essai en ligne ! jean-françois maltais sur l'approche masterson en counseling de carrière

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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL L’IMPACT DUNE FORMATION AXÉE SUR LA COMPRÉHENSION DU FONCTIONNEMENT PSYCHOLOGIQUE (APPROCHE MASTERSON) SUR LES PRATIQUES DE CONSEILLÈRES EN DÉVELOPPEMENT DE LEMPLOYABILITÉ AU SEIN DORGANISMES DU MONTRÉAL MÉTROPOLITAIN RAPPORT DACTIVITÉS DIRIGÉES PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN ÉDUCATION PAR JEAN-FRANÇOIS MALTAIS DÉCEMBRE 2011

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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

L’IMPACT D’UNE FORMATION AXÉE SUR LA COMPRÉHENSION DU

FONCTIONNEMENT PSYCHOLOGIQUE (APPROCHE MASTERSON) SUR

LES PRATIQUES DE CONSEILLÈRES

EN DÉVELOPPEMENT DE L’EMPLOYABILITÉ AU SEIN

D’ORGANISMES DU MONTRÉAL MÉTROPOLITAIN

RAPPORT D’ACTIVITÉS

DIRIGÉES PRÉSENTÉ

COMME EXIGENCE PARTIELLE

DE LA MAÎTRISE EN ÉDUCATION

PAR

JEAN-FRANÇOIS MALTAIS

DÉCEMBRE 2011

ii

REMERCIEMENTS

Outre les conseillères ayant participé à cette recherche et sans qui cette

démarche n’aurait pu avoir lieu, je tiens à remercier quelques personnes

m’ayant directement ou indirectement aidé dans la dernière année à passer à

travers, ce qui pour moi, représentait un travail colossal. Tout d’abord, un gros

merci à ma copine Sarah. Dans la vie, il y a des périodes qu’on préfère ne pas

traverser seul et celle-ci en fait partie. Sans ton support, ton ouverture, tes

conseils et surtout ta capacité à me pousser au dépassement, la tâche aurait sans

doute été encore plus difficile à surmonter et j’y serais probablement encore.

Je me dois absolument de remercier une autre personne de mon entourage sans

qui ce travail d’activité dirigée n’aurait pu aboutir, ni même démarrer, ma

collègue et amie Jacinthe Fortier. Tout d’abord, merci Jacinthe d’avoir accepté

de partager ta formation, ton savoir et ton expérience avec moi. Le temps et

l’énergie que tu as mise pour m’aider ne seront jamais oubliés et je peux

t’assurer que ton implication à grandement contribués à la qualité et la justesse

de l’information se retrouvant dans cette recherche.

Un merci tout spécial à mon directeur de recherche Louis Cournoyer. Je dois

dire que ta capacité à analyser et à pousser toujours plus loin les idées m’a

vraiment impressionné. À cet égard, tu demeures pour moi un modèle de

rigueur et de professionnalisme pour ma pratique future. Aussi, j’aimerais

mentionner que tu as contribué, de par tes interventions et tes commentaires, à

développer mes compétences en recherche d’une façon incroyable. De sorte

que sans ton aide, il m’aurait été très difficile d’accomplir un travail duquel je

sois aussi fier. Finalement, un gros merci pour ta disponibilité au travers de la

dernière année.

iii

Je souhaite terminer en remerciant mes parents Yvon et Hélène pour tout ce

qu’ils ont fait pour moi et pour les valeurs qu’ils m’ont transmises.

iv

TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS ........................................................................................... ii

LISTE DES TABLEAUX .................................................................................. vi

LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES ......................... vii

RÉSUMÉ ......................................................................................................... viii

