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Etude sur les causes de l’insécurité alimentaire Enquête menée à Petites Desdunes et Fossé Naboth (Bas-Artibonite) en Avril 2012 Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) Route des frères, Puits Blain 4, Impasse Pétion, #93, Port-au-Prince, Haït http://www.cnsahaiti.org/ ACTED Haïti 9, rue Mont Joli Turgeau, Port-au-Prince, Haïti www.acted.org

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Etude sur les causes de

l’insécurité alimentaire

Enquête menée à Petites Desdunes et Fossé

Naboth (Bas-Artibonite) en Avril 2012

Coordination Nationale de

la Sécurité Alimentaire (CNSA)

Route des frères, Puits

Blain 4, Impasse Pétion, #93, Port-au-Prince, Haït

http://www.cnsahaiti.org/

ACTED Haïti 9, rue Mont Joli

Turgeau, Port-au-Prince, Haïti

www.acted.org

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REMERCIEMENTS

Cette publication a été préparée par Mathilde Guého, Chargée de développement de projet d’ACTED

Haïti, en coordination et avec le soutien de la Coordination Nationale pour la Sécurité Alimentaire.

Nos remerciements s’adressent à tous ceux qui directement et indirectement ont contribué à la

réalisation de cette étude :

A la CNSA et particulièrement à M. Gary Mathieu, M. Pierre Garraud pour son soutien dans l’élaboration

des outils d’évaluation et dans le traitement des données et enfin M. Abnel Pierre Desamours pour son

appui au stade de l’analyse des données.

A toute l’équipe AME (Appraisal Monitoring and Evaluation) d’ACTED Haïti sous la conduite de Nicolas

Ferminet ; aux enquêteurs supervisés par Chenet Bourgeot et Jocelito Cherubin ainsi qu’aux

gestionnaires de base de données et analystes.

Aux ménages de Petites Desdunes et Fossé Naboth qui ont accepté de donner de leur temps pour

participer à l’enquête.

Au Service d’Aide Humanitaire et de Protection Civile de la Commission Européenne pour le soutien

financier dans la réalisation de cette étude dans le cadre du projet « Réduction de la malnutrition et de la

morbidité dans l'Artibonite à travers le renforcement de l’accès aux soins et l’amélioration de la

prévention multisectorielle » mis en œuvre par ACTED et Zanmi Lasanté.

Le Service d’aide humanitaire et de protection civile de la Commission Européenne finance des opérations pour les victimes de catastrophes naturelles et de conflits en dehors de l’Union Européenne. L’aide est fournie de manière impartiale, directement aux populations dans le besoin et sans discrimination en termes de race, d’appartenance ethnique, de religion, de genre, d’âge, de nationalité ou d’affiliation politique.

« Ce document a été réalisée avec l’appui financier de la Commission Européenne. Les opinions exprimées ne doivent pas être

considérées, en aucune façon, comme reflétant l’opinion officielle de la Commission Européenne. »

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PREFACE

A la veille de l’année 2013 qui sera capitale pour la sécurité alimentaire en Haïti, la Coordination

Nationale pour la Sécurité Alimentaire reste fidèle à l’une de ses missions principale qui consiste à

informer les décideurs en temps de crise et à mener le plaidoyer pour une action globale et concertée

dans le domaine de la sécurité alimentaire.

Le rôle de veille et d’informateur de la CNSA sur l’évolution des conditions de sécurité alimentaire est

d’autant plus important aujourd’hui pour la République d’Haïti, qui a été frappée consécutivement par

deux catastrophes naturelles qui ont profondément impacté la situation alimentaire des ménages

haïtiens. Les effets conjugués de la sécheresse, de la tempête tropicale Isaac et de l’ouragan Sandy ont

laissé 1,5 millions d’haïtiens en situation d’insécurité alimentaire.

Parallèlement aux enquêtes nationales menées par la CNSA et ses partenaires, la présente enquête,

réalisée conjointement avec ACTED, se veut une étude ciblée ayant pour objectif l’identification de causes

et de déterminants de l’insécurité alimentaire.

Cette enquête a été menée à un niveau micro dans des zones spécifiques soit deux sections communales

du Bas-Artibonite, respectivement la 2ème section Petites Desdunes située dans la Commune de L’Estère

et la 2ème section Fossé Naboth dans la Commune de Marchand Dessalines. Cependant, les nombreuses

données collectées ainsi que les conclusions et les recommandations de l’étude constituent des outils

précieux pour la compréhension de la problématique de la vulnérabilité a l’insécurité alimentaire et la

définition de programmes de sécurité alimentaire dans les localités qui partagent les mêmes profils de

modes de vie que les localités enquêtées.

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ABREVIATIONS ET ACRONYMES

ACTED : Agence d’aide à la Coopération Technique et au Développement

BAC : Bureau Agricole Communal

CNSA : Coordination Nationale pour la Sécurité Alimentaire

ENSA : Enquête Nationale Sécurité Alimentaire

FAO : Food and Agriculture Organisation

FCS : Score de Consommation Alimentaire (Food Consumption Score)

ISSA : Indice Synthétique de Sécurité Alimentaire

MAG : Malnutrition Aigüe Globale

MAM : Malnutrition Aigüe Modérée

MAS : Malnutrition Aigüe Sévère

MASCM : Malnutrition Aigüe Sévère avec Complication Médicale

PAM : Programme Alimentaire Mondial

SDAM : Score de Diversité Alimentaire des Ménages

ZL : Zanmi Lasanté

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RESUME ANALYTIQUE

Cette enquête ciblée avait deux objectifs spécifiques primordiaux. Le premier était d’évaluer précisément la situation alimentaire et nutritionnelle mais également socio-économique des ménages dans ces deux sections communales. Partant de cette évaluation l’étude s’est attachée à déterminer les différents liens de causalité agissant sur le niveau de sécurité alimentaire et à mesurer leur impact sur l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Les principales observations sont les suivantes : 1. Plus de la moitié des ménages des zones enquêtées sont considérés comme en situation d’insécurité

alimentaire. Avec une prévalence de l’insécurité alimentaire de 54% contre 38% au niveau national,

Petites Desdunes et Fossé Naboth apparaissent bien comme des zones particulièrement vulnérables

en termes de sécurité alimentaire, d’autant plus que 14,1% des ménages sont considérés comme en

situation d’insécurité alimentaire élevée contre 8,1% au niveau national.

2. Sur l’ensemble de la population cible, 22% des ménages sont considérés comme en situation de

consommation alimentaire pauvre/limite acceptable (contre 20% au niveau national). Et la faim

sévère connait une prévalence de plus de 40% en période « normale » et de plus de 67% en période

de soudure1.

3. La disponibilité en denrées alimentaires est bonne, voire très bonne, sur les marchés de la zone

enquêtée. La forte prévalence de l’insécurité alimentaire ne provient donc pas d’un manque

d’approvisionnement des marchés locaux.

4. 63,2% des ménages déclarent l’agriculture comme source de revenus principale et 86% d’entre eux

déclarent exploiter une parcelle à leur compte propre. Les exploitations agricoles sont composées de

1,74 parcelle en moyenne. Les superficies sont très variables selon les ménages. En effet, si la

moyenne de 2,78 carreaux2 est largement supérieure à la moyenne nationale ; au regard du mode, de

la médiane et de l’écart-type, la superficie des parcelles est plus communément comprise entre 0,3 et

0,6 carreaux. Les parcelles sont donc de taille assez réduite. La majorité des parcelles sont exploitées

par les ménages propriétaires.

5. La moyenne du nombre de parcelles par ménage et leur superficie est légèrement inférieure chez les

ménages en insécurité alimentaire. S’il n’existe pas de liens étroits entre la superficie moyenne, le

nombre de parcelles et les niveaux de sécurité alimentaire, il faut noter que les ménages moins dotés

en terres sont plus vulnérables à l’insécurité alimentaire. Les plus fortes proportions de métayage et

de location dans les modes de tenure au sein des ménages en insécurité alimentaire démontrent que

l’accès à la terre reste un déterminant de l’insécurité alimentaire.

6. L’agriculture est très peu diversifiée avec 89,4% des ménages agricoles qui cultivent le riz. Seuls, 28%

pratiquent le maraîchage, 16,1% cultivent des tubercules et bananes et 9,3% des légumineuses.

1 Période précédent les récoltes et où les stocks de la récolte précédente peuvent être épuisés. En Haïti, la période de soudure qui commence au 2 Mesure de superficie correspondant à 1,29 hectare

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7. La diversification agricole est encore moindre chez les ménages en insécurité alimentaire : moins de

20% d’entre eux pratiquent le maraîchage (16,67% pour les ménages en insécurité alimentaire

élevée) et moins de 12% d’entre eux cultivent les tubercules et bananes.

8. Les principales contraintes pour les ménages pratiquant l’agriculture sont le manque d’irrigation et le

manque d’accès aux services agricoles. Les ménages s’endettent lourdement pour procéder aux semis

et utilisent une partie non négligeable de leurs récoltes ou des revenus qu’elles génèrent pour le

remboursement de ces dettes.

9. L’élevage est très peu répandu dans la zone enquêtée. Seuls 6,6% des ménages le considère comme

une source de revenus. La taille du cheptel reste légèrement plus faible chez les ménages en

insécurité alimentaire. Cependant, on observe une plus forte proportion d’élevage de porc chez les

ménages en insécurité alimentaire, alors que ce type d’animaux est le plus exposé et le plus touché

par les maladies.

10. Indépendamment du niveau de sécurité alimentaire, le marché est la principale source

d’approvisionnement des ménages (entre 85% et 90%). La production propre des ménages ne couvre

donc pas du tout les besoins alimentaires des individus et rend les ménages particulièrement

vulnérables aux fluctuations des prix sur les marchés.

11. Par ailleurs, 69% des ménages éprouvent des difficultés d’approvisionnement sur les marchés, les

deux principales contraintes étant les prix trop élevés des denrées alimentaires et le manque

d’argent.

12. La principale cause de l’insécurité alimentaire dans la zone enquêtée est donc le manque de moyens

financiers pour couvrir les dépenses alimentaires, l’étude ayant fait apparaître un lien direct entre le

niveau de sécurité alimentaire et le niveau de revenus des ménages.

13. Les dépenses alimentaires représentent plus de 40% des dépenses des ménages. Les dépenses des

ménages sont à plus de 40% constituées par les revenus des exploitations agricoles, de l’élevage ou

de la pêche.

14. Les dépenses liées à l’alimentation augmentent lors de la période de soudure ainsi que celles liées

aux transports. L’importance du poste de dépenses dévolu aux transports démontre la mauvaise

accessibilité des ménages vivant dans des zones reculées aux marchés principaux.

15. Si beaucoup de ménages de la zone possèdent deux voire trois sources de revenus, la diversification

des sources de revenus est beaucoup moins répandues chez les ménages en situation d’insécurité

alimentaire. Seuls 22% des ménages en insécurité alimentaire élevée possèdent une source

secondaire de revenus (contre 44% sur la totalité des ménages enquêtés) et seuls 3% d’entre eux

déclarent avoir une troisième source potentielle de revenus.

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16. Les revenus de l’agriculture représentent 85% des revenus des ménages. Ce pourcentage atteint 87%

parmi les ménages en insécurité alimentaire élevée et descend à 83% parmi les ménages en situation

de sécurité alimentaire élevée. Les ménages dépendant uniquement de l’agriculture sont donc plus

vulnérables face à l’insécurité alimentaire.

17. Fort logiquement, le régime alimentaire s’améliore et devient plus équilibré avec l’augmentation du

niveau de sécurité alimentaire. La fréquence de consommation de la viande, des fruits, des légumes

et des produits laitiers est plus élevée chez les ménages en sécurité alimentaire. Chez les ménages en

insécurité alimentaire élevée, le seul aliment consommé en moyenne plus de trois fois par semaine

est le riz.

18. Tous les ménages de la zone sont vulnérables aux chocs, notamment aux inondations, très

nombreuses dans la zone. Les stratégies de réponse les plus adoptées par les ménages relèvent de

l’ajustement par le bas. Ainsi, face au manque de nourriture, la stratégie la plus adoptée est la

réduction de la quantité de nourriture et la réduction de la consommation des adultes au profit des

enfants. Quelles que soient les stratégies adoptées, leur fréquence d’utilisation augment

systématiquement pendant la période de soudure.

19. Seuls 31% des ménages déclarent avoir une épargne, alors que plus de 90% d’entre eux ont eu

recours au crédit. L’endettement constitue ainsi un poids spécifique sur l’économie des ménages et le

faible taux d’épargne rend problématique l’absorption des chocs.

20. Les chocs les plus fréquents cités par les ménages sont les sécheresses et les décès dans la famille. En

cas de chocs, 32% des ménages empruntent auprès de proches et près de 20% contractent des

emprunts auprès de prêteurs. La vente d’animaux représente aussi une solution de secours en cas de

chocs. L’élevage est avant tout considéré comme une épargne par les ménages.

21. Dans un premier temps, les ménages qui sont confronté à un choc n’entament pas directement leur

capital productif et développent des stratégies de réponse. En cas d’aggravation de la situation, la

première solution exposée est le travail pour les ONG/travail temporaire, qui n’est toutefois plus très

courant dans la zone. Dès lors, les ménages recourent à la vente d’actifs : soit la vente de biens

servant à la génération de revenus soit la cession de parcelles, ce qui entame directement leur capital

productif agricole et donc leur niveau de sécurité alimentaire puisqu’elle réduit leur production

propre et leur niveau de revenus.

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TABLES DES MATIERES REMERCIEMENTS ................................................................................................................................... 2

PREFACE ................................................................................................................................................ 3

ABREVIATIONS ET ACRONYMES .............................................................................................................. 4

RESUME ANALYTIQUE ............................................................................................................................ 5

TABLES DES MATIERES ........................................................................................................................... 8

TABLE DES ILLUSTRATIONS ................................................................................................................... 10

1. CONTEXTE ........................................................................................................................................ 13

1.1 Contexte haïtien .................................................................................................................................. 13

1.2 Contexte de la zone d’enquête ........................................................................................................... 15

2. OBJECTIFS DE L’ENQUÊTE ................................................................................................................. 18

2.1 Présupposés ........................................................................................................................................ 19

2.2 Objectifs spécifiques ........................................................................................................................... 19

3. METHODOLOGIE .............................................................................................................................. 20

3.1 Données quantitatives ........................................................................................................................ 20

3.2 Données qualitatives ........................................................................................................................... 22

3.3 Limites de l’enquête ............................................................................................................................ 24

RESULTATS .......................................................................................................................................... 25

4. Profil démographique ....................................................................................................................... 25

4.1 Profil du chef de ménage .................................................................................................................... 25

4.2 Typologie familiale : ............................................................................................................................ 26

5. Analyse des indicateurs de mesure de la sécurité alimentaire ............................................................ 28

5.1 Score de consommation alimentaire .................................................................................................. 28

5.2 L’échelle de la faim ............................................................................................................................. 29

5.3 Score de diversité alimentaire ............................................................................................................ 31

5.4 Niveau de sécurité alimentaire des ménages ..................................................................................... 32

6. Disponibilité alimentaire .................................................................................................................. 33

6.1 Sources d’approvisionnement ............................................................................................................ 33

6.2 Disponibilité des denrées alimentaires sur les marchés ..................................................................... 35

6.3 Agriculture, élevage et pêche ............................................................................................................. 36

Accès à la terre .............................................................................................................................. 37

Les espèces cultivées .................................................................................................................... 39

Niveau de production ....................................................................................................................... 41

Utilisation des récoltes.................................................................................................................. 42

Intrants, infrastructures et contraintes ........................................................................................ 45

Elevage .......................................................................................................................................... 51

Pêche ............................................................................................................................................. 53

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Accès aux services de base ........................................................................................................... 55

Conclusions sur la disponibilité alimentaire ................................................................................. 56

7. Accessibilité aux denrées .................................................................................................................. 57

7.1 Dépenses des ménages ....................................................................................................................... 57

Structure des dépenses ................................................................................................................. 57

Sources des dépenses ................................................................................................................... 60

7.2 Revenus des ménages ......................................................................................................................... 62

Sources de revenus ....................................................................................................................... 62

Type, lieu et saisonnalité des emplois .......................................................................................... 64

Montant des revenus .................................................................................................................... 65

7.3 Crédit et épargne ................................................................................................................................ 68

Crédit ............................................................................................................................................. 68

Epargne ......................................................................................................................................... 69

Conclusions sur l’accessibilité alimentaire .................................................................................... 70

8. Utilisation ........................................................................................................................................ 71

8.1 Préparation et conservation de la nourriture ..................................................................................... 71

Combustibles................................................................................................................................. 71

Sources et traitement de l’eau ..................................................................................................... 72

Conservation des denrées périssables .......................................................................................... 73

8.2 Stratégies d’adaptation alimentaire ................................................................................................... 73

8.3 Malnutrition ........................................................................................................................................ 77

Conclusions sur l’utilisation des aliments ..................................................................................... 80

9. Stabilité ........................................................................................................................................... 80

9.1 Les chocs ............................................................................................................................................. 81

9.2 Stratégies de réponse ......................................................................................................................... 82

9.3 Aide humanitaire ................................................................................................................................ 84

Conclusions sur la stabilité ............................................................................................................ 85

10. CONCLUSION .................................................................................................................................. 86

11. RECOMMANDATIONS ..................................................................................................................... 89

ANNEXES ............................................................................................................................................. 90

Annexe 1: Plan d’échantillonnage......................................................................................................... 90

Annexe 2 : Triangulation d'indicateurs pour la détermination de l'indice de sécurité alimentaire ..... 90

Annexe 3 : Répartition des ménages selon l’indice de stratégie de réponse et le niveau de sécurité alimentaire ............................................................................................................................................ 91

Annexe 4 : Liste des principales variables croisées avec l’ISSA............................................................. 91

Annexe 5 : Matrice de corrélation entre scores et indicateurs ............................................................ 92

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TABLE DES ILLUSTRATIONS Figure 1: Niveaux de sécurité alimentaire selon leurs caractéristiques ........................................................................ 21

Figure 2 : Sexe des chefs de ménage ............................................................................................................................. 25

Figure 3 : Age des chefs de ménage .............................................................................................................................. 25

Figure 4 : Education classique du chef de ménage ........................................................................................................ 26

Figure 5 : Autre niveau d’éducation des chefs de ménage ........................................................................................... 26

Figure 6 : Situation matrimoniale du chef de ménage .................................................................................................. 26

Figure 7 : Nombre de personnes par ménage ............................................................................................................... 27

Figure 8 : Genre des membres du ménage ................................................................................................................... 27

Figure 9 : Population active ........................................................................................................................................... 27

Figure 10 : Typologie des personnes non actives .......................................................................................................... 27

Figure 11 : Répartition des ménages selon le score de consommation alimentaire (FCS) ............................................ 28

Figure 12 : Répartition des femmes enceintes selon le FCS .......................................................................................... 28

Figure 13 : Répartition des ménages selon l’échelle de la faim .................................................................................... 30

Figure 14: Répartition des ménages selon le score de diversité alimentaire ................................................................ 31

Figure 15 : Indice de prévalence de la sécurité alimentaire .......................................................................................... 32

Figure 16 : Prévalence de l'insécurité alimentaire par commune ................................................................................. 32

Figure 17 : Source principale des aliments consommés ................................................................................................ 33

Figure 18 : Contraintes d’achat sur les marchés ............................................................................................................ 35

Figure 19 : Fréquence des contraintes d'achat sur les marchés .................................................................................... 35

Figure 20 : Fréquence globale de disponibilité des denrées sur les marchés ............................................................... 35

Figure 21 : Disponibilité des différents types d’aliments sur les marchés .................................................................... 36

Figure 22 : Mode d'exploitation des parcelles ............................................................................................................... 38

Figure 23 : Mode de tenure de la terre pour les ménages en insécurité alimentaire ................................................... 38

Figure 24 : Temps de trajet jusqu'aux parcelles ............................................................................................................ 39

Figure 25 : Usage des parcelles, Campagne 2011 .......................................................................................................... 39

Figure 26 : Usage des parcelles, Campagne 2012 .......................................................................................................... 39

Figure 27 : Type de céréales cultivé ............................................................................................................................... 40

Figure 28 : Type de légumineuse (sur la totalité des ménages) ……………………………………………….……………………………… 40

Figure 29 : Culture des tubercules et bananes (sur la totalité des actifs dans l'agriculture) ……………………………………. 40

Figure 30 : Type de légumes cultivé (pour les ménages pratiquant le maraichage) ..................................................... 41

Figure 31 : Niveau de production des céréales et légumineuse .................................................................................... 42

Figure 32 : Utilisation des céréales et légumineuses ..................................................................................................... 42

Figure 33 : Ménages ayant des stocks de céréales de la campagne 2011 ..................................................................... 43

Figure 34 : Utilisation des bananes et tubercules (sur les 12 derniers mois) ................................................................ 43

Figure 35 : Ménages ayant des stocks de tubercules et bananes de 2011 .................................................................... 44

Figure 36 : Utilisation des légumes (sur les 12 derniers mois) ...................................................................................... 44

Figure 37: Proportion de ménages ayant des stocks de légumes de 2011 ................................................................... 44

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Figure 38 : Types de semences pour la culture de céréales .......................................................................................... 45

Figure 39 : Source des semence pour la culture des céréales ....................................................................................... 45

Figure 40 : Source principale des semences pour le maraichage .................................................................................. 46

Figure 41 : Type d'engrais utilisé pour la culture des céréales ...................................................................................... 46

Figure 42 : Type d'irrigation utilisée pour la culture des céréales ................................................................................. 47

Figure 43 : Type d'irrigation pour le maraichage ........................................................................................................... 47

Figure 44 : Capacité de stockage au domicile ................................................................................................................ 47

Figure 45 : Lieu de stockage .......................................................................................................................................... 47

Figure 46 : Capacité de stockage au niveau communautaire ........................................................................................ 47

Figure 47 : Contraintes rencontrées par les ménages dans l’agriculture ...................................................................... 48

Figure 48 : Causes de non exploitation pour la campagne 2011 ................................................................................... 49

Figure 49 : Estimation qualité de la terre par les ménages ........................................................................................... 49

Figure 50 : Agriculture, élevage et pêche en termes de sources de revenus ................................................................ 51

Figure 51 : Cheptel moyen par ménage......................................................................................................................... 51

Figure 52 : Mortalité des têtes de bétails (sur les 12 derniers mois)) ........................................................................... 52

Figure 53 : Contraintes rencontrées dans l’élevage ...................................................................................................... 53

Figure 54 : Animaux les plus affectés par les contraintes dans l’élevage ...................................................................... 53

Figure 55 : Proportion de ménages pratiquant la pêche ............................................................................................... 53

Figure 56 : Part de la consommation dans l'utilisation des produits de la pêche ......................................................... 54

Figure 57 : Part de la vente dans l'utilisation des produits de la pêche ........................................................................ 54

Figure 58 : Type de contrainte rencontrée par les ménages pratiquant la pêche ........................................................ 54

Figure 59 : Niveau d'accès aux services agricoles .......................................................................................................... 55

Figure 60 : Structures des dépenses par ménage (pour le dernier mois ....................................................................... 57

Figure 61 : Principaux postes de dépenses des ménages .............................................................................................. 57

Figure 62 : Structure des dépenses des ménages en période de soudure .................................................................... 58

Figure 63 : Distance séparant les ménages du marché le plus proche .......................................................................... 59

Figure 64 : Moyen de locomotion utilisé par les ménages pour se rendre au marché ................................................. 59

Figure 65 : Sources des dépenses des ménages ............................................................................................................ 60

Figure 66 : Sources des dépenses des ménages en période de soudure ...................................................................... 61

Figure 67 : Source principale de revenus ....................................................................................................................... 62

Figure 68 : Source secondaire de revenus ..................................................................................................................... 62

Figure 69 : Troisième source de revenus ....................................................................................................................... 62

Figure 70 : Type d’emploi .............................................................................................................................................. 64

Figure 71 : Lieu d'emploi ............................................................................................................................................... 64

Figure 72 : Temporalité des activités ............................................................................................................................. 65

Figure 73 : Revenus mensuels moyen (en HTG) par ménage ........................................................................................ 65

Figure 74 : Revenus mensuels moyen (en HTG) par type d’activité .............................................................................. 67

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Figure 75 : Périodicité des transferts monétaires ......................................................................................................... 67

Figure 76 : Demande et accès au crédit ........................................................................................................................ 68

Figure 77 : Type de crédit contracté par les ménages ................................................................................................... 68

Figure 78 : Proportion de ménages ayant une épargne ................................................................................................ 69

Figure 79 : Type d’épargne ............................................................................................................................................ 69

Figure 80 : Raisons de non-épargne au sein des ménages ............................................................................................ 69

Figure 81 : Combustibles utilisés pour la cuisson des aliments ..................................................................................... 71

Figure 82 : Sources d’approvisionnement en eau pour les ménages ............................................................................ 72

Figure 83 : Traitement de l’eau par les ménages .......................................................................................................... 72

Figure 84 : Habitudes de conservation des aliments ..................................................................................................... 73

Figure 85 : Estimation par les ménages de pertes suite à une mauvaise conservation ................................................ 73

Figure 86 : Répartition de la nourriture au sein des ménages ...................................................................................... 74

Figure 87 : Répartition des ménages selon l'ISA et l'indice de stratégie de réponse .................................................... 74

Figure 88 : Proportion de ménages recourant à la consommation d’aliments moins chers/moins apprécié en cas de

manque .......................................................................................................................................................................... 75

Figure 89 : Proportion de ménages recourant à l’emprunt de nourriture (voisins/parents/commerçants) an cas de

manque .......................................................................................................................................................................... 75

Figure 90 : Proportion de ménages limitant la quantité en cas de manque ................................................................. 75

Figure 91 : Proportion de ménages réduisant la consommation des adultes au profit des enfants en cas de manque

....................................................................................................................................................................................... 75

Figure 92 : Nombre de membres d’un ménage ayant été traité dans un centre de nutrition ...................................... 77

Figure 93 : Répartition des patients des centres de nutrition selon le sexe ................................................................. 77

Figure 94 : Age des patients traités dans les centres de nutrition ................................................................................ 77

Figure 95 : Durée du séjour dans les centres de nutrition ............................................................................................ 77

Figure 96 : Maladie chronique chez les patients ........................................................................................................... 78

Figure 97 : Niveau de malnutrition ................................................................................................................................ 78

Figure 98 : Typologie des changements d'habitudes alimentaires ................................................................................ 78

Figure 99 : Contraintes affectant les ressources du ménage ........................................................................................ 81

Figure 100 : Stratégies de réponse en cas de choc ........................................................................................................ 82

Figure 101 : Stratégie de réponse en cas d'aggravation des conditions de vie ............................................................. 83

Figure 102 : Proportion de ménage ayant bénéficié d'une aide/assistance humanitaire ............................................. 84

Figure 103 : Type d'aide reçue par les ménages durant le dernier mois ....................................................................... 84

Figure 104 : Plan d'échantillonnage............................................................................................................................... 90

Figure 105 : Triangulation d'indicateurs pour la détermination de l'indice de sécurité alimentaire ............................ 90

Figure 106 : Répartition des ménages selon l’indice de stratégie de réponse et le niveau de sécurité alimentaire .... 91

Figure 107 : Principales variables croisées avec l'indice de sécurité alimentaire .......................................................... 91

Figure 108 : Matrice de corrélation entre les principaux indicateurs ........................................................................... 92

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1. CONTEXTE

1.1 Contexte haïtien

Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental et est classé parmi les pays à faible revenu et à

déficit vivrier. En référence au classement de l’IDH, Haïti est situé à la 158ème position sur les 187 pays

recensés avec un indice de 0.4543. Si l’on considère le PIB par habitant, Haïti se trouve parmi les 20 pays

les plus pauvres du monde avec un PIB de 1300$/hab. La pauvreté extrême est surtout un phénomène

rural avec un taux de pauvreté de 88% contre 45% à Port-au-Prince et 76% dans les autres centres

urbains4.

