extrait de la publication… · 2013. 11. 6. · epis de maïs sur le brasero grillent. il en...
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Geste
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MÉMENTO-FRAGMENTS, Anagrammes (1987)
STATIONS, Anagrammes (1990)
DU MÊME AUTEUR
Chez le même éditeur
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Michelle Grangaud
Geste
NARRATIONS
Ouvrage publié avec le concoursdu Centre National des Lettres
P.O.L
8, villa d'Alésia, Paris 14e
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© P.O.L éditeur, 1991ISBN 2-86744-201-X
Extrait de la publication
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La salle d'attente
est tout à fait vide.
Curieusement, les fauteuils sont très présents.
Quand le réveil sonne
il détend le bras,
presse le bouton avant d'ouvrir les yeux.
Le panneau afficheil est interdit
de descendre sur la voie. Danger de mort.
Le tonnerre gronde,la braise rougeoie,la cigarette n'est fumée qu'à moitié.
Us vivent dessus,ils vivent dessous,ils se croisent sans se voir aux carrefours.
Le train va partir,il court sur le quaien marmonnant des mots incompréhensibles.
Elle étend le lingesur la corde à linge.Les draps claquent en vol vers le ciel de vent.
L'oiseau bat des ailes,
il n'avance pas,il reste en l'air, immobile, et bat des ailes.
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Fatigue et sueur.Tympans défoncés,paumes des mains pressant le marteau-piqueur.
Il fera très beau,nous irons au bois
plein de sacs en plastique et de papiers gras.
Assis sur le banc,
jambes écartées,il regarde le sol entre ses chaussures.
Reste encore une heure
avant la sortie.
Elle tourne son regard vers la fenêtre.
Le sac de voyagepèse sur l'épaule,il y a dedans des souliers et des livres.
Elle ne sait plusquel jour on est. Illui semble que c'est un jeudi, aujourd'hui.
Un désir d'amour
sans objet précis.Envie de se frotter contre un autre corps.
Classes d'apprentis.Les handicapésavec les nationalités étrangères.
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Le lac, dans le rêve,était lisse et blanc.
Une menace obscure agitait le fond.
Horizon lointain
de ce pays plat.On parle à voix basse derrière le mur.
Pavillon-banlieue,ils ont acheté,
entre les immeubles et les terrains vagues.
Il pleut. Il a plu.Il pleuvra. Il marche,la tête baissée, passager, sous la pluie.
Faire le ménage,c'est tout effacer
la crasse, les traces, l'idée de la mort.
Ils prennent le buspour aller en ville.Odeur de caoutchouc et soupirs des portes.
Elle coupe lapoire en gros morceauxqu'elle met à pocher dans de l'eau sucrée.
Ils étaient nombreux
à faire la fête
victoire de l'équipe en Coupe d'Europe.
Extrait de la publication
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La sirène tinte.
C'est une ambulance.
Dans l'embouteillage quelqu'un va mourir.
Les feuilles des arbres
palpitent. Le vents'envoie en l'air avec du papier journal.
Elle se retourne
contre le dossier
du fauteuil, les yeux fermés, pouce à la bouche.
Il crie attention.
Mais trop tard. L'enfantest déjà renversé par la camionnette.
Epis de maïssur le brasero
grillent. Il en émane une odeur très douce.
Assise par terre,elle tend la main,sa fillette endormie en travers des jambes.
Il se baisse pournouer ses lacets.
Ses doigts tremblent très fort et sa vue se brouille.
Le chapeau de paille,avec le ruban
bleu sombre, qu'elle porte, est un souvenir.
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Petit matin froid,l'eau de la bouilloire
n'en finit pas de commencer à frémir.
C'est devant l'évier,debout, avaler
vite les comprimés antidépresseurs.
Distributeur de
bouchons à oreilles
presser le bouton, ils viennent dans la main.
Il sort pour pointerà l'ANPE,d'avoir trop fumé il a le cœur qui bat.
Elle ne veut plusouvrir ses volets,
ne veut plus sortir, ne veut plus de lumière.
Il écrit tu sais.
Puis pose le feutrepour réfléchir. Allume une cigarette.
Elle trempe lebout des doigts dans l'eaupour se sentir baguée autour des phalanges.
La populationest répartie surle papier en cercles de diverses tailles.
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Une larme perleentre les paupières,se renfle puis glisse le long de la joue.
Slip et soutien-gorgesont mis à tremperdans l'eau savonneuse où les bulles s'irisent.
Se tournant le dos
ils se déshabillent,nus à la renverse roulent l'un vers l'autre.
Elle ouvre la porte,entre dans la chambre,
allume la lumière, aperçoit les corps.
Sur le bas-côté
gravillonné dela route, il y a le chat, tête écrasée.