1. INTRODUCTION ....................................................................................... 1

1. PROBLÉMATIQUE ........................................................................................ 3

1.1 Problématiques émergentes en développement de l’employabilité ........... 3

1.2 Rôle et tâches de conseillères et de conseillers en emploi ....................... 11

1.3 Spécificité montréalaise en développement de l’employabilité ............... 13

1.4. Portée des interventions des conseillères et des conseillers en emploi ... 14

2. CADRE THÉORIQUE .................................................................................. 20

2.1. Différentes conceptions du counseling de carrière ................................. 20

2.1.1. Approches humanistes ...................................................................... 20

2.1.2. Approches systémiques .................................................................... 21

2.1.3. Approches cognitives comportementales ......................................... 22

2.1.4. Approches psychodynamiques ......................................................... 22

2.2. L’Approche Masterson (AM) .................................................................. 23

2.2.1. Origine et développement ............................................................... 24

2.2.2. Influences théoriques et articulation conceptuelle de l’AM ........... 25

2.2.3. Enjeux et concepts clés de l’AM ...................................................... 28

2.2.4. Notion de trouble de personnalité, au cœur de l’AM ....................... 34

2.2.4. Structures de personnalité selon l’AM ............................................. 35

2.2.5. Recension des écrits sur l’AM ......................................................... 39

2.2.6. Interventions de l’AM adaptées pour chacun des types de

personnalité ................................................................................................ 42

2.2.7. Intégration possible de l’AM en développement de carrière ........... 45

3. OBJECTIF DE RECHERCHE ...................................................................... 49

4. MÉTHODOLOGIE ........................................................................................ 50

4.1. Échantillonnage ....................................................................................... 50

v

4.2. Les instruments développés et utilisés .................................................... 52

4.2.1. Questionnaire sociodémographique ................................................. 52

4.2.2. Questionnaires pré et post formation ............................................... 52

4.3. Méthode de collecte des données ............................................................ 53

4.4. Analyse des données ............................................................................... 54

4.4.1. L’analyse qualitative des données .................................................... 54

4.4.2. L’analyse quantitative des données .................................................. 57

4.5. Considérations éthiques ......................................................................... 57

5. PRÉSENTATION ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS .................... 59

5.1 Compétences perçues par les conseillères : avant et après la formation .. 59

5.1.1 Auto-évaluation des conseillères et des conseillers avant la formation

.................................................................................................................... 60

5.1.2 Auto-évaluation des conseillères et des conseillers après la formation

.................................................................................................................... 75

5.2 Différences perçues dans le discours des conseillères quant à leurs

perceptions de compétences professionnelles suite à la formation sur

l’Approche Masterson .................................................................................... 91

6. DISCUSSION ................................................................................................ 98

LIMITES DE LA RECHERCHE ..................................................................... 106

CONCLUSION ................................................................................................ 107

Appendice A - Rôle des conseillers en emploi et de leur clientèle .................. 110

Appendice B - Programmes de formations permettant d’accéder au métier de

conseiller en emploi ......................................................................................... 116

Appendice C - Programmes de formation donnant accès au métier de conseiller

d’orientation ..................................................................................................... 122

Appendice D - Questionnaire sociodémographique Approche Masterson ...... 128

Appendice E - Questionnaire pré-formation .................................................... 130

Appendice F - Questionnaire Post formation ................................................... 135

Appendice G - Formulaire d’information et de consentement ........................ 140

