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Etude sur les regroupements de clubs SCHAEFFER Jules Master 2 « Professions Juridiques du Sport » Faculté de droit de DIJON

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Etude sur les regroupements de

clubs

SCHAEFFER Jules

Master 2 « Professions Juridiques du Sport »

Faculté de droit de DIJON

1

Table des matières I. Constat sur les ententes et fusions analysées ............ 6

Les raisons du rapprochement ............................. 6

1. La pérennisation financière .................................. 7

2. Le développement du cadre sportif ..................... 9

Les formes des regroupements rencontrés ........ 13

1. La fusion création ............................................... 13

2. La fusion absorption .......................................... 15

3. Les regroupements issus des règlements fédéraux

(ententes et unions) ................................................. 16

4. L’apport partiel d’actif ....................................... 19

Les résultats obtenus ......................................... 20

1. L’évolution financière ........................................ 20

2. Les résultats sportifs .......................................... 25

3. L’évolution des ressources humaines ................. 27

II. Analyse des limites et conseils ................................. 33

Les limites des regroupements de clubs............. 33

Les modalités de la mise en œuvre .................... 37

Le modus operandi ............................................ 40

Introduction L’étude suivante a été réalisée en complément du Schéma

Régional de Développement du Sport (SRDS) et vise à

analyser et donner des outils aux clubs dans leur gestion

quotidienne, ainsi qu’à les conseiller dans leur projet de

fusion ou d’entente, sur la base d’un retour sur les

expériences déjà réalisées dans la région concernant le

rapprochement des clubs prospectés.

Le schéma régional de développement du sport a vocation

à renforcer et aiguiller l’action des pouvoirs publics dans le

domaine du sport local. Il est conçu comme un schéma

d’orientation et vise à pointer les problèmes inhérents au

sport, au niveau du territoire alsacien. L’objectif de cette

étude complémentaire est de donner des réponses aux

problématiques rencontrées par les clubs, pour la plupart

constitués sous forme d’association.

Le SRDS prend en compte les bouleversements connus par

le mouvement sportif ces dernières années afin de donner

des réponses adéquates. Selon Alain Grewis, inspecteur

- jeunesse et sport - « la région dispose d’un potentiel

2

énorme mais n’utilise pas de façon optimale les outils

actuels de gestion disponibles pour les associations. Il

convient dès lors de remettre l’initiative privée en

première ligne afin de bâtir des associations sportives

pérennes. »

Le premier jet du schéma pointe « un défaut criant de

formation des éducateurs et des dirigeants », et rappelle

que le nombre d’éducateurs sportifs en Alsace est inférieur

à la moyenne Française.

(Carte nationale des diplômes Jeunesse et Sports délivrés

en 2015 – source : ministère)

Une première étude met en évidence un seuil maximum de

300 licenciés au sein d’un club pour embaucher. Or, on sait

l’importance, même pour des structures associatives, de

disposer d’employés, qu’ils soient chargés du « technique »

(sportif) ou de l’administratif pour se structurer.

Ce constat rappelle l’idée même des enjeux inhérents aux

fusions et ententes pour un club sportif. L’objectif principal

de ces regroupements est d’accroître le poids des

associations et à terme de mutualiser les ressources de

chaque entité. Dans le contexte de la baisse des

subventions publiques, et pour sauvegarder leurs emplois,

de plus en plus d’associations optent pour des stratégies

de coopération et de mutualisation, dans les territoires. Les

défis sont pluriels, à savoir atteindre une taille critique,

investir pour se développer, faire face à la contraction des

finances publiques (CCPA- France Active 2012). Des clubs

professionnels sont également concernés. Récemment le

tapage médiatique de la fusion avortée entre le Biarritz

Olympique et l’Aviron Bayonnais, montre que le besoin se

fait sentir dans tout type de structure.

3

Il convient après ces déclarations, de donner une définition

du club sportif. Il semble que le code du sport ne définisse

pas cette notion. Il s’agit en réalité, dans les faits, de

l’entité juridique qui est constituée. Sachant que celle-ci

peut être plurielle, dès lors que l’association sportive a

également constitué une société sportive, les deux étant

liées par des liens capitalistiques ou bien contractuels (la

convention de collaboration liant les deux structures).

Néanmoins, rappelons que la très grande majorité des

clubs sportifs de la région sont constitués sous forme

associative. A cet effet, les clubs domiciliés dans les deux

départements du Rhin, et celui de la Moselle, répondent à

la forme d’association de droit local ; tandis que dans les

autres départements de la grande région (Ardennes, Aube,

Marne, Haute-Marne, Meurthe et Moselle, Meuse et

Vosges), ils sont constitués sous forme d’association loi

1901. Cette forme juridique est constituée d’un contrat (les

statuts) passé entre plusieurs personnes qui mettent en

commun des ressources afin de poursuivre une activité

donnée (tout en écartant la distribution de bénéfices).

La forme associative peine à s’adapter au développement

économique des activités sportives. Les modèles de

financement par les collectivités publiques s’épuisent en

raison des baisses budgétaires des collectivités

territoriales.

Aussi, deux hypothèses se présentent aux clubs : la fusion

ou l’entente. Si dans le premier cas, les deux entités

juridiques fusionnent (en application de la nouvelle loi du

31/07/2014 entrainant le transfert universel des

patrimoines et des membres etc…) pour n’en faire plus

qu’une, dans le second, il s’agit en fait de mettre en œuvre

une coopération identifiée, sur une équipe de jeunes par

exemple, afin de renforcer leurs chances sportives ou

encore répondre aux obligations fédérales.

L’étude qui suit va s’articuler en deux parties, la première

sera relative au constat qui résulte des fusions et ententes

prospectées, la deuxième aura pour objectif d’analyser les

difficultés rencontrées par les clubs, ainsi que d’établir un

schéma type afin de mener à bien de telles opérations.

Les clubs évoqués ont été questionnés afin de réaliser un

constat sur les regroupements en matière sportive. Ils

réunissent diverses formes de coopération et différentes

disciplines sportives afin d’avoir un panel élargi des

différentes situations qui peuvent être rencontrées.

L’accent a également été mis sur la diversité géographique.

4

Ainsi, des associations sportives des trois territoires

(Lorrain, Champardennais et Alsacien) ont été intégrées au

travail réalisé. Le tableau ci-joint relate les structures qui

ont bien voulu coopérer à la réalisation de cette étude.

5

Structure interrogée

Type de regroupement

Sport/Discipline Département Date de la rencontre avec le club

PAYS DE COLMAR ATHLETISME (PCA)

Entente avec club maître

Athlétisme 68 Lundi 11/04

STRASBOURG AGGLOMERATION ATHLETISME (S2A)

Entente avec club maître

Athlétisme 67 Mardi 12/04

AGIIR Florival Fusion création Football 68 Mercredi 13/04

Le Team STRASBOURG

Transfert des activités compétitives

vers une nouvelle association

Natation / Plongeon/ Water-Polo… (Fédération Française de Natation)

67 Jeudi 14/04

Cheminots Sportifs Chalindrey

Fusion non pérenne Tennis 52 Entretien téléphonique

ATHLETIC VOSGES ENTENTE CLUBS

(AVEC)

Entente avec club maitre

Athlétisme 88 Entretien téléphonique

SLUC Nancy Basket (association)

Union d’équipes Basket-Ball 54 Mercredi 20/04

Alliance Judo 54 (AJ54)

Association qui souhaite se

rapprocher d’autres structures

Judo 54 Mercredi 20/04

Sedan Gymnique Fusion Absorption

Gymnastique 08 Entretien téléphonique

Champagne Châlons Reims Basket (CCRB)

Société sportive issue d’une union des associations de

Châlons-en-Champagne (ESPE) et

Reims (RCB)

Basket-Ball 51 Jeudi 28/04

Châlons Football Club Olympique

(CFCO)

Fusion création Football 51 Jeudi 28/04

Argonne Football Club (AFC)

Fusion création Football 51 Jeudi 28/04

6

I. Constat sur les ententes et

fusions analysées

La première partie de cette étude va permettre de

comprendre les raisons qui ont mené des associations

sportives à mettre en place des coopérations, ou bien les

raisons qui vont les mener à le faire (A), pour ensuite

analyser les formes qu’ont pris ces regroupements (B) et

les résultats engendrés (C)

Les raisons du

rapprochement

A l’image d’un mariage conjugal, une fusion ou une entente

doit être souhaitée par les deux parties. De nombreux clubs

ont stipulé que la volonté de créer un regroupement devait

venir de la base. Ainsi, cela signifie que les adhérents, en

qualité de premiers acteurs de la vie du club, doivent être

à l’origine de la volonté de s’engager dans un processus de

rapprochement.

Rappelons que si l’entente est facilement réversible d’une

saison à l’autre, la fusion quant à elle, entraine des

conséquences plus importantes. On peut ainsi noter la

perte d’identité du club ou de l’association de base. En

effet, lors d’une fusion, il y aura abandon d’une

personnalité morale ou même de toutes celles existantes à

la base, en cas de fusion-création. D’autres systèmes ont

permis de conserver juridiquement l’existence des

associations sportives, en conservant les personnalités

morales de chacune. On peut citer les règlements fédéraux

et les usages pratiqués en athlétisme où une association «

holding » vient chapoter l’ensemble des sections et

représenter le club au niveau fédéral pour certaines

compétitions. En athlétisme, le terme utilisé pour cette

holding est celui de « club maître ».

Au vu des conséquences qu’entraine une fusion, il est

important de réaliser cette dernière pour de réels objectifs

bien identifiés. Encore une fois, comme dans un mariage

conjugal, il convient d’officialiser cette union,

juridiquement et sportivement, dès lors que des raisons

impérieuses le demandent. Nous allons néanmoins voir

7

que la situation et l’évolution générale du sport français

tendent à démontrer la nécessité pour les clubs de réaliser

des rapprochements.

Après avoir sondé les clubs, il s’est avéré que les

regroupements avaient été constitués pour deux raisons

majeures qui apparaissent bien sûr évidentes : l’aspect

financier (1) et l’aspect sportif (2).

1. La pérennisation financière

L’argent est, comme dans de nombreux domaines, le nerf

de la guerre. Même pour des associations sportives qui, en

raison de la loi, n’ont pas de but lucratif, il est indispensable

de disposer de ressources suffisantes afin de faire

prospérer son activité.

