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EXERCICE DE PROSPECTIVE TERRITORIALE APPLIQUE AU QUARTIER
DE LA BASSE VILLE (DUNKERQUE)
Septembre 2009
Sou
rce
: AG
UR
So
urc
e : A
GU
R
2
SOMMAIRE
PREAMBULE ............................................................................................................................................. 4
COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL ................................................................................................ 5
POUR SE REPERER... ................................................................................................................................ 7
METHODE ET DEROULEMENT DE LA DEMARCHE ................................................................................. 10
LES FICHES VARIABLES ........................................................................................................................... 12
Démographie du quartier ...................................................................................................................... 13
Démographie du quartier ...................................................................................................................... 13
Composition sociale de la population ................................................................................................... 18
Présence de la vie économique dans le quartier .................................................................................. 24
Structure du parc de logement et mobilité résidentielle ...................................................................... 27
Représentation du quartier par ses habitants ...................................................................................... 35
Image du quartier pour l’extérieur ........................................................................................................ 38
Convivialité, diversité culturelle et « vivre ensemble » ........................................................................ 42
Lisibilité de l’intérêt patrimonial ........................................................................................................... 47
Bordure / Centre du quartier ............................................................................................................... 50
Qualité et esthétique du paysage urbain .............................................................................................. 54
Présence des grands équipements publics ou privés ............................................................................ 59
Présence des services et équipements de proximité ............................................................................ 62
Mobilité et déplacements dans le quartier de la Basse Ville ................................................................ 65
Politiques publiques sur le quartier / visions du quartier ..................................................................... 69
3
Gouvernance ......................................................................................................................................... 73
LES HYPOTHESES................................................................................................................................... 76
LES SIX SCENARIOS ................................................................................................................................ 84
Scénario 1 : scénario tendanciel, scénario au fil de l’eau, stagnation .................................................. 85
Scénario 2 : quartier populaire et convivial. La puissance publique maîtrise le développement. ....... 88
Scénario 3 : Basse Ville- le quartier de l’agglomération à la mode sur fond vert et bleu. .................... 90
Scénario 4 : quartier alternatif, mouvement spontané, quartier autogéré (pauvres, différents mais
heureux) ................................................................................................................................................ 92
Scénario 5 : quartier béguinage : vieillissement/ appauvrissement/ la puissance publique
accompagne ces évolutions .................................................................................................................. 96
Scénario 6 : quartier de stockage .......................................................................................................... 99
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PREAMBULE C’est le collectif des chefs de projet « Politique de la Ville » qui, à l’origine, a manifesté auprès de la
Direction Générale de la Ville, le souhait de participer à l’exercice de prospective proposé par la DIV
dans le cadre d’un appel à projets. Les motivations exprimées par ce collectif relevaient pour
l’essentiel de deux préoccupations : une volonté d’acculturation par rapport à une démarche
inconnue et le désir d’interroger à postériori les axes structurants de nos projets de développement
portant sur les territoires de la Politique de la Ville.
Monsieur Michel DELEBARRE, Maire, a d’emblée accepté de s’engager dans cette démarche
expérimentale pour la Ville.
L’Agence d’Urbanisme de l’agglomération de Dunkerque, interrogée par rapport à cet appel à projets
a immédiatement répondu favorablement à l’interpellation de la Ville pour accompagner le
processus.
LE CHOIX DU TERRITOIRE D’EXPERIMENTATION
Par rapport à l’affichage initial de la Ville quelque peu démesuré il fut décidé dès la première réunion
technique et sur les conseils de l’AGUR de retenir un objet et un territoire plus en adéquation avec
l’exercice proposé.
Le choix du quartier de Basse Ville s’est très vite imposé comme étant le plus en adéquation avec les
objectifs que nous assignions à la démarche de prospective exploratoire (acculturation collective et
réinterrogation de notre projet de développement social et urbain) :
- il s’agit d’une île et d’un îlot IRIS situé à l’articulation entre le Centre Ville/cœur d’agglomération, une commune limitrophe importante (Coudekerque-Branche) et les territoires d’habitat social inscrits en ZUS,
- c’est un territoire complexe en terme de développement mixant du logement social et un patrimoine privé dégradé,
- ce quartier s’inscrit dans un processus de transformation complexe qui articule : - un projet de cohésion sociale (CUCS),
- un projet de rénovation urbaine (ANRU),
- une OPAH – RU,
- une opération de restructuration immobilière,
Ce quartier concentre donc en termes de développement social et urbain toutes nos interrogations,
nos propositions et nos engagements pour l’avenir. En cela, il constitue un territoire « idéal » pour
expérimenter une nouvelle démarche territoriale.
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COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL
Elus
Wulfran DESPICHT, Adjoint au Maire, chargé de l’Habitat et des Affaires Sociales
Louardi BOUGHEDADA, Adjoint Spécial de Malo, chargé de la Politique de la Ville et de la
Rénovation Urbaine
Christian CLABAUX, Adjoint Spécial de Dunkerque Sud
Daniel LEMANG, Adjoint Spécial de Malo, chargé de la Démocratie Locale
Techniciens
Ville
Gilles TAVEAU, Directeur Général Adjoint – Direction des Territoires et de la Vie de Quartier
Véronique DUPAS, Directrice – Direction du Développement
Anne-Cécile GAUTIER, Directrice de la Mairie de Quartier de Dunkerque Sud
William MAUFFROY, Directeur des Archives Municipales et d’Agglomération
Armelle LEROY, Chef de Projet Politique de la Ville – Quartiers d’Habitat Ancien
Clotilde EGRAZ, Chef de Projet Politique de la Ville – Banc Vert
Marie-Claire BARRE, Chargée de mission Projets de Territoires
Anne PLANTE, Directrice de Projet de Quartier – Démocratie Participative
AGUR
Jean-François VEREECKE, Directeur de l’Observatoire
Laure PACCOU, Chargée de mission
Jean YSEBAERT, Chargé de mission
Francine BARDY, Chargée de mission
Nicolas JONCQUEL, Chargé de mission
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CUD
Elodie CAPPELLE, Chargée de mission Logement Privé
Bénédicte TILLARD, Chargée de mission Cohésion Sociale
ADUGES
Eric DI SALVO, Directeur de la Maison de Quartier de la Basse Ville
Mme FASQUELLE, Habitante du Quartier de la Basse Ville
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METHODE ET DEROULEMENT DE LA DEMARCHE
Origine du projet
Objectifs
Choix du quartier
Constitution d’un groupe de travail
Calendrier des réunions du groupe de travail :
o 20 novembre 2008 : présentation de la démarche par la DIV et de la méthode par
Futuribles. Choix des variables.
o 13 et 15 janvier 2009 : réunion de mise au point sur la méthode de rédaction des
fiches variables
o 12 mars 2009 : restitution et validation des fiches variables
o 9 avril 2009 : combinaison des hypothèses, définition de 6 scénarios
o 19 mai 2009 : restitution des scénarios rédigés. Echanges sur les suites à donner.
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Démographie du quartier Référents : Laure Paccou, Francine Bardy
Description de la variable
Définition
La variable s’intéresse au peuplement de la Basse Ville et à l’évolution de la structure par âge de la
population.
Indicateurs
En l’absence de chiffres récents, les indicateurs retenus sont issus des recensements 1982, 1990 et
1999, à l’îlot et à l’iris. Il s’agit du nombre d’habitants par tranches d’âge, de la part des moins de 20
ans, de l’indice de jeunesse et de l’âge de la personne de référence du ménage.
Rétrospective
Un peuplement progressif
Le quartier s’est peuplé progressivement. Il est créé par Vauban en 1678 à destination « des matelots
et des étrangers ». Puis il accueille un lotissement d’une trentaine de familles déplacées de
Rosendaël. Mais le quartier n’attire pas les foules. Durant la fin du XVIIIème et le début du XIXème
siècle, la population s’installe très lentement. Ce n’est qu’après 1910 que la Basse Ville passe le cap
des 5.000 habitants.
Ce chiffre a diminué depuis. En 1990, le quartier recensait 3.139 habitants. En 1999, une
augmentation de population a été constatée : 3.515 personnes habitaient la Basse Ville soit une
augmentation de +10 % (contre +074 % pour la commune de Dunkerque). Cette progression est liée
à l’augmentation du nombre de logements. Une centaine de logements locatifs sociaux ont été
construits dans le quartier. La diminution de la vacance de logements (100 logements) et la division
de logements anciens (le parc construit entre 1915 et 1948 ayant progressé d’une centaine de
résidences principales) ont aussi contribué à cette hausse (cf. fiche structure du parc de logements).
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Une sur-représentation des 20-30 ans
La structure du parc se caractérise par une majorité de petits logements et par un turn-over
important. De ce fait, les chefs de famille sont jeunes avec une sur-représentation des moins de 30
ans (21 contre 10 % sur la CUD) et les ménages d’une et deux personnes sont les plus représentés
(respectivement 75 et 70 %) contrairement aux familles avec enfants.
Globalement, la population de la Basse Ville n’est donc pas la plus jeune de l’agglomération. La part
des moins de 20 ans est de 27,5 % dans le quartier contre 29,3 % à l’échelle de la CUD.
La Basse Ville n’est pas le quartier le plus jeune de l’agglomération
En 1999, la comparaison de la structure par âge de la Basse Ville avec celle de Dunkerque révélait
quelques spécificités :
- Une part plus importante des jeunes enfants (0-4 ans) mais au contraire une sous-
représentation des 10-19 ans.
Répartition par âge des ménages
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
CUD
DUNKERQUE
SAINT-POL-SUR-MER
SUD CENTRE GARE
JEU DE MAIL CARRÉ ILE JEANTY
BASSE VILLE
CHEMINOTS
QUAI WILSON
SAINT GOBAIN
SAINT BENOIT
SAMARITAINE
CARNOT
15-29 ans
30-39 ans
40-59 ans
60 ans et plus
Age de la personne de référence
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- Une sur-représentation des 20-30 ans
- Puis une sous-représentation de toutes les classes d’âge à partir de 35 ans.
Entre 1990 et 1999, la tendance était au rajeunissement : l’indice de jeunesse de la Basse Ville
augmentait passant ainsi de 1,45 à 1,71 tandis que les indices de la ville de Dunkerque et de la CUD
eux diminuaient.
Ce rajeunissement s’explique par une diminution des personnes âgées de plus de 50 ans. Ainsi
l’évolution de la structure par âge entre 1990 et 1999 a montré :
- Une diminution de la part des moins de 20 ans (- 1,2 points entre 1990 et 1999)
- Une forte progression de la part des 20-29 ans (+ 7 points)
- Une diminution des plus de 55 ans (- 4,9 points).
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Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la
variable ?
Tendances lourdes
- Le nombre de ménages ne progresse plus entre 1999 et 2005 : la population aurait tendance
à diminuer.
- Une diminution de la population jeune et des plus de 50 ans
- Une sur-représentation et une augmentation de la génération des 20-30 ans
Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures
- Impact de l’OPAH RU : objectifs politiques d’attirer des familles et de maintenir le caractère
populaire du quartier
- Changement dans la structure du parc : augmentation de la taille des logements,
changement dans la répartition locataires/propriétaires
- Nouvelle offre de logements et de services attirant des familles avec enfants
Signaux faibles
- Stabilité du nombre de ménages et baisse de la population dans la CUD
- Politique de peuplement des organismes HLM et application de la loi sur la mobilisation pour
le logement et la lutte contre l’exclusion et plus particulièrement, des mesures concernant la
mobilité dans le parc HLM (surloyers, sous-occupation)
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- Vieillissement global de la population
- Difficultés du centre ville (notamment les immeubles de la Reconstruction) à accueillir une
population vieillissante
- Recherche de foncier pour construire des structures d’accueil pour personnes âgées
(béguinage…).
Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans
le futur ?
Hypothèse 1 : Le quartier se dépeuple. Avec les phénomènes de décohabitation, la taille des
ménages continue à diminuer et à population constante, tous les logements sont occupés. Le taux de
vacance est faible. Perdant de son attractivité et n’ayant plus une offre en logements suffisante, le
quartier n’attire plus de nouvelles populations et vieillit.
Hypothèse 2 : La population augmente. Les familles avec enfants peuvent rester ou venir s’installer
dans le quartier. La part des moins de 20 ans s’en trouve renforcée. Les personnes âgées sont plus
nombreuses. De ce fait, les 20-29 ans ne sont plus en sur-représentation. Le quartier retrouve une
certaine mixité générationnelle.
Hypothèse 3 : La population se renouvelle (turn-over dans les logements) mais sans augmenter et
sans se diversifier. La répartition par âge de la Basse Ville reste telle que nous la connaissons
aujourd’hui.
Hypothèse 4 : La population augmente et subit un processus de vieillissement accentué. Les jeunes
quittent la Basse Ville. Les habitants actuels restent sur le quartier et y vieillissent. De nouvelles
personnes âgées arrivent sur le quartier.
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Composition sociale de la population Référents : Laure Paccou
Description de la variable
Définition
La variable porte sur le profil social des habitants de la Basse Ville, notamment leur situation
professionnelle et leurs ressources.
Indicateurs
Trois indicateurs ont été choisis pour cerner la composition sociale de la population : les catégories
socio-professionnelles (INSEE RGP 1990-1999 et DADS 2005) ; les revenus (INSEE DGI 2002-2005, CAF
2004) ; les demandeurs d’emploi (INSEE RGP 1990-1999 et ANPE 2006).
Rétrospective
Quartier destiné au logement des matelots étrangers au XVIIème siècle, la Basse Ville voit ensuite
s’implanter plusieurs industries au XVIIIème (verrerie royale, blanchisserie). A l’aube du XIXème siècle, la
réalisation du canal de jonction facilite le passage des péniches et permet à la Basse Ville de se
tourner vers les activités commerciales et industrielles. Cette histoire donne très tôt à ce quartier
une vocation ouvrière. Encore aujourd’hui, la Basse Ville est associée à l’image d’un quartier
populaire, abritant une population aux revenus modestes, anciens dockers et salariés de l’industrie.
Une population d’employés et d’ouvriers
La population de la Basse Ville est majoritairement composée d’employés et d’ouvriers. Aux
recensements de 1990 puis 1999, le quartier détenait invariablement le plus fort taux d’employés de
la ville de Dunkerque mais aussi de l’agglomération (39 % et 40 %). Entre ces deux dates, la catégorie
des ouvriers (39,8 % en 1990) a sensiblement diminué tout comme celle des cadres déjà peu
représentés. En 1999, la Basse Ville enregistrait une proportion de cadres parmi les plus faibles de
l’agglomération (2,7 %).
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Plus récemment, en 2005, l’analyse de la répartition des salariés habitant la Basse Ville a montré les
mêmes spécificités : employés et ouvriers sont les plus représentés (84 % des salariés résidant en
Basse Ville) avec des taux parmi les plus élevés de Dunkerque. Au contraire, une faible proportion de
cadres et de chefs d’entreprises salariés habitent ce quartier (2,7 %).
Les actifs sont une majorité à travailler dans le secteur tertiaire. En 1999, il s’agissait principalement
de l’éducation, la santé, les activités sociales et l’administration. Entre les recensements de 1990 et
1999, la part de la population travaillant dans l’industrie a diminué de 2,5 points (17,8 % en 1999).
Cette diminution traduit en partie un « glissement » de l’activité industrielle vers la catégorie des
services aux entreprises (qui elle est répertoriée dans le secteur tertiaire).
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En 2005, un quart des salariés habitant la Basse Ville travaillaient dans ce domaine. Plus précisément,
19,5 % étaient répertoriés dans les services opérationnels c’est-à-dire l’intérim, la sécurité, le
nettoyage, les services de location. Parmi ceux travaillant dans l’industrie, 35 % appartenaient au
secteur de la métallurgie. Notons également que 36,4 % des salariés travaillaient à temps partiel.
Des revenus faibles
En 2002, la Basse Ville apparaissait comme l’un des 10 quartiers disposant des plus faibles revenus
moyens par unité de consommation. Malgré une hausse des revenus observée entre 2002 et 2005,
cette classification est restée inchangée. En 2005, 60,7 % des ménages fiscaux étaient non
imposables.
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Conformément au profil socio-professionnel de la population, les ressources des ménages sont
principalement issues des traitements et salaires (72 % en 2002 comme en 2005).
Parmi la population âgée de moins de 65 ans, 8,8 % des personnes sont allocataires du RMI. Ce
pourcentage était le plus élevé des quatre principales villes de l’agglomération en 2004. 70 familles
bénéficient de l’API.
Chômage en hausse
Entre les deux derniers recensements de la population, le taux de chômage de la Basse Ville a
progressé de 7,5 points pour atteindre 31,7 % en 1999. Il s’agissait de l’une des plus fortes
augmentations de la ville de Dunkerque (avec le Banc Vert) mais aussi de l’agglomération. Les
hommes ont été les plus touchés par cette évolution : leur taux de chômage est passé de 20,2 % à
29,7 % soit une hausse de 9,5 points.
24,20%
20,20%
29,60%
31,70%
29,70%
34,20%
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
35,00%
40,00%
Taux de chômage Taux de chômage Hommes Taux de chômage Femmes
Progression des taux de chômage de la Basse Ville entre1990 et 1999
1990
1999
Source : INSEE
Plus récemment, parmi les demandeurs d’emploi inscrits à l’ANPE en 2006, 59,4 % étaient des
hommes et 40,6 % des femmes ; un quart avait moins de 25 ans ; près de la moitié disposait d’un
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BEPC, BEP ou CAP. Plus de la moitié des demandeurs étaient au chômage depuis moins de 6 mois et
57 % venaient se réinscrire après un intervalle de moins de 7 mois.
Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la
variable ?
Tendances lourdes
- Aristocratie ouvrière pendant longtemps, revenus stables suffisants (femmes au foyer),
ouvriers qualifiés qui cohabitaient avec travailleurs immigrés. Basculement dans les années
60
- Absence de mixité sociale caractérisée par une population majoritairement employée et
ouvrière et une très faible représentation de la catégorie des cadres
- Concentration de foyers à faibles ressources et dépendants des minima sociaux
- Augmentation du chômage
- Précarisation de la situation des salariés : intérim, temps partiel.
Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures
- Augmentation de l’attractivité du quartier vis-à-vis d’une population plus aisée ;
diversification du parc de logement
- Capacité des personnes percevant les minima sociaux à s’insérer à nouveau sur le marché du
travail ; diminution des aides sociales
- Meilleure adéquation entre les offres d’emploi et le profil des chômeurs du quartier
- Augmentation du recours aux emplois précaires notamment dans l’industrie
- Le taux d’activité féminin augmente
Signaux faibles
- Les récents projets liés à l’habitat : OPAH RU, démolitions
- Crise économique notamment dans l’industrie : intérimaires congédiés, ralentissement des
embauches.
Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans
le futur ?
Hypothèse 1 : La Basse Ville retrouve une image positive. Le parc de logements se renouvelle. Le
quartier devient plus attractif et attire d’autres catégories de population : professions intermédiaires,
cadres, chefs d’entreprises, retraités. Il y a davantage de mixité.
Hypothèse 2 : Les personnes au chômage parviennent à retrouver un travail. La dépendance vis-à-vis
des aides sociales s’atténue. Le quartier retrouve aussi une vie économique plus dynamique qui fait
vivre une partie de ses habitants. De façon générale, les revenus de la population augmentent. La
composition sociale n’évolue pas : ouvriers qualifiés, employés, populations précarisées continuent à
cohabiter dans le quartier.
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Hypothèse 3 : La crise économique renforce les difficultés du quartier. Les salariés de l’industrie
restent au chômage. Les situations précaires se multiplient. Les aides financières, les allocations se
raréfient.
Hypothèse 4 : Le quartier reste pauvre mais les aides financières et allocations se maintiennent. Le
chômage reste élevé, la dépendance aux aides sociales est forte.
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Présence de la vie économique dans le quartier Référents : Jean-François Vereecke
Description de la variable
Définition
Nous étudions ici la présence d’activités économiques dans le quartier, notamment le commerce et
l’artisanat. Cette variable doit permettre de donner un aperçu de la vie économique du quartier et,
par conséquent, de sa mixité fonctionnelle.
Indicateurs
L’analyse se base sur un relevé de terrain des activités, confronté au fichier de la chambre de
commerce. L’ensemble des activités recensées a été intégré au système d’information géographique
de l’AGUR afin de compléter l’approche par une analyse spatiale. Les résultats obtenus sont
comparés au diagnostic réalisé par la ville de Dunkerque en 1992.
L’indicateur retenu est le nombre d’établissements par type d’activité. On complètera cette
approche quantitative par un regard qualitatif permis par la visite sur site.
Rétrospective
Le quartier de la Basse Ville a longtemps accueilli des activités artisanales et industrielles que l’on
éloignait du centre-ville en raison de leurs nuisances. Ainsi, on y trouvait les abattoirs, des brasseries
(notamment dans le bâtiment des « Aubaines » actuellement à l’abandon), une verrerie, les
établissements Saint Frères et une importante fabrique d’huiles végétales (à l’emplacement des
immeubles HLM de la Verrerie). On y trouvait également des activités publiques (centre régional des
douanes, les pompiers…).
