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Pierre MARTINET

Cellule Delta

Roman

Flammarion

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© Flammarion, 2012.ISBN : 978-2-0812- -8419 7

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À mon ami Pierre,mort sous mes yeux à Benghazi…

À Twiggy…À Gregory…

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AVERTISSEMENT

Ce récit est une œuvre de fiction. Toute ressem-blance avec des situations réelles ou des personnesexistantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

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Avant-propos

AVANT-PROPOS

Vous vous souvenez sûrement.Je suis celui qui a raconté comment, entraîné parmi

l’élite de l’armée, un agent avait été amené à surveillerdes islamistes soupçonnés de complots terroristes.

Mon récit racontait une vie d’agent et les difficultésà la quitter sans se salir.

Je ne pouvais pas tout dire et pourtant, ça semblaitdéjà trop : c’est le prix de la vérité et de ses secrets,et depuis, je ne suis pas satisfait, pas entièrement.

Car trop de secrets, qu’il m’avait fallu oublier, maisque je dois garder, percent en moi.

Sublimer, transformer dans la fiction ce qui me tor-turait, dépasser par l’imagination la violence passée,m’a semblé la seule voie possible.

En inventant ce récit, j’ai pu éteindre les dernièresbraises de mes souvenirs.

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VISÉFÉVRIER 2011, BEYROUTH, LIBAN

Ce n’est pas encore le moment. Un parasol et uneespèce de gorille se sont mis entre lui et sa cible. Surla terrasse d’un immeuble à moitié déchiqueté dontl’équilibre tient du miracle, à l’abri des regards indis-crets, croit-elle, la cible déjeune. Elle est grasse etsuintante comme du houmous sur une toile cirée.Depuis trente minutes, un cortège de plats défile dansla lunette du fusil de Vincent.

En ce mois de février, le soleil tape droit et dur.Il fait vingt-six degrés dans l’air et un peu plus surle béton où il est allongé. Son ventre et ses cuissescuisent. Aujourd’hui, il est forcé d’opérer en pleinjour sur un toit pas ombragé. Sa casquette ne sertpas à grand-chose à part lui donner chaud. L’après-midi, le pire moment ici… Mais c’est comme ça,question d’opportunité, sans doute.

Le jour et l’heure, la plupart du temps, on nechoisit pas. Le gros qui va mourir non plus. S’il

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avait le choix, il profiterait certainement une der-nière fois de la poupée blond cendré, de type ukrai-nien, en lunettes Dior et sac Vuiton, qui attrapedes feuilletés au fromage du bout de ses griffesrouges.

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Vincent, lui, n’a pas faim, surtout pas de mezzeétouffe-chrétien. Il a soif mais oublie de boire danssa pipette d’eau reliée à son sac à dos, concentré surl’immeuble d’en face et les silhouettes à surveiller. Ilpense à sécher ses mains régulièrement, pour empê-cher qu’une goutte de sueur ne laisse le doigt glissersur son fusil, un joli HK-417 de calibre 7,62 mm.L’arme fétiche des tireurs d’élite.

On l’avait informé que la personne à neutraliser étaitun gourmand, un jouisseur, amateur de bonne chère,de montres et de femmes, platines les deux. Le genrede cible qu’on abat dans son lit ou à table, àl’ancienne ; à l’indochinoise ou à l’italienne. Pour cettedernière, il manque un pistolet-mitrailleur et l’arrivéetonitruante. À cette distance, six cents mètres, et àcette hauteur, mieux vaut revoir la méthode italienneet traiter la cible de loin. Il voit les détails répugnantsde cette dernière dans sa lunette de visée mais ne lesjuge pas et ne les intègre que s’ils sont à prendre enconsidération dans l’accomplissement de sa mission,uniquement dans la mesure où l’action du porc enface peut l’amener à changer brutalement de position.

Vincent attend son heure, ou plutôt sa seconde.Et, d’expérience, elle vient toujours. Il est calme,désespérément. Revenir à Beyrouth produit toujourssur lui le même effet : l’absence d’effets. Un genre decalme accru, glacé. Il a des souvenirs ici, et d’autresne les partagent plus. C’est là, peut-être, qu’il a fini,

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en 1983, d’être humain. C’est pour ça qu’il estcapable de voir un mec bouffer des trucs qu’il ne luilaissera pas le temps de digérer. Un dernier repas, undernier cigare dont le vent porte les volutes jusqu’àson nez.

