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Evaluation rapide des conditions socioéconomiques et biologiques actuelles de la Zone d’intérêt cynégétique de la Falémé et Recommandations pour la gestion future Soutien technique des Programmes internationaux du Service forestier du Département américain de l’agriculture (USDA) Dates de mission : 19 février – 3 mars 2006 Rapport final : avril 2006 Photo de couverture : l’équipe d’évaluation a utilisé des livres illustrés sur la faune africaine pour stimuler la discussion sur les pratiques de chasse, l’habitat occupé et pour examiner les tendances perçues en matière de populations et d’habitat. (Dufour) 1 Rapport soumis par : Jill A. Dufour Warren G. Montague Susan Gannon Regional Environmental Wildlife Biologist (Contractor) Coordinator USDA Forest Service International Resource Group USDA Forest Service Ouachita National Forest Dakar, Sénégal Pacific Northwest Region Waldron, Arkansas 72958 + (221) 832-33-55 Portland, Oregon, 97208 (479) 637-4174 [email protected] (503) 808 -2276 [email protected] [email protected]

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Evaluation rapide des conditions socioéconomiques et biologiques actuelles de la Zone d’intérêt cynégétique de la Falémé et Recommandations pour la

gestion future

Soutien technique des Programmes internationaux du Service forestier du Département américain de l’agriculture (USDA)

Dates de mission : 19 février – 3 mars 2006

Rapport final : avril 2006

Photo de couverture : l’équipe d’évaluation a utilisé des livres illustrés sur la faune africaine pour stimuler la discussion sur les pratiques de chasse, l’habitat occupé et pour examiner les tendances perçues en matière de populations et d’habitat. (Dufour)

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Rapport soumis par : Jill A. Dufour Warren G. Montague Susan Gannon Regional Environmental Wildlife Biologist (Contractor) Coordinator USDA Forest Service International Resource Group USDA Forest Service Ouachita National Forest Dakar, Sénégal Pacific Northwest Region Waldron, Arkansas 72958 + (221) 832-33-55 Portland, Oregon, 97208 (479) 637-4174 [email protected](503) 808 -2276 [email protected]@fs.fed.us

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Table des matières Résumé analytique………………………………………………………………………...........3 Présentation générale……………………………………………………………………............5 Méthode d’évaluation rapide……………………………………………………………....……8 Résultats de l’évaluation rapide………………………………………………………………..10 Aspects juridique/administratif……………………………………...............................………18 Atelier sur la ZIC………………………………………………………………..……………..19 Références……………………………………………………………………………………...22 Annexe A – ordre du jour de l’atelier et notes transcrites (verbatim) de l’atelier ZIC, Kédougou, Sénégal. 1er mars 2006…………………..…………………………………...….....23 Annexe B – profils communautaires des villages qui ont été interviewés par l’équipe en utilisant un protocole d’évaluation rapide………………………………………..………….....26 Annexe C – information sur la capture de gibier pour la ZIC……………………………….....31 Annexe D – Résumé des informations empiriques fournies par les villages interviewés où la présence de chimpanzés, de phacochères ou de lions a été mentionnée……………...….32 Annexe E – Définition des tâches……………………………………………………………...33 Annexe F – Liste de sigles……………………………………………………………………..36

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Résumé analytique Une équipe interdisciplinaire a effectué une évaluation sur le terrain pour aider le projet Wula Nafaa et le Gouvernement du Sénégal à procéder à l’évaluation de la superficie de1,3 millions d’hectares occupée par la Zone d’intérêt cynégétique de la Falémé (ZIC) dans le sud-est du Sénégal. L’évaluation avait deux objectifs principaux. Le premier était de fournir un aperçu général des conditions forestières existantes, de l’état des ressources fauniques et de leur utilisation, ainsi que des conditions socioéconomiques des communautés. Cet objectif a été atteint en utilisant un protocole d’évaluation rapide pour interviewer les habitants des villages de la ZIC. Le deuxième objectif était d’organiser un atelier de planification à l’intention de toutes les organisations gouvernementales et non gouvernementales et des entreprises pouvant être intéressées par le futur de la ZIC. L’atelier avait pour objet d’examiner l’état de la ZIC et d’élaborer un plan stratégique pour assurer sa conservation. Les résultats de l’évaluation rapide ont été rapportés et sont aussi accompagnés de recommandations spécifiques. L’atelier a fourni des résultats détaillés des évaluations effectuées sur le terrain par l’équipe sur les aspects suivants :

• Socioéconomiques • Biophysiques et techniques • Législatifs/administratifs

Les participants à l’atelier ont ensuite formulé des recommandations pour l’élaboration d’un plan d’action et ils ont identifié des partenaires qui seront chargés de la mise en œuvre du plan d’action. Les principaux résultats de l’équipe d’évaluation sont récapitulés ci-après :

• La Loi sur la décentralisation et les objectifs de gestion pour la ZIC ne sont pas universellement compris et les limites de la ZIC ne sont pas clairement identifiées sur le terrain. Les questions de communication, de gouvernance et de partage des recettes (en particulier pour ce qui est des activités polyvalentes, comme la chasse, la production de coton et l’exploitation de mines d’or) empêchent les villages locaux de tirer pleinement profit des avantages possibles de la gestion forestière durable.

• Il existe des possibilités importantes de mise en œuvre de plans d’aménagement des terres, ce qui pourrait arrêter le déclin des populations d’espèces fauniques en danger (comme le chimpanzé, l’élan de Derby), et la dégradation de leur habitat par suite du déboisement en raison de feux incontrôlés causés par les humains et de l’empiètement de l’agriculture.

• L’extraction des ressources (comme l’exploitation des mines d’or et de fer) et les activités agricoles (comme la production de coton) présentent à la fois des possibilités économiques et des problèmes environnementaux. Ces utilisations polyvalentes pourraient faire intervenir des partenaires importants en vue d’améliorer les infrastructures et les services villageois (par exemple puits, routes, établissements de santé, écoles, emploi).

• La réalisation des objectifs de la ZIC continuera d’être entravée par l’insuffisance de personnel pour assurer la communication, faire appliquer la loi et conduire les activités

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quotidiennes nécessaires à la gestion régulière des ressources, comme la lutte contre braconnage, la maîtrise des incendies et l’entretien des limites/panneaux de la zone.

Les recommandations clés de l’équipe d’évaluation ont été les suivantes :

• Permettre la chasse du petit gibier (oiseaux d’altitude) dans la ZIC, ce qui fournirait une source de revenu supplémentaire pour les villages locaux.

• Accorder la priorité aux activités de lutte contre le braconnage. • Préparer et mettre en œuvre un plan de maîtrise des incendies qui devrait envisager des

méthodes d’allumage planifié de feux à l’échelle paysagère et prévoir des périodes où les habitants locaux sont autorisés à allumer des feux en début de saison.

• Envisager d’investir dans un effort de recensement à long terme de la faune en partenariat avec le personnel du Parc national de Niokola Koba et de la Zone Amodiée, en ayant recours à diverses méthodes d’enquête s’appliquant aux espèces présentant de l’intérêt.

• Promouvoir les investissements dans les sources d’eau villageoises, ce qui remédiera aux pénuries d’eau et réduira les conflits entre les humains et la faune.

• Promouvoir des partenariats entre les communautés et les entreprises d’exploitation minière et d’activités basées sur l’agriculture afin de prendre en compte les besoins d’infrastructure et autres. Ces partenariats devront inclure une stratégie transparente de répartition des recettes pour des fonds de développement.

• Etablir des directives claires pour le partage des avantages entre les gestionnaires de campements de chasse et les communautés locales et rendre officielles dans un contrat les actions précises que les gestionnaires de campement devront prendre au niveau villageois.

• Etablir des méthodes de gouvernance et de communication qui sont transparentes et qui font participer les villageois.

• Passer en revue toutes les lois et politiques établies à ce jour pour la ZIC (y compris les plans sous-régionaux, la législation de la ZIC et la Loi sur la décentralisation) et définir des options pour résoudre les conflits.

• Elaborer et mettre en œuvre une stratégie de communication qui encouragera la collaboration entre les divers niveaux du gouvernement et les divers publics qui sont concernés par la ZIC.

