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L’ESTAFETTE 2.0 LE MAGAZINE DU RÉGIMENT DE MAISONNEUVE ////////// HIVER 2014-2015

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Volume 2, Édition 1 - Hiver 2014-2015

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L’ESTAFETTE 2.0 HIVER 2014-2015 | 1

L’ESTAFETTE 2.0

LE MAGAZINE DU RÉGIMENT DE MAISONNEUVE ////////// HIVER 2014-2015

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2 | HIVER 2014-2015 L’ESTAFETTE 2.0

06// Premier GPE

07// Cours de ChefsPremière expérience pour le Soldat Leblond

21// PP1Le cours PP1 selon le Soldat Wassim Hellal

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Contenu

04// Mot du CMDT

08// Promotions de l’automne 2014

GPE 1

09// Officier de vieille

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L’ESTAFETTE 2.0 HIVER 2014-2015 | 3

29// Phase 3

31// Jour du souvenir

28//Maisonneuve TraquéLe Régiment est fait prisonnier par le Régiment du Sa-guenay...et par l’hiver.

26// Chronique 45eNord.ca

28// Phase 2

30// De retour à l’unité : peleton 1

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38//Libération de la France

36//Executrek

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4 | HIVER 2014-2015 L’ESTAFETTE 2.0

MOT DU COMMANDANTLe 23 avril 2011, suivant des pluies torrentielles, la vallée de la rivière Richelieu et les abords du lac Champlain sont confrontés aux pires inondations depuis près de 100 ans. Devant l’ampleur du désastre, les Forces armées canadiennes étaient mandatées pour supporter les autorités civiles. 600 militaires, dont plusieurs réservistes, furent alors mis à pied d’œuvre pour aider les vic-times à affronter un ennemi naturel lors de l’opération qui fut baptisée LOTUS. Les choses entreront finalement dans l’ordre près de deux mois plus tard, des millions de dollars de dégât et des vies bouleversées.

Les réservistes qui furent déployés à cette occasion le furent sous l’égide du Groupe Bataillon Territorial (GBT) Montréal. Chaque année, le commandement de cette entité est remis à une unité du 34e Groupe Brigade du Canada (GBT). Cette année, le Régi-ment de Maisonneuve s’est vu confier cette tâche à haute visibilité.

La mission du GBT Montréal est de se tenir prêt à activer un groupe bataillon de plus ou moins 300 personnes afin de support-er la Force opérationnelle interarmées (Est) lors de déploiements sur des opérations nationales, comme celle d’OP LOTUS en 2011. Toutes les unités du 34e GBC procurent des forces au GBT afin de combler son effectif, mais le commandement revient au Régiment de Maisonneuve et les positions clés du poste de commandement (PC) sont occupées par du personnel provenant du Régiment de Maisonneuve.

Tout au long de l’année 2014-2015, le GBT Montréal participera à des exercices visant à effectuer sa montée en puissance afin de le préparer en vue d’un éventuel déploiement entrant dans le cadre de son mandat. Composé d’une cinquantaine de militaires provenant de toutes les unités du 34 GBC, le PC GBT Montréal doit, dans l’entraînement auquel il participe, devenir un groupe cohérent qui sera en mesure de se déployer et d’assurer un commandement et contrôle efficace.

Au moment d’écrire ces lignes, l’entraînement du GBT Montréal progresse rondement, et ce, avec l’appui, entre autres, du personnel permanent qui y travaille. Il va sans dire que vu l’ampleur de la tâche qui fut octroyée au Régiment de Maisonneuve et de la confiance témoignée par le QG 34 GBC à l’égard de notre capacité de mener à bien ce mandat. Comme le disent les Anglais : « It’s a no fail mission ».

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GPE #1 EN IMAGES

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6 | HIVER 2014-2015 L’ESTAFETTE 2.0

Le Groupe principal d’entraînement 1 de septembre étant mon premier GPE et c’était la première fois que j’avais la chance de travailler avec mes confrères du Maisonneuve. J’étais donc impatient de voir ce que l’on faisait vraiment une fois que l’on était qualifié comme soldat d’infanterie. Puisque j’étais sur l’avant-garde, l’expérience a commencé le vendredi matin, où lorsqu’arrivé à Val-Cartier, nous nous sommes rendus compte que l’avant-garde ne serait pas de tout repos. Malgré cela, nous sommes arrivés à avoir un peu de sommeil avant que le reste du régiment arrive.

Malgré ces deux facteurs qui ont nui beaucoup, j’ai quand même eu une expérience extrêmement positive du GPE 1. Le fait de pouvoir travailler avec mes confrères et voir comment l’on fonctionnait au régiment fut très enrichissant.

Pouvoir également profiter directement de l’expérience des membres plus anciens a aussi été une des choses positives du GPE qui me pousse définitivement à revenir, car cela m’a permis d’apprendre beaucoup de trucs utiles. La patrouille de combat du dimanche matin fut une expérience plus difficile pour moi car je faisais partie du détachement des armes comme numéro un pour le Karl Gustav. Ceci n’est pas la chose la plus facile à faire lorsque l’on fait une patrouille de combat. Le fait qu’il faisait vraiment noir cette nuit-là et que le bois que nous traversions n’était pas facile a été tout un défi.

La pire chose était d’essayer d’être furtif, mais qu’à chaque fois que deux arbres étaient un peu trop rap-prochés mon arme en frappait un ce qui faisait l’équivalent de frapper un gong et me faisait perdre pied. À la fin de l’entraînement, je suis quand même revenu très content de l’expérience et je serai définitivement présent aux prochains exercices.

Soldat Nicolas Leblond

PREMIER GPE

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Cet été, 5 membres du Régiment de Maisonneuve ont fait leurs ours de Caporal-chef à Valcartier, du 2 juin au 8 août. On s’était préparé pour le cours qui selon tous les anciens qui l’avaient fait, allait être le plus pénible paie-ment de notre carrière de réserviste. C’est donc avec appréhension que les Caporaux Pena, Desjardins, André, Chalifoux et moi-même (Caporal Decelles) sommes arrivé sur ce cours, qui finalement s’est avéré être moins pire que ce qu’on nous avait raconté.

N’allez pas croire que ce fut un cours facile, mais avec une bonne préparation, le cours a été relativement vivable. Je n’irai pas jusqu’à dire agréable tout de même! Avec les 10 km de course à chaque matin ou presque, le peu de temps de sommeil, les inspections, les études à n’en plus finir, les préparations de plans de cours sur PowerPoint, d’ailleurs moi qui croyais qu’en 2014 tout le monde savait comment fonctionnait la suite Microsoft, j’en ai vu passer près de détruire des ordinateurs de la salle informatique. Ne pas oublier le pire de tout le cours : les journées consacrées aux leçons PowerPoint. Imaginez-vous être assis toute une journée de 08h00 à 18h00 devant des PowerPoint…on a même fini par créer l’expression ‘’Killed by power point’’ Je n’avais jamais consommé autant de café de toute ma vie et je n’avais jamais vu quelqu’un se gratter le menton (dépourvu de barbe) avec un peigne à cheveux pour se garder éveiller…vous en parlerez au Caporal Pena.

Bref, durant les deux mois de cours à travers les 2 phases de clos (exercices en campagne), les évaluations, les bug out, les 36h sans sommeil, les courses de 2km avec masque à gaz et ruck sac sous la pluie, nous avons vécu des moments qui resteront gravés dans notre mémoire très longtemps. Par exemple : les siestes à la crème à raser du Caporal André, les surnoms affectueux que le Caporal Desjardins donnait à sa section (les cobras) où ses ‘’ on jase’’ qui rendaient fou le personnel durant les leçons, les rencontres féminines bien spéciales du Caporal Pena, les plans que les membres de la section 4 s’évertuaient à élaborer pour me faire faire des cauchemars la nuit, les conversations non citables sur les PRR durant le petit trot ou les chiffres d’OP sur la phase finale de clos, les imitations parfaites de certains membres du staff, tous ces petits moments et bien d’autres nous ont permis de passer au travers et j’irais même jusqu’à dire de regretter la fin du cours lorsque nous sommes tous revenus à nos vies civiles à la fin.

