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1 EXERCICE DE PROSPECTIVE TERRITORIALE APPLIQUE AU QUARTIER DE LA BASSE VILLE (DUNKERQUE) Septembre 2009 Source : AGUR Source : AGUR

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1

EXERCICE DE PROSPECTIVE TERRITORIALE APPLIQUE AU QUARTIER

DE LA BASSE VILLE (DUNKERQUE)

Septembre 2009

Sou

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So

urc

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GU

R

2

SOMMAIRE

PREAMBULE ............................................................................................................................................. 4

COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL ................................................................................................ 5

POUR SE REPERER... ................................................................................................................................ 7

METHODE ET DEROULEMENT DE LA DEMARCHE ................................................................................. 10

LES FICHES VARIABLES ........................................................................................................................... 12

Démographie du quartier ...................................................................................................................... 13

Démographie du quartier ...................................................................................................................... 13

Composition sociale de la population ................................................................................................... 18

Présence de la vie économique dans le quartier .................................................................................. 24

Structure du parc de logement et mobilité résidentielle ...................................................................... 27

Représentation du quartier par ses habitants ...................................................................................... 35

Image du quartier pour l’extérieur ........................................................................................................ 38

Convivialité, diversité culturelle et « vivre ensemble » ........................................................................ 42

Lisibilité de l’intérêt patrimonial ........................................................................................................... 47

Bordure / Centre du quartier ............................................................................................................... 50

Qualité et esthétique du paysage urbain .............................................................................................. 54

Présence des grands équipements publics ou privés ............................................................................ 59

Présence des services et équipements de proximité ............................................................................ 62

Mobilité et déplacements dans le quartier de la Basse Ville ................................................................ 65

Politiques publiques sur le quartier / visions du quartier ..................................................................... 69

3

Gouvernance ......................................................................................................................................... 73

LES HYPOTHESES................................................................................................................................... 76

LES SIX SCENARIOS ................................................................................................................................ 84

Scénario 1 : scénario tendanciel, scénario au fil de l’eau, stagnation .................................................. 85

Scénario 2 : quartier populaire et convivial. La puissance publique maîtrise le développement. ....... 88

Scénario 3 : Basse Ville- le quartier de l’agglomération à la mode sur fond vert et bleu. .................... 90

Scénario 4 : quartier alternatif, mouvement spontané, quartier autogéré (pauvres, différents mais

heureux) ................................................................................................................................................ 92

Scénario 5 : quartier béguinage : vieillissement/ appauvrissement/ la puissance publique

accompagne ces évolutions .................................................................................................................. 96

Scénario 6 : quartier de stockage .......................................................................................................... 99

4

PREAMBULE C’est le collectif des chefs de projet « Politique de la Ville » qui, à l’origine, a manifesté auprès de la

Direction Générale de la Ville, le souhait de participer à l’exercice de prospective proposé par la DIV

dans le cadre d’un appel à projets. Les motivations exprimées par ce collectif relevaient pour

l’essentiel de deux préoccupations : une volonté d’acculturation par rapport à une démarche

inconnue et le désir d’interroger à postériori les axes structurants de nos projets de développement

portant sur les territoires de la Politique de la Ville.

Monsieur Michel DELEBARRE, Maire, a d’emblée accepté de s’engager dans cette démarche

expérimentale pour la Ville.

L’Agence d’Urbanisme de l’agglomération de Dunkerque, interrogée par rapport à cet appel à projets

a immédiatement répondu favorablement à l’interpellation de la Ville pour accompagner le

processus.

LE CHOIX DU TERRITOIRE D’EXPERIMENTATION

Par rapport à l’affichage initial de la Ville quelque peu démesuré il fut décidé dès la première réunion

technique et sur les conseils de l’AGUR de retenir un objet et un territoire plus en adéquation avec

l’exercice proposé.

Le choix du quartier de Basse Ville s’est très vite imposé comme étant le plus en adéquation avec les

objectifs que nous assignions à la démarche de prospective exploratoire (acculturation collective et

réinterrogation de notre projet de développement social et urbain) :

- il s’agit d’une île et d’un îlot IRIS situé à l’articulation entre le Centre Ville/cœur d’agglomération, une commune limitrophe importante (Coudekerque-Branche) et les territoires d’habitat social inscrits en ZUS,

- c’est un territoire complexe en terme de développement mixant du logement social et un patrimoine privé dégradé,

- ce quartier s’inscrit dans un processus de transformation complexe qui articule : - un projet de cohésion sociale (CUCS),

- un projet de rénovation urbaine (ANRU),

- une OPAH – RU,

- une opération de restructuration immobilière,

Ce quartier concentre donc en termes de développement social et urbain toutes nos interrogations,

nos propositions et nos engagements pour l’avenir. En cela, il constitue un territoire « idéal » pour

expérimenter une nouvelle démarche territoriale.

5

COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL

Elus

Wulfran DESPICHT, Adjoint au Maire, chargé de l’Habitat et des Affaires Sociales

Louardi BOUGHEDADA, Adjoint Spécial de Malo, chargé de la Politique de la Ville et de la

Rénovation Urbaine

Christian CLABAUX, Adjoint Spécial de Dunkerque Sud

Daniel LEMANG, Adjoint Spécial de Malo, chargé de la Démocratie Locale

Techniciens

Ville

Gilles TAVEAU, Directeur Général Adjoint – Direction des Territoires et de la Vie de Quartier

Véronique DUPAS, Directrice – Direction du Développement

Anne-Cécile GAUTIER, Directrice de la Mairie de Quartier de Dunkerque Sud

William MAUFFROY, Directeur des Archives Municipales et d’Agglomération

Armelle LEROY, Chef de Projet Politique de la Ville – Quartiers d’Habitat Ancien

Clotilde EGRAZ, Chef de Projet Politique de la Ville – Banc Vert

Marie-Claire BARRE, Chargée de mission Projets de Territoires

Anne PLANTE, Directrice de Projet de Quartier – Démocratie Participative

AGUR

Jean-François VEREECKE, Directeur de l’Observatoire

Laure PACCOU, Chargée de mission

Jean YSEBAERT, Chargé de mission

Francine BARDY, Chargée de mission

Nicolas JONCQUEL, Chargé de mission

6

CUD

Elodie CAPPELLE, Chargée de mission Logement Privé

Bénédicte TILLARD, Chargée de mission Cohésion Sociale

ADUGES

Eric DI SALVO, Directeur de la Maison de Quartier de la Basse Ville

Mme FASQUELLE, Habitante du Quartier de la Basse Ville

7

POUR SE REPERER...

8

9

10

METHODE ET DEROULEMENT DE LA DEMARCHE

Origine du projet

Objectifs

Choix du quartier

Constitution d’un groupe de travail

Calendrier des réunions du groupe de travail :

o 20 novembre 2008 : présentation de la démarche par la DIV et de la méthode par

Futuribles. Choix des variables.

o 13 et 15 janvier 2009 : réunion de mise au point sur la méthode de rédaction des

fiches variables

o 12 mars 2009 : restitution et validation des fiches variables

o 9 avril 2009 : combinaison des hypothèses, définition de 6 scénarios

o 19 mai 2009 : restitution des scénarios rédigés. Echanges sur les suites à donner.

11

12

LES FICHES VARIABLES

13

Démographie du quartier Référents : Laure Paccou, Francine Bardy

Description de la variable

Définition

La variable s’intéresse au peuplement de la Basse Ville et à l’évolution de la structure par âge de la

population.

Indicateurs

En l’absence de chiffres récents, les indicateurs retenus sont issus des recensements 1982, 1990 et

1999, à l’îlot et à l’iris. Il s’agit du nombre d’habitants par tranches d’âge, de la part des moins de 20

ans, de l’indice de jeunesse et de l’âge de la personne de référence du ménage.

Rétrospective

Un peuplement progressif

Le quartier s’est peuplé progressivement. Il est créé par Vauban en 1678 à destination « des matelots

et des étrangers ». Puis il accueille un lotissement d’une trentaine de familles déplacées de

Rosendaël. Mais le quartier n’attire pas les foules. Durant la fin du XVIIIème et le début du XIXème

siècle, la population s’installe très lentement. Ce n’est qu’après 1910 que la Basse Ville passe le cap

des 5.000 habitants.

Ce chiffre a diminué depuis. En 1990, le quartier recensait 3.139 habitants. En 1999, une

augmentation de population a été constatée : 3.515 personnes habitaient la Basse Ville soit une

augmentation de +10 % (contre +074 % pour la commune de Dunkerque). Cette progression est liée

à l’augmentation du nombre de logements. Une centaine de logements locatifs sociaux ont été

construits dans le quartier. La diminution de la vacance de logements (100 logements) et la division

de logements anciens (le parc construit entre 1915 et 1948 ayant progressé d’une centaine de

résidences principales) ont aussi contribué à cette hausse (cf. fiche structure du parc de logements).

14

Une sur-représentation des 20-30 ans

La structure du parc se caractérise par une majorité de petits logements et par un turn-over

important. De ce fait, les chefs de famille sont jeunes avec une sur-représentation des moins de 30

ans (21 contre 10 % sur la CUD) et les ménages d’une et deux personnes sont les plus représentés

(respectivement 75 et 70 %) contrairement aux familles avec enfants.

Globalement, la population de la Basse Ville n’est donc pas la plus jeune de l’agglomération. La part

des moins de 20 ans est de 27,5 % dans le quartier contre 29,3 % à l’échelle de la CUD.

La Basse Ville n’est pas le quartier le plus jeune de l’agglomération

En 1999, la comparaison de la structure par âge de la Basse Ville avec celle de Dunkerque révélait

quelques spécificités :

- Une part plus importante des jeunes enfants (0-4 ans) mais au contraire une sous-

représentation des 10-19 ans.

Répartition par âge des ménages

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

CUD

DUNKERQUE

SAINT-POL-SUR-MER

SUD CENTRE GARE

JEU DE MAIL CARRÉ ILE JEANTY

BASSE VILLE

CHEMINOTS

QUAI WILSON

SAINT GOBAIN

SAINT BENOIT

SAMARITAINE

CARNOT

15-29 ans

30-39 ans

40-59 ans

60 ans et plus

Age de la personne de référence

15

- Une sur-représentation des 20-30 ans

- Puis une sous-représentation de toutes les classes d’âge à partir de 35 ans.

Entre 1990 et 1999, la tendance était au rajeunissement : l’indice de jeunesse de la Basse Ville

augmentait passant ainsi de 1,45 à 1,71 tandis que les indices de la ville de Dunkerque et de la CUD

eux diminuaient.

Ce rajeunissement s’explique par une diminution des personnes âgées de plus de 50 ans. Ainsi

l’évolution de la structure par âge entre 1990 et 1999 a montré :

- Une diminution de la part des moins de 20 ans (- 1,2 points entre 1990 et 1999)

- Une forte progression de la part des 20-29 ans (+ 7 points)

- Une diminution des plus de 55 ans (- 4,9 points).

16

Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la

variable ?

Tendances lourdes

- Le nombre de ménages ne progresse plus entre 1999 et 2005 : la population aurait tendance

à diminuer.

- Une diminution de la population jeune et des plus de 50 ans

- Une sur-représentation et une augmentation de la génération des 20-30 ans

Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures

- Impact de l’OPAH RU : objectifs politiques d’attirer des familles et de maintenir le caractère

populaire du quartier

- Changement dans la structure du parc : augmentation de la taille des logements,

changement dans la répartition locataires/propriétaires

- Nouvelle offre de logements et de services attirant des familles avec enfants

Signaux faibles

- Stabilité du nombre de ménages et baisse de la population dans la CUD

- Politique de peuplement des organismes HLM et application de la loi sur la mobilisation pour

le logement et la lutte contre l’exclusion et plus particulièrement, des mesures concernant la

mobilité dans le parc HLM (surloyers, sous-occupation)

17

- Vieillissement global de la population

- Difficultés du centre ville (notamment les immeubles de la Reconstruction) à accueillir une

population vieillissante

- Recherche de foncier pour construire des structures d’accueil pour personnes âgées

(béguinage…).

Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans

le futur ?

Hypothèse 1 : Le quartier se dépeuple. Avec les phénomènes de décohabitation, la taille des

ménages continue à diminuer et à population constante, tous les logements sont occupés. Le taux de

vacance est faible. Perdant de son attractivité et n’ayant plus une offre en logements suffisante, le

quartier n’attire plus de nouvelles populations et vieillit.

Hypothèse 2 : La population augmente. Les familles avec enfants peuvent rester ou venir s’installer

dans le quartier. La part des moins de 20 ans s’en trouve renforcée. Les personnes âgées sont plus

nombreuses. De ce fait, les 20-29 ans ne sont plus en sur-représentation. Le quartier retrouve une

certaine mixité générationnelle.

Hypothèse 3 : La population se renouvelle (turn-over dans les logements) mais sans augmenter et

sans se diversifier. La répartition par âge de la Basse Ville reste telle que nous la connaissons

aujourd’hui.

Hypothèse 4 : La population augmente et subit un processus de vieillissement accentué. Les jeunes

quittent la Basse Ville. Les habitants actuels restent sur le quartier et y vieillissent. De nouvelles

personnes âgées arrivent sur le quartier.

18

Composition sociale de la population Référents : Laure Paccou

Description de la variable

Définition

La variable porte sur le profil social des habitants de la Basse Ville, notamment leur situation

professionnelle et leurs ressources.

Indicateurs

Trois indicateurs ont été choisis pour cerner la composition sociale de la population : les catégories

socio-professionnelles (INSEE RGP 1990-1999 et DADS 2005) ; les revenus (INSEE DGI 2002-2005, CAF

2004) ; les demandeurs d’emploi (INSEE RGP 1990-1999 et ANPE 2006).

Rétrospective

Quartier destiné au logement des matelots étrangers au XVIIème siècle, la Basse Ville voit ensuite

s’implanter plusieurs industries au XVIIIème (verrerie royale, blanchisserie). A l’aube du XIXème siècle, la

réalisation du canal de jonction facilite le passage des péniches et permet à la Basse Ville de se

tourner vers les activités commerciales et industrielles. Cette histoire donne très tôt à ce quartier

une vocation ouvrière. Encore aujourd’hui, la Basse Ville est associée à l’image d’un quartier

populaire, abritant une population aux revenus modestes, anciens dockers et salariés de l’industrie.

Une population d’employés et d’ouvriers

La population de la Basse Ville est majoritairement composée d’employés et d’ouvriers. Aux

recensements de 1990 puis 1999, le quartier détenait invariablement le plus fort taux d’employés de

la ville de Dunkerque mais aussi de l’agglomération (39 % et 40 %). Entre ces deux dates, la catégorie

des ouvriers (39,8 % en 1990) a sensiblement diminué tout comme celle des cadres déjà peu

représentés. En 1999, la Basse Ville enregistrait une proportion de cadres parmi les plus faibles de

l’agglomération (2,7 %).

19

Plus récemment, en 2005, l’analyse de la répartition des salariés habitant la Basse Ville a montré les

mêmes spécificités : employés et ouvriers sont les plus représentés (84 % des salariés résidant en

Basse Ville) avec des taux parmi les plus élevés de Dunkerque. Au contraire, une faible proportion de

cadres et de chefs d’entreprises salariés habitent ce quartier (2,7 %).

Les actifs sont une majorité à travailler dans le secteur tertiaire. En 1999, il s’agissait principalement

de l’éducation, la santé, les activités sociales et l’administration. Entre les recensements de 1990 et

1999, la part de la population travaillant dans l’industrie a diminué de 2,5 points (17,8 % en 1999).

Cette diminution traduit en partie un « glissement » de l’activité industrielle vers la catégorie des

services aux entreprises (qui elle est répertoriée dans le secteur tertiaire).

20

En 2005, un quart des salariés habitant la Basse Ville travaillaient dans ce domaine. Plus précisément,

19,5 % étaient répertoriés dans les services opérationnels c’est-à-dire l’intérim, la sécurité, le

nettoyage, les services de location. Parmi ceux travaillant dans l’industrie, 35 % appartenaient au

secteur de la métallurgie. Notons également que 36,4 % des salariés travaillaient à temps partiel.

Des revenus faibles

En 2002, la Basse Ville apparaissait comme l’un des 10 quartiers disposant des plus faibles revenus

moyens par unité de consommation. Malgré une hausse des revenus observée entre 2002 et 2005,

cette classification est restée inchangée. En 2005, 60,7 % des ménages fiscaux étaient non

imposables.

21

Conformément au profil socio-professionnel de la population, les ressources des ménages sont

principalement issues des traitements et salaires (72 % en 2002 comme en 2005).

Parmi la population âgée de moins de 65 ans, 8,8 % des personnes sont allocataires du RMI. Ce

pourcentage était le plus élevé des quatre principales villes de l’agglomération en 2004. 70 familles

bénéficient de l’API.

Chômage en hausse

Entre les deux derniers recensements de la population, le taux de chômage de la Basse Ville a

progressé de 7,5 points pour atteindre 31,7 % en 1999. Il s’agissait de l’une des plus fortes

augmentations de la ville de Dunkerque (avec le Banc Vert) mais aussi de l’agglomération. Les

hommes ont été les plus touchés par cette évolution : leur taux de chômage est passé de 20,2 % à

29,7 % soit une hausse de 9,5 points.

24,20%

20,20%

29,60%

31,70%

29,70%

34,20%

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

35,00%

40,00%

Taux de chômage Taux de chômage Hommes Taux de chômage Femmes

Progression des taux de chômage de la Basse Ville entre1990 et 1999

1990

1999

Source : INSEE

Plus récemment, parmi les demandeurs d’emploi inscrits à l’ANPE en 2006, 59,4 % étaient des

hommes et 40,6 % des femmes ; un quart avait moins de 25 ans ; près de la moitié disposait d’un

22

BEPC, BEP ou CAP. Plus de la moitié des demandeurs étaient au chômage depuis moins de 6 mois et

57 % venaient se réinscrire après un intervalle de moins de 7 mois.

Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la

variable ?

Tendances lourdes

- Aristocratie ouvrière pendant longtemps, revenus stables suffisants (femmes au foyer),

ouvriers qualifiés qui cohabitaient avec travailleurs immigrés. Basculement dans les années

60

- Absence de mixité sociale caractérisée par une population majoritairement employée et

ouvrière et une très faible représentation de la catégorie des cadres

- Concentration de foyers à faibles ressources et dépendants des minima sociaux

- Augmentation du chômage

- Précarisation de la situation des salariés : intérim, temps partiel.

Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures

- Augmentation de l’attractivité du quartier vis-à-vis d’une population plus aisée ;

diversification du parc de logement

- Capacité des personnes percevant les minima sociaux à s’insérer à nouveau sur le marché du

travail ; diminution des aides sociales

- Meilleure adéquation entre les offres d’emploi et le profil des chômeurs du quartier

- Augmentation du recours aux emplois précaires notamment dans l’industrie

- Le taux d’activité féminin augmente

Signaux faibles

- Les récents projets liés à l’habitat : OPAH RU, démolitions

- Crise économique notamment dans l’industrie : intérimaires congédiés, ralentissement des

embauches.

Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans

le futur ?

Hypothèse 1 : La Basse Ville retrouve une image positive. Le parc de logements se renouvelle. Le

quartier devient plus attractif et attire d’autres catégories de population : professions intermédiaires,

cadres, chefs d’entreprises, retraités. Il y a davantage de mixité.

Hypothèse 2 : Les personnes au chômage parviennent à retrouver un travail. La dépendance vis-à-vis

des aides sociales s’atténue. Le quartier retrouve aussi une vie économique plus dynamique qui fait

vivre une partie de ses habitants. De façon générale, les revenus de la population augmentent. La

composition sociale n’évolue pas : ouvriers qualifiés, employés, populations précarisées continuent à

cohabiter dans le quartier.

23

Hypothèse 3 : La crise économique renforce les difficultés du quartier. Les salariés de l’industrie

restent au chômage. Les situations précaires se multiplient. Les aides financières, les allocations se

raréfient.

Hypothèse 4 : Le quartier reste pauvre mais les aides financières et allocations se maintiennent. Le

chômage reste élevé, la dépendance aux aides sociales est forte.

24

Présence de la vie économique dans le quartier Référents : Jean-François Vereecke

Description de la variable

Définition

Nous étudions ici la présence d’activités économiques dans le quartier, notamment le commerce et

l’artisanat. Cette variable doit permettre de donner un aperçu de la vie économique du quartier et,

par conséquent, de sa mixité fonctionnelle.

Indicateurs

L’analyse se base sur un relevé de terrain des activités, confronté au fichier de la chambre de

commerce. L’ensemble des activités recensées a été intégré au système d’information géographique

de l’AGUR afin de compléter l’approche par une analyse spatiale. Les résultats obtenus sont

comparés au diagnostic réalisé par la ville de Dunkerque en 1992.

L’indicateur retenu est le nombre d’établissements par type d’activité. On complètera cette

approche quantitative par un regard qualitatif permis par la visite sur site.

