etienne gilson_sens et nature de l argument d anselme - copie

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SENS  E T NATURE DE L' AR GUME NT DE SAINT ANSE LME t'er fide m enim ambu lamu s  et non  per speciem. SAixr PAUL. Il  Cor/nth  5, 7. Deuique quoniam  inter fidcm et  speciem  intellectum, quem  in hac vita  capimus,  esse medium  intelligo, quanto aliquis  ad  illum  proficit,  tanto eum  propinqua re speciei, ad  quam  omnes  anhelamus,  existimo. SAt\r ANSELME. De  /<de  T'rtM!/a<!s. Praef. La seu le  excuse  que  l'on  pui sse in vo qu er po ur   ajouter  une nouvelle  interprétation  de  l'argument  de sa int An se lme à to utes celles  que  nous avo ns  déjà,  c'est  l'impossibilité  de résister a la tentation.  J'y  ai résisté  pendant  de  longues  années,  me contenta nt d'enseigner  sain t An selme te l  qu e je cro ya is  le  comprendre,  mais en  gardant  au moins le  sentiment  que,  là où tout le  mo nd e es t en désaccord,  un  in di vi du is ol é à bi en  peu  de cha nce s d'a tte ind re la véri té'. Je ne me fl at te  pas aujo urd' hui  de l'avoir  découverte,  mais de si importantes  co nt ri bution s à l'ét ud e de la  question  ont  paru récemment,  no tam ment cell es de Karl Bart h et du P.  Anselm Stoltz,  qu'il  m'a se mblé mo ins in ut il e  qu'auparavant  de  proposer mes  hypothèses.  Jamais,  en  effet,  la  question  n'a été s er rée d'aussi  près  qu'elle vient  de l' être. Karl Bart h a soumis le  te xte de saint An selme à un e  exégèse  aussi  scr upu leu se que  s' il se fût  agi  d'un écrit  i nspi pour   disc ut er son  livre,  il faud rait  en écri re un au tr e, de ux fois  p lu s lo ng . qui  tiendrait  compte  à la  fo is de la théologie  de sai nt An selme et de cel le de  Karl Barth . Le P. An - se lm Stoltz a  critiqué  Karl  Barth,  et l'on  ne pourrait app réc ier Les  page s qui  suivent  c ontiennent les  quatre  dernières  ]eçons  du cours  professe  en  J934.  au  Collège  de  France,  su r La  do ctri ne de sain t .4n~e~c.

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  • SENS ET NATURE DE L'ARGUMENT

    DE SAINT ANSELME

    t'er fidem enim ambulamus et non per speciem.SAixr PAUL.Il Cor/nth 5, 7.

    Deuique quoniam inter fidcm et speciem intellectum,quem in hac vita capimus, esse medium intelligo, quantoaliquis ad illum proficit, tanto eum propinquare speciei,ad quam omnes anhelamus, existimo.

    SAt\r ANSELME.De /d'enseigner saint Anselme tel que je croyais le comprendre, maisen gardant au moins le sentiment que, l o tout le monde est endsaccord, un individu isol bien peu de chances d'atteindrela vrit'.

    Je ne me flatte pas aujourd'hui de l'avoir dcouverte, maisde si importantes contributions l'tude de la question ont parurcemment, notamment celles de Karl Barth et du P. AnselmStoltz, qu'il m'a sembl moins inutile qu'auparavant de proposermes hypothses. Jamais, en effet, la question n'a t serre d'aussiprs qu'elle vient de l'tre. Karl Barth a soumis le texte de saintAnselme une exgse aussi scrupuleuse que s'il se ft agi d'uncrit inspir pour discuter son livre, il faudrait en crire unautre, deux fois plus long. qui tiendrait compte la fois de lathologie de saint Anselme et de celle de Karl Barth. Le P. An-selm Stoltz a critiqu Karl Barth, et l'on ne pourrait apprcier

    Les pages qui suivent contiennent les quatre dernires ]eons ducours professe en J934. au Collge de France, sur La doctrine de saint.4n~e~c.

  • 6 ARCHIVES D'HISTOIRE DOCTRINALE ET LITTERAIRE DU MOYEN AGE

    justement son travail qu'en en faisant l'objet d'un autre travail.Je ne crois pas que l'un ni l'autre aient dit le dernier mot surla question, mais l'un et l'autre ont certainement mis en reliefcertains lments essentiels de la pense anselmienne, que l'onavait trop ngligs jusqu'ici.

    Il m'a sembl que les conclusions auxquelles j'tais arriv demon ct, en partie concordantes avec les leurs, permettaient derendre justice ce que leurs interprtations contiennent de vrai,sans aller pourtant jusqu'aux extrmes o l'un et l'autre se sontlaiss conduire. Je laisserai donc de ct ce que l'on a dj ditet fait cent fois je ne reproduirai mme pas, une fois de plus, letexte du fameux argument (qu'il est d'ailleurs impossible de rap-porter exactement sans le reproduire d'une faon littrale) pourconsacrer tout mon effort dgager ce qui me parait tre le sensde l'argument. J'entends, par sens de l'argument , une signi-fication aussi approche que possible de celle que saint Anselmemme lui attribuait.

