expression patoise des pays charentais de langue d'oïl...

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Peurmier liméro / numéro 1 Décembre 2014 Expression patoise des pays Charentais de langue d'Oïl Expression Française Pour dire un pays , peur dire nout' endret. Parution virtuelle imprimable et gratuite - Création et pilotage KANENTELOS Participation bénévole ouverte aux auteurs sympathisants et soumise à acceptation préalable La vente de ce bulletin est autant interdite qu'elle serait irrespectueuse de nos racines Ce fichier est distribué par et sur le blog de Kanentelos , vous pouvez l'imprimer en niveau de gris, de préférence pour notre petite planète. [email protected] https://www.facebook.com/Kanentelos http://charentaiseries.unblog.fr /

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Peurmier liméro / numéro 1 Décembre 2014

Expression patoise des pays Charentais delangue d'Oïl

Expression FrançaisePour dire un pays , peur dire nout' endret.

Parution virtuelle imprimable et gratuite - Création et pilotage KANENTELOS Participation bénévole ouverte aux auteurs sympathisants et soumise à acceptation préalable

La vente de ce bulletin est autant interdite qu'elle serait irrespectueuse de nos racinesCe fichier est distribué par et sur le blog de Kanentelos , vous pouvez l'imprimer en niveau de gris,

de préférence pour notre petite planète.

[email protected] https://www.facebook.com/Kanentelos http://charentaiseries.unblog.fr/

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L'Yeuse : In abre dau piu fond des âjhes

Si l'yieuse n'étit pas piu veuille encouér que nout' patoué, jhe la chafr'rions « Châgne vart ».Vouai , d'azar, lé étit néssue à la piquette dau jhour dau monde , son batisajhe éti feit avant qu'oléyisse as'ment dés bénitiés !

Al avit comb de comb' de châfres déjha : Yieusine , Eusine, Usine ...et thielle gran-mère des abres« la mére l'eusine » étit m'en doute une créyiance des bitons dau moument , l'ar'lijhion dés côpeuxde vê . Lés piarres , les fonts, les abres étiant les bond'yeu d' thieu long . Probab'ye (* vouéreL'oute pajhe ) que lés nout-Maît' dau Pouétou l'avant déteurviré en ine fade : la mélusine, é n'enavant feit la fade Pouét'vine ! Tant meu pasque al avit déjha garoché entour de lé, en Chérente,jholiment d'mouélon et d'piares . O couminci d'eite ine vré sargaille peurtout .

Meu qu'lés piares , ol a en nou' Chérentes in soulâ d'endret vour qu'al a thyité son châfre : l'chatiâd'l'yeuse, le c'hmin de l'usine, b'l'eusine , l'champ l'eusinié …. et bin d'oute !Et, ol a t'encouére l'yeuse à Françoué l'peur'mié Thielle Yeuse s'trouv' pianté en dare le molind'Prézier : in bin jholi rencoisson à l'urée d'l'Antenne, en la coumune de Charve de Cougnat (dethiés temps Charve-Rich'mont ). O s'beurlande qu'o s'rit le douze de séptemb' quatorz'centquateurvint quatorze qu' al ari été pianté su la tare dés Valois (y z'aviant in p'tit benasson enl'paysbas ) . Thielle piantation à cause que l'queunaille Françoué étit néssu ! Y n'en vinra roué d' France et o s'pouri beun qu'o séyisse l'y, en s'ouv'ni d'soun' endret qu'acoumandé que nout' patoué s'rit la langue de son rouéyaume …… Ol é ine oute affeire !!!O s'beurlande otout , qu'peur pianté la gueurne, ol arit-été enfouyi en l'creu, la yorte d'embourail daujhène roué . Ol é m'en doute à cause, que thieu l'abre feit anneu 17 mèt' de jhau é 5,5 mèt' detour de gougne!

