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1 Fawâ-id 1 autour de la présentation des quatre Écoles – partie 1 Présentation succincte des quatre Imams : nom et filiation, naissance et décès, professeurs et élèves, lieux de diffusion de l’école, liens et différences entre les écoles, dogme de l’école. Au Nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux Plan de l’article : • Introduction : connaissances importantes sur certaines régions, villes, États et Empires. • Présentation succincte des quatre Imams : nom et filiation, naissance et décès, professeurs et élèves, lieux de diffusion de l’école. • Comparaison entre les différentes grandes ères dynastiques par rapport aux écoles de fiqh. • Conclusion : les six paliers du développement progressif du fiqh à travers l’Histoire, avec une allusion aux plus célèbres des jurisconsultes parmi les Compagnons puis aux plus célèbres des écoles de fiqh à l’époque des Suivants 2 s’étant formées sur les avis de ces grands mouftis parmi les Compagnons. 1 C’est-à-dire : Enseignements utiles. 2 J’ai choisi le mot « Suivant », avec une majuscule, pour transcrire le terme « tâbi’i ».

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Page 1: Fawâ-id autour de la présentation des quatre Écoles (partie 1) · 1 Fawâ-id 1 autour de la présentation des quatre Écoles – partie 1 Présentation succincte des quatre Imams

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Fawâ-id1 autour de la présentation des quatre Écoles – partie 1

Présentation succincte des quatre Imams : nom et filiation, naissance et décès, professeurs et élèves, lieux de diffusion de l’école, liens et différences entre les écoles, dogme de l’école.

Au Nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Plan de l’article :

• Introduction : connaissances importantes sur certaines régions, villes, États et Empires.

• Présentation succincte des quatre Imams : nom et filiation, naissance et décès, professeurs et élèves, lieux de diffusion de l’école.

• Comparaison entre les différentes grandes ères dynastiques par rapport aux écoles de fiqh.

• Conclusion : les six paliers du développement progressif du fiqh à travers l’Histoire, avec une allusion aux plus célèbres des jurisconsultes parmi les Compagnons puis aux plus célèbres des écoles de fiqh à l’époque des Suivants2 s’étant formées sur les avis de ces grands mouftis parmi les Compagnons.

1 C’est-à-dire : Enseignements utiles. 2 J’ai choisi le mot « Suivant », avec une majuscule, pour transcrire le terme « tâbi’i ».

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Connaissances importantes pour faciliter la compréhension de la lecture à venir :

Régions et villes :

Al Hijâz : nom donné anciennement à une vaste région à l’ouest de la péninsule arabique. Elle s’étend aujourd’hui en Arabie saoudite. Elle comprend les villes des deux plus importants lieux saints : La Mecque et Médine.

Najd : nom donné anciennement à une vaste région au centre et à l’est de la péninsule arabique. Elle s’étend aujourd’hui en Arabie Saoudite et en Irak. Mais Najd est également, à notre époque, le nom d’un vaste district au centre du Royaume d’Arabie saoudite, où se trouve notamment la capitale Riyad.

Ach Châm : nom traditionnel désignant la contrée au Moyen-Orient qui correspond aux régions actuelles que sont : la Palestine, le Liban, la Syrie, la Jordanie et plusieurs provinces du sud-est de la Turquie. Le nom français qui correspond le mieux pour transcrire « Ach Châm » est « la Grande-Syrie », même si le territoire désigné par l’un n’est pas exactement celui délimité par l’autre. À la suite de la Première Guerre mondiale, le territoire du Châm qui faisait partie de l’Empire Ottoman, fut divisé par les Français et les Britanniques et par la suite de nouveaux États furent créés.

Al Andalous : nom qui désigne l’ensemble des territoires de la péninsule ibérique et certains du sud de la France qui furent, à un moment ou un autre, sous domination musulmane entre 92 et 897 de l’Hégire (711 à 1492 grégorien). L’Andalousie actuelle (région d’Espagne), qui en tire son nom, n’en constitua longtemps qu’une petite partie.

Khourâsân : nom ancien d’une contrée en Orient qui englobait les régions actuelles que sont : le nord-est de l’Iran, l’Afghanistan, le sud du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan.

Sijistân, dit aussi Sistân : nom ancien d’une contrée en Orient qui englobait une région de l’est de l’Iran actuel avec une région du sud de l’Afghanistan actuel.

Boukhârâ : nom d’une ville en Orient se trouvant actuellement, sous le même nom (Boukhara, en transcription française), en Ouzbékistan.

Naysâboûr : nom d’une ville en Orient se trouvant actuellement, sous le même nom (Nichapour ou Neishabur, en transcription française), en Iran.

Marw : nom d’une ville en Orient se trouvant actuellement, sous le même nom (Merw, en transcription française), au Turkménistan. L’affiliation à cette ville en arabe se dit « Al Marwazi »3.

3 On entend par l’affiliation (an nisbah) à une ville en langue arabe ce qui, par exemple, est visé en français par « parisien », en tant qu’adjectif ou substantif, par rapport à Paris.

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Baghdâd, Al Koûfah, Al Basrah : les trois grandes cités d’Irak ; en transcription française : Bagdad, Koufa et Bassorah.

États :

Après le décès du messager d’Allah – sallAllahou ‘alayhi wa sallam –, ses successeurs (ses califes – « al khoulafâ ») pour diriger l’État islamique se sont succédés en plusieurs ères :

1. Le califat prophétique bien-guidé – « khilâfat an noubouwwah ar râchidah » – (c’est ainsi que le qualifia le Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam – en annonçant également qu’il durerait pendant trente ans après son décès, puis une monarchie viendrait prendre les commandes des Musulmans), de 11 à 41 de l’Hégire : 5 califes qouraychites : 1- Aboû Bakr ; 2- ‘Oumar ; 3- ‘Outhmân ; 4- ‘Ali ; 5- Al Hasan ibn ‘Ali (pendant 6 mois).

[Ci-dessous, une carte géographique montrant approximativement les territoires sous contrôle du califat bien-guidé à l’apogée de son ère, puis une autre pour les contrées où s’était propagé l’Islam4]

4 Dans cette seconde carte, une partie des noms des contrées apparaissant en arabe n’étaient pas les noms en vigueur à l’époque. Ce sera le cas pour les autres cartes à venir du même genre.

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2. La monarchie ou le califat monarchique : a) L’Empire Omeyyade – « ad dawlah al oumawiyyah » –, dynastie (arabe

qouraychite) de descendants de Oumayyah ibn ‘Abd Chams ibn ‘Abd Manâf (‘Abd Chams était le frère de Hâchim ibn ‘Abd Manâf, l’arrière-grand-père du Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam –), de 41 à 132 de l’Hégire : 14 souverains de cette famille se sont succédés à la tête de l’Empire, le premier fut le Compagnon Mou’âwiyah ibn Abî Soufyân et le dernier fut Marwân ibn Mouhammad. Sa capitale était Damas.

[Ci-dessous une carte géographique montrant approximativement les territoires sous contrôle des Omeyyades à l’apogée de leur ère, puis une autre pour les contrées où s’était propagé]

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b) L’Empire Abbasside – « ad dawlah al ‘abbâsiyyah » –, dynastie (arabe qouraychite) de descendants d’Al ‘Abbâs ibn ‘Abd Al Mouttalib ibn Hâchim ibn ‘Abd Manâf (Al ‘Abbâs était l’oncle paternel du Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam –), de 132 à 656 de l’Hégire : 37 souverains de cette famille se sont succédés à la tête de l’Empire, le premier fut Aboul ‘Abbâs ‘Abd Allah ibn Mouhammad et le dernier fut ‘Abd Allah Al Mou’tasim billah. Sa capitale fut d’abord Koufa, puis Bagdad et enfin Samarra.

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[Ci-dessous une carte géographique montrant approximativement les territoires sous contrôle des Abbassides à l’apogée de leur ère5, puis une autre pour les contrées où s’était propagé l’Islam]

c) L’Empire Ottoman – « ad dawlah al ‘outhmâniyyah » –, dynastie (turque d’Asie centrale, c’est-à-dire du Turkestan) de descendants de ‘Outhmân ibn

5 La couleur vert foncé indique les territoires qui, après avoir été sous contrôle des Abbassides dans un premier temps, sont devenus indépendants.

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Artoughroul (décédé en 699 H), de 918 à 1342 de l’Hégire : un peu moins de 30 souverains de cette famille se sont succédés à la tête de l’Empire, le premier fut Salîm Al Awwal et le dernier fut ‘Abd Al Majîd Ath Thâni. Sa capitale fut Istanbul (qui se disait à l’époque « Islâmboûl »), le nouveau nom qu’ils donnèrent à Constantinople après sa conquête d’entre les mains des Byzantins. L’Empire Ottoman, le dernier du califat islamique, a donc pris fin il y a un siècle avec la Première Guerre mondiale. [Ci-dessous une carte géographique montrant approximativement les territoires sous contrôle des Ottomans à l’apogée de leur ère, puis une autre pour les contrées où s’était propagé l’Islam]

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d) Il y eut d’autres grands États dynastiques qui virent le jour dans le monde musulman à l’époque des Abbassides puis des Ottomans, mais il n’y eut plus puissant et plus étendu que les trois grands Empires, sans compter le fait que la succession légitime (le califat islamique) pour diriger la Oummah après l’ère des Califes bien-guidés revenait à ces trois grandes monarchies, l’une après l’autre dans leur ordre chronologique respectif6. Parmi ces autres Etats on peut compter : 1- L’État Fatimide ou Obeydide (chiite ismaélite et arabe de la famille

prophétique, plus précisément des descendants d’Al Housayn, fils de Fâtimah, petit-fils du Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam –) de 296 à 566 H principalement en Afrique du Nord mais aussi au Châm et au Hijâz.

2- L’État Ayyoubide (arabe de Banoû Ghatafân) de 569 à 647 H en Afrique du Nord et à l’ouest de la péninsule arabique du Châm (au Nord) jusqu’au Yémen (au Sud).

3- L’État des Mamelouks (turc et caucasien) de 648 à 923 H en Afrique du Nord-Est et à l’ouest de la péninsule arabique, qui abrita sur son territoire en Égypte le califat Abbasside après sa chute en Irak face aux Tatars. Les souverains Abbassides se succédaient alors les uns aux

6 Ce de deux choses l’une :

- Soit par transmission légale du pouvoir d’un calife à son successeur ; - Soit par prise du pouvoir par la force d’entre les mains d’un calife devenu trop faible pour

soumettre les gens à son autorité et protéger les Musulmans et leurs terres face à leurs ennemis, ou bien d’entre les mains d’un calife n’étant pas dans cet état mais l’ayant entièrement renversé puis obtenu l’allégeance des gens de haut-rang parmi les Musulmans tout en établissant les lois de l’Islam dans la société et levant l’étendard du Jihâd.

