filière bois au cameroun : vers une gestion durable des forêts et

15
François Pinta 1 Timothée Fomete 2 1 Cirad-forêt BP 701 97387 Kourou cedex Guyane française 2 Université de Dschang BP 271 Dschang Cameroun Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et une transformation industrielle performante ? BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 281 (3) 71 FILIÈRE BOIS BASSIN DU CONGO Constitution de colis d’avivés selon les règles de l’art. Libongo, Cameroun. Example of good practice in making up packages of square-edged timber. Libongo, Cameroon. Photo F. Pinta. À la lumière d’études récentes, les auteurs montrent que les mesures politiques prises au Cameroun, durant la dernière décennie, ont permis l’essor de l’exploitation du bois et de l’industrie de transformation orientée vers l’exportation. Cependant, des éléments révèlent une certaine fragilité de ce secteur porteur. Des actions sont proposées pour la filière, afin d’équilibrer la demande de bois et la ressource.

Upload: vutu

Post on 05-Jan-2017

240 views

Category:

Documents


5 download

TRANSCRIPT

Page 1: Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et

François Pinta1

Timothée Fomete2

1 Cirad-forêtBP 70197387 Kourou cedexGuyane française

2 Université de DschangBP 271DschangCameroun

Filière bois au Cameroun :vers une gestion durable

des forêts et unetransformation industrielle

performante ?

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 1 ( 3 ) 71FILIÈRE BOIS

BASSIN DU CONGO

Constitution de colis d’avivés selon les règles de l’art. Libongo, Cameroun. Example of good practice in making up packages of square-edged timber. Libongo, Cameroon. Photo F. Pinta.

À la lumière d’études récentes, les auteurs montrent que les mesures politiques prises auCameroun, durant la dernière décennie, ont permis l’essor de l’exploitation du bois et de l’industrie detransformation orientée vers l’exportation. Cependant, des éléments révèlent une certaine fragilité de cesecteur porteur. Des actions sont proposées pour la filière, afin d’équilibrer la demande de bois et la ressource.

Page 2: Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et

RÉSUMÉ

FILIÈRE BOIS AU CAMEROUN :

VERS UNE GESTION DURABLE DES

FORÊTS ET UNE TRANSFORMATION

INDUSTRIELLE PERFORMANTE ?

La réforme du secteur forêt-bois lan-cée au Cameroun, dans les années1990, avait pour objectifs de mettreen place la gestion durable des forêtset développer un secteur industrielperformant. Deux mesures fonda-mentales ont été adoptées : l’obliga-tion, dès 1997, de créer une industriedu bois pour chaque unité forestièred’aménagement (Ufa) exploitée etl’interdiction, depuis juin 1999, d’ex-porter en grume la plupart desessences traditionnelles. L’évolutionde la structure du secteur industrielmontre un impact fort de ces mesuressur le nombre d’usines et la capacitéde transformation installée auCameroun (85 usines pour 3 millionsde m3/an, en 2000). Cependant, cesnouvelles usines sont petites et ris-quent d’être fragiles en cas de baissedes cours du bois. Elles pourraientaussi manquer d’assise financièrepour réaliser les investissementsnécessaires à l’amélioration de leurcompétitivité. D’autre part, une ana-lyse comparative entre le volume debois exploité actuellement et lapotentialité durable des forêtsmontre un risque de déséquilibreentre l’offre et la demande. Cette der-nière s’accroît fortement sous l’effetdu développement voulu du secteurindustriel, et du développementconstaté du secteur informel (dont laconsommation atteindrait un millionde m3 de grume/an). Pour finir, plu-sieurs pistes d’action sont proposéespour adapter la politique sectorielleet atteindre les objectifs originels dela réforme du secteur forestier.

Mots-clés : bois, production, trans-formation, industrie, ressource, ges-tion durable, politique sectorielle,Cameroun.

ABSTRACT

THE TIMBER SECTOR IN CAMEROON:

TOWARDS SUSTAINABLE FOREST

MANAGEMENT AND EFFICIENT

INDUSTRIAL PROCESSING?

The reform of the timber and forestsector launched in Cameroon in the1990s aimed to introduce sustainableforest management systems and todevelop an efficient timber industry.Two fundamental measures wereadopted, one bringing in the obliga-tion, as from 1997, to set up one tim-ber processing industry for each for-est management unit (FMU) logged,and one introducing a ban, as fromJune 1999, on exports of most tradi-tional species in the form of raw logs.Changes in the structure of the indus-trial sector are now reflecting the con-siderable impact of these measures,in terms of the increase in processingplants and processing capacity inCameroon (85 plants and 3 millionm3/year, in 2000). However, becausethese new processing plants aresmall, they may be vulnerable todownward pressure on timber pricesand may not have sufficient financialstability to make the investmentsthey need to improve their competi-tiveness. Furthermore, a comparativeanalysis between timber volumes cur-rently felled and potential forest sus-tainability has shown that there is arisk of imbalance between supply anddemand. Demand is growing rapidlyas a result of planned development inthe industrial sector and observeddevelopment in the informal sector(where consumption is estimated atabout one million m3 of raw logs peryear). Finally, several avenues for fur-ther action are suggested to adaptCameroon’s sectoral policy and con-tribute to the initial objectives of theforest sector reform.

Keywords: timber, production, pro-cessing, industry, resource, sustain-able management, sectoral policy,Cameroon.

RESUMEN

EL SECTOR FORESTAL EN CAMERÚN:

¿HACIA UN MANEJO SOSTENIBLE

DE LOS BOSQUES Y UNA

TRANSFORMACIÓN INDUSTRIAL

COMPETITIVA?

La reforma del sector bosque-maderaacometida en Camerún, en los añosnoventa, tenía como objetivos esta-blecer el manejo sostenible de losbosques y desarrollar un sectorindustrial competitivo. Se tomarondos medidas fundamentales: la obli-gación, a partir de 1997, de crear unaindustria de la madera para cada bos-que (UFA) explotado y la prohibición,desde junio de 1999, de exportar enrollo la mayoría de las especies tradi-cionales. La evolución de la estruc-tura del sector industrial muestra unfuerte impacto de estas medidas enel número de plantas madereras y enla capacidad de transformación insta-lada en Camerún (85 fábricas y3 millones de m3/año, en 2000). Sinembargo, estas nuevas fábricas sonpequeñas y podrían mostrarse frági-les si bajara la cotización de lamadera. También podría faltarles labase financiera para realizar las inver-siones necesarias para mejorar sucompetitividad. Por otra parte, unanálisis comparativo entre el volu-men de madera explotado actual-mente y la potencialidad sosteniblede los bosques muestra un riesgo dedesequilibrio entre la oferta y lademanda. Ésta última aumentamucho bajo el efecto del desarrollo,fomentado, del sector industrial, ydel desarrollo constatado en el sectorinformal (cuyo consumo sería de unmillón de m3 rollo/año). Para concluir,se proponen varias ideas de accionespara adaptar la política sectorial ylograr los objetivos originales de lareforma del sector forestal.

Palabras clave: madera, producción,transformación, industria, recurso,manejo sostenible, política sectorial,Camerún.

