et si on parlait juridique ?

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« Et si on parlait juridique ? » Les bibliothèques et l’utilisation de ressources numériques son et image Yves Alix Musique numérique en bibliothèque : innover pour résister ? ABF, Groupe régional PACA Nice, 23 octobre 2008

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Intervention d'Yves Alix à la journée d'étude de l'ABF PACA à la BMVR de NIce le 23 octobre 2008 : "Musique numérique en bibliothèque : innover pour résister ?"

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Page 1: Et si on parlait juridique ?

« Et si on parlait juridique ? »

Les bibliothèques et l’utilisation de ressources numériques son et image

Yves Alix

Musique numérique en bibliothèque : innover pour résister ?ABF, Groupe régional PACA

Nice, 23 octobre 2008

Page 2: Et si on parlait juridique ?

Yves Alix, Nice 23.10.08

Avant la loi dadvsi:

pas d’exceptions pour les bibliothèques, les archives, les musées, les centres de documentation :

- le statut des œuvres et des documents qu’ils conservent obéit au droit commun

- pas de « droit de l’utilisateur »

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Yves Alix, Nice 23.10.08

Le « droit commun » ?

- les droits privatifs accordés aux auteurs (droit moral, droits patrimoniaux)

- les droits voisins accordés aux interprètes et aux producteurs phonographiques et vidéographiques

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Le cadre juridique national

Le Code de la propriété intellectuelle (1992)

Intègre les textes antérieurs, dont les lois de 1957 et 1985

Inclut : - propriété littéraire et artistique (droit d’auteur et droits voisins)- propriété industrielle

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L’évolution du droit national

• Loi de 1995 sur la gestion collective du droit de reprographie

• 2000 : extension de la rémunération pour copie privée au numérique

• 2003 : loi du 18 juin mettant en place le droit de prêt en bibliothèque pour les livres

• 2006 : loi « dadvsi » du 1er août - transposant la directive de 2001 - incluant réforme du dépôt légal - et du droit d’auteur des agents publics

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Le cadre juridique international

• Les conventions et traités : Berne (1886), Genève, Rome (1961)…

• L’OMPI (organisation mondiale de la propriété intellectuelle, en anglais WIPO, World Intellectual Property Organisation)

• Les traités OMPI de 1996 : droits d’auteur, droits voisins

• Le cadre du commerce international : accord ADPIC (ou TRIPS) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), 1995.

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Le cadre européen

• Les traités européens intègrent des dispositions générales sur la propriété intellectuelle (protection des ayants droit – liberté des échanges – libre concurrence)

• Les directives européennes, depuis 1996, s’inspirent des traités OMPI : normalisation mondiale

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Yves Alix, Nice 23.10.08

• droit moral : paternité, divulgation, respect de

l’œuvre• droits patrimoniaux, destinés à assurer la

subsistance de l’auteur : monopole d’exploitation

- droit de représentation

- droit de reproduction

Les droits des auteurs

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Les droits patrimoniaux

• Ils couvrent toutes les utilisations de l’œuvre :

- représentation : communication directe de l’œuvre au public;

- reproduction : fixation de l’œuvre par tout moyen et tout support pour communication indirecte de l’œuvre au public

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Les droits patrimoniaux

Ces droits, contrairement au droit moral :- sont cessibles à un tiers;- sont limités dans le temps : toute la vie du ou

des auteurs et 70 ans post mortem.

A l’issue de cette période de protection, la représentation et la reproduction, même intégrales, des œuvres divulguées, sont libres : pas d’autorisation, pas de rémunération.

Le droit moral subsiste.

