etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en guyane française

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Université des Antilles et de la Guyane Faculté de Génie Civil École doctorale pluridisciplinaire : Santé, Environnement et Sociétés dans les Amériques Thèse pour le doctorat en Génie mécanique BOURREAU Damien Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française Sous la direction de Bernard THIBAUT Soutenue le 16 Décembre 2011 à Cayenne N : [0000AGUY0000] Jury : Bernard THIBAUT, Directeur de recherche émérite, CNRS, UMR Ecofog, Président Pascal TRIBOULOT, Pr, Université de Nancy 1, UQAC, Rapporteur Rémy MARCHAL, Pr, Labomap, Arts et Métiers ParisTech Cluny, Rapporteur Isabelle BONJOUR, Dr, Maison de la Forêt et des Bois de Guyane, CCIG, Examinateur Yamina AIMENE, MCF, UAG, UMR Ecofog, Examinateur Jacques BEAUCHENE, Chargé de Recherche, CIRAD, UMR Ecofog, Examinateur Ouahcène NAIT-RABAH, MCF, UAG, UMR Ecofog, invité Eric BERLIOZ, Directeur d’entreprise, DUCLOUX S.A., VINCI Constructi on, invité

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Page 1: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

Université des Antilles et de la Guyane

Faculté de Génie Civil

École doctorale pluridisciplinaire :

Santé, Environnement et Sociétés dans les Amériques

Thèse pour le doctorat en Génie mécanique

BOURREAU Damien

Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique

en Guyane Française

Sous la direction de Bernard THIBAUT

Soutenue le 16 Décembre 2011 à Cayenne N : [0000AGUY0000]

Jury :

Bernard THIBAUT, Directeur de recherche émérite, CNRS, UMR Ecofog,

Président

Pascal TRIBOULOT, Pr, Université de Nancy 1, UQAC, Rapporteur

Rémy MARCHAL, Pr, Labomap, Arts et Métiers ParisTech Cluny, Rapporteur

Isabelle BONJOUR, Dr, Maison de la Forêt et des Bois de Guyane, CCIG,

Examinateur

Yamina AIMENE, MCF, UAG, UMR Ecofog, Examinateur

Jacques BEAUCHENE, Chargé de Recherche, CIRAD, UMR Ecofog, Examinateur

Ouahcène NAIT-RABAH, MCF, UAG, UMR Ecofog, invité

Eric BERLIOZ, Directeur d’entreprise, DUCLOUX S.A., VINCI Construction, invité

Page 2: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

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“The first revolution is when you start to change your mind

about how you look at things”- Fela Anikulapo-Kuti

Page 3: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

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Remerciements

Je profite de cette page pour remercier Bernard Thibaut et Eric Berlioz qui m’ont fait confiance

durant ces trois années pour mener à bien ce projet. Un grand et chaleureux merci à Jacques

Beauchêne pour son aide, sa proximité et ses conseils. Grand merci aussi à Yamina Aimène pour

avoir partagé ses connaissances sur la modélisation numérique et ses nombreux conseils quant à

l’écriture et à la communication scientifique. Merci à Ouahcène Nait-Rabah pour m’avoir aidé sur

la mécanique et modélisation. Merci à Guillaume Legrand et Patrice Garcia de m’avoir accueilli

dans leur laboratoire pour réaliser les essais de mouillabilité. Merci encore à Thomas Mangenet

pour l’aide fournie sur la partie statistique.

Je tiens aussi à remercier les différentes personnes que j’ai pu côtoyer durant mon travail, l’équipe

de CBCI (Jérémy, Sébastien, Teddy, Tito, Thomas et les autres), les doctorants et autres chercheurs

de l’UMR Ecofog (Hélène, Raphaëlle, Jean-Michel, Guillaume, Julien, Koese…) et l’équipe du

FCBA que j’ai pu côtoyer lors de mon séjour à Bordeaux.

Enfin, un très grand merci à toutes les personnes qui m’ont supporté. Merci à Gaëlle, Samo, La

Chaum’, Pikdismi, les LS etc… qui ont su me remonter le moral dans les moments les plus

difficiles.

Page 4: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

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Résumé

Une étude de faisabilité de poutres en bois lamellé-collé a été menée en Guyane Française en

utilisant les essences locales. Le but est de déterminer les paramètres de collage assurant la bonne

résistance mécanique des assemblages par lamellation et par aboutage, nécessaires à la fabrication

de poutres en bois lamellé-collé en climat tropical. Trois essences de bois abondantes de différentes

densités ont été sélectionnées. Les adhésifs de types Mélamine-Urée-Formol et Résorcinol-Phénol-

Formol ont été utilisées. Les paramètres de collage considérés sont : le grammage, le temps

d’assemblage fermé et la pression.

En utilisant les normes Européennes, plusieurs campagnes de tests ont été conduites sur des

échantillons normalisés. Concernant le collage par lamellation, des tests élémentaires de

délamination et de cisaillement des joints de colle ont été réalisés. Le test de délamination consiste

en deux cycles d’immersion dans l’eau sous pression et de séchage, il induit de sévères variations

d’humidité du bois susceptibles de créer des ouvertures des joints de colles. Le collage par aboutage

est réalisé sur des poutres normalisées aboutées. Les entures sont obtenues grâce à un outillage

standard communément utilisé pour les résineux.

Les résultats ont mis en évidence l’influence des propriétés du bois et des paramètres de collage sur

la résistance du joint et la résistance mécanique du produit. En effet, les paramètres du bois, tels que

la densité, la rétractibilité et l’imprégnation, ont une forte influence sur le collage, en particulier sur

la pression et le grammage nécessaires à la production d’un produit commercialisable. Il apparait

qu’un bois de densité moyenne et poreux nécessite un grammage et une pression élevés comparé à

un bois de densité élevée qui nécessite des valeurs moindres. Aussi, l’influence d’autres paramètres

de fabrication, tels que le rabotage, l’encollage double face et simple face ainsi que l’épaisseur des

lamelles, a été établie. Par contre il semblerait que le matériel communément utilisé pour l’aboutage

des résineux n’est pas adapté aux feuillus tropicaux.

En final, des paramètres de collage ont été validés pour la fabrication de lamellé-collé endémique en

Guyane Française et une étude du coût de production d’une poutre lamellé-collé standard a identifié

les conditions économiques d’une fabrication en Guyane Française.

Page 5: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

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Abstract

A feasibility study of glued-laminated timber beams was carried out in French Guiana using local

wood species. The aim of the study was to evaluate the gluing parameters that could ensure good

mechanical properties for the manufactured glued-laminated beams in tropical climates. Three

abundant wood species with different specific gravity were selected for the study. Melamine-Urea-

Formaldehyde and Resorcinol-Phenol-Formaldehyde resins were used for gluing. The three gluing

parameters considered are: adhesive spread rate, closing assembly time and gluing pressure.

Using European standards, several laboratory tests were performed on normalized samples. The

evaluation of a successful lamella’s gluing was done by using elementary tests of delamination and

shearing. A delamination test consists of two cycles of water immersion at high pressure and drying

which induces severe hygroscopic variation in wood thus causing joints opening. The finger-joints

are made using a standard tool usually used for cutting softwoods.

The performed tests revealed the influence of wood properties and the gluing parameters on the

joint resistance and the mechanical properties of the product. Results show that wood properties

such as specific gravity, shrinkage coefficient, and permeation, have a high degree of influence on

the gluing step especially on the gluing pressure and on the adhesive spread rate needed to produce

a commercial product. Furthermore, wood with medium specific gravity needs more adhesive and

more pressure than the one with high specific gravity. Additionally, the effects of other

manufacturing parameters, such as planning, double or simple side glue spreading and lamellae

thicknesses, on the glue joint resistance were demonstrated. Finally, the common tools used for

softwoods are not adapted to making the finger joints with tropical hardwoods.

In conclusion, optimal gluing parameters for manufacturing glued-laminated timber beams in

French Guiana were established and an economical study using standard glued-laminated timber

beams revealed the economic conditions under which a successful manufacturing of these local

beams can be implemented in French Guiana.

Page 6: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

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Avant-Propos

Grâce à son esthétisme et sa forte résistance mécanique auquel s’ajoute une demande croissante sur

le marché guyanais, l’entreprise de charpente, CBCI, s’est naturellement intéressée à la possibilité

d’investir dans l’implantation d’une ligne de production de lamellé-collé en Guyane française. Ce

projet vient en outre, renforcer les décisions politiques locales portant sur la valorisation de la

ressource bois locale dans la construction en Guyane Française.

Ainsi un partenariat a été réalisé entre l’entreprise le CBCI et l’unité mixte de recherche Guyanaise

l’UMR ECOFOG dans le cadre d’une thèse CIFRE. L’objectif est d’étudier la faisabilité du

lamellé-collé en Guyane française, tout en utilisant la ressource locale.

Cette étude contribue à l’amélioration des connaissances actuelles quant à la compréhension du

collage structural sur des essences guyanaises, en climat néo-tropical.

Page 7: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

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Table des matières

INTRODUCTION ..................................................................................................... 14

CHAPITRE 1: Etat de l’art ...................................................................................... 17

1.1 Forêt et filière bois en Guyane Française ................................................... 17

1.1.1 La forêt guyanaise .................................................................................. 17

1.1.2 La filière bois en Guyane ....................................................................... 18

1.2 Le matériau bois............................................................................................ 21

1.2.1 Le bois matériau multi-échelles............................................................. 21

1.2.2 Le bois et l’humidité ............................................................................... 24

1.2.3 Durabilité du bois ................................................................................... 26

1.2.4 Comportement mécanique du bois ....................................................... 27

1.2.5 Influence des défauts du bois sur son comportement mécanique ...... 31

1.3 Le bois reconstitué par collage .................................................................... 36

1.3.1 Quelques produits bois reconstitués par collage ................................. 37

1.3.2 Le collage du bois .................................................................................... 38

1.3.3 Théorie de l’adhésion bois/colle ............................................................ 41

1.4 Le lamellé-collé dans les tropiques .............................................................. 44

1.4.1 Processus de fabrication du lamellé-collé ............................................. 44

1.4.2 Les problèmes des bois tropicaux et du climat .................................... 46

1.5 Conclusion de l’état de l’art ......................................................................... 51

Page 8: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

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CHAPITRE 2: Conception et caractérisation normalisées des poutres en bois

lamellé-collé ............................................................................................................... 52

2.1 Tests de validation de l’assemblage par collage ......................................... 52

2.1.1 Test de délamination suivant la norme NF EN 391 ............................ 53

2.1.2 Test de cisaillement suivant la norme NF EN 392 ............................... 54

2.1.3 Validation d’un assemblage par aboutage ........................................... 55

2.2 Tests de caractérisation des poutres homogénéisées ................................. 60

2.2.1 Caractérisation en flexion 4 points suivant la norme NF EN 408 ..... 60

2.2.2 Détermination du module de cisaillement ............................................ 62

CHAPITRE 3: Partie expérimentale ....................................................................... 64

3.1 Matériels et méthodes ................................................................................... 64

3.1.1 Choix des matières premières et des conditions de collage ................ 64

3.1.2 Descriptif de la presse utilisée ............................................................... 68

3.1.3 Réalisation des échantillons ................................................................... 70

3.1.4 Descriptif du matériel utilisé pour les mesures de mouillabilité ........ 74

3.1.5 Campagnes expérimentales ................................................................... 75

3.2 Validation de la presse .................................................................................. 81

3.3 Validation d’un collage structural par lamellation ................................... 84

3.3.1 Préconisation pour le collage par lamellation...................................... 84

3.3.2 Analyse des essais de collage .................................................................. 85

3.3.3 Campagne de validation des conditions de collage ........................... 104

3.4 Validation d’un collage structural par aboutage ..................................... 113

3.4.1 Difficulté de réalisation des aboutages ............................................... 113

3.4.2 Validation et caractérisation mécaniques des aboutages ................. 116

Page 9: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

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3.5 Etude de l’aptitude au collage des essences guyanaises .......................... 122

3.5.1 Etude de la porosité .............................................................................. 124

3.5.2 Etude de la mouillabilité ...................................................................... 129

3.5.3 Conclusion sur l’aptitude au collage des essences guyanaises ......... 132

3.6 Récapitulatif et analyse des paramètres de collage ................................. 133

CHAPITRE 4: Etude économique ......................................................................... 142

4.1 Hypothèses de calcul ................................................................................... 142

4.2 Méthode de calcul ....................................................................................... 143

4.3 Résultats de l’étude économique ............................................................... 144

4.3.1 Calcul des quantités unitaires ............................................................. 144

4.3.2 Influence de l’épaisseur des planches sur les quantités unitaires .... 146

4.3.3 Etude comparative Guyane / France hexagonale .............................. 149

4.4 Récapitulatif ................................................................................................ 151

4.5 Conclusion de l’étude économique ............................................................ 152

CONCLUSION GENERALE ................................................................................ 153

Bibliographie ............................................................................................................ 157

Annexe : Resultats de l’étude menée au FCBA, antenne de BORDEAUX ....... 162

Page 10: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

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Table des figures

Figure 1: Coupe transversale d'un tronc d'arbre ................................................................................. 22 Figure 2: Vue en 3D d’un résineux (a) et vue de la section transversale d’un feuillu (b) ................. 23 Figure 3: Vue de la section transversale d’un feuillu poreux (a), semi-poreux (b) et à pores diffus (c)

........................................................................................................................................... 23 Figure 4: Représentation schématique d’une fibre ............................................................................ 24 Figure 5 : Schéma des déformations possibles du bois lors de son séchage ...................................... 25 Figure 6: Schéma de l’orientation des directions principales du bois ................................................ 27 Figure 7: Comportement théorique du bois en traction/compression dans la direction longitudinale

........................................................................................................................................... 29 Figure 8: Diagramme des contraintes dans une poutre droite soumise à un effort croissant jusqu’à la

rupture [26] ........................................................................................................................ 30 Figure 9: Influence des nœuds sur la résistance à la flexion .............................................................. 31 Figure 10: Observation du bois de tension pour l’Eperua falcata (J. Ruelle) .................................... 32 Figure 11: Effet de la densité sur une propriété mécanique sur l’ensemble de 200 essences ............ 34

Figure 12 : Illustration de la mouillabilité du bois [71] ..................................................................... 43 Figure 13 : Schéma d’un aboutage par entures multiples [76] .......................................................... 45

Figure 14: Dimensions des échantillons de délamination (a) et de cisaillement (b) en (mm) ........... 52 Figure 15: Principe mécanique du test de cisaillement ...................................................................... 54 Figure 16: Dispositif d’essai pour mesurer le module local d’élasticité en flexion de l’aboutage sur

chant (NF EN 408) ............................................................................................................ 56 Figure 17: Dispositif d’essai pour mesurer le module local d’élasticité en flexion de l’aboutage à

plat (NF EN 408) ............................................................................................................... 57

Figure 18: Schéma de l’aboutage utilisé ............................................................................................ 58

Figure 19: Schéma de l’écrasement de l’enture mâle lors d’un emboitement « à toc » .................... 59 Figure 20: Dispositif d’essai pour mesurer le module local d’élasticité de la poutre homogénéisée

(NF EN 408) ...................................................................................................................... 60

Figure 21 : Dispositif d’essai pour mesurer le module global d’élasticité de la poutre homogénéisée

(NF EN 408) ...................................................................................................................... 61

Figure 22 : Schéma d’une poutre rectangulaire sur deux appuis chargée en flexion en 2 points ...... 62 Figure 23 : Schéma d’une poutre sur deux appuis soumise à une rotation ........................................ 63 Figure 24 Schéma du bâti de serrage utilisé pour le collage des échantillons ................................... 69

Figure 25 Quelques appareillages contraignants des lamelles pour les tests de délamination .......... 70 Figure 26 : Mode de débit des poutres pour l’échantillonnage des tests (exemple d’une poutre en P.

venosa) ............................................................................................................................... 72 Figure 27: Schéma d'un aboutage sans épaulement ........................................................................... 72

Figure 29: Encollage de l’aboutage ................................................................................................... 73 Figure 28: Dispositif pour le serrage des aboutages .......................................................................... 73 Figure 30: Dispositif mis en place pour la mesure de l’angle de contact ɵ ....................................... 75

Figure 31: Echantillon présentant une variation d’épaisseur du joint de colle .................................. 76 Figure 32 : Répartition de la pression à l’interface lame/lame au niveau du premier joint de collage

avec les martyrs en T. serratifolia ..................................................................................... 82 Figure 33: Répartition de la pression à l’interface lame/lame au niveau du premier joint de collage

avec les martyrs en acier .................................................................................................... 82

Page 11: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

11

Figure 34 : Répartition de la pression à l’interface lame/lame au niveau du premier joint de collage

avec les martyrs en HEA de 120. Cas de 3 lames (a) et de 6 lames (b) ............................ 83 Figure 35: Taux de délamination en fonction des grammages .......................................................... 86 Figure 36: Image d’un joint de colle au microscope (x100) .............................................................. 87

Figure 37: Taux de délamination en fonction des grammages pour des TAF de (a) 5 min, (b) 10 min

et (c) 20min........................................................................................................................ 90 Figure 38: Taux de délamination en fonction des TAF pour (a) Q. rosea et (b) D. guianensis ........ 91 Figure 39: Taux de délamination en fonction des grammages pour des pressions de (a) 0.4 MPa, (b)

0.7 MPa et (c) 1 MPa ......................................................................................................... 93

Figure 40: Taux de délamination en fonction des pressions de serrage pour le P. venosa ................ 94 Figure 41: Moyennes des délaminations sur le collage du P. venosa en fonction des niveaux de

serrage, triées par TAF ...................................................................................................... 95 Figure 42: Influence du rabotage sur le collage du Q. rosea via le test de délamination .................. 97 Figure 43: Résultats des taux d’adhérence A (en %) en fonction des essences de bois et des

résistances (fv) ................................................................................................................... 99 Figure 44: Histogramme de répartition des résistances (fv) ............................................................. 100

Figure 45: Histogramme de répartition des adhérences (A) ............................................................ 100 Figure 46: Résultats des taux de rupture R (en %) en fonction des essences de bois et des résistances

(fv) .................................................................................................................................... 101 Figure 47: Ratio des résistances en fonction des contraintes maximales fv relevées : (a) Q. rosea, (b)

P. venosa et (c) D. guianensis et triées par les résultats de délamination (<10% ou >10%)

......................................................................................................................................... 103

Figure 48 : Résultats de délamination pour la validation des paramètres de collage ...................... 106 Figure 49 : Résultats de délamination en fonction de l’appareillage et de l'encollage testés .......... 106 Figure 50 : Délamination en fonction de la température ambiante d’encollage .............................. 107

Figure 51 : Résultats de délamination du D.guianensis encollé en simple face .............................. 108 Figure 52: Contrainte maximale de cisaillement fv relevée sur les joints de colle et le bois massif 109

Figure 53: Taux d’adhérence en fonction des contraintes de cisaillement relevées ........................ 109

Figure 54: Influence de l’encollage en double face sur le collage via le test de délamination pour le

D. guianensis ................................................................................................................... 111 Figure 55: Influence de l’épaisseur des lamelles sur les délaminations .......................................... 113

Figure 56: Photos des éprouvettes d’aboutage réalisées pour la caractérisation mécanique (cas du P.

venosa). ............................................................................................................................ 114 Figure 57: Bâti de serrage pour la réalisation des aboutages ........................................................... 114

Figure 58: Dispositif de serrage pour la réalisation des éprouvettes d’aboutage ............................. 115 Figure 59: Dispositif de flexion 4 points à chant sur une éprouvette aboutée de P. venosa ............ 116 Figure 60: Résultats des modules d’élasticité locaux des échantillons testés à chant et à plat ........ 117

Figure 61: Résultats des flexions à chant et à plat pour les éprouvettes aboutées et celles en bois

massif ............................................................................................................................... 118

Figure 62: Photos (x120) prises par épifluorescence d’un joint de colle pour le Q.rosea (a1), le

P.venosa (b1) et le D.guianensis (c1) ainsi que leur traitement d’image associé

(respectivement a2, b2 et c2) ........................................................................................... 127 Figure 63: Mouillabilité des essences de bois étudiées et témoins .................................................. 129 Figure 64: Mouillabilité des essences tropicales en fonction de leurs débits .................................. 130 Figure 65: Mouillabilité des essences de bois étudiées et témoins non rabotés avant le test .......... 131 Figure 66 : Influence de la pression de serrage et du TAF sur les délaminations, cas du Q. rosea . 133

Figure 67 : Influence de la pression de serrage et du TAF sur les délaminations, cas du P. venosa

......................................................................................................................................... 134

Page 12: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

12

Figure 68 : Influence de la pression de serrage et du TAF sur les délaminations, cas du D.

guianensis ........................................................................................................................ 135 Figure 69 : Résultats de délamination en fonction des appareillages, cas du Q. rosea ................... 136 Figure 70 : Analyses par GAM des résultats de délamination pour le Q. rosea .............................. 138

Figure 71 : Analyses par GAM des résultats de délamination pour le P. venosa ............................ 139 Figure 72 : Analyses par GAM des résultats de délamination pour le D. guianensis ..................... 140 Figure 73: Récapitulatif des paramètres des essences étudiés ainsi que des conditions de collage

retenues par la campagne de validation ........................................................................... 141 Figure 74: Pourcentage que représente chaque poste de dépense pour la production d’1m³ de

lamellé-collé en Guyane .................................................................................................. 146 Figure 75: Influence de l’épaisseur des lamelles sur le coût des matières premières et sur les

résultats de délamination ................................................................................................. 147 Figure 76: Décomposition des coûts de matières premières en fonction des épaisseurs des lames 148 Figure 77: Pourcentage que représente chaque poste de dépense pour la production d’1m³ de

lamellé-collé en France hexagonale ................................................................................ 150 Figure 78: Comparaison des coûts totaux déboursés pour la fabrication d’1m³ de lamellé-collé

produit en Guyane ou en France hexagonale .................................................................. 151

Page 13: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

13

Liste des tableaux

Tableau 1 : Définition des classes de résistance naturelle du bois [24] ............................................. 26 Tableau 2: Equations correctives des modules d’élasticité en fonction de la densité pour les feuillus

à H=12%.......................................................................................................................... 33

Tableau 3: Equations correctives des modules d’élasticité en fonction de l’humidité ...................... 34 Tableau 4: Recommandations pour le collage de bois difficiles à coller [55] ................................... 48 Tableau 5: Valeurs minimales à atteindre pour un résultat correct de cisaillement .......................... 54 Tableau 6: Liste des essences sélectionnées pour le projet et leurs caractéristiques. ........................ 66 Tableau 7 Avantages et inconvénients des adhésifs choisis pour l’étude .......................................... 67

Tableau 8: Paramètres de collage étudiés .......................................................................................... 68 Tableau 9 : Tableau d’étalonnage de la clé dynamométrique ............................................................ 69

Tableau 10: Récapitulatif des paramètres de collage testés par la 2ème campagne de test ............... 76 Tableau 11: Résultats de délamination des éprouvettes collées à la MUF en fonction des conditions

testées .............................................................................................................................. 76 Tableau 12: Résultats de délamination des éprouvettes collées à la RPF en fonction des conditions

testées .............................................................................................................................. 77 Tableau 13: Récapitulatif des paramètres de collage testés par la 3ème campagne de test ............... 78

Tableau 14: Résultats de délamination des éprouvettes collées à la RPF en fonction des conditions

testées .............................................................................................................................. 78 Tableau 15: Récapitulatif des paramètres utilisés pour les différentes campagnes de collage par

lamellation ....................................................................................................................... 80 Tableau 16: Récapitulatif des paramètres de collage testés pour la première campagne de collage en

RPF .................................................................................................................................. 85

Tableau 17: Définitions des conditions de collage testées pour l’influence du rabotage .................. 97

Tableau 18: Récapitulatif des conditions de collage retenues en fonction des bois ........................ 104 Tableau 19: Comparaison des modules d’élasticité transverses et de la dureté de différents bois .. 114

Tableau 20: Ratio entre les aboutages et le bois massif ................................................................... 119

Tableau 21: Pression à appliquer en fonction de la longueur des entures ....................................... 121 Tableau 22: Porosité théorique des essences de bois ....................................................................... 124

Tableau 23: Indice de conductivité (Ik) des essences guyanaises .................................................... 125 Tableau 24: Récapitulatif du calcul des quantités unitaires pour la fabrication d’1m³ de lamellé-collé

....................................................................................................................................... 145

Tableau 25: Pourcentages de perte matière lors de la transformation en fonction des épaisseurs des

lamelles ......................................................................................................................... 148 Tableau 26: Récapitulatif du calcul des quantités unitaires pour la fabrication d’1m³ de lamellé-collé

....................................................................................................................................... 149

Tableau 27: Récapitulatif des coûts totaux déboursés pour la fabrication d’1 m³ de lamellé-collé en

D. guianensis ................................................................................................................. 151 Tableau 28: Résultats des tests de délamination réalisés au FCBA par des spécialistes du collage du

bois. ............................................................................................................................... 163

Page 14: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

14

INTRODUCTION

Inventé en 1890 par le suisse Otto Hetzer, le bois lamellé-collé consiste à manufacturer un produit

bois reconstitué au moyen de planches de même épaisseur purgées de leurs défauts. Les structures

en bois lamellé-collé ont fait la preuve de leur efficacité technique, économique et écologique dans

des ouvrages de grandes structures. Néanmoins, le comportement mécanique de ces structures en

service est fortement conditionné, au stade de la conception, par le procédé de fabrication et les

paramètres de collage. Lorsque ces conditions sont optimisées, elles garantissent un assemblage

robuste.

A l’heure actuelle, les poutres en bois lamellé-collé sont fabriquées dans les pays tempérés, avec

des essences résineuses. Les techniques sont maintenant bien maîtrisées et des innovations sont

encore à la marge (recherche de colle verte, optimisation du procédé de fabrication etc).

L’implantation d’une chaîne de production de bois lamellé collé en milieu tropical humide nécessite

tout un travail de conception et d’expérimentation sur toute la chaîne d’approvisionnement –

séchage – collage – conditionnement, pour ne pas être condamné à travailler dans des ambiances

climatisées, contrôlées en température et humidité, impossibles à tenir pour des raisons techniques

et économiques. En effet, les températures constamment au-dessus de 20°C et une humidité de l’air

élevée, auxquelles s’ajoutent des bois de caractéristiques mécaniques différentes, rendent peu

compatible les règles de l’art des pays tempérés pour la fabrication du lamellé collé en essences

tropicales et dans une ambiance équatoriale.

L’importation de poutres en bois lamellé-collé en Guyane a beaucoup augmenté ces dernières

années en raison d’une démographie et d’un besoin en construction croissants (établissements

scolaires, hôpitaux…) malgré la présence d’une forêt dense comprenant plus de 96% de son

territoire. Dans un contexte socio-économique grandissant, la fabrication de lamellé collé en

Guyane française, avec des essences de bois est nécessaire, elle est en adéquation avec les volontés

régionales de développement de la filière bois.

Page 15: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

15

La fabrication d’un produit reconstitué permet le développement des entreprises de sciage. En effet,

de par l’utilisation de lames de bois de longueur variable et de section identique,

l’approvisionnement d’une ligne de production de bois lamellé collé est extrêmement simplifié.

Cela permettra à des entreprises de première transformation de standardiser certains de leurs

produits, et donc d’optimiser les billions débités en augmentant leur rendement de sciage. Il leur

sera aussi possible de scier des bois dont le diamètre ou les défauts internes empêcheraient la

valorisation de la grume laissée alors sur parc. A l’échelle de toute la Guyane, la production

équatoriale de lamellé-collé structurel en bois local permettrait à la celle-ci de limiter, voire arrêter,

l’importation de produits bois traités avec des sels métalliques (Cuivre Chrome Bore). De plus,

investir ce créneau pour son marché local a d’indéniables avantages écologiques en matière

d’économies d’énergie notamment. Enfin et à l’échelle de toute la France, la région Guyane pourrait

devenir le premier producteur de lamellé collé tropical et l’exportatrice de produits hauts de gamme

vers les pays voisins et autres.

Dans le cadre de la valorisation du bois local dans la construction en Guyane, la fabrication du

lamellé-collé endémique a été envisagée. Une étude de faisabilité a mis en collaboration une

entreprise de charpente et menuiserie (CBCI) et une unité mixte de recherche UMR ECOFOG à

travers ses deux tutelles le CIRAD et le L3MA. Elle a pour but d’identifier les paramètres

industriels nécessaires à la création d’une ligne de production d’un produit lamellé-collé, dans un

climat néotropical non favorable. En effet, les paramètres de collage sont sensiblement affectés par

ce climat. D’une part, une forte hygrométrie influe sur les performances mécaniques du bois ainsi

que sur le processus de prise de l’adhésif et d’autre part, une température élevée accélère la

polymérisation de la résine et diminue sa durée de vie. De plus, l’utilisation de bois tropicaux

amène d’autres problèmes liés aux caractéristiques intrinsèques du matériau : densités importantes,

contrefils marqués, présence d’extractibles, anisotropie élevée, etc.

En raison de la grande variété des bois en Guyane, deux critères ont permis la sélection de trois

essences : un critère d’approvisionnement de la chaine de production lié à la rentabilité de celle-ci et

un critère de faisabilité mécanique lié aux caractéristiques physiques et mécaniques des bois. Ainsi,

trois essences abondantes de bois de densités différentes ont été sélectionnées pour la réalisation de

ce projet, le Q. rosea, le P. venosa et le D. guianensis. Les adhésifs utilisés sont ceux agréés par les

Page 16: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

16

normes européennes et préconisés pour les climats chaud et humide, ils sont de types Mélamine

Urée Formol et Phénol Résorcinol Formol. Les paramètres de collage considérés dans cette étude

sont des paramètres industriels: le grammage, le temps d’assemblage fermé et la pression de

serrage.

Afin de valider le paramètres de collages et d’évaluer ainsi la tenue des assemblages, plusieurs tests

ont été conduits, en accord avec les normes européennes en vigueur. Pour les collages par

lamellation, deux tests sont nécessaires (le test de délamination et le test de cisaillement) et pour le

collage par aboutage, c’est le test de flexion 4 points. Le test de délamination consiste en deux

cycles d’immersion dans l’eau sous pression et de séchage d’éprouvettes normalisées, il induit de

sévères variations d’humidité du bois susceptibles de créer des ouvertures des joints de colles et de

disqualifier les paramètres de collage. Le test de cisaillement des joints de colle est effectué sur des

éprouvettes, dans le sens du fil du bois. La validation du collage par aboutage a été réalisé sur des

poutres normalisées aboutées, et suivant deux configurations des poutres, à plat et à chant. Les

entures sont obtenues grâce à un outillage standard communément utilisé pour les résineux. Tous

ces tests permettent de valider les paramètres de collage susceptibles d’assurer une résistance

mécanique du joint de colle et donc une adhérence bois/ résine satisfaisante.

Page 17: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

17

CHAPITRE 1: Etat de l’art

1.1 Forêt et filière bois en Guyane Française

1.1.1 La forêt guyanaise

La Guyane française est un département d’outre-mer occupant 84 000 km² de superficie en

Amérique du Sud. Située dans l’ensemble géographique amazonien, cette région est caractérisée par

les 96% de son territoire occupés par la forêt, représentant 8 millions d’hectares, soit 1/3 de la forêt

française. Cela en fait la plus grande forêt domaniale de France et la seule forêt tropicale d’Europe.

En revanche, si grande soit-elle, cette forêt ne représente qu’environ 1% du massif amazonien

auquel elle appartient [1].

Cette ressource forestière est un atout majeur pour cette enclave européenne en Amérique du Sud et

un secteur du bois s’y est développé permettant une ressource économique non négligeable.

Malheureusement, cette forêt tropicale n’est pas des plus faciles à exploiter. En effet, la majorité de

l’espace est encore dans son état primaire, la faible densité de population, les difficultés de

pénétration, l’hétérogénéité et la diversité de la forêt font qu’elle n’a pas subi de transformation

notable par l’homme. Seule une bande côtière de 70 km est exploitée par prélèvements dispersés

(maximum d’abattage de 7 tiges à l’hectare soit 43m³/ha avec en moyenne un prélèvement de 2.5

tiges/ha) [2, 3].

De plus, la vision de la forêt a changé. Des mouvements écologistes dénoncent les abus de l’homme

envers la planète sur les grandes problématiques actuelles telles que la déforestation, l’effet de serre,

l’inégalité riches / pauvres, et rajoutent une contrainte à l’exploitation d’une forêt tropicale. En 1992

à Rio de Janeiro, la « Déclaration sur les Forêts » a été signée par la France qui se doit de mettre en

place une gestion durable de sa forêt équatoriale. En 1964, la France met donc en place un

gestionnaire institutionnel de la forêt, l’Office National des Forêts (O.N.F.). Cet organisme a

élaboré des politiques forestières s’inscrivant dans une gestion durable, tout en respectant le

développement social et économique de ce bien qu’est la forêt. En Guyane, l’ONF gère et préserve

94% de la forêt en déterminant des outils de protection de la biodiversité (50% de la forêt), des

Page 18: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

18

forêts récréatives pour le tourisme et l’épanouissement de la population, ainsi que des forêts de

production destinées à l’exploitation pour l’industrie [4].

Cependant, la filière bois reste guidée par la demande locale En effet, 80% des volumes de bois

sortis de forêt sont écoulés sur l’étroit marché guyanais, l’export étant concurrencé par les

concurrents voisins tels que le Brésil et le Surinam.

1.1.2 La filière bois en Guyane Jusqu’au traité de Rio de Janeiro signé par la France, les massifs forestiers destinés à la production

de bois étaient desservis par une seule route forestière principale, financée par l’Etat. Les

concessions étaient alors sous-exploitées car seuls les abords des pistes permettaient une pénétration

aisée en forêt. Malheureusement, ce paramètre est toujours d’actualité avec un relief et une qualité

des pistes défavorables à l’exploitation. En plus de cela, la grande diversité et dispersion des

espèces en forêt limitent le développement de l’industrie de par les faibles rendements

d’exploitation [1, 3].

1.1.2.1 L’exploitation forestière A l’heure actuelle, trois espèces constituent à elles-seules les deux tiers du volume exploité par la

vingtaine d’entreprises d’exploitation forestières (souvent rattachées à une entreprise de la première

transformation). Sur les 65 000m³/an de grumes prélevés en 2010 sur 12 000 ha (dont seuls 6 000 ha

font vraiment l’objet d’exploitation), l’Angélique (Dicorynia guianensis) en représente 40%, le

Gonfolo (Qualea spp et Ruizterania albiflora) 20% et le Grignon franc (Sextonia rubra) 10% [5].

Ainsi, en dépit de la richesse en biodiversité sur ce territoire, cette dispersion est un des handicaps

les plus importants pour l’industrie bois guyanaise. A cela s’ajoute un marché étroit et aléatoire ne

favorisant pas la pérennité des acteurs de la filière bois.