L’un des constats posé par la totalité des dirigeants

rencontrés est la baisse des subventions des pouvoirs

publics qui, en conséquence, impacte largement les

comptes des associations. Il a déjà été rappelé que le sport

français amateur (et parfois même professionnel) repose

en très grande partie (et parfois même majoritairement)

sur les subventions octroyées par les collectivités et l’Etat.

Les dirigeants associatifs rencontrés regrettent d’ailleurs la

baisse de ces aides, et se sentent peu reconnus. Un

dirigeant d’un club d’athlétisme a exprimé son

incompréhension de voir le centre national pour le

développement du sport (CNDS), délaisser le sport

amateur, quand sont investies, dans le cadre du

championnat d’Europe de football (UEFA), des sommes

considérables.

Outre la baisse de ces ressources, le coût de l’entretien des

installations sportives augmente. Ce constat a été fait par

divers responsables associatifs dont celui de l’AGIIR Florival

de Guebwiller concernant les terrains de football. Les

collectivités territoriales sont en charge de l’entretien des

infrastructures sportives (dont elles sont régulièrement

propriétaires) et à cet effet ont le choix de facturer ou non

aux associations utilisatrices, une partie de ce coût.

L’idée phare partagée par l’ensemble des structures a un

mot : la mutualisation. En mettant en place des fusions ou

des coopérations, on peut mutualiser le personnel, les

8

infrastructures, les compétences. Cette tendance est très

forte du côté des clubs d’athlétisme. Les trois structures

faisant parties du panel interrogé ont en effet partagé la

volonté de mettre en commun leurs ressources afin de

partager leurs forces et combler leurs faiblesses

respectives. L’athlétisme est riche de nombreuses

disciplines et les infrastructures ne sont pas toujours toutes

aptes à répondre aux besoins des licenciés. Ainsi, si la

section d’athlétisme de Colmar dispose d’une belle piste

afin de réaliser des épreuves de course, elle ne dispose pas

d’équipement permettant de faire convenablement du

lancer de poids en condition de compétition ; ressource

qu’elle pourra trouver dans les autres sections de l’entente

du Pays de Colmar Athlétisme (PCA). Cette dernière

hypothèse relatant les manques en termes d’infrastructure

n’est pas sans rappeler que l’association sportive, pour

exister, a grand besoin de ressources matérielles.

Elle a également besoin de ressources humaines, c’est la

raison pour laquelle le souhait de l’AJ54 (Judo à Nancy), de

mutualiser ses forces avec d’autres clubs locaux, a pour

perspective l’emploi d’un enseignant de Judo à temps

plein. Cela requiert, selon les dirigeants de l’association, un

capital d’au moins 300 licenciés. On comprend aisément la

volonté des dirigeants de mutualiser, afin de réaliser des

économies d’échelles, et en définitive employer un

enseignant diplômé apte à enseigner le judo et développer

la discipline aux alentours de Nancy. Il est intéressant aussi

de confronter les chiffres donnés par cette alliance

concernant le budget dédié au groupe de compétiteurs (de

15 à 20 judokas). Ainsi, le budget pour ces sportifs atteint,

pour l’Alliance Judo 54, environ 50.000 Euros, tandis qu’un

club comme Nice, dispose de 250.000 Euros pour un

nombre à peu près égal de sportifs. On constate un

déséquilibre en faveur du club azuréen qui dispose de

ressources cinq fois supérieures au club lorrain en raison

du dynamisme économique du territoire sur lequel celui-ci

est implanté, permettant par exemple de fixer des

cotisations supérieures aux autres clubs (dans le midi, les

cotisations sont souvent plus élevées que dans le reste de

la France concernant le judo). Afin de limiter ces

déséquilibres, il serait intéressant, pour le club du Grand-

Est, de trouver des clubs proches avec lesquels s’associer.

9

Pour finir, un autre aspect a joué en faveur de la fusion du

club de football de l’AGIIR. Il s’agit de la visibilité en matière

de sponsoring. En effet, les partenaires étaient, quand il y

avait trois structures distinctes, trop et mal sollicités.

Désormais, en étant sollicités par un interlocuteur unique,

le nouveau club, les partenaires privés disposent d’une

meilleure visibilité et d’une structure plus intéressante.

Enfin, plus classiquement, dans la seconde partie, nous

allons voir que le domaine privilégié des fusions, est bien

évidemment le développement des activités sportives.

2. Le développement du cadre

sportif

L’objet social d’une association sportive est la pratique en

compétition, ou parfois en loisir, du sport dans des

disciplines spécifiques. C’est ce qui lui vaut son affiliation à

une fédération délégataire –ou agréée- par arrêté

ministériel, et qui lui permet de participer au mouvement

sportif. Cette notion est d’autant plus importante que

l’association ne peut valablement agir que dans les limites

de son objet social, dans le cas contraire, ses actes

pourraient être déclarés nuls.

Les clubs participants à l’étude ont clairement évoqué, sans

exception, la volonté de développer et renforcer l’aspect

sportif de la structure, qui peut se traduire par exemple par

des ambitions en termes de classement sportif. Ce constat,

qui relève de l’évidence et qui n’est jamais éloigné des

considérations financières, mérite néanmoins une analyse

concernant les attentes exposées par les dirigeants sportifs

en la matière.

Le classement fédéral, qui permet de juger et mesurer la

performance sportive, et qui est indissociable de l’activité

sportive de compétition (la délégation octroyée aux

fédérations délégataires nait de la volonté de déléguer

l’organisation des compétitions) est la boussole des

décisions des responsables associatifs. D’ailleurs, la

fédération, par ses règlements, peut encourager les

rapprochements de clubs.

10

Ainsi, Joseph Spicacci, emblématique président délégué en

charge du « sportif » de l’AGIIR FLORIVAL, a stipulé que la

fusion a été encouragée par la possibilité de maintenir

chaque équipe à son niveau de compétition. Cela s’est

traduit par la conservation de la division de chaque équipe

la mieux classée des trois anciennes associations,

désormais constitutive de l’AGIIR FLORIVAL. A titre

d’illustration, l’équipe 1 sénior joue en promotion

d’excellence, division dans laquelle jouait au moins une des

équipes lors de la saison précédant la fusion. Cette

possibilité de conserver son niveau de division n’est pas

négligeable car, comme l’affirme Monsieur Spicacci, si les

équipes avaient dû recommencer à zéro, dans les divisions

inférieures, la fusion ne se serait bien évidemment pas

faite. Il est ainsi primordial, avant une fusion ou une

entente, de se référer aux règlements sportifs de la

fédération, qui ont vocation à définir l’accès aux divisions

sportives.

La Fédération Française de Basket-Ball (FFBB) conditionne

l’accès au championnat de France à l’octroi d’un ticket par

la ligue permettant d’accéder à cette compétition. Le SLUC

NANCY-Basket a ainsi, à travers son union avec Metz sur

ses équipes féminines, une position dominante concernant

la négociation et l’obtention du sésame. Nous verrons dans

la suite de l’étude les conséquences en termes de niveau

sportif qu’ont engendré les regroupements analysés.

Les groupes d’athlétisme rencontrés avaient pour volonté

principale de créer des équipes collectives qui, sans

ententes avec club maître (dispositif, encore une fois,

prévu par les règlements sportifs), n’auraient pas pu

concourir dans de bonnes conditions aux compétitions par

équipes. L’AVEC, club vosgien, souhaitait, en créant un club

maître, se diversifier en matière compétitive. Les

nombreuses disciplines qu’organise la fédération française

d’athlétisme, en qualité de fédération délégataire

(rappelons que cela va du saut à la perche, au sprint, etc…)

entraine un besoin de diversification afin de participer au

plus grand nombre de compétitions et d’accueillir un grand

nombre de pratiquants. De plus, la constitution d’équipe,

permet de motiver le jeune athlète. Dans beaucoup de

sports, un nombre important de jeunes licenciés quittent

l’association à l’entrée du lycée. Cette tendance est parfois

due à l’isolement des sportifs dans leur structure, or la

constitution d’entente et, en finalité d’équipes

mutualisées, a pour but de fidéliser celui-ci au sein d’un

groupe constitué de licenciés ayant la même ambition et

11

les mêmes intérêts. Par ailleurs, comme l’explique Jean-

Pierre Hoerner, président du PCA (Pays de Colmar

Athlétisme), un athlète de niveau moyen, qui n’a pas

forcément les possibilités d’obtenir des résultats en

pratiquant le sport individuellement, pourra espérer

gagner des titres en équipe. Cela ayant pour finalité de

motiver l’adhérent et, en définitive, de le fidéliser.

Parfois les jeunes gardent leur licence auprès de la

fédération concernée, mais changent de club en raison du

manque d’intérêt porté pour celui-ci. C’est le constat fait

par Monsieur Spicacci, en qualité de dirigeant du club de

football implanté à Guebwiller, qui se situe à mi-distance

entre Colmar et Mulhouse. En conséquence de cette

position géographique, apparaissent des dangers

éventuels de concurrence portés par des clubs voisins.

L’une des questions était la suivante : « comment fidéliser

les jeunes, quand il y a à proximité deux grandes villes

disposant de grands clubs à dimension nationale,

susceptibles d’attirer les sportifs locaux ? ». La réponse est

la création d’un grand club apte à répondre aux besoins des

joueurs, en offrant un cadre sportif structuré ; ce fut la

première raison de la fusion du FC Guebwiller, de l’USI

Guebwiller et de l’ASE Issenheim.

Dans le même sens, l’Alliance Judo 54, qui a pour ambition

de se rapprocher d’autres clubs, évoque la possibilité d’un

réel développement du Judo sur Nancy et environs, si une

bonne prestation en matière de Judo était mise en place.