Quelle que soit la zone de résidence, les situations de pauvreté généralisée se traduisent avant tout par

une faible capacité de résilience des populations face aux chocs exogènes. Chocs qui, depuis le séisme du

12 janvier 2010, se sont accumulés. De l’ouragan Thomas (fin 2010) qui a causé d’importants dégâts sur

les cultures, notamment dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite, à l'épidémie de choléra qui

s’est déclarée dans ce dernier département en octobre 2010, le pays a été confronté à de nombreuses

crises qui ont gravement impacté les conditions de vie des populations et entravé leur relèvement socio-

économique. Ainsi, durant les 5 dernières années, Haïti a connu une série de catastrophes naturelles sans

précédent qui a touché plus de 3.6 millions de personnes Si l'aide d’urgence a permis d’éviter une

dégradation flagrante de la sécurité alimentaire de la population haïtienne dans les zones affectées par le

séisme – la prévalence de l'insécurité alimentaire étant même passée de 52% à 39% entre février 2010 et

juin 20105 - la prévalence de l'insécurité alimentaire reste à des niveaux supérieurs à ceux d’avant le

séisme. Publiée en 2011, l'Enquête Nationale de la Sécurité Alimentaire (ENSA) révélait qu’un an et demi

après le séisme, les zones non directement affectées par le tremblement de terre présentaient une

prévalence de l’insécurité alimentaire supérieure à celle des zones directement affectées par ce dernier.

Ceci s’explique par la concentration de l'aide humanitaire sur les zones affectées et invite dès lors à se

pencher sur les conditions des populations des zones non couvertes par les programmes d’assistance

humanitaire post-séisme.

Les résultats de l’ENSA indiquaient également que la prévalence de l’insécurité alimentaire restait très élevée touchant 45% de la population haïtienne, soit environ 4,7 millions d’individus. Dans ce groupe, on retrouve environ 850 000 personnes, soit 8% de la population qui sont en situation d‘insécurité alimentaire élevée6. Cette catégorie de la population réside majoritairement en milieu rural et dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Elle est aussi extrêmement vulnérable aux chocs économiques et aux aléas naturels. Les 37% des ménages restants (soit environ 3,85 millions de personnes) se trouvent en situation d’insécurité alimentaire modérée7. Les chocs exogènes qui touchent directement les cultures, réduisant les rendements agricoles ou affectant négativement les revenus, menacent chaque année de

3PNUD, Indicateurs internationaux de développement humain, “Haïti”http://hdrstats.undp.org/fr/pays/profils/HTI.html 4Post Disaster Needs Assessment Haïti, 2010 5 CNSA, “Enquête Nationale de la Sécurité Alimentaire – ENSA”, 2011 6 Idem 7 ENQUÊTE D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE DE LA CAMPAGNE DE PRINTEMPS 2011 ET ANALYSE DES MARCHES ET DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE, CNSA, Sept 2011

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faire plonger plusieurs centaines de milliers de ménages haïtiens dans l’insécurité alimentaire élevée. Les départements de l'Artibonite (qui concentre 60,6% de ménages en insécurité alimentaire), du Nord‐Ouest (57,7%), du Sud‐Est (51,4%), du Sud (45,8%) et du Centre (43,9%) sont les plus vulnérables à ces chocs.

Si l’on considère les trois composantes de l’insécurité alimentaire que sont (i) la disponibilité des aliments, (ii) leur accessibilité et (iii) leur utilisation, certains facteurs structurels sont connus comme contribuant largement à la dégradation du niveau de sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population haïtienne. En termes de disponibilité, l’agriculture (qui demeure le premier secteur productif et représente 25% du PIB) connaît un déclin inexorable du fait de la diminution de la taille des exploitations agricoles, de l’érosion des sols et d’un investissement insuffisant en matière d’irrigation, de stockage et de transport. En effet, la part du secteur agricole dans le Produit Intérieur Brut Haïtien a régressé de 4% entre 2000 et 20108. Au cours des dernières années, les cultures de rente traditionnelles telles que le café, le sisal, la canne à sucre et le cacao ont été progressivement remplacées par des cultures vivrières de subsistances telles que le riz, le maïs, le sorgho et les légumineuses. Les besoins en importations de céréales, légumineuses et bananes plantain pour la campagne de commercialisation 2011/12 (juillet/juin) étaient estimés à 910 000 tonnes. Parmi ces 910.000 tonnes, 740 000 tonnes sont importées par voie commerciale. Le déficit non couvert était estimé à 170 000 tonnes9. Les importations représentent 53% de la consommation alimentaire du pays. Le riz représente à lui seul 60% de ces importations. Ainsi, bien que la production locale soit déclinante, elle est largement compensée par les importations. Par ailleurs, les marchés du pays sont généralement bien achalandés, les pénuries restant un phénomène rarement observé. Par conséquent, Haïti est un pays à déficit vivrier largement tributaire des importations et du marché mondial. Le prix d’importation de ces denrées constitue donc un facteur clé dans la compréhension des capacités d’accès à la nourriture de la majorité des Haïtiens. Or, en raison du faible pouvoir d’achat des ménages, l’accessibilité de ces denrées alimentaires est problématique pour une large part de la population haïtienne. Si l’inflation s’est stabilisée ces dernières années, la dépendance aux importations internationales a accentué la vulnérabilité des marchés locaux à la fluctuation des prix mondiaux. La hausse des prix des céréales observée en 2012 a provoqué une hausse générale des prix et provoqué des révoltes populaires dans les grandes villes du pays, contribuant à augmenter l’instabilité politique et sociale. Le mauvais état des routes qui rend difficile l’acheminement des denrées et la hausse du prix du carburant impactent également lourdement les prix sur les marchés locaux. L’Indice des Prix à la Consommation (IPC) a ainsi révélé un glissement annuel positif de 4,9% pour la production locale et 4,7% pour les importations. La problématique de l’accessibilité est donc particulièrement préoccupante et impacte fortement la situation alimentaire et nutritionnelle des ménages haïtiens. En matière d’utilisation, des régimes alimentaires non adaptés et trop peu diversifiés mais aussi de mauvaises pratiques alimentaires et en matière de santé infantile impactent fortement la situation alimentaire et nutritionnelle des ménages haïtiens qui ont souvent une connaissance limitée ou une vision erronée des bonnes pratiques nutritionnelles10. Par ailleurs, le manque d’eau potable et les mauvaises conditions d’hygiène (seulement 32% des ménages ont accès à des infrastructures sanitaires

8 ENQUÊTE D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE DE LA CAMPAGNE DE PRINTEMPS 2011 ET ANALYSE DES MARCHES ET DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE, CNSA, Sept 2011 9 Idem

10 Famine Early Warning Systems Network : http://www.fews.net

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améliorées ou partagées11) contribuent à augmenter les problèmes nutritionnels, notamment chez les enfants.

1.2 Contexte de la zone d’enquête

L’Artibonite est le département le plus vaste du pays et comprend la zone agricole la plus densément peuplée avec une densité démographique qui dépasse les 500 habitants/km et une population totale atteignant en 2011, d’après les projections du MSPP, 1,65 millions d’habitants. Bien que le département soit connu principalement pour son important périmètre irrigué et sa production rizicole, il compte de grands territoires de montagnes et mornes sèches. Malgré l’importance de l’agriculture dans le département et la part que représente la production locale dans la production nationale (60% du riz cultivé en Haïti l’est dans l’Artibonite), les différentes enquêtes de la CNSA ont établies que l’Artibonite connaissait la plus forte prévalence de l’insécurité alimentaire avec un taux de 60.6% des ménages en insécurité alimentaire. Le département de l'Artibonite a été touché en 2010 par plusieurs phénomènes déstabilisants de nature

différente : l'accueil de 162 000 personnes issues des zones affectées par le séisme du 12 janvier 2010 a

bouleversé une situation socio-économique déjà fragile ; les inondations d'octobre 2010 ont fait des

dégâts agricoles importants (pertes de récolte, notamment légumineuses, et de bétail, dégradation des

infrastructures agricoles) ; enfin, l’Artibonite a été le département le plus fortement touché par

l'épidémie de choléra (annoncée officiellement le 21 octobre 2010) avec un taux d'attaque de 38,2 % ; les

pertes de rendement du secteur agricole imputés indirectement au choléra ont d’ailleurs été estimées à

10 à 15% de la première récolte de riz de l'année 2011 par le CNSA. Ces évènements ont aggravé la

situation sanitaire et alimentaire de l'Artibonite, département déjà fortement touché par la saison

cyclonique de 2008. En 2011, le taux de malnutrition chronique y atteint 24% et celui de malnutrition

aigüe globale est de 5%. Plus spécifiquement, les berges du Fleuve Artibonite, touchées chaque année par

des inondations et en particulier en 2010 par l'épidémie de choléra, comportent plusieurs poches de

malnutrition.

Les communes de l'Estère, Dessalines et Petite Rivière de l'Artibonite en particulier connaissent une vulnérabilité nutritionnelle particulièrement élevée avec 85% d'enfants de 6 à 59 mois en situation de malnutrition aigüe sévère (MAS). Au sein de ces communes, les localités de Petite Desdunes et Fossé Naboth sont les plus touchées avec des taux atteignant respectivement 3,46% et 3,73% de MAS pour les enfants de 6 à 59 mois. Les taux de malnutrition aigüe grave (MAG) s'élèvent quant à lui à 13,19% à Petite Desdunes et à 15,47% à Fossé Naboth pour les enfants de 6 à 59 mois. Le seuil d'alerte et le seuil d'urgence étant fixés respectivement à 10% et 15% de MAG par le Protocole National, la situation nutritionnelle de ces zones est donc particulièrement inquiétante. Par ailleurs, les localités de Petite Desdunes et Fossé Naboth sont les plus touchées, à cause d’un environnement favorisant l'incidence des maladies hydriques, féco-orales et vectorielles contribuant à l'affaiblissement des populations : les enquêtes Connaissances, Aptitudes et Pratiques (CAP) réalisées par ACTED entre 2008 et 2011 révèlent que seulement 15% des foyers utilisent des méthodes de traitement de l'eau à domicile adéquates et que le taux de couverture en latrines n'atteint que 20% des besoins. Le taux d'attaque du choléra dans cette région corrobore cette très forte vulnérabilité. Les communes de Dessalines et de L’Estère ne partagent pas tout à fait la même configuration géographique : alors que Dessalines est caractérisé par de vastes plaines et quelques mornes, la commune de L’Estère se trouve dans une vallée entourée de mornes. Cependant, ce qui caractérise les

11 Joint Monitoring Programme pour l’Eau et l’Assainissement ; OMS, UNICEF ; 2010

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deux sections communales ciblées par l’enquête, l’élément principal qui se retrouve est la présence de plaines dédiées notamment à la culture du riz. Ainsi, l’une des caractéristiques de cette zone est la prévalence de la monoculture du riz dans le schéma cultural. Selon la dernière enquête ACTED portant sur la sécurité alimentaire et les pratiques agricoles dans la zone12 (Section communale Petites Desdunes et Villars, section voisine de Fossé Naboth), environ 80% des familles de la zone sont des ménages agricoles, qui pratiquent avant tout la riziculture. Seulement 25% des ménages pratiquent la polyculture. Les études précédentes d’ACTED ont fait ressortir l’impact de la monoculture du riz sur le niveau de diversité alimentaire des ménages, particulièrement faible dans la zone. Les agriculteurs tirent ainsi la majorité de leurs revenus de la vente de leurs produits sur les marchés locaux. Or les difficultés d’accès aux circuits de distribution, le faible niveau de production et l’augmentation des prix sur les marchés rendent les ménages de la zone particulièrement vulnérables parce que rarement en capacité de répondre aux besoins alimentaires et financiers de tous les membres du ménage. Le manque et/ou le mauvais état des infrastructures, la difficulté d’accès aux services agricoles et financiers impactent fortement le niveau de production agricole et donc le niveau de revenus des ménages. Toutes ces observations datant du début de l’année 2011 demandent aujourd’hui à être réactualisée et approfondie afin de mesurer précisément le niveau de sécurité alimentaire des ménages des deux sections communales et d’analyser les caractéristiques de chaque déterminants de sécurité alimentaire. En l’absence d’études de contexte antérieures approfondies, la présente étude est à prendre comme un instantané de la situation dans ces deux sections communales et permettra d’alimenter la documentation disponible. Ainsi, au vu des données sur la situation alimentaire de la zone, qui ont été établies lors du précédent

12Diagnostic ACTED, Sécurité alimentaire Villars et Petites Desdunes, Février 2011

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projet d’ACTED financé par ECHO et les différents rapports et observations de terrain, il a été décidé de concentrer l’enquête sur ces deux localités qui continuent à être considérées comme particulièrement exposée à l’insécurité alimentaire.

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2. OBJECTIFS DE L’ENQUÊTE

L’étude qui suit fait partie intégrante d’un projet financé par le Service d’aide humanitaire et de

protection civile de la Commission européenne (ECHO) et mis en œuvre par ACTED et son partenaire local

Zanmi Lasante du 20 août 2011 au 30 septembre 2012.

Ce projet de « Réduction de la malnutrition et de la morbidité dans l'Artibonite à travers le renforcement

de l’accès aux soins et l’amélioration de la prévention multisectorielle » a pour objectif principal de

fournir une réponse multisectorielle à la malnutrition aigüe et ses déterminants tout en contribuant à

l'amélioration de la collecte des données pour appuyer le développement de stratégies à long terme par

les autorités sanitaires et leurs partenaires. Plus spécifiquement l’attention est portée sur le

renforcement des mécanismes de veille et de prise en charge de la malnutrition maternelle et infantile

aigüe, mais aussi la mise en œuvre d’une réponse intégrée ciblant les causes profondes de la

malnutrition dans les zones de forte prévalence.

La poursuite de cet objectif passe tout d’abord par le renforcement du dispositif de prise en charge

communautaire et institutionnel de la malnutrition aigüe sévère et modérée. Cet appui se fait via la

réactivation et l’extension des réseaux d’identification, de référencement, de suivi et de sensibilisation ;

l’amélioration du dispositif de prise en charge ambulatoire et institutionnelle et la prise en charge de la

malnutrition aigüe sévère et modérée des enfants de 6 à 59 mois et de 5 à 15 ans. Toutes ces activités

s’inscrivent dans le cadre du Protocole National établi par les autorités sanitaires du pays.

L’autre composante du projet se concentre sur l’amélioration de la sécurité alimentaire et la mise en

place d’un système fonctionnel de veille et d’alerte précoce alimentaire et nutritionnelle dans les zones

de plus forte prévalence de la malnutrition aigüe.

Dans le but de renforcer la sécurité alimentaire, l’accent a également été mis sur l’amélioration de la

production agricole. Ainsi, l’extension du périmètre irrigué, la diversification de la production agricole

non seulement par le biais de la promotion du maraichage et de la plantation d’arbres fruitiers mais aussi

par l’appui à la transformation et à la conservation des aliments visaient à influencer durablement les

pratiques agricoles et ainsi réduire la vulnérabilité des populations face aux chocs exogènes de nature à

impacter négativement les cultures traditionnelles.

Le manque d’infrastructures d’hygiène et d’assainissement est un autre facteur majeur contribuant à un

taux élevé de malnutrition et d’insécurité alimentaire dans une zone où l’environnement favorise

particulièrement l'incidence des maladies hydriques, féco-orales et vectorielles. Le soutien à

l’approvisionnement en eau potable des communautés établies dans les localités qui connaissent la plus

forte prévalence de malnutrition aigüe, l’appui à la maintenance des infrastructures en eau potable dans

une approche durable, l’assainissement de 12 000 mètres linéaires de la localité de Petites Desdunes

selon la méthode HIMO (Haut Intensité de Main d’œuvre) et l’organisation de campagnes de

sensibilisation sont autant d’activités qui visaient à améliorer durablement les conditions d’hygiène et

ainsi réduire le taux d’attaque de maladies hydriques féco-orales et vectorielles.

Enfin, le projet entendait faciliter l’accès de la population cible aux soins de santé primaire améliorés

par la mise en place d’une clinique mobile dans la localité de Petite Desdunes et l’amélioration des

conditions d’hygiène dans deux centres de santé de la zone d’intervention (Sosaka et Haute Feuille).

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2.1 Présupposés

Certains facteurs structurels sont reconnus pour influencer le niveau de sécurité alimentaire et nutritionnel au niveau national. Selon les observations des équipes d’ACTED sur le terrain et les résultats de l’étude d’impact et du recensement effectués auprès des populations les plus vulnérables, les causes suivantes peuvent déjà être avancées pour tenter d’expliquer en partie ces carences nutritionnelles:

1) une alimentation insuffisante et de faible qualité : 50% des agriculteurs indiquent que le revenu du foyer est insuffisant pour subvenir à leur alimentation. Enfin, la prédominance de la riziculture dans cette région et l'absence d'éducation nutritionnelle sur la nécessité de varier le régime alimentaire au sein des ménages les plus pauvres favorisent l'apparition de la malnutrition par manque de diversification de l’alimentation.

2) un environnement favorisant l'incidence des maladies hydriques, féco-orales et vectorielles contribuant à l'affaiblissement des populations : les enquêtes Connaissances, Aptitudes et Pratiques (CAP) réalisées par ACTED entre 2008 et 2011 ont révélé que seuls 15% des foyers utilisaient des méthodes de traitement de l'eau à domicile adéquates et que le taux de couverture en latrines ne couvraient que 20% de la population du Bas-Artibonite. Le taux d'attaque du choléra dans cette région corrobore cette très forte vulnérabilité.

3) l'exposition aux risques et désastres des berges du Fleuve Artibonite et de toute la plaine rizicole accroît la gravité des deux facteurs précédents.

La malnutrition peut être liée à deux causes principales13, à savoir un régime alimentaire inadéquat (en termes de quantité ou de qualité), et/ou à la présence de maladies chroniques (ex : VIH/SIDA, tuberculose) pouvant accroître les besoins nutritionnels d’une personne. Par ailleurs, comme mentionné précédemment, l’insécurité alimentaire, cause partielle de la malnutrition, peut résulter de trois facteurs : i) la disponibilité limitée de denrées alimentaires, ii) leur accessibilité limitée, iii) une utilisation inadéquate de celles-ci. Ces trois causes principales peuvent être à leur tour le résultat de situations particulières, à la fois sur le plan local, national, voire même international. L’objectif de cette étude était donc de déterminer les causes profondes, sous-jacentes, tant au niveau familial que communautaire, de l’insécurité nutritionnelle et alimentaire dans les deux sections communales les plus touchées par ce phénomène (Petite Desdunes et Fossé Naboth) afin d’orienter l’action des institutions nationales et de toutes les parties prenantes.

2.2 Objectifs spécifiques

Dans cette optique, l’étude sur les causes de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition à Petite Desdunes et Fossé Naboth s’est fixée trois objectifs spécifiques.

Evaluer précisément la situation alimentaire et nutritionnelle mais également socio-économique des ménages dans ces deux sections communales.

Déterminer différents liens de causalité agissant sur le niveau de sécurité alimentaire et à mesurer leur degré d’impact sur l’insécurité alimentaire et la malnutrition.

Formuler, à partir du diagnostic réalisé, une série de recommandations permettant de définir une réponse efficace et durable aux problèmes identifiés au niveau communautaire.

13 ACF-International, Evaluation de la Sécurité Alimentaire et des Moyens d’Existence, Guide Pratique pour le Terrain, Décembre 2009 ; Fédération International des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge, Comment évaluer la sécurité alimentaire ?, 2005 ; PAM, Analyse compréhensive de l’insécurité alimentaire, 2007 ; IFPRI, Choosing Outcome Indicators of Household Food Security, 1999

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Au-delà d’une simple enquête, cette étude a donc pour ambition de mettre au jour les déterminants de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition dans une zone particulièrement vulnérable afin d’orienter l’action des institutions nationales et des différentes parties prenantes dont ACTED, ses partenaires et ses bailleurs de fonds. Le présent rapport d'enquête sera ainsi diffusé largement tant auprès des acteurs locaux travaillant dans le Bas Artibonite qu’au niveau national et pourra être utilisé comme outil de plaidoyer.

3. METHODOLOGIE

3.1 Données quantitatives

L’outil quantitatif utilisé pour recueillir les données auprès de l’échantillon cible est le questionnaire

ménage. L’objectif de l’étude étant d’identifier les déterminants de l’insécurité alimentaire et de la

malnutrition au niveau communautaire et familial, l’unité ménage a été privilégiée par rapport à

l’individu. Le questionnaire a été élaboré par l’équipe AME14 d’ACTED en partenariat avec les acteurs du

projet sur le terrain et la CNSA. Il prend en considération les différents aspects de la sécurité alimentaire

et de la nutrition et couvre donc les sujets suivants :

Démographie et statut du ménage

Consommation alimentaire (et source des aliments)

Combustible, eau et partage de la nourriture

Stratégies d’adaptation alimentaire

Dépenses

Revenus, transferts, épargne, crédits, biens durables

Disponibilité des denrées sur les marches

Agriculture, élevage et pêche

Vulnérabilité du ménage

Malnutrition

Dons/Aide /Assistance humanitaire.

Concernant l’évaluation de la situation de sécurité alimentaire des ménages, la méthodologie développée

par le CNSA dans le cadre de sa dernière enquête15, a été utilisée. Il est important de retenir que les

indicateurs de la sécurité alimentaires utilisés dans les enquêtes sont des indicateurs de référence (proxy

indicators), c'est-à-dire que les résultats sont approximatifs. En d’autres termes, le recours à un indicateur

unique ne permet pas de capturer les trois composantes de la sécurité alimentaire, à savoir la

disponibilité, l’accessibilité et l’utilisation des aliments. Trois indicateurs ont donc été utilisé dans cette

étude (i) le score de consommation alimentaire, (ii) l’échelle de la faim et (iii) le score de diversité

alimentaire

L’indicateur clé de consommation est le score de consommation alimentaire (ou Food Consumption Score). Il s’agit d’un indicateur composite fondé sur la diversité alimentaire, la fréquence de consommation des aliments et l’apport nutritionnel relatif des différents groupes d’aliments. Cet

14 Appraisal Monitoring and Evaluation Unit (cf Glossaire pour une définition précise) 15 CNSA ; “Enquete Nationale de la Securite Alimentaire” – ENSA, 2011

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indicateur est calculé en prenant en compte la fréquence de consommation des différents groupes d’aliments consommés par un ménage pendant les 7 jours précédant l’enquête. Dans le cadre de cette enquête, les ménages ont été interrogés sur la consommation de 24 types d’aliments, classés en 7 groupes, à partir de la question suivante : « Au cours des sept jours précédents, pendant combien de jours les membres du ménage ont-ils mangé de … ? ». La diversité alimentaire est calculée selon une méthodologie proche de celle du FCS mais en calculant la fréquence de consommation des 24 aliments regroupés en 12 groupes d’aliments et sur la base de la consommation de la veille. L’objectif du SDAM est de refléter, sous forme d’instantané, l’aptitude économique d’un ménage à consommer une variété d’aliments. L’échelle de la faim est un indicateur développé par FANTA16 en collaboration avec la FAO. Il a été mis au

point spécifiquement pour être utilisable dans des contextes culturels différents. Cet indicateur, mesuré à

partir de trois questions très simples, peut renseigner sur une dimension importante de la sécurité

alimentaire, à savoir l’accès aux aliments en quantité suffisante. Les trois situations suivantes peuvent

être interprétées comme une sensation de faim dans le ménage, donc comme un problème d’accès

physique aux aliments :

le fait de se retrouver sans nourriture du tout dans le ménage

le fait qu’un membre du ménage se soit couché en ayant faim

le fait de passer toute une journée sans manger.

Il a donc été demandé aux ménages s’ils s’étaient retrouvés dans cette situation, et si oui à quelle

fréquence, au cours du dernier mois.

Après le calcul de ces trois indicateurs, l’indice synthétique de sécurité alimentaire (ISSA) est déterminé

par la combinaison des scores obtenus pour les trois indicateurs17. Et de cette triangulation, quatre

niveaux de sécurité alimentaire sont déduits, ils sont décrits dans le tableau ci-dessous :

Figure 1: Niveaux de sécurité alimentaire selon leurs caractéristiques

Sécurité alimentaire élevée Accès aux aliments élevé et stable, diversité et combinaison de groupes d’aliments acceptable

Sécurité alimentaire modérée Accès moyen aux aliments, diversité moyenne et combinaison de groupes d’aliments acceptable

Insécurité alimentaire modérée Accès aux aliments faible, diversité insuffisante et combinaison de groupes d’aliments en dessous de la limite de l’acceptable

Insécurité alimentaire élevée Accès aux aliments très faible, très faible diversité et combinaison de groupes d’aliments pauvres.

Enfin, la prise en compte du volet nutritionnel, bien que minimale, permet d’apporter un éclairage

supplémentaire à l’analyse de la sécurité alimentaire.

16 Food And Nutrition Technical Assistance 17 Cf : Annexe 2, p89 : Triangulation des indicateurs pour la détermination de l’indice synthétique de la sécurité alimentaire

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→ Plan d’échantillonnage

La méthode de l’échantillonnage non probabiliste et systématique a été utilisée pour établir l’échantillon.

Tous les ménages des zones cibles avaient donc une chance d’être sélectionnés, l’enquête n’a pas ciblé

des bénéficiaires du projet ACTED ou d’une quelconque assistance particulière.

Pour sélectionner les ménages de l’échantillon, un plan de sondage à deux degrés (avec deux tirages

aléatoires) a été utilisé :

(i) Sélection des SDE : suite au dernier recensement de population effectué en Haïti, chaque

section communale a été divisée en sections d’énumération (SDE). Les SDE sont des unités

géographiques composées d’un nombre limité d’habitations. Au préalable, un nombre fixe de

ménages à enquêter par SDE a été déterminé par ACTED et la CNSA. Ensuite, les SDE à enquêter

ont été tirées aléatoirement, et le nombre total de SDE enquêtées déterminé selon la formule:

nombre total de SDE à enquêter X nombre de ménages à enquêter par SDE = échantillon total de

ménages. Les SDE ont été tirées au hasard, avec une probabilité de tirage proportionnelle à la

taille de leur population. Le nombre de SDE par section communale était donc proportionnel à la

population totale de chaque section communale (27 943 individus à Fossé Naboth et 20 389 à

Petites Dedunes18) soit 6 SDE à Petites Desdunes et 17 SDE à Fossé Naboth, à raison de 24

ménages par SDE.