RÉFÉRENCES ................................................................................................. 145

vi

LISTE DES TABLEAUX

Tableau Page

1.1 Tâches relatives au travail de conseillères et de

conseillers en emploi ………………………………………….. 12

1.2 Scolarité des conseillères et des conseillers en emploi

au Québec ……………………………………………………... 16

2.1 Influences théoriques du Québec ……………………………… 25

2.2 Articulation conceptuelle de l’AM ……………………………. 29

2.3 Interventions adaptées à chacun des types de personnalité …… 42

4.1 Répartition du niveau de scolarité des conseillères

interrogées …………………………………………………….. 51

4.2 Étapes de réalisation d’une analyse thématique en

continu ………………………………………………………… 55

5.1 Résultats quantitatif pré formation ……………………………. 61

5.2 Résultats quantitatif post formation …………………………… 75

5.3 Moyennes comparées …………………………………………. 91

5.4 Écarts-types comparés ………………………………………… 92

vii

LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES

AM Approche Masterson

CLE Centre local d’emploi

CNP Classification nationale des professions

DSM Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders

FECQ Fédération étudiante collégiale du Québec

INRS Institut national de recherche scientifique

MESS Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale

OCCOQ Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec

OCDE Organisation de coopération et de développement économique

OMS Organisation mondiale de la santé

RHDCC Ressources humaines et développement des compétences du Canada

viii

RÉSUMÉ

Depuis plusieurs années, le Québec vit, comme plusieurs autres sociétés

occidentales, des changements importants au niveau social, économique,

politique et technologique. Ces transformations semblent avoir des

répercussions sur les types de clientèles demandant de l’aide dans les services

d’aide en développement de carrière, mais plus encore, sur la complexité des

problématiques de ces clientèles. Entre autres, le nombre croissant de personnes

se présentant avec des problèmes de santé mentale, la clientèle immigrante ou

la clientèle judiciarisée. Au même moment, des transformations majeures se

dessinent au Québec avec l’adoption du projet de loi 21, prévoyant des

modifications au Code des professions dans le domaine de la santé mentale et

des relations humaines. Ce rapport d’activité dirigée vise à décrire les impacts

d’un atelier de formation continue misant sur le fonctionnement psychologique

des individus, en contexte de développement de l’employabilité. Il présente une

méthodologie mixte simultanée imbriquée, portant sur un corpus de données

issu de questions à court développement et traitant de difficultés d’adaptation

particulières chez les clients. Les propos de conseillères avant (N=22) une

formation sur l’Approche Masterson en contexte de counseling d’emploi et

après (N=17) cette même formation y sont analysés à partir d’une procédure de

thématisation en continu du matériel. L’analyse des résultats a pour objectifs de

décrire les différences perçues par les conseillères et les conseillers en emploi

quant à leur perception de compétence à intervenir sur des modalités du

fonctionnement psychologique chez leurs clients à la suite d’une formation

centrée sur l’Approche Masterson en counseling d’emploi.

Les résultats suggèrent une augmentation de la perception de compétence des

conseillères à pouvoir intervenir sur les cinq difficultés d’adaptation évaluées.

Ils semblent aussi laisser croire à une augmentation des capacités des

conseillères quant à leur auto-analyse, leur capacité à analyser leurs clients,

ainsi que de leur capacité à analyser les différentes dynamiques à l’intérieur de

la relation client/conseiller. Finalement, les résultats semblent indiquer une plus

grande facilité chez les conseillères à exprimer leurs besoins, en lien avec

l’intervention.

1

1. INTRODUCTION

Les pratiques d’aide en développement de l’employabilité sont marquées depuis

quelques années par une complexification importante des problématiques

touchant les bénéficiaires de services (Emploi Québec, 2009). Le

développement de l’employabilité consiste ici à évaluer la situation de la

personne selon différentes dimensions, dont ses ressources et ses lacunes, à

mobiliser son potentiel humain, ainsi qu’à intervenir sur certaines

caractéristiques du fonctionnement personnel et social. Les conseillères et les

conseillers en emploi œuvrant dans ce domaine possèdent généralement une

formation de 1er cycle universitaire en développement de carrière ou dans une

discipline connexe. Leur formation initiale leur permet d’acquérir des

compétences théoriques et pratiques au plan du counseling de carrière, de la

psychométrie, du traitement de l’information et en psychologie de la

personnalité. Néanmoins, leurs compétences demeurent lacunaires au plan de

l’intervention clinique auprès de personnes présentant des troubles de santé

mentale et d’adaptation psychosociale. De plus, ils exercent dans les mêmes

milieux et s’adressent aux mêmes clientèles que leurs consœurs et confrères

œuvrant en orientation professionnelle, qui eux possède une formation de

niveau maîtrise. Cela emmène à se questionner sur la façon dont les conseillères

et les conseillers en emploi pourraient accroître leurs compétences au niveau de

l’intervention avec des clientèles de plus en plus complexes, entre autres dans la

compréhension de la dimension du fonctionnement psychologique des

individus.

Ce rapport d’activités comporte six chapitres qui s’articulent comme suit.