Rétrospective

Le quartier de la Basse Ville a longtemps accueilli des activités artisanales et industrielles que l’on

éloignait du centre-ville en raison de leurs nuisances. Ainsi, on y trouvait les abattoirs, des brasseries

(notamment dans le bâtiment des « Aubaines » actuellement à l’abandon), une verrerie, les

établissements Saint Frères et une importante fabrique d’huiles végétales (à l’emplacement des

immeubles HLM de la Verrerie). On y trouvait également des activités publiques (centre régional des

douanes, les pompiers…).

Un diagnostic rédigé par la ville de Dunkerque en 1992 dresse un état des lieux précis du commerce

et de l’artisanat dans le quartier. Il y a 17 ans, on constatait déjà une dégradation sensible de

l’économie locale. Pour 77 % des professionnels interrogés, la situation générale de l’activité

économique du quartier était jugée moyenne ou médiocre. Et pour 50 % d’entre eux, la situation se

dégradait.

Les causes identifiées étaient les suivantes :

- Manque de chaland, notamment du fait du dépeuplement du quartier

- Problèmes d’aménagement urbain (stationnements, trottoirs, friches, éclairages publics)

- Manque d’animation commerciale répétée.

Cependant, 86 % considéraient que « les aménagements et la situation actuelle du quartier étaient

favorables à une activité commerciale prospère ».

Dix-sept ans plus tard, on ne peut que constater que ce sentiment était particulièrement optimiste.

Aujourd’hui, on ne recense plus que 21 commerces dans le quartier, soit 27 de moins qu’en 1992. Les

25

PME ont quasiment toutes disparues et leurs locaux sont occupés essentiellement par le tissu

associatif.

1992 2009 Evolution

Nombre de commerces 48 21 -27

Nombre d’établissements artisanaux et PME

31 14 -17

Sources : Ville de Dunkerque, CCID, AGUR

Le commerce de détail dans le quartier est marqué par une quasi disparition de l’alimentaire. La

dernière supérette présente sur le quartier a fermé il y a quelques mois, aucun repreneur ne s'est

manifesté. Seules deux boulangeries et une boucherie proposent encore leurs services. On retrouve

encore quelques cafés. L’essentiel des commerces recensés n’ont pas une vocation de proximité

(Cuir Center, Maison coloniale, OPEL Westhoek automobile…). Ces derniers ont pris place le long des

artères générant le plus de flux (angle boulevard Victor Hugo et quai des Quatre Ecluses, rue du Fort

Louis, rue de Paris), c'est-à-dire majoritairement en périphérie du quartier.

Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la

variable ?

Tendances lourdes

Les commerces de proximité disparaissent progressivement laissant place à des friches. Seule la rue

de Paris semble être épargnée et bénéficie de l’importance des flux sur cette artère. Depuis la

fermeture des Aubaines, seul le contour du quartier reste attractif pour des commerces à vocation

d’agglomération. Cette attractivité ne génère pas d’animation dans le quartier. Certains départs

d’enseignes sont annoncés (CLOVER, OPEL).

26

Les PME tendent à disparaître totalement de la Basse Ville.

Facteurs de rupture

- Un accroissement de la population et du pouvoir d’achat dans le quartier

- L’implantation d’équipements attractifs susceptibles de devenir des locomotives

commerciales au sein du quartier

- Création d’animations susceptibles d’attirer le chaland (marchés spécialisés, marché aux

puces, bouquinistes, marché aux fleurs…)

Signaux faibles

- Le projet centre-agglo prévoit plus de 4000 m² de commerces (théâtre et marine-gare) ce qui

laisse peu de place à un développement commercial de la Basse Ville pour du commerce

d’agglomération

- Rénovation urbaine actuelle, prix de l’immobilier

- Crise économique – augmentation du chômage, notamment pour les actifs du secteur

industriel

- Loi LME

Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans

le futur ?

Hypothèse 1 : Le commerce de proximité est redynamisé, notamment dans l’alimentaire. Ce

changement de tendance rend le quartier plus attractif. Son image évolue et il attire également des

activités d’agglomération venant profiter des opportunités foncières et de la situation géographique

stratégique du quartier.

Hypothèse 2 : Le commerce de proximité se limite à quelques établissements situés rue de Paris. Le

cœur du quartier s’en trouve dévitalisé, ce qui le rend encore moins attractif. Il n’y a pas non plus

d’installations d’activités d’agglomération.

Hypothèse 3 : Le quartier accueille davantage de commerces d’agglomération et d’activités en

recherche d’emplacements bon marché. Ces activités nouvelles génèrent une demande en

restauration rapide et en services ce qui permet le maintien d’une vie économique locale.

Hypothèse 4 : développement d’une économie alternative, informelle.

27

Structure du parc de logement et mobilité résidentielle Référents : Francine Bardy, Armelle Leroy, Elodie Cappelle, Jean Ysebaert

Description de la variable

Définition

La variable porte sur les caractéristiques du parc de logements (statuts d’occupation, taille des

logements, périodes de construction) et les impacts de son évolution sur la mobilité résidentielle.

Indicateurs

- Statuts d’occupation (INSEE RGP 1990-1999 et FILOCOM 2001-2005)

- Périodes de construction (INSEE RGP 1990-1999)

- Taille des ménages (INSEE RGP 1990-1999)

- Réhabilitations : bilan des opérations de 1974 à 1980 (source : ARIM)

- Mobilité résidentielle (INSEE RGP 1990-1999)

Rétrospective

Un quartier d’habitat populaire

Historiquement, la Basse Ville accueille une population ouvrière et voit se construire en 1931 les tout

premiers HBM. Puis, avec l’arrivée d’Usinor et de ses sous-traitants (1960-1970), se développe un

parc locatif privé médiocre qui a pour fonction de loger une clientèle de passage ou non, qui n’a pas

accès au parc HLM. Les marchands de sommeil s’implantent en achetant des immeubles de rapport

reloués pour partie en meublés. A la même période, la présence de foncier disponible et peu cher sur

les franges du quartier permet la construction de logements HLM collectifs sous formes de barres et

de tours. Dans les années 1980, l’acquisition par le PACT de logements anciens transformés en

logements locatifs sociaux ou très sociaux augmente la fonction d’accueil des personnes n’ayant pas

accès au logement HLM ordinaire.

Aujourd’hui, l’implantation de structures d’hébergement et de logements d’insertion renforce cette

fonction sociale avec l’accueil de population en situation de précarité.

Un parc locatif accueillant des petits ménages

La prédominance du parc de logements locatifs est une des principales caractéristiques du quartier.

Le parc de logements de la Basse ville est constitué à plus de 90 % de logements locatifs publics et

privés.

28

L’évolution du parc montre la progression du nombre de petits logements.

La taille des ménages diminue et le quartier accueille de plus en plus de personnes isolées.

29

Deux tiers des logements dans le parc social Le parc HLM représente 63 % des résidences principales avec 1013 logements en 2005, répartis

essentiellement à la périphérie du quartier. Construits par PARTENORD Habitat, anciennement office

départemental du Nord, quatre ensembles bordent le quartier : les HBM (1931 - 50 logements), la

Verrerie (1954-1960 - 294 logements), Saint-Charles (1960-1961 - 239 logements) et la tour Victor

Hugo (131 logements).

Les opérations les plus récentes ont été construites depuis 1990 à l’intérieur du quartier : 261

logements (rue du Fort Louis, rue de la Paix, rue de la Verrerie...) dont 43 en PLI (logements

intermédiaires).

30

Le parc social est occupé par une majorité de petits ménages : 64 % comptent une ou deux

personnes.

Un parc privé ancien et inconfortable

Le cœur du quartier est constitué d’un parc privé de 522 logements dont les trois-quarts sont en

location. Il s’agit d’un parc relativement ancien (60 % des logements ont été construits avant 1949) et

dans certains cas devenu inconfortable (12,8 % de ce parc est qualifié comme tel).

Locatifs privés 391 100 %

dont antérieurs à 1949 229 59 %

dont inconfortables 40 10 %

Propriétaires occupants 131 100 %

dont antérieurs à 1949 46 35 %

dont inconfortables 10 8 %

Source : INSEE RGP 1999

La progression du nombre de logements anciens entre 1990 et 1999 reflète les divisions de

logements et la remise sur le marché de logements vacants. Le nombre de logements vacants est

divisé par deux au cours de la période, passant de 209 à 107.

31

Une succession d’opérations de réhabilitation

En 1974, une opération de restauration immobilière est lancée, suivie d’une OPAH en 1978, nouvelle

procédure instaurée par la réforme des aides au logement. Le nombre de logements à améliorer

s’élevait à 683.

Ces deux opérations ont entraîné la réhabilitation de 400 logements locatifs privés et de 48

logements occupés par leur propriétaire. Les travaux ont porté sur la mise aux normes minimales

d’habitabilité. Le montant moyen des travaux est évalué en euros constants par logement à 8.960

pour les logements locatifs et 9.788 pour les propriétaires occupants.

Le PACT de Dunkerque commence à acquérir quelques immeubles anciens qui seront divisés en

petits logements et viendront renforcer la fonction d’accueil de populations en difficultés du

quartier. Les propriétaires bailleurs privés contribuent aussi à la division des immeubles en petits

logements pour des questions de rentabilité.

Le bilan des opérations de réhabilitation, positif vu le nombre de logements améliorés et le maintien

dans leur logement de 9 locataires sur 10, pose la question de la nature des travaux engagés. De

faible ampleur, ils n’ont pas permis de maintenir un parc de logements d’un niveau correct. Par la

suite, le manque d’entretien et le turn-over rapide des locataires ont fragilisé l’état du bâti.

Cependant, une trentaine de logements estimés insalubres et situés en fond de cour ont été démolis.

Dans les années 1980, le PACT poursuit sa politique d’acquisition en produisant des logements

d’insertion.

A partir des années 1990, faute de promoteurs privés pour investir, la collectivité incite plusieurs

bailleurs sociaux (autres que l’OPAC propriétaire des immeubles de la Verrerie et de Saint-Charles) à

construire de nouvelles résidences dans le quartier afin de diversifier l’offre en logements et le profil

démographique des nouveaux habitants.

32

Au fil des années, le PACT n’a plus les moyens d’entretenir son patrimoine. En 2006, la CUD décide

d’acquérir le parc du PACT pour le rétrocéder aux organismes HLM.

Une OPAH Renouvellement Urbain démarre en 2008 et fait l’objet d’une convention avec l’ANRU

signée en janvier 2009.

Une mobilité résidentielle forte

Le quartier de la Basse Ville connait une mobilité résidentielle élevée : les trois-quarts des habitants

ont changé de logement entre 1990 et 1999, un tiers n’habitait pas la commune en 1990.

Cette mobilité repose sur l’accueil de populations en situation de précarité. L’existence d’un parc

locatif privé médiocre, les logements très sociaux du PACT et la présence de marchands de sommeil,

permettent à des populations exclues des circuits HLM de se loger.

Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la

variable ?

Tendances lourdes

- Compte-tenu de la structure du parc de logements (petits logements) et de la prédominance

des logements locatifs, la vocation du quartier reste l’accueil de petits ménages modestes

(parc locatif privé, parc HLM) voire en situation de précarité (logements très sociaux du PACT,

marchands de sommeil, foyers d’hébergement)

33

- Le comportement des propriétaires bailleurs privés qui privilégient la location de petits

logements plus rentables en termes de loyer

- La persistance d’un faible niveau de confort du parc privé malgré plusieurs opérations de

réhabilitation

- La difficulté à relancer la construction neuve et à attirer les promoteurs privés

- Un turn-over important.

Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures

- La diversification du parc de logement en termes de taille et de statut

- L’amélioration du parc privé et la disparition des marchands de sommeil

- Les changements de comportement des propriétaires bailleurs privés

- Les politiques d’attribution des bailleurs publics, notamment dans les logements du PACT.

Signaux faibles

- La crise économique et les capacités financières des différents acteurs à mener à bien l’OPAH

RU

- La réponse des bailleurs privés face à la volonté politique de produire des logements

familiaux

- La concurrence des futurs logements neufs en centre ville, les nouvelles normes de qualité et

d’économie d’énergie pouvant accélérer le déclassement de l’habitat ancien

- La volonté politique de maintenir les classes modestes dans le quartier

- La diminution de la population : depuis 1999, il n’y a pas eu de création de nouveaux

ménages (évolution démographique de l’agglomération dunkerquoise). La signature de la

convention ANRU qui devrait accélérer la requalification du quartier

- L’intervention sur les espaces publics pour améliorer l’image du quartier

- L’impact du projet centre ville

- L’application de la loi sur la mobilisation pour le logement et la lutte contre l’exclusion et plus

particulièrement les mesures concernant la mobilité dans le parc HLM (surloyers, sous-

occupation), et les conséquences pour les locataires de la Verrerie. Les démolitions de

logements HLM : Saint-Charles, Verrerie en partie ?

Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans

le futur ?

Hypothèse 1 : La paupérisation s’accentue. Les gens qui le peuvent quittent le quartier.

L’investissement public n’a pas d’influence sur le privé. L’OPAH RU ne réussit pas à modifier l’image

du quartier et son fonctionnement. Les financements manquent pour mener des actions

significatives de revalorisation des espaces publics. Le nombre global de logements diminue. Le

quartier se dégrade fortement.

Hypothèse 2 : On observe une augmentation globale du nombre de logements sur le quartier. Les

projets du centre-ville se réalisent entraînant une raréfaction du foncier. La pression de la demande

34

en logements, commerces, équipements, services se reporte sur la Basse Ville qui devient un secteur

attractif pour les promoteurs privés.

Hypothèse 3 : Dégradation et augmentation du nombre de logements par divisions.

35

Représentation du quartier par ses habitants Référents : Eric Di Salvo, Jean Ysebaert, Lysiane Fasquel

Description de la variable

Définition

Il s’agit de décrire l’image que se font les habitants de la Basse Ville de leur quartier, non pas par

rapport à ce que les autres en disent, mais par rapport à la manière dont ils le vivent de l’intérieur.

Indicateurs

Recueil de ce que disent les habitants de leur quartier ; des relations qu’ils entretiennent entre eux,

de ce qu’ils disent aux partenaires.

Profil social des habitants du quartier

Sources : Projet social de développement local 2008-2012 (diagnostic partagé p. 62-63), Projet Social

de Territoire Dunkerque Sud, Etude sociale et du bâti du quartier de la Basse Ville (2003)

Rétrospective

Dans le quartier de la Basse Ville, on peut distinguer deux catégories de population :

- Les natifs, les anciens du quartier. Ils sont issus de familles implantées depuis plusieurs

générations ou y vivent depuis longtemps (40-50 ans, voire plus). Ils expriment un sentiment de

fierté d’appartenance à ce quartier. Ils revendiquent une identité populaire issue de leurs origines

ouvrières. Ils ont connu les « belles époques » du quartier, marquées par des traditions festives, de

convivialité et de solidarité familiales ou de voisinage. Cette catégorie de population déplore la

mauvaise réputation du quartier qui est véhiculée à l’extérieur. Ils se défendent d’ailleurs de

l’amalgame qui allie « Basse Ville » à « Basse Classe ».

- Une deuxième catégorie d’habitants est composée de personnes moins anciennes (moins

de 20 ans d’ancienneté) qui se considèrent comme de « passage », dans la mesure où certains

cherchent à partir le plus vite possible. Ils ont honte d’ailleurs de dire qu’ils habitent (ou qu’ils ont

habité) la Basse Ville et préfèrent indiquer leur adresse par le nom des rues que par celui du quartier.

Ils se considèrent « de passage » car pour certains ils n’habitent pas en Basse Ville par choix. Ils ont

une moins bonne image de leur quartier. Ils vivent dans des immeubles de mauvaise qualité. A

l’inverse des anciens ils n’ont connu du quartier que la « mauvaise période » ; c'est-à-dire celle de la

fin des 30 Glorieuses, de la crise économique, de la distension des liens sociaux et du sentiment

d’insécurité qui en résulte. Ils n’entretiennent pas, dans leur imaginaire, la même image nostalgique

véhiculée par les anciens.

36

Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la

variable ?

Tendances lourdes

Au fil du temps, le quartier de la Basse Ville, historiquement isolé et maintenu à l’écart du centre

ville, développe l’image d’un quartier, revendiqué comme populaire, ouvrier, solidaire et convivial

par ses habitants et possédant une culture et une tradition d’accueil des exclus. Il évolue et son

image de quartier populaire se transforme en quartier en difficultés (sinon difficile).

Cependant, cette tolérance à l’accueil des exclus de la bonne société qui confère à ce quartier une

spécificité dont elle peine à se sortir, semble avoir atteint ses limites.

Aujourd’hui, les habitants ont, de leur quartier, une image qui s’est dégradée au fil du temps mais

qu’ils ont à cœur de redorer, à « relever » comme ils disent. L’image qu’ont les habitants de leur

quartier dépend également de la qualité de l’image physique (esthétique, qualité du bâti, propreté,

espaces verts, etc..)

Une classification de la population en 3 catégories développant chacune des représentations

différentes du quartier :

- Les anciens « notables » du quartier

- Les exclus

- Les habitants de passage, ceux qui habitent dans le quartier mais n’y vivent pas :

parce qu’ils ont une vie ailleurs parce qu’ils sont isolés, repliés sur eux même

Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures

- Echec ou réussite du renouvellement de population lié aux opérations de renouvellement

urbain ; atténuation ou augmentation des effets de transit et donc diminution ou augmentation de

l’ancienneté des habitants dans le quartier.

- Maintien de l’implantation de structures à vocations caritatives ou sociales : le quartier

continue à accueillir « ceux qui vont mal ».

- Capacité du centre d’agglo à provoquer la création de services et d’emplois.

- Impact d’un projet éducatif fort comme :

Forme de transmissions de valeurs (éducation populaire) Environnement éducatif et social des enfants, parentalité.

Signaux faibles

- Les habitants expriment de fortes velléités de participation au renouvellement de leur

quartier.

- Des groupes d’habitants prennent des initiatives, avec la Maison de Quartier pour essayer

d’animer, de faire revivre le quartier.

37

Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans

le futur ?

Hypothèse 1 : Des projets valorisants amènent la population à retrouver une image positive du

quartier. Les changements esthétiques (bâti, espaces verts, propreté) encouragent les habitants à

reparler de la Basse Ville avec fierté. Ils multiplient les actions pour redorer son image de quartier au

cachet populaire.

Hypothèse 2 : La Basse Ville est LA bonne adresse. Redevenue très attractive, elle attire une

population nouvelle, plus aisée. Pour ces nouveaux habitants, bien plus qu’un sentiment de fierté, la

Basse Ville évoque la référence du quartier à la mode. Exclues de ce processus d’embourgeoisement,

les populations modestes quittent le quartier : peu nombreux sont ceux qui revendiquent l’image

d’un quartier ouvrier et populaire.

Hypothèse 3 : La situation de la Basse Ville n’évolue guère. Peu à peu les anciens du quartier

décèdent ou s’en vont et avec eux les sentiments d’appartenance et de fierté. Les nouveaux

habitants décontenancés par les divers signes de dégradation physique n’ont qu’une piètre

perception de leur quartier.

Hypothèse 4 : La Basse Ville devient un quartier « alternatif » où se développe une vie culturelle et

artistique. Il y fait bon vivre pour des jeunes cultivés et désargentés…

38

Image du quartier pour l’extérieur Référents : Jean-François Vereecke, Jean Ysebaert

Description de la variable

Définition

On s’intéresse ici à l’image que les habitants de l’agglomération ont de la Basse Ville. La variable se

compose essentiellement de facteurs subjectifs tels que les représentations que chacun se fait de ce

territoire.

Indicateurs

Pour analyser cette variable nous faisons appel à une enquête réalisée en 2002, complétée par une

estimation de la valeur du prix au m² et un diagnostic de la Ville de Dunkerque de 1992.

Rétrospective

En 1992, dans un diagnostic de la Ville de Dunkerque on pouvait lire : « Le quartier supporte une

mauvaise image de marque vis-à-vis de la population extérieure. Cette image est véhiculée par

l’aspect vieillissant du bâti et des aménagements publics. On recense cinq friches industrielles laissées

totalement à l’abandon (bâtiments murés, incendiés…) ; 20 maisons inhabitées et 12 maisons ou

immeubles à vendre. » (…) « Par ailleurs, le vieillissement et l’état de dégradation des aménagements

et mobiliers urbains ne peuvent qu’accentuer le problème d’image. Les trottoirs de certaines rues (rue

de Paris, rue de la Paix, rue Saint Matthieu) sont totalement défoncés et n’ont subi aucune réparation

récente. L’éclairage public est précaire, voire inexistant dans certaines rues (rue de la Douane). »

Entre temps, le quartier a pu bénéficier d’aménagements urbains et de requalifications pour les

principaux axes de transit (rue de Paris, rue du Fort Louis, place Vauban). D’autres actions ont pu être

engagées, notamment en direction de l’animation commerciale, ce qui aurait pu modifier l’image du

quartier vis-à-vis du reste de l’agglomération.

Dix ans plus tard, dans le cadre du Grand Projet de ville de l’agglomération dunkerquoise, l’AGUR a

réalisé une étude sur « les quartiers tels qu’ils sont perçus par les habitants de l’agglomération

dunkerquoise ». Cette étude montre assez clairement que l’image du quartier demeure plutôt

négative, même si son caractère verdoyant et la gentillesse de ses habitants sont appréciés.

