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« J’HAÏS LES FÉMINISTES ! »

Le 6 décembre 1989 et ses suites

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Mélissa Blais

« J’HAÏS LES FÉMINISTES ! »

Le 6 décembre 1989 et ses suites

les éditions du remue-ménage

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Couverture : Louise-Andrée LauzièreInfographie et pdf interactif : Claude Bergeron

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Blais, Mélissa, 1978-J’haïs les féministes : le 6 décembre 1989 et ses suitesComprend des réf. bibliogr.ISBN 978-2-89091-283-01. École polytechnique (Montréal, Québec) – Tuerie, 1989. 2. École polytechnique

(Montréal, Québec) – Tuerie, 1989, dans les médias. 3. Féminisme – Québec (Pro-vince). 4. Antiféminisme – Québec (Province). 5. École polytechnique (Montréal,Québec) – Tuerie, 1989 – Anniversaires. I. Titre.

HV6535.C33M65 2009 364.152’40971428 C2009-942327-8

© Les Éditions du remue-ménageDépôt légal : quatrième trimestre 2009

ISBN (pdf) 978-2-89091-294-6ISBN (epub) 978-2-89091-371-4

Bibliothèque et Archives CanadaBibliothèque et Archives nationales du Québec

Les Éditions du remue-ménage110, rue Sainte-Thérèse, bureau 501Montréal (Québec) H2Y 1E6Tél. : 514 876-0097/Téléc. : 514 876-7951info@editions-remuemenage.qc.cawww.editions-remuemenage.qc.ca

Distribution en librairie (Québec et Canada) : Diffusion DimediaDiffusion en Europe : La Librairie du Québec à Paris/DNMDistribution ailleurs à l'étranger : Exportlivre

Les Éditions du remue-ménage bénéficient du soutien de la Société de dévelop-pement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour leur programmed’édition. Nous remercions le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée ànotre programme de publication. Nous reconnaissons l’aide financière du gouver-nement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement del’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

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Table des matières

Introduction

...............................................................................................................

13

Chapitre 1

Les participations féministes à la mémoire collectivedu 6 décembre 1989

.................................................................................................

25L’urgence de la participation féministe au travail de mémoire collective

.......................................................................................

26Les éléments des discours et les consensus féministes

.........................

29Les divergences entre féministes

..................................................................

38La couverture des mobilisations féministes

..............................................

47Conclusion

............................................................................................................

61

Chapitre 2

De la marginalisation au dénigrement des discours féministes

..........

63Les discours qui détournent les paradigmes féministes

.......................

64De la récupération à l’antiféminisme

..........................................................

84Conclusion

............................................................................................................

94

Chapitre 3

Les commémorations (1999-2005)

.....................................................................

95La mémoire face à l’oubli

................................................................................

97Le mouvement féministe, dix ans plus tard

..............................................

99Les lieux de mémoire

........................................................................................

101Conclusion

............................................................................................................

128

Chapitre 4

Négocier la représentation de la tuerie du 6 décembre ou lorsquele féminisme et l’antiféminisme se côtoient dans un même film

.......

133La société québécoise et les rapports sociaux de sexe en 2009

...........

134Un nouveau lieu de mémoire :

Polytechnique

, le film

.............................

138Le discours sur les rapports sociaux de sexe dans les médias : une réarticulation de la mémoire collective

..............................................

149Conclusion

............................................................................................................

157

Conclusion

.................................................................................................................

159

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Notes

.............................................................................................................................

165

Bibliographie

............................................................................................................

205

Remerciements

.........................................................................................................

219

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Je dédie ce livre aux féministes ciblées par Marc Lépine.

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Je crois que la façon dont nous pouvons faire honneurà ces femmes qui ont été exécutées, pour des crimes qu’ellespeuvent ou non avoir commis – c’est-à-dire pour des crimes

politiques –, est de commettre chacun des crimes pourlesquels elles ont été exécutées, des crimes contre

la domination masculine, des crimes contre le droit devioler, des crimes contre l’appropriation masculine

des femmes, des crimes contre le monopole masculinde l’espace public et du discours public.