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autres, bénéficiant toujours du titre de califes des Musulmans, mais le pouvoir était possédé en réalité par les Mamelouks.

[Voici trois cartes montrant approximativement les territoires sous contrôle de chacun de ces trois États, dans leur ordre respectif, à l’apogée de leur ère7]

7 C’est-à-dire que la 1ère carte est pour l’État Fatimide, la 2nde pour l’État Ayyoubide et la 3ème pour l’État des Mamelouks.

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Pour terminer, voici une carte montrant approximativement l’extension maximale des territoires ayant été sous contrôle islamique au cours de l’Histoire (mais les îles d’Asie du sud-est ont été oubliées), puis une autre pour la population musulmane dans le monde d’aujourd’hui :

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Remarque :

Cet article s’inscrivant dans la suite d’écrits précédents venant l’un après l’autre apporter des connaissances supplémentaires pour comprendre ce qu’est le domaine du fiqh en Islam, comment l’apprendre, le transmettre et le pratiquer dans sa vie de tous les jours, il est important, pour une compréhension parfaite, d’avoir déjà lu ces articles antérieurs et surtout les onze suivants :

· « Brève présentation chronologique de la jurisprudence islamique, de l’époque de la prophétie jusqu’aujourd’hui » ;

· « Brève présentation chronologique de la jurisprudence islamique – suite 1 » ;

· « Les deux moyens pour apprendre la jurisprudence ; les trois niveaux d’étudiants en science » ;

· « Les deux moyens pour apprendre la jurisprudence – suite 1 ; les trois cas de l’homme face à l’observation du fiqh » ;

· « Quel type de Musulman est concerné par le choix d’une école de fiqh particulière ? » ;

· « Qu’est-ce que la méthode de déduction d’une école de fiqh ? » ;

· « Parmi les plus grands avantages de l’étude du fiqh selon l’une des quatre Écoles » ;

· « Es-tu vraiment apte à trancher dans un sujet d’ijtihâd de divergence ? » ;

· « L’imam ibn Taymiyyah explique ce qu’est un ‘âmmi par rapport au savoir religieux ainsi que ce qu’il peut et ne peut faire par rapport à l’expression de ses avis personnels » ;

· « Un des fondements de la croyance orthodoxe (le credo d’Ahl As Sounnah) enfreint par les Chiites et les Kharijites : la légalité de passer les mains mouillées sur ses chaussettes en cuir durant les ablutions » ;

· « Peux-tu trouver la vérité (la loi d’Allah) dans un sujet jurisprudentiel en dehors des avis des quatre Écoles ? Réponse de l’imam ibn Taymiyyah ».

D’autre part, ce nouvel article reste dans la lignée des précédents en termes de présentation simplifiée et synthétisée des sujets traités. Ainsi, même si un certain nombre de détails sont mis à disposition du lecteur dans cet écrit, il n’en reste pas moins que la présentation qu’il donne des quatre imams et leurs écoles n’est qu’une première approche d’ensemble pour ce sujet très vaste et profondément ramifié.

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L’imam Aboû Hanîfah :

· Aboû Hanîfah An Nou’mân ibn Thâbit ibn Zoûtâ At Taymi Al Koûfi. La majorité des savants a dit qu’il n’était pas Arabe. Son grand-père, Zoûtâ, était un esclave de la tribu des Banoû Taymillah ibn Tha’labah ; lorsqu’il embrassa l’Islam, il fut affranchi. C’est de là que vient l’affiliation d’Aboû Hanîfah (At Taymi) à cette peuplade arabe.

· Né en 80 de l’Hégire à Koufa, en Irak, et décédé en 150 à Bagdad, à 70 ans.

· Quatre Compagnons de la dernière génération étaient encore vivants durant sa jeunesse : Anas ibn Mâlik, ‘Abd Allah ibn Abî Awfâ, Sahl ibn Sa’d As Sâ’idi et About Toufayl ‘Âmir ibn Wâthilah. Il rencontra parmi eux Anas lors de sa venue à Koufa, cependant il n’a pu être établi qu’il ait rapporté de lui des textes. Si l’on s’en tient à l’avis de la plupart des érudits du Hadith qui définissent le Suivant (tâbi’i) comme étant celui qui a rencontré au moins l’un des Compagnons même s’il ne lui a pas tenu compagnie ni n’a rapporté de lui des textes, Aboû Hanîfah fait partie des Suivants.

· Parmi les plus célèbres de ses chaikhs parmi les Suivants : ‘Atâ ibn Abî Rabâh (décédé en 114), ‘Âmir ibn Charâhîl Ach Cha’bi (décédé en 104), ‘Amr ibn Dînâr (décédé en 126), Nâfi’ l’affranchi d’ibn ‘Oumar (décédé en 117), Qatâdah ibn Da’âmah (décédé en 118), Mouhammad ibn Chihâb Az Zouhri (décédé en 124), Mouhammad ibn Al Mounkadir (décédé en 130), Hichâm ibn ‘Ourwah (décédé en 146) et Hammâd ibn Abî Soulaymân (décédé en 120) – Aboû Hanîfah assista aux assises de science de ce dernier durant 18 ans –.

· Parmi les plus célèbres de ses élèves : Aboû Yoûsouf Ya’qoûb ibn Ibrâhîm Al Ansâri (décédé en 182), Zoufar ibn Al Houdhayl Al ‘Anbari At Tamîmi (décédé en 158), Mouhammad ibn Al Hasan Ach Chaybâni (décédé en 189), Al Hasan ibn Ziyâd Al Lou-lou-i (décédé en 204), ‘Abd Allah ibn Al Moubârak (décédé en 181), Wakî’ ibn Al Jarrâh (décédé en 197), ‘Îsâ ibn Abân (décédé en 221) et son fils Hammâd ibn Abî Hanîfah (décédé en 170).

· L’école de jurisprudence (c’est-à-dire de science du droit et des lois) qui lui est attribuée est la plus ancienne des quatre Écoles, ainsi que la plus répandue et la plus suivie chez les Musulmans encore aujourd’hui ; plus d’un tiers de la Communauté la suit à notre époque. L’érudit historien ibn Khaldoûn (732 – 808 H) a dit : « Ont suivi Aboû Hanîfah, à notre époque, le peuple irakien [c’est en Irak, plus

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précisément à Koufa, que ce madhhab est né], les Musulmans de l’Inde, de Chine, de Transoxiane et de toutes les autres contrées non-arabes. ».

L’Empire Ottoman participa grandement à sa diffusion dans les contrées du monde musulman, l’adoptant comme madhhab officiel de l’État ; bien avant lui ce fut l’Empire Abbasside. C’est pourquoi l’érudit ibn Hazm Al Andalousi (384 – 456 H) a dit : « Deux écoles ont vu leur propagation première provenir des autorités politiques et judiciaires : le madhhab hanafi et le madhhab mâliki. L’École Hanafite dès lors qu’Aboû Yoûsouf [l’un des deux plus grands élèves d’Aboû Hanîfah et des trois plus grands imams de l’École] fut nommé au poste de chef des magistrats de l’Empire sous la dynastie Abbasside dont la capitale était Bagdad ; et pour l’École Malikite en Andalous au moment où Yahyâ ibn Yahyâ Al Laythi [l’un des plus grands élèves de Mâlik] obtint le rang de conseiller auprès du Sultan puis auprès des responsables de l’appareil judiciaire. C’est aussi de cette manière que se diffusa le madhhab mâliki un peu plus tard en Ifriqiya [territoire correspondant aujourd’hui à la Tunisie, à l’est du Constantinois – Nord-Est de l’Algérie – et à la Tripolitaine – Ouest de la Lybie –] : lorsque Souhnoûn ibn Sa’îd fut nommé magistrat, puis les générations suivantes grandirent dans le « bain jurisprudentiel » de l’école en vigueur dans leurs régions. ».

L’École Hanafite est encore aujourd’hui le madhhab dominant en Irak, en Syrie, au Liban, au Pakistan, en Inde, en Afghanistan, en Turquie, en Albanie, aux Balkans, au Caucase, en Chine et en Asie centrale de manière générale. Dans l’ensemble, c’est le madhhab qui, aujourd’hui, domine le monde musulman d’orient en dehors de l’Asie du sud-est. Il est aussi encore bien présent en Égypte, surtout au Nord.

Remarque : lorsque l’on parle, depuis environ 2 siècles jusqu’aujourd’hui, de diffusion et de suivi d’un madhhab fiqhi chez les Musulmans de telle ou telle contrée, on n’entend plus par là un sens complet mais uniquement partiel. On ne vise plus que le domaine des lois rituelles – ahkâm al ‘ibâdât – (le domaine des prescriptions propres aux actes cultuels) et peut-être aussi une toute petite partie du domaine des lois régissant les rapports entre les gens – ahkâm al mou’âmalât –, plus précisément les lois propres au mariage, au divorce et à l’héritage.

En effet, depuis le moment où le monde musulman a commencé à être profondément touché par l’invasion idéologique et culturelle occidentale (en plus de l’occupation militaire de ses territoires colonisés), de sorte à instaurer dans ses sociétés un certain nombre de lois humaines provenant majoritairement des lois européennes, la domination des lois de la législation islamique sur la direction de la vie des Musulmans s’est affaiblie considérablement en faveur du nouveau concurrent qu’était la législation de l’Homme Blanc. C’est alors que les lois islamiques régissant les rapports entre les gens – ahkâm al mou’âmalât –, les peines pour les fautes, les délits et les crimes – ahkâm al ‘ouqoûbât –, la guerre et le combat – ahkâm al jihâd –, l’éthique et le comportement – ahkâm al akhlâq –, furent progressivement écartées non seulement de la vie en société des Musulmans mais aussi de leur savoir et leur apprentissage.

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La situation devint davantage catastrophique après la sortie des contrées arabes de l’Empire Ottoman (qui étaient jusque-là sous sa direction) au moment où la Première Guerre mondiale sévissait en Europe. La législation divine fut carrément abandonnée en faveur des lois humaines dans le monde musulman d’orient, les « tribunaux du système » ou « tribunaux légaux » (« al mahâkim an nidhâmiyyah ») virent le jour pour prononcer les peines, d’après ces lois, et juger dans tous les rapports entre les gens, à l’exception du mariage, du divorce et de l’héritage, que l’on regroupa sous un ensemble nommé par « le droit du statut personnel » (« nidhâm al ahwâl ach chakhsiyyah ») et qui continua alors d’être régi par les lois d’Allah par l’intermédiaire de tribunaux lui étant réservés et qui furent nommés les « tribunaux religieux » (« al mahâkim ach char’iyyah »)8. Aussi, furent mises en place dans les contrées des Musulmans les « facultés de droit » pour former les juges, les avocats et les spécialistes de l’élaboration des lois (les législateurs), à la lumière de ce système de lois humaines.