Cette enquête a été menée auprès des habitants afin de connaître leur point de vue sur les quartiers

du centre de l’agglomération dunkerquoise : Dunkerque, Petite-Synthe, Malo-les-Bains, Rosendaël,

Grande-Synthe, Coudekerque-Branche, Saint-Pol-sur-Mer et Fort-Mardyck.

Elle a pris la forme d’un questionnaire anonyme composé d’une quarantaine de questions

majoritairement fermées et semi-ouvertes. Le questionnaire s’intéresse aux quartiers que les

habitants préfèrent et à ceux qu’ils apprécient le moins dans l’agglomération. Les raisons de ces

préférences et de ces rejets ont ensuite été approfondies.

39

Sur les 505 personnes interrogées, 2 ont cité la Basse Ville en tant que « quartier préféré ». Toutes

deux étaient résidentes du quartier. Lorsqu’on leur a demandé de définir le quartier en un mot, elles

ont répondu « ouvrier » et « moyen ». Ce qui leur plaît ce sont « les espaces verts », « les

équipements », « les amis » et la « gentillesse des gens ».

Dix-huit personnes ont cité la Basse Ville en tant que « quartier le moins aimé ». Elles sont de tous

âges et ne se distinguent pas par une catégorie socio-professionnelle particulière. Dans de nombreux

cas, elles habitent l’agglomération depuis plus de dix ans et vivent dans des secteurs qui ont été cités

parmi les moins aimés (Saint-Pol-sur-Mer, Grande-Synthe, Tente-Verte, Coudekerque-Branche). Une

seule personne habite la Basse Ville.

Elles ont l’habitude de traverser le quartier. Certains s’y rendent pour leur travail ou les services

publics. Pour une grande majorité, elles le fréquentent au moins une fois par mois.

Quand on leur demande quels sont leurs quartiers préférés, elles répondent en grande majorité

Malo, Dunkerque-centre ou Rosendaël, mais citent également en deuxième ou troisième position des

quartiers en politique de la ville : le Carré de la Vieille, le Jeu de Mail, le Banc Vert, la Tente Verte,

Coudekerque-Branche, Grande-Synthe et Saint-Pol-sur-Mer.

L’image générale du quartier

Selon les personnes interrogées, elles fréquenteraient davantage le quartier s’il y avait plus de

commerces et d’animation. On reproche à la Basse Ville sa tristesse et son atmosphère misérable.

Le bâti et les rues sont jugées tristes et monotones. Le quartier serait sale et il y aurait trop peu de

végétation.

La Basse Ville est également perçue comme peu animée, sans commerce. On aimerait y trouver

davantage d’équipements culturels et sportifs.

« Si vous deviez définir ce quartier en un mot, que diriez-vous ? » :

Triste, maussade, mort, sinistré, laid, regroupement d’ethnies, dégueulasse,

abandonné, commence à renaître, béton, immeubles, bazar, immense.

« Si vous deviez donner rendez-vous dans le quartier, quel lieu choisiriez-

vous ? » :

« Nulle part », place Vauban, devant la CAF, devant l’église St Martin,

devant la maison de quartier, aux Aubaines.

Ce qui plaît dans le quartier

En plus de « la proximité du centre-ville », certains lieux sont appréciés : l’église, l’espace vert

Vauban, la maison de quartier, la bibliothèque. On site également l’animation des associations de

quartier ainsi que le fait « qu’on ait commencé à refaire ce quartier ».

Le niveau des prix des appartements (au m²) situe le quartier en dessous de la moyenne

dunkerquoise. Cependant, la proximité du centre-ville fait monter les prix de l’immobilier à un niveau

légèrement supérieur à ceux affichés par les quartiers de l’ouest de l’agglomération.

40

Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la

variable ?

Tendances lourdes

L’image de la Basse Ville est passée de celle d’un quartier populaire accueillant quelques activités

économiques (notamment « Les Aubaines ») à celle d’un quartier « triste » et « à l’abandon ». Les

enquêtes menées depuis 1992 montrent que son image ne s’est pas vraiment améliorée malgré les

investissements réalisés dans les rues principales.

Facteurs de rupture

- La qualité urbaine (bâti, voiries, espaces publics, espaces verts)

- La création de commerces, l’implantation d’équipements attractifs

- L’animation, la vie de quartier, la délinquance

- Faire savoir que le quartier se rénove, qu’il change et, par conséquent, l’évolution des prix,

du peuplement

- Un éventuel projet de grande envergure (implantation d’un équipement d’agglomération,

projet artistique, une manifestation populaire…).

Signaux faibles

- Quelques points d’accroche sont cités comme éléments positifs pour l’image du quartier.

Ceux-ci sont situés pour l’essentiel au nord, le long de la rue de la rue de Paris (église St

Martin) et de la place Vauban.

- Positif : Rénovation urbaine actuelle, prix de l’immobilier

- Négatif : Fermeture de commerces

41

Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans

le futur ?

Hypothèse 1 : Les rénovations engagées dans le quartier sont soit insuffisantes soit méconnues. La

Basse Ville fait parler d’elle dans la rubrique des faits divers, l’image se dégrade, le quartier est

relégué. Les commerces disparaissent petit à petit, ce qui contribue à donner à la Basse Ville l’image

d’un quartier sans vie.

Hypothèse 2 : La Basse Ville développe progressivement une image populaire et animée, en accord

avec son identité. Ses qualités actuelles prennent le dessus sur ses faiblesses, au bénéfice de sa

réputation.

Hypothèse 3 : La Basse Ville se rénove et devient de plus en plus prisée, notamment par les

investisseurs. Entraînée par la nouvelle dynamique du centre d’agglomération et du quartier Soubise,

elle devient, elle aussi, un nouveau quartier à la mode.

Hypothèse 4 : La Basse Ville se fond dans les projets du centre d’agglomération. « Avalée par le

centre ville », son image s’estompe et se révèle moins forte qu’aujourd’hui.

Hypothèse 5 : Un projet de grande envergure (équipement, manifestation ou autre) devient le porte

drapeau de la Basse Ville. Une identité est recréée de toute pièce faisant oublier l’image de « Basse

Ville – Basse Classe ».

42

Convivialité, diversité culturelle et « vivre ensemble » Référents : Eric Di Salvo

Description de la variable

Définition

Etat des lieux et analyse « historique » des manifestations de solidarité, de cohésion sociale, et de

convivialité en fonction des catégories sociologiques représentées dans le quartier. Evolution des

difficultés recensées en matière de tranquillité publique, de santé et d’éducation.

Indicateurs

- Recensement des difficultés en matière de tranquillité publique, d’éducation, de santé

- Recensement des lieux de cohésion sociale et de convivialité

- Evolution du nombre de manifestations à caractère festif et populaire

- Observation des types de rassemblement (communautaires, générationnels, …).

Sources : Projet social de développement local 2008-2012 (diagnostic partagé p. 62-63) Projet Social de Territoire Dunkerque Sud. Etude sociale et du bâti du quartier de la Basse Ville (2003)- ARIM Projets sociaux de la Maison de Quartier 2000/2004 et 2004/2008 Etude «Pluralité Consultant »- Groupe de tranquillité publique 2006/2007

Projet de développement social et urbain de la Ville de Dunkerque.

Rétrospective

En mai 2005, le Projet de Développement Social et Urbain des quartiers d’habitat ancien, élaboré par

la Ville de Dunkerque, relève dans son diagnostic social que le « territoire » est confronté à des

difficultés en matière de tranquillité publique. La vie sociale dans ces quartiers (Basse

Ville/Soubise/Gare) est ainsi marquée par des difficultés en matière éducative, de santé et par le

manque de dynamisation de la vie de quartier.

Des difficultés en matière de tranquillité publique

Des incivilités sont de plus en plus repérées sur le territoire et sont vécues au quotidien par les

habitants, les travailleurs sociaux, la police nationale et municipale. Ce sentiment d’insécurité, à

l’époque, est important.

A l’occasion de l’élaboration du Projet Social 2000/2004, le sentiment d’insécurité était la première

préoccupation des habitants du quartier.

Le secteur de Dunkerque Sud, pour la police nationale, regroupe les quartiers Basse Ville, Carré de la

Vieille, Jeu de Mail, Gare et Soubise. En effet, ces deux derniers quartiers dépendent du commissariat

du Jeu de Mail et non du centre ville.

43

Au sein de ce secteur, c’est la Basse Ville qui regroupait le plus grand nombre de faits constatés

(39 %) juste devant Soubise et Gare (57 %). Les deux autres secteurs arrivent loin derrière (Carré de

la Vieille 5 % et Jeu de Mail 19 %).

Dans le quartier, le problème provenait davantage de la montée de la délinquance des mineurs,

notable dans les résidences HLM vieillissantes.

Des difficultés en matière éducative

Les enseignants des écoles publiques dressaient le même constat d’un renforcement des difficultés

dans l’éducation des enfants dû :

- Au rejet de l’école ou une absence totale des parents qui se traduit par un comportement

agressif envers les enseignants

- Aux situations personnelles, facteurs d’exclusion (difficultés économiques, placements des

enfants …) et avec lesquelles il est difficile d’établir un lien

- Aux comportements des familles, les moins en difficultés socialement, qui deviennent de

plus en plus consommatrices et non plus actrices de la vie à l’école. Les associations de parents

d’élèves ont beaucoup de mal à survivre.

Les carences éducatives sont de plus en plus importantes et s’amplifient avec le passage des enfants

dans les classes supérieures.

Des difficultés en matière de santé

Les travailleurs sociaux du Conseil Général, de la CAF, les intervenants du Centre de Prévention Santé

et l’équipe de la Maison de Quartier dressaient le constat suivant :

Le manque de ressources, les difficultés scolaires, la perte de repères familiaux, les problèmes liés à

l’insalubrité des logements ont de lourdes répercussions sur la santé des familles qui peuvent se

traduire pour certaines d’entre elles par une négligence de l’hygiène et par des mauvais

comportements alimentaires.

Les parents semblent dépassés par leur situation (chômage, endettement) ; leur priorité n’est donc

plus la santé de la famille.

En outre, la prise de produits illicites et la dépendance à l’alcool sont aussi des problèmes de plus en

plus fréquents.

Le manque de dynamisation de la vie du territoire

Les conclusions des études (2003) et du Projet Social de Maison de Quartier (2004), ont souligné le

fait que le quartier manquait de dynamisation de sa vie collective.

Les quartiers anciens sont perçus comme des secteurs résidentiels où la vie associative s’essouffle.

Il existe un réel besoin de la part des habitants et des partenaires en matière de dynamisation de la

vie de quartier :

- L’ouverture des équipements publics à un plus grand nombre,

- Le développement de la vie associative

44

- L’organisation d’évènements festifs…

Selon l’étude sociale de la Basse Ville à Dunkerque, élaborée en septembre 2003, la force principale

du quartier réside dans le fait qu’il peut s’appuyer sur son histoire d’îlot de vie populaire, vivant et

convivial :

- Les anciens restent ouverts sur les autres et entretiennent des relations

intergénérationnelles

- C’est un lieu chargé d’histoire qui a la capacité de - et les caractéristiques pour -

favoriser et développer une véritable vie de quartier. En effet, les anciens affirment qu’il n’est pas si

loin le temps où se développait une vie sociale faite de festivités (radios crochets, jeux de bouchons,

cafés plus nombreux, thés dansants, ducasse de la Basse Ville… et même la présence d’un cinéma, le

Cinévog, bien connu du reste de Dunkerque et qui a donné son nom à une résidence).

- Un quartier jeune où les familles qui posent un problème de comportement pour

leur voisinage sont en nombre limité …

mais connaît un certain nombre de difficultés :

- Un sentiment d’abandon et de honte à habiter le quartier, une cohabitation rendue

difficile dans certains cas par :

La présence de ménages qui posent des problèmes de comportement et peuvent rendre une cage d’escalier difficile à vivre au quotidien

Le manque de civisme et de respect des équipements existants de la part de certaines personnes

Les adultes qui assument difficilement leur rôle de parents : perte d’autorité, absence de dialogue, non suivi des enfants.

- Absence d’investissement dans le quartier des familles du parc privé qui sont

perçues comme en grande difficulté et peu stables

- Des lieux de conflits qui atteignent un seuil critique (enfants livrés à eux même,

regroupements intempestifs de jeunes qui s’approprient l’espace public, les entrées ou halls

d’immeuble)

- Trafic de stupéfiants « endogènes ».

On recense sur le quartier quelques lieux de convivialité : la maison de quartier, le stade, des aires de

jeux, le CEntre de Formation Interculturel Rencontre, Radio Rencontre et son Cyber Centre

interculturel. La fréquentation de la Maison de Quartier (mesurée en nombre de familles adhérentes)

a progressé de 14 % entre 2004-2007. Le Projet de la Maison de Quartier est une alternative à

l’isolement de la population. Les habitants s’y sentent accueillis, écoutés.

Le quartier est également le lieu d’implantation de trois équipements religieux :

L’église Saint Martin, siège de la paroisse de Dunkerque Sud (rue de Paris) Une mosquée algérienne, rue de l’Industrie Un centre évangélique protestant, transféré du quai des Quatre Ecluses au 14, de la

rue Vauban.

45

Des tentatives récentes

Récemment, diverses initiatives ont vu le jour pour tenter de redynamiser la vie du quartier. Un

comité des fêtes, ayant entre autres vocations, de faire renaître la ducasse de la Basse Ville est en

reconstitution. La bande de carnaval de quartier reprend de la vigueur. On note aussi une tentative

d’implantation d’un marché sur une place centrale rénovée et la mise en place de manifestations de

quartier (brocante, marché de Noël, repas, etc …).

Sur le plan de la diversité culturelle

Le quartier de la Basse Ville recense 10 % de sa population comme étant issue de l’immigration. Elle

représente 3 % des habitants logés dans des logements collectifs HLM.

Cette population est surtout présente dans la partie intérieure du quartier (parc de logements

privés). Les jeunes « d’origine étrangère » expriment des sentiments de discrimination, d’accès à

l’emploi qui ont donné lieu, en 2006, à un travail sur la question sous la forme de réalisation d’une

vidéo.

Dans le quartier, les jeunes de 15-25 ans représentent 20 % de la population et 32 % des chômeurs.

… « Il n’y a pas sur ce quartier de problèmes d’insécurité impliquant significativement des jeunes de

16 à 25 ans. La Maison de Quartier a, de façon générale, de bonnes relations avec eux. Ils sont

demandeurs d’activités et de séjours. Cependant, seuls les jeunes garçons fréquentent le Centre de

Loisirs. Cela constitue un axe de travail de la Maison de Quartier pour parvenir à une plus grande

mixité des publics. Cette situation est mise en rapport avec des signes de repli communautaire.

… « La Basse Ville n’est pas décrite comme un quartier particulièrement difficile dans l’ensemble.

Deux poches sont cependant identifiées comme des îlots problématiques où des jeunes se regroupent

du fait que ce sont les seuls lieux où il y a de la place ».

Source « groupe de Ré assurance collective », Pluralité Consultant 2007 page 18.

Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la

variable ?

Tendances lourdes

- Permanence du sentiment d’insécurité - Manque de dynamisation du territoire - Faible nombre de lieux de convivialité - Présence de ménages très en difficultés, présence de familles avec des problèmes de

comportement qui rendent difficile la cohabitation, précarité relationnelle et affective source de souffrances psychologiques

- Nostalgie des festivités d’autrefois (ducasse, course cycliste…) - Sentiment de discrimination de la population d’origine étrangère - Absence de grandes manifestations festives (ex : la fête des canaux à Soubise) - Plusieurs initiatives de redynamisation du quartier ont été lancées (carnaval, brocante,

marchés…)

46

- Retour d’anciens de la Basse Ville (devenus classes moyennes « bobos ») pour re faire vivre le quartier

Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures

- La diminution de la petite délinquance - Baisse des moyens alloués à l’accompagnement social - La poursuite des initiatives redynamisant la vie de quartier ; capacité des associations de

quartier à re-dynamiser la vie de quartier

- L’installation de nouveaux lieux de convivialité, relance des manifestations festives - Echec ou réussite des opérations de re-peuplement et capacité à intégrer les nouveaux parmi

les anciens du quartier - Capacité de la Maison de Quartier :

o à développer de nouvelles formes de participation (tant en termes de nature que de qualité)

o à développer de nouveaux espaces, de nouvelles occasions de convivialité

Signaux faibles

- Sentiment d’insécurité en baisse

- Relations intergénérationnelles en voie d’amélioration

- Projet de rénovation urbaine porteur d’ambition de plus de mixité + Projet de

développement social et urbain

- Projet social de Territoire de Dunkerque Sud

- Diminution des moyens des collectivités locales

Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans

le futur ?

Hypothèse 1 : Chaque îlot de vie maintient son isolement actuel et son fonctionnement autarcique.

Les individus se renferment sur eux. L’individualisme se renforce, exacerbé par l’aggravation du

contexte économique. On assiste à une radicalisation communautaire. Le corps social implose. Les

associations, les lieux de convivialité périclitent. Les moments festifs rassemblant la population

n’existent plus. Vivre ensemble devient difficile dans un climat où les incivilités et le sentiment de

discrimination sont de plus en plus pesants.

Hypothèse 2 : La dynamique Maison de Quartier s’exporte vers l’extérieur (environnement) et le

projet RU renouvelle la fréquentation des équipements. Les acteurs publics intervenants sur le

quartier parviennent à « rassembler » les différentes composantes du secteur et la Basse Ville

redevient un quartier où il fait bon vivre, riche de toutes ses différences.

Hypothèse 3 : La Basse Ville est un quartier dortoir. Elle acquiert une attractivité purement

résidentielle. On y habite, sans y vivre. Cohabiter ne pose pas réellement de problème mais les

moments de convivialité et d’échange se raréfient.

Hypothèse 4 : différentes communautés vivent côte à côte.

47

Lisibilité de l’intérêt patrimonial Référents : William Maufroy

Description de la variable

Définition

La variable porte sur la place du patrimoine historique dans le quartier, sur sa lisibilité et l’intérêt

qu’il suscite aujourd’hui.

Indicateurs

- Travaux des archives de la ville de Dunkerque retraçant l’histoire de la Basse Ville - Eléments visibles du patrimoine sur le terrain - Recensement des démarches de valorisation patrimoniale

Rétrospective

La Basse Ville présente une singularité unique dans le territoire de la ville réputée détruite par les

guerres du XXème siècle : elle restitue à l’observateur les phases de trois siècles de mutation

urbanistique illustrant fidèlement l’histoire de Dunkerque.

Il s’agit en premier lieu de sa conception d’ensemble : espace en déshérence conquis par les

ingénieurs de Vauban, elle constitue en tant que tel un exemple intègre de conception péri-urbaine

dès le XVIIème siècle.

Sa vocation de faubourg au service du développement de la cité est toujours lisible dans sa position

insulaire entre les canaux, aux portes de la ville. Sa trame viaire restitue en outre le dessein initial

d’un espace fonctionnel de logement et d’activité hors les murs.

Il s’agit en outre des bâtiments témoins combinant la modestie des demeures (maisons de petit

module, immeubles collectifs XIXème et XXème – dont HBM) et la présence industrielle, auxquels

s’ajoutent les signes de culture populaire (une église dimensionnée à l’échelle d’une forte

concentration humaine, aux chapelles dédiées aux mariniers/ la marque des bistrots peu à peu

effacée…)

L’examen de la situation actuelle du territoire de la Basse Ville révèle l’absence de toute

considération de l’identité patrimoniale particulière, pourtant assise sur des caractéristiques

revendiquées par la ville (cité de Vauban, construite sur les bénéfices du port, nourrie par les

ingénieurs et portée par les ouvriers…).

Aucun entretien spontané de cette identité particulière n’est décelable :

- au niveau privé : pas de jeu de terminologie des bistrots, pas d’effort des implantations de service pour valoriser le site (espace « récup » des Aubaines, multiplicité des enseignes de secours…), peu d’initiative d’embellissement du fait des faibles ressources des résidents

- au niveau public : pas de signalétique promotionnelle du site, pas de terminologie symbolique au delà du terme prégnant de « Basse Ville » en soi suffisamment éloquent

48

(sinon la place Vauban…qui mène à la ville !); interventions standardisées des aménagements (conservation prévue des seules façades des HBM pourtant consignées dans divers livres de diffusion nationale pour leur intérêt patrimonial…)

NB : le cas voisin de Soubise, aux vestiges d’histoire plus manifestes, et de surcroît « dans la

cité », montre l’inverse.

Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la

variable ?

