fÉdÉration franÇaise d’aikido aikibudo et affinitaires · bokken-kenjutsu), est aujourd’hui...

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AÏKIDO AÏKIDO m a g a z i n e FÉDÉRATION FRANÇAISE D’AIKIDO AIKIBUDO ET AFFINITAIRES COMMISSION JEUNES Enseigner aux enfants ENTRETIEN Gérard Chavineau franck noel perspective et tentations FORME Exercices préparatoires christian tissier l’étude du ken

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Page 1: FÉDÉRATION FRANÇAISE D’AIKIDO AIKIBUDO ET AFFINITAIRES · Bokken-Kenjutsu), est aujourd’hui disponible. Des frappes de bases du Bokken aux 5 katas de base du Ken-jutsu de l'école

AÏKIDOAÏKIDOm a g a z i n e

F É D É R A T I O N F R A N Ç A I S E D ’ A I K I D O A I K I B U D O E T A F F I N I T A I R E S

COMMISSION JEUNES

Enseigner aux enfants

ENTRETIENGérard Chavineau

franck noelperspectiveet tentations

FORMEExercices préparatoires

christian tissierl’étude du ken

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MEDAILLE D’OR

Le Comité Olympique regroupe les sports qui participent à ses jeux.Mais, saviez-vous que les disciplines non olympiques, dont l’aïkido faitpartie, se retrouvent, elles, au sein du GAISF, organisateur d’uneréunion beaucoup moins connue : les Jeux Mondiaux ?

Notre Fédération, seule représentante de la France par son siège à laFédération Internationale (FIA) membre du GAISF, a toujours exprimé sa voca-tion universaliste, au sens de l’olympisme originel, en participant à ces jeuxpar une démonstration.Cette année, nous avions le plaisir d’être quasiment à la maison, dans la mèrepatrie de l’aïkido, puisque les jeux se déroulaient les 17 et 18 août derniersà Akita, situé au nord du Japon.Sous l’égide de l’Aïkikaï et du Doshu, la manifestation a été pour l’aïkido d’im-portance, et nous avions décidé de confier notre prestation à des membresde notre Fédération résidant au Japon.Au delà de l’expression d’une affectueuse fidélité à l’AïkikaÏ, dont au contrai-re des courtisans nous n’attendons rien, nous avions aussi la chance de pou-voir confier cette présentation à Gérard Sachs qui s’est vu reconnaître lemeilleur niveau en aïkido, mais surtout a su, tout au cours des trente-deuxans passés au Hombu, personnifier la gentillesse qui sied si bien aux véri-tables budokas.Une démonstration est toujours un message et celui-ci m’a paru des pluscomplets.

En sortant du tapis et comme pour apporter uneconclusion , Monsieur Somemiya, Secrétaire Général dela FIA, quitta la salle avec un grand éclat de rire endisant : « lorsqu’on lui parlait de médaille, O‘ Senseidisait : Donnez-en une en or à chaque pratiquant car cesont eux qui sont les gagnants ».

Je tenais à ramener à chacun d’entre vous cettemédaille. Rassurez-vous, elle n’est pas celle d’un seuljour. Son sens profond est qu’il ne faut pas cherchertoujours plus haut des distinctions, mais simplementfaire vivre celles que l’on a naturellement reçues encommençant.

Maxime DelhommePrésident de la FFAAA

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éDITO

AÏKIDO MAGAZINE- Novembre 2001 - est édité par FFAAA, 11, rue Jules Vallès 75011 Paris - Tél: 01 43 48 22 22 - Fax: 01 43 48 87 91.www.aikido.com.fr - Email: [email protected]

Directeur de la publication: Maxime Delhomme. Directeur administratif: Sylvette Douche.Photographe: Jean Paoli. Illustrateur: Claude Seyfried-stix. Toutes reproductions interdites sans autorisation préalable. Réalisation: Ciné Horizon

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infos stages

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CALENDRIER DES MANIFESTATIONSET DES STAGES NATIONAUX SAISON 2001/2002

ALSACE17 & 18 novembre 2001 STRASBOURG R. ARNULFOAQUITAINE13 janvier 2002 BORDEAUX-CESTAS C. TISSIERAUVERGNE24 février 2002 CLERMONT FERRAND C. TISSIERBOURGOGNE10 février 2002 DIJON C. TISSIERBRETAGNE24 mars 2002 RENNES C. TISSIERCENTRE18 novembre 2001 ORLÉANS C. TISSIERCHAMPAGNE27 janvier 2002 REIMS P. BENEZICORSE18 & 19 mai 2002 CORTE P. MULLERCOTE D’AZUR14 avril 2002 BOULOURIS C. TISSIERFRANCHE COMTE13 avril 2002 LONS LE SAUNIER C. TISSIERGUADELOUPE23 au 28 avril 2002 POINTE A PITRE C. TISSIERILE DE France2 décembre 2001 PARIS ] C. TISSIER 17 mars 2002 PARIS ] F. NOELLANGUEDOC ROUSSILLON19 & 20 janvier 2002 MONTPELLIER J.M. MERITLORRAINE10 mars 2002 METZ C. TISSIERMARTINIQUE26 au 30 novembre 2001 LAMENTIN C. TISSIERMIDI PYRENEES5 mai 2002 TOULOUSE C. TISSIERNORD1er & 2 décembre 2001 PONT A MARCQ J.M. MERITBASSE NORMANDIE17 & 18 novembre 2001 CAEN F. NOELHAUTE NORMANDIE20 janvier 2002 ROUEN F. NOELNOUVELLE CALEDONIE10 & 11 novembre 2001 NOUMEA M. ARISTINPAYS DE LOIRE2 & 3 février 2002 NANTES F. NOELPOITOU CHARENTES7 avril 2002 POITIERS C. TISSIERLA REUNION26 oct. au 4 nov. 2001 ST DENIS B. PALMIERRHONE ALPES6 janvier 2002 LYON C. TISSIER

STAGE PREPARATION AUX BREVETS D’ETAT 1° & 2° DEGRESPossibilité Montry ou autrelieu : 3 au 7 juillet 2002

STAGE ENSEIGNANTS &FUTURS ENSEIGNANTSDinard : 26 au 30 août 2002

STAGES ENSEIGNANTSENFANTS :-16 au 18 novembre 2001 à Boulouris (06)-8 au 10 mai 2002 à Parthenay (79)

PASSAGES DE GRADESNATIONAUX

3° DAN- 2 sessions : février & juin- 5 zones :-PARIS - BORDEAUX - LYON- MARSEILLE - NANCY Nous vous rappelons queces zones sont ouvertes enfonction des besoins-10 février 2002-16 juin 2002

4° DAN-15 décembre 2001 : Marseille-15 juin 2002 : Paris

Toutes les infos sur le site

de la Fédération

www.aikido.com.frEmail: [email protected]

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L'Aïkido se pratique à mainsnues et si l'étude systéma-tique des armes n'est pas

indispensable à la progression,outre l'attrait que peut présen-ter le travail du Bokken, il estsouhaitable que tout pratiquantpossède un minimum de basesdans le maniement des armestraditionnelles, afin de cerner defaçon plus concrète les prin-cipes du Budo, l'origine de lagestuelle de l'Aïkido et les réfé-rences culturelles attachées ausabre japonais.

Le sabre, c'est le Japon ; leJapon mythologique, féodal,moderne et contemporain.S'intéresser à sa culture, c'estentrer dans sa légende, s'impré-gner de l'esprit du Budo. Comprendre la relation au sabre,

c'est pénétrer l'âme japonaisedans ce qu'elle a de plus riche.Si le sabre reste la référencequasi unique des arts martiauxjaponais, c'est aussi parce qu'ilest synonyme d'une multitudede termes : combat bien-sûrmais aussi et surtout esprit etrigueur, respect et pureté,valeurs morales, noblesse, hon-neur, éthique, éclat etc.Quant à nous, à moins de s'inté-resser en parallèle au Iai-Do auBatto Jutsu ou au Kendo, nousne sommes concernés que parle sabre en bois, le Bokken, quipeut faire partie intégrante denotre étude, à divers degrés,chacun en fonction de son intérêt. Personnellement après m'êtreinitié au Kendo et au Iai-Do, etl'Aïkikaï ne dispensant pas de

cours de Bokken, approche plusen rapport avec notre gestuelled'aïkidoka, j'ai eu le privilège derencontrer Maître Minoru Inaba,élève en Aïkido de MaîtreYamaguchi et très talentueuxprofesseur de Ken-Jutsu del'école Kashima Shinryu. Ce futune révélation.Le style incisif, direct, pur et trèsmartial de cette école donnacorps et consistance à ma pra-tique d'Aïkido et me rapprochaencore davantage de l'ensei-gnement de Maître Yamaguchi,lui-même pratiquant de cetteécole.

