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    DES ORNITHORYNQUES ET DES CONSONNES DOUBLEMENT FLOTTANTES.

    POUR UNE THEORISATION UNIFIEE DE LA LIAISON

    Hommage Pierre Encrev, phonologue variationniste

    Sophie Wauquier1, Universit Paris 8 / UMR 7023

    - Comment allez-vous ? (quilsprononaient tous deux commen allez-

    vous sans faire la liaison du t), liaisonquon pense bien quune fois rentr la

    maison je me faisais un incessant et

    voluptueux exercice de supprimer .

    Marcel Proust, A lombre des jeunes

    filles en fleurs, p. 504.

    1. Lornithorynque comme mtaphore utile en phonologie

    Jakobson & Waugh convoquent la page 75 de La charpente phonique dulangage, ce petit animal rare et bien trange, qui les conduit reformuler ladage bienconnu selon lequel lexception confirme la rgle , en ce quelle peut sinterprtercomme une manifestation particulirement insolite de variation structurelle2. Ce textenous interroge sur la place que lon doit accorder aux manifestations les plus varies,bizarres et inattendues dun phnomne phonologique dans lanalyse structurelle de lavariation. En dautres termes, ceci pourrait se formuler ainsi : lhtrognitempirique dans ses manifestations les plus insolites doit-elle lgitimement nousamener renoncer la possibilit dune explicitation thorique unifie et homogneou doit-elle nous y encourager, au contraire, puisquelle permet lexplicitation desliens structurels existant entre des phnomnes apparemment diffrents, auxralisations les moins attendues et les plus erratiques mais pourtant structurellementapparents ?

    A cette question, semparant de lornithorynque phonologique quest la liaison sans enchanement (LSE, par la suite), Pierre Encrev (1988) avaitrpondu, par une proposition unifiante soutenant que, non seulement la LSE relevaitdu mme formalisme que la liaison enchane (LE, par la suite), mais quelle tait parsa varit mme, le locus variationis manifestant par excellence les caractristiques

    1Tous mes remerciements J. Brando de Carvalho et Ph. Sgral pour leur lecture de la version initiale de cetexte.2 Tant que lechnid dAustralie et lornithorynque de Tasmanie (animaux pondeurs) taient inconnus deszoologues, ceux-ci pouvaient considrer la reproduction vivipare comme une proprit essentielle de tous lesmammifres. La dcouverte des animaux ovipares [...] amena redfinir la viviparit comme une proprit, non

    plus gnrale, mais trs largement majoritaire. De mme, sil savrait que les proprits linguistiques supposesuniverselles sont en fait des quasi-universaux, et que parmi les mille et quelques langues plus ou moins connuesdes chercheurs, un tout petit nombre, devient isolment des structures utilises par la grande majorit, nous aurionstoujours affaire l qu des exceptions qui nauraient dautre consquence que de nous inviter explorer lesconditions internes et externes de telles anomalies, et rechercherpourquoi justement, les proprits en question

    sont quasi universelles. R. Jakobson & E. Waugh,La charpente phonique du langage, p. 75

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    structurelles de ce phnomne de sandhi en franais (Encrev, 1988 ; Encrev &Scheer, 2005 (a) et (b)).

    Une logique inverse prside linterprtation lexicaliste du phnomne de laliaison dveloppe et amplement diffuse partir Bybee (2001) et reprise parChevrot, Fayol & Laks (2005). Cette conception, enterre dlibrment LA liaisonet fait du mme coup DES liaisons, dans la varit de leurs manifestationsempiriques, le paradigme de lobjet phonologique qui sinterprte au cas par cas.

    Les donnes de diverses sources prsentes et interprtes ici remettent en question deuxfaits bien tablis dans lanalyse phonologique de la liaison : la conception des CL commeconsonnes finales latentes et lhomognit du phnomne. Ce quon appelle liaison faitintervenir un ensemble de consonnes distinctes, essentiellement des segments penthtiques,mais galement des consonnes initiales de mot et des consonnes finales fixes dans des formesde liaison suppltives. Ces dernires sont limites un nombre restreint, et probablement enrgression, dadjectifs prnominaux. ces catgories pourraient encore sajouter des CL

    prfixales, comme le [z] marquant le pluriel. Il importe maintenant dexplorer plus fond leseffets empiriques et la signification thorique de cet clatement du processus de liaison.

    [...] Ces conclusions suggrent notamment labsence de segments flottants et la tendance maintenir des formes lexicales uniques et invariantes au cours de la drivation

    Ct (2005), Le statut lexical de la liaison,Langages, 158, p.76.