Andrea Dworkin

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Introduction

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Introduction

Le 6 décembre 1989, vers 17 heures, tandis que de futures ingénieuresde l’École Polytechnique étudient ou rédigent leurs examens de fin desession, Marc Lépine, un homme de 25 ans vêtu d’habits militaires,monte au deuxième étage, et entre dans une classe qu’occupent unesoixantaine d’étudiantes et d’étudiants

1

. Il sépare la classe en deuxgroupes et demande aux hommes de sortir. Resté seul avec les fem-mes, il proclame : « J’haïs les féministes ! ». Une étudiante, NathalieProvost, lui répond qu’elles ne sont pas féministes

2

. Il tire. Il est17 h 10 et un appel est aussitôt lancé aux services d’urgence

3

. MarcLépine quitte la salle de cours et tire sur plusieurs femmes durantson parcours qui le conduit du rez-de-chaussée au troisième étage

4

.Les policiers arrivent sur les lieux entre 17 h 23 et 17 h 34, mais res-tent à l’extérieur du bâtiment. Dans une salle de cours du troisièmeétage, Lépine tire à nouveau sur des étudiantes, avant de s’enlever lavie d’un dernier coup de feu à 17 h 29. Les policiers investissent leslieux à 17 h 37

5

, et commencent à évacuer les personnes blessées vers18 h 05. Marc Lépine laisse derrière lui 14 mortes et 14 personnes bles-sées

6

. Le tueur n’est pas connu des policiers. Les journaux révèlent son

identité le lendemain de la fusillade. Le journal

La Presse

rapporte lesorigines algériennes de son père et le nom qu’il portait à la naissance,Gamil Gharbi

7

. On apprend alors qu’il en avait contre les féministes,des responsables du service de police de la Ville de Montréal ayantfourni aux médias un résumé de ses motivations contenues dans lalettre de suicide retrouvée sur lui. À cette lettre est annexée une listede femmes et d’hommes qu’il projetait d’assassiner, soit des femmespionnières dans leur domaine (première pompière et première poli-cière, entre autres), des féministes connues et un groupe proféministe,

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« J’haïs les féministes ! »

14

le Collectif masculin contre le sexisme

8

. Le public n’aura cependantpas accès au contenu de la lettre avant le 24 novembre 1990, date àlaquelle une collaboratrice de

La Presse

, Francine Pelletier, en reçoitune copie, expédiée de façon anonyme.

Dans cette lettre, le tueur explique qu’il se suicide pour « des rai-sons politiques ». Il déclare avoir décidé « d’envoyer

Ad Patres

lesféministes qui m’ont toujours gaché la vie

9

». Il a décidé de « mettredes bâtons dans les roues à ces viragos ». Visionnaire, Marc Lépinedit ensuite que « [m]ême si l’épitète Tireur Fou va m’être attribué dansles médias, je me considère comme un érudit rationnel ». Il répète :« les féministes ont toujours eux le dont de me faire rager. Elles veu-lent conserver les avantages des femmes (ex. assurances moins cher,congé de maternité prolongé précédé d’un retrait préventif, etc.) touten s’accaparant de ceux des hommes ». Selon lui, les féministes « sonttellement opportunistes qu’elles ne négligent pas de profiter des con-naissances accumuler par les hommes au cours de l’histoire. Ellesessai toutefois de travestir celles-ci toute les fois qu’elles le peuvent ».À son avis, les féministes réécrivent l’histoire de manière à prétendrequ’elles ont participé aux guerres à parts égales. « Un vrai Casus Belli »,dit-il en terminant sa lettre, suggérant que les agissements des fémi-nistes sont susceptibles de déclencher la guerre. Cette guerre qu’il adécidé de mener en assassinant 14 femmes. Après avoir fait mentionde sa liste de 19 noms, il précise que ces personnes ont « toutes Faillidisparaitre aujourd’hui. Le manque de temps (car je m’y suis mis troptard) à permis que ces féministes radicals survives.