Par la suite et suivant lesconseils de mon Maître quiespérait en moi plus un profes-seur d'Aïkido qu'un représen-tant de Ryu, je recentrais mon

enseignement duBokken sur lesformes et les prin-cipes qui me sem-blaient les plusadaptés à marecherche, délais-sant volontairementcertains Katas deKen-Jutsu trop par-ticuliers du Kashimaet développantd'autres formes,plus personnelles,facilement assimi-lables par tout pra-tiquant quel quesoit son intérêtpour le Bokken. Bien que vivement

sollicité depuis de nombreusesannées, je n'envisageai pas deproduire un livre ou une K7 surle Bokken, considérant que :contrairement à l'Aïkido, codifiéet universel, la pratique du Kenest davantage liée à un systèmed'école, souvent fort différentesles unes des autres. Aussi enl'absence d'une progressionofficielle satisfaisante, il était dif-ficile de ne pas heurter des sen-sibilités ni d'interférer avecd'autres formes que les mienneset tout aussi respectables.Ce n'est qu'après plus d'unquart de siècle d'enseignementet en raison d'une très largeaudience dans un style de pra-tique relayé par de nombreuxprofesseurs que j'ai pris la liber-té de produire une vidéo, dansla perspective d'orienter et deconforter les pratiquants versdes formes communes et évolutives. Cette K7 a été conçue commeun outil didactique que j'ai sou-haité aussi clair que possible.Les frappes de base y sont pré-sentées très en détail et lestechniques d'Aïkiken choisiessont classiques et lisibles sansproblème par tout pratiquantquel que soit son niveau ou sonstyle d'origine. De nombreuses variations et desenchaînements plus sophisti-qués découlant des techniquesles plus simples complètentl'Aïkiken. Viennent ensuite quelques Katasde Ken Jutsu puisés ça et là

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technique

L’ÉTUDE du KEN

ÉÉvvéénneemmeenntt mmaajjeeuurr ddee cceettttee rreennttrrééee,, llaa KK77 vviiddééoo qquueeCChhrriissttiiaann TTiissssiieerr aa ccoonnssaaccrréé àà ll’’ééttuuddee dduu KKeenn ((AAïïkkii--kkeenn--BBookkkkeenn--KKeennjjuuttssuu)),, eesstt aauujjoouurrdd’’hhuuii ddiissppoonniibbllee.. DDeess ffrraappppeessddee bbaasseess dduu BBookkkkeenn aauuxx 55 kkaattaass ddee bbaassee dduu KKeenn--jjuuttssuu ddeell''ééccoollee KKaasshhiimmaa,, eettcc.. CCee ssoonntt pprrèèss ddee 3300 aannnnééeess ddeerreecchheerrcchhee,, mmiisseess eenn iimmaaggeess,, àà llaa ddiissppoossiittiioonn ddee ttoouuss lleesspprraattiiqquuaannttss..

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dans différentes séries et quisemblent tout à fait conveniraux personnes désireuses d'ap-procher les formes et l'esprit duKen Jutsu. Pour conclure enfin,sous différents angles, trèsdétaillés, le Kihon Dachi : la sériedes 5 Katas de base du KashimaShin Ryu.

Si j'ai intitulé cette K7 "Mes choixpour l'étude du Ken", c'est bienpour préciser que ce sont les

miens, identifiés par rapport à un niveau général actuel et une progression minimumsouhaitable. Cette vidéo ne doit en aucuncas être considérée comme uneprogression officielle ou unouvrage de référence, mais plu-tôt comme la continuité d'uneétude et une proposition parmid'autres.

Christian Tissier

BON DE COMMANDE K7 VIDÉO“Mes choix pourl’étude du Ken”VHS couleur-105mn

Je désire commander.....................K7 vidéoau prix unitaire de 250F soit ....................FFrais de port : 1 K7 : 30F - de 2 à 10 K7 : 60F

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À ENVOYER À : CERCLE TISSIERpar fax : (33) 04 94 81 64 51 par e-mail : [email protected] courrier : Cercle Tissier108 rue de Fontenay - 94300 Vincennes

Contrôle etmaîtrise,

placement etvision,

autant denotions

fondamentalesde la

pratique du Ken.

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point de vue

C hacun d’entre nous a probablement sa manière privilégiée deconsidérer l’Aïkido : comme une passion, comme un loisir,comme un art, comme une activité physique, comme un aide-à-vivre, comme un lieu d’expression, comme une recherche,comme le terrain de son ambition... que sais-je encore...

On peut aussi, bien sûr, le voir essentiellement comme un système. Un système de traitement des conflits, un système de développementpersonnel, de régulation sociale, d’éducation mutuelle... et, comme toutsystème, il peut être enclin à se gripper, à ne plus fonctionner, à sedévoyer, à dériver, à déraper.Parmi toutes les dérives possibles qui pourraient contribuer à ce détour-nement de l’objectif (et donc de la raison d’être) du système, il en est unesans doute plus redoutable que les autres dans la mesure où elle trouveses racines et ses appuis dans des réalités, des idées et des valeurs quisont indiscutablement constituantes de la fondation et de la conduite denotre discipline : il s’agit de la dérive totalitaire.Certes, ce qualificatif “totalitaire” est habituellement utilisé dans desjugements peu amènes portés sur des systèmes politiques rigides et des-potiques allant jusqu’à bafouer les droits de l’homme les plus élémen-taires, et on peut s’étonner de le voir appliquer à cette superbe aventurehumaine et humaniste qu’est l’Aïkido. Toutefois, ici comme ailleurs, ilconvient d’exercer sa lucidité, une des valeurs clefs de l’Aïkido, si on veutse donner des chances de ne pas confondre engagement et passionaveugle.Et c’est justement en tant qu’aïkidoka qu’il n’est pas inutile de s’interro-ger sur ce qui fait que bon nombre d’observateurs extérieurs ont tendan-ce à considérer l’Aïkido comme une secte, ses séances de pratique étantalors vues comme des grand-messes et ceux qui le professent comme desgourous ou des mages de mauvais aloi.Car il est vrai que l’Aïkido contient en son sein même tout ce qu’il fautpour alimenter ce type d’image, de comportement et de cécité, et ceci tantdans son origine et son mode de transmission que dans les concepts etméthodes qu’il utilise. Considérons, par exemple, sa source unique : bien peu de disciplines,artistiques, scientifiques ou philosophiques peuvent revendiquer, commenous le faisons, un Père Fondateur censé avoir inventé et développé la-dite pratique, l’avoir possédée totalement et en être la référence ultime etabsolue. Toutes les sectes, en revanche, fonctionnent sur ce postulat.Cela permet, bien sûr, et c’est un point éminemment positif, de maintenirune certaine unité, même si elle est diffuse, autour de cette figure centra-le qui perdure ensuite dans celle du Doshu. Mais corollairement, celainduit l’idée que cette source unique est aussi (était aussi) dépositaire del’unique vérité qui, de ce fait, se conjugue au passé, et dont il s’agira derechercher l’ersatz le plus acceptable en la personne du successeur quisaura se parer le plus brillamment des attraits de la légitimité, excluantde fait, puisque la vérité est unique, toutes les autres démarches,recherches ou expérimentations qui ont cours parallèlement. A ce titre,l’image souvent utilisée de la famille qu’il s’agirait d’abord de reconsti-tuer autour d’un Maître, dont les disciples se vivent alors en “fils ou fillesspirituels”, pour ensuite s’efforcer de la préserver, cette image est bienclairement révélatrice de ce processus d’enfermement et d’exclusion à

l’égard de tous ceux qui n’en sont pas ou qui n’en sont pas jugés dignes.L’influence de la morale confucéenne n’est certes pas étrangère à cetteconception, mais n’oublions pas non plus qu’une certaine organisationsicilienne tient, elle aussi, la famille pour une chose sacrée.Tentation totalitaire, donc, de cette figure centrale, de l’idée même deréférence absolue, fût-elle mythique.

De même, un minimum de lucidité nous oblige à admettre que bonnombre de concepts, valeurs ou mots-clefs de notre répertoire sont à lafois bien difficiles à définir et dangereux à manipuler. Cette notion de“juste”, de “justesse”, par exemple. “Une technique juste”, “le geste justeau moment juste” entend-on, dit-on, souvent...Oui mais alors, de deux choses l’une : ou bien on parle du Juste dans sonabsolu, et dans ce cas peut-être faudrait-il non pas le définir (c’est horsde notre portée) mais au moins donner quelques éléments qui nous aide-raient à tenter de le concevoir, ou bien il s’agit d’une justesse relative àun objectif ponctuel et particulier qu’il conviendrait alors de préciser car,bien évidemment, cette “justesse” n’a de sens qu’en rapport avec l’ob-jectif qu’elle s’est donné : ce n’est qu’en sachant ce qu’on essaye de fairequ’on peut juger de la “justesse” de ce qu’on a fait. Mais il se trouvequ’en général on ne formule rien de tout cela : on fait comme si l’objec-tif de notre action allait de soi. Et, de ce fait, la séquence d’enseignement,au lieu de mener les pratiquants dans une démarche active en leur don-nant une perspective vers laquelle ils peuvent s’orienter, se referme surelle-même, ou plutôt sur son auteur dont le seul exemple fait alors figurede perspective.Mais ce silence, ou cette impasse, sur la finalité, considérant soit qu’elleest évidente, soit qu’elle est contenue dans le modèle qu’incarnait O Sensei auquel il suffirait de se conformer (?), ce silence donc revient àimaginer le système Aïkido comme rectiligne, avec un but unique (quipour autant n’est pas clairement défini) et représentant le “juste”, et unensemble de moyens, les techniques, dont le “juste” usage assurerait uneprogression sans défaut.Totalitarisme alors et encore de cette “ligne” à laquelle il s’agirait de nepoint déroger.

Dans le même ordre d’idées, considérons maintenant cette brève cita-tion : “Le moyen fait partie de la vérité, aussi bien que le résultat. Il fautque la recherche de la vérité soit elle-même vraie; la recherche vraie, c’estla vérité déployée, dont les membres épars se réunissent dans le résul-tat.” Tout aïkidoka n’a-t-il pas, spontanément, envie d’y souscrire? Véritéet justesse du résultat, liées à la vérité et la justesse des moyens, de larecherche, donc de la pratique.Cette citation doit nous parler au moins sur deux plans. D’abord parce-qu’elle exprime bien la façon dont nous utilisons nos valeurs ou prin-cipes : c’est en faisant comme si nous les possédions que nous nous don-nons des chances de nous en approcher. (Par exemple, c’est en incarnantà la fois Uke et Tori que nous nous approchons de l’idée d’unification desdeux protagonistes.)Elle est encore plus instructive, en ce qui concerne notre propos actuel,lorsqu’on sait qu’elle est l’œuvre de Karl Marx dont la pensée, quoiqu’on

Perspective, dérives et tentationsFranck Noel, 6e dan Aïkikaï, président du Collège Technique, nous livre sa réflexion sur la considération qui peut être portée del’Aïkido, par ses pratiquants, comme par ses observateurs.

