LE GREFFAGE ET LA TAILLE (FICHE N°10)

LA GREFFE, INTÉRÊTS ET PRINCIPESL’obtention par semis d’un plant bien adapté au sol ne résout pas le problème de variation. Exemples : en semant unnoyau de pêche " reine des vergers ", nous pouvons compter sur l’obtention d’un arbre de la même variété seulementdans une proportion de 20% du fait du croisement naturel entre pollens d’autres espèces. Faute de certitudes sur lastabilité génétique d’une variété et pour éviter des déceptions lors de la fructification parfois 6 à 10 ans plus tard… ilest préférable de " greffer ".La greffe consiste à " coller " sur un sujet porte-greffe adapté au sol, une variété greffon choisie en fonction de diverscritères : adaptation au climat, résistance aux maladies, époque de maturité, goût, productivité…. Elle représente doncune association entre reproduction sexuée (semis), et multiplication végétative (greffe).

COEXISTENCELa greffe suppose une " affinité" entre porte-greffe/racines etle greffon/ramures.En effet, théoriquement il estpossible de greffer les espècesd’une même famille sur d’autresespèces de la même famille ;cela est loin d’être toujours vraicar même si la greffe " prend "cela ne garantit en rien l’obten-tion d’un arbre en bonne santéet productif.Si l’on sait que la greffe " per-turbe " le développement del’enracinement, il faudraattendre 2 ans avant de grefferun porte-greffe (ce dernier aura2 ans pour s’enraciner).

Pour le choix des porte-greffes classiques :

- en sol sec : amandier, abricotier,merisier, poirier et pommier franc,prunier myrobolan.- en sol frais : cognassier, pêcher,poirier et pommier franc, prunierReine-Claude.- en sol humide : prunier.

Greffer sur les porte-greffes existants chez vous :

- prunellier : greffer les fruits ànoyaux - aubépines : greffer les fruits àpépins.

QUELQUES NOTIONS DE BIOLOGIE

VÉGÉTATIVE DES ARBRES : Croissance annuelle

Chaque année au printemps lescellules du cambium (ou assisegénératrice) sont l’objet d’un phé-nomène de division rapide. Ellesforment vers l’intérieur du tronc lexylème ou aubier, qui assure letransport jusqu’aux branches del’eau et des sels minéraux (sèvebrute). Vers l’extérieur se dévelop-pe le phloème ou liber, qui ache-mine vers les racines et dans lesens inverse les molécules carbo-nées (sève élaborée) produitentpar les feuilles (photosynthèse), etassure la croissance et l’alimenta-tion de l’arbre.En automne, les échanges orga-niques s’arrêtent, le cambiumcesse de se développer, et l’arbreest en période de repos. Pendant la saison froide, le cam-bium ne constitue plus qu’unecouche mince qui le printempsvenu, donnera naissance à unenouvelle couche d’aubier et deliber.Chaque année, de nouvellescouches de liber s’ajoutent auxprécédentes.

CONDITIONS DE RÉUSSITE :- précision et minutie.- rapidité d’exécution.- l’entraînement aux gestes précis etjustes.- état de la sève.- contact entre les zones génératrices.- greffons bien placés, ligaturés etenglués.

TYPES DE GREFFES (les plus connues) : - en fente : février/mars.- en couronne : mars/avril.

- à l’écusson : fin août/septembre.

- chip budding (américaine) : defévrier à octobre ou greffe majorquineou en écaille.

Pour en savoir plus : • Greffer tous les arbres et arbustes, éd. Rustica.• Forêts frutières, Maurice Chaudière, éd. duDragon Vert.• Ecoverger, Paul Moray , ed. Ciepad. 1990.• Manuel pratique du verger méridional "en sec",Paul Moray , ed. C.A.D.E. 1986.