L'yeuse de Françoué Peur'mier vint d'eite déquiaré « Prix public 2014 du plus bel arbre sur le plannational. » au concours de l 'ONF.Suite en français sur ce même sujet, page suivante

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Extrait de l'introduction LA MELUSINE - SES ORIGINES ET SON NOM

Pierre Martin CIVAT

Institut d'Histoire et d'Archéologie de Cognac & du Cognaçais Mémoires I 1969

Pierre Martin Civat Source photo: Académie Angoumois.com

Il y a plus de cinquante ans que j’ai rencontré la Mélusine sur ma route et j’ai tout de suite étéséduit, dans ma sensibilité d’enfant, par le charme sonore de ce nom. Depuis lors je ne l’ai jamaisoublié. J’avais peut être huit ou neuf ans lorsqu’une modiste vendit à ma mère un beau chapeau defeutre qu’ornait sur le côté une plume d’autruche ; la modiste précisa qu’il était en « mélusine ».C’était un feutre pelucheux, plus doux qu’un satin et je ne sais pourquoi je trouvai en ces quelquessyllabes une indéfinissable douceur qui m’ensorcela de prime abord.Quelques années plus tard, à Niort, l’on m’acheta un cahier pour mes devoirs de vacances ; je merevois y faisant problèmes, dictées et analyses mais je revois surtout la couverture de carton vertportant imprimés, en gros caractères, ce même nom de Mélusine, et la vue d’un fier château féodal.Je sus par la suite que c’était le château Salbart aux ruines infiniment pittoresques et l’on m’enconta la légende. Au lendemain de la grande guerre de 14-18, Poitiers m’accueillit comme étudiant,non seulement Poitiers, mais le Poitou tout entier avec ses chroniques médiévales, ses monumentsévocateurs, ses pierres chargées d’enseignements, de traditions et de légendes et avec les Lusignantant et tant mêlés à l’histoire de ma ville natale, je retrouvai Mélusine, la fée mystérieuse qu’on leurdonnait comme lointaine aïeule et qui les avait protégés. […….]Jeune chercheur, j’écoutais aussi, avec passion, vers la même époque, un vieillard chenu qui mesemblait un inépuisable érudit ; c’était Paul Galteaux, un Niortais, maintenant trop oublié.Consciencieux historien de Chatel-Aillon il me parlait de Mélusine et de ses mirifiquesconstructions en me répétant la légende qu’il avait dans sa jeunesse écoutée à la veillée. Commebeaucoup il en faisait une sirène, tant et si bien que lorsque je rencontrai en Dauphiné la Mélusinede Sassenage je la crus reconnaître, sans y mêler le moindre doute, dans la belle sirène sculptée duXII siècle de la façade romane de Notre-Dame d’Embrun. Et toujours le doux vocable chantait à mes oreilles lorsque revenu au pays d’Ouest, je passaisune partie de mes vacances à l’orée des forêts poitevines. […………..]La Bonne Dame n’en demeurait pas moins pour moi, celle du roman de Jehan d’Arras ; commepour les autres et malgré mes appels elle gardait son énigmatique visage, ses traits impassibles etson air de sphinx, en cachant en quelque sorte son secret dans ses tresses trop bien faites et lesvoiles de son hennin.Un beau jour, dans la silve cognaçaise en partie respectée par les siècles, tout près de la molle et