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puisse supposer de ses intentions initiales, a donné lieu, on le sait, à tantde dérives totalitaires.On pourrait bien évidemment entreprendre des parallèles semblablesavec les autres grands systèmes totalitaires du XXe siècle sachant, enplus, qu’ils reposaient aussi sur l’idée d’homme “nouveau” et avaientpour y parvenir l’ambition de prendre en compte la totalité de la person-ne et de travailler sur tous ses aspects.L’Aïkido aussi vise au développement de toute la personne, dans sadimension physique, mentale et relationnelle. “Ça n’est ni un sport, niune gymnastique” entend-on souvent (avec juste raison) “c’est un art devivre, une manière d’être”.Une activité accessoire ou de loisir, à la légèreté affichée, n’a aucunechance de basculer dans le totalitaire, mais quand il s’agit d’une discipli-ne éducative globale, n’a-t-on pas tendance à penser qu’elle exige, pourdélivrer tous ses bienfaits, un engagement “total”?...

Alors quoi ? Y aurait-il une fatalité totalitaire pour notre discipline? Serait-elle au bout du compte et à notre insu, plus aliénante que libérante?Serions-nous, à notre insu, condamnés à chevaucher des démons dont

nous avons pu mesurer, dans d’autres contextes, le pouvoir de nuisance?Nous ne le pensons pas. Mais ce qui est clair, c’est que la bête est voraceet qu’à trop la nourrir, volontairement ou par négligence complice, elledevient boulimique et finit par dévorer jusqu’à ceux qui la servent.Pour se donner néanmoins quelques chances, il s’agira en fait d’appliquersa vigilance à maintenir une tension équivalente en contrepoids de cestentations totalitaires, tout comme les haubans, également tendus de partet d’autre, assurent sa verticalité au mât du voilier, lui permettant ainsi detracer sa route.Nous ne renierons alors aucun des éléments cités en exemple ci-dessus,mais nous les pondérerons, nous les relativiserons, nous leur porteronsun regard plus distancé, nous les aiderons à accoucher de leur ambiguï-té, de leurs lectures multiples.Par exemple, nous admettrons l’évidence selon laquelle, face à un objec-

tif aussi lointain et exigeant que celui de l’Aïkido, toute solution tech-nique, méthode pédagogique ou système d’enseignement proposé ne peutêtre que provisoire et approximatif. Et il faudra, bien entendu, en tirer lesconséquences sur notre manière de voir tous les enseignements que nousrecevons ou dispensons, jusque et y compris celui de O Sensei qui,d’ailleurs ne nous avait pas attendu pour s’appliquer ce principe à lui-même puisqu’il n’a cessé de faire évoluer son art tout au long de sa vie.Car sans doute l’Aïkido n’est-il pas ce “système linéaire rectiligne” quenous caricaturions plus haut, mais un système, pour le moins, à deuxinconnues ou entrées, qui, comme telles, définissent tout un espace d’in-vestigation et non seulement une trajectoire pré-définie. Les deux ques-tions sont les suivantes : quelles compétences permettraient le traitementde tout conflit sans en générer un autre? Par quels moyens ou méthodespouvons-nous espérer acquérir ces compétences?Cette vision de la recherche qui porte autant sur l’objectif que sur lesmoyens nous obligera à mettre en œuvre des choix et des prises de res-ponsabilité dans les expérimentations (guidées) qui constituent notrecheminement le long du “Do”. Et si alors on veut encore parler de jus-tesse, sans doute faudra-t-il la décaler encore d’un degré pour ne plusparler d’une “technique juste” mais plutôt d’une manière juste d’habiter(d’expérimenter) sa technique, manière qui sera peut-être faite d’undosage tout personnel de confiance et d’esprit critique, de sérieux et delégèreté, d’engagement et de dérision, de détermination et de doute,d’écoute et de décision. Une manière, en somme, qui permette l’auto-évaluation et l’évolution.Il est vrai qu’il n’y a alors ni confort, ni certitude, ni modèle indiscutable.Mais un pratiquant d’art martial ne doit pas craindre de se trouverconfronté à l’adversité ou d’être bousculé dans ses habitudes; il doitapprendre aussi à évoluer dans le flou des contours et à ne trouver sesappuis qu’au fur et à mesure; il ne doit pas s’étonner que son esprit d’ini-tiative soit sollicité pour prendre son destin en main. Et un être humainnormalement constitué ne peut que se réjouir de voir sa personne dotéed’un peu d’épaisseur et de complexité au lieu de se trouver cantonnéedans un rôle réglé d’avance.Cette attitude d’esprit, curieuse et respectueuse, ouverte et confiante, exi-geante et tolérante, dévouée et impertinente, de laquelle l’humour n’estjamais très éloigné, ne peut que rendre plus riche et fructueuse la quêtedu pratiquant par les multiples dimensions qu’il intégrera dans la condui-te de sa recherche. C’est elle aussi qui devrait animer toute structure, club, ligue, fédération,représentant l’Aïkido : celle-ci ayant pour tâche de s’efforcer de s’organi-ser en préservant le fragile équilibre entre ce qui réduirait notre discipli-ne à une simple ligne et ce qui l’éclaterait définitivement en un puzzleimprobable dont les morceaux, faute de perspective et de liant, ne seréajusteraient jamais. Equilibre donc entre totalitarisme, que nousvenons de stigmatiser, et anarchie où chacun revendiquerait son indé-pendance et sa différence en édictant ses propres principes, valeurs ouméthodes sans respect ni référence à l’égard des enseignements de sesprédécesseurs ou coreligionnaires.Il serait toutefois paradoxal qu’au prétexte de cohésion une organisationqui a pour vocation déduquer les capacités à réduire les divergences, secrût obligée de s’interdire tout débat en son sein et qu’elle négligeât lepotentiel dynamique de la diversité et de la contradiction dialectique.Car rien n’est tracé d’avance et l’aïkidoka funambule, qu’il soit particu-lier ou fédération, outre qu’il doit maintenir son équilibre entre deux ten-sions antagonistes, doit aussi tresser lui-même sa corde et la tenir tendueà bout de bras afin de pouvoir s’y avancer.Son regard, lui, à la fois étonné et déterminé, reste fixé vers la perspective.Il sait que c’est elle qui le maintient en mouvement et en suspension.

Franck Noël

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entretien

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Vous avez pratiqué àl’Aïkikaï de Tokyo, quelle y était l’atmo-sphère, avez-vous desanecdotes à ce propos ? J’ai eu cette chance en 1983. J’avais longtemps sou-haité faire ce voyage. Pour beaucoup de pratiquants,se rendre à l’Aïkikaï constitue une sorte de rêve. Jegarde un exellent souvenir de ce séjour, il régnait surle tatami un climat de travail intense. Je faisais cinqheures d’Aïkido. Un matin à l’entraînement, je mesuis retrouvé seul face à Miyamoto senseï, à l’époque

5e dan. Mon étonnement a dû surpasser ma craintecar le physique de Miyamoto était impressionnant, etson regard encore plus. La séance d’entraînement fûtdure et éprouvante. J’ai dû m’engager à fond afin depouvoir donner une bonne image de moi-même. Ilme pressait, cherchait sans cesse les ouvertures, "unvrai rouleau compresseur", mais malgré tout je résis-tais, me replaçais et restais présent dans l’échange.Oui, cette séance je me la rappelle encore très bien.Elle fût enrichissante pour moi et me fît comprendreque pour recevoir, il fallait donner beaucoup de soi-même.

Avec quel maître aviez-vous le plus d’affinités ?Les maîtres avec lesquels j’avais le plus d’affinitésétaient Yamaguchi sensei et Endo sensei. Je les aiconnus en France grâce à Christian Tissier et par l’in-termédiaire de leurs stages. Ce sont eux qui m’ontdonné l’envie de séjour à l’Aïkikaï.Par contre, je voudrais parler de celui qui m’a le plusmarqué car des images telles qu’un mouvement fluide,un geste simple, un placement juste, me restent enco-re gravées dans ma mémoire, la modestie et la simpli-cité d’un maître incontesté : Kisshomaru Ueshiba,

maître à l’écoute de ses élèves, qui par un regard ou unconseil, vous redonnait le goût à la pratique.

Quelles motivationsvous ont amené à lapratique d’un art martial ?Le jour ou je me suis présenté dans un dojo pour fairedu Karaté, avait lieu une scéance d’Aïkido. J’ai tout desuite été séduit par la fluidité et la sensation de liber-té qui se dégagaient des mouvements. C’était MarianoAristin qui dirigeait le cours ce jour là ; je me suis

attardé à observer ce qui ce passait et j’ai rapidementété convaincu. Je me suis lancé, c’était en 1969.

Est-ce que pratiquerd’autres arts martiauxpeut favoriser la compréhension et laprogression en Aïkido ?Pour ma part, je n’ai pas pratiqué d’autres arts mar-tiaux, mais je crois que la recherche du Ki et duKokyu sont les constantes universelles de la pratiquequelle qu’elle soit. La technique est l’outil qui nouspermet d’exprimer notre sensibilité et l’échange avecle "partenaire" nous aide à nous découvrir. Elle nouspermet ainsi de trouver l’équilibre comme parexemple : recevoir / donner, ouverture / fermeture,inspiration / expiration…La forme neutre de mon propos me permet de direque la pratique d’un autre art martial n’est pas obli-gatoirement nécessaire à la compréhension et à laprogression en Aïkido, car le but en sera toujours lemême : Ki et Kokyu.