1.1.2.2 La première transformation La première transformation du bois en Guyane est constituée de 35 entreprises du sciage (dont 20

pratiquant leur propre exploitation forestière). Ces scieries, avec un rendement de 40 à 45%,

génèrent à peu près 30 000 m³ de bois scié par an, sous forme d’équarris, de sciages, de bois raboté,

séché et/ou profilé. Cette production est à 86% écoulée sur le marché local et les clients sont

majoritairement des entreprises de charpente et de menuiserie. Les principales difficultés

rencontrées par les scieurs restent dues à l’approvisionnement en bois par les exploitants. En réalité,

le fait qu’une essence soit exploitée ou non dépend [4, 6, 7] :

Page 19: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

19

De l’abondance locale en forêt (richesse moyenne à l’hectare)

De la facilité d’exploitation de l’essence (terrain facile d’accès)

De la distance entre la zone d’exploitation et la commercialisation

Des caractéristiques physico-mécaniques ou de durabilité du bois

Des conditions de mise en œuvre

Du prix de revient des grumes et des produits sciés par rapport aux bois importés

D’autres facteurs socio-économiques comme la « pression » de la demande locale

1.1.2.3 La seconde transformation Les activités de la seconde transformation utilisent le bois ou les produits issus de la première

transformation pour effectuer des travaux d’ébénisterie, de menuiserie et/ou de charpente. Ces

quelques 153 entreprises (dont 9 à plus de 10 salariés, incluant la société CBCI), écoulent 90% de

leurs produits sur le marché local, dans le domaine du bâtiment (70%) et dans le domaine de

l’artisanat et de la menuiserie (20%) [5]. En plus des problèmes dus à l’approvisionnement de ces

entreprises, le secteur de la seconde transformation est sujet à d’autres difficultés comme :

L’utilisation de bois non séchés nuisant à la qualité des produits fabriqués

Une main d’œuvre peu qualifiée malgré la mise en place de filières techniques

Un fonctionnement en dessous de leur capacité, en partie dû à l’étroitesse du marché

La variabilité du marché public dont dépend presque la totalité des grands chantiers.

En plus de ces difficultés, la construction bois voit de plus en plus de produits techniques remplacer

le bois massif. La fabrication de ces produits à base de bois (panneaux, poutre lamellé-collé…) est

actuellement bien maitrisée dans les pays tempérés, et relève du défi dans un territoire tel que la

Guyane où le climat n’est pas favorable à leur production. Enfin, l’investissement économique pour

la création d’une nouvelle ligne de production est un frein au développement de la filière bois. Le

prix du foncier d’une part et le coût élevé pour l’implantation d’une telle ligne d’autre part en sont

les principales causes.

Page 20: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

20

Afin de lisser leurs commandes et d’accroître leur marché, les entreprises de la filière bois se

doivent d’exporter leurs produits. Malheureusement, le marché extérieur n’est pas très accessible

pour la Guyane française (seuls 10% des sciages globaux ont été vendus à l’export en 2008). Afin

de valoriser cette filière, il est important de vendre plus de produits forestiers à plus haute valeur

ajoutée sur des marchés extérieurs, en essayant d’éviter la concurrence des pays voisins (exemples

possibles : export de grumes de bois précieux pour le tranchage, création de produits de structure en

kit, lamellé-collé en bois tropical…).

Page 21: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

21

1.2 Le matériau bois

1.2.1 Le bois matériau multi-échelles Le bois est un matériau, cellulaire, organique et naturel. C’est un matériau composite composé d’un

ensemble d’éléments chimiques, principalement, la cellulose, les hémicelluloses et la lignine. La

forme des cellules le composant, la différenciation de celles-ci lors de la croissance de l’arbre et

l’orientation des parois cellulaires sont responsables de l’anisotropie du bois [8]. A l’échelle de la

microstructure et de la macrostructure, l’étude des parois cellulaires et de leur organisation permet

d’expliquer le comportement mécanique du bois.

Le terme général de bois regroupe deux grandes catégories d’appellations commerciales : feuillus

(angiospermes) et résineux (gymnospermes). A l’œil nu, la différentiation entre ces deux groupes

est simple car les cellules qui les composent sont différentes. Il est possible de différencier deux

bois d’une même espèce.

1.2.1.1 Anatomie du bois à l’échelle macroscopique Au niveau macroscopique une coupe transversale d’un tronc d’arbre est caractérisée par la présence

de « cernes annuels ». Ceux-ci correspondent à l’activité cellulaire en fonction des saisons [9]. En

climat tempéré, les cernes se distinguent facilement grâce à un arrêt ou un ralentissement

significatif de la croissance de l’arbre pendant l’hiver (bois final). En climat tropical, la

différenciation peut être plus compliquée du fait que ce changement s’opère lors des saisons des

pluies [9, 10]. Ainsi, pour les bois tropicaux, le terme de cernes annuels n’est souvent pas

réellement applicable.

La partie externe, la plus jeune du bois, permet le transport ascendant de la sève, des racines vers la

cime de l’arbre ; plus particulièrement, la sève brute monte par le xylème (aubier) et la sève

élaborée descend par le phloème (écorce interne) (figure 1). La partie appelée aubier contient des

vaisseaux formés par le cambium, et correspond au bois physiologiquement actif [8]. Avec leur

vieillissement, les cellules restées vivantes cessent de fonctionner, cette partie inerte du bois de

l’arbre est appelée duramen, ou bois de cœur en opposition à l’aubier [9]. Pour la plupart des

espèces, le duramen présente une meilleure résistance à la pourriture et à l’attaque d’insectes

xylophages. Cette caractéristique est due à la présence de molécules biologiquement actives

synthétisées lors de la duraminisation, ainsi qu’à la disparition de substances de réserve

Page 22: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

22

consommées par les agents de dégradation biologique [11, 12]. Pour de nombreuses espèces de

feuillus, les vaisseaux du duramen s’obstruent ce qui entraine une réduction significative de la

perméabilité.

Figure 1: Coupe transversale d'un tronc d'arbre

1.2.1.2 Anatomie du bois à l’échelle microscopique Bien que la structure cellulaire des différentes essences de bois remplisse la même fonction

(transport de l’eau et des nutriments, leur stockage, le soutien de l’arbre…), les résineux et les

feuillus se différencient facilement par le type de cellules qui les composent (figure 2). En effet, un

résineux est essentiellement composé de trachéides (80%), assurant soit la conduction, soit le

soutien mécanique de l’arbre, alors que les feuillus ont une composition cellulaire plus diverse avec

des vaisseaux (transport de l’eau), des fibres (résistance mécanique) ainsi que des parenchymes

axiaux (pour le stockage et la répartition des substances nutritives). A titre indicatif, les trachéides

des résineux sont longues de 3 à 8mm avec un diamètre entre 20 et 80 µm, alors que les vaisseaux

des feuillus sont mis bout-à-bout afin de former un long tube dont le diamètre peut-être

exceptionnellement de plus de 500µm [13]. Trachéides et vaisseaux forment le système de

conduction du bois. Il peut être défini par sa porosité et sa capacité à absorber un fluide. En effet,

des vaisseaux, ou les trachéides, peuvent être bouchés par des extractibles (souvent présent dans les

bois tropicaux), réduisant ainsi leur affinité hydraulique.

Page 23: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

23

Figure 2: Vue en 3D d’un résineux (a) et vue de la section transversale d’un feuillu (b)

Picea sitchensis (x75) Quercus Spp (x55)

Lors de la formation du bois dans l’arbre, et en réponse aux contraintes dues à son environnement,

l’organisation cellulaire est unique pour chaque essence de bois. Bien que différente, celle des

résineux reste sensiblement la même, contrairement aux feuillus, dont l’organisation est bien

différenciée en fonction des essences. Pour les feuillus, trois grandes familles peuvent être

identifiées : les bois à zone poreuse initiale, ceux à pores diffus ou encore les semi poreux (figure 3)

[8].

(a) Fraximus excelsior (b) Fagus sylvatica (c) Acer pseudoplatanus

Figure 3: Vue de la section transversale d’un feuillu poreux (a), semi-poreux (b) et à pores diffus (c)

A la fin de la différenciation, les cellules constituant le bois sont composées de trois sous couches,

communément appelées S1, S2 et S3 (figure 4). De par sa structure et son volume, la sous couche S2

représente la partie la plus résistante mécaniquement (souvent 80 % de la paroi cellulaire). Elle est

constituée de couches successives de microfibrilles de cellulose, orientées différemment par rapport

à l’axe de la tige et suivant les différentes sous-couches. L’orientation des microfibrilles dans la

couche S2 (qui varie de 5 à 40° par rapport à l’axe de la fibre) permet la compréhension des

Rayons ligneux

Trachéides

Canal résinifère

Vaisseaux

Fibres

Parenchymes

(a) (b)

Page 24: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

24

propriétés physico-mécanique du bois. En effet, elles jouent un rôle primordial sur la résistance du

matériau ainsi que sur ses rétractibilités anisotropes [9].

La sous couche S3, bien que fine joue un rôle important sur le renfort mécanique de la cellule, dans

le cas du flambement par exemple lors de la mise en compression de ce matériau [9].

Figure 4: Représentation schématique d’une fibre

1.2.2 Le bois et l’humidité Le taux d’humidité d’un bois correspond à la masse d’eau contenue dans le bois pouvant être

enlevée par dessiccation. Ce paramètre est donné par [14, 15] :

(1)

Avec :

m0 correspond à la masse anhydre du bois obtenue après un séchage de l’échantillon dans une

étuve à 103°C +/- 2°C

mh est la masse du bois au taux d’hygrométrie h.

Lorsque le bois vert est séché, c’est d’abord l’eau contenue dans les vides cellulaires du bois qui est

évacuée. Cette eau est communément appelée « eau libre » du fait qu’elle est dissociée au niveau

moléculaire [14]. L’eau contenue dans les parois cellulaires est dite « eau liée », elle est liée aux

composants des parois par des liaisons hydrogènes et des forces de Van der Walls [16] rendant

l’évacuation de cette eau plus énergivore. Le moment où les vides cellulaires sont exempts de toute

« eau libre », alors que les parois cellulaires sont encore saturées en eau, est appelé Point de

Saturation des Fibres (PSF) [14]. Ce taux d’humidité est compris entre 15% et 40% et dépend des

espèces de bois. En pratique une valeur de 28% constitue une moyenne convenable.

Page 25: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

25

Le bois est un matériau hygroscopique et l’échange avec l’humidité de l’air ambiant est permanent.

Quelles que soient la température et l’hygrométrie relative de l’air dans l’environnement, il existe

un taux d’humidité d’équilibre du bois (Hf) pour lequel la diffusion de l’humidité vers l’intérieur du

bois est compensée par les échanges avec l’extérieur [14]. Le bois n’est cependant que rarement

dans cet état du fait que les conditions climatiques environnantes sont en constante évolution. La

détermination du taux d’humidité d’équilibre du bois en fonction de l’hygrométrie relative de l’air

et de la température du climat ambiant d’utilisation du bois se fait grâce aux abaques de

l’hygroscopie du bois érigés par Rasmussen en 1961 [17].

L’affinité du bois avec l’humidité est telle que l’eau peut s’infiltrer dans les parois cellulaires [15].

Lors du gonflement, le volume des vides cellulaires demeure constant [15, 16]. A l’inverse, lorsque

l’humidité est enlevée des parois cellulaires, le bois se rétracte. Ces deux notions de retrait et

gonflement sont communément rassemblées sous le nom de rétractabilité et conditionnent les

variations dimensionnelles du bois [15, 16, 18].

L’anisotropie entre les rétractabilités longitudinale et tangentielle varie dans un rapport de 1 à 20.

Le rapport entre les retraits tangentiel et radial est de l’ordre de 1 à 3 et souvent, l’anisotropie (A) de

ces deux derniers est comprise entre 1 et 3 [19].

31 r

t

R

RA Avec

tR et rR les retraits respectifs tangentiel et radial.

L’anisotropie du bois (en combinaison avec son hétérogénéité du fil) peut entraîner la distorsion des

sciages lors de leur séchage [20]. En effet, en plus de créer des défauts tels que les gerces et fentes

internes, un mauvais séchage du bois peut mener aux distorsions suivantes (figure 5) : le voilement

longitudinal (flèche de face), le voilement de rive (flèche de chant), le gauchissement ainsi que le

tuilage [21].

Figure 5 : Schéma des déformations possibles du bois lors de son séchage

Flèche de face

Flèche de chant

Gauchissement

Tuilage

Page 26: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

26

1.2.3 Durabilité du bois La durabilité naturelle du bois est sa capacité à résister aux attaques biologiques en l’absence de

tout traitement protecteur. Elle varie significativement selon les essences de bois et, dans une même

essence, elle est plus forte dans le duramen que dans l’aubier qui n’est en général pas résistant [22].

Les deux principaux agents responsables de la dégradation du bois sont les insectes (termites,

coléoptères, capricornes, Lyctus, vrillettes) et les champignons (lignivores ou de décoloration).

Dans l’eau salée, le bois peut aussi être attaqué par des térébrants marins (tarets). Beaucoup de ces

organismes nécessitent un minimum d’humidité pour se développer (20%) [23]. Dans un climat

comme en Guyane, le risque d’attaques est élevé car la chaleur et l’humidité favorisent le

développement des agresseurs biologques.

Le tableau 1 regroupe les indices de classe de résistance du bois vis-à-vis des organismes

responsables de sa dégradation.

Tableau 1 : Définition des classes de résistance naturelle du bois [24]

Résistance naturelle aux

champignons (Rc)

Val Résistance naturelle aux

termites (Rt)

Val Imprégnabilité Val

Très durable 1 Durable D Bonne 1

Durable à très durable 2 Moyennement durable M Moyenne 2

Durable 3 Sensible S Mauvaise 3

Moyennement durable 4

Peu ou non durable 5

Si la durabilité naturelle du bois n’est pas suffisamment forte pour l’emploi envisagé, un traitement

chimique peut être appliqué pour éviter les dégradations. Le choix du traitement dépend, de

l’imprégnabilité du bois et des conditions d’utilisation définissant ainsi la classe d’emploi (CE) que

le bois doit couvrir. L’imprégnabilité du bois influe de manière significative sur l’efficacité du

traitement. Dépendant de la perméabilité du bois et de son taux d’humidité, elle est susceptible

d’empêcher la pénétration des produits de traitement dans les bois [22]. Mais bien choisi, un

traitement de préservation du bois reste une solution majeure permettant d’accroitre sa durabilité, et

donc sa durée de vie dans des conditions climatiques défavorables comme en Guyane [25].

Page 27: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

27

1.2.4 Comportement mécanique du bois Le bois et ses dérivés sont largement utilisés comme des matériaux résistants, tant en structures

(charpente, plancher, coffrage pour de grands ouvrages…) que dans d’autres domaines très variés

(emballage, ameublement, aéronautique…). Pour tous ces emplois, il est nécessaire de connaitre les

propriétés mécaniques de ce matériau ainsi que son comportement sous sollicitations diverses ; ceci

afin d’utiliser le bois dans les meilleures conditions [26].

1.2.4.1 Généralités sur la mécanique du bois Le bois est un matériau hétérogène, anisotrope et dont les propriétés physiques et mécaniques

diffèrent suivant les directions considérées.

Sur un élément de bois on distingue trois directions principales (figure 6) :

Figure 6: Schéma de l’orientation des directions principales du bois

La direction longitudinale (L), parallèle à l’axe du tronc, c'est-à-dire dans la direction des

fibres,

La direction radiale (R), perpendiculaire à l’axe du tronc et passant par le centre,

La direction tangentielle (T), perpendiculaire à l’axe du tronc et tangente aux cernes

d’accroissement.

Le bois dans l’arbre est caractérisé par 2 plans de symétrie matérielles RL et RT et 3 directions

privilégiées L, R et T. Neuf composantes sont alors nécessaires pour le modéliser, c’est le modèle

orthotrope. La loi de comportement élastique linéaire est exprimée par le tenseur des complaisances

élastiques, elle est illustrée par l’équation 2.

Page 28: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

28

[

]

[

⁄ ⁄ ⁄

⁄ ⁄ ⁄

⁄ ⁄ ⁄

⁄ ]

[

]

(2)

Avec :

1.2.4.2 Traction et compression Les relations de contrainte/déformation pour des charges de courtes durées d’application sont

données schématiquement par la figure 7 où la contrainte est représentée en fonction de la

déformation.

Sur la courbe de traction (ou de compression) on distingue une zone sensiblement linéaire et

réversible, dite élastique linéaire, limitée par la contrainte qualifiée de limite élastique, suivie d’une

zone non linéaire, qui conduit à la contrainte de rupture. Lorsque la différence entre l’élongation à

la rupture et l’élongation à la limite élastique est faible, on dit que l’on est en présence d’une

rupture « fragile ».

On remarque ainsi que la zone de comportement élastique est généralement plus grande en traction

qu’en compression. Si au cours d’un essai, l’élongation à la limite élastique est dépassée et que l’on

décharge l’échantillon, on constate qu’à charge nulle il existe une déformation résiduelle

susceptible de se résorber au cours du temps. Ceci signifie que le paramètre temps influe sur la loi

de comportement et que le bois possède des propriétés visqueuses.

Page 29: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

29

Dans le cas d’une sollicitation, en traction ou compression, qui a lieu dans le sens transverse aux

fibres, la résistance du matériau bois s’en trouve très fortement diminuée, surtout dans le cas de la

traction. Cette faible résistance est due à l’anisotropie du bois liée à l’orientation axiale des fibres et

des microfibrilles.

Figure 7: Comportement théorique du bois en traction/compression dans la direction longitudinale

1.2.4.3 Flexion simple Le comportement d’éléments bois massifs soumis à une sollicitation en flexion se déduit du

comportement du même bois en compression et en traction et peut faire apparaître des contraintes

de cisaillement. En général, lors de l’étude du comportement mécanique d’une poutre soumise à une

flexion, on considère que l’hypothèse de Navier reste valable (« toutes sections planes normales aux

fibres avant déformation restent planes et perpendiculaires aux fibres »). Si les contraintes induites

par le moment de flexion sont inférieures à la limite élastique en compression (plus faible que celle

en traction), le diagramme des contraintes est linéaire (figure 8).

Page 30: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

30

Si le moment augmente et que l’on tend vers la rupture, pour un même déplacement, les contraintes

de traction sont supérieures à celles en compression ce qui provoque un déplacement de l’axe neutre

(axe sur lequel se situe tous les points où les contraintes sont nulles). A ce moment ci, l’axe neutre

n’est plus confondu avec la fibre moyenne de la barre, correspondant à l’axe par lequel passe les

centres de gravité de n’importe qu’elle section droite prise au hasard.

Figure 8: Diagramme des contraintes dans une poutre droite soumise à un effort croissant jusqu’à la rupture

[26]

La formule générale de résistance des matériaux en flexion, pour une section symétrique, est :

σ = M/(I/v) (3)

Avec :

σ est la contrainte de flexion en MPa

M est le moment fléchissant en N.mm

I/v est le module résistant en mm³

1.2.4.4 Fluage Sous l’action d’une charge permanente, les déformations ont tendance à augmenter en fonction du

temps. C’est le phénomène de fluage. Le fluage se produit dans le comportement visco-élastique du

bois. On appelle ainsi limite de fluage la contrainte que la barre de bois est capable de supporter

indéfiniment sans se rompre [19].

Dans le cas d’une flexion, le fluage est plus facile à mettre en évidence par la flèche de déformation

de la pièce, qui augmente en fonction du temps (le coefficient de fluage correspondant au rapport

entre la flèche mesurée à l’instant t et celle mesurée initialement) [27].

σc

Ret

om

bée

σt

σc

Page 31: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

31

1.2.4.5 Cisaillement et effort tranchant Le cisaillement peut être produit dans les assemblages par compression ou par l’effort tranchant

dans le cas d’une poutre travaillant en flexion. L’effort tranchant correspond à une contrainte

interne du matériau, perpendiculaire à l’axe de la plus grande longueur, en réponse à une

sollicitation.

Dans le cas d’une flexion, on peut distinguer deux types de cisaillement. Le cisaillement parallèle

aux fibres et celui dans le plan transversal. Ce deuxième est difficile à déterminer du fait de la faible

résistance du bois à une sollicitation transversale [28].

1.2.5 Influence des défauts du bois sur son

comportement mécanique

1.2.5.1 Les nœuds Les nœuds sont les parties des branches présentes dans le tronc de l’arbre. Lors du sciage du bois, la

trace des branches, de plus ou moins bonne qualité, sont visibles sur les planches. Les résineux se

distinguent des feuillus par une régularité des nœuds souvent groupés et séparés du bois sans défaut

[29, 30].

Un nœud modifie localement la direction du

fil du bois, il fragilise la pièce et réduit la

section effective de la pièce portante,

diminuant ainsi ses résistances mécaniques

(figure 9) [31]. Celles-ci sont aussi

influencées par la qualité du nœud, un nœud

dit « adhérent » sera mécaniquement moins

pénalisant qu’un nœud dit « mort ». De plus,

un nœud correspond également à des

variations locales de l’orientation des fibres

pouvant aller jusqu’à être perpendiculaires à

la direction du fil. Ceci induit souvent des

excentrements d’effort et localement des contraintes très élevées. Enfin, à l’endroit où les fibres

changent de direction autour des nœuds apparaissent des contraintes transversales pour une

sollicitation axiale. Ceci est particulièrement important pour les bois sollicités en traction parallèle

au fil [20].

SRb

= R

atio

de

rési

stan

ce à

la f

lexi

on

en f

on

ctio

n d

es

ud

s

X=Ik/Ig avec Ik= somme des moments d’inerties des

nœuds présents sur la section de bois et Ig le moment

d’inertie totale de la section (%)

SRb

= R

atio

de

rési

stan

ce à

la f

lexi

on

en

fon

ctio

n d

es n

œu

ds

(%)

Figure 9: Influence des nœuds sur la résistance

à la flexion

Page 32: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

32

De ce fait, on remarque que la résistance du bois de structure peut être plus importante en

compression qu’en traction, généralement due à la sensibilité aux variations locales de la pente de

fil.

1.2.5.2 Influence de l’orientation du fil De plus, certains arbres croissent avec une orientation principale des cellules formant une spirale

autour du tronc. Ce fil tors est courant pour certaines espèces (Pinus radiata, Caryocar glabrum) et

rare pour d’autres (Picea abies, Hymenae courbaril). Cette autre caractéristique, due à la croissance

du bois, affecte sa qualité et peut entrainer des déformations importantes lors du séchage [32].

Concernant les caractéristiques mécaniques, celles du bois dépendent de l’orientation de la

sollicitation par rapport à celle du fil dont le sens longitudinal présente les meilleures performances.

Ainsi, avec un bois contrefilé, les résistances mécaniques diffèrent le long de la pièce de structure

suivant l’angle du fil. Enfin, la résistance en traction est plus particulièrement affectée (réduite) par

l’augmentation de la déviation du fil suivant l’orientation de la sollicitation que la résistance en

flexion ou en compression d’après Baumann en 1922 [30]

1.2.5.3 Bois juvénile et bois de réaction Il est à noter que les 5 à 20 premiers cernes d’accroissement possèdent des caractéristiques

différentes de celles du bois extérieur arrivé à maturité [33]. Ce bois appelé bois juvénile possède,

une masse volumique, une résistance et une élasticité plus faible , particulièrement chez les résineux

[33, 34]. Pour les feuillus tropicaux, certaines espèces forestières favorisent la croissance en hauteur

par rapport à la croissance en diamètre en réponse à une forte compétition interspécifique, elles

développent alors un bois juvénile plus rigide et souvent plus dense [35]

De plus, du fait que la croissance de l’arbre dépende de

l’environnement dans lequel il évolue, celui-ci peut, suite à

des perturbations extérieures, développer une inclinaison

du tronc. Via une action mécanique active, un bois

spécifique peut se former, connu comme bois de réaction.

Chez les feuillus, ce bois se forme sur la face supérieure à

l’inclinaison (bois de tension figure 10), a contrario, les

résineux le développe sur la face inférieure (bois de

compression). D’un point de vue mécanique, le bois de Figure 10: Observation du bois de tension

pour l’Eperua falcata (J. Ruelle)

Page 33: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

33

réaction est sujet à d’importantes déformations axiales au séchage, et a tendance à se rompre plus

facilement (pas de phase plastique, rupture dès que la limite élastique est atteinte)

1.2.5.4 Influence de la densité La masse volumique du bois constitue le paramètre physique le plus important dont dépendent la

plupart de ses propriétés mécaniques [15]. Bien évidemment, ce paramètre dépend énormément de

l’espèce du bois, de la largeur des cernes, de son humidité…

La masse volumique est directement dépendante de la porosité du bois définie comme la proportion

volumique de vide cellulaire [14]. En effet, un bois très poreux aura une masse volumique plus

faible qu’un bois peu poreux du fait que le premier est constitué de moins de matière ligneuse.

Enfin, les différences de densité entre les feuillus et les résineux sont aussi dues aux différences de

structure anatomique. Généralement, les cellules composant les feuillus ont des parois cellulaires

plus épaisses, et sont donc plus denses, que celles des résineux [36].

Plusieurs études ont montré que l’élasticité en flexion et la contrainte de rupture parallèle au fil sont

corrélées quasi linéairement avec la densité [19, 37]. En reprenant l’idée de Bodig [38], Guitard et

El Amri [39] ont rédigé des régressions permettant d’approximer les constantes d’élasticité des bois

dont la densité diffère de celle dite «standard » (0.65 pour les feuillus et 0.45 pour les résineux,

tableau 2).

Tableau 2: Equations correctives des modules d’élasticité en fonction de la densité pour les feuillus à H=12%

⁄ ⁄

⁄ ⁄

⁄ ⁄

Dans ce tableau, la valeur des modules est exprimée en MPa et ces équations restent valables pour

des feuillus dont la densité est comprise entre 0.1 et 1.2.

En 1982, Bodig et Jayne [38] observent l’influence de la densité sur les propriétés mécaniques du

bois (figure 11) et les relient par l’équation suivante :

(4)

Avec:Y sont les propriétés élastiques, D est la densité du bois, a et b sont des constantes données

pour chaque essence de bois avec b>1.

De ce fait, il apparait évident que la limite d’élasticité augmente proportionnellement avec la

densité (figure 11).

Page 34: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

34

Figure 11: Effet de la densité sur une propriété mécanique sur l’ensemble de 200 essences

Enfin, la densité du bois et indissociable à l’humidité de stabilisation du bois. En effet, elle est

utilisée dans un large panel de conditions atmosphériques entrainant des humidités de bois bien

différentes, la stabilisation des pièces de structure est variable, impliquant directement une variation

de la masse volumique et donc de ses résistances mécaniques [40].

1.2.5.5 Influence de l’humidité Le caractère hygroscopique du bois a été souligné dans la partie générale du matériau ligneux,

présentant l’influence de l’humidité sur les déformations du bois. Dans le cadre de cette partie, il

s’agit de montrer l’influence reconnue du comportement hydrique sur les caractéristiques élastiques

[41] [39] et [13]. D’une façon générale, les résistances mécaniques du bois diminuent linéairement,

plus ou moins rapidement, jusqu'à leur stabilisation une fois que le Point de Saturation des Fibres

(PSF) est atteint [39, 42, 43].

Sur le plan pratique, Kollmann et Gerhards [20], Guitard et El Amri [39], ont établi des relations

permettant d’approximer les composantes élastiques en fonction de l’humidité à laquelle le bois est

soumis à sollicitations (tableau 3). Cependant, ce modèle reste proche de la réalité pour des

humidités comprises entre 6 et 20% [39, 44].

Tableau 3: Equations correctives des modules d’élasticité en fonction de l’humidité

[ ]

[ ]

[ ]

[ ]

[ ]

[ ]

Page 35: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

35

Soulignons, enfin, le fait que le taux d’humidité du bois est un paramètre important affectant

l’élasticité du matériau. En effet, Schlyter et Winberg ainsi que Hoffmeyer, ont montré que 1%

d’augmentation de la teneur en humidité du bois entraîne une diminution de 3% à 4% de la limite

élastique dans la direction longitudinale [43, 45].

1.2.5.6 Influence de la température En général, la variation de la température a un effet similaire à celui de la variation de l’humidité.

En effet, les propriétés élastiques du bois diminuent avec l’augmentation de la température jusqu'à

ce que le point de fusion du bois soit atteint [38]. Dès 1967, Siimes remarque que pour une même

teneur en humidité, l’augmentation de la température diminue la résistance mécanique du bois [46].

Sulzberger, confirme cette observation en exposant des courbes de décroissance du module

d’élasticité de plusieurs essences de bois en fonction de la température [20]. Cet effet de la

température sur la résistance mécanique du bois se voit amplifié lorsque l’humidité, elle aussi,

augmente [28].

Enfin, et d’après Salamon en 1963 [42], il apparaît que la réduction des propriétés mécaniques due à

l’augmentation de la température soit plus faible pour un bois de plus grande densité [20]. Notons

par ailleurs, que la résistance à la traction est moins affectée par l’effet température du bois que les

autres sollicitations (flexion, compression).

1.2.5.7 Influence combinée de l’humidité et du temps

(effet mécanosorptif) Il a également été démontré que l’effet mécanosorptif (variations cycliques d’humidité augmentant

le fluage du bois) réduit la durée de vie de ce matériau [47], [48]. En effet, en plus de l’influence de

l’humidité et de la température sur les propriétés mécaniques du bois, l’effet de la durée de charge

est à prendre en considération pour des produits destinés à la construction [49]. En effet, des tests

menés aux Etats-Unis ont montré que les valeurs de résistance de produits bois soumis à des

charges de longue durée sont 40% plus faibles que celles pour des bois soumis à des essais de

courtes durées en laboratoire [31] et peuvent augmenter en fonction de la qualité du bois (bois

d’œuvre ou sans défauts [50, 51]. Ceci est d’autant plus vrai que l’influence de la durée de charge

avec des variations cycliques d’humidité est corrélée à la section du bois étudié. Ces recherches

mènent à la conclusion que des bois de petite section sont plus affectés par ces effets de charges

(menant à la rupture) que les bois de plus grande section [45].

Page 36: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

36

En plus de cela, le taux d’humidité a une influence notable sur les effets de durée de charge [18],

[27]. En effet, pour un taux de contrainte donné, les bois en flexion à fort taux d’humidité ont une

durée de vie plus courte que les bois plus secs [49]. Enfin, les bois traités en surface ou les poutres

en bois lamellé-collé d’un certain volume sont moins sensibles aux variations d’humidité que ne le

sont les bois non traités ou de faibles volumes [18].

En plus de la variabilité intrinsèque du bois (bois initial, bois final, bois juvénile et bois de réaction)

ce matériau hétérogène présente également une variabilité intra essence car dépendant du génotype

et de l’environnement ou l’arbre a grandi. Cette caractéristique engendre une variabilité sur les

caractéristiques physiques et mécaniques inter et intra espèces. De même, une variabilité

supplémentaire est ajoutée en fonction de la qualité du bois (présence de nœuds, orientation du fil,

présence d’aubier ou autres défauts) réduisant plus ou moins ses caractéristiques mécaniques. Afin

de pallier ces variabilités (outre celles en fonction de la direction du fil), une nomenclature d’essai

existe afin d’homogénéiser les caractéristiques mécaniques d’une même essence et permet de la

comparer à une autre. En calcul des structures, et du fait que des bois en dimension d’emploi ont

des caractéristiques mécaniques plus faibles que ceux des essais (notamment à cause de l’effet

mécanosorptif), les valeurs moyennées avec leurs déviations standards sont utilisées comme

référentiel ou référence. Enfin, pour la construction, des produits bois peuvent être reconstitués afin

de minimiser cette variabilité, en purgeant le bois de ces défauts par exemple.

1.3 Le bois reconstitué par collage La généralisation des produits à base de bois en construction provient d’une volonté de valorisation

de ce matériau dont les avantages peuvent être déclinés comme suit : un aspect esthétique, un

usinage et une transformation aisée, une bonne résistance au feu, il constitue un matériau de

construction renouvelable et ne contribue pas à l’effet de serre. Cependant, afin d’éviter les

désavantages du bois massif (grande dispersion des propriétés mécaniques, résistance plus ou moins

élevée en fonction de l’orientation du fil) des produits reconstitués par collage ont été développés,

permettant d’accroitre leur homogénéité par rapport au bois massif, limiter leur variabilité

mécanique et d’augmenter les dimensions. Aujourd’hui, avec le développement des techniques de

collage, les bois massifs, assemblés par collage, présentent des avantages notables pour les

industriels :

Page 37: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

37

Répartition régulière des contraintes,

Economie de poids,

Pas d’affaiblissement des substrats occasionnés par les trous de rivetage ou de vissage,

Surfaces lisses,

Amortissement des vibrations.

1.3.1 Quelques produits bois reconstitués par

collage

1.3.1.1 Les panneaux Suivant leur mode de production, trois grandes familles de panneaux sont utilisées en construction.

Elles sont principalement différenciées par l’échelle à laquelle le bois est utilisé pour leur

reconstruction.

Les panneaux de fibres (Medium Density Fiberboard par exemple), sont fabriqués par la

cohésion de fibres de bois ayant une capacité d’adhésion propre, des liants peuvent

cependant être ajoutés pour obtenir un bon assemblage [52].

La composition du panneau de particules se fait grâce à un encollage de résidus de bois

obtenus par déchiquetage (poussières ou copeaux) qui sont ensuite agglomérés par des

résines. Ces produits (Oriented Strand Board par exemple) sont souvent composés de trois

couches avec celle du milieu, l’âme, présentant les plus grosses particules. Le principal

problème de ces panneaux reste leur faible résistance à l’humidité ; ils peuvent ainsi se

désagréger si le bois gonfle trop [52].

Les contreplaqués (plywood) sont des panneaux reconstitués par le collage de feuilles de

bois successivement assemblés et orientés en fil croisés à angle droit [53]. Cette

caractéristique permet d’obtenir une bonne résistance mécanique dans les deux directions de

la plaque un produit bois grâce au croisement des fils. Par ailleurs, les couches de bois sont

croisées de façon symétrique par rapport à l’âme du panneau, permettant une bonne stabilité

du produit lorsqu’il subit des variations hygroscopiques dans son environnement d’emploi.

Page 38: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

38

1.3.1.2 Les éléments de structure Pour des éléments constructifs à base de bois soumis à de fortes sollicitations mécaniques (poutres,

poteaux, …), d’autres produits bois reconstitués par collage existent [54].

Le Lamibois (Laminated Veneer Lumber), dont la technique de fabrication se rapproche de

celle du contreplaqué, est considéré comme un matériau à haute résistance mécanique. Il est

formé par l’association de placages collés fil sur fil avec ou sans jointage longitudinal (joint

en sifflet ou scarfage).

La poutre en I (I-beam) est une poutre composite constituée avec des membrures bois

connectée par l’âme (panneau en bois) et assemblées par collage. Cette reconstitution

permet une réelle économie de matière ainsi que la possibilité de grandes dimensions (15m).

Le lamellé-collé (Glue laminated timber) est un élément constitué de lamelles assemblées

bout à bout par aboutage, permettant ainsi une purge des défauts du bois massif. Ces lames

de grandes longueurs sont ensuite assemblées fil sur fil en épaisseur pour produire une

poutre aux dimensions voulues. Il est même possible de coller ces lames suivant une courbe

pour la création d’un produit structural très esthétique.

1.3.2 Le collage du bois La fabrication de produits collés requiert une parfaite conception des joints. Plusieurs paramètres

peuvent être très pénalisants s’ils sont mal contrôlés pendant la fabrication. Un des facteurs

déterminant est l’état des surfaces à encoller. En effet, celles-ci doivent être lisses et exemptes de

tous contaminants tels que les poussières, les fibres arrachées, les résines et huiles…, susceptibles

d’empêcher la pénétration de l’adhésif dans le bois. D’autres paramètres sont tout aussi importants

pour permettre un assemblage résistant. Une humidité du bois trop élevée empêche le mouillage de

la surface. Quant à la température, elle, accélère le durcissement de la colle. Les bois à encoller

doivent être propres, secs et rester dans cet état jusqu’à l’encollage [55]. Bien sûr, la qualité du

collage dépend aussi des conditions de travail dans lesquels est réalisé l’assemblage. Il est donc

important de surveiller les paramètres suivants :

Page 39: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

39

Température,

Humidité de l’air,

Propreté du poste de travail (poussières),

Adhésif frais et adapté au matériau,

Bonne adsorption et bon mouillage,

Pas de mouvements des éléments pendant le processus de prise,

Durée de prise,

Pression,

Durée de vie en pot de l’adhésif.