72 B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 1 ( 3 )

TIMBER SECTORTHE CONGO BASIN

François Pinta, Timothée Fomete

Page 3: Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et

La filière bois est une des activi-tés économiques les plus importantesdu Cameroun. L’activité est majoritai-rement tournée vers l’exportation, quireprésente près des trois quarts duchiffre d’affaires de la filière. Lesrecettes d’exportation de bois trans-formés et de grumes constituent régu-lièrement la seconde source dedevises du pays : en 2001, les pro-duits de la filière bois représentent20 % des recettes d’exportations, tan-dis que les produits pétroliers comp-tent pour près de 50 % (Mission éco-nomique de Yaoundé, 2002).

La filière industrielle du bois auCameroun a fortement évolué depuis1994 et la fin des années 1990 a étémarquée par l’amorce d’une réforme dusecteur forestier, visant à la fois la ges-tion durable des forêts et la constitutiond’un secteur industriel de transforma-tion du bois performant. L’objectif glo-bal poursuivi par la réforme est la pro-duction durable de davantage de valeurajoutée. Les capacités industrielles detransformation du bois ont fortementaugmenté sous l’impulsion de la loid’arrêt partiel des exportations degrumes votée en 1994 et mise en appli-cation à partir de juin 1999.

La situation de la filière bois en2000 fait craindre un déséquilibre entrel’offre et la demande annuelles de bois.Le volume de bois disponible durable-ment a deux origines : il provient à lafois de la production des forêts exploi-tées en gestion durable et de la produc-tion des forêts du domaine forestiernon permanent. La demande en boiscorrespond aux besoins de l’industrielocale et à la demande en grumes desmarchés d’exportation, qui concerneles essences encore autorisées à l’ex-portation en grumes. La question del’adéquation entre les volumes de boisdisponibles et la demande supposeune connaissance précise de l’en-semble de la filière. Or, si le secteur for-mel de l’exploitation et de la transfor-mation du bois est assez bien connu,comme le montre la première partie decet article, les données sur la ressourceréellement disponible en forêt et surl’activité informelle dans la filière sontmal connues ou manquent de fiabilité.

L’exploitation etla transformation

du bois

L’exploitation forestière et l’approvisionnement

des industries

L’approvisionnement des indus-tries locales de première transforma-tion du bois est assuré soit par desentrepreneurs qui sont à la foisexploitants et transformateurs indus-triels, soit par des opérateurs unique-ment exploitants forestiers.

Ces derniers produisent desgrumes à partir de titres forestiersobtenus soit directement (titre détenuen propre), soit en sous-traitance depetits opérateurs qui ne possèdentsouvent pas d’engins d’exploitationforestière. Les grumes produites ontclassiquement deux types de débou-chés : soit elles sont directementexportées s’il s’agit d’essences auto-risées et si les prix de marché sontrémunérateurs, soit elles permettentd’approvisionner des usines apparte-nant à d’autres sociétés.

D’une manière générale, onobserve depuis quelques années unetendance au développement de lasous-traitance de l’exploitation fores-tière vers ce type d’entreprise dont lenombre a nettement augmenté. Il estcourant que d’anciens employésd’une société industrielle créent leurpropre entreprise d’exploitationforestière, avec le soutien de leur ex-employeur. La société industrielleinvestit dans le matériel d’exploita-tion forestière, qui est confié sousforme de location ou de leasing à plu-sieurs titulaires de titres d’exploita-tion. La production de grumes estcédée en retour à l’industriel, lequelconserve assez naturellement undroit de préemption. La plupart desgroupes industriels implantés aujour-d’hui au Cameroun ont recours à cetype d’arrangement pour organiserleur approvisionnement en bois.

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 1 ( 3 ) 73BASSIN DU CONGOFILIÈRE BOIS

Des scies de tête robustes : exemple de scie à grume rencontré au Cameroun. Robust headsaws seen in Cameroon. Photo F. Pinta.

Page 4: Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et

Les exploitants-transformateurssont les opérateurs les plus nom-breux et les plus importants entermes de production de bois. Sur lasoixantaine d’unités de transforma-tion industrielle en activité fin 1999,les trois quarts disposaient d’uneexploitation forestière en propre. Cetype d’intégration a été fortementencouragé par le passé : une disposi-tion du code forestier consistait à lierla taille des concessions attribuées àla capacité de transformation instal-lée. Dans le même ordre d’idée, undes principaux critères à remplir pourparticiper aux attributions des unitésforestières d’aménagement (Ufa),ayant cours depuis 1997, est l’enga-gement d’installer une unité indus-trielle de transformation (encadré 1).

Le développement de la sous-traitance peut s’expliquer par des fac-teurs économiques ou organisation-nels, parmi lesquels on retiendra :▪ La volonté des industriels de sedéfaire des contraintes croissantesliées à l’exploitation forestière (rela-tions avec les populations locales,tracasseries administratives, etc.).▪ L’adoption d’une stratégie de baissedes coûts d’approvisionnement engrumes en ayant recours à de petitsexploitants, voire au secteur informel.▪ L’implantation de nouvelles indus-tries bâties sans titres d’accès à laressource – c’est-à-dire sans Ufa, niventes de coupe – dont le seulrecours immédiat est de travailler parcontrat d’approvisionnement. L’arri-vée de ce type d’opérateurs natio-naux et étrangers a fait suite à l’an-nonce de l’arrêt des exportations degrumes. Leur stratégie consiste toutd’abord à monter une usine, puis àgérer les problèmes d’approvisionne-ment en participant aux appelsd’offres d’attribution des titres pourl’accès à la ressource. ▪ Les difficultés d’approvisionnementrencontrées du fait des retards dansl’attribution des titres d’exploitationforestière, notamment à partir de1999 (Fomete et al., 2000).

Le secteur industriel de la première

transformation du bois

En termes de capacités de trans-formation installées (Cti), l’augmen-tation a été spectaculaire ces der-nières années (figure 1).

Cette évolution est une consé-quence directe de la politique d’arrêtdes exportations de bois en grumes,qui s’est traduite par une augmenta-tion quasi régulière de la Cti de1,2 million de mètres cubes en 1993-1994 à près de 3 millions en 2000.

Anticipant les mesures législa-tives restrictives sur le commerce de

grumes, les opérateurs ont investi tantdans l’extension d’usines existantesque dans la création de nouvelles uni-tés. À l’avenir, il est probable que lacapacité installée va croître encore,puisque l’obligation de création denouvelles capacités de transformation(construction ou extension d’unitésindustrielles) est toujours dans lecahier des charges à remplir pour sou-missionner à l’attribution des der-nières Ufa : pour les 24 Ufa (soit unesurface totale de 1,2 million d’hec-tares) restant à attribuer début 2002,on peut estimer entre 0,2 et 0,3 mil-lion de mètres cubes par an l’augmen-tation correspondante de la Cti.

74 B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 1 ( 3 )

TIMBER SECTORTHE CONGO BASIN

Encadré 1.

Obligation de construire une usine de transformation par unitéforestière d’aménagement : quelles conséquences sur lastructure du secteur industriel ?

