fertigation

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1 L'IRRIGATION FERTILISANTE La généralisation de l'irrigation localisée conduit à utiliser des solutions nutritives. Actuellement, deux approches sont utilisées pour l'établissement de ces solutions. L'application des conceptions traditionnelles de la fertilisation. Les solutions sont calculées à partir des besoins de la culture (exportations pertes par lessivage), de l'analyse de sol ou du substrat, des stades de développement et des conditions climatiques. On aboutit à une grande diversité de solutions, pouvant varier plusieurs fois au cours de la culture. Cette méthode s'applique surtout aux cultures sur sol, en serre ou en plein champ, conduites en irrigation localisée. Pour les légumes feuilles, la fertilisation fractionnée en cours de culture peut aussi être apportée par aspersion. La méthode Coïc-Lesaint (INRA), basée sur la mise à la disposition des plantes d'une solution équilibrée ioniquement et calculée à partir de la composition des végétaux. Deux solutions ont été mises au point, l'une pour les plantes acidophiles, l’autre pour les plantes neutrophiles; c’est cette deuxième qui est employée en culture maraîchère. Elle s'applique aux cultures hors sol ou aux sols considérés comme un simple substrat, sans apport préalable d'engrais. Solutions calculées à partir des besoins estimés de la culture Il est conseillé d'apporter une partie des éléments en fumure de fond. L'irrigation fertilisante permet d'apporter la fumure d'entretien, qui peut se limiter simplement à des apports d'azote et de potasse ou inclure également le phosphore, et plus rarement, la magnésie et le calcium. 1. Intérêt de cette fertilisation * Aspect technique L'irrigation fertilisante permet une adéquation des apports à la demande. Elle se révèle d'autant plus intéressante qu'il s'agit de cultures exigeantes pour lesquelles on réalise déjà en fertilisation au sol des apports très fractionnés : c'est le cas des cultures légumières (tomates, concombres, aubergines, poivrons). L'irrigation fertilisante permet dans tous les cas une meilleure efficience des engrais très mobiles comme l'azote. L'irrigation fertilisante est union solution technique et économique à certains cas particuliers (apport de chélate de fer par exemple). * Aspect économique Lirrigation fertilisante est généralement plus coûteuse que la fertilisation classique en raison. - des investissements en matériel d'injection - d'un coût de fonctionnement plus élevé car les engrais solubles sont chers et leur mise en oeuvre réclame une technicité supérieure.

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Page 1: FERTIGATION

1

L'IRRIGATION FERTILISANTE

La généralisation de l'irrigation localisée conduit à utiliser des solutions nutritives.

Actuellement, deux approches sont utilisées pour l'établissement de ces solutions.

L'application des conceptions traditionnelles de la fertilisation. Les solutions sont

calculées à partir des besoins de la culture (exportations pertes par lessivage), de l'analyse de

sol ou du substrat, des stades de développement et des conditions climatiques. On aboutit à

une grande diversité de solutions, pouvant varier plusieurs fois au cours de la culture.

Cette méthode s'applique surtout aux cultures sur sol, en serre ou en plein champ,

conduites en irrigation localisée. Pour les légumes feuilles, la fertilisation fractionnée en cours

de culture peut aussi être apportée par aspersion.

La méthode Coïc-Lesaint (INRA), basée sur la mise à la disposition des plantes d'une

solution équilibrée ioniquement et calculée à partir de la composition des végétaux.

Deux solutions ont été mises au point, l'une pour les plantes acidophiles, l’autre pour

les plantes neutrophiles; c’est cette deuxième qui est employée en culture maraîchère. Elle

s'applique aux cultures hors sol ou aux sols considérés comme un simple substrat, sans apport

préalable d'engrais.

Solutions calculées à partir des besoins estimés de la culture

Il est conseillé d'apporter une partie des éléments en fumure de fond. L'irrigation

fertilisante permet d'apporter la fumure d'entretien, qui peut se limiter simplement à des

apports d'azote et de potasse ou inclure également le phosphore, et plus rarement, la magnésie

et le calcium.

1. Intérêt de cette fertilisation

* Aspect technique

L'irrigation fertilisante permet une adéquation des apports à la demande. Elle se révèle

d'autant plus intéressante qu'il s'agit de cultures exigeantes pour lesquelles on réalise déjà en

fertilisation au sol des apports très fractionnés : c'est le cas des cultures légumières (tomates,

concombres, aubergines, poivrons).

L'irrigation fertilisante permet dans tous les cas une meilleure efficience des engrais très

mobiles comme l'azote.

L'irrigation fertilisante est union solution technique et économique à certains cas

particuliers (apport de chélate de fer par exemple).

* Aspect économique

L’irrigation fertilisante est généralement plus coûteuse que la fertilisation classique en

raison.

- des investissements en matériel d'injection

- d'un coût de fonctionnement plus élevé car les engrais solubles sont chers et leur

mise en oeuvre réclame une technicité supérieure.

Page 2: FERTIGATION

2

Cependant, on peut en attendre une certaine économie de main d’oeuvre et un atout

supplémentaire de rendement et de qualité.

2. Choix d'une solution fertilisante

* Estimation globale des besoins d'une culture

Ces besoins en éléments nutritifs sont connus à partir des analyses d'exportation (Cf.

fiches par espèce). Les conditions de culture et les conditions climatiques peuvent faire varier

ces besoins globaux (lessivage, rétrogradation, ... ).

Ces besoins sont très variables d'une espèce à l'autre, en rapport avec la durée de la

culture et le niveau de rendement de chacune de ces espèces.

* Stades de la plante

Les besoins en azote sont forts en période de croissance, ceux eh phosphore le sont en période

d'initiation florale et de floraison, quant à la potasse, les besoins se situent généralement en

période de fructification.

* influence de la saison et du milieu

Le rapport potasse/azote peut être modifié en fonction de la saison.