    Les donnes apportes par Ct lappui de cette dmonstration sont, outreles donnes de production tires dEncrev (1988), Tranel (1995, 2000), du corpusdAgren (1973) ou dexemples isols, des donnes psycholinguistiques plus rcentes,rsultant de travaux en perception ou en acquisition. Elles mettent, prioritairement tout autre conditionnement de la liaison, laccent sur la varit des ralisationsobserves et avancent que les comportements des locuteurs-auditeurs de tous ges en

    production, perception et acquisition, sont essentiellement conditionns par la

    frquence dusage des constructions o apparaissent les liaisons (Bybee, 2001). Cetteconception tendant envisager la liaison comme un phnomne clat htrogne rsulte sans aucun doute, et de la multiplication de donnes de

    production, de perception et dacquisition, et de la multiplicit des interprtations possibles qui ont t faites de la liaison, qui a servi de banc dessai toutes lesthories phontiques et phonologiques traitant du franais3. Les premiers rsultats delanalyse du vaste corpus PFC ( Phonologie du franais contemporain) propose parDurand et Lyche (2007)) confirment cette tendance.

    On ne peut que se fliciter de la manire dont les grands corpus tels que PFCaffinent et renseignent notre connaissance du franais dans la varit de ses usages.On doit par ailleurs effectivement faire le constat dun tableau empirique complexeinterrogeant les hypothses thoriques disponibles. Mais la varit des donnesentrane-t-elle obligatoirement en retour limpossibilit de toute thorie unifie ? Lamise en cause de lexistence de consonnes flottantes , cest--dire dobjets

    phonologiques spcifiques abstraitement reprsents et permettant lexplication- aumoins partielle- des donnes au profit dune conception descriptive clate de laliaison, ainsi que lhypothse du stockage de constructions encodant la frquence deco-occurrences ne sont pas sans consquence. Elles se laissent au final ramener lamise en cause de la liaison comme un sandhi , cest--dire un phnomne

    proprement phonologique du franais, au profit dune conception ne distinguant pasexplicitement reprsentations phonologiques et lexicales et cartant la question de

    3 Pour une discussion sur les avantages respectifs de ces diverses interprtations pour les donnes depsycholinguistique (Wauquier-Gravelines 2005).

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    lexistence, en franais, de processus phonologiquement conditionns entranant desrorganisations et restructurations syllabiques sur les frontires de mots. Or si lon

    pousse cette logique son terme, cela revient dire que la liaison ne relve pas de laphonologie mais du lexique, ou alors que la phonologie nest pas fondamentalementdiffrente du lexique et que dans ce cas prcis, lexistence dun niveau autonome et

    reprsentationnel de la grammaire appele phonologie nest pas lgitime.Je ne discuterai pas ici de cette question, ni de la validit de cette position

    thorique pour les donnes adultes, ni en production, ni en perception 4. Mais jemontrerai que, contrairement aux arguments avancs dans Ct (2005), Chevrot et al.(2005), Dugua (2006), les donnes dacquisition napportent aucun argument dirimantpermettant davancer srieusement que les consonnes flottantes nexistent pas et que,sur la base de telles donnes, la consonne de liaison ncessite un traitement thorique clat . Par ailleurs, je rappellerai quun modle lexical ramenant la variation lafrquence dusage tel quil est propos par Bybee (2001), repris par Chevrot et al.(2005) et Dugua (2006), fait des prdictions problmatiques eu gard ce que

    produisent les enfants. Je montrerai au contraire que la dmarche variationnisteunificatrice, dveloppe en phonologie par Pierre Encrev et lapport original lathorie autosegmentale quont permis ltude de la liaison non enchane et du non-enchanement des consonnes fixes, offre un cadre thorique susceptible dtre tenduaux donnes de dacquisition et dassurer ainsi une continuit entre modles adultes etstructures dveloppementales.

    2. La liaison / les liaisons

    2.1. Ce quon sait propos de la liaison

    La liaison est un phnomne de sandhi externe se produisant sur la frontiregauche des catgories lexicales majeures en franais et qui donne lieu un double

    phnomne. Quand deux voyelles sont en contact sur une frontire lexicale, uneconsonne (consonne de liaison = CL par la suite) peut apparatre, qui sera le plussouvent - mais pas obligatoirement - resyllabe l'attaque du second mot

    [1] un lphant : un [E)] + lphant [elefA)] est produit [E)nelefA)]

    [2] un enfant : un [E)] + enfant [A)fA)] est produit [E)\nA\)fA)],

    Les occurrences observes sont traditionnellement classes, depuis Delattre entrois catgories qui manifestent effectivement un large ventail de variation :

    i) Les liaisons obligatoires toujours (ou quasiment) toujours ralises et enchanes