Caporal Mélissa Decelles

COURS DE CHEFS

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PROMOTIONS

Caporal Chef Fortin

Adjudant Christian Ouelette Adjudant Franz Beaujuin

Sergent Ian Prud’hommeSergent Karl Laroque

Sergent Arnaud Bruyère-L’Abbé

Caporal-chef Maxime Joanisse Caporal Marie-Pier Nadeau

Caporal Nicolas Spattz-SavardCaporal Marc-André Arsenault-Melasco

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Étant donné que le poste d’officier de veille est un poste très important dans un poste de commande-ment, une formation s’étalant sur plusieurs fins de semaine a été donnée à plusieurs officiers juniors pour que nous soyons opérationnels lors des exercices. Cette formation était encadrée par des officiers d’expériences de la 34e brigade du Canada qui nous ont transmis leurs connaissances et leur expéri-ence. Comme officier de veille, j’ai la responsabilité de compiler tout ce qui se passe sur le terrain du-rant mon quart de travail, de prendre des actions et ensuite d’en faire part aux personnes concernées, ainsi qu’à mes supérieurs. Cela demande de l’assurance et une bonne confiance en soi parce que je dois faire un exposé de la situation à des officiers hauts gradés, même si je ne suis que sous-lieutenant. Un grand sens des responsabilités et une bonne gestion sont aussi de mise, car il peut coûter cher aux militaires sur le terrain si je fais une erreur ou si je ne suis pas efficace dans mon travail et que j’entraîne des délais inutiles. Pour bien effectuer mon rôle, j’ai accès à des outils informatiques de haute technol-ogie, tels que le programme Battle View ou Microsoft Sharepoint.

Sous-lieutenant Charles Cloutier

OFFICIER DE VEILLE

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Pôle NordHiver 2014

ENTREVUE AVEC L’ADJUDANT FRANTZ BEAUJUIN

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True Patriot Love (TPL) est une fondation nationale établie par des leaders du monde des affaires dans le but d’amasser des fonds pour les organismes caritatifs qui soutiennent le bien-être et le moral des mem-bres des Forces canadiennes, des vétérans et de leur famille.

TPL a une philosophie de financement très simple : fournir des ressources et du soutien aux vétérans et aux familles militaires là où le gouvernement ne peut pas intervenir. Bien que le gouvernement canadien soit très présent pour les membres actuels et retraités des Forces canadiennes, il existe souvent des lacunes dans le soutien qu’il offre à leur famille ainsi que des incapacités d’intervenir dans des situations d’urgence liées au service. TPL cherche aussi à rapprocher la pop-ulation canadienne de ses militaires et à mieux faire connaître la vie de ses soldats.

Expédition au Pôle NordNous avons eu l’honneur d’interviewer l’Adjudant Beaujuin qui a bien voulu répon-dre à nos questions portant sur son expédition au Pôle-Nord en collaboration avec l’organisme True Patriot Love.

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Pourquoi avez-vous choisi de participer à l’expédition vers le Pôle Nord?

Cela prouve encore une fois qu’il est parfois bon d’avoir la « mafia » Maisonneuve de son bord...“ “

Le Sergent Burcew avait déjà participé à l’édition 2012 (Népal, camps de base de l’Everest) en compagnie du Caporal Dupéré (4R22R) avec qui nous avions servi à 2 reprises en Afghan-istan avec le PsyOps. J’avais suivi leurs aventures au Népal avec un grand intérêt et j’avais aussitôt regretté de n’avoir pas osé tenter le coup. À l’été 2013, j’ai décidé d’envoyer ma nomination. Je n’ai pas eu de réponse au début du processus, mais suite à un désistement de dernière minute, j’ai été contacté 2 mois avant l’expédition.

Travaillant à l’extérieur du pays, je n’ai pas pu participer aux journées de préparations et de planifications et cela a failli me convaincre de retirer ma candidature. Mais quand j’ai appris que le Sergent Jeremy Meyer était aussi sur l’expédition et que nous serions membres de la même équipe au sein de l’expédition cela m’a finalement convaincu.

Il est important de savoir qu’en ne pouvant pas me présenter aux sélections, entraînements et rencontres préexpédition et n’ayant pas souffert d’une blessure « de combat », c’est en grande partie grâce aux commentaires positifs du Sergent Burcew et du Caporal Dupéré (les 2 vedettes de l’édition précédente) que j’ai été sélectionné. Cela prouve encore une fois qu’il est parfois bon d’avoir la « mafia » Maisonneuve de son bord…

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POUVEZ-VOUS RÉSUMER L’EXPÉDI-TION EN QUELQUES MOTS ?L’expédition était composée de 12 ex-militaires ou réservistes ayant tous en commun d’avoir été marqués phy-siquement ou psychologiquement par leurs différents déploiements. À ce groupe, était associé une vingtaine de leaders du monde des affaires dont les compagnies avaient fait des dons majeurs à TPL et une équipe de sou-tien technique (guides, explorateurs, caméraman, médecins). Il s’agissait en fait de la plus grosse expédition (en terme de nombre) à tenter de rejoindre le Pôle Nord magnétique. L’expédition avait aussi la chance d’être guidée par une sommité dans le monde expéditionnaire arctique, Richard Weber (première personne à atteindre le pôle Nord en solitaire sans support) et toute sa famille. Ber-nard Voyer, un explorateur québécois connu faisait aussi partie de l’expédi-tion. Après quelques jours d’acclimations et de pratique a Resolute Bay, un avi-on nous a laissé sur la banquise juste au nord de King Christian Island, à quelque 120km de notre objectif. Divisés en équipe de 6, nous devions ensuite atteindre la dernière position connue du Pôle Nord magnétique en territoire Canadien. La totalité des déplacements devant se faire en ra-quettes ou en ski. L’objectif fut finale-ment atteint le 29 avril après 6 jours de marche.

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QUEL A ÉTÉ VOTRE PLUS GRAND DÉFI SUR LE TERRAIN? Limiter le nombre de mes commentaires sarcastiques…Non, sérieusement, s’acclimater aux températures extrêmes. Ayant déjà participé à des ex-ercices en milieu arctique, je croyais être en mesure de faire face facilement aux conditions, mais j’avais grandement sous-estimé les efforts nécessaires afin de maintenir le rythme. De jour en jour, je pouvais sentir ma capacité physique s’affaiblir. L’adaptation à l’équipement civil (beaucoup plus performant et spécialisé) fut aussi tout un « challenge »…

QUEL EST VOTRE MEILLEUR SOUVENIR ? Être au-delà du Cercle Arctique et boire de la Vodka qui a été gardée au « frette », et ce, à minuit alors qu’il fait encore clair com-me en plein jour… Inoubliable. Surtout de le faire en compagnie d’un ami (Sergent Mey-er) et membre du régiment. Le fait aussi que l’air soit aussi pur et sans pollution semble rendre la vue plus claire là-bas, comme si tout était en HD. J’ai passé quelques nuits blanches à regarder l’horizon pour enregis-trer le plus de souvenirs possible.