Alea Jacta Est

10

».Le sort en est jeté.

Le tueur connaissait les lieux de l’attentat : il y avait été vu aumoins neuf fois dans les mois précédant la fusillade

11

. Il souhaitaitdevenir ingénieur et étudier à l’École Polytechnique. Quelques moisavant de commettre son crime, soit en avril 1989, il avait rencontréune employée du bureau du registraire qui l’avait informé qu’il devaitterminer au moins deux cours collégiaux avant de pouvoir s’inscrire.Selon cette employée, Marc Lépine avait très mal réagi et lui avait« parlé avec amertume des femmes et de la place toujours de plus enplus grande qu’elles prenaient sur le marché du travail. Il ne trouvaitpas cela normal

12

».

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Introduction

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Malgré le caractère prémédité de ses actes et les déclarations expli-citement antiféministes du tueur, des débats vont avoir lieu dans lesmédias quant à la signification de son geste

13

. En bref, les féministesproposent une lecture politique de l’événement. D’autres actrices etacteurs sociaux (intellectuelles et intellectuels, journalistes, psycho-logues, etc.) préfèrent y voir le symptôme d’une maladie mentale oula conséquence d’un accès trop facile aux armes à feu. De cette diver-gence émerge la construction d’une mémoire collective marquée pardes interprétations qui s’opposent et s’affrontent.

Différentes modalités du rappel du drame s’exprimeront égale-ment dans les médias lors du dixième (1999-2000) et du vingtième(2009) anniversaire de la tuerie. Lors du dixième anniversaire, diversesformes de commémoration (silence et recueillement, dévoilement deplaques et monuments commémoratifs, publication de textes, actionsdirectes, lobbying et campagne nationale contre les armes à feu, etc.)ravivent les débats qui ont pris place tout de suite après le meurtrecollectif. Presque 20 ans après le drame, la production du film

Poly-technique

sera l’occasion d’une réarticulation des contenus de lamémoire collective, ayant pour conséquence la construction d’unesignification de la tuerie qui se veut consensuelle : les hommes onteux aussi été touchés par le tueur, ils sont eux aussi des victimes.L’évocation de certaines déclarations, faites peu de temps après latuerie, des féministes critiquant les hommes dans leur ensemble, suffità discréditer toute interprétation féministe des événements et à pré-tendre que les hommes ont même été victimes des féministes.

Les femmes dans la société québécoise depuis 1989

Ce livre propose une analyse détaillée des discours mémoriels sur latuerie du 6 décembre 1989, en portant une attention particulière auxrapports de force qui s’y déploient. Les propos qui suivent dévelop-pent plus avant les résultats d’une étude diachronique de la mémoirecollective du 6 décembre

14

, mémoire construite dans la quasi-immé-diateté de l’évènement (pendant l’année qui suit, et dès le 7 décembre)et reconstruite au fil du temps, entre autres lors du dixième anniver-saire (1999-2000) et du vingtième anniversaire (2009). Malgré l’écart

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« J’haïs les féministes ! »

16

entre l’événement proprement dit (1989), son dixième (1999) et sonvingtième (2009) anniversaire, il est intéressant de noter les similitudescontextuelles. Notamment, la société québécoise reste hiérarchiséeen fonction des rapports sociaux de sexe, même s’il se propage aucours de ces 20 années un discours qui prétend atteinte l’égalité entreles hommes et les femmes et qui dénonce la supposée suprématiedes femmes dans certains domaines. Or force est de constater que lesinstitutions économiques, juridiques et politiques, l’éducation (entreautres, dans son rôle de socialisation) et les dispositifs de sanction(les différents types de violences contre les femmes) sont des élémentsconstitutifs du système qui assurent la perpétuation de l’asymétrieentre les sexes

15

. Par exemple, les violences masculines tuent encore trop de mères,

d’épouses, de femmes. L’action de Marc Lépine s’inscrit dans un phé-nomène plus vaste, soit l’homicide misogyne suicidaire. Au Canada,entre 1993 et 2003, 31 % des hommes qui ont assassiné leur conjointese sont ensuite enlevé la vie