(ii) Sélection des ménages : la sélection des ménages pour chaque SDE à enquêter a été faite à

partir d’outils cartographiques fournis par la CNSA. Une carte avec les données GPS de l’ensemble

des bâtiments/ménages présents sur la zone a été préparée pour chaque SDE à enquêter. Les

équipes d’ACTED ont numéroté les ménages sur la carte, et ensuite procédé à une sélection

aléatoire sur la base du « pas » (le pas étant égal au rapport entre le nombre de ménages dans la

SDE et le nombre de ménages à enquêter). Le premier ménage enquêté a été tiré au hasard, et

les ménages suivants sélectionnés à partir du numéro du premier ménage et le « pas » prédéfini

(ex : si le premier ménage sélectionné est le 6, et le pas est de 12, les enquêteurs enquêteront les

ménages 6, 18, 30, 42 etc.).

L’échantillon final se compose de 552 ménages repartis sur les deux localités en fonction de leur

population. Soit 3175 individus considérées dans l’analyse de l’enquête tous âges et sexes confondus.

3.2 Données qualitatives

Pour obtenir des informations qualitatives supplémentaires aux données recueillies avec l’enquête

ménage, des groupes de discussion ou « focus groups » ont été organisés. La méthode des « focus

groups » vise à rassembler un groupe de personnes afin de discuter de leurs perceptions, opinions,

croyances sur un sujet prédéfini par des meneurs. Ces meneurs mènent le débat et pose les questions, il

18 Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique ; Population total, population de 18 ans et plus, ménages et densité estimés en 2009 ; 2009

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s’agit de deux moniteurs ACTED. Cette forme interactive de collecte des données permet à tous les

participants de prendre librement la parole et d’échanger des idées.

Les « focus groups » peuvent être réalisés en amont d’une enquête afin d’aider à la préparation de

questionnaires par exemple ou de définir plus précisément les problématiques d’une étude. Dans le cas

présent, les « focus groups » se sont tenus après l’enquête et sont à envisager comme un outil

d’approfondissement et de vérification d’éléments précis, que la technique du questionnaire ne

permettait pas d’appréhender dans leur ensemble.

Trois « focus groups » ont été menés dans le cadre de cette enquête. Le premier à Hautefeuille (10

femmes) et les deux autres à Petite Desdunes (un avec 10 femmes et un avec 10 hommes). L’organisation

de « focus groups » composés uniquement de femmes a été un choix délibéré afin d’aborder certains

sujets sans la présence des hommes, notamment tout ce qui avait attrait à la répartition de la nourriture

dans le ménage. Les femmes étant généralement en charge de la nourriture et de la santé, notamment

des enfants, au sein du ménage il était intéressant de recueillir leur avis en dehors de toute influence

exercée par les hommes de la communauté.

Les questions suivantes ont été abordées lors des « focus groups » :

Types de culture pratiqués

Nombre de récoltes par an

Usage des récoltes

Principaux problèmes liés à l’exploitation de la terre

Couverture des besoins du ménage par les revenus agricoles

Durée des stocks

Autres activités génératrices de revenus pratiquées et difficultés rencontrées dans leur pratique

Difficultés, fonctionnement et rentabilité de l’élevage

Lieux d’approvisionnement (marches locaux et principaux)

Difficultés face à l’achat des aliments

Moyens de transport (pour le marché)

Habitude de préparation alimentaire et de gestion des stocks

Principes de partage de nourriture

Degré de connaissance du principe de diversité alimentaire et réalisation concrète

Vision de la situation alimentaire et nutritionnelle de la zone

Des rencontres ont également été organisées avec les autorités locales afin de noter les opinions de ces

dernières sur les causes de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition. Les CASECs de Petite Desdunes

et Fosse Naboth ont été questionné sur les mêmes points, permettant ainsi de faire émerger les actions à

mener permettant, selon eux, de réduire l’insécurité alimentaire et la malnutrition.

Enfin, une rencontre avec le représentant du Bureau Agricole Communautaire de la commune de

Dessaline a permis d’obtenir des données plus précises sur les méthodes de culture, les risques selon les

périodes et les aides auxquelles peuvent prétendre les ménages de la zone via le BAC.

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3.3 Limites de l’enquête

Une attention particulière a été apportée à l’élaboration du questionnaire qui avait pour objectif de

collecter toutes les informations de nature à influer sur la sécurité alimentaire et la nutrition des

ménages. L’échantillon de l’enquête avait une marge d’erreur de 5%, un taux considéré comme

acceptable dans le cas d’une enquête sur un échantillon de cette taille.

Les limites principales de l’enquête sont dès lors inhérentes à la méthodologie adoptée qui est celle de

l’enquête par questionnaire ménage. En effet, les équipes AME d’ACTED qui ont réalisé l’enquête sur le

terrain se sont rendus au domicile des ménages sélectionnés afin d’y remplir les questionnaires mais

n’ont pas systématiquement vérifié les informations fournies par les ménages en se rendant sur les

parcelles agricoles ou en explorant toute la zone. Dès lors, certaines données collectées lors de l’enquête

sont à prendre avec précaution car elles n’ont pas toutes été confirmées par des observations. Par

conséquent elles traduisent avant tout la perception générale des ménages interrogés.

Trois types d’information sont particulièrement concernés par ce phénomène :

(i) L’estimation de la taille des parcelles exploitées à compte propre par les ménages :

Les ménages ont été interrogés sur la superficie des parcelles en carreau (un carreau = 1.29 ha), or si

certains ménages connaissent précisément la taille d’un carreau, d’autres la considèrent comme une

division de parcelles quelle qu’en soit la taille. Ainsi, un ménage qui possède une parcelle d’un carreau ou

moins peut avoir divisé son exploitation par type de cultures et considère alors qu’il exploite autant de

carreaux que de parcelles ainsi découpées au sein de son exploitation.

(ii) L’estimation du rendement des cultures :

Dans le questionnaire, le rendement des parcelles pour la culture des céréales était exprimé en sac de 20

livres. Or, les ménages n’utilisent pas forcément cette unité de mesure et certains ménages ont une idée

très imprécise des quantités récoltées. Dans ce cas, comme pour la taille des parcelles, il convient de

considérer ces données avec précaution.

(iii) L’estimation des revenus générés par secteur d’activité :

L’enquête a confirmé la difficulté pour un grand nombre de ménages d’évaluer avec précision les revenus

générés par ses activités économiques. En particulier, certains ménages n’ont pas été en mesure

d’évaluer en gourdes les revenus liés notamment aux activités agricoles, à la pêche ou à l’élevage dans la

mesure où ceux-ci recouraient le plus à l’autoconsommation. De plus, la partie de l’enquête consacrée à

l’analyse des revenus se base sur ceux du dernier mois précédant l’enquête et n’a pas fait l’objet d’un

recensement des revenus sur toute l’année pour ensuite être ramenés à une moyenne mensuelle. Les

données recueillies ne prennent donc pas en compte les variations de revenus sur l’année.

Toutes ces limites ont été relevées aussi bien par les enquêteurs sur le terrain que lors de l’analyse et

doivent donc être prises en compte par le lecteur.

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RES

ULT

ATS

25

2%

10%

13,50%

11,10%

19,70%

15,30%

13,10%

17%

0% 10% 20% 30%

<= 18

18-26

26-32

33-39

40-46

47-53

54-60

60 et plus

RESULTATS

4. Profil démographique

4.1 Profil du chef de ménage

Bien que les hommes soient légèrement majoritaires parmi les chefs

de ménage, il est intéressant de noter que la répartition entre les sexes

est assez équitable.

Le graphe vient confirmer la tendance qui veut qu’en milieu urbain les

femmes sont majoritaires et que les hommes le sont en milieu rural19.

L’âge moyen des chefs de ménage se situe au-dessus de 45

ans (45,82), 35% d’entre eux ayant entre 40 et 53 ans et le

chiffre le plus récurrent (mode) étant 50. Si des valeurs

centrales se dessinent, avec un écart-type supérieur à 15, il

en ressort une grande diversité dans l’âge des chefs de

ménages et donc dans la configuration des familles.

- Niveau d’éducation des chefs de ménage

Près de 40% des chefs de famille des zones enquêtées n’ont aucun niveau d’éducation classique. Et

seulement 10,70% ont une formation professionnelle (artisans, maçons, charpentier etc.) quand 2,6% ont

suivi une formation technique équivalente au niveau universitaire. Plus de 85% des chefs de ménage

n’ont ainsi reçu aucune formation professionnelle tournée vers la génération de revenus.

19 CNSA, “Enquête Nationale de la Sécurité Alimentaire – ENSA”, 2011

51% 49%

Homme Femme Figure 2 : Sexe des chefs de ménage

Figure 3 : Age des chefs de ménage

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Concernant plus précisément les ménages en insécurité alimentaire (élevée et modérée), les chiffres

relatifs au niveau d’éducation des chefs de ménage sont largement similaires à la moyenne de la zone.

Ainsi, 42,1% n’ont aucun niveau d’éducation et 85,4% ont un niveau de formation inférieur ou égal au

primaire. 86,5% des chefs de ménage n’ont de plus aucune formation complémentaire et seuls 10.4%

déclarent avoir une formation professionnelle et 3% une formation technique de niveau universitaire.

Au vu de ces résultats, on ne peut pas considérer que le niveau d’étude ait une influence directe sur la

situation de sécurité alimentaire des ménages dans la zone. Cependant, il faut noter que le niveau

d’éducation général étant très bas, cela ne reflète pas forcément l’impact que peut avoir le niveau

d’étude sur la sécurité alimentaire.

4.2 Typologie familiale :

Concernant la typologie familiale, le concubinage arrive

largement en tête des autres modes de

« cohabitation ».

Le veuvage étant généralement considéré comme un

critère de vulnérabilité, il est important d’en noter le

taux relativement élevé.

0,00% 20,00% 40,00% 60,00%

Celibataire

Veuf/ve

Séparé/divorcé

concubinage

marié

7,30%

16,20%

4,00%

54,50%

18%

Assimilé niv. universitaire/é

cole technique(co…

Professionnel (Charpentier,

artisan, boss...)

Aucun

2,60%

10,70%

86,70%

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

35,00%

40,00% 2

7,5

0%

13

,50

%

18

,60

%

0,7

0%

0,5

0%

0,4

0%

38

,80

%

Figure 5 : Autre niveau d’éducation des chefs de ménage Figure 4 : Education classique du chef de ménage

Figure 6 : Situation matrimoniale du chef de ménage

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Les ménages de Petites Desdunes et Fossé Naboth sont en moyenne composés de 5 à 6 personnes

(moyenne de 5,75).

Si une majorité de foyers compte entre 3 et 5 personnes, la zone compte également de multiples familles

nombreuses, qui peuvent être des familles élargies ou complexes avec un seul chef de ménage mais

plusieurs hommes et femmes actifs. Si les chefs de ménage sont en majorité des hommes, les femmes

sont légèrement majoritaires dans la composition démographique globale de la zone enquêtée.

Une fois la typologie des familles établie, il convient de déterminer la proportion des habitants de la zone

qui sont actifs, c'est-à-dire en mesure de travailler et donc de participer aux revenus du ménage. 89% des

plus de 18 ans étant en mesure de travailler, il existe une population potentiellement active relativement

nombreuse qui peut donc contribuer aux revenus du ménage. De plus, 20,4% des garçons et 17,6% des

filles participent à au moins une activité génératrice de revenus selon les périodes de l’année, soit près de

40% des enfants à ajouter à la proportion de population ayant plus de 18 ans. Par ailleurs, parmi les 7%

de la population adulte qui n’est pas considérée comme « en état de travailler régulièrement », la raison

principale de cette incapacité est l’âge pour plus de 67% d’entre eux.

49% 47%

5%

Homme Femme Femme enceinte/allaitante

0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00%

0 à 2

3 à 5

6 à 10

11 à 15

7,60%

45,70%

41,10%

5,60%

89%

7% 4%

Si plus de 18 ans, capable de travailler régulièrement ?

Oui Non Ne sais pas

15,90%

1,50% 11,40%

67,40%

3,80%

Figure 7 : Nombre de personnes par ménage Figure 8 : Genre des membres du ménage

Figure 10 : Typologie des personnes non actives Figure 9 : Population active

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Les cas de handicaps physiques et/ou mentaux et de maladie chroniques constituent les deux autres

facteurs majeurs de non-participation des individus aux revenus du ménage. L’impact du tremblement de

terre sur la population des zones enquêtées est assez faible puisque seuls 1,5% des personnes déclarent

une corrélation entre le tremblement de terre et l’inaptitude au travail.

La démographie des zones enquêtées est également marquée par une forte proportion d’enfants de

moins 2 ans au sein des ménages. En effet, 74% des ménages déclarent avoir un ou plusieurs enfants de

moins de 2 ans. Cette catégorie de la population est particulièrement vulnérable en termes de

malnutrition et d’exposition aux maladies. Plus de 70% des enfants de cette tranche d’âge ont moins de

12 mois. Les enfants de moins de 5 ans étant considérés comme plus vulnérables face à la malnutrition, il

conviendra de porter une attention particulière à cette catégorie de bénéficiaires tant dans l’analyse de la

situation alimentaire des ménages que dans la formulation de recommandations.

5. Analyse des indicateurs de mesure de la sécurité alimentaire

5.1 Score de consommation alimentaire

Le score de consommation alimentaire a été calculé en utilisant la fréquence de consommation des

différents groupes d’aliments consommés par un ménage durant les 7 jours précédant l’enquête. Cette

donnée calculée selon la méthode du PAM est donc un indicateur basé sur la diversité alimentaire, la

fréquence de consommation et l’apport nutritionnel relatif des différents groupes d’aliments. Cet

indicateur permet d’estimer la prévalence de l’insécurité alimentaire à partir de l’application de seuil

standards, définis par la CNSA, qui permettent de déterminer trois groupes de consommation

alimentaire : 1) consommation alimentaire pauvre, 2) consommation alimentaire à la limite de

l’acceptable et 3) consommation acceptable, les deux premiers groupes de consommation étant

considérés comme faisant partie des groupes en insécurité alimentaire.

Les résultats obtenus lors de l’enquête menée à Petites Desdunes et Fossé Naboth sont les suivants :

77%

15%

8%

Acceptable Limite acceptable Pauvre

9%

13%

78%

Pauvre Limite de l'acceptable Acceptable

Figure 11 : Répartition des ménages selon le score de consommation alimentaire (FCS)

Figure 12 : Répartition des femmes enceintes selon le FCS

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Sur l’ensemble de la population cible, 22% des ménages sont donc considérés comme en situation de

consommation alimentaire pauvre/limite acceptable. Dans son enquête de 2011, le CNSA observait au

niveau national un taux de prévalence de la consommation pauvre/limite acceptable de 20% en milieu

rural et de 17% milieu rural et urbain confondus. Le taux de prévalence dans les zones enquêtées est

donc légèrement supérieur à la moyenne nationale et confirme la tendance qui place le département de

l’Artibonite dans les zones du pays les plus marquées par l’insécurité alimentaire20. Le score de

consommation alimentaire est le principal indicateur permettant d’établir une mesure de la prévalence

de l’insécurité alimentaire. Les résultats ci-dessus montre bien la vulnérabilité de la zone et y justifie des

interventions multisectorielles.

La raison principale évoquée pour la non-consommation d’un aliment, tout aliment confondu, est son

prix trop élevé sur le marché (80% des ménages interrogés). 10% des ménages invoquent également

l’indisponibilité d’un produit sur le marché local. La mauvaise qualité des aliments et leur non adéquation

avec les goûts du ménage sont également des raisons invoquées par 4% des ménages. Les considérations

relatives à des tabous religieux ou à l’absence de stock ne sont cités respectivement que par 1% des

enquêtés.

S’il reflète la situation alimentaire des ménages, le score de consommation alimentaire ne permet pas en

revanche d’obtenir des informations suffisantes concernant l’accès à la nourriture et la diversité de

l’alimentation des ménages. La suite de l’étude se concentrera donc plus en détails sur les problèmes de

disponibilité et de sources de revenus.

5.2 L’échelle de la faim

Les trois questions type pour mesurer l’échelle de la faim ont été posées aux enquêtés pendant deux

périodes différentes. Ainsi ils ont été interrogés sur leur expérience de la faim au cours des quatre

dernières semaines mais également lors de la dernière période de soudure. Les réponses obtenues

permettent de les classer selon trois catégories :

- Faim inexistante ou légère

- Faim modérée

- Faim sévère

Le premier niveau de l’échelle correspond à une situation acceptable ou normale du point de vue de

l’accès aux aliments alors que les deux autres attestent d’un manque au niveau de la satisfaction des

besoins et donc de l’accès aux aliments nécessaire à un individu. Les résultats pour les zones enquêtés

sont les suivants :

20 CNSA, “Enquête Nationale de la Sécurité Alimentaire – ENSA”, 2011

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Premier constat, la faim sévère a la prévalence la

plus élevée dans la zone quelle que soit la période

de l’année. Les données relevées lors de l’enquête

montrent bien qu’au-delà de la sécurité alimentaire

liée uniquement à la consommation, la question de

la satisfaction des besoins ressentis et donc de

l’accès aux denrées est particulièrement

problématique. En effet, tout au long de l’année, la

grande majorité des ménages déclarent un manque

en termes de satisfaction des besoins. Plus de 85%

des ménages en période normale sont concernés, et

plus de 90% en période de soudure. En période de

soudure plus de 67% des ménages connaissent une

situation de faim sévère et ne jouissent que d’un

accès très restreint aux produits alimentaires.

Les données CNSA de 2011 font état d’une prévalence de la faim sévère de 21,7% en Haïti et de 49,8%

pour la faim modérée. Le problème de la faim concerne donc environ 71,5% de la population (selon

l’échantillon CNSA). Dans cette enquête, l’Artibonite apparaît comme le département le plus touché par

la faim avec plus de 43% de prévalence de la faim sévère et plus de 53% pour la faim modérée. La

situation des zones enquêtées dans le cadre de cette étude est donc globalement représentative de celle

du département en général mais il faut noter que si la prévalence de la faim modérée est un peu moins

élevée, celle de la faim sévère en revanche est légèrement supérieure.

L’enquête faite toutefois apparaître des chiffres de faim sévère particulièrement inquiétants pendant la

période de soudure. La période de soudure qui commence au mois d’avril se termine aux alentours du

mois de juin avec les premières récoltes de la campagne de printemps. Cependant, lors des focus groupes

il est ressorti que d’autres périodes de l’année sont extrêmement difficiles pour les ménages déjà

vulnérables. En effet, dans les zones enquêtées, très peu de récoltes se font pendant la saison sèche, dès

lors les mois de février à avril sont également considérés comme difficile par les ménages et les stocks des

récoltes de printemps sont très vite épuisés, ne permettant aux ménages de tenir sans privation jusqu’à

la campagne d’hiver. La situation est donc particulièrement préoccupante pendant la période de soudure

« officielle », mais le problème de l’accès aux denrées n’est pas uniquement lié à la saisonnalité des

cultures, la prévalence de la faim étant particulièrement élevée toute l’année (avec de légères

fluctuations de d’intensité selon la période de l’année concernée).

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

Période normale Période de soudure

14

,67

%

5,2

5%

40

,58

%

27

,72

%

44

,75

%

67

,03

%

Faim inexistante ou légère Faim modérée Faim sévère

Figure 13 : Répartition des ménages selon l’échelle de la faim

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5.3 Score de diversité alimentaire

Le score de diversité alimentaire est utilisé comme mesure supplétive du niveau socio-économique du

ménage, donc de l’accès de ce dernier à la nourriture. En ce sens, il y a un lien entre l’échelle de la faim et

le score de diversité alimentaire. Une augmentation du revenu du ménage peut se traduire par une

amélioration quantitative de l’accès aux aliments, donc la réduction ou la suppression de la faim dans ce

ménage. Ainsi, en l’absence de seuil standard, la CNSA recommande de considérer comme niveau de

diversité alimentaire cible, le niveau de diversité élevé, qui est le niveau atteint par une catégorie de

ménage qui jouit d’un meilleur accès quantitatif aux aliments.

Pour mesurer cet indicateur, les ménages ont été interrogés sur leur consommation de 23 aliments

durant le jour précédent l’enquête. Sur la base des scores obtenus, les ménages sont classés en trois

groupes de diversité alimentaire : la consommation de 1 à 7 groupes d’aliments est associée à un niveau

de diversité alimentaire pauvre, de 8 à 10 groupes à un niveau moyen et de 11 à 12 groupes à un niveau

élevé.

Avant d’analyser les résultats obtenus lors du calcul du SDAM, il convient de mettre en avant une

irrégularité dans le processus d’élaboration de cet indice. En effet, comme expliqué précédemment, le

calcul du SDAM doit se baser sur une question spécifique portant sur l’alimentation dans les dernières

24h, or cette question n’était pas présente dans le questionnaire. Ainsi, le SDAM a été déduit à partir de

la consommation sur la semaine qui sert de base au calcul du score de consommation alimentaire. Dès

lors, il faut considérer les données obtenues avec précaution.

Ainsi, les résultats révèlent que les ménages de la zone

présentent à 62% un régime alimentaire avec une

diversité élevée alors que selon l’ENSA 2011, au

niveau national, seuls 22,91% des ménages haïtiens

atteignaient le niveau de diversité alimentaire élevé.

Le SDAM apparaît donc comme particulièrement

élevé au regard du faible niveau du score de

consommation alimentaire et de la prévalence de la

faim dans la zone. Le SDAM obtenu lors de cette

enquête laisse apparaitre une consommation

régulière d’aliments à forte valeur nutritive

notamment les légumes, la viande, le poisson, les

œufs et produits laitiers qui sont spécifiques aux

groupes de diversité alimentaire supérieurs. De plus,

les focus groupes ont largement fait ressortir le fait

que les ménages ont conscience de l’importance de respecter le principe de diversité alimentaire. En

revanche, selon les informations recueillies lors des focus groupes, les ménages de la zone sont en

grande majorité en incapacité de respecter les principes de diversité alimentaire. La principale

contrainte évoquée est l’accessibilité financière et physique (marchés trop éloignés).

62%

23%

15%

Diversité élevée Diversité moyenne Diversité Faible

Figure 14: Répartition des ménages selon le score de diversité alimentaire

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5.4 Niveau de sécurité alimentaire des ménages

Comme décrit dans la section consacrée à la méthodologie, quatre niveaux de sécurité alimentaire ont

été définis. Suite à la triangulation des trois indicateurs analysés ci-dessus, les résultats sont les suivants :

Figure 15 : Indice de prévalence de la sécurité alimentaire

Plus de la moitié des ménages des zones enquêtées sont considérés comme en situation d’insécurité alimentaire. Avec une prévalence de l’insécurité alimentaire de 54% contre 38% au niveau national, Petites Desdunes et Fossé Naboth apparaissent bien comme des zones particulièrement vulnérables en termes de sécurité alimentaire, d’autant plus que 14,10% des ménages sont considérés comme en situation d’insécurité alimentaire élevée contre 8,1% au niveau national. La prévalence de l’insécurité alimentaire modérée est elle-aussi largement supérieure aux chiffres à l’échelle nationale puisque qu’elle est de 10% supérieure au niveau relevé dans l’ENSA 2011.

Figure 16 : Prévalence de l'insécurité alimentaire par commune

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

35,00%

40,00%

Insécurité Alimentaire élevée

Insécurité Alimentaire modérée

Sécurité Alimentaire modérée

Sécurité Alimentaire élevée

14,10%

39,90%

32,60%

13,40%

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

35,00%

40,00%

Insécurité Alimentaire élevée

Insécurité Alimentaire modérée

Sécurité Alimentaire modérée

Sécurité Alimentaire élevée

5,10% 9,60% 8,30%

3,10%

9,10%

30,30% 24,30%

10,30%

Petite Desdunes Fossé Naboth

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6. Disponibilité alimentaire

Dans l’analyse de la sécurité alimentaire, l’étude de la disponibilité physique des denrées alimentaires est

primordiale et se concentre sur la « question de l’offre ». La disponibilité alimentaire est donc déterminée

par le niveau de production alimentaire, le niveau de provision et le commerce net soit le niveau

d’approvisionnement des marchés locaux.

6.1 Sources d’approvisionnement

Hors période de soudure, 86,90% des ménages s’approvisionnent dans les marchés communaux. Près de

50% des ménages sortent de la section communale pour s’approvisionner sur les marchés. Lors des focus

groups, les femmes interrogées ont fait ressortir le fait que dans de nombreuses localités, il n’existe pas

de marché, comme dans celle de Hautefeuille par exemple : l’accès aux produits alimentaires se fait via

de petits rassemblements de résidents d’une zone de voisinage et via de petites boutiques utilisées pour

l’achat des marchandises au détail. Les boutiques sont en général l’activité des revendeurs de la zone qui

achètent les marchandises en gros à Lestère pour les revendre au détail dans la zone. Les marchés

principaux sont plus éloignés, situés principalement à Lestère et Pont-Sonde pour les résidents

d’Hautefeuille.

Pendant la période de soudure, 90,30% des ménages doivent se rendre au marché pour s’approvisionner.

Seuls 9,80% des ménages consomment leur propre production hors période de soudure et 7,10% en

période de soudure. Cette baisse illustre la diminution des stocks qui intervient pendant la période de

soudure mais la différence reste minime en raison de la dépendance des ménages aux

approvisionnements externes : le marché reste – tout au long de l’année – la principale source

d’approvisionnement en denrées alimentaires pour la grande majorité des ménages. Le graphe 16

illustre bien le fait que la production propre des ménages est largement insuffisante pour subvenir aux

besoins alimentaires de ces derniers et que d’autres sources de revenus sont indispensables. Bien que

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

Production propre/jardin

Achat au marché (section

communale)

Achat au marché (hors

section communale)

Aliments contre travail

Troc contre d'autres biens

Dons d'aliments de la famille/voisins,

mendicité

Aide alimentaire

9,8

0%

38

,40

%

48

,40

%

0,1

0%

0%

2,9

0%

0,4

0%

7,1

0%

37

,10

%

53

,20

%

0,1

0%

0%

2,1

0%

0,3

0%

Au moment de l'enquête Soudure

Figure 17 : Source principale des aliments consommés

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les ménages commercialisent également une partie de leur production, les revenus qu’ils en tirent sont

trop faibles pour couvrir leur besoins en denrées diversifiées. En conclusion, la dépendance des ménages

aux marchés (et par conséquent leur vulnérabilité face aux fluctuations de prix et aux pénuries) est

particulièrement flagrante dans la zone mettant ainsi en danger la stabilité de leur situation

alimentaire.

Pour les ménages en insécurité alimentaire (élevée et modérée), le ratio dans les sources

d’approvisionnement des ménages est quasiment similaire bien que l’on observe une légère diminution

de la production propre comme source d’approvisionnement (de 1% lors de la période normale et de 2%

lors de la période de soudure). Les ménages en insécurité alimentaire ont donc une moindre quantité de

denrées disponibles provenant de leur production et sont donc encore plus dépendants des marchés

(même si cette différence reste assez faible). Il faut également noter que l’approvisionnement dans les

marchés hors sections communales est moins répandu dans les ménages en insécurité alimentaire, le prix

du transport et la difficulté d’accès en étant probablement les principales causes. Ces causes relèvent de

la problématique de l’accessibilité qui sera étudiée plus loin.