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AVEZ-VOUS UNE ANECDOTE À RACONTER? Notre équipe (composée principalement de Québécois trop motivés) est vite devenue reconnue pour sa manie de chanter tous les soirs jusqu’à 2h du matin (la vodka y était peut-être pour quelque chose?). Surnommée « Team Champagne », notre tente est vite devenue le point de rencontre de ceux qui préféraient voir cette expédition comme un moyen d’avoir du plaisir et passer du bon temps et le coin à éviter pour ceux qui prenaient les choses un peu trop au sérieux…

RECOMMANDERIEZ-VOUS À VOS COLLÈGUES DE PARTICIPER AUX PROCHAINES ÉDITIONS ? Oui, définitivement. Je trouve que parfois, nous les réservistes, semblons avoir de la difficulté à pren-dre la place qui nous revient de droit au sein de l’armée et aux yeux de la population canadienne. La plupart des VIP sur l’expédition avouaient ne pas connaître beaucoup le concept de la réserve (ainsi que certains ex-réguliers). C’est en participant à de telles activités que nous pourrons faire connaître les défis qui se dressent aussi devant les réservistes qui reviennent de déploiement et à leur famille.

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Quelle heure est-il sur cette photo ?

Deux heures du matin

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VOTRE EXPÉDITION A PERMIS DE RÉCOLTER 1.75 MILLION DE DOL-LARS. À QUOI SERVIRONT CES FONDS ? L’argent servira à supporter les vétérans (et leur famille) qui souffrent de blessures physiques ou psychologiques. TPL investit dans des programmes qui aident à compléter le support offert par l’armée ou à remplacer celui-ci quand les services cessent ou deviennent inadéquats.

POUVEZ-NOUS NOUS PARLER UN PEU DU SYSTÈME GOOGLE MAP TREKKER. QUELLE EST VOTRE OPINION À PROPOS DE CETTE TECHNOLOGIE? Le programme Google Trekker permet à Goo-gle de compléter son service Street View avec des images de lieux non accessibles par véhicule ou difficilement accessibles. La caméra 360 degrés de Google (40livres) rend possible de cartographier les endroits les plus éloignés de terre. Moi-même et le Sergent Mey-er avons été désignés comme responsables du système pour la durée de l’expédition. Malheu-reusement, ce système qui s’apprête bien aux petites expéditions quotidiennes en sentier et non à un voyage de plusieurs jours au-delà du cercle arctique. Le poids du système, sa faible résistance au froid et son entretien constant ont rapidement rendu l’utilisation de ce système incompatible avec les objectifs de l’expédition (parlez-en à mon dos…). Nous avons malgré tout bien hâte de voir les résultats…

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VOUS AVEZ MENTIONNÉ AVANT VOTRE DÉPART DE VOULOIR REMETTRE UNE LETTRE ÉCRITE PAR VOTRE FILS AU PÈRE-NOEL. AVEZ-VOUS RÉUSSI ? Non, le Père Noel n’existe pas…Sérieusement, oui! Mais je dois avouer que j’ai gardé la lettre et je compte bien lui remettre (à mon fils, pas au père Noël) dans quelques années. Il a aussi fallu que je l’ouvre afin de savoir ce que je devais lui offrir à Noel…

QUEL ÉTAIT VOTRE RÔLE ? Moi et le Sergent Meyer étions responsables des quatre civils de notre équipe. Étant des VIP, ils n’avaient pas vraiment de connaissances et ne ressentaient pas toujours le besoin de participer aux différentes tâches. Ce qui veut dire que moi et Jeremy devions plus souvent qu’à notre tour aider notre guide avec Amontage/démontage des tentes. Il fallait aussi se relayer afin de traîner l’équipement plus lourd et surtout le « B train », la chaise spéciale montée sur ski qui amenait Bjorn Nielsen, le membre le plus touché physiquement de l’expédition (un Ingénieur qui a été frappé par une IED en Afghani-stan).

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AVEZ-VOUS RÉUSSI À FAIRE FLOTTER NOTRE DRAPEAU RÉGIMENTAIRE SUR LE PÔLE NORD ? POUVEZ-VOUS DÉCRIRE CE MOMENT ? Oui, la drapeau du Régiment aura flotté là-bas, aux côtés du drapeau canadien et de plusieurs autres drapeaux de différentes unités. Nous avions pris l’habitude de monter le drapeau aux abords de notre tente chaque soir. Mais le moment qui m’a beaucoup plus marqué fut à notre retour à Resolute Bay quand tous les membres de l’expédition ont accepté de signer le drapeau.

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Mon PP1 s’est déroulé du 21 mai 2014 au 8 juillet 2014. Le PP1 est le cours de qualification pour être un fantassin. Il s’agit d’un cours demandant aussi bien physiquement que mentalement. Mon cours s’est bien déroulé en gros, malgré que j’ai eu cer-taines surprises. Durant mon cours, ma section a été élue la meilleure du cours, car on a démontré ce qu’était un véritable travail d’équipe et la chimie était présente entre nous depuis le premier jour.Le PP1 est le genre de cours où on apprend à se dépasser et où le « moi » devient un « nous ». J’ai été encadré par de bons instructeurs, mon commandant de section était un Caporal-chef de la régulière et il m’a transmis une partie de ses connaissances qui m’ont permis de bien réussir le cours. J’ai quand même eu assez d’heures de sommeil, même si le réveil était difficile au début, mais il n’y a rien de mieux pour nous réveiller qu’une bonne séance d’exercice à 5h15 du matin. La météo a été clémente avec nous durant toute la durée du cours, il fallait juste penser à toujours s’hydrater, vu que durant les marches, on sentait vite les effets du soleil. La seule fois où la météo n’était pas clémente était durant la phase de clos (entraînement en campagne) défensive. Vers 1h ou 2h du matin j’étais dans ma tranchée, je sentais le froid dans tout mon corps, malgré que j’étais bien vêtu de la tête aux pieds.

Les champs de tir ont sûrement été l’expérience que j’ai le plus aimée. Durant la dernière semaine du cours, j’ai souffert, un peu comme tout le monde, du manque de sommeil. Il s’agissait de l’examen final, la raison pour laquelle on s’était entraîné pendant 6 semaines, toutes les connaissances que j’ai acquises durant six semaines de façon intensive allaient être évaluées durant cette dernière semaine. Comme scénario final, on devait récolter le maximum d’infor-mation sur un terroriste fictif, faire une attaque pour détruire ses troupes et faire une embuscade pour l’attraper. Il s’agissait là d’une belle expérience, car tout semblait réel. Après l’embuscade on a su qu’on avait tous fini notre cours, et on se voyait déjà tous chez nous en train de boire une petite mousse.

Soldat Wassim Hellal

PP1

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Peleton 1GPE 1

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OPÉRATION CODE ORANGELe 9 octobre dernier, un bon nombre de membres du Régiment de Maisonneuve ont répondu à l’appel afin d’être figurant pour une journée à la base de Saint-Hubert. Il y avait relativement peu d’informations sur l’activité. Tout ce qu’on savait, c’est que l’on devait se présenter pour 5 :00h et avoir de vieux vêtements en sa possession puisqu’ils risquaient fortement d’être déchirés ou coupés au courant de l’exercice.

Bien évidemment si on dit 5 :00h du matin, cela sous-entend que certains membres (surtout certains mem-bres d’origine latine de notre unité) ont simplement décidé de ne pas dormir cette nuit et de plutôt décidé de profiter d’une bonne soirée bien arrosée entre amis dans un bar de Montréal.

L’étonnement et l’excitation étaient à son comble une fois rendus à la base de Saint-Hubert lorsque tous les membres participants ont su qu’il s’agissait en fait d’une opération de très grande envergure à travers une majorité d’hôpitaux de la région de Montréal et surtout que cela consistait en une évacuation par héli-coptère d’un site d’écrasement d’avion vers divers centres hospitaliers de Montréal.L’exercice incluait les Forces armées canadiennes, la Gendarmerie royale canadienne, la Sûreté du Québec, la police locale et divers services ambulanciers.

L’excitation était encore plus présente pour le Caporal Decelles , Peña et Vega qui utilisaient l’hélicoptère Griffon CH-146 pour la première fois de leur carrière. Cependant, avant de passer à l’hélicoptère on devait se faire maquiller par des membres des unités médicales de la 2e Division.

