eunuco-los rivales faure ribreau

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7/21/2019 Eunuco-Los Rivales Faure Ribreau http://slidepdf.com/reader/full/eunuco-los-rivales-faure-ribreau 1/10 Marion Faure-Ribreau Les rivaux: étude de trois personnages d'adulescens et du personnage de miles dans l'Eunuchus de Térence In: Vita Latina, N°180, 2009. pp. 2-10. Citer ce document / Cite this document : Faure-Ribreau Marion. Les rivaux: étude de trois personnages d'adulescens et du personnage de miles dans l'Eunuchus de Térence. In: Vita Latina, N°180, 2009. pp. 2-10. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/vita_0042-7306_2009_num_180_1_1279

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7/21/2019 Eunuco-Los Rivales Faure Ribreau

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Marion Faure-Ribreau

Les rivaux: étude de trois personnages d'adulescens et du

personnage de miles dans l'Eunuchus de TérenceIn: Vita Latina, N°180, 2009. pp. 2-10.

Citer ce document / Cite this document :

Faure-Ribreau Marion. Les rivaux: étude de trois personnages d'adulescens et du personnage de miles dans l'Eunuchus deTérence. In: Vita Latina, N°180, 2009. pp. 2-10.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/vita_0042-7306_2009_num_180_1_1279

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7/21/2019 Eunuco-Los Rivales Faure Ribreau

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Les rivaux

:

étude de

trois personnages 6^

adulescens

et du personnage

de

miles

dans V unuchus de Térence

UEunuchus de

Térence

s'ouvre sur

l'annonce d'une rivalité amoureuse,

qui

ppose Yadulescens

Phédria

au

miles Thrason,

et dont l'enjeu est

l'accès à la

de la courtisane Thaïs. Ce lieu constitue en effet le point central de l'intrigue de

cette comédie,

celui vers lequel tendent

la plupart

des personnages et, ainsi,

un

enjeu

qui

dépasse

les seules

rivalités

amoureuses décrites

par

l'intrigue de la comédie2.

Car non seulement Phédria et Thrason s'en

disputent

l'accès, mais la ruse imaginée

par

l'esclave

Parménon au service

de

Chéréa,

autre

adulescens,

a pour

seul

but

de

l'y

faire

pénétrer

et enfin, Vadulescens

Chrêmes

doit au cours de la

comédie

cette même

maison

contre

les assauts de Thrason, qui en

a été

chassé. Chéréa et

Chrêmes ne sont

pourtant

pas les

amants

de

Thaïs et

donc,

du point

de vue de

n'entretiennent

aucune

rivalité

amoureuse

avec Phédria et Thrason.

Il convient donc d'envisager ces quatre personnages sous un angle qui ne soit pas

celui de l'intrigue, qui ne

suffit

pas à décrire les rapports

qu'ils entretiennent

entre

eux.

Nous pouvons

pour cela

revenir

à notre premier constat

et le

définir en

d'autres

termes: à travers

leur accès

à la

maison de Thaïs, c'est leur maîtrise de

l'espace

scénique,

et donc

leur place

sur scène,

que

défendent

ces

personnages. Ainsi

parce

qu'il

est

banni de

chez

Thaïs

au

début

de

la

comédie,

se

voit-il

exclu

de

la scène

même,

qu'il quitte

pour

aller

à

la

campagne

(v. 187-188), afin de laisser la

place

à

son

rival

Thrason.

Il semble

donc

possible d'étudier leur rivalité

en

termes

spectaculaires3,

et

donc en termes de

jeu

accéder à la maison de

Thaïs

équivaudrait

alors,

pour les quatre

personnages

qui nous

intéressent,

à

occuper une position

sur scène,

et ce

quelles

que

soient leurs relations (amoureuses

ou non) avec

la courtisane.

Par rivalité spectaculaire,

nous entendons

une mise en concurrence de deux ou

plusieurs personnages d'une

comédie

sur

le

plan du

jeu.

Il s'agit

d'un

procédé méta-

théâtral

destiné à

mettre

en valeur

celui

des

personnages

qui actualise

le

mieux

sa

persona son rôle)4,

et

donc

qui joue

le

mieux.

Ce procédé est assez fréquent chez

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Plaute : on peut citer l'exemple des deux coci de YAulularia, mis en

concurrence

par

l'esclave

Strobile,

qui

leur demande

explicitement qui

est le meilleur (v.

321)

; celui

qui l'emporte, Anthrax,

est le

plus bavard des deux (c'est là

le

trait propre au

cocus)

;

le

perdant, Congrion, ne peut

revenir

sur scène qu'en

empruntant

son

jeu

à

une

autre

persona, celle du

seruus

(il joue la scène typique de

seruus

currens).

