exploration jardinière

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exposition collective éphémère 1

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Page 1: Exploration jardinière
Page 2: Exploration jardinière

EXPLORATION JARDINIÈRELES GUMES DES JARDINS

Vernissage-Expo08-11-2008

Page 3: Exploration jardinière

Thomas, 32 ans, brun, vivait à St Étienne. Il avait vécu plusieurs années à Cluses, employé dans diverses usines de décolletage, passant de l’une à l’autre selon les divers plans de licenciement et offres d’emploi proposées. Cela faisait 6 mois qu’il s’était installé là, louant une chambre dans une vieille maison des années 50 dont on se demandait comment elle tenait encore debout, épargnée par un plan de restructuration du quartier qui la laissait seule dans ce lieu improbable, entre un périphérique et une voie de chemin de fer. Les vestiges d’un ancien verger se tenait devant, ou du moins ce qui n’avait pas été grignoté par l’avidité des promo-teurs. Aujourd’hui en friche, il était simplement regardé d’un oeil distrait par les habitants du lieu, un couple de personnes âgées et acariâtres, Thomas et un autre locataire qu’il ne voyait pour ainsi dire jamais. Au chômage, il s’était peu à peu retranché dans son appartement qu’il ne quittait que rarement. Il laissait passer ainsi les jours, sur un environnement sonore permanent constitué du trafic routier régulier, et ce qui était pire encore pour lui, les trains qui passaient. Parfois espacés d’une demi heure, parfois de juste deux minutes quand ils se croisaient. Là, toutes les armatures, poutres et meubles vibraient à l’unisson, si bien qu’il de-vait interrompre régulièrement ses réflexions. Les quelques arbres et ancien potager envahis d’herbes folles offrait à sa vue une longue étude de la biologie. L’évolution des ronces qui couvraient presque entièrement un arbre, la libellule surprenant sa proie et elle-même surpri-se quelques instants plus tard par un chat sauvage, l’araignée immobile au centre de sa toile.Un train passait.L’observation passive continuait.Un autre train passait.Il en était venu à se demander le sens de toute cette agitation, ces mouvements et cette circulation incessante.Il mit de l’eau à bouillir pour faire un thé.Ces vas-et-vient, ces aller-retour, le monde animé.Début d’ébullition.Où allaient-ils? Que faisaient-ils? Pourquoi partaient-ils?Ici on pouvait observer, décortiquer, analyser.C’était une espèce de non-lieu, tout juste entr’aperçu par les voyageurs, sur la route de leurs obligations.Au loin le sifflet sifflait; là, la bouilloire bouillait; là-bas le train traînait.Passe le train.Il lui avait déjà pris l’envie de faire quelque chose, d’agir dans ce lieu. Dans ce flux sonore d’échanges et de communication un autre son: celui de l’eau. Beaucoup moins visible mais pourtant inséparable des autres mouvements et qu’il aurait diffusé le long des fourrés. Ou bien encore un assemblage de jouets et autres objets plastique formant un cochon obser-vant les voyageurs comme une ironie de son monde. Il était allé jusqu’à envisager des installations de miroirs comme synthèse de ses réflexions, à côté d’instruments de musique archaïques construits avec trois bouts de ficelle soulignant le dérisoire de quelque action face à l’immensité de la tâche. Le dérisoire. Le dérisoire dans ces idées là.Le dérisoire de cette chambre, ce lit, cette table, ces rideaux, cette reproduction de totem africain du XVIème siècle sur le petit meuble dans le coin gauche de la pièce. Le dérisoire de ce lieu sans lieu, mais néanmoins son existence.La vitre mais la lumière. L’isolation mais les possibilités.Et dans un élan figé le train avançait, et dans les broussailles les chemins bifurquaient.

Page 4: Exploration jardinière

L’accès au jardin se fait par un petit tunnel pour piéton au dessus duquel passent des rails. Un dispositif sonore a été installé à la sortie diffusant en boucle un enregistrement de poules élevée en batterie et de bruits d’usine, dont le tunnel du train se fait écho.

1er plan: texte «Les objets de la distance» à disposition.

2ème plan: sculpture de cochon. Assemblage de jouets et objets plastiques avec de la mousse expansée.

Page 5: Exploration jardinière

Achetez Achetez Comment se goinfrer Telle est la devise du cochon occidental.