Un diagnostic rédigé par la ville de Dunkerque en 1992 dresse un état des lieux précis du commerce
et de l’artisanat dans le quartier. Il y a 17 ans, on constatait déjà une dégradation sensible de
l’économie locale. Pour 77 % des professionnels interrogés, la situation générale de l’activité
économique du quartier était jugée moyenne ou médiocre. Et pour 50 % d’entre eux, la situation se
dégradait.
Les causes identifiées étaient les suivantes :
- Manque de chaland, notamment du fait du dépeuplement du quartier
- Problèmes d’aménagement urbain (stationnements, trottoirs, friches, éclairages publics)
- Manque d’animation commerciale répétée.
Cependant, 86 % considéraient que « les aménagements et la situation actuelle du quartier étaient
favorables à une activité commerciale prospère ».
Dix-sept ans plus tard, on ne peut que constater que ce sentiment était particulièrement optimiste.
Aujourd’hui, on ne recense plus que 21 commerces dans le quartier, soit 27 de moins qu’en 1992. Les
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PME ont quasiment toutes disparues et leurs locaux sont occupés essentiellement par le tissu
associatif.
1992 2009 Evolution
Nombre de commerces 48 21 -27
Nombre d’établissements artisanaux et PME
31 14 -17
Sources : Ville de Dunkerque, CCID, AGUR
Le commerce de détail dans le quartier est marqué par une quasi disparition de l’alimentaire. La
dernière supérette présente sur le quartier a fermé il y a quelques mois, aucun repreneur ne s'est
manifesté. Seules deux boulangeries et une boucherie proposent encore leurs services. On retrouve
encore quelques cafés. L’essentiel des commerces recensés n’ont pas une vocation de proximité
(Cuir Center, Maison coloniale, OPEL Westhoek automobile…). Ces derniers ont pris place le long des
artères générant le plus de flux (angle boulevard Victor Hugo et quai des Quatre Ecluses, rue du Fort
Louis, rue de Paris), c'est-à-dire majoritairement en périphérie du quartier.
Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la
variable ?
Tendances lourdes
Les commerces de proximité disparaissent progressivement laissant place à des friches. Seule la rue
de Paris semble être épargnée et bénéficie de l’importance des flux sur cette artère. Depuis la
fermeture des Aubaines, seul le contour du quartier reste attractif pour des commerces à vocation
d’agglomération. Cette attractivité ne génère pas d’animation dans le quartier. Certains départs
d’enseignes sont annoncés (CLOVER, OPEL).
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Les PME tendent à disparaître totalement de la Basse Ville.
Facteurs de rupture
- Un accroissement de la population et du pouvoir d’achat dans le quartier
- L’implantation d’équipements attractifs susceptibles de devenir des locomotives
commerciales au sein du quartier
- Création d’animations susceptibles d’attirer le chaland (marchés spécialisés, marché aux
puces, bouquinistes, marché aux fleurs…)
Signaux faibles
- Le projet centre-agglo prévoit plus de 4000 m² de commerces (théâtre et marine-gare) ce qui
laisse peu de place à un développement commercial de la Basse Ville pour du commerce
d’agglomération
- Rénovation urbaine actuelle, prix de l’immobilier
- Crise économique – augmentation du chômage, notamment pour les actifs du secteur
industriel
- Loi LME
Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans
le futur ?
Hypothèse 1 : Le commerce de proximité est redynamisé, notamment dans l’alimentaire. Ce
changement de tendance rend le quartier plus attractif. Son image évolue et il attire également des
activités d’agglomération venant profiter des opportunités foncières et de la situation géographique
stratégique du quartier.
Hypothèse 2 : Le commerce de proximité se limite à quelques établissements situés rue de Paris. Le
cœur du quartier s’en trouve dévitalisé, ce qui le rend encore moins attractif. Il n’y a pas non plus
d’installations d’activités d’agglomération.
Hypothèse 3 : Le quartier accueille davantage de commerces d’agglomération et d’activités en
recherche d’emplacements bon marché. Ces activités nouvelles génèrent une demande en
restauration rapide et en services ce qui permet le maintien d’une vie économique locale.
Hypothèse 4 : développement d’une économie alternative, informelle.
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Structure du parc de logement et mobilité résidentielle Référents : Francine Bardy, Armelle Leroy, Elodie Cappelle, Jean Ysebaert
Description de la variable
Définition
La variable porte sur les caractéristiques du parc de logements (statuts d’occupation, taille des
logements, périodes de construction) et les impacts de son évolution sur la mobilité résidentielle.
Indicateurs
- Statuts d’occupation (INSEE RGP 1990-1999 et FILOCOM 2001-2005)
- Périodes de construction (INSEE RGP 1990-1999)
- Taille des ménages (INSEE RGP 1990-1999)
- Réhabilitations : bilan des opérations de 1974 à 1980 (source : ARIM)
- Mobilité résidentielle (INSEE RGP 1990-1999)
Rétrospective
Un quartier d’habitat populaire
Historiquement, la Basse Ville accueille une population ouvrière et voit se construire en 1931 les tout
premiers HBM. Puis, avec l’arrivée d’Usinor et de ses sous-traitants (1960-1970), se développe un
parc locatif privé médiocre qui a pour fonction de loger une clientèle de passage ou non, qui n’a pas
accès au parc HLM. Les marchands de sommeil s’implantent en achetant des immeubles de rapport
reloués pour partie en meublés. A la même période, la présence de foncier disponible et peu cher sur
les franges du quartier permet la construction de logements HLM collectifs sous formes de barres et
de tours. Dans les années 1980, l’acquisition par le PACT de logements anciens transformés en
logements locatifs sociaux ou très sociaux augmente la fonction d’accueil des personnes n’ayant pas
accès au logement HLM ordinaire.
Aujourd’hui, l’implantation de structures d’hébergement et de logements d’insertion renforce cette
fonction sociale avec l’accueil de population en situation de précarité.
Un parc locatif accueillant des petits ménages
La prédominance du parc de logements locatifs est une des principales caractéristiques du quartier.
Le parc de logements de la Basse ville est constitué à plus de 90 % de logements locatifs publics et
privés.
28
L’évolution du parc montre la progression du nombre de petits logements.
La taille des ménages diminue et le quartier accueille de plus en plus de personnes isolées.
29
Deux tiers des logements dans le parc social Le parc HLM représente 63 % des résidences principales avec 1013 logements en 2005, répartis
essentiellement à la périphérie du quartier. Construits par PARTENORD Habitat, anciennement office
départemental du Nord, quatre ensembles bordent le quartier : les HBM (1931 - 50 logements), la
Verrerie (1954-1960 - 294 logements), Saint-Charles (1960-1961 - 239 logements) et la tour Victor
Hugo (131 logements).
Les opérations les plus récentes ont été construites depuis 1990 à l’intérieur du quartier : 261
logements (rue du Fort Louis, rue de la Paix, rue de la Verrerie...) dont 43 en PLI (logements
intermédiaires).
30
Le parc social est occupé par une majorité de petits ménages : 64 % comptent une ou deux
personnes.
Un parc privé ancien et inconfortable
Le cœur du quartier est constitué d’un parc privé de 522 logements dont les trois-quarts sont en
location. Il s’agit d’un parc relativement ancien (60 % des logements ont été construits avant 1949) et
dans certains cas devenu inconfortable (12,8 % de ce parc est qualifié comme tel).
Locatifs privés 391 100 %
dont antérieurs à 1949 229 59 %
dont inconfortables 40 10 %
Propriétaires occupants 131 100 %
dont antérieurs à 1949 46 35 %
dont inconfortables 10 8 %
Source : INSEE RGP 1999
La progression du nombre de logements anciens entre 1990 et 1999 reflète les divisions de
logements et la remise sur le marché de logements vacants. Le nombre de logements vacants est
divisé par deux au cours de la période, passant de 209 à 107.
31
Une succession d’opérations de réhabilitation
En 1974, une opération de restauration immobilière est lancée, suivie d’une OPAH en 1978, nouvelle
procédure instaurée par la réforme des aides au logement. Le nombre de logements à améliorer
s’élevait à 683.
Ces deux opérations ont entraîné la réhabilitation de 400 logements locatifs privés et de 48
logements occupés par leur propriétaire. Les travaux ont porté sur la mise aux normes minimales
d’habitabilité. Le montant moyen des travaux est évalué en euros constants par logement à 8.960
pour les logements locatifs et 9.788 pour les propriétaires occupants.
Le PACT de Dunkerque commence à acquérir quelques immeubles anciens qui seront divisés en
petits logements et viendront renforcer la fonction d’accueil de populations en difficultés du
quartier. Les propriétaires bailleurs privés contribuent aussi à la division des immeubles en petits
logements pour des questions de rentabilité.
Le bilan des opérations de réhabilitation, positif vu le nombre de logements améliorés et le maintien
dans leur logement de 9 locataires sur 10, pose la question de la nature des travaux engagés. De
faible ampleur, ils n’ont pas permis de maintenir un parc de logements d’un niveau correct. Par la
suite, le manque d’entretien et le turn-over rapide des locataires ont fragilisé l’état du bâti.
Cependant, une trentaine de logements estimés insalubres et situés en fond de cour ont été démolis.
Dans les années 1980, le PACT poursuit sa politique d’acquisition en produisant des logements
d’insertion.
A partir des années 1990, faute de promoteurs privés pour investir, la collectivité incite plusieurs
bailleurs sociaux (autres que l’OPAC propriétaire des immeubles de la Verrerie et de Saint-Charles) à
construire de nouvelles résidences dans le quartier afin de diversifier l’offre en logements et le profil
démographique des nouveaux habitants.
32
Au fil des années, le PACT n’a plus les moyens d’entretenir son patrimoine. En 2006, la CUD décide
d’acquérir le parc du PACT pour le rétrocéder aux organismes HLM.
Une OPAH Renouvellement Urbain démarre en 2008 et fait l’objet d’une convention avec l’ANRU
signée en janvier 2009.
Une mobilité résidentielle forte
Le quartier de la Basse Ville connait une mobilité résidentielle élevée : les trois-quarts des habitants
ont changé de logement entre 1990 et 1999, un tiers n’habitait pas la commune en 1990.
Cette mobilité repose sur l’accueil de populations en situation de précarité. L’existence d’un parc
locatif privé médiocre, les logements très sociaux du PACT et la présence de marchands de sommeil,
permettent à des populations exclues des circuits HLM de se loger.
Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la
variable ?
Tendances lourdes
- Compte-tenu de la structure du parc de logements (petits logements) et de la prédominance
des logements locatifs, la vocation du quartier reste l’accueil de petits ménages modestes
(parc locatif privé, parc HLM) voire en situation de précarité (logements très sociaux du PACT,
marchands de sommeil, foyers d’hébergement)
33
- Le comportement des propriétaires bailleurs privés qui privilégient la location de petits
logements plus rentables en termes de loyer
- La persistance d’un faible niveau de confort du parc privé malgré plusieurs opérations de
réhabilitation
- La difficulté à relancer la construction neuve et à attirer les promoteurs privés
- Un turn-over important.
Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures
- La diversification du parc de logement en termes de taille et de statut
- L’amélioration du parc privé et la disparition des marchands de sommeil
- Les changements de comportement des propriétaires bailleurs privés
- Les politiques d’attribution des bailleurs publics, notamment dans les logements du PACT.
Signaux faibles
- La crise économique et les capacités financières des différents acteurs à mener à bien l’OPAH
RU
- La réponse des bailleurs privés face à la volonté politique de produire des logements
familiaux
- La concurrence des futurs logements neufs en centre ville, les nouvelles normes de qualité et
d’économie d’énergie pouvant accélérer le déclassement de l’habitat ancien
- La volonté politique de maintenir les classes modestes dans le quartier
- La diminution de la population : depuis 1999, il n’y a pas eu de création de nouveaux
ménages (évolution démographique de l’agglomération dunkerquoise). La signature de la
convention ANRU qui devrait accélérer la requalification du quartier
- L’intervention sur les espaces publics pour améliorer l’image du quartier
- L’impact du projet centre ville
- L’application de la loi sur la mobilisation pour le logement et la lutte contre l’exclusion et plus
particulièrement les mesures concernant la mobilité dans le parc HLM (surloyers, sous-
occupation), et les conséquences pour les locataires de la Verrerie. Les démolitions de
logements HLM : Saint-Charles, Verrerie en partie ?
Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans
le futur ?
Hypothèse 1 : La paupérisation s’accentue. Les gens qui le peuvent quittent le quartier.
L’investissement public n’a pas d’influence sur le privé. L’OPAH RU ne réussit pas à modifier l’image
du quartier et son fonctionnement. Les financements manquent pour mener des actions
significatives de revalorisation des espaces publics. Le nombre global de logements diminue. Le
quartier se dégrade fortement.
Hypothèse 2 : On observe une augmentation globale du nombre de logements sur le quartier. Les
projets du centre-ville se réalisent entraînant une raréfaction du foncier. La pression de la demande
34
en logements, commerces, équipements, services se reporte sur la Basse Ville qui devient un secteur
attractif pour les promoteurs privés.
Hypothèse 3 : Dégradation et augmentation du nombre de logements par divisions.
35
Représentation du quartier par ses habitants Référents : Eric Di Salvo, Jean Ysebaert, Lysiane Fasquel
Description de la variable
Définition
Il s’agit de décrire l’image que se font les habitants de la Basse Ville de leur quartier, non pas par
rapport à ce que les autres en disent, mais par rapport à la manière dont ils le vivent de l’intérieur.
Indicateurs
Recueil de ce que disent les habitants de leur quartier ; des relations qu’ils entretiennent entre eux,
de ce qu’ils disent aux partenaires.
Profil social des habitants du quartier
Sources : Projet social de développement local 2008-2012 (diagnostic partagé p. 62-63), Projet Social
de Territoire Dunkerque Sud, Etude sociale et du bâti du quartier de la Basse Ville (2003)
Rétrospective
Dans le quartier de la Basse Ville, on peut distinguer deux catégories de population :
- Les natifs, les anciens du quartier. Ils sont issus de familles implantées depuis plusieurs
générations ou y vivent depuis longtemps (40-50 ans, voire plus). Ils expriment un sentiment de
fierté d’appartenance à ce quartier. Ils revendiquent une identité populaire issue de leurs origines
ouvrières. Ils ont connu les « belles époques » du quartier, marquées par des traditions festives, de
convivialité et de solidarité familiales ou de voisinage. Cette catégorie de population déplore la
mauvaise réputation du quartier qui est véhiculée à l’extérieur. Ils se défendent d’ailleurs de
l’amalgame qui allie « Basse Ville » à « Basse Classe ».
- Une deuxième catégorie d’habitants est composée de personnes moins anciennes (moins
de 20 ans d’ancienneté) qui se considèrent comme de « passage », dans la mesure où certains
cherchent à partir le plus vite possible. Ils ont honte d’ailleurs de dire qu’ils habitent (ou qu’ils ont
habité) la Basse Ville et préfèrent indiquer leur adresse par le nom des rues que par celui du quartier.
Ils se considèrent « de passage » car pour certains ils n’habitent pas en Basse Ville par choix. Ils ont
une moins bonne image de leur quartier. Ils vivent dans des immeubles de mauvaise qualité. A
l’inverse des anciens ils n’ont connu du quartier que la « mauvaise période » ; c'est-à-dire celle de la
fin des 30 Glorieuses, de la crise économique, de la distension des liens sociaux et du sentiment
d’insécurité qui en résulte. Ils n’entretiennent pas, dans leur imaginaire, la même image nostalgique
véhiculée par les anciens.
36
Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la
variable ?
Tendances lourdes
Au fil du temps, le quartier de la Basse Ville, historiquement isolé et maintenu à l’écart du centre
ville, développe l’image d’un quartier, revendiqué comme populaire, ouvrier, solidaire et convivial
par ses habitants et possédant une culture et une tradition d’accueil des exclus. Il évolue et son
image de quartier populaire se transforme en quartier en difficultés (sinon difficile).
Cependant, cette tolérance à l’accueil des exclus de la bonne société qui confère à ce quartier une
spécificité dont elle peine à se sortir, semble avoir atteint ses limites.
Aujourd’hui, les habitants ont, de leur quartier, une image qui s’est dégradée au fil du temps mais
qu’ils ont à cœur de redorer, à « relever » comme ils disent. L’image qu’ont les habitants de leur
quartier dépend également de la qualité de l’image physique (esthétique, qualité du bâti, propreté,
espaces verts, etc..)
Une classification de la population en 3 catégories développant chacune des représentations
différentes du quartier :
- Les anciens « notables » du quartier
- Les exclus
- Les habitants de passage, ceux qui habitent dans le quartier mais n’y vivent pas :
parce qu’ils ont une vie ailleurs parce qu’ils sont isolés, repliés sur eux même
Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures
- Echec ou réussite du renouvellement de population lié aux opérations de renouvellement
urbain ; atténuation ou augmentation des effets de transit et donc diminution ou augmentation de
l’ancienneté des habitants dans le quartier.
- Maintien de l’implantation de structures à vocations caritatives ou sociales : le quartier
continue à accueillir « ceux qui vont mal ».
- Capacité du centre d’agglo à provoquer la création de services et d’emplois.
- Impact d’un projet éducatif fort comme :
Forme de transmissions de valeurs (éducation populaire) Environnement éducatif et social des enfants, parentalité.
Signaux faibles
- Les habitants expriment de fortes velléités de participation au renouvellement de leur
quartier.
- Des groupes d’habitants prennent des initiatives, avec la Maison de Quartier pour essayer
d’animer, de faire revivre le quartier.
37
Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans
le futur ?
Hypothèse 1 : Des projets valorisants amènent la population à retrouver une image positive du
quartier. Les changements esthétiques (bâti, espaces verts, propreté) encouragent les habitants à
reparler de la Basse Ville avec fierté. Ils multiplient les actions pour redorer son image de quartier au
cachet populaire.
Hypothèse 2 : La Basse Ville est LA bonne adresse. Redevenue très attractive, elle attire une
population nouvelle, plus aisée. Pour ces nouveaux habitants, bien plus qu’un sentiment de fierté, la
Basse Ville évoque la référence du quartier à la mode. Exclues de ce processus d’embourgeoisement,
les populations modestes quittent le quartier : peu nombreux sont ceux qui revendiquent l’image
d’un quartier ouvrier et populaire.
Hypothèse 3 : La situation de la Basse Ville n’évolue guère. Peu à peu les anciens du quartier
décèdent ou s’en vont et avec eux les sentiments d’appartenance et de fierté. Les nouveaux
habitants décontenancés par les divers signes de dégradation physique n’ont qu’une piètre
perception de leur quartier.
Hypothèse 4 : La Basse Ville devient un quartier « alternatif » où se développe une vie culturelle et
artistique. Il y fait bon vivre pour des jeunes cultivés et désargentés…
38
Image du quartier pour l’extérieur Référents : Jean-François Vereecke, Jean Ysebaert
Description de la variable
Définition
On s’intéresse ici à l’image que les habitants de l’agglomération ont de la Basse Ville. La variable se
compose essentiellement de facteurs subjectifs tels que les représentations que chacun se fait de ce
territoire.
Indicateurs
Pour analyser cette variable nous faisons appel à une enquête réalisée en 2002, complétée par une
estimation de la valeur du prix au m² et un diagnostic de la Ville de Dunkerque de 1992.
Rétrospective
En 1992, dans un diagnostic de la Ville de Dunkerque on pouvait lire : « Le quartier supporte une
mauvaise image de marque vis-à-vis de la population extérieure. Cette image est véhiculée par
l’aspect vieillissant du bâti et des aménagements publics. On recense cinq friches industrielles laissées
totalement à l’abandon (bâtiments murés, incendiés…) ; 20 maisons inhabitées et 12 maisons ou
immeubles à vendre. » (…) « Par ailleurs, le vieillissement et l’état de dégradation des aménagements
et mobiliers urbains ne peuvent qu’accentuer le problème d’image. Les trottoirs de certaines rues (rue
de Paris, rue de la Paix, rue Saint Matthieu) sont totalement défoncés et n’ont subi aucune réparation
récente. L’éclairage public est précaire, voire inexistant dans certaines rues (rue de la Douane). »
Entre temps, le quartier a pu bénéficier d’aménagements urbains et de requalifications pour les
principaux axes de transit (rue de Paris, rue du Fort Louis, place Vauban). D’autres actions ont pu être
engagées, notamment en direction de l’animation commerciale, ce qui aurait pu modifier l’image du
quartier vis-à-vis du reste de l’agglomération.
Dix ans plus tard, dans le cadre du Grand Projet de ville de l’agglomération dunkerquoise, l’AGUR a
réalisé une étude sur « les quartiers tels qu’ils sont perçus par les habitants de l’agglomération
dunkerquoise ». Cette étude montre assez clairement que l’image du quartier demeure plutôt
négative, même si son caractère verdoyant et la gentillesse de ses habitants sont appréciés.
Cette enquête a été menée auprès des habitants afin de connaître leur point de vue sur les quartiers
du centre de l’agglomération dunkerquoise : Dunkerque, Petite-Synthe, Malo-les-Bains, Rosendaël,
Grande-Synthe, Coudekerque-Branche, Saint-Pol-sur-Mer et Fort-Mardyck.