Térence

use

également de ce procédé, peut-être davantage

encore

que Plaute, dans

la mesure

il

confronte plus fréquemment

plusieurs personnages d'une même persona. Ainsi,

dans YHeautontimoroumenos, les deux adulescentes, Clinia

et

Clitiphon, qui ne sont

pourtant pas des rivaux

amoureux,

se

trouvent-ils

opposés dans une rivalité

de

type

spectaculaire

: Clitiphon se compare d'emblée à

Clinia (il est le

plus malheureux,

donc

il

correspond mieux à

leur

persona commune, v. 224-225) ; mais

il

se voit

évincé de

la

scène

pour

les besoins de la ruse, Clinia

devant

se substituer

à lui

auprès de sa

maîtresse,

la courtisane

Bacchis.

Cette situation implique que Clitiphon

cesse de jouer Yamator, comme le

lui enjoint son esclave

Syrus (v. 369-373), et

quitte

la scène pour la laisser

libre

au seul amator

autorisé,

Clinia

(v.

379-380).

La

rivalité des deux personnages se définit donc bien en termes de jeu et de présence

scénique

uniquement. C'est

sous

cet

angle que

nous étudierons

successivement les

différentes

situations

de rivalité masculine, amoureuse

ou

non, qui

jalonnent

YEunu-

chus de Térence.

Phédria vs

Thrason

:

une

rivalité amoureuse ? Un seul amator occupe la

scène

Phédria

le

premier

fait

son entrée après

le

prologue,

une

entrée en diuerbium, et

donc

non

dansée,

élément

que

l'on

peut rapprocher de

la

situation du

personnage

:

Phédria s'est vu refuser l'accès

à

la maison de son arnica, la meretrix Thaïs ;

il

se

trouve ainsi privé

de

l'objet

de son

amor,

trait essentiel de sa.

persona d'adulescens5,

qu'il ne

peut

donc

pas jouer.

C'est pourquoi il ne danse pas, la danse qui correspond

au monologue appelé « entrée

de rôle

» constituant

la

plus pleine

expression

du jeu

de la

persona6.

Les premiers

vers

de son

monologue (v. 46-50)

expriment

le

désarroi

du personnage, qui ne sait quelle attitude adopter :

chassé

par sa

maîtresse, doit-il

encore

jouer Yamator, ou y renoncer de lui-même ?

Mais

peut-il ne pas jouer

ce

trait

qui

le

définit, en vertu de sa

persona

? Privé de sa maîtresse, donc de

son jeu,

il

risque

d'être

privé de son identité

scénique,

et donc de sa raison d'être

sur scène,

comme

le confirme

plus

loin

son

départ

pour

la

campagne

(v.

187-188).

Face à

Thaïs,

qui entre

peu

après lui (v. 81-sq.),

Phédria

tente tout d'abord

de

résister à

la

séduction de

la

meretrix,

qui

veut

jouer

avec

lui

un

duo

amoureux7 ;

une

séduction paradoxale, car elle a pour

but d'éloigner Phédria

au profit

de son

rival,

Thrason.

Et peu importe que

cette

éviction intervienne dans une stratégie

plus large de Thaïs pour sauver sa sœur adoptive; Phédria s'entête

à

l'interpréter

en termes

de

rivalité

amoureuse

Nempe omnia haec

nunc

uerba hue redeunt denique :

Ego excludor,

Me

recipitur Qua gratia,

Nisi

illum

plus

amas

quam

me

et

istam nunc

times

Quae

aduectast

ne

illum talem praeripiat tibi ? (v.

158-161)8.

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Car,

pendant deux jours,

et

donc pour la durée de la pièce,

il sera

privé de sa

place à' amator,

et

donc de

son

rôle. C'est en effet en ces termes que Thaïs décrit

l'éviction

de Phédria:

Sine illum

priores

partis hosce aliquot

dies

apud

me

habere

(v.

151-152).

L'expression

priores partes peut être

interprétée en

termes

théâtraux,

puisqu'elle signifie

littéralement

«le premier

rôle»9.

La rivalité

qui

oppose

Phédria à Thrason

dépasse

donc le cadre de l'intrigue, puisqu'elle a des

sur le spectacle

lui-même :

elle implique

en

effet

que Phédria,

vaincu

par les discours et la séduction de Thaïs10, et donc forcé de céder la

place

au

miles, perd

en

même

temps le

trait

spectaculaire qui

caractérise

sa persona et

son

jeu (Yamor), et sa

place

sur

scène, sa capacité

à jouer.

On

peut

donc parler

ici d'une rivalité de type spectaculaire, puisqu'elle repose sur le

fait qu'un

seul

amator

peut

occuper

la

scène11.

