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Les Nouveaux Cahiers du CELAT font état des travaux et desactivités scientifiques menés et organisés par les chercheurs duCentre d’études interdisciplinaires sur les lettres, les arts et lestraditions. En lançant cette collection d’ouvrages, le CELATentend se donner un moyen privilégié pour participer aux débats defond traversant le champ des sciences humaines et sociales, demême que pour approfondir la compréhension de la société qu’ilétudie.

Le CELAT

Directeur du centreLaurier Turgeon

Directeur de la collection« Les Nouveaux Cahiers du CELAT »

Réal Ouellet

Comité éditorialMarc Angenot (McGill University)

Jean Bazin (École des Hautes Études en Sciences sociales)Marie Carani (Université Laval)

François-Marc Gagnon (Université de Montréal)Barbara Kirshenblatt-Gimblett (New York University)

Khadiyatoulah Fall (Université du Québec à Chicoutimi)Bogumil Jewsiewicki-Koss (Université Laval)

Jocelyn Létourneau (Université Laval)Henri Moniot (Université de Paris VII)

Réal Ouellet (Université Laval)Robert St. George (University of Pennsylvania)Rien T. Segers (Rijksuniversiteit te Groningen)

Laurier Turgeon (Université Laval)

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Paul-André Dubois

’ Nai s s anc e du chan t r e l i g i eux en l angue s

amé r ind i enne s d an s l e s m i s s i on sde Nouve l l e -Fr anc e

-

SEPTENTRION

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Nous remercions le Conseil des Arts du Canada ainsi que la SODEC de l’aideaccordée à notre programme de publication.

Illustration de la couverture : « La Sainte Famille à la Huronne ». Huile sur toile,attribuée au Frère Luc, e siècle. Collection Ursulines de Québec.

Traitement de texte : Paul-André Dubois, Madeleine Pastinelli

Révision des textes : Frédéric Charbonneau, Marie Parent

Couverture : Gianni Caccia

Mise en pages : Folio infographie

Si vous désirez être tenu au courant des publicationsdes ÉDITIONS DU SEPTENTRION

vous pouvez nous écrire au1300, av. Maguire, Sillery (Québec) G1T 1Z3

ou par télécopieur (418) 527-4978ou consulter notre catalogue sur Internet :

http ://www.ixmedia.com/septentrion

© Les éditions du Septentrion Diffusion Dimedia1300, av. Maguire 539, boul. LebeauSillery (Québec) Saint-Laurent (Québec)G1T 1Z3 H4N 1S2

Dépôt légal – 3e trimestre 1997Bibliothèque nationale du QuébecISBN 2-89448-097-0

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À Madame Jeannette Hould-Dubois, ma mère.

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« La vive voix a je ne sçay quelle energie cachée, & sefaict plus fort entendre, infuse qu’elle est de la bouchedu Maistre, es oreilles de son Disciple, certes la Musiquey penettrera encore mieux. »

M C, jésuite, 1608.

« Quand ces chants passent de l’oreille au cœur, c’est uncoup de salut, et une marque que Dieu y veut estre leMaistre. »

F L M, jésuite, 1655.

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L , il y a plusieurs années déjà,d’un manuscrit de musique vocale liturgique fut le point dedépart de notre étude sur la liturgie chantée dans les

missions de Nouvelle-France aux e et e siècles. Témoin dela vie musicale et liturgique de la mission au e siècle, cemanuscrit compilé à l’usage de l’ancienne mission jésuite de Saint-François-de-Sales a suscité un intérêt croissant dans notre entou-rage. Un enregistrement récent, le Chant de la Jérusalem des terresfroides, a permis de faire entendre au public du monde entier plu-sieurs motets en langue abénaquise, trésors insoupçonnés del’histoire musicale des missions canadiennes. Notre intérêt pour laliturgie chantée en langue vulgaire dans les missions de Nouvelle-France aux e et e siècles n’a cessé de grandir depuis.L’élargissement de notre champ d’étude à l’ensemble des missionsde la Nouvelle-France en est la conséquence immédiate. Certes, lescollectes d’informations effectuées autant dans les sources musicalesmanuscrites que dans la correspondance missionnaire échangée surdeux siècles, conduisirent peu à peu à la constitution d’un impo-sant corpus de données. Il s’ensuivit une transformation progressivede la vision que nous avions de la liturgie chantée en contexte