1.3.2.1 Les différentes colles utilisées En raison d’une énorme diversité d’adhésifs servant au collage du bois présents sur le marché, il est

important de bien définir le produit fini que l’on veut et les conditions dans lesquelles il sera

industriellement produit. Depuis l’apparition de l’assemblage par collage, plusieurs colles ont été

développées dont voici un bref descriptif :

Caséines

Les colles caséines sont probablement les plus anciennement utilisées pour le collage des joints des

lamellé-collé. Utilisées dès les années 1920, elles sont principalement constituées de la protéine du

lait Caséine. Le défaut majeur de cette colle réside dans le fait qu’elle soit constituée de protéines

favorisant ainsi les attaques du joint de colle par les champignons. De plus, elles ne sont pas

résistantes à l’exposition à l’humidité [56].

Urée-Formol

Les colles formées à base d’urée-formaldéhydes sont très nombreuses dans l’industrie du bois. Ces

adhésifs requièrent une basse température de polymérisation [57]. Ces colles, souvent peu chères,

garantissent un usage limité quant aux domaines d’application du produit fini. En effet, celles-ci

sont sensibles à l’humidité et sont recommandées pour un usage en intérieur sec [58].

Mélamine-Urée-Formol

Les colles Mélamine-Urée-Formol sont semblables aux colles Urée-Formol. Cependant, le fait de

remplacer un groupe Urée par un groupe Mélamine permet d’augmenter la résistance à l’humidité

de l’adhésif du fait que ce groupe ne soit pas soluble dans l’eau [55] [58].

Page 40: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

40

Phénol-Formaldéhyde

Il existe deux principaux types de colles Phénol-Formaldéhydes (PF): les colles « à chaud » et celles

« à froid ». Cependant, les adhésifs de type PF à froid ne sont pas recommandés car ils nécessitent

un catalyseur à forte acidité pouvant dégrader la surface du bois encollé [59]. Les adhésifs PF à

chaud (température de 110 à 140°C) produisent des joints comportant un bon vieillissement

résistant à l’humidité [60, 61].

Résorcinol-Formaldéhyde et Phénol-Résorcinol-Formaldéhyde

Du fait de leur prix élevé, les résorcines sont de moins en moins utilisées à l’état brut, mais

mélangées avec une colle de type Phénol-Formaldéhyde [57]. Ceci permet, pour un coût moindre,

d’obtenir les mêmes résistances mécaniques avec une température de polymérisation plus basse que

les PF (15 à 20°C). Sa longue durée d’utilisation, retardant la polymérisation de la colle, est un des

points forts de cet adhésif pour une utilisation en climat tropical [62, 63].

Il est nécessaire de respecter les caractéristiques des adhésifs données par le fabricant afin d’éviter

de nombreux désagréments lors de l’étape du collage. Les principaux points à surveiller sont cités

ci-dessous [55].

Le grammage est le paramètre réglant la viscosité de la colle lors de son application. Un

grammage trop élevé empêche un étalement homogène de la colle, créant ainsi un joint non

conforme (joint épais), et inversement, un grammage trop faible étale de façon excessive la

colle créant ainsi des joints maigres.

La température et le temps de polymérisation représentent la durée de vie de la colle, c'est-à-

dire le temps de prise entre la colle et le bois. Plus la température ambiante est élevée, plus

le temps de polymérisation est réduit (temps d’exécution du collage réduit).

L’environnement du stockage de la colle agit sur le vieillissement de l’adhésif. L’humidité

et la température accélèrent la détérioration des produits.

Page 41: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

41

1.3.2.2 Caractérisation chimique des colles

structurales Afin de créer un produit bois reconstitué pour des emplois structuraux, les résines utilisées dans

cette étude doivent satisfaire les exigences du type 1 de la norme NF EN 301 « Adhésifs de nature

phénolique et aminoplaste pour structures portantes en bois : classification et exigences de

performance »[64]. Comme précisé précédemment, deux types de résine peuvent être utilisés, la

Mélamine-Urée-Formol (MUF) et la Phénol-Résorcinol-Formaldéhyde (PRF). Notons que ces deux

colles sont thermodurcissables, c’est-à-dire qu’elles durcissent avec l’élévation de la température

[65].

Ces monomères (MUF et PRF) réagissent entre eux grâce à leurs fonctions chimiques et permettent

une polymérisation par l’ajout du durcisseur. Celui-ci joue un rôle de catalyseur dans le cas de la

MUF, pour le PRF, il permet de démarrer la polymérisation. Ainsi, la résine se solidifie par

polycondensation, c’est-à-dire, qu’une molécule d’eau est produite lors des réactions chimiques.

Cette étape de durcissement se fait dans toutes les directions, créant ainsi un polymère

tridimensionnel qui augmente la résistance thermique et mécanique de la colle [66].

Cette molécule d’eau, produite lors du durcissement de la colle, doit être évacuée lors de la

formation du joint de colle ; sinon, en restant à l’interface, elle empêchera l’adhésion de la résine

sur le support. Dans le cas des bois peu denses, il est supposé que celle-ci pénètre dans le support

car ce matériau est défini comme absorbant [67]. Les bois denses (densité > 0.7) eux, sont

considérés comme non absorbants car leur forte densité et leur faible imprégnation ne leur

permettent pas d’absorber cette molécule d’eau [66].

1.3.3 Théorie de l’adhésion bois/colle Le phénomène d’adhésion est universel et peut être étudié suivant différents points de vue. En effet,

afin de comprendre et d’expliquer ce phénomène, plusieurs théories [68] ont été développées :

L’enchevêtrement mécanique est contrôlé par la rugosité de surface et les ancrages de la

résine, d’une part par les aspérités surfaciques, et d’autre part par la pénétration de l’adhésif

dans les vides cellulaires (vaisseaux, rayon, trachéides…) [68].

Page 42: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

42

L’absorption thermodynamique repose sur le principe que des liaisons chimiques dites

« faibles » (liaisons de type Van Der Vaals) nécessitant un contact intime entre résine (avant

durcissement) et support. Cette théorie peut faire intervenir l’énergie d’absorption (énergie

qu’il faut fournir au système pour obtenir une séparation entre liquide et solide). Elle est

directement liée à l’énergie de surface du support (ou tension de surface) [66].

La diffusion, est spécifique à l’étude de l’adhérence entre les macromolécules. Elle repose

sur les lois de diffusion de Fick, prenant comme paramètres le temps, la température et la

concentration [68].

L’électrostatique étudie les capacités d’adhérence par des interactions entre les molécules

polaires et apolaires. De ce fait, des liaisons entre résine et support, sans contact intime,

peuvent être créées grâce aux mouvements des électrons entre un « donneur » et un

« receveur » [66].

La réaction chimique directe fait référence au processus d’adhésion entre deux pièces de

bois via la création de chaînes covalentes (liaisons chimiques fortes) entre les deux supports

et l’adhésif [69].

Dépendant de l’adhésif et du support utilisé, chaque théorie à son importance, cependant, dans le

cas du collage du bois, chacune des théories joue plus ou moins un rôle pour la formation d’un

assemblage correct. Ces mécanismes font encore l’objet d’un débat au sein de la communauté

scientifique.

1.3.3.1 Le mouillage du bois La mouillabilité est la base de la théorie de l’adhésion par absorption thermodynamique. De

manière générale, la mouillabilité est un critère de caractérisation de ce qui se passe lorsqu’un

liquide vient en contact avec un solide. Bien évidemment, les autres théories d’adhésion décrites

précédemment interviennent, mais ce paragraphe se focalisera sur la théorie thermodynamique, car

elle est utilisée lors de l’analyse des résultats de cette étude [70].

Page 43: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

43

Ainsi pour tout corps (liquide, solide, gazeux) des forces (d’attraction et de répulsion) maintiennent

la cohésion entre les molécules qui le composent. Au sein même d’un corps, la somme de ces forces

est nulle, mais à l’interface de deux corps, elle devient non nulle et engendre une tension

superficielle, notée ɤ, qui explique la forme sphérique d’une goutte, caractérisée par l’angle ɵ

mesurée entre la tension superficielle Liquide/Solide et la tension Liquide/Gaz (figure 12) [66].

Imperméable Mouillabilité correcte Trop forte absorption

Figure 12 : Illustration de la mouillabilité du bois [71]

Illustré par la figure 12, on comprend bien que plus ɵ est faible, plus le liquide s’étale sur la surface

et donc plus le support est mouillant. Evidement un mouillage trop important n’est pas conseillé car

il s’accompagne d’une pénétration excessive de la colle.

Il est à noter que cette technique de mouillage a été élaborée en considérant des surfaces

parfaitement planes et homogènes. Or le matériau bois est invariablement plus ou moins rugueux et

hétérogène et la mouillabilité dépend de ses caractéristiques intrinsèques (rugosité de surface,

porosité, hétérogénéité chimique, nature hygroscopique…). Selon Wålinder (2000), la nature

hygroscopique du bois, combinée à sa porosité, influence grandement la mesure de mouillabilité

(angle statique de contact) due à une pénétration directe du liquide dans ce matériau, jusqu’à ce

qu’il soit complètement saturé avec ce même liquide [69]. Ainsi, des études sur la mouillabilité du

bois prennent en considération l’angle de contact intime ɵ que forme la goutte avec la surface

rugueuse. Dans son ouvrage, G. Elbez cite une étude de Wenzel (1936) qui montre que seul le

cosinus de l’angle (ɵ) est influencé par la rugosité du solide [70].

L’intérêt de mesurer ces tensions de surface est qu’elles sont en étroite corrélation avec l’adhérence

d’un support bois par une résine [55, 70]. Ce facteur est caractérisé par le pourcentage de fibres de

bois arrachées lors d’un essai mécanique de rupture par cisaillement (essai normalisé et obligatoire

pour apprécier la bonne tenue d’un joint de colle). Malheureusement, aucune mesure de

mouillabilité n’a été réalisée lors de l’appréciation de l’adhérence des joints de colle, ne permettant

pas de confirmer (ou non) cette relation pour des bois tropicaux.

ɵ ɵ

ɵ ɤLS ɤLS ɤLS

ɤLG

ɤLG ɤLG

ɤSG ɤSG ɤSG

S

L

G (ici G= Air)

Page 44: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

44

1.4 Le lamellé-collé dans les tropiques Présenté succinctement dans la partie précédente, il s’avère que le processus de fabrication de ce

produit bois reconstitué, agrémenté d’un rigoureux contrôle qualité, lui procure des performances

supérieures à celles de nombreuses pièces de bois massif [72-74].

1.4.1 Processus de fabrication du lamellé-

collé En règle générale, le processus de fabrication du lamellé-collé suit les étapes décrites ci-dessous,

néanmoins, quelques variations peuvent subvenir en fonction des pays.

Préparation des planches de bois

Les planches de bois ont une épaisseur maximale de 50mm (40mm pour les feuillus) pour une

longueur variable et une largeur définie suivant le produit à réaliser. Les pièces ainsi conditionnées

peuvent être rabotées et classées mécaniquement. Ce classement préalable permet la création de

lamellé-collé panaché. Ce produit se différencie par le fait que les planches sont positionnées en

fonction de leur résistance mécanique et des zones à haute contrainte lors de sa mise en service. Par

exemple, pour un élément travaillant en flexion, les lamelles des plus grandes classes de résistances

sont positionnées à l’extérieur (zones les plus sollicitées), alors que les lamelles de résistances

inférieures seront placées au cœur du produit.

Aboutage

Les planches de bois sont ensuite débitées afin d’obtenir des lames purgées des défauts pouvant

affecter la résistance mécanique du produit. De ce fait, les défauts sont répartis plus aléatoirement

dans la poutre, constituant un matériau plus homogène. Ainsi la variabilité de la résistance

mécanique des planches est réduite et les bois de basse qualité sont plus résistants [72, 74].

Puis, les lames sont assemblées bout à bout afin de créer des lamelles continues de la longueur

souhaitée. Cette première reconstitution se fait grâce à un assemblage par entures multiples avec de

la colle. La géométrie communément utilisée pour les aboutages est schématisée par la figure 13,

mais d’autres géométries existent pouvant augmenter leur résistance mécanique en fonction des

utilisations finales [75]. Les lamelles sont ensuite stockées pour permettre la prise de l’adhésif avant

toute autre manutention.

Page 45: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

45

Figure 13 : Schéma d’un aboutage par entures multiples [76]

Où :

S est le jeu au fond de l’enture ;

P est le pas de l’enture ;

H est la largeur totale de l’assemblage

L est la longueur de l’enture ;

β est l’épaisseur de l’extrémité de l’enture et

α est la pente de l’enture

Les lamelles continues permettent la fabrication de poutres de grandes portées. Les limites sont

imposées par la capacité des machines, le temps d’ouverture de la colle, les dimensions de

l’atelier…

Encollage

Les lamelles continues sont ensuite rabotées pour éliminer tout manque de rabotage, les décalages

des entures et pour s’assurer de l’uniformité des épaisseurs des lamelles. Pour la réalisation de

lamellé-collé « horizontal », les lamelles sont encollées puis posées les unes sur les autres afin

d’obtenir la section désirée et enfin mises sous presse. L’empilage des lamelles se fait suivant un

décalage évitant ainsi que les aboutages, de faible résistance mécanique, se superposent. Pour éviter

un collage défectueux, les lamelles doivent avoir une humidité uniforme (différence inférieure à

3%) et acceptable par les adhésifs utilisés (16% maximum).

Page 46: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

46

La pression généralement appliquée pour les résineux est comprise entre 0.4 et 1.2 MPa. Dans le

cas d’utilisation de feuillus ou pour la fabrication de produits courbes, des pressions supérieures

doivent être appliquées afin d’obtenir un joint non défectueux. Le pressage est réalisé en ambiance

régulée (généralement 65% d’humidité relative de l’air et une température de 20°C) au moins

pendant 6h. Une fois le pressage terminé, les éléments sont conditionnés avant la finition afin de

permettre à la colle une polymérisation totale.

Les éléments à assembler peuvent être courbés afin de produire des poutres à contre-flèche,

permettant de compenser les efforts en utilisation, ou des poutres courbes esthétiques. Cependant,

cela nécessite l’adaptation des bancs de presse pour chaque rayon de courbure différent, pénalisant

ainsi le temps de fabrication.

Finition des poutres

Une fois bien stabilisées, les poutres sont rabotées sur leurs faces afin d’obtenir une section exempte

de tous défauts et afin d’éliminer les bavures de colle. Cette étape réunit les différentes opérations

telles que l’application de produits de préservation, les perçages pour les assemblages…)

En raison de la nature de la fabrication et de l’utilisation finale, le contrôle qualité est primordial.

En effet, comme l’assemblage des lamelles s’opère par un collage, il est très difficile de rectifier ou

d’améliorer les produits collés. De ce fait, le contrôle de la ligne de production doit se faire

régulièrement, en interne (fabricant) et en externe (organisme indépendant agréé).

1.4.2 Les problèmes des bois tropicaux et du

climat Le problème principal de la fabrication du lamellé-collé en bois exotique et dans une ambiance

tropicale chaude et humide est le collage. En effet, les technologies et les colles développées par les

pays industrialisés répondent à des critères d’utilisation en milieu tempéré. En milieu tropical, le

collage est une des étapes les plus délicates à réaliser à cause du taux d’humidité et de la

température ambiante élevés, de la densité des bois, des extractibles…

Page 47: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

47

En effet, le bois est un matériau hydrophile dont les caractéristiques mécaniques sont liées à

l’humidité. Cette affinité pose de nouveaux problèmes pour un assemblage par collage. En effet,

une humidité du bois élevée agit sur la viscosité de la résine en dispersant les particules adhésives

qui ne pourront se resserrer lors du collage, engendrant ainsi un joint défectueux [77-79]. A

contrario, une teneur en humidité trop faible accentuera l’absorption de la colle créant ainsi des

joints maigres. En plus de ce problème, les bois stabilisés en climat équatorial possèdent une

hygrométrie plus élevée que ceux des bois tempérés, séchés, utilisés pour la fabrication de lamellé-

collé. Ceci, en plus de leur teneur en humidité supérieure à celle acceptable par les colles (16%),

pose problème vis-à-vis des variations d’humidité que peuvent subir les produits finis [80]. Il est

vrai que ces variations engendrent des déformations pour ce matériau pouvant créer, si elles sont

bloquées, des contraintes élevées dans les assemblages. Ces contraintes doivent être minimisées afin

de ne pas altérer les résistances mécaniques des joints de colle, voire même d’éviter les

délaminations. Pour cela il est recommandé de stabiliser les bois avant le collage dans les conditions

climatiques d’utilisation et les différences hygrométriques entre les lamelles ne doivent pas excéder

3% [81]. Afin d’avoir une bonne uniformité de la teneur en eau des lames en climat tropical, un

séchage artificiel du bois suivi d’un ressuyage à l’air libre est recommandé [81]. Le séchage

artificiel permet l’uniformité hygroscopique et la stabilisation naturelle évite la création de

contraintes trop élevées [82].

Pour ce qui est de la température, elle influence principalement les caractéristiques des colles. En

effet, une température élevée (>30°C), entraîne une durée de vie limitée des adhésifs ainsi qu’une

polymérisation plus rapide de la colle, pénalisantes pour la fabrication car les temps d’assemblages

sont raccourcis [55].

L’utilisation de bois tropicaux pour la fabrication d’un produit collé amène d’autres problèmes liés

aux caractéristiques intrinsèques du matériau ligneux. En effet, la densité importante du bois, le

contrefil marqué, les extractibles, l’anisotropie élevée ont une grande influence sur le processus de

collage [62, 81].

En fonction des caractéristiques intrinsèques du bois, plusieurs étapes, avant et pendant le collage,

sont préconisées afin d’améliorer la résistance de l’assemblage voulu. Par exemple, des

recommandations possibles pour obtenir un collage correct sont regroupées dans le tableau 4, en

fonction de certaines caractéristiques pénalisantes.

Page 48: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

48

Tableau 4: Recommandations pour le collage de bois difficiles à coller [55]

Recommendations

Dense

Poreux

Forte rétractibilité

Carbonisation

Présence de résine ou matières grasses

Encollage double face

Augmentation de la viscosité de la colle

Procédé à deux encollages

Augmentation du grammage

Augmentation de la température d’encollage

Augmentation de la température de séchage des lames ( >70°C)

Augmentation du temps d’assemblage fermé

Augmentation de la pression de serrage

Rainurage des faces longitudinales

Ponçage des lamelles avant collage

Réduction de la section des lames

1. Cas des bois denses (D12>0,7) : Plus la densité est grande, plus les problèmes sont

nombreux. Les bois peu denses (Masse Volumique < 650 kg/m³ à 15% d’humidité), ne

posent en principe pas de problème pour le collage [83]. En revanche, avec une masse

volumique supérieure à 700 kg/m³, les problèmes sont nombreux et nécessitent des

traitements particuliers (tableau 4 [55]). Ces problèmes résultent du fait que l’eau contenue

dans la colle stagne dans le plan de collage, ne pouvant migrer vers les interstices

d’adhésion, affectant ainsi la mouillabilité du matériau et ralentissant le durcissement de la

résine [71]. Pour ces bois il est recommandé d’appareiller correctement les lamelles dont

l’épaisseur ne doit pas excéder 40mm [84].

2. Cas des bois poreux : Le principal problème est lié à la forte capacité d’adsorption du

support, ce qui risque de créer des joints maigres, présentant une faible adhérence [58].

Ainsi à porosité élevée, le grammage de la colle, la température de polymérisation et le

temps d’assemblage peuvent être augmentés [80]. De plus, certaines essences présentes des

porosités hétérogène (faible dans le duramen et forte dans l’aubier) pouvant créer des joints

de colle non homogène, surtout si l’aubier n’est pas distinct, ce qui est parfois le cas pour

des bois tropicaux.

Page 49: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

49

3. Cas des bois à forte rétractibilité : Dans le cas de fortes variations d’humidité, des études

scientifiques ([62], [81] et [85]) ont conclu que l’anisotropie du bois n’est pas un facteur si

contraignant que prévu. Toutefois, pour que l’étape de collage se passe correctement et pour

éviter l’apparition de craquelures dans les joints de colle, due à de fortes énergies libérées

par la distorsion des lamelles, la température de polymérisation peut être augmentée [80].

Cependant, afin de limiter des contraintes trop importantes dans les joints de collage, il a été

recommandé, par une étude menée sur le collage de bois africain, que l’anisotropie de

l’essence utilisée soit inférieure ou égale à 2 [81]. Cette limite permet d’éviter un trop grand

écart entre les retraits radial et tangentiel, qui ne s’expriment pas librement lors d’un

assemblage par collage. Dans cette même optique, pour la fabrication de lamellé-collé

panaché, les retraits des différentes essences utilisées doivent être assez proches les uns des

autres [85].

4. Cas des bois se carbonisant : En se carbonisant lors des étapes d’usinage (surtout si le bois

est siliceux ou contrefilé), le bois présente des irrégularités de surface avant encollage. De ce

fait, un mauvais contact des éléments à assembler peut survenir, créant ainsi des joints non

uniformes et un mauvais mouillage des surfaces.

5. Cas des bois résineux ou contenant des matières grasses : Un autre problème souvent

rencontré lors du collage de bois tropicaux est la présence des résines, migrant à la surface

du bois lors de son séchage [86]. Il en résulte un mouillage imparfait de la surface du bois,

empêchant l’affinité chimique entre le bois et la colle. Ces contaminants bouchent les pores

du matériau et empêchent donc la pénétration de l’adhésif [87, 88]. Pour cela, il est

préconisé de « cuire » le bois afin de limiter ces contaminations, lors de l’encollage [80].

Cette cuisson se fait par un séchage artificiel à haute température [89]. Poncer les lamelles

avant le collage peut aussi enlever les résines ou les contaminants. Bien évidemment,

l’encollage doit être réalisé dans la foulée afin d’éviter une nouvelle contamination de la

surface [42][90].

Page 50: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

50

Beaucoup de paramètres, développés plus haut, ont été étudiés ainsi que leurs influences sur le

collage. Mais d’autres peuvent influer négativement l’adhésion comme le contrefil. Il en résulte que

pour ce paramètre, une limite d’angle a été formulée. Coffin et al. en 1981 ont montré que des bois,

dont le contrefil a une pente supérieure à 10°, présentent des collages à résistance quasiment nulles.

Dans les années 80, des études ont été menées au Centre Technique Forestier Tropical de Nogent

sur Marne, soulignant l’influence de certains paramètres de collage sur la tenue des assemblages

avec des bois tropicaux. En agissant sur le grammage et la pression à appliquer pour le collage de

bois durs, les essais ont montré qu’il existe un optimum de pression (6 bars pour le Movingui

(Distemonanthus benthamianus)) au-delà duquel le grammage diminue du fait que la colle est

chassée des plans de collage par l’excès de pression (confirmant des études préalables de Carrutters

et Paxton, 1960, [91]). Pour de petites pressions, c’est la porosité du bois qui rentre en jeu,

expliquant ainsi les variations de grammage final en fonction des essences [63]. Cette même étude

montre aussi que, plus les bois sont denses plus la pression optimale est élevée. Ceci reste vrai si le

temps d’assemblage est lui aussi augmenté, sinon l’adhésif est chassé par la pression avant même

que la colle ne pénètre correctement dans le bois.

Dans le même temps, d’autres essais menés au Gabon sur des bois tropicaux africains ont conclu

que la fabrication de lamellé-collé structurel endémique est possible uniquement avec la colle

résorcine et en augmentant les paramètres de collage préconisés par le fabricant (Pression,

grammage, temps d’assemblage [81]). Cependant, avec l’évolution des technologies et des colles, la

résorcine n’est plus le seul adhésif utilisable pour la fabrication d’éléments structuraux. En effet,

depuis les dernière années, les colles de type urée-formol ont évolué et sont reconnues comme

suffisamment résistantes pour des emplois en structure (Mélamine Urée Formol).

Page 51: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

51

1.5 Conclusion de l’état de l’art

Connaissant l’importance du couvert forestier guyanais et sa sous-valorisation, il apparaît évident

que des essences de bois encore peu ou mal utilisées puissent être valorisées en les utilisant pour la

fabrication d’un produit à forte valeur ajoutée. En effet, la fabrication d’une poutre en bois lamellé-

collé permet la reconstitution de lamelles de bois misent bout à bout pour l’obtention de la longueur

souhaitée (assemblage par aboutage). La retombée souhaitée de la poutre est obtenue par le collage

des lames les unes sur les autres (assemblage par lamellation). Ainsi, des bois de petit diamètre et

ayant des caractéristiques physico-mécaniques intéressantes peuvent être exploitées sans pénaliser

l’industrie.

Cependant, l’étape critique du collage de bois guyanais en climat néotropical doit être bien

maitrisée et est source de difficultés quant à la réalisation d’un tel produit. En effet, les matières

premières sont sensibles aux humidités élevées (résistances mécaniques du bois plus faibles et

l’adhésion est gênée). De fortes températures accélère la polymérisation de l’adhésif et en réduit sa

durée de vie. Et l’utilisation de ces bois engendre des contraintes supplémentaires dues aux

caractéristiques intrinsèques du matériau : forte densité, présence d’extractibles, contrefil marqué…

Page 52: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

52

CHAPITRE 2: Conception et

caractérisation normalisées des poutres

en bois lamellé-collé

La conception et la caractérisation du bois lamellé-collé sont régies par des normes européennes.

Elles permettent de valider, dans un premier temps, l’assemblage par collage en lamellation (test de

délamination et test de cisaillement du joint de colle) et, dans un second temps, la reconstitution des

lames de bois par aboutage (test en flexion des aboutages). Enfin, la caractérisation mécanique

permet d’évaluer la résistance du bois lamellé-collé en fonction des différentes sollicitations

(flexion, cisaillement…)

2.1 Tests de validation de l’assemblage par

collage Les tests de validation des assemblages par collage, présent dans la fabrication du bois lamellé-

collé, sont de deux types. Un test de vieillissement artificiel permet d’apprécier la résistance de

l’assemblage par lamellation aux variations d’humidité (test de délamination). Les tests mécaniques

évaluent la résistance, du joint de colle en lamellation au cisaillement, et l’assemblage par aboutage

à la flexion.

Les tests de délamination et de cisaillement pour la validation de l’assemblage par lamellation sont

réalisés sur des échantillons parallélépipédiques normalisés, dont les dimensions sont données par la

figure 14.

Figure 14: Dimensions des échantillons de délamination (a) et de cisaillement (b) en (mm)

(a)

92

90

75

92

45

45

(b)

Page 53: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

53

2.1.1 Test de délamination suivant la norme

NF EN 391

Dans les tests de délamination, les échantillons normalisés sont plongés dans un autoclave où 2

cycles de vide/pression. Tout d’abord, un vide de l’ordre de 1 bar est appliqué pendant 15 minutes.

Le but est de créer un vide cellulaire dans les échantillons de bois. Puis, les échantillons de bois sont

immergés dans l’eau sous une pression de 6 bars pendant une heure, obligeant les vides cellulaires

accessibles à se gorger d’eau. A la fin de ce temps, un second cycle de dépression et pression sont

réappliquées selon le même mode. Les échantillons sont ensuite séchés pendant 21h dans une

cellule climatique, avec une humidité relative de l’air inférieure à 15% et une température comprise

entre 60 et 70°C. Tous ces paramètres respectent la norme NF EN 391 [92]. Lors de ces cycles, la

norme propose le remplissage de l’enceinte climatique au maximum de 10% de sa capacité (dans

notre cas, nous l’avons rempli à 7%).

A la fin du cycle de séchage, les fentes opérant dans les joints de colle, sur les faces en bois de bout,

sont mesurées à l’aide d’un pied à coulisse électronique. Ces mesures doivent être réalisées dans

l’heure qui suit la sortie de l’enceinte climatique, avant que le bois ne regonfle sous l’effet de

l’humidité environnante et fausse la lecture des résultats. Le taux D de délamination est alors établi

comme le rapport entre les longueurs des fentes (délamination) mesurées et la longueur totale des

joints de colle.

Le test est concluant si le taux D de délamination est inférieur à 10% (équation 5).

∑ (5)

A l’issue d’un premier test satisfaisant, un nouveau test de délamination est reconduit sur les mêmes

échantillons. Les conditions de collage sont alors validées pour le test de délamination si les

échantillons ne dépassent pas les 10% de délamination au terme des deux cycles.

Page 54: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

54

2.1.2 Test de cisaillement suivant la norme NF

EN 392

Les plans de collages des échantillons normalisés destinés au test de cisaillement sont

successivement cisaillés avec une presse de laboratoire (presse MTS) selon le principe mécanique

indiqué par la figure 15. Il est préconiser de stabiliser préalablement les échantillons de bois à 12%

d’humidité. Pour chaque joint de colle, on évalue la contrainte de cisaillement, fv et le pourcentage

d’arrachement des fibres A.

Figure 15: Principe mécanique du test de cisaillement

Selon la norme en vigueur [93], les résultats sont concluants si le taux d’arrachement A et la

contrainte fv sont dans les proportions indiquées par le tableau 5.

Tableau 5: Valeurs minimales à atteindre pour un résultat correct de cisaillement

fv (MPa) A (%) fv (MPa) A (%) fv (MPa) A (%)

[4 ; 6[ >75 [6 ; 11[ >45 ≥11 >20

Avec :

fv : la contrainte maximale minorée selon la norme,

A : le paramètre qui permet d’apprécier la tenue de la liaison interfaciale entre le joint de colle

et le bois, elle est obtenue par mesure visuelle.

45 mm

Partie de

l’échantillon

encastré

Joint de colle

testé

Force appliquée à

moins d’1 mm du joint

de colle

Page 55: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

55

En plus des paramètres précédents, la bibliographie préconise de calculer le taux de rupture R [11].

Il correspond au rapport entre les contraintes de cisaillement maximales, dans le joint de colle et le

bois massif. Le joint est résistant si le taux de rupture R est supérieur à 80% pour un taux

d’adhérence supérieur à 50%.

2.1.3 Validation d’un assemblage par

aboutage

2.1.3.1 Test de résistance des aboutages suivant la

norme NF EN 385 La rupture du bois lamellé-collé se produit dans les endroits les plus faibles, qui peuvent être soit

des nœuds, soit des joints d’aboutage [74]. De ce fait, pour évaluer la caractéristique mécanique du

lamellé-collé guyanais, il est primordial de déterminer la résistance mécanique en flexion des

aboutages. Ainsi, chaque essence de bois fera l’objet d’aboutages testés en flexion 4 points, sur face

et sur chant une fois les éprouvettes stabilisées à 12% d’humidité (figures 16 et 17) [94]. Ces deux

tests sont conformes à celui décrit par la norme NF EN 408 afin d’en déterminer leur module local

d’élasticité en flexion (Em,l) et la résistance à la flexion fm [95].

Le module local d’élasticité en flexion est donné par l’équation suivante :

(6)

Avec :

F2-F1 est l’accroissement de force sur la partie linéaire de la courbe force/déplacement (N)

w2-w1 est l’accroissement de flèche mesurée au centre de la portée et au centre de la rive, ici,

de traction (mm)

I est l’inertie de l’éprouvette (bh³/12) en mm4 avec b la largeur et h la hauteur de l’éprouvette

l1 est la longueur de base pour déterminer le module d’élasticité (mm)

a est la distance entre un point de chargement et l’appui le plus proche (mm)

Page 56: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

56

Le module locale d’élasticité en flexion est donné par :

(7)

Avec :

Fmax est la force maximale en N

a est la distance entre un point de chargement et l’appui le plus proche (ici 18mm)

b est la largeur de l’éprouvette (mm)

h est la hauteur de l’éprouvette (mm)

Du fait du bâti de test disponible et des bois approvisionnés, les éprouvettes d’aboutage sont

dimensionnées, une fois aboutées, en 37x27x580mm³ et en 27x37x580mm³ respectivement pour la

flexion sur chant et sur face. L’assemblage par entures multiples est positionné au centre de la

portée de l’éprouvette. Il est représenté en rouge sur les figures suivantes :

Figure 16: Dispositif d’essai pour mesurer le module local d’élasticité en flexion de l’aboutage sur chant (NF EN

408)

Page 57: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

57

Figure 17: Dispositif d’essai pour mesurer le module local d’élasticité en flexion de l’aboutage à plat (NF EN 408)

Les humidités relevées sur les éprouvettes dépassaient les 12 % mais étaient stabilisées entre :

15 et 16% pour le Q. rosea

13 et 14% pour le P. venosa et

15 et 17% pour le D. guianensis.

Ainsi, les modules d’élasticité locaux, Em,l, et les résistances à la flexion, fm, ont été ramenés à 12%

d’humidité grâce à la formule de Kollman et Gerhards [20], présentée dans l’analyse

bibliographique (cf. § 1.2.5.5 tableau 3).

De plus, un effet d’échelle est à prendre en compte pour les résultats. En effet, selon la norme NF

EN 384, les valeurs caractéristiques déterminées en flexion pour des bois massifs de section

rectangulaire, doivent se faire pour une retombée de référence de 150mm [96]. Or, les sections

testées étant inférieures à celle-ci doivent être ramenée à cette retombée de référence grâce au

coefficient kh défini par l’équation 8.

(

)

(8)

Page 58: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

58

2.1.3.2 Critères de validation de la qualité de

l’aboutage Pour l’aboutage, les entures s’emboitent et se serrent de sorte que l’assemblage ne puisse être défait

permettant la manipulation des lames reconstituées avant que la colle soit polymérisée. C’est le

mécanisme d’auto-serrage. De plus, lorsque les entures s’emboitent sans laisser de jeu, alors on

parle d’un emboitement « à toc ».

Le caractère auto-serrant de l’aboutage est dû à une différence entre les méplats des entures

(l’épaisseur de l’extrémité de l’enture (β) est supérieure l’épaisseur du fond de l’enture, ɤ) comme le

présente la figure 18. Ainsi, si l’extrémité de l’enture est plus faible que le fond de celle-ci, il n’y a

plus d’auto-serrage de l’aboutage, créé par la déformation due à l’emboitement de l’enture mâle

dans l’enture femelle.

Figure 18: Schéma de l’aboutage utilisé

Lors d’un aboutage sans jeu, ou « à toc » (S=0), un écrasement de l’enture mâle dans l’enture

femelle se produit. Il est donné par l’équation 9 et présenté par la figure 19.

(9)

La figure 18 présente l’emboitement « à toc » d’une enture mâle (bleue et rouge sur la figure) dans

une enture femelle (noir). Sur cette figure l’écrasement est identifié pour les deux faces de l’enture

mâle, équivalent à : (β - ɤ)/2.

Page 59: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

59

Figure 19: Schéma de l’écrasement de l’enture mâle lors d’un emboitement « à toc »

On peut donc considérer qu’un emboîtement « à toc » revient à créer une déformation dans le bois

du système d’enture, donnée par l’équation 10.

(10)

Avec P le pas de l’aboutage,

Afin de ne pas avoir de fissure dans l’éprouvette au niveau de l’aboutage, il faut que la contrainte de

traction perpendiculaire au fil engendrée par l’écrasement de l’enture mâle dans l’enture femelle

soit inférieure à la contrainte de rupture en traction transverse, ft,90,r ,

De plus, la valeur moyenne du module d’élasticité perpendiculaire au fil E90, est donnée par

l’équation 11, suivant la norme NF EN 338 grâce au module d’élasticité longitudinal parallèle au

fil, El [97]:

E90 = El/15 (11)

Ainsi, pour éviter le risque de fissuration de l’éprouvette, le fond de l’enture doit respecter

l’inégalité suivante :

[

] (12)

Avec ft,90,r, la contrainte de rupture en traction transverse du bois massif.