Phédria vs Chéréa

:

l'autre amator

Mais,

avant

même que Thrason ne vienne occuper la place que lui

laisse

Phédria,

un autre

adulescens fait

son

entrée

sur scène,

une entrée qui

fait d'emblée

de

lui

un amator (v. 292-297)

aux plaintes désolées12

(il

a

perdu de vue une jeune fille

qu'il convoite) succède

l'éloge

de la beauté de celle qu'il aime.

Notons

par ailleurs

qu'il

danse

son entrée,

puisqu'il s'agit ici d'un canticum en

octonaires

iambiques.

Il

s'agit

de

Chéréa,

le frère

cadet de

Phédria,

comme l'indique

Parménon

qui le

voit

entrer. L'esclave identifie

d'ailleurs

d'emblée le jeu de V adulescens {de amore

loquitur,

v.

298), qu'il compare

immédiatement

à

Phédria:

(...)

Ecce

autem alterum

Nescioquid de

amore

loquitur. O

infortunatum

senem

Hic uero est qui si occeperit,

Ludum

iocumque dices fuisse

illum

alterum,

Praeut

huius

rabies quae dabit. (v. 297-301)

L'emploi du pronom alter, désignant tout d'abord Chéréa (v. 297)

puis

Phédria

(v.

300),

permet

de comparer

et

d'opposer

les

deux

personnages,

en

les

comme

deux éléments

d'une

même paire,

qui

relèvent ainsi de

la

même

persona

et

de la même convention théâtrale ; ils jouent, si

l'on

peut dire, dans

la

même catégorie,

et

se trouvent

donc,

pour cette

raison, en

position de

Puisque tous deux sont des amatores,

l'un

doit

l'emporter sur l'autre,

et

Parménon

annonce

que ce sera Chéréa. Ce

second

adulescens prend donc, dès

son entrée, la première

place

en tant qu'

amator,

les

priores partes

qui

étaient

l'enjeu de la rivalité entre Phédria

et

Thrason.

Bien

qu'il ne se trouve pas en

situation

de rivalité amoureuse avec ces deux personnages,

puisqu'il

ne convoite

pas

Thaïs,

son

entrée

dansée

amator

le

situe

d'emblée

au

sein

d'une

rivalité

spectaculaire

qui

a pour enjeu la première

place

sur scène en tant qu' amator.

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Thrason

vs Chrêmes : les faux rivaux

Après Chéréa,

c'est

au tour de Thrason de faire son apparition. Après un

avec

Gnathon, typique

du

couple traditionnel

formé par le miles

et

son

il rencontre Thaïs et tente de jouer un duo amoureux avec elle. Mais

est un piètre amator, car

il

semble ne pouvoir se défaire de son jeu de

miles,

conventionnellement gloriosus

ses premiers mots pour sa

belle sont un

qu'il

s'adresse à

lui-même en vantant

son

propre

cadeau

(v. 455-457) ;

en

souligne d'ailleurs,

en

aparté,

la

maladresse (v.

457-458). Sa

rivalité

avec

Phédria,

absent

mais représenté

par Parménon,

reste

d'ailleurs sur ce seul

plan des cadeaux, puisqu'il dénigre ensuite ceux de

son

rival. Thrason reste donc

un gloriosus (il est désigné par Parménon comme un

imperator,

v.

495), et

ne

réussit pas à devenir un amator, c'est-à-dire à

emprunter

le jeu de la

persona

de

Vadulescens. Thaïs obéit

à

ses ordres, mais ne joue

pas

avec

lui

un duo

compromis

également

par

l'arrivée de

Parménon. Ainsi,

Thrason,

qui

a

pris

la

place

de

Phédria,

n'est pas un redoutable rival du point de vue du jeu il échoue

en effet

à emprunter son jeu à son

rival adulescens.

Il

n'est qu'un

amator avorté,

tandis que seul Chéréa, qui ne lui

dispute

pourtant pas sa maîtresse, l'emporte

sur

le plan du

jeu.

Mais un troisième

adulescens apparaît

alors sur scène, après

la sortie de Thrason.

Il

s'agit

de

Chrêmes, frère

de

la

jeune fille

que Thaïs veut

enlever

au

soldat.

Du

point de vue de l'argument, ce personnage ne se situe dans aucune intrigue

et

n'est le

rival de

personne. Qu'en

est-il

du

point

de vue

du jeu? Si l'on

s'intéresse

au parcours

du

personnage

de

Chrêmes, on

observe

une

évolution

qui

le mène progressivement vers une situation de rivalité avec Thrason.

Si

Thrason

est un amator avorté, Chrêmes devient un amator malgré lui.

En effet, dans sa première entrée,

faite

en diuerbium, Chrêmes se plaint d'être

victime de

tentative

de

séduction

de la part de

Thaïs (v. 507-510, puis v.

514-516)

;

ses

soupçons

se confirment

(v.