En été : K20/N = 1 à 1,2

En hiver : K20/N = 2 à 3

La forme d'azote a aussi son importance. En début de culture et en été, on préférera

des formes riches en azote ammoniacal car la nitrification permettra à la plante de disposer de

tout l'azote apporté. Par contre, en fin de culture et en hiver, quand la nitrification est lente,

l'apport d'azote par l'irrigation devra se faire sous forme nitrique. Néanmoins, la présence des

deux formes, nitrique et ammoniacale, est toujours souhaitable.

3. Nature des éléments fertilisants

L'azote, la potasse et la magnésie sont les éléments les plus utilisés en irrigation fertilisante

car :

les plus solubles (en particulier l'azote)

les plus mobiles dans le sol.

En sol acide, à faible taux de calcaire, le calcium devra être apporté par l'irrigation

fertilisante s'il n'a pas être apporté suffisamment tôt sous forme d'amendement.

En pratique, on apporte l'azote et la potasse en culture légumière et éventuellement la

magnésie (tomate).

L'apport des phosphates exige certaines précautions. Quand on apporte cet élément,

l'acidité de la solution fille doit être suffisante pour éviter un précipité (le pH doit être

inférieur à 6,4).

Si l'eau est calcaire, il est nécessaire d'acidifier :

- en utilisant du phosphate monoammonique (ou un engrais en contenant), qui a pour effet

d'acidifier la solution. C'est la méthode la plus pratique, mais l’acidification peut être

insuffisante.

- en utilisant un acide (nitrique le plus souvent).

Page 3: FERTIGATION

3

L'apport des phosphates exige des précautions et un coût supplémentaire. Il ne se

justifie que pour les cultures à haute valeur ajoutée ou partielle du phosphore est prévisible

(phosphates de calcium peu solubles).

4. Méthodes d'apport

Il existe deux méthodes :

- Apport continu

Toute eau d'irrigation fertilisée devient ainsi une solution nutritive.

Cette solution est obligatoirement fabriquée par un injecteur proportionnel au débit,

garantissant la constance de la concentration en éléments fertilisants (en pratique 0,5 à 2 g/l)

- Apport fractionné

L’eau d’irrigation est fertilisante lors de certains apports selon une fréquence

déterminée par exemple une fois par semaine. L'apport est réalisé grâce à une pompe doseuse

indépendante du débit.

La fertilisation en continu procure une sécurité d'apport et une facilité accrue

d'automatisation. En revanche, le coût d'investissement est plus élevé. D'autre part, en période

de pluie durable, l’irrigation étant arrêtée, la fertilisation l’est également.

Irrigation fertilisante par aspersion

Cette technique limite les risques de brûlure sur les feuilles dues à l'apport d'engrais

solide en cours de culture. Cette technique est surtout intéressante pour le fractionnement de

la fumure azotée. Cependant, dans des sols très légers, pour des cultures à cycle long (poireau

de printemps) , ou des cultures particulièrement exigeantes en un élément (potasse pour la

carotte) , 1’apport d’une fertilisation plus complète peut se révéler intéressant.

Pour éviter les brûlures sur végétation, la concentration en engrais de l'eau d'irrigation

ne devra pas dépasser :

- 2,5 pour mille pour les engrais azotés

- 5 pour mille pour les autres engrais.

En effet, la salinité des solutions (donc le risque de brûlure) est différente selon la

nature de l'engrais utilisé.

Dans tous les cas, le rinçage à l'eau claire de la végétation pendant 20 minutes après

l'injection d'engrais représente la meilleure garantie contre les brûlures sur la végétation.

La localisation idéale consiste à placer les engrais dans la zone d'enracinement. Cela

signifie que, pour les jeunes plantules au les espèces à enracinement superficiel, l'injection de

l'engrais se fera au cours de la 2ème

moitié de l'irrigation. Inversement, pour des plantes

développées ou à enracinement en profondeur, l'injection d'engrais se situera dans la 1ère

moitié de l'irrigation.

5. Confection de la solution

Principes

On peut soit faire directement la solution nutritive, soit préparer une solution mère qui

sera diluée dans le circuit d'arrosage.

Page 4: FERTIGATION

4

Le plus généralement, on fabrique une solution mère dont la concentration totale en

sels peut être voisine de 10 kg pour 100 litres (avec des engrais très solubles on peut atteindre

20%).

La concentration sera variable en fonction de la solution finale souhaitée, des sels, du

matériel du système d'irrigation et de distribution utilisés

La solution mère comporte un ou plusieurs engrais; dans ce dernier cas, il faut tenir

compte de leur solubilité (Cf. tableau 10) et de leur compatibilité (Cf. tableau 11).

Fabrication de la solution

La fabrication proprement dite doit être réalisée de la manière suivante; mettre dans un

bac

- de l'eau tempérée (20 à 25°C)

- ajouter de l'acide nitrique, s'il y a lieu pour acidifier,

- ajouter le ou les engrais par petites quantités en brassant.

La quantité d'acide nitrique à utiliser dépend :

- d'une part, de la composition de l'eau et notamment de la teneur en bicarbonate.

Seule l'analyse de l'eau en laboratoire peut déterminer la quantité nécessaire qui peut d'ailleurs

être variable en cours de saison si la composition de l'eau est variable.

- d'autre part, de la quantité de phosphate d'ammoniaque utilisée (Cf. méthode Coïc-

Lesaint p. 106). Il faut 606 ml d'acide nitrique à 38,1, pour compenser l'effet alcalinisant de 1

kg de phosphate di-ammonique (20,5/53).

Solutions "Coïc-Lesaint"

1. Caractéristiques des solutions Coïc-Lesaint

Ce sont des solutions équilibrées ioniquement et c'est le nombre de milliéquivalents

(mé) d'azote qui les définit. On trouve des solutions à 10, 12, 14,4 ou 18 mé/1 d'azote. A

chaque norme correspond un équilibre N, P2O5, K2O. En culture légumière, la norme la plus

utilisée est 14,4 mé/1 d'azote.

Le pH tient compte des exigences des plantes. En culture légumière, c'est la solution à

pH 5,8 dite solution neutrophile, qui est utilisée.

La fabrication de la solution tient compte aussi de la composition de l'eau d'irrigation;

c'est à dire

- de sa teneur en éléments,

- de sa teneur en bicarbonates, qui doivent être décomposes par un acide, car ils sont

toxiques pour les plantes.