Les mêmes tendances se retrouvent également chez les ménages en insécurité alimentaire élevée, avec

un recours à la production propre encore réduit par rapport à la totalité des ménages en insécurité

alimentaire et un taux plus faible d’approvisionnement dans les marchés hors sections communales. Il est

important de noter que les ménages en insécurité alimentaire élevée ont davantage recours aux dons de

nourriture ou à la mendicité, cette variable passant à près de 7% (6,9%). Cette dernière donnée

démontre, si ce n’est une moins bonne disponibilité, à tout le moins un accès financier fortement réduit

des ménages. Là encore, les variables agissantes sont particulièrement liées à l’accessibilité.

Les sources d’approvisionnement les plus utilisées ayant été identifiées, il convient dès lors de

s’intéresser au niveau de disponibilité pour chacune de ces sources.

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6.2 Disponibilité des denrées alimentaires sur les marchés

Il ressort de l’enquête que 69% des ménages enquêtés déclarent subir de fortes contraintes lors de

l’achat de produits alimentaires sur les marchés.

La principale contrainte concerne le manque d’argent

et les prix trop élevés, qui soulignent tous deux la

faiblesse des revenus des ménages. Cependant, il faut

noter que la mention de prix trop élevés peut

également traduire - chez ces ménages - une prise de

conscience d’une augmentation des prix sur les

marchés, à un rythme plus élevé que l’augmentation

des revenus des ménages. L’indisponibilité des produits

n’est mentionnée que par 3,1% des ménages comme la

contrainte principale rencontrée et par 1,3% comme

une contrainte secondaire. Pour les ménages qui ont

cité cette contrainte, seulement 12,5% la considèrent

comme une contrainte récurrente, 33,3% comme une

contrainte spécifiquement liée à la période de soudure

et 54,2% des ménages uniquement comme une

contrainte occasionnelle.

0,00%

20,00%

40,00%

60,00%

80,00%

100,00%

120,00%

60

,10

%

83

,30

%

12,50%

57

,10

%

46

,30

%

20,20%

33

,30

%

14,30%

34

%

19,80% 16,70%

54

,20

% 28,60%

19,80%

Tout le temps Pendant la soudure Occasionnellement

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

35,00%

40,00%

45,00%

50,00%

32

,60

%

3,10%

31

,90

%

12

,50

%

1,30%

16

,80

%

Contrainte principale Contrainte secondaire

0,10% 3,10%

11%

85,90%

Jamais

Occasionnellement (une semaine/mois)

Régulièrement (2/3 semaines/mois)

Tout le temps

Figure 19 : Fréquence des contraintes d'achat sur les marchés Figure 18 : Contraintes d’achat sur les marchés

Figure 20 : Fréquence globale de disponibilité des denrées sur les marchés

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Près de 95% des ménages déclarent que la disponibilité des produits alimentaires est bonne, voire très

bonne et seuls 0,1% des ménages déclarent que la disponibilité est nulle. C’est donc avant tout le

problème de l’accessibilité, exprimé en termes financiers, qui impacte la situation nutritionnelle des

ménages dans la zone. Cette problématique sera abordée dans une des sections prochaine de l’étude.

Le graphique ci-dessous illustre bien la bonne disponibilité de tous les types d’aliments sur les marchés de

la zone. Ainsi, plus de 80% des ménages ont déclaré que toutes les denrées alimentaires recensées par

l’enquête étaient disponibles en permanence sur les marchés. Seule une minorité des ménages interrogés

déclare que le blé et les légumes ne sont jamais disponibles dans les marchés qu’ils fréquentent.

La disponibilité des denrées alimentaires n’est donc pas un problème majeur dans la zone et

l’indisponibilité n’est dès lors pas à considérer comme un facteur de référence impactant négativement

la situation alimentaire des ménages des zones enquêtées.

6.3 Agriculture, élevage et pêche

Bien que les marchés soient la principale source d’approvisionnement des ménages et que les produits

importés soient très répandus dans le pays, le niveau de disponibilité physique des denrées alimentaires

dépend également de la production des ménages et exploitations agricoles de la zone. En effet, si les

importations représentent une part importante des produits vendus sur les marchés, la production locale

reste la principale source de denrées alimentaires pour les marchés locaux.

8,90%

14,70%

13,20%

12,50%

16,50%

14,30%

16,30%

15%

4,70%

4,30%

15,90%

15,80%

15,40%

14,30%

10,00%

4,30%

2,20%

4,20%

78,30%

83%

99,80%

82,60%

83,70%

84,80%

83,70%

81%

84,10%

83,70%

83,20%

84%

88,40%

94,70%

96,60%

82,20%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Blé (farine, bulgur)

Maïs (grain, farine)

Riz

Banane

Spaguetti/macaroni

Pain, beignets, biscuits

Pois, haricot, lentille

Fruits

Viande rouge, abats

Poulet/volaille

Œufs

Poisson

Lait/fromage/yahourts

Sucre

Huile

Légumes

Jamais Occasionnellement (1semaine/mois) Régulièrement (2/3semaines/mois Tout le temps

Figure 21 : Disponibilité des différents types d’aliments sur les marchés

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Accès à la terre

Si 86% des ménages enquêtés déclarent exploiter une ou plusieurs parcelles à leur propre compte, une

analyse plus précise de ce facteur suppose l’exploitation des données relatives aux superficies disponibles

et aux modes de tenure de la terre.

Au total, 961 parcelles exploitées à compte propre par les ménages enquêtés ont été identifiées. Le

nombre moyen de parcelles par ménage est de 1,74. Avec un mode et une médiane de 1 ainsi qu’un

écart-type de 1,4 parcelle, il y a une certaine homogénéité dans le nombre de parcelles par ménage. La

superficie moyenne des parcelles par ménage est de 2,78 carreaux, soit 3.60 hectares. Cependant,

contrairement au nombre de parcelles, la taille des parcelles par ménage n’est pas du tout homogène.

En effet, avec un mode de 0,25 carreaux, une médiane de 0,5 et un écart type de plus de 15,1, la

moyenne ne fait pas ressortir la diversité qui existe entre les exploitations possédées. La moyenne n’est

pas vraiment représentative, la plus petite parcelle étant de 0,01 carreaux et la plus grande de 250. Si l’on

considère le mode et la médiane, la superficie des parcelles est plus communément comprise entre 0,3

et 0,6 hectares. Les parcelles sont donc de taille plutôt réduite. Dans l’enquête ENSA de 2011, la CNSA

retenait une moyenne nationale pour les parcelles agricoles de 0,62 hectares. Les zones enquêtées

ressortent donc du même schéma d’exploitation agricole bien que quelques ménages possèdent des

parcelles d’une superficie largement supérieure à celles de la majorité de la population.

La moyenne du nombre de parcelles par ménage pour les ménages en insécurité alimentaire est

légèrement inférieure à celle de la totalité des ménages enquêtés : elle est de 1,68 parcelle pour les

ménages en insécurité alimentaire modérée et de 1,19 pour les ménages en insécurité alimentaire

élevée. Si la différence n’est pas significative, elle mérite tout de même d’être mentionnée, la possession

de terres influant directement sur la capacité de production et donc sur les quantités disponibles pour la

consommation ou la vente. La superficie moyenne des parcelles permet d’obtenir une meilleure idée de

l’accès à la terre pour les ménages en insécurité alimentaire et donc de leur potentiel niveau de

production. La superficie moyenne des parcelles est ainsi de 2,3 carreaux pour les ménages en insécurité

alimentaire (élevée et modéré) et descend à 0,75 pour les ménages en insécurité alimentaire élevée. Avec

un écart-type de 3,06 carreaux et une médiane de 0,25 carreaux pour la superficie des parcelles des

ménages en insécurité alimentaire élevée, on peut considérer la moyenne comme assez représentative.

La surface de terre disponible pour l’exploitation peut dès lors être considérée comme une variable

agissant directement sur le niveau de sécurité alimentaire.

Cependant, si toute enquête auprès des ménages ne peut prétendre à une précision absolue, la question

relative à la superficie des parcelles en carreaux est à considérer avec une circonspection particulière. En

effet, aux dires des enquêteurs, les personnes interrogées ne sont pas toujours au courant de la valeur

d’un carreau et considèrent parfois que la division d’une parcelle entre différentes cultures équivaut à la

création de carreaux.

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L’analyse des modes de tenure de la terre est importante pour évaluer la sécurité foncière des ménages,

qui a généralement un impact sur la sécurité alimentaire :

Le graphique ci-contre (Figure 22) permet

d’observer une grande diversité dans les

modes d’exploitation. Cependant, une

catégorisation peut être faite entre les modes

qui relèvent du faire-valoir direct, c'est-à-dire

où le ménage exploite sa propre parcelle (achat

ou héritage), le métayage et les autres modes

de faire-valoir indirect (location, potek21,

affermage, emprunt, usage libre et autres). La

propriété reste le mode de tenure dominant

puisque 50,3% des parcelles relèvent de ce

mode d’exploitation, mais le métayage est

particulièrement courant dans la zone avec

21,4% des parcelles exploitée via ce mode. Or,

le mode d’exploitation de la terre - parce qu’il

détermine le niveau de sécurité de l’exploitant

- influence grandement les résultats d’une exploitation agricole. Quand la sécurité du foncier est faible,

comme c’est le cas pour le métayage ou les autres formes de faire-valoir indirect, l’exploitant n’a pas

intérêt à y investir du capital ou du travail. L’accès à la terre reste donc une un enjeu important pour

presque 50% des ménages de la zone qui font face à des situations de pressions sur la terre et à une

insécurité foncière et partant alimentaire liée au mode de tenure de la terre.

Le graphique ci-contre (Figure 23) expose la répartition

des modes de tenure de la terre au sein des ménages

en insécurité alimentaire. Basé sur le pourcentage de

cas (et non le pourcentage de réponse), il permet

d’observer que le métayage est largement répandu

dans la catégorie des ménages en insécurité

alimentaire avec 42,60% des ménages qui déclarent

exploiter une ou plusieurs parcelles selon ce mode. La

location est également très courante. L’utilisation du

comptage selon le nombre de cas permet de mettre

en avant le fait que certains ménages exploitent

plusieurs parcelles. Ainsi, si la majorité des ménages

exploitent une ou plusieurs parcelles à compte propre, on peut déduire que, au vu des faibles surfaces

disponibles pour les ménages en insécurité alimentaire, le recours à une autre forme d’exploitation de la

terre apporte un complément de revenus et/ou de récoltes.

21 Potek : Cession d’une parcelle agricole, à long terme, par le propriétaire contre un paiement immédiat de la rente pour toutes les années de

fermage.

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

35,00%

40,00%

14

,10

%

36

,20

%

12

,60

%

6,5

0%

21

,40

%

7,6

0%

0,3

0%

0,6

0%

0,6

0%

Achetée

Héritée/Cadeau

Louée

Potek

Métayage

Affermage

Empruntée

Terre privé/publique en …

Autres

26,80%

65,50%

29,40%

13,20%

42,60%

15,70%

0,40%

0,90%

1,30%

Figure 22 : Mode d'exploitation des parcelles

Figure 23 : Mode de tenure de la terre pour les ménages en insécurité alimentaire

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Plus de 80% des parcelles sont à moins d’une heure de

marche du domicile des ménages et 56,5% à moins d’une

demi-heure. L’accessibilité des parcelles est donc assez

bonne pour la majeure partie d’entre elles. Rappelons

qu’un ménage possède souvent plusieurs parcelles, le

type de culture pouvant être adapté selon la position des

parcelles.

Les espèces cultivées

La culture des céréales est largement majoritaire sur les zones enquêtées. Les légumes, les

légumineuses, les tubercules et bananes, bien qu’elles constituent des cultures importantes au niveau

national, sont largement sous-représentées au niveau des deux localités ciblées par cette enquête.

Pour la campagne 2012, la culture de céréales reste largement majoritaire bien que l’on observe, au

moment de l’enquête, une mise en culture largement inférieure à l’année 2011 avec plus de 30% des

parcelles non cultivées et une mise en jachère de près de 15%. Cette situation semble due au fait que la

mise en culture pour l’année 2012 n’était pas terminée au moment de l’enquête. La référence dans

l’analyse des données agricoles sera donc l’année 2011.

Le niveau de diversification de la production agricole est très peu élevé dans la région avec une très

forte prévalence de la culture de céréales et notamment du riz.

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

80,00%

90,00%

8,2

0%

1,3

0%

80

,60

%

1,5

0%

1,2

0%

0,1

0%

7,1

0%

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

35,00%

40,00%

45,00%

50,00%

30

,70

%

14

,10

%

45

,40

%

0,5

0%

1,9

0%

7,2

0%

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00% M

oin

s d

e 1

5 m

n

15

à 3

0 m

n

30

à 6

0 m

n

1 à

2h

Plu

s d

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h

34,40%

22,10% 24,10%

16,10%

3,20%

Figure 24 : Temps de trajet jusqu'aux parcelles

Figure 26 : Usage des parcelles, Campagne 2012 Figure 25 : Usage des parcelles, Campagne 2011

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o Céréales et légumineuses

Le riz est la principale culture céréalière de la zone

puisqu’elle occupe près de 90% des parcelles dédiées

à la culture de céréales. Viennent dans des

proportions drastiquement réduites le maïs et le petit-

mil. La forte prévalence du riz est une singularité de

l’Artibonite, département grand producteur de riz,

alors que, dans la majeure partie du pays, la culture du

maïs domine. On retrouve les mêmes proportions au

sein des ménages en insécurité alimentaire.

Face à la proportion écrasante que représentent les

céréales, et principalement le riz, dans la zone, les

autres types de culture sont largement sous-

représentés. Ainsi, seulement 9,3% des ménages

cultivent des légumineuses, le pois et le haricot étant

les légumineuses les plus fréquemment plantées, avec

respectivement 5% et 2,9% des ménages qui les

cultivent. En revanche, 16,6% des ménages en

insécurité alimentaire élevée cultivent des

légumineuses.

o Tubercules et bananes

16,1% des ménages déclarent cultiver différents types

de tubercules ou des bananes. Si l’on considère

uniquement les ménages qui pratiquent ces cultures,

la grande majorité cultive des patates douces (88,8%),

vient ensuite la culture de bananes (25,8%).

La faible proportion de ménages cultivant les

tubercules et la banane illustre une nouvelle fois la

spécificité de la zone d’enquête, dont le schéma

agricole est avant tout basé sur la culture du riz. En

effet, au niveau national (ENSA 2011), les tubercules et

la banane sont les cultures les plus répandues avec

respectivement 75% et 67,88% de ménages qui les

cultivent. Les ménages en insécurité alimentaire ne

cultivent qu’à 11,74% les tubercules et bananes.

0,00% 0,50% 1,00% 1,50% 2,00% 2,50% 3,00% 3,50% 4,00% 4,50% 5,00%

Haricots Pois Arachides Autre légumes

2,90%

5%

1,10%

0,30%

0,00%

2,00%

4,00%

6,00%

8,00%

10,00%

12,00%

14,00%

16,00%

0,40%

14,30%

0,40%

3,80%

1,10% 0,50%

4,20%

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

80,00%

90,00%

Riz Maïs Petit-mil Autres céréales

89,40%

6,50% 3,80% 0,20%

Figure 28 : Type de légumineuse (sur la totalité des ménages)

Figure 29 : Culture des tubercules et bananes (sur la totalité des actifs dans l'agriculture)

Figure 27 : Type de céréales cultivé

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Pour les ménages en insécurité alimentaire élevée, cette proportion tombe même à 6,4%. L’apport

nutritionnel et/ou financier que peut représenter ces cultures est donc proportionnellement réduit au sein

des ménages en insécurité alimentaire qui pratiquent la culture du riz et des légumineuses sur des surfaces

peu étendues.

o Maraîchage

Si quelques cultures dominent, il existe une grande

diversité dans les types de légumes cultivés par les

ménages.

28% des ménages déclarent cultiver des légumes.

Ainsi, si cette proportion est moins élevée qu’au

niveau national – où 44,21% des ménages déclarent

cette activité – le maraîchage représente tout de

même une activité agricole non négligeable dans la

zone.

Comme pour les tubercules et bananes, la

proportion de ménages pratiquant le maraichage

au sein des ménages en insécurité alimentaire est moindre : 20,47% des ménages en insécurité

alimentaire et 16,67% des ménages en insécurité alimentaire élevée pratiquent le maraichage. Encore

une fois, bien que ces différences ne soient pas totalement significatives, il faut noter que l’apport

nutritionnel et financier que peut représenter l’activité maraichère est ainsi réduit au sein des ménages

en insécurité alimentaire.

Niveau de production

La superficie moyenne emblavée pour la campagne 2011 est de 2,08 carreaux soit 2,69 hectares.

Cependant, le mode et la médiane sont de 0,5 carreau, avec un écart-type de 13,13 carreaux, il convient

donc, comme pour l’analyse des superficies en générale, de rester prudent car la moyenne ne reflète pas

les disparités qui existent dans la taille des domaines agricoles de la zone.

o Production des céréales et légumineuses (campagne 2011)

Pour la campagne 2011, si certaines parcelles ont donné jusqu’à trois récoltes dans l’année, dans la

majorité des cas les trois types de céréales donnent lieu à une récolte par an. La récolte du riz avec 1,23

récolte en moyenne est légèrement supérieure à celle des autres céréales mais la médiane et le mode

restent de 1 pour tous les types de céréales.

Avec la superficie totale plantée en 2011 en céréales, la quantité moyenne de récolte est de 16,42 sacs de 20 livres pour le riz, 3,76 pour le maïs et 4,84 pour le petit-mil. Cependant ces données sont à mettre en relation avec les différences de superficies plantées selon les ménages. En effet, pour le riz, l’écart-type

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

Ch

ou

x

Epin

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ne

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à …

5%

5%

19

,20

%

1,3

0%

0,5

0%

20

,50

%

0,3

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0,5

0%

6,3

0%

12

,90

%

3,8

0%

25

,30

%

8,6

0%

Figure 30 : Type de légumes cultivé (pour les ménages pratiquant le maraichage)

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42

est de 44,9 sacs et la médiane de 8 sacs quand le mode est de 0 sac. Il existe une majorité de ménages qui ne récolte pas même 20 livres de riz alors que certains en récolte un maximum de 800 sacs. Pour les autres céréales, la différence est moindre en fonction des parcelles. Ainsi, pour le maïs avec un écart-type de 3,5, une médiane de 3 sacs et un mode de 2 sacs, les quantités récoltées sont mieux réparties entre les ménages. Pour le petit-mil, avec un écart-type de 6,3 sacs, une médiane de 2,5 sacs et un mode de 0 sac, les écarts sont plus importants que pour le maïs mais bien moindre par rapport à ceux rencontrés dans la production de riz. Le riz représente donc la culture la plus productive de la zone et probablement une culture de rente pour les ménages qui en produise de grandes quantités.

Figure 31 : Niveau de production des céréales et légumineuse

Par ménage Par parcelle

Moyenne (en sac de 20 livres)

11,43 7,30

Max 800 266,67

Min 0 0

Mode 0 0

Médiane 4 3.88

Ecart-type 37,60 16.49

L’observation principale qui se dégage de l’analyse du rendement des exploitations céréalières est qu’il

est très faible comme l’illustre le mode de 0 sac et la médiane qui tourne autour de 4 sacs, que cela soit

par ménage ou par parcelle. Ainsi, si l’agriculture, sous toutes ses formes, est pratiquée par la quasi-

totalité des ménages, la production reste faible et ne compense dès lors que faiblement la hausse des

prix sur les marchés. Les focus groupes ont largement fait ressortir le fait que la production agricole des

ménages ne permettait pas de couvrir les besoins alimentaires des ménages, ni de créer suffisamment de

revenus pour acheter les denrées manquantes ou faire face aux dettes contractées pour la mise en

culture.

Utilisation des récoltes

Figure 32 : Utilisation des céréales et légumineuses

0%

20%

40%

60%

80%

100%

Consommation Vente Dons/cadeau Remboursement dettes Conservation des semences

12,40%

13,80% 23,10%

11% 20,50%

16,90% 13,30%

13,20%

41

,50

%

16,10%

15,40% 13,40%

25,40%

83

,60

%

65

,60

%

84

,50

%

Tout Presque tout (+ de75%) Moitié ou un peu plus (50-75%) Moins de la moitié Pas beaucoup (- de 25%) Rien

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L’autoconsommation de la totalité de la récolte en céréales et légumineuses s’observe chez 12,40% des

ménages. Au total, 37,20% des ménages consacrent entre 50% et 100% de leurs récoltes à la

consommation. Chez 45,70% des ménages, moins de 25% de la récolte est utilisée pour la consommation

par les membres du ménage.

Pour 45,30% des ménages, plus de la moitié de la production est destinée à la vente. En revanche 25,40%

des ménages déclarent ne vendre aucune part de leur récolte. Les autres modes d’utilisation sont

beaucoup moins répandus. Ainsi le don et la conservation des semences n’ont été observés que de

manière très marginale. Concernant le remboursement des dettes, si 65,60% des ménages déclarent ne

pas avoir recours à la production agricole de céréales et de légumineuses, 13,40% des ménages utilisent

plus de la moitié de leur récolte pour rembourser leurs dettes.

Les quantités de stock sont particulièrement

représentatives de la disproportion qui existe entre les

ménages récoltants. Bien que l’écart-type ne soit que

2,26 mois, la moyenne de 2,94 mois, le mode de 1 mois

et la médiane de 2 mois, le nombre de mois couverts par

les stocks des ménages varie entre 0 et 12.

Ainsi, si la grande majorité des ménages ont une

disponibilité de stock qui oscille entre 1 et 3 mois,

quelques ménages possèdent des stocks suffisant pour

une année, ce qui illustre une nouvelle fois la présence

de quelques grandes exploitations dans la zone.

Concernant l’utilisation des tubercules et des bananes par

les ménages, il faut noter qu’une part non négligeable des

récoltes est destinée à la vente.

Ce type de culture ne relève donc pas exclusivement de

l’agriculture de subsistance mais, pour les quelques

ménages qui la pratiquent, peut représenter une activité

génératrice de revenus.

Non 95%

Oui 5%

Consommation

55%

vente 45%

Figure 33 : Ménages ayant des stocks de céréales de la

campagne 2011

Figure 34 : Utilisation des bananes et tubercules (sur les 12 derniers mois)

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La vente représentant une large part dans l’utilisation des

récoltes de bananes et de tubercules, les stocks sont peu

importants dans les ménages. Ainsi, si 16% déclarent encore

avoir des stocks de 2011, le nombre de mois en moyenne

pour le stock de ce type de culture est de 0,91 mois pour les

tubercules et 1,67 mois pour les bananes.

Pour les tubercules, le mode et la médiane sont de 1 mois et

l’écart-type de 0,7 mois, ce qui illustre des pratiques

similaires au sein des ménages quant aux quantités et au

mode de gestion des stocks. Pour les bananes, le mode et la

médiane sont de 0 mois alors que l’écart type est de 3,5

mois. Ces chiffres laissent entrevoir le fait que certains ménages pratiquent la culture de bananes de

manière beaucoup plus « intensive » ou « extensive » que d’autres qui ne la pratique que dans une très

faible proportion.

Concernant l’utilisation des légumes, il faut noter qu’il s’agit de la seule culture dont la majorité de la

production est destinée à la vente. Ainsi, plus de 60% des légumes produits sont vendus par les ménages

producteurs. La production de légumes est donc avant tout considérée comme une activité génératrice

de revenus plus que comme une activité de subsistance bien qu’une partie non négligeable soit réservée

à la consommation des ménages.

La place importante que tient la vente dans l’utilisation de la production maraîchère explique que seuls

8% des ménages possèdent encore des stocks de l’année 2011. La difficulté de conservation des produits

maraîchers explique également le recours massif à la vente. La durée de stockage oscille entre 0 et 12

mois : certains ménages sont donc en capacité de stocker sur le long terme des produits comme les

légumes (même si la moyenne observée est de 1,4 mois et l’écart-type de 1,8 mois reste très faible). La

diversité des espèces cultivées fait que l’activité de maraîchage et la vente des produits se pratiquent

toute l’année.

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

33,30%

60,80%

2,60% 3,30%

Oui 8%

Non 92%

Oui 16%

Non 84%

Figure 35 : Ménages ayant des stocks de tubercules et bananes de 2011

Figure 36: Utilisation des légumes (sur les 12 derniers mois) Figure 37 : Proportion de ménages ayant des stocks de légumes

de 2011

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Intrants, infrastructures et contraintes

La productivité agricole, qui conditionne en partie la disponibilité en denrées alimentaires, est

étroitement liée à l’accessibilité en intrants agricoles et au bon fonctionnement des infrastructures

notamment d’irrigation et de stockage.

o Semences

61,70% des ménages déclarent utiliser des semences améliorées pour la culture des céréales, soit un

pourcentage bien au-dessus de la moyenne nationale (15% des ménages déclarent utiliser des semences

améliorées dans l’ENSA 2011). Il faut noter la forte proportion (près de 45%) des semences « agents

extension du gouvernement » fournies par des programmes gouvernementaux par le biais des BAC et

autres structures locales. Cette proportion démontre une bonne implantation de ce système et une

bonne connaissance des ménages alentours des possibilités d’approvisionnement en semences

améliorées par ce biais.

Les récoltes constituent la seconde source d’approvisionnement en semences, alors qu’elles sont la

principale source au niveau national. Avec seulement 19% des ménages qui s’approvisionnent auprès des

commerçants et sur les marchés locaux, la dépendance est assez réduite ainsi que la vulnérabilité à la

fluctuation saisonnière des prix.

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

21,80%

44,10%

9,30% 5,50%

19%

0,30%

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

Améliorées Normales Ne sait pas

61,70%

37,80%

0,50%

Figure 39 : Source des semences pour la culture des céréales Figure 38 : Types de semences pour la culture de céréales

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46

En matière de maraichage, 44,40% des ménages

utilisent des semences « agents extension du

gouvernement ». Seuls 21,6% des ménages

pratiquant le maraîchage dépendent des marchés

pour leur approvisionnement, ce qui réduit la

vulnérabilité générale des ménages maraîchers de la

zone face à la volatilité des prix sur les marchés.

Enfin, pour un peu plus du tiers des ménages, la

source des semences est la récolte antérieure ou

l’approvisionnement auprès d’autres agriculteurs. Le

faible taux d’approvisionnement auprès de

groupements d’agriculteurs peut être interprété

comme la conséquence de la faible présence de ce

type d’organisations et de la structuration limitée

des maraîchers. Enfin, bien qu’en proportion très

réduite, la présence d’ONG dans la distribution des

semences est représentative de l’importance conférée par de nombreuses ONG actives dans la zone au

maraîchage en tant qu’activité génératrice de revenus et pourvoyeuse de diversité alimentaire.

o Engrais

Alors que l’utilisation d’engrais chimiques est, selon le

CNSA, assez peu répandu au niveau national, les

données relevées dans la zone d’enquête montrent

que plus de 90% des ménages ont recours à des engrais

chimiques industriels pour la culture des céréales.

L’Artibonite est le département où l’utilisation

d’engrais chimiques est le plus répandu avec une

couverture d’environ 40% toutes cultures confondues.

Les chiffres relatifs aux deux localités enquêtées sont

donc particulièrement élevés. Les exploitations

agricoles céréalières dans la zone ne se réduisent donc

pas à une agriculture de subsistance.

L’utilisation d’engrais organiques, en revanche, est assez peu répandue. Ceci peut être principalement dû

à un manque de connaissance des modes de production et d’utilisation de ce type d’engrais, pourtant

facilement accessibles même pour les ménages les plus vulnérables.