    1

    EXISTENCEET VMT

    L'objection classique contre l'argument de saint Anselme,est qu'il fait sortir l'existence de la pense. C'est mme cetteobjection, qui explique l'pithte d' ontologique'), habituelle-ment employe, depuis Kant, pour le dsigner. L'objection estvalable, du point de vue de toute thorie de la connaissance quirequiert l'exprience sensible comme son fondement ncessaire.Or c'est l une question qu'Anselme ne s'est pas pose, car il n'apas de thorie de la connaissance proprement dite. Par contre, dfaut d'une notique, il a une pistmologie, et l'inconvnientle plus grave des rfutations qui s'inspirent d'une notique tran-gre sa pense, est qu'elles dtournent l'attention de l'pist-mologie qui, seule, permet de comprendre sa preuve, parce qu'ellela fonde.

    Oublions donc, pour un instant, la question classique desavoir si l'on peut ou non faire sortir l'existence d'une chose,ft-ce Dieu, de l'ide de cette chose, et demandons-nous scrupu-leusement ce que saint Anselme lui-mme a eu conscience defaire. De quelque manire que l'on interprte l'argument, tout

  • L'ARGUMENT BE SAINT ANSELME 7

    1t Jt'.111L1C tttt=VttteW .tJte yu cnc vc ncu, U~5\"U~~C; vu i v.uovys~ ~.v

    suppose le ralisme anselmien. Il faudrait le contester, si l'on entendait

    par ta que cette res possde, dans la pense, une ralit existentielle

    prupre, et que la preuve consiste transformer cette existence in mfe!!ectuen une existence in re. Rien ici de tel. Mais saint Anselme constate qu'ily a des contenus de la pense indpendants de tout arbitraire, qu'elle ne

    peut ni faire ni dfaire .1 son gr, et qu'elle ne peut qu'accepter tels quels.Ce --nnt, pourrait-on dire, des essences n, doues d'une ncessit intrin-

    i-euuc irrductible. Le feu, l'eau, et la notion de Dieu, sont de ce genre.Voir ~r.i.~ofjtton, cap. IV P. L., t. 158, c. 229 A.

    fe monde accorde que son objet immdiat est de nous contraindre reconnatre l'impossibilit de penser Dieu comme n'existant

    pas. donc aussi la ncessit de penser Dieu comme existant. On

    peut formuler toutes les rserves que l'on voudra quant la valeur

    probante d'une telle mthode, mais on ne peut nier qu'Anselmel'ait employe.

    On peut nier, par exemple, que nous ayons un concept deDieu sur lequel construire la preuve, mais toute l'argumentationde saint Anselme suppose que lui-mme avait un tel concept, ou

    croyait en avoir un, si bien qu'une telle objection ne peut en riennous clairer sur le sens qu'il attribuait sa preuve. Pour la com-

    prendre comme il la comprenait, il faut se placer dans la pers-pective qui lui tait familire. Or Anselme ne connat que deux

    classes de dialecticiens, ceux qui rduisent le contenu de la pense des voces, et ceux qui y trouvent des res. Ce sont ceux que nous

    nommons aujourd'hui les nominalistes et les ralistes. Ainsi quelui-mme le dit au chapitre IV du Proslogion, quand on penseau '< feu'), ou l' eau on peut entendre par l, soit des mots,soit des choses. Si ce ne sont que des mots, rien n'empche de

    dire que le feu est de l'eau, ou inversement; si l'on pense auxchoses que ces mots dsignent, c'est impossible. Il en va pareil-lement de notre notion de Dieu. Si nous l'exprimons sans penser ce que les mots signifient, nous pouvons dire qu'un tel tren'existe pas mais si nous pensons ce que les mots signifient,ce n'est plus une vox, c'est une res qui est dans notre pense, etc'est d'elle qu'il nous devient impossible de ne pas poser l'exis-tence comme relle, hors de la pense. Au fond, l'insens pensecomme Roscelin c'est un nominaliste~. Pour se soucier de savoirs'il avait le concept ') empirique rclam par Gaunilon et ses

    successeurs, il et fallu que saint Anselme acceptt leur notique,ce qui n'est prcisment pas le cas.