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I. Présentation générale Ce rapport présente les résultats d’une mission du Service forestier du Département américain de l’agriculture (USFS) pour apporter une assistance technique au Projet Wula Nafaa et au Gouvernement du Sénégal (GS) concernant la Zone d’intérêt cynégétique de la Falémé (ZIC). Ce rapport est le produit de la deuxième mission d’une série continue de voyages d’assistance technique. Au cours de cette mission, une équipe de l’USFS composée de deux personnes s’est rendue à la ZIC pour accomplir les objectifs suivants :

Objectifs de la mission : Objectif I : réaliser une évaluation rapide des conditions existantes En collaboration avec le Département des Eaux et Forêts, la Direction des Eaux, Forêts, Chasse et Conservation des Sols (DEFCCS) et le Projet Wula Nafaa, réalisation d’une évaluation rapide des méthodes participatives utilisées dans la ZIC en considérant un échantillon des communautés. Ce ”coup d’œil” rapide fournira un aperçu général de l’état existant de la faune, des conditions forestières (y compris l’empiètement agricole) et des conditions socioéconomiques des communautés. Objectif II : communiquer les résultats à un atelier de planification stratégique Après la réalisation de l’évaluation, l’équipe participera à un atelier de planification stratégique. L’atelier réunira les principaux acteurs intéressés par la ZIC : CSE, EROS, USAID, USFS, UICN, DEFCCS et autres, notamment le secteur privé, comme la compagnie d’extraction d’or australienne. L’objectif de l’atelier sera d’examiner la situation actuelle de la ZIC de la Falémé et de dresser un plan stratégique pour assurer sa conservation. L’atelier établira un plan d’action pour définir les études et les inventaires de ressources à effectuer pendant l’année à venir, aboutissant ainsi à l’élaboration d’un plan de gestion des ressources. Source : Déclaration de travail de la Mission de l’USFS au Sénégal, 2006

Zone de l’étude La Zone d’intérêt cynégétique de la Falémé (ZIC) a été promulguée zone de faune naturelle par le GS (loi 72-11-70, datée du 29-09-72 et modifiée par la loi 78-506, datée du 15-06-78). La ZIC couvre une superficie de 1.336.000 hectares (3.301.315 acres) dans le sud-est du Sénégal et borde les pays du Mali et de la Guinée (Fig. 1). Elle est destinée à procurer un habitat supplémentaire aux populations fauniques du Parc national de Niokola Koba en servant de ”zone d’habitat tampon” entre le parc et ses alentours qui sont en train de faire l’objet de développement agricole (Baidy Ba, communication personnelle 2006). La zone est reconnue comme zone de priorité et d’importance de conservation nationale par le GS (Baidy Ba, communication personnelle 2006) et elle est indispensable à la continuité d’un certain nombre de petites communautés villageoises à l’intérieur de la zone et dans ses environs. Elle est administrée par la DEFCCS. 5

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Figure 1. Carte des environs du Sénégal et de la région de Tambacounda dans la pointe sud-est du pays. La flèche indique la situation générale de la ZIC.

La ZIC est située entièrement dans les bassins hydrographiques de la Falémé et du fleuve de Gambie. La moyenne des précipitations est de 1.000 mm par an. Les pièces d’eau et autres petites sources d’eau dormante subsistent pendant neuf à dix mois environ de l’année. Les températures annuelles moyennes varient entre 25 degrés C en janvier et 34 degrés C en avril. A certains endroits, le relief est escarpé et la zone est riche en ressources minérales (DEFCCS 2006). A l’intérieur et aux alentours de la ZIC, les populations sont autorisées à poursuivre les activités d’exploitation suivantes :

• Elevage • Agriculture • Ramassage de bois de feu et • Cueillette de fruits sauvages et de plantes médicinales

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Figure 2. Carte de la ZIC montrant les principaux villages et la rivière Falémé qui constitue la frontière est avec le Mali. (Ne pas tenir compte de la zone en gris et de la ligne intérieure en gras.)

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Tendances récentes en matière d’habitat L’interprétation des photographies aériennes prises en 2004 (USGS/Wulaa Nafaa 2004) indiquait qu’à cette époque une bonne part de la zone était intacte. Les photographies révélaient aussi des preuves de déboisement à cause de l’expansion des activités d’agriculture dans la ZIC. Les informations empiriques concernant les populations fauniques (exploitants de safari, interviews auprès des villages conduites pendant cette évaluation, 2006) indiquent qu’un certain nombre d’espèces de gros gibier ont complètement disparu (éléphants, girafes) et que d’autres espèces de gros gibier sont sérieusement menacées (antilopes, buffles). On ne possédait pas d’inventaire à jour des ressources sur le terrain avant la réalisation de cette évaluation rapide en raison du manque de méthodologie simple d’inventaire de la faune. Chasse dans la ZIC La politique de gestion des ressources de la ZIC sert d’orientation pour la conservation et l’exploitation du gros gibier. La faune sauvage représente une ressource économique, culturelle, éducative et scientifique pour les habitants du Sénégal et de la région de la ZIC. Quelques-uns des villages visités pendant la réalisation de cette évaluation utilisent aussi les espèces fauniques comme source de viande et pour la conduite de rituels. Un grand nombre de villageois ont fait remarquer au cours des interviews qu’ils ne consommaient pas la viande chassée. Seule la viande qui est abattue conformément à la loi islamique (”halaal”) peut être consommée et la viande chassée n’est pas conforme à cette loi. Cette remarque a été confirmée par les données recueillies par Marks (2004/5) auprès de ménages de la région de Tambacounda qui donnent à penser que rares sont les habitants locaux qui consomment la viande chassée dans les forêts des alentours. La ZIC comprend neuf campements appartenant à l’Etat où la gestion est confiée aux gestionnaires de chasse de gros gibier conformément à un protocole qui stipule la protection des écosystèmes et qui est administré moyennant un plan de capture annuel (Davidson 2005). Les quotas de chasse récents (”capture” autorisée et réelle) n’ont pas été atteints (Annexe C). II. Méthode d’évaluation rapide L’équipe a établi un protocole d’évaluation rapide récapitulé plus bas pour la conduite des interviews auprès des habitants des villages situés dans la ZIC afin de recueillir des informations fauniques et socioéconomiques dans la courte période attribuée à la mission. En procédant à l’évaluation rapide, l’équipe a été en mesure de recueillir des informations empiriques sur la présence et l’absence des espèces, les tendances en matière de population et ces informations ont pu être ensuite rapprochées des listes d’espèces de capture de gros gibier et des inventaires du Parc national de Niokola Koba. Ceci a permis de compiler une évaluation rapide de l’état existant de la zone d’étude. Les communautés de la ZIC qui ont participé à l’évaluation ont été sélectionnées par la DEFCCS. Une équipe pluridisciplinaire et pluri-organisationnelle composée de membres du Service forestier de l’USDA (Montague, biologiste de la faune, Dufour, planificateur forestier/biologiste), de représentants de la DEFCCS, du projet Wula Nafaa et d’un contractant privé (Gannon, évaluation socioéconomique) a traversé la ZIC et rendu visite aux campements de chasse et aux communautés formant l’échantillon (Tableau 1).

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Tableau 1. Récapitulatif de l’itinéraire de voyage de l’équipe d’évaluation rapide, y compris les communautés/campements de chasse qui ont été visités. Date Localité Activité 19/02/06 Dakar Arrivée USFS au Sénégal 20/02/06 Dakar - Tambacounda Réunions administratives avec DEFCCS, USAID,

USFS 21/02/06 Tambacounda - Kédougou Voyage à Kédougou 22/02/06 Dalafing, Dimboli Interviews sur place (nuit à Kédougou) 23/02/06 Missirah, Saenssoutou Interviews sur place (nuit à Kédougou) 24/02/06 Moussala Interviews sur place (nuit à Gareboureya) 25/02/06 Garebouréya Interviews sur place (nuit à Kédougou) 26/02/06 Kayan, Sabodalla Interviews sur place (nuit à Kayan) 27/02/06 Kanoumery Interviews sur place (nuit à Kédougou) 28/02/06 Kédougou Préparation de l’atelier 01/03/06 Kédougou Atelier 02/03/06 Kédougou - Tambacounda Voyage de retour et rédaction du rapport de mission 03/03/06 Tambacounda - Dakar Voyage de retour et rédaction du rapport de mission 04/03/06 Dakar Départ USFS du Sénégal Dans presque tous les cas,1 l’équipe a appliqué une méthode d’évaluation rapide intentionnelle qui est résumée ci-après : 1.) présentation au Président des Conseils ruraux de la zone. 2.) Visites des sites villageois (y compris évaluation au volant des conditions forestières le long

de la route). 3.) Présentation aux représentants villageois, notamment le chef de village et autres membres. 4.) Déclaration des objectifs de la réunion par le Chef de mission (en insistant sur l’intention de

s’informer auprès de la communauté et de rassembler des informations sans jugement catégorique).

5.) Il a été demandé aux chefs communautaires de dresser une carte sur le sol (avec du sable ou du charbon de bois) pour définir :

• Le territoire du village • Les terres et cultures agricoles • Les zones de pâturage • Les principales caractéristiques géographiques (en particulier cours et pièces d’eau), et • Les autres communautés de la zone

La carte a ensuite été utilisée pour montrer toute autre information qui leur était importante, notamment les modes de distribution de la faune, les informations sur la chasse et autres observations que les villageois ont formulées.

6.) Des réunions ont été tenues avec les représentants villageois pour rassembler des informations socioéconomiques. Ces réunions ont porté sur les discussions suivantes :

• Cultures, élevage, produits forestiers et changements avec le temps • Taille du village/perspectives de croissance • Utilisation de la faune • Ressources en eau

1 Après les deux premières visites villageoises, l’équipe a modifié légèrement la méthodologie afin d’inclure un exercice de cartographie en collaboration (décrit ci-dessus) pour faciliter la communication avec les communautés. Les enquêtes auprès des deux premiers villages ont été conduites en utilisant uniquement des techniques verbales.