    [3] [E)nA)fA)] un enfant ,

    [4] [A)nameRik] en Amrique [5] [nuzalO)] nous allons [6] [tutaku] tout coup

    ii) Les liaisons optionnelles

    [7] [desOldazA)glE] / [desOldaA)glE] des soldats anglais [8] [ZvEzeseje] / [ZvEeseje] je vais essayer [9] [trezE)teResA)] / [treE)teResA)] trs intressant [10] [tuZuRzytil] / [tuZuRytil] toujours utile

    4 Ces questions sont discutes de manire trs dtailles respectivement dans Wauquier-Gravelines,2005 et Nguyen et al. 2007

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    iii) les liaisons interdites

    [11] * [E)sOldatA)glE] un soldat anglais [12] * [etO)ladi] et on la dit [13] * [dezeRo] des hros

    Boula de Mareuil et al. (2003) ont propos un classement diffrent, ralis partir dune analyse automatique dun corpus de 66500 phrases extraites duMonde etlues par 120 locuteurs (100 heures de parole) qui permet de dgager dix-huitcontextes et de dtailler plus finement les emplois et leur frquence dutilisation. Ceclassement ne recoupe pas strictement ceux qui sont proposs dans Delattre ouEncrev, ils dfinissent 7 rgles obligatoires avec un taux de ralisation allant de 81 99,2%, 7 rgles interdites avec un taux de ralisation infrieur 2% ( lexception ducontexte verbe non auxiliaire + en = tu pars en ) qui a un taux de 10,5%, etenfin 4 rgles facultatives o lon observe le plus grand cart-type, donc la plusgrande variation, puisque le taux de ralisation va de 14 44%. On retrouve pourtantl en filigrane la distinction entre les trois catgories poses prcdemment.

    Durand et Lyche (2007) ont galement, sur la base des premires analysesralises sur dix points denqute tirs du vaste corpus PFC, affin la description de lavariabilit des ralisations pour les contextes dits obligatoires (prpositions, pronomsclitiques, dterminants et adjectifs), enchans et non enchans. Leurs donnesmontrent galement de manire trs prcise, sur la base des analyses ralises sur dix

    points denqute, une relative variabilit des ralisations pour les contextes ditsobligatoires (prpositions, pronoms clitiques, dterminants et adjectifs) et enchansainsi quune plus large variation sur les facultatifs, et non enchans. Cela les amnegalement conclure une diversit de nature possible de la consonne de liaison.

    2.2 Liaison et enchanement sont diffrentsLoriginalit des travaux de Pierre Encrev a consist interroger un cas

    particulier de liaison, la LSE, pour en faire lexception qui confirme la rgle , alorsque la liaison et lenchanement ne sont pas prcisment distingus par la phonologiegnrative SPE (Schane 1968). Or lexistence de la liaison nimplique paslenchanement et linverse, toute consonne enchane nest pas forcment uneconsonne de liaison (Passy, 1899 ; Durand, 1956 ; Encrev, 1983, 1988).

    Dans le corpus quil propose, 11,2% des liaisons non obligatoires ne sont pasenchanes et sont ralises avec diverses variantes insrant au choix coup de glotte,pause, schwa sur la frontire.

    [14] [sEt /apsolymA)vRE], cest absolument vrai, (citation dans Passy, 1899)[15] [ZavEz /E)REv],javais un rve, (V. Giscard dEstaing, 19/5/81)[16] [bokudOtRsRO)t /avEknu], (L. Fabius, 22/05/05)[17] [ilfot /A)EtR], il faut en tre, (J. Chirac, 15/11/81)

    Les LSE napparaissent que dans des contextes et syntaxiquement pertinentset pour ces occurrences, mme les plus insolites, les locuteurs ne se corrigent pas. Parailleurs, un mme locuteur peut produire mme quelques minutes dcart dans unmme dialogue plusieurs variantes denchanement et de non enchanement dans uncontexte o cela est permis. Enfin il faut souligner que lon peut raisonnablementpenser que la LSE appartient la comptence passive des locuteurs puisque leslocuteurs qui ne produisent aucune LSE les comprennent et ne les relvent pas commeerrones.

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    Pour conclure sur ce point, il apparat donc clairement et en amont de touteanalyse formelle que, de manire non mystrieuse, la liaison est un phnomneempiriquement non homogne illustrant un cas de variation complexe, une variationcontextuelle o la ralisation est conditionne par le contexte, mais galement unevariation inhrente refltant la libert que peut manifester le locuteur pour les liaisons

    non obligatoires.2.3. Une solution pour la variation : le double flottement

    La liaison dans sa variante non-enchane ne manifeste donc pas pour PierreEncrev une anomalie marginale, mais elle illustre le fait que la CL est le locusvariationis par excellence. Il en propose dans le cadre de la phonologieautosegmentale la reprsentation formalise sur la base de lhypothse du doubleflottement.

