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Evaluation Report Sophie Guérin Matt Soar COMS684 Decembre 2011

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by Sophie Guérin For COMS684 Matt Soar 09 Decembre 2011

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Page 1: Evalutation Report

Evaluation ReportSophie Guérin

Matt SoarCOMS684Decembre 2011

Page 2: Evalutation Report

Le cours Media Lab m’a donné l’opportunité d’explorer le thème de la vieilless, les questions éthiques ainsi que la relation sujet/objet présente à l’intérieur d’un processus créatif. Pour ce faire, j’ai voulu d’abord déconstruire les réflexes de production que j’ai appris au fil du temps afin d’explorer de nouveaux modes narratifs. C’est en me basant sur le texte de Bill Nichols, sur la « voix » en production documentaire que j’ai basé mon assise théorique. J’ai voulu explorer les possibilités narratives de cette « voix », entendue comme l’illustration d’un texte chez Nichols. Ce dernier soutient que le documentaire est construit et pos-sède une voix propre qui n’est pas le re-flet de la réalité, mais plutôt une sorte de « verisimilitude », un semblant de vérité.

Je considère que mon approche sur le terrain ressemblait beaucoup à celle des documentairistes. Il m’importait beaucoup d’avoir une certaine

Le phénomène du vieillissement de la population ne date pas d’hier, mais il semble qu’aujourd’hui, nous sommes appelés à se pencher sur la question. Il n’est pas nécessaire d’aller très loin pour se rendre compte que les per-sonnes âgées semblent faire partie des « oubliés » de la société. Elles sont sou-vent peu écoutés et lorsqu’elles sont en pertes d’autonomie, ce sont les autres qui décident pour eux. En plus d’être mis à l’écart, les personnes âgées sont souvent mésinterprétées, parce que victimes de stéréotypes ou pour toute autre raison. Ils semblent parfois vivre une réalité au-tre, mais est-ce vraiment le cas? Som-mes-nous si différents d’eux? Nous vieil-lissons tous les jours, et demain peut-être serons-nous nous aussi ainsi, « vieux ».

forme d’éthique puisque j’avais af-faire à des humains. Je voulais donc explorer quel type de responsabili-té se rattache à ce type de création.

C’est pourquoi le texte de John Stuart Katz, tiré du livre Image Ethics in the Digital Age, fût très pertinent dans cette recherche. Par ailleurs, j’ai voulu baser ma recherche sur des travaux plus récents qui adopt-ent l’idée de recherche-création. C’est pourquoi le texte d’Owen Chapman et de Kim Sawchuk, sur la recherche-créa-tion et la lecture de deux mémoire-créa-

There was your voice...And the idea of a drawing.In my head it was fluid and beautiful.The result is raw... and somewhat clumsy.Maybe you feel this way too?Imprisoned by thoughts... … That your body is unable to translate.

Introduction

tion (research-creation) m’ont permit de ré-fléchir à la place de mon projet dans une institution académique. Ça m’a permis de cadrer ma propre recherche-création.

Bien que ce fût un exercie difficile, mon projet se situe peut-être plus dans la perspective d’une recherche à travers la création. Je considère que ce projet cad-re très bien dans l’idée d’une approche académique autre que quantitative. Il permet d’explorer les relations créateur-participant d’une manière qui se situe peut-être ailleurs que dans le quantifiable.

Aspect théorique

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L’audio de Marthe est devenu une source d’inspiration pour l’écriture d’un « pitch» documentaire. Je voulais voir si je pouvais raconter d’une matière con-cise cette histoire et ainsi voir si je pou-vais proposer ce document à des pro-ducteurs pour voir ce qu’ils en pensaient. Les séquences audio de Marthe sont donc devenues une sorte de matière pre-mière à la rédaction d’une histoire. Pour arriver écrire cette histoire. Il a fallu queje me distancie du sujet. Que je ne pense plus à la personne, mais plutôt à l’histoire que je voulais raconter. Le projet est devenu un ob-jet en soi distinct du sujet réel.

“Time is the substance I am made of. Time is a river which sweeps me along, but I am the river; it is a tiger which de-stroys me, but I am the tiger; it is a fire which consumes me, but I am the fire.”