Page 60: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

60

2.2 Tests de caractérisation des poutres

homogénéisées

Pour la caractérisation mécanique des poutres lamellé-collé homogénéisées, les lames, aboutées,

constituant les échantillons seront encollées suivant les conditions de collage établies à la fin des

tests de validation d’un collage structural par lamellation. Les aboutages des lames seront faits de

telle sorte que ces assemblages soient décalés les uns des autres lors de la constitution de la poutre.

Avant chaque test, les poutres doivent être stabilisées à 12% d’humidité.

2.2.1 Caractérisation en flexion 4 points

suivant la norme NF EN 408

Comme pour les aboutages, un test de flexion 4 points sur les poutres lamellé-collé homogénéisées

doit être réalisé conformément à la norme européenne NF EN 408 présentée par la figure 20 [95].

Figure 20: Dispositif d’essai pour mesurer le module local d’élasticité de la poutre homogénéisée (NF EN 408)

La mesure du module d’élasticité doit se faire sur les deux faces de la poutre. Pour cela, un premier

essai est réalisé sur une face, et le chargement doit rester dans la limite élastique de la poutre. Puis,

la poutre est retournée et le test de flexion 4 points est, cette fois-ci, conduit jusqu’à la rupture de

l’échantillon. Ces deux chargements permettent une double mesure de l’accroissement de la force

par rapport au déplacement, mesuré par la flèche. Le module d’élasticité local et la résistance à la

flexion sont respectivement déterminés par les équations 6 et 7.

Page 61: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

61

De plus, un effet d’échelle est à prendre en compte pour les résultats. En effet, selon la norme NF

EN 1194, les valeurs caractéristiques déterminées par la flexion 4 points sur des poutres lamellé-

collé de section rectangulaire, doivent se faire pour une retombée de référence, h, de 600mm et une

largeur b de 150 mm [98]. Or, le bâti de serrage ne permettant pas de réaliser de telles sections, les

résultats des essais doivent être multipliés par le coefficient kdimension défini par l’équation 13.

(

)

(

)

(13)

Afin de déterminer le module global d’élasticité de la poutre homogénéisée, un 3ème

capteur de

flèche est installé au sol au milieu de la longueur de la poutre afin de relever la flèche apparente

induite par la flexion (figure 21).

Figure 21 : Dispositif d’essai pour mesurer le module global d’élasticité de la poutre homogénéisée (NF EN 408)

D’après la norme NF EN 408, le module global d’élasticité est donné par l’équation 14.

(

) (14)

Avec :

F2-F1 est l’accroissement de force sur la partie linéaire de la courbe force/déplacement (N)

w2-w1 est l’accroissement de flèche en mm mesurée au centre de la portée (mm)

b est la largeur de la poutre (mm)

h est la hauteur de la poutre en mm

l est la longueur de base pour déterminer le module d’élasticité (mm)

a est la distance entre un point de chargement et l’appui le plus proche (mm)

G est le module de cisaillement de l’essence de bois. S’il n’est pas connu, G peut être pris

comme l’infini.

Page 62: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

62

2.2.2 Détermination du module de

cisaillement Le laboratoire, n’ayant pas de bâti nécessaire au test de cisaillement en torsion, demandé par la

norme NF EN 408, une méthode théorique pour déterminer le module de cisaillent sera utilisée.

En effet, lors d’une flexion 4 points sur une poutre de lamellé-collé rectangulaire de grande

longueur (18h), la flèche totale apparente est principalement induite par le moment de flexion (M)

mais une petite partie est générée par l’effort tranchant (T), faisant intervenir le module de

cisaillement (G).

Figure 22 : Schéma d’une poutre rectangulaire sur deux appuis chargée en flexion en 2 points

Ainsi la flèche totale f1, mesurée à la position 1 sur la figure 22, est donnée par l’équation 15 dans le

cas d’une poutre chargée en 2 points (figure 21).

(15)

Avec :

P est la force appliquée par point de chargement (N)

E est le module d’élasticité (N/mm²)

I est l’inertie de l’éprouvette (bh³/12) en mm4 avec b la largeur et h la hauteur de l’éprouvette

K est le coefficient réducteur de la section, égal à 5/6 pour une poutre rectangulaire

G est le module de cisaillement (N/mm²)

S est la section de la poutre (mm²)

L/3 L/3 L/3

P P

L/2

Mesure de la flèche Point d’application de la charge

Point d’appui

2 1

Page 63: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

63

Or entre les deux points de chargement, cette section de la poutre est équivalente à une poutre

soumise à une rotation (figure 23)

Figure 23 : Schéma d’une poutre sur deux appuis soumise à une rotation

Dans ce cas de figure la flèche totale induite par cette rotation est donnée par l’équation 16. Cette

flèche totale est la déterminée par la différence des flèches mesurées en position 1 et 2 sur la figure

22, respectivement f1 et f2.

⁄ ⁄

(16)

La flèche due à l’effort tranchant est nulle dans ce cas-ci car, lors d’une flexion 4 points, le moment

de flexion est constant entre les deux appuis. Cette fois-ci la flèche totale est la différence entre

celle mesurée en position 1 et celle relevée en position 2 par la flexion 4 points (figure 22).

Depuis l’équation 16 on en détermine E (équation 17).

(17)

Ainsi, en remplaçant l’équation 17, dans l’équation 15, on en détermine le module de cisaillement

G, donné par l’équation suivante.

[

]

(18)

L/3

Couple induit par la charge appliquée lors de la flexion 4 points

Point d’appui

Page 64: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

64

CHAPITRE 3: Partie expérimentale

Cette partie présente la méthodologie mise en place afin de réaliser les échantillons nécessaires pour

les tests normalisés, présentés en partie 2. De ce fait, les matières premières, bois et colles, ont été

sélectionnées ainsi que le bâti de serrage (§3.1.1 et § 3.1.2). De plus, afin de comprendre les

mécanismes d’adhésion, des tests de mouillabilité ont été réalisés grâce à un goniomètre présenté au

§ 3.1.4. Enfin, pour valider un collage structural, plusieurs campagnes de collage par lamellation et

par aboutage ont été conduites (§ 3.1.5) et les résultats sont présentés dans la suite de cette partie.

3.1 Matériels et méthodes

3.1.1 Choix des matières premières et des

conditions de collage

3.1.1.1 Choix des essences de bois L’hétérogénéité de la forêt guyanaise et le nombre important d’espèces ligneuses recensées

localement offrent un large panel d’essences de bois susceptibles d’être étudiées pour le projet.

Compte tenu du temps imparti et de l’échantillonnage nécessaire pour les tests requis lors de la

conception, seuls une dizaine de bois peuvent être sélectionnés. Pour ce faire, il a été primordial de

trier les essences en fonction de certains critères tenant compte des contraintes industrielles, de

résistance et de durabilité,[11], à partir de l’étude bibliographique.

Du fait de la dimension industrielle de ce projet, le premier critère de sélection fût la disponibilité

de la ressource en bois exploitables répertoriée par les inventaires forestiers de l’Office National des

Forêts. En effet, afin d’alimenter une ligne de production, une certaine quantité de matière première

est nécessaire pour qu’un tel investissement soit rentable. Concernant la fabrication de lamellé-

collé, le plus petit outil de production actuellement sur le marché requiert un volume de 2000 m³/an

de produits finis pour ne pas être en sous-production (pénalisant pour une industrie). Compte tenu

des rendements des scieries, des déchets bois lors de sa transformation…, un volume de 2000 m³/an

finis représente près de 4500 m³/an de grumes, ce qui a constitué le premier filtre de la sélection

afin d’envisager un approvisionnement pérenne pour le futur.

Page 65: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

65

Les autres critères de sélection des essences de bois résultent d’une compilation des préconisations

rédigées dans des guides de collage du bois ainsi que dans des articles scientifiques. Celles-ci

concernent principalement deux paramètres fondamentaux du bois : la densité ainsi que la

rétractibilité.

Le premier paramètre concerne la densité du bois, influençant grandement la résistance mécanique

du produit et l’aptitude au collage des bois. En effet, une essence ligneuse dont la densité est

supérieure à 1 présente plus de contraintes au collage que des bois de densité plus faible. Pour ce

faire, tous les matériaux sélectionnés possèdent une densité moyenne inférieure à cette limite de 1,

évitant donc des contraintes trop fortes lors du collage de bois durs.

Les deux critères de sélection suivants concernent les retraits du bois. Ainsi, le retrait volumique

total moyen (RB) doit être inférieur à 15%, évitant de retenir des bois trop nerveux engendrant des

problèmes au séchage (gerces, fentes, vrillage…) ainsi que sur leur capacité de collage. De même,

une anisotropie du bois Rt/Rr

trop élevée engendre des problèmes de cisaillement dans les plans de

collage lors de la constitution d’un produit lamellé en conditions industrielles. Pour cela un rapport

inférieur à 2.2 entre le retrait tangentiel et le retrait radial de chaque essence a été utilisé pour filtrer

les bois susceptibles d’être collés.

D’autres paramètres, secondaires, ont été utilisés pour la sélection concernant la résistance

mécanique du bois ainsi que sa qualité intrinsèque. Les espèces ligneuses ont donc subi une

sélection sur leur module d’élasticité longitudinal et sur la présence de contrefil.

EL > 10000 MPa (Valeur du module d’élasticité longitudinal de l’Epicéa communément

utilisé pour la fabrication de poutres en bois lamellé-collé).

Contrefil peu marqué (présentant un angle de fil <10°) influençant énormément le vrillage

des sciages et augmentant les déformations liées à l’anisotropie de la rétractibilité du bois.

En partant des bases de données existantes, et avec l’application des différents critères cités ci-

dessus, onze essences répondent à ces critères (voir tableau 6). Parmi elles, trois seront retenues (Q.

rosea, P. venosa et D. guianensis représentés en gras dans le tableau 6) car elles offrent une rapidité

d’approvisionnement par les scieurs. De plus, ces bois sont déjà bien connus par les exploitants

forestiers et sont déjà classés mécaniquement en vue de la réglementation sur le marquage CE ainsi

que sur l’obtention de la certification européenne pour la mise sur le marché de lamellé-collé

structurel.

Page 66: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

66

Tableau 6: Liste des essences sélectionnées pour le projet et leurs caractéristiques.

Nom Latin Nom

Vernaculaire D12 RB Rt Rr Rt/Rr Rcham Rter Impr CE Rpot

Eriotheca crassa Maho Coton 0,58 13,13 8,43 4,70 1,79 5 S 1 1 7757

Erisma uncinatum Jaboty 0,59 14,30 9,73 4,74 2,05 3 S 2 2 7322

Couratari spp Mahot Cigare 0,62 12,56 7,44 4,76 1,56 5 S 1 1 18165

Inga Alba Bougouni 0,66 12,90 6,90 3,40 2,03 4 S 3 1 4683

Terminalia spp Anangossi 0,67 15,00 10,87 4,77 2,28 3 M 3 2 8381

Qualea Rosea &

Ruizterania albiflora Gonfolo 0,70 14,44 9,74 5,80 1,68 3 S 2 2 10485

Micropholis spp Balata Blanc 0,75 13,79 7,88 4,84 1,63 4 D 2 1 30647

Pseudopiptadenia spp Alimiao 0,79 12,04 6,94 4,66 1,49 3 M 3 2 12097

Dicorynia guianensis Angélique 0,79 13,50 8,24 5,13 1,61 2 M 3 3 161063

Peltogyne venosa Amarante 0,84 11,47 6,80 4,83 1,41 3 D 3 3 5189

Goupia glabra Goupi 0,84 13,63 8,28 4,25 1,95 3 D 2 2 18419

Avec :

D12 : Densité moyenne à 12% d’humidité

RB : Retrait volumique total moyen (en %)

Rt : Retrait tangentiel total moyen (en %)

Rr : Retrait radial total moyen (en %)

Rt/Rr : Anisotropie moyenne

Rcham : Résistance naturelle aux champignons

Rter : Résistance naturelle aux termites (cf. § 1.2.3)

Impr : Imprégnabilité des bois (cf. § 1.2.3)

CE : Classe d’Emploi couverte sans traitement

Rpot : Ressource potentielle par an (en m³)

3.1.1.2 Choix des adhésifs Le choix des colles pour la réalisation de ce projet fût moins complexe que celui des essences de

bois. Dans un premier lieu, la sélection des adhésifs s’est faite sur des produits du commerce actuel.

De plus, et afin de respecter les normes européennes, seul deux types de colles sont acceptés pour la

création de lamellé-collé à destination de la construction. Ces deux colles sont la Mélamine-Urée-

Formol et la Phénol- Résorcinol- Formaldéhyde (décrites § 1.3.2.1), dont les principales propriétés

sont rappelées dans le tableau 7.

Page 67: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

67

Tableau 7 Avantages et inconvénients des adhésifs choisis pour l’étude

MUF PRF

Avantages Inconvénients Avantages Inconvénients

Résistante à l’humidité Sensible aux

températures élevées.

Résistante à l’humidité

et aux températures

élevées

Prix

Bonne résistance

mécanique

Mélange collant

sensible aux variations

de dosage

Mélange collant flexible

aux erreurs de dosage

Réglementations de

plus en plus strictes sur

l’émission de

formaldéhyde

Prix Sensible aux

intempéries

Bonne résistance

mécanique

Circuit de

refroidissement

nécessaire pour

l’encolleuse (réaction

exothermique)

D’après les résultats bibliographiques (cf. § 1.4.2.) sur des études de fabrication de lamellé-collé en

bois exotique, il apparaît que la résorcine soit la colle la plus adaptée pour une utilisation en climat

tropical. Malgré cette aptitude, illustrée durant les dernières décennies, l’évolution technologique et

les recherches menées par les fabricants de colle ont permis l’évolution de certains adhésifs comme

la MUF. De ce fait, cette colle a elle aussi été étudiée en changeant ses paramètres d’application.

3.1.1.3 Détermination des paramètres de collage

étudiés Basé sur les préconisations des fabricants d’adhésif, les paramètres de collage à étudier ont été

déterminés en fonction du contexte du sujet (bois difficile à coller et collage en climat tropical). En

effet, pour une rentabilité économique à la mise en place d’une ligne de production, toutes les

étapes de collage se font en climat ambiant, c'est-à-dire en extérieur abrité. De ce fait, l’hygrométrie

et la température d’ambiance de collage ne sont pas maitrisées, tout comme celles des bois prêts à

être encollés. L’étude s’est donc portée sur 3 paramètres interdépendants agissant sur l’état du joint

obtenu: Le grammage de la colle, le temps d’assemblage fermé, et la pression de serrage.

Le grammage est le paramètre réglant la viscosité de la colle à appliquer sur les surfaces à

assembler. Ce paramètre régule l’étalement de la colle ainsi que la quantité escomptée.

Notons par ailleurs que le grammage dépend de la part de durcisseur que l’on mélange à

l’adhésif.

Page 68: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

68

Le temps d’assemblage fermé représente le temps écoulé entre l’assemblage de la première

lame encollée et la mise sous pression de la poutre. Ce temps est nécessaire pour laisser la

colle pénétrer dans le bois et pré-polymériser avant le serrage.

La pression traduit la force appliquée lors du serrage des lames.

Les grammages utilisés pour cette étude sont considérés pour un encollage double face des lames,

préconisation issue de la recherche bibliographique. Ils sont présentés dans le tableau 8.

Tableau 8: Paramètres de collage étudiés

3.1.2 Descriptif de la presse utilisée Au début de l’expérimentation, le serrage des échantillons a été réalisé avec une presse de

laboratoire MTS. Cependant une panne sur la machine a réorienté le matériel utilisé pour le serrage

des lamelles. Ainsi, pour la réalisation des échantillons, l’étape de serrage s’est faite sur une presse

traditionnelle pilotée manuellement en déplacement par des vis (figure 24). Du fait que ce bâti soit

soudé, l’entraxe entre les vis de serrage est équidistant et fixé à 430 mm. Grâce aux six vis

disponibles, trois espaces de collage interdépendants sont disponibles pour la réalisation des

échantillons. Ainsi la longueur des lamelles acceptable pour chaque espace disponible sur la presse

est de 700 mm.

Afin de ne pas écraser les lames devant être en contact avec les vis de serrage et pour homogénéiser

la pression au niveau des interfaces de collage, des martyrs ont été placés entre le système de

serrage et les poutrelles mises sous pression. Du fait de la disponibilité d’un bois dur au laboratoire

(densité de 1.1 et dureté de 221), les martyrs ont été réalisés en Tabebuia serratifolia de section 100

× 100 mm² avec une longueur supérieure à celles des planches encollées (750 mm).

1 La dureté est en étroite corrélation avec la densité. Elle est définie par l’indice de Monnin suivant la norme NF B 51-

013. Un bois est dit dur si son indice est supérieur à 9.

Do

nn

ées

Résorcine (RPF) Mélamine (MUF)

Grammage

(g/m²)

Temps fermé

(min)

Pression

(N/mm²)

Grammage

(g/m²)

Temps fermé

(min)

Pression

(N/mm²)

250 5 0.4 250 5 0.7

750 10 0.7 500 10 1

1500 20 1 750 20 1.2

Fab. 1000 5-10 1.2-1.8 500 5-10 0.8-1.2

Page 69: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

69

Figure 24 Schéma du bâti de serrage utilisé pour le collage des échantillons

Le serrage des vis se fait à l’aide d’une clé dynamométrique, étalonnée afin d’obtenir le couple de

serrage nécessaire à la pression demandée (tableau 9). Ce système de serrage nécessite de réajuster

la pression toutes les 2h environ, en raison du rétrécissement des joints de colle durant le serrage.

Tableau 9 : Tableau d’étalonnage de la clé dynamométrique

Clé

dynamométrique

N/m

Anneau

dynamométrique

N

Pression théorique

appliquée par une vis

N/mm²

Pression théorique au

niveau du plan de

collage

N/mm²

44.33 13300 0.20 0.40

77.58 23275 0.35 0.70

110.83 33250 0.5 1

La dernière colonne présente les pressions souhaitées au niveau des joints de colle pour des lames

de 95x700 mm² et la première regroupe les couples, indiqués sur la clé dynamométrique, permettant

d’atteindre, dans un cas idéal, les pressions théoriques à appliquer. Cet étalonnage s’est effectué

avec un anneau dynamométrique placé entre les deux martyrs en Tabebuia serratifolia afin de lire

les pressions réellement appliquées par les couples de serrage.

Vis de serrage Martyrs en Tabebuia. serratifolia Deux poutrelles de Q. rosea

sous pression

Page 70: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

70

3.1.3 Réalisation des échantillons

3.1.3.1 Réalisation des échantillons de validation du

joint de colle par lamellation Les bois utilisés dans cette étude proviennent par paquet de la scierie du Larivot en Guyane où ils

sont préalablement séchés pendant trente jours. Arrivé au Cirad pariacabo où la majorité des tests

ont été réalisés, ils sont laissés à stabiliser à l’air libre pendant environ deux mois, en exposition

optimale. Avant transformation, les planches présentaient une humidité comprise entre 14 et 18%,

selon l’essence de bois (en moyenne 17%, 15% et 14% respectivement pour le Q. rosea, le P.

venosa et le D. guianensis). Notons que dans un souci de variabilité intra-arbre, cinq billions de

provenances différentes ont été sciés pour l’approvisionnement des tests, constituant ainsi un

échantillonnage suffisant.

Une fois stabilisées, les planches sont dégauchies, rabotées puis débitées selon les dimensions

acceptées par la presse utilisée : 28 x 95 x 700 mm.

Avant d’être encollées, les lames de bois sont appareillées de manière à obtenir des échantillons

contraignants en matière de tenue de collage (figure 25). Sur cette figure, les pointillés représentent

la déformée finale après les variations hygroscopiques des lamelles de bois.

Les dosses de bois sont soumises à une rétractibilité tangentielle, deux fois plus forte que celle

radiale, qui s’opère pour les quartiers.

Appareillage homogène en dosse Appareillage hétérogène en

Dosse/Quartier/Dosse

Figure 25 Quelques appareillages contraignants des lamelles pour les tests de délamination

Lors des compositions des appareillages, les lames sont mesurées, pesées, et l’hygrométrie relevée

et vérifiée pour que la différence hygrométrique entre lames n’excède pas 3%, ceci afin d’éviter

trop de contraintes de retrait dans les joints de colle. Enfin, les lames sont marquées par le numéro

de la poutre finale définie comme suit :

Page 71: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

71

G R 3 P

Avec :

G = Gonfolo (première lettre du nom vernaculaire de l’essence de bois étudié)

R = Résorcinol-Phénol-formaldéhyde (première lettre de la colle choisie)

3 = Numéro de la poutre testée correspondant à une certaine condition de collage

P (ou H) = Appareillage Panaché (hétérogène) ou Homogène

Une fois les lames prêtes à encoller, le mélange collant est réalisé avec 20 parts de durcisseur pour

100 parts d’adhésif, communément utilisé par les industriels. L’étape critique de l’encollage se

déroule en extérieur abrité, tout comme ce qui se passerait sur une ligne de production en Guyane

française. Ainsi, moyennées sur l’année, les conditions de collage sont définies pour une

température de 30°C et une humidité relative de l’air d’environ 85%.

Le mélange est ensuite appliqué à l’aide d’un rouleau encolleur manuel permettant un encollage

uniforme sur les lames. Cette étape doit se faire le plus vite possible afin que le mélange collant ne

commence pas à prendre : ce temps correspond au temps d’assemblage ouvert. Plusieurs

passages sont effectués afin d’obtenir le grammage désiré, puis les lames sont, appareillées comme

voulu sur la presse et laissées à stabiliser pendant le temps de d’assemblage fermé. Les temps

d’attente sélectionnés permettent au bois d’absorber de la colle avant que la pression ne fasse

échapper la colle des joints. Passé ce délai, les bois sont mis sous pression sur la presse

traditionnelle, présentée au § 2.1.2., pendant un minimum de 6h à l’air ambiant, temps prescrit par

le fournisseur pour un climat tropical.

Une fois les poutres dé-pressées, elles sont pesées et laissées à stabilisation pendant deux semaines.

Elles sont ensuite débitées en cinq échantillons destinés au test de délamination et quatre autres

destinés aux tests de cisaillement des joints de colle. La découpe des poutres se fait par une

alternance des échantillons destinés aux deux tests, permettant une bonne répartition de ceux le long

du produit collé (figure 26).

Page 72: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

72

Figure 26 : Mode de débit des poutres pour l’échantillonnage des tests (exemple d’une poutre en P. venosa)

3.1.3.2 Réalisation des échantillons d’aboutage Tout comme pour les campagnes de validation de l’assemblage par collage, toutes les planches de

bois utilisées (35x110x3500mm³) dans cette partie ont préalablement été séchées et laissées à

stabilisation en climat ambiant au CIRAD Pariacabo. Avant toute transformation de celles-ci, une

vérification de l’humidité a été effectuée conformément à la norme EN 13183-1 [99]. Puis des

baguettes de 40 mm de large ont été débitées afin de réaliser 30 échantillons destinés aux tests de

flexion dont 15 seront testées à la flexion sur chant et 15 autres à la flexion sur face.

Une fois, dégauchies, rabotées puis débitées à 300 mm de longueur, les éprouvettes sont profilées à

CBCI moins de 4 heures avant l’encollage. La configuration des entures d’aboutage de type sans

épaulement a été utilisée pour le profilage étant donné sa bonne performance mécanique [100]

(figure 27).

Figure 27: Schéma d'un aboutage sans épaulement

Echantillons de

délamination

Echantillons de

cisaillement

Page 73: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

73

Du fait que le lamellé-collé en bois de Guyane est destiné à des emplois en structure, la longueur

des entures doit être d’au moins 15mm de long d’après les normes de fabrication. Ainsi, l’aboutage

réalisé en Guyane présentait des entures de 15 mm de long ayant une géométrie standard comme

définie par la figure 18 (cf. § 2.1.3.2).

L’étape d’encollage de cet assemblage se fait grâce à une spatule afin de peigner correctement

l’aboutage avant pressage entre 50 et 100 MPa en deux secondes (soit 6 à 12 tonnes). Du fait de ce

dispositif, les éprouvettes doivent être profilées afin qu’elles puissent être maintenues par les mors

de traction (ou compression) de la machine lors de l’encollage dynamique sur la machine de

laboratoire MTS (figures 28 et 29). En utilisant cette presse, seulement 10 tonnes pouvaient être

appliquées, et les éprouvettes devaient être guidées et maintenues afin que les entures s’engagent

correctement les unes dans les autres.

Figure 29: Dispositif pour le serrage des aboutages

Une fois l’aboutage réalisé, tous les échantillons sont laissés à stabilisation en ambiance climatique

contrôlée (25°C et 65% d’humidité de l’air) afin d’être soumises aux tests de flexion définis dans la

norme NF EN 408 [95].

Figure 28: Encollage de l’aboutage

Page 74: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

74

3.1.4 Descriptif du matériel utilisé pour les

mesures de mouillabilité La mouillabilité est la base de la théorie de l’adhésion par absorption thermodynamique. De

manière générale, la mouillabilité est un critère de caractérisation de ce qui se passe lorsqu’un

liquide vient en contact avec un solide. La forme sphérique d’une goutte sur un support est

caractérisée par l’angle ɵ. Ainsi, plus ɵ est faible, plus le liquide s’étale sur la surface et donc plus le

support est susceptible de favoriser des liaisons chimiques (liaisons « fortes » de type ionique) et

physiques (liaisons « faible » de type Van Der Walls) avec le fluide [66].

Pour réaliser les mesures de mouillabilité, 3 débits par essence ont été utilisés (dosse, quartier et

faux quartier). Afin de reproduire l’état de surface obtenu avant l’encollage pour l’étude de la

lamellation, chaque planche est rabotée à la vitesse de 8m/min le jour même des mesures. En

attendant, les planches sont maintenues à une humidité de 16%, humidité relevée lors de l’encollage

en Guyane durant la saison séche.

De plus, pour que l’étude puisse être comparable avec des bois communément utilisés en lamellé-

collé, le Picea abies et le Larix decidua ont aussi été testés de la même manière que les essences

guyanaises. Le choix du P. abies est tout naturel du fait que cette essence est la plus utilisée pour la

fabrication de lamellé-collé alors que le L. decidua est l’essence ayant servi d’échantillons témoins

lors de la campagne de lamellation. Notons que les débits de ces deux essences (dosses) sont aussi

maintenus à humidité de 16%.

Les mesures ont été effectuées à l’aide d’un goniomètre à angle de contact avec un dispositif de

dépôt des gouttes de volume calibré (figure 30). Cet appareil est équipé de deux réticules, un fixe

(superposé sur la surface de l’échantillon) et un mobile permettant une rotation de ce dernier de

façon à l’amener tangent au profil de la goute déposée sur l’échantillon. La valeur de l’angle de

contact ɵ, est directement lue sur le cadran, solidaire du réticule mobile.

Page 75: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

75

Figure 30: Dispositif mis en place pour la mesure de l’angle de contact ɵ

3.1.5 Campagnes expérimentales Cette étude a été menée sur sept campagnes de collage, six pour la détermination des conditions de

collage par lamellation et une sur l’assemblage par aboutage. Pour le collage à plat, cinq campagnes

préliminaires de collage ont été réalisées avec plusieurs réorientations des paramètres de collages,

des colles et/ou du matériel utilisé. Une dernière a servi de validation des paramètres de collage.

La première campagne préliminaire de collage s’est déroulée sur une presse hydraulique mise à

disposition par l’industriel. Les vérins de serrage (en acier) avaient un entraxe de 60 cm. Le collage,

réalisé en climat ambiant (Hr= 85% et T= 30°C), s’est fait avec la MUF en mélange collant de

100 :20 suivant 2 grammages (750 et 1000g/m²), 2 TAF (5 et 20 min) et 1 pression (1 MPa). Seul le

Q. rosea a été utilisé suivant un seul assemblage et 4 poutres de 20 échantillons destinés à la

délamination ont été réalisées. Une seule série de 22 échantillons a été testé (résultats compris entre

80 et 100% de délamination) car les joints de colle réalisés montraient une hétérogénéité

d’épaisseur (figure 31) due à un défaut de parallélisme de la presse. Cette première campagne a

permis de prendre conscience de l’importance de la maîtrise des paramètres géométriques du

collage.

Dispositif de dépôt de

gouttes de volume calibré

Réticule mobile de mesure

Support de l’échantillon

Page 76: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

76

Figure 31: Echantillon présentant une variation d’épaisseur du joint de colle

La deuxième campagne de collage a été réalisée sur une presse de laboratoire (MTS) avec des

martyrs en acier de 35 cm de long. Toujours avec la même essence (Q. rosea), deux types

d’adhésifs (MUF et RPF) ont permis la réalisation des échantillons, destinés à la délamination, avec

un collage en conditions climatiques contrôlées (Hr = 65% et T= 25°C). En fonction de ces résines,

le tableau 10 regroupe les paramètres de collage testés.

Lors de cette campagne, deux assemblages (un homogène et un hétérogène en débits) ont été

réalisés pour chaque condition de collage, portant ainsi le nombre de poutres réalisées à 32 pour la

MUF et 24 pour la RPF. Chacune débitées en 4 échantillons de délamination, 128 éprouvettes

collées en MUF et 96 collées en RPF ont été testées.

Tableau 10: Récapitulatif des paramètres de collage testés par la 2ème campagne de test

Paramètres MUF RPF

Valeurs testées Valeurs testées

Grammage (g/m²) 250 500 750 1000 750 1500 2000 2500 TAF (min) 5 10 10 20 Pression (MPa) 0.6 1.2 1.6 1.8

Les résultats des tests de délamination relevés, suite à un seul cycle de pression/séchage, pour les

collages à la MUF et à la RPF soulignent le fait que les plus fortes délamination sont obtenues par

les appareillages contraignants (tableaux 11 et 12).

Tableau 11: Résultats de délamination des éprouvettes collées à la MUF en fonction des conditions testées

Grammage (g/m²) P (MPa) TAF (min) D (%)

Non contraignant D (%)

contraignant

250 1.2 5 39.3 61.2 500 1.2 10 49.7 49.5 750 1.2 10 N.A. N.A.

1000 1.2 10 41.7 35.8 1000 0.6 10 19.5 21.4 750 0.6 10 12.4 38.6 500 0.6 10 17.4 75.0 250 0.6 10 51.3 44.5

Epaisseur de joint = 500 µm

Epaisseur de joint = 700 µm

Page 77: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

77

Dans le cas de la MUF, on remarque, d’après le tableau 11, que globalement, plus la pression est

élevée, plus les délaminations sont importantes. Ceci conforte le fait que lors de la mise sous

serrage, l’adhésif appliqué sur les lamelles était chassé lors de la mise sous pression. De plus, on

observe que le fait d’augmenter le TAF de 5 à 10 minutes n’a été que bénéfique. Cependant, les

résultats des délaminations obtenus sont largement supérieurs aux 10% préconisés après deux

cycles d’immersion sous pression/séchage.

De plus, à la fin de ces tests, l’adhésif n’était plus utilisable car il était en fin de vie (la résine avait

déjà polymérisé dans son pot de stockage). Du fait que la qualité de la colle soit altérée seulement

un mois après le début des tests, il est supposé que ce soit le transport, et l’emploi en ambiance non

contrôlée, de cette résine qui soit à l’origine de l’altération de sa qualité. Cette dégradation soudaine

de la résine souligne bien le fait qu’en climat tropical, l’utilisation de cette colle en climat ambiant

est très technique et donc très contraignante pour l’alimentation d’une ligne de production. Ainsi, ne

pouvant plus utiliser cette résine pour les tests, elle fut écartée pour les prochaines campagnes.

Cependant, afin d’étudier la qualité des collages avec cet adhésif, une étude parallèle (présenté en

annexe) a été réalisée au laboratoire du FCBA. Cette étude a permis d’établir les conditions de

collage satisfaisantes à la mélamine avec le Q. rosea en condition tempérée (2% de délamination

pour un collage en 350g/m², un TAF de 45 min et une pression de 1 MPa). Ces conclusions assurent

le fait que le caractère de rétractibilité de cette essence de bois est très pénalisant pour l’obtention

d’un collage structurel correct. En effet, les résultats concluants ont été obtenus avec une épaisseur

de lame de 22 mm. Pour les mêmes conditions, et avec une épaisseur de 28 mm, les délaminations

sont d’environ 14%.

Tableau 12: Résultats de délamination des éprouvettes collées à la RPF en fonction des conditions testées

Grammage (g/m²) P (MPa) TAF (min) D (%)

Non contraignant D (%)

contraignant

750 1.6 10 49.0 69.8 1500 1.6 10 37.5 58.3 2000 1.6 10 13.0 65.7 2500 1.6 10 10.5 18.8 2000 1.6 20 21.3 87.0 2000 1.8 20 21.2 30.9

Pour les collages à la RPF, le tableau 12 montre que plus le grammage est élevé, plus le joint de

colle résiste aux délaminations. Cependant, lors de l’encollage, plus le grammage était élevé, plus la

quantité de colle chassée hors de plans de collage était importante. Ceci peut provenir, soit de

l’application d’une trop forte pression de serrage, soit d’un grammage trop élevé combiné avec un

TAF court.

Page 78: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

78

Il s’est avéré que cette utilisation de la presse MTS en effort permanent n’est pas recommandée car

la motorisation a rendu l’âme mettant fin à cette campagne.

La troisième campagne de collage a été réalisée avec, une presse manuelle, décrite dans le § 2.1.2.

Les lamelles d’1.4 m de long en Q. rosea, collées en climat ambiant (Hr= 85% et T= 30°C) suivant

deux appareillages, étaient serrées sous des martyrs en T. serratifolia sur lesquels s’appuyaient 4

vis. Lors de cette campagne deux états de surfaces ont été testés (tableau 13).

Tableau 13: Récapitulatif des paramètres de collage testés par la 3ème campagne de test

Paramètres Raboté 24h avant encollage Raboté plus de 24h avant encollage

Valeurs testées Valeurs testées

Grammage (g/m²) 500 1000 2000 2500 750 1500 TAF (min) 10 20 10 20 Pression (MPa) 0.6 0.7 1 0.7 1

Ainsi, 12 poutres, dont le rabotage des lamelles s’est fait juste avant l’encollage, ont permis de

tester 120 échantillons en délamination. Alors que seulement 60 ont permis d’évaluer l’influence du

rabotage (en les comparants avec des échantillons testés en délamination de la campagne 4),

présenté au § 3.3.2.1.4. Les résultats sont présentés dans le tableau 14.

Tableau 14: Résultats de délamination des éprouvettes collées à la RPF en fonction des conditions testées

Etat de surface Grammage (g/m²) P (MPa) TAF (min) D (%)

Non contraignant D (%)

contraignant

Raboté 24h avant l’encollage

2500 0.6 10 36.8 41.5 2000 0.6 10 10.6 16.9 1000 0.6 10 15.0 24.0 500 0.7 10 18.2 40.0 500 1 10 9.4 16.4 500 1 20 8.9 3.1

Raboté 24h avant l’encollage

1500 0.7 10 58.2 64.7 750 0.7 10 30.0 40.4 750 1 20 15.9 9.6

A travers ce tableau on remarque que l’étape de rabotage avant l’encollage est primordiale pour

l’obtention d’un collage suffisamment résistant pour être utilisé en structure. De plus, en ayant

diminué les pressions, des résultats de délamination sont concluants. Enfin, il s’avère que

l’application de grammage élevé n’est pas bénéfique pour l’obtention d’un joint de colle résistant

aux délaminations. Cette observation, confirmée par des spécialistes du collage, a permis de

réorienter les paramètres de collage testés avec la résorcine.