La mesure réglementaire, en vigueur depuis les années 1990, de création obli-gatoire d’une unité de première transformation pour chaque concession fores-tière attribuée explique au moins en partie la forte proportion d’unités indus-trielles de petite taille : près de 50 % des effectifs ont une capacité installéeinférieure à 30 000 m3 de grumes par an (figure 2).En effet, une Ufa de taille moyenne, 62 000 ha par exemple, exploitée en rota-tion sur 30 ans permet théoriquement une production annuelle de grumes del’ordre de 35 000 m3. Sachant que toutes les essences ne peuvent pas êtretransformées avec un seul type d’équipement (on ne scie pas de l’azobécomme on scie du sapelli ou de l’ayous) et qu’une partie des grumes est com-mercialisée directement à l’exportation, les usines installées sont de petitecapacité. Cette situation n’est généralement pas favorable à la performanceéconomique. Il n’est, en effet, pas possible de réaliser des économiesd’échelle sur les coûts. D’autre part, le manque de capacité d’investissementlimite les possibilités d’achat d’équipements plus performants ou d’autresformes de modernisation. L’adossement à un groupe ou à des partenairesfinanciers peut ici être un atout. Il aurait certainement été préférable de seulement imposer qu’une proportionde grumes soit transformée localement. Cette mesure aurait permis de viser lemême objectif de développement industriel de la filière bois, tout en favorisantl’émergence d’un marché local de grumes favorable à une meilleure compéti-tivité de la filière : spécialisation des usines, amélioration du rendementmatière, gains en productivité et en valeur ajoutée.La mesure réglementaire est toujours dans le cahier des charges de réponseaux appels d’offres pour l’attribution des vingt-quatre dernières Ufa, mais soninterprétation permet aujourd’hui de faire valoir la possibilité d’approvisionnerune usine existante identifiée. L’engagement porte alors sur la réalisation denouveaux investissements visant à la fois une adaptation de la capacité detransformation et la réalisation d’une transformation plus poussée pour amé-liorer la valorisation de la matière et augmenter la valeur ajoutée générée.

Page 5: Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et

A contrario, le maintien descapacités de transformation exis-tantes sera fonction du marché desbois tropicaux et des possibilitésd’accès à la ressource. Les usines lesplus anciennes nécessiteront, dansles prochaines années, des investis-sements de rénovation et de renou-vellement de certains équipements.Ces investissements ne seront pasforcément tous effectués. L’esti-mation des capacités de transforma-tion susceptibles de disparaître dansles prochaines années est délicate,mais il est probable qu’elle se limiteraà 100 000 m3 par an si aucune pertur-bation majeure n’intervient.

Un des principaux facteurs sus-ceptibles de perturber l’évolution dela Cti est l’approvisionnement desusines en grumes. Déjà, en 1999 et2000, plusieurs usines ont vécu ceproblème qui peut s’expliquer par leretard dans l’attribution des titresforestiers. D’une manière plus géné-rale, les problèmes d’approvisionne-ment tiennent souvent à l’hétérogé-néité croissante de la ressource quiest constatée suite à l’exploitationforestière pratiquée sans mise enœuvre d’un plan d’aménagementdurable. Ces problèmes pourraientaussi découler, à l’avenir, de l’appli-cation rigoureuse des règles sylvi-coles prescrites par les aménagistes,telles que le respect strict de l’exploi-tation de 1/30 du permis (pour res-pecter la rotation) et les possiblesrehaussements du Dme (diamètreminimal d’exploitabilité) de certainesessences.

Le bilan sur le cumul des capaci-tés de transformation permet d’esti-mer qu’environ 3 millions de mètrescubes de Cti seront opérationnels auCameroun. Si on considère que letaux moyen d’utilisation de ces capa-cités restera proche de 80 %, ces ins-tallations permettront de transformerannuellement un volume de grumesde près de 2,5 millions de mètrescubes.

Typologie des usines

de transformation : une majorité

de scieries

Le tableau I présente le nombred’usines en activité et les capacitésde transformation installées par typede transformation pour les exercices1998-1999 à 2000-2001.

L’industrie de première transfor-mation reste très majoritairementcomposée de scieries, lesquellesreprésentent plus de 90 % des usineset près de 85 % des capacités instal-lées. Un nombre croissant de cesusines a aujourd’hui une coproduc-tion de prédébits de parquets enlames courtes et étroites (55 mm x300 mm) qui permet d’améliorer lerendement matière global.

Le développement du secteurdu déroulage se précise à partir del’année 2000 : une unité comprenantdeux lignes performantes va entrer enproduction et plusieurs projets ontété recensés (implantation d’unenouvelle usine de trois lignes dedéroulage et installation de plusieursnouvelles lignes en complément àdes scieries existantes).

En ce qui concerne le niveautechnologique des équipements, laplupart des matériels installés récem-ment sont des occasions révisées, debonne facture, pouvant fonctionnerde nombreuses années s’ils sont bienentretenus (Pinta, Fouquet, 1998).Une minorité sont neufs, équipés detechnologies modernes et d’appa-rence moins robustes. La démarched’investissement consiste, le plussouvent, à raisonner à court oumoyen terme, en limitant le montantfinancier à engager.

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 1 ( 3 ) 75BASSIN DU CONGOFILIÈRE BOIS

1

1,5

2

2,5

3

3,5

1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

Capacité de transformation installée

Mill

ions

de

m3 /a

n

Figure 1. Évolution de la capacité de premièretransformation installée entre 1993 et 2001. Changes in primary timber processingcapacities from 1993 to 2001. Source : Fomete et al., 2000.

Modèle de scie mobile de plus en plus fréquentau Cameroun. Ici, une machine en activité dansla région de Bertoua. This type of mobile saw is increasingly commonin Cameroon. The photograph shows themachine in use in the Bertoua region. Photo F. Pinta.

Page 6: Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et

Taille des usines : de nombreuses

unités trop petites

La figure 2 fait apparaître la fré-quence des unités industrielles parclasses de 30 000 m3 de capacité detransformation (volume de grumestransformé par an) pour les années1998 à 2000.

En 1999, près de 50 % des usinessont de petite taille, avec moins de30 000 m3 par an de capacité de trans-formation. Un regard plus fin encoresur les chiffres montre que plus de20 % des usines sont extrêmementpetites, avec moins de 10 000 m3/an.

D’une manière générale, lespetites structures ne permettent pasde réaliser des économies d’échellesur les coûts de transformation dubois. De plus, elles ne sont pas enposition favorable pour atteindre unniveau de compétitivité permettantde résister aux fluctuations des cours

internationaux des bois ou de s’adap-ter grâce à des investissementsciblés. Cette situation est une consé-quence involontaire de la mesured’obligation de création d’une usinepour chaque Ufa attribuée.

Cependant, suite à l’interdictioneffective d’exportation de certainesgrumes, intervenue en 1999, cetterépartition évolue progressivement :la figure 2 montre aussi que les usinesimplantées en 2000 ont, en moyenne,une capacité de transformation uni-taire en nette augmentation par rap-port aux années précédentes (elle estestimée à 45 000 m3/an). Cette évolu-tion devrait se répercuter progressive-ment sur la structure du secteur desusines de première transformation dubois et améliorer ainsi le potentielintrinsèque de modernisation.