    Cette conception suppose

    i) un flottement de la CL sur la ligne segmentale, donc labsence derattachement une position segmentale

    ii) un flottement de la CL sur la ligne syllabique, donc labsence derattachement une attaque ou une coda

    iii) une position squelettale disponible permettant lancrage de la CL la foisau plan syllabique (donc en attaque ou en coda) et au plan segmental

    iv) la ralisation de CL nest pas la consquence dune drivation par rglesmais le rsultat de conventions de bonne formation telles quelles ont t

    paramtrises pour le franais.

    [18] Non-liaison

    [19] Liaison enchane

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    [20] Liaison non enchane

    Ceci suppose donc quaucun rattachement nest postul a priori (Encrev,1988 ; Encrev & Scheer, 2005 a & b). La CL est un objet prsent dans lareprsentation lexicale mais qui na rien dordinaire et qui, par consquent, ne doit nitre ajoute ni, linverse tre retranche lors des oprations de traitement. Lareprsentation retenue par Encrev (1988) conoit la CL comme purementflottante , sans aucune association, mais dote dune position prosodique propre. Si

    lon retient ce formalisme, la CL appartient bien lunit lexicale (ce qui explique sescaractristiques segmentales) mais hors de toute ligne, dans une linarit suspensive(comme on parle en musique de suspension , lorsquon utilise le procd dcriturequi consiste retenir une ou plusieurs notes dun accord en les ajoutant laccordsuivant puis les rsoudre dans le deuxime accord). Elle est donc en rserve dune

    position prosodique non ralise et non soumise la segmentation qui sapplique auxlignes syllabiques et segmentales. Ce faisant, elle chappe dune certaine manire lasquentialit temporelle exprime dans le signal qui lui imposerait une position a

    priori mais elle relve de la squentialit temporelle du signe linguistique, au senssaussurien, encod lexicalement.

    Cette analyse, en radicalisant la logique autosegmentale entreprend dedpasser lunilinarit postule par Saussure (Cao Xuan Hao, 1985) et la conception orthographique de la liaison qui en dcoule, mais elle rejoint galementlhypothse sapirienne dune sensibilit aux segments latents comme des objetsphonologiques spcifiques, laissant supposer quils ont pour Pierre Encrev dunecertaine manire une ralit cognitive.

    Pour nous le squelette de positions pures correspond aux nombres de places potentiellesdfinissant un mot donn pour un locuteur donn (car il ne va pas de soi que tous les locuteurspartagent des reprsentations lexicales absolument identiques) : nous entendons par l lenombre dunits possibles que le locuteur attribue intuitivement un mot mmoris. Nouspensons que cette intuition existe, que les langues soient crites ou non. Nous suivons icilargumentation de Sapir (1933) sur la ralit psychologique des phonmes .

    Encrev (1988),La liaison avec et sans enchanement, 1988, p. 153.

    Encrev suggre ainsi que le squelette pourrait tre une matrice mentale, ungabarit temporel de stockage et de traitement lexical matrialisant lune desconnaissances basiques quun locuteur utilise en perception et en production : laparole est un objet linaire, temporel, et rythm. Lordre de succession des units dansla chane parle nest pas indiffrent, il est conditionn par la temporalit et lesrelations de hirarchie horizontale qui stablissent entre les constituants et lintrieur des constituants.

    On voit sesquisser l sur deux pages, une possibilit darticulation entre

    formalisme reprsentationnel autosegmental, variation et psycholinguistique quimalheureusement a t peu exploit. Carvalho (1997, 2002) reprend lhypothse dun

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    niveau phonologique subsymbolique constitu de positions temporelles pures noninterprtes segmentalement et qui constituerait la base de la structure phonologiquedes noncs bien forms partir desquelles mergerait linterprtation segmentale etsyllabique par les contraintes de mise en chane, mais il ne formule aucune hypothsecognitive explicite ce sujet. De manire gnrale, cette proposition de Pierre

    Encrev me semble tre la part la plus originale et novatrice de son appport et ilmapparat dommageable quEncrev (1988) nait pas t lu sous cet anglepsycholinguistique par les phonologies reprsentationnelles.

    Jai retenu pour ma part cette conception pour lanalyse des donnes denfantset je soutiens lide dun gabarit de positions autosegmentales o les mlodiesconsonantiques et vocaliques mergent sparment et procdent lune de lautre pourrendre compte de phnomnes observs lors de lacquisition phonologique en franaiset sur les donnes de dysphasie des enfants sans consonnes (Le Normand et al.1991). Les donnes des enfants refltent en effet une apparente connaissance dunombre et de la place dunits prosodiques mme quand elles ne sont pas produites,

    ou quelles sont harmonises, sous-spcifies ou quelles rsultent de propagationmlodique partir des noyaux vocaliques (Wauquier-Gravelines, 2005).