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III. Résultats de l’évaluation rapide Les résultats de l’évaluation rapide sont récapitulés plus bas sous l’appellation Principaux résultats (synthèse des principaux thèmes qui se sont dégagés des visites sur le terrain), suivis de présentations plus détaillées des constatations biophysiques et techniques, socioéconomiques et juridiques/administratives, ainsi que de recommandations respectives. Principaux résultats

• La Loi sur la décentralisation et les objectifs de gestion de la ZIC ne sont pas universellement compris. Les villageois ne connaissaient pas l’importance de l’affectation des terres à la ZIC et ceux qui ont été interviewés avaient des opinions différentes sur les objectifs de la gestion des terres à l’intérieur de la zone.

• Il existe des possibilités intéressantes de création de plans d’aménagement des terres pour

protéger ou restaurer les couloirs de migration qui subsistent entre la ZIC et le Parc national de Niokolo Koba et au sein de la ZIC même, afin d’arrêter le recul des populations et la dégradation de l’habitat des espèces en danger (par exemple chimpanzés, ongulés migrateurs).

• Les questions de communication, de gouvernance et de partage des bénéfices empêchent

les villages locaux de tirer pleinement parti des avantages possibles de la gestion forestière durable, notamment la chasse.

• Le déboisement de la ZIC par des feux incontrôlés causés par les humains et par

l’expansion de l’agriculture le long de la Falémé (principalement le coton) sont en train de fragmenter les forêts et de menacer la survie des populations fauniques. Les éléphants et les girafes ont disparu de l’écosystème et les grands ongulés, comme le buffle et l’antilope, sont en déclin (interviews sur le terrain, 2006).

• Les affectations des terres protégées, comme la ZIC, n’ont pas de limites bien définies

”sur le terrain”. L’absence de connaissance de leur emplacement précis empêche la bonne exécution des directives d’aménagement des terres par les habitants locaux.

• Les opérations d’extraction d’or dans la ZIC, y compris l’opération importante de

Sabodala, présentent à la fois des opportunités et des problèmes. Ces opérations pourraient devenir d’importants partenaires pour améliorer les infrastructures et les services villageois essentiels (par exemple puits, routes, établissements de santé, écoles, emploi). Elles sont aussi une source d’inquiétude pour l’environnement de la ZIC, étant donné qu’elles contribuent au déboisement, à la fragmentation et à la contamination possible de l’environnement si aucun engagement à long terme n’est pris pour l’assainissement et le confinement des polluants.

• Le Gouvernement du Sénégal est à l’heure actuelle en train d’examiner et de réviser les

lois réglementant la chasse. Cette révision fournit une occasion importante d’affecter de plus grosses recettes de la chasse à l’amélioration de l’infrastructure et du bien-être des villages locaux de la ZIC, permettant ainsi aux communautés de constater qu’elles

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peuvent tirer de plus grands avantages de la forêt (en restant en conformité avec la mission du projet Wula Nafaa).

• Le manque de personnel constitue un obstacle considérable à la réalisation avec succès

des objectifs de la ZIC. Tous les aspects de gestion sont entravés par un personnel insuffisant pour assurer la communication, faire appliquer la loi et conduire les activités quotidiennes pour la gestion régulière des ressources, comme la maîtrise des incendies, l’entretien des limites/panneaux de la zone et les patrouilles de surveillance anti-braconnage. Au moment de la réalisation de cette évaluation, deux agents forestiers étaient affectés à une superficie de plus de 1,3 million d’hectares.

Résultats détaillés

ii. Aspects biophysiques et techniques Les points suivants concernant l’environnement biophysique se sont dégagés des visites de la ZIC effectuées par l’équipe : Résultats La ZIC souffre actuellement de déboisement en raison de l’abattage du bois et des feux de brousse causés par les humains. Les interviews avec les villageois ont révélé que l’extraction de bois est effectuée principalement à des fins de défrichage, de combustible et de matériaux de construction. Les feux de brousse sont allumés par les propriétaires de bétail habitant les villages et par les éleveurs nomades afin d’accroître la production de fourrage pour les bovins, les ovins et les caprins. Les feux incontrôlés résultant du défrichage agricole semblent exercer un impact considérable étant donné que, une fois que les arbres sont abattus et les broussailles entassées, les champs sont brûlés. Le défrichage et le brûlage dans les champs agricoles ont souvent lieu juste avant le commencement de la saison des pluies (avril/mai), quand la forêt est extrêmement sèche et que les feux sont particulièrement incontrôlables. Figure 3. Les feux de brousse allumés par des éleveurs pendant la saison sèche tuent souvent de grands arbres, contribuant au déboisement.

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Les effets cumulés du déboisement dans le temps et l’espace se traduisent par : • La fragmentation de l’habitat des espèces fauniques, • L’aggravation du conflit entre les éleveurs nomades et les éleveurs villageois pour

l’obtention de fourrage et d’eau, et • La ferme opinion dans presque tous les villages interviewés que la richesse des espèces

de gros gibier est en train de s’appauvrir. Ces tendances sont confirmées par le déclin de la diversité dans les statistiques sur la capture de gros gibier (Annexe C). S’il était convenablement pratiqué, le brûlage contrôlé pourrait être un outil précieux pour améliorer le fourrage pour la faune et le bétail domestique. Il pourrait aussi servir à protéger les villages contre le dégât des feux de brousse. La réduction de l’habitat contribue à accroître le conflit entre les humains et la faune. Tous les villages ont fait remarquer que la destruction des cultures par les espèces fauniques est un problème majeur dans la ZIC ; en particulier la destruction causée par le phacochère et le francolin. Les villageois ont tous raconté des histoires d’attaque d’animaux domestiques par des prédateurs, notamment des lions et des hyènes qui ont tué des bovins, des ovins et des caprins, et ils ont mentionné que des caracals auraient tué des poulets. La faune détruit les cultures agricoles dans tous les villages (les phacochères consomment les arachides, les hippopotames écrasent les parcelles de riz et de légumes et les oiseaux sauvages mangent les graines nouvellement semées ainsi que les jeunes plantes céréalières). Les chimpanzés ont adopté des changements de comportement importants (longues migrations nocturnes et changement de leurs propres territoires pour contourner les galeries forestières riveraines et rester dans des caves) afin d’éviter les sources d’eau proches des villages. Les habitants de Dimboli ont mentionné des conflits entre les personnes cherchant à se procurer de l’eau dans la zone sud de Dimboli (juste à l’extérieur de la bordure de la ZIC) et les chimpanzés.

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Figure 4. Les villageois partout dans la ZIC se sont plaints fréquemment que lgrands prédateurs, notamment les lionattaquaient les animaux de leurs troupeaux. L’équipe s’est rendue sur le site de cette carcasse (un jeune bœuf) tué par un lion à proximité du village de Dalifing.

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Un important élément d’information empirique cité par la DEFCCS (communication personnelle, 2006) était qu’il existait sans doute dans la ZIC des espèces de gros mammifères qui utilisaient un couloir migratoire s’étendant du Parc national de Niokolo Koba (PNNK) jusqu’ à travers la ZIC, allant en gros de Kamoumeri à Barabiry, puis Dalafing, jusqu’à Madina Baffe. Aucun élément de recherche documentée, spécifique à la ZIC, n’a pu être trouvé pour confirmer ces déclarations sur les espèces de gros mammifères énumérés à l’Annexe C. Cependant, il n’est pas inhabituel, pour certaines espèces fauniques africaines, de parcourir de longs trajets migratoires saisonniers. Deux espèces fauniques ”en danger” méritent une attention particulière. L’élan de Derby a été mentionné à plusieurs réunions villageoises comme ayant seulement récemment disparu de la ZIC. La présence récente de cette espèce n’a été signalée par aucun des villages visités. L’équipe a reçu des informations empiriques sur un reste de population d’élan de Derby toujours en existence dans le PNNK, mais elle n’a pas pu confirmer cette déclaration. C’est une espèce qui pourrait avoir présenté un comportement migratoire entre le PNNK et la ZIC. Si une population source de cette espèce existe en réalité toujours dans le PNNK, la ZIC pourrait alors devenir un habitat très important dans un effort pour rétablir cette population. Il a été signalé que des populations de chimpanzés existaient à proximité de quatre des villages visités (voir Annexe D). Il est signalé que cette espèce est en voie de déclin rapide. Les chimpanzés sont très vulnérables aux conflits avec les humains aux alentours des sources d’eau (Janice Carter, communication personnelle 2006), aux troubles causés par les braconniers (Tutin et Fernandez, 1984) ou même au tourisme non réglementé. Il a été observé que les populations de chimpanzés du Sénégal, qui dépendent des parcelles restantes de galerie forestière pour leur survie, parcouraient de longues distances entre les zones où ils dorment, se nourrissent et s’abreuvent (J. Carter, communication personnelle 2006). Questions de chasse dans la ZIC Le déclin du nombre de captures et des populations de gros gibier, en particulier le buffle, le kob, l’antilope des roseaux et l’hippotrague, a suscité une discussion sur trois questions associées à la chasse dans la ZIC :

• La chasse devrait-elle être autorisée (et quelles espèces) • Est-il nécessaire de décentraliser la gestion des ressources et d’accroître le partage des

bénéfices, et • Les besoins d’inventaire et de recensement de la faune

La chasse et le revenu qu’elle entraîne offrent la possibilité de contribuer aux recettes des communautés locales et à la conservation et la gestion de la ZIC. Les patrouilles de surveillance du braconnage, les inventaires de populations, les aménagements des ressources en eau et le brûlage contrôlé pour améliorer la production de fourrage pourraient bénéficier d’un programme de chasse bien géré à l’aide d’un système de gouvernance mettant l’accent sur les revenus pour les communautés locales. Maîtrise des incendies dans la ZIC Une excellente discussion sur le feu en tant que force écologique dans la région de la ZIC, dans le sud-est du Sénégal, a été incluse dans le rapport de Marks de 2004/2005 (pp. 87-92), de sorte