Quelles sont les techniques que vous

C’est la passion de l’Aïkido qui anime la pratiqueet l’engagement de Gérard Chavineau, 5e dan, DTR de la Ligue de Haute Normandie. Il nous parle de ce qui fait le fond de ce qu’il souhaite transmettre, dans la voie de ses prédécesseurs.

gérard chavineau

LE GOÛTdes AUTRES

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préférez ?Aucune en particulier car elles sont toutes complé-mentaires.Avant tout, la pratique commence par l’étude desKihon waza (techniques de base) qui mettent en évi-dence les principes fondamentaux. Puis lorsque lecorps se libère de ses blocages, à ce moment là, l’ap-port de votre personnalité et de votre sensibilité don-neront une perception différente à la pratique, sanspour autant dénaturer ou oublier les principes, maispour être en phase avec vous-même.Aujourd’hui, dans ma pratique et en ayant plus derecul, je m’efforce d’être en harmonie avec moi-même, de trouver cette unité du corps et de l’esprit,d’exprimer ma propre perception de l’Aïkido, derechercher non seulement la spontanéité du gestemais aussi celle du jugement. L’étude doit être com-

plète et profonde, chaque technique possédant sesparticularités, mais l’aboutissement en est le même

pour toutes. Il y a certes peut-être des préférencesdues à ma nature physique, ma personnalité ou masensibilité, mais cela ne doit en aucun cas restreindrema vision de la pratique, surtout lorsque l’on estenseignant.

Pensez-vous commebeaucoup que Ikkyo estle premier principe enAïkido ? Pourquoi ?Oui, je pense également que Ikkyo est le premierprincipe dans l’étude des Kihon waza.Son étude est incontournable car il favorise particu-lièrement la compréhension des Katame waza (tech-niques d’immobilisations), et met en évidence le cen-trage quelle que soit la forme, Omote ou Ura, défi-nissant ainsi la capacité à rester unifié dans l’action

“Le Kokyuest au

centre del’étude del’Aïkido etdoit être

constammentprésent dansnotre pra-

tique, ainsique dans

notre vie detous les

jours. Pourmoi, il n’y

a pas detravail spé-cifique, ilest person-

nel.”

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avec le "partenaire", et développé à partir de sonpropre centre.

Que peuvent apporterles techniques d’armes ?Je pense que beaucoup d’Aïkidokas sont attirés par ladimension martiale que procure le travail des armes,notamment pour ce qui est de l’engagement "d’êtreplus incisif dans l’action", de la vision du "partenaire"afin de rester centré sur lui, et aussi de prendredavantage conscience de la distance relative et desplacements à prendre. Ce travail permet aussi d’épu-rer le geste à sa plus simple expression pour lui don-ner le maximum de puissance et d’efficacité, résultatd’une pratique souple et sans blocage.Pour moi, le travail des armes est un complémentindispensable à la pratique de l’Aïkido, certes pour lacompréhension du geste, mais aussi pour les situa-tions dans lesquelles les notions de vision, d’espacetemps et de placement sont prédominantes, situa-tions qui permettent aussi "d’affûter" notre vigilance àtout moment par la notion constante du danger.

Préconisez-vous un travail spécifiquepour maîtriserl’énergie ;le Kokyuouvre-t-ilfondamen-talement laporte del’Aïkido ?Le Kokyu est au centre

de l’étude de l’Aïkido et doit être constamment pré-sent dans notre pratique, ainsi que dans notre vie detous les jours. Pour moi, il n’y a pas de travail spéci-fique, il est personnel.La recherche du Kokyu doit être le fruit de notre tra-vail, de notre persévérance, sinon, à quoi serviraitl’étude d’un Budo si ce n’est pas celle de se surpas-ser, de s’épanouir et de trouver l’harmonie avec soi-même et avec les autres.

Le respect de l’Étiquetteest particulièrementimportant en Aïkido,cela doit-il avoir uneinfluence sur le quoti-dien du pratiquant ?Oui, le respect de l’étiquette est important pour lapratique de l’Aïkido comme pour celle des autres artsmartiaux. Il représente tout d’abord le respect au fon-dateur, au professeur qui vous enseigne, aux anciensqui vous communiquent leur expérience, et au dojodans lequel vous pratiquez.L’ÉTIQUETTE, c’est de donner une valeur à sa personnalité et d’accepter de se surpasser.

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“Sans aban-donner les

valeursessentielles

de notrepratique

telles quela ténacité

ou l’engage-ment, nous

devrionsnous libérer

de notreego, faireabstractionde soi-même

afin devivre plei-nement notre

Aïki etd’aller àl’essen-tiel.”

entretien

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LE RESPECT, c’est de vivre en harmonie avec lesautres, de savoir les écouter et surtout de les comprendre.Quelle doit être pourvous la meilleure qualitéchez l’Aïkidoka ?

La question ne devrait pas être exprimée au singulier,mais au pluriel, car s’il suffisait d’avoir une seulequalité pour être un "bon aïkidoka", l’étude en seraitainsi restreinte.A mon sens, les principales qualités pour unAïkidoka doivent être :- La sincérité : preuve d’un esprit fort, stable et hon-nête qui sera le miroir de sa pratique.- La ténacité : qualité "martiale" qui permettra dansles moments de doutes ou de "conflits" de ne pas sedécourager, mais au contraire, de se bousculer, de seforcer.- La simplicité : qui doit être à l’image de notre pra-tique, et qui permet d’être constamment à l’écoutedes autres.- La reconnaissance : qui nous évite d’oublier ceuxqui nous ont enseigné, aidé ou fait partager leur pas-sion ; qui nous évite aussi de nous oublier nous-mêmes dans les moments de faiblesse ou d’incertitu-de afin de se corriger.

Morihei Ueshiba parlait"d’effacement de soidans la réalisation del’Aïki", une telle concep-tion est-elle compréhen-sible par des prati-quants occidentaux ?A mon sens, cette parole de O Sensei, "d’effacementde soi dans la réalisation de l’Aïki" amène à penserqu’à chaque moment de notre pratique, nousdevrions mettre de côté nos habitudes, notre obstina-tion à vouloir trop bien faire ce qui nous rend parfoisaveugle, ce manque de recul qui nous fait oublier lepartenaire et la richesse de cet échange, cette obsti-

nation aussi à vouloir être le plus fort ou le meilleurau détriment de la simplicité. Sans abandonner les valeurs essentielles de notrepratique telles que la ténacité ou l’engagement, nousdevrions nous libérer de notre ego, faire abstractionde soi-même afin de vivre pleinement notre Aïki etd’aller à l’essentiel. De cela, il est facile d’en parler sur le papier, maisl’application en est certainement plus difficile. Jecrois qu’elle demande beaucoup d’expérience etd’ouverture d’esprit, mais elle doit être de toute façonle but de notre pratique et ce concept n’a nullementde frontière.

Après bien des annéesde pratique, vous avezdécidé d’enseigner votreart. Quels fondements le maître doit-il transmettre à sesélèves, sur quels pointsforts insistez-vous ?Sur le plan technique, l’étude des Kihon waza estincontournable et toutes les techniques fondamen-tales doivent être étudiées intensément, avec beau-coup de rigueur sans en privilégier l’une ou l’autre.Cette étude, sans en négliger les attitudes du corps,doit permettre à l’élève de structurer sa pratique etservir de repère.Les autres points forts sur lesquels j’insisterai,seraient avant tout, la notion d’Étiquette sur laquellenous devons rester vigilants, car nous devons donnervis-à-vis de l’extérieur l’image d’une discipline "mar-tiale" avec toute sa crédibilité.Un autre point, qui me tient aussi à cœur, c’est celuide l’Engagement, du fait que nous étudions un Budo.Il faut à mon avis, essayer sur le tatami et ceci àchaque moment de sa pratique, de donner autantque l’on reçoit car nous travaillons avec un "parte-naire", et cette notion d’échange et de communica-tion doit être sans cesse présente quel que soit sonniveau. ❁

“le respectde l’éti-quette estimportant

pour la pra-tique del’Aïkido

comme pourcelle des

autres artsmartiaux. Il

représentetout d’abordle respectau fonda-teur, au

professeurqui vousenseigne,

aux anciensqui vous

communiquentleur expé-rience, et

au dojo danslequel vouspratiquez.”

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commission jeunes

Y A T-IL UNE DIFFÉRENCE D'ENSEI-GNANTS ET D'ENSEIGNEMENTSQUAND ON S'ADRESSE AUXENFANTS ?

Cela paraît différent, mais pasautant qu'il y paraît. Il fautenseigner surtout des mouve-ments à base de déplacements,des esquives pour une réponsemartiale, c'est à dire apprendreà dompter le stress. Avoir unréflexe de déplacement plutôtqu'un réflexe de panique. Cegenre de pratique développenon seulement le côté physiquemais également le côté mental.La technique n'a pas beaucoupd'importance. L'enseignementpeut être réalisé à partir de jeuxéducatifs. Il faut développer lescompétences de chacun pourles aider à s'épanouir. Je n'aijamais enseigné les techniquesqui sollicitent les articulations(Ex. Ikkyo - Nikkyo - Kote gae-shi) car elles sont dangereusespour les enfants et les blessuresinfligées peuvent être défini-tives. Pour l'enseignement auxenfants, les 5e et 6e Dan sonttrès forts physiquement et tech-niquement mais pas forcémentdes bons enseignants. Parfoisun 1er Dan pourra enseigneravec plus de facilité qu'un hautgradé. C'est avant tout uneaffaire de personnalité et dequalités humaines. Il faut beaucoup de créativitépour intéresser les enfants et lesmaintenir en éveil. Il faut biensûr connaître sa personnalitéafin de montrer un certain cha-risme car pour l'enfant, le pro-fesseur est un héros. Il fautapprendre et comprendre lapsychologie de l'enfant et luimontrer une image positive du

monde. C'est plus importantque la technique car les ensei-gnants forment lesgénérations futures.L'enseignement auxenfants est une tâchedifficile, mais avanttout, il s'agit de trans-férer des valeurshumaines commel'honnêteté, la digni-té, la loyauté, l'espritde groupe. Au Japon, il est plusdifficile d'être institu-teur qu'universitaireparce que ce derniertravaille sur undomaine restreint.L'instituteur enseigneplusieurs disciplineset doit former l'enfantdans sa façon de voir

le monde et d'appréhender lasociété. Il en est de même pour

les professeurs d'Aïkido qui ontde ce fait, une plus grande res-ponsabilité.J'ai enseigné aux enfants auHombu dojo pendant 3 ans. J'ai aussi par la suite enseignerl'Aïkido à des enfants handica-pés. Je me rappelle un jour où ily avait une cinquantaine d'en-fants présents et une cinquan-taine de parents autour du tata-mi. Un enfant de 5 ans pleuraitparce qu'il ne voulait pas quittersa mère. Je l'ai pris et l'aiconduit fermement vers lesautres enfants afin qu'il s'in-tègre au groupe. Je disais auxparents, que si ces derniersn'adhéraient pas à mon typed'enseignement, il était préfé-rable qu'ils retirent définitive-ment l'enfant de la séance.Enseigner aux enfants c'étaitaussi enseigner aux parents le"lâcher prise", permettre à l'en-fant d'aller vers son autonomie.Quand les parents ont unamour trop possessif, ils "tuent"l'enfant.

l’art d’ENSEIGNERaux ENFANTS

En rechercheconstante sur la voiepédagogiquela mieuxadaptée àl’enseigne-ment de

l’AIkido aux plus jeunes,Alain Tisman, 4e dan, res-ponsable de la commission,a voulu connaître le pointde vue de Saotome senseï. Un entretien réalisé lors dudernier passage du senseien France.