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La cession des droits : les contrats

La chaîne contractuelle peut être très complexe• Principaux types de contrats :

- le contrat d’édition (articles L.132-1 et suivants du CPI)

- le contrat de cession et d’édition musicale

- le contrat de représentation

- le contrat général de représentation

- le contrat de production audiovisuelle et la « présomption de cession »

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La cession des droits : la gestion collective

• 27 sociétés (exemple : la SACEM)• Statuts, mission et contrôle des SPRD (loi de

1985, article L.321 du CPI) :- sociétés civiles (non lucratives)- agréées par l’Etat- publicité du répertoire- obligation d’un commissaire aux comptes- obligation de consacrer une part des sommes

reçues au soutien de la création- nouvelles modalités de contrôle depuis 2000

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Le mécanisme du droit exclusif pour les auteurs

• L’article L.122-4 du CPI permet l’exercice du monopole :

« Toute représentation ou toute reproduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite. Il en est de même des traductions et adaptations de toute nature. »

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Les exceptions au droit exclusif des auteurs avant la loi du 1.08.06

• CPI, Art. L.122-5 : certaines utilisations bénéficient d’une exception au droit exclusif : pas d’autorisation, pas de paiement

- représentation privée, gratuite, dans le cercle de famille- reproduction à usage privé du copiste- revue de presse- courte citation incorporée à une œuvre nouvelle à but

scientifique, pédagogique, critique, polémique ou d’information

(…)

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Yves Alix, Nice 23.10.08

Les exceptions au droit exclusif des auteurs avant la loi du 1.08.06

- reproduction des informations d’actualité- parodie, pastiche et caricature- reproduction des œuvres d’art dans les catalogues de

ventes- actes d’accès aux bases de données sous licence.

→ Ces exceptions ont été modifiées par la loi du 1er août 2006, qui en a ajouté quatre nouvelles

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Yves Alix, Nice 23.10.08

Les exceptions au droit exclusif des

auteurs avant la loi du 1.08.06

représentation privée, gratuite, dans le cercle de famille (≠ pas à la bibliothèque)

- donc diffusion musicale dans les locaux = représentation- d’où contrats généraux Sacem couvrant sonorisation et

consultation individuelle, y compris postes audiovisuels, postes multimédia et internet (forfait)

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Les exceptions au droit exclusif des auteurs avant la loi du 1.08.06

L.122-5, suite :

reproduction à usage privé du copiste, non destinée à une utilisation collective

En bibliothèque ?

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Yves Alix, Nice 23.10.08

Qu’est-ce que la copie privée ?

• Le CFC considère qu’un organisme qui met à disposition du matériel de copie est co-copiste (application de la jurisprudence « Rannougraphie », Cass. 7 mars 84):

• pour qu’une copie privée soit licite, il faut que copiste et usager soient une seule et même personne

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Copie privée en bibliothèque ?

Les bibliothèques autorisent leurs usagers à faire des copies (papier, au moins) pour eux-mêmes, sur du matériel mis à disposition par elles. Ces copies sont couvertes (CFC, SEAM pour les partitions).

Et les photographies numériques de documents ?

Et les copies sur clés USB ? Et les gravures de CD sur portables ?

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Copie privée en bibliothèque ?

La copie est possible en bibliothèque si le copieur est l’utilisateur de la copie et si la copie est faite avec son matériel.

Mais il faut toujours rappeler que la copie doit être à usage strictement privé.

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Le mécanisme du droit exclusif pour les titulaires de droits voisins

• artistes interprètes• producteurs de phonogrammes, producteurs de

vidéogrammes, entreprises de communication audiovisuelle

- droit d’autorisation pour toute communication au public, incluant la vente, la location, le prêt, etc, et toute reproduction (sauf copie privée)

- pendant 50 ans, à dater de la première mise à disposition.

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Le mécanisme du droit exclusif pour les titulaires de droits voisins

- une exception pour les seuls phonogrammes: la licence légale pour diffusion publique de musique enregistrée : pas d’autorisation, mais rémunération

- perçue par la Sacem avec les droits de diffusion musicale, pour le compte de la Spre

- reversement aux sociétés de producteurs et d’interprètes

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La rémunération pour copie privée

• Instituée par la loi de 1985. • Le mécanisme et la répartition de la

rémunération : pourcentage sur prix de vente des supports vierges, fixé par une commission

- extension au numérique (2000) - accession des auteurs de l’écrit au bénéfice

de la rémunération - perspectives depuis la directive de 2001:

généralisation de la rémunération

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Le droit de prêt (loi du 18 juin 2003)

• limité aux livres édités• et aux partitions (assimilées aux livres)• et aux livres étrangers • mais pas aux livres scolaires• forme juridique retenue : licence légale

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Le droit de prêt

Pas de droit de prêt mis en place pour les documents sonores

- situation juridique analogue à celle du livre avant la loi de 2003 : droit exclusif non appliqué.