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calme Charente que les poètes ont toujours aimée, j’ai suivi par hasard le « chemin de l’usine ». Lenom m’intriguait. Quel établissement industriel, même très modeste, pouvait-il bien rappeler aumilieu de la nature sauvage, loin de la ville et des villages, en ces vertes clairières où doivent venirdanser, dans un rayon de lumière, les dryades et les faunes ? Je sus bien vite qu’il s’agissait, nond’une quelconque usine abandonnée, mais d’une « eusine » vénérable, d’une yeuse longtempscélèbre dans la région et que j’avais pourtant ignorée. Et l’étroit sentier venu de la profondeur desvieux âges, l’étroit sentier bordé de pervenches et d’herbes folles m’a fait découvrir, telle une reinedes bois, la Grosse Eusine, la belle Eusine de nos pères, celle que beaucoup sans doute — « cettepauvre vieille mémé » — disait une enfant — appelaient « La Mère l’Eusine ». De l’arbre plus quemillénaire je suis venu bien vite à « la Fée du Roc » toute proche, dont au siècle dernier encore l’onracontait la légende de fée transporteuse. Il était facile dès lors, après de laborieuses recherches surle culte des arbres et leurs champêtres divinités, de faire un rapprochement entre la Belle Eusine,aïeule respectable et respectée de la forêt et la fée qui en était née, et voici que là encore, commes’ils m’attendaient sous les mouvantes frondaisons, je rencontrai les Lusignan, les Lusignan comtesd’Angoulème et de la Marche, seigneurs de Cognac, Archiac et Merpins, gentilshommes chasseursqui, habitués à l’ombre des forêts, ne pouvaient qu’avoir connu la grosse Eusine, la Mère l’Eusinede leurs domaines et en avaient si bien fait leur emblème et leur aïeule mythique, qu’ils l’avaient,par trois fois, fait figurer sur leurs sceaux.Vainement regardée et interrogée par près de vingt générations, Mélusine n’avait plus cette fois,sous des airs d’altière châtelaine, son énigmatique visage et son éternel mutisme. Dans la B’ieusine(la belle eusine, la belle yeuse) voisine de sa rustique demeure, ma propre bisaïeule n’avait connuqu’un arbre tachant de sombre, les pentes viticoles de la Grande Champagne alors que je retrouvaissans fard, sans oripeaux, sans la moindre parure, avec sa chevelure flottant au vent, la toute simpledéesse des bois, la dryade avec son caractère, ses traits et ses attributs particuliers. Ce n’était plus lafée médiévale vêtue de brocarts et d’hermine, entourée de chevaliers, d’écuyers et de pages dans undécor de murailles crénelées, de tours, d’échauguettes et de pont-levis ; non, c’était la déïté sansapprêts des temps antiques, la fade toute rude qui, en traversant les âges avait survécu, telle qu’elleavait été, il y a mille ans et plus, pour les serfs, les pâtres, les bûcherons et les chasseurs de la forêt.

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PARLER PATOIS C'EST PARLER TOUT SEUL MAIS CE N'EST PAS RADOTTER

De célestin

En les années 1990, après avoir porté intérêt à ce qui pourrait sembler être " une étude de marché "j’avais touché du doigt une réalité terrible !! Elle m'a depuis confortée dans l'idée que notre seuletâche était aujourd’hui d'accompagner le plus dignement possible notre vieille langue sur lesombre chemin de toutes les langues poussées aux oubliettes du progrès .Je reprends ici les termes de l'étude d'alors . A ceux qui seront tentés de l'actualiser, vous serez bienplus que moi, démoralisés, car les flux migratoires de notre société condamnée à la mobilitéappuient défavorablement sur la balance alors que le nombre de locuteurs vrais s'est tristementallégé:Notre oralité concerne un territoire sensiblement égal à la Charente Maritime plus la Charenteauquel il convient d'enlever la Charente Limousine et de rajouter le pays Gabaye, soit, auxrecensements 2007-2008 une fourchette globale de population de 960 000 habitants. Le potentiel des locuteurs "vrais" (ceux qui s'expriment journellement en des échangesnaturels) se retrouve dans le monde agricole, viticole et ostréicole de nos deux départements, soitun gisement potentiel , en 2008 de 163 000 personnes (Sources cumulées de la mutualité socialeagricole : MSA)

Si, dans ce potentiel il reste aujourd'hui encore 1/3 de locuteurs "vrais", il serait idéal d'espérer54400 utilisateurs de notre oralité.