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missionnaire ; un monde aux pratiques hétéroclites se révélait ànous. Cantiques, motets hétérophoniques, plain-chant en languevulgaire, rite romain, rite parisien, célébrations tronquées oùs’amalgamaient langue latine et langue vernaculaire : voilà cequ’offrait désormais cette vision d’ensemble de la liturgie de lamesse et des vêpres dans les missions. Pour nous, il n’était d’ores etdéjà plus question de considérer la liturgie chantée en contextemissionnaire à travers le prisme déformant d’un seul manuscrit,témoin d’une pratique locale cultivée en vase clos ; la réalité dumonde amérindien chrétien se révélait beaucoup trop riche pourainsi la réduire. La pluralité des groupes ethniques et des compa-gnies missionnaires, elles-mêmes soumises à des influences et destraditions liturgiques diverses, signifiait probablement autant demessages donnés que de receveurs de messages. La diversité desliturgies « missionnaires », véritables traductions locales et originalesdu modèle post-tridentin de vie chrétienne, s’expliquait ainsi enpartie par cette réalité propre aux sociétés en mutation. Si le e

siècle représente le point culminant du chant liturgique dans lesmissions, il est aussi le point d’aboutissement d’un long processusd’inculturation du christianisme dans le monde amérindiend’après-contact.

Le chant du Propre de la messe dans les langues dites vulgaires,pour ne citer que cet exemple, ne constituait évidemment pas unepratique liturgique surgie ex nihilo. Une longue gestation en avaitprécédé l’apparition. Mais à la faveur de quelles conjonctures detelles innovations liturgiques étaient-elles apparues ? Il devenait deplus en plus nécessaire de tenter de répondre à ces questions etd’ainsi retracer les fondements historiques de cette liturgie mi-latine, mi-vernaculaire. Malgré toutes les limites documentairesauxquelles se buterait inévitablement une telle entreprise, nousnous sommes lancés dans ce projet dont la présente étude constitueen quelque sorte l’accomplissement.

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C ’du chant religieux d’esthétique européenne dans les mis-sions amérindiennes de Nouvelle-France au cours de la

première moitié du e siècle. Il reconstitue l’histoire de cettepratique depuis les premières tentatives de traduction des prières enlangues indigènes jusqu’à la naissance d’un véritable répertoire decantiques et d’hymnes grégoriennes dans les missions et séminairesvers la fin de la première moitié du e siècle. Dans une très largemesure, notre recherche s’appuie sur les témoignages livrés par lessources narratives missionnaires rédigées avant 1650.

Les rares auteurs qui ont accordé quelque attention à lamusique dans le travail des missionnaires ont surtout insisté sur lapertinence du chant comme outil de conversion. D’autres ques-tions méritent cependant d’être abordées pour une compréhensionplus large du sujet : où, quand et comment est-on parvenu à établirun premier corpus de chants religieux destinés aux néophytes ? Àquel rythme la pratique du chant religieux d’esthétique européennes’est-elle répandue sur un si vaste territoire et par quels vecteurs ?Quels furent les enjeux d’une telle pratique pour les missionnaireset leurs néophytes ? Les réponses que notre étude s’efforce d’ap-porter permettront de décrire la genèse d’une pratique musicale

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catéchistique de tradition européenne dans les missions cana-diennes, mais concourront également à éclairer des aspects mécon-nus des processus d’acculturation des Amérindiens et d’incultura-tion du christianisme par les indigènes.