2. Teneur en macroéléments

Cette teneur varie selon le nombre de milliéquivalents d'azote contenus dans la

solution.

Le tableau 1 donne la composition en éléments ou en radicaux (exprimée en mé/litre)

des solutions à 10 ; 12 ; 14,4 et 18 mé/litre d'azote.

Page 5: FERTIGATION

5

Tableau 1 : Solutions nutritives de type "Coïc-Lesaint" pour plantes neutrophiles (en mé/1)

N total 10 12 12 (1) 14,4 18

NO3- 9 10 10,9 12,2 15,8

H2PO4- 1 1,1 1,1 1,1 1,5

HPO4-- - Ou 2,2 - Ou 2,2 Ou 3

SO4-- 1,5 1,5 1,5 1,5 2

Cl-

0,2 0,2 0,2 0,2 0,2

NH4+ 1 2 1,1 2,2 2,2

K+ 4 4,5 5,2 5,2 6,8

Na+ 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2

Ca++

4,5 5,2 6,2 6,2 7,8

Mg++

1,5 1,5 2

(1,5 à 3)

2

(1,5 à 3)

2,5

(2 à 3)

Oligoéléments Mêmes quantités pour toutes les solutions

K+

-----------------

Ca++

+ Mg++

0,67

0,67

0,63

0,66

(1) Type 14,4 appauvri en azote

Le tableau 2 donne la quantité, en mg/1, des éléments ou de leur oxyde, pour une solution à

14,4 mé/litre d'azote.

Tableau 2 : Exemple de solution nutritive "Coïc-Lesaint" à 14,4 mé/1 d'azote, pour plantes

neutrophiles

Ions Milliéquivalent par

litre (mé/l)

Eléments Quantités d’éléments ou de

son oxyde mg/l

- Macro-éléments

NO3- 12,2 N 170 ,8 )

} 201,6

NH4+ 2,2 N 30,8 )

HPO4-- 2,2 P 34,1 (P2O5 78,1)

K+ 5,2 K 202,8 (K2O 144,4)

Ca++

6,2 Ca 124 (CaO 173,6)

Mg++

1,5 à 3 Mg 18 à 36 (MgO 30 à 60)

SO4-- 1,5 S

- Rapport entre les quantités exprimées en mg/l d’éléments fertilisants

Equilibre N.P2O5. K2O : 1.0,4.1,2

K2O K2O

--------- = 1,2 ------------------- = 1 à 1,2

N CaO + MgO

Page 6: FERTIGATION

6

3- Teneur en oligoéléments

Elle est constante pour les différentes solutions à 10 ; 12 ; 14,4 ou 18. On utilise pour

10 m3 de solution nutritive les quantités suivantes :

- molybdate d'ammonium : 0,5 g

- acide borique : 15 g

- sulfate de manganèse : 20 à 50 g

- sulfate de zinc : 10 g

- sulfate de cuivre : 2,5 g

Pour le fer, 6 chélates sont utilisés actuellement :

- EDDHA : utilisable de pH 3,0 à pH 9,0. Ce produit étant modifié par les ultraviolets, il

doit être conservé à l'abri de la lumière. A pH inférieur à 3,0, la couleur de la

solution passe du rouge brique au jaune :

- EDDHMA : même pH que EDDHA;

- HEDTA : utilisable de pH 3,0 à pH 7,8;

- DTPA : utilisable de pH 3,0 à pH 7,0;

- EDTA : utilisable de pH 3,0 à pH 6,5;

- TMHBED : mêmes utilisations que EDDHA.

Ces chélates sont vendus sous différentes formes commerciales (tableau 3).

Tableau 3 : Les chélates de Fer

Forme de chélate Nom commercial Teneur en métal voisine de

EDDHA Plantin fer 600

Sequestrêne 138

Fe Masquolate fer 6

Ferlate 170 (17% de chélate de fer)

Rexène 244 Fe

Plantin fer 180 L

6 %

5,9 %

6 %

7 %

1,8 %

EDDHMA Verofer express

Ferlate 500

6,5 %

6 %

HEDTA Algo fer HEDTA 2 %

DTPA Masquolate DTPA Fe liquide

Nutralite "DTPA" fer liquide

Sequestrène 330 Fe

2 %

2,2 %

9 %

EDTA Chelonia liquide

Hormofer EDTA liquide

Masqualate EDTA liquide

Fetrilon 13

Ferro 8 liquide

1,8 %

2,2 %

2,3 %

13 %

8 %

TMHBED HAMPIRON 896 6 %

Dose d'emploi : la teneur en fer de la solution nutritive doit se situer entre 0,6 et 2

mg/1, soit 6 à 20 g/10 m3

En cas de symptôme de chlorose ferrique, vérifier le pH de la solution mère contenant

le chélate de fer :

- si le pH est inférieur à 3,0 il faut refaire la solution;

Page 7: FERTIGATION

7

- si le pH est correct, en fonction de l'échelle d'utilisation du chélate concerné, on

augmente la dose jusqu'à la doubler.

- Certains engrais liquides du commerce contiennent un chélate de fer stable à

pH=1,0.

On trouve des solutions d'oligoéléments dans le commerce. Ces solutions sont de deux

types :

- des solutions contenant tous les oligoéléments, c'est le cas de : Kanieltra (le fer est

sous forme de EDTA), Microcomplexe liquide Algochimie (fer sous forme de

EDTA);

- des solutions contenant tous les oligoéléments sauf le fer, c'est le cas de :

* Oligonia;

* Plantiol;

* Oligo-éléments poudre Algochimie.

4. Démarche à suivre pour la fabrication des solutions "Coïc-Lesaint"

La fabrication de la solution se fait à partir des résultats de l'analyse de l'eau et elle

consiste à réajuster aux normes choisies à partir de deux opérations.

Apport d'acide

L'apport d'acide a pour objectif :

- premièrement, de décomposer les bicarbonates contenus dans l'eau; par exemples l'acide

nitrique transforme le bicarbonate de calcium Ca (HCO3)2 en nitrate de calcium Ca (NO3)2;

- deuxièmement, de compenser l'effet alcalinisant du phosphate di-ammonique.