Le premier chapitre présente d’abord la problématique. Celle-ci sert à

documenter la situation dans le domaine de l’employabilité au Québec quant

aux problématiques qu’on y retrouve, les acteurs qui y œuvrent, le milieu dans

2

lequel ils évoluent et la portée de leurs actions professionnelles. Le deuxième

chapitre concerne la cadre conceptuelle. Celui-ci traite des différentes

approches utilisées dans le domaine du développement de l’employabilité et en

intervention dans les relations humaines en général. Ce chapitre sert aussi à

expliquer et décortiquer l’Approche Masterson, utilisée comme intervention au

sein du protocole de recherche. Le troisième chapitre expose l’objectif de

recherche principal et ses deux sous-objectifs.

Le quatrième objectif aborde quant à lui la méthodologie utilisée pour la

cueillette et l’analyse des données. Le cinquième et avant-dernier objectif

concerne la présentation et l’interprétation des résultats. Les résultats avant et

après formation seront tout d’abord présentés. Ceux-ci seront ensuite interprétés

afin de faire ressortir les différences perçues dans les propos des conseillères

avant et après la formation. Le sixième et dernier objectif porte sur une

discussion des résultats analysés. Les résultats sont mis en relation avec les

divers aspects de la problématique, le cadre conceptuel et la question de

recherche.

3

1. PROBLÉMATIQUE

Au Québec, la majorité des services d’aide en développement de

l’employabilité offerts à la population sont rendus par des professionnelles et

professionnels formés au premier cycle universitaire en développement de

carrière ou dans un domaine connexe lié aux sciences sociales, sciences

humaines et sciences de l’éducation. Au gré des transformations sociales,

économiques, politiques, technologiques et autres ayant marqués les sociétés

occidentales au cours des dernières décennies, les types de clientèles sollicitant,

à un moment ou l’autre de leur vie, des services d’aide en développement de

carrière ont non seulement augmenté, mais se sont aussi diversifié

(Organisation de coopération et de développement économiques, 2004). Ainsi,

les conseillers œuvrant en développement de carrière aujourd’hui au Québec

doivent mener des interventions tenant compte aussi bien des enjeux

psychosociaux, culturels et économiques de populations immigrantes, d’ex-

contrevenants, de femmes monoparentales, de personnes sans emploi et

bénéficiant de la sécurité du revenu de l’État, de personnes présentant un

handicap sur le plan physique ou psychologique, que de travailleurs aux prises

avec des pressions et des tensions liées à leur environnement de travail.

1.1 Problématiques émergentes en développement de

l’employabilité

La section qui suit, présente, à travers différentes clientèles, les problématiques

en émergences avec lesquels les intervenants travaillant dans les services d’aide

au développement de l’employabilité du Québec doivent composer.

La population des personnes immigrantes est l’une de ces clientèles émergentes

depuis quelques années. Ces personnes nées à l’extérieur du Canada, mais

également celles de citoyens associés à un statut de minorités visibles,

présentent de plus faibles revenus, un taux de chômage plus élevé, malgré une

4

scolarité souvent supérieure à la moyenne de la population québécoise

(Emploi-Québec, 2007). Les enjeux de surqualification, d’absence de

scolarisation québécoise, d’adaptation sociale, sans compter celles plus

particulièrement liées aux craintes de préjugés et de stigmatisation ne sont que

quelques-uns des enjeux qui pèsent sur l’expérience d’insertion

socioprofessionnelle des immigrants (Bégin, 2009).

Un autre type de clientèle en émergence est celle des personnes ayant un

dossier criminel. Celle-ci rencontre autant des difficultés d’insertion que de

réinsertion sociale et professionnelle. Elle représente actuellement près de 10%

de la population québécoise et ce chiffre ne cesse d’augmenter depuis 1996

(Bernheim, 2010). Cette personnes, comme plusieurs autres, voient leur

situation s’accompagner d’enjeux psychosociaux importants dont une faible

estime de soi, un manque de motivation, des difficultés liées à la consommation

de drogues, d’alcool et de médicaments, des difficultés financières, ainsi que

des problèmes de santé physique et mentale. Tous ces enjeux, concomitants les

uns avec les autres, ne sont pas sans avoir d’incidences négatives sur le

développement et le maintien de leur employabilité.