- au droit des auteurs s’ajoute le droit voisin du producteur phonographique

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Le droit de prêt

Pour la vidéo (vidéocassettes, DVD):

Gestion mise en place dès l’origine pour les vidéos dans le cadre de la loi de 1985

- dans le cadre d’une négociation contractuelle- possible directement entre éditeur et bibliothèque- mais le plus souvent via organisme intermédiaire

négociant les droits (de prêt ou / et de consultation, ou de projection publique non commerciale)

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Le nouveau contexte numérique

• Les droits énoncés s’appliquent à l’environnement numérique

• Ils s’appliquent à internet

• Sous réserve des adaptations nécessaires à la gestion des droits

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Gestion des droits dans l’univers numérique

Traçabilité des droits : les DRM, Digital Rights Management.

- permettent l’identification et le suivi de documents sous droits,

- la gestion des droits,- ainsi que le contrôle et le verrouillage (en France

: les MTP, mesures techniques de protection, entrées dans la loi Dadvsi)

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Adaptation au contexte numérique et à Internet

• La directive européenne de mai 2001 « sur le droit d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information »

• transposée en France par la loi du 1er août 2006 Dadvsi)

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Adaptation au contexte numérique et à Internet

• La directive européenne de mai 2001 « sur le droit

d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information »

• réaffirme le droit exclusif pour les auteurs et les titulaires de droits voisins:

- de reproduction (intégrale ou partielle, sous quelque forme que ce soit)

- de « communication au public » (y compris à distance et individuellement, consultation sur place dans une bibliothèque, par exemple)

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La loi « Dadvsi » : une loi en question

Les juristes critiquent sévèrement la loi :• Christophe Geiger : « tout, sauf une adaptation

du droit d’auteur à la société de l’information »• Michel Vivant : « des exceptions multiples mais

en trompe l’œil », « un texte au sens insaisissable »

• Gilles Vercken : « on a voulu insuffler de la liberté, et le résultat final est très restrictif »

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A l’origine un projet de transposition fermé, et…au final, surprise : des exceptions !

→ quatre exceptions facultatives autorisées par la directive sont introduites dans le droit français

→ trois intéressent les bibliothèques, les musées et les archives. Une, l’exception de reproduction, leur est spécialement destinée.

La loi du 1er août 2006 (Dadvsi)

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1 : Représentation et reproduction destinées aux personnes handicapées

• sous réserve d’un décret en Conseil d’Etat

(taux de handicap)• et d’une liste des établissements concernés,

arrêtée par l’autorité administrative

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2 : Reproduction et représentation dans l’enseignement et la recherche

• applicable à partir du 1er janvier 2009 (2007 et 2008 : accords contractuels entre ministères et ayants droit)

• permet de représenter ou de reproduire des extraits à fins d’illustration, pour un public identifié, contre rémunération forfaitaire (à définir)

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Yves Alix, Nice 23.10.08

2 : Reproduction et représentation dans l’enseignement et la recherche

Avec des restrictions :• exclut ouvrages pédagogiques (manuels),

partitions, œuvres numériques natives• ne dispense pas de payer le droit de

reprographie au CFC• ne dit pas qui négocie, ni qui paie, ni qui perçoit

la rémunération forfaitaire

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3 : L’exception de reproduction

• concerne les bibliothèques, les musées et les archives

• autorise la reproduction d’une œuvre (droit d’auteur) d’un phonogramme ou vidéogramme (droits voisins)

• pour deux finalités : la conservation, la préservation des conditions de consultation sur place

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3 : L’exception de reproduction

mais si la reproduction est autorisée pour garantir les possibilités de consultation,

celle-ci n’est pas autorisée pour autant par l’exception !