16

. De 1961 à 2003, plus de 800 hommes auCanada ont commis un homicide suicidaire, ce qui représente envi-ron 20 attaques suicide par année

17

. Malgré les transformations sociales, les femmes sont encore lar-

gement absentes dans les lieux de décision et de pouvoir, comme lesuniversités

18

, et de certaines professions traditionnellement mascu-lines

19

. Dans son étude des rapports de sexe dans les milieux scolaireet professionnel, Johanne Collin démontre que la réalité est loin decorrespondre au discours dominant sur la prétendue égalité entre leshommes et les femmes : la hiérarchie entre les sexes se reproduit àtravers le temps dans les milieux de l’éducation, malgré les conditionsmatérielles et sociales qui évoluent

20

. De même, Michèle Ferrand exa-mine la division des sexes dans le cheminement menant à l’obten-tion des diplômes, en soulignant la difficulté des femmes à accéderaux domaines scientifiques. Elle analyse à cet égard des modèles dereprésentation et de l’univers symbolique qui figent les identités desexe

21

. À propos des assistantes et chercheures scientifiques, MarianneGosztonyi Ainley écrivait en 1986 que « [s]i aujourd’hui l’ère desfemmes assistantes invisibles a passé, des vestiges d’attitudes archaï-ques sur la place de la femme dans le social continuent à peser et àmaintenir les femmes à la périphérie des professions scientifiques ».

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Introduction

17

Elle ajoute « [qu’]en général à l’université, c’est dans les postes etdans les catégories d’emplois inférieurs qu’on les retrouve

22

». Loin d’être atteinte, l’égalité des sexes est pourtant claironnée dans

les médias. Les femmes

y sont souvent dépeintes par des stéréo-types

23

. Les médias, en tant qu’espace où s’incarnent les rapports deforce entre groupes sociaux, sont au nombre des institutions qui véhi-culent les discours dominants, et le mouvement féministe y est enperte d’influence depuis le milieu des années 1980

24

. La disparition,à cette période, de certaines publications féministes (par exemple,

Desrires et des luttes de femmes

et

La vie en rose

) est symptomatique de cephénomène

25

. Finalement, le Québec des années 1980-2000 n’échappe pas au

ressac, à ce que Susan Faludi nomme le

backlash

ou

la guerre froidecontre les femmes

26

. Ainsi, plusieurs accusent les féministes d’être res-ponsables de l’échec scolaire des garçons et des pertes de repères deshommes. Les manifestations antiféministes et les attaques contre lesdroits des femmes s’observent autant dans les médias que dans larésistance à des lois comme celles qui favorisent l’accès à l’avorte-ment

27

. D’ailleurs, la tuerie du 6 décembre 1989 survient à la suited’une vaste mobilisation pour le droit des femmes de disposer deleur corps, après l’affaire Chantal Daigle et la tentative du gouverne-ment conservateur de criminaliser l’avortement

28

. Des féministes éta-bliront ainsi des liens entre la violence de la tuerie et le contrôle ducorps des femmes.

Les médias et la mémoire collective

L’intérêt pour cette recherche m’est venu en observant la forte em-prise d’une mémoire collective au sujet du massacre de l’École Poly-technique malgré l’absence de référence à cet événement dans presquetous les livres d’histoire du Québec, à l’exception de

L’histoire des fem-mes au Québec depuis quatre siècles

, du collectif Clio

29

. Cet événementqui a marqué l’imaginaire collectif québécois suscite des explicationsdivergentes. Bon nombre de personnes, pour « expliquer » le geste deMarc Lépine, mettent de l’avant des causes psychologiques ; d’autresy voient une manifestation de la violence générale ou le comparent

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« J’haïs les féministes ! »

18

aux meurtres collectifs propres aux sociétés occidentales contempo-raines. Quelques-unes insistent sur le moyen utilisé, soit l’accès auxarmes à feu, tandis que d’autres se concentrent sur les motifs et voientdans ce meurtre l’expression extrême d’une violence quotidienneexercée contre les femmes. Ces interprétations multiformes, complé-mentaires ou opposées, forment le cœur de la mémoire collective dela tuerie du 6 décembre 1989, qui constitue l’objet de cette recherche.