Jorge Luis Borges

AbandonJ’ai finalement lais-sé tombé cette première idée. Pour l’extrait audio de ma grand-mère. Je savais qu’un moment était plus fort. Ce n’était pas la première qu’elle m’en parlait. J’ai tout de suite sentie ce qu’elle tentait de me communiquer : c’était justement son incapacité de communi-quer. J’ai donc sentie une certaine re-sponsabilité de pousser ce thème plus loin, pour lui donner une voix. Ainsi, partant d’une expérience individuelle et intime, j’ai pu arriver a faire de cette histoire, un objet qui avait un thème universel : l’incapacité de communiquer, le passage du temps, le cycle de la vie.

L’idée de base du projet était d’utiliser deux séquences audio. La première séquence audio était constituée d’extraits sonores provenant d’une visite chez ma grand-mère, qui habite dans une ré-sidence de personnes âgées. J’y ai, en plus, pris quelques photos. Le deuxième entretient a été effectué avec la soeur de cette dernière qui, après la mort de son compagnon de vie, s’est sentie forcée de signer son entrée dans la même ré-sidence. Aucune photos ou vidéos n’a été produit lors de ce second entretien.

Je voulais raconter/partager l’histoire de ces deux femmes, reliées par la même condition: la vieillesse, à l’aide leurs propres mots. Je voulais donc explorer les différentes possibilités qui s’offrent à moi afin de produire une oeuvre finale; leur donner une voix unique et authen-tique. Plusieurs questions restaient en suspend. Allais-je utiliser des photos? Était-il pertinent d’y ajouter du texte? Devais-je en faire un montage sonore seulement? Quel en serait le titre? Com-bien de temps durerait le produit final? La qualité sonore des entrevues serait-t-elle un obstacle de création? Finalement, Quel type de voix sert-il mieux le propos pour ce projet en particulier? Je me suis vite rendu compte, suite aux premiers montages sonores que j’ai fait, que mon projet était d’une trop grande envergure.

Échantillon

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Selon Jean-Louis de Comolli, la dis-tance/proximité qui s’installe lors du processus de création documentaire détermine le résultat final. Il est intéres-sant de voir cet aspect sous cet angle. J’ai choisi de traiter d’un sujet qui éta-it près de moi. J’ai donc pu bien saisir les subtilités de la problématique et choisir ce qui est réellement une pro-blématique dans la vie d’une vieille dame, puisque je connaissais bien cette personne. Il n’a pas été difficile pour moi d’établir une relation de confiance avec mon sujet, tout était déjà instauré.

Tout comme Bill Nichols, Geneviève Allard, dans son projet de mémoire-création, semble énoncer un virage dans l’approche documentaire. Elle affirme que « les artistes ne cherchent plus à témoigner strictement du “réel”, mais à questionner les représentations de la réalité à travers le discours des im-ages. » Voilà pourquoi j’ai voulu y inté-grer ma propre voix au projet Odélie. Il y a donc littéralement la voix de ma grand-mère et la mienne dans la trame sonore. Ces voix constituent à la fois, la voix du texte, qui dans une perspec-tive plus large, fait partie du discours, celui de la difficulté de communiquer.

Il fût intéressant de constater le nombre de commentaires j’ai pu obtenir de ce projet. Je n’avais pas pris conscience que

ce projet allait toucher les gens à un tel niveau. Bien sûr, ce projet me touchait personnellement, parce que je me sen-tais proche du sujet. J’ai constaté que ce sujet est devenu plus universel. Une amie m’a affirmé qu’elle se sentait ainsi lorsqu’elle créait. D’autres personnes, que je sais très réservées, m’ont spéci-fié qu’elles avaient vécu « une émotion » lors de l’écoute du projet Odélie. Mon projet a donc joué au niveau de l’affect, ce qui fût quelque peu surprenant.