Page 79: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

79

Ainsi, avec ces recommandations prises, la quatrième campagne de collage menée est la campagne

de référence de ce projet. Elle a permis de tester la capacité de collage des trois essences guyanaises

(le Q. rosea, le P. venosa et le D. guianensis) suivant 2 appareillages et en climat ambiant. En

utilisant une RPF en encollage double face suivant les paramètres donnés par le tableau 8, 54

poutres de 700 mm de long ont été débitées. 270 échantillons en délamination et 216 en cisaillement

par essence ont été ainsi testés. Lors de cette campagne, un bois témoin (le Larix decidua) a été

encollé suivant 15 conditions de collage, 150 échantillons de délamination, ont été testés. Ces

collages réalisés sur le bois témoin montrent bien que l’utilisation de bois tropicaux pour le collage

structural est plus contraignante qu’avec des résineux. En effet, le test de délamination est plus

sévère sur ces bois (densité plus forte, retraits transverses plus forts, forces d’arrachement plus

élevées…) et l’obtention d’un collage résistant plus technique. Etant donné la variabilité des

résultats obtenus, une mesure de l’épaisseur des joints de colle a été réalisée sur 324 échantillons et

une analyse par éléments finis du bâti de serrage a permis de montrer une répartition non homogène

de la pression entre serrages (cf. § 3.2).

Cette simulation de toute la presse a permis d’améliorer le système de serrage. Les martyrs en T.

serratifolia ont été remplacés par des martyrs en acier de type HEA 120 afin de répartir de façon

plus homogène la pression au niveau des interfaces de collage. Du fait que le climat tropical soit

plus sévère qu’en France hexagonale (température et humidité plus élevées) cette cinquième

campagne de collage, menée sur les trois essences guyanaises, s’est focalisée sur le TAF (20, 40 et

60 minutes) en fixant les deux autres paramètres de collage (grammage = 450 g/m² et pression = 1

MPa). Malheureusement, lors des collages réalisés, cet adhésif présentait des signes de détérioration

(résine anormalement visqueuse, difficulté d’encollage…) indiquant qu’il était en fin de vie. Il a

donc été nécessaire de commander une nouvelle colle de type RPF afin de continuer l’étude.

Lors de cette campagne de validation, l’approvisionnement en adhésif s’est fait par un autre

fabricant, spécialiste en résine du type RPF. En fonction des résultats des précédentes campagnes,

les conditions de collages testées ont été fixées en fonction de chaque essence (cf. § 3.3.3 tableau

18). En plus des deux poutres encollées en double face, deux poutres par essences ont été encollées

en simple face en vue d’une validation pour un emploi industriel. Testées suivant 20 échantillons en

délamination et 10 en cisaillement par essence, cette campagne a consolidé le classement de

Page 80: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

80

l’aptitude au collage entre ces trois essences. Par ailleurs, l’influence de l’épaisseur des lames sur

les délaminations a été testée pour le P. venosa (16, 22 et 28 mm) et le D. guianensis (16, 22, 28 et

34 mm). Ainsi 40 échantillons par épaisseur et par essence ont subi le test de délamination, amenant

des éléments de comparaison pour l’industriel. Enfin, suite à la validation des conditions de collage

pour le D. guiannesis, des collages supplémentaires ont été menés en climat ambiant par un

encollage simple face a permis d’établir la répétabilité des résultats de délamination. Notons que

pour chaque poutre collée dans cette campagne, 4 échantillons de cisaillement ont été réalisés mais

pas testés par faute de temps.

Le tableau 15 récapitule tous les paramètres testés lors des campagnes de collage réalisées pour

cette étude.

Tableau 15: Récapitulatif des paramètres utilisés pour les différentes campagnes de collage par lamellation

Colle MUF RPF

Ambiance de collage

Contrôlée (T= 25°C et H%= 65%)

Contrôlée (T= 25°C et H%= 65%)

Ambiante (Tmoy= 30°C et Hmoy%= 85%)

Essence Q. rosea Q. rosea P. venosa D. guianensis L. decidua Grammage (g/m²)

250 500 750 1000 250 300 450 750 1500 2000 2500

TAF (min) 5 10 5 10 20 40 60 Pression (MPa)

1.2 1.6 0.4 0.6 0.7 1 1.6 1.8

Martyrs Acier Acier T. serratifolia Etat de surface

Raboté 24h avant Raboté 24h avant Raboté plus de 24h avant

Appareillage Homogène Hétérogène Homogène Hétérogène Encollage Double face Simple face Double face Epaisseur (mm)

28 16 22 28 34

Enfin une septième campagne d’essais a été réalisée sur le collage par aboutage. Les trois essences

guyanaises ont donc été aboutées à l’industrie moins de 10 h avant leur encollage par RPF. Ainsi,

80 éprouvettes aboutées (de dimensions 30×40×600 mm³) ont été réalisées à l’aide de la presse

MTS du laboratoire. Cependant, les efforts de compression nécessaires à un emboitement correct

des entures ont fait que, les éprouvettes obtenues n’étaient pas exploitables (désaxement des deux

pièces aboutées, jeu important dans l’emboitement ou fissuration des éprouvettes). De plus, suite à

un désagrément sur la presse, un nouveau dispositif de serrage a été mis en place en utilisant un cric

et la presse manuelle à vis et des martyrs en T. serratifolia. Ceux-ci ont été préférés aux martyrs en

acier afin d’augmenter le frottement entre les martyrs et l’éprouvette, ceci afin d’éviter tout

Page 81: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

81

déplacement des pièces lors du serrage nécessaire à l’aboutage. Malheureusement, les entures

n’étaient que partiellement emboitées. Un nouveau dispositif de serrage a donc été mis en place sur

un bâti de flexion 4 point de laboratoire (cf. § 3.4.1). Ainsi 30 éprouvettes aboutées, par essence,

ont subi le test de flexion préconisé par les normes européennes, dont 15 à chant et 15 à plat. Dans

un souci de comparaison, 10 échantillons de 30×40×600 mm³ ont été réalisés en bois massif et

testés suivant les deux modes (à chant et à plat). Même si le collage de cet assemblage est correct, la

géométrie standard des entures n’est pas adaptée aux bois denses, moins compressibles. Pour

réaliser un emboitement correct (pas de jeu avec un niveau de contrainte acceptable), il faut exercer

des efforts tels que cela favorise la fissuration en fond de ces entailles.

3.2 Validation de la presse Pour la réalisation d’un bon collage il est nécessaire d’avoir une pression uniforme à l’interface de

collage. Cependant, le bâti de serrage utilisé applique la pression par un jeu de vis distant d’un entre

axe fixe de 430 mm. Il est donc important de vérifier l’uniformité de la pression répartie par

l’assemblage. Pour cela une analyse numérique a été réalisée, par Ouahcène Nait-Rabah, grâce à un

logiciel de calcul par éléments finis 3D, Comsol Multiphysics [101]. Les tests ont été pilotés en

déplacement, reproduisant ainsi le déplacement des vis. La simulation numérique a mis en évidence

une répartition hétérogène de la pression de contact à l’interface des lamelles de bois.

La figure 32, représentant la première interface de collage de deux lamelles sous les martyrs en T.

serratifolia, montre que le la pression appliquée est non homogène (rapport des pressions sous les

vis et entre les vis variant de 2 à 4). Du fait de la faible rigidité des martyrs en bois, le serrage a

engendré des sur pressions sous les vis susceptibles de chasser la colle au profit des zones entre vis,

affectant ainsi la répartition de la pression et produisant ainsi des joints non homogènes.

Page 82: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

82

Figure 32 : Répartition de la pression à l’interface lame/lame au niveau du premier joint de collage avec les

martyrs en T. serratifolia

En remplaçant les martyrs en bois par des martyrs en acier de mêmes dimensions (100x100mm²), la

simulation montre une amélioration de la répartition des pressions. En effet, la figure 33 montre une

répartition presque uniforme au niveau de la première surface de collage des lamelles.

On se rend compte ainsi qu’en remplaçant les martyrs en ébène verte par des martyrs en acier

(rigidité de l’acier environ 10 fois plus forte), les pertes de pression, par diffusion des contraintes,

sont largement réduites.

Figure 33: Répartition de la pression à l’interface lame/lame au niveau du premier joint de collage avec les

martyrs en acier

Page 83: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

83

La simulation numérique indique que lors de la réalisation des échantillons, il est préférable que les

lamelles soient mises sous presse entre des martyrs en acier afin que la pression soit répartie de

façon plus homogène tout le long des plans de collage, évitant des variabilités trop importantes des

épaisseurs des joints de colle. La variation des pressions de serrage aux joints de colle est donc

moins prononcée avec des martyrs en acier.

Des martyrs en acier de section pleine 10x10cm sont évidemment très lourds et il est souvent

préférable d’utiliser des profilés de rigidité comparable pour un poids moindre. Ce sont donc des

martyrs de type HEA de 120mm de hauteur pour 100mm de largeur qui ont été utilisés par la suite.

La simulation numérique de la répartition de la pression sous ces martyrs, présentée par la figure

35a, montre que, même si la pression est un peu moins uniforme tout le long de la poutre qu’avec

des martyrs en acier de 100x100mm², elle reste satisfaisante (Pression entre 0.4 en rouge, et 1.2

MPa en bleu ente les vis représentés en figure 34a).

De plus, on observe un petit effet de bord, que le rabotage avant le débit des échantillons permet

d’atténuer. De plus, passant à 6 lamelles entre les martyrs, la figure 34b montre que la répartition

de la pression est plus homogène qu’avec un modèle à 3 planches. Ceci nous a permis de serrer 2

poutres à 3 lamelles chacune à chaque serrage.

Figure 34 : Répartition de la pression à l’interface lame/lame au niveau du premier joint de collage avec les

martyrs en HEA de 120. Cas de 3 lames (a) et de 6 lames (b)

(a) = 3 lames (b) = 6 lames

Page 84: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

84

En conclusion, la modélisation des martyrs en ébène verte (figure 32) permet de montrer le fait

qu’en fonction de leur situation dans la poutre, les échantillons débités, collés sous martyrs en bois,

ont reçu des pressions de serrage différentes ce qui peut expliquer des délaminations variables pour

une même condition de collage.

3.3 Validation d’un collage structural par

lamellation

3.3.1 Préconisation pour le collage par

lamellation

Suite aux différentes campagnes de collage réalisées, des préconisations ont pu être relevées pour la

réalisation d’un collage structural par lamellation. Ainsi, pour l’emploi des bois guyanais étudiés il

est important de réaliser l’étape d’encollage sur les deux faces des lamelles à assembler (cf. § 3.5.1).

De plus, celles-ci doivent impérativement être rabotées avant cette étape cruciale afin que

l’adhésion entre le bois et la résine ne soit pas gênée par des contaminants (cf. § 3.3.2.1.4).

En utilisant des bois de fortes densités, une augmentation des paramètres de collage (grammage,

pression et temps d’assemblage fermé) peut être préconisée pour l’obtention d’un joint de colle

résistant aux variations cycliques d’humidité. Dans le cas de bois à forts retraits transversaux, la

section nominale des lames peut être réduite afin d’éviter de trop fortes contraintes à l’interface de

collage, engendrées par le test de délamination (cf. § 3.5.2).

Enfin, et compte tenu de la presse manuelle utilisée, le serrage des lames doit se faire sous des

martyrs en acier afin de répartir la pression de façon homogène au niveau des interfaces de collage

(cf. § 3.2).

Page 85: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

85

3.3.2 Analyse des essais de collage Lors de la réalisation des échantillons soumis aux tests normalisés pour la validation d’un collage

structural par lamellation, la troisième campagne a été conduite en résorcine sur trois paramètres de

collage (tableau 16). Par ailleurs, afin de juger de l’influence du rabotage sur l’obtention d’un

collage structural de qualité quelques paramètres ont été testés suivant deux états de surface

différents (lamelles rabotées, ou non, juste avant l’étape d’encollage) pour une seule essence de bois

(Q. rosea).

Tableau 16: Récapitulatif des paramètres de collage testés pour la première campagne de collage en RPF

Paramètres Valeurs testées Nbr d’échantillons

Lamelles rabotées moins de 24h avant l’encollage Grammage (g/m²)

250 750 1500 270

TAF (min) 5 10 20 Pression (MPa) 0.4 0.7 1

Lamelles rabotées plus de 24h avant l’encollage Grammage (g/m²)

750 1500 60

TAF (min) 10 20 Pression (MPa) 0.7 1

De plus, afin d’évaluer si les conditions de collage ciblées pour un climat tropical étaient

satisfaisantes, des poutres témoins ont été réalisées en Larix decidua (Mélèze) suivant les mêmes

conditions de collage puis testées en délamination.

Ainsi, tous les résultats de délamination des échantillons issus des lamelles rabotées moins de 24h

avant l’encollage sont présentés dans les paragraphes suivant. Notons qu’un point sur le graphique

représente une valeur moyennée de 10 résultats de délamination évalués pour une seule et unique

condition de collage testée.

Par la suite, une comparaison avec les résultats issus des échantillons non rabotés permettra de

souligner l’influence de cet état de surface sur l’obtention d’un collage structural de qualité.

Enfin, seuls les échantillons rabotés ont été testés en cisaillement, et leurs résultats seront détaillés

en dernier lieu.

Page 86: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

86

3.3.2.1 Résultats des tests de délamination

3.3.2.1.1 Influence du grammage Les résultats des délaminations en fonction des grammages sont illustrés pour les 3 essences

guyanaises ainsi que pour l’essence de référence sur la figure 35. De prime abord, on observe

qu’une grande partie des échantillons collés avec les essences tropicales ont subi des délaminations.

Cependant, une première tendance est soulignée. En effet, on observe que le taux de délamination

diminue avec l’augmentation du grammage.

Pour les échantillons réalisés en L. decidua, collés suivant les mêmes conditions, les résultats de

délamination sont très satisfaisants et leurs grammages sont les plus élevés (entre 270 et 370 g/m²).

Figure 35: Taux de délamination en fonction des grammages

De plus cette figure illustre que, quelle que soit l’essence collée, les grammages mesurés sont bien

inférieurs à ceux appliqués lors de l’encollage. En effet, lors de l’analyse des résultats en fonction

des 3 grammages fixés par cette campagne de collage, la variabilité des résultats de délamination

était anormalement élevée. Ainsi et de façon à expliquer ces variations, l’épaisseur de chaque joint

de collage (figure 36) réalisé fut mesurée avec par un microscope disposant d’un dispositif d’épi-

fluorescence.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

50 100 150 200 250 300 350 400

De

lam

inat

ion

(%

)

Grammage mesuré dans l'assemblage (g/m²)

Q. rosea P. venosa D. guianensis L. decidua

Page 87: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

87

Figure 36: Image d’un joint de colle au microscope (x100)

Cette mesure de l’épaisseur du joint de colle a permis, grâce à l’équation 19, d’évaluer la quantité

de colle réellement appliquée sur les surfaces encollées (grammage mesuré présenté par la figure

35).

⁄ (19)

Notons que dans la formule ci-dessus (19), le nombre 1.23 représente la densité de la colle à l’état

sec et 0.58 représente le facteur de perte de masse lorsque la colle a durci suite aux deux semaines

de stabilisation. Cette perte de masse représente la teneur en eau de l’adhésif qui, lors de sa

polymérisation, est libérée dans le plan de collage et doit être absorbée par le bois pour ne pas gêner

l’adhésion.

Ainsi, avec cette correction sur la quantité de colle présente dans l’assemblage, la figure 35

confirme que lorsque la quantité de colle présente dans l’assemblage augmente, les délaminations

diminuent. En effet, on observe qu’après un certain seuil (170g/m²), l’assemblage par collage est

suffisamment résistant pour subir de sévères variations cycliques d’humidité. Cette remarque,

agrémentée des résultats obtenus sur le L. decidua, illustre bien le fait qu’un collage structurel doit

se faire avec suffisamment d’adhésif (pas moins de 170 g/m²) afin que son adhérence soit suffisante

pour résister aux contraintes de rétractabilité engendrées lors des tests de validation. De plus, cette

observation confirme le fait que le collage de bois denses (densité supérieure à 0.7) n’est pas facile

Remarque : L’échelle, représentée sur la figure, est de 250µm par division

Joint de colle entre deux lames de Q. rosea

Vaisseaux remplis de colle

Page 88: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

88

et que, souvent, les assemblages obtenus sont de qualité médiocre. En effet, ce type de bois, dit non

absorbant, peut présenter une faible mouillabilité de surface (cf. § 3.5.3.2.), entrainant une

stagnation de l’eau (présent dans le mélange collant) à l’interface, ralentissant le processus de

polymérisation de la colle.

Dans le cas d’un bois poreux, tel que le Q. rosea, il s’avère que la quantité de colle mesurée dans

les assemblages est globalement inférieure à celles enregistrées pour le P. venosa et le D.

guianensis. Cette observation confirme certaines recommandations à prendre pour l’encollage de

bois poreux (cf. § 1.4.2), comme l’augmentation de la quantité de résine à appliquer sur les surfaces

à assembler, évitant ainsi les joints maigres (inférieur à 40µm d’épaisseur équivalent à 85 g/m²). En

effet, dans le cas de bois poreux, une partie de la colle est absorbée par les lamelles, au travers des

vaisseaux, créant ainsi des joints de trop faible épaisseur pour avoir une adhérence suffisante,

typique des joints maigres. Notons de plus que, présentés en annexe, lors de la réalisation de collage

en climat tempéré, les résultats de délamination n’étaient pas non plus concluant et l’épaisseur des

lamelles a dû être diminuée (22 mm) pour valider un collage structurel avec cette essence. Ceci

montre bien qu’un bois avec des coefficients de retrait élevés engendre de très fortes contraintes au

niveau de l’interface de collage lors de variations sévères d’humidité. Dans ce cas présent, il est

indispensable d’augmenter la quantité de colle à déposer sur les lamelles, afin que le joint de colle

soit suffisamment épais (150 µm au moins soit 250 g/m²) pour pallier les conséquences des

contraintes dues au retrait.

Concernant les deux autres essences de bois testées, plus dense que le Q. rosea, les résultats de

délamination (figure 35) montrent que le P. venosa présente une assez bonne capacité pour le

collage de bois à fins structurelles malgré un grammage en-deçà de ceux préconisés. On observe

notamment que les résultats de délamination sur le P. venosa sont plus homogènes que pour les

autres essences. Pour le D. guianensis, les résultats, plus variables, présentent toutefois une

résistance suffisante à la délamination lorsque la quantité de colle appliquée est correcte (au moins

170g/m²). Ces différences de variabilité entre ces deux essences de bois peuvent être dues aux

coefficients de rétractibilité, supérieurs dans le cas de D. guianensis.

Page 89: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

89

Enfin, en plus de l’observation de faible grammage dans les assemblages réalisés, il apparaît que

pour certains de ces échantillons le test de délamination fût concluant alors que la quantité de colle

appliquée était très faible (exemple du Q. rosea où le total des délaminations est inférieur à 10%

alors que seulement 80g/m² de résine est présente dans l’assemblage). Suite à cette observation, et

connaissant l’interdépendance des paramètres de collage, les résultats de la figure 35, sont analysés

suivant les autres paramètres de fabrication testés, comme le temps d’assemblage fermé, paramètre

aussi important que celui du grammage.

3.3.2.1.2 Influence du temps d’assemblage fermé La figure 37 présente les résultats de délamination en fonction des grammages mesurés dans les

assemblages mais en les triant en fonction des temps d’assemblage fermé observés lors de l’étape

d’encollage (5, 10 et 20 minutes). Cette figure tend à souligner le fait que les mesures des

délamination deviennent plus homogènes (voir concluantes) lorsque le temps, laissé entre

l’encollage et le serrage, est court (cas du Q. rosea et du D. guianensis). Cependant, avec un Temps

d’Assemblage Fermé (TAF) de 20 minutes des résultats concluants sont illustrés par la figure 37.

Concernant le Q. rosea, la figure 37 montre bien la tendance à homogénéiser les résultats de

délamination lorsque le TAF est de 20 minutes. Cependant, les meilleurs résultats de délamination

ont été obtenus avec un TAF de 5 minutes. Malheureusement, même avec des résultats plus

homogènes et moins de rupture dans les joints de colle, la limite normée (D) sur les délaminations

est largement dépassée. De ce fait, et malgré quelques résultats positifs, le grammage restant dans le

joint de colle est trop faible pour assurer un collage structural pérenne avec cette essence de bois.

En regardant l’évolution des résultats de délamination sur le P. venosa en fonction du Temps

d’Assemblage Fermé, on remarque les plus faibles délaminations résultent des collages réalisés

avec un TAF de 20 minutes. Cependant, à 5 minutes d’attente avant le serrage, les résultats sont

plus homogènes. En effet, il apparaît que plus le TAF est élevé, plus le grammage est élevé,

réduisant ainsi les délaminations, suffisamment pour réussir le test (figure 37c, 7 % de délamination

pour 200 g/m² et 20 minutes de TAF). Cela vient conforter le fait, observé précédemment pour le

cas du Q. rosea, qu’un minimum de temps doit être laissé à la colle pour pénétrer dans les planches

et commencer sa polymérisation et d’éviter toute expulsion de la colle.

En revanche, pour le D. guianensis. Il apparaît sur la figure 37a que, non seulement un grammage

suffisamment élevée pouvait être obtenu avec 5 minutes de TAF, mais que tous les échantillons

collés avec si peu de temps avant le serrage étaient proches de la limite normalisée de délamination.

Page 90: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

90

Figure 37: Taux de délamination en fonction des grammages pour des TAF de (a) 5 min, (b) 10 min et (c) 20min

0

10

20

30

40

50

60

70

80

50 70 90 110 130 150 170 190 210 230 250

De

lam

inat

ion

(%

)

Grammage mesuré dans l'assemblage (g/m²)

Q. rosea P. venosa D. guianensis

0

10

20

30

40

50

60

70

80

50 70 90 110 130 150 170 190 210 230 250

De

lam

inat

ion

(%

)

Grammage mesuré dans l'assemblage (g/m²)

Q. rosea P. venosa D. guianensis

0

10

20

30

40

50

60

70

80

50 70 90 110 130 150 170 190 210 230 250

De

lam

inat

ion

(%

)

Grammage mesuré dans l'assemblage (g/m²)

Q. rosea P. venosa D. guianensis

(c) TAF = 20 mn

(b) TAF = 10 mn

(a) TAF = 5 mn

Page 91: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

91

En analysant statistiquement ces résultats (l’analyse de la variance), il s’avère qu’aucune influence

significative du TAF sur les délamination ne peut être soulignée pour le P. venosa (R² = 0.01 et

valeur p = 0.295). En revanche, les deux autres essences sont influencées (R² = 0.151 et la valeur p

= 0.001 pour le Q. rosea et R² = 0.258 la valeur p < 0.0001 pour le D .guianensis). La figure 38

présente les moyennes des délamination en fonction des temps d’assemblage appliqués lors de

l’encollage pour le Q. rosea (a) et le D. guianensis (b).

Figure 38: Taux de délamination en fonction des TAF pour (a) Q. rosea et (b) D. guianensis

0

10

20

30

40

50

5 10 20

lam

inat

ion

(%

)

TAF (min)

0

10

20

30

40

50

5 10 20

lam

inat

ion

(%

)

TAF (min)

Moyenne / valeur Borne inf. (95%) Borne sup. (95%) Moyenne totale

(b) D. guianensis

(a) Q. rosea

Page 92: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

92

Sur la figure 38, on remarque que dans le cas du Q. rosea, un temps d’assemblage fermé long peut

être bénéfique pour le collage structural de cette essence. En effet, la moyenne des délaminations

obtenues avec 20 minutes de TAF est inférieure à la moyenne générale des résultats. De plus, il

apparait que les collages réalisés avec 10 minutes de TAF sont les plus sujets aux délaminations.

Cette remarque vient étayer la première recommandation faite sur ce bois (augmenter le grammage

à l’encollage) en préconisant une augmentation du TAF pour éviter toute expulsion de la colle.

En revanche sur la figure 38b, le D. guianensis présente un assemblage par collage le plus résistant

aux délamination lorsqu’il a été réalisé avec seulement 5 minutes de temps d’assemblage fermé.

Cette dernière observation sur le D. guianensis, permet de mesurer l’importance de ce paramètre de

collage pour la fabrication de lamellé-collé. En effet, même si le Q. rosea et le P. venosa nécessitent

un Temps d’Assemblage Fermé long, le D. guianensis lui, observe une meilleure tendance à résister

aux délaminations avec un TAF court. Il est donc important d’observer un temps adéquat à

l’essence susceptible d’être utilisée pour la ligne de production.

3.3.2.1.3 Influence de la pression de serrage En triant les résultats de délamination (figure 39) en fonction des pressions de serrage utilisées lors

de cette campagne, aucune tendance n’a pu être soulignée.

La figure 39 présente les délaminations obtenues en fonction des niveaux de pression appliqués,

affinés grâce à la modélisation numérique réalisée sur la répartition de la pression en fonction des

martyrs en T. serratifolia, utilisés lors de cette campagne. Appuyée par un test statistique (analyse

de la variance), il s’avère que seul le P. venosa montre une influence de la pression de serrage sur

les résultats de délamination (R² = 0.304 et valeur p = 0.004).

Page 93: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

93

Figure 39: Taux de délamination en fonction des grammages pour des pressions de (a) 0.4 MPa, (b) 0.7 MPa et

(c) 1 MPa

0

10

20

30

40

50

60

70

80

50 70 90 110 130 150 170 190 210 230 250

lam

inat

ion

(%

)

Grammage mesuré dans l'assemblage (g/m²)

Q. rosea P. venosa D. guianensis

0

10

20

30

40

50

60

70

80

50 70 90 110 130 150 170 190 210 230 250

lam

inat

ion

(%

)

Grammage mesuré dans l'assemblage (g/m²)

Q. rosea P. venosa D. guianensis

0

10

20

30

40

50

60

70

80

50 70 90 110 130 150 170 190 210 230 250

lam

inat

ion

(%

)

Grammage mesuré dans l'assemblage (g/m²)

Q. rosea P. venosa D. guianensis

(c) P = 1 MPa

(b) P = 0.7 MPa

(a) P = 0.4 MPa

Page 94: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

94

La modélisation numérique de la répartition de la pression en fonction des martyrs (cf. § 3.2) a

permis de corriger les pressions appliquées en fonction de la place de l’échantillon dans la poutre.

Chacune des pressions étudiées peut ainsi être décomposée en trois niveaux différents représentant

celle obtenue sous les vis de serrage, celle au milieu de l’entraxe et un niveau intermédiaire

(respectivement 100%, 40% et 70% des pressions appliquées). Ces coefficients appliqués aux 3

niveaux de serrage étudiés donnent finalement 6 pressions réellement obtenues sous les martyrs

(0.2 ; 0.3 ; 0.4 ; 0.5 ; 0.7 et 1 MPa représentés par la figure 40 pour le P. venosa).

Figure 40: Taux de délamination en fonction des pressions de serrage pour le P. venosa

Dans le cas du P. venosa, il s’avère que de meilleurs résultats de délamination ont été obtenus avec

des pressions de serrage inférieures à 0.5 MPa. En plus de cela, il apparaît que pour ces niveaux de

pression, les résultats de délamination sont un peu plus homogènes que ceux obtenus avec des

pressions élevées.

Trié en fonction des TAF observés lors des collages, les moyennes des résultats de délamination en

fonction des niveaux de serrage sont représentées par la figure 41.

Page 95: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

95

Figure 41: Moyennes des délaminations sur le collage du P. venosa en fonction des niveaux de serrage, triées par

TAF

Sur la figure 41, il apparait que, dans le cas du P. venosa, de faibles pressions de serrage engendrent

des joints de colle plus résistants aux délaminations. Et lorsque que celle-ci augmente, les risques de

craquelures dans l’assemblage aussi. De plus, cette figure montre qu’avec une pression de serrage

de 0.4 MPa, les résultats de délaminations sont sensiblement les mêmes quel que soit le TAF

observé. Enfin, il apparaît que la variabilité des délaminations est principalement due aux résultats

élevés obtenus avec une pression de serrage de 0.5 MPa et un TAF de 10 minutes.

La tendance observée sur la figure 41, s’explique par le fait que lorsque la pression de serrage

augmente, la quantité de colle restante dans le plan de collage diminue. En effet, du fait de la forte

densité des bois, l’élévation de la pression de serrage peut avoir un double effet sur la création d’un

joint de colle résistant.

Le premier effet n’est autre que l’expulsion de la colle par l’application d’une forte pression sur des

bois denses, réduisant la quantité de colle appliquée dans les plans de collage, et donc sa résistance

mécanique, plus faible que les contraintes engendrées par les rétractibilités du bois lors du test de

délamination.

Le deuxième effet est de faire pénétrer en profondeur la colle dans les vaisseaux pour un bois ayant

une bonne capacité d’absorption. Cet effet réduit l’épaisseur du joint de colle mais augmente, dans

une certaine mesure, l’ancrage de l’adhésif dans le support.

0

10

20

30

0,2 0,3 0,4 0,5 0,7 1

lam

inat

ion

(%

)

Pression réelle (MPa)

5 10 20

Page 96: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

96

Ces remarques, viennent appuyer le fait que, lors d’un collage de bois dense, augmenter la pression

de serrage n’est pas forcément bénéfique pour l’obtention d’un assemblage par collage de qualité

[102], et ce malgré les recommandations, des fiches techniques fabricant, d’un serrage compris

entre 0,6 et 1,5 MPa. De plus dans le cas du P. venosa, la présence de thylles (et autre dépôts

obstruant) dans les vaisseaux peut entraîner une réduction de l’absorption de la résine par cette

essence de bois, ce qui expliquerait la variabilité des résultats pour les différents niveaux de

pression.

En conclusion, l’analyse des résultats de délamination en fonction des paramètres de collage testés a

permis de relever certaines tendances afin d’évaluer les conditions de fabrication pour la réalisation

de lamellé-collé structurel avec ces essences de bois tropicaux.

Dans le cas d’un bois, tel que le Q. rosea, du fait de son affinité hygroscopique, le grammage à

appliquer sur les surfaces des lames doit être suffisamment élevé afin qu’un minimum d’adhésif

reste aux interfaces de collage. De même, le temps d’assemblage fermé doit, lui aussi, être rallongé

afin que la colle polymérise un minimum avant l’étape de serrage. En effet, si ce paramètre n’est

pas augmenté en même temps la quantité de colle déposée sur les lames, l’adhésif peut être chassé

des plans de collage, créant de faibles joints d’assemblage, lors de la mise sous presse. Ainsi, une

nouvelle campagne de test a été menée sur le Q. rosea, en augmentant le grammage à déposer ainsi

que le temps d’assemblage fermé.

Dans le cas de bois encore plus denses, comme le D. guianensis, et le P. venosa, il apparait qu’à

partir de 170 g/m² présents dans l’interface de collage, le grammage soit suffisant pour pallier les

problèmes dus aux contraintes engendrées par les rétractibilités de ces bois lors du test de

délamination. En revanche, même si ces deux espèces présentent des similarités quant aux

grammages à appliquer, l’effet du temps d’assemblage fermé sur la résistance au vieillissement

artificiel sont opposés. En effet, le P. venosa suit la même recommandation que le Q. rosea, du fait

de sa faible porosité, nécessitant un TAF suffisamment long pour éviter l’expulsion de la colle lors

du serrage. Alors que le D. guianensis, présente de meilleurs résultats avec un temps d’attente court

avant la mise sous presse.

Concernant le niveau de pression pour le serrage des lames, ce paramètre ne montre qu’une

influence secondaire sur l’obtention d’un collage de qualité. En effet, même si le P. venosa et le Q.

rosea, affichent une sensibilité à un serrage élevé (meilleurs résultats avec 0,4 MPa plutôt qu’avec 1

MPa), le D. guianensis n’a pas montré de réelle influence de ce paramètre sur la qualité de son

collage. De plus, compte tenu de la variabilité des résultats obtenus, les tendances soulignées pour

ces essences ne peuvent être confirmées.

Page 97: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

97

3.3.2.1.4 Influence du rabotage

Afin d’étudier l’influence du rabotage, mentionné succinctement dans l’analyse bibliographique

comme étant une étape cruciale lors de la fabrication du lamellé-collé, trois conditions de collage

différentes ont été testées sur le Q. rosea (tableau 17).

Tableau 17: Définitions des conditions de collage testées pour l’influence du rabotage

Conditions Grammage (g/m²) Pression (MPa) TAF (min)

1 1500 0,7 10 2 750 0,7 10 3 750 1 20

Pour chacune des conditions, une poutre a été encollée au moins 24h après le rabotage (résultats en

bleu sur la figure 42) et une moins de 10h après le rabotage (résultats en rouge sur la figure 42). Les

résultats de délamination, présentés par la figure 42, soulignent le fait que, quelle que soit la

condition de collage testée, les résultats de délamination sont significativement améliorés lorsque le

rabotage est réalisé peu de temps avant l’encollage (R² = 0.80 et valeur p < 0.0001).

Figure 42: Influence du rabotage sur le collage du Q. rosea via le test de délamination

0

10

20

30

40

50

60

70

80

1 2 3

lam

inat

ion

D (

%)

Rabotage > 24h

Rabotage < 24h

Page 98: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

98

Ainsi, cette figure montre bien que l’étape d’encollage est un facteur déterminant pour l’obtention

d’un collage structural. En effet, en rafraîchissant la surface du bois peu de temps avant l’encollage,

la surface des lamelles est alors nettoyée de tous contaminants possibles (poussières, résines…)

empêchant l’absorption de la colle. De plus, cela permet aussi de libérer des points d’ancrage pour

la résine, qui, par affinité chimique, se lient aux molécules de bois fraîchement coupé [103]. Si ces

liaisons chimiques sont laissées à stabiliser avant d’appliquer l’adhésif, l’oxydation diminue le

nombre de liaisons potentielles [103].

3.3.2.2 Résultats des tests de cisaillement

Suite aux résultats de délamination, les 27 conditions de collage étudiées dans la campagne de

collage, décrite en PARTIE 3 - § 1.3.2, ont été testées en cisaillement parallèle au fil. En effet, lors

de la mise en service en flexion d’une poutre lamellé-collé, un glissement entre deux lames

assemblées s’opère, et s’assimile à un cisaillement dans le plan de collage. Il est donc nécessaire

d’évaluer la résistance des joints de colles réalisés en cisaillement parallèle au fil. Celle-ci devrait

être quasiment équivalente à la résistance intrinsèque du bois [104]. Pour ce test, chaque échantillon

a été stabilisé à 12% d’humidité [94].

La figure 43 représente les résultats d’adhérence en fonction des niveaux de contrainte maximale

(fv). Sur ce graphique les barres horizontales rouges représentent les limites d’adhérence à atteindre

en fonction des intervalles de résistance préconisés par la norme.

