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  • Extrait de la publication

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  • Mfiez-vous de la Vierge

    Extrait de la publication

  • DU MME AUTEUR

    Attention au Scorpion, Flammarion, 2011.

    Extrait de la publication

  • Vous ne croyez tout de mme pas ces btises ?

    Andr Boris

    Mfiez-vous de la Viergeroman

    Flammarion

    Extrait de la publication

  • Flammarion, 2011.ISBN : 978-2-0812-4911-0

    Extrait de la publication

  • Il est du vritable amour comme delapparition des esprits : tout le monde enparle, mais peu de gens en ont vu.

    LA ROCHEFOUCAULD,n le 15 septembre 1613 (Vierge).

  • 1. Ne autour du 4 septembre,vous ferez une rencontre dcisive.

    La conversation prit un tour philosophique.

    Et de quel signe tes-vous ? senquit Jrmie. Vierge, rpondit Charlotte. Vierge ? Cest ce que je viens de dire.

    Il sourit puis enchana :

    Quel ascendant ? Taureau, il me semble. Taureau ? Vous comprenez tout du premier coup. Cest

    rassurant, ironisa-t-elle. Ah la Vierge ascendant Taureau Ce besoin

    irrpressible dtre rassure, grina-t-il son tour.Cest votre nvrose.

    chacun la sienne, quelle est la vtre ?

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  • Je dirais la volont dinquiter, formula-t-il en esquissant une moue malicieuse. Plus quunenvrose, cest un vice !

    Charlotte touffa un petit rire qui se rpandit surlensemble de ses traits. Son visage sclaira dune nou-velle beaut, plus intriguante quau premier abord.

    Vous ne croyez tout de mme pas cesbtises ? interrogea-t-elle, moiti dubitative.

    Plus que jamais, enchana-t-il avec conviction.

    Jrmie sempara dune bouteille pose non loinde lui.

    Champagne ? Pourquoi pas, ce nest que 80 calories par flte. Vous faites un rgime ? Non, cest de la dformation professionnelle. Ditticienne ? Vous avez des dons de dduction hors normes.

    Cest bien a, ditticienne, confirma-t-elle, un brinmoqueuse.

    Je connais personnellement une ditticienneclbre qui ne sest visiblement pas appliqu lesconseils quelle prodigue. a fait peu prs cinq ansquon la voit la tl et elle a pris au moins vingtkilos. Le pire, cest quelle fait encore autorit.

    Vous avez lair de bien laimer, votre amie,dit-elle en levant les sourcils.

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  • Jai dit une connaissance. Cest vrai. En tout cas, je vois parfaitement de

    qui vous voulez parler. Pour ma part, je suis beau-coup plus efface mais aussi beaucoup plus mince.

    La clbrit, a rend gras, enchana-t-il sur unton dfinitif.

    Vous ltes pourtant clbre et votre sil-houette est impeccable.

    Et dun, je suis clbre, enfin cest un biengrand mot, sans jamais lavoir vraiment recherch. Etde deux, je surveille ma ligne comme le lait sur lefeu. Ce qui ne mempche pas de tomber dans tousles excs. Cest mon paradoxe mon paradoxedhomme Lion.

    Vous tes obsd par lastrologie. Vous avezlair dy croire vraiment. Je pensais que pour vousctait uniquement un moyen de draguer, stonna-t-elle avec mesure.

    a lest et cest certainement le plus imparablequi soit mais je crois ferme aux gnralits que lessignes renferment. Je vous assure que toutes lesfemmes Vierge ont les mmes traits de caractreprincipaux. Ce sont des pages blanches sur lesquelleson peut crire toutes sortes dhistoires damourjusquaux plus folles, contrairement ce que lonpense !

    Le visage laiteux de Charlotte changea dexpres-sion. Devint tout coup plus ombrageux. Elle fixales yeux au sol et se composa un air de victime.

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  • vrai dire, je suis un peu vaccine par leshistoires damour.

    Jrmie prit sur lui-mme et tenta de gagner engravit. Par dfaut.

    Vous sortez dune exprience malheureuse ?