Elle s'aperçoitdans la glace. Elle ades cernes sous les yeux et les joues blafardes.
Les feuilles froissées
glissent sur les pierrestombales et volent aux pieds des passants.
D faut se lever,il faut remuer
ce gros sac de chair et d'os ankylosés.
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Il tend le briquet,il lui tend la flamme
en lui caressant la joue du bout des doigts.
Elle est partie sansse retourner vers
ce qu'elle quittait, ne voulait pas pleurer.
La mouche au carreau,ses pattes tressaillent.Elle sort sa trompe et suce on ne sait quoi.
La photo est prisesur la plage. Ils ontformé une pyramide. On les voit rire.
Elle se dit qu'ellen'arrivera pasà temps au rendez-vous. Il n'attend jamais.
La lance à eau sur
les affiches de
la palissade bouts de papier qui volent.
Un deux trois et quatre,cinq, six, sept, huit, neuf,dix onze c'est trop pour les doigts de l'enfant.
C'est le matin. Dans
tous les bureaux, on
se dit bonjour avec convivialité.
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Du bout de l'ongle, ilessaie d'extirperla fibre de steak coincée entre les dents.
Elle lui arrache
ses lunettes qu'ellejette dans la rue par la fenêtre ouverte.
Il n'a pas comprisce qui s'est passétout à coup l'assiette est par terre en morceaux.
Elle met sa main
devant ses yeux pourmarcher dans le couloir vitré de soleil.
Les journées sont longues,c'est l'été. Lumière
d'orage, entrecoupée de nuits étouffantes.
Bouts de seins. Ils sont
gris dans l'ombre dela chambre, éclairée par le seul lampadaire.
Il se voit en rêve
suivre l'inconnue.
Elle a un talon plus haut que l'autre et boite.
Elle éteint la lampe.S'allonge et repenseà ce qu'elle écrira dans son testament.
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Des cerfs-volants parcentaines. L'enfant
voit le ciel comme un toit tremblant de couleurs.
Seule dans le bus,
quelqu'un a vomi.On voit un soleil sous les éclaboussures.
Il se déboutonne,
pisse longuementsur la tôle ondulée de la palissade.
Un rire qui fuse,aigu comme un cri,un glapissement de bête prise au piège.
Le claquement sec,juste après l'éclairtout le quartier soudain plonge dans le noir.
Pavillons-sous-bois,
Fontenay-sous-bois,Aulnay, Clichy, Rosny, rien que du béton.
Il y a des pieds,des foules de pieds,qui ne cessent de piétiner le trottoir.
Il tient le crayonen tirant la langue,dessine le pendu qui tire la langue.
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En mettant le crabe
vivant à bouillir,
elle surprend l'air terrifié de l'enfant.
C'est à la caserne.
Il attend son tour,
attend de passer sous la douche. S'ennuie.
Formation d'adultes
réalisée dans
les établissements scolaires publics.
Adénome au foie,dit le médecin.
Comment s'empêcher de boire encore un verre ?
Entre le pouce etl'index, elle roule,doigts nerveux, la mèche de sa chevelure.
Il glisse la main,furtif, sous la table.
Sous la jupe, il sent la peau très douce, nue.
Sur le clavier de
l'ordinateur, elle
cliquette départ 9 heures 35.
Appareil énormequi réduit le gesteà la seule agitation de doigts fantômes.
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L'ombre de la chambre
striée par les fentesdes volets rayures de lueurs plus claires.
Il se rase. Il se
demande comment
il va pouvoir dire, qu'il ne veut plus d'elle.
Elle dit, Johnny,avec un sourire,
Johnny, vous savez, c'est toute ma jeunesse.
L'infirmier la pousse,dans le lit roulant,pour l'accouchement, en salle de travail.
La pêche passéesous le robinet,Elle goûte, sous l'eau, la peau veloutée.
L'enfant est giflé,la trace des doigts,une giroflée, reste marquée aux tempes.
La lampe est éteinte,elle se retourne
dans le lit, sans pouvoir trouver le sommeil.
Deux heures du mat.
Il remonte seul
le boulevard. Plus un chat sur les trottoirs.
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La pluie sur la vitrelaisse des traînées.
On dirait les larmes qui sont dans la tête.
Après la journéede travail, il faut
faire les courses pour le repas du soir.
Il colmate porteet fenêtres au
ruban adhésif avant d'ouvrir le gaz.
Un accident a
fait 2 morts et 6
blessés graves sur la Nationale 13.
L'air est transparent.Le temps va changer.On dit qu'on ne sait plus comment s'habiller.
Elle tend le bras
au péage pourrendre la monnaie à tous ces vacanciers.
Il étudie son
bulletin de paie.Vérifie le tout sur sa calculatrice.
Il faut répéterla même besogne,l'égrener, trente-neuf heures par semaine.
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