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que nous ne la répéterons pas ici. Le point sur lequel il importe d’insister est le fait que le feu offre la possibilité d’exercer un rôle bénéfique important pour l’ensemble de la gestion de la ZIC et que la possibilité du feu d’influencer la vie des humains et des populations sauvages de la zone est sans égal. La gestion améliorée des ressources que renferme une vaste étendue de la taille de la ZIC exigera, par nécessité, l’application d’un outil relativement bon marché à une échelle paysagère. L’utilisation avec prudence du brûlage réglementé constitue cet outil. Les feux incontrôlés dans la ZIC ont tendance à se produire principalement pendant les températures extrêmes de la saison sèche, entraînant des dégâts des sols et de la végétation particulièrement sérieux. C’est pourquoi la stratégie de maîtrise des incendies dans la zone devrait être préemptive. Les ressources rares utilisées pour éliminer les feux devraient donc être plutôt orientées vers la planification de feux à l’échelle paysagère dès que possible après l’achèvement de la saison des pluies. Il conviendrait aussi d’insister sur le recours au brûlage réglementé à proximité des villages et des campements de chasse où la plupart des feux de brousse ont tendance à se déclarer. Avec l’application de cette stratégie, les feux se produiraient alors à une saison plus convenable et dans les endroits où les feux incontrôlés se déclarent le plus fréquemment. Elle aurait pour effet bénéfique de créer une mosaïque à charge de combustible moins susceptible de brûler ou de rebrûler pendant la saison sèche. Les activités de brûlage réglementé en début de saison pourraient être coordonnées et mises en œuvre par le même personnel des Eaux et Forêts affecté aux activités d’inventaire de la faune et de lutte contre le braconnage plus tard pendant la saison sèche. Un aspect juridique de la question des feux, qui pourrait aider à avancer les activités de brûlage intentionnelles au début de la saison au lieu d’attendre la fin de la saison sèche, serait de fournir aux populations locales un moyen légal d’effectuer des activités de brûlage en début de saison, tout en continuant à limiter le brûlage en fin de saison. Cet aspect pourrait aider à formuler le débat sur l’utilisation du feu de manière à permettre au public en général de faire la distinction entre les feux utiles et les feux dangereux. Exploitation minière dans la ZIC Il existe deux grandes opérations d’extraction d’or (Sabodala et Rand Gold) et une opération d’extraction de minerai de fer (entre Moussala et Gareboureya) dans la ZIC. Aussi, certains villages (par exemple Saenssoutou) conduisent leurs propres activités d’extraction d’or. Chacune de ces opérations exerce des incidences environnementales sur la faune, la qualité de l’eau t la santé humaine. Chacune de ces opérations présente également des possibilités économiques d’emploi et de développement des infrastructures. L’équipe chargée de l’évaluation rapide n’a pas effectué d’étude d’impact de ces opérations minières en dehors des visites de site rapides. Recommandations

• Suspendre temporairement la chasse du gros gibier dans la ZIC (c’est-à-dire buffle, kob, antilope des roseaux et hippotrague) et ajouter des possibilités de chasse du petit gibier (oiseaux d’altitude). La chasse du petit gibier fournirait aux villages une source de recettes.

• Accorder la priorité aux activités de contrôle du braconnage (en raison des ressources limitées de la DEFCCS) afin d’accroître les patrouilles de surveillance pendant la saison sèche. Les responsables des activités anti-braconnage devront contrôler tout

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particulièrement les sources d’eau connues et les campements de chasse occupés pendant leurs visites sur le terrain.

• Assembler des photographies à basse altitude pour fournir une vue générale de la ZIC, interpréter ces photos et rédiger des rapports (annuellement si les fonds le permettent) afin d’évaluer avec plus de précision les évolutions des conditions végétales. L’interprétation devra être concentrée sur les types de végétation clé qui servent d’habitat aux espèces en danger.

• Vérifier et cartographier les principaux couloirs migratoires entre la ZIC et les terres environnantes qui renferment des espèces en danger (en particulier des chimpanzés et des espèces de gros gibier migrateur).

• Elaborer un plan de gestion détaillé pour la ZIC qui prévoit des dispositions pour protéger les principaux couloirs migratoires contre la fragmentation forestière et pour restaurer les habitats des chimpanzés (couloirs migratoires et galeries forestières riveraines à l’intérieur et aux alentours de l’habitat occupé).

• Examiner les plans sous-régionaux pour identifier les possibilités de protéger les principaux couloirs migratoires.

• Inclure un plan de maîtrise des incendies dans le cadre du plan détaillé au point (a) qui réponde aux besoins de fourrage de l’élevage domestique transhumant et non transhumant et des espèces fauniques.

• Examiner les possibilités de techniques de gestion de l’élevage qui amélioreront la garde et protection des troupeaux et permettront la meilleure utilisation du fourrage.

• Continuer à recueillir et conserver des données excellentes (DEFCCS, communication personnelle) sur la capture de gibier dans la ZIC.

• Envisager d’investir dans un effort de recensement à long terme de la faune sous forme de partenariat entre les personnels du Parc national de Niokola Koba, de la DEFCCS et de la Zone Amodiée afin de coordonner et de dresser les inventaires. Les responsables de la ZIC et du Parc national sont bien au courant des méthodes de recensement et pourraient mettre en oeuvre diverses méthodes de recensement de leur choix qui s’appliqueraient aux espèces de la ZIC présentant de l’intérêt (par exemple analyse de transect linéaire (Lannoy et al., 2003), recensement par bande (Hirst, 1969), méthode de King (Leopold, 1933), index kilométrique (Vincent et al., 1991 et Maillard et al., 2001).

• Promouvoir les investissements dans la mise en valeur des sources d’eau villageoises (puits forés), ce qui remédiera aux pénuries d’eau et réduira la rivalité entre la faune (particulièrement les chimpanzés) et les humains.

i. Aspects socioéconomiques Résultats En général, les villages où se sont rendus les membres de l’équipe étaient isolés. L’isolement a contribué à la difficulté de communication concernant l’objet de la ZIC. Du fait de cet isolement, ces communautés ont aussi été négligées dans les priorités nationales visant à investir dans les infrastructures communautaires (telles que des dispensaires, écoles, routes, puits, etc.). Des changements sont en train de se produire dans l’économie agricole des villages. En particulier, les villages sont en train de diminuer la part de la production d’arachide au profit de

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la production de coton (la production d’arachide a enregistré une réduction de 47 pour cent durant la période 2000-2005) et ils ont ont légèrement augmenté la surface cultivée (10 pour cent environ) en maïs, sorgho et riz, tandis que la culture du fonio a augmenté de 60 pour cent environ pendant la période 2000-2005 (Direction générale de développement rural, Kédougou, février 2006). Le défrichement à des fins agricoles semble plus important dans les zones proches de la rivière de la Falémé que dans les zones nord et ouest de la ZIC. La culture du coton exige plus de surface que celle de l’arachide et, d’après des informations empiriques, 16.000 hectares ont été défrichés dans la ZIC pour la culture du coton au cours des quatre dernières années. Bien qu’il existe des campements de chasse en activité partout dans la ZIC, les populations locales en tirent peu d’avantages économiques pour elles-mêmes. Quelques villageois sont employés dans les campements mais il n’existe pas de protocole officiel pour le partage des bénéfices. A l’heure actuelle, les contributions allant aux communautés locales qui proviennent de ces campements de chasse sont irrégulières et dépendent de la bonne volonté des gestionnaires de campement. Les contributions qui ont été signalées au cours des interviews avec les villages étaient relativement limitées et ne représentent probablement qu’une petite fraction du revenu net des campements de chasse. Par exemple, à Mousala Mahinamina, les villageois ont mentionné qu’ils avaient reçu de petites quantités de fournitures scolaires (Dufour, notes prises sur le terrain 2006). Dans les enquêtes ménagères conduites dans la région de Tambacounda, Marks (2004-2005) mentionnait que la vaste majorité des habitants villageois n’avaient pas connaissance de la manière dont les activités étaient conduites dans les zones de chasse sous concession et qu’ils ne pouvaient pas exprimer d’opinion sur la façon dont les recettes étaient gérées par ces activités, à savoir s’ils approuvaient leur gestion ou non. Figure 5. Une partie de chasse retourne au campement avec un phacochère près du village de Dalafing.

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Recommandations

• Entamer une discussion avec la SODEFITEX pour accroître la productivité des champs de coton existants (afin de réduire le besoin de courtes rotations et de plus grandes surfaces de culture). Proposer la culture organique du coton dans la ZIC.

• Diversifier les sources de revenu en réduisant la dépendance actuelle vis-à-vis du coton et de l’arachide et en encourageant l’exploitation de produits forestiers (gomme de karaya) et la meilleure commercialisation d’autres cultures, comme le fonio.