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

80,00%

90,00%

100,00%

Chimique industriel

Organique Aucun ne sait pas

90,70%

0,80% 7,80%

0,80%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

40%

45% 1

9%

44

,40

%

0,7

0%

8,5

0%

5,2

0%

21

,60

%

0,7

0%

Figure 41 : Type d'engrais utilisé pour la culture des céréales

Figure 40 : Source principale des semences pour le maraichage

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o Irrigation

Concernant l’irrigation des parcelles céréalières, la couverture en infrastructures est presque totale avec

seulement 1% des ménages dépendant d’une irrigation manuelle ou uniquement des précipitations. Les

infrastructures d’irrigation sont largement développées pour le maraîchage, activité qui requiert d’ailleurs

une bonne irrigation. Ainsi 71,20% des ménages cultivant des légumes recourent aux canaux pour

l’irrigation de leurs cultures quand 9,2% ont accès à un système mécanique et 15% à une pompe

manuelle, tandis que seuls un peu plus de 4,5% des ménages dépendent d’une irrigation manuelle ou

uniquement de la pluviométrie.

o Capacités de stockage

La problématique du stockage est fondamentale dans l’analyse de la sécurité alimentaire des ménages.

En effet, si aucune possibilité de stockage n’est disponible, la conservation des récoltes peut s’en trouver

grandement affectée et, partant, le rendement des exploitations et la capacité des ménages à gérer leur

consommation.

0,00%

20,00%

40,00%

60,00%

80,00%

100,00%

2,50% 0,50%

96%

0,50% 0,50% 0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

80,00%

9,20% 15%

71,20%

2,60% 2%

Non 19%

Oui 81%

Non 35%

Oui 65% 0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00% 45,80%

2,60%

32,20%

1,90% 1%

16,50%

Figure 42 : Type d'irrigation utilisée pour la culture des céréales

Figure 43 : Type d'irrigation pour le maraichage

Figure 44 : Capacité de stockage au domicile

Figure 45 : Lieu de stockage Figure 46 : Capacité de stockage au niveau communautaire

domicile

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Entre les possibilités de stockage à domicile et les équipements communautaires, la grande majorité des

agriculteurs ont les moyens de stocker tout ou partie de leur production. 91,60% des ménages stockant

leurs récoltes à l’extérieur déclarent avoir une capacité de stockage suffisante. Selon les déclarations des

enquêtés, les pertes dues à de mauvaises conditions de stockage sont limitées : pour 77,7% des ménages

elles sont nulles et seulement 1,60% des ménages mentionnent une perte totale des stocks suite à un

stockage inadéquat. Cependant, il convient de noter que 45,80% des ménages stockent leurs produits à

l’intérieur des maisons, ce qui ne représente pas la meilleure option pour la conservation et l’hygiène

collective. Dès lors les conditions de stockage ne sont vraisemblablement pas aussi optimales que

peuvent le laisser penser les premières observations.

o Contraintes

75% des ménages pratiquant l’agriculture déclarent avoir rencontré des difficultés liées à la production,

tous types de contraintes confondus.

Trois contraintes principales se dégagent à l’observation du graphique ci-dessous (figure 44) : le manque

d’irrigation disponible, le manque d’argent pour l’achat d’intrants/semences/irrigation et le manque

d’engrais.

Lors de l’enquête ENSA de 2011, 46% des ménages au niveau national citaient le déficit de pluie comme

la principale contrainte. La mention du manque d’irrigation comme contrainte principale (alors que

l’irrégularité des pluies était également proposée dans le questionnaire) démontre une prise de

conscience par les ménages de l’importance de l’irrigation pour faire face aux épisodes de déficit

hydrique.

0,00% 5,00% 10,00% 15,00% 20,00% 25,00% 30,00%

Manque d'irrigation disponible

Manque d'argent pour intrants/semences/irrigation

Manque d'engrais disponibles

Irrégularité des pluies

Main d'œuvre inadéquate

Manque de services de soutien (ex: extension)

Inondations

Parasites/maladies

Manque semences/plants dispo

Disputes foncières

Mauvaises semences/plans

Sols pauvres

Erosion du sol

Insécurité

Chocs climatiques

29,60%

29,40%

18,50%

6,50%

3,30%

4,10%

2,70%

2,40%

1,50%

0,70%

0,50%

0,30%

0,10%

0,10%

0,10%

Figure 47 : Contraintes rencontrées par les ménages dans l’agriculture

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Cependant, la mention du manque d’irrigation disponible

comme principale contrainte doit être analysée en

prenant compte des données sur la production agricole

dans la mesure où 96% des ménages cultivent le riz et

71,2% de ceux cultivant les légumes déclarent avoir accès

à l’irrigation via des canaux et rigoles. Cette apparente

contradiction entre la disponibilité de l’irrigation et les

contraintes liées à l’agriculture s’explique par le fait que,

bien qu’un grand canal d’irrigation traverse les zones

enquêtées, dans les faits, de nombreux ménages ne

peuvent profiter d’un accès à l’eau via ce canal et les rigoles qui lui sont reliées. En effet, si le canal existe,

l’eau ne parvient pas jusqu’à certaines exploitations à certaines périodes de l’année et notamment durant

celles de déficit hydrique. De plus, les canaux sont souvent bouchés ou dégradés, ce qui entrave la

circulation de l’eau dans toutes les exploitations. Dès lors, le système d’irrigation, bien qu’existant, n’est

que partiellement fonctionnel, de nombreux ménages souffrant d’infrastructures agricoles insuffisantes

ou en mauvais état22.

Les deux autres principales contraintes ont trait avant tout aux problèmes d’accès aux services agricoles

de base que représentent les intrants, les infrastructures d’irrigation et les engrais. Ces contraintes

relèvent de l’accès et de la disponibilité. Les problématiques de

l’érosion, de la pauvreté des sols ou des chocs climatiques sont très

peu citées. Les contraintes que rencontrent les agriculteurs sont

donc exogènes et non pas inhérentes à la zone ou aux cultures développées.

L’évaluation de la qualité des parcelles par les ménages illustrent bien cette donnée :

Seuls 3,5% des exploitants considèrent que la qualité de la terre est

mauvaise. Les contraintes rencontrées sont donc, comme explicité

ci-dessus, très majoritairement liées à un manque de moyens ou à

l’indisponibilité ou la difficulté d’accès à des services de base.

Le riz étant la culture largement majoritaire, elle est naturellement

la plus touchée par toutes les contraintes citées par les

agriculteurs. Les céréales (riz, maïs et petit-mil), qui représentaient

en 2011 plus de 80% des cultures et près de 50% en 2012, sont les

espèces les plus touchées. En croisant les données collectées sur

les contraintes et sur les cultures les plus touchées, il apparaît

qu’aucune contrainte n’est citée spécifiquement en rapport avec une culture. Il s’agit de contraintes

globales qui s’appliquent à toutes les cultures et qui ont donc un impact d’autant plus sévère sur les

cultures les plus représentées.

Les trois raisons principales évoquées par les ménages pour l’absence de non mise en culture des

parcelles reflètent les contraintes généralement mentionnées.

22 A Fossé Naboth notamment, les focus groupes ont fait ressortir le fait que les récoltes sont souvent perdues par manque d’eau aussi bien pour les cultures vivrières que pour le maraichage qui demande une pompe

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

80,00%

Bonne Passable Pauvre Très pauvre

73,70%

22,80%

3,40% 0,10%

0% 5%

10% 15% 20% 25% 30% 35% 40%

40

%

15

,80

%

14

,70

%

8,4

0%

7,4

0%

5,3

0%

5,3

0%

2,1

0%

1,1

0%

Figure 49 : Estimation qualité de la terre par les ménages

Figure 48 : Causes de non exploitation pour la campagne 2011

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Il est à noter que 8,4% des ménages mentionnent la présence d’habitations temporaires sur leurs

parcelles. Mais le manque d’eau (irrigation et pluies) et le manque d’intrants (qui considère la

disponibilité et la capacité financière d’achat) restent les contraintes les plus citées.

Pour les ménages en insécurité alimentaire, les mêmes contraintes se retrouvent, bien que le manque

d’engrais et la main d’œuvre inadéquate soient des contraintes largement plus citées que pour la totalité

des ménages. La prévalence de ces deux contraintes chez les ménages en insécurité alimentaire illustre

le fait que ces derniers font avant tout face à des contraintes financières pour mettre en œuvre leurs

activités agricoles puisqu’ils ne peuvent accéder aux intrants ni se fournir en main d’œuvre en cas de

besoin. Les rendements sont naturellement affectés par ce type de contrainte. Concernant l’accès à

l’irrigation et aux intrants, les ménages en insécurité alimentaire ne mentionnent pas un accès plus faible

à celui des autres ménages. L’accès réduit à ces deux services est une contrainte partagée par tous les

ménages de la zone.

L’approvisionnement en intrants endette lourdement les ménages lors de la mise en culture23. Une

partie des récoltes est dès lors utilisée pour le remboursement. Parfois le produit des récoltes ne suffit

même pas au remboursement des dettes et donc ne permet aucunement de couvrir les besoins du

ménage en termes d’autoconsommation ou de génération de revenus.

23 Observation ressortant des Focus Groupes. A Fossé Naboth, un sac d’engrais coût 1750 HTG

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Elevage

o Répartition des ménages et cheptel

L’élevage est pratiqué en tant qu’activité principale uniquement par 0,2% des ménages. Il est avant tout

considéré comme une activité secondaire (par 3,4%) voire comme une troisième source de revenus (par

3%). Au niveau des exploitations agricoles, l’élevage joue généralement une fonction d’épargne

permettant aux ménages de faire face à des dépenses imprévues et aux évènements nécessitant de

grosses sorties d’argent comme la rentrée scolaire ou les achats d’intrants en début de campagne

agricole24.

Considéré par 6,6% des ménages comme une source de

revenu, l’élevage reste donc une activité peu répandue

dans la zone. Si au niveau national, 55% des ménages

pratiquent l’élevage, les deux localités enquêtées sont

bien loin de la moyenne nationale, d’autant plus que seuls

4% des ménages ont été en mesure de répondre aux

questions plus précises sur les caractéristiques de l’activité

d’élevage. Cette faible proportion laisse à penser que plus

de 2% des ménages pratiquant l’élevage le font à titre très

réduit et le considère comme une source de revenus très

occasionnelle ou comme une épargne.

La proportion de ménages pratiquant l’élevage est donc particulièrement faible dans la zone, le nombre

moyen d’animaux possédés par les ménages sur les 12 derniers mois permet d’obtenir un meilleur aperçu

de l’état de cette activité :

Figure 51 : Cheptel moyen par ménage

Bœuf Ane et Mulet

Cheval Cabri Mouton Porcin Volaille

Ménages de la zone 3.27 0.53 1.58 4.48 0.65 3.58 12.4 Ménages en insécurité alimentaire modérée

3.15 0.25 1.44 4.18 0.92 3.16 12.51

Ménages en insécurité alimentaire élevée

2.36 0 1.25 3.30 0 5.19 5.85

Si la prévalence de l’élevage est plus faible dans la zone enquêtée que dans de nombreuses zones du

pays, le nombre moyen d’animaux possédé par les ménages y est en revanche légèrement supérieur.

24 ENSA, 2011

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

Agriculture Elevage Pêche/chasse

63

,20

%

0,2

0%

2,9

0%

15

,50

%

3,4

0%

1,2

0%

4,8

0%

3%

0,6

0%

Principale Secondaire Tertiaire

Figure 50 : Agriculture, élevage et pêche en termes de sources de revenus

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52

Certains types d’animaux dominent l’activité d’élevage. Avec des cheptels pouvant aller jusqu’à une

trentaine pour les bovins, les porcins et les cabris et une centaine pour les volailles, on observe que ces

types de bétails sont sensiblement mieux représentés dans les cheptels. Un écart-type de 14,7 pour la

volaille illustre le fait que certains exploitants possèdent ce type d’animaux en quantité alors que d’autres

ménages n’en possèdent que quelques têtes, probablement en qualité de revenus additionnels et

d’épargne (médiane de 8 et mode de 2). L’élevage de volaille est de fait le plus répandu. Concernant les

trois autres types d’élevage les plus répandus, les écarts-types sont moindres car ces activités sont moins

pratiquées.

Pour les ménages en insécurité alimentaire, on remarque que le nombre moyen de têtes est assez

similaire à la moyenne générale de la zone bien que l’on observe pour presque tous les types d’animaux

une légère baisse du nombre de têtes proportionnelle à l’augmentation du niveau d’insécurité

alimentaire. L’élevage du cochon en revanche est plus répandu chez les ménages en insécurité

alimentaire élevée. Avec 29,20% des ménages en insécurité alimentaire qui pratiquent l’élevage, il faut

noter que la proportion de ménages pratiquant l’élevage est plus importante chez les ménages en

insécurité alimentaire que dans les ménages de la zone en général. Pratiqué de manière non extensive,

l’élevage ne semble pas avoir un impact positif net sur la sécurité alimentaire des ménages qui

n’utilisent pas cette activité pour pallier leurs carences nutritionnelles ou augmenter de manière

significative leurs revenus.

o Contraintes dans l’élevage

Près de 80% (77%) des ménages pratiquant l’élevage déclarent avoir rencontré d’importantes difficultés

dans la production au cours des 12 derniers mois qu’atteste un taux de mortalité élevé : 60,24% pour la

volaille, 66,2% pour les porcins, 30,77% pour les moutons, 35,71% pour les cabris, 34,18% pour les

chevaux, 25% pour les bovins.

Hormis pour les bovins, la capacité de

renouvellement des cheptels (l’augmentation d’une

année sur l’autre) semble réduite au regard des

chiffres de cette année.

0

2

4

6

8

10

12

14

3,2

7

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3

1,5

8

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0,6

5

3,5

8

12

,4

0,8

2

0,8

8

0,5

4

1,6

0,2

2,3

7

7,4

7

Nombre de tête sur les 12 derniers mois Nombre de morts sur les 12 derniers mois

Figure 52 : Mortalité des têtes de bétails (sur les 12 derniers mois)

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53

Concernant la typologie des contraintes rencontrées par les ménages dans la pratique de l’élevage, un

problème apparait largement : celui des parasites et des maladies. Viennent ensuite le manque de

nourriture, le vol et le manque de services de développement agricole. Cette dernière contrainte est

directement liée à la première. En effet, le manque de service de développement agricole et de services

de production et de santé animale est flagrant dans la zone. Il y a ainsi très peu de solutions pour les

ménages pour faire face efficacement aux diverses maladies, épidémies ou parasites qui affectent les

cheptels et sont principalement responsables du taux élevé de mortalité relevé plus haut.

Les porcs et la volaille sont particulièrement touchés par les maladies et parasites, avec respectivement

50,9% et 54,6% des ménages qui considèrent ces deux espèces comme les plus touchés par ce problème.

L’élevage porcin est le plus répandu parmi les ménages en insécurité alimentaire élevée. Il est aussi le

plus sensible aux contraintes extérieures, n’apportant pas au final d’amélioration substantielle en

termes alimentaires et économiques. La valeur ajoutée de l’élevage porcin est faible.

Le manque de nourriture est considéré par une majorité de ménages comme ayant un impact sévère

(31,9%) voire très sévère (13,7%). Les problèmes liés aux maladies et aux parasites sont eux considérés

par 52,2% comme sévère et 59,6% comme très sévère. L’impact du vol est également important, 21,9% le

considèrent très sévère et 11,9% sévère.

Pêche

La pratique de la pêche est très peu répandue dans les deux

localités enquêtées. Seuls 8% des ménages la pratiquent, dont

1% le font en communauté ou en association.

0,00% 5,00%

10,00% 15,00% 20,00% 25,00% 30,00% 35,00% 40,00% 45,00% 50,00%

0,2

0%

0,2

0%

0,7

0%

17

,80

%

3,7

0%

5,4

0%

0,2

0%

12

,40

%

50

%

2,9

0%

6,3

0%

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

14,40%

22,50%

28,10%

7,40%

27,70%

92%

7%

1% Non

Oui avec les membres du ménage

Oui en communauté/association

Figure 54 : Animaux les plus affectés par les contraintes dans l’élevage Figure 53 : Contraintes rencontrées dans l’élevage

Figure 55 : Proportion de ménages pratiquant la pêche

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Les graphiques ci-dessus rendant compte de l’utilisation faite par les ménages des produits de la pêche

montrent que la majeure partie de ces derniers est destiné à la vente. Ainsi plus de 78% des ménages

destinent à la vente plus de la moitié de leur pêche. Il s’agit donc pour la majeure partie des ménages

d’un revenu additionnel qui fait l’objet d’une commercialisation, principalement par les femmes.

Plus de 20% des ménages font tout de même entrer le produit de leur pêche dans la consommation du

ménage, mais le poisson reste un aliment assez peu consommé dans les zones et relève principalement

d’une activité commerciale.

Les ménages qui pratiquent la pêche sont également

confrontés à un certain nombre de difficultés, mais

contrairement aux autres secteurs tels que l’agriculture ou

l’élevage, la proportion de ménages déclarant faire face à

des contraintes dans la pratique de la pêche est

relativement réduit (27% seulement):

Les contraintes les plus courantes concernent la

diminution du nombre de poisson/crustacés, les aléas

climatiques et un matériel inadéquat. La première

contrainte citée étant la diminution des espèces. Il faut

noter qu’une intensification de la pratique de la pêche

aurait probablement un impact sévère sur

l’environnement et représenterait une augmentation

importante du nombre de ménages déclarant faire face à ce type de contraintes. L’utilisation de matériel

inadapté doit avoir également un impact important sur le rendement.

Concernant le degré d’impact des différentes contraintes citées, les personnes enquêtées mentionnent

un impact sévère pour toutes les contraintes. Le qualificatif « très sévère » est assez peu répandu.

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30%

Diminution nombre poisson/crustacés

Aléas climatiques

Sécheresse (pour pêche en rivière)

Matériel inadéquat

Moyen de transport inadéquat

Baisse des prix des marchés

Main d'œuvre insuffisante

28%

24%

8%

20%

10%

6%

4%

Figure 58 : Type de contrainte rencontrée par les ménages pratiquant la pêche

9,50%

16,70%

61,90%

11,90%

Tout Plus de moitié Moins de la moitié Rien

9,80%

68,30%

17,10%

4,90%

Tout Plus de la moitié Moins de la moitié Rien

Figure 56 : Part de la consommation dans l'utilisation des produits de la pêche

Figure 57 : Part de la vente dans l'utilisation des produits de la pêche

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55

Accès aux services de base

Si les sections précédentes ont permis de mettre au jour les contraintes principales agissant

négativement sur les activités d’agriculture, d’élevage et de pêche, il convient de revenir rapidement sur

l’accès global aux services de base. Les services considérés sont l’épargne et le crédit, l’irrigation, les

services de vulgarisation agricole, de production et de santé animale et les intrants agricoles.

La première observation devant le graphique ci-dessus est la pauvreté de la zone en termes d’accès à

tous les services considérés et principalement pour l’épargne et le crédit et la vulgarisation agricole

(culture, élevage, pêche).

Il existe très peu de structures adéquates pour l’obtention de crédit ou la constitution d’épargne, cette

caractéristique de la zone impacte ainsi nettement les activités agricoles, d’élevage et de pêche pour

lesquelles la présence de telles opportunités permettrait d’augmenter les revenus pour les ménages.

La présence de services de production et de santé animale est également très réduite, plus de 65% des

personnes interrogées déclarent que le service n’est pas disponible alors que 27,20% affirment que

l’accès y est très faible. Ces données expliquent largement les contraintes rencontrées par les ménages

pratiquant l’élevage et la forte mortalité au sein des cheptels, quel que soit le type d’élevage pratiqué.

L’accès aux intrants agricoles et au système d’irrigation est moins problématique pour les ménages.

Néanmoins, comme les analyses dans les sections précédentes l’ont montré, la problématique de

l’entretien et de l’amélioration des systèmes d’irrigation est à considérer comme un point essentiel de

toute activité agricole. Enfin, si l’accès aux intrants est moins problématique, la question de l’accessibilité

financière est en revanche importante, les ménages s’endettant lourdement pendant les périodes de

mise en culture ; entravant ainsi leur capacité de réponse et de résilience face à une éventuelle situation

de crise.

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

80,00%

90,00%

Epargne et credit Système d'irrigation

Services de vulgarisation

agricole

Services de production et de

santé animale

Intrants agricoles

82

,40

%

27

%

86

,40

%

66

,70

%

44

,70

%

14

,30

%

37

,90

%

9,6

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27

,20

%

46

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%

2,5

0%

26

,80

%

2,7

0%

4,3

0%

6,3

0%

0,7

0%

8,3

0%

1,3

0%

1,8

0%

2,5

0%

Service n'existe pas

Accès faible

Accès passable

Accès bon

Figure 59 : Niveau d'accès aux services agricoles

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Les ménages ont été également interrogés sur leur conception de l’importance des services. Il convient

de noter que l’épargne/crédit, l’irrigation et les intrants agricoles apparaissent comme les services

considérés comme les plus importants par la majorité des ménages. Moins de 4% des ménages

considèrent chacun de ces services comme non prioritaires. En revanche, les services de vulgarisation

agricole et de santé animale ne sont pas considérés comme une priorité par 15% des ménages interrogés,

alors que près de 30% des ménages considèrent qu’il s’agit de la première priorité et plus de 30% de la

seconde priorité. Il y a donc une grande disparité dans la prise en compte de l’importance de ces deux

services. Si des disparités apparaissent dans la classification des services en termes de priorités, il est à

observer que pour chaque service, environ 30% des ménages le considèrent comme leur première

priorité. Il y a donc une prise de conscience de l’importance de tous ces services sans privilégier

spécifiquement l’un d’entre eux.

Tous les ménages de la zone rencontrent les mêmes difficultés d’accès aux services de base, quel que

soit leur situation en termes d’insécurité alimentaire.

Conclusions sur la disponibilité alimentaire

La disponibilité des denrées alimentaires sur les marchés des zones enquêtées est bonne voire très bonne. L’indisponibilité des denrées n’est donc pas un facteur déterminant de l’insécurité alimentaire. La principale contrainte exprimée étant le manque de moyens financiers ou le prix trop élevé des denrées, les difficultés d’approvisionnement ressortent principalement d’un problème d’accessibilité financière. En revanche, il faut noter que la disponibilité alimentaire dépend également du niveau de production des ménages, dont la majorité a l’agriculture comme source de revenus principale. A ce niveau, la faiblesse de la production et surtout le manque de diversité impacte fortement la sécurité alimentaire des ménages. Le manque de services agricoles de base et de services financiers est particulièrement prégnant dans la zone. L’endettement des ménages à chaque saison de semis et donc la part de production réservée au remboursement des dettes représente un facteur important affectant le statut alimentaire des ménages. Concernant les facteurs identifiés impactant directement la situation de sécurité alimentaire, il faut noter que l’accès à la terre reste déterminant. L’enquête a ainsi révélé des superficies moindres et une sécurité foncière plus faible chez les ménages en situation d’insécurité alimentaire. Le manque de diversification de la production a également des conséquences sur la nutrition. En effet, bien que toute la zone soit marquée par une forte prévalence du riz, les ménages en insécurité alimentaire cultivent moins de légumes, tubercules et bananes que les autres ménages. La faible mise en valeur de l’élevage est également à noter dans les zones d’enquête. Contrairement à d’autres zones du pays, la pratique et l’apport financier de l’élevage est particulièrement faible pour une activité pourtant à forte valeur ajoutée potentielle.

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57

7. Accessibilité aux denrées

Le chapitre précédent a mis en lumière le fait que si des actions doivent être conduites pour améliorer la

productivité agricole de la zone, c’est bel et bien la problématique de l’accessibilité financière qui semble

impacter le plus lourdement la situation alimentaire des ménages de la zone. L’accès aux aliments

découle de facteurs liés au marché et aux prix des aliments, de même que par le pouvoir d’achat des

ménages qui est lui-même lié à l’emploi et aux opportunités des moyens d’existence. Le chapitre qui suit

s’attachera donc à analyser ces différentes variables et leur impact respectif sur la situation des ménages

de la zone d’enquête.

7.1 Dépenses des ménages

Structure des dépenses

Il a été demandé aux ménages d’estimer les dépenses en gourdes (HTG) affectées durant le dernier mois

à des postes de dépenses spécifiques. Ces informations ont permis de calculer d’une part le coefficient

budgétaire associé à l’alimentation et d’autre part les structures de dépenses des ménages.

L’alimentation représente, de loin, le premier poste de dépenses pour les ménages de la zone avec en

moyenne 41,95% des dépenses du dernier mois consacrés à l’alimentation du ménage. Ce chiffre reste

cependant inférieur à la moyenne nationale selon la dernière enquête CNSA (en moyenne 64% des

dépenses des ménages sont consacrés à l’alimentation avec une variation entre 53% et 73% selon le

niveau de richesse du ménage). La part moyenne des dépenses alimentaires pour l’Artibonite était

estimée à près de 70% lors de la dernière enquête CNSA. Ces données laissent donc entrevoir une forte

part d’autoconsommation des ménages, ce qui réduit l’importance du poste de dépense alimentaire dans

les dépenses globales. Seuls 0,5% des ménages ne déclarent aucune dépense pour l’alimentation et

dépendrait donc uniquement du rendement de leurs exploitations agricoles.

0,00%

20,00%

40,00%

60,00%

80,00%

100,00%

95

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%

72

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%

50

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%

42

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75

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%

11

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%

70

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%

8,7

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79

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15,00%

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45,00%

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41

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0,3

5%

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4,3

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4,5

3%

0,0

1%

Figure 61 : Principaux postes de dépenses des ménages Figure 60 : Structures des dépenses par ménage (pour le dernier mois

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L’éducation et la santé représentent les deux autres postes de dépenses les plus importants avec

respectivement 9,82% et 9,77%. Avec 72,50% des ménages qui déclarent des dépenses allouées à

l’éducation, on peut en déduire un taux assez élevé de scolarisation. L’énergie, l’habillement et les

transports ont également une part importante dans la structure des dépenses. La part allouée au

remboursement des dettes (4,53%), classé seulement en 8ème position, représente un élément important

qui accentue la vulnérabilité des ménages et entame leur capital économique. Près de 23% des ménages

(22,80%) doivent effectuer des remboursements suite à des dettes contractées antérieurement. Enfin, il

faut noter le fait que les impôts et les taxes représentent seulement 0,01% des dépenses des ménages.

Un seul ménage sur les 552 enquêtés a déclaré payé des impôts et des taxes. La faible mobilisation fiscale

qui caractérise la société haïtienne est ici largement illustrée et permet d’avancer une des explications

importantes au manque d’investissement en termes de services publics notamment au niveau

décentralisé.

Concernant la moyenne des dépenses totales sur le dernier mois, elle se situe bien au-dessus de la

moyenne nationale (moyenne mensuelle basée sur les dépenses annuelles) qui est de 2396 HTG selon la

CNSA alors que la moyenne des dépenses totales des ménages pour les zones enquêtées est de 15938

HTG. La médiane et le mode concernant les montants alloués à la nourriture sont de 5000 HTG, ce qui

montre une certaine homogénéité dans les sommes dépensées. Mais l’écart-type étant de 9521 HTG, on

comprend qu’il existe de grandes disparités dans les possibilités de dépenses pour les ménages. Avec un

écart type de près de 27000 HTG, les dépenses de santé représentent le poste le plus irrégulier selon les

ménages. Comme explicité ci-dessus, les données recueillies et traitées dans cette étude sont basées sur

les dépenses du dernier mois et ne correspondent pas à une moyenne établie sur les dépenses

mensuelles sur douze mois, contrairement à ce qui a été mis en place pour le calcul des moyennes

nationales par la CNSA. Dès lors, les données utilisées dans cette étude ne prétendent pas être

représentatives des allocations budgétaires des ménages sur l’année mais donnent un instantané basé

sur les dépenses du mois précédent l’enquête.