Elle a pris la forme d’un questionnaire anonyme composé d’une quarantaine de questions
majoritairement fermées et semi-ouvertes. Le questionnaire s’intéresse aux quartiers que les
habitants préfèrent et à ceux qu’ils apprécient le moins dans l’agglomération. Les raisons de ces
préférences et de ces rejets ont ensuite été approfondies.
39
Sur les 505 personnes interrogées, 2 ont cité la Basse Ville en tant que « quartier préféré ». Toutes
deux étaient résidentes du quartier. Lorsqu’on leur a demandé de définir le quartier en un mot, elles
ont répondu « ouvrier » et « moyen ». Ce qui leur plaît ce sont « les espaces verts », « les
équipements », « les amis » et la « gentillesse des gens ».
Dix-huit personnes ont cité la Basse Ville en tant que « quartier le moins aimé ». Elles sont de tous
âges et ne se distinguent pas par une catégorie socio-professionnelle particulière. Dans de nombreux
cas, elles habitent l’agglomération depuis plus de dix ans et vivent dans des secteurs qui ont été cités
parmi les moins aimés (Saint-Pol-sur-Mer, Grande-Synthe, Tente-Verte, Coudekerque-Branche). Une
seule personne habite la Basse Ville.
Elles ont l’habitude de traverser le quartier. Certains s’y rendent pour leur travail ou les services
publics. Pour une grande majorité, elles le fréquentent au moins une fois par mois.
Quand on leur demande quels sont leurs quartiers préférés, elles répondent en grande majorité
Malo, Dunkerque-centre ou Rosendaël, mais citent également en deuxième ou troisième position des
quartiers en politique de la ville : le Carré de la Vieille, le Jeu de Mail, le Banc Vert, la Tente Verte,
Coudekerque-Branche, Grande-Synthe et Saint-Pol-sur-Mer.
L’image générale du quartier
Selon les personnes interrogées, elles fréquenteraient davantage le quartier s’il y avait plus de
commerces et d’animation. On reproche à la Basse Ville sa tristesse et son atmosphère misérable.
Le bâti et les rues sont jugées tristes et monotones. Le quartier serait sale et il y aurait trop peu de
végétation.
La Basse Ville est également perçue comme peu animée, sans commerce. On aimerait y trouver
davantage d’équipements culturels et sportifs.
« Si vous deviez définir ce quartier en un mot, que diriez-vous ? » :
Triste, maussade, mort, sinistré, laid, regroupement d’ethnies, dégueulasse,
abandonné, commence à renaître, béton, immeubles, bazar, immense.
« Si vous deviez donner rendez-vous dans le quartier, quel lieu choisiriez-
vous ? » :
« Nulle part », place Vauban, devant la CAF, devant l’église St Martin,
devant la maison de quartier, aux Aubaines.
Ce qui plaît dans le quartier
En plus de « la proximité du centre-ville », certains lieux sont appréciés : l’église, l’espace vert
Vauban, la maison de quartier, la bibliothèque. On site également l’animation des associations de
quartier ainsi que le fait « qu’on ait commencé à refaire ce quartier ».
Le niveau des prix des appartements (au m²) situe le quartier en dessous de la moyenne
dunkerquoise. Cependant, la proximité du centre-ville fait monter les prix de l’immobilier à un niveau
légèrement supérieur à ceux affichés par les quartiers de l’ouest de l’agglomération.
40
Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la
variable ?
Tendances lourdes
L’image de la Basse Ville est passée de celle d’un quartier populaire accueillant quelques activités
économiques (notamment « Les Aubaines ») à celle d’un quartier « triste » et « à l’abandon ». Les
enquêtes menées depuis 1992 montrent que son image ne s’est pas vraiment améliorée malgré les
investissements réalisés dans les rues principales.
Facteurs de rupture
- La qualité urbaine (bâti, voiries, espaces publics, espaces verts)
- La création de commerces, l’implantation d’équipements attractifs
- L’animation, la vie de quartier, la délinquance
- Faire savoir que le quartier se rénove, qu’il change et, par conséquent, l’évolution des prix,
du peuplement
- Un éventuel projet de grande envergure (implantation d’un équipement d’agglomération,
projet artistique, une manifestation populaire…).
Signaux faibles
- Quelques points d’accroche sont cités comme éléments positifs pour l’image du quartier.
Ceux-ci sont situés pour l’essentiel au nord, le long de la rue de la rue de Paris (église St
Martin) et de la place Vauban.
- Positif : Rénovation urbaine actuelle, prix de l’immobilier
- Négatif : Fermeture de commerces
41
Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans
le futur ?
Hypothèse 1 : Les rénovations engagées dans le quartier sont soit insuffisantes soit méconnues. La
Basse Ville fait parler d’elle dans la rubrique des faits divers, l’image se dégrade, le quartier est
relégué. Les commerces disparaissent petit à petit, ce qui contribue à donner à la Basse Ville l’image
d’un quartier sans vie.
Hypothèse 2 : La Basse Ville développe progressivement une image populaire et animée, en accord
avec son identité. Ses qualités actuelles prennent le dessus sur ses faiblesses, au bénéfice de sa
réputation.
Hypothèse 3 : La Basse Ville se rénove et devient de plus en plus prisée, notamment par les
investisseurs. Entraînée par la nouvelle dynamique du centre d’agglomération et du quartier Soubise,
elle devient, elle aussi, un nouveau quartier à la mode.
Hypothèse 4 : La Basse Ville se fond dans les projets du centre d’agglomération. « Avalée par le
centre ville », son image s’estompe et se révèle moins forte qu’aujourd’hui.
Hypothèse 5 : Un projet de grande envergure (équipement, manifestation ou autre) devient le porte
drapeau de la Basse Ville. Une identité est recréée de toute pièce faisant oublier l’image de « Basse
Ville – Basse Classe ».
42
Convivialité, diversité culturelle et « vivre ensemble » Référents : Eric Di Salvo
Description de la variable
Définition
Etat des lieux et analyse « historique » des manifestations de solidarité, de cohésion sociale, et de
convivialité en fonction des catégories sociologiques représentées dans le quartier. Evolution des
difficultés recensées en matière de tranquillité publique, de santé et d’éducation.
Indicateurs
- Recensement des difficultés en matière de tranquillité publique, d’éducation, de santé
- Recensement des lieux de cohésion sociale et de convivialité
- Evolution du nombre de manifestations à caractère festif et populaire
- Observation des types de rassemblement (communautaires, générationnels, …).
Sources : Projet social de développement local 2008-2012 (diagnostic partagé p. 62-63) Projet Social de Territoire Dunkerque Sud. Etude sociale et du bâti du quartier de la Basse Ville (2003)- ARIM Projets sociaux de la Maison de Quartier 2000/2004 et 2004/2008 Etude «Pluralité Consultant »- Groupe de tranquillité publique 2006/2007
Projet de développement social et urbain de la Ville de Dunkerque.
Rétrospective
En mai 2005, le Projet de Développement Social et Urbain des quartiers d’habitat ancien, élaboré par
la Ville de Dunkerque, relève dans son diagnostic social que le « territoire » est confronté à des
difficultés en matière de tranquillité publique. La vie sociale dans ces quartiers (Basse
Ville/Soubise/Gare) est ainsi marquée par des difficultés en matière éducative, de santé et par le
manque de dynamisation de la vie de quartier.
Des difficultés en matière de tranquillité publique
Des incivilités sont de plus en plus repérées sur le territoire et sont vécues au quotidien par les
habitants, les travailleurs sociaux, la police nationale et municipale. Ce sentiment d’insécurité, à
l’époque, est important.
A l’occasion de l’élaboration du Projet Social 2000/2004, le sentiment d’insécurité était la première
préoccupation des habitants du quartier.
Le secteur de Dunkerque Sud, pour la police nationale, regroupe les quartiers Basse Ville, Carré de la
Vieille, Jeu de Mail, Gare et Soubise. En effet, ces deux derniers quartiers dépendent du commissariat
du Jeu de Mail et non du centre ville.
43
Au sein de ce secteur, c’est la Basse Ville qui regroupait le plus grand nombre de faits constatés
(39 %) juste devant Soubise et Gare (57 %). Les deux autres secteurs arrivent loin derrière (Carré de
la Vieille 5 % et Jeu de Mail 19 %).
Dans le quartier, le problème provenait davantage de la montée de la délinquance des mineurs,
notable dans les résidences HLM vieillissantes.
Des difficultés en matière éducative
Les enseignants des écoles publiques dressaient le même constat d’un renforcement des difficultés
dans l’éducation des enfants dû :
- Au rejet de l’école ou une absence totale des parents qui se traduit par un comportement
agressif envers les enseignants
- Aux situations personnelles, facteurs d’exclusion (difficultés économiques, placements des
enfants …) et avec lesquelles il est difficile d’établir un lien
- Aux comportements des familles, les moins en difficultés socialement, qui deviennent de
plus en plus consommatrices et non plus actrices de la vie à l’école. Les associations de parents
d’élèves ont beaucoup de mal à survivre.
Les carences éducatives sont de plus en plus importantes et s’amplifient avec le passage des enfants
dans les classes supérieures.
Des difficultés en matière de santé
Les travailleurs sociaux du Conseil Général, de la CAF, les intervenants du Centre de Prévention Santé
et l’équipe de la Maison de Quartier dressaient le constat suivant :
Le manque de ressources, les difficultés scolaires, la perte de repères familiaux, les problèmes liés à
l’insalubrité des logements ont de lourdes répercussions sur la santé des familles qui peuvent se
traduire pour certaines d’entre elles par une négligence de l’hygiène et par des mauvais
comportements alimentaires.
Les parents semblent dépassés par leur situation (chômage, endettement) ; leur priorité n’est donc
plus la santé de la famille.
En outre, la prise de produits illicites et la dépendance à l’alcool sont aussi des problèmes de plus en
plus fréquents.
Le manque de dynamisation de la vie du territoire
Les conclusions des études (2003) et du Projet Social de Maison de Quartier (2004), ont souligné le
fait que le quartier manquait de dynamisation de sa vie collective.
Les quartiers anciens sont perçus comme des secteurs résidentiels où la vie associative s’essouffle.
Il existe un réel besoin de la part des habitants et des partenaires en matière de dynamisation de la
vie de quartier :
- L’ouverture des équipements publics à un plus grand nombre,
- Le développement de la vie associative
44
- L’organisation d’évènements festifs…
Selon l’étude sociale de la Basse Ville à Dunkerque, élaborée en septembre 2003, la force principale
du quartier réside dans le fait qu’il peut s’appuyer sur son histoire d’îlot de vie populaire, vivant et
convivial :
- Les anciens restent ouverts sur les autres et entretiennent des relations
intergénérationnelles
- C’est un lieu chargé d’histoire qui a la capacité de - et les caractéristiques pour -
favoriser et développer une véritable vie de quartier. En effet, les anciens affirment qu’il n’est pas si
loin le temps où se développait une vie sociale faite de festivités (radios crochets, jeux de bouchons,
cafés plus nombreux, thés dansants, ducasse de la Basse Ville… et même la présence d’un cinéma, le
Cinévog, bien connu du reste de Dunkerque et qui a donné son nom à une résidence).
- Un quartier jeune où les familles qui posent un problème de comportement pour
leur voisinage sont en nombre limité …
mais connaît un certain nombre de difficultés :
- Un sentiment d’abandon et de honte à habiter le quartier, une cohabitation rendue
difficile dans certains cas par :
La présence de ménages qui posent des problèmes de comportement et peuvent rendre une cage d’escalier difficile à vivre au quotidien
Le manque de civisme et de respect des équipements existants de la part de certaines personnes
Les adultes qui assument difficilement leur rôle de parents : perte d’autorité, absence de dialogue, non suivi des enfants.
- Absence d’investissement dans le quartier des familles du parc privé qui sont
perçues comme en grande difficulté et peu stables
- Des lieux de conflits qui atteignent un seuil critique (enfants livrés à eux même,
regroupements intempestifs de jeunes qui s’approprient l’espace public, les entrées ou halls
d’immeuble)
- Trafic de stupéfiants « endogènes ».
On recense sur le quartier quelques lieux de convivialité : la maison de quartier, le stade, des aires de
jeux, le CEntre de Formation Interculturel Rencontre, Radio Rencontre et son Cyber Centre
interculturel. La fréquentation de la Maison de Quartier (mesurée en nombre de familles adhérentes)
a progressé de 14 % entre 2004-2007. Le Projet de la Maison de Quartier est une alternative à
l’isolement de la population. Les habitants s’y sentent accueillis, écoutés.
Le quartier est également le lieu d’implantation de trois équipements religieux :
L’église Saint Martin, siège de la paroisse de Dunkerque Sud (rue de Paris) Une mosquée algérienne, rue de l’Industrie Un centre évangélique protestant, transféré du quai des Quatre Ecluses au 14, de la
rue Vauban.
45
Des tentatives récentes
Récemment, diverses initiatives ont vu le jour pour tenter de redynamiser la vie du quartier. Un
comité des fêtes, ayant entre autres vocations, de faire renaître la ducasse de la Basse Ville est en
reconstitution. La bande de carnaval de quartier reprend de la vigueur. On note aussi une tentative
d’implantation d’un marché sur une place centrale rénovée et la mise en place de manifestations de
quartier (brocante, marché de Noël, repas, etc …).
Sur le plan de la diversité culturelle
Le quartier de la Basse Ville recense 10 % de sa population comme étant issue de l’immigration. Elle
représente 3 % des habitants logés dans des logements collectifs HLM.
Cette population est surtout présente dans la partie intérieure du quartier (parc de logements
privés). Les jeunes « d’origine étrangère » expriment des sentiments de discrimination, d’accès à
l’emploi qui ont donné lieu, en 2006, à un travail sur la question sous la forme de réalisation d’une
vidéo.
Dans le quartier, les jeunes de 15-25 ans représentent 20 % de la population et 32 % des chômeurs.
… « Il n’y a pas sur ce quartier de problèmes d’insécurité impliquant significativement des jeunes de
16 à 25 ans. La Maison de Quartier a, de façon générale, de bonnes relations avec eux. Ils sont
demandeurs d’activités et de séjours. Cependant, seuls les jeunes garçons fréquentent le Centre de
Loisirs. Cela constitue un axe de travail de la Maison de Quartier pour parvenir à une plus grande
mixité des publics. Cette situation est mise en rapport avec des signes de repli communautaire.
… « La Basse Ville n’est pas décrite comme un quartier particulièrement difficile dans l’ensemble.
Deux poches sont cependant identifiées comme des îlots problématiques où des jeunes se regroupent
du fait que ce sont les seuls lieux où il y a de la place ».
Source « groupe de Ré assurance collective », Pluralité Consultant 2007 page 18.
Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la
variable ?
Tendances lourdes
- Permanence du sentiment d’insécurité - Manque de dynamisation du territoire - Faible nombre de lieux de convivialité - Présence de ménages très en difficultés, présence de familles avec des problèmes de
comportement qui rendent difficile la cohabitation, précarité relationnelle et affective source de souffrances psychologiques
- Nostalgie des festivités d’autrefois (ducasse, course cycliste…) - Sentiment de discrimination de la population d’origine étrangère - Absence de grandes manifestations festives (ex : la fête des canaux à Soubise) - Plusieurs initiatives de redynamisation du quartier ont été lancées (carnaval, brocante,
marchés…)
46
- Retour d’anciens de la Basse Ville (devenus classes moyennes « bobos ») pour re faire vivre le quartier
Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures
- La diminution de la petite délinquance - Baisse des moyens alloués à l’accompagnement social - La poursuite des initiatives redynamisant la vie de quartier ; capacité des associations de
quartier à re-dynamiser la vie de quartier
- L’installation de nouveaux lieux de convivialité, relance des manifestations festives - Echec ou réussite des opérations de re-peuplement et capacité à intégrer les nouveaux parmi
les anciens du quartier - Capacité de la Maison de Quartier :
o à développer de nouvelles formes de participation (tant en termes de nature que de qualité)
o à développer de nouveaux espaces, de nouvelles occasions de convivialité
Signaux faibles
- Sentiment d’insécurité en baisse
- Relations intergénérationnelles en voie d’amélioration
- Projet de rénovation urbaine porteur d’ambition de plus de mixité + Projet de
développement social et urbain
- Projet social de Territoire de Dunkerque Sud
- Diminution des moyens des collectivités locales
Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans
le futur ?
Hypothèse 1 : Chaque îlot de vie maintient son isolement actuel et son fonctionnement autarcique.
Les individus se renferment sur eux. L’individualisme se renforce, exacerbé par l’aggravation du
contexte économique. On assiste à une radicalisation communautaire. Le corps social implose. Les
associations, les lieux de convivialité périclitent. Les moments festifs rassemblant la population
n’existent plus. Vivre ensemble devient difficile dans un climat où les incivilités et le sentiment de
discrimination sont de plus en plus pesants.
Hypothèse 2 : La dynamique Maison de Quartier s’exporte vers l’extérieur (environnement) et le
projet RU renouvelle la fréquentation des équipements. Les acteurs publics intervenants sur le
quartier parviennent à « rassembler » les différentes composantes du secteur et la Basse Ville
redevient un quartier où il fait bon vivre, riche de toutes ses différences.
Hypothèse 3 : La Basse Ville est un quartier dortoir. Elle acquiert une attractivité purement
résidentielle. On y habite, sans y vivre. Cohabiter ne pose pas réellement de problème mais les
moments de convivialité et d’échange se raréfient.
Hypothèse 4 : différentes communautés vivent côte à côte.
47
Lisibilité de l’intérêt patrimonial Référents : William Maufroy
Description de la variable
Définition
La variable porte sur la place du patrimoine historique dans le quartier, sur sa lisibilité et l’intérêt
qu’il suscite aujourd’hui.
Indicateurs
- Travaux des archives de la ville de Dunkerque retraçant l’histoire de la Basse Ville - Eléments visibles du patrimoine sur le terrain - Recensement des démarches de valorisation patrimoniale
Rétrospective
La Basse Ville présente une singularité unique dans le territoire de la ville réputée détruite par les
guerres du XXème siècle : elle restitue à l’observateur les phases de trois siècles de mutation
urbanistique illustrant fidèlement l’histoire de Dunkerque.
Il s’agit en premier lieu de sa conception d’ensemble : espace en déshérence conquis par les
ingénieurs de Vauban, elle constitue en tant que tel un exemple intègre de conception péri-urbaine
dès le XVIIème siècle.
Sa vocation de faubourg au service du développement de la cité est toujours lisible dans sa position
insulaire entre les canaux, aux portes de la ville. Sa trame viaire restitue en outre le dessein initial
d’un espace fonctionnel de logement et d’activité hors les murs.
Il s’agit en outre des bâtiments témoins combinant la modestie des demeures (maisons de petit
module, immeubles collectifs XIXème et XXème – dont HBM) et la présence industrielle, auxquels
s’ajoutent les signes de culture populaire (une église dimensionnée à l’échelle d’une forte
concentration humaine, aux chapelles dédiées aux mariniers/ la marque des bistrots peu à peu
effacée…)
L’examen de la situation actuelle du territoire de la Basse Ville révèle l’absence de toute
considération de l’identité patrimoniale particulière, pourtant assise sur des caractéristiques
revendiquées par la ville (cité de Vauban, construite sur les bénéfices du port, nourrie par les
ingénieurs et portée par les ouvriers…).
Aucun entretien spontané de cette identité particulière n’est décelable :
- au niveau privé : pas de jeu de terminologie des bistrots, pas d’effort des implantations de service pour valoriser le site (espace « récup » des Aubaines, multiplicité des enseignes de secours…), peu d’initiative d’embellissement du fait des faibles ressources des résidents
- au niveau public : pas de signalétique promotionnelle du site, pas de terminologie symbolique au delà du terme prégnant de « Basse Ville » en soi suffisamment éloquent
48
(sinon la place Vauban…qui mène à la ville !); interventions standardisées des aménagements (conservation prévue des seules façades des HBM pourtant consignées dans divers livres de diffusion nationale pour leur intérêt patrimonial…)
NB : le cas voisin de Soubise, aux vestiges d’histoire plus manifestes, et de surcroît « dans la
cité », montre l’inverse.
Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la
variable ?
Tendances lourdes
L’identité historique et l’intérêt patrimonial sont totalement enfouis sous l’étiquette de zone de
relégation sociale. Il ne s’y évoque que de « mauvaises histoires », à l’exclusion de toute idée de
« bonne histoire », de légitimité « glorieuse » de communauté ouvrière ou marinière. Le site ne
stimule pas d’argument de fierté, n’invite pas à la revendication d’appartenance, pas même de façon
renversée avec des rapeurs « bas villains » ou des danseurs de rue « downtown »…
Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures
- Un discours officiel promoteur des caractéristiques de la Basse Ville considérées emblématiques de l’histoire générale de la ville
- Une considération spécifique du patrimoine bâti au titre de témoin, voire de dernier témoin visible d’une longue histoire
- Une terminologie « signalétique » avec renvois vers histoire et légendes (orientée vers l’intérieur Saint-Martin et Saint Frères, comme Saint-Roch et sin kien…/ place des douze bistrots + ouvriers + mariniers…/ ou orientée vers la ville : maison natale tel / rue de tel événements / monument public de célébration …)
- Des contraintes d’aménagement « historicisantes » ou intégratrices : maintien de signes d’ancienneté, charte matériaux ou chromatique…
Signaux faibles
- Lifting des voiries - Nouvel équipement public culturel (antenne de bibliothèque) - Assentiment des professionnels sur les qualités de l’espace et du bâti
Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans
le futur ?