Page 99: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

99

Figure 43: Résultats des taux d’adhérence A (en %) en fonction des essences de bois et des résistances (fv)

Ces résultats montrent que lorsque la résistance mécanique du joint de colle au cisaillement est

faible (4 < fv < 6 MPa), leur taux d’adhérence n’est pas suffisamment élevé. En revanche, les deux

autres groupes de résultats présentent des adhérences suffisamment élevées en fonction de leur

niveau de contraintes maximales atteintes. A titre indicatif, la résistance du Picea abies pour ce test

est de l’ordre de 6 à 8 MPa. Ainsi, l’observation des adhérences vient illustrer le fait que le collage

structural de ces trois essences guyanaises est suffisamment résistant pour recouvrir les

recommandations mécaniques demandées par la commercialisation de lamellé-collé, et ce quelles

que soient les conditions de collage testées

La figure 44, présente l’histogramme de répartition des contraintes fv relevées par le test de

cisaillement pour les trois essences de bois. Sur cette figure, on remarque que très peu

d’échantillons ont présenté de faibles résultats (4%) et ces conditions de collage n’ont pas été

validées par le test de délamination. De plus, 14% des échantillons présentaient des résistances

moyennes (6 < fv < 11 MPa), et 82% enregistraient une contrainte maximale supérieure à 11 MPa,

avec un taux d’adhérence supérieur à 60%.

4 ≤ fv < 6 6 ≤ fv < 11 fv ≥ 11

Q.rosea 25% 82% 78%

P.venosa 65% 69% 78%

D.guianensis 65% 84% 85%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

Ad

he

ren

ce

Maximal shear constraint fv (Mpa)

Page 100: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

100

Figure 44: Histogramme de répartition des résistances (fv)

La figure 45 présente la répartition des Adhérences (A) relevées lors du test de cisaillement.

Figure 45: Histogramme de répartition des adhérences (A)

L’histogramme de répartition des adhérences montre que 72% des échantillons testés en

cisaillement avaient une adhérence supérieure ou égale à 75%. Et moins de 10 % des joints de colle

testés présentaient une adhérence inférieure à 50%.

Ces observations viennent conforter le fait que, indépendamment des conditions de collage testées,

les joints de colle réalisés respectaient les préconisations demandées par la norme européenne NF

EN 385.

0

0,05

0,1

0,15

0,2

0,25

0,3

0,35

0,4

0 5 10 15 20 25

Fré

qu

en

ce

fv

0

0,05

0,1

0,15

0,2

0,25

0,3

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2

Fré

qu

en

ce

A

Page 101: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

101

En revanche, et même si cela n’est pas demandé par la norme de validation, il est intéressant

d’évaluer le rapport entre les résistances du joint de colle du produit lamellé-collé et celles du bois

massif (ratios de résistance, R, LC/BM, correspondant à l’évaluation de la fragilité du joint de

colle). Dans la bibliographie, les anciennes études sur le collage structural d’essences tropicales

africaines préconisaient un taux de rupture supérieur à 80%. Ceci afin d’apprécier le fait que ce

produit reconstitué soit à peu près de résistance équivalente à celle d’une poutre en bois massif.

Ainsi, la figure 46 présente les résultats des taux de rupture R en fonction des joints de colle testés,

des essences utilisées et de leur niveau de contrainte maximale.

Figure 46: Résultats des taux de rupture R (en %) en fonction des essences de bois et des résistances (fv)

A travers ce graphique on remarque que, comme pour les résultats d’adhérence, les échantillons

présentant une faible contrainte fv sont deux fois moins résistants que le bois massif lui-même. Ceci

indique que la rupture mécanique se fait dans le joint de colle réalisé, écartant ainsi la condition de

collage testée.

4 ≤ fv < 6 6 ≤ fv < 11 fv ≥ 11

Q.rosea 56% 96% 103%

P.venosa 50% 67% 106%

D.guianensis 32% 82% 105%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

140%

Rat

io d

e r

ési

stan

ce L

C/B

M

Page 102: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

102

De plus, et outre le P. venosa, il s’avère qu’à partir d’une résistance moyenne (comprise entre 6 et

11 MPa), les plans de collage testées sont suffisamment résistant, et combiné avec une adhérence

moyenne, s’apparentent au bois massif. Cependant, du fait de la variabilité des résultats, il est

préférable que la résistance des joints de colle soient plus proche de celle du bois massif (et donc

>11 MPa) afin d’avoir une équivalence mécanique entre bois massif et bois lamellé. En effet, il

s’avère que pour le Q. rosea, le P. venosa et le D. guianensis, leurs contraintes maximales de

cisaillement parallèle au fil ont respectivement été évaluées à 13,34, 15,05 et 13,77 MPa. Ainsi, en

dessous de ces valeurs, le taux d’adhérence doit être suffisamment élevé pour pallier

l’affaiblissement mécanique engendré par la reconstitution d’une poutre par collage.

La figure 47 met en évidence les ratios de résistance R en fonction des contraintes maximales fv

relevées par ce test de cisaillement par compression. Notons que sur cette figure :

La série de données en rouge correspond aux échantillons ayant une délamination supérieure à

10%,

La série de données en bleu correspond aux échantillons dont la délamination est en accord

avec la norme européenne et

Le point vert correspond à la valeur moyenne des contraintes maximales obtenues dans le bois

massif.

En observant ce graphique (47a et 47c), on s’aperçoit que les faibles résultats obtenus par le test de

cisaillement résultaient des échantillons sujets à de grandes délaminations. Ainsi, il s’avère que

pour le Q. rosea (figure 47a) et le D. guianensis (figure 47c), une condition de collage validée par le

test de délamination possède une résistance mécanique du joint de colle quasi identique à celle du

bois massif.

En revanche, pour le bois le plus dense, le P. venosa (figure 47b), cette observation n’est pas

conservée et montre que de faibles résultats de cisaillement peuvent aussi bien provenir

d’échantillons à faibles délamination que ceux à faible résistance vis-à-vis du test de vieillissement

artificiel. Dans ce cas-là, le test de cisaillement est indispensable à la validation d’un collage

structural, pouvant écarter des conditions de collage préalablement validées par le test de

délamination.

Page 103: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

103

Figure 47: Ratio des résistances en fonction des contraintes maximales fv relevées : (a) Q. rosea, (b) P. venosa et

(c) D. guianensis et triées par les résultats de délamination (<10% ou >10%)

R² = 0,3269

0%

50%

100%

150%

200%

250%

0 5 10 15 20

Rat

io d

es

rési

stan

ces

R

Contrainte maximale fv (Mpa)

D ≥ 10%

D < 10%

R² = 0,3554

0%

50%

100%

150%

200%

250%

0 5 10 15 20 25

Rat

io d

es

rési

stan

ces

R

Contrainte maximale fv (Mpa)

D ≥ 10%

D < 10%

R² = 0,3583

0%

50%

100%

150%

200%

250%

0 5 10 15 20 25

Rat

io d

es

rési

stan

ces

R

Contrainte maximale fv (Mpa)

D ≥ 10%

D < 10%

(a)

(b)

(c)

Page 104: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

104

Même si aucune influence de l’appareillage sur la résistance au cisaillement n’a pu être établie, ces

résultats de cisaillement mettent en évidence que l’assemblage par collage de ces bois tropicaux

passe avec succès cette norme de validation (86% de résultats validés pour toutes les conditions de

collage testées). Il s’avère donc que, pour la validation d’un collage structural, le test de

délamination est une évaluation plus sévère des conditions de collage. Cependant, dans le cas de

l’essence de bois la plus dense (P. venosa), ces deux tests normalisés restent indispensables quant à

la validation d’un nouveau collage structural. En effet, en observant les ratios de résistances (R), on

s’aperçoit que des joints de colle suffisamment résistants à la délamination ne sont pas aussi

résistants que le bois massif. Il est donc important de prendre en compte ce ratio R pour la

validation d’une condition de collage afin qu’un lamellé-collé structural soit au moins

mécaniquement identique à celui du bois massif.

3.3.3 Campagne de validation des conditions

de collage

Compte tenu d’une variabilité importante des résultats de délamination présentés précédemment,

une nouvelle campagne de collage de 4 poutres par essence (2 appareillées de façon homogène et

les 2 autres de façon hétérogènes) a été menée afin de vérifier que des paramètres identifiés sont

suffisants pour l’obtention d’un collage structural correct. L’approvisionnement en résine s’est fait

par un autre fabricant, fournissant une colle supposée plus compatible avec les bois « difficiles à

coller ». De plus, l’étape d’encollage s’est réalisée en simple face cette fois-ci afin de juger de la

bonne tenue du collage lors d’une fabrication industrielle (écartant l’encollage en double face). Par

ailleurs, le temps d’assemblage fermé a été rallongé et fixé à 40min (tableau 18) et la pression

établie à 1Mpa. D’ailleurs, ce nouveau TAF est plus adéquat pour la réalisation industrielle du

projet. En effet, lors de la fabrication en usine, le temps nécessaire à la constitution d’une poutre

standard de lamellé-collé, avant sa mise sous presse, est largement supérieur à 5 min.

Tableau 18: Récapitulatif des conditions de collage retenues en fonction des bois

Essence Grammage (g/m²) Pression (MPa) TAF (min)

Q. rosea 450 1 40 P. venosa 300 1 40

D. guianensis 300 1 40

Page 105: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

105

Notons que pour le D. guianensis, le temps d’assemblage fermé, bien qu’il fût préconisé court, a été

fixé à 40 minutes comme pour les autres essences. En effet, il s’avère que lors de plusieurs tests sur

ce paramètre, un temps long (40 minutes) avait d’aussi bons, voire de meilleurs résultats qu’avec un

temps court. De ce fait, pour toutes les essences de bois, le temps d’assemblage fermé a été fixé à

40 minutes

3.3.3.1 Résultats des tests de délamination

Les échantillons provenant de ces nouvelles poutrelles collées, suivant les prescriptions soulignées

précédemment, ont subi le test de délamination, avec les deux cycles de gonflement/séchage et les

résultats sont présentés dans la figure 48. Ces résultats sont moyennés pour 5 échantillons provenant

d’une même poutre.

Sur cette figure, on remarque que dans le cas du Q. rosea des échantillons présentent encore des

résultats de délamination largement supérieurs à la limite imposée par la norme. Notons par ailleurs

que les échantillons présentant les plus fortes délaminations (66 ± 3%) proviennent d’une poutre

appareillée de façon contraignante en mélangeant les débits (dosse-quartier-dosse ou quartier-dosse-

quartier).

Concernant le P. venosa, les résultats présentés par la figure 48 sont de plus en plus homogènes,

mais certains ne sont pas encore concluants.

Les résultats obtenus sur ces deux essences de bois montrent que les conditions de collage testées

peuvent engendrer un joint maigre et donc de fortes délaminations. Ainsi, ces conditions ne sont pas

adéquates.

Enfin, les résultats de délamination sur le D. guianensis ont permis d’établir les conditions

minimales de fabrication pour cette essence qui présente de bons résultats pour la validation d’un

collage structural même avec un encollage simple face (4 % de délamination).

Page 106: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

106

Figure 48 : Résultats de délamination pour la validation des paramètres de collage

Afin d’étudier la variabilité des résultats de délamination obtenus pour cette campagne de collage,

la figure 49 les représente triés en fonction des appareillages testés et du type d’encollage utilisé,

avec nc = non contraignant et c = contraignant.

Figure 49 : Résultats de délamination en fonction de l’appareillage et de l'encollage testés

La figure 49 illustre bien qu’un appareillage contraignant engendre des délaminations plus

importantes que celles d’un appareillage non contraignant.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

50 70 90 110 130 150 170 190 210 230 250

lam

inat

ion

(%

)

Grammage mesuré dans l'assemblage (g/m²)

Q. rosea P.venosa D. guianensis

0

10

20

30

40

50

60

70

80

Q. rosea (nc) Q. rosea (c) P. venosa (nc) P. venosa (c) D. guianensis (nc) D. guianensis (c)

lam

inat

ion

(%

)

double face simple face

Page 107: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

107

De plus, on remarque que dans le cas du Q. rosea et du P. venosa, les résultats de délamination

obtenus avec un simple encollage sont meilleurs que ceux enregistrés avec un encollage double

face. Cette observation vient en contradiction avec les préconisations de collage relevées dans la

bibliographie. Cependant, dans le cas du D. guianensis, l’effet du double encollage est bien en

adéquation avec ces observations. Par ailleurs, la figure 50, présente ces mêmes résultats en

fonction de la température enregistrée lors de l’encollage et de l’appareillage réalisé.

Figure 50 : Délamination en fonction de la température ambiante d’encollage

Sur cette figure, les collages réalisés à 22°C ont été faits en simple encollage et ceux réalisés à 32°C

en double encollage. On remarque ainsi que pour le Q. rosea et le P. venosa, l’élévation de la

température lors de l’encollage a eu un effet négatif sur la résistance du joint de colle aux

délaminations. En effet, du fait que la résine utilisée soit thermodurcissable, l’adhésif appliqué

polymérise plus rapidement avec une température élevée, engendrant un durcissement plus rapide

de celui-ci sur les lames de bois. De plus, avec un encollage double face, la quantité de résine

appliquée par face est deux fois moins élevée qu’avec un encollage simple face et ainsi son temps

de polymérisation est plus court. Combiné avec une température élevée, il est possible que la résine

appliquée sur chaque face soit à un stade de polymérisation avancée, gênant la cohésion de la colle

lorsque les lames sont mises en contact. Cette mauvaise cohésion peut expliquer ces mauvais

résultats de délamination sur le Q. rosea et le P. venosa obtenus avec l’encollage double face.

Au regard de ces résultats, le D. guianensis s’est illustré comme l’essence de bois ayant la meilleure

aptitude au collage pour la fabrication de lamellé-collé. Afin de confirmer les résultats obtenus en

simple face sur cette essence, 4 autres poutres encollées dans les mêmes conditions ont été testées.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

22°C (nc) 22°C (c) 32°C (nc) 32°C (c)

lam

inat

ion

(%

)

Q. rosea P.venosa D. guianensis

Page 108: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

108

Ainsi le test de délamination a été réalisé sur 20 échantillons. La figure 51 regroupe tous les

résultats de délamination des poutres encollées en simple face sur le D. guianensis.

Figure 51 : Résultats de délamination du D.guianensis encollé en simple face

Les résultats viennent conforter la bonne aptitude au collage du D. guianensis en simple face et

suivant les conditions de collage établies lors de cette campagne de test.

Concernant les deux autres essences de bois, malgré certains résultats satisfaisants, le risque de

délamination est encore trop prononcé pour définir ces essences de bois comme de bons supports

pour la fabrication de lamellé-collé. Concernant le P. venosa, il est possible que les résultats de la

campagne de validation, viennent de l’effet d’une pression trop forte, créant des joints maigres.

Dans le cas du Q. rosea, le fait d’appliquer la résine en simple face a pu éviter une trop forte

adsorption de la colle par les deux lames de cette essence poreuse. De nouveaux tests, en

augmentant le grammage ou en diminuant le TAF ou en diminuant la section des lamelles, seraient

nécessaires pour améliorer les résultats obtenus.

3.3.3.2 Résultats des tests de cisaillement Afin de valider les collages réalisés lors de cette campagne de lamellation, le test de cisaillement de

l’assemblage par collage a été mené sur 10 échantillons par essence. La figure 52 présente les

contraintes maximales de cisaillement fv pour les différentes essences de bois.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

50 70 90 110 130 150 170 190 210 230 250

lam

inat

ion

(%

)

Grammage mesuré dans l'assemblage (g/m²)

Page 109: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

109

On remarque sur cette figure que la résistance mécanique des joints de colle est élevée et se

rapproche de celle mesurée sur le bois massif. Concernant le P. venosa, cette essence présente des

résultats plus variables que les deux autres.

Figure 52: Contrainte maximale de cisaillement fv relevée sur les joints de colle et le bois massif

La norme européenne valide un collage structural en associant la contrainte de rupture au

cisaillement pondérée (fv) relevée lors de l’essai et l’adhérence du joint de colle (cf. § 2.1.2). De ce

fait, la figure 53 illustre les résultats d’adhérence en fonction des contraintes fv.

Figure 53: Taux d’adhérence en fonction des contraintes de cisaillement relevées

0

5

10

15

20

joint de colle bois massif

Co

ntr

ain

te d

e c

isai

llem

en

t fv

(M

pa)

Q. rosea P.venosa D. guianensis

0%

20%

40%

60%

80%

100%

6 ≤ fv < 11 fv ≥ 11

Tau

x d

'Ad

ren

ce A

Q. rosea P.venosa D. guianensis

Page 110: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

110

D’après cette figure, les taux d’adhérence sont en adéquation avec les préconisations de la norme

européenne. Cela valide la résistance au cisaillement des assemblages par collage réalisés lors de

cette campagne, et ce pour toutes les essences de bois. Enfin, notons que, pour Q. rosea et

D.guianensis, seuls 2 joints de colle présentent des contraintes de cisaillement inférieures à 11 MPa

contre 5 joints de colle pour P. venosa. Ceci expliquant la variabilité des résultats pour cette essence

illustrée par la figure 53.

3.3.3.3 Conclusion de la validation d’un collage par

lamellation En conclusion de cette campagne de collage, il résulte que les trois essences de bois guyanaises

passent avec succès le test de cisaillement du joint de colle afin de valider la résistance mécanique

de l’assemblage structural par lamellation.

Cependant, les résultats de délamination ne sont pas encore suffisamment homogènes et au-dessus

de la limite préconisée par la norme pour le Q. rosea et le P. venosa. Dans le cas du D. guianensis,

les deux tests normalisés pour la validation d’un tel collage sont concluants et ce même pour un

encollage simple face, utilisé en industrie.

De ce fait, cette campagne a permis de valider les conditions de collage utilisées sur le D.

guianensis pour une fabrication industrielle de lamellé-collé avec cette essence. Les deux autres

présentant encore des risques de délamination trop importants avec les conditions de collage

utilisées ici. Des tests supplémentaires avec l’ajout de résine (Q. rosea) ou la diminution de la

pression (cas du P. venosa) doivent être menés afin d’atteindre la limite requise pour le test de

délamination, nécessaire à la validation d’un collage structural.

Page 111: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

111

3.3.3.4 Paramètres de fabrication influençant la

qualité du collage

3.3.3.4.1 Influence de l’encollage en double face Dans l’industrie du lamellé-collé, l’étape d’encollage se réalise en simple face, c'est-à-dire que la

résine est appliquée sur une seule face des lamelles avant la mise en contact. Dans le cas de bois dits

« difficiles à coller », il est recommandé de réaliser un encollage en double face qui s’avère plus

bénéfique pour la création d’un assemblage résistant (cf. § 1.4.2).

Afin d’évaluer l’influence du double encollage, huit poutres de D. guinanensis ont été collées avec

les même conditions que celles fixées lors de la campagne de validation (cf. § 3.3.1), seul le mode

d’application de la résine a changé (quatre poutres sont encollées en simple face, les autres en

double face). Les cinq échantillons de chacune des poutres ont ensuite été testés en délamination et

les résultats sont présentés par la figure 54.

Figure 54: Influence de l’encollage en double face sur le collage via le test de délamination pour le D. guianensis

Les résultats présentés sur cette figure illustrent bien l’influence significative de l’encollage en

double face sur un bois « difficile à coller » (R² = 0.86 et valeur p < 0.0001). On remarque que les

résultats de délamination sont nettement améliorés par l’application de la colle sur les deux faces

mises en contact plutôt que sur une seule. Grâce à l’encollage sur les deux supports, chacune des

faces peut laisser pénétrer un minimum d’adhésif avant qu’elles soient mises en contact pour le

serrage. Ceci augmente l’ancrage de la résine dans le bois de part et d’autre de chaque assemblage.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

Hétérogène Homogène

lam

inat

ion

(%

)

simple face double faces

Page 112: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

112

De plus, la figure 54 met en évidence l’influence de l’appareillage sur la bonne adhésion. En effet,

on obtient un meilleur collage lorsque les débits des lames sont homogènes. Assurément, cette étape

de préparation à l’assemblage permet de limiter les contraintes engendrées, à l’interface de collage,

par les rétractibilités du bois lors de sa mise en œuvre.

3.3.3.4.2 Influence de l’épaisseur des lamelles Afin d’étudier l’influence de l’épaisseur des lamelles sur les délaminations pour le P. venosa et le

D. guianensis, 8 poutres pour chaque épaisseur ont été collées suivant les mêmes conditions (cf. §

3.3.1). La moitié des poutres sont appareillées de façon homogène.

Lors de la fabrication de lamellé-collé, l’expérience des fabricants a permis d’identifier des sections

maximales afin que le collage structural soit satisfaisant. Celles-ci sont de 12 000mm² pour des

résineux et de 7 500mm² pour des feuillus [105]. De plus, d’après la norme européenne de

fabrication, les épaisseurs des lamelles à encoller sont aussi réglementées avec un maximum de 50

mm pour des conifères et de 40 mm pour les feuillus, et ce dépendant de la classe de service où les

produits seront utilisés. Par exemple, pour un emploi en classe de service 3 (extérieur soumis à de

fortes réhumidifications) les épaisseurs maximales sont réduites à 35 mm (et respectivement à

10 000mm² et 6 000mm² pour les sections). De ce fait 3 épaisseurs ont pu être testées, pour le P.

venosa, (16, 22 et 28 mm), l’approvisionnement par la scierie ne permettant pas d’avoir des sections

de 3 400mm² (la largeur des lamelles étant fixée à 100mm). En ce qui concerne le D. guianensis,

une épaisseur supplémentaire a été étudiée (34mm).

Suite à deux semaines de stabilisation, 5 échantillons par poutres ont subi le test de délamination et

les résultats sont présentés sur la figure 55.

Page 113: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

113

Figure 55: Influence de l’épaisseur des lamelles sur les délaminations

A travers ces résultats, il apparait évident que plus la section des lames est petite, plus les

délaminations sont faibles (R²= 0.76 pour le P. venosa et R² = 0.85 pour le D. guianensis). En effet,

avec des faibles sections, les contraintes engendrées lors du test de délamination, dues aux retraits

transverses du bois, sont minimisées ainsi que les risques de rupture dans le joint de colle.

Concernant les écarts types, les délaminations maximales sont principalement observés dans les

assemblages hétérogènes.

3.4 Validation d’un collage structural par

aboutage

3.4.1 Difficulté de réalisation des aboutages Le test d’aboutage a été réalisé avec les moyens du laboratoire qui ne sont pas adaptés au test

d’aboutage. La presse MTS a été initialement utilisée mais elle est vite tombée en panne. Celle-ci

n’était pas adaptée à ce type de tests car les modules d’élasticité radiaux, tangentiels et la résistance

à l’écrasement (bien approximée par la mesure de dureté), de ces essences à encoller (tableau 19)

nécessitent des efforts élevés pour emboiter les entures, ce qui est impossible à obtenir avec la

presse MTS. En conséquence, les échantillons obtenus étaient majoritairement mauvais : fibres

moyennes désaxées, entures partiellement emboitées (65%), ruptures des entures par compression

et/ou par torsion, rupture du bois (figure 56).

0

10

20

30

40

50

60

70

80

16 22 28 34

lam

inat

ion

(%

)

Epaisseur des lamelles (mm)

P.venosa D.guianensis

Page 114: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

114

Tableau 19: Comparaison des modules d’élasticité transverses et de la dureté de différents bois

Nom latin Module d’élasticité

Radial (MPa)

Module d’élasticité tangentiel

(MPa)

Dureté de Monnin

Qualea rosea 2086 1246 3.9

Dicorynia guianensis 2218 1352 5.7

Peltogyne venosa 2565 1643 6.6

Larix decidua 1356 923 3.8

Picea abies 1000 636 2.2

Quercus robur, Quercus petraea 2218 1352 4.4 Les modules radiaux et tangentiels ont été calculés grâce aux équations de Guitard et El Amri [39], présenté en PARTIE

1 - § 1.2.5.4.

Figure 56: Photos des éprouvettes d’aboutage réalisées pour la caractérisation mécanique (cas du P. venosa).

Un nouveau dispositif a été mis en place, en utilisant la presse manuelle utilisée pour le collage à

plat. L’application de la pression est réalisée par un cric 5 tonnes dans le sens horizontal pendant

que les pièces sont serrées sur le bâti par des martyrs en T. serratifolia (figure 572). Cependant,

après quelques essais, il s’avère que la pression de 5 tonnes déformait le bâti de serrage avant même

que les éprouvettes soient aboutées.

Figure 57: Bâti de serrage pour la réalisation des aboutages

2 Notons que les éprouvettes à abouter étaient maintenues par le dessus grâce à des martyrs en T. serratifolia. Ils ne

sont pas représentés sur cette figure pour que l’échantillon soit visible

Cric 5 tonnes

Martyrs de T. serratifolia

Eprouvette à abouter

Page 115: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

115

Afin d’évaluer la performance du bâti de serrage mis en place pour l’aboutage, des éprouvettes de

25x30x300 mm³ en Picea abies ont été réalisées comme témoins pour cette étape de fabrication.

Avec cette essence résineuse, combinée à la réduction de la section à abouter, des éprouvettes

correctement assemblées en bois de bout ont pu être obtenues mais difficilement. Malheureusement,

avec la même section, les éprouvettes en Q. rosea, P. venosa et en D. guianensis n’ont toujours pas

réussi à être aboutées correctement (emboitement maximal à 85% pour le Q. rosea).

Suite à toutes ces difficultés pour réaliser cet assemblage mécanique en Guyane Française, le bâti de

flexion 4 points du laboratoire a été utilisé pour pouvoir appliquer un minima de 4.à 5 tonnes sur la

surface des éprouvettes (allant jusqu’à 8 tonnes pour le Q. rosea). De ce fait, un dispositif

« maison » constitué d’un tube en acier et des baguettes de bois a permis de maintenir les deux

pièces à abouter (figure 58). Les éprouvettes testées ont pour dimensions : 30×40×580 mm³,

dimensions maximales acceptées par le bâti de flexion 4 points piloté par la MTS.

Figure 58: Dispositif de serrage pour la réalisation des éprouvettes d’aboutage

Certes, avec ce dernier dispositif, les échantillons avaient un meilleur emboitement, néanmoins, les

éprouvettes obtenues étaient soit endommagées soit partiellement emboitées. De plus, il s’avère que

la plupart de la colle appliquée au niveau des entures était chassée de l’assemblage lors de la mise

sous pression. Ceci permet, une nouvelle fois, d’apprécier le fait qu’une pression forte sur un bois

dense, n’est pas conseillée.

Tube contenant l’éprouvette

Bâti de flexion 4 points

Dispositif de maintien du tube

Page 116: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

116

3.4.2 Validation et caractérisation

mécaniques des aboutages Sur les échantillons correctement aboutés, des tests de validation et de caractérisation mécanique

ont été réalisés sur le bâti de flexion 4 points (figure 59) conformément à la norme NF EN 408 cf. §

2.1.3). Les tests de flexion sont réalisées sur des éprouvettes de dimensions 37×27×580 mm³ et à

27×37×580 mm³. La longueur des éprouvettes de flexion à chant était de l’ordre de 15h (soit

580mm) et celles de flexion à plat, de même longueur correspondaient à 20h. D’un point de vue

échantillonnage, 15 éprouvettes par essence ont été testées à chant et 15 autres à plat. A titre de

comparaison, 5 éprouvettes de bois massif ont elles aussi été testées en flexion à chant et 5 autres en

flexion à plat.

Figure 59: Dispositif de flexion 4 points à chant sur une éprouvette aboutée de P. venosa

A partir de l’équation 6 (cf. § 2.1.3.1), les modules locaux d’élasticité, corrigés par l’humidité et

l’effet d’échelle ont été calculés pour les éprouvettes testées à plat et à chant, et sont présentés par la

figure 60.

Notons que sur la figure 60, un seul MOE a été enregistré pour les tests en flexion à chant du Q.

rosea abouté.

Page 117: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

117

Figure 60: Résultats des modules d’élasticité locaux des échantillons testés à chant et à plat

La figure 60, illustre que les modules locaux d’élasticité évalués sont sensiblement les mêmes pour

les éprouvettes aboutées et massives. Ceci indique que le collage de l’assemblage est satisfaisant.

De plus, des éprouvettes massives de D. guianensis testées à plat présentaient des modules

d’élasticité bien inférieurs aux autres échantillons de la même essence (13000 MPa au lieu de 14800

MPa dans la bibliographie [106])

Afin d’évaluer la résistance à la flexion des aboutages, la contrainte maximale de flexion est

calculée suivant l’équation 7 (cf. § 2.1.3.1).

Les résultats des tests de flexions réalisés à plat et à chant sur les éprouvettes aboutées et massives

sont donnés dans la figure 61.

0

5000

10000

15000

20000

25000

Q. rosea P. venosa D. guianensis

Mo

du

le lo

cal d

'éla

stic

ité

Em

l (M

pa)

LC_chant Massif_chant LC_plat Massif_plat

Page 118: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

118

Figure 61: Résultats des flexions à chant et à plat pour les éprouvettes aboutées et celles en bois massif

Ces résultats, mettent en évidence deux principales observations :

La première est que pour les chargements considérés (à plat ou à chant), la résistance à la flexion

des éprouvettes aboutées est inférieure à celle obtenue avec des éprouvettes massives. Ceci se

traduisant par une résistance quasi égale à celle du D. guianensis abouté. Cette première observation

souligne bien le fait que l’aboutage est le paramètre mécanique réducteur dans l’utilisation des bois

en bois lamellé-collé. En effet, les usinages testés sont 40 à 60 % moins résistants que les

éprouvettes de bois massif.

Cependant, il est possible que la détérioration des éprouvettes, due à une mauvaise application de la

pression, soit responsable d’une bonne part de la variabilité de ces résultats. En effet, pour la

création d’un assemblage structural par aboutage, toutes les pièces présentant des craquelures ou

des vides (> 1mm) entre les entures sont normalement rejetées, car elles sont qualifiées

d’inadéquates [107].

La deuxième observation concerne la différence des résultats entre les éprouvettes testées à plat et à

chant. On remarque que la résistance des éprouvettes de bois massif testées à chant est globalement

semblable à celle obtenue par flexion à plat.

0

20

40

60

80

100

120

140

160

Q. rosea P. venosa D. guianensis

sist

ance

à la

fle

xio

n f

m (

Mp

a)

LC_chant Massif_chant LC_plat Massif_plat

Page 119: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

119

Concernant les différences de résistances entre les aboutages et le bois massif, plusieurs auteurs

(Erickson, Stanger, Brynildsen…) ont évalué l’efficacité de l’aboutage par le rapport entre la

contrainte maximale dans le bois abouté et celle du bois massif (Ra en %) [108]. Leurs études

montrent que dans le cas d’une flexion à chant, les ratios Ra sont de l’ordre de 60% (59% sur le

Pseudotsuga menziesii, 58% sur le Pinus radiata). Pour une flexion à plat, ces ratios diminuent

(33% sur le P. menziesii, 50% sur le P. radiata). Brynildsen, a évalué le ratio des modules

d’élasticité de l’aboutage et du bois massif et a conclu qu’il n’est pas affecté par l’aboutage [108].

En étudiant ces ratios entre le bois abouté et le bois massif sur les résultats obtenus avec les trois

essences guyanaises (tableau 20), on s’aperçoit de prime abord que les MOE enregistrés sont peu

influencés par l’effet d’aboutage, conformément aux observations ci-dessus. En revanche, une

tendance inversée est observée pour les ratios des contraintes maximales. En effet, les ratios de 30 à

40% environ sont observés lors d’une flexion à chant et des ratios de 60% environ lors d’une

flexion à plat.

Tableau 20: Ratio entre les aboutages et le bois massif

Essence Ratios des contraintes maximales Ratio des MOEs

Ra à chant (%) Ra à plat (%) Ra à chant (%) Ra à plat (%)

Q. rosea 42.3 66.5 90.0 98.0 P. venosa 46.8 56.4 94.5 99.0 D. guianensis 32.2 102.0 110.3 115.2

Notons que le ratio de résistance exprimé pour le D. guianensis testé à plat est supérieur à celui

calculé pour le Q. rosea et le P. venosa. Ceci s’explique par la faible résistance à la flexion des

présentée par la figure 61.

Cette observation sur l’inversement des ratios de contraintes maximales entre le bois abouté et le

bois massif pour des flexions à chant et à plat pourrait s’expliquer par le mode de chargement sur

des éprouvettes endommagées, engendrant des résultats très variables. En effet, dans le cas de la

flexion à chant, une fissure se trouvant dans la zone mise sous tension lors du début du test amorce

facilement une propagation des fissures dans l’éprouvette, réduisant ainsi la résistance de l’aboutage

à la flexion. En revanche, lors d’une flexion à plat, même si une fissure se présente dans la partie

mise sous tension, celle-ci peut être compensée par les autres entures de l’aboutage, retardant ainsi

la rupture de l’éprouvette. Ainsi, il semble que les différences de 30% entre les contraintes

maximales en flexion à chant et à plat soient dues à ce phénomène de sollicitation de l’aboutage.

Page 120: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

120

Ainsi, la qualité des aboutages est un facteur important quant à l’obtention d’une bonne résistance

mécanique de cet assemblage. En première instance, si l’étape d’aboutage est mal réalisée, il se peut

que les entures s’emboitent mal car soit trop longues, soit trop courtes, soit décalées. Dans les cas

d’entures trop longues, lors du serrage, le bout de celles-ci se trouvera compressé, créant ainsi des

zones à fortes concentration de contraintes, affaiblissant l’assemblage [109]. Des entures trop

courtes créent des vides en bout de l’assemblage et diminueront les surfaces de collage. De plus,

d’un point de vue esthétique, ces vides sont rejetés par les clients. Enfin, Jokerst [108], rapporte

d’une étude, qu’une variation de quelques centièmes de millimètres pour un aboutage entraîne une

faible résistance mécanique et un mauvais auto-serrage, risquant de défaire les pièces aboutées en

attendant que la résine polymérise [108].

Enfin, l’équation 12 (cf. § 2.1.3.2) a permis de déterminer la valeur limite du fond de l’enture, ɤ,

pour laquelle la fissuration de l’éprouvettes est amorcée si la valeur réelle de ɤ est inférieure. En

fonction des essences, ces valeurs limites ont été déterminées par les modules d’élasticité relevés

lors de cet essai et de leur contrainte à la rupture en traction perpendiculaire au fil (ft,90,r =2.7 MPa

[110]) .

ɤlimite, P. venosa = 0.530 mm

ɤlimite, D. guianensis = 0.529 mm

ɤlimite, Q. rosea = 0.529 mm

Or le ɤ mesuré sur l’usinage réalisé était de 0.500 mm. Ce qui explique la fissuration dans la plupart

des éprouvettes. En effet, lors de l’aboutage, l’emboitement des entures, presque incompressible du

fait de la dureté des bois, engendrait, dans l’enture femelle, des contraintes de traction

perpendiculaire au fil supérieure à leur limite de résistance. A titre de comparaison, la limite

inférieure du fond de l’enture ɤ pour le P. abies, résineux communément utilisé en lamellé-collé, est

de 0.510 mm. Cependant, avec une dureté plus faible, l’enture mâle peut s’écraser afin de

s’emboîter correctement. On remarque ainsi que l’outil d’usinage standard est plus adapté aux

résineux pour la réalisation d’aboutage. Pour la réalisation des aboutages en bois exotique, il est

conseillé d’augmenter le fond de l’enture (0.535 mm par exemple) afin que l’emboitement des

entures se fasse correctement. Cependant, faute de temps, cette piste d’amélioration n’a pas été

explorée.

Page 121: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

121

Notons enfin que, généralement, la pression à appliquer pour le serrage des aboutages est fonction

de la longueur des entures (tableau 21) [111].

Tableau 21: Pression à appliquer en fonction de la longueur des entures

Cependant pour des bois denses, appliquer une telle pression, pour des entures de 15 mm de long,

n’est pas forcément bénéfique car :

La colle peut être chassée de l’aboutage, créant ainsi un joint maigre de faible résistance mécanique,

Des zones de fortes contraintes peuvent apparaître lors du serrage de l’aboutage en emboitant les

deux pièces. Des fissures peuvent même avoir lieu au niveau des pointes des entures, rédhibitoires

pour un assemblage mécanique.