Dès le lendemain de la tuerie, les journaux produisent et diffusentdivers discours sur l’événement. La terminologie associée au travailde mémoire, telle la notion de

souvenir

, est utilisée dès le 7 décembre,alors que des médias consacrent déjà la tuerie « événement histo-rique

30

». Le sens à donner à l’événement et la composition des sou-venirs collectifs sont tout de suite sujets à débats.

À la manière de l’historien René Rémond, j’analyserai les médiasen tant que « nouveaux transmetteurs de mémoire

31

». Je ferai doncusage des concepts de « vecteurs » de mémoire et de « lieux » de mé-moire en référence aux médias étudiés. Les médias écrits (les quoti-diens

La Presse

,

Le Devoir

,

The Globe and Mail

et les journaux étudiantsde l’Université de Montréal,

Le

Continuum

et

Quartier Libre

) assurentla transmission (vecteurs) des différents discours et des rapports deforce au sujet de la mémoire collective du massacre de Polytechnique.Malgré le fait que les termes « vecteur » (selon Henri Rousso

32

) et« lieu de mémoire » peuvent être utilisés comme des synonymes, jeprivilégierai « lieu de mémoire » (Pierre Nora

33

) lorsqu’il est questiondes divers

espaces

de représentation et d’

unités de production

qui cris-tallisent des visions du passé. Autrement dit, les médias sont à la foisdes vecteurs de la mémoire collective, puisqu’ils transmettent desdiscours à son sujet, et des lieux de mémoire, car des actrices et desacteurs sociaux (journalistes, expertes et experts, lectrices et lecteurs)y produisent ou entrent en contact avec diverses représentations dela tuerie du 6 décembre 1989.

De plus, les médias constituent des sources d’informations privi-légiées. En effet, les forces de l’ordre empêchent la diffusion de cer-tains renseignements liés à l’assassinat des 14 femmes. Or,

La Presse

transgresse l’interdiction de publication de la lettre de Marc Lépine,devenant ainsi le premier lieu de diffusion des motivations explicitesdu tueur

34

. Les journaux sont également un espace investi par de

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Introduction

19

nombreuses personnes désireuses de commenter les causes et lesconséquences de ce drame, contribuant de la sorte à la constructiond’une mémoire collective.

La Presse

se déclare d’ailleurs incapable depublier l’ensemble des lettres reçues les jours suivant la tuerie

35

. Lesmédias écrits offrent aussi, surtout par l’entremise de lettres d’opi-nion, un accès à une parole féministe qui trouve difficilement à s’ex-primer à la télévision, par exemple.

Pour les périodes de 1989 et 1999, je comparerai les médias fran-cophones (

La Presse

et

Le Devoir

) et le journal anglophone

The Globeand Mail

. La comparaison est utilisée non pas pour saisir les diffé-rences mémorielles entre les communautés francophones et anglo-phones (puisqu’un seul journal anglophone est analysé), mais avanttout pour mieux comprendre la réalité médiatique de la commu-nauté franco-québécoise (d’un point de vue montréalais). Le

Globeand Mail

sert donc à mieux circonscrire les caractéristiques de la pro-duction de la mémoire collective du Québec francophone, soit à éva-luer, par exemple, les effets de proximité avec le drame.