Hypothèse 1 : La Basse Ville est la vitrine des trois siècles d’histoire de construction de la cité
contemporaine, à la force du poignet ouvrier et au niveau de la mer et des péniches. Le patrimoine
est mis en valeur dans le cadre de politiques publiques. Tout le monde adore et on y retourne au
bistrot.
49
Hypothèse 2 : Le petit faubourg écarté garde sa position de petit faubourg écarté pour encore
longtemps, sans rêve et sans promesse. Le quartier conserve son patrimoine mais sans mise en
valeur particulière.
Hypothèse 3 : C’est vraiment trop abîmé et trop pourri pour qu’on puisse promouvoir un endroit
pareil. On observe une accentuation des effets de relégation, la poursuite de la destruction des
bâtiments sans considération spécifique, une uniformisation définitive des caractères et de l’identité.
50
Bordure / Centre du quartier Référents : Jean Ysebaert, Armelle Leroy, Marie-Claire Barré
Description de la variable
Définition
La variable porte sur la morphologie urbaine du quartier (remparts, canaux, trame viaire,
implantation du bâti) et les caractéristiques qui distinguent le centre de la Basse Ville de ses
pourtours.
Indicateurs
- Cartes historiques du Cahier du patrimoine de 1662 ; 1713 ; 1830 ; 1890 ; 1915 ; 1935.
- Extraits de cadastre de 1939 ; 1949 ; 2005.
- Carte « principaux flux de circulation dans l’agglomération » -AGUR, juin 2004.
- Etude-diagnostic de l’OPAH 2003 (dont cartes « référentiel foncier sur les quartiers sud de
dunkerque ; récolement de l’époque de construction du bâti sur le quartier de Basse Ville »
et « référentiel foncier sur les quartiers sud de dunkerque ; récolement de la qualité
architecturale et de l’état du bâti sur le quartier de Basse Ville »).
Rétrospective
- Jusqu’à la fin du XVIIème siècle, le quartier n’est pas construit. On y trouve uniquement un
monastère et un couvent, leurs terres « extra-muros » et le rempart dans la partie sud.
- Fin XVIIème : construction de la Basse Ville par Vauban (cf carte de 1713 page 40)) : présence
de l’octroi et du cimetière. Le dessin parcellaire rectangulaire ou trapézoïdal ainsi que la
trame viaire existent (tels que nous les connaissons encore aujourd’hui). Le quartier est
ceinturé de cours d’eau bien canalisés, aux formes rectilignes : canal de Bergues, canal des
Moëres. Trois ponts permettent d’accéder au quartier par le nord (actuels pont Terre Rouge
et pont des Quatre Ecluses) et par le sud (actuel pont Jean Jaurès).
- 1830 : développement de la trame et de l’articulation à la Ville par le pont Royal : nouveaux
îlots et nouveau parcellaire dans la partie nord et à l’est du quartier. Modification des
canaux : canal de Jonction et canal des Moëres. La « Basse Ville », celle des entrepôts, des
abattoirs (jusqu’en 1834) s’oppose à Soubise, « quartier des intendants » et à ses hôtels
particuliers.
- 1930-1970 : construction de logements sociaux. HBM puis HLM implantés sur l’emprise des
anciens remparts dès 1954 (Verrerie), en bordure du quartier, sans impacter la trame
ancienne. Arrivent ensuite l’Hôtel des Impôts (1969) et la CAF (années 70). Les axes de
circulation ceinturent alors la Basse Ville le long des canaux. 1978 : pont des Coopérateurs
réalisé ; pont Europe doublé vers centre ville ; pont Royal doublé vers rue Albert 1er ; rue de
Bergues et boulevard V. Hugo réalisés.
51
1980-1990 : 2 OPAH ont lieu fin 70 début 80. Le parc ancien est réhabilité et repris en main par le
PACT qui, dans sa mission sociale, fait évoluer le peuplement de ces immeubles vers une
concentration de pauvreté : population de sous-traitants, populations étrangères, exclues des aides.
Puis, construction d’immeubles HLM de bonne qualité, de petite échelle et qui respectent la trame
urbaine existante. Là, le peuplement, bien que populaire, est plus « sélectionné » par les bailleurs.
AUJOURD’HUI : Une organisation en « pelure d’oignon », par couches concentriques qui forment
une sorte de fortification. Ainsi de l’extérieur vers l’intérieur on trouve :
- des canaux avec berges souvent inaccessibles et plutôt peu entretenues : les douves.
- des voiries importantes de transit vers le centre, la plage et l’est de l’agglomération : le
chemin de ronde.
- un rempart composé de barres HLM datées voire paraissant vétustes, avec des entrées
systématiquement tournées vers l’intérieur du quartier (donc tournant le dos au reste de la
ville), d’équipements importants en taille et à forte symbolique : CAF, lycée privé, église,
douanes, impôts et d’un équipement sportif complètement clôturé, même si la clôture a été
ajourée… Les bordures : des entrepôts et des manufactures liés au transport fluvial, devenus
des friches avec le triomphe du transport routier, devenus du foncier disponible et
suffisamment peu cher pour construire des HLM.
- enfin au centre un tissu ancien organisé de manière très urbaine, mais souvent en mauvais
état, voire en friche.
La partie centrale est donc quasiment invisible depuis les bordures (voiries, canaux, autres rives…).
La partie centrale est morphologiquement comparable au quartier Soubise vers le nord et au quartier
Sainte Germaine (Coudekerque-Branche) vers le sud.
Il existe de vraies continuités urbaines, historiques vers ces tissus voisins (place Vauban et pont
Royal, rue du Fort Louis, rue Saint Matthieu).
Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la
variable ?
Tendances lourdes
- Sorte de vocation historique d’accueil des fonctions urbaines de rebus (abattoirs, cimetière,
logement, très social, très très social…) au centre, en opposition à la bordure qui accueille (au
moins à l’origine) « l’élite » de la classe ouvrière.
- Trame urbaine ancienne
- En bordure : les bâtiments et fonctions « publiques » (CAF ; Eglise ; Douanes ; Logements
sociaux) + les voies de transit et les canaux ; au centre : un bâti ancien plus ou moins ancien
et dégradé, peu connu, voire un peu secret car largement contourné par les flux
automobiles. La Basse Ville est une île !
52
- La Basse Ville affirme, du fait de leurs proximités immédiates, son articulation entre les deux
centralités historiques attirantes : le centre de Dunkerque et Coudekerque-Branche, tout en
refusant son appartenance au quartier administratif de « Dunkerque Sud ».
Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures
- Investissement d’initiatives privées qui flairent la bonne affaire et anticipent sur un
changement d’image en produisant une série de réhabilitations de standing
- Réussite du PRU
- Echec par manque de financements des opérations de redynamisation des fonctions
urbaines centrales (non aboutissement de la redynamisation / redensification du centre
agglo ; pas de tram-train ; Coudekerque-Branche en faillite)
- Nouveau découpage des îlots, nouveau parcellaire, recomposition foncière
- Nouvelle organisation de la trame viaire centrale ; évolution des voiries périphériques qui
cassent l’effet de ceinture. Apparition de nouvelles connexions automobiles ou piétonnes
entre le centre et les bordures.
- Diversification des formes d’habitat en bordure et au centre du quartier
- Création ou disparition de ponts.
Signaux faibles
- Tensions entre « anciens » et « nouveaux habitants » ; expression de rancœurs entre voisins,
entre la bordure et le centre.
- Crise économique : situations sociales aggravées + financements publics en berne (ANRU et
collectivités locales) + financements privés non mobilisés.
- Hausse des besoins / souhaits pour les ménages de revenir en centre ville (carburants ;
temps de transport, accès aux équipements et aux loisirs…)
- Revendications d’habitants / manque de stationnement liés aux équipements implantés et à
la présence de nombreux camions (entrepôts des Restos du cœur, notamment).
Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans
le futur ?
Hypothèse 1 : La crise économique et le désengagement des financements publics maintiennent la
Basse Ville dans une situation d’enfermement sur elle-même et dans sa morphologie actuelle. Les
voies de transit continuent à encercler le quartier sans inciter à y entrer. Les
démolitions/reconstructions sur les bordures du quartier n’ont pas lieu. Dans le centre, trame viaire
et morphologie du bâti restent relativement identiques. Intérieur et extérieur du quartier continuent
à s’opposer.
Hypothèse 2 : Le réaménagement des voiries, l’allègement des flux automobiles et un projet de
paysagement urbain volontaire permettent une requalification des canaux et de ses berges, ce qui
entraîne un verdissement de l’ensemble du quartier. La Basse Ville n’est plus scindée en deux à
53
l’intérieur d’elle-même. L'évolution de la « bordure » n’a pas de réel effet d’entraînement positif sur
le « centre ».
Hypothèse 3 : Au centre, le PRU Quartiers d’habitat ancien porte ses fruits au-delà de toute
espérance. En bordure, certaines barres HLM disparaissent. La bordure réhabilitée et réaménagée
permet d’ouvrir davantage le quartier sur le reste de la ville et de redynamiser les espaces centraux.
Hypothèse 4 : L’intervention publique sur la « bordure » demeure faible. La bordure évolue peu. En
revanche, la sphère privée, par ses initiatives répétées, s’empare du centre ancien et le requalifie. Le
centre évolue mais sans entraîner la périphérie.
Hypothèse 5 : le centre entraîne la bordure.
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Qualité et esthétique du paysage urbain Référents : Jean Ysebaert, Armelle Leroy, Marie-Claire Barré
Description de la variable
Définition
La variable porte sur la qualité du paysage urbain de la Basse Ville c’est-à-dire la qualité
architecturale des façades, la composition du bâti, les espaces verts, les voies d’eau…
Indicateurs
- Carte flux automobiles
- Photos aériennes montrant l’évolution des composantes urbaines du quartier (notamment
les plantations d’arbres en bordure de canaux)
- Etude-diagnostic de l’OPAH 2003 (dont cartes « référentiel foncier sur les quartiers sud de
Dunkerque ; récolement de l’époque de construction du bâti sur le quartier de Basse Ville »
et « référentiel foncier sur les quartiers sud de Dunkerque ; récolement de la qualité
architecturale et de l’état du bâti sur le quartier de Basse Ville »).
Rétrospective
Evolution des composantes du paysage urbain
Photo aérienne 1967 : Immeubles Verrerie et Saint Charles
construits, sauf la Tour V. Hugo ; pas de voie de ceinture (rue de
Bergues, bd V. Hugo) le long des canaux ; pas de plantation le long
des canaux ; pas de pont des Coopérateurs ; pas de doublement du
pont Royal vers rue Albert 1er ; pas de pont venant de la rue de
Furnes ; pas de doublement du pont Europe vers le centre ; pas de
pont dans le prolongement de rue Saint Matthieu. L’abattoir est
encore en place. La CAF n’est pas construite.
Photo aérienne 1978 : Pont des Coopérateurs réalisé ;
pont Europe doublé vers centre ville ; pont royal doublé
vers rue Albert 1er ; rue de Bergues et boulevard V. Hugo
réalisés ; plantations « adolescentes » le long du canal
exutoire ; pas de plantation le long du canal de Bergues.
L’hôtel des impôts a remplacé l’abattoir. La CAF semble
en construction. La Tour V. Hugo est réalisée.
55
Photo aérienne 1988 : Plantations fournies le long du
canal exutoire ; plantations « adolescentes » le long de
la rue de Bergues (côté Verrerie) ; CAF réalisée ; tous les
ponts sont réalisés.
Photo aérienne 1994 : Une deuxième rangée de plantations a été
réalisée le long du canal de Bergues ; de l’autre côté de la rue de
Bergues les arbres sont adultes. La place Vauban n’a pas été
réaménagée.
La qualité architecturale du quartier
- Cœur non détruit pendant la guerre : des éléments patrimoniaux (rares à l’échelle de la
commune) perdurent : maisons de maître / HBM… « 40 % des immeubles de la Basse Ville
sont classés sans intérêt architectural, c’est-à-dire que leur style ne présente aucun enjeu
patrimonial. (…) Cependant, près de 20 % des immeubles présentent une qualité
architecturale intéressante à bonne », et « Dans les îlots centraux ou du nord, les quelques
immeubles en mauvais état se trouvent principalement aux angles des rues, ce qui, malgré
leur nombre peu important, renforce leur effet négatif. (…) Les immeubles en l’état, c’est-à-
dire non entretenus (36 % des parcelles) se rencontrent dans chaque îlot de manière
relativement homogène. (…) Ils ont souvent pour effet néfaste de diminuer l’effet positif
dégagé par les immeubles de bonne qualité architecturale ou d’architecture intéressante. »
(p. 15 & 16 étude OPAH 2003).
- Détails architecturaux repérés
56
- Depuis la création de toute pièce du quartier par Vauban, la Basse Ville dépend entièrement
des financements de l’Etat (2 OPAH) pour son évolution « physique ». L’investissement privé
y est inexistant.
- Barres d’immeubles, grands ensembles sur les pourtours : Verrerie période reconstruction
dès 1954, Saint-Charles deuxième partie du XXème siècle.
- Architecture particulière des anciennes usines, brasseries, entrepôts et autres bâtiments
industriels.
- Devantures commerciales
- Bâtiments administratifs « carrés », « massifs » (cf CAF, hôtel des impôts)
- Voiries très larges voire sur-dimensionnées
- Quartier verdoyant mais les espaces verts bénéficient d’un aménagement minimal.
Les canaux
Les canaux sont historiquement liés à des fonctions de travail : canal de Bergues navigable, canal
exutoire comme permettant l’évacuation des eaux de drainage des terres cu tivées de l’arrière-pays
de polder, canal de Jonction comme liaison entre le système hydraulique belge, le port de
Dunkerque et le système hydraulique français. Ses fonctions « positives » ont laissé place à d’autres
utilisations, comme la circulation automobile de transit, mais également à une assimilation à des
éléments de coupures urbaines. Actuellement, les canaux bénéficient d’un lent changement d’usage
(pistes cyclables, bancs…) et d’image et acquièrent petit à petit à une dimension esthétique.
Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la
variable ?
Tendances lourdes
- Volonté d’intervenir sur le bâti ancien : différentes OPAH ont déjà eu lieu ; la rue du Fort
Louis et la rue de Paris sont en Périmètre de Ravalement Obligatoire. La dimension
« esthétique » est donc présente mais limitée dans l’espace, la tendance de fond étant plutôt
d’agir sur la qualité et le confort des logements plutôt que sur les façades, donc sur le
paysage urbain. Choix politique de fonder l’amélioration du confort des logements (isolation,
salubrité, mise aux normes…) sur la reconquête esthétique du bâti (mise en valeur des
façades notamment)
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- La Basse Ville est quasiment le seul quartier d’habitat aussi arboré : présence d’arbres
d’alignement sur toute la périphérie (mais pas au cœur) ; ce qui en fait le lieu de passage
privilégié pour rejoindre le Bois des Forts (articulation du Croissant Vert). Or, les arbres qui
arrivent tous à « maturité » en même temps, vont devoir être abattus.
- Développement de friches industrielles et commerciales particulièrement en cœur de
quartier : Les Aubaines, Saint Frères, devantures médiocres ou abandonnées.
- La dimension esthétique des canaux. Canaux non revalorisés faute de financements et de
velléités d’appropriation par les Dunkerquois.
Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures
- La valorisation ou non des bords de canaux
- Changements d’usage des canaux : développement d’un nouveau mode de transport type
navette fluviale, espace de loisirs (joutes, barques…)
- Affichage de la qualité esthétique comme effet d’entraînement et de dynamique sur le
quartier (à l’instar de la colorisation des façades du quai de la Concorde). Nouvelles
démarches : fleurissement, mise en lumière…
- Changements dans l’organisation des voies de transit et de la trame viaire
- Des démolitions et/ou des reconstructions qui introduiraient dans le quartier de nouveaux
styles architecturaux
- La disparition des espaces verts ou au contraire de nouvelles plantations
- Choix de maintenir ou non le patrimoine industriel
- Choix d’engager ou non un projet de grande envergure sur le quartier (implantation d’un
parc à thème sur du foncier rendu disponible, projet culturel majeur…)
Signaux faibles
- Forte présence des exclus dans le « paysage » (liée aux nombreuses structures caritatives)
qui contrecarre les velléités d’affichage de qualité urbaine. « Reconquêtes » ponctuelles des
canaux pour une qualité paysagère : à l’exemple de l’étude paysagère du canal exutoire +
rive nord du canal de Jonction + rive ouest du canal de Bourbourg.
- Intérêt de l’OPAH-RU comme déclencheur à une intervention publique sur les espaces
publics.
- Dynamique du développement durable (envie de nature, vélo, tranquillité, petits oiseaux,
réduction de l’utilisation de la voiture particulière …)
- La maison individuelle plantée dans son jardin reste pour beaucoup l’archétype de
l’accession à la propriété ; ce qui n’est pas favorable à une reconquête urbaine d’un morceau
de ville.
Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans
le futur ?
Hypothèse 1 : Les interventions sur le bâti se poursuivent de façon sporadique, occasionnelle et
limitée à la seule question de l’amélioration du confort des logements. La dimension paysagère liée à
58
la qualité architecturale de certains bâtiments est négligée. Il n’y a pas de travail sur les espaces
verts. Restant orientée sur l’accueil des populations parmi les plus précaires, la Basse Ville perd son
cachet.
Hypothèse 2 : Portées par « l’envie de nature » des citadins et par un foncier sous-estimé, les
interventions sur les espaces publics portent sur le réaménagement arboré des bords à canaux. La
Basse Ville devient le quartier « vert » de Dunkerque.
Hypothèse 3 : La Basse Ville prend progressivement la forme d’un éco-quartier dans le respect des
qualités existantes.
Hypothèse 4 : Avec ses commerces fermés, ses friches industrielles et ses logements de piètre
qualité malgré différentes tentatives d’interventions publiques, la Basse Ville voit son centre sacrifié
aux fonctions urbaines centrales, laissant peu à peu place à des aires de stationnement, de stockage
et de logistique de proximité. Les qualités esthétiques du quartier s’appauvrissent.
59
Présence des grands équipements publics ou privés Référents : Eric Di Salvo et AGUR pour cartographie équipements
Description de la variable
Définition
La variable porte sur les grands équipements publics, c’est-à-dire sur des équipements
d’agglomération accueillant du public extérieur au quartier.
Indicateurs
- Nombre de grands établissements accueillant du public
- Identification de leur vocation équipements d’agglomération
- Réalisation d’une cartographie des services publics Sources : Projet social du Développement local 2008-2012 de la Maison de Quartier, Outil de suivi des
quartiers - observatoire des quartiers – AGUR 2008
Rétrospective
1785 : Edification de l’hôtel des Douanes pour percevoir les taxes sur les marchandises quittant ou
entrant le poste ferme de Dunkerque par cette sortie de ville (octroi).
Au XVIIIe siècle, la rue de la Paix mène au cimetière et à la paix éternelle (d’où son nom), puisque
Vauban a souhaité réserver des parcelles de terrain de la Basse Ville pour l’implantation d’un lieu
d’inhumation en dehors du centre ville. Situé à l’angle des rues Saint Charles et Saint Matthieu, le
cimetière laisse place à l’abattoir municipal en 1832 (un café en porte encore le nom). C’est l’actuel
emplacement de l’hôtel des impôts.
Plus tard, la rue de la Paix et du Fort Louis accueilleront la caserne des pompiers dont la salle des
fêtes deviendra un haut lieu des festivités carnavalesques ; ainsi que l’ul de la CGT qui illustre bien la
conscience de classe de l’époque.
Des équipements de service au public à l’échelle d’agglomération
L’hôtel des impôts, la CAF, la direction des douanes, le lycée Vauban, la gendarmerie, l’ANPE, un
centre de soins infirmiers mutualistes sont autant de structures qui rendent le quartier attractif mais
peuvent s’avérer sources de nuisances pour la population (en termes, notamment, de circulation et
de capacités de stationnement…).
La concentration d’associations sociales caritatives telles que, les Restos du Cœur, l’Armée du Salut,
l’Epicerie TABGHA (Emmaüs), le service d’insertion adulte de l’AAE ; les foyers d’hébergements de
l’AFEJI, sont autant d’équipements qui, faisant la preuve de leur utilité sociale, y compris pour la
population du quartier, contribuent, de par l’arrivée de « bénéficiaires » d’autres secteurs
géographiques, à stigmatiser, encore un peu plus le quartier ; qui depuis sa création (fin du XVIIe
début XVIIIe siècle) semble être voué à un usage d’accueil de services au reste de la population
dunkerquoise.