Il faut toujours la négocier. Pas indispensable pour la consultation sur place – risque faible -, mais obligatoire pour internet

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Yves Alix, Nice 23.10.08

3 : L’exception de reproduction

Un texte faussement simple :

«  8º La reproduction d'une oeuvre, effectuée à des fins de conservation ou destinée à préserver les conditions de sa consultation sur place par des bibliothèques accessibles au public, par des musées ou par des services d'archives, sous réserve que ceux-ci ne recherchent aucun avantage économique ou commercial  »

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3 : L’exception de reproduction

Le texte de la directive correspondait plus précisément aux besoins des bibliothèques :

(5 2 c) : « lorsqu’il s’agit d’actes de reproduction spécifiques effectués par des bibliothèques accessibles au public, des établissements d’enseignement ou des musées ou par des archives, qui ne recherchent aucun avantage commercial ou économique, direct ou indirect »

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Le périmètre de l’exception

• Reproduction pour conserver :

- des œuvres ou des documents détériorés, non remplaçables (épuisés)

- ou conservés sur des supports ou formats obsolètes (ex. : des 78 tours)

- ou fragiles et précieux, pour préserver l’intégrité du document original

mission patrimoniale ?

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Yves Alix, Nice 23.10.08

Le périmètre de l’exception

Mais risques de contentieux : - transfert de supports obsolètes : si des éditeurs

l’ont fait, la reproduction est-elle justifiée ?- documents fragiles et précieux, documents

uniques : qui en détermine la valeur ?- documents épuisés, ne pouvant être remplacés

en cas de détérioration ou perte : peut-on anticiper sur un risque hypothétique de non conservation pour numériser plus systématiquement ? La notion de « conservation préventive » peut-elle s’appliquer ?

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Une loi inadaptée

- loi mal écrite et difficile à appliquer

- fruit non pas d’une concertation initiale avec les titulaires de droit et les pouvoirs publics, mais de compromis tardifs

- plus restrictive, pour les services publics, que la directive

- appelant le contrat

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…/…

- en aucune façon une révolution : les exceptions sont très restrictives

- l’écart avec l’espace ouvert par le « fair use » ou le « fair dealing » des pays anglo-saxons, est important

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…/…

- les titulaires de droits conservent une attitude de défiance envers les utilisateurs publics (bibliothèques, archives, centres de documentation…) vus a priori comme des disséminateurs

- les bibliothèques, pour les raisons évoquées au début, ne sont pas armées pour la négociation et le cadre contractuel

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Yves Alix, Nice 23.10.08

…/…

L’insécurité juridique subsiste, même dans le nouveau régime d’exceptions, à cause du test en trois étapes :

Article L.122-5, avant-dernier alinéa :« Les exceptions énumérées par le présent article ne

peuvent porter atteinte à l'exploitation normale de l'oeuvre ni causer un préjudice injustifié aux intérêts légitimes de l'auteur ».

« Le test en trois étapes fera du juge un régulateur économique (M. Vivant)

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Le téléchargement est-il licite ?

- Un téléchargement sur disque dur ou une copie sur support stockage amovible = soumis à autorisation si œuvres protégées, sauf copie strictement privée sans remise à disposition tiers (peer to peer) mais il faudrait prouver l’origine licite du fichier (voir Cass, 30 mai 2006)

- Le projet de « licence globale » (possibilité de télécharger moyennant un forfait) n’a pas été retenu

- Dans la Dadvsi, le téléchargement est considéré a priori comme illicite et passible d’une contravention (art.16 loi, CPI L.331-9)

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Yves Alix, Nice 23.10.08

Après la loi Dadvsi

• Contrefaçon = délit. Pas de sanction pénale graduée (censure de la Dadvsi par le Conseil constitutionnel)