La diminution des stocks des ménages et la hausse des prix qui accompagnent la période de soudure

provoque naturellement une augmentation des dépenses liées à l’alimentation pour 48,10% des

ménages.

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Aliment

Education

Eau

Energie

Téléphone

Equipement …

Transports

Transferts

Remboursemen…

34,00%

91,70%

73,30%

59,20%

52,20%

87,50%

66,40%

58,50%

67,50%

48,10%

2,8

0%

11,60%

26,80%

8%

13,90%

10,20%

7,90%

17,90%

5,5

0%

12,10%

14%

39,80%

12,50%

19,60%

31,30%

24,60%

Egales à celle du dernier mois Supérieure à celle du dernier mois Inférieure à celle du dernier mois

Figure 62 : Structure des dépenses des ménages en période de soudure

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Pour le reste, la structure des dépenses change peu entre la période normale et la période de soudure

mais des baisses s’observent dans les postes de dépenses que l’on pourrait appeler secondaire tels que la

téléphonie, les équipements d’information, les transports.

Une augmentation des dépenses s’observe tout de même dans le domaine des transports chez 13,90%

des ménages, ce qui s’explique principalement par l’épuisement des stocks de ces ménages qui doivent

dès lors se déplacer au marché mais aussi probablement un approvisionnement plus réduit des

commerces de proximité pendant cette période, ce qui oblige les ménages à se rendre aux marchés des

plus grandes localités ou des communes. En période de soudure comme en période normale, la forte part

de dépenses consacrées au transport est à mettre en perspective avec la dépendance des ménages au

marché comme source d’approvisionnement principale. La longue distance qui sépare les ménages

ruraux des grands marchés, rares dans la zone enquêtée, grève lourdement le budget des ménages et

est à considérer comme un facteur majeur impactant négativement l’accessibilité des ménages aux

denrées alimentaires.

Comme mentionné précédemment, les localités enquêtées ne possèdent pas de marché. Les marchés

principaux sont plus éloignés, situés principalement à l’Esther et Pont-Sonde pour les résidents

d’Hautefeuille. Par conséquent, les ménages utilisent majoritairement les taxis-moto pour s’y rendre, ce

qui entraine un cout important et grève le budget du ménage, expliquant la part importante des

dépenses consacrées aux transports. De plus, une majorité des habitants de la zone ont rapporté une

augmentation constante des prix sur les marchés.

Concernant l’énergie, 26,8% des ménages déclarent une augmentation de la part des dépenses allouées à

ce poste, l’approvisionnement en bois de chauffage et de cuisson semble donc plus difficile ou du moins

plus coûteux en période de soudure. La baisse des dépenses en termes de transferts et de

remboursement des dettes peuvent avoir des conséquences sur les ménages dépendants des transferts

et pour la gestion des dettes. La période de soudure peut alors se traduire par une plus grande

vulnérabilité pour le ménage et une augmentation de la durée de remboursement et donc de la somme

finale.

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

Moins de 10min

Entre 10 et 20min

Entre 21 et 30min

Entre 31min et

1h

Plus d'1h

10

,90

%

21

,70

%

21

,70

%

18

,30

%

27

,40

%

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

A pieds Moto Voiture privée

dos d'animal

Transport en

commun

20,30%

56,80%

1,30% 0,20%

21,40%

Figure 64 : Moyen de locomotion utilisé par les ménages pour se rendre au marché

Figure 63 : Distance séparant les ménages du marché le plus proche

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Avant de passer au point suivant, il convient d’insister sur le fait que, en tant que données relatives à des

montants financiers, les chiffres mentionnés ci-dessus sont à prendre avec précaution. En effet, si les

tendances qui ont été analysées sont représentatives des habitudes de dépenses des ménages, il est

toujours difficile d’obtenir des données totalement fiables en matière de montant exacts des dépenses.

En effet, les ménages ont tendance à surestimer les dépenses qu’ils effectuent. Selon les enquêteurs,

même s’il existe une propension des ménages à surestimer les dépenses, le fait qu’elles soient largement

supérieures aux revenus peut également traduire une situation d’endettement chronique.

Sources des dépenses

Les revenus liés à l’agriculture, l’élevage et la pêche permettent de couvrir entre 43% et 63% des

besoins pour tous les postes de dépense. Les revenus liés à toute autre activité suivent presque tous la

même proportion alors qu’elles occupent seulement 35,87% des actifs contre 64,13% pour l’agriculture. Il

faut cependant mentionner le fait que les revenus de toutes les autres activités sont agglomérés.

Pour tous les postes de dépenses, les ressources financières proviennent à plus de 90% des revenus du

ménage. Le crédit et l’épargne sont des options très peu utilisées par les ménages.

Le recours au crédit est assez peu répandu mais on le retrouve le plus dans les dépenses de santé

(12,30%) qui demandent généralement de grosses sorties d’argent imprévues. L’alimentation représente

un poste de dépense où le crédit tient aussi une place non négligeable (9,3%) et les ménages font

0%

10%

20%

30%

40%

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63

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,60

%

Revenus des ventes de produits agricoles/élevage/pêche Autres revenus Crédit Epargne

Figure 65 : Sources des dépenses des ménages

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également appel au crédit dans les dépenses liées à l’éducation (9,3%) qui requiert une importante sortie

d’argent à des dates fixes et non modifiables.

Le recours à l’épargne est fort peu courant et concerne une infime partie en termes d’alimentation, santé

et éducation. Le poste de dépense où il est le plus usité est celui des équipements d’information

(télévision etc.), ce qui illustre un recours à l’épargne presque uniquement pour des achats secondaires.

En période de soudure, la structure des sources de dépenses varie assez peu. On observe cependant une

augmentation de la part des « autres revenus » pour tous les postes de dépenses, augmentation

inférieure à la marge d’erreur.

Ainsi la part des revenus agricoles dans les sources de dépense en période de soudure est comprise entre

42% et 57%. Les ménages recourent rarement à des solutions de type crédit ou épargne pour faire face

aux épisodes de manque en termes de nourriture. La proportion du crédit dans les dépenses alimentaire

augmente seulement de 0,2% lors de la période de soudure.

Si les dépenses augmentent largement pour l’alimentation pendant la soudure (cf. point précédent), les

sources de dépenses restent quant à elles les mêmes.

Ces observations seront à mettre en relation avec celles concernant les stratégies d’adaptation

alimentaire qui seront analysées dans le prochain chapitre, les ménages privilégiant l’ajustement par le

bas plutôt que le recours à des solutions/services extérieurs pourtant moins dommageable à la sécurité

alimentaire des individus du ménage. La structure des dépenses étant quasi-identique quelle que soit la

période de l’année, il n’existe pas vraiment de stratégie d’adaptation des dépenses chez les ménages.

0%

10%

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Revenus des ventes de produits agricoles/élevage/pêche Autres revenus Crédit Epargne

Figure 66 : Sources des dépenses des ménages en période de soudure

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7.2 Revenus des ménages

Sources de revenus

L’étude des revenus et des moyens de subsistance des ménages constitue un indicateur fondamental

pour l’accessibilité et la sécurité alimentaire des ménages étant donné que toutes les dépenses

(alimentaires et non alimentaires) en sont tributaires.

Etabli selon la méthodologie de la CNSA, le module sur les revenus visait à capturer les trois sources des

revenus les plus importantes en termes de montants dans quatre niveaux de détails : i) le domaine de

travail (ou transfert, rente foncière), ii) le type d’emploi, iii) le lieu d’emploi et le montant de revenu

généré mensuellement.

Considérant les domaines de travail, l’agriculture

représente pour 63,20% des ménages la principale

source de revenus, vient ensuite le commerce pour

15,80% des ménages et les services pour 9,80%.

Les autres domaines d’activité sont vraiment

marginaux en tant que source principale de revenus

et 0.5% des ménages déclarent n’avoir aucune

source de revenus.

Agriculture

Elevage

Pêche/chasse

Construction

Artisanat et production …

Production de sel marin

Commerce

Mendicité

Services

Vente de bois/charbon …

Transfert (nationaux)

Transfert (internationaux)

rentes

Pas d'autres sources de …

63,20%

0,20%

2,90%

1,50%

1,10%

0,20%

15,80%

0,20%

9,80%

1,50%

1,80%

0,90%

0,50%

0,50%

Agriculture

Elevage

Pêche/chasse

Construction

Artisanat

Commerce

Services

Vente de bois/charbon

Transferts (nationaux)

Transfert (internationaux)

Rentes

Pas d'autres sources de …

15,50%

3,40%

1,20%

1,20%

0,60%

12,20%

6,40%

1,40%

0,60%

0,80%

0,80% 56%

Agriculture

Elevage

Pêche/chasse

Construction

Commerce

Services

Vente de bois/cahrbon

Transfert (nationaux)

Transfert (internationaux)

Pas d'autres sources de …

4,80%

3%

0,60%

0,60%

2,40%

1,80%

0,60%

0,60%

1,80% 83,90%

Figure 68 : Source secondaire de revenus

Figure 69 : Troisième source de revenus

Figure 67 : Source principale de revenus

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Malgré la domination de l’agriculture et la forte place du commerce dans les sources de revenus

principales, on peut observer une certaine diversification dans les sources de revenus. 44% des ménages

possèdent une source secondaire de revenus, ce qui représente un pourcentage assez élevé de ménages

non totalement dépendant d’une seule source de revenus et pouvant dès lors compenser une perte dans

leur activité principale par des revenus alternatifs. De plus, 16,1% des ménages disposent d’une troisième

source de revenus. Concernant les sources secondaires et tertiaires de revenus, l’agriculture continue à

tenir une place prépondérante et le commerce et les services font toujours partie des activités

principales. L’élevage prend également de l’importance en tant que revenu secondaire et tertiaire.

Pour les ménages en insécurité alimentaire on retrouve la même répartition concernant la source de

revenu principale dans des proportions quasiment similaire. Il faut noter cependant un pourcentage

légèrement plus élevé (5,2%) de ménages considérant la pêche comme source de revenu principale. Les

ménages dépendant des revenus de la pêche sont ainsi particulièrement vulnérables face à l’insécurité

alimentaire parce que ne possédant ni terre, ni bétail.

La diversification des sources de revenus est cependant beaucoup moins courante chez les ménages en

insécurité alimentaire : seulement 30,54% des ménages en insécurité alimentaire déclarent avoir une

source secondaire de revenus (contre 44% pour la totalité des ménages), cette proportion descend à 22%

pour les ménages en insécurité alimentaire élevée. De plus, à peine plus de 3% des ménages en insécurité

alimentaire peuvent compter sur une troisième source de revenus.

On remarque ainsi que la dépendance à une seule source de revenus impacte clairement la situation

alimentaire des ménages. L’agriculture et le petit commerce, qui sont les principales sources de

revenus des ménages, ne permettent pas de couvrir les besoins alimentaires et nutritionnels des

ménages sans un apport de revenus complémentaire.

Comme il a été vu dans le chapitre précédent, la production agricole des ménages ne permet pas non plus

de couvrir les besoins en consommation alimentaire des ménages. Et les revenus tirés de la vente des

produits agricoles permettent à peine de rembourser les dettes contractées au moment du semis et

d’acheter les denrées alimentaires non produites au sein du ménage.

Pour ce qui est du commerce, il s’agit principalement de petit commerce, c'est-à-dire que les ménages qui

pratiquent cette activité (il s’agit principalement des femmes) se rendent dans les marchés principaux

pour acquérir des marchandises en gros et revendre ensuite au détail. Cependant, selon les focus groupes

qui ont réuni des femmes, cette activité est de plus en plus difficile à réaliser, les sommes disponibles

pour l’achat des marchandises diminuant proportionnellement en fonction de l’augmentation des prix sur

les marchés. La rentabilité de cette activité est donc largement entamée par la hausse des prix. Ainsi, sur

le marché de L’Estère, une marmite de pois s’achète au prix de 5 marmites de riz produits dans les

exploitations agricoles de la zone. En ajoutant le prix du transport qui augmente également

régulièrement, le commerce devient une activité de moins en moins lucrative, ne permettant pas aux

ménages qui le pratique de couvrir à lui seul et même en complément de l’agriculture, leurs besoins.

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Type, lieu et saisonnalité des emplois

Concernant le type d’emploi, l’activité réalisée à compte propre domine largement. En effet, 94,1% des

travailleurs agricoles le sont à compte propre, seuls 4% des individus le font en tant que journalier ou

travailleur occasionnel. De plus, des agriculteurs à compte propre peuvent également compléter leur

activité par des pratiques de travail journalier ou de travail temporaire. La pratique du commerce se fait

également largement à compte propre, et principalement par les femmes. Pour la pêche, la vente de bois

et l’artisanat, le travail à compte propre domine également bien que dans des proportions moindres. Les

secteurs de la construction, de l’artisanat et surtout des services observent une augmentation du

pourcentage de salariat. Le secteur de l’élevage est particulier dans la mesure où il est réalisé par des

journaliers/travailleurs temporaires dans sa quasi-totalité, ce qui met encore une fois en avant le

caractère spécifique de l’élevage dans la constitution des revenus et des dépenses des ménages. Les

mêmes proportions se retrouvent chez les ménages en insécurité alimentaire.

Concernant le lieu où les ménages exercent leurs activités génératrices de revenus, la majorité d’entre

elles se déroulent dans la localité. L’exploitation de parcelles agricoles à compte propre étant par nature

une activité sédentaire, cette observation n’est pas surprenante. Toutes les activités relevant du secteur

primaire se déroulent dans la localité habitée. Les ménages ayant des activités relevant des domaines

secondaires et tertiaires se déplacent un peu plus dans les localités voisines.

Comme expliqué ci-dessus, le commerce étant principalement basé sur un approvisionnement en gros

dans les plus grandes localités, les travailleurs se déplacent. La construction et l’artisanat requièrent

également une certaine mobilité des travailleurs. La mobilité reste cependant très limitée, la majeure

partie des activités se déroulant dans les localités avoisinantes. Il n’y a ainsi pas de mouvements de

migration saisonniers ou d’habitudes de mobilité selon des catégories de population. La main d’œuvre

journalière pour les travaux agricoles étant principalement recrutée dans la zone.

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

95,5

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18,20% 30,8

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20% 42,9

0%

29,8

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4,50% 20%

28,6

0%

31%

94

,10

%

96

,60

%

77

,30

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69

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% 28

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36,9

0%

Journalier/travailleur occasionnel Salarié A compte propre N/A

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%

100%

92

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95

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%

95

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%

84

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70

%

64

,30

%

81

%

7,30%

28,2

0%

30

%

35,7

0%

17,90%

Dans sa localité Dans une autre localité du pays

A l'étranger N/A

Figure 70 : Type d’emploi Figure 71 : Lieu d'emploi

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A l’observation du calendrier des activités économiques, on remarque que 50% des emplois se déroulent

sur toute l’année. L’agriculture notamment est considérée par 52,5% des ménages comme se pratiquant

toute l’année, démontrant ainsi que la majorité des ménages exploitants agricoles procèdent à toutes les

campagnes agricoles et notamment à deux récoltes de riz par an (bien que cela ne soit pas le cas tous les

ans car soumis aux aléas climatiques). De plus, en dehors des périodes de récolte, celles de semis

occupent une grande partie du calendrier agricole. Dès lors, l’agriculture occupe les ménages à près de

90% plus de 6 mois de l’année. Pour les autres activités, il n’existe pas vraiment de saisonnalité, sauf pour

les activités de construction et de service qui peuvent apparaître comme une activité complémentaire sur

quelques mois de l’année.

Montant des revenus

Comme dans la section consacrée aux dépenses des ménages, les données financières relatives aux

revenus des ménages sont à considérer avec précaution car souvent difficilement évaluée par les

ménages. Il s’agit de plus d’une information difficile à obtenir pour les enquêteurs.

Les ménages ont été interrogés sur le montant de revenus générés mensuellement :

Figure 73 : Revenus mensuels moyen (en HTG) par ménage

Médiane Moyenne Ecart-type

Insécurité alimentaire élevée

1600

3611

6373

Insécurité alimentaire modérée

2750

5022

7173

Sécurité alimentaire modérée

2700

5221

6379

Sécurité alimentaire élevée

3250

5366

5636

Total 2500

4907

6649

0%

20%

40%

60%

80%

100%

Agriculture Commerce Elevage Pêche/chasse Vente de bois/charbon

de bois

Artisanat et production

manuelle de biens

Construction Services

52

,50

%

84

,60

%

77

,30

%

81

,80

%

76

,90

%

90

%

57

,10

%

60

,20

%

36,80%

8,70% 13,60% 9,10% 15,40%

14,30% 20,50%

8,40% 10% 9,10% 4,50% 7,70%

28,60% 14,50%

Toute l'année Entre 6 et 12 mois Entre 3 et 6 mois Moins de 3 mois Uniquement en période de sourdure

Figure 72 : Temporalité des activités

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Le premier constat concerne le fait que l’insécurité alimentaire est bien directement liée au niveau de

revenus des ménages.

Ainsi, les ménages en insécurité alimentaire élevée déclarent des revenus moyens inférieurs de 32,7% à

ceux des ménages en situation de sécurité alimentaire élevée. En revanche, les ménages en insécurité

alimentaire modérée ne présentent un différentiel que de 6,4% avec les ménages en situation de sécurité

alimentaire élevée. Si le niveau de sécurité alimentaire augmente avec le niveau de revenu, il faut ainsi

noter qu’il existe un écart important entre les ménages en situation d’insécurité alimentaire élevée et

ceux en situation d’insécurité alimentaire modérée dont le niveau de revenus se rapproche plus de celui

des ménages en situation de sécurité alimentaire. Bien qu’il faille prendre en compte le fait que ces

observations sont basées sur les moyennes et que les écarts-types sont relativement élevés pour chaque

catégorie de ménages ; deux analyses peuvent être faites ici.

Tout d’abord, les ménages en insécurité alimentaire élevée avec un niveau de revenus bien inférieur à

celui des autres tranches de la population représentent une frange particulièrement vulnérable sur le

long terme puisqu’elle est dans l’incapacité de faire face en cas de chocs et de faire des investissements

ou d’assurer une épargne.

Ensuite, il est important de noter que les trois autres catégories de ménages (selon la situation de

sécurité alimentaire) ont finalement des niveaux de revenus très proches. Les ménages en insécurité

alimentaire modérée ont un niveau de revenu légèrement inférieur à celui des ménages en situation de

sécurité alimentaire, avec un différentiel de 200 HTG par mois, il semble que la frontière soit assez

poreuse entre l’insécurité alimentaire modérée et la sécurité alimentaire modérée. Cependant, les

revenus moyens des ménages en insécurité alimentaire modérée ont l’écart-type le plus important, ce qui

illustre une certaine disparité au sein de cette catégorie. Mais ce qui mérite d’être souligné ici c’est le fait

que les ménages en situation de sécurité alimentaire modérée et élevée peuvent rapidement, en cas de

chocs (économiques ou climatiques), basculer dans la frange de la population en situation d’insécurité

alimentaire, au regard des faibles écarts de revenus.

Ainsi, l’étude des niveaux de revenus moyens a permis de vérifier l’hypothèse selon laquelle l’insécurité

alimentaire est principalement liée à la faiblesse des revenus mais également de mettre en avant la

vulnérabilité globale de la zone enquêtée.

Pour tous les ménages, quelle que soit leur situation en termes de sécurité alimentaire, les revenus du

ménage sont constitués en majorité par ceux générés par les activités agricoles. En moyenne, le produit

de l’agriculture représente 85% des revenus totaux. Ce pourcentage atteint 87% pour les ménages en

insécurité alimentaire (élevée et modérée) et 83% pour les ménages en situation de sécurité alimentaire.

Les difficultés rencontrées par les ménages dans la bonne conduite des travaux agricoles influent donc

directement le niveau de revenus global et la situation de sécurité alimentaire.

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Concernant les revenus moyens par type d’activité et par ménage, les données collectées sont les

suivantes :

Figure 74 : Revenus mensuels moyen (en HTG) par type d’activité

Concernant les activités agricoles, près de 40% des ménages ne sont pas en mesure d’évaluer les revenus

générés par l’exploitation agricole. Ce qui démontre une activité agricole principalement axée sur un

objectif de survie, une agriculture vivrière dans laquelle la question du rendement et de la génération de

revenus fixes et suffisant n’est pas systématiquement prise en compte. Les revenus liés à l’élevage

semblent également difficiles à évaluer pour de nombreux ménages. Les activités de chasse et pêche, en

revanche, semblent être plus largement évalués par ceux qui les exercent et représenter une forte valeur

ajoutée pour certains ménages.

Les activités de vente de bois, d’artisanat et de construction représentent un revenu additionnel dont

l’apport est précisément évalué par ceux qui exercent ces activités fixes, non dépendantes des aléas

climatiques mais qui requièrent, dans le cas de la construction et l’artisanat, une formation

professionnelle ou du moins un savoir-faire qui, comme nous l’avons vu précédemment, ne sont pas très

répandus au sein des ménages enquêtés.

Les ménages ont également été interrogés sur

l’importance des transferts d’argent (venant de ménage

en Haïti ou à l’étranger) dans la constitution de leurs

revenus. La principale observation est qu’une proportion

assez faible de ménages reçoit des transferts réguliers.

Seuls 15% des ménages déclarent avoir reçu des

transferts d’argent durant les 12 derniers mois. Les

transferts représentent majoritairement un complément

de revenus et peuvent-être considérés comme limités

dans la zone d’enquête contrairement à la situation qui

prévaut dans d’autres zones du pays.

Revenu mensuel moyen en HTG

Médiane Ecart-type

Agriculture 3854.31 2500 4217.46

Commerce 3518.19 1800 5456.03

Elevage 4281.25 3000 4887

Pêche/Chasse 6728.57 5000 10263.68

Vente de bois 4126.92 2000 6523.57

Artisanat 4086.11 1000 6722.97

Construction 2589.29 2720.02

Services 4366.67 2225 7983.78

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

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40,00%

45,00%

11,50%

42,60%

3,30%

37,70%

4,90%

Figure 75 : Périodicité des transferts monétaires

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7.3 Crédit et épargne

Crédit

La quasi-totalité des ménages (91,1%) a sollicité des crédits durant les 12 derniers mois et 76,5%

d’entre eux l’ont fait durant la période de soudure, ce qui illustre l’état de vulnérabilité des ménages en

termes financiers et en termes de stocks durant la période de soudure. 87,6% des ménages qui ont

sollicité un crédit l’ont obtenu au cours de l’année et parmi les 76,5% qui en ont sollicité un pendant la

soudure, 64,9% l’ont obtenu. Il ne semble donc pas y avoir de plus grande difficulté à obtenir un crédit

durant la période de soudure.

Le type de crédit le plus fréquent est l’emprunt auprès de la famille ou d’amis (49,6%), le recours le moins

risqué pour les ménages. Viennent ensuite les crédits auprès des commerçants locaux (27,8%) et auprès

d’usuriers (20,6%). Les crédits auprès de coopératives, de caisses populaires ou de banques sont très peu

répandus, ce qui atteste de la faible présence de ces institutions et de leur faible taux de couverture.

En ce qui concerne les banques, la difficulté pour les ménages de fournir les garanties demandées par les

banques traditionnelles entre très certainement en compte dans le faible taux de recours à ce type de

crédit qui offrent pourtant généralement les taux d’intérêt les plus faibles. D’autre part, il faut mettre en

parallèle le taux élevé du recours au crédit avec le faible pourcentage que représente l’utilisation du

crédit dans les dépenses et ainsi souligner le fait que les crédits se font généralement pour de petites

sommes et particulièrement pour couvrir des dépenses imprévues.

Concernant les montants des crédits, si la valeur la plus courante (5000 HTG) est la même pour les deux

périodes, il existe de grandes disparités entre elles. Ainsi, la moyenne des crédits contractés pendant la

période « normale » est de 13 418 HTG alors qu’elle est de 5 819 HTG pendant la soudure et les écarts-

types sont respectivement de 17 920 HTG et 8 740 HTG. La demande et l’accès plus élevé en termes de

crédit sur l’année entière et les données concernant les montants montrent que la période de soudure se

traduit par une contraction des sommes allouées aux ménages et soulignent le fait que les crédits sont

plus facilement débloqués en dehors de cette période et pour des sommes plus importantes.

0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00% 70,00% 80,00% 90,00%

100,00%

Pendant les 12 derniers mois

Pendant la dernière période

de soudure

91

,10

%

76

,50

%

87

,60

%

64

,90

%

Sollicitation de crédits Obtention du crédit

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

35,00%

40,00%

45,00%

50,00%

49

,60

%

27

,80

%

20

,60

%

0,3

0%

0,5

0%

0,3

0%

0,6

0%

0,2

0%

0,2

0%

Figure 77 : Type de crédit contracté par les ménages Figure 76 : Demande et accès au crédit

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cces

sib

ilité

au

x d

enré

es

69

Les crédits contactés pendant la période de soudure le sont sûrement davantage pour faire face à des

difficultés et les ménages tentent donc d’en limiter les montants. En période « normale » en revanche les

crédits peuvent être liés à des investissements et donc représenter des sommes plus importantes.

Epargne

Le faible taux d’épargne est également à mettre en regard avec le recours au crédit :

Le manque d’argent est donc à la base du faible pourcentage

d’épargne au sein des ménages enquêtés et il faut noter l’absence

totale de banques, coopératives ou caisses communautaires dans le

traitement de l’épargne dans la zone. La tontine est pour 99% des

épargnants la solution adoptée pour la constitution d’une épargne. Il

n’y a donc pas d’épargne individuelle.

Seuls 0,8% des ménages déclarent l’absence de structures comme

l’obstacle principal. Ainsi ce n’est pas tant l’absence des structures

qui est à mettre en avant mais la difficulté d’accès à ces structures.