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Autres éléments de vie sociale :
Le quartier est également le lieu d’implantation de 3 importants équipements religieux :
L’église Saint Martin, siège de la paroisse de Dunkerque Sud (rue de Paris) Une mosquée algérienne, rue de l’Industrie Un centre évangélique protestant, transféré du quai des Quatre Ecluses au 14, de la
rue Vauban.
Divers : le CEntre de Formation Interculturel Rencontre, une résidence pour étudiants étrangers,
ainsi que Radio Rencontre qui héberge un Cyber Centre interculturel sont autant de collectifs qui
contribuent à la vie du quartier, voire au-delà.
A cela, il convient, pour être tout à fait complet, de signaler la présence des sièges sociaux de l’AAE,
et des Papillons blancs.
Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la
variable ?
Tendances lourdes
- Présence ancienne des grands équipements publics - Disponibilités immobilières et foncières ayant permis l’implantation de ces équipements puis
l’accueil de grandes associations caritatives - Principalement des équipements dans le domaine social (ANPE, CAF, assos caritatives..).
Hormis le stade et la bibliothèque, pas de grands équipements sportifs (piscine) ou culturels (auditorium, théâtre, musée…)
Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures
- Arrivée ou départ de certains grands équipements ; « délocalisation » en dehors ou vers la
Basse Ville
- Diversification des grands équipements, présence d’équipements « nobles » ; c'est-à-dire
« attractifs », Re création d’une autre vie culturelle et/ou sportive
- Evolution des disponibilités foncières
- Devenir de la CAF
Signaux faibles
- Revendications des habitants qui ne supportent plus la présence de ces structures caritatives,
de ces grands équipements (CAF, Impôts…) et leurs conséquences sur la « fréquentation » du
quartier et la saturation du stationnement automobile
- Déliquescence du tissu social
- Implantations d’équipements culturels ou de manifestations nobles issues :
de la volonté politique municipale (bibliothèque jeunesse et médiathèque)
d’initiatives associatives.
- Projet d’accueil de services du ministère de la justice (Tribunal) sur la friche les Aubaines
61
- Centralisation des CAF
- Diminution de l’emploi public, rationalisation de l’administration publique.
Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans
le futur ?
Hypothèse 1 : Le quartier reste le lieu de concentration d’administrations publiques et d’associations
caritatives où on ne vient que par obligations. La Basse Ville continue à souffrir des allers et venues
des usagers de ces services et des problèmes de stationnement.
Hypothèse 2 : Un ou des équipements (culturels notamment) de premier plan, sont installés dans le
quartier et celui-ci redevient attractif, pas seulement pour la seule population du quartier. Les
équipements actuels restent en place.
Hypothèse 3 : Un ou des équipements (culturels notamment) de premier plan, sont installés dans le
quartier. En revanche, les équipements actuels disparaissent ou partent s’installer ailleurs.
Hypothèse 4 : Les équipements et services actuels, ayant une utilité sociale avérée, déclinent ou
disparaissent. On ne vient plus dans le quartier. La Basse Ville se replie sur elle-même. Les habitants
perdent le bénéfice de la proximité de ces équipements.
62
Présence des services et équipements de proximité Référents : Anne-Cécile Gautier
Description de la variable
Définition
La variable porte sur la présence d'équipements dits de proximité au sein du quartier de la Basse
Ville. Par équipements de proximité, nous retenons les services suivants :
- mairie / état-civil,
- établissements scolaires (maternelle - lycée),
- commerces (cet aspect ne sera pas traité ici car il fait l’objet d’une fiche variable à part
entière)
- professions médicales (médecins, pharmacie),
- centre social / maison de quartier,
- établissements et/ou clubs sportifs et/ou culturels.
Indicateurs
Les indicateurs choisis sont la présence ou non de ces services, leur évolution en termes de qualité de
services rendus.
Rétrospective
En Basse Ville, la Ville de Dunkerque ne dispose pas d'équipements de proximité au titre notamment
de l'état civil. Les formalités (hors naissances, décès et mariages) doivent être faites à la mairie de
quartier dont dépend la Basse Ville, celle de Dunkerque Sud, implantée au Jeu de Mail. Cette mairie
de quartier créée en 1991 délivre un certain nombre de prestations, celles qui ne peuvent l'être le
sont à l'Hôtel de Ville.
Trois établissements scolaires sont présents en Basse Ville : l'école maternelle publique Jean Macé
(+/- 75 enfants), le groupe scolaire (maternelle – primaire) public du Fort Louis (+/-200 enfants) et
l'école privée Saint Joseph (+/- 100 enfants). A noter la fermeture en juin 2006 du collège privé Saint
Joseph (126 enfants la dernière année), le collège de rattachement public est Van Ecke, implanté rue
de l'Esplanade, à Dunkerque Centre. Un lycée est présent en Basse Ville, il s'agit du lycée privé
Vauban.
En termes de professions médicales, à noter la présence de 4 médecins généralistes, d'1 pharmacie,
d'1 centre de soins infirmiers.
Une maison de quartier est implantée en Basse Ville depuis 1984 (centre social puis maison de
quartier). Elle offre différents services à la population du quartier (petite enfance, enfance, jeunes,
adultes, vie de quartier, cybercentre, …).
Cet équipement est ouvert du lundi au samedi. Permanences d'assistantes sociales et consultations
infantiles sont proposées régulièrement. Une halte-garderie est présente au sein de l'établissement
63
permettant d'accueillir des enfants de 2 mois et demi jusque 6 ans (15 enfants pour 20 heures par
semaine). Les enfants et jeunes sont accueillis pendant l'année scolaire et pendant les vacances :
accueil de loisirs, activités éducatives périscolaires, centre de loisirs adolescents, cybercentre,
présence d'un poste AILE. Les adultes s'impliquent dans des ateliers artisanat, culture, cuisine ou
dans la rédaction du journal de quartier ou dans la vie de quartier (Au fil des canaux, Dunkerque en
couleurs, …). Enfin, la maison de quartier est aussi le siège de plusieurs associations à dimension
quartier ou plus large. Celles-ci proposent des activités diverses et variées : apprentissage de la
langue française, gymnastique, concours de belote, brocante, yoga, …
En termes d'équipements et clubs sportifs ou culturels en Basse Ville, il est à noter la présence d'une
bibliothèque inscrite dans le réseau lecture publique de la Ville de Dunkerque, d'un complexe sportif
dit du Fort Louis, d'un convisport (square Ovion). Le complexe du Fort Louis abrite l'AS Dunkerque
Sud (club de foot réunissant les jeunes des quartiers sud) et une association d'archers.
Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la
variable ?
Tendances lourdes
- Proximité (relative) de la réponse du service public municipal
- Maintien des effectifs scolaires (maternelle – primaire)
- Présence d'équipements sportifs et culturels non généralistes
- Des services à destination des différentes générations proposés par la maison de quartier
Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures
- Maintien ou non de la proximité de la réponse du service public municipal ("recentralisation"
ou non des services)
- Regroupement ou non des groupes scolaires publics et disparition ou non de l'école privée
- Affirmation ou renfermement de la maison de quartier
Signaux faibles
- Importance donnée par la Ville à la réponse de proximité (maison de quartier, mairie de
quartier, présence d'équipements de proximité dans chacun des quartiers)
- Projet de rénovation urbaine pouvant influer sur l'attractivité de la Basse Ville (commerces
de proximité – nombre d'enfants)
Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans
le futur ?
Hypothèse 1 : La Basse Ville offre de moins en moins de services de proximité. Le service public
municipal est davantage centralisé. La maison de quartier propose de moins en moins de prestations.
Le nombre d'enfants diminue et certains établissements scolaires ferment.
64
Hypothèse 2 : Globalement, les équipements et services de proximité sont maintenus mais il ne s’en
crée pas de nouveaux. Il y a un décalage entre les services proposés et les besoins de la population.
La maison de quartier se renferme sur elle-même et ses adhérents, ne répondant que partiellement
aux attentes des habitants. Les effectifs scolaires se maintiennent.
Hypothèse 3 : Les services publics et les équipements proposent une offre toujours plus adaptée à la
population en répondant aux besoins de proximité.
Hypothèse 4 : Les services publics font l’objet d’un fort investissement. Ils devancent les besoins,
créent des incitations et produisent une nouvelle attractivité (services publics pro-actifs).
65
Mobilité et déplacements dans le quartier de la Basse Ville Référents : Nicolas Joncquel
Description de la variable
Définition
La variable s’intéresse à l’évolution des infrastructures de transports, des flux automobiles, des
dessertes en transport en commun et des usages de l’automobile par les habitants du quartier.
Indicateurs
En l’absence de données quantitatives sur les pratiques fines de mobilité, les indicateurs retenus
seront :
- Les flux automobiles
- L’offre en transports collectifs (réseau, desserte, arrêts)
- Le taux de motorisation
- Les photographies aériennes anciennes
Complétés par des informations qualitatives.
Rétrospective
1967 : Trois ponts permettent d’accéder au quartier par le Nord
(pont Terre Rouge, pont des 4 Ecluses) et par le Sud (pont Jean
Jaurès). Pas de voie de ceinture (rue de Bergues, bd V. Hugo) le
long des canaux ; pas de pont des Coopérateurs ; pas de
doublement du pont Royal vers rue Albert 1er ; pas de pont venant
de la rue de Furnes ; pas de doublement du pont Europe vers le
centre ; pas de pont dans le prolongement de rue Saint Matthieu.
1978 : Pont des Coopérateurs réalisé ; pont Europe doublé vers
centre ville ; pont Royal doublé vers rue Albert 1er ; rue de Bergues
et bd V. Hugo réalisés.
66
1988 : Tous les ponts sont réalisés.
Paradoxalement, la structuration progressive des infrastructures routières du quartier ne s’est pas
traduite par un total désenclavement facilitant les déplacements non motorisés. Les investissements
ont favorisé l’accès en voiture entre différents points de l’agglomération. Le secteur de la Basse Ville
semble avoir été utilisé comme support de liaisons routières lourdes plutôt que comme quartier de
vie.
Aujourd’hui, la Basse Ville est dans la situation suivante : c’est un quartier enclavé en plein cœur de
ville.
1. En plein cœur de ville :
A proximité du cœur d’agglomération,
A proximité de la gare
Sur le lieu de convergence de tous les axes historiques et actuels d’accès au centre
En cœur de ville de par sa morphologie urbaine : de grands axes, larges, arborés pour
quelques uns, bordés d’immeubles hauts… une densité bâtie importante.
2. Mais enclavé
Encerclement de par l’organisation des flux de desserte automobile d’agglomération
Enclavé de par sa forme, qui le différencie des autres quartiers environnants : une
organisation insulaire avec des effets de rupture occasionnées par les canaux
Enclavé par un faible recours à l’automobile : dans une ville où l’automobile a une place
prédominante, ne pas disposer de véhicule personnel est un vrai handicap en termes de
mobilité
o Le taux de motorisation est le plus faible de l’agglomération : 48 % des ménages
sans voiture
o De plus la taille des ménages fait que le recours individuel à l’automobile est
encore plus faible
La desserte en TC : plutôt bonne sur les liaisons
nord-sud, mauvaise sur l’est-ouest
67
Recours à la marche à pied : des parcours de proximité vers les quartiers sud de
Dunkerque (notamment le Leclerc du Jeu de Mail, jusqu’au Lidl du Carré de la Vieille) et
vers le centre-ville (via la passerelle Saint-Martin)… ces parcours restent confidentiels,
même s’ils empruntent des secteurs paysagers de qualité (le Batardeau, la passerelle)…
Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la
variable ?
Tendances lourdes
- Quartier de plus en plus connecté aux autres quartiers de l’agglomération (ponts,
doublement de ponts). Mais avec des liaisons engendrant des flux importants et ne
favorisant que faiblement l’usage de modes doux de déplacement.
- Les flux automobiles qui encerclent la Basse Ville ou la traversent
- Un recours individuel à la voiture des habitants du quartier faible
- Retraitement de certains axes (passage à une seule voie, pistes cyclables, rétrécissement)
Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures
- Evolution sensible des bords à canaux
- Evolution de la desserte en transports en commun
- Evolution de la motorisation des habitants du quartier
- Aménagement de la mobilité dans le quartier
- Développement de nouveaux modes de transport et/ou de nouveaux axes
- Perte de surfaces commerciales de proximité
Signaux faibles
- Evolution du coût de l’énergie, qui peut redonner de l’attractivité aux quartiers centraux
- Baisse de l’usage de l’automobile lié à un changement d’image, lié à un nouvel attrait des
autres modes de déplacement
Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans
le futur ?
Hypothèse 1 : L’enclavement du quartier vis-à-vis de l’agglomération se renforce. L’augmentation du
coût de l’énergie impacte davantage les populations à faibles revenus comme les habitants de la
Basse Ville. Le taux de motorisation des habitants diminue plus vite que le reste de l’agglomération
sans que les autres modes de transport ne répondent totalement aux besoins de mobilité.
68
Hypothèse 2 : La collectivité publique agit fortement sur les facteurs d’enclavement du quartier, en
transformant les différents axes en voies douces où tous les modes de transport trouvent leur place.
Les liaisons de proximité vers le centre-ville et vers les pôles de services proches ou internes au
quartier sont améliorées. De nouveaux modes de transport font leur apparition : navettes fluviales,
modes de transport relais…
Hypothèse 3 : La mobilité est contrainte. Les habitants motorisés vont faire leurs courses ailleurs. Ils
trouvent facilement à se stationner dans le quartier à proximité de leur habitation. Le quartier reste
orienté vers le « tout automobile ».
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Politiques publiques sur le quartier / visions du quartier Référents : Jean Ysebaert, Gilles Taveau
Description de la variable
Définition
On s’intéresse à l’existence d’une tension collective portée par des instances publiques visant à
accompagner un projet de transformation social et ou urbain du quartier à plus ou moins long terme.
Indicateurs
- Existence d’une convention publique
- Existence d’un projet (diagnostic, enjeux, objectifs, évaluation)
- Existence de moyens financiers dédiés
Rétrospective
Ce territoire fait l’objet d’interventions publiques concertées depuis les années 1970 :
OPAH entre 1973 et 1989
Celle-ci a permis une intervention sur le confort de plus de 400 logements. Cette OPAH fut mise en
œuvre par le PACT de Dunkerque qui poursuivit un processus de réhabilitation des
logements/immeubles de la Basse Ville jusqu’en 1989.
Politique de la Ville depuis 1989
de 1989 à 1999 Mise en œuvre d’une démarche de D.S.Q. puis de D.S.U. homogène sur l’ensemble
des quartiers dits prioritaires de Dunkerque dont Basse Ville.
de 2000 à 2003 Dans le cadre du Contrat de Ville et du GPV une politique globale d’intervention est
définie pour intervenir simultanément dans les quartiers de grands ensembles d’habitat social ainsi
que dans les quartiers anciens dégradés dont Basse Ville lequel regroupe à sa périphérie un
ensemble de logements sociaux et en son cœur un important patrimoine de logements privés
dégradés.
de 2003 à aujourd’hui Définition et négociation avec l’ANRU d’un PRU « Quartiers d’Habitat Ancien »
portant sur trois quartiers dont Basse Ville. Le PRU est en cours de signature entre l’ensemble des
partenaires impliqués.
Le contenu et les évolutions des politiques mises en œuvre
70
Le quartier populaire de Basse Ville est confronté depuis 1973 à un appauvrissement lent et continu
de sa population, à la dégradation permanente de son patrimoine privé qui se transforme
progressivement en un parc social, voire très social, de fait renforçant ainsi sa spécialisation de
quartier d’habitat social locatif à 90 %.
de 1973 à 1988 La politique d’acquisition/amélioration du PACT (qui est en même temps l’acquéreur,
l’opérateur puis le bailleur) contribue à mettre sur le marché locatif des logements (plus d’une
centaine) de piètre qualité à destination des ménages les plus en difficulté de l’agglomération. Cette
politique accélère le phénomène d’accroissement d’un parc très social de Basse Ville et ne contribue
que très partiellement à enrayer le processus de déqualification du parc de logements privés.
de 1989 à 1999 La politique de la Ville mise en œuvre revêt deux aspects principaux :
à l’image de ce qui est conduit sur l’ensemble des territoires prioritaires de la Ville, la
politique conduite s’inscrit globalement du côté de la réparation sociale et urbaine
avec notamment :
le renforcement du service public et l’amélioration de la gestion urbaine de
proximité,
la requalification du cadre de vie.
une intervention forte sur l’habitat avec pour principales interventions :
le blocage de l’action du PACT,
la construction (acquisition/amélioration-démolition/reconstruction) au
cœur du quartier d’un nouveau patrimoine de logements sociaux de qualité,
une réhabilitation (Pallulos) modeste du patrimoine des logements sociaux
institutionnels.
L’intervention publique conduite depuis 1989 a assurément apporté des réponses positives aux
attentes prioritaires des habitants (services publics, cadre de vie, qualité des logements dans le parc
social…). Toutefois, elle n’a pas réussi à enrayer les processus globaux de déqualification de la Basse
Ville, de paupérisation, de sa population et de spécialisation de son parc de logements dans le social
voire très social.
de 2000 à aujourd’hui Le cadre d’une action globale (projet social et projet urbain) et une
intervention complexe ciblant l’habitat (OPAH-RU, restructuration immobilière, réhabilitation de
l’habitat social…) est désormais arrêté (projet social de territoire et PRU). Par rapport au projet initial
défini localement l’ANRU a imposé de très sérieuses limites financières (cœur de projet) fragilisant
ainsi un peu plus notre pari local de développement pour l’avenir.
Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la
variable ?
Tendances lourdes
Les dynamiques à l’œuvre sur Basse Ville depuis 30 ans de paupérisation, de déqualification du
patrimoine bâti, de spécialisation dans le locatif social (voire très social) du parc de logements n’ont
pu, à ce jour, être enrayées de manière définitive malgré la mise en œuvre quasi permanente de
politiques publiques concertées visant à les contrecarrer.
71
Un constat apparaît déterminant aujourd’hui : les politiques publiques conduites précédemment
n’ont jamais que ce soit en terme d’amplitude (financière, partenariale) et de globalité des champs
investis simultanément, trouvé la mesure juste pour répondre à l’ampleur des besoins réels afin de
créer les conditions d’un développement pérenne.
Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures
- La permanence ou non sur le temps très long de politiques publiques concertées,
- La concomitance des interventions articulant l’accompagnement social et la transformation
de l’urbain (environnement, cadre de vie, et habitat),
- La capacité collective à mobiliser les acteurs et financements simultanément sur l’ensemble
des aspects et processus à l’œuvre et notamment en ce qui concerne le renouvellement
(variétés et qualité) de l’offre de logements,
- La permanence d’une veille collective concernant le peuplement du quartier.
- La disjonction/rupture entre la Ville et la CUD concernant le portage de la politique,
- L’arrêt des financements externes,
- La rupture contractuelle entre financeurs et opérateurs,
- La non poursuite des programmes de rénovation urbaine au-delà du « cœur de projet »
(2013) c’est-à-dire la non mise en œuvre du projet d’ensemble initialement déterminé par
l’ensemble des parties, lequel constitue un programme « plancher » pour assurer les
conditions d’un développement pérenne,
Signaux faibles
- Manifestation d’intérêt de la part d’opérateurs privés pour le foncier qui sera libéré
au sud du quartier,
- Acquisition de logements par des propriétaires privés,
- Le développement du chômage et l’affaiblissement économique du Dunkerquois.
Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans
le futur ?
Hypothèse 1 : L’engagement de tous les pouvoirs publics se poursuit au-delà du programme
prioritaire (cœur de projet) contractualisé avec l’ANRU (2008-2013) et ceci pour une dizaine d’années
afin de mettre en œuvre le projet d’ensemble de renouvellement social et urbain arrêté en 2006.
Hypothèse 2 : L’action publique concertée et globale s’arrête en 2013 (faute d’engagements et de
moyens financiers) après la mise en œuvre du projet de rénovation urbaine « première phase ».
L’effet levier escompté de développement ne joue pas et les tendances lourdes de déqualification du
quartier se réactivent.
72
Hypothèse 3 : On observe une disjonction du volet urbain et du volet social tout en restant dans le
périmètre de projet de quartier. Le cadre de vie s’améliore au bénéfice des investisseurs privés qui
prennent le relais. Le volet urbain est suffisant pour rendre le quartier attractif.
Hypothèse 4 : Le quartier passe dans le projet « Cœur d’agglomération » et devient un territoire
prioritaire de la CUD.
73
Gouvernance Référents : Gilles Taveau
Description de la variable
Définition
On s’intéresse ici aux effets engendrés par des espaces d’échanges entre élus, habitants et acteurs
institutionnels (techniciens) sur l’évolution du quartier et de ses perceptions.
Indicateurs
5 indicateurs sont choisis pour cerner la dynamique de la gouvernance :
- le nombre d’espaces d’échanges (conseil communal, réunions publiques, conseil de maison de quartier, atelier de vie de quartier)
- les finalités de ces espaces : information, concertation, co-production - les domaines abordés au sein de ces espaces : logement, cadre de vie, environnement, social,
éducatif… - la façon de les aborder : de façon sectorisée ou transversale - la temporalité de la gouvernance : quotidien/proximité – projection dans l’avenir
Rétrospective
On propose d’appréhender cette rétrospective à partir de 1989-1990.