Tendances lourdes

L’identité historique et l’intérêt patrimonial sont totalement enfouis sous l’étiquette de zone de

relégation sociale. Il ne s’y évoque que de « mauvaises histoires », à l’exclusion de toute idée de

« bonne histoire », de légitimité « glorieuse » de communauté ouvrière ou marinière. Le site ne

stimule pas d’argument de fierté, n’invite pas à la revendication d’appartenance, pas même de façon

renversée avec des rapeurs « bas villains » ou des danseurs de rue « downtown »…

Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures

- Un discours officiel promoteur des caractéristiques de la Basse Ville considérées emblématiques de l’histoire générale de la ville

- Une considération spécifique du patrimoine bâti au titre de témoin, voire de dernier témoin visible d’une longue histoire

- Une terminologie « signalétique » avec renvois vers histoire et légendes (orientée vers l’intérieur Saint-Martin et Saint Frères, comme Saint-Roch et sin kien…/ place des douze bistrots + ouvriers + mariniers…/ ou orientée vers la ville : maison natale tel / rue de tel événements / monument public de célébration …)

- Des contraintes d’aménagement « historicisantes » ou intégratrices : maintien de signes d’ancienneté, charte matériaux ou chromatique…

Signaux faibles

- Lifting des voiries - Nouvel équipement public culturel (antenne de bibliothèque) - Assentiment des professionnels sur les qualités de l’espace et du bâti

Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans

le futur ?

Hypothèse 1 : La Basse Ville est la vitrine des trois siècles d’histoire de construction de la cité

contemporaine, à la force du poignet ouvrier et au niveau de la mer et des péniches. Le patrimoine

est mis en valeur dans le cadre de politiques publiques. Tout le monde adore et on y retourne au

bistrot.

49

Hypothèse 2 : Le petit faubourg écarté garde sa position de petit faubourg écarté pour encore

longtemps, sans rêve et sans promesse. Le quartier conserve son patrimoine mais sans mise en

valeur particulière.

Hypothèse 3 : C’est vraiment trop abîmé et trop pourri pour qu’on puisse promouvoir un endroit

pareil. On observe une accentuation des effets de relégation, la poursuite de la destruction des

bâtiments sans considération spécifique, une uniformisation définitive des caractères et de l’identité.

50

Bordure / Centre du quartier Référents : Jean Ysebaert, Armelle Leroy, Marie-Claire Barré

Description de la variable

Définition

La variable porte sur la morphologie urbaine du quartier (remparts, canaux, trame viaire,

implantation du bâti) et les caractéristiques qui distinguent le centre de la Basse Ville de ses

pourtours.

Indicateurs

- Cartes historiques du Cahier du patrimoine de 1662 ; 1713 ; 1830 ; 1890 ; 1915 ; 1935.

- Extraits de cadastre de 1939 ; 1949 ; 2005.

- Carte « principaux flux de circulation dans l’agglomération » -AGUR, juin 2004.

- Etude-diagnostic de l’OPAH 2003 (dont cartes « référentiel foncier sur les quartiers sud de

dunkerque ; récolement de l’époque de construction du bâti sur le quartier de Basse Ville »

et « référentiel foncier sur les quartiers sud de dunkerque ; récolement de la qualité

architecturale et de l’état du bâti sur le quartier de Basse Ville »).

Rétrospective

- Jusqu’à la fin du XVIIème siècle, le quartier n’est pas construit. On y trouve uniquement un

monastère et un couvent, leurs terres « extra-muros » et le rempart dans la partie sud.

- Fin XVIIème : construction de la Basse Ville par Vauban (cf carte de 1713 page 40)) : présence

de l’octroi et du cimetière. Le dessin parcellaire rectangulaire ou trapézoïdal ainsi que la

trame viaire existent (tels que nous les connaissons encore aujourd’hui). Le quartier est

ceinturé de cours d’eau bien canalisés, aux formes rectilignes : canal de Bergues, canal des

Moëres. Trois ponts permettent d’accéder au quartier par le nord (actuels pont Terre Rouge

et pont des Quatre Ecluses) et par le sud (actuel pont Jean Jaurès).

- 1830 : développement de la trame et de l’articulation à la Ville par le pont Royal : nouveaux

îlots et nouveau parcellaire dans la partie nord et à l’est du quartier. Modification des

canaux : canal de Jonction et canal des Moëres. La « Basse Ville », celle des entrepôts, des

abattoirs (jusqu’en 1834) s’oppose à Soubise, « quartier des intendants » et à ses hôtels

particuliers.

- 1930-1970 : construction de logements sociaux. HBM puis HLM implantés sur l’emprise des

anciens remparts dès 1954 (Verrerie), en bordure du quartier, sans impacter la trame

ancienne. Arrivent ensuite l’Hôtel des Impôts (1969) et la CAF (années 70). Les axes de

circulation ceinturent alors la Basse Ville le long des canaux. 1978 : pont des Coopérateurs

réalisé ; pont Europe doublé vers centre ville ; pont Royal doublé vers rue Albert 1er ; rue de

Bergues et boulevard V. Hugo réalisés.

51

1980-1990 : 2 OPAH ont lieu fin 70 début 80. Le parc ancien est réhabilité et repris en main par le

PACT qui, dans sa mission sociale, fait évoluer le peuplement de ces immeubles vers une

concentration de pauvreté : population de sous-traitants, populations étrangères, exclues des aides.

Puis, construction d’immeubles HLM de bonne qualité, de petite échelle et qui respectent la trame

urbaine existante. Là, le peuplement, bien que populaire, est plus « sélectionné » par les bailleurs.

AUJOURD’HUI : Une organisation en « pelure d’oignon », par couches concentriques qui forment

une sorte de fortification. Ainsi de l’extérieur vers l’intérieur on trouve :

- des canaux avec berges souvent inaccessibles et plutôt peu entretenues : les douves.

- des voiries importantes de transit vers le centre, la plage et l’est de l’agglomération : le

chemin de ronde.

- un rempart composé de barres HLM datées voire paraissant vétustes, avec des entrées

systématiquement tournées vers l’intérieur du quartier (donc tournant le dos au reste de la

ville), d’équipements importants en taille et à forte symbolique : CAF, lycée privé, église,

douanes, impôts et d’un équipement sportif complètement clôturé, même si la clôture a été

ajourée… Les bordures : des entrepôts et des manufactures liés au transport fluvial, devenus

des friches avec le triomphe du transport routier, devenus du foncier disponible et

suffisamment peu cher pour construire des HLM.

- enfin au centre un tissu ancien organisé de manière très urbaine, mais souvent en mauvais

état, voire en friche.

La partie centrale est donc quasiment invisible depuis les bordures (voiries, canaux, autres rives…).

La partie centrale est morphologiquement comparable au quartier Soubise vers le nord et au quartier

Sainte Germaine (Coudekerque-Branche) vers le sud.

Il existe de vraies continuités urbaines, historiques vers ces tissus voisins (place Vauban et pont

Royal, rue du Fort Louis, rue Saint Matthieu).

Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la

variable ?

Tendances lourdes

- Sorte de vocation historique d’accueil des fonctions urbaines de rebus (abattoirs, cimetière,

logement, très social, très très social…) au centre, en opposition à la bordure qui accueille (au

moins à l’origine) « l’élite » de la classe ouvrière.

- Trame urbaine ancienne

- En bordure : les bâtiments et fonctions « publiques » (CAF ; Eglise ; Douanes ; Logements

sociaux) + les voies de transit et les canaux ; au centre : un bâti ancien plus ou moins ancien

et dégradé, peu connu, voire un peu secret car largement contourné par les flux

automobiles. La Basse Ville est une île !

52

- La Basse Ville affirme, du fait de leurs proximités immédiates, son articulation entre les deux

centralités historiques attirantes : le centre de Dunkerque et Coudekerque-Branche, tout en

refusant son appartenance au quartier administratif de « Dunkerque Sud ».

Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures

- Investissement d’initiatives privées qui flairent la bonne affaire et anticipent sur un

changement d’image en produisant une série de réhabilitations de standing

- Réussite du PRU

- Echec par manque de financements des opérations de redynamisation des fonctions

urbaines centrales (non aboutissement de la redynamisation / redensification du centre

agglo ; pas de tram-train ; Coudekerque-Branche en faillite)

- Nouveau découpage des îlots, nouveau parcellaire, recomposition foncière

- Nouvelle organisation de la trame viaire centrale ; évolution des voiries périphériques qui

cassent l’effet de ceinture. Apparition de nouvelles connexions automobiles ou piétonnes

entre le centre et les bordures.

- Diversification des formes d’habitat en bordure et au centre du quartier

- Création ou disparition de ponts.

Signaux faibles

- Tensions entre « anciens » et « nouveaux habitants » ; expression de rancœurs entre voisins,

entre la bordure et le centre.

- Crise économique : situations sociales aggravées + financements publics en berne (ANRU et

collectivités locales) + financements privés non mobilisés.

- Hausse des besoins / souhaits pour les ménages de revenir en centre ville (carburants ;

temps de transport, accès aux équipements et aux loisirs…)

- Revendications d’habitants / manque de stationnement liés aux équipements implantés et à

la présence de nombreux camions (entrepôts des Restos du cœur, notamment).

Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans

le futur ?

Hypothèse 1 : La crise économique et le désengagement des financements publics maintiennent la

Basse Ville dans une situation d’enfermement sur elle-même et dans sa morphologie actuelle. Les

voies de transit continuent à encercler le quartier sans inciter à y entrer. Les

démolitions/reconstructions sur les bordures du quartier n’ont pas lieu. Dans le centre, trame viaire

et morphologie du bâti restent relativement identiques. Intérieur et extérieur du quartier continuent

à s’opposer.

Hypothèse 2 : Le réaménagement des voiries, l’allègement des flux automobiles et un projet de

paysagement urbain volontaire permettent une requalification des canaux et de ses berges, ce qui

entraîne un verdissement de l’ensemble du quartier. La Basse Ville n’est plus scindée en deux à

53

l’intérieur d’elle-même. L'évolution de la « bordure » n’a pas de réel effet d’entraînement positif sur

le « centre ».

Hypothèse 3 : Au centre, le PRU Quartiers d’habitat ancien porte ses fruits au-delà de toute

espérance. En bordure, certaines barres HLM disparaissent. La bordure réhabilitée et réaménagée

permet d’ouvrir davantage le quartier sur le reste de la ville et de redynamiser les espaces centraux.

Hypothèse 4 : L’intervention publique sur la « bordure » demeure faible. La bordure évolue peu. En

revanche, la sphère privée, par ses initiatives répétées, s’empare du centre ancien et le requalifie. Le

centre évolue mais sans entraîner la périphérie.

Hypothèse 5 : le centre entraîne la bordure.

54

Qualité et esthétique du paysage urbain Référents : Jean Ysebaert, Armelle Leroy, Marie-Claire Barré

Description de la variable

Définition

La variable porte sur la qualité du paysage urbain de la Basse Ville c’est-à-dire la qualité

architecturale des façades, la composition du bâti, les espaces verts, les voies d’eau…

Indicateurs

- Carte flux automobiles

- Photos aériennes montrant l’évolution des composantes urbaines du quartier (notamment

les plantations d’arbres en bordure de canaux)

- Etude-diagnostic de l’OPAH 2003 (dont cartes « référentiel foncier sur les quartiers sud de

Dunkerque ; récolement de l’époque de construction du bâti sur le quartier de Basse Ville »

et « référentiel foncier sur les quartiers sud de Dunkerque ; récolement de la qualité

architecturale et de l’état du bâti sur le quartier de Basse Ville »).

Rétrospective

Evolution des composantes du paysage urbain

Photo aérienne 1967 : Immeubles Verrerie et Saint Charles

construits, sauf la Tour V. Hugo ; pas de voie de ceinture (rue de

Bergues, bd V. Hugo) le long des canaux ; pas de plantation le long

des canaux ; pas de pont des Coopérateurs ; pas de doublement du

pont Royal vers rue Albert 1er ; pas de pont venant de la rue de

Furnes ; pas de doublement du pont Europe vers le centre ; pas de

pont dans le prolongement de rue Saint Matthieu. L’abattoir est

encore en place. La CAF n’est pas construite.

Photo aérienne 1978 : Pont des Coopérateurs réalisé ;

pont Europe doublé vers centre ville ; pont royal doublé

vers rue Albert 1er ; rue de Bergues et boulevard V. Hugo

réalisés ; plantations « adolescentes » le long du canal

exutoire ; pas de plantation le long du canal de Bergues.

L’hôtel des impôts a remplacé l’abattoir. La CAF semble

en construction. La Tour V. Hugo est réalisée.

55

Photo aérienne 1988 : Plantations fournies le long du

canal exutoire ; plantations « adolescentes » le long de

la rue de Bergues (côté Verrerie) ; CAF réalisée ; tous les

ponts sont réalisés.

Photo aérienne 1994 : Une deuxième rangée de plantations a été

réalisée le long du canal de Bergues ; de l’autre côté de la rue de

Bergues les arbres sont adultes. La place Vauban n’a pas été

réaménagée.

La qualité architecturale du quartier

- Cœur non détruit pendant la guerre : des éléments patrimoniaux (rares à l’échelle de la

commune) perdurent : maisons de maître / HBM… « 40 % des immeubles de la Basse Ville

sont classés sans intérêt architectural, c’est-à-dire que leur style ne présente aucun enjeu

patrimonial. (…) Cependant, près de 20 % des immeubles présentent une qualité

architecturale intéressante à bonne », et « Dans les îlots centraux ou du nord, les quelques

immeubles en mauvais état se trouvent principalement aux angles des rues, ce qui, malgré

leur nombre peu important, renforce leur effet négatif. (…) Les immeubles en l’état, c’est-à-

dire non entretenus (36 % des parcelles) se rencontrent dans chaque îlot de manière

relativement homogène. (…) Ils ont souvent pour effet néfaste de diminuer l’effet positif

dégagé par les immeubles de bonne qualité architecturale ou d’architecture intéressante. »

(p. 15 & 16 étude OPAH 2003).

- Détails architecturaux repérés

56

- Depuis la création de toute pièce du quartier par Vauban, la Basse Ville dépend entièrement

des financements de l’Etat (2 OPAH) pour son évolution « physique ». L’investissement privé

y est inexistant.

- Barres d’immeubles, grands ensembles sur les pourtours : Verrerie période reconstruction

dès 1954, Saint-Charles deuxième partie du XXème siècle.

- Architecture particulière des anciennes usines, brasseries, entrepôts et autres bâtiments

industriels.

- Devantures commerciales

- Bâtiments administratifs « carrés », « massifs » (cf CAF, hôtel des impôts)

- Voiries très larges voire sur-dimensionnées

- Quartier verdoyant mais les espaces verts bénéficient d’un aménagement minimal.

Les canaux

Les canaux sont historiquement liés à des fonctions de travail : canal de Bergues navigable, canal

exutoire comme permettant l’évacuation des eaux de drainage des terres cu tivées de l’arrière-pays

de polder, canal de Jonction comme liaison entre le système hydraulique belge, le port de

Dunkerque et le système hydraulique français. Ses fonctions « positives » ont laissé place à d’autres

utilisations, comme la circulation automobile de transit, mais également à une assimilation à des

éléments de coupures urbaines. Actuellement, les canaux bénéficient d’un lent changement d’usage

(pistes cyclables, bancs…) et d’image et acquièrent petit à petit à une dimension esthétique.

Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la

variable ?

Tendances lourdes

- Volonté d’intervenir sur le bâti ancien : différentes OPAH ont déjà eu lieu ; la rue du Fort

Louis et la rue de Paris sont en Périmètre de Ravalement Obligatoire. La dimension

« esthétique » est donc présente mais limitée dans l’espace, la tendance de fond étant plutôt

d’agir sur la qualité et le confort des logements plutôt que sur les façades, donc sur le

paysage urbain. Choix politique de fonder l’amélioration du confort des logements (isolation,

salubrité, mise aux normes…) sur la reconquête esthétique du bâti (mise en valeur des

façades notamment)

57

- La Basse Ville est quasiment le seul quartier d’habitat aussi arboré : présence d’arbres

d’alignement sur toute la périphérie (mais pas au cœur) ; ce qui en fait le lieu de passage

privilégié pour rejoindre le Bois des Forts (articulation du Croissant Vert). Or, les arbres qui

arrivent tous à « maturité » en même temps, vont devoir être abattus.

- Développement de friches industrielles et commerciales particulièrement en cœur de

quartier : Les Aubaines, Saint Frères, devantures médiocres ou abandonnées.

- La dimension esthétique des canaux. Canaux non revalorisés faute de financements et de

velléités d’appropriation par les Dunkerquois.

Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures

- La valorisation ou non des bords de canaux

- Changements d’usage des canaux : développement d’un nouveau mode de transport type

navette fluviale, espace de loisirs (joutes, barques…)

- Affichage de la qualité esthétique comme effet d’entraînement et de dynamique sur le

quartier (à l’instar de la colorisation des façades du quai de la Concorde). Nouvelles

démarches : fleurissement, mise en lumière…

- Changements dans l’organisation des voies de transit et de la trame viaire

- Des démolitions et/ou des reconstructions qui introduiraient dans le quartier de nouveaux

styles architecturaux

- La disparition des espaces verts ou au contraire de nouvelles plantations

- Choix de maintenir ou non le patrimoine industriel

- Choix d’engager ou non un projet de grande envergure sur le quartier (implantation d’un

parc à thème sur du foncier rendu disponible, projet culturel majeur…)

Signaux faibles

- Forte présence des exclus dans le « paysage » (liée aux nombreuses structures caritatives)

qui contrecarre les velléités d’affichage de qualité urbaine. « Reconquêtes » ponctuelles des

canaux pour une qualité paysagère : à l’exemple de l’étude paysagère du canal exutoire +

rive nord du canal de Jonction + rive ouest du canal de Bourbourg.

- Intérêt de l’OPAH-RU comme déclencheur à une intervention publique sur les espaces

publics.

- Dynamique du développement durable (envie de nature, vélo, tranquillité, petits oiseaux,

réduction de l’utilisation de la voiture particulière …)

- La maison individuelle plantée dans son jardin reste pour beaucoup l’archétype de

l’accession à la propriété ; ce qui n’est pas favorable à une reconquête urbaine d’un morceau

de ville.

Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans

le futur ?

Hypothèse 1 : Les interventions sur le bâti se poursuivent de façon sporadique, occasionnelle et

limitée à la seule question de l’amélioration du confort des logements. La dimension paysagère liée à

58

la qualité architecturale de certains bâtiments est négligée. Il n’y a pas de travail sur les espaces

verts. Restant orientée sur l’accueil des populations parmi les plus précaires, la Basse Ville perd son

cachet.

Hypothèse 2 : Portées par « l’envie de nature » des citadins et par un foncier sous-estimé, les

interventions sur les espaces publics portent sur le réaménagement arboré des bords à canaux. La

Basse Ville devient le quartier « vert » de Dunkerque.

Hypothèse 3 : La Basse Ville prend progressivement la forme d’un éco-quartier dans le respect des

qualités existantes.

Hypothèse 4 : Avec ses commerces fermés, ses friches industrielles et ses logements de piètre

qualité malgré différentes tentatives d’interventions publiques, la Basse Ville voit son centre sacrifié

aux fonctions urbaines centrales, laissant peu à peu place à des aires de stationnement, de stockage

et de logistique de proximité. Les qualités esthétiques du quartier s’appauvrissent.

59

Présence des grands équipements publics ou privés Référents : Eric Di Salvo et AGUR pour cartographie équipements

Description de la variable

Définition

La variable porte sur les grands équipements publics, c’est-à-dire sur des équipements

d’agglomération accueillant du public extérieur au quartier.

Indicateurs

- Nombre de grands établissements accueillant du public

- Identification de leur vocation équipements d’agglomération

- Réalisation d’une cartographie des services publics Sources : Projet social du Développement local 2008-2012 de la Maison de Quartier, Outil de suivi des

quartiers - observatoire des quartiers – AGUR 2008

Rétrospective

1785 : Edification de l’hôtel des Douanes pour percevoir les taxes sur les marchandises quittant ou

entrant le poste ferme de Dunkerque par cette sortie de ville (octroi).

Au XVIIIe siècle, la rue de la Paix mène au cimetière et à la paix éternelle (d’où son nom), puisque

Vauban a souhaité réserver des parcelles de terrain de la Basse Ville pour l’implantation d’un lieu

d’inhumation en dehors du centre ville. Situé à l’angle des rues Saint Charles et Saint Matthieu, le

cimetière laisse place à l’abattoir municipal en 1832 (un café en porte encore le nom). C’est l’actuel

emplacement de l’hôtel des impôts.

Plus tard, la rue de la Paix et du Fort Louis accueilleront la caserne des pompiers dont la salle des

fêtes deviendra un haut lieu des festivités carnavalesques ; ainsi que l’ul de la CGT qui illustre bien la

conscience de classe de l’époque.

Des équipements de service au public à l’échelle d’agglomération

L’hôtel des impôts, la CAF, la direction des douanes, le lycée Vauban, la gendarmerie, l’ANPE, un

centre de soins infirmiers mutualistes sont autant de structures qui rendent le quartier attractif mais

peuvent s’avérer sources de nuisances pour la population (en termes, notamment, de circulation et

de capacités de stationnement…).

La concentration d’associations sociales caritatives telles que, les Restos du Cœur, l’Armée du Salut,

l’Epicerie TABGHA (Emmaüs), le service d’insertion adulte de l’AAE ; les foyers d’hébergements de

l’AFEJI, sont autant d’équipements qui, faisant la preuve de leur utilité sociale, y compris pour la

population du quartier, contribuent, de par l’arrivée de « bénéficiaires » d’autres secteurs

géographiques, à stigmatiser, encore un peu plus le quartier ; qui depuis sa création (fin du XVIIe

début XVIIIe siècle) semble être voué à un usage d’accueil de services au reste de la population

dunkerquoise.