  • 8 ARCHIVES D'HISTOIRE POCTRINALE~ ET LITTERAIRE DU MOYEN ACE

    Quant ce qui est d'objecter, que, si l'on n'a pas de conceptempirique de Dieu, on n'a rien dont on puisse tirer son existence,c'est oublier que saint Anselme a prcisment sa disposition unesignification intelligible du mot Dieu, qui lui suffit pour tablirsa preuve. Lorsque nous examinons cette signification, elle estpar l mme dans notre pense, et le contenu de notre pense estune res, d'o qu'il vienne. Nous n'avons certainement pas trouvun concept propre de Dieu dans l'exprience sensible, mais nousn'avons pas non plus arbitrairement fabriqu la notion que nousavons de lui comme nous recevons du feu la notion de feu, del'eau la notion d'eau, nous recevons notre notion de Dieu de larvlation. C'est la foi qui nous l'enseigne et nous n'avons qu'l'accepter. Gaunilon n'a pas le droit de dire qu'il n'a pas cettenotion, parce qu'il est catholique et ne peut pas tre catholiquesans avoir la foi. A supposer mme qu'on ne tnt pas cette notionde la foi, on pourrait la former partir de l'exprience, puisquesaint Paul affirme que Dieu peut tre connu partir de sa cra-ture 1. Croyants et incroyants peuvent donc, et doivent donc, pos-sder cette notion. Une fois admis que nous l'avons, son originene compte plus pour rien dans la dmonstration qu'on en tireet l'analyse de son contenu suffit dmontrer l'existence de Dieu.Mais s'agit-il vraiment de la dmontrer P

    Certains historiens sont'alls jusqu' contester ce point. Nous

    On a prtendu, ce sujet, que la preuve du Proslogion prsupposecelles du Monologium. Saint Anselme ne dit rien de tel. En soi, l'argumeutdu Proslogion ne prsuppose que la notion de Dieu fournie par la foiPourrions-nous tirer cette notion d'ailleurs que de la foi Oui et il estvrai qu'on pourrait alors l'obtenir par des arguments analogues auxpreuves du ~o~m~. Mais remarquons bien que si l'on liminait duMonologium lui-mme la foi, qu'il requiert, pour prouver Dieu par laseule raison, l'argument du Proslogion se dvelopperait ensuite, non partir de la preuve de l'existence de Dieu ainsi obtenue, mais partir dela seule ide obtenue par cette preuve. Ce serait donc une au

  • L'ARGUMENTnE SA)~'TANSELME 9

    aurons chercher pourquoi, car il ne suffit pas de constater unetelle erreur, ni mme de prouver que c'en est une, il faut encoreexpliquer comment elle a pu natre. Contentons-nous de rappeler,pour le moment, les expressions si claires dont use saint Anselme et so~um ad

  • 10 ARCHfVES D'mSTOIRE DOCTR)?!AT..E ET L!TTRA!KH ))U MU~EN comprendre sa pense. Demandons-lui donc quels claircisse-ments il nous apporte sur l'argument du Proslogion.

    A travers une grande varit d'applications, le De veritate

    dveloppe deux ides essentielles. La premire est que toute vritest une rectitude la deuxime est qu'il n'existe, en dernire

    analyse, qu'une seule vrit, par laquelle toutes les autres vrits

    sont vraies, et qui est Dieu. En disant que toute vrit est une

    rectttudo, il veut dire que la pense est vraie, quand elle exercela fonction pour laquelle elle est faite. Or elle est faite pour dire

    que ce qui est, est, et que ce qui n'est pas n'est pas Si l'onn'admet pas cette finalit interne de la connaissance rationnelle, ilest inutile de vouloir suivre les raisonnements de saint Anselmeon s'est spar de lui ds le point de dpart.

    Supposons donc que cette position soit concde 'ere et rectaet vera est (st~m/tcatto~, cum SK~M~cat esse quod est. Pour qu'ilen soit ainsi, il faut en outre que la vrit soit toujours un

    rapport celui qui relie une signification correcte ce qu'ellesignifie. Cette rectitude, qui fait la vrit, se trouve donc dansla pense, (puisque c'est la pense qui est vraie), en tant qu'ellepense comme elle doit. Mais la cause de cette rectitude et de cette

    vrit, c'est au contraire dans l'objet qu'elle se trouve, car c'estlui qui mesure et rgle la pense. Sans une pense qui fait ce

    qu'elle doit, il n'y aurait pas de vrit mais sans un objet parrapport auquel la pense se comporte comme elle doit, et sur

    lequel elle se rgle, il n'y en aurait pas davantage. La chosenonce est-elle la vrit de renonciation ? ') demande le Matre son Disciple et le Disciple rpond Non. Mais, ajoute-t-il, sila chose nonce n'est pas dans l'nonciation vraie, et par suiten'est pas sa vrit, on doit dire qu'elle est la cause de sa vritsed causa veritatis ejus dicenda est.

    Conservons cette conclusion prsente la pense il n'y a pasde pense vraie sans un objet auquel elle se conforme, et qu'ellenonce tel qu'il est, parce que sa fonction propre est de l'noncerainsi. Je pense qu'une telle remarque, formule en fonction du

    problme que nous avons dfini, laisse assez aisment deviner ses

    implications. Il n'y aura jamais un Dieu parce qu'il y a des

    preuves de l'existence de Dieu, mais il y a des preuves de l'exis-

    SAINTNSRMK:.De Veritate, cap. II P. L.. t. 158, c. 470 A.Op. cit., cap. II P. L., t. 158, c. 469 C.