Après identification de la potentialité du territoire

nancéen, Michel VOILLEMIN, personnage emblématique

du Judo en Meurthe-et-Moselle, stipule que la barre des

1000 licenciés pourrait ainsi être atteinte (actuellement, on

en recense environs 600). Cette prestation de qualité ne

peut être obtenue qu’à travers un bon encadrement des

disciplines exercées. Ainsi l’un des moteurs de l’entente

AVEC fut de former des cadres compétents, afin d’éviter les

erreurs commises à l’époque (surentrainement,

musculation précoce etc…). Il en va de même pour le club

de Judo lorrain, qui, comme analysé dans les aspects

financiers, souhaite mener une réelle politique de

formation des enseignants, en employant un salarié à

temps plein. Il est, en effet, difficile de motiver la nouvelle

génération à se former à l’enseignement du judo. D’autant

plus que ces employés sont en général rémunérés au

niveau du SMIC. Ainsi, afin que les jeunes se forment (en

obtenant par exemple un certificat de qualification

professionnelle ou d’autres diplômes…), il convient de leur

offrir un cadre sportif qui leur permette d’exercer une

12

activité à temps plein, susceptible de les convaincre de

suivre une formation.

Pour conclure, l’association sportive, bien qu’animée par

son objet purement sportif et sa forme juridique, ne doit

pas occulter les besoins financiers relatifs à l’exécution de

son objet social. Bien qu’une association n’ait pas

juridiquement le droit de distribuer des bénéfices, elle

demeure autorisée à en faire, afin de les réinvestir dans

l’objet social de l’association. Elle est même encouragée à

en réaliser, sans quoi, le manque de finances inhérentes à

son activité entraînerait des conséquences dommageables

sur la structure de l’association et sur les résultats sportifs.

Certains clubs ont donc décidé, afin de mutualiser les

coûts, de réaliser des économies, de peser de façon plus

importante dans les négociations avec les partenaires

privés ou publics, de fusionner ou de regrouper leurs

structures. Il s’agit avant tout d’ « être plus fort ensemble »

(Bernard LEBRUN – AJ54).

D’autres regroupements sont de nature plus « sportive »,

ainsi ils visent à obtenir un niveau de compétition qui n’est

pas atteignable sans la coopération, ou la fusion de clubs.

Bien évidemment, les intérêts sportifs et financiers se

confondent car les résultats sportifs permettent

d’accroitre les recettes et l’accroissement de celles-ci

permet de mettre en place un projet sportif plus adéquat

avec la notion de performance. En réalité, l’un ne va pas

sans l’autre, et le développement en deux parties a permis

de distinguer les intérêts en présence, mais sans oublier

que les deux ont la même nature et le même objectif, et en

définitive, permettent de motiver les adhérents et de

développer une réelle politique accès sur la formation des

cadres.

Enfin, pour finir, rappelons que, parfois, les fusions

d’associations sportives ne naissent pas directement de la

volonté du comité directeur et des adhérents qui les

composent. Il est courant, en France, que des pouvoirs

publics mettent la pression sur des clubs afin que ceux-ci

ne fassent plus qu’un. Il n’y a bien évidemment pas

d’ingérence directe de l’Etat ou des collectivités

territoriales dans la gestion de l’association, mais des

« pressions », ou plutôt des incitations. Par exemple, un

club de football de Guebwiller n’ayant pas souhaité

rejoindre le nouveau club AGIIR Florival, a dû quitter la

commune pour cause de fin de subventionnement. Nous

pouvons également citer la ville de Strasbourg, qui,

souhaitant arrêter le saupoudrage en matière d’aide, a

13

convaincu trois associations de joindre leurs activités de

compétition (Plongeon, Water-Polo, Natation) au sein

d’une même structure (Le Team Strasbourg).

Les raisons des clubs consultés sont donc très

pragmatiques et ont pour objectif de développer et

moderniser leurs structures, tout en faisant face aux

nouveaux enjeux (subventions insuffisantes notamment

…), dont la forme associative des personnes morales en

charge du développement des activités sportives, peine

parfois à faire face.

Les formes des

regroupements rencontrés

L’un des objectifs lors de la sélection des clubs a été de

diversifier les types de regroupements. Cette partie va

donc permettre de distinguer les fusions (1 et 2), des

ententes (3), pour enfin analyser une procédure bien

particulière : l’apport partiel d’actif (4).

1. La fusion création

Création d’une nouvelle personne morale qui est

constituée des patrimoines et membres des

anciennes associations dissoutes, suite au traité de

fusion.

Avantage : Une nouvelle association est créée et permet

de démarrer sur une nouvelle dynamique, tout en

ménageant les susceptibilités de chacun en ne reprenant

pas une structure déjà existante.

Exemples rencontrés sur le terrain :

Les trois clubs de football (l’AGIIR, le CFCO, et l’AFC) ont

procédé à des fusions créations. Il s’agit en l’espèce de la

volonté de créer une nouvelle entité, disposant de la

personnalité morale. L’ AGIIR Florival est ainsi issu des

clubs de football du FC Guebwiller, de l’USI Guebwiller et

d’un club de football d’Issenheim. Avant la fusion, les clubs

14

de l’USI Guebwiller et celui d’Issenheim avaient déjà mis en

place des collaborations sous forme d’entente au niveau

des catégories de jeunes. L’AFC est lui issu des clubs de

Givry-en-Argonne, La Neuville au Pont, et Sainte-

Menehould. L’autre club Marnais, le CFCO est issu de la

fusion du Châlons FC et du Club Olympique Châlonnais. Les

clubs historiques ont été dissous pour laisser place à une

nouvelle entité juridique disposant à cet effet d’un

nouveau numéro SIRET et d’un nouveau numéro

d’affiliation auprès de la Fédération Française de Football.

Les responsables associatifs n’ont en l’espèce pas voulu

procéder à une fusion-absorption. L’AFC ne souhaitait ainsi

pas reprendre le nom de Sainte-Menehould, et donc ne pas

repartir avec la structure juridique du club de cette ville ; le

visuel du club a d’ailleurs complètement changé avec un

nouveau logo et de nouvelles couleurs sur les maillots.

Même régime pour l’AGIIR qui a délaissé les couleurs des

anciennes équipes pour se tourner vers du bleu foncé, afin

de repartir sur une couleur neutre. On voit bien qu’en ne

procédant pas à une fusion-absorption, les responsables

associatifs ont souhaité amorcer une nouvelle dynamique,

sans placer un des clubs historiques sur un piédestal. Un

dirigeant du CFCO, Youssef Djoual, a tout de même précisé

qu’il était important de conserver certains signes distinctifs

des équipes historiques ; volonté partagée par son

homologue haut-rhinois (AGIIR) qui a conservé les logos

des clubs de Guebwiller et d’Issenheim sur les décorations

du club house ou les panneaux publicitaires par exemple.

Schéma :

Association A

Association B

Nouvelle association

C

Dissolution

et transfert

universel des

patrimoines

15

2. La fusion absorption

Absorption par une association déjà existante

d’une ou plusieurs autres structures de même

forme juridique. Il n’y a pas création d’une

nouvelle personnalité morale. Il y a dévolution des

patrimoines des « absorbées » au profit de

« l’absorbante ».

Avantage : L’association qui résultera de la fusion existe

déjà (absorbante), ainsi le processus de fusion se trouve

simplifié (pas de nouvelle structure à déclarer) et parfois

moins couteux.

Exemple rencontré sur le terrain :

On peut citer le SEDAN GYMNIQUE qui a absorbé le

MOHON GYMNIQUE (ancien club basé à Charleville-

Mézières). Il a été procédé ainsi afin de conserver

l’association sedanaise qui avait vocation à prospérer en

raison de sa popularité dans les Ardennes. En outre le

Mohon Gymnique allait stopper toutes activités, ainsi il a

été logique pour les responsables associatifs des deux

structures de procéder par une absorption.

Schéma :

Association A

absorbante

Association B

absorbée

Association A

16

3. Les regroupements issus

des règlements fédéraux

(ententes et unions)

Regroupements prévus par les fédérations et

permettant à différents clubs, différentes

associations sportives, de s’unir afin d’œuvrer en

faveur du développement de l’activité sportive.

Avantage : Chaque club conserve son entité juridique. Le

processus est souvent facile à mettre en place car

explicitement prévu par les règlements fédéraux.

Exemples rencontrés sur le terrain :

Les trois clubs d’athlétisme (AVEC, PCA, S2A) ont mis en

place des ententes. Celles-ci relèvent des règlements

fédéraux de la fédération française d’athlétisme. L’entente

se schématise par la mise en place d’une nouvelle

association qualifiée de « club maître » par la fédération. Il

s’agit en réalité d’une association « holding » qui chapote

des clubs de base appelés section. Celles-ci disposent

chacune de la personnalité morale, ainsi il n’y a pas de

dissolutions. Le club maître a vocation à prendre des

décisions au nom du regroupement, et, pour se faire, ses

membres sont les sections et les dirigeants des

associations composant les clubs membres de l’entente.

Ainsi juridiquement, l’opération est très simple, il n’y a pas

de fusion. Le tout est translaté au niveau fédéral. Le budget

de l’association « holding » est donc clairement distinct de

celui de ses membres. Chaque entité dispose ainsi de son

autonomie lui permettant d’organiser ses propres

assemblées générales, d’obtenir des subventions, de fixer

ses propres cotisations etc… Chaque section dispose même

désormais (réforme récente des règlements) d’un droit de

vote à l’assemblée générale de la fédération française

d’athlétisme.

Le PCA regroupe l’AC Raedersheim, l’A Volgelsheim, le CCA

Rouffach, le CSLN Neuf-Brisach, l’ESR Colmar, et le FC

Guebwiller A. Cette entente est née en 1998. Le S2A est

quant à lui le club maître des sections de l’Ill Bruche Athlé

Lingolsheim, l’ASPTT Strasbourg Section Athlétisme, le

17

Racing Club de Strasbourg Athlétisme, Fergersheim

Athlétisme, ainsi que Molsheim Athletic Club et

Vendrenheim Athletisme. Enfin, l’AVEC, est constitué de

clubs basés à Mirecourt, Epinal, et Remiremont ; l’alliance

existe depuis 2010.