Les résultats de l’enquête contribueront en outre à une plusjuste appréciation du phénomène de diffusion de cette musiquevocale dans les cultures amérindiennes. De plus, nous tenterons depréciser la nature du matériel musical employé par les missionnairesde même que sa destination. Il deviendra ainsi possible deconnaître la fonction assignée à ces chants dans l’entreprised’évangélisation et, du coup, de mieux identifier les formesmusicales employées à cette fin. Cette étude vise ainsi à procurerune compréhension plus large des événements qui ont précédél’apparition de la liturgie chantée en langue vernaculaire dans lesmissions canadiennes dans la seconde moitié du e siècle. Si ladiversité des sources relatives à cette dernière période permet auchercheur de puiser ses informations autant dans la correspondancemissionnaire que dans les manuscrits musicaux à l’usage des Églisesamérindiennes, l’étude de la genèse de la pratique musicaled’esthétique européenne dans les missions (1600-1650) ne disposeque des témoignages contenus dans les sources narratives. Ainsi, enraison de l’absence de toute partition musicale, ou du moins dechansonnier missionnaire compilé en Nouvelle-France au cours decette période, le discours transmis par ces chants, voire leurs titres,nous échappent presque complètement. En conséquence, c’est pardéduction que nous étudierons le contenu exact des chants demême que la forme du langage musical. Ces contraintes nousobligent à privilégier une approche plus ethnologique quemusicologique. Pour l’essentiel, notre recherche s’attachera donc àdécrire l’apparition d’un genre : le cantique populaire, et sescontextes d’utilisation : catéchèse et liturgie.

Notre ouvrage se divise en deux parties. Le premier chapitrecomprend un bilan historiographique sur la question de la musiqueen contexte missionnaire, la délimitation de nos objectifs derecherche et la présentation de nos sources et de notre

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I n t r o d u c t i o n

méthodologie. Nous proposons ensuite une mise en contexte trèslarge de l’enquête, présentant les grandes caractéristiques des popu-lations amérindiennes au cours de la période à l’étude. Nous ten-tons ainsi de mieux cerner les conditions d’émergence d’une chré-tienté locale. Dans le troisième chapitre, nous étudions les débutsde l’entreprise missionnaire française en Acadie et dans la valléelaurentienne de même que les contraintes posées par l’apostolatdans une culture étrangère. Alors seulement, nous pourrons obser-ver plus en détail l’adéquation entre la naissance d’un répertoiremusical catéchistique en langues amérindiennes et la maîtrise desidiomes locaux par les missionnaires1. Le quatrième chapitre retracedonc les étapes qui ont marqué la conquête des langues amérin-diennes par l’Église missionnaire et l’apparition progressive duchant religieux dans les missions.

Notre seconde partie présente une reconstitution de la viemusicale dans les multiples missions et séminaires établis sur leterritoire. Le cadre chronologique de cette partie couvre la périodequi va de la rétrocession du Canada en 1632 à la destruction de laHuronie par les Iroquois en 1649. Les débuts de la pratique musi-cale de tradition européenne dans les missions et la diffusion desprières chantées, des cantiques et des hymnes dans le monde amé-rindien chrétien sont abordés dans ce cinquième chapitre. Enfin,dans un dernier chapitre, nous tentons de mesurer l’influenceexercée par les institutions religieuses dans la diffusion de cettepratique chez les indigènes chrétiens de la colonie.

1. La remarquable étude de V. E. Hanzeli, Missionary Linguistics in New France :A Study of Seventeenth and Eighteenth-Century Descriptions of American IndianLanguages (La Haye-Paris, Mouton, 1969) demeure une référence sur laquestion linguistique en contexte missionnaire. Certains détails relatifs à latransmission des savoirs linguistiques entre Amérindiens francisés et mis-sionnaires, pour ne mentionner que cet exemple, ne figurent toutefois pasdans l’ouvrage de V. E. Hanzeli. Choix délibéré ou omission ? Disons seu-lement que l’association de thèmes tels que la conquête des langues indigènespar les missionnaires et la naissance de la musique religieuse en languesamérindiennes ne pouvait conduire qu’à une sélection autre des informationsou, du moins, à un agencement différent des données communes provenantdes sources historiques et missionnaires.

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A d’implantationeuropéenne en Amérique du Nord, la vie des Amérindienss’est radicalement transformée. Les épidémies, les guerres

interethniques liées au commerce des fourrures, auxquelles s’ajou-tent l’encerclement physique et psychologique par les populationseuro-américaines sont autant de phénomènes qui ont façonnél’identité des Amérindiens septentrionaux. Solidaire de l’entreprisecoloniale, l’Église missionnaire française a contribué de manièresignificative à la transformation des cultures traditionnelles auto-chtones au cours des e et e siècles.