  • L'ARGUMENT DE SAINT ANSELME 1JJ

    Dieu narce au'il v a un DiM) Car nn np nfut ~)n~ro t~tencc de Dieu parce qu'il y a un Dieu. Car on ne peut joindre ladeuxime conclusion du De l'eritate la premire, sans voir aussi-tt la gnralit de la thse il y a une seule vrit de tout ce quiest vrai, parce qu'il n'y a qu'une seule Vrit, cause de tout cequi est vrai.

    Saint Anselme a clairement dcrit l'univers dans lequel semeut sa pense et hors duquel elle ne saurait jamais tre pleine-ment eHe-mme ni se dployer librement. Rduisons cette des-cription aux traits qui sont pour nous essentiels. Il y a des pro-positions nonces dans le discours pour tre vraies, elles doiventfaire ce pour quoi elles sont faites, c'est--dire exprimer exacte-ment ce qu'est la pense dont elles sont la formule. H y a despenses formules par ces propositions pour tre vraies, ellesdoivent faire ce pour quoi elles sont faites, c'est--dire exprimerles choses telles qu'elles sont. H y a en outre des choses, que cespenses expriment pour tre vraies, ces choses doivent faire cepour quoi elles sont faites, c'est--dire demeurer fidles leursessences, se conformer leurs ides en Dieu. Il y a donc Dieu, leVerbe, et les Ides divines, qui ne se conforment rien, puis-qu'eHes sont la cause de tout le reste ensuite les choses, avec lavrit qui leur est propre, et qui, cause en elles par Dieu. cause son tour celle de la pense et des propositions qui l'expriment.Quant la vrit qui se trouve dans la proposition et dans lapense, elle est le reflet des vrits prcdentes cause par elles,elle n'en cause son tour aucune autre.

    Cette hirarchie des causes et des effets dans Fordre de laconnaissance m'a toujours sembl la pice centrale dans l'arma-ture des preuves anselmiennes de l'existence de Dieu 1. Karl Bartha eu le grand mrite d'en signaler l'importance et, si je ne me

    Vides etiam quomodo ista rectitude causa sit otnnimn aliarumveritatum et rectitudinum, et nihil sit causa illius Vido et animadvertoM aliis quasdam esse tantum effecta quasdam vero esse causas et effecta'tt, cum veritas, quae est in rerum existentia, sit effectum summae veri-tatis, ipsa quoque causa est veritatis quae cogitationis est, et ejus quae estm propositione et istae duae veritates nullius sunt causa veritatis. Beneconsidras unde jam intelligere potes quomodo summam veritatem m meo.Muno~to (cap. 18) probavi non habere prmcipium vel finem. per veri-tatem orationis. SAt\r A~.st;mE. De veritate, cap. X P. L., t. 158, c. 479 A..) ai ajoute la fin de ce texte, pour montrer que le ~ono~og; lui-mmeft non pas seulement le Proslogion, est justiciable de t'epistmoto~ie duM'- veritate. Cf., dans le mme sens, Carmelo OrrAvuKo, Anselmo d~m

  • 13 ARCHIVES D'HISTOIRE DOCTRINALE ET'tTTTRA'IRE DU MOYJ; A(.):

    t~T~~o f)'a~'r

  • L'ARCUMEKTm: SAINTANSELMH i~.1~3

    ccption qui voit dans le contenu de la pense des ~'cs irrductibleset rsistantes. Car si la raison pour laquelle on ne peut penser lefeu comme de l'eau, est que le feu n'est pas de l'eau, chaque fois

    que l'on se heurtera une rsistance invincible du mme genre.on en conctuera naturellement que l'on se heurte la rsistanced'une res dans la pense. Tel est srement le cas, lorsqu'on ne

    peut refuser d'attribuer un prdicat un sujet sans violer le prin-cipe de contradiction. On est donc bien fond dire, qu'au termede cette analyse. l'aliquid quo ;

  • 14 ARCHIVES D'HISTOIRE DOCTRINALE ET LITTRAIRE DU MOYEN G)i:

    D~eu n'est qu'une imitation, par mode. de.connaissance, de lancessit intrinsque de l'existence relle de Dieu.

