essentiels maladiesrares

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UN CHAMP DE RECHERCHE HÉTÉROGÈNE (2) Une maladie est dite « rare » quand elle n’atteint pas plus d’une personne sur 2 000. Il existe dans le monde plus de 7 000 pathologies rares, qui affectent entre 6 et 8% de la population au cours de sa vie (3) . Elles concernent plus de 3 millions de Français, soit 1 personne sur 20, et environ 30 millions d’Européens. Dans la majorité des cas, elles débutent dans l’enfance mais certaines apparaissent également à l'âge adulte. Environ 80 % des maladies rares sont d’origine géné- tique et pour la majorité d’entre elles, liées à la mutation d’un seul gène. MALADIES RARES Pourquoi les industriels investissent ce champ de recherche Les maladies rares ont longtemps été négligées par la recherche médicale. La création de l’AFM (1) et du Téléthon, les deux plans maladies rares, ainsi que la mise en place de mesures spécifiques pour favoriser la mise sur le marché de médicaments orphelins ont permis à la France de figurer comme un leader européen en matière de recherche sur les maladies rares. De nombreuses maladies rares sont graves, chroniques, évolutives et peuvent engager le pronostic vital. Elles peuvent empêcher les malades de bouger (myopathie de Duchenne, de Becker, maladie de Charcot, leucodys- trophie...), de voir (rétinite pigmentaire notamment), de comprendre (syndrome de l’X fragile), de respirer (mucoviscidose), de résister aux infections (déficits immunitaires)... La difficulté de procéder à des essais cliniques sur un nombre aussi restreint de malades ainsi qu’un potentiel de développement commercial limité pour les industriels ne favorisent pas un engagement majeur dans le champ des maladies rares. Une réglementation européenne incitative (exclusivité commerciale de 10 ans, possibilité d’aides nationales) édictée en 1999 a permis de multiplier les protocoles de recherche et de développement dans ce domaine et la mise sur le marché européen de 64 (5) médicaments, désignés comme orphelins. UN LABORATOIRE D'INNOVATION POUR LES MALADIES FRÉQUENTES L’intérêt du modèle «maladie rare » réside dans la porte d’entrée qu’il offre sur un dysfonctionnement génétique et sur un mécanisme moléculaire défaillant, causes directes de la maladie. L’identification des gènes impliqués dans les maladies rares permet en effet d’expliquer leur fonctionnement : l’étude d’un cancer rare, le rétinoblastome, a mis en évidence le rôle du gène Rb1, clé dans la division cellu- laire et a donc ouvert la voie à l’étude des mécanismes fondamentaux de la division et de la survie cellulaire. L’étude de la progéria, maladie extrêmement rare touchant 25 personnes en Europe, a permis d’identifier un des processus de vieillissement : la mutation du gène LMNA du chromosome 1. Ce dysfonctionnement génétique # 4 Les Essentiels du médicament Mieux comprendre le médicament et ceux qui le font Maladies et MédicaMents ON DÉNOMBRE EN FRANCE : 3 15 000 malades atteints de drépanocytose ; 3 8 000 malades atteints de sclérose latérale amyotrophique ou Maladie de Charcot ; 3 5 000 à 6 000 malades atteints de mucoviscidose ; 3 400 à 500 malades atteints de leucodystrophie ; 3 3 malades atteints de progéria ou syndrome de Hutchinson-Gilford (vieillissement précoce) (4) .

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Page 1: Essentiels maladiesrares

Les Essentiels du médicamentMieux comprendre le médicament et ceux qui le font

# 3

TITRE 1

Texte blod� Texte

SUR-TITRETitre

Chapeau

La croissance du nombre de personnes atteintes

de démence (en millions). Source : World Alzheimer report

UN CHAMP DE RECHERCHEHÉTÉROGÈNE(2)

Une maladie est dite « rare » quand elle n’atteint pasplus d’une personne sur 2 000. Il existe dans lemonde plus de 7 000 pathologies rares, qui affectententre 6 et 8% de la population au cours de sa vie(3).Elles concernent plus de 3 millions de Français, soit1 personne sur 20, et environ 30 millions d’Européens.Dans la majorité des cas, elles débutent dans l’enfancemais certaines apparaissent également à l'âge adulte.Environ 80 % des maladies rares sont d’origine géné-tique et pour la majorité d’entre elles, liées à la mutationd’un seul gène.