163 000 / 3= 54 400Je n'oublie pas les amateurs, souvent éclairés qui usent ou abusent de mots patois, sans motivationsautres que d'en jouer. Je suis heureux qu'ils existent mais ne crois pas équitable de les compter aurang des locuteurs. Espérons qu'ils soient en devenir de rejoindre la première catégorie ou bien lesautres qui suivront, s'il en est !Il est aussi les patoisants, créateurs patoisants, théâtreux, bardes, amuseurs etc.... Ceux là d'entreeux, qui vivent, qui s'expriment aussi journellement en des échanges naturels sont des locuteurs"vrais" et sont déjà inclus dans la catégorie ci dessus. Les autres ou je crois pouvoir me comptersont des occasionnels, des intermittents du spectacle patois, qui n'utilisent pas ou rarement notrepatois dans les discussions quotidiennes . Nous savons tous combien il est malheureusement aisé denous compter. Serons-nous assez fous pour nous accorder 500 places. Au diable la mesquinerie,comptons 500 !On remarquera qu'il n'est traité que des locuteurs. Certains, très rares créateurs en graphie patoiseexclusivement, sont déjà dans la catégorie des locuteurs "vrais" d'autres sont dans celles desamateurs éclairés et d'autres au rang des intermittents du spectacle patois. Ceux qui ne font queexclusivement de l'expression graphique ne sont pas pris en compte puisqu'il est ici questiond'oralité.L'oralité actuelle et optimiste des Charentes d'oïl représenterait donc 54 400 bitons & bitounespour les 960 000 habitants des Charentes de langue d'oïl .

54 400 / 960 000 X 100 =5,66 %

L'oralité optimiste des occasionnels du spectacle patois représenterait : 500 /960 000 X 100 = 0,052 %

Sachant que l'immense majorité des locuteurs "vrais" se moque totalement des problèmes évoquésici et dont ils ne sentent pas concernés : Ils sont confrontés à d'autres réalités existentielles , qu'ilsexpriment dans leurs conversations patoises ou françaises, des réalités bien plus cruciales de leursexistences, il n'est sans doute pas irréaliste de penser que seulement 0,052% des occupants desterritoires Charentais d'Oïl sont soucieux de l'état et du devenir de l' oralité Charentaises....!!!!

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Bournat – piancard (ruche placard)

Riké Beurjhasses

Thieu temps vour les mouches à miau étiant d'la meison ! Al' aviant ine porte et in seuillet peurleu z'ujahe et ine chamb' peur la thieuzine de z'eu miau. Bin abrillé des buffes de vent coume desrevalins , al' viviant avec les mondes de la benasse ! Quanque le Maît' étit chopé peur la mourine,s'y peuvait, y v'nait les vouère in darnier cot et y thytait son bounet peur in' à yieu raspectueux. Ols'trouvi pas teurjhau dés bournat-piancard , ol avit otout le bournat simpye en l'jh'ardrin . Lesgrousse benasse en aviant deus troés coubyes ! Jhuste peur la tabye de la méisouné . Les bounnesannées o s'en vendait in peu sus les fouéres , dau miau qu 'étit dau vrei bonbon !!! Dame ! thieuqu'avit dés abeuilles avit des tarres, aveuc des feuvrolles dessus , des jhisses , dau trèfye et dauluzarnes, comb' de fieures en les pâtures , les barnes et lés chaumasses . Asteur….. Aneu…. Jhevous en cause en Français o feit trop grand maux à mon patoué ………. !