Analyse de la dynamique

d’investissement en première

transformation

La mise en application, en juin1999, de la mesure d’interdiction par-tielle d’exportation des grumes a pro-voqué un accroissement important descapacités de transformation à partir del’exercice 1999-2000. La plupart desessences dites « traditionnelles » sontconcernées par l’interdiction d’expor-tation en grumes : le sapelli (Entan-

drophragma cylindricum), le sipo(Entandrophragma utile), l’iroko(Milicia excelsa), etc. (voir liste desessences concernées dans le tableauII), à l’exception notable de deux desessences phares : l’ayous (Triplochiton

scleroxylon) et l’azobé (Lophira alata,

L. procera), qui ont été placées dans legroupe des essences à promouvoir.

La demande de débités dans cer-taines essences traditionnelles(sapelli, iroko…) s’est accrue, alors queles structures de production existantesne pouvaient pas y répondre. Un délaid’adaptation à ce type de changementest toujours nécessaire. On noteraaussi que certains opérateurs avaientpréparé un projet industriel, sans l’en-treprendre, dans l’attente d’une confir-mation de l’interdiction d’exporter engrumes. Le caractère partiel et sélectifde cette interdiction a justifié, rétros-pectivement, leur attentisme : ils ontpu, dès 1999, ajuster leur investisse-ment quant aux essences à transfor-mer, et la capacité de l’unité indus-trielle à construire.

76 B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 1 ( 3 )

TIMBER SECTORTHE CONGO BASIN

Tableau I.

Typologie des usines et capacités de transformation installées.

Source : Fomete et al., 2000.

1998-1999 1999-2000 2000-2001Type de transformation Nombre Capacité en Nombre Capacité en Nombre Capacité en

d’unités m3 de grumes d’unités m3 de grumes d’unités m3 de grumes

Unité industrielle de tranchage 1 24 000 1 24 000 1 24 000

Unité de déroulage avec 5 260 000 6 290 000 7 350 000ou sans contreplaqués

Scieries simples avec ou sans 52 2 016 000 65 2 236 000 69 2 626 000séchoirs et menuiserie industrielle

Total 58 2 300 000 72 2 550 000 77 3 000 000

La manutention du bois en scierie est un travail physique. Kika, Cameroun. Handling timber in sawmills needs a lot of physical strength. Kika, Cameroon. Photo F. Pinta.

Page 7: Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et

La logique d’ensemble a été d’ac-croître les capacités de production desciages, ce qui semble correspondre àla demande des marchés qui s’adaptentprogressivement. Pour le Cameroun, cepositionnement peu diversifié sur cetype de produits bois n’est pas sansrisque en cas de perturbation du mar-ché international. L’interdiction d’expor-ter les grumes des essences tradition-nelles est une mesure généralementsuffisante pour encourager la dyna-mique d’industrialisation. Cependant, lastructure du tissu industriel qui endécoule a des conséquences tant sur lacompétitivité et la robustesse de lafilière bois à l’export que sur la pressionexercée sur la ressource.

La mise en place d’une politiqueindustrielle plus élaborée est à l’ordredu jour, alors que, jusqu’à présent, lamultiplication du nombre d’unités etl’accroissement global des capacitésde transformation semblaient consti-tuer le seul objectif. L’industrie fores-tière doit se restructurer pour pouvoircontinuer à tirer parti d’une ressourcedégradée par des années d’exploita-tion non régulée. Il lui faut accroîtresa capacité à générer de la valeurajoutée, dans un contexte où lesrègles sylvicoles issues des plansd’aménagement vont être de plus enplus contraignantes.

Pour les années de transition quis’annoncent, le cadre administratif et lecontexte économique des marchésinternationaux devront être favorablesà l’adaptation des filières de transfor-mation du bois. La modernisation desoutils industriels est un facteur clé pourpermettre une meilleure valorisation dela matière première (transformationplus élaborée, diversification des pro-ductions) et le développement de pro-duits à plus forte valeur ajoutée com-mercialisés sur des marchés diversifiés.Cette adaptation passe par unensemble de mesures visant à accroîtrel’efficacité technico-économique desusines, probablement à travers la dimi-nution de leur nombre et une accéléra-tion de leur modernisation.

Deux initiatives pourraient per-mettre d’améliorer l’efficacité de lafilière de transformation : la mise en

place d’un marché intérieur des grumesorganisé, sujet sur lequel la réflexion estengagée au sein de la filière et du minis-tère de l’Environnement et des Forêts(Minef) qui a réalisé une étude spéci-

fique (Bindzi, 2000), et la suppressionde l’obligation de construction d’uneunité de transformation liée à toute nou-velle Ufa attribuée (Cirad/Institutionset Développement, 2000).

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 1 ( 3 ) 77BASSIN DU CONGOFILIÈRE BOIS

0

10

20

30

40

50

60

0-30 30-59 60-100 100 et +

Capacité de transformation (milliers de m3 de grume/an)

Fréq

uenc

e (%

)

1998-1999

1999-2000

2000-2001

Figure 2. Répartition (pourcentage) par classes de capacité des usines de première transformation du boisinstallées entre 1999 et 2001. Capacities (in percentages per category) of primary timber processing plants from 1999 to 2001. Source : Fomete et al., 2000.

Nom communAbam / Longhi Acajou / NgollonAniégréAssamela / AfrormosiaBétéBosséBubinga Dibétou / BiboloDouka / MakoréDoussiéFromager / CeibaIlombaIrokoMoabiMovinguiOvengkolPadouk Pao rosaSapelliSipoWengeZingana

Nom scientifiqueGambeya africana

Khaya sp.Aningeria altissima et A. robusta

Pericopsis elata

Mansonia altissima

Guarea cedrata et G.thompsonii

Guibourtia tesmanii, G. demeusei

Lovoa trichilioides

Tieghemella africana

Afzelia pachyloba, A.bidipensis, A. africana

Ceiba pentandra

Pycnanthus angolensis

Milicia excelsa

Baillonella toxisperma

Distemonanthus benthamianus

Guibourtia ehie

Pterocarpus mildbraedii et P. soyauxii

Swartzia fistuloides

Entandrophragma cylindricum

Entandrophragma utile

Milletia laurentii

Microberlinia bisulcata

Tableau II.

Essences interdites d’exportation en grumes à partir de 1999.

Source : ministère de l’Environnement et des Forêts du Cameroun.

Page 8: Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et

Le secteur industriel de ladeuxième transformation

La deuxième transformation dubois désigne l’ensemble des activitésqui utilisent des produits intermé-diaires (ceux issus de la premièretransformation et d’autres) pourfabriquer des produits finis ou semi-finis (encadré 2). Elle est peu déve-loppée au Cameroun. La productiondes moulures, parquets, bois profiléset autres prédébits de bois séchés etrabotés est marginale comparative-ment aux volumes de grumes et deproduits de première transformation.Cependant, le développement du sec-teur semble engagé, depuis le milieudes années 1990, sous la forme d’uneintégration au sein d’entreprises depremière transformation. La tendanceest à l’ajout progressif aux scieriesexistantes de cellules de séchage etde lignes de menuiserie industrielle.

L’installation de nouvelles uni-tés de menuiserie et parqueterieassociées à des scieries tend à confir-mer l’intérêt de ce type d’intégration.Ce mode d’organisation permet éga-lement à la scierie de développer sesactivités de covalorisation et d’amé-liorer le rendement matière global.

Cette tendance s’accompagneparfois d’une nouvelle forme de par-tenariat entre industriels d’activitéscomplémentaires (professionnels dusciage et de la menuiserie indus-trielle), qui s’associent pour réaliserdes produits plus élaborés, tels quedes prédébits collés trois plis. Lesvolumes sont limités à quelques mil-liers de mètres cubes par an, maisl’existence d’une telle dynamique vadans le sens de la création d’une plusforte valeur ajoutée au Cameroun.