On pourrait ainsi conclure sur le fait que, pour abouter ces essences tropicales, le choix d’un

profilage avec des entures de 30 mm de long serait bénéfique (pression à appliquer plus petite, la

surface relative de collage A est plus élevée). Malheureusement, un tel usinage sur des bois aussi

denses est très énergivore (très grande puissance nécessaire au profilage) et produit beaucoup plus

de perte matière. En plus de ce paramètre économique, cet usinage peut apporter des complications

supplémentaires comme la carbonisation du bois. En effet, du fait de leur forte densité et des efforts

de coupe importants, ces essences guyanaises risquent de se carboniser au niveau du profilage,

créant ainsi un « glaçage » du bois, empêchant la pénétration de la résine dans le support. Une autre

alternative serait d’adapter un outil de profilage pour les bois denses, afin que le fond des entures

permette un emboitement aisé, sans perdre le caractère auto-serrant de cet assemblage.

Longueur de l’enture (mm)

Pression de serrage (MPa)

10 12 15 11 20 10 30 8 40 6 50 4

Page 122: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

122

3.5 Etude de l’aptitude au collage des

essences guyanaises

Afin de comprendre l’aptitude au collage de ces essences guyanaises, nous nous sommes basés sur

deux concepts qui sont utilisés pour décrire l’adhésion entre un fluide et un solide.

Pour le premier principe, l’étude s’est portée sur la porosité des supports. Nous rappelons ici que la

porosité est le rapport entre le volume des vaisseaux et le volume total. Néanmoins, il est d’usage

pour certains matériaux tel que le bois, de définir la conductivité des vaisseaux. L’indice théorique

de porosité du bois, Ip, est donné par l’équation 20.

(20)

Avec :

Dmoy, vaisseaux est le diamètre moyen des vaisseaux en mm

ρsurfacique est la densité surfacique en mm-2

Cependant, l’indice de porosité, seul ne peut qualifier la capacité d’absorption du bois par ses

vaisseaux. Il est d’usage de le combiner avec un indice de conductivité (Ik) évaluant la capacité des

vaisseaux à faciliter l’écoulement d’un fluide, tel que la résine. Pour évaluer cet indice, nous avons

utilisé une approximation via la formule de Poiseuille [112] donnée ci-après:

(21)

Avec :

f étant la fréquence des vaisseaux par mm²

DMH étant le diamètre moyen hydraulique des vaisseaux.

Page 123: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

123

Du fait que les vaisseaux sont elliptiques, leur diamètre moyen, DMH, a été calculé suivant la

formule 50 [112]:

∑(

)

(22)

Avec :

d1 l’axe majeur du vaisseau (en mm)

d2 l’axe mineur du vaisseau (en mm)

N le nombre de vaisseaux mesuré.

Pour les essences guyanaises utilisées, l’indice de porosité a été identifié à partir des données

bibliographiques [106].

Afin de déterminer l’indice de conductivité hydraulique, 5 dosses et 5 quartiers par essences ont été

sélectionnés. Deux photos ont été prises à l’aide d’un microscope confocal sur chaque échantillon.

En combinant ces deux indices, il est possible d’évaluer l’écoulement du fluide à travers ces trois

essences.

Enfin, pour évaluer l’ancrage de la résine dans les vides cellulaires, 27 joints de colle, réalisés lors

de la troisième campagne de collage par lamellation, ont été observés par un microscope à

fluorescence pour déterminer la pénétration de la résine dans le bois de part et d’autre de l’interface

de collage.

Le deuxième principe utilisé n’est autre que la théorie de d’adhésion par absorption

thermodynamique, caractérisée par le critère mouillant des supports. (cf. § 1.3.3.1). De plus si le

bois a des indices de porosité et de conductivité élevés, alors plus la mouillabilité est élevée (ɵ

faible) et plus l’absorption de la résine par le bois le sera. Ainsi, afin d’évaluer l’affinité des bois

étudiés avec l’eau, ainsi que leur cinétique d’absorption, le critère de mouillabilité a été déterminé.

Les mesures ont été réalisées au FCBA sur 3 débits différents: un quartier, une dosse et un faux

quartier, avec un seul liquide : l’eau. Ayant utilisé des colles à forte teneur en eau (constituant

Page 124: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

124

environ 40% de la composition pour des RPF) pour l’étude du collage en Guyane Française, ce

liquide semble être le plus approprié pour cette étude comparé aux autres de polarités différentes.

Notons par ailleurs, que les mesures de mouillabilité ne peuvent être réalisées avec de la résine car

trop visqueuse pour pouvoir être déposée, de façon calibrée, sur le support étudié. De plus le

processus de polymérisation de ce type de résine engendre des molécules d’eau qui, dans le cas

d’un bois peu absorbant, restent dans le plan de collage, gênant l’adhésion entre les deux lames de

bois mises en contact.

Afin d’avoir un échantillonnage suffisant, 20 mesures sont effectuées par débit provenant de deux

éprouvettes débitées dans une même planche. Ceci porte donc à 60 les mesures de mouillabilité par

essence.

3.5.1 Etude de la porosité

Comme souligné lors de l’analyse de l’influence des grammages sur la délamination (cf. § 3.3.2.1),

malgré de fortes quantités de colle utilisées, on observe que la quantité réelle d’adhésif présente à

l’interface de collage est bien en deçà de celle recommandée. Ceci s’explique par le fait qu’une

partie de l’adhésif a été chassée des plans de collage du fait de l’application d’une forte pression, et

une autre partie est passée à travers les vaisseaux car le bois est un matériau poreux. Ainsi, la

porosité du bois est un paramètre important et son effet sur le collage a été mis en évidence, en

calculant tout d’abord, à partir des données bibliographiques, l’indice maximal de porosité pour ces

essences (tableau 22 [106]).

Tableau 22: Porosité théorique des essences de bois

Essence

Dmoy, vaisseaux (mm)

ρsurfacique

(mm-2

) Ip

min moy max min moy max min moy max

Q.rosea 0.140 0.165 0.190 3 5.5 8 0.046 0.118 0.227 P.venosa 0.120 0.165 0.210 3 5 7 0.034 0.107 0.277 D.guianensis 0.225 0.260 0.300 1 1.5 2 0.031 0.080 0.141

En observant les indices de porosité théorique, on s’aperçoit que, le Q. rosea et le P. venosa ont

sensiblement la même porosité 1.5 fois plus élevée que celle du D. guianensis.

Page 125: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

125

En complément de cet indice de porosité calculé, les indices réels de conductivité (Ik) (minimal,

moyen et maximal) de ces essences ont été déterminés grâce à l’observation des 50 photos prises,

par essence, sur les échantillons testés en délamination (tableau 23). A titre comparatif, les indices

de conductivité théoriques, basés sur les données présentées dans le tableau 22, ont été calculés à

partir de l’équation 21.

Tableau 23: Indice de conductivité (Ik) des essences guyanaises

Q. rosea P. venosa D. guianensis

mesuré théo mesuré théo mesuré théo

Ik, moyen 1.83E-3 4.08 E-3 5.53 E-4 3.71 E-3 8.85 E-3 6.85 E-3

Ik, min 3.33 E-4 1.15 E-3 7.3 E-5 6.22 E-4 2.76 E-4 2.56 E-3

Ik, max 4.78 E-3 1.04 E-2 1.55 E-3 1.36 E-2 1.5 E-3 1.62 E-2

Ces résultats d’indice de conductivité viennent conforter le fait que le Q. rosea est l’essence

guyanaise ayant les plus grands indice de porosité et de conductivité. Elle est la plus apte à conduire

un fluide à travers ses vaisseaux. Ceci explique bien la capacité de ce bois à faciliter l’écoulement

d’un fluide, tel que la résine. Ceci peut conduire à des joints maigres, lors de la mise sous pression

des lames lorsque la quantité de colle appliquée est faible.

En revanche, contrairement à l’indication donnée par l’indice de porosité, il apparait que le D.

guianensis a une plus forte capacité de conduction que le P. venosa. Ce complément d’information

montre que même si le P. venosa a une porosité proche de celle du Q. rosea, ses vaisseaux ont une

faible capacité à laisser passer un fluide. De ce fait, un minimum d’adhésif peut passer à travers le

bois grâce à un nombre suffisant de vaisseaux dans le plan de collage, mais, sa densité et sa faible

conduction engendre une expulsion de la colle lors de l’application de la pression contrairement au

Q. rosea, qui, lui, laisse pénétrer la résine lors du collage.

A contrario, le D. guianensis lui présente un faible indice de porosité mais une forte conduction par

ses vaisseaux. Ainsi, et même si des dépôts blanchâtres viennent obstruer certains pores, ses

vaisseaux sont suffisamment conducteurs pour laisser passer la résine lors de la mise sous pression.

Page 126: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

126

Ces différences pourraient être expliquées par l’indice d’imprégnation de ces bois. En effet, cet

indice conduit à un classement des bois par leur capacité à laisser pénétrer et à retenir un fluide

[113]. L’imprégnation d’un bois est rendue difficile par la fermeture des voies naturelles de

conduction des cellules. Pour les bois utilisés, le Q. rosea est défini comme moyennement

imprégnable (indice 2), le P. venosa et le D. guianensis sont peu imprégnables (indice 3).

Avec ces deux indices de caractérisation, on peut établir le fait qu’avec des indices de porosité et de

conductivité élevés, le Q. rosea est l’essence la plus à même d’avoir un fort ancrage mécanique de

la résine. Dans le cas du P. venosa, même si cette essence présente une forte porosité, la faible

conduction de ses vaisseaux empêche la pénétration de la résine dans ce matériau. Enfin, pour le D.

guianensis, malgré une capacité à la conduction d’un fluide par ses vaisseaux élevée, son faible

indice de porosité entraine une faible capacité de laisser passer les fluides.

Afin de mieux apprécier la capacité de ces essences à laisser la résine pénétrer à travers leurs

vaisseaux, l’observation des joints de colle, en coupe transversale après un rafraîchissement de la

surface, a été réalisée grâce à un microscope à épifluorescence (figure 62). Ces photos ont permis

d’évaluer l’épaisseur du joint de colle, et donc le grammage réel appliqué, ainsi que la pénétration

de la résine dans le bois, qui se trouve dans les vaisseaux proches de l’interface de collage.

Suite à un traitement d’image, réalisé à l’aide du logiciel Image J, on observe clairement le joint de

colle sur les échantillons ainsi que la pénétration de l’adhésif dans les vaisseaux. Chaque image est

prise sur un échantillon de chaque essence de bois ayant la même condition de collage et le même

appareillage (assemblé de façon hétérogène).

Page 127: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

127

(a1) (a2)

(b1) (b2)

(c1) (c2)

Figure 62: Photos (x120) prises par épifluorescence d’un joint de colle pour le Q.rosea (a1), le P.venosa (b1) et le

D.guianensis (c1) ainsi que leur traitement d’image associé (respectivement a2, b2 et c2)

Ces photos mettent en évidence que plus le bois est poreux, plus la pénétration de la résine dans ce

matériau est forte. Cependant, cette pénétration dépend de la capacité des vides cellulaires à laisser

passer un fluide. En effet, on remarque que la pénétration de la résine dans le Q. rosea est plus

importante que dans le P. venosa (respectivement figure 62 a2 et figure 62 b2).

6 mm

6 mm

6 mm

Pénétration

de 2.9 mm

Pénétration

de 1.1 mm

Pénétration

de 0.4 mm

Page 128: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

128

Cependant, des recherches plus complètes dans ce domaine, ont montré qu’une simple observation

du joint de colle sur une section transversale et du paramètre de pénétration (indiqué à partir du plus

loin vaisseau rempli de colle) n’est pas suffisante pour estimer la pénétration d’un liquide [114,

115]. En effet, avec un travail sur le hêtre (Fagus sylvatica), Niemz et ses collaborateurs [116] ont

montré que la pénétration des colles (polyuréthanes et urée-formol) est principalement expliquée

par la connexion inter-vaisseaux et leur organisation autour des rayons et non pas par les vaisseaux

eux-mêmes. Cependant, de telles données ne peuvent être récoltées qu’avec un équipement spécial

(synchrotron) très couteux à l’utilisation.

L’appréciation de la pénétration de la colle dans les vaisseaux et les indices de porosité et de

conductivité, permettent d’évaluer l’importance de l’ancrage mécanique sur l’adhésion de la colle

sur le bois pour ces essences. En effet, la vision mécanique de l’adhésion se caractérise par

l’enchevêtrement de la résine dans le bois, caractérisé, entre autre, part l’ancrage de la résine dans

les aspérités surfaciques et par sa pénétration dans les vides cellulaires (vaisseaux, rayon,

trachéides…) [68]. Ainsi, on constate que, pour ces essences, le rôle de l’ancrage sur l’adhésion

n’est pas primordial. En effet, l’essence (D. guianensis) ayant une faible pénétration de la résine de

part et d’autre du joint de colle, présente les meilleurs résultats de délamination. Alors que l’essence

ayant une forte pénétration (Q. rosea) a des résultats moins concluants aux tests de délamination.

Cependant, des études menées sur des résineux montrent que la porosité du substrat (ici le bois)

associée à une rugosité importante favorise l’adhésion en raison de l’augmentation de l’aire de

contact à l’interface [117-119]. Toutefois, dans le cas des essences de bois tropicales étudiées, ces

paramètres seuls ne peuvent pas expliquer le phénomène d’adhésion mais doivent être combinés

avec des paramètres complémentaires [120].

L’écoulement de la résine dans les vaisseaux ne dépend pas que des facteurs géométriques qui

donnent lieu à la porosité et la perméabilité du bois. Cet écoulement dépend aussi de la chimie des

surfaces en contact et l’affinité chimique de la résine en contact avec le bois. A défaut de réaliser

des tests sur les affinités chimiques bois/colle pour évaluer la capacité des supports à créer des

liaisons faibles (Van Der Waals, Lewis…) ou fortes (covalentes, ioniques…), on étudiera le

comportement en surface de ces bois, à travers le concept de la mouillabilité. En effet ce paramètre

permet de décrire ce qui se passe lorsqu’un liquide vient en contact avec un support solide :

étalement du fluide trop important ou non, perméabilité du support par rapport au liquide…Cette

chimie de surface peut être étudiée.

Page 129: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

129

3.5.2 Etude de la mouillabilité

La figure 63 présente les résultats moyennés pour tous les débits par essence afin de souligner une

première tendance générale de la mouillabilité de chacun des supports. De plus, du fait de

l’approximation de la mesure en laboratoire, l’erreur standard est communément prise égale à ± 5°.

Figure 63: Mouillabilité des essences de bois étudiées et témoins

La figure 63 permet de prime abord, de souligner le fait que la mouillabilité des essences résineuses

est plus élevée que celles des feuillus tropicaux étudiés. Cependant il s’avère que le D. guianensis

présente une mouillabilité quasi-similaire au L. decidua (respectivement 37° et 36°), ce qui explique

la bonne capacité au collage de ce bois. En effet, ce paramètre permet d’expliquer les meilleurs

résultats de délamination observés sur le D. guianensis, mais aussi que cette essence enregistrait les

grammages les plus forts, proches de ceux relevés sur les échantillons témoins de L. decidua (cf. §

3.3.2.1).

Dans un deuxième temps, on s’aperçoit que, contrairement à ce que l’on pourrait penser après avoir

étudié les indices de porosité et de conductivité, le Q. rosea présente un angle de contact plus grand,

que le P. venosa. En effet la figure 63 souligne le fait que pour cette essence de bois, l’étalement du

fluide est assez faible dès l’application de la goutte à sa surface (ɵ=53°). Cependant, avec le temps,

le fluide déposé en surface pénètre constamment dans le support, montrant bien que cette essence a

un réel pouvoir d’absorption, caractérisé par ses indices de porosité et de conductivité élevés. A

contrario, pour le P. venosa, malgré un mouillage plus fort dès l’application du liquide (ɵ=43°),

0

10

20

30

40

50

60

10 60 120

An

gle

de

co

nta

ct (

°)

Temps (s)

Q.rosea

P.venosa

D.guianensis

L.decidua

P.abies

Page 130: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

130

l’absorption reste faible (35° au bout d’une minute et 33° au bout de 2). Cela montre que, même si

une affinité chimique existe entre l’eau et le P. venosa, la densité de ce bois et sa faible conductivité

hydraulique font que le fluide déposé en surface a tendance à stagner dans le plan. Cela peut

engendrer des défauts de collage, et donc des délaminations, car lors de sa polymérisation, la résine

(PRF) libère des molécules d’eau dans le plan de collage devant être évacuées pour permettre

l’adhésion entre la colle et le bois.

Le fait qu’une essence présente une meilleure mouillabilité (plus faible angle de contact) permet

d’expliquer le fait que ce bois a une bonne affinité physique avec le fluide. Ainsi, plus le bois à un

fort pouvoir mouillant, plus la résine peut s’étaler à la surface de celui-ci, favorisant ainsi

d’avantage de liaisons chimiques, qu’elles soient « faibles » ou « fortes ». En plus de cela, et en

fonction de sa porosité et de son pouvoir de conduction, si la résine s’étale mieux à la surface du

bois, celui-ci pourra plus facilement l’absorber.

Ainsi, d’après les résultats présentés par la figure 63, il s’avère que le D. guianensis a plus

d’aptitude à adhérer avec la résine plutôt que le P. venosa ou le Q. rosea.

En analysant maintenant les résultats de mouillabilité par débit et en fonction des essences, on

remarque que les débits sur dosses ont une meilleure mouillabilité et sont donc de meilleurs

supports pour le collage (figure 64).

Figure 64: Mouillabilité des essences tropicales en fonction de leurs débits

0

10

20

30

40

50

60

10 60 120

An

gle

de

co

nta

ct (

°)

Temps (s) Q.rosea_dosse Q.rosea_quartier

P.venosa_dosse P.venosa_quartier

D.guianensis_dosse D.guianensis_quartier

Page 131: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

131

Les différences de mouillabilité entre les débits présentées par la figure 64 s’expliquent

anatomiquement. En effet, la capacité de conductivité par les rayons est plus forte et le diamètre des

vaisseaux est un peu plus important dans le sens tangentiel que dans le sens radial. Afin de rendre

ce graphique plus lisible, les résultats par faux quartier ne sont pas représentés mais sont compris

entre les résultats sur dosse et sur quartier.

Enfin, toujours en utilisant ce critère d’angle de contact, il est possible d’expliquer l’importance du

rabotage dans les heures précédant l’encollage. Pour ce faire, les mêmes échantillons ont subi une

deuxième campagne de mesure de la mouillabilité une semaine plus tard, ce qui permet d’évaluer

l’influence du rabotage sur la mouillabilité (figure 65).

Figure 65: Mouillabilité des essences de bois étudiées et témoins non rabotés avant le test

La figure 65 montre bien que, malgré un comportement similaire à un débit fraîchement raboté, la

mouillabilité du support en est hautement affectée. Il s’avère que quelle que soit l’essence de bois

testée, l’angle de contact formé par la goute de liquide et la surface du bois est largement supérieur

aux débits usinés quelques heures avant le test. Le cas le plus flagrant est celui du P. abies, qui non

raboté, devient presque imperméable, même si au bout de quelques minutes il retrouve sa capacité

d’absorption. Lors de la réalisation de ce test, les gouttes déposées sur les essences guyanaises ont

même mis plus d’une heure avant d’être absorbées par les supports. Ces observations viennent

conforter le fait que les lames doivent être rabotées quelques heures avant l’encollage afin que leur

affinité chimique avec la colle ne soit pas altérée.

0

20

40

60

80

100

120

10 60 120

An

gle

de

co

nta

ct (

°)

Temps (s)

Q.rosea

P.venosa

D.guianensis

L.decidua

P.abies

Page 132: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

132

Ces résultats de mouillabilité montrent que le D. guianensis possède une absorption

thermodynamique quasi similaire à celle pouvant être enregistrée sur des essences résineuses. De

plus, ce test a mis en avant que l’essence tropicale la plus poreuse (Q. rosea), présente une

mouillabilité plus faible que celle enregistrée sur l’essence la plus dense (P. venosa). Ceci vient en

contradiction avec les idées selon lesquelles que plus le bois est poreux, plus la mouillabilité est

forte.

3.5.3 Conclusion sur l’aptitude au collage des

essences guyanaises

Suite aux différentes analyses menées sur la porosité et la mouillabilité des trois essences

guyanaises, il s’avère que l’aptitude du bois au collage est principalement déterminée par son

caractère de mouillabilité. En effet, les résultats présentés ont permis de montrer que même si un

bois poreux a une capacité à absorber de la résine, son caractère mouillant déterminera son aptitude

au collage.

Dans le cas du Q. rosea, même si l’ancrage mécanique de la résine dans les vaisseaux est fort, sa

médiocre mouillabilité empêche la création de liaisons chimiques entre l’adhésif et le bois. De

même, grâce à la forte capacité de conduction de ces vaisseaux, lors de l’application de la pression

durant le processus de collage, la résine appliquée dans le plan a tendance à pénétrer dans le

matériau, conduisant à des joints maigres. De ce fait, lors du test de délamination, l’interface de

collage, peu résistante, est sujette à l’apparition de craquelures.

Les mêmes conclusions peuvent être observées pour le P. venosa. Cependant, sa faible capacité de

conduction par ses vaisseaux ne permet pas d’augmenter l’ancrage de la résine dans le bois. De ce

fait, avec un mouillage moyen et une faible capacité de pénétration, l’adhésif est chassé du plan de

collage lors du serrage. De plus, il se peut que l’eau générée par la polycondensation de la résine

reste dans le plan de collage, gênant sa polymérisation, et donc son adhésion.

Enfin, dans le cas du D. guianensis, malgré un pouvoir de conduction par ses vaisseaux satisfaisant,

sa faible porosité ne permet pas à cette essence d’avoir un fort ancrage mécanique de l’adhésif dans

le bois. En revanche, avec une bonne mouillabilité, cette essence a plus d’aptitude à favoriser des

affinités chimique avec la colle et ainsi renforcer son adhésion. Ainsi avec cette bonne aptitude au

collage, lors du test de délamination, l’énergie nécessaire pour rompre l’interface d’adhésion est

plus importante et limite ainsi les risques de craquelures.

Page 133: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

133

3.6 Récapitulatif et analyse des paramètres de

collage

Lors de l’analyse de l’influence de la pression sur les résultats de délamination obtenus par les

échantillons collés sous les martyrs en ébène (cf. § 3.3.2.1.3), il s’est avéré que seul le P. venosa est

sujet à l’influence de ce paramètre. Cependant, en analysant l’influence de l’interaction entre la

pression réelle et le temps d’assemblage fermé sur les délaminations, celle-ci peut expliquer ces

résultats pour les deux autres essences guyanaises (R² = 0.153 pour le Q. rosea et R² = 0.357 pour le

D. guianensis). De même, pour le Q. rosea et le D. guianensis, il existe une influence de la pression

de serrage sur le grammage mesuré, pouvant expliquer les résultats de délamination obtenus dans le

cadre de cette campagne de collage. Dans le cas du Q. rosea, la figure 66 présente les résultats de

ces analyses par anova (R² = 0.291).

Figure 66 : Influence de la pression de serrage et du TAF sur les délaminations, cas du Q. rosea

Sur cette figure on remarque que pour de faibles pressions (0.2 à 0.4 MPa), les meilleurs résultats de

délamination sont obtenus avec un temps d’assemblage fermé assez long (20 minutes) afin que la

colle puisse polymériser avant d’être pressée. D’ailleurs, on remarque que les joints de colle les plus

épais sont obtenus avec 20 minutes d’attente avant le serrage. Lorsque le niveau de la pression

augmente, les délaminations augmentent sensiblement, dues à un amincissement du joint de colle.

En revanche, il s’avère qu’avec l’application d’une forte pression, les meilleurs résultats de

80

100

120

140

160

180

200

0

10

20

30

40

50

60

0,2 0,3 0,4 0,5 0,7 1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,7 1

Gra

mm

age

me

suré

(g/

m²)

lam

inat

ion

(%

)

Pression réelle (MPa)

5 10 20

Page 134: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

134

délamination sont obtenus avec un TAF court de 5 minutes. En évaluant les grammages par la

mesure du joint de colle, on remarque que même avec 20 minutes de temps d’attente avant le

serrage, celui-ci reste faible par rapport aux autres essences de bois. Cela indique que la porosité de

ce bois, combinée avec un fort pouvoir de conduction de ces vaisseaux, la plupart de la colle

appliquée dans les plans de collage est absorbée par le bois, affaiblissant sa résistance vis-à-vis de la

délamination.

Pour le P. venosa, l’analyse, présentée par la figure 67 montre que les meilleurs résultats sont

obtenus avec des pressions de serrage faible (de 0.2 à 0.4 MPa), et ce indépendamment du temps

d’assemblage observé.

Figure 67 : Influence de la pression de serrage et du TAF sur les délaminations, cas du P. venosa

Cette figure illustre en plus le fait que plus la pression est élevée, plus les délaminations sont

nombreuses et, pour un TAF court de 5 minutes, les grammages mesurés deviennent de plus en plus

faibles, car la résine n’a pas le temps de pénétrer dans les cavités de ce bois dense. Cependant on

remarque aussi que pour des TAF de 10 ou 20 minutes, les grammages ne sont pas affectés par

l’élévation de la pression de serrage, hormis entre 0.7 et 1 MPa où les grammages obtenus avec 10

minutes de TAF diminuent sensiblement. Cette tendance montre bien que plus la pression de

serrage est élevée, plus le temps d’assemblage fermé doit être rallongé afin que la résine ne soit pas

expulsée des plans de collage (R² = 0.304).

80

100

120

140

160

180

200

0

10

20

30

40

50

60

0,2 0,3 0,4 0,5 0,7 1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,7 1

Gra

mam

ge m

esu

ré (

g/m

²)

lam

inat

ion

(%

)

Pression réelle (MPa)

5 10 20

Page 135: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

135

Dans le cas du D. guianensis, la figure 68 présente les résultats de délamination en fonction du

temps d’assemblage fermé observé lors de l’encollage et du niveau de pression de serrage.

Figure 68 : Influence de la pression de serrage et du TAF sur les délaminations, cas du D. guianensis

Sur cette figure, on remarque que pour un temps d’assemblage court de 5 minutes, les résultats de

délaminations sont sensiblement les mêmes, indépendamment des niveaux de serrage appliqué lors

de la fabrication des échantillons, cependant plus la pression est élevée, plus le joint de colle devient

mince. Dans le cas d’un TAF de 10 minutes, malgré un épaississement du joint de colle avec

l’élévation de la pression, les délaminations, elles, deviennent de plus en plus importantes. Enfin,

dans le cas d’un temps d’assemblage plus long (20 minutes), le grammage mesuré dans les

échantillons reste sensiblement le même malgré une élévation de la pression de serrage. En

revanche, les délaminations observés sur les échantillons deviennent de plus en plus rares lorsque la

pression devient élevée. Ces résultats sont même concluants pour une pression équivalente ou

supérieure à 0.7 MPa. Pour cette essence guyanaise, la figure 69 illustre bien le fait qu’un temps

d’assemblage d’au moins 20 minutes doit être observé avant de presser les poutres, et que plus le

niveau de serrage est élevé, plus l’assemblage par collage devient résistant aux délaminations (R² =

0.250).

80

100

120

140

160

180

200

0

10

20

30

40

50

60

0,2 0,3 0,4 0,5 0,7 1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,7 1

Gra

mam

ge m

esu

ré (

g/m

²)

lam

inat

ion

(%

)

Pression réelle (MPa)

5 10 20

Page 136: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

136

La campagne de validation (cf. § 3.3.3) vient conforter ces observations pour le P. venosa et le D.

guianensis. En effet, ayant fixé le temps d’assemblage fermé à 40 minutes et la pression de serrage

à 1 MPa, les résultats de délamination observés sur le D. guianensis montrent bien que pour le

collage structural de cette essence de bois, la pression et le TAF doivent être suffisamment élevés

pour obtenir un assemblage résistant aux délamination. Dans le cas du P. venosa, malgré un temps

d’assemblage plus long afin de laisser polymériser la résine, la pression de serrage est trop élevée

afin d’obtenir des résultats de délamination homogènes et inférieurs à 10%. Dans le cas du Q.

rosea, malgré de bons résultats de délamination obtenus avec ces paramètres de collage, il apparaît

que l’appareillage des débits pour la constitution de la poutre est un facteur important pour

l’obtention d’un collage structural. La figure 69, présente les résultats de délamination obtenus lors

de la 4ème

campagne de collage et celle de validation en fonction des appareillages réalisés (NC =

Non Contraignant et C = Contraignant).

Figure 69 : Résultats de délamination en fonction des appareillages, cas du Q. rosea

Cette figure montre que les plans de collages réalisés sont moins sujet à délamination lorsque la

poutre est appareillée avec des débits homogènes (R² = 0.756). Cependant, compte tenu du fort

retrait tangentiel, les poutres lamellé-collé de Q. rosea, appareillées avec des dosses, engendrent de

fortes contraintes à l’interface de collage lors du test de délamination. Ainsi, pour le collage de cette

0

10

20

30

40

50

60

lam

inat

ion

(%

)

Moyenne Borne inf. (95%) Borne sup. (95%) Moyenne totale

Page 137: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

137

essence, il est conseillé de constituer les poutres avec des débits homogènes, et si possible avec le

moins de dosses possibles. Cependant, un autre alternative pour éviter de fortes contraintes à

l’interface de collage lors du test de délamination, une diminution de la section des lames peut être

envisagée, ou un rainurage préalable afin de diminuer ces contraintes dues aux retraits transverses

du bois.

De plus, un test statistique de Krustal-Wallis a été réalisé sur l’ensemble des données de

délamination exploitées à travers les deux campagnes d’essais présenté dans cette partie résultats

(cf. § 3.2. et § 3.3). Cette analyse statistique est un test non paramétrique, car les facteurs étudiés

sont interdépendants. De ce fait, le test est construit à partir des moyennes faites sur les résultats de

délamination, associés aux différentes valeurs des paramètres d’interprétation (température,

grammage mesuré, TAF), et non sur la moyenne des valeurs des paramètres en fonction des

résultats de délamination (loi de normalité). Par la suite, les relations entre les variables sont

analysées à l’aide de modèles additifs généralisés (GAM) qui permettent de prendre en compte les

interactions non linéaires entre les variables explicatives et les résultats de délamination.

L’illustration graphique des GAM est composée d’une ligne horizontale indiquant l’effet nul d’une

variable, Y, sur la délamination. La courbe, s(Y), représentée sur le graphique montre l’effet de Y

sur la variable à expliquer, ici la délamination. Cette courbe est encadrée par son intervalle de

confiance à 95 %, représenté en pointillés. Ainsi, l’interprétation graphique est simple. Si la courbe

s(Y) et son intervalle de confiance passent au-dessus de l’horizontale, la variable Y a un effet positif

sur la délamination (c’est-à-dire que les délaminations augmentent de manière significative). A

contrario, s’ils passent en dessous de l’effet nul, alors les délamination diminuent de manière

significative en fonction de la valeur de la variable Y.

Pour chaque essence, les influences du grammage mesuré (G), du TAF et de la température

ambiante d’encollage (T) sur les délaminations ont été analysées par ces outils statistiques.

La figure 70 présente les résultats des analyses menées sur les résultats de délamination obtenus

avec le Q. rosea.

Page 138: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

138

Figure 70 : Analyses par GAM des résultats de délamination pour le Q. rosea

Cette figure illustre le fait que, pour cette essence de bois, l’effet du grammage sur les résultats de

délamination n’est pas du tout significatif. A contrario, l’effet du TAF, compris entre 5 et 20

minutes est en adéquation avec les observations relevées par la figure 66 (meilleurs résultats de

délamination obtenus avec un TAF de 20 minutes). Cependant, il apparaît que, pour un TAF long

(40 minutes), aucune influence ne peut en être déduite quant à l’amélioration des résultats de

délamination .Cependant, ayant testé peu d’échantillons pour cette essence avec ce TAF, cette

variabilité dans l’intervalle de confiance peut s’expliquer par l’influence des appareillages

contraignant pour cette essence. (cf. figures 49 et 69). Enfin, en évaluant l’influence de la

température ambiante de collage sur les délaminations, il apparait que celles-ci sont

significativement diminuées lorsque l’encollage se déroule à une température supérieure à 32°C.

Pour cette essence de bois de densité assez forte (0.7) et caractérisée par une forte porosité et une

forte conductivité hydraulique par ses vaisseaux (cf. § 3.5.1), il est préconisé d’avoir un grammage

suffisamment élevé et un temps d’assemblage d’au moins 20 minutes afin que la majeure partie de

la résine ne soit absorbée par les cavités cellulaires. Pour ce faire, il est possible de réaliser

l’encollage sous des températures élevées (> 32 °C) afin que l’adhésif polymérise suffisamment

avant de pénétrer en profondeur dans le bois. Enfin, avec des retraits transversaux élevés, il est

conseillé d’homogénéiser les débits lors de l’appareillage des lames et, si possible, qu’il soit le

moins contraignant (homogène en quartiers), afin que les contraintes engendrés par le test de

délamination soient minimisées.

Page 139: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

139

La figure 71 présente les résultats des analyses menées sur les résultats de délamination obtenus

avec le P. venosa.

Figure 71 : Analyses par GAM des résultats de délamination pour le P. venosa

Pour le P. venosa, les analyses par GAM montrent que le TAF n’a pas d’influence significative sur

les résultats de délamination. En revanche, le grammage agit de façon significative sur la résistance

des joints de colle aux délaminations. En effet, cette analyse permet d’apprécier le fait que pour une

quantité de colle présente dans le plan de collage supérieure à 140 g/m², le risque de délamination

est significativement diminué. Par ailleurs, on remarque que l’élévation de la température influence

significativement la résistance aux délaminations à partir de 32°C. Ainsi, lors d’un encollage réalisé

à une température supérieure, les délaminations s’en voient diminuées.

Ainsi, du fait de sa forte densité et de sa faible conductivité hydraulique (cf. § 3.5.1), une quantité

de colle suffisante doit être déposée sur les lamelles de bois avant d’être serrées sous une pression

moyenne (identifiée à 0.4 MPa mais non testée en validation). De plus, en fonction de la

température ambiante d’encollage, un TAF adéquat doit être observé pour éviter toute expulsion de

l’adhésif hors de plans de collage.

Page 140: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

140

La figure 72 présente les résultats des analyses menées sur les résultats de délamination obtenus

avec le D. guianensis.

Figure 72 : Analyses par GAM des résultats de délamination pour le D. guianensis

Cette figure met en évidence le fait que, pour le D. guianensis, l’influence du TAF sur les

délaminations est significative. Il apparaît qu’un TAF de 40 minutes est préférable pour l’encollage

de cette essence afin que le joint de colle soit suffisamment résistant aux délaminations. En

observant l’influence du grammage mesuré, on peut identifier une valeur seuil (170 g/m²) pour

laquelle les délaminations diminuent de façon significative. Enfin, on remarque que pour une

température ambiante d’encollage supérieur à 32 °C, les délaminations sont accentuées, cependant,

si la température continue d’augmenter, la résistance du joint de colle augmente significativement

face aux variations d’humidité.

L’étude du collage sur le D. guianensis a montré que cette essence présente les meilleures aptitudes

à la validation d’un collage structural, bonne affinité chimique avec la résine, et bonne conductivité

hydraulique par ses vaisseaux (cf. § 3.5.2). Ainsi, il apparait qu’un encollage simple face suffisant

(170 g/m²) en climat tropical (T > 32 °C), accompagné d’un TAF de 40 minutes et que les lames

soient serrées à 1 MPa, présente de bonnes conditions pour l’obtention d’un assemblage par

lamellation résistant aux délaminations.