L’enfant est confronté dès le plus jeune âge au pétrole, source de profit et de conflits humain. Le jouet plastique est un absorbeur vorace des matières fossiles. L’enfant, influençable, demande, insiste et oblige les parents à faire le choix d’acheter ou non l’objet fantasmé, son désir pulsionnel étant sublimé par l’envie des parents de posséder ce qu’ils n’ont pas eu en leur temps.

Le jouet, le meilleur ami de l’enfant moderne.

ANNECY-MONTPELLIERLes objets de la distance

Je suis parti ce matin 25 février 2008 à 10h30 au péage sud de l’autoroute à Annecy. Après avoir attendu une trentaine de minutes, une femme me prend jusqu’à Cham-béry. La trentaine, au chômage, elle se rend là-bas pour une réunion. J’avais acheté auparavant un petit canif en porte-clef. Je lui propose de troquer cet objet contre ce qu’elle veut. D’abord étonnée devant l’étrangeté de la proposition, elle accepte et une fois arrivés sort de son coffre une boite tupperware rose qui d’après ses dires sert à ranger une pomme. A Chambéry, j’attend bien 2 bonnes heures, en mangeant un sandwich vite avalé tout en continuant à tenir mon panneau. Puis je me fait pren-dre par un jeune de 25 ans, teint mat, parfumé, qui travaille pour une grande compa-gnie de machineries électriques. Nous nous découvrons une connaissance commune d’Aix-les-bains. Le paysage défile vite dans cette voiture aseptisée qui sent le caout-chouc neuf. Il m’échange ma boite contre une paire de lunettes de soleil fashion encore dans l’emballage. A Grenoble, à peine déposé que 2 minutes après une voi-ture s’arrête. C’est un homme d’une quarantaine d’années, moustache et barbiche, il m’emmène jusqu’à Valence. Nous passons par la nationale. Ancien militaire, il pos-sède une ferme en Ardèche. Il me fait remarquer sur la banquette arrière une grosse glacière orange. Elle contient, me dit-il, un chevreuil cuisiné aux fruits rouges que des amis chasseurs ont tué la veille. Il me donne des recettes puis me raconte qu’il vient de passer 4 jours dans les Bauges avec des amis à se déplacer à l’aide de chiens de traineaux. Sur le tableau de bord une petite croix blanche et une icône de la vierge orthodoxe. Sa façon de rouler est beaucoup plus tranquille que la voiture précédente. Je renouvelle ma demande. Le voyant hésiter, je lui explique que son objet est destiné à la prochaine personne qui me prendra en stop et lui demande alors de choisir quel cadeau j’aurais à charge de transmettre. Après avoir cherché autour de lui, il m’échange la paire de lunettes contre un petit personnage vert en mousse expansée à tête de pomme à lunettes. Désolé de ne pouvoir m’offrir mieux, il me donne avant de se séparer une branche de laurier-sauce, une mandarine pour faire un petit en-cas, et 2 euros pour me payer un café plus tard. Je m’installe cette fois juste à côté des barrières de péage avec mon panneau. Un quart d’heure après une jeune femme de 25-30 ans me prend. Elle va à Montpellier. Elle revient d’Aix-les-bains, où son copain habite. Actuellement au chômage, elle a fait une formation dans la restauration. Elle a une fille de huit ans. Nous nous arrêtons à une aire d’autoroute où elle me paye un café, et je lui expose, comme à tous les autres, mon projet de troc. L’idée semble lui plaire, et elle m’échange le personnage-pomme contre une petite peluche marron de chien en porte-clef appartenant à sa fille. Arrivés en cen-tre ville, nous tournons un moment en voiture à chercher la rue dans laquelle mes amis habitent, grillant quelques feux au passage, mais faute de trouver, elle me dépose finalement à la gare. Là, ne pouvant leur téléphoner car les cabines étaient toutes hors-service, je demande mon chemin au tabac-presse. J’arrive chez mes amis vers 20h. Je leur offre mon objet de déplacement, et leur conte son histoire...