De leur côté, les femmes monoparentales représentent elles aussi un type de

bénéficiaire présentant des problématiques complexes. Celles-ci font entre

autres face à des contraintes d’organisation du temps en raison de leurs

responsabilités familiales, elles se retrouvent souvent dans des emplois

atypiques, caractérisés par la précarité, le travail moins bien rémunéré et sans

sécurité d’emploi (Cournoyer, 2009). Une recension de recherches menées par

Bujold et Gingras (2000) sur le développement de carrière des femmes

démontre la panoplie d’enjeux auxquelles les femmes de manière générale,

ainsi que les femmes en situation de monoparentalité en particulier, doivent

faire face : développement d’une identité personnelle, sociale, professionnelle

et maternelle en simultanée ; gestion de carrière et des barrières à l’emploi ;

choix de vie et conciliation travail-famille, etc.

5

Les clientèles mentionnées jusqu’à présent, ainsi que plusieurs autres

s’entremêlent également au sein de celles des prestataires de l’aide sociale. Pour

les conseillers en emploi qui accompagnent ces personnes en vue d’un

développement de leur employabilité, celle-ci représente un défi passablement

important. Ainsi, malgré que la clientèle adulte sans contrainte d’emploi, selon

les normes du Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS), ait

diminué de 44,2 % entre 1998 et 2008, les dernières années ont vu apparaître

une modification du profil de cette clientèle. En fait, le nombre d’adultes sans

contrainte d’emploi faisant toujours appel au service d’aide sociale et

bénéficiant de ce service depuis plus de 120 mois semblent avoir augmenté

(Emploi-Québec, 2008). De sorte que cette clientèle apparaît désormais comme

étant de plus en plus éloignées du marché du travail. Les prestataires d’aide

sociale présentent entre autres des problématiques de faible niveau de scolarité,

des difficultés à intégrer un emploi stable et à s’y maintenir, ainsi que des

difficultés comportementales et relationnelles lorsqu’en emploi (Cournoyer,

2009).

Pour les personnes en marge du marché du travail, tout comme pour celles qui

sont intégrées depuis plusieurs années, certains phénomènes prennent de plus

en plus d’ampleur. C’est le cas du phénomène de vieillissement de la

population. Au cours des dernières années, il est possible d’en voir les

premières répercussions sociales, dont sur le plan de problématiques avec

lesquelles les conseillers en développement de l’employabilité doivent, et

devront de plus en plus, composer. Bussière et coll. (2009) mentionnent, dans

une étude de l’Institut national de recherche scientifique (INRS) —

Urbanisation, Culture et Société, qu’à moins de changements démographiques

majeurs, le Québec sera l’une des sociétés les plus vieilles en occident d’ici

2041. Face à cette problématique du vieillissement de la population, une étude

de Ressources humaines et développement des compétences du Canada

(RHDCC, 2008), mentionne les obstacles à l’emploi auxquels cette clientèle en

émergence au Québec et au Canada doit faire face. Ils mentionnent entre autres

que certains employeurs risquent de nourrir des stéréotypes négatifs au sujet des

6

travailleurs âgés et de s’accrocher aux mythes au sujet de leur capacité ou de

leur rendement. D’autres risquent de sous-évaluer la productivité des

travailleurs âgés, d’appliquer des pratiques surannées en matière de ressources

humaines ou simplement de ne pas être conscients des compétences, des

capacités et de la valeur que les travailleurs âgés apportent à leur organisation.

Il est aussi question d’un manque de connaissance en matière de stratégies de

recherche d’emploi, d’aspirations salariales élevées, de préjugés de la part des

employeurs, d’une scolarité insuffisante, de compétences en micro-

informatiques insuffisantes et d’une faible mobilité de la main-d’œuvre.