• Question non tranchée de la licité de la source (CC mai 2006, CA Aix-en Provence oct. 2007)

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Yves Alix, Nice 23.10.08

La mission Olivennes (automne 2007)

Les propositions du rapport• Inciter à l’offre légale :

- interopérabilité (mais les représentants des logiciels libres contestent la réalité de celle-ci)

- revoir la chronologie des médias, raccourcir la disponibilité de l’offre éditeur

- trouver les moyens de proposer une offre légale abondante, bon marché, interopérable

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Yves Alix, Nice 23.10.08

La mission Olivennes

• Désinciter » au piratage- filtrage des contenus : plusieurs solutions évoquées,

expérimenter une technique de filtrage en tête des réseaux (les contenus pirates deviendraient inaccessibles via les tuyaux des FAI. Un rêve ?)

- renforcer l’arsenal du contrôle et de l’application de la loi pénale

- mettre en place un mécanisme d’avertissement et de sanction allant jusqu’à la suspension et à la résiliation du contrat d’abonnement, géré par une autorité administrative indépendante, qui agirait en amont d’éventuelles poursuites pénales

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La mission Olivennes

• Les réactions :

positives (les optimistes) :

- pour la première fois les FAI s’engagent dans une « police » des contenus - dans le cadre fixé par la LCEN, mais aussi au-delà

- l’attractivité de l’offre légale, dont son coût et la rapidité de la disponibilité, est mise en avant comme la condition sine qua non de la réussite

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Yves Alix, Nice 23.10.08

La mission Olivennes

• Les réactions :

négative (les pessimistes) :

- aucune chance de tarir ainsi le téléchargement illégal (les sociologues, les économistes)

- la riposte pénale reste inadaptée sinon impossible (les juristes, ou au moins certains d’entre eux)

- le calendrier des mesures est trop long, de toute façon c’est trop tard

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Yves Alix, Nice 23.10.08

La mission Olivennes

• Les réactions :

négative (les « pro-pirates », les défenseurs de l’internet libre) :

- les propositions ne visent qu’à sauver les majors du disque

- filtrage des contenus = surveillance du net, atteinte à la correspondance et à la vie privée

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Yves Alix, Nice 23.10.08

La mission Olivennes

• Les réactions :négatives ou sceptiques : les analystes juridiques.

Ex. : Isabelle Wekstein, LH n°712 : « sans modification législative, le mécanisme d’avertissement et de sanction proposé est totalement inapplicable, ce qui est plutôt rassurant ».

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Yves Alix, Nice 23.10.08

L’après mission Olivennes

Un projet de loi (la « loi Création et Internet»)

application d’une riposte graduée non judiciaire :- une Haute autorité pour la diffusion des œuvres

et la protection des droits sur Internet (Hadopi)- qui mandate des agents assermentés pour

constater les infractions

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Yves Alix, Nice 23.10.08

L’après mission Olivennes

Un projet de loi (la « loi Création et Internet»)

application d’une riposte graduée non judiciaire :- avertissement par e-mail aux pirates- en cas de récidive, lettre recommandée- en cas de récidive, suspension d’abonnement 1

mois puis résiliation de l’abonnement pendant un an et impossibilité de s’abonner ailleurs

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Yves Alix, Nice 23.10.08

La loi Création et internet

• Un risque de rejet au niveau européen : amendement 138 du paquet telecom, 23 sept. 08, refusant toute restriction des droits des internautes sans décision judiciaire

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Yves Alix, Nice 23.10.08

La loi Création et internet

• Le projet ne crée pas le consensus espéré - les positions des représentants des titulaires de

droits et des représentants des utilisateurs semblent irréconciliables

- la possibilité d’enrayer par ce dispositif l’expansion continue du téléchargement illicite n’est pas garantie

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Yves Alix, Nice 23.10.08

La loi Création et internet

• Pour vous faire une opinion, quelques liens

Le contenu de la loi :

www.droit-technologie.org/legislation-237/projet-de-loi-creation-et-internet.html

L’argumentaire du gouvernement :

www.culture.gouv.fr/culture/actualites/conferen/albanel/2008-06-18-Art-Creation-et-Internet.html

Page 59: Et si on parlait juridique ?