Schéma :

Exemple rencontré sur le terrain 2 :

Les règlements du Basket-Ball prévoient, afin de regrouper

les équipes, une collaboration spécifique appelée

« union ». Encore une fois ce dispositif relève des

règlements fédéraux. L’union dispose, à l’image des clubs

maîtres en athlétisme, de la personnalité morale. Celle-ci

est constituée sous forme d’association dont les membres

sont les deux clubs mettant à disposition les équipes

concernées. Chaque club veille ainsi au respect d’un

équilibre de la représentativité au sein des instances

dirigeantes de l’union. Celle-ci a vocation, tout en

préservant les associations sportives, à mettre en place des

équipes constituées de sportifs de deux clubs. Ainsi,

l’équipe féminine du SLUC est-elle engagée avec des

joueuses messines en championnat. Le club champenois

du CCRB a procédé de la même façon car résulte de l’union

entre les associations de Châlons-en-Champagne (ESPE) et

Reims (RCB). En effet, le club professionnel SAS CCRB PRO

a pour « association support » une association qui est une

union de club. Il est en effet obligatoire, rappelons-le,

qu’une société sportive découle d’une association affiliée à

la fédération, tel que l’exige le code du sport. Néanmoins,

Association A « Holding »

(Club Maître)

Association B

(section)

Association C

(section) Association D

(section)

18

il est inédit qu’une société sportive soit en collaboration

avec une union de clubs. Ainsi, la SAS CCRB PRO détient les

droits sportifs d’une association constitutive d’une union

de deux clubs, eux-mêmes constitués en association. Le

montage, très spécifique, a suscité néanmoins la curiosité

de la Fédération Française de Basket-Ball tout en mettant

en garde sur les dangers d’une telle structuration (remise

en cause de l’union tous les trois ans…). L’union

(l’association), fait partie des actionnaires de la SAS CCRB

PRO, et reçoit des financements de cette dernière via la

convention de collaboration octroyant les droits sportifs.

Afin de comprendre le montage présenté, il convient de se

rapporter au schéma (simplifié).

Association ESPE

Basket (Châlons-en-

Champagne)

Association RCB

(Reims)

UNION

ASSOCIATION CCRB Formation

Société Anonyme

Simplifiée (SAS) CCRB

PRO

Convention

de

collaboration

19

4. L’apport partiel d’actif

Processus qui permet d’apporter une branche

d’activité à une autre association afin de dissocier

différents secteurs bien définis.

Avantage : L’association apporteuse n’est pas dissoute car

il n’y a pas transfert intégral du patrimoine : cette

dernière peut donc continuer ses activités. L’association

bénéficiaire de l’apport dispose elle des ressources

nécessaires pour l’activité qui lui a été confiée.

Exemple rencontré sur le terrain :

le TEAM Strasbourg regroupe trois disciplines (plongeon,

natation, water-polo) dont les licenciés étaient adhérents

à trois associations distinctes (Société Natation Strasbourg,

l’ASPTT Strasbourg et le Plongeon Club Strasbourg). Ces

trois entités existent toujours mais se sont délestées de la

partie compétitive de leurs activités afin de la transférer à

la nouvelle association du TEAM. Il convient de noter que

les trois disciplines citées relèvent toutes de la même

fédération, à savoir la fédération française de natation.

Schéma :

Association A

(Société Natation

Strasbourg)

Association B

(ASPTT Strasbourg)

Association C

(Plongeon Club

Strasbourg)

Transfert des

activités de

compétition

Nouvelle

association D

(TEAM Strasbourg)

20

Les exemples cités -qui proviennent de l’étude menée- ne

sont pas exhaustifs, et n’énumèrent pas toutes les

possibilités qu’offre le mouvement sportif. Il permet en

revanche de se faire une idée des situations

habituellement rencontrées, qui sont le fruit de réelles

réflexions et processus menés par les clubs.

Les résultats obtenus

Le cœur de cette étude vise à analyser les résultats obtenus

avec les regroupements de clubs, qu’il s’agisse d’ententes

ou de fusions. Ces résultats, chiffrés ou non, sont tous issus

des retours des dirigeants rencontrés et ont vocation à

savoir si les attentes évoquées précédemment ont été

remplies. Ainsi, afin de conserver la cohérence de

l’analyse, il va convenir de prendre en compte les résultats

obtenus au niveau financier (1) et sportif (2), tout en

impactant ces données en comparant l’évolution des

ressources humaines (3), indispensables au

développement et à la modernisation du sport.

1. L’évolution financière

Comme vu précédemment, le développement du sport

nécessite des ressources suffisantes afin de financer

l’action des bénévoles. Les dirigeants d’associations ne

peuvent en théorie pas mettre en place d’actions

commerciales de grande ampleur ; d’autant plus que

l’association est limitée par son objet social. A cet effet, il

convient de se tourner vers les partenaires privés et publics

21

afin d’alimenter le budget de celle-ci (a). Néanmoins, nous

allons voir que le cœur de l’évolution financière issu des

regroupements sportifs, réside dans la mutualisation et la

rationalisation des coûts (b)

a) L’évolution du Sponsoring

et des aides des pouvoirs

publics

Une question a été systématiquement posée aux dirigeants

des clubs interrogés : la fusion, ou l’entente, vous a-t-elle

permis d’augmenter le nombre de partenaires, ainsi que

leurs engagements financiers ?

Pour couper court à tout suspens : les partenaires publics

n’ont pas augmenté significativement leurs aides à l’égard

des clubs qui ont fusionné. Cette tendance ne surprendra

pas le dirigeant associatif averti, d’autant plus que l’une

des raisons analysées précédemment concernant les

volontés de regroupements des clubs, était justement la

limitation des subventions. C’est même plutôt l’inverse qui

se produit en cas d’absence de fusion. Ainsi a-t-on pu déjà

citer le cas d’un club Guebwillerois contraint de quitter la

commune en raison de sa politique associative (refus de

fusionner). La fusion apparait plutôt comme un moyen de

ne pas « perdre » ses aides publiques. L’Etat et les

collectivités souhaitant éviter le « saupoudrage des

subventions », déjà évoqué, afin d’optimiser leurs moyens

financiers réduits.

Le Châlons Football Club Olympique, fusion datant de cette

saison (2015-2016), est déçu du total de subventions

obtenues. Avant la fusion-création, les clubs totalisaient

12.000 Euros d’aides pour la saison 2014-2015, chiffre qui

s’établit désormais à 8500 Euros. Les responsables du CFCO

pensaient que la mairie Châlonnaise allait additionner les

subsides octroyés à chaque club avant la fusion, ceux-ci ont

au final baissé de 3500 Euros.

Un autre club Marnais (l’Argonne Football Club) n’a pu que

constater une baisse impressionnante des subventions

depuis sa constitution. Néanmoins celui-ci a pu se réjouir

d’une subvention exceptionnelle de différentes

communes, à la création du club, afin de pouvoir acheter

des nouveaux maillots.

22

Il convient néanmoins de nuancer ces propos en rappelant

que les collectivités disposent de leurs critères afin

d’octroyer les aides publiques, et que, indirectement, les

fusions peuvent entrainer de nouvelles aides financières,

dès lors que ces-dits critères sont remplis (niveau sportif,

animation locale etc…) ou encore permettre aux

associations de se tourner vers de nouvelles aides à

l’emploi (Etat et Région) de manière plus efficace. Par

exemple l’AVEC a vu les subventions d’une collectivité

augmenter de 20% grâce à l’accession en division

supérieure.

On l’aura compris, les avis donnés par les différents clubs,

rappellent que la fusion ou l’entente n’a jamais pour

conséquence directe l’augmentation massive des

subventions.

Il est d’usage donc de se tourner vers les partenaires privés,

plus communément appelés sponsors. En l’espèce, une

tendance se dégage. Les fusions opérées ont semble-t-il

entraîné un intérêt des entreprises. « La fusion a permis

d’augmenter de près de 50% les ressources des sponsors »

s’enthousiasme Joseph Spicacci de l’AGIIR Florival,

permettant ainsi d’augmenter le budget annuel dans les

mêmes proportions. Le club connaissait des difficultés à

solliciter des partenaires, dès lors que d’autres clubs

voisins étaient sur le même créneau. La fusion des trois

associations a donc eu un effet positif en la matière et

permis une meilleure visibilité de l’offre sportive locale. Le

problème qui s’est posé fut également de savoir si

l’augmentation de ces ressources était directement liée à

la nouvelle association, ou à son nouveau président

Bernard Genghini. Ce dernier ayant une renommée

nationale en sa qualité d’ancien joueur de l’équipe de

France de football, il est indéniable que son aura a pu jouer

dans la négociation avec les entreprises. Toujours est-il que

les actions partenariales ont été facilitées suite au

rapprochement des anciennes structures.

Le TEAM STRASBOURG (Water-Polo, Plongeon, Natation)

qui est une fusion de club assez particulière, a également

vu ses « ressources partenaires » multipliées par 10, en

comparaison des associations avant fusion, selon le

directeur sportif. Le regroupement des activités

compétitives des trois disciplines précitées ont offert,

comme dans le cas de l’AGIIR, une visibilité accrue. Les

sociétés ont ainsi vu, à travers le nombre important

d’adhérents, un potentiel commercial intéressant. Le

budget quant à lui a pu, en définitive, augmenter de

23

360 000 Euros en trois années. Même constat posé par

l’AFC qui, fort d’un vivier de 270 licenciés, a doublé les

ressources issues des partenaires privés en sept années.

De façon générale donc, les clubs ont estimé que la fusion

ou l’entente a été positive en termes de moyens financiers

venant du « privé ». Doris Spira de la S2A a reconnu des

« effets positifs sur les partenaires privés », bien que

l’absence de budget consolidé des différentes sections du

S2A ne permette d’appréhender quantitativement et

globalement la question. Dans le même registre, l’AVEC,

club maître d’une entente affiliée à la Fédération Française

d’Athlétisme (FFA) est optimiste. En effet, bien que les

premières années n’aient pas fait ressentir une nette

augmentation, le nombre d’adhérents commence à peser

dans la balance des intérêts portés par les sponsors et de

nouvelles entreprises commencent à s’engager.