    Que nous dit-il, en effet Que l'aliquid quo majus co~rtnon valet, existe, e~ in intellectu e~ in re mais il ajoute aussitt.que ce quelque chose existe si vraiment (i. e. son existence est unesi vraie existence) que l'on ne peut mme pas penser qu'il n'existepas Quod utique sic vere est, ut nec cogitari possit non esse. C'e~tdonc bien la nature propre de l'existence divine, qui fait que,mme dans la pense, il est impossible de ne pas affirmer cetteexistence hors de la pense. D'ailleurs, continue saint Anselme,nous pouvons penser quelque chose qu'il est impossible de pensercomme n'existant pas; ce quelque chose est videmment plusgrand que ce qu'il est possible de penser comme n'existant pasen d'autres termes, Dieu est plus grand que la crature, et il l'esten ce sens tout spcial, que l'existence lui appartient selon unmode unique Et quidem quidquid aliud est praeter solum te,potest cogitari non esse. Solus igitur verissime om.nmm, et ideomaxime omnium habes esse quia quidquid aliud est, non sic ~ercest, e< idcirco mmus habet esse 1. Il y a donc des choses qui pour-raient ne pas exister, et dont nous pensons en consquencequ'elles pourraient ne pas exister mais il y a une chose dont, casunique, nous ne pouvons mme pas penser la non-existence, c'estl'aliquid quo majus. Comment cela se fait-il C'est justementqu'elle-mme ne peut pas ne pas exister. La ncessit de sonexistence s'impose donc notre pense et c'est elle qui, se faisanten quelque sorte reconnatre, oblige la pense l'affirmer.

    Je ne me dissimule pas ce qu'a de paradoxal une telle inter-prtation. Le reproche ordinairement dirig contre saint Anselmeest que sa preuve n'atteint pas l'existence, ne va-t-il pas falloirdire ici qu'elle la prsuppose, et qu'au lieu de prouver Dieu, c'estDieu qui la prouve P Non, ce n'est pas Dieu qui la prouve, carc'est bien elle qui le prouve, mais c'est lui qui la fonde. Pris lui seul et tel qu'il est dvelopp dans le chapitre II, son argu-ment prouve bien, partir du mot Dieu , que Dieu existe :nintellectu et in re mais nous savons que, dans sa doctrine, ni lavrit de l'nonciation, ni celle de la pense ne crent aucune

    SAINTANSELME,Proslogion, cap. III P. L., t. 158, c. 228. Sur lesens de vere esse , voir saint Augustin, dont saint Anselme s'inspire deprs De moribus AfMuchaeorurrt, cap. I, n. 1 P. L., t. 32, c. ]345.

  • L'ARGUMENT DE SAINT ANSELME 15

    T' r '1' -J. t

    L ARGUMENT DE SA1P.T ANSELME :t0

    vrit . La pense ne pense le vrai qu'en concevant et nonantdes choses qui sont, telles qu'elles sont. Si l'insens peut dire queDieu n'existe pas, c'est justement qu'il ne pense pas vraiment ce qu'est Dieu en le disant. Qu'il conoive Dieu comme l'a~mdquo majus, il ne pourra plus le dire 1. C'est donc qu'ici, comme

    toujours, penser la vrit consiste soumettre la pense la nces-sit d'une essence, l'obliger la rectitude c'est--dire recon-natre que ce qui est, est, et que ce qui n'est pas, n'est pas.

    L'argument de saint Anselme n'est donc ni un verbalisme,ni un cercle vicieux. Il ne dduit pas l'existence, car il se meut,ds le dbut, dans l'ordre existentiel, tel que l'a dfini le dialogueDe Veritate. Ce n'est pas non plus un cercle vicieux, car l'argu-ment ne prsuppose pas l'existence de Dieu, il la trouve il la

    trouve, prcisment, en mettant en pleine lumire la ncessitrationnelle d'affirmer de Dieu l'existence, ncessit qui, selon

    l'pistmologie du De Ver~afe, ne peut avoir d'autre cause quecelle mme de son objet. De l ces formules ritres de saint An-selme Quod qui bene intelligit, utique intelligit idipsum sic esse,ut nec cogitatione queat non esse. Qui ergo intelligit s:e esseDeum, nequit eum non esse cogitare 2. Ou encore, ces formules

    qui attestent bien la prsence d'un Dieu rglant et se soumettantla pense Sic ergo vere es, Domine, Deus meus, ut nec co~ar:possis non esse, et merito. Si enim aliqua mens posset cogitarealiquid melius te, ascenderet creatura super Creatorem, et judi-caret de Creatore, quod valde est absurdum 3.