532) quand

Pythias,

la servante

de

la meretrix,

s'adresse à lui avec

le

langage de la galanterie

(o

capitulum

lepidissimum

v.

531

: l'adjectif

lepidus

renvoie en effet tant au

charme de

la

beauté

féminine

qu'aux plaisirs

charnels13 ; amabo, v.

534,

53714;

mi

Chrêmes, v.

535).

Mais, lors

de sa seconde entrée (v. 727-sq.), en canticum

cette

fois, Chrêmes est transformé :

il

danse l'ivresse,

jeu

traditionnel

de

Y

adulescens15,

et

se

comporte en

amator

avec Pythias (v.

730).

Il commente lui-même sa transformation par un proverbe :

sine

Cerere et

Libero friget Venus (v.

732). Thaïs en entrant, lui

tient

le langage

d'une amante : O

mi

Chrême,

te

ipsum

expectabam

(v. 743).

Elle forme ainsi

avec lui un duo, et par la force de sa séduction et de sa persuasion, elle le

conduit

à

la défendre contre le soldat. Thrason, en effet, en bon miles gloriosus, prend

d'assaut la

maison

avec ses esclaves, et

doit affronter

Chrêmes, qu'il prend pour

Vamator de Thaïs (v.

794), et

donc pour son

rival.

Celle-ci ne dissipe d'ailleurs

pas le

malentendu, laissant ainsi s'installer une fausse

rivalité

entre les deux

Chrêmes

est

donc

défini à

deux

reprises

comme

Y

amator

de Thaïs,

à

la

suite de

mauvaises interprétations

de l'attitude de

la courtisane: Chrêmes

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lui-même,

puis Thrason, l'identifient à celle d'une séductrice, d'une

meretrix

avec son

amator.

Thaïs séductrice : intentions du

personnage

vs convention de la

persona

Ce dernier exemple de rivalité

nous

permet ainsi de remarquer que le jeu même

de Thaïs, par son ambiguïté (si l'on se place du côté de l'intrigue) ou du moins

son

uniformité (si

l'on

se

contente

d'un constat en termes de

jeu),

motive ou

les rivalités entre les

quatre

personnages que nous avons

étudiés.

Chacun

d'eux

forme

en effet,

tour à tour, avec elle, un couple, un

duo sur le

modèle du

duo amoureux qui réunit une meretrix

et

son amator nous avons étudié plus haut

la scène

de

séduction dont

est

victime

Phédria au

début

de

la

pièce,

et nous

avons

vu que Thrason voyait

son

duo amoureux avec Thaïs

écourté

par

l'entrée

en scène

de

Parménon;

Chrêmes

lui

aussi, nous

l'avons

vu, subit

la

séduction

de

la

ainsi

que Chéréa, aussi surprenant que cela

puisse

paraître.

En

effet,

lorsqu'il

revient

sur scène

bien après

son

méfait et rencontre

Thaïs,

celle-ci ne choisit pas

la colère (elle repousse d'ailleurs Pythias, qui s'emporte: v. 861 et 884), mais la

ruse pour l'aborder. Une ruse si proche de la séduction

qu'elle

amène Chéréa à

tenir ces

propos

: te quoque iam, Thaïs, ita me di

bene

ament, amo (v.

862).

Chéréa,

dont

on a

vu qu'il

joue Yamator dès

sa

première entrée sur scène,

le

joue donc

également avec Thaïs,

dans

un

duo

de séduction qui ne

fait

pourtant pas d'eux des

amants

sur

le plan de l'intrigue.

On peut tirer de ce constat deux conclusions. Tout d'abord, jouer un

duo

de

séduction

avec

une

meretrix permet

à un

personnage

de

se

constituer en

amator

c'est dans

ce

sens qu'il faut comprendre le souhait de Phédria (v. 191-196) que

Thaïs reste

à lui en pensée, et

ainsi

ne forme

pas avec

Thrason un

duo

amoureux.

Phédria

souhaite

ainsi que

son

rival ne réussisse

pas à devenir un

véritable

amator.

Par

ailleurs,

puisque Thaïs

peut

former un

couple

avec un

personnage

masculin

sans que celui-ci soit

son

amant

pour autant,

on

peut en déduire que

le

jeu

d'un

personnage relevant de la

persona

de la meretrix n'est

pas

dépendant de

mais

relève

d'un code spectaculaire qui n'induit jamais systématiquement

une

même

interprétation

sur

le plan de l'intrigue. En effet, elle peut par exemple

mettre

sa

séduction

à

des

fins

autres

qu'amoureuses

;

son

jeu

reste

alors

le

même

quelles que

soient

ses intentions.