Outre la comparaison entre journaux francophones et anglopho-nes, je procèderai aussi à une analyse comparative entre les quoti-diens et les journaux étudiants, afin de voir si la place du féminismey est la même et de dégager l’influence des grands quotidiens sur lacommunauté étudiante de l’Université de Montréal. Étant donné lefaible nombre d’articles produits par les journaux étudiants sur lesujet, je ne suis cependant pas en mesure d’effectuer une étude appro-fondie des discours des étudiantes et des étudiants de l’Universitéde Montréal. Tout comme dans le cas du

Globe and Mail

, ce corpus dejournaux étudiants sert à approfondir l’analyse qui porte en prioritésur les grands quotidiens et leurs impacts sur la mémoire collectivefranco-québécoise

36

.Dans son étude des procédés à l’œuvre dans le traitement média-

tique de la tuerie du 6 décembre 1989 (par exemple, le choix des acteurset des actrices, et la gamme des thèmes couverts), Julie Boudreau uti-lise un corpus constitué de plusieurs journaux et revues parus en 1989et 1990, dont

The Gazette

et

Time,

et de deux films (

After The MontrealMassacre

et

Au-delà du 6 décembre : au-delà du drame de l’École Polytech-nique

). Elle en vient à la conclusion que l’interprétation féministe dela tuerie a été négligée dans la construction du sens que les médias

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Extrait de la publication

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« J’haïs les féministes ! »

20

ont donné au massacre37. Ce constat est valide autant pour La Presseque pour The Gazette, même si ce dernier quotidien apparaît moinshostile au féminisme. Le quotidien anglophone de Montréal n’est passi différent dans son rapport au féminisme que ses homologues fran-cophones (La Presse et Le Devoir) et que le quotidien de Toronto (TheGlobe and Mail). En effet, les thèmes à caractère féministe comptentpour 13 % dans The Gazette. Comme les autres quotidiens, ce derniermet plutôt l’accent sur des thèmes non féministes, dont celui de« l’intérêt pour le meurtrier » (la psychologie du tueur38). De même,Wendy Hui Kyong Chun observe dans les journaux anglophones(essentiellement The Toronto Star, The Globe and Mail et The Gazette)des procédés de dénigrement du féminisme, qui, comme nous le ver-rons au chapitre 2, ressemblent à s’y méprendre à ceux utilisés pardes journalistes de La Presse et du Devoir39.

L’étude proposée ici se fonde principalement sur un corpus detextes publiés dans les journaux. J’ai retenu trois périodes, soit la pre-mière année après le drame (7 décembre 1989 au 31 décembre 1990),les deux années entourant le dixième anniversaire (du 1er janvier1999 au 31 décembre 2000) et les textes parus à l’occasion de la sortiedu film Polytechnique, en février 2009. Le corpus compte 615 articlestirés des grands quotidiens et des dizaines d’articles des journauxétudiants40. Ces textes portent tous sur la tuerie, mais sont de diversenature : éditoriaux, reportages, nouvelles, chroniques, lettres d’opi-nion. J’ai analysé les journaux étudiants qui rejoignent des dizainesde milliers de personnes et s’adressent à l’ensemble des étudiantes etdes étudiants de l’Université de Montréal (Le Continuum et QuartierLibre). Le choix de ces journaux est également motivé par le fait queles personnes qui participent à la rédaction ont été directement tou-chées par l’attentat du 6 décembre 1989.

Constatant qu’il y avait moins de textes féministes dans le cor-pus du dixième anniversaire, j’ai fait le choix d’étudier d’autres sour-ces féministes, incluant des textes publiés entre 1999 et 200541. Parexemple, l’article de Francine Pelletier « Je me souviens », paru dansle numéro spécial de La Vie en rose en 2005, ajoute à la compréhensiondu travail de mémoire et renseigne sur les variations dans le conti-nuum des éléments constitutifs de la mémoire collective de la tueriedu 6 décembre 1989. J’ai également retenu une entrevue, parue dans

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Introduction

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Châtelaine, avec Nathalie Provost, une des femmes à avoir survécu aumassacre, en plus de certains livres ouvertement antiféministes quiparlent (souvent en quelques lignes) du 6 décembre, comme l’ouvraged’André Gélinas, L’équité salariale et autres dérives et dommages collaté-raux du féminisme au Québec, publié en 2002.