Non 69%

Oui 31%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

Tontine (Sol, sangl, sabotay)

Espèces conservées à la maison

Autres types

99%

0,50% 0,50%

Manque d'argent

Désintérêt Absence de

structures

Peur du vol

97

,90

%

1%

0,8

0%

0,3

0%

Figure 78 : Proportion de ménages ayant une épargne Figure 79 : Type d’épargne

Figure 80 : Raisons de non-épargne au sein des ménages

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enré

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70

Conclusions sur l’accessibilité alimentaire

Avec plus de 80% des ménages déclarant exploiter la terre et 63,2% des ménages dépendant de l’agriculture comme source de revenus principale, les contraintes qui pèsent sur la production agricole sont directement liées au manque de ressource qui empêche les ménages de couvrir leurs besoins alimentaires. Les Focus Groups ont largement fait ressortir le poids que représente l’endettement dans la structure des dépenses des ménages. Principalement pratiqué par les femmes, le petit commerce reste peu rémunérateur. Avec l’augmentation du prix des denrées sur les marchés principaux ainsi que la part importante que représentent les dépenses de transport dans la conduite de cette activité, le petit commerce tend à perdre de plus en plus sa valeur ajoutée (alors qu’il constitue une source de revenus complémentaire). Le coût des transports a également des conséquences directes sur les dépenses de tous les ménages. En effet, pour de nombreux ménages qui vivent dans des zones isolées, les marchés principaux sont éloignés de leurs lieux de vie. Or, les ménages s’approvisionnent à près de 80% dans les marchés. L’importance des dépenses de transport illustre ainsi les faiblesses des circuits de distribution et de transformation. Le niveau de sécurité alimentaire des ménages est directement lié au niveau de revenus. Le manque de diversification des revenus est également à mettre en avant. En effet, les ménages en insécurité alimentaire sont souvent dépendants d’une seule source de revenus, ce qui explique les faibles niveaux de revenus et rend dès lors ces ménages particulièrement vulnérables aux chocs. Enfin, le manque de services financiers tel que le crédit ou l’épargne ne permet pas aux ménages de répondre à des épisodes de manque, des chocs ou tout simplement à la période de soudure par des stratégies n’impactant pas négativement leur niveau de sécurité alimentaire. Les ménages adoptent des stratégies de réponse par le bas en terme de gestion du capital économique. Malgré une certaine disparité dans les niveaux de revenus des ménages de la zone, la section consacrée aux sources de revenus a mis en avant la faiblesse générale du niveau de revenus et donc la vulnérabilité des ménages dans leur globalité. Les faibles écarts de revenus entre les différents niveaux de sécurité alimentaire illustrent la facilité avec laquelle des ménages considérés comme en situation de sécurité alimentaire peuvent basculer dans l’insécurité alimentaire suite à un choc, même mineur.

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71

8. Utilisation

L’étude de l’utilisation porte sur la façon dont le corps optimise les différents aliments. Cette dimension

de la sécurité alimentaire est déterminée surtout par l’état de santé des populations. Les principes

d’hygiène, les stratégies de partage de la nourriture et d’adaptation ainsi que la nutrition sont des

variables agissant sur la bonne utilisation des aliments.

8.1 Préparation et conservation de la nourriture

Combustibles

La quasi-totalité des ménages a recours à la cuisson au

feu de bois de manière quotidienne, que ce soit par le

biais de charbon ou de bois brut. Aucune source d’énergie

alternative à cette dernière n’est présente dans la zone.

L’utilisation de ce type de combustible pour la cuisson est

traditionnelle dans les ménages ruraux mais s’il n’a pas

d’impact négatif direct sur la qualité de l’alimentation,

l’impact environnemental du déboisement en Haïti ne

devrait pas être négligé même dans le cadre de

l’alimentation familiale. Avec seulement 2% de couverture

boisée et 63% de la superficie du pays constitué par des pentes supérieures à 20%25, Haïti est

particulièrement confronté à la menace de la déforestation et donc de la dégradation des sols par

l’érosion. La vulnérabilité des bassins versants face aux inondations et aux glissements de terrain est

notamment un enjeu important dans l’Artibonite, deuxième plus grand bassin versant du pays. Le

déboisement, l’érosion, la dégradation des sols sont autant de facteurs qui agissent négativement sur la

qualité des sols et donc impactent la productivité des terres agricoles avec des conséquences importantes

à long terme sur la sécurité alimentaire des ménages.

L’étude plus approfondie des pratiques des populations sur la coupe du bois de chauffe serait

intéressante pour analyser le type d’arbres et d’arbustes ainsi que le type de coupe qu’opèrent les

populations. En effet, la coupe peut s’effectuer sur des arbustes à la repousse rapide et ne pas

compromettre le développement futur de la végétation; il serait cependant utile d’analyser plus en

détails les pratiques pour déterminer si elles relèvent d’une utilisation raisonnée et durable du potentiel

énergétique ou si elles participent directement au processus de déboisement à long terme.

25 MARNDR/CESVI/ECHO ; Guide de référence sur les pratiques de prévention et de lutte contre l’érosion dans le département Sud Haiti ; 2012

0,00%

20,00%

40,00%

60,00% 49,80% 49,80%

0,20% 0,20%

Figure 81 : Combustibles utilisés pour la cuisson des aliments

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Sources et traitement de l’eau

Concernant l’alimentation en eau, on observe une certaine diversité dans les options

d’approvisionnement mais le mode le plus répandu est celui de l’approvisionnement direct auprès des

cours et points d’eau naturels. L’achat d’eau représente la seconde option la plus répandue avec 23.7%,

approvisionnement particulièrement sûr en termes de qualité de l’eau et donc de prévention des

maladies hydriques. L’accès à des puits protégés ou non protégés sont les deux dernières options les plus

répandues, les puits non protégés étant cependant vulnérables à la contamination par les sols

notamment lors des épisodes d’inondations relativement fréquents dans la zone.

Ainsi, plus de 50% des ménages s’approvisionnent avec de l’eau potentiellement impropre à la

consommation. Dès lors, l’observation des méthodes traitement de l’eau utilisées par les ménages est

primordiale pour obtenir un aperçu plus précis de la consommation d’eau potable dans la zone et donc

de l’impact que peut avoir la consommation de l’eau sur les ménages en termes de sécurité alimentaire.

49,5% des ménages traitent l’eau avec des aquatabs. Ce pourcentage recouvre presque en totalité la

proportion de ménages s’approvisionnant auprès de sources dangereuses en termes de qualité de l’eau

(50,9%) ; à ceux-là s’ajoutent les ménages qui traitent au moyen de filtres ou de chlorox. Le croisement

des deux variables (sources dangereuses et traitement de l’eau) démontre que plus de 80% des ménages

qui s’approvisionnent auprès de points d’eau non sécurisés traitent leur eau. On observe dès lors une

assez bonne proportion de traitement de l’eau de la part des ménages ce qui démontre d’une certaine

conscience de l’importance de la qualité de l’eau pour l’hygiène et la santé des ménages.

En revanche, 15,4% des ménages continuent à n’utiliser aucune méthode de traitement de l’eau, ce qui

les rend particulièrement vulnérables aux maladies hydriques et augmente ainsi leur vulnérabilité à la

malnutrition.

Robinet privé dans la …

Robinet …

Bouteilles/ sachets/ …

Puit protégé

Puit non protégé

Source aménagée

Source non aménagée

Eau de pluies, autre

Ruisseau, rivière, mare, …

0,20%

5,30%

23,70%

19%

11,80%

0,40%

0,20%

0,40%

39,10%

Aquatab

Chlorox/jif

Filtre avec linge

Filtre céramique, sable, autre

Autre

Pas de traitement

49,50%

11,80%

2,60%

19,20%

1,40%

15,40%

Figure 83 : Traitement de l’eau par les ménages Figure 82 : Sources d’approvisionnement en eau pour les ménages

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73

Conservation des denrées périssables

Si la grande majorité des ménages ont conscience du besoin de conserver la nourriture dans un endroit

fermé, le mode de conservation principal reste le récipient fermé ou les sacs.

Méthodes de conservation qui ne sont pas totalement à

l’abri du contact avec l’air ou de la contamination par des

agents extérieurs. De plus, le second mode de

conservation le plus fréquemment cité, bien que minime

par rapport au premier est celui de la conservation en

plein air, particulièrement inadapté à des denrées

périssables.

Moins de 1% des ménages possèdent un réfrigérateur.

Enfin, la transformation des produits est très peu

répandue, alors qu’il s’agit d’un moyen abordable et sûr

pour tous les ménages. La communication sur des

pratiques de transformation et leur généralisation

seraient un moyen efficace pour lutter contre la

mauvaise conservation des aliments.

Peu de ménages déclarent une perte importante de

nourriture qui serait due à une mauvaise conservation.

Ainsi, plus de la moitié des ménages estiment leur perte

minime mais près de 6% mentionnent la perte de la

quasi-totalité des denrées disponibles.

8.2 Stratégies d’adaptation alimentaire

Comme l’analyse des données présentée en amont l’a démontré, la prévalence d’une trop faible

consommation alimentaire et d’un accès réduit aux denrées est forte dans les deux localités enquêtées.

Dès lors il est important de se pencher sur la manière dont les ménages adaptent leur consommation à

cette situation en période normale comme lors d’épisodes de manque.

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

80,00%

90,00%

0,2

0%

8,3

0%

1,1

0%

0,2

0%

0,7

0%

0,2

0%

89,30%

5,80% 0,50%

3,30%

55,10%

Presque tout (plus de 75%)

Moitié ou un peu plus (50-75%)

Moins de la moitié (50-25%)

Pas beaucoup (- de 25%)

Figure 84 : Habitudes de conservation des aliments

Figure 85 : Estimation par les ménages de pertes suite à une mauvaise conservation

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74

En règle générale, le partage équitable entre les

membres du ménage selon leurs besoins est le mode

de répartition le plus répandu. Il n’y a donc pas de

manière systématique une priorité donnée à un

membre du ménage lors du partage de la nourriture.

Cependant, il convient de noter que donner la priorité

aux enfants est une pratique très répandue qui illustre

la conscience d’un besoin d’apports nutritionnels plus

importants chez les enfants en période de croissance.

Dans l’optique d’analyser les stratégies de réponse mises en œuvre par les ménages pour faire face au

manque de nourriture, il leur a été demandé de mentionner combien de fois sur la dernière semaine puis

en période de soudure ils ont été obligés d’adopter une des cinq modifications de comportement

alimentaire proposées :

- Réduire le nombre de repas (pondération = 1) ; - Réduire les quantités de nourriture (pondération = 1) ; - Emprunter de la nourriture (pondération = 2) ; - Consommer des aliments moins cher/moins apprécié (pondération = 1) ; - Réduire la consommation des adultes en faveur des enfants (pondération = 3).

Un indice de stratégie de réponse dit réduit a été calculé sur la base de leurs réponses. Au final cet indice

est un score pondéré (somme des fréquences déclarées sur 0 à 7 jours). Plus l’indice est élevé, plus les

ménages recourent fréquemment aux stratégies de réponse ci-dessus pour faire face à une dégradation

de leur sécurité alimentaire. Ainsi, un indice élevé est associé à un ménage en insécurité alimentaire alors

qu’un indice faible indique un ménage en situation de sécurité alimentaire. La moyenne nationale établit

dans l’ENSA pour l’indice de stratégie de réponse est de 15,86.

Pour les ménages en situation d’insécurité alimentaire, la moyenne relevée dans la zone est de 21,25 et

de 15,76 pour les ménages en situation de sécurité alimentaire, tous les ménages sont donc au-dessus

de la moyenne nationale. Ainsi, si l’on considère les moyennes, la zone apparaît comme touchée par une

dégradation générale des conditions de sécurité alimentaire de tous les ménages, et pas seulement ceux

considérés comme en situation d’insécurité alimentaire. Ces données permettent encore une fois de

mettre en avant la vulnérabilité de tous les ménages de la zone. Seuls les ménages appartenant au

groupe en situation de sécurité alimentaire élevée ont un indice de stratégie de réponse supérieur à la

moyenne nationale alors que pour certains ménages en insécurité alimentaire élevée il atteint 50.

Figure 87 : Répartition des ménages selon l'ISA et l'indice de stratégie de réponse

Indice de sécurité alimentaire Indice de stratégie de réponse moyen

Ménages en insécurité alimentaire élevée 23,24

Ménages en insécurité alimentaire modérée 20,55

Ménage en sécurité alimentaire modérée 17,39

Ménage en sécurité alimentaire élevée 11,78

Partage équitable

Enfants

Adultes

Personnes agées

Enceintes/allaitantes

Père

37,50%

33,70%

11,40%

5,40%

0,90%

5,10%

Figure 86 : Répartition de la nourriture au sein des ménages

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75

La détérioration des conditions de sécurité alimentaire peut-être mise en évidence par l’analyse des

proportions des ménages ayant recours à l’une ou l’autre des stratégies de réponses citées ci-dessus.

Quel que soit le type de stratégie de survie observé, sa fréquence d’utilisation augmente

considérablement lors de la période de soudure. Durant cette période, le recours régulier (soit 5 à 6

jours/semaine) voire quotidien à i) la limitation des quantités, ii) l’emprunt de nourriture, iii) la réduction

de la part des adultes au profit des enfants ou iv) la consommation d’aliments moins cher, est

sensiblement plus fréquent.

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

35,00%

40,00%

36

,10

%

31

,50

%

25

%

4,7

0%

3,3

0%

19

,90

%

24

,60

%

28

,40

%

21

,90

%

5,1

0%

Durant les 7 derniers jours Soudure

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

50

,20

%

24

,10

%

20

,80

%

4,5

0%

0,4

0%

33

,50

%

22

,60

%

24

,80

%

15

%

4%

Durant les 7 derniers jours Soudure

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

35,00%

40,00%

45,00%

12,1

0% 1

8,30

%

40

,90%

21,6

0%

7,10

%

8,30

% 1

3,80

%

26

%

35%

16,9

0%

Durant les 7 derniers jours Soudure

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

35,00%

28

,80

%

21

%

32

,40

%

13

%

4,7

0%

23

,40

%

18

,70

% 2

4,1

0%

21

,70

%

12

,10

%

Durant les 7 derniers jours Soudure

Figure 88 : Proportion de ménages recourant à la consommation d’aliments moins chers/moins apprécié en cas de manque

Figure 91 : Proportion de ménages réduisant la consommation des adultes au profit des enfants en cas de manque

Figure 89 : Proportion de ménages recourant à l’emprunt de nourriture (voisins/parents/commerçants) an cas de manque

Figure 90 : Proportion de ménages limitant la quantité en cas de manque

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76

Ainsi, 21,9% des ménages déclarent consommer souvent des aliments moins chers ou de moindre qualité

durant la période de soudure contre 4,7% durant les 7 jours précédents l’enquête. 35% des ménages

limitent souvent les quantités absorbées en période de soudure contre 21,6% en période dite normale.

Bien que l’on remarque une augmentation du recours à cette solution pendant la période de soudure, il

faut noter le taux relativement élevé de ménages qui limitent les quantités de nourriture absorbées tout

au long de l’année. 21,7% des ménages déclarent réduire souvent la quantité de nourriture des adultes

au profit des enfants en période de soudure contre 13% durant les 7 jours précédents l’enquête. Ces trois

stratégies d’adaptation alimentaires relèvent d’un ajustement par le bas. Concernant l’emprunt de

nourriture, si la proportion de ménages y recourant régulièrement augmente pendant la période de

soudure, elle reste néanmoins la stratégie la moins utilisée (15%). Ces observations illustrent bien la

vulnérabilité chronique des ménages. La préparation des ménages face à une période de soudure

récurrente n’est pas suffisante que cela soit en termes de stocks de nourriture ou de capacités

financières.

La limitation de la quantité de nourriture absorbée reste donc la stratégie la plus courante. L’adoption

de cette réponse impacte directement le niveau de sécurité alimentaire des ménages en faisant baisser

le score de consommation alimentaire, en accentuant la faim dans les ménages et aussi en diminuant

généralement la diversité de l’alimentation. En période de soudure, la limitation des dépenses et

l’emprunt de nourriture s’ajoutent de manière importante à la limitation de la quantité.

Les ménages utilisent donc plus fréquemment des stratégies alimentaires relevant d’un ajustement par le

bas. En effet, si l’emprunt de nourriture représente une réponse à court terme visant à augmenter la

disponibilité alimentaire du ménage sur une période déterminée (contrairement aux trois autres

stratégies qui relèvent d’un ajustement par le bas), elle demeure la stratégie de réponse la moins utilisée

par les ménages, même en période de soudure.

Il s’avère cependant nécessaire de préciser que ces stratégie de réponse portant sur la consommation

sont réversibles et ne sont pas de nature à compromettre les moyens d’existence futurs des ménages

bien que leur adoption atteste d’une dégradation de la situation alimentaire et d’une mise en péril de la

sécurité alimentaire sur la durée pendant laquelle ces stratégies sont adoptées.

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8.3 Malnutrition

La situation nutritionnelle des ménages dans les zones enquêtées avait déjà été identifiée comme la plus

inquiétante dans la zone d’intervention d’ACTED et toutes les sections ci-dessus ont permis de faire de

précieuses observations sur tous les secteurs directement liés à la sécurité alimentaire. Dès lors, une

section dédiée à la situation nutritionnelle des ménages, à la prise en charge des cas de malnutrition et

aux stratégies de réponses face aux cas de malnutrition identifiés au sein des ménages s’impose.

La première observation à faire face à ces données est le faible taux de ménages ayant des membres qui

ont été traités dans un centre nutritionnel (8,40%) mais ces chiffres ne sont pas nécessairement

représentatifs de l’état nutritionnel des ménages de la zone, ces derniers ne conduisant pas

systématiquement les individus aux centres de nutrition. La proportion d’homme est légèrement plus

élevée que celles de femmes parmi les patients des centres nutritionnels. Concernant l’âge des individus

traités, il faut noter la forte proportion d’enfants de moins de 10 ans qui représentent 64,5% des

patients. Ceci tend à confirmer la vulnérabilité plus forte des enfants face à la malnutrition et aussi

probablement une plus grande attention portée à la situation nutritionnelle des enfants au sein des

ménages plutôt qu’à celle des adultes. Enfin, concernant la durée de prise en charge, plus de 50% des

individus traités ne restent qu’une journée dans les centres de nutrition et 77,7% des séjours ne

dépassent pas 3 jours, 84,2% sont inférieurs à une semaine, ce qui illustre le fait que plus de 70% des cas

de malnutrition ne requièrent pas de séjour de longue durée. En revanche, 22,6% des patients sont

traités durant plus d’une semaine et 12,9% restent plus de 15 jours ce qui démontre chez certains

0,00%

20,00%

40,00%

60,00%

80,00%

100,00% 91,70%

6,50% 1,30% 0,40% 0,20%

Féminin 44%

Masculin 56%

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

0-1 jours

1-3 jours

4-7 jours

8-15 jours

Plus de 15 jours

51,60%

26,10%

6,50% 9,70%

12,90%

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

0-2 ans

2-5 ans

6-10 ans

11-15 ans

16-20 ans

21-30 ans

31-99 ans

24,20%

16,10%

24,20%

4,80% 3,20%

4,80%

22,60%

Figure 93 : Répartition des patients des centres de nutrition selon le sexe

Figure 92 : Nombre de membres d’un ménage ayant été traité dans un centre de nutrition

Figure 95 : Durée du séjour dans les centres de nutrition Figure 94 : Age des patients traités dans les centres de nutrition

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78

ménages, si ce n’est des cas de malnutrition aigüe, du moins d’une attente d’aggravation des cas avant la

première consultation.

L’état de santé général des individus est important pour évaluer la

prévalence de l’insécurité alimentaire indépendamment de la

présence de maladies autres chez les individus.

En effet, un individu atteint d’une maladie chronique est

particulièrement vulnérable à la malnutrition.

Seuls 27% des individus traités dans les centres de santé sont

atteints d’une maladie chronique type VIH/tuberculose, ce qui

démontre que pour 73% des patients, l’état de malnutrition

identifié est essentiellement lié à l’alimentation du ménage et donc

aux manques en termes de quantité, de qualité et de diversité.

L’analyse des degrés de sévérité de malnutrition relevés chez les

patients démontre une prévalence forte chez ces derniers d’une

malnutrition sévère à très sévère. En effet, moins de la moitié

(47%) des cas ressortent de la malnutrition modérée alors que

37% des cas sont considérés comme des cas de malnutrition

sévère et 16% comme très sévère.

En tant qu’information complémentaire, il faut mentionner que le réseau communautaire de dépistage

de la malnutrition qui est opérationnel dans les localités de Petites Desdunes et Fossé Naboth a relevé

entre les mois de juin et de septembre 2012 les cas suivants :

Fossé Naboth : 150 cas de malnutrition aigüe sévère et 200 cas de malnutrition aigüe modérée

chez les enfants de 6 mois à 15 ans.

Petites Desdunes : 58 cas de malnutrition aigüe sévère et 133 cas de malnutrition aigüe modérée.

Une fois la malnutrition d’un individu diagnostiquée au sein d’un ménage, il est ensuite important de se

pencher sur les changements dans les comportements alimentaires qui sont mis en place pour faire face à

la situation de l’individu atteint et prévenir la malnutrition chez les autres membres du ménage. Seuls

42% des ménages déclarent

avoir changé leurs habitudes

alimentaires à la suite du

traitement d’un individu

membre du ménage, soit moins

de la moitié. Pour les 58% qui

n’ont pas opéré de

changement, l’unique raison

évoquée est le manque

d’argent, il n’y a donc pas de

Non 73%

Oui 27%

Modéré 47%

Sévère 37%

Très sévère

16%

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

35,00%

Augmentation des quantités pour toute la

famille

Augmentation des quantités

pour les personnes

atteintes de malnutrition

Privilégier la consommation d'aliments de qualité sur le

marché

Augmenter la production maraîchère

Améliorer les systèmes de conservation des aliments

16,70%

33,30% 33,30%

13,90%

2,80%

Figure 96 : Maladie chronique chez les patients

Figure 97 : Niveau de malnutrition

Figure 98 : Typologie des changements d'habitudes alimentaires

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8. U

tilis

atio

n

79

remise en cause des diagnostics mais tout simplement une impossibilité pour les ménages de consacrer

plus d’argent à l’alimentation ou d’augmenter leurs revenus pour mettre en œuvre un changement

efficace et durable dans l’alimentation.

Parmi les ménages déclarant une adaptation des habitudes alimentaires suite au traitement d’un des

membres dans un centre de nutrition, 33,3% décident de privilégier les aliments de qualité lors de

l’approvisionnement sur les marchés et une proportion similaire d’individus choisit une augmentation des

quantités pour les personnes atteintes de malnutrition. Deux stratégies se détachent ici : quantitative et

qualitative. 16,7%, conscients de la vulnérabilité des autres membres du ménage optent pour une

augmentation des quantités pour toute la famille, mettant ainsi en œuvre une stratégie préventive.

13,9% choisissent l’augmentation de la production maraîchère pour faire face au manque de quantité et

ainsi réduire la dépendance face au marché et à la volatilité des prix.

Un des déterminants majeurs de la situation nutritionnelle des ménages est la diversité alimentaire.

Comme il a été vu dans la section 5 de cette étude, le score de diversité alimentaire est, à première vue,

assez élevé, cependant les données sur la malnutrition et les conclusions des focus groupes laissent à

penser que les ménages ont de grandes difficultés quand il s’agit de s’alimenter de manière diversifiée. En

effet, si la grande majorité des ménages de la zone a connaissance du principe de diversité alimentaire et

de son importance pour la santé des membres du ménage, toutes les personnes interrogées ont fait part

de difficultés pour respecter ce principe. Ces difficultés sont principalement liées à leur capacité

économique comme il a été vu précédemment.

En effet, chez les ménages en insécurité alimentaire élevée, seul le riz est consommé plus de trois fois

par semaine en moyenne (3,54 jours). Les seuls autres aliments qui sont consommés plus d’une fois par

semaine sont : le maïs (1,12 jours), le pain (1,08 jours), les pois et haricots (1,14 jours), les fruits (1,4

jours), huile et graisse (4,86 jours) et les légumes (1,26 jours). Si la consommation de fruits et de légumes

est considérée comme relevant du groupe de consommation de diversité moyenne, elle reste très faible

chez les ménages en insécurité alimentaire élevée. De plus, des aliments comme la viande, le poisson, les

produits laitiers et les œufs qui sont des aliments à forte valeur nutritive sont pratiquement absents du

régime alimentaire des ménages en insécurité alimentaire élevée. Ainsi ces aliments ne sont consommés

qu’entre 0,05 et 0,46 jours par semaine en moyenne.

Pour les ménages en insécurité alimentaire modérée, la typologie du régime alimentaire est sensiblement

similaire bien que l’on observe une consommation plus régulière de pois/haricots (3,03 jours/semaine) et

surtout un apport nutritif plus important par la consommation de viande (2,54 jours/semaine), de poisson

et de produits laitiers, ce qui les fait entrer dans la catégorie des ménages ayant une diversité moyenne

voire élevée, et non plus faible.

Le fait que même les ménages en insécurité alimentaire accordent une importance particulière à la

consommation d’aliments à forte valeur nutritionnelle illustre l’intérêt que ces derniers portent au

respect des principes de diversité alimentaire ainsi que l’impact des programmes de sensibilisation

nutritionnelle. Encore une fois, c’est avant tout l’accessibilité financière qui est le principal frein au suivi

des principes de diversité alimentaire.

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9. S

tab

ilité

80

9. Stabilité

La stabilité est un élément transversal dans l’étude de l’insécurité alimentaire. En effet, si les trois

dimensions étudiées dans les sections précédentes prennent en compte toutes les composantes de la

sécurité alimentaire, la stabilité de ces trois dimensions dans le temps est un facteur primordial

permettant d’expliquer la stabilité ou non, dans le temps long, de la situation de la sécurité alimentaire.

Dans un pays dit fragile comme Haïti, la stabilité revêt une importance capitale. Particulièrement

vulnérables face aux catastrophes naturelles et aux difficultés politiques et économiques, les ménages du

pays sont régulièrement frappés par des chocs exogènes qui impactent leurs conditions de vie, leurs

sources de revenus et donc leur situation alimentaire.

Conclusions sur l’utilisation des aliments

Avec 50% des ménages qui utilisent une eau potentiellement impropre à la consommation et malgré une proportion élevée de ménages qui déclarent traiter l’eau, la problématique de l’accès à l’eau potable reste importante. La période de soudure et les épisodes de catastrophes naturelles, qui voient une baisse des stocks et des revenus, sont particulièrement difficiles pour les ménages, qui ont dès lors recours à des stratégies de réponse vers le bas : diminution des quantités de nourriture, moindre attention à la qualité, emprunts auprès d’usuriers, vente d’actifs etc. Le recours à ces stratégies est en partie lié à l’absence de services financiers, tels que l’épargne et le crédit, qui permettraient aux ménages de mitiger l’impact des périodes de manque sans entamer directement le capital du ménage. Les ménages adoptent fréquemment des stratégies de crise et de détresse. Bien que les ménages soient conscients de l’importance du respect des principes nutritionnels et de la diversité alimentaire; les difficultés que rencontre les ménages pour les respecter est flagrante, notamment les ménages en insécurité alimentaire qui sont plus largement confrontés à la malnutrition et qui ne sont pas en mesure de consommer des aliments à forte valeur nutritive de manière régulière. Là encore, cette incapacité des ménages à respecter les principes de diversité alimentaire est étroitement liée aux restrictions des ménages en termes de capital économique.

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81

9.1 Les chocs

Comme l’ont démontré les sections ci-dessus, la pauvreté et l’insécurité alimentaire chronique qui

caractérisent Haïti – tout particulièrement les zones rurales – résultent souvent de chocs qui frappent des

ménages qui n’ont pas d’épargne monétaire disponible et des sources de revenus leur permettant à

peine de couvrir les besoins en période normale.

Le graphique ci-contre illustre les différents

chocs rencontrés par les ménages durant les

12 derniers mois, qui ont affecté dans les

ménages, les moyens de gagner leur vie, la

capacité de produire ou ont épuisé l’épargne

ou les biens ; laissant ainsi les ménages dans

des situations particulièrement précaires.