60

Autres éléments de vie sociale :

Le quartier est également le lieu d’implantation de 3 importants équipements religieux :

L’église Saint Martin, siège de la paroisse de Dunkerque Sud (rue de Paris) Une mosquée algérienne, rue de l’Industrie Un centre évangélique protestant, transféré du quai des Quatre Ecluses au 14, de la

rue Vauban.

Divers : le CEntre de Formation Interculturel Rencontre, une résidence pour étudiants étrangers,

ainsi que Radio Rencontre qui héberge un Cyber Centre interculturel sont autant de collectifs qui

contribuent à la vie du quartier, voire au-delà.

A cela, il convient, pour être tout à fait complet, de signaler la présence des sièges sociaux de l’AAE,

et des Papillons blancs.

Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la

variable ?

Tendances lourdes

- Présence ancienne des grands équipements publics - Disponibilités immobilières et foncières ayant permis l’implantation de ces équipements puis

l’accueil de grandes associations caritatives - Principalement des équipements dans le domaine social (ANPE, CAF, assos caritatives..).

Hormis le stade et la bibliothèque, pas de grands équipements sportifs (piscine) ou culturels (auditorium, théâtre, musée…)

Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures

- Arrivée ou départ de certains grands équipements ; « délocalisation » en dehors ou vers la

Basse Ville

- Diversification des grands équipements, présence d’équipements « nobles » ; c'est-à-dire

« attractifs », Re création d’une autre vie culturelle et/ou sportive

- Evolution des disponibilités foncières

- Devenir de la CAF

Signaux faibles

- Revendications des habitants qui ne supportent plus la présence de ces structures caritatives,

de ces grands équipements (CAF, Impôts…) et leurs conséquences sur la « fréquentation » du

quartier et la saturation du stationnement automobile

- Déliquescence du tissu social

- Implantations d’équipements culturels ou de manifestations nobles issues :

de la volonté politique municipale (bibliothèque jeunesse et médiathèque)

d’initiatives associatives.

- Projet d’accueil de services du ministère de la justice (Tribunal) sur la friche les Aubaines

61

- Centralisation des CAF

- Diminution de l’emploi public, rationalisation de l’administration publique.

Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans

le futur ?

Hypothèse 1 : Le quartier reste le lieu de concentration d’administrations publiques et d’associations

caritatives où on ne vient que par obligations. La Basse Ville continue à souffrir des allers et venues

des usagers de ces services et des problèmes de stationnement.

Hypothèse 2 : Un ou des équipements (culturels notamment) de premier plan, sont installés dans le

quartier et celui-ci redevient attractif, pas seulement pour la seule population du quartier. Les

équipements actuels restent en place.

Hypothèse 3 : Un ou des équipements (culturels notamment) de premier plan, sont installés dans le

quartier. En revanche, les équipements actuels disparaissent ou partent s’installer ailleurs.

Hypothèse 4 : Les équipements et services actuels, ayant une utilité sociale avérée, déclinent ou

disparaissent. On ne vient plus dans le quartier. La Basse Ville se replie sur elle-même. Les habitants

perdent le bénéfice de la proximité de ces équipements.

62

Présence des services et équipements de proximité Référents : Anne-Cécile Gautier

Description de la variable

Définition

La variable porte sur la présence d'équipements dits de proximité au sein du quartier de la Basse

Ville. Par équipements de proximité, nous retenons les services suivants :

- mairie / état-civil,

- établissements scolaires (maternelle - lycée),

- commerces (cet aspect ne sera pas traité ici car il fait l’objet d’une fiche variable à part

entière)

- professions médicales (médecins, pharmacie),

- centre social / maison de quartier,

- établissements et/ou clubs sportifs et/ou culturels.

Indicateurs

Les indicateurs choisis sont la présence ou non de ces services, leur évolution en termes de qualité de

services rendus.

Rétrospective

En Basse Ville, la Ville de Dunkerque ne dispose pas d'équipements de proximité au titre notamment

de l'état civil. Les formalités (hors naissances, décès et mariages) doivent être faites à la mairie de

quartier dont dépend la Basse Ville, celle de Dunkerque Sud, implantée au Jeu de Mail. Cette mairie

de quartier créée en 1991 délivre un certain nombre de prestations, celles qui ne peuvent l'être le

sont à l'Hôtel de Ville.

Trois établissements scolaires sont présents en Basse Ville : l'école maternelle publique Jean Macé

(+/- 75 enfants), le groupe scolaire (maternelle – primaire) public du Fort Louis (+/-200 enfants) et

l'école privée Saint Joseph (+/- 100 enfants). A noter la fermeture en juin 2006 du collège privé Saint

Joseph (126 enfants la dernière année), le collège de rattachement public est Van Ecke, implanté rue

de l'Esplanade, à Dunkerque Centre. Un lycée est présent en Basse Ville, il s'agit du lycée privé

Vauban.

En termes de professions médicales, à noter la présence de 4 médecins généralistes, d'1 pharmacie,

d'1 centre de soins infirmiers.

Une maison de quartier est implantée en Basse Ville depuis 1984 (centre social puis maison de

quartier). Elle offre différents services à la population du quartier (petite enfance, enfance, jeunes,

adultes, vie de quartier, cybercentre, …).

Cet équipement est ouvert du lundi au samedi. Permanences d'assistantes sociales et consultations

infantiles sont proposées régulièrement. Une halte-garderie est présente au sein de l'établissement

63

permettant d'accueillir des enfants de 2 mois et demi jusque 6 ans (15 enfants pour 20 heures par

semaine). Les enfants et jeunes sont accueillis pendant l'année scolaire et pendant les vacances :

accueil de loisirs, activités éducatives périscolaires, centre de loisirs adolescents, cybercentre,

présence d'un poste AILE. Les adultes s'impliquent dans des ateliers artisanat, culture, cuisine ou

dans la rédaction du journal de quartier ou dans la vie de quartier (Au fil des canaux, Dunkerque en

couleurs, …). Enfin, la maison de quartier est aussi le siège de plusieurs associations à dimension

quartier ou plus large. Celles-ci proposent des activités diverses et variées : apprentissage de la

langue française, gymnastique, concours de belote, brocante, yoga, …

En termes d'équipements et clubs sportifs ou culturels en Basse Ville, il est à noter la présence d'une

bibliothèque inscrite dans le réseau lecture publique de la Ville de Dunkerque, d'un complexe sportif

dit du Fort Louis, d'un convisport (square Ovion). Le complexe du Fort Louis abrite l'AS Dunkerque

Sud (club de foot réunissant les jeunes des quartiers sud) et une association d'archers.

Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la

variable ?

Tendances lourdes

- Proximité (relative) de la réponse du service public municipal

- Maintien des effectifs scolaires (maternelle – primaire)

- Présence d'équipements sportifs et culturels non généralistes

- Des services à destination des différentes générations proposés par la maison de quartier

Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures

- Maintien ou non de la proximité de la réponse du service public municipal ("recentralisation"

ou non des services)

- Regroupement ou non des groupes scolaires publics et disparition ou non de l'école privée

- Affirmation ou renfermement de la maison de quartier

Signaux faibles

- Importance donnée par la Ville à la réponse de proximité (maison de quartier, mairie de

quartier, présence d'équipements de proximité dans chacun des quartiers)

- Projet de rénovation urbaine pouvant influer sur l'attractivité de la Basse Ville (commerces

de proximité – nombre d'enfants)

Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans

le futur ?

Hypothèse 1 : La Basse Ville offre de moins en moins de services de proximité. Le service public

municipal est davantage centralisé. La maison de quartier propose de moins en moins de prestations.

Le nombre d'enfants diminue et certains établissements scolaires ferment.

64

Hypothèse 2 : Globalement, les équipements et services de proximité sont maintenus mais il ne s’en

crée pas de nouveaux. Il y a un décalage entre les services proposés et les besoins de la population.

La maison de quartier se renferme sur elle-même et ses adhérents, ne répondant que partiellement

aux attentes des habitants. Les effectifs scolaires se maintiennent.

Hypothèse 3 : Les services publics et les équipements proposent une offre toujours plus adaptée à la

population en répondant aux besoins de proximité.

Hypothèse 4 : Les services publics font l’objet d’un fort investissement. Ils devancent les besoins,

créent des incitations et produisent une nouvelle attractivité (services publics pro-actifs).

65

Mobilité et déplacements dans le quartier de la Basse Ville Référents : Nicolas Joncquel

Description de la variable

Définition

La variable s’intéresse à l’évolution des infrastructures de transports, des flux automobiles, des

dessertes en transport en commun et des usages de l’automobile par les habitants du quartier.

Indicateurs

En l’absence de données quantitatives sur les pratiques fines de mobilité, les indicateurs retenus

seront :

- Les flux automobiles

- L’offre en transports collectifs (réseau, desserte, arrêts)

- Le taux de motorisation

- Les photographies aériennes anciennes

Complétés par des informations qualitatives.

Rétrospective

1967 : Trois ponts permettent d’accéder au quartier par le Nord

(pont Terre Rouge, pont des 4 Ecluses) et par le Sud (pont Jean

Jaurès). Pas de voie de ceinture (rue de Bergues, bd V. Hugo) le

long des canaux ; pas de pont des Coopérateurs ; pas de

doublement du pont Royal vers rue Albert 1er ; pas de pont venant

de la rue de Furnes ; pas de doublement du pont Europe vers le

centre ; pas de pont dans le prolongement de rue Saint Matthieu.

1978 : Pont des Coopérateurs réalisé ; pont Europe doublé vers

centre ville ; pont Royal doublé vers rue Albert 1er ; rue de Bergues

et bd V. Hugo réalisés.

66

1988 : Tous les ponts sont réalisés.

Paradoxalement, la structuration progressive des infrastructures routières du quartier ne s’est pas

traduite par un total désenclavement facilitant les déplacements non motorisés. Les investissements

ont favorisé l’accès en voiture entre différents points de l’agglomération. Le secteur de la Basse Ville

semble avoir été utilisé comme support de liaisons routières lourdes plutôt que comme quartier de

vie.

Aujourd’hui, la Basse Ville est dans la situation suivante : c’est un quartier enclavé en plein cœur de

ville.

1. En plein cœur de ville :

A proximité du cœur d’agglomération,

A proximité de la gare

Sur le lieu de convergence de tous les axes historiques et actuels d’accès au centre

En cœur de ville de par sa morphologie urbaine : de grands axes, larges, arborés pour

quelques uns, bordés d’immeubles hauts… une densité bâtie importante.

2. Mais enclavé

Encerclement de par l’organisation des flux de desserte automobile d’agglomération

Enclavé de par sa forme, qui le différencie des autres quartiers environnants : une

organisation insulaire avec des effets de rupture occasionnées par les canaux

Enclavé par un faible recours à l’automobile : dans une ville où l’automobile a une place

prédominante, ne pas disposer de véhicule personnel est un vrai handicap en termes de

mobilité

o Le taux de motorisation est le plus faible de l’agglomération : 48 % des ménages

sans voiture

o De plus la taille des ménages fait que le recours individuel à l’automobile est

encore plus faible

La desserte en TC : plutôt bonne sur les liaisons

nord-sud, mauvaise sur l’est-ouest

67

Recours à la marche à pied : des parcours de proximité vers les quartiers sud de

Dunkerque (notamment le Leclerc du Jeu de Mail, jusqu’au Lidl du Carré de la Vieille) et

vers le centre-ville (via la passerelle Saint-Martin)… ces parcours restent confidentiels,

même s’ils empruntent des secteurs paysagers de qualité (le Batardeau, la passerelle)…

Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la

variable ?

Tendances lourdes

- Quartier de plus en plus connecté aux autres quartiers de l’agglomération (ponts,

doublement de ponts). Mais avec des liaisons engendrant des flux importants et ne

favorisant que faiblement l’usage de modes doux de déplacement.

- Les flux automobiles qui encerclent la Basse Ville ou la traversent

- Un recours individuel à la voiture des habitants du quartier faible

- Retraitement de certains axes (passage à une seule voie, pistes cyclables, rétrécissement)

Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures

- Evolution sensible des bords à canaux

- Evolution de la desserte en transports en commun

- Evolution de la motorisation des habitants du quartier

- Aménagement de la mobilité dans le quartier

- Développement de nouveaux modes de transport et/ou de nouveaux axes

- Perte de surfaces commerciales de proximité

Signaux faibles

- Evolution du coût de l’énergie, qui peut redonner de l’attractivité aux quartiers centraux

- Baisse de l’usage de l’automobile lié à un changement d’image, lié à un nouvel attrait des

autres modes de déplacement

Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans

le futur ?

Hypothèse 1 : L’enclavement du quartier vis-à-vis de l’agglomération se renforce. L’augmentation du

coût de l’énergie impacte davantage les populations à faibles revenus comme les habitants de la

Basse Ville. Le taux de motorisation des habitants diminue plus vite que le reste de l’agglomération

sans que les autres modes de transport ne répondent totalement aux besoins de mobilité.

68

Hypothèse 2 : La collectivité publique agit fortement sur les facteurs d’enclavement du quartier, en

transformant les différents axes en voies douces où tous les modes de transport trouvent leur place.

Les liaisons de proximité vers le centre-ville et vers les pôles de services proches ou internes au

quartier sont améliorées. De nouveaux modes de transport font leur apparition : navettes fluviales,

modes de transport relais…

Hypothèse 3 : La mobilité est contrainte. Les habitants motorisés vont faire leurs courses ailleurs. Ils

trouvent facilement à se stationner dans le quartier à proximité de leur habitation. Le quartier reste

orienté vers le « tout automobile ».

69

Politiques publiques sur le quartier / visions du quartier Référents : Jean Ysebaert, Gilles Taveau

Description de la variable

Définition

On s’intéresse à l’existence d’une tension collective portée par des instances publiques visant à

accompagner un projet de transformation social et ou urbain du quartier à plus ou moins long terme.

Indicateurs

- Existence d’une convention publique

- Existence d’un projet (diagnostic, enjeux, objectifs, évaluation)

- Existence de moyens financiers dédiés

Rétrospective

Ce territoire fait l’objet d’interventions publiques concertées depuis les années 1970 :

OPAH entre 1973 et 1989

Celle-ci a permis une intervention sur le confort de plus de 400 logements. Cette OPAH fut mise en

œuvre par le PACT de Dunkerque qui poursuivit un processus de réhabilitation des

logements/immeubles de la Basse Ville jusqu’en 1989.

Politique de la Ville depuis 1989

de 1989 à 1999 Mise en œuvre d’une démarche de D.S.Q. puis de D.S.U. homogène sur l’ensemble

des quartiers dits prioritaires de Dunkerque dont Basse Ville.

de 2000 à 2003 Dans le cadre du Contrat de Ville et du GPV une politique globale d’intervention est

définie pour intervenir simultanément dans les quartiers de grands ensembles d’habitat social ainsi

que dans les quartiers anciens dégradés dont Basse Ville lequel regroupe à sa périphérie un

ensemble de logements sociaux et en son cœur un important patrimoine de logements privés

dégradés.

de 2003 à aujourd’hui Définition et négociation avec l’ANRU d’un PRU « Quartiers d’Habitat Ancien »

portant sur trois quartiers dont Basse Ville. Le PRU est en cours de signature entre l’ensemble des

partenaires impliqués.

Le contenu et les évolutions des politiques mises en œuvre

70

Le quartier populaire de Basse Ville est confronté depuis 1973 à un appauvrissement lent et continu

de sa population, à la dégradation permanente de son patrimoine privé qui se transforme

progressivement en un parc social, voire très social, de fait renforçant ainsi sa spécialisation de

quartier d’habitat social locatif à 90 %.

de 1973 à 1988 La politique d’acquisition/amélioration du PACT (qui est en même temps l’acquéreur,

l’opérateur puis le bailleur) contribue à mettre sur le marché locatif des logements (plus d’une

centaine) de piètre qualité à destination des ménages les plus en difficulté de l’agglomération. Cette

politique accélère le phénomène d’accroissement d’un parc très social de Basse Ville et ne contribue

que très partiellement à enrayer le processus de déqualification du parc de logements privés.

de 1989 à 1999 La politique de la Ville mise en œuvre revêt deux aspects principaux :

à l’image de ce qui est conduit sur l’ensemble des territoires prioritaires de la Ville, la

politique conduite s’inscrit globalement du côté de la réparation sociale et urbaine

avec notamment :

le renforcement du service public et l’amélioration de la gestion urbaine de

proximité,

la requalification du cadre de vie.

une intervention forte sur l’habitat avec pour principales interventions :

le blocage de l’action du PACT,

la construction (acquisition/amélioration-démolition/reconstruction) au

cœur du quartier d’un nouveau patrimoine de logements sociaux de qualité,

une réhabilitation (Pallulos) modeste du patrimoine des logements sociaux

institutionnels.

L’intervention publique conduite depuis 1989 a assurément apporté des réponses positives aux

attentes prioritaires des habitants (services publics, cadre de vie, qualité des logements dans le parc

social…). Toutefois, elle n’a pas réussi à enrayer les processus globaux de déqualification de la Basse

Ville, de paupérisation, de sa population et de spécialisation de son parc de logements dans le social

voire très social.

de 2000 à aujourd’hui Le cadre d’une action globale (projet social et projet urbain) et une

intervention complexe ciblant l’habitat (OPAH-RU, restructuration immobilière, réhabilitation de

l’habitat social…) est désormais arrêté (projet social de territoire et PRU). Par rapport au projet initial

défini localement l’ANRU a imposé de très sérieuses limites financières (cœur de projet) fragilisant

ainsi un peu plus notre pari local de développement pour l’avenir.

Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la

variable ?

Tendances lourdes

Les dynamiques à l’œuvre sur Basse Ville depuis 30 ans de paupérisation, de déqualification du

patrimoine bâti, de spécialisation dans le locatif social (voire très social) du parc de logements n’ont

pu, à ce jour, être enrayées de manière définitive malgré la mise en œuvre quasi permanente de

politiques publiques concertées visant à les contrecarrer.

71

Un constat apparaît déterminant aujourd’hui : les politiques publiques conduites précédemment

n’ont jamais que ce soit en terme d’amplitude (financière, partenariale) et de globalité des champs

investis simultanément, trouvé la mesure juste pour répondre à l’ampleur des besoins réels afin de

créer les conditions d’un développement pérenne.

Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures

- La permanence ou non sur le temps très long de politiques publiques concertées,

- La concomitance des interventions articulant l’accompagnement social et la transformation

de l’urbain (environnement, cadre de vie, et habitat),

- La capacité collective à mobiliser les acteurs et financements simultanément sur l’ensemble

des aspects et processus à l’œuvre et notamment en ce qui concerne le renouvellement

(variétés et qualité) de l’offre de logements,

- La permanence d’une veille collective concernant le peuplement du quartier.

- La disjonction/rupture entre la Ville et la CUD concernant le portage de la politique,

- L’arrêt des financements externes,

- La rupture contractuelle entre financeurs et opérateurs,

- La non poursuite des programmes de rénovation urbaine au-delà du « cœur de projet »

(2013) c’est-à-dire la non mise en œuvre du projet d’ensemble initialement déterminé par

l’ensemble des parties, lequel constitue un programme « plancher » pour assurer les

conditions d’un développement pérenne,

Signaux faibles

- Manifestation d’intérêt de la part d’opérateurs privés pour le foncier qui sera libéré

au sud du quartier,

- Acquisition de logements par des propriétaires privés,

- Le développement du chômage et l’affaiblissement économique du Dunkerquois.

Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans

le futur ?

Hypothèse 1 : L’engagement de tous les pouvoirs publics se poursuit au-delà du programme

prioritaire (cœur de projet) contractualisé avec l’ANRU (2008-2013) et ceci pour une dizaine d’années

afin de mettre en œuvre le projet d’ensemble de renouvellement social et urbain arrêté en 2006.

Hypothèse 2 : L’action publique concertée et globale s’arrête en 2013 (faute d’engagements et de

moyens financiers) après la mise en œuvre du projet de rénovation urbaine « première phase ».

L’effet levier escompté de développement ne joue pas et les tendances lourdes de déqualification du

quartier se réactivent.

72

Hypothèse 3 : On observe une disjonction du volet urbain et du volet social tout en restant dans le

périmètre de projet de quartier. Le cadre de vie s’améliore au bénéfice des investisseurs privés qui

prennent le relais. Le volet urbain est suffisant pour rendre le quartier attractif.

Hypothèse 4 : Le quartier passe dans le projet « Cœur d’agglomération » et devient un territoire

prioritaire de la CUD.

73

Gouvernance Référents : Gilles Taveau

Description de la variable

Définition

On s’intéresse ici aux effets engendrés par des espaces d’échanges entre élus, habitants et acteurs

institutionnels (techniciens) sur l’évolution du quartier et de ses perceptions.