le bois de coeur (duramen)le bois (1 cerne = 1 année)l’assise génératricele liber (sève élaborée)l’écorce (protection)

greffon

porte-greffeœuil

encoche

biseauxécorce

greffonsinsérés sousl’écorce

porte-greffeentaille en T

écorce soulevée

pétiolerameau greffon

écusson avec œil

écusson inséré sur porte-greffe

COMMENT TAILLER :Pour comprendre la manière decouper une branche, il faut com-prendre comment l'arbre cicatrise

la plaie que l'on va lui occasion-ner. Ce n'est qu’ à partir de l'assi-se génératrice (cambium) quel'arbre est capable de produire dutissu cicatriciel ; c'est là qu'inter-vient la notion de tire-sève. Il nefaut pas couper une branche enplein milieu, pour ne pas laisserune zone morte que la sève n'ali-mente plus, mais tailler juste aprèsune ramification secondaire (letire-sève), qui va constituer le nou-veau prolongement, et éviter leréveil des bourgeons dormants. De plus à la base de chaque brin-dille, branche, ou ramure, il y a unbourrelet (ride de l'écorce) qui estune zone où l'assise génératriceest particulièrement active en casde besoins. En conséquence, il estimportant de couper une branchejuste à son point d'insertion, pourne pas laisser un chicot de boismort tout en préservant l'indispen-sable bourrelet protecteur.

LES QUATRE OPÉRATIONSDE LA TAILLE LIBRE : L'éclaircie consiste à rendre plus per-méable un houppier devenue tropdense. Il se pratique sur l'ensemblede la couronne de façon régulièresans modifier la structure.Le rajeunissement est une coupedes bois les plus âgés pour favori-

ser le développement des jeunesrameaux porteurs des plus beauxfruits.La simplification, est utilisée pourclarifier les enchevêtrements debrindilles pour permettre une cir-culation plus facile de la sève.Cette opération ce justifie pleine-ment sur les arbres vieillissant enmanque de vigueur.

La réduction de couronne, vise àréduire le volume d'un arbre deve-nu trop encombrant.En conclusion, assimiler la tech-nique de la taille des arbres libres,c'est d'abord observer un arbre enbonne santé et comprendre com-ment il évolue. Celui-ci comporteune proportion de bois mort quiest en fait une sorte d'auto-élaga-ge. La taille va consister à antici-per ce phénomène en taillant lesbranches dont l'arbre se seraitdébarrassé un peu plus tard.

LA TAILLE DES ARBRES LIBRESPourquoi tailler ?L'arbre ne fructifie que pour assurer sa descendance avec le maximum de chance de réussite. Cette fructification nes'effectuera donc que lorsque l'arbre aura atteint l'âge adulte, ou perdu de sa vigueur et ne sera assuré qu'une annéesur deux ou sur trois.La taille consiste donc à couper aux arbres fruitiers des bourgeons ou des branches dans le but de les faire fructifierchaque année tout en maintenant entre les parties le meilleur équilibre possible.

La taille des arbres libres est une nouvelle méthode dont le principe de base est de respecter la structure naturelle del'arbre ( elle ne cherche pas à donner une forme particulière contrairement aux autres méthodes), permettant de lefaire fructifier rapidement et régulièrement sans nuire à sa longévité.

tire-sève

ride de l’écorce

AUTRES NOTIONS DE BIOLOGIE VÉGÉTATIVES : la croissance d'une tige

La tige pousse en longueurgrâce à son bourgeon terminal,et peut être comparée à uneantenne télescopique que l'ondéplie segment par segment.Chaque segment corresponds àun entre-nœud entre lesquels sedéveloppe une feuille et le bour-geon dormant situé à l'aissellede la feuille.

Le bourgeon terminal assurel'harmonisation de la croissanceen inhibant plus ou moins ledéveloppement des bourgeonsdormants grâce aux hormonesqu'il fabrique. Si on coupe l'ex-trémité de la tige, on assiste au"réveil" des bourgeons situéssous le point de coupe.

LES OUTILS ET LEUR UTILISATION :

Le sécateur (branche de 1 à 2 cm dediam.) et l'ébrancheur (branche jusqu'à 5cm de diam.) comportent une lamemobile, tranchante, et une contre-lamefixe. Ils s'utilisent en appuyant le côtétranchant sur la partie à conserver.La scie d'élagage dispose d'une lameétroite et recourbée. La coupe se réaliseen trois temps. On commence parentailler la branche par le dessous, oncoupe ensuite sur le dessus légèrementen retrait, et on fini par supprimer lemorceau resté sur l'arbre.

Pour en savoir plus :• Manuel de taille douce AlainPontoppidan, éditions Terre Vivante.