Le marché local correspond princi-palement à la production de petitsmobiliers, laquelle est assurée engrande partie aujourd’hui par de petitesstructures artisanales. Quelques raresunités sont bien agencées et outillées,tandis que la plupart travaillent dans lesecteur informel (Fomete et al., 2000).

Le secteur informel del’exploitation et de latransformation du bois

Le secteur informel est en rapideévolution ces dernières années.L’ampleur des activités concernées estdifficile à connaître avec précision. Saméconnaissance risque de conduire àsurestimer le volume de bois encore dis-ponible en forêt ou à sous-estimer lademande effective en grumes. Uneétude récente permet cependant de pré-ciser plusieurs points (Plouvier et al.,2002). L’exploitation forestière infor-melle est principalement réalisée par depetits entrepreneurs locaux peu formésaux techniques de gestion et n’ayantpas accès au crédit. La plupart réalisentle sciage sur le lieu d’abattage, soit à latronçonneuse, soit avec une scie mobile.L’augmentation rapide du nombre descies mobiles se traduit par une produc-tion croissante d’avivés, correspondantà une exploitation annuelle évaluée en2001 à un million de mètres cubes degrumes. La ressource proviendrait enmajorité du domaine agroforestier, pourpartie du domaine forestier permanent,et en moindre proportion des forêtscommunautaires.

Des cas d’exploitation forestièreillégale sur de grandes surfaces (plusde 1 000 ha) ont également été recen-sés par le Minef dans certaines Ufanon encore attribuées. Même si lesvolumes de bois destinés à l’exporta-tion entrent dans les statistiquesforestières et douanières, ces dérivesfaussent les données sur la ressourcethéoriquement disponible en forêtpour approvisionner les usines dansles années à venir.

La production annuelle de sciagespar le secteur informel est évaluée à300 000 m3, dont 60 % sont commer-cialisés sur les marchés de Douala etYaoundé, plus de 30 % dans les autresvilles du Cameroun, 5 % vers les mar-chés du Nord-Cameroun et du Tchad, etmoins de 5 % sur les marchés interna-tionaux (Plouvier et al., 2002). Lesmenuisiers et ébénistes du secteur tra-vaillent quasi exclusivement à la com-mande. Ils sont équipés d’outilsmanuels élémentaires ne nécessitantpratiquement pas d’investissement.Leur nombre est important puisqu’onestime qu’il existe plus de 2 000 petitesentreprises informelles travaillant lebois dans les seules villes de Yaoundéet Douala (Fomete et al., 2000).

78 B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 1 ( 3 )

TIMBER SECTORTHE CONGO BASIN

Encadré 2.

Quand parler de première transformation ou de deuxièmetransformation du bois ?

Suivant la nature des produits recherchés, le bois peut subir différentes transformationsque l’on classe habituellement en fonction des technologies utilisées. De plus, on distinguetraditionnellement la « première transformation » de la « deuxième transformation ».La première transformation regroupe quatre types d’activités qui fournissent des pro-duits intermédiaires : le sciage (débits, traverses), le déroulage et le tranchage (pla-cages), la trituration (pâte à papier).La deuxième transformation regroupe les activités qui utilisent des produits intermé-diaires, notamment issus de la première transformation, pour fabriquer des produitsfinis ou semi-finis. On parle de « produits finis » s’ils peuvent être vendus tels quels auconsommateur final. Ce sont des « produits semi-finis » s’ils doivent subir un autrestade de transformation, ou tout au moins s’ils seront assemblés à d’autres éléments(en bois ou autres matériaux) pour former le produit final.La deuxième transformation comprend différents types d’activités :▪ l’ameublement qui utilise des sciages, des placages, des panneaux ;▪ les charpentes et la menuiserie pour le bâtiment et les travaux publics ;▪ la fabrication des panneaux de contreplaqués (souvent aussi classée en première trans-formation par les statistiques douanières, malgré l’utilisation de la colle comme intrant etl’incorporation d’une étape de fabrication supplémentaire) et d’autres types de panneaux ;▪ le travail du bois pour les fournitures au bâtiment, les emballages et les produits divers ;▪ l’industrie des papiers et cartons.

Page 9: Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 1 ( 3 ) 79BASSIN DU CONGOFILIÈRE BOIS

Tableau III.

Évolution des exportations de bois au Cameroun entre 1999 et 2000 et évaluation

des exportations en équivalent bois rond. Sources : service des douanes du Cameroun et estimations de A. Karsenty.

Grumes Sciages Placages Contreplaqués Total Ebr

Données du service des douanes1999 994 736 482 505 42 998 28 3712000 597 432 618 445 59 105 34 472Évolution 2000/1999 – 40 % 28 % 37 % 22 %

Estimations des volumes en équivalent bois rond (Ebr)Rendement matière1 100 % 35 % 48 % 48 %1999 994 736 1 378 584 89 579 59 106 2 522 0052000 597 432 1 766 985 123 135 71 817 2 559 369

1 Il n’est pas sûr que ces statistiques prennent en compte la totalité des exportations des points francs industriels. En outre, le tableau récapitulatif des douanes indique des valeurs un peu différentes de nos propres calculs,effectués à partir des tableaux mensuels d’exportation du service des douanes et de rectifications par nos soins de chiffres manifestement incohérents liés à de probables erreurs de saisie.

Ligne d’éboutage et empilage des avivés. Gari Gombo, Cameroun. Production line for butting and stacking squared-offtimber. Gari Gombo, Cameroon. Photo F. Pinta.

Ruban dédoubleur de grand diamètre à entraînementmotorisé. Libongo, Cameroun. A motorised wide-diameter splitsaw. Libongo, Cameroon. Photo F. Pinta.

Page 10: Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et

Production etdemande : risque

de surcapacitéindustrielle ?

Selon des données du Minefpubliées en juin 2001 (Atibt, 2001), laproduction 1999-2000 de grumes sesitue aux environs de 2,5 millions demètres cubes.

Côté utilisation, deux secteurscomposent la demande : l’exportationen grumes et l’approvisionnementdes usines locales. L’exportation engrumes de plusieurs essences impor-tantes comme l’ayous et l’azobé esttoujours autorisée et représente entre0,2 et 0,3 million de mètres cubes paran. Les capacités annuelles de trans-formation des usines locales sontestimées à au moins 2,7 millions demètres cubes (Carret, 1999 ; Fometeet al., 2000). Dès lors, les conclusionssemblent couler de source…

Un manque de donnéesfiables sur la production

Dans les faits, le chiffre de la pro-duction exacte de bois au Camerounest extrêmement difficile à connaître.En considérant que la production estutilisée soit pour le marché local, soitpour la production à l’export, il estpossible d’établir une évaluation glo-bale.

Les statistiques douanières d’ex-portation peuvent être utilisées commerepère pour en déduire une évaluationde la production exportée en équiva-lent bois rond (Ebr) (tableau III).

Ces chiffres, donnés sous toutesréserves, parmi les rares dont on puissedisposer au Cameroun aujourd’hui,montrent que la production semble àpeu près stable d’une année sur l’autre,bien que 1999 soit perçu comme uneannée difficile (l’année 1999 a étécaractérisée par l’entrée en vigueur del’interdiction d’exporter des grumes etle faible nombre de titres d’exploitationforestière attribués au total).

