ex filiation.indd

1
EXEMPLE DE CONSTRUCTION D’UNE IMAGE : FILIATION Il s’agit de placer dans un décor d’abondance et de fertilité trois générations de mères et filles, chacunes à différents moments de leur vie, tenant un portrait de leur enfant. J’ai commencé par chercher des allées de cerisiers en fleurs. Je les voulais très régulières et très fleuries, ce qui nécessite de jeunes sujets récemment plan- tés. J’en ai trouvé une première, mais en pleine ville. Il va falloir détourer toutes ces feuilles et fleurs une par une...A l’aide d’un 300 mm, j’ai pris 320 clichés puis les ai assemblés: Essai de projection plane avec Stitcher:trop de déforma- tions. Assemblage à la main dans photoshop J’ai pris une deuxième allée en 240 clichés: La troisième, je l’ai recrée à partir des 2 autres par symétrie et clonages (j’aime bien recréer ainsi cette symétrie que l’on trouve dans la na- ture, une symétrie apparente car il y a toujours d’imperceptibles différences comme sur un vi- sage humain ou sur les ailes d’un papillon. Pour cela je duplique, inverse et modifie surtout des éléments très visibles au premier abord, comme les grosses branches à la tête des arbres).Puis je photographie des troncs et des branches en divers endroits et les ajoute à mon image. première étape achevée: les 3 allées Il faut maintenant un sol, une immense pelouse, ce sera celle d’un golf.(80clichés) J’ai ensuite positionné les allées et recrée des ombres sur l’herbe. J’ai photographié des massifs de rhododen- drons, de fleurs diverses (environ 30 clichés par massif)et j’ai commencé à composer mon jardin imaginaire. L’assemblage des massifs: Cette partie du travail est très euphorisante mais que de détourages ! J’ai beaucoup fait de dupli- cations et clonages, toujours pour créer cette sy- métrie et ces effets de répétition,hypnotisants, oniriques, un peu hallucinants. J’ai tordu un peu les perspectives en clonant aussi les allées, en les faisant descendre et monter, se chevaucher. L’espace est rempli de végétation, c’est un dé- lire floral. Mais il manquait un vieux cerisier, un tronc qui ait du vécu. Je l’ai trouvé, l’ai photographié sous 2 faces (encore 2 fois 150 photos à assembler...), puis l’ai incrusté à droite et à gauche, non sans quelques difficultés dues aux grosses différences d’éclairage et de taille de fleurs. Le décor est enfin prêt pour accueillir mes 3 personnages. Je les ai photographiés dans mon jardin, dans la même robe, portant chacun un cadre. Emmanuelle Placement des 3 personnages Après quelques modifications de couleurs de robe, je les ai placés, et j’ai rempli les cadres avec des portraits d’eux même plus anciens. Portraits de Paul à mettre dans un cadre Les 3 personnages dans le décors Je voudrais que chacune dans son allée progresse sur le chemin de la vie. Il me fallait donc les prendre à différents ages. Là, c’etait plus difficile parce que j’étais obligé de récupérer d’anciennes photos argentiques. L’éclairage, le grain, tout est différent. En ce qui concerne la plus agée, je n’ai pu avoir que d’anciennes photos noir et blanc avec beaucoup de grains, et avec un éclairage au flash très artificiel. Il m’a donc fallu les colorier, détramer et redessiner un éclairage. Photos anciennes à colorier et retoucher Les 3 personnages à différents âges Reste à verifier les problèmes de perspective. J’ etablie une ligne d’horizon, des points de fuite et ajuste les personnages aux lignes de fuite. Le reflet: L’eau, le miroir, puissant élément de symétrie et d’évasion, s’impose. J’ai donc sillon- né les rivières de ma région pour trouver un bord d’eau assez dégagé, près d’une prairie. Ce n’est pas si facile à trouver! Pour alléger le travail de l’ordinateur, avant de créer les reflets, je découpe l’image en 6 bandes, plus légères ( de l’ordre du Go quand même…) Je créé ensuite l’eau par symétrie, et différents filtres océan/ondulation/soufflerie/flou/bruit. Et pour finir, l’outil doigt… Un cliché dans l’image Beau petit voyage dans les formes et les couleurs. Ce que j’essaie d’obtenir dans ces hyperphotos, c’est que chacune soit un microcosme dans lequel on peut, en recadrant, découvrir des centaines d’images, s’y perdre. Pour le coup, je me sentais perdu dans cette image, il manquait un cadre, un premier plan, quelque chose de mascu- lin par contraste. J’ai donc photographié ces 2 troncs. C’était