Rappelons néanmoins, que si l’augmentation des budgets

annuels permet de développer l’activité sportive, il n’en

demeure pas moins qu’elle n’est pas forcément signe de

bonne santé pour la personne morale en charge de son

développement. Il ne faut bien évidemment pas occulter le

fait que les charges augmentent souvent corrélativement

aux ambitions sportives portées par des budgets plus

importants. A titre d’exemple, le TEAM Strasbourg a connu,

concernant son dernier exercice, un déficit de 50 000

Euros, dû en partie à la baisse des subventions et à

l’apparition de nouvelles charges (ex : facturation des

lignes d’eau par la commune…). Stéphane METZGER se

pose ainsi la question du maintien du TEAM sous sa forme

actuelle, à moyen terme…

Tableau récapitulatif

Club Evolution des ressources issues du partenariat privé

AGIIR Florival Augmentation d’environ 50 % suite à la fusion (concerne la première saison- 2015/2016)

Argonne Football Club Multiplication par deux depuis la fusion (7 années)

SAS CCRB PRO Les ressources sont passées de 850.000 Euros (1ère saison de l’union) à 2.000.000 d’Euros (saison actuelle 2015-2016).

TEAM Strasbourg Multiplication par 10 comparé aux structures antérieures

24

On observe donc une tendance positive en matière de

financement privé, ce qui ne se confirme pas concernant

les financements publics. Néanmoins, les répercussions

financières des regroupements ne doivent pas seulement

être analysées en termes de « rentrée financière », mais

également en termes d’économie globale.

b) La mutualisation des

coûts et la rationalisation

Il ressort des analyses effectuées que cette notion de

mutualisation est autant, voire plus importante que le

point précédent. En effet, la totalité des clubs questionnés

a affirmé que la rationalisation et la mutualisation fut

bénéfique en matière financière.

L’objectif de l’AJ54 est de réaliser des économies d’échelle

en mettant en place un groupe de bénévoles afin de faire

face à la baisse des moyens financiers. Cela aura pour

vocation de partager des enseignants entre différents

dojos et de mutualiser les forces vives. L’idée est

clairement de mettre en commun les problématiques de

gestion et de faire des économies.

L’AVEC a mis en place une commission technique afin

d’étudier les déplacements réalisés au sein de la structure

réunie. Il s’est avéré que la mutualisation des

déplacements pour les différents adhérents des sections a

eu un effet positif entrainant une baisse des frais liés. La

commission compétente a pu constater « une réelle

économie financière pour la structure ». Constat partagé

par Monsieur METZGER du TEAM STRASBOURG, pour qui «

les véhicules des structures ont été rationnalisés,

permettant d’éviter, en cas de manque, de procéder à des

locations très coûteuses. » Il en va de même pour le SLUC

qui, à travers ses unions sur les équipes féminines, a certes

pu acquérir un niveau sportif plus important, mais

également pu faire des économies grâce à ces

coopérations.

Les dirigeants, dans leur grande majorité, ont évoqué

l’expression d’ « économie d’échelle ». Cela n’est pas sans

rappeler la volonté également d’atteindre un nombre

minimum de licenciés, en deçà duquel il est impossible

d’acquérir certains moyens inhérents au développement

du sport. On peut citer par exemple l’emploi d’un coach ou

25

d’une secrétaire administrative. Le directeur sportif du

TEAM Strasbourg confirme : « le regroupement a permis

une mutualisation des moyens et une rationalisation des

coûts. Nous avons même recours désormais à une société

permettant de prendre en charge les aspects commerciaux

de notre association ». En outre, la taille de la nouvelle

organisation a permis de remporter l’appel d’offre qui avait

été émis par la fédération concernant l’accueil du match

opposant la sélection Française à la Serbie (WORLD

LEAGUE) ; évènement qui a également pu ramener des

fonds pour l’entité qui a accueilli la rencontre. C’est un

cercle vertueux.

Nous verrons dans la suite de cette étude dans quelles

proportions les licenciés ont augmenté, et dans quelles

mesures cette évolution a eu un impact sur la structuration

de l’encadrement des différentes associations. Néanmoins

il va convenir dans un premier temps de comparer les

résultats sportifs des clubs.

2. Les résultats sportifs

On l’a dit, la finalité de l’existence de l’association est

l’activité sportive. Comme évoqué dans le SRDS, cette

dernière se décline traditionnellement en deux parties, à

savoir, le sport-loisirs et le sport-compétition. Les résultats

sportifs et les classements fédéraux sont la contrepartie

même de l’existence du sport en raison de sa vocation à

comparer les performances des athlètes et équipes

engagées en championnat/coupe dans une même

discipline. Cette notion de performance est le cœur de la

compétition sportive, qui attire nombre de licenciés dans

les clubs.

Les regroupements des clubs présents dans le tableau ont

dans la quasi-totalité pu augmenter leur niveau de jeu et

de performance, avec une amélioration significative des

résultats sportifs.

Concernant les trois clubs d’athlétisme (PCA, S2A, AVEC),

les effets des ententes ont été indéniables. Les sections du

club Vosgien étaient, avant l’entente, régulièrement en

division « N2 » ; l’entente est désormais mieux classée et

officie en « N1 ». En outre, pour le PCA et le S2A, les

regroupements avec club maître ont surtout permis

d’engager des équipes en « championnat de France par

équipe » car cela nécessite un nombre important

26

d’athlètes. Sans ces coopérations sportives, il n’est que très

rarement possible pour un club de s’engager dans ces

compétitions ; on a d’ailleurs pu observer précédemment

l’importance des équipes en athlétisme.

Cet aspect collectif se retrouve également dans les propos

de Olivier LAURANT du SEDAN-GYMNIQUE, qui est satisfait

d’avoir pu « aligner deux équipes en compétition » grâce à

la fusion, alors que quatre années auparavant, il était très

compliqué pour les gymnastes Sedanais de se qualifier en

« zone est ». La satisfaction se retrouve aussi au niveau

« individuel » : le club a récemment qualifié vingt sportifs

en compétitions, alors qu’ils n’étaient que quatre

auparavant. Le SLUC également n’est pas désintéressé par

la qualification aux compétitions majeures, c’est pourquoi,

on l’a déjà évoqué, l’union de Nancy et Metz est un

argument supplémentaire dans la « conquête » du ticket

d’entrée (remis par la Ligue de Lorraine de Basket-Ball) au

championnat de France.

Concernant les clubs de haut-niveau, on peut citer les

performances des poloïstes du TEAM STRASBOURG qui ont

réalisé une belle ascension au sein de la PRO A (1ère division

nationale) de WATER-POLO. Avant le regroupement,

l’équipe émargeait à la huitième place du classement, ils

ont ainsi gravi les échelons petit à petit, jusqu’à atteindre

la deuxième place de PRO A (à jour au 27/04/2016),

susceptible de leur ouvrir l’accès aux compétitions

européennes. Même satisfaction du côté Champenois,

avec la pérennisation des pros du club Champagne Châlons

Reims Basket en PRO A, qui a assuré son maintien pour la

saison prochaine (2016-2017) en première division

nationale.

Du côté des déceptions, on retrouve l’AGIIR Florival qui,

selon son président-délégué, aurait dû être plus forte.

Néanmoins il convient de tempérer cette désillusion qui ne

vient que retarder les objectifs initialement fixés. Cette

première saison après la fusion apparait donc comme une

période de latence où les équipes se forment et se mettent

en place. « Deux bonnes années seront nécessaires afin de

ressentir les résultats sur le terrain » selon Monsieur

Spicacci.

27

Tableau récapitulatif

Club Evolution en termes de division sportive

Argonne Football Club Le club a débuté en promotion de ligue et joue désormais en division d’honneur régionale (une division au-dessus).

Athletic Vosges Entente Clubs

Avant regroupement les sections étaient classées en N2. Le club maître est désormais en N1.

SAS CCRB PRO PRO B lors de la création de l’union – Désormais PRO A et maintient acquis pour la saison 2016-2017

TEAM Strasbourg 2ème de PRO A pour la saison 2015-2016 (8ème avant la fusion)

AGIIR Florival Première saison mitigée

3. L’évolution des ressources

humaines

La mutualisation des moyens et l’accroissement du cadre

financier entrainent des conséquences certaines sur le

développement du nombre d’adhérents (a) et sur la

formation et l’emploi de certains membres (b) dans le but

de structurer le cadre associatif. En outre, les

regroupements de clubs permettent d’atteindre un

nombre d’adhérents permettant de mutualiser des

moyens ayant vocation à créer de l’emploi. Il s’agit, encore

une fois d’un cercle vertueux, que nous allons constater à

travers quelques analyses chiffrées.

a) Le nombre des adhérents On constate que les regroupements ont entrainé une

augmentation du nombre d’adhérents dans la majorité des

cas.

Cette tendance se confirme, sans exception, chez les trois

clubs d’athlétisme partenaires de l’étude. En effet, les

sections de l’AVEC par exemple, avaient 952 adhérents en

28

2010, pour finalement s’établir à 1252 (dernier décompte

fin 2015). Le club Vosgien espère bien atteindre les 1300

licenciés pour la saison prochaine. Son homologue Haut-

Rhinois, a également pu se réjouir d’avoir quasiment

doublé le nombre des membres en quinze ans, en 1999

celui-ci était de 485 licenciés, pour s’élever à 833 en 2015.

Les Bas-Rhinois du S2A ont quant à eux vu les 536 membres

en 2010, dépasser la barre des 700 (2015).

Deux autres clubs de haut niveau ont ainsi pu

significativement voir leur capital humain se renflouer, à

savoir les associations créatrices du club de Basket-Ball

CCRB, et le club Strasbourgeois affilié à la fédération

française de natation : le TEAM Strasbourg. L’association

Châlonnaise disposait, avant l’union, d’un capital humain

s’élevant à 210 licenciés, pour finalement atteindre le

nombre de 280 licenciés cette année. Les Rémois quant à

eux, ont également vu l’arrivée de nouveaux sportifs grâce

à l’union (de 200 à 260). Le TEAM (qui regroupe la Société

Natation Strasbourg, l’ASPTT Strasbourg et le Plongeon

Club Strasbourg) quant à lui s’établit à près de 1800

licenciés (500 compétiteurs FFN)

Certains clubs n’ont pas connu d’augmentation

significative du nombre de leurs licenciés, mais cela est

surtout dû au fait que les regroupements concernés sont

récents, et donc n’ont pas encore permis la constatation

d’effet positif en la matière ; ou encore pour des raisons

purement structurelles, certains clubs ayant déjà acquis

une taille suffisante. L’Argonne Football Club (AFC) n’a, par

exemple, pas connu de variation significative, ou encore

l’AGIIR qui a même connu, pour sa première année, une

perte de licenciés (mais celle-ci s’avère raisonnable et

prévisible en raison de certains adhérents réticents à la

fusion (- 15%)).