    Pour rejeter cette interprtation, il faudrait soutenir quel'pistmologie du De veritate ne doit pas intervenir dans l'expli-cation du Proslogion. Malheureusement, il suffit de comparer lesdeux textes pour se convaincre que l'un se souvient toujours del'autre et qu'il n'y a, dans toute l'uvre de saint Anselme, qu'uneseule doctrine de la vrit. Ou bien encore il faudrait soutenir

    que, dans cette doctrine, Dieu est la cause de toute vrit, sauf decelle qui se rapporte lui-mme. On pourrait supposer sans tm-rit que saint Anselme n'a jamais imagin pareille chose, maisil s'est exprim assez clairement pour nous dispenser mme d'unehypothse aussi lgitime. Autant de choses, autant de rectitudes ))

    1 Op. c:t., cap. IV P. L., t. 1.5S.c. 228-229.=/btd.,c.229B.SAtr

  • 16 ARCHIVES D'HISTOIRE DOCTRINALE ET LITTERAIRE DU MOYEN GE

    possibles de la pense leur gard, autant de vrits possiblesmais, que la pense conoive ou non cette rectitude'), elle n'enexistera pas moins, car elle prexiste en Dieu notre pense.Cette rectitude x qu'est la vrit ne commence pas d'existeravec l'nonciation qui la signifie, au contraire, significatio

  • L'ARGUMENT DE SAINT ANSELME 17

    Ce qui rend difficile d'accepter une telle interprtation, ce

    n'est pas seulement que nous lisons Anselme travers des pis-

    tmologies diffrentes de la sienne, ni mme que nous l'isolons

    de la famille spirituelle laquelle il appartient, mais aussi quesa pense prsente des caractres originaux que nous avons ten-

    dance mconnatre, mme l'intrieur de cette famille. Car

    il est bien vrai de dire que, dans sa doctrine, la ncessit del'existence de Dieu est cause de la ncessit d'affirmer son exis-

    tence, mais il ne dit nulle part, il ne pense mme videmment

    pas, que prouver l'existence de Dieu consiste montrer comment

    sa ncessit cause la ncessit o nous sommes d'affirmer son

    existence. Et le cas de saint Anselme est, en cela, presque unique.Le fait est d'autant plus curieux, que tout l'invitait s'en-

    gager dans la voie de la causalit. Saint Anselme est et se dit unfidle disciple de saint Augustin 1 or il y a, chez saint Augustin,bien des preuves de l'existence de Dieu, mais saint Anselme

    n'ignorait certainement pas celle du De libero arbitrio, qui

    prouve Dieu comme cause de la vrit dans la pense. Rien de

    plus facile pour lui que de raisonner ainsi la raison ne peut pasne pas affirmer l'existence de Dieu or cette ncessit, qui est uncas unique, requiert une cause cette cause ne peut tre dans la

    pense mme, qui est contingente elle doit donc se trouver en

    Dieu. dont la lumire claire la pense et la contraint recon-naitre cette vidence. C'est en joignant ainsi l'illumination

    augustinicnne l'argument du Proslogion que saint Bonaven-ture l'incorporera sa propre doctrine 2 mais c'est l une syn-

    1 Saint Anselme affirme que son Monologium s'accorde entirement avecla doctrine des Pres et maxime beati Augustin! Mbno!o

  • 18 ARCHIVES D'HISTOIRE DOCTRINALE ET LITTERAIRE DU MOYEN GE

    thse nouvelle que l'on ne saurait porter au compte de saint An-selme. Descartes s'engagera plus tard sur une route analogue enprouvant Dieu comme cause de l'ide que nous avons de luiMalebranche, son tour, essaiera d'tablir l'existence de Dieucomme cause de notre notion gnrale d'tre Saint Anselme,au contraire, ne fait rien de tel et c'est pourquoi son argumentlaisse tout philosophe l'impression de flotter dans le vide. Ilne prouve pas Dieu comme cause d'un effet sensible, ni commecause d'une ide, ni mme comme cause de la ncessit du rai-sonnement qui affirme son existence. Il pose simplement sonexistence comme ncessaire en soi parce qu'elle l'est pour lapense, en ajoutant que c'est parce qu'elle l'est en soi qu'ellel'est pour la pense mais il ne l'ajoute que parce qu'il sait djque Dieu existe et afin de nous dire pourquoi il le sait.

    II

    LE PROSLOGION )) ET LA THOLOGIE

    Nous ne sommes pas au terme de nos difficults. Lorsqu'onprend tous les textes du Proslogion en considration, le problme

    L. GiLsN, Etudes sur le rle de la pense medtA'a~e dans la /or~:a

  • L'ARGUMENTDESAINTAKSELME 19

    n'est pas seulement de montrer que la preuve ne prsuppose pasl'existence de Dieu connue dj par la raison, mais aussi decomprendre pourquoi, prsupposant cette existence par la foi,Anselme peut encore prtendre prouver par la raison que Dieuexiste. Car nul n'ignore que le Proslogion part de la foi en l'exis-tence de Dieu. Le titre primitif de l'ouvrage tait Fides quaerensintellectum, et l'on fait bien de le lui restituer Non seulementAnselme croit afin de comprendre, mais il croit cela mme, qu'ilfaille croire afin de comprendre le nisi credideritis non intelli-getis l'oblige admettre, par la foi, qu'il faut commencer par lafoi si l'on veut atteindre l'intelligence Neque enim quaerointelligere, ut credam sed credo ut intelligam. Nam e( hoc credo,quia nisi credidero, non intelligam. Le dbut mme de lapreuve est un autre appel la foi Ergo, Domine, qui das fideiintellectum, da mihi ut, quantum scis expedire, intelligam quiaes, sicut credimus, et hoc es, quod credimus. La notion de Dieudont il tire sa preuve lui est fournie par la foi Et quidem cre-dimus te esse aliquid quo nihil majus cogitari possit. Enfin lapreuve se conclut par une action de grces Dieu qui accordel'intelligence de la foi celui qui la cherche: Gratias tibi,bone Domine, gratias tibi, quia quod prius credidi te donante,jam sic intelligo te illuminante, ut si te esse nolim credere, nonpossim non intelligere 1. Que nous faut-il d'autre pour tablirque nous sommes en pleine thologie ?a