    3. Donnes dacquisition : quand et comment sapprend la liaison5 ?

    3.1. Chronologie de lacquisition

    Les travaux raliss depuis maintenant une dizaine dannes dfinissent unechronologie dacquisition trs homogne dun enfant lautre. Alors que lacquisitionphonologique proprement dite dbute en production partir de 12-13 mois, lespremires erreurs sur les liaisons apparaissent plus tardivement dans la pleine priodede rsolution des difficults lies lacquisition phonologique, quand dbute

    lacquisition de la syntaxe et la morphologie et que le lexique est dj important. Ilsemblerait que lon observe une priode critique chez tous les enfants vers 2,5 ans /3ans qui se rsoud vers 4 ans pour les monolingues, parfois un peu plus tard chez lesenfants en situation dexposition bilingue. Les erreurs ce premier stade sontobservables uniquement sur des contextes obligatoires et quasiment sur le seulcontexte article + nom (parfois adjectif + nom) . Mais les erreurs de ce typedisparaissent aprs la priode critique et ne sont pas ou trs peu observables chezladulte pour qui la liaison obligatoire dans ce contexte ne gnre que trs peuderreurs.

    Au contraire, les erreurs sur les liaisons non obligatoires qui sont le contextede variation par excellence pour les adultes apparaissent plus tardivement (Braud,1998 ; Ferr 1997 ; Basset, 2000),vers 7 / 8 ans. Ces types de faute quon observealors manifestent la mme variation inhrente que celle qui sobserve chez ladulte.On peut supposer quelles refltent les mmes conditionnements sociolinguistiques,externes la reprsentation de lobjet phonologique en soi. Les enfants partir de cetge l peuvent choisir de faire ou de ne pas faire ces liaisons, de les enchaner ou non.

    Par ailleurs, Matter (1986) et Dejean (1993) ont montr que des apprenants deL2 anglophones et nerlandophones, pouvaient produire des fautes rgulires sur les

    5(Braud, 1998 ; Ferr, 1998 ; Ferr, 1999 ; Braud & Wauquier-Gravelines, 1999 ; Ferr & Wauquier-

    Gravelines, 1999 ; Basset, 2000, Chevrot & Fayol, 2000 ; Chevrot & Fayol, 2001 ; Dugua, 2002 ;Wauquier-Gravelines 2002, 2003 ; Chevrot, 2003 ; Wauquier-Gravelines & Braud, 2005 ; Chevrot etal. 2005 ; Wauquier-Gravelines 2005, Dugua, 2006).

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    liaisons et particulirement en contexte obligatoire, mme avec un niveau decomptence linguistique et un lexique assez avancs. Les fautes sont les mmes quecelles qui sobservent chez les enfants en L1 (faute de mauvaise consonne) comme sitout contexte encore non rencontr leur posait problme et que la rgle ntait pasproductive, que chaque occurrence devait sapprendre au cas par cas.

    3.2. Types derreurs la priode critique

    Le classement des erreurs L1 rsultent des diverses sources de donnes (cf.note 5) et se dcline de la manire suivante.

    TYPE 1 : MAUVAISE CONSONNE DE LIAISON

    1.1 Mauvaise consonne par analogie*[lenan] pour [lezan] (Aurlien ; 3,1)*[lenelefA)] pour [lezelefA)](Marie; 3)*[E)zwazo]pour [E)nwazo]

    1.2 Mauvaise consonne et nasalit *[ZPvEamanekOl]pour [ZPvEamO)nekOl] (Joseph ;

    3)1.3 Mauvaise consonne par harmonieconsonantique

    [E)fefefA)] /[E)lefA)] / [defefefA)] : un lphant, deslphants (Claire ; 2,3)

    1.4 Mauvaise consonne : yod deremplissage

    [lejajo] / [lezjajo] / [E)zjajo] les oiseaux, unoiseau (Claire ; 2, 4)

    1.5 Mauvaise consonne erratique [lpakA)sjElamwa] larc-en-ciel moi (Claire ;2, 7).

    TYPE 2 : EPENTHESE SUR ATTAQUE MOT #V

    2. Epenthse devant #V*[papatuRs, papanuRs]

    TYPE 3 : CL NON REALISEE

    3. Non ralisation de la CL [E) # elefA)]

    TYPE 4 : REINTERPRETATION DE LA CS LEXICALE EN CL

    4. Mot 2 interprt comme #V avecliaison

    *[blA)SneZelesEtE)]pour [blA)SneZelesEtnE)] (Llia ;3,5), *[ZemA)ZedezEm] pour [ZemA)ZedenEm](Llia ; 3,7)