Je lève mon chapeau aux medics, puisque la qualité du maquillage qu’ils ont réussi à faire pour simuler des blessures était digne des meilleurs films d’Hollywood.

Nous avons même rencontré la Sous-lieutenant Michelle D’amour, une ex-fantassin du Régiment de Maison-neuve qui est maintenant urgentologue à l’hôpital Sacré-Cœur.

Une fois maquillé, après un bref instant d’attente, l’hélicoptère se levait dans les airs à partir du tarmac de Saint-Hubert et plusieurs membres étaient couchés sur des civières attachées dans les hélicoptères. Après un vol d’une durée d’environ 10 minutes, nous atterrissions sur l’hélipad de l’hôpital du Sacré-Cœur.Des techniciens ambulanciers nous attendaient déjà avec civières et nous référaient soit directement à l’hôpital ou dans des ambulances.

Il y avait énormément de présence médiatique et l’exercice était tout en branle à l’arrivé des patients dans la salle d’urgence. L’hôpital à même du libérer 50% de la salle afin de nous recevoir!

Les médecins et infirmières faisaient toute la procédure comme s’il s’agissait de vrais patients. Dans mon cas, je jouais le rôle d’une victime de l’écrasement qui a reçu des pièces d’avion sur les jambes et je devais être transféré en bloc opératoire. Une fois que tous les patients ont été traités, la fin de l’exercice a été an-noncée et nous sommes tous revenus en autobus à la base de St-Hubert.

Ce fut une journée très agréable pour la majorité d’entre nous et surtout une belle expérience qui nous a permis de découvrir l’univers d’une salle d’urgence en code orange!

Sergent Piotr Burcew

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Le lieutenant-colonel honoraire du Régiment de Maisonneuve nommé Président du Sénat

Le sénateur Pierre-Claude Nolin, qui est également lieutenant-colonel honoraire du Régiment de Maisonneuve, vient d’être nom-mé Président du Sénat, a annoncé le premier ministre Stephen Harper, par voie de communiqué.

«Le sénateur Nolin représente les Québécois et les Canadiens à la Chambre haute avec honneur depuis plus de 21 ans. La vaste expérience qu’il a acquise en siégeant à plusieurs comités, y compris le Comité permanent des affaires juridiques et constitution-nelles, le Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international, le Comité permanent de la sécurité nationale et de la défense et le Comité permanent des banques et du commerce, de même que son expérience en tant que Président intéri-maire du Sénat, lui permettront sans doute d’exceller dans ses nouvelles fonctions. Je suis convaincu qu’il connaîtra beaucoup de succès dans son nouveau rôle et qu’il s’efforcera de rendre cette institution plus transparente, démocratique et responsable», a dit le Premier ministre Harper.

«Je crois que je parle au nom de tous les honorables sénateurs en offrant mes félicitations au sénateur Nolin pour cette nomina-tion. Je suis persuadé qu’il manifestera un aussi grand sens du service et du devoir qu’il en a toujours fait preuve à titre de séna-teur», a indiqué le sénateur Carignan, leader du gouvernement au Sénat.

Pierre-Claude Nolin succède comme Président à Noël A. Kinsella, qui a pris sa retraite, et devient donc le 47ème président du Sénat du Canada.

Ce Montréalais, a joué différents rôles dans l’organisation politique du Parti progressiste-conservateur du Canada et du Parti con-servateur du Canada de 1983 à 2006, dont celui de conseiller pour le Québec du Premier ministre Brian Mulroney de 1986 à 1989.

Le nouveau président, en entrevue à Radio-Canada, a indiqué vouloir s’attaquer aux excès de partisannerie au sein de l’institution et déplore ainsi que des sénateurs votent parfois avec comme seule préoccupation de respecter les volontés de leur parti. «C’est une institution qui est souvent trop partisane. Je l’ai dit je le répète. Mais j’ai aussi qualifié la partisannerie. Je n’ai rien contre la partisannerie. Là où j’ai un gros problème avec la partisannerie, c’est lorsqu’elle nous rend aveugles».

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Nouveau programme pour les employeurs de réservistes déployés en opération

Le ministre de la Défense nationale Rob Nicholson a annoncé mardi 25 novembre la création d’un nouveau programme fédéral visant à fournir une aide financière aux employeurs de réservistes des Forces armées canadiennes qui sont déployés en opéra-tions.

Le Programme d’indemnisation des employeurs de réservistes administré conjointement par le ministère de la Défense nationale et Emploi et Développement social Canada fournira un dédommagement aux employeurs de réservistes qui accordent un congé à leurs employés pour leur permettre de participer à des activités opérationnelles.

Le gouvernement s’était engagé en 2012 à «fournir un soutien financier aux employeurs de réservistes des Forces canadiennes pour contrebalancer les coûts encourus lorsque des réservistes décident de remplir des fonctions à temps plein». Ce programme a de nouveau été mentionné dans le discours du Trône de 2013, le gouvernement ayant indiqué qu’il «offrira de l’aide aux employ-eurs des réservistes devant participer à des missions essentielles à la sécurité du pays».

«Le Programme d’indemnisation des employeurs de réservistes contribuera à compenser pour les frais engagés par les employ-eurs lorsqu’ils doivent recruter des remplaçants ou absorber la perte de productivité lorsque les réservistes sont déployés pour effectuer des tâches opérationnelles», a déclaré le ministre Nicholson.

Pour sa part, le contre-amiral Jennifer Bennett, Chef – Réserves et cadets estime que le soutien des employeurs de réservistes con-tribue directement à l’état de préparation des Forces armées canadiennes. «Le Programme […] améliore la série de programmes de dédommagement des employeurs qui existe déjà afin de veiller à ce que le Canada maintienne une Force de réserve efficace et prête au déploiement et à ce que les réservistes soient en mesure d’établir un équilibre entre les exigences de deux carrières parallèles».

Concrètement, ce programme servira à offrir environ 403 $ par semaine pendant la durée totale de l’absence de l’employé-ré-serviste qui participe à des opérations, sous la forme d’une contribution qui sera versée aux employeurs à la fin de la période de déploiement du réserviste.

Pour être admissible, l’employeur doit avoir un employé qui est un réserviste servant dans une opération des Forces armées cana-diennes pendant une période minimale de 30 jours et jusqu’à concurrence de 18 mois.

Le citoyen-soldat doit être membre de la Première réserve ou des Rangers canadiens et doit avoir travaillé avec son employeur un minimum de 30 heures par semaine, pendant trois mois consécutifs, ce qui peut être délicat quand on sait qu’une grande majorité des réservistes sont des étudiants qui travaillent à temps partiel.

Les requérants du secteur privé, les gouvernements provinciaux, municipaux ou territoriaux peuvent appliquer et sont considérés éligibles, mais les employeurs du gouvernement fédéral ne le sont pas.

Engagez-vous, rengagez-vous qu’ils disaient!

NICOLAS LAFFONT

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28 | HIVER 2014-2015 L’ESTAFETTE 2.0

Tandis que je me faisais demander par un collègue de résumer mon expérience militaire durant la phase II de l’été dernier à Valcartier, je ne pus m’empêcher de revivre par séquence, dans une sorte de «flash back», toutes les aventures, bonnes et moins bonnes, qui ont fait de ce cours, le souvenir indéfectible qui restera gravé dans ma mémoire pour le reste de ma vie. Tout d’abord, il y a eu la camaraderie, une confrérie spontanée marquée par le sens du devoir envers ses frères d’armes que le «buddy system» oblige par la force des choses. Comment ne pas devenir frère avec ceux qui vous voient dans tous vos états, ceux qui vous sauvent ou bien ceux à qui vous sauvez le cul en bon français ? Prenez gare aux vilaines remontrances émises à l’égard des gars qui n’arrivent pas au standard du cours, les «sauces» comme on aime bien les appeler dans le milieu mili-taire. À tous ceux qui savent de quoi je parle, qui ont déjà vécu cette promiscuité humaine, typique à la vie de soldat à l’in-térieur des rangs, j’en profite pour vous saluer dans ce papier. Je lève mon chapeau aussi à tous ceux qui ont décidé d’en faire un peu plus, parce que vous savez ce qu’exige un cours de chef en fait de courage et dévouement ainsi qu’en dévotion pour son prochain. C’est le principe appliqué du travail d’équipe, d’abné-gation de soi.