Page 6: Exploration jardinière

Le retour des courges carte IGN, photos, texte, aiguilles sur panneaux de bois

installation faisant face au buffet

LE RETOUR DES COURGESou

LE JARDIN PLANÉTAIRE

Cela fait maintenant bien 2 semaines qu’il pleut tous les jours.Nous sommes déjà le 5 juin, et je ne sais quand ça va s’arrêter. Je me décide à commencer malgré le mauvais temps. Sur une carte IGN de la région que j’ai achetée, j’ai tracé une flèche qui part de chez moi (LOVAGNY) et dont la pointe arrive au Rhône, en direction de l’Ouest. C’est sous la pluie que je pars planter mes deux premiers plants de courge que j’avais auparavant fait démarrer chez moi, et que je transporte à l’intérieur de mon sac à dos qui comporte une pelle, une bouteille d’eau, et des gants. Le premier plant dans un tas de fumier ne pré-sente pas de difficulté, quant au deuxième, c’est dans une clairière dans la forêt, suivant l’itinéraire tracé que je me rends pour le planter.

2ème excursion, le 6 juin: c’est sous les cordes que je traverse discrètement une propriété privée surveillée par un labrador pour aller de l’autre côté d’un champ de blé, où j’installe ma plante après avoir défriché et creusé.

3ème excursion, le 8 juin: Enfin un jour meilleur, sans soleil certes, mais sans pluie non plus. Deux courges de plantées aujourd’hui, dont je reporte l’empla-cement sur ma flèche, et référence la position GPS de chaque pied grâce à un site internet de cartes géographiques.

4ème excursion, le 10 juin: Je franchis de nombreuses clôtures, côtoyant tantôt les vaches dans les champs, tantôt les zones industrielles et zones d’habitations. Ca fera six croix de notées pour cette seule journée.

5ème excursion, le 12 juin: Toujours plus à l’Ouest. Je poursuis le voyage, qui est autant le mien dans le principe de réalisation de cette action que celui de la courge que je ramène de manière abstraite dans son lieu d’origine, la flèche in-diquant l’Amérique Centrale. La cinquième et dernière courge pour ce jour me fait emprunter un sentier de forêt sur une petite montagne.

6ème et ultime excursion, le 14 juin: De l’autre côté, la pointe de la flèche. Alternance entre la forêt, les champs de vigne, un stade de foot et la limite du Rhône. C’est à cet emplacement où j’ai planté qu’est stocké de gros tas de fu-mier par le paysan, et où je découvre par une coïncidence troublante de beaux pieds de courge en train de pousser.

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Confronter l’ image d’ un bunker filtrée,apposée sur un miroir (renvoie notre propre image).Le filtre est intermédiaire. Il est intercalé entre nous et notre image/refletée dans la glace. Je l’ ai flouté volontairement. Ainsi ce qu’il représente n’ est pas clairement définissable.(L’ image initiale représente un bunker). Les bunkers servent à se protéger, à se retrancher, à parer une attaque en temps de guerre. Je cherche à figurer le phénomène de repli sur notre propre image que crée de plus en plus le système dans lequel nous évoluons.L’image est virtuelle. On se voit dans le miroir et simultanément on lit le gra-phisme flou du bunker. Il en va de même pour l’image du grillage.

Tentative d’architectureentre habitation primitive et forme organique

bois, environ 10 mètres de long

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Le buffet était composé de soupes, tartes aux légumes et aux pommes accompagnées de vin chaud, noix, châtaignes grillées.Les ingrédients ont été récupéré auprès de donnateurs ayant un po-tager ainsi qu’à la fin des marchés.

White Cubein black box

WC à sec

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Installation

produire

en libre

Concert

à

des sons

service

Cacophonie

Un gros cône en métal, des bar-rières, tôles ondulées, caisses de

résonnance en plastique et baguettes de bois constituaient l’ensemble des

instruments mis à disposition.

Page 10: Exploration jardinière

Transitmiroir, moulage de truite en étain, 40 x 40 x 25 cm

Pistolet à vesse de loupvaporisateur, vesse de loup, 10 x 20 x 20 cm environ

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EXPLORATION JARDINIÈRELES GUMES DES JARDINS

Vernissage-Expo08-11-2008

Remi DAL NEGRO

Antoine PEREZ

Joseph DERENS

Damien NICOLAU

Merci à Saber pour la mise à disposition du lieu, les généreux donnateurs pour l’élaboration du repas ainsi que tous les participants.