Finalement, je m’intéresserai également à d’autres lieux de mé-moire imprimés (des livres), ainsi qu’à des lieux éphémères (commedes colloques), officiels (par exemple, la Place du 6 décembre) et ciné-matographiques (le film Polytechnique) qui font office de commémora-tions. En d’autres termes, il s’agira de voir si les discours qui émergentdes journaux sont similaires à ceux véhiculés par ces autres lieux demémoire. Je serai alors à même de constater l’influence des médiasdans la construction de la mémoire collective, mais aussi du rapportdynamique qu’entretiennent les différents lieux de mémoire entreeux.

La mémoire collective du 6 décembre 1989 et les discours féministes

Étant donné que l’analyse et les discours féministes représentent unélément central de cette étude, il importe de préciser que ce termedésigne ici toute analyse qui cherche à comprendre les rapports entreles hommes et les femmes, d’un point de vue critique, et qui remet encause l’infériorisation sociale des femmes. Cette dernière peut êtrecomprise en tant que système (le patriarcat) ou par la représentationd’effets discriminatoires dans certaines sphères d’activité (le travail,par exemple, ou une école de génie). La définition proposée se veutinclusive à l’égard de toutes les actrices et de tous les acteurs qui affir-ment leur identité féministe et proféministe, ou qui posent un regardcritique sur les rapports sociaux de sexe du point de vue des femmes.Il s’agit d’un féminisme pluriel qui ne tient pas compte du sexe de lapersonne, bien qu’une distinction sera faite entre les « féministes »,lorsqu’il s’agit de femmes ou de groupes de femmes qui adoptent undiscours féministe, et les « proféministes », lorsque des hommes uti-lisent ce cadre d’analyse. Même si ce sont surtout des femmes qui fontune lecture féministe de la tuerie du 6 décembre, plusieurs articles

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signés par des hommes endossent aussi cette lecture (et, bien sûr, destextes antiféministes sont par ailleurs signés par des femmes). Ànoter, toutefois, que les hommes proféministes sont minoritaires à LaPresse et plus présents dans Le Devoir et The Globe and Mail. Le Conti-nuum contient pour sa part un seul article qui dénonce les effets de lahiérarchie entre les sexes, et il est signé par un homme42.

Cela dit, quelle est la place du féminisme et des féministes dansla mémoire collective construite par les médias ? Les pressions exer-cées par les féministes leur assurent une certaine présence au sein desquotidiens, mais leur discours sera néanmoins marginalisé au profitd’analyses (comme les discours sur la psychologie du tueur, par exem-ple) qui empêchent, voire dénoncent toute remise en question de ladomination masculine.

Afin de saisir la dynamique mémorielle particulière à la tueriedu 6 décembre 1989, je poursuivrai l’objectif résumé ainsi par Elena dela Aldea dans son étude de la mémoire de la dictature en Argentine :« [t]ant les victimes que les bourreaux font partie des événements quiont modelé ce qui s’est produit. Et c’est cette pluralité, ce regard àmultiples facettes, qui permet de saisir les déterminants sociaux, poli-tiques et économiques au milieu de l’enchaînement des processus dece qui s’est passé alors43 ». De la même manière, la tuerie de l’ÉcolePolytechnique est interprétée différemment selon la subjectivité desactrices et des acteurs et selon leur communauté d’appartenance(par exemple, anglophones ou francophones, féministes ou antifémi-nistes). Par ailleurs, il n’est pas question pour autant de mémoiresmultiples, puisque ces discours interagissent les uns avec les autresdans un rapport de complémentarité, de négociation ou d’opposi-tion, dans le processus de construction des souvenirs de la tuerie. Enrésumé, la mémoire collective de la tuerie est une mémoire de débatssur l’interprétation des événements du 6 décembre 1989. C’est préci-sément l’articulation de ces différents discours et son évolution dansle temps que j’analyserai dans le but d’y saisir l’influence (ou non)du féminisme.

Une telle conceptualisation de la mémoire vise également à rendrecompte du fait que les actrices et acteurs sociaux ont explicitementnommé leur objectif de construire une mémoire collective, et ce, dèsle lendemain du drame. Tout comme la campagne présidentielle

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américaine de 2008, où plusieurs journalistes ont parlé de « momenthistorique » avant même que Barack Obama ne soit élu, la tuerie du6 décembre 1989 invite à réfléchir aux rapports que nous entretenonsface à l’histoire et à examiner cette « urgence » à sélectionner ce quiest historique et ce qui ne l’est pas44.