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COMMENT PALLIER L'ABSENCE DECOMPÉTITION ?

L'enfant ne demande pas decompétition. Le jeu répond à ungrand nombre de besoins. Lesenfants comprennent très vite.La séance doit être divertissan-te. Il ne faut pas créer d'opposi-tion. La compétition doit êtreprise dans le sens d'une coopé-ration qui fait avancer leschoses. Par exemple, j'appre-nais à deux enfants qui avaientchacun un Jo à tenir un seulballon en l'air. Il fallait qu'ilstravaillent ensemble pour réali-ser cet objectif. Regardez lacompétition en boxe, ellecherche à détruire : c'est unecompétition négative. Alorsqu'une compétition en golfcherche à accroître les compé-tences de chacun.L'enseignement doit être strict,mais il faut aussi qu'il y ait du

plaisir pour l'enfant. Les gradesne sont pas très importants.Je me rappelle que les séancesd'Aïkido étaient entrecoupéesd'une pause de quinze minutes.Je laissais alors les enfants mechahuter, me toucher, me bous-culer. Ils cherchaient le contactphysique mais aussi, recher-chaient à se mesurer. Au Japon,les parents n'ont pas beaucoupde contact physique avec leursenfants. C'est regrettable.

QUE PEUT APPORTER LE TRAVAILAUX ARMES ?

Le Shinaï est bien adapté auxenfants car il est souple et neblesse pas. Il permet de réaliserdes déplacements et desesquives à partir d'attaques. Àmon Dojo de Washington, ilsutilisent le Shinaï pour l'étude deIrimi Tenkan. C'est aussi un outilqui autorise la mise en place

“L'enseignement aux enfants est une tâchedifficile, mais avant tout,

il s'agit de transférer des valeurs humainescomme l'honnêteté, la dignité, la loyauté,

l'esprit de groupe…”

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“Les enfants ont besoind'avoir confiance

d'avoir le respect d'eux-mêmes et des autres.

C'est dans la famille etla communauté que l'en-fant doit apprendre cesvaleurs. Les enseignants

ont la charge de lesdévelopper…”

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d'une grande variété d'Ukemi,de même que le ballon.

PRATIQUER L'AÏKIDO CHEZ LESENFANTS INTERDIT-IL DE POUR-SUIVRE CHEZ LES ADULTES ?

Maintenant, je n'enseigne plusaux enfants. Je rencontre detemps en temps des pratiquantsque j'ai connus très jeunes. Maisles enfants ont besoin de vivrede multiples expériences ; lesadultes aussi d'ailleurs. Quandils en ressentent le besoin, ilsreviennent naturellement.

QUELS CONSEILS POURRIEZ VOUSDONNER AUX ENSEIGNANTSFRANÇAIS ?

Il faut maintenir un certain res-pect, faire comprendre auxenfants que la liberté est enca-drée par des règles. Sinon, lesenfants réagissent comme desanimaux. Ce problème touchetous les pays, toutes les socié-tés. L'humain est plus que touteautre créature un animal. Etreun bon humain, c'est construireune belle société.

Les enfants ont besoin d'avoirconfiance, d'avoir le respectd'eux-mêmes et des autres.

C'est dans la famille et la com-munauté que l'enfant doitapprendre ces valeurs. Les

enseignants ont la charge de lesdévelopper.

QUELS SONT VOS PROJETS ?

Mon rêve pour l'Aïkido c'est dediffuser des valeurs internatio-nales afin que la disciplinepermette d'éduquer les enfantsqui constitueront la société dedemain. Il est important deleur permettre une certaineouverture d'esprit. L'Aïkidodoit les aider à guider leur vie.Il n'existe pas de programmepour l'enseignement auxenfants. J'aimerai introduirecet enseignement dans monuniversité. Je ne ferai pas lefutur, ce sont les enfants qui leferont.

Entretien recueilli parAlain Tisman.

Le Vigan,lundi 20 août 2001.

Un grand merci auxenfants de L’Aïkido club

de Fontenay aux rosespour leur contribution à

l’illustration de cet article.

commission jeunes

MYSTÈRES et TRANSMISSION“C’est en franchissant bien des monts qu’on atteint la vallée deYabou, là où deux enfants vivent au creux d’un grand chêne. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ?Personne ne le sait ; Ils s’enfuient dès qu’on les approche…Seul DO, le vieil homme du DOJO réussit à les fasciner, car ilpratique un art étrange et plein de promesses…”Cette histoire, LES MYSTÈRES DE LA FORÊT DE YABOU, véritable conte pour enfant, imaginée, écrite et illustrée parClaude Seyfried lie l’étude et la compréhension de l’Aïkidoavec les symboles forts que l’on rencontre dans la nature,guidant les premiers pas du jeune pratiquant.À l'initiative de La FFAAA, l’auteur a réussit là un magnifiqueouvrage, d’une grande sensibilité poétique, qui ne laisseraaucun lecteur indifférent.LES MYSTÈRES DE LA FORÊT DE YABOU, vont, par enchantement, ouvrir les portes des grands principes del’Aïki à celles et ceux, petits comme grands téméraires qui exploreront… la clairière du chêne OMOTÉ…

Édité par la FFAAA ce livre, entièrement en couleur, estdisponible sur commande au siège de la Fédération.

Saotome senseï

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FORME

«E i-Ho» «Ei-Ho» «Ei-Ho»…Le voyageur qui prend le busde bon matin, peut, depuis la

rue principale, s’étonner de ce chantétrange. Les voisins du Hombu Dojo,eux, ont l’habitude de ce réveil origi-nal, vers 6h30, dont la traditionremonte à plus d’un demi-siècle : cesont les exercices préparatoires, sortede gymnastique qui allie la prépara-tion de l’esprit à celle du corps.La pratique des Arts Martiaux, biensûr, nécessite une préparation phy-sique sous peine d’accidents et deblessures.Autrefois, à l’armée, pour développerla puissance physique et l’enduran-ce, on travaillait les treize exercicesdans l’ordre suivant :1- jambes2- fessiers3-tête et cou4- jambes5- poitrine6- biceps7- équilibre8- dos9- ventre10- marche11- sauts latéraux12- sauts verticaux13- respiration profonde.

Selon les professeurs (sensei) quidirigent le cours, l’ordre d’exécutionpeut être légèrement différent.Dans le cas de l’Aïkido, la prépara-tion n’est pas aussi sévère qu’à l’ar-mée.En Aïkido, la préparation est compo-sée :- d’exercices de «purification»(Misogi Taiso) :- Kawa mo shiki- Ishi no ue shiki- de méthodes de santé :- Makko-ho- Saï-shiki

- de différents exercices respiratoires:Shinkokyu.Il y a ainsi diverses préparations etméthodes de santé dans l’Aïkido pra-tiqué aujourd’hui. HueshibaMorihei, le Fondateur disait : « Ceciest bon, mais cela est bon aussi ».En conséquence, le nombre d’exer-cices a augmenté.

1 MITAMA SHIZUMEDans cet exercice, l’esprit et le corpss’entraident mutuellement.Cette pratique est très importantepour l’étude de l’Aïkido.Mitama Shizume a le sens de : «ledos est chargé du passé éternel, leventre est chargé du futur. Donc, enétant debout, je développe ma propreconscience, la confirmation de mapropre identité pour accomplir mondestin.»Mouvement :Écartez les jambes d’environ undemi pas vers la droite et la gauche,tenez-vous droit d’une manière natu-relle.Précisions :Lors de l’exercice, maintenez le bas-sin droit, rentrez le menton, serrezles mâchoires, avec la sensation detoucher le plafond.Mettez de la force dans le Tanden(environ 9 cm sous le nombril),contractez le périnée.Les yeux à demi ouverts, inspirez,posez la main gauchesur la main droite etpositionnez-les devantle Tanden. (Photo 3)Ne mettez aucune forcemusculaire.Ne pensez à rien, tran-quillisez l’esprit, inspi-rez calmement et lon-guement.Après avoir expiré, ins-pirez de nouveau.

Pratiquez pendant trois minutesenviron.Relaxez-vous, ouvrez grand les yeux.Sur le plan mental, tendez vers unenotion d’équilibre, d’harmonie, debien-être («unifier le Ciel et laTerre»).Quand des idées sans suite viennentà l’esprit, et que l’on ne peut seconcentrer, respirer plusieurs fois, ouencore, prononcer I, KU, MU, SU,BI, en respirant profondément. Letrouble va disparaître et l’esprit secalmer.I en expirant, KU en inspirant,MU en expirant, SU en inspirant,BI en expirant,Et enfin, respirez profondément.Répétez l’exercice jusqu’à l’obten-tion du calme complet .Résumé :1- JAMBES droites2- BASSIN maintenu fermement3- COLONNE VERTÉBRALE droite4- MENTON rentré,5- MCHOIRES serrées6- ÉPAULES au même niveau7- LIGNE nez- ventre bien alignée8- GROS ORTEILS : mettre de laforce9 – TENDON D’ACHILLE étiré10- HANCHES ET VENTRE ont uneforce équilibrée11- ÉPIGASTRE (creux de l’estomac)relâché12- PERINEE étiré

Attention :Bassin droit, ventre rempli de force,périnée étiré sont les marques d’unniveau d ‘expert.Il est recommandé de maintenir cetteattitude non seulement à l’entraîne-ment, mais aussi dans la vie quoti-dienne.