• Encourager l’utilisation de la matière organique (fumier, compostage) pour améliorer la fertilité des sols pour toutes les cultures et réduire le risque de sources d’eau polluée par l’emploi d’engrais chimiques.

• Au titre du système d’accords existant entre le GS/EF et les gestionnaires de campement, encourager ces derniers à accroître leurs contributions afin d’améliorer les conditions de vie des communautés environnantes par le biais de projets comme le forage de puits, l’amélioration des routes, des infrastructures de santé, etc.

• Promouvoir des partenariats entre les communautés et les compagnies d’exploitation minière pour répondre aux besoins d’infrastructures et autres. La promotion des partenariats devrait prévoir l’application d’une stratégie transparente d’affectation des recettes à des fonds de développement par la société minière de Sabodala.

• Etablir des directives claires pour le partage des bénéfices entre les gestionnaires des campements de chasse et les communautés locales et établir des contrats officiels précisant les mesures que les gestionnaires de campement devront prendre au niveau villageois. Etablir des méthodes de gouvernance et de communication qui sont transparentes et incluent les villageois.

• Encourager la garde et la protection des troupeaux en saison sèche. • Des spécialistes de la maîtrise des incendies (et des spécialistes des sols au courant des

effets du feu sur les types de sol de la ZIC pourraient concevoir un plan de brûlage réglementé pour la ZIC. Ce plan devrait envisager des systèmes d’allumage planifié à l’échelle paysagère dès que possible après l’achèvement de la saison des pluies. Envisager aussi des périodes où les villageois sont autorisés à pratiquer le brûlage en début de saison.

• Fournir des informations aux communautés sur leurs droits et leurs responsabilités. • Envisager de conférer la propriété des campements aux Conseils ruraux.

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Figure 6. Récolte du coton dans la ZIC.

IV. Aspects juridiques/administratifs Résultats : La constatation la plus importante de l’équipe concernant les conditions juridiques et administratives existantes dans la ZIC est qu’aucun des villages ne connaissait le statut juridique et les objectifs d’aménagement des terres de la ZIC. Il semble exister une contradiction entre la Loi sur la décentralisation (qui suppose la participation locale aux décisions d’aménagement des terres) et la loi au titre de laquelle la ZIC a été créée. Cette contradiction a abouti aux problèmes suivants :

• Absence de participation des populations locales aux décisions de plans sous-régionaux d’aménagement des terres (conventions locales)

• Absence de perspective de l’aménagement foncier dans les plans sous-régionaux. • Absence de compréhension mutuelle entre le Département des Eaux et Forêts et les

communautés rurales concernant les décisions prises dans le cadre des plans sous-régionaux.

• Le statut juridique (1972) de la ZIC est désuet compte tenu des lois de décentralisation (1996), du nouveau code forestier (1998) et du code de la chasse révisé (n’a pas encore été adopté officiellement).

Recommandations

• Passer en revue toutes les lois et politiques établies à ce jour pour la ZIC (notamment les plans sous-régionaux, la législation de la ZIC et la Loi sur la décentralisation) et définir des options pour résoudre les points conflictuels (s’il en existe).

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• Elaborer et mettre en œuvre une stratégie de communication qui encourage la collaboration entre les divers niveaux du gouvernement et les populations concernées par la ZIC.

V. Atelier sur la ZIC Le deuxième objectif de la mission a été accompli avec la tenue de l’atelier auquel ont participé les principaux intéressés de la ZIC. L’atelier a eu lieu le 1er mars 2006 à Kédougou, dans la région de Tambacounda. Les objectifs de l’atelier ont été déclarés comme suit :

Objectifs de l’atelier de Kédougou (1er mars 2006)

1. Présenter les résultats détaillés des évaluations menées sur le terrain par l’équipe sur les aspects suivants :

• Socioéconomiques • Biophysiques et techniques, et • Législatifs/administratifs

2. Formuler des recommandations sur l’élaboration d’un plan d’action, et

3. Identifier des partenaires responsables pour élaborer et mettre en œuvre le plan d’action.

L’ordre du jour détaillé et les notes transcrites de l’atelier figurent à l’Annexe A.

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Figure 7. Participants à l’atelier de Kédougou, 1er mars 2006.

La réunion a été bien animée et bien représentée par tous les principaux intéressés et tous les participants se sont entendus sur les recommandations suivantes : Recommandations de l’atelier (consensus collectif) 1. Sensibiliser davantage la population générale aux plans de gestion futurs pour la ZIC. 2. Délimiter les zones d’aménagement (agricole et résidentiel) et décider la superficie attribuée

à chaque village. 3. Encourager l’utilisation de la matière organique pour accroître la fertilité des sols. 4. Amorcer le dialogue avec la SODEFITEX sur l’intensification de la culture du coton et sur les

options de production de coton organique. 5. Encourager l’engagement d’investissements privés dans la ZIC. 6. Encourager les gestionnaires des campements de chasse à investir dans les communautés

locales. 7. Etablir des cartes de la ZIC. 8. Restaurer l’habitat faunique. 9. Envisager d’autoriser la chasse du petits gibier (oiseaux) dans la ZIC. 10. Forer des puits dans les zones d’implantation humaine afin de réduire la rivalité entre les

hommes et la faune pour les rares ressources en eau. 11. Faire participer les populations à la planification. 12. Créer des partenariats entre les compagnies minières et les Conseils ruraux.

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13. Elaborer une stratégie de communication pour transmettre aux populations et aux décideurs des messages sur les actions prises.

14. Retourner la Taxe de nuit des campements aux Conseils ruraux. 15. Organiser l’activité minière traditionnelle et former les mineurs à l’utilisation convenable et

sans danger des substances chimiques. 16. Inclure la maîtrise des feux de brousse dans la formulation des Conventions locales. 17. Informer les services techniques décentralisés des accords entre les compagnies minières et le

gouvernement. 18. Renforcer les ressources humaines et logistiques pour les services techniques décentralisés. Tous les intéressés présents à l’atelier se sont entendus sur les ”prochaines étapes” ci-après : Prochaines étapes Prochaines étapes Acteurs/partenaires 1. Mettre sous forme finale les résultats de l’atelier et les disséminer (2 semaines)

• Wula Nafaa • USFS • DEFCCS

2. Etablir un comité de suivi DEFCCS pour l’élaboration d’un plan d’action (mai 2006)

• MEPN/DEFCCS • UICN • Wula Nafaa • Détenteurs de permis de chasse • Représentants des Conseils ruraux • Agence Régionale de Développement

(ARD); • Compagnies minières • SODEFITEX • USAID • USFS • USGS/EROS

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REFERENCES

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Annexe A : ordre du jour de l’atelier et notes transcrites (verbatim) pour la Zone d’intérêt cynégétique de la Falémé, Kédougou, Sénégal. 1er mars 2006 I. Ordre du jour de l’atelier - Séance d’ouverture

• Accueil par le chef du projet Wula Nafaa • Accueil par le représentant de la DEFCCS • Ouverture officielle par le Préfet • Objectifs de l’atelier et ordre du jour

- Présentation et discussion des résultats de la mission

• Aspects biophysiques • Aspects socioéconomiques, et • Aspects législatifs et administratifs

- Identification des partenaires pour l’élaboration et la mise en œuvre du Plan d’action - Prochaines étapes - Clôture II. Questions/commentaires publics d’ordre général (concernant la ZIC) 1. La ZIC a-t-elle une raison d’être ? 2. A quels moyens devrait-on avoir recours pour arrêter la dégradation de la ZIC ? 3. Contexte évolutif – s’orienter vers un autre statut juridique pour la ZIC ; adopter un

nouveau plan de gestion qui définisse les modalités d’utilisation de la zone ; 4. Etudier les incidences des compagnies minières et faire part des résultats à la population ; 5. L’IREF n’est pas au courant de l’accord entre les compagnies minières et le

gouvernement ; 6. Elaborer une stratégie de communication pour éclairer les décideurs (députés, etc.) sur les

activités conduites dans la ZIC ; 7. Examiner le statut de la ZIC et l’adapter aux lois de décentralisation actuelles ; 8. Entamer rapidement l’élaboration d’un plan de gestion de la ZIC ; 9. Etablir une carte chronologique ( ?) pour avoir une vision plus claire des caractéristiques

biophysiques de la ZIC ; 10. La population habitant à l’intérieur de la ZIC n’est pas au courant des contraintes liées au

statut de cette zone ; 11. Des observations n’ont pas été faites sur les possibilités qu’offre la ZIC ( ?) ; 12. Comment la gestion de la faune peut-elle être incorporée au plan d’aménagement foncier ?

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III. Commentaires publics sur les aspects juridiques/administratifs de la ZIC

• Prendre en considération l’aménagement foncier dans les conventions locales ; • Evaluer les conventions locales existantes ; • Les conditions des accords de chasse entre le gouvernement et les gestionnaires des

campements ne sont pas communiquées aux Conseils ruraux ; • Il n’existe pas de contrat type dans la ZIC (pour ce qui est des zones sous concession),

mais plutôt des protocoles ; la loi sur la chasse n’est pas conforme aux lois de décentralisation ;

• L’option de cogestion est irréversible ; • Les conventions locales doivent élargir leur vision ; • L’article 2 U prévoit l’octroi de concessions dans la ZIC, les Conseils régionaux étant

habilités à délibérer ; • La ZIC a besoin d’une stratégie d’adaptation en matière de développement ; • Il faut faire intervenir la population et le secteur privé dans les discussions sur l’avenir de

la ZIC ; • Elaborer un plan de gestion de la ZIC, mais ne pas suspendre la chasse du gros gibier.