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Visé

La cible était une huile, un compte en banque bienfourni qui alimentait des terros, elle est maintenantun homme à abattre, parce que, même de loin, leLibanais, trop gras, trop opulent, déplaît au tireurvenu le shooter. Vincent aime la simplicité, pas lesnarcos baroques. Même s’il n’a pas besoin de le détes-ter pour l’abattre, il n’éprouve rien. Il pense et il agit.Ça suffit, en tout cas pour faire ce qu’il a à faire etrester en vie.

Par ailleurs, il a appris par un brief que sa cibleétait haïssable : elle finance des types très mal inten-tionnés, qui détournent leur religion pour tuer et ter-roriser. Ce Libanais-là engraisse les poseurs debombes, les kidnappeurs d’AQMI, ses ennemis prio-ritaires. Il ne risque pas de s’attendrir quand il le verrarefroidi, il n’accorde pas sa pitié à ceux qui ne laméritent pas, aux racailles qui n’hésitent pas à s’enprendre aux civils, à faire sauter des rames de métro,des magasins, des avions…

Du mouvement en face. La pulpeuse se lève d’abord,son jules la suit mollement, le dos du molosse dansson costume serré en écran. D’un coup, la fenêtre detir s’est comme réduite dans le temps. Vincent pourraencore conclure en bas, mais il n’aura que quelquessecondes. Il vérifie, peu de passants, l’heure de la sieste.Dans environ quatre étages, six minutes, ils sortirontde l’immeuble. Une BMW noire aux vitres teintéesattend à quelques mètres pour les récupérer.

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Sur le trottoir, comme un chien, comme un caïdde quartier. Deux balles. Tête et cœur. Aucun bruit,des couleurs par terre, la chemise blanche trouée derouge qui se répand en croissant autour du groscadavre flasque, la béance dans le crâne qui fait des

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bulles. Le garde du corps regarde à droite, à gauche,la fille s’est jetée sur la chaussée contre la voiture, lesautres, ceux qui sont là par hasard, n’ont rien entenduet rien compris, ils ont vu un bonhomme s’écroulerdans une flaque de sang.

Une seule balle a suffi, la tête a volé en éclats. Il serelève doucement en s’agenouillant d’abord et replie lebipied de son HK. Dans cette pause mystique, ilcontemple, l’espace de quelques secondes, son œuvrede tueur. Il abandonne son HK déposé là en fin dematinée par quelque honorable correspondant, rési-dant à Beyrouth depuis longtemps. Il sourit en pen-sant que cette arme aura fait le tour du globe avantd’arriver sur cette terrasse et y mourir. Elle peut resterlà car elle est intraçable. Elle est passée par trop demains différentes pour mouiller un service officiel.

Une fois dans la rue, il ne regarde même pas del’autre côté mais hèle un taxi. Malgré son un mètrequatre-vingt, il passe inaperçu en ressemblant à toutle monde et à personne, avec une casquette, un tee-shirt, une démarche souple et rapide, des lunettes desoleil qui cachent des yeux trop clairs, trop bleus pourla région.

Vincent arrive dans un hôtel du centre, à cinq kilo-mètres du lieu de l’action, récupère une clé à la récep-tion et grimpe les escaliers sans précipitation. Derrièrela porte, assise sur le lit, une jeune femme brune,habillée à l’occidentale. Il ne la connaît pas, comme

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prévu. Il ne s’attendait pas même à une femme.Elle se lève quand il entre et se dirige vers la salle

de bains. Vincent pose son sac à dos et la suit,machinalement. « Enlève ta chemise », dit-elle avecun léger accent arabe. Habitué à obéir aux ordres,

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Visé

il s’exécute. Elle le fait s’asseoir et se met derrièrelui. Elle commence à opérer une transformationdigne des maquilleurs professionnels du cinéma. Ellelui comprime la tête avec un bonnet en latex couleurchair dans lequel elle fait disparaître ses cheveux. Puis,elle dépose sur des points de colle une perruque auxcheveux poivre et sel. Suit une moustache de la mêmecouleur et des lentilles marron. Une paire de lunettesde vue, Vincent est un autre homme.