Les personnes présentant un handicap figurent aussi parmi les clientèles à la

fois plus nombreuses et plus à risque sur le plan de la précarité de l’emploi. Les

difficultés d’intégration au travail des personnes handicapées vont bien au-delà

de leur qualification, car ces personnes font face à des limitations aussi bien

intellectuelles, psychiques, que physiques (Emploi-Québec, 2009). Les défis

d’intégration à l’emploi de ces personnes toucheraient par exemple, des

problématiques telles que le manque de confiance en soi, le manque d’estime de

soi, l’isolement, des difficultés à s’adapter aux changements ou des attentes

irréalistes face au marché du travail (Emploi-Québec, 2004). Ce qui engendre

des difficultés supplémentaires à prendre en compte dans le développement de

l’employabilité de ces clientèles.

Au fur et à mesure que se confrontent les lourdeurs des problématiques propres

à chacune des clientèles mentionnées ci-dessus à un environnement de travail

de plus en plus exigeant, où la sécurité d’emploi est moindre, la qualité des

conditions d’accès et de développement au travail réservé à une élite, la

marginalisation, la mise à l’écart du besoin fondamental de travailler ou de

produire quelque chose de sa vie peut entraîner des conséquences importantes

sur la santé psychologique. Cournoyer (2010) indique que la clientèle

présentant des troubles de santé mentale est en augmentation dans les

organismes en employabilité. Il mentionne par exemple des problématiques de

dépression, de troubles bipolaires et de troubles de personnalité limite, comme

7

faisant partie des problématiques auxquelles les spécialistes du domaine de

l’employabilité doivent de plus en plus faire face. Il peut être ajouté à cela, des

problèmes de consommation de drogue, de lourde médication ou de la

dépendance au jeu. Norcross et coll. (2002), mentionnaient déjà il y près de dix

ans les grands besoins en soins pour la santé mentale et l'augmentation de la

mise à contribution des professionnels en counseling de niveau maîtrise dans le

traitement de ces problèmes. Toujours il y a dix ans, l'Organisation mondiale de

la santé (OMS, 2001) mentionnait que les besoins pour des soins de santé en

lien avec la santé mentale étaient en augmentation et représentait 12% de toutes

les maladies répertoriées. Il est à noter qu’au Québec, 59 % des diagnostics

médicaux des prestataires du programme de solidarité sociale répertoriés en

2008 touchent la santé mentale, ainsi que les difficultés intellectuelles et

d’apprentissage (Emploi Québec, 2009). Plus récemment, une recherche menée

par la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ, 2011), mentionne la

fulgurante augmentation des cas de troubles d'apprentissage, de déficits de

l'attention ou de problèmes de santé mentale et mentionne que ces

problématiques ont bondi de 1150 % de 2005 à 2009.

Au niveau de la prévalence des troubles de la personnalité dans la population

générale, peu de données canadiennes semblent disponibles. Toutefois,

plusieurs études américaines récentes démontrent qu’environ 10 % de la

population générale souffrirait d’un trouble de la personnalité (Torgersen, 2001;

Reich, Yates et Nduaguba, 2005; Lenzenweger, 2009). Une étude de Landry et

coll. (1996) mentionne aussi une prévalence élevée de troubles de la

personnalité chez les personnes aux prises avec un problème de toxicomanie.

Les troubles de la personnalité seraient même une des plus importantes causes

d’inadaptation psychosociale des individus à long terme (Bessette, 2010). En se

basant sur ces statistiques, on peut facilement croire que parmi les individus se

présentant dans les services d’aide à l’emploi du Québec, un certain

pourcentage d’entre eux a un trouble de la personnalité ou de santé mentale

autre.

8

Parallèlement, des études récentes rapportent l’impact de la dégradation des

conditions de travail, de la qualité de vie et de la santé mentale chez les

travailleurs et les personnes sans emploi. Tel que le souligne Soarès (2002), la

prévalence élevée de la détresse psychologique, de symptômes dépressifs et de

troubles de stress post-traumatique est plus élevée chez de nombreuses

personnes en emploi ou qui perdent leur emploi. Une étude moins récente

menée par Karasek, Gardell et Lindell (1987) mentionnait déjà dans les années

80 des liens entre la surcharge de travail et la détresse psychologique des

travailleurs. L’association internationale de la sécurité sociale (2010),

mentionne dans une étude concernant l’impact des crises économiques sur la

santé mentale des travailleurs que dans l’optique où les difficultés existant sur