C'est

ce que mettent en valeur les

interprétations

fautives

qui

sont faites du jeu

de

Thaïs : Térence souligne ainsi le caractère

conventionnel

du

jeu,

et du

spectacle

comique

dans son

ensemble. On retrouve

par

exemple

ce

trait,

forme de métathéâtre

plus

propre à Térence qu'à Plaute,

dans

VAndria

v.

459-498)

le senex

Simon prend pour

une

tromperie jouée

à

son

intention les

propos

tenus par

plusieurs

personnages féminins, et

notamment

le

cri

de Glycère en train d'accoucher

à l'intérieur

d'une des maisons, puis, autre

convention

fréquente

dans

la

comédie romaine,

les

instructions

de la

sage-femme

données sur le pas de la porte

à

ceux qui sont restés

à

l'intérieur. Se croyant dupé

par des ruses

qu'il juge trop visibles (tam

aperte fallere incipias dolis, v.

493), il

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7/21/2019 Eunuco-Los Rivales Faure Ribreau

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se dupe lui-même. Térence souligne

ainsi

que le spectacle

comique

est

pure

convention,

et que

ses

signes sont trompeurs

ou,

du moins, dénués

de

toute

:

dissociés de

toute vérité,

ne

correspondant à aucune

intention ou identité

des personnages, ils peuvent donner lieu à plusieurs

interprétations, puisqu'ils

ne

renvoient

qu'à

eux-mêmes

et

à

la

convention

comique

qu'ils

constituent.

Ainsi,

les « intentions » des personnages ne

modifient

en rien le spectacle

et

leur jeu la

meretrix joue la séduction, que ses intentions

soient

bonnes ou mauvaises.

La scène

finale :

la disparition

des rivalités au

profit d'une

troupe comique

Ainsi, en partie

grâce à

la présence

du

personnage

de

Thaïs, la meretrix mala

séductrice, quatre

personnages se trouvent dans une situation de rivalité

puisque

tous

sont des amatores

Phédria,

amator

rejeté, ne peut vraiment

jouer sa persona

que

dans

un

duo paradoxal

qui

l'amène

à sortir

du

jeu

Thrason,

amator avorté,

raté,

reste un gloriosus ; Chrêmes, amator malgré

lui,

joue

ce

jeu,

mais partiellement ; enfin, Chéréa

est

le

seul

amator

accompli, dans

la

mesure

il

s'approprie ce jeu tout au

long

de la pièce et en

joue plusieurs

scènes

typiques

(plaintes,

séduction,

mais aussi

joie

triomphante de l'amoureux

exaucé). En effet,

Phédria

et Chrêmes refusent tout d'abord ce

jeu,

mais ne

pas à Thaïs, tandis que

Thrason

tente de le jouer, mais ne réussit pas,

parce

que Thaïs ne

l'y aide

pas. Le

trait essentiel de la

persona

de Vadulescens

n'est

ainsi

pas réservé

à

un seul et

même personnage,

mais

est

actualisé, avec

plus

ou moins

de bonheur

ou d'ampleur, par les

quatre

principaux personnages

qui se

trouvent ainsi

en situation de rivalité spectaculaire, de concurrence

pour jouer

le

premier rôle

à1

amator, c'est-à-dire pour être celui

qui

joue le mieux

Yamor, trait spectaculaire propre

à

la

persona

de Yadulescens.

Mais

cette

rivalité, qui structure la comédie de bout en bout, se

dissout

à la fin

de la pièce, dans une scène finale qui réunit trois des rivaux, Chéréa, Phédria

et

Thrason.

Alors que l'intrigue

a

trouvé

une

fin

heureuse

pour

les deux

frères, le

spectacle continue, sans nécessité narrative. En effet,

cette

dernière

scène

s'ouvre

sur l'entrée de Gnathon

et Thrason

(v. 1025),

qui n'ont pourtant

plus

rien

à faire

là: c'est d'ailleurs

le

sens des questions de Gnathon

(v.

1025 et 1026), qui semble

demander

à

Thrason

quelle

est

maintenant (nunc,

v.

1025)

leur

raison d'être

sur

scène. Le miles semble s'entêter à vouloir jouer Y amator (v. 1026), puisqu'il veut

se transformer en Hercule aux pieds

d'Omphale,

paradigme du guerrier devenu

amant qui

correspond exactement à sa situation spectaculaire de

miles aspirant

à

devenir amator. Mais

cette

nouvelle tentative est interrompue par

l'entrée

de

Y amator en titre, Chéréa;

Thrason

comprend d'ailleurs très bien que c'en est fini

de lui

comme amator

(c'est ce

que signifie

l'expression perii, v.

1030).

Chéréa

fait

en effet une entrée

d' amator

joyeux et

triomphant, scène

typique de Yadulescens ;

il

annonce

également que

les

amours de

Phédria sont sauvées

(v.

1037-1040),

ce

qui

signifie

l'exclusion

du

soldat

(v.