Maintenant , aujourd’hui …..pour être apiculteur , plus besoin d'avoir des terres ni des plantations ,l' HLM de ruches en préfabriqué derrière la station d'épuration, dans un taillis sauvage abandonnépar son propriétaire et…. démerdez vous les filles , il y a du pollen chez les voisins ( tous descrétins qui sèment n'importe quoi et utilisent des produits chimiques) et il y a des jachèresmellifères additivées au gaz carbonique sur les ronds points de la DDE . Les rendements sontminables et pour que « l'industrie » du miel fasse vivre son homme il faut des espèces d'abeillessélectionnées, quitte a éradiquer nos espèces locales ( trop tard , c'est déjà fait !) et il en fautbeaucoup , des petites travailleuses!!! Fini l' HLM du bosquet , voila la stabulation des abeilles génétiquement modifiées!!!! Stabulation itinérante … l'apiculteur doit aujourd'hui posséder sonpermis poids lourd et un camion à plateau pour la transhumance de son troupeau : 500 km vers leslavandes du midi , long crochet pour les bruyères des Monédières , épuisante remonté vers le sojaPoitevin ….. Il faut que ça coule , il faut que ça produise ...rentabilité !!! Bonjour le bilan carbone !!Mais ça le fait pas , ou peu ! Forcément c'est la faute aux frelons asiatiques, aux pesticides , à lamonoculture , au bitume des autoroutes et aux bétonnages urbains.

…. Le miel ne se fait pas le stress aux pattes . Il est donné aux enfants de ce monde et ne se tartine passur un billet de banque … Est bien triste voleur qui veux vendre ce que la nature donne !!

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ADIEU CHEBINA !Bitou

Jh’étis à minme d’égosser in baquet de feuves vartes thyi couminciant d’avouèr le thiu nègue, quantol arrivit Médérit.

— « Et d’vour é-tou qu’tu d’vins aveuc ton biâ panetot dau dimanche ?— « Jh’vins d’parde ine demi-jhornée peur aller à l’entarrement de thieu paure Chebinâ.— « Et-ou qu’tu badines ?... Jhe l’ai vut à matin !

— « Jhe te parle pas de Chebinâ le marichau, ol é de thieu-là thyi reuste à La Gueurlotière.son cousin armé d’jhar-main, l’houme à la Chebinelle... à Amandine, quoué !

— « Ah ! Chebinâ le cothiu ? — « I zou z’é pus, astheur ! — « Et d’quoué é-t-i mort ? — « Sais-jhi, moué?... Il était battu d'in mauvais mau thyi zi rougheait les boèyaux. Quantol l’empougnait o zi fasait jhaper la pire, qu’o n’en était pitoèyabye, boun'g'hens ! A d’autes cots,complètement prostitué, quasiment coume dans n’ine maladie de longueur, i faisait pus cas d’reun. Ichéyait dans des faïences ! M’é-t-avis thyi d’vait faire de la dégarcification...

— « A-t-i vut in méd’cin ou beun é-t-i mort tout seul ?— « La Chebinelle a fait v’nit Moncieû Tâtzy, de Teurpe- la-Fagne.— « Et qu’a-t-i dit ?— « Qu’i peuvait rin dire peur le moument ; qu’o f'lait l’mener à l’hopitau et que Moncieû

Gopauras, le silurgien, zi ouvrirait la bedouille peur assavouèr s’o faut zi enl’ver in morciâ de tripe ;qu’o tarzait d’zou faire à cause qu’ol était ine « URGHENCE »...

— « Encoère ine nouvelle maladie, pardié ! Faut-ou n’en queneute dans thieu métier ! Ah, icouéffant pas des têtes de sots quant i mettant leu chapiâ.

— « Qua veux-tu... quant o zou faut, o zou faut ! O y’avait pas à marchander, ol a b’ follutqu’i zi passe !... 1 l’avant éparé sus n’in billot, dans la pousition des deux cubitus et dau tempsqu’ine jhène fumelle le droguait, Gopauras zi fendait l’embourail !

— « Et qu’é-t-ou qu’i y’avant trouvé à thieu malhureux chrétien ?— « A sisparait qu’ses tripes étiant pus peurcées qu’ine passouère. Le silurgien a pas v’lut

z’y toucher et il l’a recoudu d’minme !... à grands points. I bisquait rapport qu’il avait égaré seslunettes.