On peut aussi utiliser :

- de l'acide sulfurique (Cf. tableau 4) pour décomposer les bicarbonates,

- de l'acide phosphorique ou sulfurique (Cf. tableau 4) pour compenser l'effet alcalinisant du

phosphate di-ammonique.

Dans la méthode Coïc-Lesaint, c’est 1’acide nitrique qui est préconisé (Cf. tableau 8)

pour décomposer les bicarbonates et pour compenser 1’effet alcalinisant du phosphate di-

ammonique.

Tableau 4 : Acide orthophosphorique et sulfurique

- Acide orthophosphorique H2PO4

Densité H2PO4 en %

1,58

1,70

(n'est pas utilisé dans la pratique)

75

85

- Acide sulfurique H2SO4

Densité H2SO4 en %

1,83 84

Page 8: FERTIGATION

8

Apport des éléments manquants ou insuffisants

On distingue l'apport des oligoéléments dont la quantité est généralement

indépendante de la composition de l'eau et les autres éléments, dont l'apport varie avec la

teneur de l'eau.

Les eaux de récupération de toiture de serre sont cependant riches en zinc et certaines

eaux sont riches naturellement par exemple en bore.

Le laboratoire qui fait l'analyse de l'eau donne en principe les quantités d'acide nitrique

et de macroéléments nécessaires à la confection de la solution. Cependant, nous avons cru bon

de donner les mécanismes de ces calculs à titre d'information. On peut néanmoins se reporter

directement au paragraphe "confection des solutions".

5. Base de calcul des solutions "Coïc-Lesaint"

L'une des difficultés du calcul des solutions Coïc-Lesaint vient du fait qu'elles sont

exprimées en milliéquivalents par litre (mé/1) et qu’il faut passer de l'équivalent gramme ou

de l'équivalent milligramme, unités utilisées par lez chimistes et les physiologistes, aux

grammes et milligrammes, unités utilisées par les producteurs, les techniciens et les

commerçants.

Ce qui suit a pour objectif de fournir les données nécessaires pour passer d'une unité à

l'autre, afin de calculer une solution nutritive, de la faire varier et de la fabriquer.

Définitions de quelques termes

- Masse atomique ou masse molaire : c'est la masse de 6,02 1023

atomes ou molécules. On

l'exprime en grammes.

- Equivalent gramme (é) : c'est le quotient de la masse atomique ou de la masse molaire d'un

élément ou d'un radical par sa valence.

Le milliéquivalent (mé) est la millième partie de l'équivalent gramme.

- Valence : c'est le nombre d'élections qu'un atome ou un radical est capable de perdre ou de

gagner lorsqu'il est associé à un autre atome ou radical pour former un composé chimique

donné. Elle est symbolisée par les signes - ou + ; le nombre de signes qui suit le radical

indique la valence.

Exemples : N03- et K

+ sont monovalents; ; S04

-- et Ca

++ sont bivalents.

Dans le cas des solutions fertilisantes, le phosphore est rarement utilisé sous forme PO4---

trivalent, mais sous la forme H2PO4- monovalent et HPO4

-- bivalent.

Correspondance entre les équivalents grammes et les éléments fertilisants

Dans les solutions nutritives, on exprime la concentration en éléments :

- soit en équivalents grammes par m3 de solution (é/m

3) ou en milliéquivalents par

litre (mé/1);

- soit en grammes par m3 (g/m

3) ou en milligrammes par litre (mg/l).

Page 9: FERTIGATION

9

Les tableaux 5 et 6 présentent les correspondances entre les valeurs en poids et en

équivalent gramme pour les principaux éléments utilisés en irrigation fertilisante.

Tableau 5 : Exemples de correspondances entre les milliéquivalents et les éléments fertilisants

Milliéquivalents Correspondance

en milligrammes

Correspondance

en éléments fertilisants

1 mé- NH4+

1 mé NO3-

1 mé H.2PO4-

1 mé HPO4--

1 mé SO4--

1 mé K+

1 mé Ca++

1 mé Mg++

18 mg NH4+

62 mg NO3-

97 mg H2PO4-

48 mg HPO4--

48 mg SO4--

39 mg K++

20 mg Ca++

12 mg Mg++

14 mg N

14 mg N

71 mg P2O5

35,5 mg P2O5

16 mg S

47 mg K2O

28 mg CaO

20 mg MgO

Tableau 6 : Quantités d'engrais nécessaires, en grammes au milligrammes pour apporter un

équivalent (à) ou un milliéquivalent (mé) d'un élément Nom du produit Formule chimique Masse

Molair

e

Poids de produit

(en gramme ou en milligramme pour apporter un équivalent (é) ou un milliéquivalent

(mé) d’un élément

NO3+ HPO4

-- H2PO4- SO4

- NH4+ K+ Ca++ Mg++

Nitrate d'ammonium

Acide nitrique par

Nitrate de potassium

Nitrate de calcium anhydre

Nitrate de chaux engrais courant

Nitrate de calcium cristallisé

Nitrate de magnésium

Acide phosphorique pur

Phosphate mono ammonique

Phosphate diammonique

Phosphate monopotassique

Bicarbonate de potassium

Sulfate de potassium

Sulfate d'ammonium

Sulfate de magnésium

Sulfate de magnésium anhydre

NH4NO3

HNO3

KNO3

Ca(NO3)

Ca(NO3)2-4H2O

Mg(NO3)2-6H2O

H3P04

NH4H2PO4

(NH4)2HPO4

KH2PO4

KHCO3

K2SO4

(NH4)2SO4

MgSO4-7H2O

Mg S04

80

63

101

164

(1)

236

256

98

115

132

136

100

174

132

246

120

80

63

101

82

98

118

128

66

98

115

136

87

66

123

60

80

115

66

66

101

136

100

87

82

98

118

128

123

60

(1) La masse molaire ne peut pas être donnée avec précision car le produit commercial contient quelques autres sels.

Dosage des principaux engrais solubles

Le tableau 7 présente pour les principaux engrais solubles le dosage en éléments (azote

nitrique et ammoniacal, éléments simples et oxydes).