ce fameux mois de mai pluvieux, et j’ai du attendre 3 semaines. Chaque tronc est constitué d’une cinquantaine de photos. Cela pose un problème car pour avoir un gros plan à une telle échelle ( l’image fait 4 m de haut à 300 ppi!)il me fallait m’approcher à un mètre cinquante, avec un téléobjectif, et balayer le champ du sol jusqu’à environ 5 mètres de haut, ce qui pose un gros problème de perspective. Comme je vous l’ai dit, je n’étire pas les photos dans ces cas la pour ne pas donner d’effet grand angle et altérer la qualité de l’image. Je grossis donc les troncs au sommet par clonage. Pour terminer et que l’incrustation des arbres soit plus naturelle, reste à met- tre des plantes d’eau en premier plan: nouvelles series de clichés, détourages, assemblages... J’ai trouvé à cette occasion un nid... J’ai enfin passé pas mal de temps sur le rhododendron à gauche que j’ai fina- lement recouvert de feuillage. Ces très gros plans sont difficiles à assembler car la profondeur de champ étant quasi nulle, d’un cliché à l’autre les plans de mise au point sont différents. Quelques étapes d’autres hyperphotos: Eden Racines Hiver à Versailles Prélude & Fugue Dernières Nouvelles Bibliothèque Idéale L’allée d’arbres est prise en ville, la table en studio en reproduisant bien le même éclairage. L’eau est créée par symétrie, mais il faut toujours ajouter des bords de rivière. Les photos qui flottent dans l’eau de l’oubli sont celles de mes ancêtres. Je les ai reproduites dans les albums de famille puis déformées, plissées... Le portrait que tiend la petite fille dans ses bras est un autoportrait du peintre J.A. Muenier, mon arrière grand père. Il est le plus présent car c’est le seul qui en tant qu’artiste a laissé une trace. L’arbre, détouré, est incorporé sur ce ciel. Nous voyons nettement dans l’assemblage de la forêt enneigée, les trous qu’il faut remplir par duplication en redessinant des branchages. Les «personnages» sont les statues du chateau de Versailles, bâchés l’hiver pour leur protection. Tous les éléments, violoncelles, archets, par- titions, sont photographiés un par un en stu- dio. Les trous dans le sable, ombres, etc...sont redessinés a la tablette graphique. J’ai acheté une centaine de journaux de tous les pays du monde, tous différents, mais du même jour. Je les ai photographiés un par un, pages après pages, afin d’obtenir plusieurs mil- liers de clichés que j’ai assemblés pour créer une mer de journeaux. Tous ceux situés dans la moitié inférieure de l’image sont parfaite- ment lisibles. Les personages derrière l’autel sont des autoportraits pris derrière une table nappée.J’ai simplement raccordé les drapés. J’ai photographié les meubles de la bibliothè- que du sénat pièces par pièces : porte, mon- tants, lampes, ballustres, étagères, puis les ai reconstitués sous 5 versions différentes. Beaucoup d’éléments sont détourés et réincor- porés ensuite aux endroits voulus. Un escalier nécessite environ 10 clichés è assembler. J’ai ensuite photographiés les livres rangées par rangées (plusieurs centaines!) dans la bibliothè- que, mais surtout aux archives ou se trouvent les plus beaux. La salle des archives Un des éléments ainsi reconstitué J’ai ensuite multiplié ces blocs en changeant les livres et les n° d’étagères. J’ai crée de nouveaux nombres en dessinant les chiffres Puis j’ai photographié les salles sous différents angles afin d’avoir des angles différents ( envi- ron 150 clichés par vue) Tout a été «cartographié», arcs d’entrés, plafonds Aux plafonds, il y a de très belles allégories peintes par 2 élèves de David.Je les ai photogra- phiées une par une dans différentes pièces(en plusieurs clichés, toujours...) puis toutes assemblées en un grand plafond vu bien de face. J’ai ensuite pu donner à ce plafond monumental la bonne perspective, je l’ai ensuite brisé pour faire apparaître le ciel. Un plafond de la bibliothèque Une allégorie de ce plafond Plafond monumental reconstitué Résultat final Pour le sol, j’ai photographié des livres en studio AUTRES EXEMPLES Les personnages: J’ai détouré et colorisé les portraits, souvent en noir et blanc, parfois peints, d’environ 280 illustres femmes et hommes de lettre. Je me suis photographié sous des angles adap- tés en manteau et chapeau gris. J’ai placé sur ces silhouettes ces portraits. Image finale: Et quelques détails