    Il ressort de ces faits que les erreurs sur les liaisons obligatoires et les liaisonsoptionnelles ne se manifestent pas au mme moment, selon les mmes rythmes ni de

    la mme manire. Les enfants francophones L1 semblent acqurir la liaison unmoment prcis du dveloppement phonologique en interface avec lacquisition de lasyntaxe et de la morphologie, par gnralisation grammaticale sur le contexteobligatoire et non pas, au cas par cas et contexte par contexte, puisquune fois que lagnralisation est faite vers 4 ans, les erreurs sur les contextes obligatoiresdisparaissent. A cela sajoute que les erreurs sur les contextes facultatifs apparaissent 7 / 8 ans, ge de dbut du dveloppement de la comptence pragmatique (Bernicot,2000) dont dpend la matrise de la variation inhrente en fonction du contextediscursif. Au contraire chez les apprenants de L2, nayant pas t expossprcocement linput du franais, au moment o se mettent en place les rgularitsmorpho-syntaxiques, il semblerait quune priode parfois assez longue de traitement

    au cas par cas soit ncessaire pour que la gnralisation sinstalle sur les contextesobligatoires.

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    Toutes ces erreurs sur ces contextes obligatoires ne sont pas ralises avec lamme frquence, ni exactement au mme moment par les enfants. Les types 1.1 et 1.2reprsentent de loin les fautes les plus frquentes, ainsi que le type 2, alors que larsolution de la syllabation sur la frontire par le recours des consonnes deremplissage erratiques, ou par harmonie consonantique sont plus rares. Par ailleurs,

    les erreurs de type 4 apparaissent un ge plus tardif que les autres et avant que nedisparaisse dfinitivement toute forme de liaison fautive sur ce contexte. Il me semblequon peut les interprter, conformment la logique de la courbe en U comme lamarque dune surgnralisation annonant que lenfant a mis en place la rgle qui luipermettra ensuite de gnrer de manire idoine les noncs bien forms.

    Par ailleurs les erreurs dans cette priode dacquisition systmatique seproduisent sur le contexte le moins variable chez ladulte (Boula de Mareuil et al.)pour lequel linput reu va tre le moins fautif (je ne crois pas que lon puisseobserver dans les donnes de production dadultes des formes telles que unzlphant le llphant alors que les enfants les produisent trs systmatiquement.

    On peut ajouter cela que les enfants produisent galement des donnes nondisponibles dans linput, et quils nont jamais entendues telles que un ffphant .On pourra arguer que pour les types 1.1 et 2, ils procdent par analogie avec linputperu, mais pour les types 1.3 et 1.4, il est difficile dcarter un remplissage delattaque par le recours des stratgies dadaptation de la cible adulte (insertion deyod, harmonie consonantique) qui sobservent ailleurs dans les donnes dacquisition.

    Ces faits mettent par consquent en dfaut une hypothse developpementalesappuyant sur une conception lexicaliste qui prdit un traitement et une rsolution aucas par cas sur la seule base de linput adulte. Les donnes montrent que cesprdictions sont errones.

    3.3. De ladulte lenfant

    Si lon retient une perspective unifiante, considrant que les donnes denfantsmanifestent une continuit dveloppementale et qu ce titre, elles sinterprtentcomme la priode de mise en place des reprsentations qui sont utilises par ladulte,lhypothse du double flottement de la consonne de liaison offre un cadre thoriquequi permet de proposer une interprtation de cette volution

    Stade 1. Avant les erreurs : tout est associ par dfaut

    Au premier stade de lacquisition en franais, il apparat que la plupart dessubstantifs sont produits avec une position prosodique (le plus souvent un noyau isol,

    parfois une attaque occlusive et un noyau) Wauquier-Gravelines (2005). A ce stade,lenfant dispose dun lexique trs restreint (stade des 50 mots, Vihman, 1996). Iltravaille sur la base dune forme lexicale o les attaques consonantiques sur lafrontire gauche et en interne de mot peuvent tre indiffremment vides ou remplies.La reprsentation de lunit est certainement une forme globale non analyse. Lesdonnes de perception confirment ce fait (Hirsch-Pasek et al., 1987, Jusczyk et al.,1992). On ne constate pas ce stade, derreurs de liaison proprement parler.

    Dans le modle autosegmental retenu, on peut considrer qu ce premierstade dacquisition, les associations sont ralises par dfaut, et en labsencedinstructions phonologiques spcifiques non encore acquises, en 1 pour 1. Les tiressegmentales et syllabiques sont mises en relation de manire strictement aligne avec

    la position squelettale leur faisant face [21], tout au long de la chane parle,

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    indpendamment des frontires lexicales. Aucune tire nest autonome, tout segmentest associ.Ceci correspond aux premires productions6 qui vont se caractriser en gnral par

    - labsence de structures syllabiques branchantes- labsence de noyaux et dattaques vides en interne de mot- des segmentations de la chane parle systmatiquement CVCV (Peters1985)- une majorit de mots forms sur le schma CVCV ou (v)CVCV[21] [ N A N A N]

    [ ]

    [V C V V V][E) n A) f A)]

    Stade 2. Dsassociation-diversification du contenu segmental

    Les erreurs de liaison apparaissent au moment du dcoupage de la chanequand un choix doit tre fait quant la segmentation de suites comme, par exemple[sedezelefA)], [uiletO)nelefA)]et la dtermination de la forme de lunit lexicale et dudterminant.