L’augmentation du nombre de membres au sein de la

structure n’est néanmoins pas pour tous les clubs une

finalité. Certains d’ailleurs ne peuvent assumer une forte

augmentation de nouveaux arrivants trop rapidement, ne

disposant pas des moyens nécessaires. En outre, dans

certains milieux ruraux, il est évident que le potentiel

d’adhérents est déjà largement exploité et fusionner, se

regrouper, apparait plus comme un moyen de pérenniser

ses membres déjà présents, que d’en attirer de nouveaux.

En revanche, l’arrivée de nouveaux sportifs, pour certaines

associations, peut s’avérer très bénéfique, et entraine une

réelle politique de formation et de professionnalisation de

ses entraineurs et encadrants. On peut ainsi rappeler

29

l’objectif de l’AJ54, qui est d’atteindre au moins 300

licenciés afin d’embaucher un enseignant à temps plein.

Tableau récapitulatif

Club Evolution du nombre d’adhérents

Athletic Vosges Entente Clubs

2010 (avant entente) = 952 adhérents / Octobre 2015 = 1252 adhérents / Prévision saison prochaine : 1300 adhérents

Association ESPE (CHALONS)

Depuis l’union, gain d’environ 70 adhérents (210 => 280)

Association RCB (REIMS) Depuis l’union, gain d’environ 60 adhérents (200 => 260)

Pays de Colmar Athlétisme Le nombre d’adhérents a presque doublé depuis 1999.

Strasbourg Agglomération Athlétisme

Gain de 5 à 10 % chaque année

AGIIR Florival Baisse de 15% environ

b) La professionnalisation

des entraineurs et encadrants

Les effets sur l’emploi.

Le SRDS a pointé la nécessité de professionnaliser le monde

sportif en réaffirmant, qu’en Alsace, le nombre de

professionnels dans les clubs, est inférieur à la moyenne

nationale. L’objectif des regroupements est donc

également de pouvoir créer, pérenniser de l’emploi,

permettant de favoriser le développement du sport sur le

territoire.

Il est indéniable que les fusions et ententes permettent la

professionnalisation de certains adhérents. On notera que

les premiers concernés sont les encadrants de la pratique

sportive (éducateurs, entraineurs, …) ; sont également

concernés les employés administratifs (secrétaire...) et les

sportifs.

Les trois clubs de football ont pu créer de l’activité grâce à

la fusion, même si celle-ci ne se traduit pas

automatiquement par un emploi « classique ». Ainsi à titre

d’illustration, le club du FLORIVAL (Guebwiller) a créé un

emploi pour sa première saison post-fusion. Le club

30

marnais de l’AFC a pu mettre en place un « emploi

d’avenir », qui va être prochainement renouvelé. Enfin,

dans le même département, le tout nouveau club

(première saison) du CFCO n’a pas créé d’emploi pérenne,

mais a mis en place trois services civiques (grâce au

nouveau nombre de licenciés).

Les trois clubs d’athlétisme ne sont pas en reste : l’AVEC a

pérennisé deux emplois qui étaient potentiellement en

danger, tout en embauchant un nouveau salarié dans le

domaine sportif. L’objectif, dans les trois ans, est de créer

un nouvel emploi à mi-temps dans le domaine

administratif, afin de continuer la structuration du club. Du

côté purement sportif, la mutualisation des moyens de

financement des différentes collectivités et des partenaires

privés ont permis au PCA (Colmar) de professionnaliser

durant deux années le lanceur de Javelot Jérôme

HAEFFLER. Le S2A a été dans la même situation, avec

l’absence d’emplois pérennes, mais la possibilité d’engager

un contrat aidé chargé du sport-santé pendant six mois.

L’évolution la plus importante demeure celle réalisée par

le TEAM. Forte de l’importance de son vivier adhérents,

l’association atteint le nombre de 21 salariés (dont 2

chargés de l’administratif). Le nombre est d’autant plus

impressionnant que celui-ci s’établissait à 6 employés

avant la création de l’association nouvelle. Dans le même

registre du haut-niveau, à la différence que cette fois-ci il

s’agit d’une société, le Champagne Châlons Reims Basket

(SAS CCRB Pro) a pérennisé de nombreux emplois

préexistant et a pu employer 4 nouveaux salariés (un

entraineur, un kinésithérapeute, un préparateur sportif, un

commercial) ; sans oublier le maintien des divers contrats

de joueurs (CDD d’usage / CDD spécifique) grâce au niveau

sportif du club (PRO A). Une de ses associations

constitutives de l’union support de la SAS ; en l’occurrence

l’association de Châlons (ESPE Basket Châlons-en-

Champagne) a créé un « demi-poste » sur l’école de

Basket.

Enfin, le SEDAN GYMNIQUE (club de gymnastique

ardennais), à la suite de sa fusion avec un club de

Charleville-Mézières, a développé sa catégorie de

gymnastes masculins en employant un entraineur destiné

à l’entraînement des garçons, ainsi qu’un contrat aidé. Du

côté administratif, une secrétaire a été embauchée à

raison de 20 heures par semaine. Les emplois qui existaient

déjà ont quant à eux été pérennisés (CDI etc…)

31

Tableau récapitulatif

Club Activité engendrée suite au regroupement

AGIIR Florival (+1) Création d’un emploi d’éducateur

Argonne Football Club (+1)

Mise en place d’un emploi d’avenir, qui va être renouvelé

Athletic Vosges Entente Clubs (+1)

Création d’un emploi dans le domaine sportif

SAS CCRB PRO (+4) Embauche d’un entraineur, d’un kinésithérapeute, d’un préparateur sportif, et d’un commercial

Association ESPE (Châlons-en-Champagne) (+1)

Création d’un « mi-temps » consacré à l’école de Basket

Sedan Gymnique (+2) Embauche d’un entraineur garçon et d’un emploi aidé

TEAM STRASBOURG (+15)

Embauche de quinze nouveaux salariés (dont 8 en emploi d’avenir)

Les effets sur la formation

La structuration d’un club dépend aussi largement du

niveau de compétence dont dispose ses adhérents,

notamment ceux en charge d’encadrer la pratique

sportive, tel que les entraineurs. Ainsi, à la suite des

regroupements, certaines structures ont développé leur

politique de formation, en incitant les dirigeants à se

former.

L’Argonne Football Club (AFC) a eu une réelle politique de

formation des encadrants. Depuis la fusion, le club

capitalise trois nouveaux entraîneurs titulaires d’un brevet

d’Etat, ainsi que de nombreux diplômés fédéraux. Même

politique mise en place par l’AVEC, qui souhaite mettre

l’accent sur un athlétisme plus propre et plus intelligent

(éviter les erreurs du passé en matière de surentrainement

etc…), et en conséquence dispose désormais de 42

encadrants diplômés (ils étaient environ 30 en 2009),

constatant ainsi une augmentation de plus ou moins un

tiers de ses licenciés formés. On comptabilise également

un entraîneur ayant acquis un diplôme d’Etat, suite à la

fusion du SEDAN GYMNIQUE avec le MOHON GYMNIQUE.

Les fusions et ententes ont également facilité

l’encadrement des équipes grâce à la mutualisation des

32

ressources humaines. Ainsi le club de Football de

Guebwiller dispose d’un moins 1 entraineur par équipe et

sur certaines d’entre elles un entraineur-adjoint en plus. Le

TEAM Strasbourg a, au vu de l’augmentation du nombre de

ses encadrants, mis en place une filière de formation.

Conclusion

Mettre en commun des moyens et détenir un nombre de

licenciés suffisants permet d’avoir une réelle dynamique

permettant de créer de l’emploi qui mène à embaucher du

personnel. La quasi-totalité des clubs prospectés se sont

inscrits dans cette politique permettant d’organiser plus

efficacement le développement des activités sportives.

Néanmoins, tempérons cette posture en rappelant que

parmi les emplois créés, nombre d’entre eux sont issus de

dispositifs tel que les emplois d’avenir, ou des contrats

aidés (par exemple le TEAM dispose d’un tiers d’emplois

d’avenir), voire, plus marginalement, des services civiques.

Enfin, si les rapprochements des clubs ont entraîné la

pérennisation d’emplois déjà présents (CDI…) de

nombreux nouveaux emplois ne sont pas forcément des

emplois stables, en CDI et à temps complet.

Une fois ce constat posé, il est intéressant de comprendre

désormais les limites de ces regroupements, pour enfin

dresser, de façon globale, un schéma permettant de mener

à bien ces opérations.

33

II. Analyse des limites et conseils

Cette deuxième partie va permettre de dresser un modus

operandi type à suivre (C), après avoir analysé les limites

des regroupements (A) et les modalités de mise en œuvre

suivies par les clubs participants (B).

Les limites des

regroupements de clubs

Les barrières

La réalisation de regroupements ne relève pas forcément

de l’évidence. Ainsi, comme l’a notifié Bernard LEBRUN

« les rapprochements entre clubs ne sont

malheureusement pas dans l’air du temps ». Cette partie

va donc s’appliquer à démontrer qu’il existe des barrières

(sportives, psychologiques…) à la mise en place de fusions

et ententes, mais que celles-ci demeurent néanmoins

limitées. En outre, il sera fait un constat des inconvénients

rapportés par les dirigeants sportifs des structures

analysées ; nous verrons ainsi que, de l’avis général, il y en

a très peu. Les barrières et inconvénients ici décrits ne

seront que ceux qui ont un lien avec les regroupements de

clubs – seront donc écartées les considérations qui

relèvent de la vie associative en général.

Les premières barrières à contrecarrer semblent

psychologiques. En effet, il est parfois difficile pour des

membres de clubs de voir la disparition de leur structure.

La notion de « culture club » permet de différencier d’un

club à l’autre, même géographiquement proche, une vision

particulière du sport ou de l’engagement associatif. Ainsi

les Cheminots Sportifs de Chalindrey n’ont pu maintenir la

fusion réalisée avec un club voisin, en raison de deux

visions trop distinctes du tennis. Il y avait en l’espèce, un

dirigeant plutôt favorable à la ligne fédérale, alors qu’un

autre était plus rétif à la politique de la ligue. Cette

différence de point de vue a prématurément mis fin à

l’union.