IV. Commentaires et recommandations publics concernant les aspects biophysiques et

techniques de la ZIC : Observations biophysiques

Recommandations

Il n’existe pas de plan de gestion pour la

ZIC

Elaborer un plan de gestion

C’est une zone de transhumance Sensibiliser les populations et élaborer des conventions locales, organiser un forum expliquant ces conventions

Les compagnies minières sont en train de prospecter et d’établir des sites d’extraction

Faire intervenir les divers ministères concernés

L’extraction d’or est une activité

traditionnelle

Etudier l’impact sur l’environnement

On observe des feux de brousse Organiser l’exploitation traditionnelle des mines d’or et dispenser une formation en matière d’utilisation des substances chimiques

Défrichage

Sensibiliser la population aux feux et les prendre en considération dans les conventions locales

Braconnage

Amorcer le dialogue avec la SODEFITEX et autres intervenants dans la ZIC

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Personnel technique insuffisant

Sensibiliser davantage la population au besoin de lutter contre la circulation d’armes légères

Frontières perméables

Accroître le nombre de postes de contrôle

frontalier Absence d’infrastructure de

communication

Accroître les ressources humaines et logistiques dans la ZIC

Absence de circulation de l’information

Installer une infrastructure de

communication Diminution et menace d’extinction des gros

animaux sauvages (disparition de l’éléphant, de la girafe, de l’élan de Derby, du bubale, du kob de Fassa, du kob de Buffon, du Kob Redunca, de la panthère, du chimpanzé

Suspendre la chasse du gros gibier jusqu’à l’élaboration du plan de gestion

Absence de carte sur l’utilisation des sols

Délimiter la ZIC

Installer des panneaux signalant les limites

de la ZIC

Cartes

Recensement de la faune

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Annexe B : profils communautaires des villages qui ont été interviewés par l’équipe en ayant recours à la méthode d’évaluation rapide 1. Dalafing Dalafing est à environ sept kilomètres de Saraya. L’économie du village repose sur l’agriculture, la production de coton étant la source principale de revenu agricole, suivie par la production d’arachide. En outre, les membres de la communauté tire un revenu des différents produits forestiers, notamment le bambou, le tamarinier, le baobab et le kaba. Les femmes ont aussi un petit jardin potager. Il y a un petit campement de chasse qui est ouvert de janvier à avril. Le campement a un puits et la population des environs est autorisée à l’utiliser. De plus, le gestionnaire du campement fournit une aide matérielle à l’école en donnant des livres de classe, des cahiers et des stylos. Le gestionnaire du campement a aussi assuré le transport pour des évacuations médicales à Saraya. Lorsqu’on lui a demandé de décrire les ressources fauniques présentes dans le coin, le chef du village a déclaré qu’il y avait des lions, qui avaient récemment tué quatre vaches aux abords du village, des kobs, buffles et guibs. Il a aussi expliqué que les animaux étaient beaucoup plus abondants auparavant, notamment plusieurs espèces d’antilope. 2. Dimboli L’équipe a tenu une réunion avec une dizaine de femmes et une dizaine d’hommes de la communauté, qui es située à quelque 30 km de Kédougou, à la bordure sud de la ZIC. Encore récemment, le village était relativement isolé en raison du mauvais état des routes. Cependant, la route principale reliant Dimboli à Kédougou a été réparée récemment et l’accès à Dimboli est maintenant plus facile. Il était très clair que les habitants de la localité n’étaient pas au courant de la classification de la ZIC mais ils savaient qu’ils vivaient dans une région de chasse. Ils ont expliqué que les chasseurs avaient tué la plupart des phacochères et des francolins dans les environs du village. Les villageois se sont plaints que plusieurs animaux sauvages tuaient leur bétail. Ils ont mentionné en particulier que les animaux les plus dangereux pour leur bétail étaient les lions, les panthères et les hyènes. Ils ont également mentionné que, au cours de l’an passé, les hyènes étaient particulièrement nombreuses et qu’elles posaient une menace pour leur bétail, estimant que 10 pour cent environ de leurs animaux domestiques avaient été perdus au cours de l’année passée à cause de la faune. Ils pensaient également que les babouins et les phacochères tuaient des moutons et des chèvres dans le coin. Ils ont indiqué que les animaux domestiques devaient s’éloigner de leur zone d’habitation pour trouver de l’eau et que de ce fait ils étaient de plus en plus vulnérables à la faune. Les membres du village ont énuméré 15 espèces différentes d’oiseaux sauvages et plusieurs autres espèces d’animaux, notamment des chimpanzés, des antilopes, des céphalophes et des lapins.

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3. Missirah Missirah abrite un campement de chasse et le village est situé à 30 km environ de Saraya. Les moyens de subsistance de la communauté reposent sur diverses productions agricoles, le coton étant la principale source de revenu. Le coton est une culture relativement nouvelle dans le coin (introduite en 2001) et elle a remplacé l’arachide en tant que culture de rapport la plus importante. Les paysans ont estimé qu’ils attribuaient une superficie environ cinq fois plus importante à la culture du coton qu’à la culture de l’arachide étant donné que le coton était plus facile à vendre. Les membres de la communauté cultivent aussi de l’arachide, du riz, du petit mil, du sorgho, du fonio, du maïs, du manioc, des haricots et des patates douces. En plus de l’arachide et du riz, les femmes cultivent aussi des tomates, des oignons et autres légumes. La communauté tire également profit de la cueillette et de la vente de divers produits forestiers, comme le tamarin, la caroube, le kaba et le fruit du baobab. Si les membres de la communauté ont cité de nombreuses espèces fauniques présentes dans les forêts environnantes, ils ont immédiatement fait remarquer que ces ressources avaient beaucoup diminué au cours des 20 dernières années. Les paysans se sont aussi plaints des dégâts causés à leurs cultures par la faune, en particulier les phacochères, et ont mentionné que les lions tuaient les animaux domestiques. 4. Saenssoutou Ce village est situé sur les rives de la Falémé. L’économie du village repose sur la pêche, l’agriculture et l’extraction artisanale d’or. Les habitants se sont plaints que les niveaux d’eau avaient beaucoup baissé et que les poissons et les animaux sauvages étaient moins nombreux, notamment les hippopotames et les gros lézards. Il y a toujours des hippopotames mais ils sont considérés comme des animaux nuisant aux cultures maraîchères le long de la rivière. Les principales cultures de rapport des paysans sont l’arachide, le maïs et le fonio ; les paysans cultivent aussi une grande variété de légumes. Le village a un petit campement de chasse mais il n’y avait pas de chasseur quand la mission est passée au village. Les membres de la communauté n’ont pas pu citer d’avantages reçus du gestionnaire du campement, à l’exception de quelques emplois pour les hommes jeunes en qualité de traqueurs. En outre, les membres du village n’étaient pas au courant de la désignation de la ZIC et de sa signification pour leur communauté. La discussion avec les membres du village s’est arrêtée plus tôt que prévu, lorsque le décès d’un enfant d’un village voisin a été annoncé à ceux qui étaient présents à la réunion. 5. Moussala Ce petit village est situé sur les bancs de la rivière Falémé, où les véhicules peuvent facilement traverser le lit plat et rocailleux aux eaux peu profondes n’atteignant pas 100 mètres de large qui sépare le Sénégal du Mali. Le village a un poste de police et une école de trois classes mais il n’a aucune autre infrastructure publique. L’économie repose sur l’agriculture, l’arachide, le petit mil, le coton, le sorgho, le fonio, le maïs, le sésame, le haricot, le manioc, la courge, le bissap, et