Pour les reste, je dirais que la phase II est un cours assez tech-nique, dans lequel le syllabus comprend un judicieux mélange de test physiques et mentales. En parlant de test, qu’y-a-t-il de plus mémorable qu’un peleton au complet qui est « black out » parce que ses membre ont dormi que 45 min pendant une se-maine complète? Et bien laissez moi vous répondre ; pas grand chose !!! Certains gars parlent à leur ruck sac, pensant qu’il s’agit de leur «body», qui est pour sa part affalé dans sa tranché en train de vous demandez si vous venez de lui adresser la parole. Et oui, il s’agit bien d’une histoire vrai !!! Une confusion général s’installe généralement en plein cœur de la nuit. Que dire des marches forcées ? Bonne chance !!! Ou bon courage devrais-je dire, puisqu’il s’agit d’une épreuve mentale bien plus que physique, si vous avez bien fait vos devoirs à l’avance, bien entendu. Mais par dessus tout, ce qui marque le plus d’une phase II, à part son début qui donne un coup, c’est sa fin qui donne le goût de prendre un coup. Un sentiment de fierté et d’accomplissement inexplicable avec un mélange de fatigue et de besoin de vacances, qui s’inscrit à jamais dans votre esprit. Un sentiment que seul ceux qui l’on vécu, peuvent comprendre. Finir un cours, c’est toujours jusqu’à la prochaine fois. Jusqu’au prochain défi qui nous poussera à nous surpasser encore une fois. Malgré tout, on finit par s’attacher à cette petite bête là !!! Bon courage.

Sous-lieutenant Luca Passarelli

PHASE 2

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L’ESTAFETTE 2.0 HIVER 2014-2015 | 29

LA BÊTE NOIRE DES OFFICIERS D’INFANTERIE

La fameuse phase 3 des officiers d’infanterie. La formation que l’on appréhende et de laquelle on nous parle dès l’enrôlement. J’attendais cette formation avec impatience tout en étant craintif face à cette dernière. Le taux d’attrition est reconnu pour être très élevé et je suis allé à Gagetown avec l’idée que la seule chose qui pourrait me renvoyer à l’unité sans ma qualification serait une blessure majeure m’empêchant d’être opérationnel. La prépara-tion physique et la volonté de vaincre sont des éléments essentiels pour réussir et performer sur ce cours.

Je me souviens de la présentation du Capitaine Johnson, membre des forces armées australiennes et responsable de la compag-nie qui nous annonce que nous allons suivre un entraînement des plus intensifs dans des conditions extrêmes. Il termine par une petite phrase d’un ton très neutre avec son accent britano australien : Welcome to Gagetown. Seize semaines dont une quarantaine de jours de clos (phase d’entraînement en campagne) est ce qui nous attendait. La première journée au matin, une marche ruck sac au niveau de compagnie, de plus ou moins 16 km à un rythme rapide. Malaises et blessures étaient au rendez-vous. Le message était lancé et déjà le niveau d’inquiétude était à la hausse. Par la suite on se faisait réveiller à 03h30 chaque matin pour des 10 à 13km de marche. Belle façon de commencer une journée d’instruction! Un PT (physical training) de course était un véritable bonbon. Nous avons aussi eu droit à la fameuse marche de 18 km pour revenir du champ de tir C6, 84mm, claymore…pour ajouter au plaisir dans une température extrêmement pluvieuse.La phase de clos, cette année, était continue. Le plus long séjour sans congé était de quatorze jours avec une sortie au 7e jour, le temps d’une douche, car les normes autorisent un maximum de dix ou douze jours sans sortir. Le sommeil se faisait rare et les reprises aux évaluations s’accumulaient. Des séquences de quatre, cinq jours sans repos faisaient leurs effets. Je n’ai jamais vu des individus tomber en pleine face à n’importe quel moment comme sur ma phase 3! Des pertes de mémoires, pertes d’équilibre, confusion sont quelques-uns des effets la privation de sommeil prolongée. Donner un set d’ordres à une bande de zombies était chose commune. Les opérations devaient néanmoins être efficace pour réussir son éval-uation de commandement. Il fallait se motiver les uns les autres et des candidats qui n’avaient pas leur place quittaient chaque jour. Plus le cours avançait, plus le côté humain des instructeurs, pour la plupart, ressortait, car je crois qu’ils avaient identifié les candidats qui étaient là pour rester. Sur une centaine de candidats à travers le Canada, quarante-deux ont terminé, force régulière et de réserve confondues. J’ai reçu de l’instruction de qualité, pris énormément d’expérience et tissé des liens solides avec plusieurs personnes. Je tenais à fièrement représenter le Régiment de Maisonneuve. Je crois avoir atteint mes objectifs, non seulement de terminer, mais aussi de performer. Malgré tous les défis physiques et psychologiques, je conserve un souvenir positif de mon été 2014.

Sous-lieutenant Hugo Marcotte

PHASE 3

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DE RETOUR À L’UNITÉ PELETON 1Être commandant de peloton est un privilège pour tout officier d’infanterie. C’est précisément le man-dat qui me fut confié pour le cycle d’entraînement 2014. De retour de la base militaire de Gagetown, la phase 3 était toujours très fraîche en moi et j’étais impatient de voir le niveau des membres de mon unité d’appartenance.

J’ai été agréablement surpris du rendement des membres du peloton 1 lors du Groupe principal d’en-traînement (GPE) 1 et 2. J’ai pu observer compétence et motivation de la part des troupes. La cohésion était bonne et mon travail est grandement facilité par le professionnalisme et l’expérience, autant de la part de la troupe que de la chefferie.

En tant que commandant de peloton, mon but est non seulement de commander, mais aussi de transmettre toute l’expertise et le savoir que j’ai acquis. Je veux faire des membres du peloton 1 des fantassins efficaces en leur procurant une formation la plus complète que possible. Mon objectif est que chaque individu du peloton ait des bases solides afin qu’advenant qu’il parte sur une montée en puissance (préparation au déploiement), il se fonde à travers la force régulière avec un niveau de compétences et connaissances la plus réduite possible. Cette année, j’ai intégré du combat sans arme, grâce à l’expertise du Caporal-chef Tougas, et j’ai l’intention de diversifier les enseignements tout en m’assurant que les bases soient très bien maîtrisées.

Être fantassin n’est certes pas un métier ordinaire, encore moins facile, mais dites-vous que la majeure partie de la population ne pourrait pas l’exercer. Il s’agit d’une expérience unique qui nous profitera tout au long de notre vie et à laquelle je suis fier de participer comme commandant de peloton.