Upload: jean-francois-rauzier

Post on 11-Mar-2016

216 views

Category:

Documents


2 download

DESCRIPTION

Nous voyons nettement dans l’assemblage de la forêt enneigée, les trous qu’il faut remplir par duplication en redessinant des branchages. Hiver à Versailles Après quelques modifications de couleurs de robe, je les ai placés, et j’ai rempli les cadres avec des portraits d’eux même plus anciens. J’ai ensuite multiplié ces blocs en changeant les livres et les n° d’étagères. J’ai crée de nouveaux nombres en dessinant les chiffres L’assemblage des massifs: Image finale:

TRANSCRIPT

Page 1: ex filiation.indd

E X E M P L E D E C O N S T R U C T I O N D ’ U N E I M A G E : F I L I A T I O N

Il s’agit de placer dans un décor d’abondance et de fertilité trois générations de mères et filles, chacunes à différents moments de leur vie, tenant un portrait de leur enfant. J’ai commencé par chercher des allées de cerisiers en fleurs. Je les voulais très régulières et très fleuries, ce qui nécessite de jeunes sujets récemment plan-tés. J’en ai trouvé une première, mais en pleine ville. Il va falloir détourer toutes ces feuilles et fleurs une par une...A l’aide d’un 300 mm, j’ai pris 320 clichés puis les ai assemblés:

Essai de projection plane avec Stitcher:trop de déforma-tions.

Assemblage à la main dans photoshop

J’ai pris une deuxième allée en 240 clichés:

La troisième, je l’ai recrée à partir des 2 autres par symétrie et clonages (j’aime bien recréer ainsi cette symétrie que l’on trouve dans la na-ture, une symétrie apparente car il y a toujours d’imperceptibles différences comme sur un vi-sage humain ou sur les ailes d’un papillon. Pour cela je duplique, inverse et modifie surtout des éléments très visibles au premier abord, comme les grosses branches à la tête des arbres).Puis je photographie des troncs et des branches en divers endroits et les ajoute à mon image.

première étape achevée: les 3 allées

Il faut maintenant un sol, une immense pelouse, ce sera celle d’un golf.(80clichés)

J’ai ensuite positionné les allées et recrée des ombres sur l’herbe.

J’ai photographié des massifs de rhododen-drons, de fleurs diverses (environ 30 clichés par massif)et j’ai commencé à composer mon jardin imaginaire.

L’assemblage des massifs:

Cette partie du travail est très euphorisante mais que de détourages ! J’ai beaucoup fait de dupli-cations et clonages, toujours pour créer cette sy-métrie et ces effets de répétition,hypnotisants, oniriques, un peu hallucinants. J’ai tordu un peu les perspectives en clonant aussi les allées, en les faisant descendre et monter, se chevaucher. L’espace est rempli de végétation, c’est un dé-lire floral. Mais il manquait un vieux cerisier, un tronc qui ait du vécu.

Je l’ai trouvé, l’ai photographié sous 2 faces (encore 2 fois 150 photos à assembler...), puis l’ai incrusté à droite et à gauche, non sans quelques difficultés dues aux grosses différences d’éclairage et de taille de fleurs.

Le décor est enfin prêt pour accueillir mes 3 personnages. Je les ai photographiés dans mon jardin, dans la même robe, portant chacun un cadre.

Emmanuelle

Placement des 3 personnages

Après quelques modifications de couleurs de robe, je les ai placés, et j’ai rempli les cadres avec des portraits d’eux même plus anciens.

Portraits de Paul à mettre dans un cadre

Les 3 personnages dans le décors

Je voudrais que chacune dans son allée progresse sur le chemin de la vie. Il me fallait donc les prendre à différents ages. Là, c’etait plus difficile parce que j’étais obligé de récupérer d’anciennes photos argentiques. L’éclairage, le grain, tout est différent. En ce qui concerne la plus agée, je n’ai pu avoir que d’anciennes photos noir et blanc avec beaucoup de grains, et avec un éclairage au flash très artificiel. Il m’a donc fallu les colorier, détramer et redessiner un éclairage.

Photos anciennes à colorier et retoucher

Les 3 personnages à différents âges

Reste à verifier les problèmes de perspective. J’ etablie une ligne d’horizon, des points de fuite et ajuste les personnages aux lignes de fuite.

Le reflet: L’eau, le miroir, puissant élément de symétrie et d’évasion, s’impose. J’ai donc sillon-né les rivières de ma région pour trouver un bord d’eau assez dégagé, près d’une prairie. Ce n’est pas si facile à trouver!

Pour alléger le travail de l’ordinateur, avant de créer les reflets, je découpe l’image en 6 bandes, plus légères ( de l’ordre du Go quand même…)

Je créé ensuite l’eau par symétrie, et différents filtres océan/ondulation/soufflerie/flou/bruit. Et pour finir, l’outil doigt…

Un cliché dans l’image

Beau petit voyage dans les formes et les couleurs. Ce que j’essaie d’obtenir dans ces hyperphotos, c’est que chacune soit un microcosme dans lequel on peut, en recadrant, découvrir des centaines d’images, s’y perdre.