80 B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 1 ( 3 )

TIMBER SECTORTHE CONGO BASIN

Plate-forme de mise en colis des avivés dans une scierie. Mindourou, Cameroun. A platform for packaging squared-off timber in a sawmill. Mindourou, Cameroon. Photo F. Pinta.

Matériel d’évacuation automatique des chutes de sciage. Mindourou, Cameroun. Automatic evacuation of sawmill residues. Mindourou, Cameroon. Photo F. Pinta.

La constitution des colis d’avivés nécessite de nombreux salariés. Mbang, Cameroun. Making up packages of square-edged timber: a highly labour-intensiveoperation. Mbang, Cameroon. Photo F. Pinta.

Page 11: Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et

Le recul des exportations degrumes est spectaculaire entre 1999 et2000 et s’est encore accentué en2001, pour tomber à 248 000 m3, selondes données de la Sgs Cameroun(Atibt, 2002). L’augmentation desexportations de bois scié est notable,le déroulage progressant également,surtout la fabrication de placages. Sion retient l’hypothèse moyenne pro-posée pour traduire ces volumes enEbr, le volume équivalent grumesexporté représenterait 2,5 millions demètres cubes par an (tableau III).

Le marché local d’approvisionne-ment en bois pour la constructiondomestique est partiellement assurépar l’industrie du bois mais il est large-ment dominé par les opérateurs infor-mels (« scieurs de long » et opérateursde scies mobiles). Quel que soit le cir-cuit d’approvisionnement, les volumes

de bois concernés ne sont pas connusde manière fiable. Il est possible d’es-timer le volume de bois informel parréférence au Ghana, qui présente plu-sieurs points communs avec leCameroun en matière de démographieet d’économie : le prélèvement lié à laproduction des scieurs de long auGhana a été évalué à près de 1,7 mil-lion de mètres cubes par an (ForestryCommission, 2001). Par analogie, laproduction informelle de bois d’œuvreau Cameroun peut être estimée entre1 et 1,2 million de mètres cubes Ebr !

La production totale de boisd’œuvre au Cameroun serait doncbien supérieure aux 2,5 millions demètres cubes estimés pour 1999-2000. Cela montre que le Cameroun aun besoin urgent de se doter de véri-tables capacités d’analyse statistiquede la filière bois.

Évaluation de la possibilité et du risque de surcapacité

industrielle

Il nous paraît ici utile de préciserla notion de « surcapacité de transfor-mation », qui n’est pas fonction de laproduction courante de grumes maisde la production soutenable à longterme des forêts aménagées.

Le document de planification duministère de l’Environnement et desForêts (Minef, 2000) prévoit que,lorsque tous les titres d’exploitationprévus auront été attribués, la pro-duction théorique de la forêt came-rounaise (bois d’œuvre, Camerounméridional) sera de 3,17 millions demètres cubes par an. Le même docu-ment propose d’attribuer quatre nou-velles Ufa, afin d’atteindre les 3,3 mil-lions de mètres cubes de productionsouhaités par le Minef. Le calcul sefonde sur des hypothèses d’une rota-tion de 30 ans et l’exploitation de19 essences, avec la possibilité d’in-clure quelques essences dites secon-daires. Le problème est qu’en pra-tique rares sont les exploitants quiexploitent régulièrement plus d’unedizaine d’essences, faute de marchésréguliers sur un plus grand nombred’essences. Même si le chiffre de3,3 millions de mètres cubes de pré-lèvement soutenu semble optimiste,le prélèvement de bois d’œuvre dansles forêts du Cameroun est sansdoute actuellement au-dessus de ceseuil. Un prélèvement total comprisentre 4 et 4,5 millions de mètrescubes par an ne constitue pas uneestimation irréaliste aujourd’hui.

Bien sûr, les valeurs citées dansle document de planification du Minefsont relatives et peuvent paraître opti-mistes, compte tenu des dispositionsde l’arrêté du 25 mai 2001 (Minef,2001) sur les règles d’aménagementqui introduisent l’obligation de respec-ter dans les Ufa un « Dmea » (diamètreminimal d’exploitation-aménagement),fonction de la structure du peuplementconstatée dans les inventaires : dessimulations réalisées à partir desinventaires connus indiquent que cesDmea chez les principales essences

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 1 ( 3 ) 81BASSIN DU CONGOFILIÈRE BOIS

Exemple d’équipement de deuxième transformation : moulurière permettant neuf opérations. Libongo, Cameroun. Example of secondary processing equipment: a moulding machine that can beused for nine different operations. Libongo, Cameroon. Photo F. Pinta.

Marquage de la qualité des avivés avant l’éboutage. Gari Gombo, Cameroun. Quality stamping squared-off timber before butting. Gari Gombo, Cameroon. Photo F. Pinta.

Page 12: Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et

commerciales devraient être relevés,par rapport aux Dme administratifs, de10 à 20 cm, voire plus. Cette mesureentraînerait une baisse de la possibi-lité et donc de la récolte légale dansdes proportions parfois non négli-geables : une simulation du projetForêts et terroirs a conduit à une dimi-nution de la possibilité de 40 % pourun groupe d’essences courantes(Borie, 2001).

Un changement dans la compo-sition des récoltes (l’exploitation denouvelles essences), une extensiondu domaine forestier permanent dansdifférentes zones hors aires proté-gées (un million d’hectares supplé-mentaires peuvent être envisagés, cequi pourrait permettre une produc-tion annuelle soutenable pouvantatteindre 4 millions de mètres cubes),un arbitrage production/conservationdiminuant les surfaces en aires proté-gées peuvent changer le seuil de

« prélèvement soutenable » et modi-fier ainsi le niveau théorique à partirduquel on peut parler de surcapaci-tés. L’élargissement de la gamme desessences exploitées par un mêmeexploitant est, par exemple, un pro-cessus qui s’amorce et, là où certainsexploitants récoltent en routine cinqou six essences, d’autres en prélè-vent dix à douze. Mais, du fait de laprogressivité de cette évolution,l’élargissement des récoltes risquede se faire au détriment du respect ducycle de coupe de 30 ans, et parconséquent au détriment du renou-vellement de la ressource tant enquantité qu’en qualité.

La surcapacité de transforma-tion, si surcapacité il y a, sembleactuellement « relative » – c’est-à-direque les capacités de transformationsont sans doute un peu au-dessus duniveau actuel des prélèvements effec-tués pour l’industrie, et sans doute

encore en deçà du niveau de prélève-ment soutenable – mais le déséqui-libre entre offre soutenable etdemande de bois, lui, est devenustructurel car le marché local dessciages consomme environ 1 millionde mètres cubes supplémentaires.

Il pourrait être tentant, pour legouvernement, de supprimer le flux« résiduel » d’exportation des grumes,et notamment l’ayous et l’azobé,représentant annuellement plus de200 000 m3 qui peuvent être transfor-més localement. Cependant, si malgréles fortes taxes qui frappent ces expor-tations un flux d’exportation subsistedurablement sur ces essences (àsuivre dans les années à venir), c’estque les unités de transformation ins-tallées au Cameroun valorisent moinsbien ce segment de la production quedes usines européennes (encadré 3).Accroître encore le nombre d’essencesinterdites à l’exportation à l’état brutne changera pas cette réalité et accen-tuera un peu plus la protection effec-tive des usines, notamment les moinsperformantes, ce qui n’est guèreadapté à une situation de surcapacité.