1041),

son

échec (on

retrouve

le

verbe

pereo,

v. 1043). Chéréa demande alors à Parménon de faire

entrer

Phédria; son entrée

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7/21/2019 Eunuco-Los Rivales Faure Ribreau

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(v. 1049) signe la fin d'une première rivalité spectaculaire,

celle qui

opposait les

deux frères. En effet,

Phédria

entre en jouant à

son

tour la joie typique de Vadu-

lescens triomphant,

et

vient former un duo avec Chéréa.

A

la fin

de ce

premier temps

du finale, le

spectateur a

donc

devant lui

deux

couples, celui des deux

amatores

triomphants, qui tiennent le

devant

de la

scène,

et

celui que composent, selon la convention, le miles

et

son parasitus. L'enjeu de

la seconde partie de la scène finale sera de

réunir

ces deux groupes.

C'est

l'attention

se tourne de nouveau vers Thrason

et

Gnathon, en situation

d'aparté (v.

1053)

;

la situation

de

Thrason

est

toujours la

même :

il

aime (amo, v.

1053), ou du moins

tente d'être un

amator, alors

que la situation

l'en empêche

(on

retrouve

perii, v. 1053), puisque

la

place est prise par les adulescentes

qui

occupent le

devant de la

scène. Pour

les

rejoindre,

Thrason se

tourne vers

Gnathon,

à qui

il

demande de servir ses amours, comme le seruus d'un adulescens.

C'est

donc

sur ce modèle

d'un

autre type de

couple de personae

comiques

qu'ils

Phédria

et

Chéréa.

Face à

eux, Thrason

est

presque

muet

:

Phédria

lui

signifie

en

effet

son exclusion, et

lui

rappelle que, l'intrigue étant résolue (quae facta hic

sient,

v. 1060),

il n'a

plus rien à

faire sur scène

(v.

1062-1065), c'est-à-dire

in

platea

(v. 1064), terme désignant l'espace scénique16. Pour que Thrason trouve

une

nouvelle

raison

d'être

sur scène,

il faut que

Gnathon

intervienne, et

le

fasse

de nouveau se mettre en retrait (v.

1068),

pour lui

ménager une nouvelle

entrée

dans d'autres

conditions

de

jeu.

Paradoxalement,

Gnathon semble proposer

tout

d'abord

la

même

situation

de

rivalité

(riualem,

v.

1072).

Mais il s'agit d'une

fictive,

trompeuse, inventée

aux dépens du soldat, qui ne peut en aucun cas se

poser

en rival réel face aux

adulescentes,

comme

le

rappelle

Gnathon

:

Neque istum metuas ne amet

mulier;

facile

pellas

ubi uelis (v.

1080).

Le

soldat

est donc victime d'une ultime tromperie, qui a

pour

but de lui faire

croire

qu'il

est

un amator, quand il

reste définitivement

un

miles gloriosus (comme

le montre

sa

dernière

réplique,

ultime vantardise, v.

1091-1092). C'est

en tant que

tel qu'il

est

accepté dans la troupe (gregem, v.

1084)

des deux

adulescentes, comme

Gnathon

l'est en

qualité

de

parasitus (voir ses allusions

au banquet, v.

1082

et

avec

comedendum, v. 1087).

C'est

d'ailleurs à

cette

qualité de miles que renvoient les

termes mores

tuos

(v. 1089)

et

facta

et uirtutes

tuas (v. 1090)

ils

font en effet

à

la.

per

sona

du miles,

et

à son

jeu17

;

Thrason

est un

bon

miles,

et c'est

en

tant

que tel qu'il est accueilli dans la troupe comique

à

la fin de la comédie.

La

scène

finale

a donc pour

fonction

de résoudre les

rivalités

spectaculaires

entre les

trois

personnages18,

alors même

que

l'intrigue

ne

l'imposait plus

: les

deux personnages qui ont acquis leur statut d' amator forment un duo et

dansent

ensemble,

tandis que

Thrason,

qui

a

déjà perdu

sur

le plan

de

l'intrigue,

échoue

également

sur le

plan du

jeu,

puisqu'il cesse définitivement d'être un amator en

puissance, pour rester cantonné à sa persona d'origine, le miles gloriosus. La

pièce

s'achève donc sur la formation d'une troupe

d'acteurs

de qualité, et c'est elle

qu'applaudiront les

spectateurs.

En cela, on peut dire que la dernière scène est

avant

tout

métathéâtrale.

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On peut conclure de

cette

étude que les principes conventionnels du jeu sont

plus pertinents que les principes

narratifs

de

l'intrigue, quand il

s'agit d'étudier

les personnages d'une comédie romaine. Ainsi, ce n'est

pas

l'intrigue qui définit

les rapports entre les

différents

personnages, qu'elle ne suffit pas à décrire; ces

rapports se

traduisent

davantage

en termes

de jeu,

et

de convention

théâtrale.

