 m3 qui sont ballas-tés/déballastés en 5 minutes 05 s.

Ceci correspond à des débitsde 230 m3/h pour les trois pom-pes de même modèle placéesau niveau de chacun des flot-teurs », poursuit-il (Voir schémade l’encadré).

Le dispositif de pompage

Les trois pompes permettant deréguler le transfert d’eau au furet à mesure du déplacement dela verrière vers le ballast oppo-sé sont des pompes Flygt BIBOde la série 2670. Elles pompentavec un débit de 64 l/s à 11 mCE(mètres de colonne d’eau), pourune puissance moteur de 18 kW.Selon Laurent Frithmann, « l’in-térêt de ces pompes en fonteréside dans leur encombrementréduit. Avec 395 mm de diamè-tre et 955 mm de hauteur, cel-les-ci rentraient aisément dansles ballasts. Elles demeurentégalement simples à installerpuisqu’elles sont posées au sol ».Autre avantage : « la roue de lapompe est en fonte au chrome,caractéristique qui offre unerésistance élevée à l’usure etpermet, par exemple, de pom-per un peu de matière abrasi-ve telle que le sable ».En cas de panne, Flygt peut four-nir et installer rapidement unepompe de secours puisque leréseau est relativement homo-gène (mêmes pompes, débits

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Ouverte en été, la verrière

téléscopique permet

aux baigneurs de profiter

pleinement du soleil.

similaires, longueurs des tuyauteriesidentiques…). « En terme de main-tenance, nous demandons une vérifi-cation tous les ans sur ce type de pro-duit », indique Laurent Frithmann.Lorsque le maître-nageur décide d’ou-vrir la verrière, un signal est automati-quement donné à un variateur devitesse, lequel va démarrer les pom-pes et ouvrir les vannes motorisées enfonction du ballastage/déballastage.

Parce qu’il y a une seule canalisation,Flygt a installé à différents endroitsdu circuit des clapets anti-retour dontle rôle est d’éviter, lors du pompage, dereverser l’eau dans le flotteur.

Flotteurs intermédiaires

A côté de cela, Flygt a mis place deuxpompes BWS 50 pour effectuer lamaintenance des flotteurs intermédiai-

res 1.2 (Voir schéma de l’encadré).Situés en dessous de la piscine, ceux-ci n’interviennent pas sur la verrièremais font simplement parti de cesflotteurs qui assurent une ligne deflottaison. Démontables, ils doiventêtre nettoyés tous les ans. Pour cela,deux pompes BWS 50 remplissent à lademande ces ballasts intermédiaires(maintenance, carénage) avec l’eau dela Seine et les font couler partielle-ment pour les extraire de la barge.Les BWS 50 présentent un débit de 9 l/sà une hauteur de refoulement de 10 m.Lors de la remise en place des flotteursintermédiaires, la manœuvre inverseest effectuée. Deux autres pompes2052 avec jupe d’aspiration bassepermettent de vidanger la quasi-tota-lité d’eau en fin de vidange.Cette réalisation est une premièrepour GTM et Flygt. « D’autres projetsde création de piscines flottantes fleu-rissent ici et là, dans les grandes villestraversées par des fleuves, comme àLyon », lâche Laurent Frithmann. Avecla carte de visite Joséphine Baker dansla poche, Flygt a des chances de rem-porter les marchés d’équipements deces futures piscines.

Olivier Roussard

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Tuyauterie qui fait partie du

circuit de Ballastage/débal-

lastage.

Contrai-rement