MALADIES RARES Pourquoi les industrielsinvestissent ce champ de recherche

Les maladies rares ont longtemps éténégligées par la recherche médicale. La création de l’AFM(1) et du Téléthon, les deux plans maladies rares, ainsi quela mise en place de mesures spécifiquespour favoriser la mise sur le marchéde médicaments orphelins ont permisà la France de figurer comme un leadereuropéen en matière de recherche surles maladies rares.

De nombreuses maladies rares sont graves, chroniques,évolutives et peuvent engager le pronostic vital. Ellespeuvent empêcher les malades de bouger (myopathiede Duchenne, de Becker, maladie de Charcot, leucodys-trophie...), de voir (rétinite pigmentaire notamment), de comprendre (syndrome de l’X fragile), de respirer(mucoviscidose), de résister aux infections (déficitsimmunitaires)...

La difficulté de procéder à des essais cliniques sur unnombre aussi restreint de malades ainsi qu’un potentielde développement commercial limité pour les industrielsne favorisent pas un engagement majeur dans le champdes maladies rares. Une réglementation européenne incitative (exclusivité commerciale de 10 ans, possibilitéd’aides nationales) édictée en 1999 a permis de multiplierles protocoles de recherche et de développementdans ce domaine et la mise sur le marché européen de64(5) médicaments, désignés comme orphelins.

UN LABORATOIRED'INNOVATION POURLES MALADIES FRÉQUENTES

L’intérêt du modèle « maladie rare » réside dans laporte d’entrée qu’il offre sur un dysfonctionnementgénétique et sur un mécanisme moléculaire défaillant,causes directes de la maladie.

L’identification des gènes impliqués dans les maladiesrares permet en effet d’expliquer leur fonctionnement :l’étude d’un cancer rare, le rétinoblastome, a mis en évidence le rôle du gène Rb1, clé dans la division cellu-laire et a donc ouvert la voie à l’étude des mécanismesfondamentaux de la division et de la survie cellulaire.

L’étude de la progéria, maladie extrêmement rare touchant25 personnes en Europe, a permis d’identifier un desprocessus de vieillissement : la mutation du gène LMNAdu chromosome 1. Ce dysfonctionnement génétique

# 4 Les Essentiels du médicamentMieux comprendre le médicament et ceux qui le font

Maladies et MédicaMents

ON DÉNOMBRE EN FRANCE :315 000 malades atteints de drépanocytose ;38 000malades atteints de sclérose latérale amyotrophiqueou Maladie de Charcot ;

35 000 à 6 000malades atteints de mucoviscidose ;3400 à 500malades atteints de leucodystrophie ;33malades atteints de progéria ou syndrome de Hutchinson-Gilford(vieillissement précoce)(4).

Page 2: Essentiels maladiesrares

TITRE 2

Texte

Exergue

LES ESSENTIELS DU MÉDICAMENT, Mieux comprendre le médicament et ceux qui le fontwww.leem.org

—Direction de la communication du Leem • « Maladie d’Alzheimer : comment les industriels du médicament se mobilisent »

OCTOBRE 2011

1.Répertoire des essais cliniques

TITRE

Texte

Texte bold

Texte orange• texte,• texte, • texte

LES ESSENTIELS DU MÉDICAMENT, Mieux comprendre le médicament et ceux qui le fontwww.leem.org

—Direction de la communication du Leem • « Maladies rares : pourquoi les industriels investissent ce champ de recherche »

SEPTEMBRE 2012

1.AFM : Association française contre les myopathies.2.Selon EUCERD Report : 2012 Report on the State of the Art of Rare Diseases Activities in Europe.3.Chiffres ministère de la Santé, publiés à l’occasion de la mise en place du 2e plan maladies rares. Communiquéet dossier du 28 février 2011, avec des compléments extraits de l’intervention de Serge Braun, Directeurscientifique de l’AFM lors du colloque RARE 2011.

4. Inserm http://www.inserm.fr/thematiques/genetique-genomique-et-bioinformatique/dossiers-d-information/progeria-syndrome-de-hutchinson-gilford

5.Bilan de juillet 2012. Publié dans les cahiers d’Orphanet.6.Chriystel Nourrissier. Eurordis. Intervention au Colloque rare 2011.7.Rachat de Genzyme par Sanofi par exemple.