Tableau 7 : Principaux engrais solubles - Dosages en pourcentage du poids

Page 10: FERTIGATION

10

N nitr

N Ammo.

P P2O5

K K2O

Mg MgO Ca CaO S SO4

Nitrate d'ammonium 34,5%

Ammonitrate 33 %

Sulfate d'ammoniaque 21 %

Nitrate de calcium

anhydre Nitrate de chaux engrais

courant

Nitrate de chaux cristallisé

Nitrate de magnésie

Nitrate de Potasse Phosphate

monoammonique

Phosphate dianunonique Phosphate

monapotassique

Bicarbonate de potasse Sulfate de potasse

Sulfate de Magnésie

16%

17,25 16,5

-

17,1 14,5

11,8 10,9

13

17,25 16,5

21

- 1

12 20,5

26,2 23

22

60 53

51

38

28

38 41

46

34

46 50

9,5

9,8

15,7

16

23,8 21,8*

16

33,6 30,8*

23

24

17

12

72

51

36

* Teneur très légèrement variable en plus ou en moins

5. Calcul de la composition d'une solution à 14,4 mé/1 d'azote à partir d'un cas concret

Soit une eau de forage de la Crau (Bouches-du-Rhône) ; cette eau a les caractéristiques

suivantes, données par le laboratoire :

pH 7,0

K+ 0,1 mé/1 d'eau

Na+ 0,75 „ „

Ca++

6,8 „ „

Mg++

0,5 „ „

S04--

2,6 „ „

N03- 1,45 „ „

Le laboratoire donne également la quantité d'acide nitrique exprimée en mé, pour

ramener le pH de 1'eau à la norme de la méthode Coïc-Lesaint, soit pH 5,8. Dans ce cas

particulier, il faut 3 mé d'acide nitrique par litre d'eau, ou 3 équivalents/m3.

Nous avons donc déjà dit que cet apport a pour but de décomposer le bicarbonate de

calcium contenu dans l'eau, dont la présence est nocive pour les plantes.

Rectification du pH

* Rectification du pH de l'eau

Elle se fait avec de l’acide nitrique du commerce. Plusieurs concentrations sont proposées (Cf.

tableau 8).

Tableau 8. Acide nitrique (HNO3)

Baumé Densité

à 20°C

HNO3

en % du poids

Volume correspondant à

l'équivalent (en ml)

Facteur de multiplication

(facteurs X)

22,1 1,18 30 178 2

Page 11: FERTIGATION

11

36

38

38,1

38,5

39,3

40

40,7

41,5

42, 2

1,33

1,355

1,356

1,361

1,372

1,38

1,39

1,40

1,41

53,5

57,9

58

59

61

62,5

65

67

69

89

80,4

80

78,5

75

73

70

67

64,6

1

0,905

0,90

0,885

0,85

0,82

0,79

0,755

0,73

N.B. : Si le laboratoire indique la quantité d'acide nitrique nécessaire en acide nitrique de densité 1,33 et que l'on

dispose d'acide nitrique 1,40, la colonne "facteur X" permet de calculer le volume correspondant, pour une

densité de 1,40, en multipliant la quantité conseillée en densité 1,33 par 0,755.

Dans notre cas, pour apporter 3 équivalents/m3 d'eau d'arrosage, avec par exemple, de

l'acide nitrique à 38,1° Baumé, le tableau 8 nous indique la densité, la concentration et le

volume correspondant à un équivalent, on fait le calcul suivant :

80 ml (ou cc) x 3 = 240 ml (ou cc) ou 0,24 l.

Rectification de l'effet alcalinisant des apports de phosphate diammonique dans les

solutions nutritives

Dans la méthode Coïc-Lesaint, il est utilisé une norme constante : 1mé d'acide nitrique

est apporté pour 2,2 mé de phosphate diammonique (NH4)2 HPO4.

Si, par exemple, on utilise de l'acide nitrique à 38,1° Baumé, il faudra, pour 1m3 d’eau,

auquel on aura ajouté 2,2 équivalents de phosphate diammonique : 80 x 1 = 80 ml d'acide

nitrique.

Lorsqu'on utilise du phosphate monopotassique ou monoammonique, on ne prévoit

pas d'apport d'acide pour compenser l'effet alcalinisant des phosphates.

Quantité totale d'acide nitrique à apporter

Cette quantité est la somme de celles nécessaires pour décomposer les bicarbonates et

pour compenser l'effet alcalinisant du phosphate diammonique, soit, dans notre exemple:

240 ml + 80 ml = 320 ml/m3 de solution nutritive.

Calcul des quantités d'éléments à apporter

C'est la différence entre les éléments contenus dans l'eau, mesurés par analyse et ceux

définis par la Norme des solutions "Coïc-Lesaint".

Tableau 9 : Quantités d'éléments à apporter (pour le cas étudié)

Norme en mé/1 Analyse eau en mé/1 A ajouter en mé/1

N nitrique (NO3) 12,2 1,45 10,75

N ammoniacal (NH4) 2,2 0,00 2,20

K 5,2 0,10 5,10

Ca 6,2 6,80 0,00

Mg 1,5 0,50 1,00

Na 0,2 0,75 0,00

HPO4 2,2 0,00 2,20

SO4 1,5 2,60 0,00

Page 12: FERTIGATION

12

Dans la pratique, il est souvent difficile d'obtenir une solution répondant strictement

aux normes. Il convient cependant de respecter rigoureusement :

1. La rectification du pH de l'eau et la compensation, dans le cas de son emploi, de l’action

alcalinisante du phosphate diammonique.

2. Les équilibres NO3- et NH4

+; par exemple NO3

- = 12,2 mé/1 et NH4

+ = 2,2 mé/1 dans le

cas d'une solution à 14,4 mé/1 d'azote.

3. La teneur en phosphore indiquée par la norme en tenant compte de la nature des ions, soit

par exemple 3,3 mé/1 de PO4---

ou 2,2 mé/1 de HPO4--

ou 1,1 mé/1 de H2PO4-

Ces points étant respectés, on admet pour Ca++

, K+, Mg

++ une fluctuation autour de la norme.