Elle a agi vite, en moins de vingt minutes.« Douchez-vous, sans vous laver les cheveux ! » conclutla brune d’un ton mi-péremptoire, mi-amusé. Elle sortde la salle de bains et laisse Vincent sous l’eau chaude.

Un costard, un attaché-case et une odeur d’après-rasage ont suffi à faire de lui un parfait businessman,tout aussi crédible que les autres types qui fréquententcet hôtel une nuit ou deux, le temps de faire leursaffaires douteuses ou pas à Beyrouth, de tromper leurfemme après un verre au bar et d’acheter un cadeaupour elle.

La fille lui tend un passeport qu’il troque contrel’ancien. Une nouvelle identité… quoique… unevieille connaissance en fait, puisque Vincent s’est déjà,par le passé, appelé Samuel Saden. Il a déjà enfilé cepatronyme et la vie qui va avec.

Le miroir de l’ascenseur dit à Vincent combien satransformation entre les mains de la jolie Libanaise aété efficace. Même si cette nouvelle apparence n’est

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pas faite pour être portée longtemps, elle est sonunique couverture. Au cas où on bougerait autourdu narco-trafiquant, au cas où il aurait été repéré,mieux vaut qu’il mue. Le taxi, il le commande etl’attend dans l’hôtel ; ne pas avoir l’air trop pressé,

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organisé, c’est mieux. Un homme d’affaires ne prendpas le risque d’arpenter une ville étrangère à larecherche d’un taxi. D’autant que l’heure n’aide pasà passer inaperçu : maintenant, tout le monde fait lasieste, les rues désertes amplifient n’importe queldéplacement, geste, bruit ; une odeur de cardamomeet d’agneau flotte mollement dans l’air.

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SANGLANTOCTOBRE 1983, BEYROUTH, LIBAN

Cette odeur, pour lui, n’est pas neutre. Elle semarie à d’autres odeurs, moins appétissantes, lapoudre, le sang humain… Beyrouth, son théâtre enbéton de mauvais souvenirs, de bruits aux échos inter-minables… L’embuscade et ses sifflements… Ce quel’on retient des lance-roquettes, avant l’impact. Ilsavaient déjà morflé pourtant, ils avaient déjà exploséavec les autres sous le choc d’un camion piégé. L’atten-tat du Drakkar, vingt-sept ans plus tôt. Cinquante-huitmorts et quinze blessés.

L’odeur était restée, un massacre ne se tait jamais.Rien n’est jamais trop laid pour les enfoirés. Des

innocents déchiquetés, ça ne suffisait pas. À Beyrouth,le pire semblait toujours probable. L’horreur avait ten-dance à s’emballer quand elle avait commencé…Quand quelqu’un s’énervait ici, il frappait en série, fort,rudement, et se débrouillait pour que ça fasse des mon-tagnes de morts, de blessés. Et plein de traumatisés

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aussi, c’est important les traumatisés, qui pourraienttémoigner longtemps de l’horreur.

Comme ces quatre paras appelés pour nettoyer lecarnage du Drakkar.

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Vincent, Dominique, Luc et Charlie font partie deDiodon 4, la Force Multinationale de Sécurité à Bey-routh. Depuis trois jours, ils charrient des cadavres.Ils sont imprégnés d’une odeur de mort qui a trans-percé leurs vêtements et atteint leur chair. Leur peausent le macchabée. À eux quatre, ils transportent leseffluves d’un énorme charnier. Ils ont ramassé leursfrères à la cuillère, en silence. Ils se sont demandés àquoi tenait l’identité d’un être quand il ne restait plusde lui qu’un corps pulvérisé.