Bien que mon projet ait répondu à tous les objectifs que j’avais ciblés. Il demeure qu’il manque une portion importante de mon projet qui n’a pas encore été ré-alisé. Je parle ici du fait qu’Odélie, ma grand-mère, n’a pas encore vu la pièce pour des raisons techniques. Je tiens à être présente lorsqu’elle visionnera le projet. Comme elle habite à cinq heu-res de route, il fût difficile pour moi de faire le voyage avant la fin de la ses-sion. Je considère qu’il est absolument nécessaire de voir ce que la principale personne concernée en pense. Bien que j’aie des doutes sur l’effet que ce pro-jet peut avoir sur elle, je ne crois pas qu’elle soit en désaccord avec le propos. J’ai veillé à ce que l’essence de ces pro-pos ne soit pas déformée. J’ai tenté de faire entendre sa voix, et non la mienne.

Il est évident que les propos de Katz m’ont suivi tout au long du projet. Il af-firme dans son texte que la responsabil-ité envers le sujet est la question la plus importante et la plus complexe. Selon ce dernier, il y a un énorme potentiel d’abus lorsque le sujet est de la famille parce que ce dernier nous fais déjà confiance. Il peut alors être facile pour celui qui a un projet en tête (dans ce cas-ci, il est ques-tion de moi) d’obtenir consentement.

Il est vrai que j’ai peut-être obtenu le con-sentement de ma grand-mère rapidement. Par contre, j’étais consciente qu’elle avait déjà vu le type de projet que je fais. Elle a eu confiance en moi et je n’ai pas abusé de cette confiance. Par ailleurs, il important de noter que j’ai tenu à mon-trer les premières version à ma famille, question de tester leurs réactions. Com-me elles étaient bonnes, j’ai continué.

Katz affirme qu’il existe un conflit de responsabilité entre la responsabilité en-vers le sujet, le soi-même, l’audience et la profession et qu’il n’y a pas de bonne recette. Pour ma part, j’ai découvert lors de cette recherche-création, qu’il s’agit d’être honnête envers sa propre démarche. Il faut savoir se positionner et décider quel type de responsabilité compte le plus pour nous. Dans le cas du projet Odélie, je crois qu’il y a eu une bonne balance de ces quatre éléments.

Faiblesses

Réactions

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ALLARD, Geneviève (2009). « Approches ciné-matographiques et récit documentaire. Manières d’être et manières de voir ». Mémoire-création présenté en novembre 2009. UQAM. 55p.

BORGES, Jorge Luis (1967), “A New Refutation of Time,” in Labyrinths: selected stories & other writings, New York: New Directions Publishing, p. 247

CAMPEAU-VALÉE, Guillaume (2010). « La voix-over dans le cinéma documentaire », Mémoire-création présenté en septembre 2010, Montréal, Université de Montréal, 2010.

CHAPMAN, Owen and Kim Sawchuk (2011). « Research-Creation: intervention, analysis and “family resemblances’’ », version décembre 2011, article non publié. KATZ, John Stuart (2003)’’ Family Film’’ in Image Ethics in the Digital Age. Mineapolis: University of Minesota Press, p. 327-342.

La relation que j’entretiens avec ma grand-mère a définitivement influencé tout le processus de création de ce projet. Je me suis sentie investie, impliquée et re-sponsable envers elle et par extension, en-vers ma famille et mon projet final. Il est à noter qu’il est toutefois un peu tôt pour réellement pouvoir analyser les répercu-tions que ce projet de recherche-créa-tion a au niveau académique et social. Il me faudrait attendre encore quelque temps, pour permettre à certaines no-tions d’émerger, mais aussi à tout le processus de décanter. Cette expérience fût très formatrice. En plus d’explorer les problèmes d’éthiques et de respon-sabilité du processus créatif, ce projet a permis de me positionner par rapport au type de relation sujet/objet qui déter-mine l’issue de l’œuvre finale. En plus de reconnaitre que le processus n’a pas to-talement été conclu, puisque ma grand-mère n’a pas encore visionnement le projet final, je crois qu’il me manque un certain recul pour être capable de bien cerner l’apport théorique du projet. Il n’est pas dit cependant, que ce proces-sus d’apprentissage ne sera pas forma-teur pour le projet de recherche-création que je désire faire lors de cette maitrise.

BibliographieConclusion