    Les erreurs de liaison sont selon moi une des manifestations parmi dautres(avec lacquisition des structures syllabiques branchantes par exemple) delindpendance des positions prosodiques et des contenus segmentaux qui y sontrattachs. On peut penser que les erreurs de liaison manifestent une logiquedassociation qui ne fonctionne plus en 1 pour 1 en alignant comme ltapeprcdente la position syllabique et la consonne avec la position squelettale leurfaisant face.

    A ce stade, la position syllabique reste associe au point squelettal et rattache lattaque du mot 2, en accord avec le Maximum Onset Principle mais le contenusegmental est dtach et devient flottant mme si la position syllabique ne lest pasencore. La consonne ne flotte que sur la ligne segmentale. Les enfants associent assezvariablement avec divers contenus segmentaux dtermins le plus souvent par desinfrences statistiques en fonction des contextes (dont les contextes de liaison) danslesquels le mot a t rencontr. Ils utilisent donc prfrentiellement [l], [n], et [z][E)lelefA)], [denelefA)], [E)zelefA)]. Mais yod [j] peut tre galement utilis par dfaut oule choix peut rsulter dune harmonie consonantique ([f] dans le cas de lphant[E)fefefA)]ou tre strictement idiosyncrasique, comme dans le cas de [m] ou [p] pourarc-en-ciel[lmakA)sjEl], [lpakA)sjElamwa]).

    6Comme cest dailleurs le cas pour les donnes daphasie galement qui vont avoir tendance tre simplifiespour sauvegarder des schmas CVCV (Valdois & Nespoulous, 1994)

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    [22] [N A N A N]

    [ ]

    [V (C) C V V V

    E) n A) f A)

    z

    l

    j

    f

    consonne erratique

    Stade 3 : Acquisition du double flottement

    La disparition des erreurs de liaison est conscutive un phnomne debootstrapping morphologique qui permet dencoder la consonne flottante dans lesreprsentations lexicales sous-jacentes. La position syllabique se dsassociegalement du squelette et devient comme le contenu segmental flottante. Laconsonne est alors pleinement un autosegment quand le dterminant est lui-mme reconnu comme un morphme au moment de lacquisition morphologique portantune consonne flottante. Ceci suppose galement que les rgles gouvernantlalternance morpho-phonologique des formes du dterminant sont matrises cestade.

    [23][N (A) N A N]

    [ ]

    [V (C)] V V V

    [E) n] [A) f A]

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    Stade 4 : Apparition des liaisons facultatives comme des choix possibles

    A partir du moment o le flottement de la CL est install dans la grammaire

    via la gnralisation sur les contextes obligatoires, ceux-ci ne suscitent plus derreurstelles quelles sont prsentes dans le tableau 1. Les enfants apprennent alors matriser les contextes facultatifs pour lesquels on ne voit pas majoritairementderreurs avant 7/8 ans. Ils dcouvrent que dans certains contextes, lassociation etlenchanement sont optionnels et que dans ces cas-l, ils sont laisss au libre choix dulocuteur et porteurs dinstanciations stylistiques interprtables en contexte. Le stade 4ne tmoigne pas proprement parler dune acquisition phonologique mais plutt de lamise en place dune comptence essentiellement pragmatique refltant la prise deconscience de lexistence et de lutilisation discursive des niveaux de langue.Lacquisition de cette comptence linguistique commence vers 6/7 ans et se rsoud engnral ladolescence o la matrise de leuphmisme, de lironie, des modalits

    discursives, des marqueurs sociolinguistiques lexicaux, phonologiques, syntaxiquesetc. est acquise (Bernicot, 2000). Elle est lie en partie lacquisition de la lecture et lintriorisation de la norme scolaire. Lactivation de cette comptence pour ce quiconcerne prcisment la liaison est selon moi trs fortement lie lacquisition de lalecture et de lcriture (ce qui nest pas le cas pour la liaison obligatoire qui sacquiert 3 ans) ainsi qu lmergence de la conscience mtalinguistique qui en dcoule et lintriorisation de la norme crite et sociale que manifeste la liaison.