— « Vous les aviez sus l'nez avant d’opérer, zi dessit l’en- dormeuse. Marde !... qu’o fasitCopauras, jh’veux pas les parde... Défaufilez-le !… Au sèr i z’avant saqué Chebinâ dansl’ambulance et l’avant retôné chez li, pus bian qu’in pet. Jh’creis beun qu’i s’é pas réveillé. — « La paure Amandine det été bin contariée, mais al é pas trot à piainde. Ol é pas inehéritation limousine ; y zi lésse thieuque chouse !

— « Voué, mais coume a dit : Ol é pas tout bénéfice, o zi fait des frais !— « Dis-dont, Médérit ? Astheur qu’Amandine est vève, à cause la prenris-tu pas à ton

compte ?— « S’rit beun assez sot, à des cots, peur zou faire, mais veurit pas

qu’a m’fasisse cothiu.— « Jh’voués reun qu’oppouserait que tu seyisse les deux à la fouès !

— « Et jh’parie, grand câlin, qu’s’ol adounait tu s’ris pas féniant peurme bailler d'l'aghide. — « Ol é-t-in sarvice thyi se r’fuse pas !... Tu zous comprends,Médérit ?

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D'OU VIENNENT LES PROVERBES DE L'ALMANACH…

Avant de lire : Le signe « ... » indique, dans l'almanach , qu'une autre personne prend la parole.

De Jacques Bujault Laboureur 1771 - 1842 Source : Ministère de l'Agriculture et du Ravitaillement -Secrétariat auxquestions Paysannes et à l'équipement rural .

Un jour donc, allant à pied, nous trouvâmes sur la route un petit vieux, une petite vieille, avec unepetite fille, vêtus simplement. Ils allaient leur petit bonhomme de chemin ; mais doucement, sidoucement, qu’ils ne faisaient le tiers de la moitié du quart d’un pas dans une journée.Vous êtes malades, dîmes-nous... Non vraiment, reprit le vieillard... Vous êtes donc aggravés… Pasd' avantage... Vous n' allez guère vite... Chât-petit va loin... Vous n’arriverez au gîte... Nousmarchons nuit et jour... Ah ! vous êtes le Juif-Errant, c’est sa famille ?... Non pas, mes petitsenfants. Je me nomme « Bon-Sens », ma femme « Raison », et notre fille « Vérité »...Quel âgeavez-vous ?... J’ai 7543 ans, ma femme en a deux de moins, et j’avais vingt-cinq ans quand ma filleest née... Vous paraissez bien vieux et elle bien jeune... Mes amis, c’est comme ça : nous vieillissonset elle ne vieillit... Je le vois, dit Émile, on ne lui donnerait pas dix ans ; elle ne sera jamais en âged’être mariée, malgré qu' elle ait plus de 7500 ans... Je le crains fort, reprit le vieillard ; je voudraispourtant l’établir, et vois que ça ne se peut. C’est mon chagrin.Qu’avez-vous dans ce sabot, dit Édouard à la vieille ? A petit mercier, petite balle, répondit-elle ; enpetites boîtes sont les bons onguents. C’est de la marchandise que nous fabriquons en nouspromenant patiemment.Elle découvrit le sabot, et nous vîmes de petits morceaux de papier, tout savetés, avec un petitd’écriture dessus.Ce sont proverbes et simples discours, reprit la petite : chacun d’eux vaut un gros livre ; ça durelongtemps, plus de dix mille ans, et ne s’use jamais.Ce n’est pas de même de la marchandise de celle qui se dit ma cousine, mam’zelle « La menterie » :elle vend de belles paroles ; mais c’est de la guenille ; ça dure une heure, un jour au plus. Elle a 500mille personnes qui travaillent pour elle : ramassent les vieux lopins, rapiècent, passent en couleuret la cousine les revend comme neufs. — Encore plus belles paroles, crie-t-elle, en voulez-vous ?tout le monde en prend.Elle est bien attifée, a de beaux atours et va le galop ; bien reçue en beaux châteaux, en bellesmaisons, en ville, à la campagne ; partout on en raffole ; elle est bien heureuse la cousine « Lamenterie ».Moi, dès qu on me voit, on se détourne ; si je veux entrer, portes et fenêtres se ferment. Pourtantbeaucoup disent : j'ai reçu la petite chez moi. C’est faux, ils m’ont chassée. Depuis que j’existe, je n'ai resté que trois jours sous la tuile, chez le vieil Abraham .C’est mon grand-père, dis-je aussitôt. — La petite m’embrasse, prend le sabot et le vide dans mapoche... Donne-lui ça de ma part, dit-elle.Nous causâmes encore cinq à six heures avec eux, pendant qu’ils levaient un pied pour avancerd’une ligne. Je vous assure que Bon sens, Raison et Vérité ne marchent vite en ce monde ;beaucoup de gens ne les verront de sitôt à leur porte.