Pour le coup, je me sentais perdu dans cette image, il manquait un cadre, un premier plan, quelque chose de mascu-lin par contraste. J’ai donc photographié ces 2 troncs. C’était ce fameux mois de mai pluvieux, et j’ai du attendre 3 semaines. Chaque tronc est constitué d’une cinquantaine de photos.Cela pose un problème car pour avoir un gros plan à une telle échelle ( l’image fait 4 m de haut à 300 ppi!)il me fallait m’approcher à un mètre cinquante, avec un téléobjectif, et balayer le champ du sol jusqu’à environ 5 mètres de haut, ce qui pose un gros problème de perspective. Comme je vous l’ai dit, je n’étire pas les photos dans ces cas la pour ne pas donner d’effet grand angle et altérer la qualité de l’image. Je grossis donc les troncs au sommet par clonage.

Pour terminer et que l’incrustation des arbres soit plus naturelle, reste à met-tre des plantes d’eau en premier plan: nouvelles series de clichés, détourages, assemblages...

J’ai trouvé à cette occasion un nid...

J’ai enfin passé pas mal de temps sur le rhododendron à gauche que j’ai fina-lement recouvert de feuillage. Ces très gros plans sont difficiles à assembler car la profondeur de champ étant quasi nulle, d’un cliché à l’autre les plans de mise au point sont différents.

Quelques étapes d’autres hyperphotos:

Eden

Racines

Hiver à Versailles

Prélude & Fugue

Dernières Nouvelles

Bibliothèque Idéale

L’allée d’arbres est prise en ville, la table en studio en reproduisant bien le même éclairage.

L’eau est créée par symétrie, mais il faut toujours ajouter des bords de rivière.

Les photos qui flottent dans l’eau de l’oubli sont celles de mes ancêtres. Je les ai reproduites dans les albums de famille puis déformées, plissées... Le portrait que tiend la petite fille dans ses bras est un autoportrait du peintre J.A. Muenier, mon arrière grand père. Il est le plus présent car c’est le seul qui en tant qu’artiste a laissé une trace.

L’arbre, détouré, est incorporé sur ce ciel.

Nous voyons nettement dans l’assemblage de la forêt enneigée, les trous qu’il faut remplir par duplication en redessinant des branchages.

Les «personnages» sont les statues du chateau de Versailles, bâchés l’hiver pour leur protection.

Tous les éléments, violoncelles, archets, par-titions, sont photographiés un par un en stu-dio. Les trous dans le sable, ombres, etc...sont redessinés a la tablette graphique.

J’ai acheté une centaine de journaux de tous les pays du monde, tous différents, mais du même jour. Je les ai photographiés un par un, pages après pages, afin d’obtenir plusieurs mil-liers de clichés que j’ai assemblés pour créer une mer de journeaux. Tous ceux situés dans la moitié inférieure de l’image sont parfaite-ment lisibles. Les personages derrière l’autel sont des autoportraits pris derrière une table nappée.J’ai simplement raccordé les drapés.

J’ai photographié les meubles de la bibliothè-que du sénat pièces par pièces : porte, mon-tants, lampes, ballustres, étagères, puis les ai reconstitués sous 5 versions différentes.

Beaucoup d’éléments sont détourés et réincor-porés ensuite aux endroits voulus. Un escalier nécessite environ 10 clichés è assembler.J’ai ensuite photographiés les livres rangées par rangées (plusieurs centaines!) dans la bibliothè-que, mais surtout aux archives ou se trouvent les plus beaux.

La salle des archives

Un des éléments ainsi reconstitué

J’ai ensuite multiplié ces blocs en changeant les livres et les n° d’étagères. J’ai crée de nouveaux nombres en dessinant les chiffres

Puis j’ai photographié les salles sous différents angles afin d’avoir des angles différents ( envi-ron 150 clichés par vue)

Tout a été «cartographié», arcs d’entrés, plafonds

Aux plafonds, il y a de très belles allégories peintes par 2 élèves de David.Je les ai photogra-phiées une par une dans différentes pièces(en plusieurs clichés, toujours...) puis toutes assemblées en un grand plafond vu bien de face. J’ai ensuite pu donner à ce plafond monumental la bonne perspective, je l’ai ensuite brisé pour faire apparaître le ciel.

Un plafond de la bibliothèque

Une allégorie de ce plafond

Plafond monumental reconstitué

Résultat final

Pour le sol, j’ai photographié des livres en studio

A U T R E S E X E M P L E SLes personnages:J’ai détouré et colorisé les portraits, souvent en noir et blanc, parfois peints, d’environ 280 illustres femmes et hommes de lettre.

Je me suis photographié sous des angles adap-tés en manteau et chapeau gris.

J’ai placé sur ces silhouettes ces portraits.

Image finale:

Et quelques détails