    Sur le titre primitif de l'ouvrage, voir Proslogion, Prooemium P. L..t. 1.58, c. 224-225. Les textes cits ensuite se trouvent, dans l'ordre ou ilssont cits: Proslogion, cap. 1 P. L., t. 158, c. 227 C. cap. II. c. 227 C.cap. c. 229 B. Le te illuminante )' de ce dernier texte est la seule for-mule que je connaisse, o l'on puisse tre tent de retrouver l'illuminationaugustinienne. Si c'en est vraiment une trace, elle est bien vague, caraucune des ides prcises qui correspondent ce mot chez saint Augustin,ne joue le moindre rle dans l'argumentation de saint Anselme. Ce qu'ily a d'augustinien dans sa pense, c'est 1 ide que la restauration de l'intel-ligence perdue est en nous une restauration de l'image de Dieu obscurciepar le pch (Proslogion, cap. 1 P. L., t. 158, c. 226 AB), et cela estfort important, mais ce n'est pas la doctrine de l'illumination au senstechnique du terme.

    J'ai autrefois signal la ncessit de tenir compte du rle que joue lafoi dans l'argument du Proslogion voir La philosophie au moyen ge,Paris, Payot, 1922, t. I, pp. 42-43 et p. 47. Etudes de philosophie m

  • 20 ARCHIVES D'HISTOIRE DOCTRINALE ET LITTRAIRE DU MOYEN GE

    Il est vrai qu'on liminerait ainsi bien des difficults, ettout d'abord celle qui vient de nous retenir si longtemps. Au lieude peiner pour comprendre en quel sens l'argument du Proslo-

    ~to~ est une preuve, il suffirait d'admettre que c'est une expli-cation thologique. Partant de la foi, on irait, par la raison,

    l'intelligence de la foi, mais non pas la conqute de vritsne relevant que de la raison. Telle est l'interprtation desaint Anselme que Karl Barth nous propose, et que certains

    philosophes no-scolastiques lui concderaient volontiers. II im-

    porte donc de l'examiner avec soin.Posons d'abord un point sur lequel tout le monde doit

    s'accorder. L'argument du Proslogion est l'oeuvre de ce quesaint Anselme nomme l'intcllectus 1.

    harmonie prtablie ne se soit pas tendue du rle des textes dans )apreuve l'interprtation de la nature de la preuve.

    dotons enfin que, pour saint Anselme, partir do la foi ne signifie pasncessairement partir de l'Ecriture, mais aussi du dogme, et le dogmemme doit tre entendu en un sens trs large ce qu'il est impossiblede ne pas croire si l'on veut tre chrtien. Par exemple. l' aliquid quonihil majus x ne vient pas de l'Ecriture, mais de saint Augustin (voir t,p. 17, note 1), qui dclare aux Manichens, que ne pas l'admettre estsacrilge o.

    Saint Anselme s'inspire ici de saint Augustin. Le fait est incontes-table, mais il faudrait une discussion minutieuse et bien difficilepour dterminer la nature du lien qui le rattache son matre.

    1" Sur le fait, aucune hsitation. Saint Augustin enseigne, avantsaint Anselme, que l'intelligence est la rcompense d'une foi qui cherche,parce qu'elle est informe de charit. La formule augustinienne fidesquaerit. intellectus invenit (De Trinitate, XV, 2, 2 P. L., t. 42, c. 105S)est, comme l'a fait remarquer J. MARTIN,Saint Augustin, p. 122, l'antc-dent immdiat du Fides quaerens intellectum (cf. notre Introduction

  • L'ARGUMENT DE SAINT A:\St;L;E 21

    Convenons de traduire ce terme par intelligence et enten-dons par l l'acte de l'intellect apprhendant la vrit. H fautalors dire que, dans l'conomie de la doctrine anselmienne, l'in-telligence est un mode de connaissance qui prsuppose la foi etqui tend vers la vision batifique :n

  • 22 AXCUtVES D'HJSTOIRE DOCTRINALE ET LITTRAIRE nu MOYEN AGn

    batitique; t argument au j~rosto~ton est un cas particulier ue

    cette intelligence il s'agit seulement de savoir si l'on doit con-sidrer une connaissance de ce genre comme thologique oucomme purement rationnelle.