Indicateurs

5 indicateurs sont choisis pour cerner la dynamique de la gouvernance :

- le nombre d’espaces d’échanges (conseil communal, réunions publiques, conseil de maison de quartier, atelier de vie de quartier)

- les finalités de ces espaces : information, concertation, co-production - les domaines abordés au sein de ces espaces : logement, cadre de vie, environnement, social,

éducatif… - la façon de les aborder : de façon sectorisée ou transversale - la temporalité de la gouvernance : quotidien/proximité – projection dans l’avenir

Rétrospective

On propose d’appréhender cette rétrospective à partir de 1989-1990.

Depuis 1989, globalement, avec le développement d’une politique municipale de démocratie locale

(création des conseils communaux, création d’une Mairie de quartier, mise en place d’un Adjoint

chargé de Dunkerque Sud, etc.) et avec l’intégration de la Basse Ville dans la Politique de la Ville, les

espaces d’échanges Elus/Hab./Techniciens sont peu à peu développés et suivent une progression

régulière jusqu’en 2003 :

- Les espaces ayant une finalité d’information, de concertation (projet transversal DSQ/DSU, conseil communal…) ou de co-production (par la création des commissions du conseil communal, d’enveloppes budgétaires qui lui sont allouées…) sont développés progressivement ;

- Les thèmes abordés sont aussi peu à peu étendus (logement, cadre de vie, vie sociale, éducation…) et appréhendés de façon plus transversale au travers notamment du projet DSQ puis DSU ;

- Enfin, durant cette même période, une progression des temps d’échanges tant sur les questions du quotidien ou de la proximité (aménagement d’un espace de proximité, comme le square Ovion par exemple, animation du quartier…) que sur un projet (DSQ-DSU) permettant une projection dans l’avenir se réalise.

Depuis 2003 :

- On assiste à une stabilisation des espaces d’échanges de concertation et de co-production se rapportant aux questions du quotidien et de la proximité

- On assiste à un arrêt de la tenue d’espaces d’échanges ayant pour objet (qu’il s’agisse d’information, de concertation…) un projet plus transversal, permettant une appréhension

74

plus large du quartier et une projection dans l’avenir. Cet arrêt est lié à l’entrée en scène d’une nouvelle politique de la Ville avec la mise en place de l’ANRU et d’une démarche d’élaboration et de négociation d’un projet de rénovation urbaine et sociale sur les quartiers d’habitat ancien (dont la Basse Ville). Les formes prises par ces nouveaux modes de faire ont impliqué un reflux puis un arrêt du dialogue élus/techniciens/habitants. Seul le binôme élus/techniciens (de la Ville, de la CUD, de l’Etat…) travaille. Les habitants sont exclus dans la mesure où les incertitudes et les procédures très technocratiques de construction du projet ne permettaient pas une mise au travail public (y compris sur le volet « information »).

- La Ville de son côté, avec ses partenaires, chemine à partir de 2006 sur l’élaboration d’un projet social de territoire (incluant la Basse Ville). Ce projet n’associe pas à ce moment là les habitants, mais il se nourrit des remontées des différents dispositifs mis en place.

- Seul le projet de la maison de quartier fédère encore le travail commun élus/hab./techniciens et propose encore une vision assez transversale et « projective » (à 4 ans) mais axée essentiellement sur le volet social (intergénérationnel, lien social, animation, éducation…).

Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la

variable ?

Tendances lourdes

Un développement progressif des espaces d’échanges entre habitants/élus/techniciens avec une

progression des différents types de mode de travail (information, concertation, co-production),

alliant proximité et projet transversal promouvant un avenir commun.

Puis à partir de 2003, on assiste à un rabattement des échanges élus/habitants/techniciens sur les

questions de proximité et du quotidien.

- La politique de la Ville/ANRU et son approche technocratique qui a conduit à un rabattement des échanges entre élus, habitants et techniciens

- Les règles du jeu qui changent continuellement ne permettant pas d’inscrire et d’ouvrir le travail avec les habitants

- Le cadre rigide n’ouvrant que peu d’espace de concertation-coproduction avec les habitants

Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures

- Un changement dans la prise en compte de la participation des habitants dans la politique de la ville

- L’émergence de nouvelles pratiques et de nouveaux lieux d’échanges (café-citoyen,..) - L’émergence de nouveaux thèmes, de nouvelles questions de proximité (nouvel

aménagement d’une friche, des bords de canaux, nouvelles animations…) ou d’un nouveau « gros »projet

Signaux faibles

- La volonté politique municipale de développer les dynamiques de démocratie participative (sur les différents niveaux : proximité, projet transversal et d’avenir)

- la volonté de relancer les espaces d’échanges hab./élus/technciens au travers du projet social de territoire et sur le projet global non contraint par le projet conventionné avec l’ANRU

75

- La signature de la convention avec l’ANRU portant sur le Projet de rénovation urbaine des Quartiers d’Habitat Ancien.

Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans

le futur ?

Hypothèse 1 : La gouvernance est animée autour du projet d’ensemble, tant sur le volet social que

urbain pour construire une vision partagée et solidaire de l’avenir du quartier et pour mobiliser les

forces vives. Elus, techniciens, habitants retrouvent l’habitude de travailler ensemble dans le cadre

de la politique de la ville. Les lieux et la fréquence des échanges se maintiennent voire se multiplient.

Hypothèse 2 : La gouvernance n’est animée qu’au niveau des questions de proximité, sans partage

d’une vision globale ou transversale et sans se construire une vision d’un avenir commun. Les

réflexions se limitent à la Basse Ville intra-muros et à des projets de petite envergure sans connexion

avec les projets des autres quartiers environnants. Limités à cette question de proximité, les thèmes

peinent à se renouveler. Il est également difficile de mobiliser de nouveaux acteurs.

Hypothèse 3 : La gouvernance est animée autour de la proximité et du projet social, le volet urbain

étant « verrouillé ». La politique de la ville menée dans le cadre de l’ANRU garde son aspect

technocratique. Les habitants restent à l’écart du dialogue élus/techniciens. Parallèlement, la Ville

poursuit son projet social de territoire en relançant les espaces d’échanges entre habitants,

techniciens et élus. Les travaux engagés à l’échelle de la proximité ainsi que dans le cadre du projet

social de la maison de quartier se poursuivent. De nouveaux sujets et de nouvelles formes

d’échanges apparaissent.

Hypothèse 4 : la gouvernance n’est plus animée au niveau du quartier.

76

LES HYPOTHESES

77

Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4 Hypothèse 5

DEMOGRAPHIE

A

Dépeuplement. Le

quartier se dépeuple.

Avec les phénomènes de

décohabitation, la taille

des ménages continue à

diminuer et à population

constante, tous les

logements sont occupés.

Le taux de vacance est

faible. Perdant de son

attractivité et n’ayant

plus une offre en

logements suffisante, le

quartier n’attire plus de

nouvelles populations et

vieillit.

Mixité générationnelle.

La population augmente.

Les familles avec enfants

peuvent rester ou venir

s’installer dans le

quartier. La part des

moins de 20 ans s’en

trouve renforcée. Les

personnes âgées sont

plus nombreuses. De ce

fait, les 20-29 ans ne

sont plus en sur-

représentation. Le

quartier retrouve une

certaine mixité

générationnelle.

Situation

démographique

identique. La population

se renouvelle (turn-over

dans les logements) mais

sans augmenter et sans

se diversifier. La

répartition par âge de la

Basse Ville reste telle

que nous la connaissons

aujourd’hui.

Accentuation du

vieillissement. La

population augmente et

subit un processus de

vieillissement accentué.

Les jeunes quittent la

Basse Ville. Les habitants

actuels restent sur le

quartier et y vieillissent.

De nouvelles personnes

âgées arrivent sur le

quartier.

COMPOSITION

SOCIALE

B

Mixité sociale. La Basse

Ville retrouve une image

positive. Le parc de

logements se

renouvelle. Le quartier

devient plus attractif et

attire d’autres catégories

de population :

professions

intermédiaires, cadres,

chefs d’entreprises,

retraités. Il y a davantage

de mixité.

Augmentation des

revenus. Les personnes

au chômage parviennent

à retrouver un travail. La

dépendance vis-à-vis des

aides sociales s’atténue.

Le quartier retrouve

aussi une vie

économique plus

dynamique qui fait vivre

une partie de ses

habitants. De façon

générale, les revenus de

la population

augmentent. La

composition sociale

n’évolue pas : ouvriers

qualifiés, employés,

populations précarisées

continuent à cohabiter

dans le quartier.

Précarisation et

raréfaction des aides

financières. La crise

économique renforce les

difficultés du quartier.

Les salariés de l’industrie

restent au chômage. Les

situations précaires se

multiplient. Les aides

financières, les

allocations se raréfient.

Précarisation et maintien

des aides financières. Le

quartier reste pauvre

mais les aides financières

et allocations se

maintiennent. Le

chômage reste élevé, la

dépendance aux aides

sociales est forte.

PRESENCE DE

LA VIE

ECONOMIQUE

C

Retour du commerce de

proximité et

développement des

activités d'agglo. Le

commerce de proximité

est redynamisé,

notamment dans

l’alimentaire. Ce

changement de

tendance rend le

quartier plus attractif.

Son image évolue et il

attire également des

activités d’agglo venant

profiter des opportunités

foncières et de la

situation géographique

stratégique du quartier.

Absence de nouveaux

commerces. Le

commerce de proximité

se limite à quelques

établissements situés rue

de Paris. Le cœur du

quartier s’en trouve

dévitalisé, ce qui le rend

encore moins attractif. Il

n’y a pas non plus

d’installations d’activités

d’agglomération.

Accueil de commerces

d'agglomération. Le

quartier accueille

davantage de

commerces

d’agglomération et

d’activités en recherche

d’emplacements bon

marché. Ces activités

nouvelles génèrent une

demande en

restauration rapide et en

services ce qui permet le

maintien d’une vie

économique locale.

Economie alternative,

informelle

78

Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4 Hypothèse 5

STRUCTURE DU

PARC DE

LOGEMENT ET

MOBILITE

RESIDENTIELLE

D

Dégradation et

diminution du nombre

de logements. La

paupérisation

s’accentue. Les gens qui

le peuvent quittent le

quartier.

L’investissement public

n’a pas d’influence sur le

privé. L’OPAH RU ne

réussit pas à modifier

l’image du quartier et

son fonctionnement. Les

financements manquent

pour mener des actions

significatives de

revalorisation des

espaces publics. Le

nombre de logements

diminue. Le quartier se

dégrade fortement.

Augmentation du

nombre de logements,

retour des promoteurs

privés. On observe une

augmentation globale du

nombre de logements

sur le quartier. Les

projets du centre-ville se

réalisent entraînant une

raréfaction du foncier. La

pression de la demande

en logements,

commerces,

équipements, services se

reporte sur la Basse Ville

qui devient un secteur

attractif pour les

promoteurs privés.

Dégradation et

augmentation du

nombre de logements

par division.

REPRESENTA-

TION DU

QUARTIER PAR

SES HABITANTS

E

Sentiment de fierté. Des

projets valorisants

amènent la population à

retrouver une image

positive du quartier. Les

changements

esthétiques (bâti,

espaces verts, propreté)

encouragent les

habitants à reparler de la

Basse Ville avec fierté. Ils

multiplient les actions

pour redorer son image

de quartier au cachet

populaire.

La Basse Ville est LA

bonne adresse.

Redevenue très

attractive, elle attire une

population nouvelle, plus

aisée. Pour ces nouveaux

habitants, bien plus

qu’un sentiment de

fierté, la Basse Ville

évoque le quartier à la

mode. Exclues de ce

processus

d’embourgeoisement,

les populations

modestes quittent le

quartier : peu nombreux

sont ceux qui

revendiquent l’image

d’un quartier ouvrier et

populaire.

Perte des sentiments

d'appartenance et de

fierté. La situation de la

Basse Ville n’évolue

guère. Peu à peu les

anciens du quartier

décèdent ou s’en vont et

avec eux les sentiments

d’appartenance et de

fierté. Les nouveaux

habitants décontenancés

par les divers signes de

dégradation physique

n’ont qu’une piètre

perception de leur

quartier.

Quartier alternatif. La

Basse Ville devient un

quartier « alternatif » où

se développe une vie

culturelle et artistique. Il

y fait bon vivre pour des

jeunes cultivés et

désargentés…

IMAGE DU

QUARTIER

POUR

L'EXTERIEUR

F

L'image se dégrade. Les

rénovations engagées

sont soit insuffisantes

soit méconnues. La Basse

Ville fait parler d’elle

dans la rubrique des faits

divers, l’image se

dégrade, le quartier est

relégué. Les commerces

disparaissent petit à

petit, ce qui contribue à

donner à la Basse Ville

l’image d’un quartier

sans vie.

Image populaire et

animée. La Basse Ville

développe

progressivement une

image populaire et

animée, en accord avec

son identité. Ses qualités

actuelles prennent le

dessus sur ses faiblesses,

au bénéfice de sa

réputation.

Nouveau quartier à la

mode. La Basse Ville se

rénove et devient de plus

en plus prisée,

notamment par les

investisseurs. Entraînée

par la nouvelle

dynamique du centre

d’agglomération et du

quartier Soubise, elle

devient, elle aussi, un

nouveau quartier à la

mode.

Quartier "avalé" par le

centre ville. La Basse

Ville se fond dans les

projets du centre

d’agglomération.

« Avalée par le centre

ville », son image

s’estompe et se révèle

moins forte

qu’aujourd’hui.

Identité créée de toute

pièce. Un projet de

grande envergure

(équipement,

manifestation ou autre)

devient le porte drapeau

de la Basse Ville. Une

identité est recréée de

toute pièce faisant

oublier l’image de

« Basse Ville – Basse

Classe ».

79

Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4 Hypothèse 5

CONVIVIALITE,

DIVERSITE

CULTURELLE ET

VIVRE

ENSEMBLE

G

Difficultés à vivre

ensemble. Chaque îlot de

vie maintient son

isolement actuel et son

fonctionnement

autarcique. Les individus

se renferment sur eux.

L’individualisme se

renforce, exacerbé par

l’aggravation du

contexte économique.

On assiste à une

radicalisation

communautaire. Le corps

social implose. Les

associations, les lieux de

convivialité périclitent.

Les moments festifs

rassemblant la

population n’existent

plus. Vivre ensemble

devient difficile dans un

climat où les incivilités et

le sentiment de

discrimination sont de

plus en plus pesants.

Quartier où il fait bon

vivre. La dynamique

Maison de Quartier

s’exporte vers l’extérieur

(environnement) et le

projet RU renouvelle la

fréquentation des

équipements. Les

acteurs publics

intervenants sur le

quartier parviennent à

« rassembler » les

différentes composantes

du secteur et la Basse

Ville redevient un

quartier où il fait bon

vivre, riche de toutes ses

différences.

Quartier dortoir,

raréfaction des moments

de convivialité. La Basse

Ville est un quartier

dortoir. Elle acquiert une

attractivité purement

résidentielle. On y

habite, sans y vivre.

Cohabiter ne pose pas

réellement de problème

mais les moments de

convivialité et d’échange

se raréfient.

Différentes

communautés vivent

côte à côte

LISISBILITE DE

L'INTERET

PATRIMONIAL

H

Vitrine de trois siècles

d'histoire. La Basse Ville

est la vitrine des trois

siècles d’histoire de

construction de la cité

contemporaine, à la

force du poignet ouvrier

et au niveau de la mer et

des péniches. Le

patrimoine est mis en

valeur dans le cadre de

politiques publiques.

Tout le monde adore et

on y retourne au bistrot.

Petit faubourg écarté. Le

petit faubourg écarté

garde sa position de petit

faubourg écarté pour

encore longtemps, sans

rêve et sans promesse.

Le quartier conserve son

patrimoine mais sans

mise en valeur

particulière.

Uniformisation du

patrimoine. C’est

vraiment trop abîmé et

trop pourri pour qu’on

puisse promouvoir un

endroit pareil. On

observe une

accentuation des effets

de relégation, la

poursuite de la

destruction des

bâtiments sans

considération spécifique,

une uniformisation

définitive des caractères

et de l’identité.

80

Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4 Hypothèse 5

BORDURE /

CENTRE

I

Poursuite de l'opposition

bordure/centre. La crise

économique et le

désengagement des

financements publics

maintiennent la Basse

Ville dans une situation

d’enfermement sur elle-

même et dans sa

morphologie actuelle.

Les voies de transit

continuent à encercler le

quartier sans inciter à y

entrer. Les

démolitions/reconstructi

ons sur les bordures du

quartier n’ont pas lieu.

Dans le centre, trame

viaire et morphologie du

bâti restent relativement

identiques. Intérieur et

extérieur du quartier

continuent à s’opposer.

L'évolution de la bordure

n'entraîne pas le centre.

Le réaménagement des

voiries, l’allègement des

flux automobiles et un

projet de paysagement

urbain volontaire

permettent une

requalification des

canaux et de ses berges,

ce qui entraîne un

verdissement de

l’ensemble du quartier.

La Basse Ville n’est plus

scindée en deux à

l’intérieur d’elle-même.

L’évolution de la

« bordure » n’a pas de

réel effet d’entraînement

positif sur le « centre ».

La bordure entraîne le

centre. Au centre, le PRU

Quartiers d’habitat

ancien porte ses fruits

au-delà de toute

espérance. En bordure,

certaines barres HLM

disparaissent. La bordure

réhabilitée et

réaménagée permet

d’ouvrir davantage le

quartier sur le reste de la

ville et de redynamiser

les espaces centraux.

Le centre évolue mais

n'entraîne pas la

périphérie.

L’intervention publique

sur la « bordure »

demeure faible. La

bordure évolue peu. En

revanche, la sphère

privée, par ses initiatives

répétées, s’empare du

centre ancien et le

requalifie. Le centre

évolue mais sans

entraîner la périphérie.

Le centre entraîne la

bordure.

QUALITE ET

ESTHETIQUE DU

PAYSAGE

URBAIN

J

Dimension paysagère

négligée. Les

interventions sur le bâti

se poursuivent de façon

sporadique,

occasionnelle et limitée à

la seule question de

l’amélioration du confort

des logements. La

dimension paysagère liée

à la qualité

architecturale de

certains bâtiments est

négligée. Il n’y a pas de

travail sur les espaces

verts. Le quartier perd

son cachet.

Quartier "vert". Portées

par « l’envie de nature »

des citadins et par un

foncier sous-estimé, les

interventions sur les

espaces publics portent

sur le réaménagement

arboré des bords à

canaux. La Basse Ville

devient le quartier

« vert » de Dunkerque.

Eco-quartier. La Basse

Ville prend

progressivement la

forme d’un éco-quartier

dans le respect des

qualités existantes.

Quartier de stockage.

Avec ses commerces

fermés, ses friches

industrielles et ses

logements de piètre

qualité malgré

différentes tentatives

d’interventions

publiques, la Basse Ville

voit son centre sacrifié

aux fonctions urbaines

centrales, laissant peu à

peu place à des aires de

stationnement, de

stockage et de logistique

de proximité. Les

qualités esthétiques du

quartier s’appauvrissent.

PRESENCE DES

GRANDS

EQUIPEMENTS

PUBLICS OU

PRIVES

K

Situation identique. Le

quartier reste le lieu de

concentration

d’administrations

publiques et

d’associations caritatives

où on ne vient que par

obligations. Il continue à

souffrir des allers et

venues des usagers de

ces services et des

problèmes de

stationnement.

Grand équipement

culturel et maintien des

équipements actuels. Un

ou des équipements

(culturels notamment)

de premier plan, sont

installés dans le quartier

et celui-ci redevient

attractif, pas seulement

pour la seule population

du quartier. Les

équipements actuels

restent en place.

Grand équipement

culturel et disparition

des équipements

actuels. Un ou des

équipements (culturels

notamment) de premier

plan, sont installés dans

le quartier. En revanche,

les équipements actuels

disparaissent ou partent

s’installer ailleurs.

Disparition des

équipements. Les

équipements et services

actuels, ayant une utilité

sociale avérée, déclinent

ou disparaissent. On ne

vient plus dans le

quartier. La Basse Ville se

replie sur elle-même. Les

habitants perdent le

bénéfice de la proximité

de ces équipements.

81

Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4 Hypothèse 5

PRESENCE DES

SERVICES ET

EQUIPEMENTS

DE PROXIMITE

L

De moins en moins de

services de proximité. La

Basse Ville offre de

moins en moins de

services de proximité. Le

service public municipal

est davantage centralisé.

La maison de quartier

propose de moins en

moins de prestations. Le

nombre d'enfants

diminue et certains

établissements scolaires

ferment.

Décalage entre les

services et les besoins.

Globalement, les

équipements et services

de proximité sont

maintenus mais il ne s’en

crée pas de nouveaux. Il

y a un décalage entre les

services proposés et les

besoins de la population.

La maison de quartier se

renferme sur elle-même

et ses adhérents, ne

répondant que

partiellement aux

attentes des habitants.

Les effectifs scolaires se

maintiennent.

Services adaptés aux

besoins de proximité. Les

services publics et les

équipements proposent

une offre toujours plus

adaptée à la population

en répondant aux

besoins de proximité.

Services pro-actifs. Les

services publics font

l’objet d’un fort

investissement. Ils

devancent les besoins,

créent des incitations et

produisent une nouvelle

attractivité (services

publics pro-actifs).