    Elle hocha la tte puis ajouta :

    De plusieurs. Je nai jamais eu beaucoup dechance avec les hommes.

    Elle se fendit dun maigre sourire une sorte derictus mal esquiss et vita de justesse de basculerdans le dolorisme.

    Sa conscience lui rappela dune part quelle taitplus belle le visage lgrement enjou et que, dautrepart, la situation prsente ne se prtait pas du tout la confession intime. Elle le considra de nouveau ensouriant. Cette fois-ci, franchement.

    Mais vitons den parler. Ce nest pas trs int-ressant. Mon verre est vide et, aujourdhui, je suisloin davoir atteint la barre des 2 000 calories.Dailleurs, je mangerais bien quelque chose. Jenaime pas boire sans manger. a me rend vite sole.

    Nessayez pas de tout contrler, laissez-vousaller.

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  • Il saperut que la bouteille tait vide. Se levadun bond.

    Vous voulez quoi, part du champagne ?questionna-t-il.

    Elle constata que les propos de son interlocuteuravaient perdu un bon degr de sympathie et que savoix stait teinte dune nuance dagacement.

    Ce qui vous plaira.

    Livre elle-mme pendant plusieurs minutes, ellese fit des rflexions en cascade. Oui, dornavant ellearrterait de bassiner son monde avec ses pas dechance avec les hommes , mme si ctait la vrit.Oui, elle trouvait Jrmie plutt irrsistible, mme sison statut dhomme public la rebutait un peu. Non,elle ne cderait pas ses avances, mme si elle taitloin de les voir venir.

    Ils se quittrent aprs avoir mang, bu et ri au-del de la satit. Une fois rentre chez elle,Charlotte scroula sur son lit tout habille. Son cer-veau cafouilla sur une impression mitige qui secondensait par-dessus son ivresse. Elle taitconsciente davoir saisi sa chance. Pour une fois, ellenavait pas totalement refroidi son auditoire avec sesternels drapages verbaux dont elle seule dtenait lesecret. Elle nen avait pas souvenir en tout cas. Mais

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  • elle sen voulait aussi davoir rat le coche. Elle nese revoyait pas en train de rcuprer un quelconquenumro de tlphone ou une quelconque adressee-mail. Puis, court de neurones frais et disponibles,elle sombra dans un profond sommeil dalcooliquevaincue.

  • 2. Ne regardez pas en arrire.Vous auriez le vertige.

    Charlotte Ropraz eut le plus grand mal pour mer-ger. Mit un temps considrable pour sextirper de sonlit. Un horrible mal de tte lui battait les tempes. Ellefut prise dun lger vertige lorsquelle se redressa surses deux jambes. Elle se trana jusqu la cuisine aveclintention de prparer, selon un rite immuable, sonpetit djeuner (cinq cuilleres soupe de fromageblanc 0 % accompagnes dun smoothie bio base denectar dagave, de citron vert et dorange) mais elleviola tous ses principes de base. Se contenta dungrand verre deau minrale avec deux cachets dIbu-profen. Elle passa dans la salle de bains et mme leaude la douche ne parvint pas la rveiller entirement.Elle reparut dans le salon, vtue dun peignoir encoton blanc et, avant mme de se confectionner uneapparence acceptable, ramassa son portable qui gisaitsur la moquette. Elle lalluma et tenta de composer soncode pin. Un doute existentiel traa sa route jusquson cerveau embrum.

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    Extrait de la publication

  • Lanne de ma naissance, se dit-elle. Mille neufcent soixante douze. Mais non, treize !