Dans cette zone où la majorité des ménages

tire leurs revenus de l’agriculture, la

sécheresse et l’irrégularité des pluies

représentent pour 39,1% des ménages les

principales contraintes affectant leur

niveau de vie. Les décès et maladies

d’individus porteurs de revenus sont

également largement cités, mettant en

avant les conditions de santé précaires des

habitants de la zone, qui impactent

largement les revenus des ménages. Les

aléas climatiques, tels que les cyclones et les

inondations, au même titre que la

sécheresse, représentent des chocs

exogènes particulièrement graves pour les

ménages en raison des destructions de

cultures et de pâturages qui en résultent.

Les pertes de récoltes généralement liées aux conditions climatiques, mais également au manque de

main d’œuvre ou aux mauvaises conditions de stockage sont également citées par 7.6% des ménages. Il

faut noter également le fait que 5.6% des ménages citent l’augmentation des frais d’éducation comme

une contrainte particulière.

0,00% 5,00% 10,00% 15,00% 20,00% 25,00%

Maladie/accident grave

Décès d'un membre apporteur de …

Prise en charge nouveau membre

Epidémie

Augmentation prix biens alimentaires

Maladies animaux

Maladies cultures

Augmentation prix semences

Augmentation prix engrais

Equipement/outils en panne

Perte emploi/faillite

Diminution salaire/revenu membres …

Diminution demande

Cyclones, inondations

Sécheresse

Pluies irrégulières

Arrêt de l'aide (transfert) des parents

Insécurité

Augmentation coût éducation

Pas de récolte

Perte de récolte

Voyage d'un membre de la famille

9,70%

10,20%

1,40%

2,60%

0,30%

0,20%

0,50%

0,90%

0,80%

0,30%

2,30%

8,50%

0,20%

7,60%

24%

15,10%

0,60%

0,60%

5,60%

0,90%

7,60%

0,20%

Figure 99 : Contraintes affectant les ressources du ménage

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82

9.2 Stratégies de réponse

Pour faire face à ces difficultés, les ménages mettent en place des stratégies diverses. Comme pour les

stratégies d’adaptation alimentaires, les attitudes adoptées par les ménages impactent souvent

directement le capital du ménage, ajustant ainsi par le bas les conditions de vie des ménages et

diminuant les ressources, réserves et autres stratégie de long terme qui auraient pu être adoptées par les

ménages.

En cas de dégradation de leurs conditions de vie, 32% des ménages procèdent à des emprunts auprès

des proches. Cette stratégie apparaît comme la moins dangereuse pour l’équilibre financier du ménage,

tandis que les 20,6% qui contractent des emprunts auprès de prêteurs ou de commerçants s’exposent à

des remboursements qui vont largement impacter leurs conditions de vie futures.

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%

Vente du stock produits agricoles/semences

Réduction quantité d'alimentation/nbre repas

Réduction qualité alimentation

Nourriture achetée à crédit

Prélever sur épargne monétaire disponible

Transfert d'aliments nationaux

Transferst d'aliments internationaux

Transferts monétaire nationaux

Transferts monétaires internationaux

Plane (bric-à-brac) des objets du ménage

Vente d'animaux

Vente de biens (hors outils/équipement)

Vente de parcelles

Potek

Plane d'équipement/outils pouvant générer des revenus

Vente d'équipement/outils pouvant générer des revenus

Emprunts contractées auprès parents/amis

Empruts auprès de prêteurs/commerçants

Réduction des dépenses

Retrait des enfants de l'école

Coupe arbre/fabrication charbon

Cueillette et vente accrue de ressources naturelles

Travail temporaire

Emigration (vers autre pays)

Migration interne

Travail pour programme de secours du Gvt, ONG, UN

Mendicité

Rien

Autre

Pêche

2%

0,30%

0,50%

0,60%

0,30%

0,10%

0,10%

1,90%

2,40%

1%

10,60%

1,20%

4,20%

1,90%

1,50%

0,80%

32%

20,60%

5,10%

0,40%

0,80%

0,10%

6,80%

0,30%

5%

0,10%

1,20%

1,80%

0,60%

0,30%

Figure 100 : Stratégies de réponse en cas de choc

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83

La vente d’animaux représente la troisième stratégie la plus adoptée par les ménages pour faire face à

des chocs, ce qui confirme la conception de l’élevage en qualité d’épargne en cas de dépenses

imprévues. La vente de la force de travail par le biais du travail temporaire est également un recours

fréquent, avec 6,8% des ménages qui le citent, le plaçant ainsi en quatrième position des stratégies

d’adaptation mais elle apparaît après la vente d’animaux. Le produit de l’élevage n’est donc pas considéré

comme un capital central pour les ménages ou une source de revenu fiable mais comme une épargne

disponible. En effet, si la vente d’animaux est rapidement utilisée pour pallier le manque soudain de

ressources financières, la vente de parcelles, de biens, d’équipements agricoles ou de semences est en

revanche beaucoup moins fréquente car elle affecte directement les sources de revenus principales et le

capital de base du ménage.

Cependant, en cas d’aggravation de leur situation, les ménages ont recours à des stratégies qui affectent

directement leur capacité de production et donc leurs sources de revenus ou leur capital.

0,00% 2,00% 4,00% 6,00% 8,00% 10,00% 12,00% 14,00% 16,00% 18,00%

Vente du stock

réduction quantité

Réduction qualité alimentation

Nourriture achetée à crédit

Travail pour nourriture

Consommer récoltes précoces

Consommer semences

Prélever sur épargne monétaire disponible

Transferts alimentaires nationaux

Transferts alimentaires internationaux

Transferts nationaux

Transferts internationaux

Plane (bric-à-brac) des objets du ménage

Vente d'animaux

Vente de biens (hors outils/équipement)

Vente de parcelles

Potek

Plane d'équipement/outils pouvant générer des revenus

Vente d'équipement/outils pouvant générer des revenus

Emprunts contractées auprès parents/amis

Empruts auprès de prêteurs/commerçants

Réduction des dépenses

Retrait des enfants de l'école

Coupe arbre/fabrication charbon

Cueillette et vente accrue de ressources naturelles

Travail temporaire

Emigration (vers autre pays)

Migration interne

Travail pour programme de secours du Gvt, ONG, UN

Mendicité

Rien

Autre

Pêche

Abandon investissement dans travail de la terre

Aide

12,80%

6,70%

1,80%

0,50%

0,20%

0,60%

0,30%

1,70%

1%

1,50%

4,30%

2,30%

6,30%

1,50%

1,20%

0,50%

14,90%

13,20%

1,60%

0,40%

0,50%

0,20%

2,50%

0,60%

0,90%

0,10%

1,10%

0,50%

18%

0,20%

0,10%

0,10%

0,20%

0,10%

0,10%

Figure 101 : Stratégie de réponse en cas d'aggravation des conditions de vie

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En cas d’aggravation dans la dégradation de leurs conditions de vie, le premier recours permettant de ne

pas altérer les sources de revenus et de production des ménages, est le travail pour des programmes

d’aide du gouvernement, d’ONG ou des Nations Unies. 18% des ménages citent ce recours, cependant

l’implantation de ce genre de programme dépend souvent de chocs spécifiques comme des catastrophes

naturelles de grande ampleur. Dans le cas de chocs propres à un ménage, le travail pour des programmes

humanitaires peut s’avérer plus difficile dans une zone où il y en a peu. L’arrêt des activités de travail

contre paiement (cash for work) qui a été opéré par la plupart des ONG et des agences des Nations Unies

rend difficile pour une personne sans qualification l’embauche au sein de programmes d’urgence.

Si dans une première phase, les ménages mettent en œuvre des stratégies qui n’entament pas

directement leur capital productif ou leurs outils producteurs de revenus, dans un second temps les

stratégies adoptées sont plus nocives pour le capital humain et financier des ménages. En effet, la vente

de stocks, qui sont déjà assez réduit, entame directement la sécurité alimentaire des ménages qui se

retrouvent d’autant plus démunis à l’approche ou lors de la période de soudure. La vente d’outils ou

d’équipements permettant de générer des revenus entrave les capacités de production des ménages

quand la cession de parcelles en potek, solution la plus largement citée (14,9%) diminue concrètement les

parcelles disponibles et donc la quantité de nourriture produite par un ménage tout en représentant un

apport financier massif et immédiat.

9.3 Aide humanitaire

Face aux difficultés des ménages pour pourvoir aux besoins de leurs membres en termes d’alimentation,

il est intéressant de se demander si la zone a bénéficié d’aide humanitaire qui aurait permis d’inverser

cette tendance.

Dans une zone où l’insécurité alimentaire est avant tout liée au manque de ressources et de revenus et

non à des chocs spécifiques forts et reconnus comme catastrophe naturelle, l’aide alimentaire ne compte

que pour 18,3% de l’assistance humanitaire reçue dans la zone, bien qu’elle soit citée comme le

deuxième principal type d’aide. En revanche, il faut noter l’importance des distributions de kits d’hygiène

Non 85%

Oui 15%

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

18

,30

%

6,5

0%

55

,90

%

1,1

0%

2,2

0%

3,2

0%

2,2

0%

9,7

0%

1,1

0%

Figure 102 : Proportion de ménage ayant bénéficié

d'une aide/assistance humanitaire Figure 103 : Type d'aide reçue par les ménages durant le dernier mois

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(55,9%). Ce type d’aide humanitaire s’explique par le fort taux d’attaque du choléra dans cette zone et

plus généralement dans l’Artibonite où a débuté l’épidémie. Les distributions d’eau sont également

largement liées à la présence du choléra. Si ce type de distribution ne se fait généralement pas dans un

objectif spécifique de lutte contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition, l’amélioration des conditions

d’hygiène et donc de santé des ménages permet tout de même d’entraver la malnutrition qui touche

particulièrement les individus aux défenses immunitaires réduites ou malades. Dès lors, l’amélioration

des conditions d’hygiène et d’accès à l’eau sont à considérer comme relevant d’une réponse intégrée à

l’insécurité alimentaire et à la malnutrition.

Conclusions sur la stabilité

Deux niveaux de réponse en cas de chocs se dessinent au sein des ménages :

- Dans un premier temps, les stratégies adoptées n’entament pas directement le capital financier ou productif des ménages : emprunt, vente de bétail gardé pour l’épargne et travail temporaire notamment sont les stratégies de réponse les plus couramment adoptées.

- En revanche, en cas d’aggravation des conditions de vie dues à un choc spécifique ;une fois les premières possibilités de réponse épuisées, les ménages recourent à des stratégies qui impactent directement leur capacité productive ou leur capital financier et/ou alimentaire: vente stock et d’outils servant à la production, ou encore cession de parcelles en potek sont des pratiques particulièrement nocives pour la sécurité alimentaire des ménages et la stabilité des revenus et de la production agricole.

Si, le travail pour des ONG ou des programmes du gouvernement apparaît comme la solution privilégiée par tous les ménages en cas d’aggravation des conditions de vie, la réduction des programmes de Cash for Work et le départ de nombreuses ONG réduisent drastiquement les potentialités de bénéficié de ce type de programme. Si la distribution de kits d’hygiène et d’eau en cas d’urgence restent des activités courantes, les possibilités de Cash for Work sont très rares et ne permettent pas aux ménages de recourir facilement à cette solution pour pallier les chocs.

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10. CONCLUSION

Avec un taux de prévalence de l’insécurité alimentaire de 54%, la zone d’enquête présente une situation

particulièrement préoccupante. Mais avant de formuler des recommandations, il convient de revenir

rapidement sur les analyses qui ont été faites sur les déterminants de la situation alimentaire des

ménages de Petites Desdunes et Fossé Naboth.

La disponibilité globale de toutes les denrées alimentaires est bonne voire très bonne dans la zone

enquêtée. Il n’y a donc pas de situation de pénurie pouvant expliquer la situation alimentaire dégradée

des ménages. L’expression des contraintes que rencontrent les ménages dans l’accès aux denrées est

principalement axée sur le manque de moyens financiers pour se fournir en denrées disponibles.

Cependant, il faut rappeler que la disponibilité est étroitement liée au niveau de production local, ce

dernier influençant également le montant de revenu des ménages. En effet, l’agriculture est la première

activité économique de la zone enquêtée, pratiquée par la quasi-totalité des ménages et les récoltes se

font de manière assez régulière bien qu’elles soient fortement dépendantes des conditions climatiques

lors des différentes campagnes agricoles.

Les contraintes que rencontrent les ménages dans la mise en œuvre des activités agricoles entravent la

production de denrées qui pourraient satisfaire les besoins alimentaires et nutritionnels des ménages.

L’accessibilité financière aux intrants agricoles est une des principales contraintes qui obligent les

ménages à contracter des dettes dont le remboursement entame directement le capital alimentaire et

financier des ménages. Le mauvais état des réseaux d’irrigation est particulièrement préoccupant,

entravant ainsi les possibilités d’augmenter le rendement des récoltes. De plus, la prévalence de la

monoculture du riz oblige les ménages à s’approvisionner sur les marchés pour tout autre type d’aliment.

Le manque de diversité dans la production renforce ainsi la dépendance des ménages face aux marchés.

L’apport que peut représenter l’élevage est également sous-évalué par les ménages qui ne le pratiquent

que de manière occasionnelle. Cependant, le renforcement de cette activité demanderait une

amélioration des services vétérinaires de base.

Concernant les facteurs identifiés impactant directement la situation de sécurité alimentaire, il faut noter

que l’accès à la terre reste déterminant. L’enquête a ainsi révélé des superficies moindres et une sécurité

foncière plus faible chez les ménages en situation d’insécurité alimentaire. Le manque de diversification

de la production a également des conséquences sur la nutrition. En effet, bien que la zone soit marquée

par une forte prévalence du riz, les ménages en insécurité alimentaire cultivent moins de légumes,

tubercules et bananes.

Si la faible intensification des activités agricoles et pastorales, liée à de faibles capacités de production,

impacte la situation alimentaire des ménages dans la mesure où elle contribue à diminuer la disponibilité

en termes de production propre, cette étude a néanmoins démontré que le déterminant principal de

l’insécurité alimentaire dans la zone enquêtée est la faiblesse des niveaux de revenus. C’est surtout cette

dernière qui impacte directement la capacité des ménages à accéder à une nourriture de qualité en

quantité suffisante tout au long de l’année.

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Ainsi, avec plus de 80% des ménages déclarant exploiter la terre et 63,2% des ménages dépendant de

l’agriculture comme source de revenus principale, les contraintes qui pèsent sur la production agricole

sont directement liées au manque de ressource qui empêche les ménages de couvrir leurs besoins

alimentaires. Les Focus Groups ont largement fait ressortir le poids que représente l’endettement dans la

structure des dépenses des ménages.

Si l’agriculture représente de loin l’activité économique principale de la zone enquêtée, le commerce est

également important. Principalement pratiqué par les femmes, il est cependant peu rémunérateur. Avec

l’augmentation du prix des denrées sur les marchés principaux ainsi que la part importante que

représentent les dépenses de transport dans la conduite de cette activité, le petit commerce tend à

perdre de plus en plus sa valeur ajoutée (alors qu’il constitue une source de revenus complémentaire).

Le coût des transports a également des conséquences directes sur les dépenses de tous les ménages. En

effet, pour de nombreux ménages qui vivent dans des zones isolées, les marchés principaux sont éloignés

de leurs lieux de vie. Or, les ménages s’approvisionnant à près de 80% dans les marchés, ce poste de

dépense est particulièrement important, réduisant ainsi grandement l’accessibilité aux denrées pour les

ménages les plus pauvres et donc les plus vulnérables. L’importance des dépenses de transport illustre

ainsi les faiblesses des circuits de distribution et de transformation.

Concernant les facteurs de l’insécurité alimentaire identifiés dans la deuxième partie de cette étude

consacrée à l’accessibilité, la faible diversification des sources de revenus doit être soulignée. En effet, les

ménages en insécurité alimentaire sont souvent dépendants d’une seule source de revenus, ce qui

explique les faibles niveaux de revenus et rend dès lors ces ménages particulièrement vulnérables aux

chocs.

La période de soudure et les épisodes de catastrophes naturelles, qui voient une baisse des stocks et des

revenus, sont particulièrement difficiles pour les ménages, qui ont dès lors recours à des stratégies de

réponse vers le bas : diminution des quantités de nourriture, moindre attention à la qualité, emprunts

auprès d’usuriers, vente d’actifs etc. Le recours à ces stratégies est en partie lié à l’absence de services

financiers, tels que l’épargne et le crédit, qui permettraient aux ménages de mitiger l’impact des périodes

de manque sans entamer directement le capital du ménage.

La gestion par les ménages du manque de nourriture est directement liée à la problématique de

l’utilisation des aliments. Les ménages adoptent fréquemment des stratégies de crise et de détresse. Bien

que les ménages soient conscients de l’importance du respect des principes nutritionnels et de la

diversité alimentaire (comme l’ont démontré les Focus Groups ainsi que diverses enquêtes ACTED) ; la

difficulté que rencontre les ménages pour les respecter est flagrante, notamment les ménages en

insécurité alimentaire qui sont plus largement confrontés à la malnutrition et qui ne sont pas en mesure

de consommer des aliments à forte valeur nutritive de manière régulière.

Là encore, cette incapacité des ménages à respecter les principes de diversité alimentaire est étroitement

liée aux restrictions des ménages en termes de capital économique.

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N

88

En conclusion, les déterminants principaux de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition qui ont été

identifiés dans cette étude sont au nombre de sept:

l’accès réduit à la terre,

les contraintes liées à l’agriculture (manque de services, d’intrants et aléas climatiques)

la faible diversification agricole ;

la faiblesse des revenus et leur faible diversification

le manque de circuits de distribution

l’augmentation des prix et enfin

la vulnérabilité du pays en général aux catastrophes naturelles.

Avant de formuler toute recommandation, il convient de noter que ces facteurs prévalent chez tous les

ménages, bien que dans des proportions moindres chez les ménages en situation de sécurité alimentaire.

Cette observation illustre le fait que la zone se trouve dans une situation d’insécurité alimentaire

chronique où tous les ménages peuvent être considérés comme étant menacés d’insécurité alimentaire.

Les montants des revenus montrent bien cette vulnérabilité globale des ménages.

Peu de facteurs spécifiques ont pu être identifiés comme causes principales de l’insécurité alimentaire. Il

s’agit d’une problématique dont les déterminants sont multiples et qui se trouvent de manière sous-

jacente dans la structure sociale et économique de la zone en général. Ainsi, si des actions ciblées sur les

ménages les plus vulnérables peuvent être envisagées pour améliorer la situation de ces ménages dans

des périodes de crise et/ou dans le court terme, seules des actions intégrées et globales peuvent avoir un

effet durable sur l’amélioration du statut alimentaire et nutritionnel des ménages.

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11. RECOMMANDATIONS

Agriculture, élevage

Augmentation de la capacité productive des

agriculteurs

Amélioration de l’accès aux services de soutien et aux intrants (crédit, encadrement technique, information sur les prix)

Appui aux coopératives et associations de producteurs

Réhabilitation, nettoyage, entretien des canaux d’irrigation

Appui au renforcement de l’élevage

Augmentation de la taille des cheptels pour les ménages les plus vulnérables pour assurer l’autoconsommation et la génération de nouveaux revenus

Amélioration de l’accès et augmentation de l’offre en services vétérinaires

Système de veille

Renforcement du système de suivi de la sécurité alimentaire

Mise en place d’un système de collecte de données régulièrement mis à jour et transmis aux autorités compétentes (MSPP, MARNDR, UN, partenaires humanitaires)

Soutien aux réseaux communautaires de suivi et de prise en charge de la malnutrition

Création d’une base de données et d’une cartographie interactive et publique sur l’état de la situation alimentaire et nutritionnelle

Renforcement des moyens d’existence et de l’accès à la nourriture

Appui aux filières agro-alimentaires porteuses

par le développement de chaines de valeur

Réhabilitation, entretien, construction d’infrastructures de conservation

Appui aux circuits de commercialisation, notamment au niveau des localités

Développement des marchés locaux Appui à la création de marchés au niveau des localités

Appui à la génération de revenus

Création d’activités génératrices de revenus au profit des travailleurs indépendants, des petits commerçants et des travailleurs journaliers

Appui au développement des petits commerces auprès des femmes

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ANNEXES

Annexe 1: Plan d’échantillonnage

Figure 104 : Plan d'échantillonnage

Section communale Nombre de ménage enquêtés

Informateurs clés Focus Groupes

Petites Desdunes 144 CASEC Petite Desdunes : 10 femmes et 10 hommes

Fossé Naboth 408 CASEC

Responsable du BAC de Dessalines

Haute Feuille : 10 femmes et 10 hommes

Total 552 ménages 3 personnes 40 personnes

Annexe 2 : Triangulation d'indicateurs pour la détermination de l'indice de sécurité alimentaire

Figure 105 : Triangulation d'indicateurs pour la détermination de l'indice de sécurité alimentaire

Echelle de la faim

Score de consommation alimentaire pauvre

Score de consommation alimentaire à la limite de

l’acceptable

Score de consommation alimentaire acceptable

Score de diversité alimentaire

Faible diversité

Diversité moyenne

Diversité élevée

Faible diversité

Diversité moyenne

Diversité élevée

Faible diversité

Diversité moyenne

Diversité élevée

Faim légère/inexistante

Faim modérée

Faim sévère

Insécurité alimentaire élevée Insécurité alimentaire modérée

Sécurité alimentaire élevée Sécurité alimentaire modérée

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Annexe 3 : Répartition des ménages selon l’indice de stratégie de réponse et le niveau de sécurité alimentaire

Figure 106 : Répartition des ménages selon l’indice de stratégie de réponse et le niveau de sécurité alimentaire

Indice de sécurité alimentaire Total

Insécurité

alimentaire

élevée

Insécurité

alimentaire

modérée

Sécurité

alimentaire

modérée

Sécurité

alimentaire

élevée

Indice des

stratégies

de

réponses

(CSI)

< 10.0 Count 10 30 45 36 121

% of Total 1.8% 5.4% 8.2% 6.5% 21.9%

10.0 - 19.9 Count 22 80 61 29 192

% of Total 4.0% 14.5% 11.1% 5.3% 34.8%

20.0 - 29.9 Count 25 62 58 8 153

% of Total 4.5% 11.2% 10.5% 1.4% 27.7%

30.0 - 39.9 Count 13 40 12 1 66

% of Total 2.4% 7.2% 2.2% .2% 12.0%

40.0 - 49.9 Count 7 8 4 0 19

% of Total 1.3% 1.4% .7% .0% 3.4%

50.0 - 59.9 Count 1 0 0 0 1

% of Total .2% .0% .0% .0% .2%

Total Count 78 220 180 74 552

% of Total 14.1% 39.9% 32.6% 13.4% 100.0%

Annexe 4 : Liste des principales variables croisées avec l’ISSA

Figure 107 : Principales variables croisées avec l'indice de sécurité alimentaire

Disponibilité des denrées alimentaires

1. Source d’approvisionnement des ménages en denrées alimentaires

2. Nombre moyen de parcelles par ménage

3. Superficie moyenne des parcelles par ménage

4. Mode de tenure de la terre

5. Type de cultures pratiqué (céréales/légumineuse, tubercules et légumes)

6. Ménages pratiquant l’élevage

7. Nombre moyen de têtes de bétail par cheptel

Accessibilité

1. Sources de revenus principales

2. Nombres de sources de revenus

3. Type d’emploi

4. Revenus mensuels

5. Part des dépenses consacrée à l’alimentation

Utilisation

1. Nombre moyen de jours de consommation selon les groupes d’aliments

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Annexe 5 : Matrice de corrélation entre scores et indicateurs

Figure 108 : Matrice de corrélation entre les principaux indicateurs

Indice des

stratégies de

réponses(CSI)

Score de

consommation

alimentaire

Score de

Diversité

Alimentaire

Echelle de la

faim des

ménages

Indice de

sécurité

alimentaire

(ISSA)

Superficie

moyenne

parcelle

Indice des stratégies de

réponses(CSI)

Pearson

Corrélation

1 -.148** -.168

** .338

** -.310

** -.076

Sig. (2-tailed) .000 .000 .000 .000 .074

N 552 552 552 552 552 552

Score de consommation

alimentaire

Pearson

Corrélation

-.148** 1 .660

** -.219

** .657

** .196

**

Sig. (2-tailed) .000 .000 .000 .000 .000

N 552 552 552 552 552 552

Score de Diversité

Alimentaire

Pearson

Corrélation

-.168** .660

** 1 -.231

** .574

** .199

**

Sig. (2-tailed) .000 .000 .000 .000 .000

N 552 552 552 552 552 552

Echelle de la faim des

ménages

Pearson

Corrélation

.338** -.219

** -.231

** 1 -.829

** -.126

**

Sig. (2-tailed) .000 .000 .000 .000 .003

N 552 552 552 552 552 552

Indice de sécurité

alimentaire (ISSA)

Pearson

Corrélation

-.310** .657

** .574

** -.829

** 1 .182

**

Sig. (2-tailed) .000 .000 .000 .000 .000

N 552 552 552 552 552 552

Superficie moyenne des

parcelle

Pearson

Corrélation

-.076 .196** .199

** -.126

** .182

** 1

Sig. (2-tailed) .074 .000 .000 .003 .000

N 552 552 552 552 552 552

**. Correlation is significant at the 0.01 level (2-tailed).

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Il faut noter que l’indicateur le mieux corrélé avec l’ISSA est l’échelle de la faim. Cet indicateur est corrélé

négativement à l’ISSA, étant donné que les échelles de classement (score attribué aux ménages) pour ces

indicateurs vont en sens inverse. Ainsi, un ménage classé dans le groupe de « faim sévère » tend à entrer

dans la catégorie des ménages en insécurité alimentaire (élevée ou modérée). En revanche, concernant les

scores de diversité et de consommation, il existe une corrélation positive entre ces indicateurs et l’ISSA. Les

ménages augmentant l’un de ces deux scores, ou les deux, tendent ainsi à se déplacer du niveau

d’insécurité alimentaire élevée à modérée ou encore des niveaux d’insécurité alimentaire à la catégorie des

ménages en situation de sécurité alimentaire.

L’indice de stratégie de réponse est corrélé négativement avec l’ISSA ainsi que les scores de consommation

et de diversité alimentaire, ce qui illustre le fait que les ménages améliorant leur situation alimentaire

recourent moins fréquemment à des stratégies de réponse par le bas. En revanche, il faut noter une

corrélation positive entre l’indice de stratégie de réponse et l’échelle de la faim, la faim tendant à

augmenter avec l’adoption de stratégies de réponse par les ménages face à une dégradation de leur

situation alimentaire ; et inversement, lorsque la faim augmente au sein d’un ménage, conséquence d’un

manque de nourriture, ces derniers sont amenés à adopter des stratégies de réponse..

Enfin, si le coefficient de corrélation reste moindre que pour d’autres variables, cette matrice de corrélation

permet de mettre en avant la corrélation négative entre la superficie moyenne des parcelles par ménage et

l’échelle de la faim. Ainsi, les ménages souffrant de faim sévère ou modérée possèdent généralement une

superficie moindre de parcelles exploitables. Les corrélations positives entre la superficie moyenne des

parcelles et tous les autres indicateurs, illustrent le fait que l’accès à la terre reste déterminant pour le

niveau de sécurité alimentaire des ménages.

Dans l’ensemble, ces résultats démontrent la pertinence de l’Indice Synthétique de Sécurité Alimentaire

comme indicateur proxy dans l’étude de la sécurité alimentaire.