En

effet,

se

trouvent

en situation

de

rivalité

spectaculaire

des

personnages

qui

ne sont

en rien

rivaux

du point

de vue de

l'intrigue,

c'est-à-dire dans une intrigue

(par exemple, Thrason

et

Chrêmes) de même, deux personnages,

comme

par exemple Chrêmes

et

Thaïs,

puis

Chéréa

et

Thaïs, peuvent former à la scène

un

couple,

un

duo

de

type amoureux,

sans que l'intrigue ne définisse leurs

en ces termes. Car la construction des personnages est subordonnée

au

ludus

(spectacle, jeu, mais aussi

ruse), et non

à une trame narrative qui définirait leurs

intentions et

leurs réactions. Térence, par le biais du

métathéâtre, présente

donc

ses

personnages comme des acteurs jouant avec plus ou moins d'habileté leur

persona,

ou

un

trait

spectaculaire

tel

que

Yamor.

C'est

pourquoi

la

fin

de

la

comédie

ne coïncide pas avec la résolution de l'intrigue, mais avec

celle

d'une situation de

rivalité relevant uniquement du spectacle et du

jeu, c'est-à-dire

du

ludus.

Marion Faure-Ribreau

Université de Paris VII Denis

Diderot

ADNOTATIONES

Nous

ne

nous

intéresserons

pas

ici

à

Antiphon, le

quatrième

adulescens

de la

comédie,

car

personnage

secondaire, il n'intervient

que

dans une

seule scène

(v.

539-614), et

apparaît

comme

faire-valoir

de Chéréa,

autre

adulescens il lui permet

en

effet de faire

le

récit du

viol qu'il

vient

de

commettre, et

surtout de laisser éclater sa

joie, ce qui

nécessite un

que

Chéréa lui-même réclame dès son entrée sur scène (v.

549-556). Antiphon se

trouve donc en position de spectateur, nécessaire pour permettre à Chéréa d'exécuter son

numéro.

2

Pour une étude

détaillée

de

l'enjeu spatial

représenté par la

maison

de

Thaïs,

voir M.-H.

Garelli,

«Ante ostium

Thaidis - «Devant la porte de Thaïs». Espace et représentation

dans

V

Eunuque

de

Térence», Vita

Latina, 177, 2007,

p.

2-18.

3 Nous entendons

par

« spectaculaire »

tout ce qui

relève de

la

matérialité visuelle

et

auditive

du

spectacle

des

ludi

scaenici jeu

des

acteurs,

danse,

musique,

fonctionnement

de

l'espace

scénique,

mais aussi costumes,

accessoires,

etc.

4 Le

terme

persona signifie littéralement «masque»; il désigne également

le

«rôle»,

ou

emploi, conventionnel

qui

correspond au masque comique, et dont relève chaque personnage

de comédie romaine. Cf. Thésaurus

Linguae

Latinae, vol.

X,

1 fasc.

XI, Leipzig, 1998,

col.

1715-1729.

5 Chaque persona

comique

est

en

effet

caractérisée

par un

ou plusieurs

traits qui

définissent

son jeu. L'

adulescens

est avant tout un amator (amoureux) : il est en effet défini

par

Yamor,

trait

que

lui

empruntent

parfois des personnages relevant d'autres personae, comme

le

vieillard (on parle

alors

de senex amator)

ou même, dans le

cas exceptionnel

du

Persa de

Plaute, l'esclave. A

ce

trait

correspondent

une ou plusieurs

scènes

typiques de la persona :

celle

des

plaintes

amoureuses,

ou

celle

de la

joie

de

l'amoureux comblé.

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6

Voir

F. Dupont,

Le Théâtre latin, Paris, 1999

(2e

éd.), p. 137-138. On

peut

d'ailleurs

que

Phédria

ne

fait aucune

entrée dansée de

ce

type

tout

au long de

la

comédie.

7 Le

duo amoureux

est

une

scène typique de

Y

adulescens

et

de

la

meretrix; voir par exemple,

Asinaria (v. 591-sq.), Curculio (v. 16O-sq.), Poenulus, v. 33O-sq. Il

peut

prendre la forme

d'une scène

de séduction, comme c'est

le cas au début

(v.

35-100)

et à la fin (v.

1149-1206)

des Bacchides de

Plaute.

8

On

peut

noter

par ailleurs

qu'à

la

rivalité

entre

Thrason

et

Phédria

s'en

ajoute

une

seconde,

qui

oppose

Thaïs

à la jeune fille

qu'elle tente de libérer du soldat: les deux

femmes

seront

à plusieurs reprises au cours de la pièce (v. 231, v. 361) ; Thrason tente de faire naître une

jalousie

entre elles

(v. 437-445). Mais

cette rivalité n'est

jamais effective sur scène,

puisque

seule

Thaïs peut

y

jouer,

tandis que la jeune

fille n'y fait

qu'un

rapide

passage

muet.