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une grande variété de légumes qui sont cultivés le long du cours d’eau. Pour ce qui est de l’importance économique, les paysans de petit mil rencontrés considéraient cette culture comme numéro un, suivie du coton et de l’arachide. D’après les habitants présents à la réunion, la plupart des produits sont vendus de l’autre côté de la rivière, au Mali. Egalement, la communauté cueille et vend divers produits forestiers, notamment des noix de karité, des pousses de bambou, le kaba, le fruit du baobab. Les membres de la communauté que la mission a rencontrés ont expliqué qu’il y avait beaucoup plus d’animaux fauniques dans le passé et que leur réduction est liée au braconnage des Maliens qui peuvent facilement traverser le cours d’eau pratiquement sans être vus. Ils se sont également plaints que les eaux fluviales étaient à présent plus polluées et ils ont attribué cette pollution à l’utilisation d’engrais et de pesticides ainsi qu’à un barrage en aval qui, à leur avis, refoule une certaine quantité d’eau polluée. Même si le seul barrage situé sur la Falémé se trouve à 70 km environ en aval de Moussala et qu’il est donc improbable qu’il affecte la qualité de l’eau, les membres de la communauté pensent que leur source d’eau principale est moins abondante et qu’elle est de plus en plus polluée. Le campement de chasse était inoccupé au moment de cette mission (février 2006), mais il a reçu plusieurs chasseurs cette année. Les membres de la communauté que l’équipe a rencontrés ont expliqué que le campement fournissait quelques emplois pour les jeunes, notamment des emplois de traqueur et des emplois de nettoyage. Le gestionnaire du campement fournit de petites contributions à l’école, telles que des cahiers et des stylos, et il a donné cette année des tapis de prière aux notables du village. En outre, le gestionnaire donne des médicaments (quantité et utilité inconnues) et il a aussi assuré des transports d’urgence pour les membres de la communauté. 6. Garaboureya Garaboureya est un gros village situé sur la Falémé. Pour ce qui est de l’infrastructure, ce village dispose d’une école de trois classes. Ce village nous a donné l’impression d’être mieux organisé que les précédents que nous avions visités et les habitants ont parlé fréquemment de leurs relations sociales et commerciales avec le Mali, notamment pour des services de santé. Comme pour les autres communautés situées sur la Falémé, l’économie de ce village repose sur l’agriculture et la vente des produits agricoles à la fois au Mali et au Sénégal. Les cultures principales sont le coton, l’arachide, le petit mil, le maïs, le haricot, le manioc et le riz. Pendant la discussion, les membres de la communauté ont décrit neuf zones écologiques distinctes au sein de leur territoire, puis ont énuméré les diverses ressources et activités dans chaque zone. Les participants à la discussion ont énuméré de nombreuses ressources qui existent toujours dans leurs forêts, notamment l’antilope, le chacal et le lion. La rivière contiendrait des hippopotames et des crocodiles. Les membres de la communauté sont fortement conscients de la dégradation forestière qui est en train de se produire et de ses effets sur la faune. Ils ont expliqué que le problème était lié en partie à l’expansion de la zone d’implantation humaine, avec en moyenne deux nouveaux ménages par an venant s’installer dans le village et nécessitant des terres à des fins d’agriculture. Ils estiment que ce nouveau défrichage contribue à accroître les feux et les dégâts causés par le feu. Ils ont aussi expliqué que la chasse du gros gibier et le besoin de clairières pour voir le gibier entraînent le recours au feu pour défricher de grandes étendues de terre. Les membres du village ont cité que l’élevage est une autre source de dégradation des

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habitats fauniques car, d’après eux, les éleveurs abattent des arbres et font des feux quand ils traversent la zone. Un campement de chasse est situé juste au bord de la Falémé et il semble bien entretenu. Il n’y avait pas de chasseur quand la mission est passée, mais quelques groupes de chasseurs y sont venus cette année. Le gestionnaire du campement a fait plusieurs donations, notamment des chemises de football pour les enfants, et au moins cinq jeunes du village sont employés par le campement. Cependant, les membres de la communauté ont déclaré que, en raison du recul de la forêt, il y avait moins d’animaux à chasser. Ils ont aussi mentionné que la concurrence accrue avec les autres campements de chasse faisait qu’il était difficile d’attirer les chasseurs à Garaboureya. 7. Kayan Kayan est situé sur la bordure ouest de la ZIC, à 30 km environ au nord de l’exploitation minière de Sabodala et à 45 km environ à l’est de Mako. La communauté se compose principalement de Fulani mais elle comprend aussi des Mandika. Le village a une école avec 80 enfants (trois classes), mais il n’a pas de services de santé. L’économie du village repose sur l’agriculture et la production d’élevage. Il y a plusieurs puits dans la communauté, ainsi que de nombreuses sources d’eau aux alentours du village, ce qui facilite l’élevage et la culture potagère à la saison sèche. Pour ce qui est de la production de cultures de rapport, le maïs est la culture la plus importante, suivie du coton, de l’arachide, du riz, du petit mil, de l’oignon et du potiron. Le manioc est également cultivé, de même que divers légumes, comme la laitue, la tomate, la carotte, le gombo, la tomate amère et le piment. Comme dans le cas de toutes les autres communautés visitées, les membres du village ont signalé une réduction de toutes les ressources d’eau, de couvert forestier et de populations animales. Ils ont attribué cette réduction à la sécheresse, en particulier les grandes sécheresses du milieu des années 70 et du milieu des années 80. Ils ont estimé que l’environnement ne s’était jamais remis dans l’ensemble de ces effets traumatisants. Les membres de la communauté ont également mentionné que les feux étaient à l’heure actuelle un problème, mais ils ont expliqué qu’ils n’étaient pas en faveur de toute forme de mise à feu précoce étant donné que leurs animaux se nourrissaient des résidus de récolte dans leurs champs, qui ne sont brûlés que juste avant le début de la saison des pluies en mai. L’équipe de mission a également entendu qu’un lion aurait attaqué et tué une vache à environ 9 kilomètres du village en début février. Les attaques provoquées par des lions et des hyènes ne sont pas courantes mais elles surviennent. Là encore, les villageois ont déclaré que la dégradation des ressources forestières signifiait que les animaux sauvages étaient plus fréquents dans les zones d’implantation humaine et que les animaux domestiques devenaient la proie de la faune. Il y a un campement de chasse dans le village et 10 chasseurs environ s’y trouvaient lors de la visite du village par l’équipe. Les chasseurs traquent principalement les phacochères et les francolins qui, d’après les villageois, seraient abondants dans les environs et qui sont considérés comme des animaux nuisibles. Le campement emploie deux femmes pour le nettoyage et 10 hommes jeunes comme traqueurs et guides. Le gestionnaire du campement procure des livres et des stylos aux enfants d’âge scolaire, des médicaments au village et il a assuré des transports

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d’urgence pour les membres de la communauté. Il a également participé à la réparation du puits foré. 8. Kanoumery Kanoumery est situé sur la bordure ouest de la ZIC, au nord de Mako, dans la communauté rurale de Tomboronkoto. Le village se compose principalement de Fulani, avec seulement quatre familles qui ne sont pas fulani. Les moyens de subsistance de la communauté sont diverses activités de production agricole et d’élevage. Le village dispose d’un puits foré qui est utilisé par les éleveurs de bétail appartenant à la communauté ainsi que par les éleveurs nomades. En ce qui concerne les cultures que la communauté pratique, les membres que nous avons rencontrés ont cité la culture de petit mil, d’arachide, de maïs, de riz, de haricot et divers légumes. Dans les années précédentes, le coton était la principale culture de rapport mais il n’a pas été cultivé cette année en raison d’un malentendu avec la SODEFITEX. Les habitants espèrent reprendre la culture du coton l’an prochain, dans des conditions de commerce équitable. Pour ce qui est de la faune, les membres de la communauté ont cité de nombreuses espèces qui sont toujours présentes dans les forêts environnantes. Ils ont soutenu que les lions et les hyènes étaient nuisibles et qu’un lion avait tué une vache en début février et que des lions avaient tué au moins cinq vaches au cours de l’année précédente. La communauté s’est aussi plainte de dégâts causés par les oiseaux, comme les francolins, qui mangent les graines céréalières et les jeunes plants. Ce village est situé à proximité d’un site de prospection de Rand Gold. A ce jour, Rand Gold a fourni 900 $ EU à la case de santé communautaire et a donné des livres pour l’école. La présence de la prospection d’or s’est traduite par l’élargissement de la communauté, étant donné que des personnes viennent s’y installer pour trouver du travail auprès de la compagnie d’exploitation minière, ce qui crée des pressions supplémentaires sur les terres et entraîne le défrichage de nouvelles terres à des fins d’agriculture et d’implantation. Cette observation était particulièrement évidente lorsque l’équipe a circulé juste en dehors du village, où des feux brûlaient sur des terres nouvellement défrichées à des fins d’agriculture. Les membres de la communauté ont attribué la diminution de la faune dans leur région à l’augmentation du nombre de feux et au bruit des activités de prospection.

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ANNEXE C : informations sur la capture d’espèces de gibier dans la ZIC (# d’animaux capturés par année civile. (Nom courant des espèces en anglais/français)

Espèce (A/F) 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 *

* 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Bubal Hartebeest / Bubale

4 7 0 0 7 5 3 0 3 0 1 0 2 1 6 1 0

Buffalo/Buffle 7 7 9 12 14 6 2 4 4 4 (3) 1 0 0 (2) 4 0 0 0 Roan Antelope / Hippotrague

8 7 13 12 12 5 3 5 9 6 (7) 4 3 7 4 3 6 4

Waterbuck / Cobe Defassa

4 3 2 0 1 2 1 1 5 * * * * * * * *

Oribi / Ourebi 3 2 3 1 2 1 0 0 0 3 1 0 2 1 2 0 0 Bushbuck / Guib Harnache

5 1 5 5 0 2 4 2 7 4 (5) 2 3 6 6 4 4 1

Duiker / Céphalophe

7 3 1 5 9 2 1 0 5 4 3 3 7 4 5 3 5

Kob / Cobe de Buffon

1 1 1 1 1 0 0 1 0 * * * * * * * *

Reedbuck / Redunca

0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 2 0 1 0 0

Lion / Lion 0 6 0 0 1 1 4 0 0 0 (2) 2 0 (2) 0 0 0 0 0 Warthog / Phacochère

* Aucune donnée puisque les permis de chasse ne sont plus délivrés pour ces espèces. Données pour 81-89 tirées de Bosch, (1990); données pour 98-03 de la République du Sénégal (2001, 2003); (#) indique une différence inexpliquée entre les données des rapports de 01 et 03 et correspond au nombre de captures signalé dans le rapport de 2001. Données pour 04-05 tirées du Secteur, Département de Kédougou (communication personnelle 2006). ** Pas de données disponibles sur les captures pour la période 1990-97.