Depuis 1989, globalement, avec le développement d’une politique municipale de démocratie locale
(création des conseils communaux, création d’une Mairie de quartier, mise en place d’un Adjoint
chargé de Dunkerque Sud, etc.) et avec l’intégration de la Basse Ville dans la Politique de la Ville, les
espaces d’échanges Elus/Hab./Techniciens sont peu à peu développés et suivent une progression
régulière jusqu’en 2003 :
- Les espaces ayant une finalité d’information, de concertation (projet transversal DSQ/DSU, conseil communal…) ou de co-production (par la création des commissions du conseil communal, d’enveloppes budgétaires qui lui sont allouées…) sont développés progressivement ;
- Les thèmes abordés sont aussi peu à peu étendus (logement, cadre de vie, vie sociale, éducation…) et appréhendés de façon plus transversale au travers notamment du projet DSQ puis DSU ;
- Enfin, durant cette même période, une progression des temps d’échanges tant sur les questions du quotidien ou de la proximité (aménagement d’un espace de proximité, comme le square Ovion par exemple, animation du quartier…) que sur un projet (DSQ-DSU) permettant une projection dans l’avenir se réalise.
Depuis 2003 :
- On assiste à une stabilisation des espaces d’échanges de concertation et de co-production se rapportant aux questions du quotidien et de la proximité
- On assiste à un arrêt de la tenue d’espaces d’échanges ayant pour objet (qu’il s’agisse d’information, de concertation…) un projet plus transversal, permettant une appréhension
74
plus large du quartier et une projection dans l’avenir. Cet arrêt est lié à l’entrée en scène d’une nouvelle politique de la Ville avec la mise en place de l’ANRU et d’une démarche d’élaboration et de négociation d’un projet de rénovation urbaine et sociale sur les quartiers d’habitat ancien (dont la Basse Ville). Les formes prises par ces nouveaux modes de faire ont impliqué un reflux puis un arrêt du dialogue élus/techniciens/habitants. Seul le binôme élus/techniciens (de la Ville, de la CUD, de l’Etat…) travaille. Les habitants sont exclus dans la mesure où les incertitudes et les procédures très technocratiques de construction du projet ne permettaient pas une mise au travail public (y compris sur le volet « information »).
- La Ville de son côté, avec ses partenaires, chemine à partir de 2006 sur l’élaboration d’un projet social de territoire (incluant la Basse Ville). Ce projet n’associe pas à ce moment là les habitants, mais il se nourrit des remontées des différents dispositifs mis en place.
- Seul le projet de la maison de quartier fédère encore le travail commun élus/hab./techniciens et propose encore une vision assez transversale et « projective » (à 4 ans) mais axée essentiellement sur le volet social (intergénérationnel, lien social, animation, éducation…).
Prospective : quels sont les déterminants de l’évolution future de la
variable ?
Tendances lourdes
Un développement progressif des espaces d’échanges entre habitants/élus/techniciens avec une
progression des différents types de mode de travail (information, concertation, co-production),
alliant proximité et projet transversal promouvant un avenir commun.
Puis à partir de 2003, on assiste à un rabattement des échanges élus/habitants/techniciens sur les
questions de proximité et du quotidien.
- La politique de la Ville/ANRU et son approche technocratique qui a conduit à un rabattement des échanges entre élus, habitants et techniciens
- Les règles du jeu qui changent continuellement ne permettant pas d’inscrire et d’ouvrir le travail avec les habitants
- Le cadre rigide n’ouvrant que peu d’espace de concertation-coproduction avec les habitants
Facteurs de rupture des tendances du passé et incertitudes majeures
- Un changement dans la prise en compte de la participation des habitants dans la politique de la ville
- L’émergence de nouvelles pratiques et de nouveaux lieux d’échanges (café-citoyen,..) - L’émergence de nouveaux thèmes, de nouvelles questions de proximité (nouvel
aménagement d’une friche, des bords de canaux, nouvelles animations…) ou d’un nouveau « gros »projet
Signaux faibles
- La volonté politique municipale de développer les dynamiques de démocratie participative (sur les différents niveaux : proximité, projet transversal et d’avenir)
- la volonté de relancer les espaces d’échanges hab./élus/technciens au travers du projet social de territoire et sur le projet global non contraint par le projet conventionné avec l’ANRU
75
- La signature de la convention avec l’ANRU portant sur le Projet de rénovation urbaine des Quartiers d’Habitat Ancien.
Prospective : quelles sont les hypothèses d’évolution de la variable dans
le futur ?
Hypothèse 1 : La gouvernance est animée autour du projet d’ensemble, tant sur le volet social que
urbain pour construire une vision partagée et solidaire de l’avenir du quartier et pour mobiliser les
forces vives. Elus, techniciens, habitants retrouvent l’habitude de travailler ensemble dans le cadre
de la politique de la ville. Les lieux et la fréquence des échanges se maintiennent voire se multiplient.
Hypothèse 2 : La gouvernance n’est animée qu’au niveau des questions de proximité, sans partage
d’une vision globale ou transversale et sans se construire une vision d’un avenir commun. Les
réflexions se limitent à la Basse Ville intra-muros et à des projets de petite envergure sans connexion
avec les projets des autres quartiers environnants. Limités à cette question de proximité, les thèmes
peinent à se renouveler. Il est également difficile de mobiliser de nouveaux acteurs.
Hypothèse 3 : La gouvernance est animée autour de la proximité et du projet social, le volet urbain
étant « verrouillé ». La politique de la ville menée dans le cadre de l’ANRU garde son aspect
technocratique. Les habitants restent à l’écart du dialogue élus/techniciens. Parallèlement, la Ville
poursuit son projet social de territoire en relançant les espaces d’échanges entre habitants,
techniciens et élus. Les travaux engagés à l’échelle de la proximité ainsi que dans le cadre du projet
social de la maison de quartier se poursuivent. De nouveaux sujets et de nouvelles formes
d’échanges apparaissent.
Hypothèse 4 : la gouvernance n’est plus animée au niveau du quartier.
77
Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4 Hypothèse 5
DEMOGRAPHIE
A
Dépeuplement. Le
quartier se dépeuple.
Avec les phénomènes de
décohabitation, la taille
des ménages continue à
diminuer et à population
constante, tous les
logements sont occupés.
Le taux de vacance est
faible. Perdant de son
attractivité et n’ayant
plus une offre en
logements suffisante, le
quartier n’attire plus de
nouvelles populations et
vieillit.
Mixité générationnelle.
La population augmente.
Les familles avec enfants
peuvent rester ou venir
s’installer dans le
quartier. La part des
moins de 20 ans s’en
trouve renforcée. Les
personnes âgées sont
plus nombreuses. De ce
fait, les 20-29 ans ne
sont plus en sur-
représentation. Le
quartier retrouve une
certaine mixité
générationnelle.
Situation
démographique
identique. La population
se renouvelle (turn-over
dans les logements) mais
sans augmenter et sans
se diversifier. La
répartition par âge de la
Basse Ville reste telle
que nous la connaissons
aujourd’hui.
Accentuation du
vieillissement. La
population augmente et
subit un processus de
vieillissement accentué.
Les jeunes quittent la
Basse Ville. Les habitants
actuels restent sur le
quartier et y vieillissent.
De nouvelles personnes
âgées arrivent sur le
quartier.
COMPOSITION
SOCIALE
B
Mixité sociale. La Basse
Ville retrouve une image
positive. Le parc de
logements se
renouvelle. Le quartier
devient plus attractif et
attire d’autres catégories
de population :
professions
intermédiaires, cadres,
chefs d’entreprises,
retraités. Il y a davantage
de mixité.
Augmentation des
revenus. Les personnes
au chômage parviennent
à retrouver un travail. La
dépendance vis-à-vis des
aides sociales s’atténue.
Le quartier retrouve
aussi une vie
économique plus
dynamique qui fait vivre
une partie de ses
habitants. De façon
générale, les revenus de
la population
augmentent. La
composition sociale
n’évolue pas : ouvriers
qualifiés, employés,
populations précarisées
continuent à cohabiter
dans le quartier.
Précarisation et
raréfaction des aides
financières. La crise
économique renforce les
difficultés du quartier.
Les salariés de l’industrie
restent au chômage. Les
situations précaires se
multiplient. Les aides
financières, les
allocations se raréfient.
Précarisation et maintien
des aides financières. Le
quartier reste pauvre
mais les aides financières
et allocations se
maintiennent. Le
chômage reste élevé, la
dépendance aux aides
sociales est forte.
PRESENCE DE
LA VIE
ECONOMIQUE
C
Retour du commerce de
proximité et
développement des
activités d'agglo. Le
commerce de proximité
est redynamisé,
notamment dans
l’alimentaire. Ce
changement de
tendance rend le
quartier plus attractif.
Son image évolue et il
attire également des
activités d’agglo venant
profiter des opportunités
foncières et de la
situation géographique
stratégique du quartier.
Absence de nouveaux
commerces. Le
commerce de proximité
se limite à quelques
établissements situés rue
de Paris. Le cœur du
quartier s’en trouve
dévitalisé, ce qui le rend
encore moins attractif. Il
n’y a pas non plus
d’installations d’activités
d’agglomération.
Accueil de commerces
d'agglomération. Le
quartier accueille
davantage de
commerces
d’agglomération et
d’activités en recherche
d’emplacements bon
marché. Ces activités
nouvelles génèrent une
demande en
restauration rapide et en
services ce qui permet le
maintien d’une vie
économique locale.
Economie alternative,
informelle
78
Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4 Hypothèse 5
STRUCTURE DU
PARC DE
LOGEMENT ET
MOBILITE
RESIDENTIELLE
D
Dégradation et
diminution du nombre
de logements. La
paupérisation
s’accentue. Les gens qui
le peuvent quittent le
quartier.
L’investissement public
n’a pas d’influence sur le
privé. L’OPAH RU ne
réussit pas à modifier
l’image du quartier et
son fonctionnement. Les
financements manquent
pour mener des actions
significatives de
revalorisation des
espaces publics. Le
nombre de logements
diminue. Le quartier se
dégrade fortement.
Augmentation du
nombre de logements,
retour des promoteurs
privés. On observe une
augmentation globale du
nombre de logements
sur le quartier. Les
projets du centre-ville se
réalisent entraînant une
raréfaction du foncier. La
pression de la demande
en logements,
commerces,
équipements, services se
reporte sur la Basse Ville
qui devient un secteur
attractif pour les
promoteurs privés.
Dégradation et
augmentation du
nombre de logements
par division.
REPRESENTA-
TION DU
QUARTIER PAR
SES HABITANTS
E
Sentiment de fierté. Des
projets valorisants
amènent la population à
retrouver une image
positive du quartier. Les
changements
esthétiques (bâti,
espaces verts, propreté)
encouragent les
habitants à reparler de la
Basse Ville avec fierté. Ils
multiplient les actions
pour redorer son image
de quartier au cachet
populaire.
La Basse Ville est LA
bonne adresse.
Redevenue très
attractive, elle attire une
population nouvelle, plus
aisée. Pour ces nouveaux
habitants, bien plus
qu’un sentiment de
fierté, la Basse Ville
évoque le quartier à la
mode. Exclues de ce
processus
d’embourgeoisement,
les populations
modestes quittent le
quartier : peu nombreux
sont ceux qui
revendiquent l’image
d’un quartier ouvrier et
populaire.
Perte des sentiments
d'appartenance et de
fierté. La situation de la
Basse Ville n’évolue
guère. Peu à peu les
anciens du quartier
décèdent ou s’en vont et
avec eux les sentiments
d’appartenance et de
fierté. Les nouveaux
habitants décontenancés
par les divers signes de
dégradation physique
n’ont qu’une piètre
perception de leur
quartier.
Quartier alternatif. La
Basse Ville devient un
quartier « alternatif » où
se développe une vie
culturelle et artistique. Il
y fait bon vivre pour des
jeunes cultivés et
désargentés…
IMAGE DU
QUARTIER
POUR
L'EXTERIEUR
F
L'image se dégrade. Les
rénovations engagées
sont soit insuffisantes
soit méconnues. La Basse
Ville fait parler d’elle
dans la rubrique des faits
divers, l’image se
dégrade, le quartier est
relégué. Les commerces
disparaissent petit à
petit, ce qui contribue à
donner à la Basse Ville
l’image d’un quartier
sans vie.
Image populaire et
animée. La Basse Ville
développe
progressivement une
image populaire et
animée, en accord avec
son identité. Ses qualités
actuelles prennent le
dessus sur ses faiblesses,
au bénéfice de sa
réputation.
Nouveau quartier à la
mode. La Basse Ville se
rénove et devient de plus
en plus prisée,
notamment par les
investisseurs. Entraînée
par la nouvelle
dynamique du centre
d’agglomération et du
quartier Soubise, elle
devient, elle aussi, un
nouveau quartier à la
mode.
Quartier "avalé" par le
centre ville. La Basse
Ville se fond dans les
projets du centre
d’agglomération.
« Avalée par le centre
ville », son image
s’estompe et se révèle
moins forte
qu’aujourd’hui.
Identité créée de toute
pièce. Un projet de
grande envergure
(équipement,
manifestation ou autre)
devient le porte drapeau
de la Basse Ville. Une
identité est recréée de
toute pièce faisant
oublier l’image de
« Basse Ville – Basse
Classe ».
79
Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4 Hypothèse 5
CONVIVIALITE,
DIVERSITE
CULTURELLE ET
VIVRE
ENSEMBLE
G
Difficultés à vivre
ensemble. Chaque îlot de
vie maintient son
isolement actuel et son
fonctionnement
autarcique. Les individus
se renferment sur eux.
L’individualisme se
renforce, exacerbé par
l’aggravation du
contexte économique.
On assiste à une
radicalisation
communautaire. Le corps
social implose. Les
associations, les lieux de
convivialité périclitent.
Les moments festifs
rassemblant la
population n’existent
plus. Vivre ensemble
devient difficile dans un
climat où les incivilités et
le sentiment de
discrimination sont de
plus en plus pesants.
Quartier où il fait bon
vivre. La dynamique
Maison de Quartier
s’exporte vers l’extérieur
(environnement) et le
projet RU renouvelle la
fréquentation des
équipements. Les
acteurs publics
intervenants sur le
quartier parviennent à
« rassembler » les
différentes composantes
du secteur et la Basse
Ville redevient un
quartier où il fait bon
vivre, riche de toutes ses
différences.
Quartier dortoir,
raréfaction des moments
de convivialité. La Basse
Ville est un quartier
dortoir. Elle acquiert une
attractivité purement
résidentielle. On y
habite, sans y vivre.
Cohabiter ne pose pas
réellement de problème
mais les moments de
convivialité et d’échange
se raréfient.
Différentes
communautés vivent
côte à côte
LISISBILITE DE
L'INTERET
PATRIMONIAL
H
Vitrine de trois siècles
d'histoire. La Basse Ville
est la vitrine des trois
siècles d’histoire de
construction de la cité
contemporaine, à la
force du poignet ouvrier
et au niveau de la mer et
des péniches. Le
patrimoine est mis en
valeur dans le cadre de
politiques publiques.
Tout le monde adore et
on y retourne au bistrot.
Petit faubourg écarté. Le
petit faubourg écarté
garde sa position de petit
faubourg écarté pour
encore longtemps, sans
rêve et sans promesse.
Le quartier conserve son
patrimoine mais sans
mise en valeur
particulière.
Uniformisation du
patrimoine. C’est
vraiment trop abîmé et
trop pourri pour qu’on
puisse promouvoir un
endroit pareil. On
observe une
accentuation des effets
de relégation, la
poursuite de la
destruction des
bâtiments sans
considération spécifique,
une uniformisation
définitive des caractères
et de l’identité.
80
Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4 Hypothèse 5
BORDURE /
CENTRE
I
Poursuite de l'opposition
bordure/centre. La crise
économique et le
désengagement des
financements publics
maintiennent la Basse
Ville dans une situation
d’enfermement sur elle-
même et dans sa
morphologie actuelle.
Les voies de transit
continuent à encercler le
quartier sans inciter à y
entrer. Les
démolitions/reconstructi
ons sur les bordures du
quartier n’ont pas lieu.
Dans le centre, trame
viaire et morphologie du
bâti restent relativement
identiques. Intérieur et
extérieur du quartier
continuent à s’opposer.
L'évolution de la bordure
n'entraîne pas le centre.
Le réaménagement des
voiries, l’allègement des
flux automobiles et un
projet de paysagement
urbain volontaire
permettent une
requalification des
canaux et de ses berges,
ce qui entraîne un
verdissement de
l’ensemble du quartier.
La Basse Ville n’est plus
scindée en deux à
l’intérieur d’elle-même.
L’évolution de la
« bordure » n’a pas de
réel effet d’entraînement
positif sur le « centre ».
La bordure entraîne le
centre. Au centre, le PRU
Quartiers d’habitat
ancien porte ses fruits
au-delà de toute
espérance. En bordure,
certaines barres HLM
disparaissent. La bordure
réhabilitée et
réaménagée permet
d’ouvrir davantage le
quartier sur le reste de la
ville et de redynamiser
les espaces centraux.
Le centre évolue mais
n'entraîne pas la
périphérie.
L’intervention publique
sur la « bordure »
demeure faible. La
bordure évolue peu. En
revanche, la sphère
privée, par ses initiatives
répétées, s’empare du
centre ancien et le
requalifie. Le centre
évolue mais sans
entraîner la périphérie.
Le centre entraîne la
bordure.
QUALITE ET
ESTHETIQUE DU
PAYSAGE
URBAIN
J
Dimension paysagère
négligée. Les
interventions sur le bâti
se poursuivent de façon
sporadique,
occasionnelle et limitée à
la seule question de
l’amélioration du confort
des logements. La
dimension paysagère liée
à la qualité
architecturale de
certains bâtiments est
négligée. Il n’y a pas de
travail sur les espaces
verts. Le quartier perd
son cachet.
Quartier "vert". Portées
par « l’envie de nature »
des citadins et par un
foncier sous-estimé, les
interventions sur les
espaces publics portent
sur le réaménagement
arboré des bords à
canaux. La Basse Ville
devient le quartier
« vert » de Dunkerque.
Eco-quartier. La Basse
Ville prend
progressivement la
forme d’un éco-quartier
dans le respect des
qualités existantes.
Quartier de stockage.
Avec ses commerces
fermés, ses friches
industrielles et ses
logements de piètre
qualité malgré
différentes tentatives
d’interventions
publiques, la Basse Ville
voit son centre sacrifié
aux fonctions urbaines
centrales, laissant peu à
peu place à des aires de
stationnement, de
stockage et de logistique
de proximité. Les
qualités esthétiques du
quartier s’appauvrissent.
PRESENCE DES
GRANDS
EQUIPEMENTS
PUBLICS OU
PRIVES
K
Situation identique. Le
quartier reste le lieu de
concentration
d’administrations
publiques et
d’associations caritatives
où on ne vient que par
obligations. Il continue à
souffrir des allers et
venues des usagers de
ces services et des
problèmes de
stationnement.
Grand équipement
culturel et maintien des
équipements actuels. Un
ou des équipements
(culturels notamment)
de premier plan, sont
installés dans le quartier
et celui-ci redevient
attractif, pas seulement
pour la seule population
du quartier. Les
équipements actuels
restent en place.
Grand équipement
culturel et disparition
des équipements
actuels. Un ou des
équipements (culturels
notamment) de premier
plan, sont installés dans
le quartier. En revanche,
les équipements actuels
disparaissent ou partent
s’installer ailleurs.
Disparition des
équipements. Les
équipements et services
actuels, ayant une utilité
sociale avérée, déclinent
ou disparaissent. On ne
vient plus dans le
quartier. La Basse Ville se
replie sur elle-même. Les
habitants perdent le
bénéfice de la proximité
de ces équipements.
81
Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4 Hypothèse 5
PRESENCE DES
SERVICES ET
EQUIPEMENTS
DE PROXIMITE
L
De moins en moins de
services de proximité. La
Basse Ville offre de
moins en moins de
services de proximité. Le
service public municipal
est davantage centralisé.
La maison de quartier
propose de moins en
moins de prestations. Le
nombre d'enfants
diminue et certains
établissements scolaires
ferment.
Décalage entre les
services et les besoins.
Globalement, les
équipements et services
de proximité sont
maintenus mais il ne s’en
crée pas de nouveaux. Il
y a un décalage entre les
services proposés et les
besoins de la population.
La maison de quartier se
renferme sur elle-même
et ses adhérents, ne
répondant que
partiellement aux
attentes des habitants.
Les effectifs scolaires se
maintiennent.
Services adaptés aux
besoins de proximité. Les
services publics et les
équipements proposent
une offre toujours plus
adaptée à la population
en répondant aux
besoins de proximité.
Services pro-actifs. Les
services publics font
l’objet d’un fort
investissement. Ils
devancent les besoins,
créent des incitations et
produisent une nouvelle
attractivité (services
publics pro-actifs).