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Quelques proverbes, sentences ou dictons roturiers pour Décembre

- Un mois avant et après Noël, l'hiver se montre plus cruel- Si décembre est sous la neige, la récolte elle vous protège- Décembre de froid chiche ne rend pas le paysan riche- Froid et neige en décembre, du blé à revendre.- S'il tonne en décembre, l'hiver sera manqué- Décembre trop beau, été dans l'eau

ÉLOI, le 1

- Quand saint Éloi a bien froid, quatre mois dure le grand froid- A la saint Éloi les jours allongent du cri d'une oie

BARBE,BARBARA , le 4

- A la sainte Barbe, le soleil peu arde.- Pour la sainte Barbe, l'âne se fait la Barbe (le pouél)

NICOLAS, le 6

- Saint Nicolas marie les filles avec les gars- Saint Nicolas fait les bons mariages, guérit de la fièvre et de la rage.- Le jour de saint Nicolas, de décembre est le moins froid.- Neige de saint Nicolas donne froid pour trois mois.- A la saint Nicolas, l'hiver est souvent là.

AMBROISE, le 7

- Quand saint Ambroise tu vois neiger, de dix-huit jours de froid danger.

LUCE & LUCIE le 13- Le jour de sainte Luce, quand il fait jour, il fait nuit.- Sainte Lucie, court jour et longue nuit- Tel Avent, tel printemps- A la sainte Luce, les jours croissent du saut d'une puce. Et pour Nau (Noël) d'un pied de jhau(coq).

LES AVANTS- Le mois de l'Avent est sujet au vent.- Quand secs sont les Avents, abondant sera l'an- La neige des Avents ne dure pas longtemps- Neige des Avents dit hiver à longues dents- Dans l'Avent le temps chaud remplit caves et tonneaux

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L'OVNI A ANGHELINA Sarnughe de Jharnat

In matin, de grand boune heure, Anghélina arrive d’in galop, tout’ étouffaghée, chez l’vieux Virghile.

— «Qu’est’ou qu’t’as ? s’ti, ine ganipote te galope, ma chère feuille ?— «Ah ! pérain, qu’a dit, jh’ai don eu bin pour hier au sèr ! Jh’en seus encore tout en

trembye. Maghinez-vous que jh’ai vut’in’ovni.— «In’ovni ? Et qu’est’ou tieu ?— «Vous savez bin, in d’thiellés enghins si tellement à la mode à c’t’heure : in objhet volant

non identifié, coume i disant dessus l’jhornau.— «Et t’en as vut'in ?Coume jhe vous voués ! O l’a descendu dau ciel, tout ékiairé de roughe et o s’est pousé de

cont’ les cimentières, devers le grout’ormiâ. Mineut sounait à l’éguyise.— «Et que y’âb fasis-tu déhors à mineut ?— «O lest qu’jh’étis dans n’in pilot d’frnâche.— «Drôle d’heure p’r râteler !— «Eh non ! Mais z’ou beurlandinez surtout pas chez moué ! Jh’étis... avec Philistin...— «Malhureuse chrétienne ! Tu peux don pas attend’ qu’i sèye revenu dau sarvice ? Enfin,

raconte-me zou. Etait-ou in’soucoupe ?— «Eh hin, putout in cigare, et in grous, tout élonghé. Jh’avons eu si pour que jh’nous

sont’ensauvés bin vite.— «Même ton gars ? O fait pas in militaire bin couragheous !