9 Le

terme partes

désigne le

rôle

en tant que

texte à dire et à

jouer {Thésaurus Linguae

Latinae,

vol.

X,

1 fasc. IV,

Leipzig,

1988, col. 464), à la

différence

de persona

qui

désigne

l'emploi

conventionnel.

On retrouve

d'ailleurs

ce terme plus

bas pour

décrire la rivalité

entre

Phédria

et Thrason

quand Parménon

apprend à Chéréa

que

Thrason est Phaedriae riualis (v. 354),

le jeune homme répond duras

fratris partis

praedicas (v. 354).

On

peut

ici

encore

le

terme

partes

dans

un sens théâtral («tu annonces un triste rôle à

mon

frère»).

Cette

interprétation

a

été

proposée

par

S.

A.

Frangoulidis,

«Performance

and Improvisation

in

Terence's Eunuchus»,

Quaderni

Urbinati

di

Cultura Classica, 48

(3), 1994,

p.

127.

10 Un commentaire de Parménon

le souligne

: labascit uictus uno uerbo quant

cito

(v. 178).

11

On

remarque

d'ailleurs que Thrason et Phédria

ne se

trouvent

pas

ensemble sur scène avant

le

dénouement, qui dissout

toutes

les rivalités. Leur opposition

s'exprime

jusque-là à

travers

le relais d'une autre

rivalité, qui

oppose

Parménon, l'esclave de Phédria, à Gnathon,

le

de Thrason (v. 232-291,

puis v.

462-506).

12 Motif

conventionnel

de la. persona de Y adulescens voir,

par

exemple:

Bacchides,

v. 612-

624, Mercator, v.

335-363.

13

Voir, par

exemple, l'emploi du

terme

dans un contexte explicitement

galant:

Poenulus,

v. 696-698. L'adjectif fait également partie du vocabulaire

d'un

poète

élégiaque

comme

Catulle

:

R.

Seager,

«

Venustus,

lepidus, bellus,

salsus

Notes

on

the

language

of

Catullus

»,

Latomus, 33 (3), 1974,

p.

891-894. Mais

lepidus

peut

également renvoyer,

chez Plaute,

à la

ruse ou

au spectacle,

ludus

(voir G. Lodge, Lexicon plautinum, vol.

I

Hildesheim, 2002

(2e

éd.),

art. «Lepidus»,

p.

888-889).

14 Cette expression est

typique

du

langage

des personnages féminins

dans

la comédie romaine.

Voir R.-H. Martin, «A

not-so-minor character in Terence's

Eunuchus», Classical Philo-

logy 90 (2), 1995, p. 139-151.

15

Voir, par exemple, Mostellaria, v.

313-sq.

16 Le

terme

platea,

qui

signifie

«

rue

»

ou

«

place », désigne le lieu où se

situe

ordinairement

la

scène d'une comédie palliata. Voir B.-A.

Taladoire,

Essai

sur

le

comique

de Plaute, Monaco,

1956,

p. 39

;

G. E. Duckworth,

The

Nature

of

Roman

Comedy, Londres,

1994

(2e

éd.),

p.

82-83,

et

p.

122-123.

17 Le

terme

mores,

notamment,

peut

désigner

chez

Plaute

le comportement conventionnel

à une

catégorie

de personnes

ou

à une persona. Voir G.

Lodge,

Lexicon plautinum,

vol. II, Hildesheim, 2002

(2e

éd.),

p.

88-89.

18

Chrêmes est

sorti

de scène dès

que

son lien de

parenté

avec

Pamphila,

la jeune fille libérée

par

Thaïs,

a

été

reconnu. Il n'a

été

amator qu'un temps, quand il était nécessaire à Thaïs

pour

défendre

sa

maison et Pamphila contre

le miles

la

séduction de Thaïs

lui

a permis de

faire

jouer

Chrêmes

selon ses

besoins,

pour

mener à

bien sa

propre intrigue contre

Thrason.

Lorsqu'elle

n'a

plus besoin de lui elle

cesse

de jouer avec lui

le

duo de la séduction, et

Chrêmes perd

du même

coup son

statut à' mator,

qui était donc

temporaire et

lié à son rôle

dans

la

ruse ourdie

par Thaïs. Il s'agit donc

d'un

amator utilité nécessaire

tant

qu'il faut

opposer

un rival

au

miles.

M.-H.

Garelli (op.cit.,

p.

7-9)

a

montré

que

Thaïs

maîtrisait

les

déplacements des autres personnages de

la

comédie.

10