Yves Alix, Nice 23.10.08

La loi Création et internet

• Pour vous faire une opinion, quelques liens

Les réactions au vote du Parlement européen :

http://www.svmlemag.fr/actu/03441/le_parlement_europeen_rejette_une_fois_de_plus_la_riposte_graduee

www.telerama.fr/techno/loi-creation-et-internet-reactions-a-l-amendement-europeen,34041.php

Page 60: Et si on parlait juridique ?

Yves Alix, Nice 23.10.08

La loi Création et internet

• Pour vous faire une opinion, quelques liens

Une analyse de la loi par ses adversaires :

www.rue89.com/2008/06/20/la-loi-creation-et-internet-un-texte-coupe-de-toute-realite

Page 61: Et si on parlait juridique ?

Yves Alix, Nice 23.10.08

Conclusion

• En bibliothèque :- pas d’exception autre que celle prévue par la

directive de 2001 et la loi du 1er août 2006 sur la reproduction (exception dont le cadre doit être précisé)

- donc des autorisations contractuelles sont nécessaires dans presque tous les cas

Page 62: Et si on parlait juridique ?

Yves Alix, Nice 23.10.08

Conclusion

• Autorisations négociées avec :- ayants droit directement- intermédiaires : agrégateurs, fournisseurs de

contenus, distributeurs, portails, etc.

Page 63: Et si on parlait juridique ?

Yves Alix, Nice 23.10.08

Conclusion

Les Creative Commons, alternative originale- licences permettant la diffusion des contenus

dans un environnement non commercial - dans le cadre d’une « libération graduée »

(système modulable)On peut mettre sous CC des fichiers, des

ouvrages, des sites internet, des bases de données, etc.

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Yves Alix, Nice 23.10.08

Conclusion

Les Creative Commons

Limites :- Incompatibilité avec DRM/MTP- Pas de garantie des sources (ex. : un site CC

qui contient des œuvres protégées dont l’autorisation n’a pas été demandée)

- Pas (encore) de reconnaissance par la Sacem (ce ne sont pas des contrats de cession)

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Yves Alix, Nice 23.10.08

Conclusion

Les Creative Commons

Nouveauté : une nouvelle génération de licences CC commerciales (à suivre)

Sur les Creative Commons, voir :- Article de L. Maurel dans le BBF, 2007 n°4

- Le site français : http://fr.creativecommons.org

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Yves Alix, Nice 23.10.08

Conclusion

• Un modèle de rémunération des ayants droit encore à venir:

- non fixé (au forfait, au temps passé, au nombre d’utilisateurs, etc.)

- négociable- fragile

…donc probablement coûteux

Faut-il mutualiser (consortiums) ?

Page 67: Et si on parlait juridique ?

Yves Alix, Nice 23.10.08

Sources et références

• www.legifrance.gouv.fr

• www.iabd.fr• www.adbs.fr : ADI, actualités du droit de

l’information (sur abonnement – payant sauf pour membres adbs - , revue en ligne, excellente, vivement recommandée !)

Page 68: Et si on parlait juridique ?

Yves Alix, Nice 23.10.08

Pour en savoir plus

• Propriété intellectuelle et droit de l’information appliqués aux collectivités locales / Didier Frochot. – Territorial Editions, 2006. – (La lettre du cadre territorial. Dossier d’experts) – ISBN 978-2-35295-131-5. - 69 €

• Guide pratique du droit d’auteur : Utiliser en toute légalité textes, photos, films (…)/ Anne-Laure Stérin. – Maxima, 2007. – ISBN 978-2-84001-405-8. - 44,50 €

Page 69: Et si on parlait juridique ?

Yves Alix, Nice 23.10.08

Des questions ?

Contact : [email protected]