Même si durant toute cette période il y eut quelques exceptions en termes de direction par la législation islamique dans les pouvoirs politique, administratif et judiciaire, telles que l’État saoudien, l’Émirat de Kounar en Afghanistan sous la direction de Jamîl Ar Rahmân Al Afghâni et le Sultanat de Brunei, il n’en reste pas moins que les lois humaines en provenance d’Europe ont pénétré toutes les sociétés musulmanes. Chaikh Al Albâni a dit : « Aujourd’hui, la plupart des pays islamiques, si ce n’est pas tous, sont gouvernés par les lois humaines. Une grande partie de ces pays a peut-être des lois qui, majoritairement, s’accordent à celles de l’Islam, mais c’est le cas inverse pour d’autres. Et entre ces deux situations opposées, il y a encore divers paliers pour d’autres pays. » [« silsilat al houdâ wan noûr » cassette n°355]. Une parole forte fut d’ailleurs prononcée à ce sujet par le célèbre Chaikh Rabî’ Al Madkhali : « A l’exception des dirigeants de ce pays - le Royaume d’Arabie saoudite -, tous les dirigeants des terres d’Islam sont aujourd’hui soit des (Chiites) Rafidites, soit des (Chiites) Batinites, soit des laïques ! Tous ne respectent ni la croyance de l’Islam ni sa législation ! » [https://www.youtube.com/watch?v=sVVB4xv1pkE].

8 Cependant, ces lois islamiques conservées pour régir les domaines du mariage, du divorce et de l’héritage furent rédigées sous forme de codes de lois modernes auxquels les juges devaient donc se référer sans avoir la possibilité d’en sortir ou de pratiquer l’ijtihâd. Ces lois du « statut personnel » furent prises, pour la plupart, dans ces nouveaux États après la chute de l’Empire Ottoman, à partir du madhhab hanafi.

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L’imam Mâlik :

· Aboû ‘Abdillah Mâlik ibn Anas ibn Mâlik Al Himyari Al Asbahi Al Madani. Il est donc, à la base, de la tribu des descendants de Himyar, une tribu yéménite. Il n’est pas le fils du Compagnon Anas ibn Mâlik qui lui était Ansâri, plus précisément de la tribu d’Al Khazraj, et qui est d’ailleurs décédé la même année où naquit l’imam Mâlik. Son grand-père, Mâlik ibn Abî ‘Âmir (décédé lui aussi en 93), était l’un des savants des Suivants. Son arrière-grand-père, Aboû ‘Âmir ibn ‘Amr ibn Al Hârith, fut cité par certains savants comme étant l’un des Compagnons, qui, de plus, avait participé à toutes les batailles et les expéditions militaires aux côtés du Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam – à l’exception de celle de Badr.

· Né en 93 de l’Hégire dans le village de Dhoul Marwah qui se trouvait à environ 160 km au nord de Médine et décédé en 179 à Médine, à l’âge de 85 ans.

· Il a été dit que le nombre de ses chaikhs avait dépassé le nombre de 900 ; parmi eux se trouvaient 300 Suivants et 600 Suivants des Suivants. D’entre les plus célèbres auprès desquels il resta une longue période, on compte : Nâfi’ l’affranchi d’ibn ‘Oumar (décédé en 117) – la chaîne de transmission « Mâlik, d’après Nâfi’, d’après ‘ibn ‘Oumar » fut d’ailleurs jugée comme l’une des plus fiables qu’il soit par les érudits du Hadith –, Rabî’ah ibn Farroûkh (décédé en 136), Mouhammad ibn Chihâb Az Zouhri (décédé en 124), Mouhammad ibn Al Mounkadir (décédé en 130), Abouz Zinâd ‘Abd Allah ibn Dhakwân (décédé en 130), Ishâq ibn ‘Abdillah ibn Abî Talhah (décédé en 132), ‘Abd Allah ibn Abî Bakr ibn Hazm (décédé en 135), Zayd ibn Aslam (décédé en 136), Yahyâ ibn Sa’îd Al Ansâri (décédé en 143), Hichâm ibn ‘Ourwah (décédé en 146), ‘Abd Allah ibn Yazîd ibn Hourmouz (décédé en 148) – Mâlik resta à apprendre auprès de ce dernier durant 13 ans –.

· Ses élèves, indénombrables, venaient d’Al Hijâz, d’Irak, de Khourâsân, du Yémen, du Châm, d’Egypte, du Maghreb et d’Al Andalous. L’érudit du Hadith Ad Dâraqoutni présenta dans son livre intitulé « Les individus qui ont rapporté de Mâlik ibn Anas » environ un millier d’hommes. Parmi les plus célèbres d’entre eux se trouvent : Mouhammad ibn Al Hasan Ach Chaybâni (décédé en 189), ‘Abd Ar Rahmân ibn Al Qâsim (décédé en 191), ‘Abd Allah ibn Wahb (décédé en 197), Ma’n ibn ‘Îsâ (décédé en 198), Achhab ibn ‘Abd Al ‘Azîz Al Qaysi (décédé en 204), ‘Abd Allah ibn ‘Abd Al Hakam (décédé en 210), Asad ibn Al Fourât (décédé en 213), ‘Abd Al Malik ibn Al Mâjichoûn (décédé en 214), ‘Abd Allah ibn Maslamah Al Qa’nabi (décédé en 221), Asbagh ibn Al Faraj (décédé en 225), Yahyâ ibn Yahyâ Al Laythi (décédé en 234) et Mouhammad ibn Idrîs Ach Châfi’i (décédé en 204). Le niveau

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scientifique atteint par l’imam Mâlik fut tel qu’un groupe parmi ses chaikhs vint s’asseoir auprès de lui pour mémoriser ses textes et les rapporter à leur tour, tels que Yahyâ ibn Sa’îd et son propre oncle, Aboû Souhayl ; ainsi que beaucoup de ses semblables (ses confrères) chez les savants, tels qu’Al Awzâ’i (décédé en 157), Al Layth ibn Sa’d (décédé en 175), Chou’bah ibn Al Hajjâj (décédé en 160), Soufyân Ath Thawri (décédé en 161) et Soufyân ibn ‘Ouyaynah (décédé en 198).

· L’école de jurisprudence qui lui est attribuée est la seconde des quatre Écoles en termes de chronologie. Son lieu de naissance fut Médine puis elle se diffusa dans les alentours au Hijâz, ensuite en Irak, en Égypte et dans de nombreuses autres contrées d’Afrique du nord et occidentale. Elle fut le madhhab dominant pendant très longtemps en Andalous, elle l’est encore aujourd’hui au Maghreb, en Afrique de l’Ouest, en Haute-Égypte et au Soudan ; dans l’ensemble, c’est le madhhab qui, aujourd’hui, domine le monde musulman d’occident9. Il est aussi présent dans certaines régions de l’est de la péninsule arabique, dans les pays que sont l’Arabie saoudite, les Émirats-arabes unis, le Koweït et Bahreïn. Les quatre écoles de référence qui se sont formées au sein du madhhab mâliki indiquent d’ailleurs que sa diffusion s’est faite davantage vers l’Ouest du monde musulman que vers l’Est : l’école médinoise, l’école irakienne, l’école égyptienne et l’école maghrébine (qui englobe celle de Kairouan et celle d’Al Andalous).

9 En opposition avec le monde musulman d’orient, non pas en référence à l’Occident dans le sens du monde occidental et sa société moderne.

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L’imam Ach Châfi’i :

· Aboû ‘Abdillah Mouhammad ibn Idrîs ibn Al ‘Abbâs Ach Châfi’i Al Mouttalibi Al Qourachi. « Ach Châfi’i » est une affiliation à l’un de ses pères, plus précisément le quatrième (soit son arrière-arrière-grand-père), qui se nommait Châfi’ ibn As Sâ-ib. La descendance du fils de Châfi’, ‘Outhmân ibn Châfi’, fut affiliée à celui-ci (en disant de chacun d’eux « Ach Châfi’i ») certainement en raison du fait qu’il était le premier ascendant parmi les Compagnons dans ce lignage comportant quatre Compagnons. Le second est le père de Châfi’, As Sâ-ib ibn ‘Oubayd, le troisième est son grand-père, ‘Oubayd ibn ‘Abd Yazîd, et le quatrième est son arrière-grand-père, ‘Abd Yazîd ibn Hâchim. Avec cela, nous pouvons citer le lignage de l’imam Ach Châfi’i jusqu’au huitième de ses pères : Mouhammad ibn Idrîs ibn Al ‘Abbâs ibn ‘Outhmân ibn Châfi’ ibn As Sâ-ib ibn ‘Oubayd ibn ‘Abd Yazîd ibn Hâchim.

Hâchim était le fils d’Al Mouttalib ibn ‘Abd Manâf, il était donc le cousin paternel du grand-père du Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam – : ‘Abd Al Mouttalib ibn Hâchim ibn ‘Abd Manâf(1). Son père, Al Mouttalib ibn ‘Abd Manâf, était alors l’oncle paternel du grand-père du Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam –, ‘Abd Al Mouttalib, et le frère de son arrière-grand-père, Hâchim. Quant à son grand-père, ‘Abd Manâf, il était l’arrière-arrière-grand-père du Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam –. C’est ainsi que la filiation de l’imam Mouhammad Ach Châfi’i rejoint celle du Messager d’Allah Mouhammad – sallAllahou ‘alayhi wa sallam – à ‘Abd Manâf : le quatrième des pères du Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam – et le dixième des pères d’Ach Châfi’i. La noblesse du lignage de l’imam Ach Châfi’i réside donc en trois choses :

- Il était Qourachi, c’est-à-dire descendant d’An Nadr ibn Kinânah.

- Il était Mouttalibi, c’est-à-dire descendant d’Al Mouttalib ibn ‘Abd Manâf ; ce qui faisait de lui un des membres de la famille prophétique (âl al bayt), qui est constituée : des épouses du Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam –, de sa descendance, de la descendance de (son arrière-grand-père) Hâchim ibn ‘Abd Manâf et celle de son frère, Al Mouttalib ibn ‘Abd Manâf, et leurs esclaves affranchis.

- Il était l’arrière-arrière-petit-fils d’un Compagnon (Châfi’) fils de Compagnon (As Sâ-ib) fils de Compagnon (‘Oubayd) fils de Compagnon (‘Abd Yazîd).

(1) En guise de rappel ou d’enseignement, le lignage du dernier et meilleur des envoyés d’Allah – sallAllahou ‘alayhi wa sallam – est :

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Mouhammad ibn ‘Abdillah ibn ‘Abd Al Mouttalib ibn Hâchim ibn ‘Abd Manâf ibn Qousay ibn Kilâb ibn Mourrah ibn Ka’b ibn Lou-ay ibn Ghâlib ibn Fihr ibn Mâlik ibn An Nadr (Qouqaych) ibn Kinânah ibn Khouzaymah ibn Moudrikah ibn Ilyâs ibn Moudar ibn Nizâr ibn Ma’add ibn ‘Adnân. Sa « kounyah » était Aboul Qâsim.