2 FUNAKOGI UNDOC’est le mouvement du rameur, enparticulier au niveau des hanches.Mouvement : (photos 1)Tournez-vous vers la droite, enposant le pied gauche un pas enavant.Tournez la tête également vers ladroite et allongez les deux bras versl’avant, penchez le haut du corpslégèrement vers l’avant en prenant laposition du rameur.Ensuite, en poussant le kiaï «Ei»,ramenez le haut du corps vers l’arriè-re, et les mains à l’horizontale jus-qu’à la poitrine.En poussant le kiaï «Ho», revenez àla position d’origine.Après avoir fini le côté gauche, avan-cez le pied droit, répétez la mêmeaction.Dans le cas de la jambe droite, onchange le cri par «Essa, Essa».

Précisions :Dans ce mouvement , on met toutela force dans le Tanden, on fait circu-

Un cours d’Aïkido ne saurait se concevoir sans une préparation physique préalable, une mise en forme bien adaptée, travaillant en douceur chacune des parties du corps concernées. Philippe Grangé, 4e dan, nous communique la méthode de OkumuraShigenobu sensei, qu’il pratiqua à l’Aïkikaï de Tokyo.

EXERCICES PRÉPARATOIRES À LA PRATIQUE DE L’AÏKIDO

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ler le Ki, l’énergie, dans tout le corps.Le mouvement s’exécute avec l’espritcalme, sans trop pencher le buste enavant.Concentrez vos idées sur une sensa-tion d’harmonie.En accomplissant cette action, ondoit éduquer l’esprit.

3 FURITAMA : Les vibrations.Mouvement :Écartez les pieds d’un pas, tenez-vous droit, respirez profondément.En inspirant, joignez les deux mainsdevant la poitrine.Élevez les deux mains au-dessus dela tête.Ensuite, la main gauche au- dessus,la main droite au-dessous, croisez lesmains.Faites-les vibrer avec un mouvementrapide et court de haut en bas, avecénergie, devant le Tanden.Il est bon d’exécuter cet exerciceaussi fort que possible pour que lesvibrations fassent disparaître lestroubles de l’esprit.Les pratiquants d’autrefois s’adon-naient aux mêmes exercices sous lescascades.Pendant les vibrations, il suffit de seconcentrer et d’expirer.

Précisions :Relâcher les épaules, mettre de laforce dans le Tanden, étirer le péri-née.Ne pas écarter les aisselles.Se concentrer de plus en plus sur lemilieu du front, (point entre les sour-cils). On obtient rapidement uneimpression de clarté.

4 OTAKEBIMouvement :Après le mouvement de Furitma, onfait Okatebi.Entrecroisez les doigts vers l’inté-rieur, élevez les mains au-dessus dela tête, et en ramenant vivement lesmains vers le Tanden, expirez enpoussant le kiaï «Ei».Ensuite, bloquez la respiration,concentrez-vous sur la posture.Pour cela, prononcez votre nom clai-rement, avec détermination, et, de lamême manière, répétez trois fois«Taté, Taté, Taté .» (Tiens-toi droit !)

Précisions :Ceci permet de confirmer son identi-

té, favorise le comportement dyna-mique.Quand on répète Furitama etOkatebi, on améliore notre esprit, lecœur et le corps s’aidant mutuelle-ment développent la personnalité.De nos jours, dans le système éduca-tif, on néglige cet entraînement del’esprit.Je pense que ces deux exercices ser-vent au développement de l’esprit encomplément de celui du corps. Dansce sens, c’est très important.Dans la gymnastique pratiquée àl’école, l’aspect physique et physio-logique est étudié très sérieusementmais l’aspect spirituel est négligé.Parce que l’humain est l’âme detoutes les choses vivantes, chacun sedoit chaque jour d’adopter avec cou-rage une attitude de progression.Les mouvements nommés précédem-ment : 1-Mitaka shizume 2-Funakogi Undo 3-Furitama 4-Otakebi sont efficaces à la foispour le physique et l’esprit.Avant sa mort, Maître Ueshiba, lorsdes exercices préparatoires, poussaitle kiaï «Ei» très fort au point de noussurprendre.A côté du Maître, les vibrations serépercutaient dans notre corps.Affirmer son identité est la chose laplus importante, pour l’individu,comme pour la société.Pourquoi n’en tenons-nous pascompte davantage dans nos écoles ?N’est-ce pas cet aspect qui fait leplus défaut ?Confucius aussi, dans ses écrits, ainsisté sur cette notion ?

5 UDE NO SAYU ZENGO MAWASHI (faire tourner les brasde gauche à droite et d’avanten arrière).Mouvement :Écartez les pieds à la largeur desépaules, envous tenantdroit.Croisez lesmains, maingauche au-d e s s u s ,pomme vers lesol, droite en-d e s s o u s ,pomme vers leciel. Pressezles mains

l’une contre l’autre detoutes vos forces.Prenez le Tandencomme centre et, degauche à droite, faitesde grands cercles,tout en balançant lebuste d’avant enarrière. Répétez unedizaine de fois dechaque côté.

Précisions :Ce geste, qui symboli-se celui d’envelopper le monde, favo-rise la prise de conscience de ce quiest en son centre : soi-même.On prétend que faire tourner lesépaules avec de grands cercles esttrès efficace pour faire disparaître lesdouleurs aux épaules.J’ai entendu dire que ce mouvementse retrouve dans la cérémonie depurification à Nara, au temple KamiJingu, où l’on célébrait le dieu FutsuNo Mitama (Dieu des ArtsMartiaux).

6 KARADA NO SENKAIMouvement :Écartez les pieds d’un pas et demi.Tenez-vous droit, la main gauche au-dessus, la main droite au-dessous,croisez les mains.Élevez les mains au-dessus de latête. Faites de grands cercles en des-sinant le chiffre 8, alternativement, àgauche et à droite.

Précisions :Relaxez les épaules, détendez vous,fléchissez les genoux, maintenez lebassin fermement, faites le mouve-ment rapidement et avec force.Exécutez le mouvement comme sivous teniez une boule, avec aisanceet sans tension.

7 KARADA NO ZENGO KUSSHINMouvement : (photos 2).Écartez les pieds d’un pas. Tenez-vous droit.Croisez les bras devant la poitrine.Penchez-vous largement en avant eten arrière.

Précisions :Quand vous vous penchez en avant,baissez la tête entre les deux cuisses.Quand vous vous penchez en arrière,étirez vous suffisamment de manièreà voir la personne qui est derrièrevous.Répétez dix fois.

8 CHITSUKIMouvement : (photos 3)Écartez largement les pieds d’un paset demi, tenez-vous droit.Serrez légèrement les deux poings,élevez-les au-dessus de la tête.Pointez les poings vers le sol encriant : «EI».Ensuite, on ramène les poings vers lehaut et on répète.

Précisions :Quand on élève les poings au-dessusde la tête, en les serrant légèrement,on reçoit l’énergie du ciel dans lespaumes.Quand on tire les mains vers les

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FORME

hanches, en ouvrant les doigts, onattrape toute l’énergie du sol.

9 UDE FURIMouvement : Écartez les pieds d’un pas, tenez-vous droit, relâchez les épaules,faites vibrer les bras très vite et sou-plement.Exécutez une dizaine de fois, puis,brusquement, ouvrez les mains enles projetant vers l’avant à hauteurdes épaules.

Précisions :Si on fait vibrer tout le corps, on par-viendra à se relaxer de manière plusefficace.

10 KARADA NO SAYU MAWASHIMouvement :Écartez les pieds d’un pas, tenezvous droit, faites tourner le haut ducorps avec des rotations très amples.

Précisions :Pendant l’exercice, on garde le men-ton rentré, on regarde derrière en dia-gonale, les bras doivent flotter sousl’effet de la rotation, 180° de chaquecôté.

11 RYO HASHI NOBASHIMouvement : Écartez largement les pieds, avancezle talon gauche, levez la pointe dupied.En ouvrant la jambe droite vers l’ex-térieur, étirez suffisamment la jambegauche jusqu’à ce que la cuissetouche le sol.Répétez deux ou trois fois, puischangez de jambe.

Précisions :Pendant l’exercice, regardez le piedde la jambe tendue, ne posez pas lesmains par terre pour ne pas faciliterla tâche.

12 ASHI NO MAWASHI MAGEMouvement :Tenez vous droit en joignant lespointes des pieds.Posez les deux mains sur les genoux;pliez légèrement les deux jambes.A partir de la gauche, faites tourner10 fois vers la droite avec une grandeamplitude.Redressez vous, et recommencez ensens inverse.

Précisions :Relâchez les épaules, gardez lesjambes serrées en tournant, décollezlégèrement les talons.

13 HIZA NO KUSSHIN Mouvement :Jambes serrées, corps redressé, posezles mains sur les genoux, accroupis-sez-vous, puis redressez-vous.Répétez dix fois.Précisions :Relâchez les épaules, gardez lesjambes serrées en descendant, décol-lez légèrement les talons.

14 KYOGA SEI NOBI UNDOMouvement : (photos 4).Sans croiser les pointes des pieds,écartez les jambes de la largeur dubassin et asseyez-vous entre vospieds.Joignez les mains, penchez-vous enarrière jusqu’à toucher le sol.Allongez les deux bras, entrecroisezles doigts, paumes vers l’extérieur,étirez le dos.Répétez dix fois.

Précisions :Étirez les deux bras jusqu’à ce qu’ilstouchent les oreilles.Avec la respiration abdominale, met-tez de la force dans le ventre.

15 KINGYO UNDOMouvement : Allongez-vous sur ledos, croisez les mains derrière la tête,rentrez le menton.Faites de petites ondulations avectout le corps, sur le plan horizontal.