    De tous ceux qui la considrent comme thologique, KarlBarth est celui qui s'est exprim avec le plus de force. L'minent

    thologien a bien vu, que rsoudre le problme en se contentantde dire puisqu'on part de la foi on est dans la thologie, est unesolution par trop simpliste. Pourquoi une rflexion purementrationnelle ne s'inspirerait-elle pas d'une foi Ds lors qu'ellene s'en dduit pas, c'est--dire ne lui emprunte ni prmisses niconclusions logiques, elle reste rationnelle. K. Barth a conu la

    possibilit de cette hypothse et l'a formule avec vigueur, nonsans inclure d'ailleurs dans sa formule les motifs de sa con-damnation

    Ou bien Anselme aurait-il conu tout cela d'une maniretoute diffrente, aurait-il, au moins partiellement et occasionnel-

    lement. conu tout cela d'une manire entirement autreAurait-il rellement aussi cherch la loi de l'existence et de lamanire d'exister de l'objet de la foi, dans la facult humaine deconcevoir et de juger (comme identique avec sa loi) Aurait-i!

    par consquent tenu pour possible et ncessaire un mode deconnatre indpendant, puisant ses propres sources, c~e decelui de la foi Un connatre, donc, qui serait quaerens intel-lectum partir de rien, c'est--dire commenant avec les rglesd'une raison humaine autonome et avec les donnes de l'exp-rience commune, et qui serait fnuentens intellectum spontan-ment, c'est--dire au moyen de certaines ncessits de penser

    gnrales (comparables aux magiciens du Pharaon) Bref, unesorte de sosie du Credo, beaucoup moins trouv que cr ?

    Impossible de mettre plus habilement ses adversaires dansun plus mauvais cas mais si cette page de K. Barth montre admi-rablement ce qu'il a compris de saint Anselme, elle montre aussice qui, peut-tre, lui en a chapp. Essayons donc de discernerl'un et l'autre, afin de savoir ce qu'il faut conserver et o il y alieu de complter.

    Accordons, puisqu'aussi bien nous l'avons toujours dit, quel'argument du Proslogion, prsuppose la foi. Ajoutons, avec

    K. BAR-rn,op. c: p. 53.

  • L'ARGUMENT DE SAINT ANSELME 23

    K. Barth, cette prcision importante, qu'Anselme considre lavrit de la foi comme indpendante de la spculation rationnellequ'elle motive la foi ne cherche pas l'intelligence pour se fondercomme foi neque enirn quaero intelligere, ut credam maiselle se pose comme foi pour permettre l'intelligence sed credo,ut intelligam . Tout cela est certain. Ajoutons-y ce troisimepoint, lui aussi fondamental, que jamais la raison ne pourra treconue comme capable de crer de rien sa vrit, c'est--dired engendrer un double du Credo, qui serait fait de ncessitsrationnelles au lieu de l'tre de croyances. Soutenir le contraire,c'est contredire directement saint Anselme, qui ne reconnat lapense que te devoir de se soumettre ses objets. Mais enrf"-u!te-t-il que l'argument du Proslogion soit un fragment dethcotogie ?a

    Remarquons d'abord quel est l'enjeu de la partie, car onpourrait ne pas y penser. K. Barth est soucieux, avec raison, demaintenir l'indpendance de la thologie, mais je crois que laphilosophie l'intresse fort peu, et pour causer C'est mme pourcela que nous le voyons si proccup de montrer, qu'il n'y a,dans l'argument du Proslogion, aucun ontologisme"; et, lencore, il a raison, mais en un sens qui n'a rien de philosophique.Si J'argument n'est pas, ses yeux, ontologique, c'est parce que,le considrant comme purement thologique, il refuse d'y voirune preuve quelconque de l'existence de Dieu. Bref, puisquenous commenons, en thologiens, par la foi, il n'est plus ques-

    II ne serait pas exact de dire que K. Barth ne se soucie pas de) indpendance de la philosophie, il s'en soucie au contraire beaucoup,mais c'est pour lui interdire absolument l'accs de la thologie. La philo-sophie existe, elle relve de l'ordre du monde comme telle, elle doittre aussi compltement mundana qu'il est possible, c'est--dire aussicompltement trangre Dieu, et a ce qui est de Dieu, que possible. C'est ce prix qu'elle sera elle-mme, et que l'on en dbarrassera la thologie.Pour cette dernire, Dieu parle, le thologien coute et rpte ce que Dieua dit. C'est tout. Du point de vue de ce calvinisme strict, la philosophiedoit donc tre spare pour tre elle-mme, et pour tre damne. C'est ceprincipe fondamental qui me semble commander toute l'interprtation

  • 9d. Aur'tTTV~s n'tTHTDTR! nn(TTTtir
  • 1/ARGUMENT DE SAINT ANSELME 25

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