le marché de l’emploi et le niveau élevé du chômage se prolongent, l’on peut

s’attendre à ce que l’anxiété générée par la précarité des revenus et des emplois

persiste. L’étude souligne entre autres que les problèmes de santé mentale

risquent par conséquent de devenir de plus en plus préoccupants pour les

gouvernements et les travailleurs et que la dernière crise économique a

probablement eu des répercussions sur la santé mentale des travailleurs dans

tous les pays. De plus, on y mentionne que les bénéficiaires d’indemnités en

lien avec des limitations dû à la santé mentale sont les personnes qui

rencontrent le plus de difficultés à retrouver un emploi à plein temps. Bemak et

Hanna (1998), dans un article paru dans l’International Journal for the

Advancement of Counselling, mentionne que le 21e siècle amènera de nouveaux

problèmes de société qui auront un impact majeur sur la santé mentale des

populations. Les auteurs disent entre autres que les conseillers en relation

d’aide prendront de plus en plus de place dans toutes les sphères la société

quant à la prévention et l’intervention sur les problématiques de santé mentale.

Ils suggèrent donc que les formations des conseillers prennent en compte ces

faits et ajustent leurs formations afin de répondre plus efficacement à cette

réalité. Au sujet de la place occupée par les conseillères et les conseillers en

emploi sur le marché du travail, Services Canada (2010) mentionne que vu les

besoins grandissants des adultes en chômage ou en processus de réorientation

en matière de counseling d'emploi et d'orientation professionnelle, le nombre de

9

conseillers en emploi devrait augmenter de façon notable au cours des

prochaines années.

Partout au Canada les associations professionnelles de conseillers en relations

humaines se regroupent pour développer un cadre plus rigoureux au plan de la

déontologie et des normes de pratique (Association canadienne de counseling et

de psychothérapie, 2009). Tel qu’on le mentionne dans le comité responsable

des travaux menés dans le cadre du mandat de modernisation de la pratique

professionnelle en santé mentale et en relations humaines (Comité d’experts,

2005):

Jamais sans doute n’aura-t-on accordé, autant qu’à notre

époque, une telle attention à la santé, que ce soit sous l’angle

de la santé des individus, des politiques de santé publique, des

services à la population, du financement qui s’y rattache, des

avancées technologiques et scientifiques, des perspectives

d’avenir… Derrière cela, se profilent très nettement

l’évolution des sociétés, le vieillissement des populations, de

nouvelles conceptions au plan des droits, l’essor des

découvertes, la mondialisation, et bien d’autres phénomènes,

tant en contexte québécois, que canadien ou étranger. (p.3)

Cet état des faits sur la complexification du marché du travail et des types de

problématiques vécu par les clientèles, combinées à un intérêt de plus en plus

évident à travers le Canada pour développer un cadre plus rigoureux au plan de

la déontologie et des normes de pratique, envoie un message clair sur

l’importance de la compréhension du fonctionnement psychologique des

individus par les conseillères et conseillers en relation d’aide, et ce, peu importe

leur secteur d’activité. De tels constats peuvent soulever des questionnements

au niveau de l’employabilité quant à la compétence des conseillères et des

conseillers en emploi à intervenir avec des clientèles de plus en plus complexes

et par le fait même, sur leur compétence à intervenir sur les multiples

10

dimensions qui composent les individus. Entre autres, les ressources

personnelles (connaissance de soi, aptitudes, capacités, acquis formels et

informels, sexe, âge, etc.), les conditions du milieu (famille, groupe de pairs,

contexte socioculturel, conditions économiques, etc.) et sur la dimension du

fonctionnement psychologique (intérêts, valeurs, croyances, personnalité,

stratégies d’adaptation, motivation, lieu de contrôle, affirmation de soi,

autonomie, etc.) (Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec

(OCCOQ), 2010). Rivière (2008) a abordé la question du sentiment de

compétence des intervenants en décrivant le sentiment d’impuissance qui peut

être ressentie en relation d’aide. L’auteur mentionne que les clients, par leurs

attentes irréalistes quant aux résultats de la thérapie, par leurs demandes

contradictoires, par leurs comportements mésadaptés face au cadre et aux règles

du processus, fait en sorte que les intervenants en arrivent à ressentir un

sentiment d’impuissance dans leur capacité à aider leurs clients. Cela vient en

quelque sorte renforcer l’idée pour les conseillers et conseillères en emploi

d’avoir des compétences au niveau de la compréhension des dimensions

composants les individus, dont celle du fonctionnement psychologique.