Précisions :Ce «mouvement du poisson» a pourbut d’ajuster la colonne vertébrale.Il est nécessaire de le faire de toutesses forces et vivement pour obtenirun résultat.

16 MOKAN UNDOMouvement :Allongé sur le sol, étendez bras etjambes à la verticale, plantes des

pieds parallèles au sol, mains éten-dues et doigts écartés.Dans cette position, faites vibrer braset jambes (petites vibrations) pen-dant deux minutes.

Précisions :Maître Ueshiba a utilisé KingyoUndo et Mokan Undo comme gym-nastique de préparation. Il a pris cesmouvements dans la méthode desanté Nishi.

17 HIZA TATAKIMouvement : En position Seiza, frappez légère-ment le bas du corps.

Précisions :Frappez partout pendant une oudeux minutes, cela améliore la circu-lation sanguine.

18 KOSHI TATAKIMouvement : Position Seiza, on frappe maintenantles reins.

Précisions :Il y a une zone dans laquelle l’exer-cice procure une sensation de bien-être.Pratiquez pendant une à deuxminutes.

19 KATA TATAKI UDE TATAKIMouvement : Toujours en position Seiza, tapotezmaintenant l’épaule gauche, puis lebras gauche. Faites des aller-retourde l’extérieur vers l’intérieur.Recommencez du côté droit.

Précisions :Pendant qu’on frappe le côté gauche,on soutient le coude droit avec lamain gauche et inversement, sans sefatiguer.Passer de l’extérieur vers l’intérieur.Pratiquer légèrement pendant 1ou 2minutes.

Traduit du japonais parWatanabé Kana et

Philippe Grangé, 4e dan,professeur au Cercle

d’Aïkido et de Taï-Chide Gradignan:

Salle Pierre ToupiacAvenue Jean Larrieu

33170 GRADIGNAN

OKUMURA Shigenobu sensei

Élève de Ô Sensei, Maître OKUMURA estl’un des plus anciens enseignants del’Aïkikaï encore en activité aujourd’hui.

Son activité actuelle est consacrée auxdébutants.Son enseignement est caractérisé par un souci de conjuguer la technique etl’esprit.Dans sa pédagogie, il n’hésite pas à utiliserun tableau pour mieux transmettre larichesse de l’Aïkido.

L’épreuve de passage de grades revêtaitavec lui un aspect très particulier :

- un premier sensei notait les Kyu,- un autre plus ancien notait les Dan,- enfin, Maître Okumura donnait son avis sur le plan

global (esprit, engagement …).

4

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1919

Cherchez en vous sans relâche la véri-té que vous ne voyez pas.L’équilibre est sans doute, la choseau monde la moins bien partagée.Nous vivons tiraillés par les contradic-

tions, rêvant d’harmonie écologique, etdéversant l’essentiel de notre énergie, pourdes besoins que la société a créés.L’engrenage mécanique dépersonnalise; lasensibilité lentement s’émousse, la facilitéaffaiblit chaque jour un peu plus.Où se situe le vrai sens de la vie ? Il faudraitréinventer un art de voir, de ressentir,retrouver les harmoniques de la fougue de la vie.Des chevaliers aux samouraïs, la passion dela vie était justifiée par la somptueuse allé-gorie de la mort. Sans vouloir vivre ensamouraï, on ne peut en tout cas oublierl’hypocrisie de la mort, cette parodie dontnous sommes les témoins et dont la présen-ce dissimulée finit par créer des pulsionsd’angoisse. Au Japon, la fleur de cerisier est restée lesymbole de la vie du samouraï, éphémèremais reflétant la beauté, la pureté, la véritéde l’existence. Epanouie le matin, la fleurde cerisier éclatante de blancheur et depureté au soleil, jonche le sol, le matin,toute vibrante de lumière.L’existence éphémère du samouraï, véri-table raccourci de la tradition ancienne ettout entière inscrite dans l’arc et le budojaponais.Je ne salue pas l’être, mais l’essence del’être, dit le maître en rendant hommage ala flèche qui se sépare de l’arc au lâcher.C’est à la tradition qu’il faut revenir, commeon remonte le coursd’une source, la tra-dition délaissée,porteuse de vérité. L’homme a besoindu mystère qui fas-cine et du specta-culaire qui exalte.Bien sûr on n’entrepas dans la traditioncomme au café ducoin, avec la faibles-se et le comporte-ment de celui qui

ne pense qu’au pouvoir, “ce pouvoirqui rend fou” me disait un ami.Pas de secret, pour aller au fin fondde la connaissance, de l’impassiblecompréhension, où victoire et défai-te sont des mots dérisoires, il ne seranullement question de vouloirdépasser l’autre ou d’en être distan-cé. Alors l’acte devient l’expressionsereine de la pureté.Le contenu du Kyudo et du Budo,c’est la voie par l’étude, sansrelâche, sans laquelle on ne peutgravir les degrés de la connaissance,ni entrer dans la tradition.Mais ce chemin n’est pas sans diffi-culté. Le disciple dont l’ego est cen-tré sur lui-même, croit avoir atteint le

but alors qu’il en est en tout point éloigné.Seul, le maître qui a une très longue expé-rience pourra être le guide qui ouvre laporte. Mais le disciple devra lui-même devrase prendre en charge, car “l’expérience estune lanterne qui n’éclaire hélas que le che-min parcouru.” Confucius.

Jacques Normand

Pour pratiquer le Kyudo:SOSM, section kyudo

14, rue Censier,75005 Paris

Tèl : 01 69 40 91 41

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aïkibudo

2020

ans le Japon médiéval, lesBushi étaient porteurs enpermanence, et selon leurrang et les circonstances,d’une ou plusieurs ar mesblanches. Le Daisho

(Katana, Wakizashi et Tanto) étaitle symbole de leur devoirs et deleurs droits. Le Tanto faisait partieintégrante de cette parure, car ilconstituait la dernière arme sus-ceptible d’être portée par unsamouraï en présence d’un digni-taire de très haut rang. Un typeparticulier de couteau était parailleurs utilisé pour la cérémoniedu Seppuku (éventration rituelle encroix).Les femmes de Samouraï étaientdès leur plus jeune âge familiari-sées avec les armes blanches spéci-fiques qu'étaient la Naginata, leTanto ou le Kaiken (couteau styletqu'elles portaient soit dans lesmanches de leur kimono, soitpassé dans leur Obi). Elles sedevaient de maîtriser le maniementde ces armes pour être en mesurede contrer une agression directeenvers elles-mêmes ou leursenfants, et défendre ainsi leur hon-neur à défaut de leur vie! A l’instarde leurs époux, elles étaient sus-ceptibles d’utiliser le Kaiken à l’oc-casion de la cérémonie duSeppuku, pour laquelle elle devaitse trancher rituellement la carotide.Les moines avaient l’habitude de

porter un Vajra(1) représentantpour les Japonais un éclair, et pourles Tibétains un symbole de ce quiest indestructible. S’il ne s’agit pasd’une arme à proprement parlée,cet attribut du rang dans la hiérar-chie bouddhiste pouvait utilementservir à bloquer un coup, ou àatteindre des points vitaux à l’occa-sion d’un combat au corps à corps.Différents types de Vajra existaientdont certains comportaient des par-ties aiguisées pouvant ainsi assimi-

ler son maniement à celui d’ uncouteau.Enfin, les gens du peuple étaientégalement porteurs de diversesarmes blanches, ce qui impliquaitla connaissance parfaite de leurusage pour pouvoir espérer s'endéfendre en cas de besoin.Ainsi, la majeure partie des écolestraditionnelles d’Arts Martiaux ontinclus dans leur programme d’en-seignement le Tanto jutsu, ainsique le principe de travail efficace

contre ce type d'arme, à mainsnues ou à l'aide d'ustensiles parti-culiers. La logique qui prédominaiten l’espèce était que l’expert enBudo devait pouvoir sortir en vied’une confrontation avec un cou-teau, arme particulièrement discrè-te et meurtrière.Maître Alain Floquet insiste sur lescomposantes historiques tradition-nelles de l’Aïkibudo et le lien inti-me qui relie les différentes pra-tiques existantes en son sein. Ce

TANTO JUTSU MAÎTRISE DE L’ARME

ET BUKI DORI

Maître Alain Floquet définit l’Aïkibudo comme “un ArtMartial Traditionnel, sophistiqué et pragmatique, particu-lièrement adapté vers la défense, qui ne saurait être cequ’il est, s’il n’était étudié en réponse à des attaques pré-cises, sincères, réelles et variées, issues des Arts Martiauxanciens et modernes”.

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souci ancestral de complémentari-té et d’efficacité reste d’actualitédans la pratique évolutive contem-poraine ; c’est pourquoi le pro-gramme technique de notre disci-pline comporte un nombre consé-quent de techniques, notammenten ce qui concerne le maniementdes armes et le travail spécifique deBuki-Dori.

1° / L'APPRENTISSAGEDES ATTAQUESAU TANTOLa pratique du Tanto commencedès le début de la pratiqueAïkibudo. Les bases techniquesrelatives aux Taï-Sabaki, de la dis-tance (Ma-aï) et les formes decanalisation sont partiellementintégrés dans le corps et permettentparticulière de cette arme

L'étude commence par le Tanto noKata, qui regroupe les huit frappesélémentaires possibles avec unpoignard. Ces huit frappes enchaî-nées sont effectuées tant à droitequ'à gauche, permettant unemeilleure coordination motrice,ainsi qu'une sensibilisation audanger réel inhérent à l'usage decet arme. L'accent est mis sur lepotentiel destructeur du couteauqui permet une succession rapidede frappes sur des parties du corpsqui induisent une incapacité phy-sique immédiate et très rapide,avec danger réel de décès ! L'apprentissage se poursuivraensuite par l'étude de frappes com-plémentaires et d'enchaînementsrapides inhérents à ce type d'arme,et faisant l'intérêt pratique de cettearme silencieuse mais terriblementefficace. L'accent sera mis sur lepourcentage élevé de chances

d'être coupé lors d'une confronta-tion réelle au couteau (plus de60%), et sur les risques certainsd'atteintes graves. Dans le cadre du randori, le prati-quant touche du doigt une mise enapplication pratique de sesconnaissances au sein d’exercicesréalisés en Kumi tachi (avec parte-naire), avec un souci de réalisme etd’authenticité, sans toutefois sedépartir du contrôle et de la maîtri-se imposées par l’utilisation suc-cessives de copie d’armes réelles,en bois puis en métal ! Ce travailaux armes fait référence aux com-bats entre samouraï sur le champde bataille. Il faut remarquer icil’importance de la notion de vigi-lance de tous les instants(Zanshin), et conserver à l’esprit le

caractère profondément utilitairede cet art martial héritier des pra-tiques guerrières japonaises envigueur sur les champs debatailles, pour ne pas risquer detomber dans une pratique dénatu-rée, sans réalisme.