· Né en 150 de l’Hégire, l’année du décès d’Aboû Hanîfah, à Gaza ou à Ascalon (qui était une ville proche de Gaza) en Palestine, et décédé en 204 en Égypte, à 54 ans.

· Ach Châfi’i vécut la première partie de sa vie d’étudiant à La Mecque, puis il s’en alla à Médine, ensuite au Yémen, en Irak (avec des allers et venues entre l’Irak et La Mecque) et, enfin, en Égypte. Les plus célèbres de ses chaikhs à La Mecque, dont le nombre approchait la vingtaine, furent : Soufyân ibn ‘Ouyaynah (décédé en 198) et Mouslim ibn Khâlid Az Zanji (décédé en 179), qui étaient tous les deux parmi les Suivants des Suivants. A Médine, ses chaikhs furent au nombre de 13, le plus célèbre était certes l’imam Mâlik. Au Yémen, même s’il s’y était rendu en premier lieu pour exercer un travail dans la fonction publique, le plus célèbre de ses chaikhs fut : Hichâm ibn Yoûsouf As San’âni (décédé en 197). A Bagdad, les plus célèbres de ses chaikhs furent : Mouhammad ibn Al Hasan Ach Chaybâni (décédé en 189) – l’un des deux plus grands élèves d’Aboû Hanîfah et des trois plus grands imams de l’École Hanafite –, Wakî’ ibn Al Jarrâh (décédé en 197), ‘Abd Al Wahhâb ibn ‘Abd Al Majîd Ath Thaqafi (décédé en 194) et Ismâ’îl ibn Ibrâhîm Al Basri plus connu sous le nom d’ibn ‘Oulayyah (décédé en 193).

· Lors de son retour à La Mecque après son premier séjour à Bagdad, il établit son assise, où il enseigna le fiqh et délivra fatwas pendant 6 ans, dans la mosquée sacrée. Les plus célèbres de ses élèves durant cette période furent : Ahmad ibn Mouhammad ibn Hanbal (décédé en 241) et Ishâq ibn Râhawayh (décédé en 238) – le chaikh, par la suite, d’Al Boukhâri et de Mouslim An Naysâboûri –. Pendant son deuxième séjour à Bagdad, les plus célèbres de ses élèves furent : Ahmad à nouveau, Aboû Thawr Al Kalbi (décédé en 240), Aboû ‘Ali Al Karâbîsi (décédé en 248) et Al Hasan Az Za’farâni (décédé en 260). En Égypte, les plus célèbres de ses élèves furent : Aboû Ya’qoûb Yoûsouf Al Bouwayti (décédé en 231), Ismâ’îl ibn Yahyâ Al Mouzani (décédé en 264) et Ar Rabî’ ibn Soulaymân Al Mourâdi (décédé en 270).

· L’école de jurisprudence qui lui est attribuée est la troisième des quatre Écoles en termes de chronologie. Elle s’est diffusée partout où l’imam Ach Châfi’i a séjourné et enseigné : La Mecque et ses alentours au Hijâz, Bagdad et ses alentours en Irak, l’Égypte. Puis, elle a dépassé les frontières de l’Irak vers l’Orient pour s’y répandre en Perse, au Khourâsân, au Sisjistân, en Transoxiane et plus loin encore en Asie orientale.

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Elle est encore enseignée aujourd’hui par des gens de science spécialisés en la matière, qui ont hérité de son enseignement de chaikh à élève jusqu’à remonter aux grands savants chafi’ites d’antan (certains jusqu’à l’imam An Nawawi du 7ème siècle de l’Hégire), dans des mosquées au Châm, au nord de l’Irak, en Égypte, au Yémen, en Malaisie et en Indonésie.

Au fil des siècles, le madhhab châfi’i s’est propagé dans presque tous les coins du monde musulman et ailleurs. Parmi les contrées où il ne s’est pas répandu : le Maghreb et Al Andalous. Dans certaines de ces contrées, le madhhab était dominant et dans d’autres non. Il n’est resté dominant jusqu’aujourd’hui que dans une partie de ces premières contrées. Parmi celles-ci il y a : l’est de l’Égypte, le Kurdistan, l’Arménie, le Yémen et surtout sa grande région de Hadramawt, le sud-est asiatique (l’Indonésie, la Malaisie, Brunei, le Sri Lanka, les Philippines, la Thaïlande), le sud de l’Inde, la Tanzanie, le Kenya, l’Ouganda, les Comores, Madagascar. Étant dominant chez les Musulmans de l’Asie du sud-est, qui représentent certes la plus grande partie de la population musulmane du monde, le madhhab châfi’i est donc la deuxième des quatre Écoles en termes de diffusion et de suivi dans la Communauté. Dans l’ensemble, c’est le madhhab qui, aujourd’hui, domine le monde musulman de l’Afrique de l’est et de l’Asie du sud-est.

Il est intéressant de savoir qu’au cours de l’Histoire, durant une période célèbre, le madhhab châfi’i s’est vu être diffusé par l’État. En effet, lorsque l’État Fatimide prit place en Afrique du Nord puis au Châm et au Hijâz, s’emparant des territoires qui étaient avant cela sous contrôle du califat Abbasside, il instaura officiellement le madhhab chî’i (Chiite) et supprima la domination du madhhab hanafi qui était celui de son rival, l’Etat Abbasside, et par la même occasion celle du madhhab châfi’i en Égypte. Plusieurs siècles après, lorsque l’État Ayyoubide mit fin au règne des Fatimides, c’est le madhhab châfi’i qui fut largement diffusé du fait que les sultans de ce nouvel État étaient chafi’ites ; ce madhhab fut alors établi comme référence pour l’autorité judiciaire. Cependant, même si le pouvoir Ayyoubide supprima le madhhab chî’i en faveur du madhhab châfi’i, il ne négligea pas pour autant les trois autres Écoles Sunnites. Plutôt, Salâh Ad Dîn Al Ayyoûbi (Saladin), le premier de cette nouvelle dynastie, instaura officiellement pour les Hanafites, les Malikites et les Hanbalites, des jurisconsultes de chaque madhhab respectif qui devaient diriger la prière, enseigner, délivrer fatwas et même débattre scientifiquement les uns les autres, entre savants des différentes écoles. Les Ayyoubides se distinguèrent alors par l’impulsion nouvelle donnée aux quatre Écoles d’Ahl As Sounnah, avec les dépenses généreuses et les constructions d’écoles que cela comprenait. C’est dans ce contexte que Salâh Ad Dîn fonda à Jérusalem (Al Qouds), quelques années après qu’il eut repris cette cité d’entre les mains des Croisés, « al madrasah as salâhiyyah » (l’École Salahienne10) destinée aux jurisconsultes Chafi’ites.

Remarque à propos de l’Égypte : les trois madhâhib, hanafi – mâliki – châfi’i, se sont diffusés dans ce pays depuis leurs débuts et y sont restés présents fortement, tous les

10 Selon ma transcription personnelle.

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trois ensemble, jusqu’aujourd’hui. Ils ont aussi été tous les trois aux commandes de l’appareil judiciaire avec des périodes de domination, absolue ou partielle, de l’un sur les autres dans cette branche du pouvoir au fil de l’Histoire. Aujourd’hui, les Écoles Malikites et Chafi’ites restent bien répandues chez le peuple égyptien dans leur pratique rituelle, tandis que l’École Hanafite régnait sur le pouvoir judiciaire par rapport au droit du statut personnel et aux legs pieux (al awqâf) jusqu’à ce qu’une réforme des lois, au siècle dernier, viennent placer dans ces quelques domaines des rapports entre les gens (al mou’âmalât) les avis du madhhab mâliki en tête.

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L’imam Ahmad :

· Abou ‘Abdillah Ahmad ibn Mouhammad ibn Hanbal Ach Chaybâni Al Marwazi Al Basri (d’origine) Al Baghdâdi (de naissance et de lieu de croissance et de résidence). Il rejoint le lignage du Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam – à Nizâr ibn Ma’add ibn ‘Adnân : le 19ème des pères du Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam – et le 28ème des pères d’Ahmad.

· Né en 164 de l’Hégire à Bagdad et décédé en 241 dans cette même cité-mère de l’Empire Abbasside, à 76 ans.

· Ahmad étudia à Bagdad, à Koufa, à Bassorah, à La Mecque, à Médine, au Yémen et au Châm. Le nombre de ses chaikhs dépassa les 400. Les plus célèbres d’entre eux furent : Aboû Yoûsouf Ya’qoûb ibn Ibrâhîm Al Ansâri (décédé en 182) – l’un des deux plus grands élèves d’Aboû Hanîfah –, Houchaym ibn Bachîr (décédé en 183), Ismâ’îl ibn ‘Oulayyah (décédé en 193), Wakî’ ibn Al Jarrâh (décédé en 197), Soufyân ibn ‘Ouyaynah (décédé en 198), Soulaymân ibn Dâwoûd ibn Al Jâroûd Aboû Dâwoûd At Tayâlisi (décédé en 204), Mouhammad ibn Idrîs Ach Châfi’i (décédé en 204), ‘Abd Ar Razzâq ibn Hammâm As San’âni (décédé en 211), Nou’aym ibn Hammâd (décédé en 227), Yahyâ ibn Ma’în (décédé en 233) et Ishâq ibn Râhawayh (décédé en 238).

· Le nombre de ses élèves fut supérieur à 500. Parmi eux se trouvaient certains de ses chaikhs. Les plus célèbres d’entre eux furent : Wakî’, Yahyâ ibn Ma’în, Ishâq ibn Râhawayh, ‘Abd Ar Rahmân ibn Mahdi (décédé en 198), Yahyâ ibn Sa’îd Al Qattân (décédé en 198), Aboû ‘Oubayd Al Qâsim ibn Sallâm (décédé en 224), Mouhammad ibn Ismâ’îl Al Boukhâri (décédé en 256), Ahmad ibn Mouhammad At Tâ-i Aboû Bakr Al Athram (décédé en 261), Mouslim ibn Al Hajjâj An Naysâboûri (décédé en 261), Aboû Zour’ah Ar Râzi (décédé en 264), son fils Sâlih ibn Ahmad (décédé en 266), Hanbal ibn Ishâq (décédé en 273), ‘Abd Al Malik ibn ‘Abd Al Hamîd Al Maymoûni (décédé en 274), Aboû Dâwoûd As Sijistâni (décédé en 275), Harb ibn Ismâ’îl Al Karmâni (décédé en 280) et son autre fils ‘Abd Allah ibn Ahmad (décédé en 290).

· L’école de jurisprudence qui lui est attribuée est la dernière des quatre Écoles en termes de chronologie. Elle ne s’est pas diffusée dans le monde musulman et ailleurs autant que les trois autres Écoles, même si ce n’est pas les grands savants moujtahids et les éminents jurisconsultes qui lui ont manqué tout au long de

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l’Histoire. Elle ne s’est propagée en dehors de l’Irak, vers l’Orient puis le Châm, que plus d’un siècle après le décès de l’imam Ahmad.