Ce soir, ils sont écœurés, comprimés par ce qu’ilsont vu. Et puis ils ressentent un malaise, comme unegêne à être encore vivants alors que les autres serontenterrés en tout petits morceaux. Des images abomi-nables les collent. Ils essaient de penser à autre chose,leur famille, leurs potes, la bonne bière qu’ils vont boiretout à l’heure, la petite amie qui les attend en France…impossible d’échapper au film. En boucle, Vincentrevoit ce cadavre de petite fille dans une positionatroce : en train de tenir ses tripes hors de son ventrearraché, son regard de stupéfaction, ses cheveux blancs,sa jupe déchirée sur ses jambes sanguinolentes. Et lepara, dans un geste absurde, qui veut remettre en placeles boyaux de la morte. La séquence s’est tatouée pourlongtemps dans sa rétine.

Dans le camion TP-3 qui les ramène à leur poste,au nord de Beyrouth, sur le Ring, ils ne se parlentpas, ni ne sourient. Ils n’ont pas besoin d’échangerpuisqu’ils pensent tous la même chose. Ils sont

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furieux et partager leur colère ne la soulagerait pas.Derrière leurs lunettes noires, ils regardent les passantsavec un ressentiment dont ils sentent bien qu’il estinjuste. Mais pour eux, maintenant, les terroristessont partout, ils se planquent parmi les innocents

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Sanglant

pour échapper à leur rage. Ils ont décidé, leur douleura décidé, que tout Beyrouth est un repaire de poten-tiels terroristes. Ils roulent sur l’avenue Bechara El-Khoury, la haine vissée aux tripes.

À un carrefour, une Mercedes blanche déboule dela gauche et bloque la route. Le camion stoppe net.Ça va très vite, trop vite. Les quatre hommes n’ontpas le temps de klaxonner que déjà une roquette RPGsiffle sur leur gauche et atteint le train avant, quiexplose. Dominique croit qu’il est mort, Vincent se ditqu’ils vont mourir, les deux autres à l’arrière, eux,hésitent entre l’envie de se battre contre ces mecs quiviennent de leur tomber dessus et celle de se tirer àtoutes jambes. En gros, ils sont mal barrés.

De toute façon, ils ne peuvent pas sortir ducamion : à entendre le barouf, les attaquants ont sortiles kalach et arrosent. Les balles cognent la carlinguesur la gauche. L’arrière aussi subit des impacts et letoit est touché. Luc et Charlie en déduisent qu’il ya autour au moins un autre foyer de tirs. Devant,Dominique vient de gueuler, il s’est pris une balledans l’épaule gauche. Excité par la vue de son poteblessé, impuissant à se servir de son arme, Vincentréagit : il arme son famas et saute hors de la cabinedu camion. Il a réglé en un dixième de seconde sonarme en mode rafales de trois. Dressé, vengeur, il viseles mecs dans la Mercedes. Avec succès. Ils ont arrêtéde tirer, ce qui prouve, a priori, qu’ils sont morts.Mais, comme l’ont compris ses deux camarades de

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l’arrière, les balles ne cessent pas de zébrer l’air. Ense retournant, Vincent distingue un immeuble duhaut duquel les tirs semblent provenir. Il appelle Lucet Charlie à la rescousse. « Ça vient de là-bas, les gars,j’y vais, couvrez-moi ! »

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Cellule Delta

Ses deux comparses hors du camion, Vincent semet à courir en évitant les balles, en longeant un mur,en s’abritant derrière une voiture. L’objectif est à centmètres, les cent mètres les plus longs de sa vie. Surle chemin, il essaie de compter les tireurs. Trois,peut-être quatre, pas plus… Il atteint l’entrée del’immeuble et se doute qu’il en trouvera un pourl’attendre dans la cage d’escalier. Il lui reste peu demunitions, il va falloir jouer à l’économie, à la précisiondonc. Ne pas gâcher, viser. À peine introduit dans lebâtiment, il aperçoit un homme en treillis armé d’unekalach prête à faire feu sur lui, en haut de l’escalier. Iln’a pas le temps de s’en servir que Vincent l’abat, avecune seule balle. Sur le palier, à sa droite, on chercheà le shooter. Il se baisse et, en se relevant rapidement,fait tomber son adversaire. Il emprunte ensuite le cou-loir, en quête de la terrasse. Un crissement derrière luil’incite à se retourner et à tirer avant que l’autre ait eule temps de toucher la détente.