Sous-lieutenant Hugo Marcotte

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Pour tous ceux qui portent qui ont porté l’uniforme ou qui ont un membre de leur famille qui l’a porté, le jour du souve-nir représente un évènement spécial qu’il est primordial de souligné. La liberté a malheureusement un prix et plusieurs canadiens l’ont payé de leur vie au cours des derniers conflits. En tant que citoyen canadiens nous avons le devoir de nous souvenir de ses héros et des sacrifices qu’ils ont fait pour notre liberté.Comme à chaque 11 novembre depuis 1921, des canadiens à travers le pays arbore le coquelicot afin de commémorer les héros tombé aux champs d’honneur. Mais pourquoi un coquelicot, avant la Première Guerre mondiale, peu de coquel-icots poussaient en Flandre. Durant les terribles bombarde-ments de cette guerre, les terrains crayeux devinrent riches en poussières de chaux favorisant ainsi la venue des coquelicots. La guerre finie, la chaux fut rapidement absorbée et les coquel-icots disparurent de nouveau.Le lieutenant-colonel John McCrae, un médecin militaire canadien, établit le rapport entre le coquelicot et les champs de batailles et écrivit son célèbre poème In Flanders Fields (Au champ d’honneur). Le coquelicot devint rapidement le sym-bole des soldats morts au combat.En plus du port du coquelicot, des cérémonies sont tenus dans chaque ville à travers le Canada pour commémorer le souvenir de tous les militaires qui servent, qui ont servi ou qui ont péri aux champs d’honneur. Comme à chaque fois, le Régiment de Maisonneuve tenait dans ses murs, une cérémonie pour com-mémorer les membres de notre régiment qui ont porté notre badge au combat et qui ont rapporté des honneurs de bataille qui ont rendu le régiment célèbre. Cet évènement nous permet aussi de réunir la grande famille régimentaire en un endroit, la famille, les amis et nos collègues. Nous pouvons ainsi nous sou-venir ensemble et profiter de la soirée pour nous raconter nos histoire de guerre et tous les remémorer tous nos bon souvenir.Cette année, le jour du souvenir avait une signification plus spéciale puisqu’il survenait moins d’un mois après les tragiques événements qui ont secoué le pays d’un océan à l’autre et qui ont couté la vie à deux de nos frères d’armes. Ses évènements ont soulevé un vent de patriotisme sur l’ensemble du Canada ce qui à causé une participation plus achalandé aux différentes activités de commémoration.Le devoir du souvenir est une responsabilité dont tous les can-adiens doivent s’acquitter afin de se souvenir de ses héros qui auront tous sacrifié pour la liberté des autres.

Sous-lieutenant Steven Rose-Martel

JOUR DU SOUVENIR

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TRIATHLON UN SOUFFLE, UNE VIELe samedi 6 septembre 2014 était une journée pluvieuse à la Garnison Farnham. Tout le Régiment Maison-neuve était convoqué pour la routinière rentrée régimentaire. Machine à saucisses, formation servitium, me-sures pour le nouveau rucksack, etc. Quoi de plus familier. Par contre, pour trois privilégiés, ce fut l’occasion de participer au traditionnel (parce qu’après 4 ans je pense qu’on peut appeler ça une tradition) triathlon de l’association pulmonaire du Québec. L’équipe du R de Mais était composée du Capitaine Soueid (vétéran de 4 participations), moi-même, Sous-lieutenant Vigneault (semi-vétéran, 1 participation) et de la recrue Capo-ral Paquette. Je rappelle ici que le triathlon, ou plutôt le tiers de triathlon que chacun de nous allait effectuer, est de distance sprint : soit 750m de nage (30 longueurs de piscine), 20km de vélo et 5km de course. Je m’oc-cupais de la nage, le Capitane Soueid du vélo et Caporal a bouclé la course.

Le Capitaine Soueid et moi-même sommes partis de Farnham et nous allions rejoindre le Caporal Paquette au bassin olympique où allait se dérouler la compétition. Pour ma part, j’étais assez calme ayant réalisé un triathlon la semaine précédente. Le Capitaine Soueid, était également calme comme un lac à la brunante. Quant à lui, le Caporal Paquette était plutôt comme le bassin olympique au départ d’un triathlon. Assez agité.

On s’occupe de s’enregistrer : le Capitaine va installer son vélo dans la zone de transition, le Caporal et moi allons récupérer le bracelet de compétition. On s’échauffe tout en regardant le départ de la vague précédant notre départ.

Je fais quelques longueurs dans le bassin afin de me préparer à nager 750m. J’attends le coup de départ avec une quarantaine d’autres personnes, l’eau n’est pas si fraîche, autour de 70F. Au son du klaxon, je saute à l’eau et je nage le plus rapidement possible sur environ 100m afin d’être en meilleure position et de me détacher du peleton pour éviter de recevoir trop de coups de pied et de poing. Nonobstant mes précau-tions, j’en mange pour la peine, mais la stratégie paye et après 150m je me retrouve dans le peleton de tête avec trois autres nageurs. Ils maintiennent un très bon rythme et je m’accroche en «prenant les pieds» de la nageuse me devançant afin de profiter de l’effet d’aspiration.

Les deux premiers nageurs sont tout simplement trop forts et nous distancent à mi-parcours. C’est égale-ment à ce moment où je me rends compte de l’apparition de nouveaux nageurs dans l’eau. Je ne comprends pas vraiment ce qu’ils font là. Sont-ils perdus ? Non, il s’agit des compétiteurs de la vague précédente que nous sommes en train de rattraper! Ainsi commence un ziz-zag exténuant pour les 300 derniers mètres de la nage. Il fallait utiliser de stratégie afin d’éviter de parcourir trop de distance inutilement.

Surtout, je voulais finir minimalement dans le top 3 et maintenant que j’avais perdu de vue la nageuse me devançant je savais que j’allais souffrir. Je me débrouille relativement bien en gardant une ligne à l’intérieur du parcours, tout en sortant ma tête hors de l’eau à chaque trois coups de bras pour éviter de frapper un autre nageur.

À 50m de la fin, j’aperçois la nageuse en question, je donne tout ce que j’ai pour ce dernier sprint et je sors de l’eau 5 mètres devant elle. Je continue de sprinter, mais cette fois-ci, à la course, en sortant de l’eau afin de faire le relais le plus rapidement possible dans la zone de transition. J’arrive dans ladite aire de transition et je ne vois personne. Bon. Je ne vois pas le Capitaine Soueid. Il faut comprendre ici que le triathlon de Montréal attire à peu près 2000 compétiteurs et autant de vélo. C’est relativement ardu de trouver quelqu’un et ce l’est encore plus quand on est à bout de souffle, mouillé et parfaitement désorienté.

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Au loin, j’aperçois quelqu’un en vêtement serré rouge qui saute sur place, et qui m’envoie la main. Je fais confiance à la vie et je me dirige en sa direction. Juste le temps de dire que je pense être en deuxième ou troisième position (au final j’étais le troisième à sortir de l’eau, même si j’ai amélioré mon temps de près de 3 minutes comparativement à l’année passée). Le Capitaine est déjà parti en trombe. Je me change et j’at-tends le retour du Capitaine Soueid avec Caporal Paquette, qui commence à ressembler à un taureau en cage tant il a hâte de partir. Quelque 33 minutes plus tard (son meilleur temps en 4 compétitions), le Capit-aine remet le bracelet au Caporal, qui part en force.

Nous nous rendons à l’arrivée pour attendre le Caporal, qui réalise également un très bon chrono.

Nous finissons à 45 secondes d’une médaille et nous ne sommes pas déçus le moins du monde. Le Maison-neuve sera sur le podium l’année prochaine.

Ce fut encore fois une expérience très agréable, et qui, on ne se le cachera pas, permet de casser la relative monotonie de la journée de lancement. Le seul bémol, c’est que je trouve plutôt dommage qu’il manquait de participants tant au niveau des officiers que des membres du rang, ce qui nous a empêchés d’avoir la rivalité de deux équipes des dernières années. Donc si vous recevez une invitation en ce sens, je vous con-seille vivement d’y participer l’an prochain.

Sous-lieutenant Jean-Gabriel Vigneault

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Une Métropole vivante, dans un quartier qui miroite la nostalgie d’un Vieux-Montréal. Nous sommes à l’Hôtel de Ville, un événement cyclique s’y déroule. Des serveurs dansent au travers des tables, distribuant repas et vin. De longs et courts discours sont projetés vers les convives plus que nombreux. La musique fait jouir une ambiance de fête et les invités en sont envoûtés. Et malgré des longueurs, cette soirée se déroule à une vitesse démesurée. À bout souffle elle se termine aux petites heures du matin, où le soleil tarde à se lever, mais la pluie ne cesse de tomber.