Il fut dit que la cause de cette faible diffusion, en dehors du fait que s’étaient déjà bien installés les trois madhâhib antérieurs dans les contrées du monde musulman, était le suivi des grands élèves de l’imam et des premiers jurisconsultes de l’École envers celui-ci dans son ascétisme, son éloignement ferme face aux gouverneurs et aux hautes-fonctions étatiques, et sa modération dans l’enseignement. Une des plus grandes causes derrière la large transmission d’un madhhab étant son arrivée jusqu’aux institutions des pouvoirs politique, administratif et judiciaire ainsi que sa stabilisation dans les institutions publiques (c’est-à-dire de l’État) pour la transmission des savoirs. La présence des jurisconsultes qui appellent les gens du peuple à leur madhhab et leur délivrent fatwas d’après celui-ci, tout en ayant un fort contact avec eux, bénéficiant de leur confiance et leur grande considération, leur adressant des propos qu’ils saisissent, est également une grande cause de diffusion d’un madhhab dans une contrée. Un des imams hanbalites de Bagdad, ibn ‘Aqîl Aboul Wafâ Al Hanbali (431 – 513 H), dit en cela : « Le madhhab hanbali n’a été lésé que par les siens ! Lorsque l’un des jurisconsultes ayant suivi Aboû Hanîfah ou Ach Châfi’i atteignait un haut niveau de savoir, il saisissait le poste de juge et autres fonctions de l’autorité étatique. Ce qui devenait alors pour lui un moyen de transmettre ses connaissances et de se consacrer à la science religieuse. Tandis que les suiveurs d’Ahmad, il était rare de trouver chez eux – du fait de la prédominance du bien dans leurs rangs – un homme étant parvenu à un bon niveau de savoir sans que cela ne le dirige vers le dévouement absolu au culte du Seigneur et vers l’ascétisme, se détournant alors de l’occupation par la science et sa transmission. ».

On ajouta parmi les causes du retard du madhhab hanbali face aux trois autres Écoles en termes de présence dans le monde, le fait que les Hanbalites en Irak se soient caractérisés par une sévérité envers les hérétiques, un rigorisme - accompagné parfois de violence - dans l’application de leurs avis jurisprudentiels par le peuple dans les sujets de divergence, et une continence scrupuleuse face à tout ce qui pourrait mener à des péchés, conformément à l’un des fondements de leur méthode de déduction qu’était le fait de « bloquer l’accès à ce qui est susceptible de mener à l’interdit » (« sadd adh dharâ-i’ »). Caractéristiques qui ne furent présentes aussi fortement chez les adeptes des autres Écoles, plutôt un certain nombre d’hérésies dogmatiques graves se propagèrent dans les rangs des jurisconsultes de ces trois Écoles, puis des ‘awâmm qui les suivaient, à partir de certaines périodes de l’Histoire pour perdurer jusqu’aujourd’hui11. Ce qui dressa contre le madhhab hanbali de très nombreux opposants parmi la masse du peuple ainsi que les jurisconsultes des autres écoles mais surtout parmi les autorités.

Face à ces pressions hostiles, le madhhab ne put se propager largement, plutôt il entama un déclin. Jusqu’au point où il fut dit que si les élèves des élèves d’Ahmad

11 Plus de détails sur ce sujet sont à lire dans la dernière partie de cet article qui est réservée à la présentation du dogme des quatre Écoles.

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n’avaient pas pris le soin de regrouper ses avis, ses fatwas et ses explications puis de les mettre à l’écrit et de les transmettre à leur tour à leurs élèves, son madhhab aurait disparu comme ce fut le cas du madhhab d’Al Awzâ’i du Châm, de Layth d’Égypte et autres12. Ahmad détestait que ses avis émanant de son ijtihâd dans le fiqh soient mis à l’écrit par ses élèves ; parmi tous les livres qu’il composa il n’y en eut pas un seul dans la jurisprudence. D’entre les fortes pressions exercées de la part des autorités contre ce madhhab à travers l’Histoire se trouve celle du gouvernement de l’Empire Ottoman (qui dirigea une grande partie du monde musulman pendant plus de 6 siècles) jusqu’au point où la présence des Hanbalites prit fin dans le berceau de leur madhhab, Bagdad et ses alentours, ainsi qu’au Châm et ailleurs.

Aujourd’hui, il est dit qu’il reste des suiveurs du madhhab hanbali en Palestine. Aussi, un État a adopté ce madhhab et l’a alors diffusé officiellement dans son territoire, faisant notamment revivre son patrimoine, où il est donc devenu dominant, même si ce n’est pas le seul à y être présent ni à y être enseigné. C’est l’État saoudien né de l’alliance avec l’imam révivificateur Mouhammad ibn ‘Abd Al Wahhâb An Najdi (1115 – 1206 H) qui était hanbalite ; le madhhab hanbali était présent dans la région du Najd depuis le 8ème siècle de l’Hégire. Cet État s’étant fondé sur un retour au Coran et à la Sounnah, il instaura les prescriptions de la législation islamique selon l’École Hanbalite aux commandes de l’appareil judiciaire pas seulement pour le droit du statut personnel mais aussi pour le reste des rapports entre les gens ainsi que pour les peines liées aux fautes, délits et crimes. Dans ce contexte il fut dit que si le madhhab hanbali a certes connu des époques difficiles, en termes de diffusion et de suiveurs chez les ‘awâmm, depuis le siècle ayant suivi celui de son apparition jusqu’à ces derniers siècles, il a certes été récompensé généreusement au final par cette haute place qu’on lui a donné dans les nobles terres du Najd et du Hijâz.

L’Histoire relate que ce madhhab n’a été dominant dans le monde musulman qu’à Bagdad pendant le 4ème siècle de l’Hégire, puis au Najd et plusieurs autres régions de la péninsule arabique durant nos dernières époques. Entre ces deux époques il y eut celle de sa présence au Châm du 5ème au 10ème siècle, il n’y fut pas dominant cependant il donna à l’Islam et aux Musulmans un bon nombre de grands érudits qui produisirent des œuvres qui allaient traverser les époques pour profiter à des foules indénombrables de gens de génération en génération jusqu’aujourd’hui ; tels qu’ibn Qoudâmah Al Maqdisi Ad Dimachqi13 (541 – 620 H), ibn Taymiyyah Al Harrâni Ad Dimachqi (661 – 728 H), ibn Al Qayyim Ad Dimachqi (691 – 751 H), ibn Rajab Al Baghdâdi Ad Dimachqi (736 – 795 H), Alâ Ad Dîn Al Mardâwi Ad Dimachqhi (817 – 885 H), Aboun Najâ Al Hajâwi (895 – 968 H). Auprès de ce dernier vinrent étudier un certain nombre des savants du Najd.

Dans l’ensemble, c’est le madhhab qui, aujourd’hui, domine le pays qui abrite les deux plus importants lieux saints de l’Islam, le Royaume d’Arabie saoudite.

12 Une allusion aux grandes écoles de fiqh disparues est présente en fin d’article. 13 « Ad Dimachqi » est en arabe l’affiliation à la cité de Damas (se dit « dimachq » en arabe), soit « le Damascène » en transcription française.

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Après cette présentation succincte des quatre imams : nom et filiation, naissance et décès, professeurs et élèves, lieux de diffusion de l’école ; et avant de parler des liens et différences entre les écoles, observons une carte montrant approximativement les lieux de diffusion des quatre Écoles à notre époque afin de mieux visualiser les informations lues précédemment sur ce sujet :

Les quatre Écoles ont été nommées « les écoles des contrées » (« madhâhib al amsâr ») car elles se sont répandues dans toutes les régions du monde musulman. Au point où elles ne soient absentes d’aucune de ces régions. Dans chacun des territoires des Musulmans elles sont présentes, toutes les quatre ou au moins une.

Il y eut chez Ahl As Sounnah d’autres écoles de fiqh aussi anciennes ou plus encore, mais elles disparurent au cours de l’Histoire. Cependant pas entièrement puisqu’elles furent incluses dans les quatre Écoles. Une indication de cela sera présente dans le paragraphe qui va suivre.

D’autre part, il existe quatre autres écoles très anciennes elles aussi qui ont été présentes minoritairement à travers l’Histoire mais ont tout de même survécu jusqu’aujourd’hui. Elles continuent à avoir des suiveurs qui s’y affilient, même si l’affiliation n’est pas toujours synonyme de conformité réelle. Elles sont :

1- Le madhhab de l’imam Zayd ibn ‘Ali ibn Al Housayn ibn ‘Ali ibn Abî Tâlib (80 – 122 H), duquel se réclament les Chiites Zaydites et le nomment : le madhhab zaydi.

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2- Le madhhab de l’imam Ja’far ibn Mouhammad ibn ‘Ali ibn Al Housayn ibn ‘Ali ibn Abî Tâlib (80 – 148 H), duquel se réclament les Chiites Rafidites et les Chiites Ismaélites et le nomment : le madhhab ja’fari.

3- Le madhhab ibâdi qui est attribué à ‘Abd Allah ibn Ibâd At Tamîmi Al Ibâdi (il vécut au 1er et peut-être aussi au 2ème siècle) qui fut l’un des chefs des Khawârij. Il est le fondateur de l’une des factions kharijites qui fut plus tard affiliée à lui en disant : la faction Ibadite.

4- Le madhhab de l’imam Dâwoûd ibn Khalaf Al Asbahâni Al Baghdâdi (200 – 270 H), qui fut nommé le cinquième madhhab d’Ahl As Sounnah mais aussi : le madhhab dhâhiri (l’École Littéraliste)14.

Ensuite, pour faire une comparaison entre les différentes grandes ères dynastiques présentées dans l’introduction par rapport aux écoles de fiqh, on peut dire que :

· L’ère de l’Empire Omeyyade (41 à 132 H) a favorisé la diffusion du madhhab hanafi vers l’Orient et celle du madhhab mâliki vers l’Occident. Il est intéressant de souligner qu’aujourd’hui, plus de 1300 ans après cette première orientation dans la diffusion des deux écoles alors naissantes, c’est une situation semblable que l’on retrouve : Al Hanafiyyah domine l’Est (en dehors de l’Asie du sud-est) et Al Mâlikiyyah domine l’Ouest. Cela bien que l’École Hanafite, dès cette première époque et plus tard au fil des siècles, se soit bien propagée en Afrique du Nord et fut même imposée comme madhhab officiel pendant de longs siècles ; à l’inverse des tentatives de diffusion du madhhab mâliki au-delà de l’Irak vers l’Orient qui furent toujours stoppées par la force du suivi des gens pour le madhhab hanafi dans ces contrées-là. D’autre part, il est important de se rappeler qu’à l’époque de l’Empire Omeyyade, Ach Châfi’i et Ahmad n’étaient pas encore nés, et les Ecoles Hanafites et Malikites n’en étaient qu’à leur premier stade : celui de la fondation. C’est pendant l’ère Abbasside qu’elles parvinrent à celui de l’expansion et de l’enrichissement, puis celui de la stabilisation.