Mécanismeidentifié

Mécanismeidentifié

Maladiefréquente

3

Cible interne à la cellule

Caractère clinique observable

Mécanisme

Mécanisme

Mécanisme

Mécanisme

Mécanisme

Mécanisme

Mécanisme

Mécanisme

2

Mécanisme

Mécanisme

Mécanisme

Mécanisme

Mécanisme

Mécanisme

Mécanisme

Mécanisme

Maladiegénétique 1

Maladiegénétique 2

Maladiegénétique 3

Maladiegénétique 4

Maladiegénétique 5

Maladiegénétique 6

Maladiegénétique 7

Maladiegénétique 8

Maladiegénétique 1

Maladiegénétique 2

Maladiegénétique 3

Maladiegénétique 4

Maladiegénétique 5

Maladiegénétique 6

Maladiegénétique 7

Maladiegénétique 8

1

NOMBRE DE MÉDICAMENTSEN DÉVELOPPEMENT POUR LUTTERCONTRE LES MALADIES RARESSource : PhRMA. Rapport 2011. Maladies rares.

1989 1991 2007 2011

133 176 303 460

provoque l’accumulation dans les cellules d’une pro-téine tronquée, la progérine, dont la toxicité est due à laprésence d’un acide gras, qui reste fixé à la progérine,alors qu’il est éliminé dans les cellules normales.

L’hétérogénéité même des maladies rares et des mécanismes génétiques mis en cause est une mined’innovations thérapeutiques potentielles, à exploiterpour traiter les maladies fréquentes.Ainsi le saut d’exon,qui permet de « sauter » la partie malade du gène (exon),mis au point pour traiter la myopathie de Duchenne,pourrait être utilisé dans certaines formes de cancer. Onpeut imaginer, à terme, de se servir de la combinaisonde plusieurs mécanismes mis en évidence dans quelquesmaladies rares pour traiter une maladie fréquente. Ainsi,pourrait être expliquée la résistance à l’insuline, quiconduit au diabète de type II, que l’on retrouve commeconséquence de différents mécanismes moléculairesdéfaillants dans plusieurs maladies rares.

COMMENT L’ÉTUDE DES MALADIES RARES AMÉLIORE LA COMPRÉHENSIONDES MALADIES FRÉQUENTES

UN DOMAINE DE RECHERCHE EN PLEIN DÉVELOPPEMENT

Selon le dernier rapport d’Orphanet(5), plus de 70 entreprisesdu médicament sont impliquées dans la mise aupoint de médicaments désignés comme orphelins oude médicaments avec des indications orphelines.Certains anticancéreux, notamment, sont utilisés pourtraiter des maladies rares. Actuellement, on dénombre 64médicaments autorisés sous la désignation orpheline, lesplus anciens ayant obtenu leur autorisation de mise sur le marché (AMM) en 2001, et 75 médicaments ayant uneindication orpheline mais n'ayant pas eu la désignation.Si de nombreuses pathologies sont concernées par cesmédicaments orphelins, ce sont les cancers rares qui disposent du plus grand nombre de médicaments. La recherche reste dynamique : 460 médicaments sont actuellement en développement dans le monde.Dans ce champ des maladies rares, la France faitfigure de leader en Europe : le travail conjoint menépar les ministères de la Recherche, de la Santé et lesquelque 300 associations de malades actives en Francea permis la constitution d’un environnement favorable àla recherche et à la prise en charge des malades atteintsde maladies rares. C’est en France qu’a été initié lepremier plan maladies rares (2005-2008) suivi dudeuxième plan national (2011-2014), un exemplepour les autres pays européens.25 ans après le premier Téléthon (1987), le contexte achangé : les prévisions de développement pour les 10 ansà venir font état de huit à douze nouveaux médicamentsorphelins(6) autorisés chaque année en Europe et de récentes opérations de fusion-acquisition(7) montrentl’intérêt des grands laboratoires pour les laboratoiresspécialisés dans les maladies rares. En aidant à laconstitution de filières par pathologies, le nouveau planmaladies rares devrait encore accélérer le diagnostic, laprise en charge des malades et la recherche thérapeutique.