Mais pour arriver à couronner cette soirée de succès, cela demande aux membres du Régiment une gestion de stress hors normes. Être en position de responsabilité mène à vivre plusieurs nuits sans fermer l’œil, particulièrement les trois derniers jours avant l’événement. Pour exprimer cette passion du Maisonneuve à vouloir faire grand, nous devons jongler avec quelques éléments.

LES DÉFIS D’ORGANISER UN DÎNER À LA CHANDELLE

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Le Réserviste est une classe de la société à part dans le monde militaire. Nous pouvons décrire son travail comme une folie planifiée afin que le tout fonctionne comme une petite horloge suisse. Il donne les informations rapidement et par moment, à la dernière minute. Il est pris entre le travail civil, sa famille et son devoir. Donc la gestion de son temps devient sa donnée principale. Ajoutez une dizaine de réservistes à ce nombre et cela vous indique dix manières différentes de devoir faire preuve de souplesse. C’est à ce genre d’équipe que j’ai fait face pour accomplir cet événement.

Les invitées, ceux à qui nous voulons faire plaisir, qui impossible à satisfaire à 100%, car il y aura toujours des mécontents, mais aussi de très joyeux membres qui ont apprécié vivre cette expérience. Placer ces gens a été un jeu de casse-tête national : les dig-nitaires, les membres militaires, les invités principaux et les ami(e)s du Régiment. C’est au seize mai deux mille quatorze que nous avons vécu un « baby-boom » à ce dîner. Nous avons dépassé toute attente en atteignant le chiffre colossal de 227 convives!

Beaucoup de facteurs affectent cet événement, les énumérer serait fastidieux et désagréable. Une seule impression reste, organ-iser ce dîner est un travail qui donne très peu à sa personne et implique différentes irritations. Le stress est très vif à mesure que le compte à rebours diminue. Et ce n’est qu’une fois l’événement débuté que celui-ci tombe. Ce qui reste à la fin, c’est notre fierté d’avoir fait le travail et du devoir accompli. Pour les convives, notre clientèle la plus importante, une excellente soirée de plaisir émerveillé.

Capitaine David Crowley

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Le 22 novembre dernier, le Régiment de Maisonneuve a organisé son traditionnel Executrek. L’idée dernière cette activité est toute simple : permettre aux employeurs civils de nos réservistes de vivre une expérience militaire qui leur donnera la capacité de comprendre les efforts et les sacrifices que les membres du régiment doivent accomplir pour conjuguer leur vie civile est militaire.C’est sous cette optique que nous avons offert la chance de vivre une immersion d’une journée à 16 personnes dont la moitié était des employeurs et l’autre moitié des membres du Cercle des honoraires du Régiment de Maisonneuve.

Malgré un départ jugé très matinal par certains, l’organisation de cette journée a été qualifiée d’un succès sur toute la ligne. Les 16 invités du Régiment ont eu la chance de s’asseoir avec le Lieutenant-colonel Tremblay qui leur a expliqué les qualités inhérentes aux réservistes; qualités difficiles à obtenir chez les autres employés. Pour ne nommer que quelques-unes : leadership, ponctualité, forme physique et intégrité. Une chose est certaine, notre commandant est fier de sa troupe!

Par la suite, les invités ont pu aller en apprendre davantage sur la position d’officier de veille. Ils ont pu y comprendre que malgré l’aide précieuse des nouvelles technologiques de communication, le réserviste va toujours utiliser les méthodes traditionnelles en parallèle pour s’assurer que tout fonctionne rondement dans le cas d’un problème technique.

La prochaine étape a été de visiter le bivouac du Régiment de Maisonneuve et le transport s’est effectué en véhicule blindé léger (VBL). C’est à ce moment que les participantes et participants ont pu goûter aux rations militaires et converser avec des membres du régiment.

Les prochaines activités ont demandé un effort plus important de la part du groupe. Premièrement, ils ont dû affronter la tour de rappel et nous sommes fiers d’annoncer que toutes et tous ont réussi à vaincre leur vertige et descendre de la plus haute tour. Pour terminer cette journée chargée, les participants ont pu se familiariser avec le fusil d’assaut C7 sur le champ de tir.Pour conclure, nous sommes certains que les employeurs qui sont venus participer à cette journée voient désormais la carrière militaire de leurs employés comme un atout et qu’ils seront des alliés pour le Régiment. L’an prochain, n’oubliez pas d’inviter VOTRE employeur pour cette journée!

“Une chose est certaine, notre commandant est fier de sa troupe!

EXECUTREK

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En juillet dernier j’étais en France, pour la commémoration du 70e anniversaire du débarquement de Nor-

mandie; plus spécifiquement dans la région du Calvados à Fleury, Caen, ainsi que d’Orne et Ifs, où j’ai eu le

privilège et l’honneur de représenter le Régiment de Maisonneuve. Ce fut un séjour inoubliable accompag-

né de M. Jean Trempe, du Capitaine Choquette ainsi que de son Père.

Ces courts moments passés avec la commune de Fleury sur Orne et d’Ifs ont été inondés d’accueils et

d’émotions de reconnaissance et surtout d’espoirs.

Partout les petits et grands drapeaux, j’ai pour la première fois senti la libération dans mon cœur et dans les

yeux de nos hôtes, des gens attachants et chaleureux et généreux.

Entre les confidences de Monsieur Trempe et les récits personnels de tout un chacun, j’ai découvert non

seulement un coin de pays magnifique, mais une histoire, la vraie Histoire, une belle histoire, la leur et aussi

la notre. Cette histoire n’est pas terminée. Dans le regard de Monsieur Trempe, j’ai ressenti avec lui en par-

ticulier sur le bord de mer à Juno et au cimetière canadien qu’il retrouvait dans un dernier rendez-vous ses

camarades morts au combat. Pour nous le devoir se poursuit. C’est notre histoire. Peu importe le moyen

de le raconter, de vous souvenir, le plus important de tous les témoignages reçus est celui-ci : faites-le savoir

à d’autres. Il est de notre devoir à tous de leur transmettre notre gratitude et de perpétuer le souvenir de leur

héritage.

70 ans après la libération de la France

Padré Jean Boyer

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Le Padre Boyer lors de son deuxième voyage en Normadie au mois de septembre

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C’est avec tristesse que nous avons reconnu le besoin d’ajouter une section nécrologique à cette édition de l’estafette. Bien malgré nous, ces derniers mois auront été chargés d’au revoir pour nos frères d’armes. Certains ayant vécu des longues et productives vies, d’autres ayant été fauchées avant leur temps lors d’événements tragiques.

Nous souhaitons nos plus sincères condoléances aux familles du Caporal Nathan Cirillo et de l’Ad-judant Patrice Vincent. Ces deux fiers membres des forces armées canadiennes fauchés trop tôt ne méritaient pas de subir un tel sort et nous nous souviendrons de leurs sacrifices.

Adjudant Patrice VincentCaporal Nathan Cirillo

Caporal Nathan Cirillo

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Au mois de juillet, le Régiment de Maisonneuve a perdu un de ses héros : le Sergent Maurice Bossé. Le Sergent, vétéran de la Deuxième Guerre mondiale s’est mérité la Médaille de Conduite distinguée lors de sa participation aux combats en Allemagne. Peu de temps avant sa mort, celui-ci a été interviewé dans le cadre du projet mémoire, un site web qui tente de conserver les témoignages des vétérans canadiens. Nous lui rendons honneur en publiant une partie de cette entrevue où le Sergent raconte ses faits d’armes.