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ANNEXE D : résumé des informations empiriques communiquées par les villages interviewés où la présence de chimpanzés, de phacochères ou de lions a été mentionnée. (Note : le fait qu’il n’y ait pas d’indication de population d’une espèce donnée pour un village donné ne signifie pas nécessairement que l’espèce n’est pas présente dans les environs du village, mais simplement qu’elle n’a pas été mentionnée par les villageois pendant l’entrevue.)

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Nom du village / Campement

Date de visite

Populations de chimpanzés signalées

Dégâts par les phacochères signalés

Populations de lions signalées

Dalafing 22/02/06 Y (constatation d’une vache

tuée par un lion) Dimboli 22/02/06 Y Y Y (#1 prédateur de bétail) Missirah 23/02/06 Y Y Y Saienssoutou 23/02/06 Moussala 24/02/06 Gareboureya 25/02/06 Y Kayan 26/02/06 Y Y Y Kamoumeri 27/02/06 Y Y

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Annexe E

Définition des tâches Soutien technique des Programmes internationaux du Service forestier de l’USDA à l’USAID/Sénégal et au projet Wula-Nafaa

Evaluations et recommandations pour la gestion de la faune (Zone d’intérêt cynégétique ou

ZIC de la Falémé)

Présentation générale L’USAID/Sénégal finance le programme AG/GRN appelé ”Wula Nafaa” (WN) depuis cinq ans afin d’atteindre une série d’objectifs ambitieux pour améliorer la gestion des ressources naturelles. La stratégie novatrice appliquée par le projet WN reconnaît des synergies inhérentes entre la gestion des ressources (nature), les avantages économiques (prospérité) et la nécessité de politiques et de lois favorables (pouvoir). Un des domaines prioritaires du programme AG/GRN est la gestion communautaire des forêts naturelles que le programme AG/GRN désire appliquer en élaborant des plans de gestion pour six forêts dans trois régions couvrant des milliers d’hectares. Le projet WN accomplira ce but en facilitant l’adoption d’accords officiels pour l’utilisation des ressources forestières entre le Service forestier sénégalais (SFS) et les organisations à base communautaire. Au titre de ces accords, les communautés collaboreront conjointement avec le Service forestier sénégalais à la mise œuvre de plans de gestion forestière légitimement reconnus afin d’assurer l’intégrité écologique des forêts et de fournir des avantages économiques accrus aux communautés locales et aux sociétés privées actives dans le secteur. Afin de faciliter cette démarche, l’USFS a conclu un accord inter-institutions d’un an avec l’USAID/Sénégal pour fournir une assistance technique à court terme au Gouvernement du Sénégal par le biais de l’International Resource Group (IRG), l’institution chargée de mettre en œuvre le programme principal de l’USAID. La participation de l’USFS au projet WN portera sur certaines questions qui sont d’une importance primordiale pour atteindre l’objectif général du programme. Les questions identifiées incluent la gestion de la faune, la cogestion forestière et la collaboration avec les services forestiers des pays voisins afin de comprendre les pratiques d’excellence de la cogestion forestière dans le cadre d’une mission d’étude. Cette première mission évaluera les problèmes liés à la gestion de la faune dans la Zone d’intérêt cynégétique du sud-est du Sénégal. Gestion de la faune (Zone d’intérêt cynégétique ou ZIC de la Falémé) La ZIC de la Falémé est une zone faunique naturelle couvrant plus d’un million d’hectares dans le sud-est du Sénégal qui sert de tampon pour le Parc national de Niokolo Koba. La photomosaïque de la zone établie en 2004 par le Service géologique des Etats-Unis (USGS) pour le projet Wula Nafaa montre que la zone est toujours plus ou moins intacte ; cependant, on constate des preuves de déboisement par suite de l’expansion récente de l’agriculture. Bien que les communications verbales portent à croire que la ZIC abrite toujours une faune abondante, ni un inventaire approprié ni un plan de gestion n’ont été dressés. Toutefois, avant que des intéressés investissent dans un plan de gestion, il faut définir une vision et une stratégie à long terme concernant la durabilité de la zone et s’assurer que les partenaires sont prêts à mettre en œuvre ce plan. Dans ce contexte, l’USFS travaillera avec des partenaires sénégalais sur place

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pour évaluer la structure de gestion actuelle de la ZIC, son incidence sur les communautés locales et les populations fauniques, et proposera des options pour améliorer la protection de la faune, la gestion des ressources locales et la prospérité des communautés vivant dans la ZIC. Ces travaux éclaireront sur les manières d’élaborer un plan de gestion adaptatif simple pour la ZIC. En outre, dans le voisinage immédiat de la ZIC, il existe plusieurs concessions de chasse. Une nouvelle concession est en train d’être envisagée dans la ZIC même. La zone ne dispose pas à l’heure actuelle de méthodologie d’inventaire simple des espèces fauniques ni de la capacité nécessaire pour dresser de tels inventaires. L’USFS travaillera avec les partenaires locaux, notamment le Département des Eaux et Forêts, pour élaborer une méthodologie d’inventaire des ressources fauniques qui soit économique par rapport au coût. Dans les conditions idéales, ces inventaires pourraient être dressés par les communautés intéressées avec un minimum d’assistance technique et de suivi par le Département des Eaux et Forêts. Objectif de la mission Cette assistance technique a pour objectif d’évaluer la structure de gestion actuelle de la ZIC, son incidence sur les communautés locales et les populations fauniques, et de proposer des options pour améliorer la protection de la faune, la gestion des ressources locales et la prospérité des communautés vivant dans la ZIC. En outre, l’équipe proposera une méthodologie d’inventaire de la faune que renferme la zone qui tiendra compte des objectifs de gestion et de la compression des coûts. Activités L’équipe visitera la ZIC de la Falémé et conduira, avec la collaboration de la Direction de la Faune, une évaluation rapide de la ZIC en utilisant des outils participatifs rapides sur un échantillon aléatoire de communautés. En plus des outils participatifs, des photos aériennes et des images satellite seront utilisées pour repérer les sites de première importance et peut-être aussi pour faciliter les analyses et l’estimation des populations de faune au sein de la ZIC. L’équipe évaluera le niveau de connaissance des communautés sur la ZIC et les opinions des communautés sur les avantages et inconvénients de la zone. L’équipe interrogera les communautés sur les populations de faune dans les environs, notamment l’abondance relative de faune au cours des ans. L’équipe d’assistance technique de l’USFS organisera et mettra en œuvre un atelier d’une journée avec la participation de partenaires clés concernés par le développement de la ZIC. Les partenaires se composeront de responsables gouvernementaux, de représentants d’ONG de la conservation et de représentants du secteur privé dans les domaines du tourisme et de la chasse, ainsi que des principaux investisseurs de la région. Les principaux acteurs s’intéressant actuellement à la ZIC sont : le Centre de suivi écologique (CSE), Earth Resource Observation Satellite (Satellite d’observation des ressources terrestres, EROS) l’USAID, l’USFS, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la Direction des eaux et forêts, chasse et conservation des sols (DEFCCS) et les compagnies d’extraction d’or locales. L’atelier aura pour objectif d’examiner la situation actuelle de la ZIC de la Falémé et de dresser un plan stratégique pour assurer sa conservation. L’atelier établira un plan d’action en vue de définir les études et les inventaires de ressources à effectuer au cours d’une période d’un an qui s’achèvera par l’établissement d’un plan de gestion des ressources.

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Composition de l’équipe USFS L’équipe se compose de deux employés USFS :

• Un planificateur de gestion des aires protégées • Un biologiste de la faune

Résultats de la mission Rapport de l’évaluation rapide comprenant une analyse de l’état biologique et socioéconomique de la zone, ainsi que des recommandations pour améliorer la gestion de la ZIC. Le rapport inclura les conclusions de l’atelier d’une journée, ainsi qu’un plan d’action entre les partenaires pour l’année à venir qui aboutira à l’élaboration d’un plan stratégique pour assurer la conservation des ressources de la zone. Date Février 2006 Financement Tous les coûts encourus pendant cette mission seront couverts par les Programmes internationaux du Service forestier des Etats-Unis, à l’exception du transport terrestre au Sénégal et des coûts d’atelier, qui seront couverts par le projet WN. Logistique Toutes les activités de logistique seront coordonnées par le Spécialiste des Programmes Afrique de l’USFS/IP et l’équipe IRG/Sénégal

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Annexe F : liste de sigles ARD Agence régionale de développement CSE Centre de suivi écologique DEFCCS Direction des Eaux, Forets, Chasse et Conservation des Sols EF Eaux et Forets EROS Earth Resources Observation Satellite GS Gouvernement du Sénégal IRG International Resource Group IUCN Union internationale pour la conservation de la nature MEPN Ministère de l’Environement et de la Protection de la Nature PNNK Parc national de Niokolo Koba USAID Agence des Etats-Unis pour le développement international USDA Département de l’agriculture des Etats-Unis USFS Service forestier des Etats-Unis USGS Service géologique des Etats-Unis ZIC Zone d’intérêt cynégétique (de la Falémé)