MOBILITE ET

DEPLACEMENTS

M

Renforcement de

l'enclavement.

L’enclavement du

quartier vis-à-vis de

l’agglomération se

renforce. L’augmentation

du coût de l’énergie

impacte davantage les

populations à faibles

revenus comme les

habitants de la Basse

Ville. Le taux de

motorisation des

habitants diminue plus

vite que le reste de

l’agglomération sans que

les autres modes de

transport ne répondent

totalement aux besoins

de mobilité.

Tous les modes de

transport trouvent leur

place. La collectivité

publique agit fortement

sur les facteurs

d’enclavement en

transformant les

différents axes en voies

douces où tous les

modes de transport

trouvent leur place. Les

liaisons de proximité vers

le centre-ville et les pôles

de services proches ou

internes au quartier sont

améliorées. De nouveaux

modes de transport font

leur apparition : navettes

fluviales, modes de

transport relais…

Tout automobile. La

mobilité est contrainte.

Les habitants motorisés

vont faire leurs courses

ailleurs. Ils trouvent

facilement à se

stationner dans le

quartier à proximité de

leur habitation. Le

quartier reste orienté

vers le « tout

automobile ».

POLITIQUES

PUBLIQUES

N

Maintien et amplification

de l'engagement des

pouvoirs publics.

L’engagement de tous

les pouvoirs publics se

poursuit au-delà du

programme prioritaire

(cœur de projet)

contractualisé avec

l’ANRU (2008-2013) et

ceci pour une dizaine

d’années afin de mettre

en œuvre le projet

d’ensemble de

renouvellement social et

urbain arrêté en 2006.

Arrêt de l'action

publique en 2013.

L’action publique

concertée et globale

s’arrête en 2013 (faute

d’engagements et de

moyens financiers) après

la mise en œuvre du

projet de rénovation

urbaine « première

phase ». L’effet levier

escompté de

développement ne joue

pas et les tendances

lourdes de

déqualification du

quartier se réactivent.

Intervention sur le volet

urbain suffisante. On

observe une disjonction

du volet urbain et du

volet social tout en

restant dans le périmètre

de projet de quartier. Le

cadre de vie s’améliore

au bénéfice des

investisseurs privés qui

prennent le relais. Le

volet urbain est suffisant

pour rendre le quartier

attractif.

Passage dans le projet

"cœur d'agglomération".

Le quartier passe dans le

projet « Cœur

d’agglomération » et

devient un territoire

prioritaire de la CUD.

82

Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4 Hypothèse 5

GOUVERNANCE

O

Animation autour du

projet d'ensemble. La

gouvernance est animée

autour du projet

d’ensemble, tant sur le

volet social que urbain

pour construire une

vision partagée et

solidaire de l’avenir du

quartier et pour

mobiliser les forces vives.

Elus, techniciens,

habitants retrouvent

l’habitude de travailler

ensemble dans le cadre

de la politique de la ville.

Les lieux et la fréquence

des échanges se

maintiennent voire se

multiplient.

Animation limitée aux

questions de proximité.

La gouvernance n’est

animée qu’au niveau des

questions de proximité,

sans partage d’une vision

globale ou transversale

et sans se construire une

vision d’un avenir

commun. Les réflexions

se limitent à la Basse

Ville intra-muros et à des

projets de petite

envergure sans

connexion avec les

projets des autres

quartiers environnants.

Limités à cette question

de proximité, les thèmes

peinent à se renouveler.

Il est également difficile

de mobiliser de

nouveaux acteurs.

Pas d'animation sur le

volet urbain. La

gouvernance est animée

autour de la proximité et

du projet social, le volet

urbain étant

« verrouillé ». La

politique de la ville

menée dans le cadre de

l’ANRU garde son aspect

technocratique. Les

habitants restent à

l’écart du dialogue

élus/techniciens.

Parallèlement, la Ville

poursuit son projet social

de territoire en relançant

les espaces d’échanges

entre habitants,

techniciens et élus. Les

travaux engagés à

l’échelle de la proximité

ainsi que dans le cadre

du projet social de la

maison de quartier se

poursuivent. De

nouveaux sujets et de

nouvelles formes

d’échanges apparaissent.

Plus d'animation. La

gouvernance n’est plus

animée au niveau du

quartier.

ASSOCIATIONS

CARITATIVES

P

Regroupement des

associations en un même

lieu. Libération

d'immeubles. Retour

d'une image positive.

Missions inchangées.

Redéploiement à

l'extérieur du quartier

De plus en plus

d'associations

s'installent,

spécialisation.

Maintien des

associations. La situation

reste inchangée.

Transformation

progressive vers des

structures d'économies

solidaires. Les restos du

cœur deviennent un SEL.

83

84

LES SIX SCENARIOS

85

Scénario 1 : scénario tendanciel, scénario au fil de l’eau,

stagnation Rédaction : Laure PACCOU

La Basse Ville figure toujours parmi les quartiers dunkerquois en difficulté.

Pourtant, ces dix dernières années, quelques projets, dans le domaine du

logement notamment, ont vu le jour. Mais ils n’ont pas été suffisants pour

enrayer le déclin du secteur. L’impulsion nécessaire à un véritable

changement de tendance n’a pas été au rendez-vous.

Le projet d’ensemble de renouvellement social et urbain défini en 2006 n’a

pas été mené jusqu’à son terme. Faute d’engagements et de moyens

financiers, l’action publique a été restreinte au programme prioritaire de

rénovation urbaine (cœur de projet) puis s’est arrêtée en 2013. Mené dans sa

version minimale et sur une courte durée, le programme n’a pas permis

d’installer dans le temps les conditions d’un développement positif. Au

désengagement des financements publics sont également venues se

surajouter les conséquences de la crise économique de 2009-2010. Par

conséquent, nous retrouvons aujourd’hui en 2020 les mêmes tendances de

déqualification du quartier que nous avions observées dans les années 2000.

Le visage de la Basse-Ville a donc finalement peu changé. L’enclavement est

toujours une caractéristique forte de ce secteur. Les voies de transit

continuent à encercler le quartier sans inciter à y entrer. Il y a bien eu

quelques initiatives pour ralentir et maîtriser la circulation automobile

(ralentisseurs, nouveaux feux rouges..). Mais rien n’a été fait pour donner

davantage de place aux piétons et aux cyclistes ou pour inciter les

promeneurs à venir flâner en Basse Ville. Les barres HLM renforcent cette

ceinture. Les démolitions/reconstructions sur les bordures du quartier n’ont

pas eu lieu. Certains ensembles commencent d’ailleurs à montrer des signes

de fatigue et de dégradation.

Dans le centre, les opérations de réhabilitation se sont surtout concentrées

sur l’amélioration du confort des logements. Trop abîmé et tombé dans l’oubli,

le patrimoine n’a pas été conservé, ni valorisé. Les interventions sur les

façades se sont avérées sporadiques. Malgré leurs qualités architecturales,

N2 - Arrêt de l'action

publique en 2013.

I1 - Poursuite de

l'opposition

bordure/centre.

J1 - Dimension

paysagère négligée.

H3 - Uniformisation

du patrimoine.

86

bon nombre d’anciens bâtiments industriels ont été détruits. Dans la plupart

des aménagements, nous pouvons également constater que la dimension

paysagère a été négligée. Les espaces verts font figure d’espaces à

l’abandon. La trame viaire, très large, n’ayant pas été modifiée, laisse une

place importante au stationnement automobile.

Subissant un processus d’uniformisation, la Basse Ville a aujourd’hui perdu

son cachet. Il est difficile d’en donner une image positive à l’extérieur. Le

quartier reste le lieu de concentration d’administrations publiques et

d’associations caritatives où on ne vient que par obligations. Les grandes

enseignes ont disparu. Dans la presse, le quartier fait parler de lui dans la

rubrique des faits divers. Fini les encarts sur l’histoire du patrimoine ou encore

l’agenda des festivités…

Il faut dire également que la Basse Ville concentre une population en

difficultés qui habite le quartier sans le faire vivre. Une des explications de ce

phénomène réside dans l’évolution du parc de logements. Suite au

programme prioritaire de rénovation urbaine, un certain nombre de

constructions nouvelles ont vu le jour entre 2006 et 2013. Dans le même

temps, la CUD a repris en main le patrimoine du PACT pour le transférer

ensuite aux bailleurs sociaux. Habitat social et habitat privé ont également fait

l’objet de plusieurs réhabilitations. Mais presque dix ans plus tard, il nous faut

constater que les politiques publiques mises en œuvre n’ont pas eu les effets

escomptés. Les investisseurs ne sont pas revenus dans le quartier. Le parc

privé continue à se dégrader, les logements à être divisés. Et s’il y a eu de la

construction neuve, on a surtout construit des logements HLM ce qui n’a fait

que renforcer la spécificité du parc de la Basse Ville.

De ce fait, la situation socio-démographique a peu évolué. La population se

renouvelle régulièrement mais sans augmenter et sans se diversifier. La

structure du parc favorise l’accueil de petits ménages, plutôt jeunes et aux

ressources modestes. Le taux de chômage du quartier est élevé. Les familles

vivent pour la plupart avec les aides sociales.

Le turn-over dans les logements est important : dès que les familles

s’agrandissent et dès qu’elles en ont la possibilité financièrement, elles

quittent le quartier. Dans ces conditions, la Basse Ville ressemble de plus en

plus à un quartier dortoir où l’on ne fait que passer quelques années. Les

anciens habitants décèdent ou s’en vont et avec eux les sentiments

d’appartenance et de fierté. Les nouveaux cohabitent sans échanges et sans

moments de convivialité. Cette rotation permanente d’habitants ainsi que

l’absence d’un projet urbain rendent difficile l’animation de dispositifs de

démocratie participative. Ces derniers temps, ils ont surtout porté sur les

questions d’aménagement de proximité.

Face à la paupérisation et aux difficultés familiales du quartier, les services

publics de proximité se sont renforcés et de nouveaux équipements (maison

de la famille, centre de formation) ont été créés. Les habitants profitent

également de la présence dans le quartier des nombreuses associations

M3 - Tout automobile.

K1 – Equipements :

situation identique à

aujourd'hui.

D3 - Dégradation et

augmentation du

nombre de logements

par division.

N2 - Arrêt de l'action

publique en 2013.

A3 - Situation

démographique

identique.

B4 - Précarisation et

maintien des aides

financières.

G3 - Quartier dortoir,

raréfaction des

moments de

convivialité.

E3 - Perte des

sentiments

d'appartenance et de

fierté.

O2 - Animation limitée

aux questions de

proximité.

P4 - Maintien des

associations.

L3 - Services adaptés

aux besoins de

proximité.

87

caritatives qui se sont maintenues à travers le temps. En revanche, bon

nombre de commerces de proximité ont baissé leur rideau ces dernières

années, exceptés quelques établissements situés rue de Paris. Le cœur du

quartier est aujourd’hui dévitalisé, ce qui le rend encore moins attractif.

C2 - Absence de

nouveaux commerces.

P4 - Maintien des

associations.

88

Scénario 2 : quartier populaire et convivial. La puissance

publique maîtrise le développement. Rédaction : Laure PACCOU

La Basse Ville a retrouvé des couleurs. Le quartier des années 2000,

dégradé, enclavé, accumulant des difficultés financières et sociales semble

désormais loin derrière nous. La transformation urbaine initiée par les

pouvoirs publics et relayée ensuite par les investisseurs privés ont redynamisé

la Basse Ville. Elle retrouve aujourd’hui une image de quartier populaire et

convivial.

En 2006, un projet d’intervention globale sur le quartier mêlant un projet social

de territoire et un programme de rénovation urbaine avait été défini. En réalité,

depuis maintenant une bonne dizaine d’années, ce programme porte

essentiellement sur le volet urbain, c’est-à-dire sur la transformation du cadre

de vie et de l’habitat. Dans ce domaine, les actions n’ont pas manqué :

réhabilitation des logements, remise aux normes de confort, restructuration

foncière, aménagement de la voirie, embellissement des espaces publics…

Les changements sont bien visibles dans le centre où le PRU Quartiers

d’habitat ancien a porté ses fruits au-delà de toute espérance. En bordure, la

démolition de certaines barres HLM a permis à la Basse Ville de s’ouvrir

davantage sur le reste de la ville. La collectivité publique a agi fortement sur

les facteurs d’enclavement : le rempart de boulevards a cédé la place à des

voies douces où tous les modes de transport trouvent leur place. Le quartier

est également accessible par des navettes fluviales. La Basse Ville prend

progressivement la forme d’un éco-quartier. Toutefois, elle a tendance à

garder son statut de petit faubourg écarté. Nous pouvons remarquer

notamment que le patrimoine a été conservé mais sans mise en valeur

particulière.

La disjonction entre le volet social et le volet urbain contenus dans le projet

initial n’a pas porté préjudice à l’évolution de la Basse Ville. La transformation

urbaine s’est révélée suffisante pour rendre le quartier attractif. Rapidement,

des investisseurs privés ont pris le relais, séduits par l’amélioration du cadre

de vie mais aussi par les disponibilités foncières. On pouvait s’y attendre

puisque, depuis 2010, les projets entrepris autour de la gare et du théâtre de

Dunkerque avaient entraîné une raréfaction des terrains et une flambée des

N3 - Intervention sur

le volet urbain

suffisante.

I3 - La bordure

entraîne le centre.

M2 - Tous les modes

de transport trouvent

leur place.

J3 - Eco-quartier.

H2 - Petit faubourg

écarté.

N3 - Intervention sur

le volet urbain

suffisante.

89

prix. La pression de la demande en logements, commerces, équipements,

services s’est donc mécaniquement reportée sur la Basse Ville.

De retour sur le quartier, les promoteurs privés ont développé de nouvelles

formes d’habitat et ont contribué à la diversification du parc. Globalement, le

nombre de logements s’est accru. Toutefois, en raison de la diminution de la

taille des ménages, la population n’a pas augmenté. Le quartier a gardé sa

vocation de transit accueillant majoritairement de jeunes ménages et étudiants

dans un contexte de turn-over important. Le renouvellement du parc a conduit

cependant à davantage de mixité sociale. Le quartier attire aujourd’hui

d’autres catégories de population : professions intermédiaires, cadres, chefs

d’entreprises...

L’arrivée de ces ménages plus aisés a participé à la relance du commerce de

proximité, notamment dans l’alimentaire. A côté de ces petits établissements,

nous avons vu se développer des activités d’agglomération qui profitent des

opportunités foncières et de la situation géographique stratégique du quartier.

Certains ont pris la place d’anciens grands équipements « sociaux » comme

la CAF et l’ANPE. Malgré la disparition de ces équipements, la population

bénéficie toujours de nombreux services de proximité bien adaptés.

Avec la pression foncière, le renouvellement du parc et de la population, la

Basse Ville a perdu sa vocation traditionnelle d’accueil des associations

caritatives. Ces dernières se sont transformées progressivement. Un Système

d’Echange Local (SEL) a fait récemment son apparition : dans l’ancien

bâtiment des Restos du Cœur, les habitants peuvent désormais venir

échanger des biens, des services ou des savoirs. Cette structure d’économie

solidaire constitue également un nouvel espace de convivialité dans un

quartier déjà bien vivant.

En effet, les lieux d’échanges et les moments festifs ne manquent pas. Les

transformations esthétiques (bâti, espaces verts, propreté) ont encouragé les

habitants à reparler de ce secteur avec fierté. Ils ont multiplié les actions pour

redorer son image de quartier populaire et animé. Le projet social et urbain a

mobilisé fortement la population. Elus, techniciens, habitants ont repris

l’habitude de travailler ensemble dans le cadre de la politique de la ville. Riche

de toutes ses différences, la Basse Ville est redevenue un quartier où il fait

bon vivre.

D2 - Augmentation

du nombre de

logements, retour

des promoteurs

privés.

A3 - Situation

démographique

identique.

B1 - Mixité sociale.

C1 - Retour

commerce proximité

et développement

des activités

d'agglomération.

K4 - Disparition des

équipements.

L3 - Services

adaptés aux besoins

de proximité.

P5 - Les associations

se transforment

progressivement

E1 - Sentiment de

fierté.

F2 - Image populaire

et animée.

G2 - Quartier où il fait

bon vivre.

O1 - Animation

autour du projet

d'ensemble.

90

Scénario 3 : Basse Ville- le quartier de l’agglomération à la

mode sur fond vert et bleu. Rédaction : Armelle Leroy

La Basse Ville est entièrement rénovée. C’est à la fois le quartier « vert » et

« bleu » de Dunkerque avec ses bords de quais fleuris. Ce quartier attire les

citadins qui revendiquent l’envie de nature.

L’inscription du quartier dans la dynamique du cœur d’agglomération a

fortement facilité les choses. Dès 2010-2011, le secteur a été identifié comme

prioritaire par la CUD.

A l’époque, les politiques publiques avaient été sensibilisées à l’intérêt

historique et patrimonial du quartier. Elles ont ainsi investi les trois siècles

d’histoire de la Basse-Ville en mettant en valeur les constructions anciennes

et la présence de canaux comme espaces de nature.

Une nouvelle identité lui a même été créée, autour de l’installation d’un grand

équipement culturel qui a permis d’effacer l’image « basse ville- basse

classe ».

La collectivité publique a également agi fortement sur les facteurs

d’enclavement du quartier, en transformant les différents axes en voies

douces où l’ensemble des transports trouvent leur place. Les liaisons vers le

centre ville et vers les pôles de services internes et externes au quartier ont

été améliorées.

A l’issue d’un travail important de mise à plat de l’ensemble des projets relatifs

à la valorisation des canaux à Dunkerque, initié dès 2009, la collectivité a

décidé de développer l’usage des transports fluviaux. Trois ans plus tard, de

nouveaux modes de transports ont fait leur apparition : les navettes fluviales.

D’une façon générale, depuis 2010, les services publics sont résolument

proactifs. Ils devancent les besoins, créent des incitations et contribuent à la

nouvelle attractivité.

J2 – Quartier « vert »

N4 – Passage dans le

projet « cœur

d’agglomération »

G2 –Quartier où il fait

bon vivre

K3 – Grand

équipement culturel et

disparition des

équipements actuels

H1 – Vitrine de trois

siècles d’histoire

F5 - Identité créée de

toute pièce

M2 – Tous les modes

de transport trouvent

leur place

L4 – Services

proactifs

91

Parallèlement à ces investissements publics ciblés, les projets de

développement du centre ville ont entraîné une raréfaction du foncier. La

pression de la demande en logements et commerces s’est ainsi reportée sur

la Basse Ville. C’est donc très progressivement que le quartier est devenu le

secteur le plus attractif pour les promoteurs privés. A l’image du centre

d’agglomération, c’est devenu un lieu de vie recherché, prisé par les

investisseurs privés qui ont pu y réaliser des opérations de qualité.

C’est à partir de 2015 que le nombre de logements a commencé à croître à

grande vitesse. Des logements de qualité ont vu le jour en cœur de quartier et

ce gain qualitatif s’est progressivement diffusé sur les bordures

(réhabilitations, mise en valeur des bords à canaux…).

Durant la même période, la Basse Ville a retrouvé son image positive et

attractive. Le parc de logements s’est renouvelé pour favoriser l’accueil de

nouvelles catégories socio économiques : des cadres et chefs d’entreprises,

mais également des personnes âgées et des jeunes de 20-25 ans. Exclues de

ce processus d’embourgeoisement, la population la plus modeste quitte le

quartier. Peu nombreux sont ceux qui revendiquent une image de quartier

ouvrier et populaire.

Aujourd’hui, le commerce de proximité est à nouveau dynamique et diversifié,

notamment dans l’alimentaire. Ce changement a des conséquences positives

sur l’image et l’attractivité du quartier. Des activités d’agglomération s’y sont

installées profitant des opportunités foncières et de la situation géographique.

Les associations caritatives, quant à elles, ont été redéployées à l’extérieur de

la Basse Ville.

E2 – La bonne

adresse

F3 – Nouveau

quartier à la mode

B1 – Mixité sociale

A2 – Mixité

générationnelle

C1 – Retour du

commerce de

proximité et

développement des

activités

d’agglomération

P2 – Redéploiement

des associations

caritatives

D2 – Augmentation

du nombre de

logements, retour des

promoteurs privés

I5 – Le centre

entraîne la bordure

92

Scénario 4 : quartier alternatif, mouvement spontané,

quartier autogéré (pauvres, différents mais heureux) Rédaction : Marie-Claire Barré

Ca a commencé il y a 15 ans environ. La Basse Ville a connu une évolution

en profondeur qui l’a, en quelque sorte, sortie du marasme. La grande

précarité délaissée avait en effet succédé au quartier de « l’aristocratie

ouvrière » du siècle dernier. La Basse Ville n’a pas toujours eu le visage du

quartier « alternatif » proche du retranchement insulaire autogéré que nous lui

connaissons aujourd’hui. Voilà comment les choses se sont passées :

Au début des années 2010, le quartier était déjà pauvre et les logements

vétustes. La Collectivité avait lancé une vaste opération de requalification du

bâti qui s’était malheureusement rapidement arrêtée faute de financements

publics dès 2013. Une longue période de déclin s’en était alors suivie, avec

une précarisation grandissante des habitants (de moins en moins nombreux et

de plus en plus âgés) et une dégradation accrue des logements et du cadre

de vie. Les interventions sur le bâti ont encore été poursuivies quelques

temps, de façon sporadique, occasionnelle et limitée à la seule question de

l’amélioration du confort des logements. La qualité des paysages ou celle de

certains bâtiments anciens n’avait pas réussi à émerger face aux manques de

moyens pour assurer l’essentiel. Durant cette période, tous ceux qui le

pouvaient ont quitté le quartier, mettant un terme à l’important « turnover »

jusqu’alors en vigueur. Les habitants qui sont restés se sont installés dans

une stabilité spatiale stagnante. Malgré une décohabitation de plus en plus

marquée, la population ne se renouvelle que faiblement. Captif, pauvre, seul

et vieillissant, tel est le portrait-robot de l’habitant des années 2010-2020 en

Basse Ville.