Certaines usines du Camerounparviennent à obtenir des prix trèsrémunérateurs pour leurs sciages dequalité, en maîtrisant parfaitementleurs réseaux de distribution enEurope, un des facteurs décisifs de lavaleur ajoutée. Déjà, avant l’entréeen vigueur du nouveau régime, cessociétés n’exportaient qu’une faiblepartie de leurs bois en grumes. Cettestratégie de recherche systématiquedes moyens d’accroître la valeur ajou-tée est la seule viable dans lecontexte d’une ressource qui tend àse dégrader, et dont l’exploitation estsoumise progressivement à plus decontraintes. Pour que cette voie soitsuivie par la majorité des acteurs dela filière, il est nécessaire de mettreen place une politique d’industrialisa-tion à moyen terme, fondée sur laprise en compte des contraintes derenouvellement de la ressource et lesbesoins d’approvisionnement dumarché intérieur camerounais.

82 B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 1 ( 3 )

TIMBER SECTORTHE CONGO BASIN

Valorisation des déchets : chaudière à sciure alimentant des séchoirs à bois.Libongo, Cameroun. Waste recovery: a sawdust-fired boiler connected to a drying kiln. Libongo, Cameroon. Photo F. Pinta.

Grume de doussié apprêtée devant la scie horizontale. Mindourou, Cameroun. A prepared doussié log waiting to be fed into the band saw. Mindourou,Cameroon. Photo F. Pinta.

Page 13: Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 1 ( 3 ) 83BASSIN DU CONGOFILIÈRE BOIS

Avivés pour le marché local àproximité d’une scierie. NangaEboko, Cameroun. Squared-off timber for the localmarket, near a sawmill. NangaEboko, Cameroon. Photo F. Pinta.

Conclusion

La filière bois au Cameroun vit,depuis une dizaine d’années, aurythme d’une réforme de grandeampleur de sa politique forestière. Lamise en place de mesures visant lagestion durable des forêts a modifiéles règles d’accès à la ressource.

De même, l’objectif de dévelop-per l’industrialisation de la filière s’estappuyé principalement sur la mesured’interdiction d’exporter en grumes lesprincipales essences traditionnelles. Ilrepose aussi sur des mesures incita-tives telles que l’obligation d’implanterune usine pour chaque Ufa attribuée etla mise en place d’une taxation diffé-rentielle, variant selon le degré detransformation du bois. Les effets sontsensibles et les données quantitativestraduisent une certaine réussite,puisque le volume d’exportation deproduits transformés a plus que doubléau cours des cinq dernières années,alors que les exportations de grumessont en fort déclin. Mais ces mesuresont conduit également à l’apparition desurcapacités de transformation, dontl’amplitude exacte dépend des niveauxde récolte soutenables de la forêt natu-relle au Cameroun.

D’après le constat fait dansd’autres pays ayant connu ce phéno-mène plus tôt, les surcapacités consti-tuent une puissante incitation à l’ex-ploitation illégale, même si d’autresfacteurs entrent en ligne de compte,comme la limitation des surfaceslégalement ouvertes à l’exploitationet le développement du secteur infor-mel pour l’approvisionnement dumarché intérieur.

Face aux enjeux de développe-ment d’une filière industrielle detransformation du bois durable etgénératrice de valeur ajoutée, la miseen place d’une politique sectoriellede moyen terme est primordiale.Plusieurs orientations spécifiquespeuvent être proposées, en rapportavec quatre grands objectifs : ▪ Afin de disposer d’informationsclaires et fiables sur la filière bois,permettant d’améliorer le suivi et ladéfinition de la politique sectorielle, ilapparaît fondamental de mettre enplace une structure performante decollecte de données et de traitementstatistique spécifique à la filière. Ledéficit actuel en données fiables surla forêt comme sur la filière bois han-dicape les efforts pour l’organisationde la gestion durable des forêts etl’optimisation de la mise en valeur dela ressource exploitable. ▪ Dans l’objectif de gestion durable dela forêt, au-delà du respect des règlesd’aménagement en vigueur, il seraitintéressant de favoriser l’exploitationd’une plus grande diversité d’es-sences forestières qui sont actuelle-ment sous-exploitées, mais quiauraient, du fait de leurs qualités,leur place sur les marchés : outre l’in-novation technique, le principal levierreste la demande des marchés, qu’ondoit chercher à mieux informer desessences disponibles et de leursemplois potentiels.▪ Dans l’objectif d’une filière indus-trielle du bois performante, larecherche des moyens pour favoriserà la fois la création de valeur ajoutée

par des filières de transformation pluspoussées et le positionnement surdes marchés diversifiés et fiables àmoyen terme peut être considéréecomme primordiale au stade actuel.La réussite d’une telle démarcherequiert non seulement la mise enœuvre d’une combinaison de mesuresde politique économique, mais aussiun bon fonctionnement des groupe-ments interprofessionnels. ▪ Dans l’objectif de rationaliser le sec-teur de la forêt et du bois, afin demieux le soutenir sur le plan national,il est essentiel d’intégrer progressive-ment ce qu’il est convenu d’appeler lesecteur informel. L’un des défisimmédiats est de cerner l’importancede ce secteur qui alimente l’essentielde la construction populaire et repré-sente une composante d’un petitcapitalisme actif : mieux connaîtreses acteurs, leur mode de fonctionne-ment et leur(s) filière(s) d’approvi-sionnement quant à la ressource, lesquantités de bois transformées, etc. Ilest important d’appuyer ces acteurspar des actions de soutien à la moder-nisation, à la professionnalisation età l’intégration au sein d’un secteurindustriel du bois formalisé et perfor-mant. Cet objectif constitue aujour-d’hui un enjeu stratégique pour lafilière forestière et un défi pour leCameroun et ses partenaires.

Encadré 3.

Prix relatifs et facteurs de la valeur ajoutée.

Sur certains segments du marché des produits transformés, la comparaison dela valeur Fob ramenée en équivalent bois rond reste favorable aux grumes. Lecas du sapelli illustre cette situation : la valeur Fob (donnée Sgs) d’un mètrecube de grume est de 135 000 Fcfa au premier semestre 1999, tandis que lesciage de sapelli valait 270 000 Fcfa/m3 Fob Douala (revue Tropical Timbers,novembre 1999) en juillet de la même année. Le rapport exact de 1 à 2 pour lesprix ne correspond pas au rendement matière des usines, qui est plus prochede 1 pour 2,5 si on se base sur un rendement matière de 40 % pour les grumesde meilleure qualité.

Page 14: Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et

Référencesbibliographiques

ASSOCIATION TECHNIQUE INTERNA-TIONALE DES BOIS TROPICAUX(ATIBT), 2001. Données statistiquessur la production de bois au Came-roun. La Lettre de l’Atibt, 14.

ASSOCIATION TECHNIQUE INTERNA-TIONALE DES BOIS TROPICAUX(ATIBT), 2002. Données statistiquessur la production de bois au Came-roun. La Lettre de l’Atibt, 16.

BINDZI I., 2000. Étude de faisabilitépour la création d’un marché intérieurde la grume au Cameroun. Yaoundé,Cameroun, ministère de l’Environ-nement et des Forêts, 106 p.

BORIE J.-M., 2001. Estimation de laréduction du volume exploitable encas d’application du diamètre mini-mum d’exploitation-aménagement.Projet Forêts et Terroirs. Communica-tion personnelle.