Légataires d’une longue tradition pastorale au moment de leurvenue en Nouvelle-France, les ordres missionnaires connaissentbien la valeur du matériel musical dans l’apostolat. Élément essen-tiel de la diffusion et de la conservation de la doctrine chrétienneparmi les fidèles et les nouveaux convertis, le chant religieux enlangue vernaculaire constitue l’une des réalisations catéchistiques lesplus représentatives des pratiques missionnaires des e et e

siècles en Europe et au Canada. Point d’ancrage de l’enseignementreligieux, les chants en langue vulgaire seront amplement utilisésauprès des Amérindiens des missions françaises d’Amérique commeoutils stratégiques de conversion. « Quand ces chants passent de

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l’oreille au cœur, rappelle le père François Le Mercier, c’est un coupde salut, et une marque que Dieu y veut estre le Maistre » (Relationsdes jésuites [ci-après RJ], 1655, p. 3-4).

Intimement liée à la catéchèse et au culte dans l’espace de lamission aux e et e siècles, la musique « missionnaire »constitue une réalité dont l’histoire a peu tenu compte à ce jour.Recelant de précieux renseignements sur la vie chrétienne desnéophytes du Canada, la littérature missionnaire de l’époque laisseentrevoir toute l’importance que revêtait alors la question du chantdans les politiques d’évangélisation des indigènes. Charnière straté-gique entre deux cultures, deux façons d’appréhender l’univers, lechant religieux est demeuré pendant longtemps le lieu de rencontreprivilégié entre missionnaires et autochtones. Bien que quelquesauteurs canadiens du e siècle, comme les abbés J. Paquin,J.-A. Maurault et H.-R. Casgrain, aient signalé dans leurs travauxl’importance de la liturgie chantée dans les missions, il faut attendrel’année 1926 pour que la question soit à nouveau soulevée parE. Myrand dans une monographie consacrée aux noëls anciens dela Nouvelle-France. L’approche de Myrand se limite toutefois àretracer en quelques pages l’origine du cantique huron Jes8sahatonnia et peu s’en faut que le propos ne verse complètementdans l’hagiographie. Les quelques historiens et musicologues qui,par la suite, ont abordé la question de la musique missionnaire ontfondé davantage leurs recherches sur l’information fournie par lessources narratives. Depuis la publication, en 1927, d’un premierarticle de L. Spell, consacré à la question de la musique enNouvelle-France au XVIIe siècle, une étonnante uniformité d’ap-proche a caractérisé la production historique sur le sujet. DepuisL. Spell jusqu’à W. Amtmann1, la conception et la présentation dela musique missionnaire n’ont guère évolué dans les travaux musi-

1. Voir Pierre-Alphonse, Chant et musique sacrés dans la Nouvelle-France, 1948 ;William Amtmann, la Vie musicale dans la Nouvelle-France, 1956 ; la Musiqueau Québec, 1600-1875, 1976 ; Music in Canada, 1600-1800, 1975 ; HelmutKallman, A History of Music in Canada, 1534-1914, 1960 ; Helmut Kallman,« Missionaries music in the 17th century », 1981.

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Cadr e d ’ ana l y s e

cologiques. Une juxtaposition de clichés tirés des sources narrativeset permettant tout au plus d’esquisser un tableau de la vie musicaledes missions caractérise l’ensemble de cette mince production.Abordé dans des ouvrages dont la préoccupation première consis-tait à présenter un panorama de l’histoire musicale canadienne, lesujet ne pouvait guère recevoir d’autre traitement. Ajoutons enfinque l’aspect bigarré qu’ont toujours revêtu les approches du chantmissionnaire dans l’historiographie s’explique en grande partie parla nature hétéroclite des informations livrées par les sourcesnarratives.