Durant ce siècle de règne des Omeyyades, d’autres grandes écoles de fiqh étaient présentes, qui disparurent plus tard pendant l’ère Abbasside, faute de mise à l’écrit, d’ordonnancement, de soutien étatique et de transmission suffisants de la part des élèves, mais sans pour autant être perdues absolument puisqu’incluses dans les quatre Écoles15 ; d’entre les plus célèbres d’entre elles il 14 Un long paragraphe y sera consacré dans la partie 2 in cha Allah. 15 Rappel d’une parole de Chaikh ‘Abd As Salâm Ach Chouway’ir présente dans l’article « Brève présentation chronologique de la jurisprudence islamique – suite 1 » : « Nous avons cité dans le cours d’hier que les savants du madhhab hanbali rangent les jurisconsultes de cette école en trois classes : les premiers (« al moutaqaddimoûn »), les intermédiaires (« al moutawasittoûn »), les derniers (« al mouta-akhkhiroûn »). Puis nous avons présenté succinctement

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y avait le madhhab awzâ’i, le madhhab laythi et le madhhab soufyâni. Les imams respectifs auxquels ils étaient attribués étaient : ‘Abd Ar Rahmân Al Awzâ’i (88 – 157 H) l’imam du Châm, Al Layth ibn Sa’d (94 – 175 H) l’imam de l’Égypte et Soufyân Ath Thawri (97 – 161 H) l’imam de l’Irak. Le madhhab d’Al Awzâ’i fut dominant durant environ deux siècles chez les jurisconsultes et les mouftis officiels du Châm et environ un siècle chez ceux d’Al Andalous – du fait que les Arabes ayant conquis cette nouvelle terre aux côtés des Berbères venaient du Châm – (il fut d’ailleurs le madhhab officiel de l’État Omeyyade d’Al Andalous - après la chute du reste de l’Empire en faveur des Abbassides - pendant 40 ans), jusqu’au moment où le madhhab châfi’i pris l’ascendant sur lui au Châm et où le madhhab mâliki en fit de même à Al Andalous ; ascendance due grandement à la validation des sultans de ces régions. L’Empire Omeyyade ayant pour quartier général la région du Châm, avec Damas comme capitale, il est donc possible de dire que le madhhab de référence et le plus soutenu par cette dynastie, durant la deuxième moitié de son règne, fut celui d’Al Awzâ’i. Le madhhab d’Al Layth pris fin peu de temps après sa mort, la parole d’Ach Châfi’i, décédé environ 30 ans plus tard, est en cela célèbre : « Al Layth était plus savant dans le fiqh que Mâlik, mais ses élèves n’ont pas fait ce qu’il fallait pour préserver son héritage ». Celui d’Ath Thawri, malgré le fait qu’il n’ait pas eu de très nombreux suiveurs chez les jurisconsultes, était néanmoins encore présent dans la région de Khourâsân 5 siècles plus tard, comme l’a cité ibn Taymiyyah.

Parmi les autres grandes écoles à cette époque Omeyyade, qui furent ensuite incluses dans les quatre Écoles, il y avait : celle d’Al Hasan Al Basri, celle de Mouhammad ibn Sîrîn, celle de ‘Âmir Ach Cha’bi, celle de Makhoûl Ad Dimachqi, celle de ‘Atâ ibn Abî Rabâh, celle d’ibn Chihâb Az Zouhri, celle de Mouhammad ibn ‘Abd Ar Rahmân ibn Abî Laylâ.

· L’Empire Abbasside (132 à 656 H) instaura le madhhab hanafi comme référence officielle, en plaçant Aboû Yoûsouf, le grand élève d’Aboû Hanîfah, au poste du chef des magistrats de l’Empire et en le chargeant de la responsabilité de nommer les cadis dans toutes les régions du monde dirigées par l’Etat ; c’est alors qu’il ne nomma le plus souvent que des jurisconsultes hanafites. En résulta le fait que la grande majorité des magistrats et des savants de cet Empire, qui régna pendant cinq siècles, fut hanafite. Cela en dépit du fait que la dynastie Abbasside

la première classe, sa durée temporelle, ses caractéristiques distinctives les plus connues et ses livres les plus importants. Aujourd’hui, nous allons parler de la classe des intermédiaires qui représente en réalité la plus importantes de ces trois catégories. Elle est la plus riche jurisprudentiellement parlant, la plus nombreuse en termes de livres composés, et la classe prise comme référence la plus grande. D’ailleurs, cette époque était celle de la grande richesse en fiqh pour les quatre Ecoles sans exception. Durant celle-ci, les livres rédigés, dans chacune de ces écoles, furent très nombreux. C’est aussi pendant celle-ci que les écoles de jurisprudence se stabilisèrent à quatre écoles et que les autres disparurent, d’un certain point de vue seulement puisqu’elles furent incluses dans ces quatre grandes. Allah – ‘azza wa jall – mit alors sur Terre une acceptation pour ces quatre écoles et leurs jurisconsultes qui perdura jusqu’aujourd’hui ! ».

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se réclamait à la base suivre le madhhab de leur aïeul : ‘Abd Allah ibn ‘Abbâs ; le fiqh d’Aboû Hanîfah était davantage l’héritage de l’école du premier imam de Koufa, ‘Abd Allah ibn Mas’oûd16.

· L’Empire Ottoman (918 à 1342 H) en fit de même et plus encore, en restreignant le pouvoir judiciaire au madhhab hanafi et en l’adoptant comme madhhab de l’État.

· L’État Fatimide (296 à 566 H) instaura le madhhab chî’i comme référence officielle.

· L’État Ayyoubide (569 à 647 H) supprima le madhhab chî’i, favorisa la diffusion du madhhab châfi’i qu’il plaça à la tête du pouvoir judiciaire et honora les trois autres Écoles en établissant officiellement des jurisconsultes de chacune d’elles pour la direction de la prière, l’enseignement, la délivrance de fatwas et même le débat scientifique entre elles.

· L’État des Mamelouks (648 à 923 H) suivit les pas de l’État Ayyoubide, auquel il succéda, et alla plus loin encore. Dès la deuxième décennie de son ère, son quatrième souverain hissa aux commandes de la Justice les trois autres Écoles et instaura ce qui fut appelé « les quatre juges » ; chaque madhhab avait désormais son cadi officiel qui se prononçait sur les affaires civiles, judiciaires et religieuses, tranchait les différends entre les gens, énonçait les peines et imposait son jugement par la force étatique. Cependant, la plus grande place en cela était toujours réservée au madhhab châfi’i ; après lui venait le mâliki, puis le hanafi, puis le hanbali. Lorsque l’État Ottoman renversa celui des Mamelouks et par la même occasion ce qu’il restait de la fin du califat Abbasside contrôlé par les Mamelouks, se voyant léguer officiellement le califat par le dernier restant de la longue dynastie des Abbassides et devenant alors le nouveau califat légal de la Oummah, il mit fin aux « quatre juges » et replaça le madhhab hanafi seul à la tête du pouvoir judiciaire, comme il le fut auparavant durant le long règne du puissant Empire Abbasside.

Une bonne conclusion après les connaissances précédentes concernant les lieux de diffusion des quatre Écoles dans le monde et leur place dans les différentes ères des grandes dynasties ayant régné sur les Musulmans est de savoir que la

16 Consulter à nouveau si besoin l’article « Brève présentation chronologique de la jurisprudence islamique, de l’époque de la prophétie jusqu’aujourd’hui ».

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jurisprudence islamique est passée, dans l’ensemble, par les six paliers suivants à travers l’Histoire :

1. Le fiqh à l’époque de la prophétie : cette première étape prend fin à la mort du Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam –.

2. Le fiqh à l’époque des grands Compagnons, que l’on nomme aussi l’ère des Califes bien-guidés.

3. Le fiqh à l’époque des petits Compagnons et des grands Suivants : ce palier prend fin lorsque se termine le 1er siècle de l’Hégire.

4. Le fiqh à l’époque des Suivants et de la génération d’après, qui est l’ère de l’apparition des écoles de fiqh et de la mise à l’écrit de la Sounnah et du fiqh : cette étape s’étale du 2ème au 4ème siècle.

5. Le fiqh à l’étape de l’argumentation détaillée, de la comparaison et du soutien porté aux écoles : du 4ème au 7ème siècle, plus précisément jusqu’à la chute de Bagdad, capitale de l’Empire Abbasside, aux mains des Tatars en 656H.

6. Le fiqh à l’étape du suivisme : du 7ème siècle jusqu’aujourd’hui.

Il est possible de rajouter un septième palier, celui du déclin depuis environ deux siècles. Voilà une vision d’ensemble sur les développements progressifs du fiqh au fil des siècles. Quant aux quatre Écoles, chacune d’elle a eu des étapes progressives de développement qui ne correspondent pas forcément chronologiquement à celles de l’autre. De la fondation au suivisme puis au déclin, en passant par l’extension et l’enrichissement, suivis de la diffusion, la transmission (avec ce que cela exigeait comme tri, ajustement, synthèse, amélioration) et la stabilisation, et peut-être aussi, plus tard, de la revivification du patrimoine, chaque École a eu dans son évolution progressive ses particularités.

Dans l’article « Brève présentation chronologique de la jurisprudence islamique - suite 1 » nous avions lu une belle explication de Chaikh ‘Abd As Salâm Ach Chouway’ir autour de trois points :

- l’affiliation des avis jurisprudentiels aux contrées avant que ne survienne leur affiliation aux écoles ;

- les raisons pour lesquelles les quatre Écoles furent affiliées aux quatre Imams et pas à d’autres savants ;

- la présence de tous les avis admis des trois premières générations (les Compagnons, les Suivants, les Suivants des Suivants) dans les quatre Écoles.

Au vu de l’importance de relire une telle explication, je vais la remettre ci-dessous mais avant cela, ajoutons quelques connaissances utiles.

Aboû Hanîfah était à Koufa où les fatwas prédominantes chez les Suivants qui s’y trouvaient et desquels il avait appris étaient celles d’Abd Allah ibn Mas’oûd. Mâlik était à Médine où les fatwas prédominantes chez les Suivants qui s’y trouvaient

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et desquels il avait appris étaient celles d’ibn ‘Oumar et de Zayd ibn Thâbit. Ach Châfi’i était, durant la première période de son apprentissage, à La Mecque où les fatwas prédominantes chez les Suivants qui s’y trouvaient avant qu’il ne s’instruise auprès de leurs élèves étaient celles d’Abd Allah ibn ‘Abbâs. En Égypte, là où Ach Châfi’i accomplit la dernière période de sa vie, c’était celles d’Abd Allah ibn ‘Amr ibn Al ‘Âs.