2° / LE TRAVAILSPECIFIQUE DEBUKI DORI(2)

Le travail de Buki dori contre leTanto est une composante du pro-gramme Aïkibudo abordée dès le2ème dan. Il faut ici préciser quela maîtrise de cette arme profitedirectement dans cette partie duprogramme, dans la droite logiquedes enseignements traditionnels.

Cette connaissance précieuse per-met donc directement au prati-quant de pouvoir concevoir lesripostes et les limites de son travailcontre un agresseur porteur d'unpoignard. Comme toujours enAïkibudo le pratiquant se trouveprojeté dans une dimension parti-culièrement réaliste, puisque Semeest supposé maîtriser le mieux pos-sible l’arme utilisée pour l’agres-sion. Le souci d’authenticité seretrouve alors tant dans le caractè-re vraisemblable de l’attaqueconsidérée qu’au niveau larecherche d’une solution techniqueefficace. Il est évident que seule laconnaissance la plus parfaite pos-

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(1) Arme en forme de foudre ou d’éclair, attribuée au

dieu de l’Hindouisme Indra.

(2) Buki-Dori : travail spécifique contre la panoplie

des armes.

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sible de l’utilisation du Tanto per-met de pouvoir se sortir en vied’une confrontation armée, quel’on soit porteur ou non d’unearme. On retrouve ici la logique quiprédominait dans l’ensemble desprincipales écoles traditionnellesd’Arts Martiaux Japonais.Les règles du combat aux armes setranspose directement dans le tra-vail de Buki dori. Les déplacementsseront les mêmes, l’utilisation desTai-sabaki, la notion de distance(Ma-aï) et donc de Zanshin serontadaptés à l’arme utilisée par Kirikomi, pour ne pas être à portéeimmédiate de celle-ci. La notion detemps de réaction sera égalementadaptée à la possibilité d’action del’arme : l’utilisation d’un couteau, àpetit rayon d’action mais très rapi-de ne sera pas la même que celled’une arme plus longue, d’autantplus que cette arme discrète seraidéalement utilisée à l’occasiond’un corps à corps pour plus d’effi-cacité.La stratégie de combat diffère icilégèrement : sur les photographiesci-contre, Seme est porteur d’uncouteau (Tanto). La position degarde de Tori s’adapte à la longueurde l’arme, soit un bras de la pointedu Tanto. Dès l’entrée sur l’attaquede Seme, Il est primordial de maî-triser immédiatement le bras por-teur de l’arme, avant de porter unatémi ; il faut canaliser l’attaque ensortant de la zone de danger ducouteau, et contrôler de façon défi-nitive le poignet de la main armée :ce contrôle devra être maintenudurant l’ensemble du travail, jus-qu’à complet désarmement deSEME et son contrôle définitif ausol. L’atémi reste alors possible, parexemple du pied, en complémentde la saisie douloureuse du poi-gnet. Il se décale ensuite pour por-

ter la technique (Shiho nage, Yukichigae ou Kote gaeshi) et prendgarde à la zone de danger liée àl’arme, en se tenant à une distanceun peu plus grande de son parte-naire durant l’exécution de la tech-nique. Le contrôle au sol se conclutpar une luxation du coude permet-tant le désarmement sans effortainsi que l’immobilisation définiti-ve de Seme. Le désarmement peutégalement se faire ou dans le mou-vement par une luxation de l’en-semble du bras (poignet, coude etépaule). Le choix technique dépen-dra en grande partie de l’opportuni-té offerte par l’attaquant et de lamaîtrise plus ou moins avancée deTori. Il est évident qu’un pratiquantHaut Gradé aura une plus grandefacilité d’adaptation qu’un jeuneYudansha. La pratique du randoriapportera alors l’expérience et lafluidité nécessaire à un sainapprentissage du Kaeshi waza. Le travail spécifique aux armes etsa transposition manuelle consti-tue la colonne vertébrale de notrepratique, qui permet, aux traversde techniques guerrières de façon-ner des pratiquants complets, tanten combat que dans la vie de tousles jours.L’ensemble des formes de travailenvisagées dans le programmeAïkibudo étaient parfaitement com-plémentaires sur le champ debataille et le restent dans la pra-tique contemporaine, : s’il est assezpeu fréquent de nos jours d’êtreconfronté à un adversaire porteurde l’une des armes traditionnelles,le travail de Buki-Dori reste unevaleur sûre dans un contexteconflictuel. Le travail spécifique auxarmes et sa transposition manuelleconstitue la colonne vertébrale denotre pratique, qui permet, aux tra-vers de techniques guerrières de

façonner des pratiquants complets,tant dans le cadre d’une réponselégitimée en self-défense que dansla vie de tous les jours. Cette adap-tation de tous les instants si impor-

tante lors des duels meurtriersancestraux apporte cette souplesseet cette ouverture d’esprit si chère ànos maîtres qui doivent transpa-raître dans la vie de tous les jours…

“Le travail spécifique aux armes et sa transposition manuelle constituent la colon-ne vertébrale de notre pratique, qui permet,aux travers de techniques guerrières defaçonner des pratiquants complets, tant encombat que dans la vie de tous les jours.”

aïkibudo

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3° / LE RECOURS AU TONFAMaître Alain Floquet a eu le soucid’associer dans la pratiqueAïkibudo l’ensemble des tech-niques susceptibles de permettreun apprentissage complet des réali-tés du combat, dans un souci per-manent d’efficacité et d’adaptationaux évolutions technologiques.C’est pourquoi le pratiquantd’Aïkibudo s’exerce également àl’utilisation d’armes particulières,tant dans leurs dimensions histo-rique que contemporaine. Arme traditionnelle en provenancede l’île d’Okinawa, le Tonfa est unbâton dans lequel est implantéeperpendiculairement une poignéeau niveau du premier tiers. Cettearme est directement attachée à lapratique du Karate. Maître AlainFloquet a pressenti le formidablepotentiel de cette arme dans lecadre de son travail de policier.Aussi a-t-il intégré l’usage de cettearme dans le programme Aïkibudo,à partir d’un niveau avancé de pra-tique. L’étude des frappes,contrôles et blocages élémentairesse fait également par le biais d’unKata, avant d’envisager, toutcomme le Tanto, les possiblesmises en application des tech-niques Aïkibudo avec l’usage decette arme. L'utilisation d'un Tonfasera particulièrement adapté autravail contre armes blanches,sachant que seules les personnesdépositaires de la force publique ettitulaires d'une autorisation de portd'arme de 6ème catégorie au termede la loi pénale française, dans lecadre de leurs activités profession-nelles pourront utiliser ce type d'ar-me. C'est pourquoi ce type de pra-tique est susceptible d'intéresserplus particulièrement les représen-tants des forces de l'ordre, les mili-taires et les professionnels de lasécurité. En ce qui concerne lesautres pratiquants, il ne faut toute-fois pas oublier qu'une revue rou-lée serrée ou un parapluie se sub-stitueront utilement à un Tonfa,dans le cas d'une agression à l'ar-me blanche. Ce potentiel tradition-nel retrouve alors son utilité pra-tique toute naturelle dont ne sau-

rait se passer un budoka averti !Il faut ici préciser que le travail deces armes se fait selon les aspectsfondamentaux de la pratiqueAïkibudo. Le souci d’efficacitéimpose une recherche la plus réa-liste possible, tant dans ses aspectstraditionnels guerriers (efficacitétotale avec possibles altérationspartielles ou totales des capacitésphysiques de Seme) que dans sesaspects évolutifs contemporains(avec un souci prépondérant decontrôle final de Seme, sans aucu-ne altération de ses capacités phy-siques). Le respect des règles juri-diques de la légitime défense auterme des articles 122-5 et 122-6du Code Pénal est une dominanteimportante de l’apprentissage deces armes et de leurs possibilités.La finalité de la technique doit tou-jours être une maîtrise totale deKiri Komi, Tori ayant à la fois récu-péré l’arme utilisée pour l’attaqueet les mains parfaitement libres.Ainsi le pratiquant d’Aïkibudo pos-sède un potentiel martial varié etparticulièrement efficace pour pou-voir raisonnablement maîtriser uneattaque en permettant de veiller àl’intégrité physique de Seme.

En collaboration,Paul-Patrick Harmant, 6°dan,

(D.T.I.R. Zone Est) (D.T.F.Adjt – F.I.A.B.)

Jean-Pierre VALLE, 3°DAN,(D.T.F. Adjt-polices F.I.A.B.)

sur les photographies.

Séminaire Monitorat Fédéralet Brevet d’Etat Aïkibudo

(sous la direction de Paul-Patrick Harmant)du 27 au 30 avril 2002,Salle de la Fraternelle,

Rue Jeanne d’Arc,54350 Mont Saint-Martin.

Inscription et renseignements :03.88.15.37.61.(pro.) /03.88.72.36.89.(dom.)

copyright :Christine Fuche

(IDF-CERA)copyright méthode

et techniques AikibudoAlain Floquet.

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FFAAA11, rue Jules Vallès

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tél: 01 43 48 22 22

fax: 01 43 48 87 91

3615 FFAIKIDO

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