MOBILITE ET
DEPLACEMENTS
M
Renforcement de
l'enclavement.
L’enclavement du
quartier vis-à-vis de
l’agglomération se
renforce. L’augmentation
du coût de l’énergie
impacte davantage les
populations à faibles
revenus comme les
habitants de la Basse
Ville. Le taux de
motorisation des
habitants diminue plus
vite que le reste de
l’agglomération sans que
les autres modes de
transport ne répondent
totalement aux besoins
de mobilité.
Tous les modes de
transport trouvent leur
place. La collectivité
publique agit fortement
sur les facteurs
d’enclavement en
transformant les
différents axes en voies
douces où tous les
modes de transport
trouvent leur place. Les
liaisons de proximité vers
le centre-ville et les pôles
de services proches ou
internes au quartier sont
améliorées. De nouveaux
modes de transport font
leur apparition : navettes
fluviales, modes de
transport relais…
Tout automobile. La
mobilité est contrainte.
Les habitants motorisés
vont faire leurs courses
ailleurs. Ils trouvent
facilement à se
stationner dans le
quartier à proximité de
leur habitation. Le
quartier reste orienté
vers le « tout
automobile ».
POLITIQUES
PUBLIQUES
N
Maintien et amplification
de l'engagement des
pouvoirs publics.
L’engagement de tous
les pouvoirs publics se
poursuit au-delà du
programme prioritaire
(cœur de projet)
contractualisé avec
l’ANRU (2008-2013) et
ceci pour une dizaine
d’années afin de mettre
en œuvre le projet
d’ensemble de
renouvellement social et
urbain arrêté en 2006.
Arrêt de l'action
publique en 2013.
L’action publique
concertée et globale
s’arrête en 2013 (faute
d’engagements et de
moyens financiers) après
la mise en œuvre du
projet de rénovation
urbaine « première
phase ». L’effet levier
escompté de
développement ne joue
pas et les tendances
lourdes de
déqualification du
quartier se réactivent.
Intervention sur le volet
urbain suffisante. On
observe une disjonction
du volet urbain et du
volet social tout en
restant dans le périmètre
de projet de quartier. Le
cadre de vie s’améliore
au bénéfice des
investisseurs privés qui
prennent le relais. Le
volet urbain est suffisant
pour rendre le quartier
attractif.
Passage dans le projet
"cœur d'agglomération".
Le quartier passe dans le
projet « Cœur
d’agglomération » et
devient un territoire
prioritaire de la CUD.
82
Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4 Hypothèse 5
GOUVERNANCE
O
Animation autour du
projet d'ensemble. La
gouvernance est animée
autour du projet
d’ensemble, tant sur le
volet social que urbain
pour construire une
vision partagée et
solidaire de l’avenir du
quartier et pour
mobiliser les forces vives.
Elus, techniciens,
habitants retrouvent
l’habitude de travailler
ensemble dans le cadre
de la politique de la ville.
Les lieux et la fréquence
des échanges se
maintiennent voire se
multiplient.
Animation limitée aux
questions de proximité.
La gouvernance n’est
animée qu’au niveau des
questions de proximité,
sans partage d’une vision
globale ou transversale
et sans se construire une
vision d’un avenir
commun. Les réflexions
se limitent à la Basse
Ville intra-muros et à des
projets de petite
envergure sans
connexion avec les
projets des autres
quartiers environnants.
Limités à cette question
de proximité, les thèmes
peinent à se renouveler.
Il est également difficile
de mobiliser de
nouveaux acteurs.
Pas d'animation sur le
volet urbain. La
gouvernance est animée
autour de la proximité et
du projet social, le volet
urbain étant
« verrouillé ». La
politique de la ville
menée dans le cadre de
l’ANRU garde son aspect
technocratique. Les
habitants restent à
l’écart du dialogue
élus/techniciens.
Parallèlement, la Ville
poursuit son projet social
de territoire en relançant
les espaces d’échanges
entre habitants,
techniciens et élus. Les
travaux engagés à
l’échelle de la proximité
ainsi que dans le cadre
du projet social de la
maison de quartier se
poursuivent. De
nouveaux sujets et de
nouvelles formes
d’échanges apparaissent.
Plus d'animation. La
gouvernance n’est plus
animée au niveau du
quartier.
ASSOCIATIONS
CARITATIVES
P
Regroupement des
associations en un même
lieu. Libération
d'immeubles. Retour
d'une image positive.
Missions inchangées.
Redéploiement à
l'extérieur du quartier
De plus en plus
d'associations
s'installent,
spécialisation.
Maintien des
associations. La situation
reste inchangée.
Transformation
progressive vers des
structures d'économies
solidaires. Les restos du
cœur deviennent un SEL.
85
Scénario 1 : scénario tendanciel, scénario au fil de l’eau,
stagnation Rédaction : Laure PACCOU
La Basse Ville figure toujours parmi les quartiers dunkerquois en difficulté.
Pourtant, ces dix dernières années, quelques projets, dans le domaine du
logement notamment, ont vu le jour. Mais ils n’ont pas été suffisants pour
enrayer le déclin du secteur. L’impulsion nécessaire à un véritable
changement de tendance n’a pas été au rendez-vous.
Le projet d’ensemble de renouvellement social et urbain défini en 2006 n’a
pas été mené jusqu’à son terme. Faute d’engagements et de moyens
financiers, l’action publique a été restreinte au programme prioritaire de
rénovation urbaine (cœur de projet) puis s’est arrêtée en 2013. Mené dans sa
version minimale et sur une courte durée, le programme n’a pas permis
d’installer dans le temps les conditions d’un développement positif. Au
désengagement des financements publics sont également venues se
surajouter les conséquences de la crise économique de 2009-2010. Par
conséquent, nous retrouvons aujourd’hui en 2020 les mêmes tendances de
déqualification du quartier que nous avions observées dans les années 2000.
Le visage de la Basse-Ville a donc finalement peu changé. L’enclavement est
toujours une caractéristique forte de ce secteur. Les voies de transit
continuent à encercler le quartier sans inciter à y entrer. Il y a bien eu
quelques initiatives pour ralentir et maîtriser la circulation automobile
(ralentisseurs, nouveaux feux rouges..). Mais rien n’a été fait pour donner
davantage de place aux piétons et aux cyclistes ou pour inciter les
promeneurs à venir flâner en Basse Ville. Les barres HLM renforcent cette
ceinture. Les démolitions/reconstructions sur les bordures du quartier n’ont
pas eu lieu. Certains ensembles commencent d’ailleurs à montrer des signes
de fatigue et de dégradation.
Dans le centre, les opérations de réhabilitation se sont surtout concentrées
sur l’amélioration du confort des logements. Trop abîmé et tombé dans l’oubli,
le patrimoine n’a pas été conservé, ni valorisé. Les interventions sur les
façades se sont avérées sporadiques. Malgré leurs qualités architecturales,
N2 - Arrêt de l'action
publique en 2013.
I1 - Poursuite de
l'opposition
bordure/centre.
J1 - Dimension
paysagère négligée.
H3 - Uniformisation
du patrimoine.
86
bon nombre d’anciens bâtiments industriels ont été détruits. Dans la plupart
des aménagements, nous pouvons également constater que la dimension
paysagère a été négligée. Les espaces verts font figure d’espaces à
l’abandon. La trame viaire, très large, n’ayant pas été modifiée, laisse une
place importante au stationnement automobile.
Subissant un processus d’uniformisation, la Basse Ville a aujourd’hui perdu
son cachet. Il est difficile d’en donner une image positive à l’extérieur. Le
quartier reste le lieu de concentration d’administrations publiques et
d’associations caritatives où on ne vient que par obligations. Les grandes
enseignes ont disparu. Dans la presse, le quartier fait parler de lui dans la
rubrique des faits divers. Fini les encarts sur l’histoire du patrimoine ou encore
l’agenda des festivités…
Il faut dire également que la Basse Ville concentre une population en
difficultés qui habite le quartier sans le faire vivre. Une des explications de ce
phénomène réside dans l’évolution du parc de logements. Suite au
programme prioritaire de rénovation urbaine, un certain nombre de
constructions nouvelles ont vu le jour entre 2006 et 2013. Dans le même
temps, la CUD a repris en main le patrimoine du PACT pour le transférer
ensuite aux bailleurs sociaux. Habitat social et habitat privé ont également fait
l’objet de plusieurs réhabilitations. Mais presque dix ans plus tard, il nous faut
constater que les politiques publiques mises en œuvre n’ont pas eu les effets
escomptés. Les investisseurs ne sont pas revenus dans le quartier. Le parc
privé continue à se dégrader, les logements à être divisés. Et s’il y a eu de la
construction neuve, on a surtout construit des logements HLM ce qui n’a fait
que renforcer la spécificité du parc de la Basse Ville.
De ce fait, la situation socio-démographique a peu évolué. La population se
renouvelle régulièrement mais sans augmenter et sans se diversifier. La
structure du parc favorise l’accueil de petits ménages, plutôt jeunes et aux
ressources modestes. Le taux de chômage du quartier est élevé. Les familles
vivent pour la plupart avec les aides sociales.
Le turn-over dans les logements est important : dès que les familles
s’agrandissent et dès qu’elles en ont la possibilité financièrement, elles
quittent le quartier. Dans ces conditions, la Basse Ville ressemble de plus en
plus à un quartier dortoir où l’on ne fait que passer quelques années. Les
anciens habitants décèdent ou s’en vont et avec eux les sentiments
d’appartenance et de fierté. Les nouveaux cohabitent sans échanges et sans
moments de convivialité. Cette rotation permanente d’habitants ainsi que
l’absence d’un projet urbain rendent difficile l’animation de dispositifs de
démocratie participative. Ces derniers temps, ils ont surtout porté sur les
questions d’aménagement de proximité.
Face à la paupérisation et aux difficultés familiales du quartier, les services
publics de proximité se sont renforcés et de nouveaux équipements (maison
de la famille, centre de formation) ont été créés. Les habitants profitent
également de la présence dans le quartier des nombreuses associations
M3 - Tout automobile.
K1 – Equipements :
situation identique à
aujourd'hui.
D3 - Dégradation et
augmentation du
nombre de logements
par division.
N2 - Arrêt de l'action
publique en 2013.
A3 - Situation
démographique
identique.
B4 - Précarisation et
maintien des aides
financières.
G3 - Quartier dortoir,
raréfaction des
moments de
convivialité.
E3 - Perte des
sentiments
d'appartenance et de
fierté.
O2 - Animation limitée
aux questions de
proximité.
P4 - Maintien des
associations.
L3 - Services adaptés
aux besoins de
proximité.
87
caritatives qui se sont maintenues à travers le temps. En revanche, bon
nombre de commerces de proximité ont baissé leur rideau ces dernières
années, exceptés quelques établissements situés rue de Paris. Le cœur du
quartier est aujourd’hui dévitalisé, ce qui le rend encore moins attractif.
C2 - Absence de
nouveaux commerces.
P4 - Maintien des
associations.
88
Scénario 2 : quartier populaire et convivial. La puissance
publique maîtrise le développement. Rédaction : Laure PACCOU
La Basse Ville a retrouvé des couleurs. Le quartier des années 2000,
dégradé, enclavé, accumulant des difficultés financières et sociales semble
désormais loin derrière nous. La transformation urbaine initiée par les
pouvoirs publics et relayée ensuite par les investisseurs privés ont redynamisé
la Basse Ville. Elle retrouve aujourd’hui une image de quartier populaire et
convivial.
En 2006, un projet d’intervention globale sur le quartier mêlant un projet social
de territoire et un programme de rénovation urbaine avait été défini. En réalité,
depuis maintenant une bonne dizaine d’années, ce programme porte
essentiellement sur le volet urbain, c’est-à-dire sur la transformation du cadre
de vie et de l’habitat. Dans ce domaine, les actions n’ont pas manqué :
réhabilitation des logements, remise aux normes de confort, restructuration
foncière, aménagement de la voirie, embellissement des espaces publics…
Les changements sont bien visibles dans le centre où le PRU Quartiers
d’habitat ancien a porté ses fruits au-delà de toute espérance. En bordure, la
démolition de certaines barres HLM a permis à la Basse Ville de s’ouvrir
davantage sur le reste de la ville. La collectivité publique a agi fortement sur
les facteurs d’enclavement : le rempart de boulevards a cédé la place à des
voies douces où tous les modes de transport trouvent leur place. Le quartier
est également accessible par des navettes fluviales. La Basse Ville prend
progressivement la forme d’un éco-quartier. Toutefois, elle a tendance à
garder son statut de petit faubourg écarté. Nous pouvons remarquer
notamment que le patrimoine a été conservé mais sans mise en valeur
particulière.
La disjonction entre le volet social et le volet urbain contenus dans le projet
initial n’a pas porté préjudice à l’évolution de la Basse Ville. La transformation
urbaine s’est révélée suffisante pour rendre le quartier attractif. Rapidement,
des investisseurs privés ont pris le relais, séduits par l’amélioration du cadre
de vie mais aussi par les disponibilités foncières. On pouvait s’y attendre
puisque, depuis 2010, les projets entrepris autour de la gare et du théâtre de
Dunkerque avaient entraîné une raréfaction des terrains et une flambée des
N3 - Intervention sur
le volet urbain
suffisante.
I3 - La bordure
entraîne le centre.
M2 - Tous les modes
de transport trouvent
leur place.
J3 - Eco-quartier.
H2 - Petit faubourg
écarté.
N3 - Intervention sur
le volet urbain
suffisante.
89
prix. La pression de la demande en logements, commerces, équipements,
services s’est donc mécaniquement reportée sur la Basse Ville.
De retour sur le quartier, les promoteurs privés ont développé de nouvelles
formes d’habitat et ont contribué à la diversification du parc. Globalement, le
nombre de logements s’est accru. Toutefois, en raison de la diminution de la
taille des ménages, la population n’a pas augmenté. Le quartier a gardé sa
vocation de transit accueillant majoritairement de jeunes ménages et étudiants
dans un contexte de turn-over important. Le renouvellement du parc a conduit
cependant à davantage de mixité sociale. Le quartier attire aujourd’hui
d’autres catégories de population : professions intermédiaires, cadres, chefs
d’entreprises...
L’arrivée de ces ménages plus aisés a participé à la relance du commerce de
proximité, notamment dans l’alimentaire. A côté de ces petits établissements,
nous avons vu se développer des activités d’agglomération qui profitent des
opportunités foncières et de la situation géographique stratégique du quartier.
Certains ont pris la place d’anciens grands équipements « sociaux » comme
la CAF et l’ANPE. Malgré la disparition de ces équipements, la population
bénéficie toujours de nombreux services de proximité bien adaptés.
Avec la pression foncière, le renouvellement du parc et de la population, la
Basse Ville a perdu sa vocation traditionnelle d’accueil des associations
caritatives. Ces dernières se sont transformées progressivement. Un Système
d’Echange Local (SEL) a fait récemment son apparition : dans l’ancien
bâtiment des Restos du Cœur, les habitants peuvent désormais venir
échanger des biens, des services ou des savoirs. Cette structure d’économie
solidaire constitue également un nouvel espace de convivialité dans un
quartier déjà bien vivant.
En effet, les lieux d’échanges et les moments festifs ne manquent pas. Les
transformations esthétiques (bâti, espaces verts, propreté) ont encouragé les
habitants à reparler de ce secteur avec fierté. Ils ont multiplié les actions pour
redorer son image de quartier populaire et animé. Le projet social et urbain a
mobilisé fortement la population. Elus, techniciens, habitants ont repris
l’habitude de travailler ensemble dans le cadre de la politique de la ville. Riche
de toutes ses différences, la Basse Ville est redevenue un quartier où il fait
bon vivre.
D2 - Augmentation
du nombre de
logements, retour
des promoteurs
privés.
A3 - Situation
démographique
identique.
B1 - Mixité sociale.
C1 - Retour
commerce proximité
et développement
des activités
d'agglomération.
K4 - Disparition des
équipements.
L3 - Services
adaptés aux besoins
de proximité.
P5 - Les associations
se transforment
progressivement
E1 - Sentiment de
fierté.
F2 - Image populaire
et animée.
G2 - Quartier où il fait
bon vivre.
O1 - Animation
autour du projet
d'ensemble.
90
Scénario 3 : Basse Ville- le quartier de l’agglomération à la
mode sur fond vert et bleu. Rédaction : Armelle Leroy
La Basse Ville est entièrement rénovée. C’est à la fois le quartier « vert » et
« bleu » de Dunkerque avec ses bords de quais fleuris. Ce quartier attire les
citadins qui revendiquent l’envie de nature.
L’inscription du quartier dans la dynamique du cœur d’agglomération a
fortement facilité les choses. Dès 2010-2011, le secteur a été identifié comme
prioritaire par la CUD.
A l’époque, les politiques publiques avaient été sensibilisées à l’intérêt
historique et patrimonial du quartier. Elles ont ainsi investi les trois siècles
d’histoire de la Basse-Ville en mettant en valeur les constructions anciennes
et la présence de canaux comme espaces de nature.
Une nouvelle identité lui a même été créée, autour de l’installation d’un grand
équipement culturel qui a permis d’effacer l’image « basse ville- basse
classe ».
La collectivité publique a également agi fortement sur les facteurs
d’enclavement du quartier, en transformant les différents axes en voies
douces où l’ensemble des transports trouvent leur place. Les liaisons vers le
centre ville et vers les pôles de services internes et externes au quartier ont
été améliorées.
A l’issue d’un travail important de mise à plat de l’ensemble des projets relatifs
à la valorisation des canaux à Dunkerque, initié dès 2009, la collectivité a
décidé de développer l’usage des transports fluviaux. Trois ans plus tard, de
nouveaux modes de transports ont fait leur apparition : les navettes fluviales.
D’une façon générale, depuis 2010, les services publics sont résolument
proactifs. Ils devancent les besoins, créent des incitations et contribuent à la
nouvelle attractivité.
J2 – Quartier « vert »
N4 – Passage dans le
projet « cœur
d’agglomération »
G2 –Quartier où il fait
bon vivre
K3 – Grand
équipement culturel et
disparition des
équipements actuels
H1 – Vitrine de trois
siècles d’histoire
F5 - Identité créée de
toute pièce
M2 – Tous les modes
de transport trouvent
leur place
L4 – Services
proactifs
91
Parallèlement à ces investissements publics ciblés, les projets de
développement du centre ville ont entraîné une raréfaction du foncier. La
pression de la demande en logements et commerces s’est ainsi reportée sur
la Basse Ville. C’est donc très progressivement que le quartier est devenu le
secteur le plus attractif pour les promoteurs privés. A l’image du centre
d’agglomération, c’est devenu un lieu de vie recherché, prisé par les
investisseurs privés qui ont pu y réaliser des opérations de qualité.
C’est à partir de 2015 que le nombre de logements a commencé à croître à
grande vitesse. Des logements de qualité ont vu le jour en cœur de quartier et
ce gain qualitatif s’est progressivement diffusé sur les bordures
(réhabilitations, mise en valeur des bords à canaux…).
Durant la même période, la Basse Ville a retrouvé son image positive et
attractive. Le parc de logements s’est renouvelé pour favoriser l’accueil de
nouvelles catégories socio économiques : des cadres et chefs d’entreprises,
mais également des personnes âgées et des jeunes de 20-25 ans. Exclues de
ce processus d’embourgeoisement, la population la plus modeste quitte le
quartier. Peu nombreux sont ceux qui revendiquent une image de quartier
ouvrier et populaire.
Aujourd’hui, le commerce de proximité est à nouveau dynamique et diversifié,
notamment dans l’alimentaire. Ce changement a des conséquences positives
sur l’image et l’attractivité du quartier. Des activités d’agglomération s’y sont
installées profitant des opportunités foncières et de la situation géographique.
Les associations caritatives, quant à elles, ont été redéployées à l’extérieur de
la Basse Ville.
E2 – La bonne
adresse
F3 – Nouveau
quartier à la mode
B1 – Mixité sociale
A2 – Mixité
générationnelle
C1 – Retour du
commerce de
proximité et
développement des
activités
d’agglomération
P2 – Redéploiement
des associations
caritatives
D2 – Augmentation
du nombre de
logements, retour des
promoteurs privés
I5 – Le centre
entraîne la bordure
92
Scénario 4 : quartier alternatif, mouvement spontané,
quartier autogéré (pauvres, différents mais heureux) Rédaction : Marie-Claire Barré
Ca a commencé il y a 15 ans environ. La Basse Ville a connu une évolution
en profondeur qui l’a, en quelque sorte, sortie du marasme. La grande
précarité délaissée avait en effet succédé au quartier de « l’aristocratie
ouvrière » du siècle dernier. La Basse Ville n’a pas toujours eu le visage du
quartier « alternatif » proche du retranchement insulaire autogéré que nous lui
connaissons aujourd’hui. Voilà comment les choses se sont passées :
Au début des années 2010, le quartier était déjà pauvre et les logements
vétustes. La Collectivité avait lancé une vaste opération de requalification du
bâti qui s’était malheureusement rapidement arrêtée faute de financements
publics dès 2013. Une longue période de déclin s’en était alors suivie, avec
une précarisation grandissante des habitants (de moins en moins nombreux et
de plus en plus âgés) et une dégradation accrue des logements et du cadre
de vie. Les interventions sur le bâti ont encore été poursuivies quelques
temps, de façon sporadique, occasionnelle et limitée à la seule question de
l’amélioration du confort des logements. La qualité des paysages ou celle de
certains bâtiments anciens n’avait pas réussi à émerger face aux manques de
moyens pour assurer l’essentiel. Durant cette période, tous ceux qui le
pouvaient ont quitté le quartier, mettant un terme à l’important « turnover »
jusqu’alors en vigueur. Les habitants qui sont restés se sont installés dans
une stabilité spatiale stagnante. Malgré une décohabitation de plus en plus
marquée, la population ne se renouvelle que faiblement. Captif, pauvre, seul
et vieillissant, tel est le portrait-robot de l’habitant des années 2010-2020 en
Basse Ville.