Ainsi, à l’époque des Suivants, les gens de chaque contrée suivirent principalement les fatwas du grand érudit parmi les Compagnons qui avait vécu avec eux dans celle-ci et y avait été la référence dans la transmission du savoir, le donnant notamment à des étudiants qui étaient devenus par la suite des imams dans leurs contrées. En effet, les savants jurisconsultes chez les Compagnons furent très nombreux, cependant un certain nombre d’entre eux devinrent plus célèbres en raison de trois choses :

- Ils se distinguèrent par leur très haut niveau de savoir dès l’époque prophétique puis le début de l’ère des Califes bien-guidés. Cela car ils mémorisaient le Coran et avaient une profonde connaissance de l’abrogeant et de l’abrogé parmi ses textes, de l’évident et de l’équivoque, ainsi que toutes ses sortes d’indications qu’avait expliquées le Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam –.

- Ils furent imams dans la fatwa au sein des Compagnons eux-mêmes puis continuèrent à être la référence des Musulmans chez les générations d’après.

- Ils réalisèrent des ijtihâdât (efforts d’interprétation et de déduction) dans le fiqh.

Parmi les plus célèbres d’entre eux il y avait :

- Les quatre Califes : Aboû Bakr, ‘Oumar, ‘Outhmân et ‘Ali. - ‘Abd Allah ibn Mas’oûd que ‘Oumar envoya à Koufa en tant que cadi et

gouverneur. - Aboû Moûsâ Al Ach’ari que le Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam –

envoya au Yémen pour prêcher et gouverner. ‘Oumar et ‘Outhmân l’employèrent à leur tour pour ces fonctions ; ‘Oumar le nomma gouverneur de Bassorah, ‘Outhmân de Koufa.

- Oubayy ibn Ka’b à Médine. - Mou’âdh ibn Jabal que le Prophète – sallAllahou ‘alayhi wa sallam – envoya

au Yémen avec Aboû Moûsâ Al Ach’ari pour prêcher et gouverner. Aboû ‘Oubaydah ibn Al Jarrâh, le gouverneur du Châm durant le califat de ‘Oumar, le désigna comme son successeur avant de mourir.

- Zayd ibn Thâbit. ‘Oumar et ‘Outhmân le mettaient au-devant de la scène à Médine pour la fonction de cadi, la délivrance de fatwas - surtout dans le domaine de l’héritage - et la récitation coranique. ‘Oumar le chargeait aussi de gouverner Médine lorsqu’il s’absentait pour se rendre au pèlerinage.

- Aboud Dardâ. ‘Oumar l’envoya au Châm pour enseigner aux gens le Coran et les instruire dans la religion. Durant le califat de ‘Outhmân, il fut nommé cadi à Damas.

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- ‘Aïchah à Médine.

Après eux venait la seconde classe des jurisconsultes parmi les Compagnons, ceux qui avaient appris chez les grands Compagnons en plus de leur instruction à l’époque prophétique. Parmi eux se trouvaient les quatre ‘Abd Allah :

- ‘Abd Allah ibn ‘Abbâs. ‘Outhmân le chargea de la direction du pèlerinage en l’an 35. ‘Ali le nomma gouverneur de Bassorah. Après l’assassinat de ‘Outhmân, il devint l’un des plus grands mouftis des Compagnons à Médine, avec ibn ‘Oumar, Aboû Hourayrah, Aboû Sa’îd Al Khoudri et Jâbir ibn ‘Abdillah.

- ‘Abd Allah ibn ‘Oumar. Après l’ère prophétique, en dehors de ses nombreuses participations aux conquêtes et aux batailles, il vécut à Médine et à La Mecque.

- ‘Abd Allah ibn Az Zoubayr. Lui aussi participa grandement au Jihâd et en dehors de cela il vécut à Médine et à La Mecque.

- ’Abd Allah ibn ‘Amr ibn Al ‘Âs. Il s’installa en Égypte avec son père qui mena les armées qui la conquirent à l’époque du califat de ‘Oumar.

L’imam ibn Hazm cita que les Compagnons ayant émis le plus de fatwas qui ont été mémorisées et rapportées de génération en génération sont au nombre de sept :

1- ‘Oumar ; 2- ‘Ali ; 3- Ibn Mas’oûd ; 4- Ibn ‘Oumar ; 5- Ibn ‘Abbâs ; 6- Zayd ibn Thâbit ; 7- ‘Aïchah17.

Ibn Hazm dit : « Si l’on regroupait les fatwas de chacun d’eux à part, on obtiendrait sept gros volumes. ». L’érudit As Sakhâwi (831 – 902 H) cita que le premier d’entre eux en cela, comme l’avait dit l’imam Ahmad, était ibn ‘Abbâs. Ibn Hazm ajouta : « Après eux viennent les vingt suivants : Aboû Bakr, ‘Outhmân, Aboû Moûsâ,

17 A ne pas confondre avec les sept individus parmi les Compagnons ayant rapporté le plus de hadiths – c’est-à-dire plus d’un millier de hadiths – :

1- Aboû Hourayrah (5374 hadiths dans le recueil de Baqiyy ibn Makhlad) ; 2- Ibn ‘Oumar (2630 hadiths dans ce recueil) ; 3- Anas ibn Mâlik (2286 hadiths dans ce recueil) ; 4- ‘Aïchah (2210 hadiths dans ce recueil) ; 5- Ibn ‘Abbâs (1660 hadiths dans ce recueil) ; 6- Jâbir ibn ‘Abdillah (1540 hadiths dans ce recueil) ; 7- Aboû Sa’îd Al Khoudri (1170 hadiths dans ce recueil).

L’érudit contemporain du Hadith, Ahmad Châkir (1309 – 1377 H), a dit : « Les savants se sont appuyés pour ce classement sur les hadiths étant présents dans le recueil de Baqiyy ibn Makhlad (201 – 276 H) car il est le plus complet des recueils. ».

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Mou’âdh, Sa’d ibn Abî Waqqâs, Aboû Hourayrah, Anas, ‘Abd Allah ibn ‘Amr ibn Al ‘Âs, Salmân Al Fârisi, Jâbir ibn ‘Abdillah, Aboû Sa’îd Al Khoudri, Talhah, Az Zoubayr, ‘Abd Ar Rahmân ibn ‘Awf, ‘Imrân ibn Housayn, Aboû Bakrah, ‘Oubâdah ibn As Sâmit, Mou’âwiyah, ibn Az Zoubayr et Oumm Salamah. ». Puis il cita qu’on trouvait environ cent-vingt personnes parmi le reste des Compagnons ayant une, deux ou trois fatwas qui étaient disponibles dans les textes rapportés ; tels que Oubayy ibn Ka’b, Aboud Dardâ, Aboû ‘Oubaydah, Aboû Talhah, An Nou’mân ibn Bachîr, Aboû Dharr et Al Miqdâd.

Les plus célèbres des écoles de fiqh à l’époque des Suivants s’étant formées sur les avis de ces jurisconsultes des Compagnons étaient au nombre de trois :

- La mère des écoles, celle de Médine, qui était principalement constituée des fatwas de Zayd ibn Thâbit et d’ibn ‘Oumar. C’est d’eux qu’apprirent les très célèbres « sept jurisconsultes » de Médine parmi la génération des Suivants : Sa’îd ibn Al Mousayyib, Al Qâsim ibn Mouhammad ibn Abî Bakr, ‘Ourwah ibn Az Zoubayr ibn Al ‘Awwâm, Khârijah ibn Zayd ibn Thâbit, ‘Oubayd Allah ibn ‘Abd Allah ibn ‘Outbah, Soulaymân ibn Yasâr et Aboû Salamah ibn ‘Abd Ar Rahmân ibn ‘Awf. Une divergence eut lieu pour le septième, certains savants dirent à la place d’Aboû Salamah : Sâlim ibn ‘Abdillah ibn ‘Oumar ibn Al Khattâb. Le plus célèbre à avoir étudié auprès d’eux fut ibn Chihâb Az Zouhri, qui fut décrit comme l’homme ayant réuni en lui le savoir des sept jurisconsultes et qui devint par la suite le chaikh de Mâlik. Mais l’imam Mâlik apprit aussi longuement auprès de Nâfi’ l’affranchi d’ibn ‘Oumar qui transmettait le savoir de ce fils du second Calife ainsi que de son père Al Fâroûq. Mâlik étudia également auprès de certains chaikhs de l’école de la Mecque (présentée ci-dessous).

- L’école de Koufa qui était principalement constituée des fatwas d’Abd Allah ibn Mas’oûd. Il transmit son savoir à un bon nombre de Suivants dont les plus célèbres furent : ‘Alqamah ibn Qays, Masroûq ibn Al Ajda’, Al Aswad ibn Yazîd, ‘Abd Ar Rahmân ibn Yazîd et Al Qâdî Chourayh. Saisit cette science auprès d’eux un bon nombre d’hommes également qui devinrent par la suite de grands savants, dont Ibrâhîm An Nakha’i. Ce dernier le passa à plusieurs dont Hammâd ibn Abî Soulaymân, qui le transmit à son tour fortement à Aboû Hanîfah et Soufyân At Thawri. Mais l’imam Aboû Hanîfah étudia également auprès de certains chaikhs de l’école de Médine et de l’école de La Mecque.

- L’école de La Mecque qui était principalement constituée des fatwas d’Abd Allah ibn ‘Abbâs. Les plus célèbres savants parmi ses élèves furent : ‘Ikrimah, ‘Atâ ibn Abî Rabâh, Tâwoûs et Sa’îd ibn Joubayr. L’un des plus grands de leurs élèves fut ‘Amr ibn Dînâr, qui devint par la suite le chaikh de Soufyân ibn

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‘Ouyaynah et de Mouslim ibn Khâlid Az Zanji, qui furent à leur tour les deux plus grands chaikhs d’Ach Châfi’i à La Mecque.

Chaikh ‘Abd As Salâm Ach Chouway’ir a dit :

« Les Compagnons ont donc divergé dans des sujets jurisprudentiels, puis les Suivants ont rapporté d’eux cette divergence et ont à leur tour, eux aussi, divergé et ce davantage. Et ainsi de suite avec les Suivants des Suivants puis les générations d’après.