Parfois, en cas de réalisation de la fusion, ce sont les

licenciés des anciennes associations qui décident de ne pas

intégrer la nouvelle structure. En exemple, l’AGIIR Florival

34

a eu une perte d’environ 15% de ses licenciés suite au

« mariage » des trois anciens clubs Haut-Rhinois.

Néanmoins ce désistement était attendu de la part des

dirigeants, et largement raisonnable. Avec le temps, ce

mouvement « anti-fusion » s’est atténué ; bien qu’au

début, beaucoup d’encre a coulé via la presse locale ou les

réseaux sociaux. Selon Monsieur Spicacci, mettre en phase

trois cultures clubs prendra un peu de temps.

Ce problème « identitaire » se trouve dans toutes les

disciplines, ainsi les associations constitutives de l’union

CCRB (qui est, rappelons-le, l’association support de la SAS

CCRB PRO) ont de réelles « cultures clubs » différentes.

C’est la raison pour laquelle une union sportive a été

possible mais la question de la fusion ne s’est jamais posée.

En athlétisme également ; bien que les associations

demeurent en qualité de « section » d’un club maître, il y a

parfois des velléités des plus anciens à voir leur club

qualifié de « section » (à noter que le terme fédéral était

même à l’époque « sous-section »). La mise en place d’un

maillot unique pour l’ensemble des sections du club maître

de la S2A par exemple n’a pas été une évidence pour tous

les licenciés et, pendant un certain temps après la réunion

des associations, certains s’entrainaient encore avec les

maillots historiques. Ainsi, même en cas de conservation

de la structure juridique, les regroupements ne sont pas

toujours bien vus, avec la crainte pour certains adhérents,

souvent les plus anciens, de voir leur club disparaitre du

point du vue sportif et fédéral.

Quand les barrières ne sont pas psychologiques, celles-ci

relèvent du droit fédéral. Ainsi, le club de l’AJ54 souhaitait

à une époque mener un rapprochement avec un club

Sarrebourgeois, mais cela s’est avéré impossible suite à

l’application des règlements fédéraux, qui n’a pas autorisé

la manœuvre en raison de la localisation des deux clubs ;

(ceux-ci étant présents dans deux départements différents

(54 et 57) et par voie de conséquence relevant de comités

départementaux distincts).

Dans le même sens, le club professionnel du CCRB (SAS

CCRB PRO SAS) regrette que l’union ne puisse excéder trois

années (règlements fédéraux), mettant ainsi en danger la

structure professionnelle. En effet l’association du CCRB

(union entre les clubs de Châlons et Reims) détient les

droits (numéro d’affiliation etc.) permettant à la structure

professionnelle de participer à la PRO A ; ces droits sont mis

à disposition de la SAS par l’association et lui permet de

participer à la compétition. Ainsi, en cas de non-

35

renouvellement de l’union, la SAS CCRB PRO serait privée

de ces droits qui lui ouvrent l’accès à son activité

principale : la participation à la compétition

professionnelle. Ce problème, issu des règles du code du

sport, est inhérent à toutes les disciplines intégrant des

sociétés sportives. De nombreux dirigeants des structures

pro souhaitent une réforme en profondeur, afin que les

droits sportifs appartiennent directement aux sociétés,

sans être tributaires d’une association support. Monsieur

Cartel du CCRB propose une réforme des règlements

sportifs permettant le renouvellement tacite de l’union (à

défaut de dénonciation) permettant d’offrir une visibilité

accrue à la section professionnelle.

Les règlements fédéraux ont une réelle valeur juridique, en

vertu de la délégation de service public dont disposent

certaines fédérations. Ainsi il est impératif pour les

structures de se renseigner et d’intégrer les organes de

proximité de la fédération (organes déconcentrés :

districts, comités, ligues …) afin de respecter les textes

règlementaires, spécifiques à chaque discipline sportive.

Ce point est détaillé dans la partie consacrée au processus

de mise en œuvre du groupement sportif.

Les barrières relayées ci-dessus sont les retours exprimés

par les clubs, non-exhaustifs, et ne se limitent pas aux cas

présentés, mais permet d’avoir un aperçu des soucis

rencontrés par les dirigeants. Une fois les barrières

franchies et le regroupement officialisé, il convient de faire

face aux inconvénients que peuvent engendrer les fusions

et ententes.

Les inconvénients.

Une grande majorité des clubs du panel ont dénoncé un

réel problème d’identification aux yeux des tiers. En effet,

les nouveaux acteurs du sport local n’ont pas toujours une

identité bien définie, surtout auprès des pouvoirs publics.

Ainsi le club du « Pays de Colmar Athlétisme » regrette que

les élus ou les employés en charge des questions sportives,

ne distinguent pas toujours la différence entre le club

maître et les sections constitutives de celui-ci. Ainsi il n’est

pas évident pour les protagonistes précités de faire la

différence par exemple entre le PCA (Club Maître) et le ESR

COLMAR AC (l’une de ses « composantes »). La situation

est d’autant plus regrettable que le groupement date de

36

1999 et que souvent, même les élus spécialisés dans les

questions sportives éprouvent des difficultés.

Cette analyse est également partagée par Doris Spira du

S2A, qui regrette « un manque d’accompagnement des

pouvoirs publics dans la constitution et la pérennisation

des ententes » et à cet effet souhaiterait que « les élus

locaux siègent au sein du conseil d’administration de

l’entente ; ils nous subventionnent et doivent à ce titre

participer aux décisions », ce qui leur permettrait

également d’avoir une réelle prise de conscience inhérente

au fonctionnement des ententes en athlétisme. Il en va de

même du côté des partenaires privés qui auraient, selon la

dirigeante, de réels intérêts à siéger dans les instances.

Deux dirigeants de l’AJ54, plus entreprenants, encouragent

même les pouvoirs publics à conditionner les

regroupements de clubs à l’octroi de subventions et de

mise à disposition d’équipements. L’idée est d’inciter

fortement les clubs à se regrouper afin de favoriser le

développement local du sport. Ils pointent également un

problème qui touche les clubs disposant de plusieurs

antennes dans différentes localités : les municipalités ne

souhaitent souvent subventionner le club concerné que si

le siège social de celui-ci est situé dans la commune. Dans

le même sens, les collectivités territoriales ne souhaitent

parfois aider que les clubs dont le nom de la collectivité

concernée apparait dans la dénomination sociale de

l’association. Ainsi, Monsieur LEBRUN a même évoqué (sur

un trait d’humour ?) l’idée de renommer son club « AJ54

GRAND NANCY-Lorraine » afin de réunir les différents

échelons.

Le SEDAN GYMNIQUE de son côté, a également eu à

connaitre de ces problèmes de « reconnaissance »,

notamment dus au fait que le club a absorbé le MOHON

GYMNIQUE qui officiait à Charleville-Mézières. Ainsi, des

problèmes d’identification et surtout de reconnaissance

demeurent car une collectivité n’a toujours pas octroyé son

agrément au club qui dispose désormais d’une antenne

Carolomacérienne.

Le même club ardennais, a pu constater un problème

d’image au démarrage de la saison suivant la fusion-

absorption. Selon Monsieur Olivier LAURANT, les sedanais

apparaissaient comme « des doryphores en quête de profit

sur les biens de la section » de la préfecture ardennaise.

Les clubs n’ont dans leur grande majorité pas exprimé de

réelles contraintes inhérentes aux déplacements. Les

37

adhérents se débrouillent toujours afin de se rendre sur les

sites de la pratique sportive et « on peut encore compter

sur de bonnes initiatives individuelles » selon les

responsables associatifs. En revanche, des situations

parfois très spécifiques apparaissent, ainsi peut-on citer les

pros du CCRB qui s’entrainent alternativement à Reims et

à Châlons-en-Champagne ; il en va de même pour les

matchs, les joueurs se plaignent d’ailleurs de « jouer tout

le temps à l’extérieur », en raison de l’absence de salle fixe.

La situation est la même pour les supporters. Ainsi, les

Rémois ne se déplacent pas en nombre conséquent quand

les matchs ont lieu dans la préfecture de la Marne.

Enfin, pour conclure, les dirigeants avouent ne pas avoir à

faire face à de nombreux inconvénients liés directement

au regroupement. Ainsi, un dirigeant de l’Athletic Vosges

Entente Clubs admet seulement « être confronté, en

raison de l’accroissement des structures, à une manne

administrative assez forte, avec de nombreux dossiers à

monter ».

Les modalités de la mise en

œuvre

Le club de football du Florival a amorcé la mécanique bien

à l’avance afin que la fusion soit prête pour la saison 2015-

2016. Ainsi, début 2015, a été mise en place une

commission qui avait pour objectif de mener à bien le

projet, celui-ci devant être finalisé en Avril de la même

année. Cette commission fut constituée de dirigeants des

associations souhaitant fusionner, mais également de

membres de la Ligue d’Alsace de Football Association

(LAFA), ainsi que des élus des communes concernées.

Même procédure pour l’AFC qui a pleinement impliqué les

instances fédérales dans le processus, afin d’accompagner

et de renseigner les dirigeants souhaitant réaliser le

regroupement. Dans le même sens, le CFCO a, pour sa

création, organisé des réunions en partenariat avec la

municipalité et les interlocuteurs de la ligue. Ces derniers

ont, selon Mohammed ZEKHNINI, « bien aidé à la bonne

réalisation du projet, puis étudié et validé celui-ci ». Le club

38

du CFCO est d’ailleurs issu d’une procédure bien

particulière car est né d’un « appel d’offre » émis par le

COC qui cherchait à fusionner afin de trouver une nouvelle

dynamique. Appel d’offre auquel a répondu favorablement

le CFC.

Il demeure important d’associer dans le processus les

organes déconcentrés de la fédération (districts, ligues

etc…) afin que ceux-ci contrôlent que le projet soit bien en

phase avec les règles fédérales, et puissent conseiller du

point de vue du droit associatif (les membres des

fédérations étant habitués à ces procédures). Dans le cadre

de la création du « TEAM STRASBOURG » par exemple, la

procédure de regroupement a été validée en comité

fédéral et la procédure-type a été dictée par la fédération.