    4. Conclusion

    Quelle que soit la phnomnologie considre, il me semble que tenter une

    unification thorique explicative et prdictive partir de la varit empirique est unprincipe pistmologique qui gouverne toute dmarche scientifique. Si la dcouvertede lornithorynque la fin du XVIIIe sicle cra un grand trouble parmi leszoologistes et naturalistes, elle namena pas pour autant la remise en cause ni de laclasse des mammifres ni de celle des oiseaux, et encore moins la rfutation de lidemme dune taxinomie systmique des espces telle quelle avait t propose parCarl Von Linn. Pourquoi devrait-il en tre autrement pour la phonologie et pourquoi,pour ce qui concerne la liaison, devrait-on retenir une rponse au cas par cas et sesoustraire cette ncessit unificatrice en arguant i) quelle relve dune illusionpuisque lobjet propos est htrogne , ii) que lanalyse de Pierre Encrev est faite partir de lornithorynque quest la LES - phnomne marginal partir duquel il

    serait biais dinterprter la plupart des ralisations et non ralisations observables engrand corpus-, iii) que la consonne flottante nest pas ralise comme telledirectement dans les donnes ?

    Si lon sen tient au relev absolument ncessaire et tout fait informatif de lamultiplicit des occurrences, on peut effectivement constater une htrognitempirique chez ladulte et lenfant, htrognit dont dailleurs la plupart desoccurrences, avances par Ct (2005) lappui de sa dmonstration, ne sont mme

    pas des ornithorynques, puisquelles ne contreviennent aucunement aux rgles desyllabation du franais (contrairement la LSE qui, elle, est contre nature dans lamesure o il en rsulte une syllabation VC # V). En quoi cette htrognit des

    donnes et le fait que les LSE soient moins reprsentes dans les corpus que les LEremet-elle en cause lhypothse autosegmentale propose par Pierre Encrev ? La

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    modlisation quil propose pour rendre compte des liaisons non enchanes nest pasune description des LSE (des donnes du corpus), mais une hypothse phonologiqueconcernant la reprsentation adquate des structures linguistiques dont disposent lessujets parlants pour produire et comprendre la totalit des donnes (LSE et LE). Selonmoi, ces deux dmarches ne sexcluent pas dans la mesure o les donnes dans leur

    varit ne peuvent pas venir se substituer lexplication quon en a faite, quon en faitou quon en fera. Nayant pas toujours une ralisation phontique substantielle, la CLa sans ambigut, conformment la proposition sapirienne une ralit , une existence phonologique pour lauditeur adulte ou lenfant qui lacquiert. Cest unobjet de langue et non un objet de parole . Et, comme je lai montr, lesdonnes dacquisition dont nous disposons actuellement ne comportent aucunecaractristique et ne rvlent aucun fait empirique qui falsifierait de manire videntelinterprtation quon peut en faire dans ce cadre autosegmental.

    Lhypothse de lexistence dune phonologie autonome suppose que londfinisse les objets un autre niveau de ralit que celle de leur ralisation phontique

    qui est ncessairement variable et non unifie. Lhtrognit des donnes avances lappui dune conception clate de la liaison ne me semble donc aucunementremettre en cause la reprsentation formule ici pour la CL, moins que ce qui soit en

    jeu, ne soit en fait la remise en cause de lexistence dun niveau phonologiqueautonome o elle serait reprsente.

    La question du niveau de ralit auquel sinterprtent les donnes en phonologie ntait pas lobjet prcis de cet article, jen ai trait ailleurs (Wauquier-Gravelines, 2005), mais elle en est, quon le veuille ou non, lhorizon pistmologiqueinvitable. Nonobstant le volume et lanciennet de la littrature existant sur le sujetainsi que les enjeux thoriques considrs, il me semble quen choisissant dapporterultimement une rponse lexicaliste, au cas par cas, la majorit des occurrences deralisation et de non-ralisation de la liaison en franais, on nouvre pas un dbat,mais on jette incontestablement le bb phonologique avec leau du baingnrativiste. Cette conception offre une conclusion qui pour moi nen est pas uneconcernant la nature exacte de la consonne de liaison et linterprtation phonologiquequon peut en faire ; quelque chose comme une impuissance ou un renoncementthorique face la complexit des faits. Elle me semble rvler aussi un vident non-cumul thorique, reproduisant en cela, celui sur lequel sest btie elle-mme la

    phonologie gnrative (Encrev, 1997 ; Wauquier-Gravelines, 2005 ; Carvalho &Wauquier, 2007). Sur cette question, je laisse Pierre le mot de la fin.

    Les nouvelles phonologies prsentes et celles venir ds demain, nont de chance dtre

    porteuses dinnovations fcondes que si elles se dcident se nourrir pleinement du travaileffectu jusqu elles, et comprendre la raison des obstacles poss sur ce chemin.

    P. Encrev, Lancien et le nouveau,Langages, 125,p.120.

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