Durant les premières époques, les gens de science attribuaient celle-ci, après les Compagnons, aux contrées et disaient alors : « Les gens du Hijâz sont de tel avis », « Les jurisconsultes de la Mecque ont tel avis », « Les jurisconsultes de Médine ont émis tel avis », « Les jurisconsultes d’Al Koûfah prononcent tel avis », « Les jurisconsultes du Châm déclarent tel avis ». Les opinions étaient donc rattachées aux régions, puis, lorsque ces jugements se mélangèrent dans ces terres de sorte qu’il y ait dans une seule et même contrée différents avis et diverses écoles, des jurisconsultes d’Al Koûfah ayant enseigné aux gens du Hijâz, des gens vivant dans le Hijâz ayant adopté les jugements des savants du Châm, d’autres ayant étudié auprès des érudits de Médine parmi les élèves d’ibn ‘Oumar puis s’étant installés à La Mecque et ailleurs dans les contrées de la science qui se trouvaient à l’époque des Suivants, les gens de science commencèrent alors à affilier la science du fiqh aux plus célèbres de ses érudits. Et ce n’était là qu’une affiliation à des hommes qui étaient les premiers à avoir établi expressément les règles de ce domaine scientifique et qui étaient alors pour cela parmi les plus nobles des gens ; cette affiliation ne signifiait seulement que mettre en évidence les premiers auteurs de cet établissement des règles et attester de leur éminence. Ainsi, ces grands imams tels qu’Aboû Hanîfah An Nou’mân ibn Thâbit, Mâlik ibn Anas, Ach Châfi’i, Ahmad et d’autres avant eux comme Al Awzâ’i, Soufyân ibn Sa’îd At Thawri, Soufyân ibn ‘Ouyaynah le Mecquois, et d’autres encore nombreux et dont les éloges qui leur reviennent sont longs, n’ont pas vu la science de la jurisprudence être attribuée à leurs noms – je vise particulièrement les quatre imams ici – en raison de l’ijtihâd qu’ils avaient accompli dans celle-ci après avoir acquis l’aptitude immense pour cela, mais seulement pour le fait d’avoir été les premiers à instaurer formellement les règles de cette science.

Conclusion, les quatre Écoles ont été affiliées aux quatre grands imams pour deux raisons :

1. Ce sont eux qui ont débuté l’institution des règles de la sorte (clairement et précisément), bien qu’ils aient appris la plupart de ces règles des imams avant eux. Mâlik avait appris le fiqh de Rabî’ah ibn ‘Abd Ar Rahmân et des jurisconsultes de Médine, Aboû Hanîfah l’avait appris de Hammâd ibn Abî Soulaymân qui lui l’avait acquis chez les élèves d’ibn Mes’oûd [le Compagnon], Ach Châfi’i l’avait étudié chez

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les jurisconsultes du Hijâz et chez Mouhammad ibn Al Hasan [élève d’Aboû Hanîfah et de Mâlik], Ahmad l’avait obtenu auprès de ses chaikhs qui étaient nombreux [dont Ach Châfi’i]. En réalité, les quatre imams ont donc pris ce qu’ils avaient appris des efforts de déduction et d’interprétation des savants avant eux puis ont commencé à l’ordonnancer en règles formelles et précises.

2. Allah a voulu les élever, leur accorder une grâce immense et un statut éminent dans cette vie d’ici-bas, et nous Lui demandons qu’Il les fasse parvenir à un très haut degré dans l’au-delà. L’élévation dans la vie première s’obtient par les beaux éloges des gens en notre faveur, et dans l’au-delà par leurs invocations pour qu’Allah nous fasse miséricorde. Il n’y a pas un seul jour sans que ces quatre imams ne soient cités et que je ne sais combien des serviteurs d’Allah Lui demandent alors Son pardon et Sa miséricorde en leur faveur, et ils sont mentionnés dans les endroits du monde les plus nobles tels que cette mosquée où se trouve la Maison sacrée. Allah a donc voulu pour ces quatre hommes un tel statut et ce pour des raisons qu’Il avait décrétées ; se trouvaient peut-être parmi elles des actes grandement vertueux qu’ils accomplissaient en secret, ne laissant aucun homme en avoir connaissance.

Les gens de science ont été unanimes sur le fait que ces quatre écoles, avec leurs fondements et leurs ramifications (ou : leurs composantes fondamentales et subsidiaires), ne sont pas dans leur totalité l’œuvre de leur quatre imams respectifs uniquement. Elles n’ont été affiliées à eux qu’en raison des choses expliquées précédemment : avoir débuté l’institution formelle des règles, avoir été choisi par Allah pour obtenir une grâce immense de Sa part.

Lorsque nous avons compris cela, nous devons désormais prendre connaissance de plusieurs choses importantes.

Premièrement, tout avis divergent qui se trouvait chez les Compagnons, les Suivants, les Suivants des Suivants et la génération d’après, dans les questions jurisprudentielles, s’appuyant sur une argumentation forte même s’il n’a pas été jugé prépondérant, se basant sur un appui admis et n’étant donc pas un avis excentrique (« châdhdh ») ni caduc (« malghiyy »), est forcément présent dans l’une des quatre Ecoles. Tout avis des pieux prédécesseurs de ce type est inévitablement présent dans au moins l’une de ces écoles, en y étant le premier avis ou le second, l’avis notoire ou celui qui est le moins prépondérant. Cette affirmation ne vient pas de moi mais des érudits spécialistes dans la connaissance de la divergence supérieure, tels que l’imam Aboû ‘Amr ibn As Salâh, qui était l’un des hommes les plus savants dans le Hadith à son époque, Chaikh Al Islam Taqiyy Ad Dîn ibn Taymiyyah, le grand érudit Aboul Faraj Zayn Ad Dîn ibn Rajab. Voilà trois grands savants au sujet desquels il n’y a pas deux hommes divergeant sur leur connaissance profonde de la Sounnah et de la divergence supérieure sans parler de la divergence inférieure, qui ont déclaré cela

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expressément. Conclusion, après investigation de la part de ces imams, ils ont pu établir que tout avis divergent qui se trouvait chez les Salafs et qui n’était pas caduc ni excentrique, qui se basait sur une argumentation même faible mais admise, est forcément présent dans au moins une des quatre Écoles. A partir de cela, les savants, après la fin des trois premières et meilleures époques, ont déclaré qu’il était illégal de sortir de ces quatre écoles. Ils n’entendaient pas par cela qu’il est illégal en soi de se positionner en dehors de ces quatre méthodes jurisprudentielles et que la vérité ne peut se trouver que dans celles-ci, mais uniquement la réalité présentée juste avant : la présence de tout avis divergent admis, émis par les savants de l’une des trois générations des Salafs, dans les quatre Écoles réunies18. […]

C’est pourquoi il est devenu en vigueur chez les savants depuis le 4ème siècle de l’Hégire que de commencer son apprentissage du fiqh par l’une des quatre Ecoles ; et cela représente donc une unanimité factuelle (par l’acte) chez les savants. Au point où, depuis cette époque jusqu’aujourd’hui, aucun homme du nombre des jurisconsultes, des érudits ou des mouftis dont l’avis est digne de considération, n’a commencé dans la science du fiqh par une autre voie que celle de ces écoles. […]

Deuxièmement, lorsque nous parlons d’un de ces quatre madhâhib et l’étudions, nous ne faisons par là qu’un « ta’rîf » non pas un « tarjîh » : nous prenons connaissance de l’Ecole et la présentons, nous ne la jugeons pas meilleure que les trois autres. Et il est illégal à un Musulman de dire : « La vérité se trouve dans l’école d’Untel en dehors de celle d’Untel ». La vérité se trouve uniquement dans la parole d’Allah et celle de Son messager – sallAllahou ‘alayhi wa sallam –. C’est la raison pour laquelle ibn Mouflih, dans « al fouroû’ », rapporta de son chaikh, ibn Taymiyyah, la parole suivante : « Celui qui dit : « La vérité se trouve dans l’une des quatre Ecoles en dehors des autres » a enfreint l’unanimité et mérite de se voir affliger une sanction et correction. ». Il est donc illégal d’affirmer que la vérité est restreinte à une de ces écoles en particulier, ce qui est différent de ce qu’expriment les savants lorsqu’ils disent : « Les fondements de l’imam Untel sont plus proches de l’exactitude », « L’argument d’Untel dans tel sujet est plus proche de la preuve légale ». […] La vérité se trouve dans le Coran et la Sounnah, c’est donc sur leurs textes que se porte avant tout l’analyse, et les Ecoles de fiqh ne sont qu’un outil qui permet de découvrir cette vérité, de la mettre en évidence et de l’expliquer clairement.19 »

18 Chaikh Sâlih Al ‘Ousaymi a dit : « Les quatre Écoles ont été instaurées, ajustées et fixées à partir des avis divergents qui se trouvaient chez les Compagnons et les Suivants ; ces avis ont donc été inclus dans ces écoles. ». [« al manhajiyyah fî ta’alloum al fiqh » - « la méthodologie pour apprendre la jurisprudence»]. 19 Chaikh ‘Abd As Salâm Ach Chouway’ir a dit : « La vérité ne se trouve que dans la législation d’Allah et ces écoles de fiqh sont seulement un moyen de la découvrir, de la démontrer et une voie pour apprendre sa jurisprudence. Parler d’une de ces écoles en particulier ne signifie donc pas la juger meilleure que les autres ; ces quatre écoles tirant toutes leur source dans l’ijtihâd des

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[« al madkhal ilâ madhhab ahmad » - « Entrée en matière pour l’étude de la jurisprudence selon l’école d’Ahmad » -]

Suite dans la partie 2.

Principales sources :

· « al madhâhib al fiqhiyyah al arba’ah : a-immatouhâ, atwârouhâ, ousoûlouhâ, âthârouhâ » du Département des Recherches scientifiques du Ministère des Affaires Religieuses du Koweït ;

· « al madkhal ilâ madhhab al imâm ach châfi’i » de Dr. Akram Al Qawâsimi ;

· « mafâtîh al fiqh al hanbali » de Dr. Sâlim Ath Thaqafi ;

· « al madhhab al hanbali fî najd : dirâsah târîkhiyyah » de ‘Abd Ar Rahmân ibn ‘Abd Allah Ach Chouqayr ;

· « al madkhal ilâl madhhab al hanafi – al mâliki – ach châfi’i – al hanbali » du site « ach chabakah al fiqhiyyah » ;

· « al mawsoû’ah al filistîniyyah » de Dr. As’ad ibn ‘Abd Ar Rahmân ;

· « al madhâhib al fiqhiyyah al moundathirah wa atharouhâ fit tachrî’ al islâmi » de ‘Abd Al Qâdir Boû ‘Ouqâdah ;

· « nadhrah târîkhiyyah fî houdoûth al madhâhib al fiqhiyyah al arba’ah wantichârihâ ‘inda joumhoûr al mouslimîn » d’Ahmad Taymoûr Bâchâ avec une longue préface de Mouhammad Abou Zahrah ;

· « fath al moughîth bicharh alfiyyat al hadîth lil ‘irâqi » d’As Sakhâwi.

Par Rajab ibn ‘Abd Allah – en remerciant les relecteurs qui ont aidé à la correction des fautes et à l’amélioration de la présentation, qu’Allah les récompense –.

Compagnons et leurs règles fondamentales. ». [« al madkhal ilâl madhhab ach châfi’i » - « Entrée en matière pour l’étude de la jurisprudence selon l’école Chafi’ite »].