CARRET J.-C., 1999. L’industrialisationde le filière bois au Cameroun entre1994 et 1998. Observations, interpré-tations, conjectures, synthèse. Paris,France, Cerna, École des Mines, 16 p.

CIRAD-FORET/INSTITUTIONS ETDÉVELOPPEMENT, 2000. Audit éco-nomique et financier du secteur fores-tier au Cameroun. Ministère de l’Éco-nomie et des Finances. Cirad-forêt,Institutions et Développement, 73 p.

FOMETE T., PINTA F., KARSENTY A.,2000. La structure du secteur fores-tier. Document annexe 2 du rapport« Audit économique et financier dusecteur forestier au Cameroun ».Ministère de l’Économie et desFinances. Cirad-forêt, Institutions etDéveloppement, 53 p.

FORESTRY COMMISSION, 2001.Ghana wood industry and log exportban study. Final report. Accra, Ghana.

MINEF, 2000. Planification de l’attribu-tion des titres d’exploitation fores-tière. Suivi et révision (exercice 2000-2003). Yaoundé, Cameroun, ministèrede l’Environnement et des Forêts, 18 p.

MINEF, 2001. République du Came-roun. Arrêté n° 0222/A/Minef du 25mai 2001 fixant les procédures d’éla-boration, d’approbation, de suivi etde contrôle de la mise en œuvre desplans d’aménagement des forêts deproduction du domaine forestier per-manent. Yaoundé, Cameroun, minis-tère de l’Environnement et des Forêts.

MISSION ÉCONOMIQUE, 2002. Fichede synthèse : le commerce extérieuren 2001. Ambassade de France àYaoundé, mai 2002 (http://www.dree.org/cameroun).

PINTA F., FOUQUET D., 1998. Étudediagnostic sur l’industrialisation dusecteur bois au Cameroun. Rapportde mission + fiches par usine. Mont-pellier, France, Cirad-forêt, 80 p.

PLOUVIER D., EBA’A ATYI R., FOUDAT., OYONO R., DJEUKAM R., 2002.Étude du sous-secteur sciage artisa-nal au Cameroun. Ministère de l’Envi-ronnement et des Forêts de la Répu-blique du Cameroun. Bruxelles, Bel-gique, Agreco, 63 p.

84 B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 1 ( 3 )

TIMBER SECTORTHE CONGO BASIN

Le transport du bois par camion est parfois difficile pendant la saison des pluies.Camions bloqués sur la piste principale dans la région de Yokadouma, dans l’estdu Cameroun. Transporting timber by truck during the rainy season is sometimes fraught withdifficulties. Trucks stranded on the main logging road in Yokadouma region,eastern Cameroon. Photo F. Pinta.

Page 15: Filière bois au Cameroun : vers une gestion durable des forêts et

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 1 ( 3 ) 85BASSIN DU CONGOFILIÈRE BOIS

Synopsis

THE TIMBER SECTOR IN CAMEROON: TOWARDSSUSTAINABLE FORESTMANAGEMENT AND EFFICIENTINDUSTRIAL PROCESSING?

François PINTA, Timothée FOMETE

The state of the timbersector in 2000 suggests a poten-tial imbalance between annual timbersupply and demand. Demand for tim-ber comes from both local and exportmarkets. Finding a balance betweenavailable timber volumes anddemand requires excellent knowl-edge of the sector as a whole. The for-mal logging and timber processingsector is well known, but data on theresources that are actually availablein forests and on activities in theinformal timber sector are eitherunavailable or unreliable.

The primary and secondary

industrial timber processing sector

Timber processing capacities haveincreased enormously in the last fewyears, as a consequence of new legis-lation banning exports of raw logs. Asfrom 2000, timber processing facili-ties in Cameroon were handling up to3 millions m3 of raw timber per year. The primary timber processing indus-try mainly consists of saw-mills. Thetechnological standard of the equip-ment is satisfactory, although fewmachine tools are new and invest-ments are limited.Half of the facilities have a capacity ofless than 30,000 m3. This characteris-tic structure of the timber processingsector results from the legal obliga-tion to create one industrial process-ing unit for each MFU (managed forestunit). However, following the effectiveban on raw log exports in 1999,recently implemented units have anaverage capacity of 45 000 m3/year. The development of a more elaborateindustrial policy is now being consid-ered. The forest industry needs toorganise itself to improve the recoveryof raw materials and develop products

with higher added value for a largermarket. This adjustment will probablyresult in a smaller number of moremodernised units. Two measures wouldhelp to improve the efficiency of thetimber processing sector: developing amanaged internal market for raw logsand abolishing the obligation to buildone processing unit for every MFU.

The secondary industrial timber pro-cessing sector is rather small inCameroon. However, it has beenexpanding since the mid 1990s,in terms of sawmill equipment.Investments are mainly in drying kilnsand industrial machine tools for join-ery. This type of integration helps toimprove overall raw material yields insawmills .The informal sector is involved in tim-ber harvesting as well as processing.Its size is rather difficult to estimate,and this can result in over-estima-tions of the timber volumes still avail-able in forests and under-estimationsof actual demand for logs.A study performed in 2002 estimatedthat about 1 million m3 of logs wereharvested by the informal sector in2001. Informal saw-wood productionis estimated at 300 000 m3/year,mainly sold on local markets.

Lack of reliable data on production

Customs statistics on exports wereextrapolated to produce an estimate ofexported production of 2.5 million m3

RWE (round wood equivalent). Informaltimber production was estimated at 1 to1.2 million m3 RWE. Total timber produc-tion in Cameroon thus appears to bemuch higher than the 2.5 million m3

estimated for the year 1999-2000.

Estimation of the risk of industrial

over-capacity

According to the rules established bythe Ministry of the environment andforests, the theoretical sustainableyield of Cameroon’s MFUs is estimatedat 3.3 million m3 per year. This figuremight be lowered as the 19 timberspecies taken into account are not rou-tinely harvested as market demand is

fluctuating. A statutory measure requir-ing a minimum logging diameter (MLD)adjusted to each MFU was adopted onMay 23rd 2001. This could result on theone hand in a considerable drop inavailable volumes – up to 40% accord-ing to a simulation performed by the“Forêts et terroirs” project – but in anincrease in the area of permanent for-est on the other hand, which in theorywould allow sustainable annual pro-duction of up to 4 million m3. Timber processing capacities couldbe slightly higher than the currentlevel for the industry, but lower thanthe potential sustainable level.However, the imbalance between sus-tainable timber supply and demandremains, and has now become struc-tural, since demand from the localmarket for saw wood is about 1 mil-lion m3 more than supply.

Towards full integration of the

logging and timber processing

industry

In view of the degraded state of theresource, where logging is increas-ingly difficult, the only viable strategyis to undertake systematic researchto find ways of increasing addedvalue in timber products. If the major-ity of the industrial timber sector is toadopt this strategy, a medium-termindustrialisation policy needs to bedeveloped, based on demand fromCameroon’s domestic timber marketand taking the conditions required forresource regeneration into account.Several specific avenues can beexplored, which are related to fourobjectives: (i) developing efficientmeans to collect data on the timbersector and conduct statistical analy-ses (ii) encouraging diversification ofthe species being logged (iii) integrat-ing the informal sector, (iv) promotingthe production of high added-valueproducts by improving timber pro-cessing operations and developingmore reliable and diversified markets.