Alors qu’il voulait doubler son tir, il s’est renducompte qu’il était à sec. Il a grillé ses six chargeurs,il va devoir se démerder autrement. À l’arme blanche.Sur lui, il a son Camillus, le couteau des Marinesaméricains, arme fiable et discrète, cadeau de bienve-nue de son unité. Enfin, il a trouvé la porte d’accèsà la terrasse. Il se cogne dans l’angle à un type trapuavec une moustache, dont il bloque les bras dans ledos, d’une main. Et avec l’autre, restée libre, ilenfonce son poignard dans le plexus solaire de son

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ennemi qui, dans un râle, s’écroule à ses pieds. Lecouteau de Vincent est assez bien aiguisé pour dépecerune chèvre, alors pour planter un homme… Le pararécupère un AK-47 souillé qui va lui permettre dedégommer les deux derniers tireurs perchés.

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TABLE DES MATIÈRES

Avertissement ............................................................ 7Avant-propos ............................................................ 9

Visé (février 2011, Beyrouth, Liban) ........................ 11Sanglant (octobre 1983, Beyrouth, Liban) ............... 17Delta (mars 2011, Base de Cercottes, France) .......... 23Au grill (août 1995, Aubervilliers, France) ............... 27L’assaut (décembre 1994, Paris, France) .................. 37Le Passage (septembre 1995, Base de Cercottes, France) 41Lot commun (septembre 1995, Ardèche, France) .... 47Presse (mai 2011, Le Caire, Égypte) ........................ 59Infiltré (mars 2011, Benghazi, Libye) ....................... 65Légende (avril 2011, Genève, Suisse) ....................... 69Maison sûre (mai 2011, Le Caire, Égypte) ............... 73Plastique (novembre 1996, Israël) ............................ 79Trombinoscope (mai 2011, Benghazi, Libye) .......... 87Cachés (mai 2011, Le Caire, Égypte) ....................... 93Palais (mai 2011, Paris, France) ............................... 101Armés (mai 2011, Benghazi, Libye) ......................... 107Double-jeu (mai 2011, Benghazi, Libye) ................. 113Réminiscence (mai 2011, Benghazi, Libye) .............. 117

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Un regard (juillet 1996, Médéa, Algérie) ................. 123Traître (juin 1997, Alger, Algérie) ........................... 129Mai 2011, Benghazi, Libye ...................................... 135Libération ? (mai 2011, Benghazi, Libye) ................. 141Cryptage (mai 2011, Benghazi, Libye) ..................... 145

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Cellule Delta

L’Arsenal (mai 2011, Benghazi, Libye) .................... 151Insomnie (mai 2011, Benghazi, Libye) .................... 157Reconnaissance (mai 2011, Benghazi, Libye) ........... 161Border-line (mai 2011, Benghazi, Libye) ................. 167Monnaie d’échange (mai 2011, Benghazi, Libye) ..... 173Parallèle (mai 2011, Benghazi, Libye) ...................... 179Au complet (mai 2011, Benghazi, Libye) ................. 185En l’air (mai 2011, Le Caire, Égypte) ...................... 189Fixeur (mai 2011, Benghazi, Libye) ......................... 193Chantage (mai 2011, Benghazi, Libye) .................... 199Quintet (mai 2011, Benghazi, Libye) ...................... 203Bergerie (mai 2011, Benghazi, Libye) ...................... 209En piste (mai 2011, Benghazi, Libye) ...................... 215Retrouvailles (mai 2011, Benghazi, Libye) ............... 221Transmission (mai 2011, Paris, France) ................... 225Décompte (mai 2011, Benghazi, Libye) ................... 229Boum (mai 2011, Benghazi, Libye) ......................... 233Geôle (mai 2011, Benghazi, Libye) .......................... 239Fuite (mai 2011, Benghazi, Libye) ........................... 245Le OUT (mai 2011, Benghazi, Libye) ..................... 249Mission Nice (mai 2011, Benghazi, Libye) .............. 255Remerciements .......................................................... 261

N° d’édition : L.01ELKN000334.N001Dépôt légal : avril 2012

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