— «Pérain, voudris qu’vous allissiez vouèr si l’enghin est encore sus piace. Vous m’racont’rez. Moué, jh’ose pas, minme en pien jhour. Voudris p’tant savouèr…

P’r faire piaisit à sa fillotte, Virghile, qu’a pour de reun’, s’en va virouner de cont’ tiellés cimentières. I r’vint in moument pus d’tard.

— «Alors, qu’était’ou ? que dit l’Anghélina.

— «In cigare, bin sûr, que répond l’vieux. Mais jh’seus arrivé trop d’tard : o restait pus que l’mégot.

Hélène BOUYER dite Sarnughe de Jharnat ,institutrice à l'école deSonneville La « sarnughe » est une herbe dite aussi « traînasse » agrostis stoloniféra , réputée sur les terrainsde golf mais aussi bonne plante fourragère à fâcheuse tendance expansive .

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INE LOT'RIE PEUR INE ÈSTATUE

Françoué si tu déjhuche peur la nau , jh'irons gravé sus ton ch'vau ! Les meunes avantgavagné l'haritajhe peur te baillé t'ine éstatue . O feit in billet d'peurdu et ton ch'vau , jhemont'rons d'sus !!!!!

1863 La ville de Cognac organise une loterie afin d'ériger la statue en bronze de François 1er

Commandée au sculpteur ETEX sans disposer des fonds nécessaires, la municipalité de Cognac apris le risque de ruiner l'artiste qui y avait investi ses propres fonds et pris des hypothèques sur samaison. Cette loterie a permis de mener à bien le projet et fait un heureux gagnant du pactole ! Unparisien , M. Ichloss est désigné par la chance et comme l'argent connaît les bonnes adresses , ellefut très bien logée : M. Ichloss était fabricant de ……….. Porte-monnaie !

CHAPELOT, dessin de B GAUTIER

— Qui t’a créé et mis au monde? Demande le Kiuré de Balzat à PierreCharbounée.

— Saî pas, Moucieu le Kiuré.

— Quement ! tu ne saî pas? Mais, moun’ ami, c’ée Dieu!

Ta! ta! ta! exclamit le Balzatois.

— Farceur de Moucieu le Kiuré, va ! Y z’ou savaî et y me z’oudemandai!…

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Formulettes de thieu long , peur les drôles ….. Savouère les jhors d'la s'maine

L'in dit – et l'aut' m'a r'dit – f'ra tu maigre dit ? - Jhe dis – jh' feit c'que ventre ditet ça m'dit : Dis manjhe !!!

Lindi-mardi fête, marcr'di jh'peux pas y'eite , jeudi la saint thomas, vendeurdi jh'yseus pas , s'madi la mi-jhornée , vouéla la s'maine dramée ! (à Cougnat ) Le lun- le mar – le mique, micar ! Le jeu- le ven_ l'sam'di caurant –l'dimanche en avant !( à Pons ) Lundi, mardi olé la fête / mercredi jh'pourai pas y ête / jeudi saintthoumas / vendredi peux pas y allâs / S'madi la fouére à Chatenâ / Dimanchefaura boulangeâ !!!

Et enfin por thieu cot : Chansounette dau quenaille gâté, en l'paysbas , contée peur R. Doussinet en 1950 :

Enfant gâté , veux tu dau pâté ?Non, non ma mére y l'é trop salèEnfant gâté veux tu dau rôti ?

Non, non ma mére y l'é trop cuitEnfant gâté veux tu d'la salade ?Non, non ma mére y l'é trop fade

Enfant gâté, enfant gâté,tu veux rien mangé tu s'ra fouétté !

Bonnes fêtes de fin d'année à chacun de vous qui nous avez accordé votreattention.

Bounes fêtes de la Nau Bitounes & Bitons de thieu long

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