Mme Lesaint (INRA Versailles) recommande comme norme l'équilibre en mé :

Ca++

+ K+ + Mg

++

47,6% + 39,6% + 12,8% = 100%

Mme Blanc (INRA d'Antibes) précise, pour la tomate, que le rapport :

K+

---------------- exprimé en mé doit être compris entre 0,5 et 1.

Ca++

+ Mg++

Au-delà de 1, on risque la nécrose apicale des fruits, en dessous de 0,5 on risque des défauts

de coloration.

Transformation de ces quantités en engrais

. Azote nitrique

Il est apporté sous forme d'acide nitrique et d'ions NO3 des nitrates (exemple : nitrate de

potasse).

Dans l'exemple, pour 1 litre de solution nutritive :

• l'eau contient 1,45 mé

• la rectification du pH apporte 3,00 mé

• la compensation phosphate apporte 1,00 mé

-----------

5,45 mé d'NO3

Il reste donc à apporter 6,75 mé d'azote nitrique. La quantité de calcium contenue dans

l'eau étant supérieure à la norme, il est exclu d'apporter de l'azote sous forme de nitrate de

chaux; les nitrates possibles sont : le nitrate de potasse et le nitrate de magnésie.

Le tableau 9 indique qu'il faut ajouter 1 mé de magnésium, qui sera apporté sous forme

de nitrate de magnésie, soit, d'après le tableau 6, 128 mg de nitrate de magnésie du commerce.

Page 13: FERTIGATION

13

Il reste donc à ajouter à la solution, sous forme de nitrate de potasse :

6,75 mé - (ce qui vient d'être apporté) = 5,75 mé,

correspondant à 5,75 x 14 = 80,5 mg d'azote,

soit 619 mg de nitrate de potasse.

Ainsi, on apportera la totalité de l'azote nitrique, la totalité du magnésium et 5,75 mé

de potassium, soit un peu plus que la norme, qui est de 5,2.

. Azote ammoniacal

Il est apporté sous forme de phosphate d'ammoniaque.

Dans l'exemple, l'eau ne contient pas d'azote ammoniacal, il faut donc apporter 2,2 mé.

D'après le tableau 6, 2,2 mé d'azote sont apportés par 66 x 2,2 = 145,2 mg de phosphate

diammonique; soit, 150 mg d'engrais du commerce 20,5-53 contenant les 2,2 x 14 = 30,8 mg

d'azote désirés.

Récapitulatif

Outre les oligoéléments indiqués p. 6, il faut apporter, par m3

de l'eau étudiée :

- 320 ml d'acide nitrique à 38,1° Baumé,

- 128 g de nitrate de magnésie,

- 619 g de nitrate de potasse,

- 150 g de phosphate diammonique 20,5-53.

Observations

Dans cet exemple, l'analyse indique une quantité de 2,60 mé de SO4, soit plus que la

norme. Dans le cas où la quantité de sulfate est nulle ou inférieure à la norme, on l'apportera

sous forme de sulfate de magnésie ou de sulfate de potasse.

6. Confection des solutions "Coïc-Lesaint"

Deux cas sont à envisager :

1. Fabrication de la solution nutritive prête à l'emploi.

2. Fabrication de la solution concentrée, dite solution mère.

Attention! Ne jamais verser d'eau ou d'engrais dans de l'acide nitrique concentré, mais verser

d'abord l'acide dans l'eau.

Fabrication de la solution nutritive prête à l'emploi

Après avoir fait les calculs nécessaires, par exemple pour 10 m3 de solution, on opère comme

suit :

Page 14: FERTIGATION

14

1. On remplit à moitié la cuve, ou le bac, d'eau

2. On ajoute la quantité d'acide nitrique nécessaire

3. Avant de les verser dans le bac, on dissout séparément les engrais dans de l'eau à

environ 25°C, en tenant compte de leur solubilité (Cf. tableau 10); il en est de

même pour les oligoéléments, lorsqu'ils sont apportés sous forme de produits

pulvérulents ou cristallisés.

4. On verse engrais et oligoéléments (prêts à l'emploi) dans la cuve ou le bac.

5. on complète avec de l'eau.

Principes de fabrication des solutions mères

Trois principes président à l'élaboration des solutions:

* La solubilité : on choisit des engrais les plus solubles possibles (tableau 10).

Tableau 10.: Solubilité de divers engrais dans 100 litres d'eau

Engrais En Kg de produit En unités fertilisantes à 20 °C

à 0° à 20°C N P2O5 K2O MgO

Ammonitrate (haut dosage)

Bicarbonate de potasse

Chlorure de potassium

Nitrate de chaux

Nitrate de magnésie

Nitrate de potasse

Nitrate de soude

Phosphate monoammonique

Phosphate diammonique

Phosphate monopotassique

Sulfate d'ammoniaque

Sulfate de magnésie 16%

Sulfate de potasse

Urée

118,3

27,6

102

13,3

73

23

43

14

70,6

60

7,4

66,7

192

33

34

122

279

131,6

88

37

66,1

23

75

71

11,1

103,3

64, 4

18,3

30,4

4

14,1

4,4

11,8

14,6

46,4

22,2

31,7

11,9

15 20,4

13, 6

7,8

5,3

43,8

11,4

. La compatibilité (Cf. tableau 11)

Il n'est pas possible de mélanger dans une faible quantité d'eau des phosphates et

certains sulfates avec des engrais contenant du calcium, ou en milieu alcalin des engrais

contenant du magnésium.

Tableau 11. : Engrais pouvant être ou non mélangés en solution mère

Page 15: FERTIGATION

15

Sulfate

d’ammoniaque

Nitrate

de chaux

Nitrate de

soude

Nitrate de

potasse

Sulfate de

potasse

Sulfate de

magnésium

Sulfate

Nitrate de chaux

Nitrate de potasse

Sulfate de potasse

Sulfate de magnésium

Phosphate d'ammoniaque

-

Non

Oui

Oui

Oui

Non

Non

-

Oui

Non

Non

Non

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

-

Oui

Oui

Oui

Oui

Non

Oui

-

Oui

Oui

Oui

Non

Oui

Oui

-

Oui (1)

(1) Attention ! Ces engrais ne sont mélangeables ni à sec ni en milieu alcalin

La teneur en calcium et en magnésium de l'eau

Il n'est pas non plus possible de dissoudre une grande quantité de phosphates ou de

sulfates dans une eau très riche en calcium ou en magnésium, sans l'avoir préalablement

acidifiée.