    Elle poussa un ouf de soulagement lorsquellesaperut quil lui restait encore trois petites annesavant dentrer dans la quarantaine. La socit avaitbeau claironner que ctait un bel ge les mdiasen gnral et les magazines fminins en particulierrelayaient sans bmol cette information rassurante ,il nen restait pas moins charnire et tintinnabulait,quon le veuille ou non, comme une cloche quiannonait la quille. Un petit coup dil au miroirmural plac au-dessus dun guridon confirma queses oreilles en avaient peru les sournoises rsonances.Elle fit un rapide tat des lieux de son visage. Braquasa lucidit sur un entrelacs de ridules qui se formaitautour de ses grands yeux verts. Pas vraiment lacatastrophe , se dit-elle. Dans lensemble, elle avaitune peau qui pouvait encore faire de leffet. Mmeaprs une bonne cuite. Elle marquait trs peu. Char-lotte pouvait remercier sa mre dont les legs navaientpas toujours eu ce caractre heureux mais galementsa prudence de Vierge sage qui lui commandait derestreindre les expositions au soleil. Et puis de toutefaon, il y a lacide hyaluronique se rassura-t-elle.Aprs cette puissante rflexion, elle se dirigea dansle dressing. Attrapa les premiers vtements qui luitombaient sous la main.

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  • Je mets toujours la mme chose, marmonna-t-elle.

    Dcidment, ce dbut de matine tait plac sousle signe de lintrospection.

    Une fois habille, elle se mit en qute de son sac main. Le trouva moiti ratatin sous le canapChesterfield, en train de dgueuler une partie de soncontenu. genoux, elle ramena la va-vite tous lesobjets gars sur le plancher et tira la fermeture clairdun coup sec. Elle commenait retrouver un peudnergie. Sre delle, elle prit une vive impulsionpour se remettre debout. Conserva de justesse sonquilibre. Elle ne pouvait donc pas le nier : cet ge-l, celui dune hypothtique apoge, la rcuprationest beaucoup plus lente. Elle se dirigea vers la portedentre, louvrit et la claqua derrire elle.

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  • 3. Arrtez donc un peu de tout intellectualiser !

    Sa demi-journe de travail lui parut poussive etennuyeuse. Sa dernire patiente, Mme Thomas, luiporta le coup de grce. Charlotte se contint avec diffi-cult en face de cette jacasseuse boursoufle qui nemchait pas ses mots inutiles. Un agacement grandis-sant se lisait sur son visage. Il fallait quelle courte lerendez-vous au plus vite, sous peine de commettre unegrave faute professionnelle. Pire encore, un crime.

    Vous savez, vous navez au bas mot que deuxkilos perdre et encore je suis un peu svre avecvous, dit-elle dun ton sardonique.

    Je sais, ne men parlez pas, jai fait des excsces temps-ci. Jai pris ma dcision. partir dedemain, jarrte les macarons, et mme ceux dePierre Herm !

    Grand bien vous fasse, lcha-t-elle spon-tanment.

    Je vous demande pardon ? Je disais que cela vous fera le plus grand bien,

    se reprit-elle.

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    Extrait de la publication

  • Vous tes daccord avec moi, alors ? stonnaquelque peu Mme Thomas.

    Charlotte acquiesa dun hochement de tte.

    Abandonnez tout ce qui est ptisserie. Je netiens pas ce que vous veniez souvent me voir,affirma-t-elle en drapant de nouveau.

    Je vous demande pardon ? Je disais juste que plus on me consulte, moins

    je me sens comptente, vous comprenez ? Oui oui mais ne vous inquitez pas, jaime

    bien discuter avec vous. Vous tes bien la seule. Je suis dsole mais ce

    soir je dois faire court. Je sais, je sais. Je vous laisse. Cest bien aimable vous. Prenez rendez-vous

    avec ma secrtaire pour la prochaine fois. Je suis oblige de passer par elle ? demanda

    Mme Thomas avec une moue de dgot. Vous ltes, rpliqua Charlotte tout en se

    levant. Bonne soire, madame Thomas. Bonne soire, docteur.

    Aprs avoir referm la porte, Charlotte se dit surun ton repentant quelle avait t un peu dure avecsa patiente. Que son apparence ostentatoire devait ytre pour beaucoup. Mme Thomas nentrait pas dansses critres esthtiques. Elle tait fche de manire

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  • Mise en page par Meta-systems59100 Roubaix

    N ddition : L.01ELIN000212.N001Dpt lgal : mai 2011

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    Mfiez-vous de la Vierge1. Ne autour du 4 septembre, vous ferez une rencontre dcisive. 2. Ne regardez pas en arrire. Vous auriez le vertige. 3. Arrtez donc un peu de tout intellectualiser !