Sergent Maurice BosséCHRONIQUE NÉCROLOGIQUE

Caporal Nathan Cirillo

“Je faisais partie du Régiment de Maisonneuve, c’est un régiment de Montréal. J’ai commencé comme simple soldat et les dernières années, j’étais sergent. Je commandais une section de lance-flammes. [Une section comprenait] trois véhicules avec des lance-flammes dessus. Nous avons débarqué en Normandie. Le premier choc qu’on a eu avec les troupes allemandes ça a été à Saint-André-sur-Orne. On se dirigeait toujours vers Falaise et on a passé par la ville de Caen qui était toute détruite. Des chars d’assaut avec des grosses pelles mécaniques en avant nettoyaient les rues pour qu’on puisse passer avec des véhicules. Quand on est parti de Falaise, la 5e Brigade [d’infanterie canadienne] était en action. Quand j’ai gagné la DCM, Distinguished Conduct Medal [Médaille de Conduite distinguée], en Alle-magne, tu ne gagnes pas ça facilement. En France, les Allemands étaient bien équipés. Il y avait un char d’assaut canadien qui avait été frappé par un obus allemand. Les officiers m’ont demandé d’aller libérer les deux gars pris dans le char d’assaut. J’ai été avec toute la section. Pendant que les autres sections tiraient sur les Allemands, j’ai monté sur le char d’assaut et j’ai ouvert la trappe et on a sorti les deux gars qui étaient dedans. C’est là que j’ai gagné mention dans les dépêches, Mention in Dispatches [citation à l’ordre du jour], c’est la première décora-tion que tu dois gagner avant d’en gagner d’autres [sic].

La citation qui décrit les ciconstances dans lesquelles M. Bossé s’est vu octroyé la Dinstinguished Conduct Medal

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À côté de la ligne Siegfried [en mars 1945], c’est là que le Maisonneuve et la 5e Brigade ont commencé à avoir des problèmes. Le Maisonneuve et les Calgary Highlanders n’étaient plus capables d’avancer. C’est là que j’ai gagné ma [deuxième] décoration. Il y avait beaucoup de bunkers... Les troupes ne pouvaient plus avancer. Il y avait beaucoup de blessés également.

J’ai été tout seul en forêt. C’était la forêt Reichswald. Il y avait des francs-tireurs dans les arbres. Il y avait beaucoup de postes de mitrailleuses. C’était des grosses mitrailleuses. Pour me rapprocher de la forêt, je me suis mis debout dans l’arrière du gun carrier [chenillette]. J’avais un lance-flammes et une mitraillette Browning qui tirait 700 balles par minute. J’avais une [mitrailleuse] Bren aussi. Je tirais partout pour être capable d’approcher la forêt. Je me suis fait tirer dans le bras. J’ai dit au chauffeur, qui était un gars de Rimouski, de continuer. Le sang me coulait le long du bras et ça brûlait. Quand on a été proche du bois, on a mis le feu à la forêt et ensuite on a continué. Il y avait encore des bunkers aux abords de la forêt. On a continué, en contournant les haies. Les troupes s’en venaient derrière nous. La Browning n’avait plus de munitions. Sept cents balles, ça ne prend pas de temps à tirer. J’avais encore la Bren alors j’ai tiré un peu partout, aux abords de la forêt où nous étions. Les troupes ont encerclé la forêt. C’est comme ça que j’ai eu ma décoration.

Le chauffeur m’a emmené au camp du Maisonneuve pour me soigner et ensuite on m’a emmené en Hollande et de la Hollande j’ai été transporté en Angleterre en avion. À Saint James General Hospital en Angleterre, j’ai passé cinq ou six mois là-bas. Pendant mon séjour ils m’ont apporté ma décoration. Le Maisonneuve a continué et le soir ils avaient pris 200 prisonniers. Quand les Allemands voyaient arriver le lance-flammes qui leur tirait dessus à 200-300 verges, ce n’est pas long qu’ils sortaient avec les bras en l’air. C’est dur sur le moral de ces gars-là aussi. J’ai pleuré, qu’est-ce que j’ai pleuré, et en même temps j’étais pas mal fier. Mais il me semblait que je n’en avais pas fait tant que ça.

Ils m’ont annoncé que je m’en revenais au Canada. Ça a été une des plus grandes joies que je n’ai jamais eues dans ma vie. Quand je suis revenu ici, je me suis dit qu’il n’y aurait plus de guerre. Que c’était fini tout ça! Je n’ai jamais été une personne violente et quand j’ai commencé à travailler au bureau de poste je suis vite devenu ami avec tout le monde. J’ai l’impression que ça m’a changé en mieux.

Le peuple allemand… En France, nous avons rencontré des SS [Schutzstaffel]. C’était des troupes élites, les meilleures troupes d’Hitler. Au fur à mesure que nous rentrions plus profondément en Allemagne, on a vu des civils. Les civils allemands n’étaient pas des bandits. Parfois ça me faisait penser au Canada. Il y avait beaucoup de fermes, des travaillants, des agriculteurs. Les troupes élites allemandes que nous avons vues à Falaise étaient des SS. Des enfants élevés par l’état. Hitler pour eux c’était comme le Bon Dieu.

CHRONIQUE NÉCROLOGIQUESUITE

UN PEU D’HISTOIRE

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L’ESTAFETTE 2.0 HIVER 2014-2015 | 43

En 1880, Le Régiment de Maisonneuve connaît ses origines à La Prairie au Québec sous le nom du 85e Bataillon d’infanterie. En 1920, il devient le Régiment de Maisonneuve rappelant ainsi le nom du fondateur de Montréal, Paul Chomedey de Maisonneuve. En 2015, nous célébrerons donc le 135e anniversaire de sa fondation et le 95e sous le nom actuel. Au fil des ans, une relation particulière s’est établie avec la ville de Montréal et le régiment s’est vu décerner, lors d’une cérémonie de droit de cité, le titre officiel de « régiment affilié à la ville de Montréal » Soyez près pour le 375e anniversaire de Montréal en 2017, car nous serons des festivités.

À chacun d’entre vous, nous demandons de porter fièrement la badge, le nom Régiment de Maison-neuve. Connaissez-vous vraiment la signification de votre blason?

En voici le descriptif officiel :

Insigne

De sable à l’écu aux armes de Paul Chomedy de Maisonneuve (d’argent à trois flambeaux allumés de gueules), le tout entouré d’un anneau de gueules inscrit LE RÉGIMENT DE MAISONNEUVE en lettres d’argent et brochant sur une fleur de lis du même sommée de la couronne royale au naturel et ac-costée de deux branches d’érable liées d’or et chargées en pointe d’un listel d’azur inscrit de la devise en lettres d’or.

Symbolisme

Les feuilles d’érable représentent le service au Canada et la couronne, le service au Souverain. La fleur de lis est l’emblème de la province de Québec. Paul Chomedy de Maisonneuve est le fondateur de Montréal. Le fond noir sur lequel repose l’écu représente le boulet d’un canon. « LE RÉGIMENT DE MAI-SONNEUVE » est le nom du régiment et « BON COEUR ET BON BRAS » en est la devise du régiment.Selon les sources, la devise fut suggérée en 1885 par la révérende Mère Marie-Victoire suite à une im-posante cérémonie à laquelle participèrent les troupes à l’entraînement.

Demeurez fier d’être des représentants du Régiment de Maisonneuve. Nos vétérans et anciens com-battants nous regardent et souhaitent simplement que l’unité demeure une unité d’élite et rayonne partout où il va par le professionnalisme de ses membres.

Avez-vous des préoccupations au sujet d’activités illicites en matière de drogues? Veuillez composer le 1-855-504-3784 (ligne info-crime concernant les drogues). Aidez-nous à assurer la sûreté et la sécurité de nos collectivités militaires!

UN PEU D’HISTOIRE

Adjudant-chef Benoit Pruneau

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Joyeuses FêtesLe Régiment vous souhaite de