Les grands équipements de Ville ou d’agglomération eux aussi quittent

massivement le quartier. Il y a ceux qui ont tout simplement été supprimés

N2 - Arrêt de l'action

publique en 2013.

A1 - Dépeuplement.

B3 - Précarisation et

raréfaction des aides

financières.

D1 - Dégradation et

diminution du nombre

de logements.

J1 - Dimension

paysagère négligée.

93

(comme la CAF qui avait une représentation locale à cette époque-là ou le

stade du Fort-Louis, jugé trop coûteux) et ceux qui se sont relocalisés hors les

murs de la Basse Ville (comme l’école privée partie s’installer en 2016 dans la

troisième phase de Grand Large ou le concessionnaire automobile). Il n’y a

rapidement plus eu aucune raison pour des habitants « extérieurs » de venir

en Basse Ville qui s’est alors repliée sur elle-même et ses habitants captifs et

vieillissants. La situation était de plus en plus dégradée, proche de l’abandon,

avec des services et commerces de proximité en berne mais maintenus, sans

grands espoirs d’un quelconque renouveau.

C’était compter sans la capacité de résistance et d’adaptation des habitants

de la Basse Ville. Déjà fort orienté vers l’accueil des populations les plus

précaires, le quartier a progressivement vu les actions des associations

caritatives et de solidarité s’étendre et se spécialiser au bénéfice des

habitants eux-mêmes. Le côté insulaire du « petit faubourg écarté » s’est

également renforcé au fil du temps, définitivement en marge de l’émulation

sociale et économique qui démarrait alors autour des projets de requalification

« théâtre » et « gare / marine » du Centre d’Agglomération. L’enclavement de

la Basse Ville vis-à-vis du reste de la Ville et de l’agglomération (également lié

à l’augmentation du coût du carburant, au toujours très faible taux de

motorisation des ménages et à la mauvaise desserte en transports en

commun) s’est transformé peu à peu en repli autarcique, d’abord subi puis

assumé. Le « cachet » de la Basse Ville lié à son côté ancien, populaire et

verdoyant réapparaissait progressivement dans les esprits. A l’initiative d’un

petit groupe d’habitants épaulé par la Maison de Quartier, un mouvement

« d’auto-réhabilitation » s’est amorcé à l’orée des années 2020. Ce petit

groupe de volontaires de la rue de l’Abbé, dont quelques personnes licenciées

des groupes industriels, s’est constitué autour du souhait d’intervenir

efficacement sur leurs logements délabrés. A l’image des « Castors », ce

mouvement coopératif d’auto-construction liée à la pénurie de logement des

années 1950 à 1970, ils se sont organisés dans leur immeuble de manière à

réhabiliter à tour de rôle leurs logements et parties communes. Cette initiative,

la première du genre en réhabilitation, a marqué les esprits et redonné de

l’espoir aux habitants qui n’attendent plus guère des pouvoirs publics ni de

leur bailleur privé. Depuis, deux autres opérations similaires ont vu le jour (rue

de la Paix, et la dernière, en voie de finition, rue Albert Sauvage), où les

« home sweet hommes » (comme ils se surnomment eux-mêmes) ont officié.

Cet élan volontariste particulier a été le moteur d’une certaine redynamisation

de l’ensemble du secteur, prenant conscience qu’il existe des alternatives face

à l’adversité.

Ainsi, à l’entre-aide purement alimentaire et matérielle des associations

caritatives a alors succédé un plus vaste mouvement d’échange de services

incluant des interventions sur la qualité et le confort des logements (petites

réparations, récupération-recyclage-réinstallation d’huisseries ou de meubles,

C4 -Economie

alternative, informelle

financières.

H2 - Petit faubourg

écarté.

K4 - Disparition des

équipements.

L2 - Décalage entre les

services et les besoins.

M1 - Renforcement de

l'enclavement.

94

coup de peinture, plantations…) en échange de toute autre service basé sur

une même valeur du temps passé (coupe de cheveux, mutualisation d’électro-

ménager, garde d’enfants, cours de langue ou de cuisine), formant ainsi un

véritable Système d’Echange Local (SEL) désormais très organisé.

C’est sans doute grâce à ce mouvement amorcé voilà environ cinq ans que, à

la faveur des immeubles murés déjà largement squattés ou en lieu et place

d’activités fermées, certains se sont lancés dans une occupation « libre de

droit », installant les lieux de façon informelle mais productive en terme de vie

culturelle et artistique ouverte sur le quartier (comme c’est maintenant le cas

dans les anciens locaux de la concession Opel rue du Fort Louis, rebaptisés

« le Garage », mais également rue de la Verrerie (« la Barakason », dans un

ancien hangar) et rue Saint Mathieu (« à l’Abattoir », dans l’ancien café).

Acceptées plus que craintes par la Ville, ces initiatives « privées » répétées

s’emparent aujourd’hui progressivement du centre ancien et le requalifient

d’une certaine manière, finissant par donner à la Basse Ville un visage, certes

désargenté, mais de nouveau populaire et animé. Les artistes se mêlent au

SEL et y contribuent totalement. Le quartier redécouvre son patrimoine

architectural et réinvestit ses bords à canaux comme lieu de promenade et de

loisir bon marché comme la pêche, le pique-nique ou la bronzette.

L’ancien stade du Fort Louis est devenu la nouvelle « zone d’activité »,

accueillant désormais le développement d’activités marchandes et légales

telles que la réparation de cycles, la création d’une « recyclerie-ressourcerie »

artistique à ciel ouvert qui vient répondre aux besoins d’équipement et

d’ameublement des habitants du quartier et attire quelques curieux intéressés

par la démarche... On observe à présent une démultiplication de l’économie

alternative et informelle fournissant aux habitants des subsides, mais surtout

une qualité de lien social telle que les effets de la précarisation sont quelque

peu adoucis. Différentes communautés se sont organisées sur le même mode

et vivent côte à côte dans des formes de cohésion et de solidarités nouvelles.

Certes, cela n’empêche en rien les difficultés ponctuelles entre riverains, mais

les espaces d’échanges entre habitants, techniciens et élus animés par la

Ville portent leurs fruits.

La Basse Ville présente aujourd’hui un visage bien différent d’il y a une

quinzaine d’année, et bien différent aussi des autres quartiers de Dunkerque.

Son insularité le lui permet. C’est surtout l’espoir et la dynamique qui y sont

palpables. Mais il semble que le centre du quartier en bénéficie davantage,

contrairement à la ceinture de logements sociaux vaguement réhabilités dont

les occupants restent quelque peu repliés sur eux-mêmes et leurs difficultés,

malgré la bonne volonté marquée des bailleurs sociaux qui tentent

d’accompagner ce nouveau mouvement alternatif et solidaire.

E4 - Quartier

alternatif.

F2 - Image populaire

et animée.

G4 – Différentes

communautés vivent

côte à côte.

I4 - Le centre évolue

mais n'entraîne pas

la périphérie.

O3 - Pas d'animation

sur le volet urbain.

P5 - Transformation

progressive des

associations

caritatives vers des

structures

d'économies

solidaires.

95

96

Scénario 5 : quartier béguinage : vieillissement/

appauvrissement/ la puissance publique

accompagne ces évolutions Rédaction : Anne Planté

La population de la Basse Ville est aujourd’hui bien plus nombreuse qu’il y a

dix ans. Elle a également subi un processus de vieillissement accentué. Les

jeunes ont quitté le quartier. Les anciens résidents y sont restés et y ont vieilli.

Cette population vieillissante est captive, n’ayant pas suffisamment de

moyens pour habiter un autre secteur plus attractif (centre ville par exemple).

De nouvelles personnes âgées, peu aisées, sont également arrivées.

Ce quartier, historiquement populaire, reste pauvre, le chômage y demeure

élevé, la précarité importante, la dépendance aux aides sociales fortes.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Bien que l’engagement des pouvoirs publics se soit poursuivi au-delà du

programme prioritaire (cœur de projet) contractualisé avec l’ANRU (2008-

2013), les effets escomptés sur certaines dynamiques structurelles n’ont pas

été suffisamment puissants.

Les interventions sur le bâti ont, au final, été insuffisantes et trop

saupoudrées. Si elles ont permis l’amélioration du confort d’une part

importante de l’habitat, elles n’ont pu endiguer complètement les processus

de dégradation et d’augmentation du nombre de logements privés par

division, créant ainsi les conditions d’une offre de petits logements « sociaux »

voire « très sociaux » pouvant être investis par des personnes âgées, peu

nanties, ne trouvant pas d’autres solutions.

Entre outre, ces interventions n’ont pas été suffisamment ouvertes à la

dimension paysagère, à la valorisation de la qualité architecturale de certains

bâtiments et du patrimoine pourtant à potentiel sur ce quartier, ni à la

valorisation des espaces verts. Malgré les ressources de ce quartier, liées à

son histoire singulière, à son patrimoine et à sa morphologie, la Basse Ville a

A4 – Accentuation du

vieillissement

B4 – Précarisation et

maintien des aides

financières

D3 – Dégradation et

augmentation du

nombre de

logements par

division

J1 Dimension

paysagère négligée

N1 – Maintien et

amplification de

l’engagement des

pouvoirs publics

97

perdu de son cachet, poursuivant ainsi le processus déjà engagé de

déqualification.

Quartier peu attractif, quartier à l’histoire populaire, il a ainsi continué à

accueillir une population parmi les plus précaires. La Basse Ville n’a pas

retenu ses jeunes ; il est progressivement devenu un quartier « béguinage ».

Le petit faubourg écarté a gardé sa position de petit faubourg, sans rêve et

sans promesse.

Les politiques publiques n’ont ainsi pu qu’accompagner l’évolution

démographique et socio-économique du quartier. D’une part, elles ont

maintenu globalement les aides financières et les allocations en direction de la

population. D’autre part, elles ont favorisé une offre de services publics et

d’équipements de proximité plus adaptés à cette population et à ses besoins,

tout en cherchant à mieux répondre aux besoins particuliers des personnes

âgées du quartier, aujourd’hui, sur-représentées. Enfin, elles ont maintenu

une animation de la gouvernance, mais celle-ci demeure aujourd’hui restreinte

aux questions de la proximité. Elle n’invite pas au partage d’une vision globale

et transversale du quartier ni à la construction d’une vision d’avenir commun.

Dès lors les thèmes peinent à se renouveler et, du fait du vieillissement de la

population, les problèmes intergénérationnels plus fréquents irriguent les

échanges avec les habitants du quartier. Ils sont même devenus un enjeu

prédominant de l’action de la maison de quartier.

Le commerce de proximité, notamment alimentaire s’est, quant à lui,

progressivement redynamisé, en développant entre autres de nouvelles

modalités de vente (livraison à domicile, vente internet, etc.). Il faut dire que la

population du quartier demeure peu mobile (une grande part ne possède

toujours pas de véhicules) malgré les efforts de désenclavement du quartier

engagés par les pouvoirs publics et le développement de la diversité des

moyens de déplacement.

En effet, les pouvoirs publics ont agi sur les facteurs d’enclavement du

quartier, en transformant les différents axes en voies douces où tous les

modes de transport trouvent désormais leur place, avec une offre plus

spécifique pour les personnes âgées. Les liaisons de proximité vers le centre-

ville et vers les pôles de services proches ou internes au quartier ont été

améliorées. Il reste que, malgré ces efforts et les évolutions engagées, la

Basse Ville se trouve toujours dans une situation d’enfermement sur elle-

même et dans sa morphologie actuelle, insulaire. Les voies de transit

continuent à encercler le quartier. Les démolitions/reconstructions sur les

bordures du quartier n’ont été conduites que partiellement. Dans le centre, la

trame viaire et morphologique du bâti a peu évolué. Intérieur et extérieur du

quartier continuent à s’opposer.

Petit faubourg à l’écart, il est pourtant traversé, mais n’est que traversé. En

effet, en raison des opportunités foncières favorables et de la situation

géographique stratégique du quartier, proche du centre ville, on assiste aussi

au développement de certaines activités d’agglomération. Le quartier reste

aussi le lieu de concentration d’administrations publiques où on ne vient que

C1 – Retour du

commerce de

proximité et

développement des

activités

d’agglomération

G4 – Différentes

communautés vivent

côte à côte

H2 – Petit faubourg

écarté

I1 – Poursuite de

l’opposition

bordure/centre

K1 – Situation

identique à

aujourd’hui

L3 – Services

adaptés aux besoins

de proximité

M2 – Tous les modes

de transport trouvent

leur place

O2 – Animation

limitée aux questions

de proximité

98

par obligation (Trésor Public, CAF…). La Basse Ville continue donc à souffrir

des allers et venues des usagers de ces services et de ces commerces mais

aussi de ceux qui fréquentent les nombreuses associations caritatives. Des

problèmes de stationnement demeurent.

Les associations caritatives, très présentes historiquement sur ce quartier en

raison des opportunités foncières et de bâti qu’il offrait, non seulement sont

restées pour la plupart d’entres elles, mais leur nombre s’est accru, leurs

activités se sont diversifiées et se sont adaptées, à la fois pour répondre à des

besoins d’agglomération mais aussi pour répondre aux besoins de la tranche

de la population la plus précarisée du quartier et pour apporter un soutien aux

personnes âgées en situation de pauvreté, ceci en complémentarité de

l’action des services publics.

Ainsi, peu à peu les anciens du quartier décèdent et avec eux les sentiments

d’appartenance et de fierté liés à l’histoire ouvrière vécue dans ce quartier

populaire et autrefois très animé et solidaire. Les nouveaux habitants

décontenancés par les divers signes de dégradation physique ont une

perception négative de leur quartier.

Quant à son image externe, les rénovations engagées dans le quartier sont

soit insuffisantes soit méconnues, soit peu visibles. La Basse Ville fait parler

d’elle dans la rubrique des faits divers à l’occasion de conflits entre les jeunes

et les personnes âgées. L’’image se délite, elle est celle d’un quartier peu

attractif et « vieux ».

E3 – Perte des

sentiments

d’appartenance et de

fierté

F1 – l’image se

dégrade

P3 – De plus en plus

d’associations

99

Scénario 6 : quartier de stockage Rédaction : Marie-Claire Barré

La Basse Ville n’existe plus. Elle n’existe plus en tant que telle, comme par le

passé lorsqu’il y avait de la fierté et un véritable sentiment d’appartenance. On

continue bien à utiliser ce nom, pour les gens qui connaissent vraiment bien la

Ville et depuis longtemps. Mais maintenant, en général, on dit plutôt « les

entrepôts du canal en sortant de l’autoroute ». Avec ses commerces fermés,

ses friches industrielles et ses logements vétustes et peu avenants, la Basse

Ville a peu à peu cédé sous la pression des injonctions émanant du centre-

ville : besoin de stationnements, besoin de stockage, besoin de zones de

logistiques de proximité.

En fait, le mouvement s’est amorcé il y a un peu plus de 10 ans, autour de

2014 / 2015, date pivot qui a marqué la fin de l’action publique de rénovation

urbaine (qui s’est arrêtée à la fin de la première phase faute de moyens

financiers). Cette phase d’intervention publique, la dernière du genre dans ce

secteur, s’est traduite par la réhabilitation des immeubles Partenord de la rue

de la Verrerie et du HBM Charles Valentin ainsi que par la démolition de

l’immeuble collectif totalement dégradé qui le jouxtait le long du boulevard

Victor Hugo (le « Bâtiment 5 », comme on l’appelait).

Mais, premier signe de changement, dans l’espace de la reconstruction

attendue sur ce site et devant les demandes répétées des habitants qui se

plaignaient du manque de stationnement, la Ville a autorisé l’aménagement

provisoire d’un parking. Face aux difficultés de financement de reconstruction,

et à l’obligation de « remplir » la troisième phase de Grand Large qui n’a pas

rencontré le succès escompté avec la promotion privée, la quarantaine de

logements a finalement été reconstruite en dehors de la Basse Ville et le

parking provisoire existe toujours. La rue Albert Sauvage est alors devenue,

avec la place Vauban, la nouvelle entrée piétonne vers le centre ville. S’y sont

dès lors développés de petits magasins de déstockage « faillites et fins de

séries » installés en rez-de-chaussée d’immeubles, profitant des cours

N2 - Arrêt de l'action

publique en 2013.

D1 – Dégradation et

diminution du

nombre de

logements

E3 – Perte des

sentiments

d’appartenance et de

fierté

J4 – Quartier de

stockage

I4 Le centre évolue

mais n’entraîne pas

la périphérie

H3 – uniformisation

voire disparition du

patrimoine

100

arrières pour y déposer pêle-mêle lots de vaisselles, bidons d’huile, pots de

peinture vendus au détail à prix sacrifiés.

Pendant ce temps, l’OPAH-RU n’ayant pas réussi à modifier l’image ni le

fonctionnement du quartier, et faute de financements complémentaires pour

mener des actions significatives de revalorisation des espaces publics, la

Basse Ville recommençait à se dégrader, à se dépeupler et à vieillir petit à

petit. De plus en plus inscrits dans la précarité, tous les habitants qui l’on pu

ont alors quitté le quartier, progressivement remplacés par une population

encore plus démunie et fataliste. L’individualisme, le repli sur soi et la

radicalisation communautaire se sont alors instaurés comme le seul mode de

fonctionnement possible. L’ambiance sociale s’y est fortement dégradée.

C’est alors, vers 2020, que la pression foncière s’est accentuée. Pour asseoir

sa politique volontariste de réduction drastique de la voiture en ville, la

collectivité a fait le choix de s’appuyer sur la Basse Ville comme « base

arrière », « coulisses » nécessaires au nouvel agencement exemplaire de son

cœur d’agglomération. Le stade du Fort-Louis, sous-utilisé, a alors été l’objet

de toutes les convoitises, jusqu’à la décision de le supprimer totalement pour

y implanter une « écoZone » (nouveau label de « logistique verte » appliquée

aux centres urbains depuis 2017). Le transport par camion de marchandises

en ville étant maintenant interdit dans Dunkerque Centre, « l’écoZone du Fort-

Louis » sert désormais de lieu de transfert des colis arrivés par voie d’eau vers

de petits véhicules électriques qui se chargent de la desserte locale.

Cette création a donné l’impulsion au lancement d’une série d’autres initiatives

visant à faciliter la vie du centre d’agglomération : aménagement massif de

stationnements sur les bords à canaux (pour accueillir les chalands extérieurs

à la Ville), installation du nouveau Tribunal d’instance aux Aubaines,

regroupement de l’ensemble des associations caritatives jusqu’alors

disséminées dans la Maison de Quartier de la rue de la Paix (vaguement

réhabilitée) de façon à libérer l’occupation de différents hangars. La rue de la

Verrerie s’en trouva alors devenir la nouvelle rue des magasins d’usines et

d’enseignes commerciales. Attirées par le renouveau du centre mais trop

populaires pour être invitées à venir s’installer dans les nouvelles opérations

menées par MultiDéveloppement, elles ont trouvé moyen de s’implanter dans

l’immédiate proximité, sur le chemin du centre devenu quasiment piéton.

Curieusement, cette nouvelle vie commerciale a quelque peu redynamisé la

vie de quartier, en permettant notamment l’implantation de nouveaux

commerces rue de Paris (restauration rapide, établissements de crédits

bancaires…).

M1 - Renforcement

de l’enclavement

A1 - Dépeuplement

B3-Précarisation et

raréfaction des aides

financières

G1 – Difficultés à

vivre ensemble

K1 – Situation

identique à

aujourd’hui

(concentration

d’administrations

publiques…)

P1 – regroupement

des associations en

un même lieu

F4 – Quartier

« avalé » par le

centre-ville

C3-Accueil de

commerces

d’agglomération

101

La Basse Ville se trouve désormais totalement « avalée » par le centre ville.

Les habitants, eux, connaissent encore à l’heure actuelle une sévère

relégation. La collectivité tente toujours de juguler la situation en préemptant

certains immeubles lorsque la salubrité publique est en jeu. Mais il y a de

moins en moins de services publics rendus à la population, la gouvernance

n’est plus animée et la population vivote dans un climat où les incivilités entre

habitants et le sentiment d’abandon est palpable.

L1 – De moins en

moins de services de

proximité

O4 Plus d’animation

102