Les élus locaux doivent également faire partie de la

démarche afin qu’ils soient pleinement informés car sont

les mieux placés afin de renseigner le futur club sur la

disponibilité des infrastructures sportives ou encore la

possibilité de subventionner la nouvelle entité.

Dès lors que les principes de base sont posés, il convient

d’officialiser dans chaque structure, la volonté de

fusionner. Ainsi, les clubs de Guebwiller et d’Issenheim ont

approuvé par des procès-verbaux des comités de chaque

association, avant d’acter juridiquement et de recueillir les

voix nécessaires pour la fusion et la dissolution.

Dans le cas du Sedan Gymnique, qui a absorbé le Mohon

Gymnique, il y a eu une assemblée générale extraordinaire

du club Sedanais, afin que celui-ci modifie ses statuts et

absorbe la structure de Charleville. Le Club a néanmoins

souhaité garder durant plusieurs années, deux comptes

bancaires distincts, disposant des actifs des deux sections.

Une fois la nouvelle association créée, il convient de définir

un nouvel organigramme. L’AGIIR a eu pour principe de ne

pas reconduire un président qui était déjà en fonction dans

une des anciennes structures (ceux-ci sont désormais

« président-délégué »). Ils ont ainsi pu élire Bernard

GENGHINI, qui dispose d’une certaine popularité et, en

outre, est neutre car ne faisait partie d’aucun des trois

anciens clubs. Enfin, le conseil d’administration est, en

grande partie, à l’image de la commission mise en place par

les haut-rhinois et citée précédemment. A titre d’exemple,

le TEAM Strasbourg peut également être évoqué pour le

39

renouvellement de son conseil d’administration qui a été

constitué à hauteur de 80 % par des nouveaux dirigeants.

40

Le modus operandi

Le modèle présenté est un exemple permettant

d’appréhender la manière dont sont constitués les

regroupements de clubs. Il existe de multiples façons de

procéder et de nombreuses formes de fusions et

d’ententes, ainsi le schéma ne peut être représentatif de

l’ensemble des cheminements menés par les sociétaires.

Les grandes lignes retracées constituent

l’analyse de base qui doit être faite (Schéma 1

page 41) et qui précède la procédure de

constitution du regroupement (Schéma 2 page

42), pour enfin finir par un constat des résultats

obtenus (Schéma 3 page 43).

41

Zone géographique restreinte

Ex : Intercommunalité

Club A

Club C Club B

Menaces liées

au club :

Manque de

dynamisme

Manque de dirigeants

et d’éducateurs

Impossibilité

d’employer en raison

de moyens trop

limités

Etc…

Menaces liées

au territoire :

Nombre limité des

partenaires privés

Baisse des

subventions

publiques

Désertificaton du

territoire

Etc…

Conséquences :

Baisse du nombre de licenciés

Relégation sportive

Absence de clubs du territoire à un niveau régional ou

national

Etc…

Elaboration d’un projet structurel et/ou sportif :

Ce que l’on veut

Ce que l’on ne veut pas

(Ex : les cultures clubs sont-elles

compatibles ? Politique accès sur les jeunes

ou sur une équipe fanion sénior ? …)

Identification

des objectifs

principaux

Financier

Structurel

Humain

Sportif Logistique

1

42

Comité préfigurateur :

Dirigeants des associations

Elus locaux (Mairies etc…)

Membres des organes fédéraux

(Comité départemental etc…)

Partenaires privés et mécènes ?

Analyse des besoins Respect de la

législation

Analyse des patrimoines

de chacune des structures

Respect des

règlements sportifs

Choix d’une solution afin

de mener à bien le

projet

Entente

/ Union

Application

des

règlements

sportifs

Suivi du

projet

sportif

Modification

juridique de

la structure

associative

Fusion

absorption

Fusion

création

Apport partiel d’actif à

une nouvelle association

Analyse des conséquences sociales, comptables,

fiscales etc… Et gestion des risques

Traité de fusion - application de l’article 9 BIS

de la loi du 1er Juillet 1901 relative au contrat

d’association ou du droit local

2

Dissolution et liquidation, puis création d’une

nouvelle association (pas de traité de fusion)

43

3

Fusion

Nouveau Club D

issu des fusions des

Clubs A, B et C

Entente

Club A Club B Club C

Communication

Partenaires

Collectivités

Presse

Etc…

Nouvel

organigramme

Développement des

ressources financières :

Subventions

Partenariat

Mutualisation des

moyens :

Financiers

Matériels

Humains

Conséquences :

Embauche

Formation

Possibilité

d’engager

des équipes

dans de

nouvelles

compétitions

Mutualisation

des

entraineurs

etc…

Equipe

renforcée

par les

meilleurs

éléments

Résultats sportifs en

Hausse

Développement d’une

discipline sportive sur

le territoire

Ex : Entente équipe sénior

masculine

44

Pendant longtemps, les fusions entre associations

n’étaient pas expressément prévues par le droit français.

De telles procédures étaient acceptées par application des

principes généraux du droit. Cette carence a été comblée

par le législateur grâce à la loi n°= 2014-856 du 31 Juillet

2014 venu insérer l’article 9 BIS dans loi du 1er Juillet 1901

relative aux associations. De plus, le décret n°= 2015-832,

en date du 7 Juillet 2015 porte application de la loi

mentionnée.

Cet article prévoit que les fusions de plusieurs associations

sont décidées par des délibérations concordantes

adoptées dans les conditions requises par leurs statuts

pour leur dissolution. En outre, en cas de fusion création,

le projet de statuts de la nouvelle association est approuvé

par délibérations concordantes de chacune des

associations qui disparaissent. Les associations qui

souhaitent fusionner doivent ainsi établir un projet de

fusion qui aura vocation à faire l’objet d’une publication sur

un support habilité à recevoir des annonces légales. Ce

projet de fusion doit prévoir de nombreux éléments prévus

par le décret d’application, tel que la désignation et

l’évaluation de l’actif et du passif, Les motifs, buts et

conditions de l’opération etc…

Il est à noter que dans le cadre d’une fusion, la dissolution

n’entraine pas la liquidation des associations qui

disparaissent. En effet, il y a transmission universelle des

patrimoines à la nouvelle association, ou à l’association-

absorbante. Cela signifie qu’il y a transmission de l’actif,

mais également du passif ; à cet effet, les créanciers de

l’association peuvent former opposition dans les délais

fixés par le nouveau décret. Afin de mener à bien

l’évaluation des apports, le décret impose un commissaire

aux comptes dès lors que ceux-ci dépassent un certain

seuil. De plus, si l’opération entraine le transport de droits

réels immobiliers ou la cession de baux d’immeubles

conclus pour une durée supérieure à 12 années, les

sociétaires devront recourir à un notaire.

Les membres des associations qui disparaissent

deviennent membres de l’association résultante de la

fusion. Il en va de même concernant les contrats de travail.

L’article 1124-1 du code du travail qui prévoit le maintien

des contrats de travail en cas de modification dans la

45

situation juridique de l’employeur, s’applique aux fusions

d’associations. En cas de licenciement éventuel, la charge

financière pèsera donc sur le nouvel employeur, à savoir

l’association bénéficiaire de la fusion.

La loi du 31 Juillet 2014 est également venue compléter le

droit local applicable aux associations ayant leur siège en

Alsace-Moselle. Les principes généraux sont les mêmes

que ceux applicables aux associations loi 1901, avec

quelques légères différences afin de ne pas dénaturer le

droit des deux départements du Rhin et de la Moselle (en

matière d’approbation par l’ « assemblée des membres »

par exemple…). Les statuts devront également être

conformes au droit local et la demande d’inscription au

registre des associations devra être réalisée auprès du

tribunal d’instance (et non de la préfecture)

territorialement compétent.

Il convient pour les clubs, afin de disposer de plus amples

informations de se référer au décret d’application

mentionné plus haut, qui a vocation à préciser les

conditions d’application du texte. En outre, les entités ont

tout intérêt à se rapprocher d’un juriste afin de mener à

bien la procédure (surtout si une société sportive est

impliquée dans le montage juridique).

Il est également important de respecter les règlements

fédéraux, en effet, les fédérations, en vertu de la

délégation ministérielle dont elles disposent peuvent

imposer certaines normes à ses clubs affiliés. En cas de

non-respect de ces règles, des sanctions sportives pourront

éventuellement être prononcées. Outre les règles

communes, instaurées par le code du sport, chaque

fédération dispose de son propre règlement (en général

consultable sur son site web). Par exemple l’article 52 du

règlement administratif de la fédération française de

tennis stipule que toute fusion devra être approuvée par le

comité de la ligue dont dépendent les clubs concernés. Le

règlement de la fédération de Basket-Ball, stipule lui,

qu’une majorité de membres licenciés, âgés de plus de

seize ans, de chaque association sportive, doivent opter

pour la fusion. A défaut, il reviendra aux instances de la

fédération de se prononcer. Il n’est pas possible, dans cette

étude, de revenir sur l’ensemble des règlements sportifs ;

il est donc conseillé aux clubs de consulter les différents

règlements fédéraux selon leur discipline, ainsi que de se

tourner vers leur organe de proximité (ligue régionale par

46

exemple), afin de prendre pleinement connaissance des

obligations fédérales.

Conclusion Les regroupements de clubs ont donc vocation à contribuer

au développement des activités sportives. Les économies

et la mutualisation des moyens qu’entrainent les fusions

et ententes permettent ainsi d’assurer une gestion fiable

de la structure, à long terme. L’un des effets notables est

l’évolution positive en matière de professionnalisation des

encadrants de la pratique sportive, qui est l’un des fers de

lance du Schéma Régional de Développement du Sport.

Si certains inconvénients naissent de ces nouvelles

structurations associatives, ces derniers demeurent limités

et ne remettent pas en cause un constat indéniable de

l’étude : la grande majorité des coopérations analysées

dans le cadre de cette étude ont eu des effets positifs.

Les formes que peuvent prendre ces regroupements sont

diverses et variées et permettent aux clubs de trouver une

solution adaptable à leurs besoins. Notons enfin que, bien

que la mise en œuvre de ces unions puisse apparaître

chronophage, l’intervention des fédérations dans le

processus, ainsi que celle du législateur (nouvelle loi sur les

fusions d’associations) permettent de mener à bien de

telles opérations.