Choix des produits.

On recherche des engrais à taux de pureté le plus élevé possible, mais surtout faciles à

dissoudre (engrais cristallisés).

- Pour les phosphates, on utilise de préférence :

Le phosphate monoammonique (12-60).

Le phosphate monopotassique (51,6-34,2),

Le phosphate diammonique (20,5-5,3).

- Pour l’ammonitrate de préférence des fabrications françaises plus pures (nitrate

d'ammoniaque 34,5%).

- Pour le nitrate de potasse : Le 13-46 cristallisé.

- Pour le sulfate de magnésie : Le 16% ou 33% (sulfate de magnésie anhydre)

- Pour l'acide nitrique (tableau 8).

- Pour l'acide phosphorique (tableau 4).

Confection de la solution mère

Pour obtenir 10 m3 de solution nutritive, on prépare deux bacs de 50 litres de solutions mères,

contenant la quantité d'éléments donnée par le calcul et on opère comme suit :

- Dans le bac n°1, on met obligatoirement dans cet ordre:

de l'eau (environ 20 litres),

de l'acide nitrique, pour compenser l'effet alcalinisant du phosphate

diammonique et corriger le pH de l'eau de la solution nutritive,

le phosphate, sous une ou plusieurs formes, préalablement dissous dans 10

litres d'eau à environ 25°C.

Ce bac contient tout ou partie de l'azote, du potassium, du magnésium, qui

peuvent être apportés sous forme sulfate, nitrate, phosphate, ammonitrate,

préalablement dissous dans de l'eau à 25°C.

LE CALCIUM NE DOIT JAMAIS ETRE APPORTE DANS CE BAC,

enfin, on y met tous les oligoéléments, sauf les chélates de fer,

on ajoute, l'eau nécessaire pour arriver à 50 litres et on agite pour

homogénéiser.

Le pH de cette solution mère est inférieur à 2,0.

Page 16: FERTIGATION

16

- Dans le bac n°2 : On met obligatoirement dans cet ordre :

* de l'eau (environ 20 litres),

* de l'acide nitrique, pour corriger le pH de l'eau de la solution mère,

* le calcium, sous forme de nitrate de chaux ou nitrate de chaux et de

magnésie, préalablement dissous dans 10 à 15 litres d'eau à environ 250c,

* le chélate de fer, éventuellement préalablement dissous,

* ce bac peut facultativement contenir tout ou une partie du potassium, sous

forme obligatoire de nitrate de potasse préalablement dissous, tout ou une

partie du magnésium, sous forme obligatoire de nitrate de magnésie

préalablement dissous, une partie de l'azote sous forme de nitrate ou

d'ammonitrate préalablement dissous,

* on ajoute l'eau nécessaire pour arriver à 50 litres et on agite pour

homogénéiser.

Le pH de cette solution mère est compris entre 4,0 et 6,0.

Ces solutions mères sont injectées à 5‰ (1/200) dans l'eau d'arrosage, qui devient

alors la solution nutritive (solution fille) dont le pH est alors voisin de 5,8.

- Application à l'exemple que nous avons calculé:

On mettra, dans un bac de 50 litres, appelé bac 1, dans l'ordre suivant :

20 litres d’eau,

3,190 litres d'acide nitrique titrant 38,1° Baumé,

1,500 kg de phosphate diammonique préalablement dissous dans 10 litres

d'eau à 25°C.

la solution mère d'oligoéléments, sauf le fer,

on complète à 50 litres d'eau.

Dans le deuxième bac de 50 litres, on dissout dans 25 litres d'eau tiède:

- 10 ml d'acide nitrique,

- 6,190 kg de nitrate de potasse,

- 1,280 kg de nitrate de magnésie,

- et, par exemple, 300 ml de masquolate de fer liquide ou 100 g de séquestrène

138 Fe, préalablement dissous dans de l'eau à 25°C,

- on complète à 50 litres d'eau.

7. Adaptation à des cas particuliers

Les normes indiquées peuvent fluctuer en fonction de la qualité des eaux et des

exigences propres à certaines plantes.

Problèmes liés à la qualité des eaux

- Variation de la teneur en bicarbonates des eaux

1er

cas : Si l'on est approvisionné par une eau variant peu ou pas, ou à variation lente et

connue, en carbonates et bicarbonates, on utilise 2 bacs décrits au tableau 12.

2ème

cas : Si l'on est approvisionné par une eau variant rapidement ou fréquemment en

carbonates et bicarbonates, donc difficilement contrôlable, il faut 3 bacs (tableau 13).

Page 17: FERTIGATION

17

Tableau 12 : Eau d'une qualité régulière - 2 bacs

Bac n°1 – pH < 2,0 Bac n°2 – pH < 6,0

- Eau

- Acide nitrique

(compensation de l'effet alcalinisant des

phosphates et correction du pH de la

solution nutritive)

- Phosphates

- Nitrate de potasse, nitrate de magnésie

- Sulfates de magnésie, d'ammoniaque, de

potasse

- Oligoéléments (sauf chélates de fer)

Jamais de calcium

- Eau

- Acide nitrique (pour corriger le pH de l'eau

de la solution mère)

- Magnésium, sous forme de nitrate

- Calcium, sous forme de nitrate

- Nitrate de potasse

- Chélates de fer et éventuellement les autres

oligoéléments

Tableau 13 : Le pH de l'eau est variable - 3 bacs

Bac n°1

pH < 2,0 Bac n°2

6,0 < pH < 7,0 Bac n°3

pH < 2,0

. Eau

. Acide nitrique compensation

de l'effet alcalinisant des

phosphates)

. Phosphates

. Nitrates de potasse.