Les grands équipements de Ville ou d’agglomération eux aussi quittent
massivement le quartier. Il y a ceux qui ont tout simplement été supprimés
N2 - Arrêt de l'action
publique en 2013.
A1 - Dépeuplement.
B3 - Précarisation et
raréfaction des aides
financières.
D1 - Dégradation et
diminution du nombre
de logements.
J1 - Dimension
paysagère négligée.
93
(comme la CAF qui avait une représentation locale à cette époque-là ou le
stade du Fort-Louis, jugé trop coûteux) et ceux qui se sont relocalisés hors les
murs de la Basse Ville (comme l’école privée partie s’installer en 2016 dans la
troisième phase de Grand Large ou le concessionnaire automobile). Il n’y a
rapidement plus eu aucune raison pour des habitants « extérieurs » de venir
en Basse Ville qui s’est alors repliée sur elle-même et ses habitants captifs et
vieillissants. La situation était de plus en plus dégradée, proche de l’abandon,
avec des services et commerces de proximité en berne mais maintenus, sans
grands espoirs d’un quelconque renouveau.
C’était compter sans la capacité de résistance et d’adaptation des habitants
de la Basse Ville. Déjà fort orienté vers l’accueil des populations les plus
précaires, le quartier a progressivement vu les actions des associations
caritatives et de solidarité s’étendre et se spécialiser au bénéfice des
habitants eux-mêmes. Le côté insulaire du « petit faubourg écarté » s’est
également renforcé au fil du temps, définitivement en marge de l’émulation
sociale et économique qui démarrait alors autour des projets de requalification
« théâtre » et « gare / marine » du Centre d’Agglomération. L’enclavement de
la Basse Ville vis-à-vis du reste de la Ville et de l’agglomération (également lié
à l’augmentation du coût du carburant, au toujours très faible taux de
motorisation des ménages et à la mauvaise desserte en transports en
commun) s’est transformé peu à peu en repli autarcique, d’abord subi puis
assumé. Le « cachet » de la Basse Ville lié à son côté ancien, populaire et
verdoyant réapparaissait progressivement dans les esprits. A l’initiative d’un
petit groupe d’habitants épaulé par la Maison de Quartier, un mouvement
« d’auto-réhabilitation » s’est amorcé à l’orée des années 2020. Ce petit
groupe de volontaires de la rue de l’Abbé, dont quelques personnes licenciées
des groupes industriels, s’est constitué autour du souhait d’intervenir
efficacement sur leurs logements délabrés. A l’image des « Castors », ce
mouvement coopératif d’auto-construction liée à la pénurie de logement des
années 1950 à 1970, ils se sont organisés dans leur immeuble de manière à
réhabiliter à tour de rôle leurs logements et parties communes. Cette initiative,
la première du genre en réhabilitation, a marqué les esprits et redonné de
l’espoir aux habitants qui n’attendent plus guère des pouvoirs publics ni de
leur bailleur privé. Depuis, deux autres opérations similaires ont vu le jour (rue
de la Paix, et la dernière, en voie de finition, rue Albert Sauvage), où les
« home sweet hommes » (comme ils se surnomment eux-mêmes) ont officié.
Cet élan volontariste particulier a été le moteur d’une certaine redynamisation
de l’ensemble du secteur, prenant conscience qu’il existe des alternatives face
à l’adversité.
Ainsi, à l’entre-aide purement alimentaire et matérielle des associations
caritatives a alors succédé un plus vaste mouvement d’échange de services
incluant des interventions sur la qualité et le confort des logements (petites
réparations, récupération-recyclage-réinstallation d’huisseries ou de meubles,
C4 -Economie
alternative, informelle
financières.
H2 - Petit faubourg
écarté.
K4 - Disparition des
équipements.
L2 - Décalage entre les
services et les besoins.
M1 - Renforcement de
l'enclavement.
94
coup de peinture, plantations…) en échange de toute autre service basé sur
une même valeur du temps passé (coupe de cheveux, mutualisation d’électro-
ménager, garde d’enfants, cours de langue ou de cuisine), formant ainsi un
véritable Système d’Echange Local (SEL) désormais très organisé.
C’est sans doute grâce à ce mouvement amorcé voilà environ cinq ans que, à
la faveur des immeubles murés déjà largement squattés ou en lieu et place
d’activités fermées, certains se sont lancés dans une occupation « libre de
droit », installant les lieux de façon informelle mais productive en terme de vie
culturelle et artistique ouverte sur le quartier (comme c’est maintenant le cas
dans les anciens locaux de la concession Opel rue du Fort Louis, rebaptisés
« le Garage », mais également rue de la Verrerie (« la Barakason », dans un
ancien hangar) et rue Saint Mathieu (« à l’Abattoir », dans l’ancien café).
Acceptées plus que craintes par la Ville, ces initiatives « privées » répétées
s’emparent aujourd’hui progressivement du centre ancien et le requalifient
d’une certaine manière, finissant par donner à la Basse Ville un visage, certes
désargenté, mais de nouveau populaire et animé. Les artistes se mêlent au
SEL et y contribuent totalement. Le quartier redécouvre son patrimoine
architectural et réinvestit ses bords à canaux comme lieu de promenade et de
loisir bon marché comme la pêche, le pique-nique ou la bronzette.
L’ancien stade du Fort Louis est devenu la nouvelle « zone d’activité »,
accueillant désormais le développement d’activités marchandes et légales
telles que la réparation de cycles, la création d’une « recyclerie-ressourcerie »
artistique à ciel ouvert qui vient répondre aux besoins d’équipement et
d’ameublement des habitants du quartier et attire quelques curieux intéressés
par la démarche... On observe à présent une démultiplication de l’économie
alternative et informelle fournissant aux habitants des subsides, mais surtout
une qualité de lien social telle que les effets de la précarisation sont quelque
peu adoucis. Différentes communautés se sont organisées sur le même mode
et vivent côte à côte dans des formes de cohésion et de solidarités nouvelles.
Certes, cela n’empêche en rien les difficultés ponctuelles entre riverains, mais
les espaces d’échanges entre habitants, techniciens et élus animés par la
Ville portent leurs fruits.
La Basse Ville présente aujourd’hui un visage bien différent d’il y a une
quinzaine d’année, et bien différent aussi des autres quartiers de Dunkerque.
Son insularité le lui permet. C’est surtout l’espoir et la dynamique qui y sont
palpables. Mais il semble que le centre du quartier en bénéficie davantage,
contrairement à la ceinture de logements sociaux vaguement réhabilités dont
les occupants restent quelque peu repliés sur eux-mêmes et leurs difficultés,
malgré la bonne volonté marquée des bailleurs sociaux qui tentent
d’accompagner ce nouveau mouvement alternatif et solidaire.
E4 - Quartier
alternatif.
F2 - Image populaire
et animée.
G4 – Différentes
communautés vivent
côte à côte.
I4 - Le centre évolue
mais n'entraîne pas
la périphérie.
O3 - Pas d'animation
sur le volet urbain.
P5 - Transformation
progressive des
associations
caritatives vers des
structures
d'économies
solidaires.
96
Scénario 5 : quartier béguinage : vieillissement/
appauvrissement/ la puissance publique
accompagne ces évolutions Rédaction : Anne Planté
La population de la Basse Ville est aujourd’hui bien plus nombreuse qu’il y a
dix ans. Elle a également subi un processus de vieillissement accentué. Les
jeunes ont quitté le quartier. Les anciens résidents y sont restés et y ont vieilli.
Cette population vieillissante est captive, n’ayant pas suffisamment de
moyens pour habiter un autre secteur plus attractif (centre ville par exemple).
De nouvelles personnes âgées, peu aisées, sont également arrivées.
Ce quartier, historiquement populaire, reste pauvre, le chômage y demeure
élevé, la précarité importante, la dépendance aux aides sociales fortes.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Bien que l’engagement des pouvoirs publics se soit poursuivi au-delà du
programme prioritaire (cœur de projet) contractualisé avec l’ANRU (2008-
2013), les effets escomptés sur certaines dynamiques structurelles n’ont pas
été suffisamment puissants.
Les interventions sur le bâti ont, au final, été insuffisantes et trop
saupoudrées. Si elles ont permis l’amélioration du confort d’une part
importante de l’habitat, elles n’ont pu endiguer complètement les processus
de dégradation et d’augmentation du nombre de logements privés par
division, créant ainsi les conditions d’une offre de petits logements « sociaux »
voire « très sociaux » pouvant être investis par des personnes âgées, peu
nanties, ne trouvant pas d’autres solutions.
Entre outre, ces interventions n’ont pas été suffisamment ouvertes à la
dimension paysagère, à la valorisation de la qualité architecturale de certains
bâtiments et du patrimoine pourtant à potentiel sur ce quartier, ni à la
valorisation des espaces verts. Malgré les ressources de ce quartier, liées à
son histoire singulière, à son patrimoine et à sa morphologie, la Basse Ville a
A4 – Accentuation du
vieillissement
B4 – Précarisation et
maintien des aides
financières
D3 – Dégradation et
augmentation du
nombre de
logements par
division
J1 Dimension
paysagère négligée
N1 – Maintien et
amplification de
l’engagement des
pouvoirs publics
97
perdu de son cachet, poursuivant ainsi le processus déjà engagé de
déqualification.
Quartier peu attractif, quartier à l’histoire populaire, il a ainsi continué à
accueillir une population parmi les plus précaires. La Basse Ville n’a pas
retenu ses jeunes ; il est progressivement devenu un quartier « béguinage ».
Le petit faubourg écarté a gardé sa position de petit faubourg, sans rêve et
sans promesse.
Les politiques publiques n’ont ainsi pu qu’accompagner l’évolution
démographique et socio-économique du quartier. D’une part, elles ont
maintenu globalement les aides financières et les allocations en direction de la
population. D’autre part, elles ont favorisé une offre de services publics et
d’équipements de proximité plus adaptés à cette population et à ses besoins,
tout en cherchant à mieux répondre aux besoins particuliers des personnes
âgées du quartier, aujourd’hui, sur-représentées. Enfin, elles ont maintenu
une animation de la gouvernance, mais celle-ci demeure aujourd’hui restreinte
aux questions de la proximité. Elle n’invite pas au partage d’une vision globale
et transversale du quartier ni à la construction d’une vision d’avenir commun.
Dès lors les thèmes peinent à se renouveler et, du fait du vieillissement de la
population, les problèmes intergénérationnels plus fréquents irriguent les
échanges avec les habitants du quartier. Ils sont même devenus un enjeu
prédominant de l’action de la maison de quartier.
Le commerce de proximité, notamment alimentaire s’est, quant à lui,
progressivement redynamisé, en développant entre autres de nouvelles
modalités de vente (livraison à domicile, vente internet, etc.). Il faut dire que la
population du quartier demeure peu mobile (une grande part ne possède
toujours pas de véhicules) malgré les efforts de désenclavement du quartier
engagés par les pouvoirs publics et le développement de la diversité des
moyens de déplacement.
En effet, les pouvoirs publics ont agi sur les facteurs d’enclavement du
quartier, en transformant les différents axes en voies douces où tous les
modes de transport trouvent désormais leur place, avec une offre plus
spécifique pour les personnes âgées. Les liaisons de proximité vers le centre-
ville et vers les pôles de services proches ou internes au quartier ont été
améliorées. Il reste que, malgré ces efforts et les évolutions engagées, la
Basse Ville se trouve toujours dans une situation d’enfermement sur elle-
même et dans sa morphologie actuelle, insulaire. Les voies de transit
continuent à encercler le quartier. Les démolitions/reconstructions sur les
bordures du quartier n’ont été conduites que partiellement. Dans le centre, la
trame viaire et morphologique du bâti a peu évolué. Intérieur et extérieur du
quartier continuent à s’opposer.
Petit faubourg à l’écart, il est pourtant traversé, mais n’est que traversé. En
effet, en raison des opportunités foncières favorables et de la situation
géographique stratégique du quartier, proche du centre ville, on assiste aussi
au développement de certaines activités d’agglomération. Le quartier reste
aussi le lieu de concentration d’administrations publiques où on ne vient que
C1 – Retour du
commerce de
proximité et
développement des
activités
d’agglomération
G4 – Différentes
communautés vivent
côte à côte
H2 – Petit faubourg
écarté
I1 – Poursuite de
l’opposition
bordure/centre
K1 – Situation
identique à
aujourd’hui
L3 – Services
adaptés aux besoins
de proximité
M2 – Tous les modes
de transport trouvent
leur place
O2 – Animation
limitée aux questions
de proximité
98
par obligation (Trésor Public, CAF…). La Basse Ville continue donc à souffrir
des allers et venues des usagers de ces services et de ces commerces mais
aussi de ceux qui fréquentent les nombreuses associations caritatives. Des
problèmes de stationnement demeurent.
Les associations caritatives, très présentes historiquement sur ce quartier en
raison des opportunités foncières et de bâti qu’il offrait, non seulement sont
restées pour la plupart d’entres elles, mais leur nombre s’est accru, leurs
activités se sont diversifiées et se sont adaptées, à la fois pour répondre à des
besoins d’agglomération mais aussi pour répondre aux besoins de la tranche
de la population la plus précarisée du quartier et pour apporter un soutien aux
personnes âgées en situation de pauvreté, ceci en complémentarité de
l’action des services publics.
Ainsi, peu à peu les anciens du quartier décèdent et avec eux les sentiments
d’appartenance et de fierté liés à l’histoire ouvrière vécue dans ce quartier
populaire et autrefois très animé et solidaire. Les nouveaux habitants
décontenancés par les divers signes de dégradation physique ont une
perception négative de leur quartier.
Quant à son image externe, les rénovations engagées dans le quartier sont
soit insuffisantes soit méconnues, soit peu visibles. La Basse Ville fait parler
d’elle dans la rubrique des faits divers à l’occasion de conflits entre les jeunes
et les personnes âgées. L’’image se délite, elle est celle d’un quartier peu
attractif et « vieux ».
E3 – Perte des
sentiments
d’appartenance et de
fierté
F1 – l’image se
dégrade
P3 – De plus en plus
d’associations
99
Scénario 6 : quartier de stockage Rédaction : Marie-Claire Barré
La Basse Ville n’existe plus. Elle n’existe plus en tant que telle, comme par le
passé lorsqu’il y avait de la fierté et un véritable sentiment d’appartenance. On
continue bien à utiliser ce nom, pour les gens qui connaissent vraiment bien la
Ville et depuis longtemps. Mais maintenant, en général, on dit plutôt « les
entrepôts du canal en sortant de l’autoroute ». Avec ses commerces fermés,
ses friches industrielles et ses logements vétustes et peu avenants, la Basse
Ville a peu à peu cédé sous la pression des injonctions émanant du centre-
ville : besoin de stationnements, besoin de stockage, besoin de zones de
logistiques de proximité.
En fait, le mouvement s’est amorcé il y a un peu plus de 10 ans, autour de
2014 / 2015, date pivot qui a marqué la fin de l’action publique de rénovation
urbaine (qui s’est arrêtée à la fin de la première phase faute de moyens
financiers). Cette phase d’intervention publique, la dernière du genre dans ce
secteur, s’est traduite par la réhabilitation des immeubles Partenord de la rue
de la Verrerie et du HBM Charles Valentin ainsi que par la démolition de
l’immeuble collectif totalement dégradé qui le jouxtait le long du boulevard
Victor Hugo (le « Bâtiment 5 », comme on l’appelait).
Mais, premier signe de changement, dans l’espace de la reconstruction
attendue sur ce site et devant les demandes répétées des habitants qui se
plaignaient du manque de stationnement, la Ville a autorisé l’aménagement
provisoire d’un parking. Face aux difficultés de financement de reconstruction,
et à l’obligation de « remplir » la troisième phase de Grand Large qui n’a pas
rencontré le succès escompté avec la promotion privée, la quarantaine de
logements a finalement été reconstruite en dehors de la Basse Ville et le
parking provisoire existe toujours. La rue Albert Sauvage est alors devenue,
avec la place Vauban, la nouvelle entrée piétonne vers le centre ville. S’y sont
dès lors développés de petits magasins de déstockage « faillites et fins de
séries » installés en rez-de-chaussée d’immeubles, profitant des cours
N2 - Arrêt de l'action
publique en 2013.
D1 – Dégradation et
diminution du
nombre de
logements
E3 – Perte des
sentiments
d’appartenance et de
fierté
J4 – Quartier de
stockage
I4 Le centre évolue
mais n’entraîne pas
la périphérie
H3 – uniformisation
voire disparition du
patrimoine
100
arrières pour y déposer pêle-mêle lots de vaisselles, bidons d’huile, pots de
peinture vendus au détail à prix sacrifiés.
Pendant ce temps, l’OPAH-RU n’ayant pas réussi à modifier l’image ni le
fonctionnement du quartier, et faute de financements complémentaires pour
mener des actions significatives de revalorisation des espaces publics, la
Basse Ville recommençait à se dégrader, à se dépeupler et à vieillir petit à
petit. De plus en plus inscrits dans la précarité, tous les habitants qui l’on pu
ont alors quitté le quartier, progressivement remplacés par une population
encore plus démunie et fataliste. L’individualisme, le repli sur soi et la
radicalisation communautaire se sont alors instaurés comme le seul mode de
fonctionnement possible. L’ambiance sociale s’y est fortement dégradée.
C’est alors, vers 2020, que la pression foncière s’est accentuée. Pour asseoir
sa politique volontariste de réduction drastique de la voiture en ville, la
collectivité a fait le choix de s’appuyer sur la Basse Ville comme « base
arrière », « coulisses » nécessaires au nouvel agencement exemplaire de son
cœur d’agglomération. Le stade du Fort-Louis, sous-utilisé, a alors été l’objet
de toutes les convoitises, jusqu’à la décision de le supprimer totalement pour
y implanter une « écoZone » (nouveau label de « logistique verte » appliquée
aux centres urbains depuis 2017). Le transport par camion de marchandises
en ville étant maintenant interdit dans Dunkerque Centre, « l’écoZone du Fort-
Louis » sert désormais de lieu de transfert des colis arrivés par voie d’eau vers
de petits véhicules électriques qui se chargent de la desserte locale.
Cette création a donné l’impulsion au lancement d’une série d’autres initiatives
visant à faciliter la vie du centre d’agglomération : aménagement massif de
stationnements sur les bords à canaux (pour accueillir les chalands extérieurs
à la Ville), installation du nouveau Tribunal d’instance aux Aubaines,
regroupement de l’ensemble des associations caritatives jusqu’alors
disséminées dans la Maison de Quartier de la rue de la Paix (vaguement
réhabilitée) de façon à libérer l’occupation de différents hangars. La rue de la
Verrerie s’en trouva alors devenir la nouvelle rue des magasins d’usines et
d’enseignes commerciales. Attirées par le renouveau du centre mais trop
populaires pour être invitées à venir s’installer dans les nouvelles opérations
menées par MultiDéveloppement, elles ont trouvé moyen de s’implanter dans
l’immédiate proximité, sur le chemin du centre devenu quasiment piéton.
Curieusement, cette nouvelle vie commerciale a quelque peu redynamisé la
vie de quartier, en permettant notamment l’implantation de nouveaux
commerces rue de Paris (restauration rapide, établissements de crédits
bancaires…).
M1 - Renforcement
de l’enclavement
A1 - Dépeuplement
B3-Précarisation et
raréfaction des aides
financières
G1 – Difficultés à
vivre ensemble
K1 – Situation
identique à
aujourd’hui
(concentration
d’administrations
publiques…)
P1 – regroupement
des associations en
un même lieu
F4 – Quartier
« avalé » par le
centre-ville
C3-Accueil de
commerces
d’agglomération
101
La Basse Ville se trouve désormais totalement « avalée » par le centre ville.
Les habitants, eux, connaissent encore à l’heure actuelle une sévère
relégation. La collectivité tente toujours de juguler la situation en préemptant
certains immeubles lorsque la salubrité publique est en jeu. Mais il y a de
moins en moins de services publics rendus à la population, la gouvernance
n’est plus animée et la population vivote dans un climat où les incivilités entre
habitants et le sentiment d’abandon est palpable.
L1 – De moins en
moins de services de
proximité
O4 Plus d’animation