Dispersées au sein d’un vaste corpus historique, les informa-tions sur la musique missionnaire en Nouvelle-France constituentune matière riche et peu exploitée à ce jour. Il est vrai que larecherche autour de la question euro-amérindienne en Amériquedu Nord-Est ne s’est pas souciée d’étudier l’entreprise missionnairesous l’angle musical. L’essentiel des efforts s’est orienté plutôt versla réhabilitation des Amérindiens dans l’histoire coloniale des e

et e siècles. Depuis une dizaine d’années, les recherches et lespublications qui paraissent régulièrement dans le domaine desétudes ethnohistoriques marquent par conséquent une rupturedéfinitive avec l’historiographie traditionnelle axée, selon la formulede B. Trigger, sur la conquête du territoire et des âmes. Abordéesous l’angle des contacts entre Européens et indigènes de l’èrehistorique jusqu’à nos jours, l’étude des interinfluences exercées parles deux cultures en Amérique constitue l’une des tendances les plusreprésentatives de l’historiographie amérindienne actuelle. Lesthèmes de la rencontre euro-amérindienne et de l’effondrement dumonde indigène traditionnel qui s’en est suivi ont façonné le visagede la recherche récente. L’influence déterminante de l’économieeuropéenne des e et e siècles dans l’évolution des rapportsde force entre Amérindiens et Européens constitue certainement laproblématique fondamentale des travaux historiques de la dernièredécennie, principalement menés par B. Trigger, D. Delâge etJ. Axtell2. Récemment, dans une étude consacrée aux relations entre

2. Voir bibliographie.

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jésuites et Amérindiens nomades en Nouvelle-France, A. Beaulieurappelait les changements d’attitude des historiens qui se sontpenchés sur l’histoire socio-religieuse des peuples autochtonesconvertis.

En général, on ne considère plus les missions comme des espaces dedéploiement de l’action bienfaisante et salutaire des missionnaires,mais plutôt comme des lieux de rencontre inter-ethnique, oùs’exercent des forces de changement socio-culturel. Conscients durôle majeur joué par les missionnaires dans l’élaboration et la mise surpied de stratégies destinées à imposer de nouvelles façons d’agir et depenser aux Amérindiens, les chercheurs s’appliquent maintenant àévaluer l’impact et la portée de cette action et à saisir les multiplesfacettes de la réponse amérindienne (Beaulieu, 1990, p. 15).

L’examen des relations entre Européens et Amérindiens a forcéles chercheurs à redéfinir le champ des études historiques de missio-logie et, de ce fait, a conduit à une forme d’éclatement du sujet quis’est exprimée par un virage vers les disciplines connexes, davantagepréoccupées par la question de la rencontre des cultures. Si lanouvelle historiographie a soulevé des questions jusque-là négligéespar les courants qui l’ont précédée, elle n’en continue pas moins,faute de sources ou de moyens, à méconnaître certains aspectsfondamentaux de la rencontre entre Européens et Amérindiens toutau long des e et e siècles ; la question du fait musical dansl’apostolat et la vie chrétienne des missions illustre bien cettecarence. L’étude de la musique liturgique dans les missions, étro-itement liée au domaine de la discipline ecclésiastique, était-elle partrop associée à une Église missionnaire désormais mise au rancart ?De ce point de vue, comme le soulevait récemment l’historienR. Toupin, le problème de la réconciliation des traditions passées etprésentes en histoire amérindienne est considérable. L’oppositionqui divise les tenants de l’offensive missionnaire et ceux qui y ontvu un projet de christianisation « associé à l’offensive coloniale dela France » demeure bien réelle (Toupin, 1991, p. 96-97). G. Ray-mond rappelle à cet égard que c’est dans « une Église de chrétientéau cœur d’une entreprise coloniale » que s’insère la catéchèse dumissionnaire (Raymond, 1986, p. 17-49). Si nombre d’historiens

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Bib l i o g raph i e

Mission montagnaise de Tadoussac 100Missions attikamèques 103

C 6Musique missionnaire et cadres institutionnels 107Séminaires et musique pendant

la première moitié du e siècle 108Missions capucines en Acadie et séminaires, 1632-1654 :

une mise en contexte 109Le séminaire des jésuites, 1636-1640 120Le séminaire des ursulines de Québec : cantique spirituel

et instruction religieuse 122

Conclusion 131

Bibliographie 139

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COMPOSÉ EN ADOBE GARAMOND CORPS 11.5SELON UNE MAQUETTE RÉALISÉE PAR JOSÉE LALANCETTE

ET ACHEVÉ D’IMPRIMER EN SEPTEMBRE 1997SUR LES PRESSES DE AGMV-MARQUIS

À CAP-SAINT-IGNACE

POUR LE COMPTE DE GASTON DESCHÊNES

ÉDITEUR À L’ENSEIGNE DU SEPTENTRION

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