. Sulfates

. Oligo-éléments (1)

Jamais de calcium

. Eau

. Acide nitrique

(pour corriger l'eau de la

solution mère)

. Magnésium calcium

. Nitrate de potasse

. Chélates de fer et

éventuellement les autres

oligoéléments

. Eau

. Acide nitrique dilué

(rectification du pH de l'eau)

A asservir à un pH-mètre de

commande à partir du contrôle

de la solution fille

(1) Si le pH est inférieur à 3, on ne peut pas mettre dans ce bac de chélates de fer.

Dans la pratique, les équipements proposés par les constructeurs conduisent presque

toujours à utiliser un bac d'acide dilué indépendant des autres solutions mères et asservi à un

pH mètre.

. Eaux acides (pH < 5,5)

Dans le cas d'eaux acide, on injecte une solution de bicarbonate de potassium, dans un

bac n°3, asservie à un pH mètre de commande à partir du contrôle de la solution fille.

. Eaux trop riches en calcium

Page 18: FERTIGATION

18

Un dépassement important en calcium (200 mg/1 de Ca) oblige à dépasser la norme en

potassium et en magnésium pour respecter l'équilibre entre ces éléments. Dans le cas d'un

système ou on ne recycle pas la solution, c'est à dire d'un système à solution perdue, on ne

réajuste pas l'équilibre entre les éléments mais on augmente la quantité de solution drainée.

. Eaux ou la quantité d'ions Mg++

est très supérieure à la norme (> 4 mé/1)

Comme pour le dépassement en calcium, on est obligé de dépasser également la norme

en potassium et calcium pour respecter l'équilibre entre ces éléments ou, comme

précédemment, si on se trouve dans le cas d'un système à solution perdue, on ne réajuste pas

l'équilibre entre les l'éléments mais on augmente les quantités de drainage en arrosant en

excès.

. Eaux où la quantité d'ion SO--

est supérieure à la norme

On apporte le magnésium sous forme de nitrate.

. Eaux très riches en fer

Il s'agit de fer ferreux pouvant être dissous dans les eaux acides. Il peut former des

dépôts bruns dans les goutteurs, et les obstruer, et aussi des gels dans les filtres. On peut avoir

des dépôts à partir d'une concentration de 1 ppm de fer.

Pour l'éliminer, il faut oxyder le fer ferreux en fer ferrique qui précipite et que l'on

arrête par un filtre, à sable de préférence.

L'oxydation peut être faite par de l'oxygène mais ceci est coûteux. Il est préférable

d'oxyder le fer avec du permanganate de potasse. L'injection doit se faire à 0,6 ppm de

permanganate pour 1 ppm de fer en permanence et avant un filtre à sable. Le traitement d'une

eau ferrugineuse est donc assez contraignant.

Modification de la solution en cours de culture

Les modifications sont motivées par des variations d'absorption des plantes, dues aux

stades physiologiques ou au climat, qui s’expriment par des différences importantes entre la

conductivité de la solution nutritive et la conductivité des eaux de drainage ou de la solution

prélevée dans le substrat.

. Quand faut-il intervenir?

Lorsqu'on observe un écart continu, croissant ou décroissant, pendant deux ou trois

jours.

. Comment intervenir? On distingue deux cas :

- Cas d'un écart faible (inférieur ou égal à plus ou moins 0,5 mS).

On fait varier la quantité des solutions mères injectée, à condition, d'une part que le

matériel le permette, et d'autre part en veillant à ce que l'abaissement des teneurs en

oligoéléments, et en particulier le fer, n'induisent pas de carence.

- Cas d'un écart important ou de matériel ne permettant pas de faire varier la

concentration ou d'eau riche en certains éléments (calcium, nitrates, sulfates, …) on change

les solutions mères.

Utilisation d'engrais du commerce prêt à l'emploi

On trouve dans le commerce des engrais complexes, solides ou liquides, pouvant être

utilisés pour préparer des solutions du type Coïc-Lesaint, en faisant intervenir des corrections

liées à la composition de l'eau.

Page 19: FERTIGATION

19

Il est nécessaire de s'assurer que la solution nutritive aux goutteurs est conforme à ce

qui a été prévu; pour cela, on vérifie:

. Le pH : il doit être voisin de 5,8.

. La concentration : la concentration de la solution nutritive est la somme des

éléments contenus dans l'eau et les engrais qu'on y a apportés. Elle s'exprime en g au en mg de

sels par litre. On la calcule en utilisant l'équation suivante

Q = CE x 0,8 à 0,9

Q = quantité de sels en gramme par litre

CE = conductivité électrique en mS/cm

0,8 à 0,9 = coefficient variant selon les sels.

Les solutions utilisées ont généralement des conductivités' voisines de 1,5 à 2,5

mS/cm.

La vérification se fait selon deux méthodes :

- 1ère

méthode : Elle consiste à comparer la conductivité mesurée aux goutteurs à la

conductivité théorique de la solution. Les deux conductivités doivent être sensiblement égales,

sinon il y a une erreur.

La conductivité théorique est calculée à partir de la formule

Q

CE = -------------

0,8 à 0,9

Q, exprimé en gramme de sels par litre, est la somme de la quantité de sels contenus dans

l'eau donnée par l'analyse, plus celle fournie par les engrais, y compris l'acide nitrique.

La conductivité aux goutteurs est mesurée sur un échantillon.

- 2ème méthode : C'est en fait la plus fiable. On mesure là conductivité électrique de

l'eau qui sert à la fabrication des solutions, puis celle de la solution aux goutteurs et on

multiplie la différence des deux mesures par 0,8 à 0,9; ce qui donne la quantité théorique

d'engrais apportée y compris l'acide nitrique. On compare le résultat à la quantité d'engrais

apportée y compris l'acide nitrique.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Genèse Expansion n' 39 (13-12), 1987.

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Localisée, 1/4/80, Cabannes (Bouches-du-Rhône).

Thicoipe (J.P). Conduite de l’irrigation localisée fertilisante INVUFLEC, note de

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Zuang (H.), Musard (M.), Brochure cultures Légumières sur substrats, Ctifl, 1986.