La rapidité avec laquelle se constitue la mémoire collective du6 décembre rejoint les propos de Ali Moussa Iye lorsqu’il affirme « [o]nl’aura compris, le devoir de mémoire pose problème dès lors qu’ilrenvoie aux mémoires douloureuses, aux mémoires traumatiques quisoulèvent la question de la reconnaissance, de la justice et du par-don45 ». Ainsi, plus vite se construit la mémoire collective, plus vitecertains acteurs et actrices ont la chance de voir leurs discours46 secristalliser dans le temps, ce qui est d’autant plus important quandun événement mobilise des forces politiques adverses.

La construction d’un objet historique est généralement motivéepar une recherche de mémoire. Dans le cas de l’histoire des femmes,cette démarche est apparente. Les années de luttes féministes ayantmené à la reconnaissance d’une identité fondée sur le critère du sexe(1960-1970) ont ensuite donné naissance à une recherche de mémoireet au besoin de retrouver dans l’histoire les éléments pouvant expli-quer l’infériorisation des femmes47. Les rapports de force qui se nouentautour de la mémoire collective du massacre de l’École Polytechniques’inscrivent dans cette dynamique générale. On retrouve, d’une part,cette volonté de féministes de donner un sens historique, social et poli-tique à la réalité des femmes dans leurs rapports avec les hommes et,d’autre part, la volonté d’actrices et d’acteurs sociaux de nier que cesouvenir douloureux et traumatique puisse avoir une quelconquesignification historique, sociale et politique pour la société en géné-ral et pour les femmes en particulier.

En tant que féministe, j’aspire à mon tour à participer aux débatssur les causes de la tuerie du 6 décembre en mettant en lumière lesmécanismes visant à privilégier des représentations qui nient lesmotifs du tueur de sorte que les féministes doivent encore aujourd’huilutter pour les faire reconnaître. Pour ce faire, après avoir dégagé lestraits appartenant aux discours féministes (chapitre 1), j’évaluerail’espace médiatique réservé aux commémorations issues du mouve-ment féministe. Par la suite, j’analyserai la couverture médiatique

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des commémorations qui privilégient divers autres discours explica-tifs, celui sur la psychologie du tueur, par exemple (chapitre 2), dansleur rapport d’opposition au féminisme. Je serai en mesure de saisirla résurgence des éléments qui composent la mémoire collective lorsdu dixième anniversaire des événements du 6 décembre 1989 (cha-pitre 3), pour constater, cette fois encore, comment ces discours (telcelui sur le contrôle des armes à feu) marginalisent, évacuent ou récu-pèrent les analyses féministes. En terminant (chapitre 4), je discuteraidu film Polytechnique, de sa réception médiatique et de son impactsur la mémoire collective, 20 ans après la tuerie.

À noter que ce livre peut lui-même être pensé comme un vecteurde mémoire, s’ajoutant à cette chaîne sans fin de représentations quiparticipent de la mémoire collective au sujet du massacre de l’ÉcolePolytechnique.

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à celle qui fut ma directrice de maîtrise, Magda Fahrni, professeureau département d’histoire de l’Université du Québec à Montréal, sansqui ce livre n’aurait jamais vu le jour. Merci aussi à ma directrice dethèse, Francine Descarries, professeure au département de sociolo-gie de l’Université du Québec à Montréal, pour son soutien hors ducommun et sa patience. Merci également à Anouk Bélanger et à Marie-Nathalie Leblanc, toutes deux professeures au département de socio-logie de l’UQAM, pour leur appui lors de mon accident et pour m’avoirfait connaître des travaux qui m’ont inspirée.

Un merci chaleureux à mes parents, Françoise Lévesque et YvonBlais, ainsi qu’à mon frère Jean-Nicolas Blais, pour avoir toujours cruen moi et pour m’avoir laissée libre de mes choix de vie.

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