Page 141: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

141

Enfin, la figure 73 récapitule les paramètres physiques des trois essences guyanaises ainsi que les

paramètres étudiés à travers cette étude et les conditions de collage testés lors de la campagne de

validation. Sur cette figure, les pointillés représentent les paramètres de collage qu’il serait

souhaitable d’étudier pour l’obtention d’un collage structural par lamellation.

Figure 73: Récapitulatif des paramètres des essences étudiés ainsi que des conditions de collage retenues par la

campagne de validation

Densité

0.2 0.4 0.6 0.8 1

Grammage (g/m²)

200 300 400 600 500

TAF (min)

20 30 40 50 60

Pression (MPa)

0.4 0.6 0.8 1 1.2

Mouillabilité, ɵ (°)

20 30 40 60 50

Porosité (µm/mm²)

500 1000 1500 2500 2000

Ik (mm-²)

0.0001 0.0005 0.001 0.01 0.005

RB (%)

9 11 13 15 17

Q. rosea

Q. rosea à tester

P. venosa

P. venosa à tester

D. guianensis

Page 142: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

142

CHAPITRE 4: Etude économique

Cette étude menée sur la faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane française a pour but la

valorisation du bois guyanais dans la construction par l’implantation locale d’une chaine de

production en bois lamellé collé. Il s’avère que la faisabilité du projet dépend à la fois des

conditions mécaniques mais aussi économiques. En effet, si cette étude, sur le plan mécanique,

s’avère plutôt favorable à la réalisation de lamellé-collé en Guyane, l’aspect économique est très

important et peut même être le plus déterminant quant à la finalisation du projet.

En effet, l’étude économique du projet permet la prise de décision par l’industriel quant à

l’investissement nécessaire pour la production de lamellé-collé en Guyane française. Ainsi, une

étude sur les coûts de production de 1m³ de lamellé-collé fini a été réalisée. De plus, les coûts de

production pour la fabrication en France hexagonale d’1 m³ de lamellé-collé en bois guyanais sont

donnés à titre comparatif. Cette comparaison a été réalisée avec une production en France

hexagonale et non dans les pays voisins (Brésil, Surinam) car des lignes de production y sont déjà

présentes et le but de ce projet est de valoriser le bois guyanais.

Enfin, cette partie économique s’est concentrée sur une production de lamellé-collé en D.

guianensis car cette espèce présente les meilleurs résultats pour la validation d’un collage structural.

4.1 Hypothèses de calcul

Afin de mener à bien cette étude, des hypothèses ont dû être avancées pour déterminer les coûts de

production en fonction des sites de fabrication.

Dans le cas de la fabrication en Guyane, l’approvisionnement du bois se fera par la Scierie du

Larivot.

De plus, du fait que la fabrication se fait en climat équatorial, l’étape d’encollage est plus

contraignante de par la forte hygrométrie de l’air et des températures constamment élevées. Dans

ces conditions, la fabrication doit se faire avec une résine du type Résorcinol- Phénol-Formaldéhyde

approvisionnée par transport maritime depuis l’Europe. Compte tenu des tests réalisés, le mélange

collant est fixé à 100 :20 pour une application à hauteur de 450g/m².

Page 143: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

143

Enfin, concernant les investissements nécessaires à l’implantation d’une ligne de production en

Guyane Française, ceux-ci sont considérés comme subventionnés à hauteur de 60%. La période

d’amortissement de ces dépenses est prévue sur 7 ans pour l’achat des équipements et sur 20 ans

pour les dépenses foncières.

Pour la fabrication de lamellé-collé en France hexagonale, l’approvisionnement en bois exotique se

fera par un conteneur de 20’ flat dont la contenance est de 22m³ de bois brut. On raisonnera donc

pour cette étude à partir de 22m³ de bois brut, séché à la Scierie de Cacao (scierie capable

d’approvisionner des volumes supérieurs à 50m³/mois). De plus, le coût de fret pour cet

approvisionnement est subventionné par du FEDER à hauteur de 50%.

En climat tempéré, l’utilisation de Mélamine-Urée-Formol est retenue pour l’analyse de ces coûts

de fabrication, avec un mélange collant de 100 :15 à hauteur de 450g/m².

4.2 Méthode de calcul

Afin d’évaluer le coût de production d’1m³ de lamellé-collé fini en D. guianensis, le raisonnement

de cette étude s’est basé sur la constitution d’une poutre standard de 15 m de long avec une largeur

fixée à 120 mm. Pour ce faire, cette poutre est fabriquée par des lames de 28 mm d’épaisseur (cf. §

4.3.2), réalisées grâce à l’aboutage de lamelles dont la longueur unitaire a été fixée à 5.4m. En effet,

pour la comparaison, cette longueur correspond à celle des paquets de bois facilement

transportables par conteneur une fois le bois transformé.

D’ailleurs, du fait que le bois nécessite des transformations pour arriver à ces dimensions finales,

des surcotes doivent être prises lors de la commande de cette matière première (5 mm en épaisseur

et largeur et 40 cm en longueur, comprenant la purge des défauts pour l’aboutage). Ces surcotes

n’apparaissent pas dans le calcul des quantités unitaires mais elles ont été répercutées sur le prix

unitaire du matériau.

L’équation 23 donne le nombre nécessaire et suffisant des lames de 28 mm d’épaisseur devant être

assemblées par collage pour la constitution d’une poutre de lamellé-collé d’1m³, dont la longueur et

la largeur sont fixées.

Page 144: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

144

(23)

Ainsi, 19 plans de collage de 15 × 0.122 m² doivent être réalisés pour constituer cette poutre

standard. En effet, une fois collée, cette poutre subira un dernier rabotage pour éliminer les coulures

de colle, d’où la nécessité d’une petite surcote en largeur des lames à encoller (122 mm au lieu de

120). L’étape d’encollage est fixée à 450 g/m² de mélange collant composé de 100 parts de résine

pour 20 parts de durcisseur. Ainsi en décomposant le grammage fixé en fonction de la composition

du mélange collant, les équations 24 et 25 donnent les grammages respectifs du durcisseur et de la

résine à appliquer sur les plans de collage.

(24)

(25)

4.3 Résultats de l’étude économique

4.3.1 Calcul des quantités unitaires

Basé sur le raisonnement présenté dans le paragraphe ci-dessus, le tableau 24 regroupe le calcul des

quantités unitaires pour la fabrication d’1m³ de lamellé-collé fini en Guyane Française. Afin que

cette étude soit complète les coûts de transport de la colle jusqu’en Guyane ainsi que les coûts de

production nécessaire pour la fabrication d’1 m³ de lamellé-collé ont été introduit dans le tableau

24.

Dans le cas d’un transport de produit dangereux comme les adhésifs, les prix sont fixés en fonction

du poids à transporter. Ici le coût du transport est évalué à 11 €/kg.

Enfin, le coût de production nécessaire à la fabrication d’1 m³ de lamellé-collé regroupe tous les

coûts directs liés à la transformation des matières premières en un produit fini (main d’œuvre,

électricité, fuel…).

Page 145: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

145

Tableau 24: Récapitulatif du calcul des quantités unitaires pour la fabrication d’1m³ de lamellé-collé

Intitulé L

(m) la

(m) e

(m) S

(m²) G

(kg/m²) Qté

PU (€)

Total (€/m³)

Bois 15 0.12 0.028 - - 20 988 988

Colle Durcisseur 15 0.122 - 1.83 0.075 19 3 7

Résine 15 0.122 - 1.83 0.375 19 7 95

Transport - - - - - 16 11 166

Coût de production

MO nq - - - - - 5 15 73 MO q - - - - - 2 19 38 Elec - - - - - 1 6 6 Emb - - - - - 1 9 9

Coût total de la production d’1m³ de lamellé-collé standard en D. guianensis en Guyane 1382

Avec :

MO nq : est la main d’œuvre non qualifiée nécessaire à la fabrication d’1 m³ de lamellé-collé

MO q : est la main d’œuvre qualifiée nécessaire à la fabrication d’1 m³ de lamellé-collé

Elec : est la consommation électrique nécessaire à la fabrication d’1 m³ de lamellé-collé

Emb : est le coût de l’emballage nécessaire à la commercialisation d’1m³ de lamellé-collé

L : est la longueur unitaire du produit à manufacturer

la : est la largeur unitaire du produit à manufacturer

e : est l’épaisseur unitaire du produit à manufacturer

S est la surface unitaire du produit à manufacturer

G est le grammage unitaire à appliquer pour l’encollage

Qté : est la quantité du produit nécessaire à la fabrication d’1m³ de lamellé-collé et

PU : est le prix unitaire du produit

D’après le tableau 24, le coût total pour la production d’1 m³ de lamellé-collé de D. guianensis en

Guyane Française s’élève à 1382€/m³. Cependant, des coûts indirects viennent se rajouter. En effet,

afin de manufacturer ce produit, il est nécessaire d’intégrer au coût de production une part du

capital devant être investi pour implanter la ligne de production (achat des équipements, du terrain,

des bâtiments…). Ainsi, et selon de la durée d’amortissement en fonction du type d’investissement

(cf. § 4.1), un coût supplémentaire de 116 €/m³ doit être pris en compte pour l’étude économique

des dépenses totales déboursées pour la fabrication d’1 m³ de lamellé-collé en Guyane Française.

De ce fait, on peut évaluer le coût de production total à 1498€/m³ de D. guianensis transformé en

lamellé-collé.

Page 146: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

146

En rajoutant le coût des investissements, la figure 74 illustre la part (en %) de chaque type de

dépense sur le coût de production total déboursé pour la fabrication d’1 m³ de lamellé-collé en D.

guianensis en Guyane Française.

Figure 74: Pourcentage que représente chaque poste de dépense pour la production d’1m³ de lamellé-collé en

Guyane

Etayé par la figure 74, on remarque que le coût du bois représente la dépense prépondérante pour la

fabrication de lamellé-collé. Ainsi, et dans le but de diminuer cette dépense, il est intéressant

d’essayer d’optimiser cette matière première afin que les coûts en soient amoindris. Pour cela, une

étude économique sur l’épaisseur des planches a été conduite et décrite dans le paragraphe suivant.

4.3.2 Influence de l’épaisseur des planches

sur les quantités unitaires

L’influence de l’épaisseur des planches sur le coût des matières premières (coût du bois plus le coût

de la colle et de son transport) est présentée par la figure 76. En effet, les coûts de production et les

couts d’investissement sont invariables à la production pour 1m³ et ne dépendent pas des matières

premières. En suivant la méthodologie décrite au § 4.2, les coûts des matières premières en fonction

des différentes épaisseurs testés en délamination sur le D. guianensis (cf. § 3.5.2), ont été calculé. A

titre d’indication, les résultats de délamination sont eux aussi représentés sur la figure 75.

66% 7%

11%

8%

8%

Bois

Colle

Transport

Coût de production

Investissements

Page 147: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

147

Cette figure illustre bien que, plus les lames ont une faible épaisseur et plus les coûts de matières

premières augmente. A contrario, les résultats de délamination, eux, sont meilleurs avec des lames

de faibles sections. En observant la figure 75, il apparaît souhaitable que, pour obtenir un produit

structural collé suffisamment résistant (taux de délamination inférieur à 10%) et un coût de

production optimisé, la fabrication du lamellé-collé en D. guianensis, doit être réalisée avec des

épaisseurs de lames de 28 mm, soit 33 mm brutes.

Figure 75: Influence de l’épaisseur des lamelles sur le coût des matières premières et sur les résultats de

délamination

Afin d’expliquer les différences observés sur la figure 75 des coûts de matières premières, ceux-ci

sont décomposés en fonction des épaisseurs sur la figure 76.

1582

1370 1256

1189

3

5 6

13

0

2

4

6

8

10

12

14

1000

1100

1200

1300

1400

1500

1600

1700

16 22 28 34

lam

inat

ion

(%

)

Co

ût

de

s m

atiè

res

pre

miè

re (

€/m

³)

Epaisseur des lames (mm)

Coût mp Délamination

Page 148: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

148

Figure 76: Décomposition des coûts de matières premières en fonction des épaisseurs des lames

Ainsi, les différences de coûts observés sur la figure 75 sont principalement dues aux dépenses

concernant le transport de la colle jusqu’en Guyane. Celles-ci sont invariablement engendrées par

l’ajout de colle nécessaire à la fabrication de la même poutre standard de lamellé-collé. En effet,

plus la section des lames est petite, plus il y a de plans de collage à réaliser.

En ce qui concerne la différence des coûts liés au bois, ils sont directement produits par les

pourcentages de perte matière durant la transformation de ce matériau. En effet, lors de la

transformation du bois brut pour arriver aux dimensions du produit fini, des surcotes sont

nécessaires (rabotage en épaisseur et en largeur, purge des défauts à l’aboutage…). Le tableau 25

présente ces pourcentages de perte de matière pour passer des dimensions brutes aux dimensions

finies, impactant les coûts d’achat du bois.

Tableau 25: Pourcentages de perte matière lors de la transformation en fonction des épaisseurs des lamelles

Dimensions brutes des lames (mm³)

Dimensions finies des lames (mm³)

perte matière bois à la transformation (%)

21×125×5800 16×120×5400 32

27×125×5800 22×120×5400 27

33×125×5800 28×120×5400 24

39×125×5800 34×120×5400 22

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

1800

16 22 28 34

Co

ût

un

itai

re (

€/m

³)

Epaisseur des lames (mm)

Transport

Colle

Bois

Page 149: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

149

A travers cette analyse on remarque qu’en jouant sur les épaisseurs des lames de bois afin de

diminuer les coûts de production, c’est finalement les coûts d’approvisionnement en adhésif qui en

sont les plus impactés. De ce fait, il est clair que pour réduire les coûts déboursés pour l’achat des

matières premières, l’épaisseur des lames doit être augmentée. Malheureusement, passé un certain

seuil, les risques de délamination sont trop importants pour pouvoir valider le collage structural en

lamellation de ce nouveau produit. Ainsi, il est préconisé de fabriquer le lamellé-collé en D.

guianensis avec des lames de 28 mm d’épaisseur.

4.3.3 Etude comparative Guyane / France

hexagonale

En reprenant le raisonnement décrit par le § 4.2, le tableau 26 regroupe les coûts unitaires

nécessaires à la fabrication d’1 m³ de lamellé-collé de D. guianensis en France hexagonale. Les

dimensions du produit standard restent inchangées, seuls les coûts liés à approvisionnement en

matières premières évoluent. Dans le cas de la colle, les grammages unitaires en fonction de la

résine et du durcisseur sont définis en fonction du type de colle utilisée, décrits dans les hypothèses

au § 4.1.

Concernant le transport, cette dépense concerne cette fois-ci l’approvisionnement en bois depuis la

Guyane jusqu’à la ligne de production. Evalué au m³ de produit fini, il revient à 219 €/m³

(subventions au fret incluses).

Tableau 26: Récapitulatif du calcul des quantités unitaires pour la fabrication d’1m³ de lamellé-collé

Intitulé L

(m) la

(m) e

(m) S

(m²) G

(kg/m²) Qté

PU (€)

Total (€/m³)

Bois 15 0.12 0.028 - - 20 1084 1084

Colle Durcisseur 15 0.122 - 1.83 0.060 19 4 9

Résine 15 0.122 - 1.83 0.390 19 4 49

Transport - - - - - 1 219 219

Coût de production

MO nq - - - - - 5 15 73 MO q - - - - - 2 19 38 Elec - - - - - 1 6 6 Emb - - - - - 1 9 9

Coût total de la production d’1m³ de lamellé-collé standard en D. guianensis en France hexagonale 1487

Page 150: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

150

La particularité de fabriquer du lamellé-collé de D. guianensis en France hexagonale est qu’aucun

coût indirect n’est intégré aux coûts totaux déboursés. En effet, la ligne de production étant déjà

existante, aucun investissement, identifié au paragraphe 4.3.1, n’est nécessaire. Ainsi, la figure 77

présente la part (en %) des différents types de dépenses identifiées pour la fabrication en France

hexagonale d’1 m³ de lamellé-collé en D. guianensis.

Figure 77: Pourcentage que représente chaque poste de dépense pour la production d’1m³ de lamellé-collé en

France hexagonale

On observe sur la figure 77 que la part du bois dans le coût de production est encore plus importante

que celle observée pour une fabrication en Guyane (figure 74). De plus, on remarque que le

changement de colle a une influence non négligeable sur le coût de production (4% pour la MUF au

lieu de 7% pour la RPF). Cependant, cette économie sur cette dépense est compensée par

l’augmentation du coût du transport.

Les coûts totaux déboursés, présentés au § 4.3.1, nécessaires à la réalisation d’1 m³ de lamellé-collé

en Guyane Française, ont été comparés avec ceux présentés par le tableau 26. Ainsi, la figure 78

récapitule les coûts totaux déboursés en fonction des types de dépenses pour une production en

Guyane Française (avec et sans l’intégration des coûts indirects) et une production en France

hexagonale.

73%

4%

15%

8%

Bois

Colle

Transport

Coût de production

Page 151: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

151

Figure 78: Comparaison des coûts totaux déboursés pour la fabrication d’1m³ de lamellé-collé produit en

Guyane ou en France hexagonale

Ainsi, on remarque sur la figure 78 que les coûts de production en Guyane sont légèrement

inférieurs à ceux identifiés pour une production en France hexagonale. Cependant, et en intégrant

les dépenses liés aux investissements pour l’implantation d’une ligne de production en Guyane, les

coûts totaux déboursés pour la fabrication d’1 m³ de lamellé-collé deviennent équivalent à ceux

répertoriés pour une production sur une ligne en France hexagonale.

4.4 Récapitulatif En guise de récapitulatif de cette étude économique, le tableau 27 regroupe les coûts déboursés en

fonction de chaque poste identifié pour la production d’1 m³ de lamellé-collé fini en D. guianensis.

Par ailleurs, ce tableau regroupe les études sur les deux sites de production analysés, celui en

Guyane et celui en France hexagonale.

Tableau 27: Récapitulatif des coûts totaux déboursés pour la fabrication d’1 m³ de lamellé-collé en D. guianensis

Coût bois (€/m³ fini)

Coût colle (€/m³ fini)

Coût transport (€/m³ fini)

Coût Production (€/m³ fini)

Coût Investissement

(€/m³ fini)

Total (€/m³ fini)

Fabrication en Guyane 988 102 166 126 116 1498

Fabrication en France hexagonale 1084 58 219 126 0 1486

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

Guyane Guyane(avec invest)

France

Co

ût

tota

l dé

bo

urs

é (

€/m

³)

Investissements

Production

Transport

Colle

Bois

Page 152: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

152

Les résultats illustrés par le tableau 27 montrent que le coût de revient pour produire 1m³ de

lamellé-collé en D. guianensis, est quasi identique en Guyane Française ou en France hexagonale

lorsque les coûts d’investissements sont intégrés au prix de revient.

4.5 Conclusion de l’étude économique

Du fait de son prix élevé, un tel produit lamellé-collé ne pourra être réalisé en masse et en aucun cas

concurrencer le lamellé-collé en résineux (environ 1000€/m³ arrivé en Guyane). Ainsi son

positionnement sera essentiellement sur des marchés « de luxe » ou de niche. Cependant,

l’utilisation de lamellé-collé résineux tempérés, traités aux sels métalliques (Pin) ou non

imprégnables (Douglas, Mélèze), en Guyane n’est pas souhaitable. En effet, un bois non

imprégnable ne peut recevoir un traitement chimique nécessaire à recouvrir une classe d’emploi

plus sévère que celle atteinte par sa durabilité naturelle (Classe d’Emploi 2 en Guyane pour le

Douglas ou le Mélèze car sensible aux attaques des termites), et, d’un point de vue écologique,

l’utilisation d’un bois traité avec des métaux lourds n’est pas recommandée. De plus, du fait de ses

performances mécaniques estimées, et de sa durabilité naturelle élevée (notamment aux termites et

aux tarets), du bois lamellé-collé de D. guianensis devrait remplacer l’utilisation du lamellé-collé

résineux en Guyane et éviter ces importations. Il pourrait répondre à un besoin où les sections

réduites sont requises par les constructeurs, ou pour des utilisations en poteaux.

Cependant, dans le cas d’une fabrication en Guyane Française, il existe un vrai risque

d’investissement quant à la rentabilité de la ligne de production. En effet, du fait de la faible

demande sur le marché local (200 m³/an) et de la production minimale pour la rentabilité d’une telle

ligne de production (2000m³/an), 90% de la production totale doit être écoulée à l’export. Pour ce

faire, et afin d’identifier les risques, une étude de marché sur la région du CARICOM est en cours

afin d’identifier les marchés potentiels pour ce produit innovant mais couteux.

Page 153: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

153

CONCLUSION GENERALE

Cette étude a été menée dans le but d’identifier les paramètres industriels nécessaires à la création

d’un produit lamellé-collé, dans un climat néotropical difficile, tout en valorisant la ressource

forestière guyanaise.

Basée sur une recherche bibliographique et en respectant des critères industriels, trois essences de

bois endémiques, le Gonfolo (Q. rosea), l’Amarante (P. venosa) et l’Angélique (D. guianensis), ont

été sélectionnées pour cette étude. Deux types d’adhésifs du marché (Mélamine Urée Formol et

Phénol Résorcinol Formol) ont été choisis mais, du fait de la technicité de la MUF, cette colle fut

très vite écartée car trop contraignante pour une utilisation industrielle en climat néotropical (très

grande sensibilité aux températures ambiantes). Pour la réalisation des collages, ceux-ci ont été

réalisés en fonction de trois paramètres : le grammage, le temps d’assemblage fermé ainsi que la

pression de serrage. Enfin, la validation des assemblages obtenus par lamellation et par aboutage

respecte les normes européennes en vigueur.

Les résultats de délamination présentés dans cette thèse ont servi à évaluer la résistance du joint de

colle aux variations hygrométriques sévères. Ils ont permis de souligner la complexité de l’étape de

collage, du fait de l’interdépendance des paramètres de fabrication (grammage, Temps

d’Assemblage Fermé et Pression) et de la sensibilité de l’adhésif au climat. En effet, la réalisation

du collage par lamellation est art du compromis où faire varier un paramètre nécessite le

réajustement d’un ou des deux autres (élever la pression par exemple nécessite de diminuer le

grammage). En plus de cela, il s’avère que lors d’un encollage avec des températures élevées

(>30°C) la vitesse de polymérisation de la colle augmente pouvant entraîner un réajustement du

TAF (plus court) ou de plus fortes délaminations. Ces résultats ont également permis de souligner

l’importance du rabotage devant être réalisé juste avant l’encollage afin que les surfaces de bois

soient aptes à créer des affinités chimiques et physiques avec la résine. De plus, il apparaît que les

joints de colle, réalisés en encollage double face, ont une meilleure résistance à la délamination

qu’avec un encollage en simple face. Par ailleurs, ce test, a illustré l’effet de l’épaisseur nominale

des lamelles sur les délamination pour le P. venosa et le D. guianensis. Ainsi, les joints de colle

obtenus sur des lamelles de faible section sont plus résistants aux variations cycliques d’humidité.

Page 154: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

154

Afin d’analyser ces résultats de délamination, une étude bibliographique sur les caractéristiques

intrinsèques des bois a été conduite. Il s’avère que les fortes rétractibilités, ainsi qu’un appareillage

contraignant, sont sources supplémentaires de délamination due aux contraintes élevées engendrées

par ce type de test. Ce paramètre explique l’influence de l’épaisseur des lamelles relevée plus haut.

De plus, en se basant sur la théorie de l’adhésion, la porosité, la conduction des vaisseaux et la

mouillabilité des bois ont permis de caractériser l’aptitude de ces essences à l’obtention d’un

collage structural. En effet, en raison de l’utilisation de bois denses (densité > 0.7), considérés

comme des supports non absorbants, le processus de prise de l’adhésif (polymérisation) sur ce type

de support peut être contrarié. Lors de la polycondensation de la résine, l’eau libérée par cette

réaction chimique a tendance à rester dans le plan de collage si ce substrat n’est pas absorbant. Il en

résulte que l’adhésion de la résine sur le bois est amoindri (certaines liaisons chimiques et

physiques ne sont pas établies, la résine ne pénètre pas partout dans le bois) conduisant à une plus

faible résistance du joint de colle en délamination. Cela est aussi une raison de l’expulsion de la

colle lors de l’application d’une forte pression pendant le serrage. Ainsi, en combinant ces analyses,

il s’avère que le D. guianensis présente les meilleures aptitudes à l’obtention d’un collage structural

par lamellation : bonne conductivité hydraulique par ses vaisseaux et bonne mouillabilité. Les deux

autres espèces ligneuses, de mouillabilité moyenne, présentent plus de difficultés pour le collage. Le

Q. rosea présente une forte capacité de conduction par ses vaisseaux et, lors de l’application de la

pression, absorbe trop de résine engendrant des joints minces non résistants à la délamination. A

contrario, le P. venosa, malgré sa porosité quasi identique à celle du Q. rosea, présente une faible

conduction par ses vaisseaux et entraîne une expulsion de l’adhésif lors du serrage créant ainsi le

même type de joints que le Q. rosea.

En analysant de façon mécanique (test de cisaillement dans le joint d’assemblage) les conditions de

collage préalablement testées en vieillissement artificiel, il s’avère qu’en général le joint, ayant

résisté à la délamination, passe avec succès le test de cisaillement. Seul le cas du P. venosa illustre

quelques difficultés à recouvrir la résistance intrinsèque du bois massif. Cependant, 86% des

échantillons testés présentaient une contrainte à la rupture et une adhérence suffisamment élevées

pour un emploi en lamellé-collé structural. Ceci permet d’apprécier le fait que le test de

délamination est le plus sélectif quant à la validation d’un nouveau procédé de collage.

Page 155: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

155

Une campagne de validation pour des conditions de collage déterminées, a permis d’illustrer la

capacité du D. guianensis à alimenter la fabrication en climat néo-tropical d’un produit lamellé-

collé. Les assemblages, réalisés par un encollage simple face, ont montré des résultats concluants

(délamination de 4.2 ±3.5 % et contrainte de rupture en cisaillement fv de 13.5 ± 2MPa avec 90 ±

5% d’adhérence). Pour le moment, les deux autres essences de bois nécessitent des tests

supplémentaires car la validation de leur collage structural n’est pas encore concluante,

principalement à cause d’un trop gros risque de délamination. Du fait de sa forte densité, d’une

mouillabilité imparfaite et de sa faible capacité à absorber la résine, le P. venosa doit être collé avec

une plus faible pression que celle utilisée pour les autres essences (1 MPa) afin d’éviter que

l’adhésif soit expulsé du plan de collage. Afin d’éviter l’obtention de joints maigres, le Q. rosea

doit, lui, être encollé avec un grammage plus élevé (> 450g/m²) et, en fonction de la température,

avec un temps d’assemblage fermé plus court. En effet, sa porosité et sa forte capacité d’absorption

entraînent une pénétration trop forte de la résine. En plus de cela, son affinité hygroscopique et ses

rétractibilités élevées ne sont pas bénéfiques à l’obtention de résultats concluants en délamination.

Cependant des solutions alternatives seraient, soit d’appareiller les lames de façon non

contraignante, soit de diminuer les sections des lamelles à encoller, soit d’effectuer un rainurage

préalable afin de diminuer les contraintes dans le plan de collage, dues aux retraits/gonflement du

bois, lors d’un test en délamination.

Malgré l’obtention de quelques résultats sur la caractérisation mécanique de l’aboutage, les moyens

mis à disposition en Guyane et la difficulté de ces bois à subir un tel usinage ne permettent pas de

conclusions tranchées sur ce test. Malheureusement, avant toute commercialisation de lamellé-collé,

la caractérisation mécanique de ce point faible inhérent au produit et celle de prototype en

dimension d’emploi est une étape indispensable pour son accréditation. Il est donc important

d’effectuer une campagne de test sur le profilage à utiliser (géométrie des entures) et sur la pression

à appliquer en fonction des essences pour la réalisation d’un aboutage correct. Une dernière

campagne sur la caractérisation mécanique du produit en dimension d’emploi devra permettre

l’établissement d’une classe de résistance de ce produit et, par la suite, en fonction du classement

CE des bois massif, obtenir une accréditation à la commercialisation de lamellé-collé guyanais.

Page 156: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

156

Enfin, d’un point de vue économique, le lourd investissement combiné avec l’étroitesse du marché

local sont des freins pour l’implantation d’une ligne de production en Guyane Française. En effet,

avec des coûts de production quasi identique à ceux d’une production en métropole, le fait de devoir

écouler 90% de la production finale est un pari risqué pour les industriels désireux d’investir dans

un tel projet. Mais le développement d’une stratégie commerciale intense sur les pays du

CARICOM pourrait permettre un écoulement suffisant de ce produit à forte valeur ajoutée pour

développer la filière bois guyanaise. Enfin, l’utilisation de bois peu, voir non, utilisé à l’heure

actuelle permettrait non seulement de valoriser la ressource forestière locale, mais aussi de diminuer

la pression sur les essences les plus exploitées ainsi que d’abaisser les prix de matière première de

ce produit. En effet, 60% du coût de production de lamellé-collé provient du prix du bois lui-même.

Ainsi en utilisant une essence moins chère, car peu demandée, les prix de vente pourraient être plus

attractifs pour les futurs consommateurs. Cependant, une nouvelle étude de la sorte devrait être

conduite en se focalisant sur des essences où la tension commerciale est moins forte.

Page 157: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

157

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Page 162: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

162

ANNEXE : RESULTATS DE L’ETUDE MENEE AU FCBA, ANTENNE DE BORDEAUX

Comme précisé à travers ce rapport, la Mélamine-Urée-Formol avait atteint sa limite de

conservation lors de son stockage en Guyane Française, suspendant les tests de collage entre le Q.

rosea et ce type d’adhésif. De plus, du fait que l’approvisionnement en colle soit long et que les

conditions de stockage soient non maitrisées, un partenariat avec le laboratoire du FCBA situé à

Bordeaux a permis de réaliser une étude sur le collage de Q. rosea avec la MUF et une résorcine.

Pour ce faire, des lamelles de bois ont été envoyés à M. Legrand, afin d’étudier la tenue des joints

de colle soumis aux variations d’humidité prévues par la norme européenne de délamination.

Ainsi des échantillons de six lamelles ont été réalisés à partir du Q. rosea envoyé préalablement.

Leur section avant rabotage était de 35 x 100 mm² et 320 mm de longueur. Les colles utilisées par

ce laboratoire sont les suivantes :

Mélamine-Urée-Formol : PREFERE 4546 / 5021 de DYNEA, classée type 1 selon la norme

EN 301

Résorcinol-Phénol-Formol : XRL 490 / XDL 490 de BOSTIK, classée type 1 selon la norme

EN 301

Les essais ainsi réalisés en métropole ont suivi le protocole de test décrit par la norme européenne

EN 302-2 (2004). Pour les adhésifs de type 1, le principal changement entre les deux normes de

délamination utilisées pour les adhésifs phénoplastes est que trois cycles complet d’immersion-

séchage sont réalisés, contrairement à deux lors de cette présente étude.

Ainsi, trois collages ont été réalisés dans le laboratoire du FCBA avec de la colle MUF. Ces poutres

collées comportaient 6 lames de bois dont l’humidité était comprise entre 13 et 14%. Les axes de

recherches se portaient essentiellement sur le temps d’assemblage fermé et sur l’épaisseur des

lames. Pour la résorcine deux collages ont été réalisés pour étudier l’influence du temps

d’assemblage fermé. Le tableau 28 regroupe le descriptif des collages mis en œuvre ainsi que leurs

résultats respectifs.

Page 163: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

163

Tableau 28: Résultats des tests de délamination réalisés au FCBA par des spécialistes du collage du bois.

Configuration 1 2 3 4 5

Adhésif

Nature MUF MUF MUF RPF RPF

Grammage (g/m²) 350 350 350 450 450

Encollage Simple

face

Simple

face

Simple

face

Double

face

Double

face

TAO (min) 0 0 0 0 0

TAF (min) 30 45 45 60 75

Pression (MPa) 1 1 1 1 1

Temps de serrage (h) >12 >12 >12 >12 >12

Lamelles (rabotées)

Epaisseur (mm) 27 27 22 22 22

Largeur (mm) 95 95 110 110 110

Longueur (mm) 320 320 320 320 320

H (%) 13-14

Cycle de délamination EN 302-2

Eprouvettes

Largeur (mm) 91 91 100 100 100

Longueur (mm) 75 75 75 75 75

Résultats (%) Poutre 1 / Eprouvette 1 28 11 1,3 4,4 0

Poutre 1 / Eprouvette 2 22 16 2,5 5,5 3

Poutre 2 / Eprouvette 1 / / 1,8 / /

Poutre 2 / Eprouvette 2 / / 4,6 / /

Collage à la Mélamine-Urée-Formol

Les premiers résultats reçus montrent la difficulté à coller cette essence de bois avec cet adhésif. En

effet, malgré un collage réalisé en conditions ambiantes de la métropole, les premiers produits testés

annonçaient un résultat de délamination de 20%. Le deuxième collage, étant laissé plus longtemps à

polymériser avant la mise sous presse, diminue le risque de craquelures dans les plans de collage à

hauteur de 14%. Cette préconisation permet de laisser la colle polymériser évitant d’éjecter

l’adhésif des plans de collage. Enfin le troisième test réalisé présente des résultats corrects mais

nécessite une diminution de la section nominale des lames, spécialement l’épaisseur, réduisant ainsi

les contraintes engendrées par la rétractibilité de ce bois.

Page 164: Etude de faisabilité de lamellé-collé endémique en Guyane Française

164

Collage à la Résorcinol-Phénol-Formol

Comme déjà observé, la résorcine étant une colle plus rustique, ses performances mécaniques sont

plus élevées que celle de la mélamine, mais nécessite plus de colle et plus de temps avant serrage

afin qu’elle soit utilisée dans les meilleures conditions. On remarque donc, qu’avec la résorcine, des

résultats corrects sont obtenus plus facilement qu’avec la mélamine. Cependant, la quantité de colle

est augmentée et l’opération s’est faite par un encollage double face sur des lames déjà diminuées

en épaisseur (22mm). Ainsi, et avec un temps d’assemblage fermé assez long (75 minutes), la

résistance des collages aux variations cycliques d’humidité respecte la réglementation européenne.

En conclusion, M. Legrand préconise l’utilisation de la résorcine, malgré de bons résultats avec la

mélamine, car la technologie adhésive qu’elle met en jeu est moins technique et moins sensible aux

facteurs extérieurs influençant le collage (température, hygrométrie). Ce type de colle est donc plus

adapté aux difficultés de collage rencontrées en Guyane. De plus, et afin d’augmenter le rendement

matière de production, l’épaisseur des lames peut être augmentée si un rainurage est préalablement

réalisé sur le bois.

Notons enfin que tous ces tests présentés ont été réalisés en conditions de laboratoire en métropole.

Cela permet de mettre en garde sur le fait que l’étape cruciale de collage a été bien maitrisée

par les experts et s’est déroulée dans des ambiances climatiques favorables. Il est donc important

d’extrapoler ces résultats aux conditions guyanaises, car par exemple, un temps d’assemblage fermé

de 60 minutes (condition 4 du tableau 28) est trop long pour un collage équatorial ambiant. En effet,

lors de la réalisation les échantillons collés avec une heure d’attente avant le serrage présentaient

des joints de colle déjà polymérisés avant la mise sous presse, ce qui est rédhibitoire pour un collage

correct.