Bien qu'il soit difficile de convenir d'une définition générale du fonctionnement

psychologique sans faire référence à une théorie, une approche ou un modèle

conceptuel spécifique, l'OCCOQ (2010) dans son guide d'évaluation en

orientation donne la définition suivante :

En référence au champ d'exercices, le fonctionnement

psychologique implique la prise en compte des

caractéristiques de la personne (ex. : intérêts, valeurs,

aptitudes, traits de personnalité), de l'organisation dynamique

de son expérience (ex. : croyances, pensées, émotions,

comportements), ainsi que de leurs effets sur sa vie

quotidienne (ex. : modalités d'autorégulation et

d'autoprotection, qualité de l'estime et de la confiance en soi,

stratégies adaptatives). Le fonctionnement psychologique est

11

influencé par des facteurs d'ordre biologique, psychologique

et social. L'évaluation du fonctionnement psychologique

implique également de prendre en compte la présence de

troubles mentaux ou neuropsychologiques, d'un retard mental,

de situation de handicap, de difficultés d'adaptation en

contexte scolaire ou professionnel, ou d'autres troubles

décelés par des référentiels reconnus en santé mentale.1(p.6-7)

Il y a alors lieu de se demander si les conseillères et conseillers en emploi sont

suffisamment formés pour intervenir efficacement à l’intérieur de cette

dimension de l’individu qu’est le fonctionnement psychologique. C’est ce que

nous tenterons de répondre un peu plus loin.

1.2 Rôle et tâches de conseillères et de conseillers en emploi

Dans le domaine de l’employabilité au Québec, ce sont les conseillères et les

conseillers en emploi qui principalement s’occupent du développement de

l’employabilité. Le Ministère des Ressources Humaines et Développement des

Compétences du Canada (RHDCC) via le site Internet2 de la classification

nationale des professions (CNP, 2010), définit le métier de conseiller en emploi

de la façon suivante :

Les conseillers en emploi prodiguent des conseils et du

counseling, et donnent des renseignements aux clients qui

travaillent sur tous les aspects de la recherche d'emploi et du

choix de carrière. Ils conseillent également les employeurs sur

1 Dans le cadre de cette recherche, lorsqu’il sera question du fonctionnement psychologique,

c’est à cette définition que le lecteur est invité à se référer.

2 http://www5.rhdcc.gc.ca/CNP/Francais/CNP/2006/Bienvenue.aspx

12

les problèmes liés aux ressources humaines et à l'emploi. Les

conseillers en emploi travaillent principalement pour les

gouvernements fédéraux et provinciaux, mais travaillent

également dans de grands établissements et des services de

placement privés. Les superviseurs des conseillers en emploi

sont compris dans ce groupe de base.

Pour ce qui est des tâches des conseillères et conseillers en emploi, ceux-ci font

principalement les tâches suivantes :

Tableau 1.1

Tâches relatives au travail de conseillères et de conseillers en emploi

faire une entrevue d’accueil et rencontrer les clients pour obtenir des

renseignements sur leurs antécédents professionnels et scolaires, ainsi

que leurs objectifs professionnels, en utilisant le counseling individuel.

identifier les obstacles à l'emploi et aider les clients dans des domaines

comme les aptitudes à l'emploi, les stratégies de recherche d'emploi, la

rédaction du curriculum vitae et la préparation avant une entrevue;

conception, planification et animation d'ateliers de groupe ayant pour

but la recherche d'emploi (bilan de carrière, méthodes et techniques de

recherche d'emploi: curriculum vitae, lettre de présentation, entrevue

d'emploi, contacts téléphoniques, etc.).

élaborer des plans d'action, faire l’encadrement et le suivi des

participants lors des stages d'exploration au marché du travail

donner des conseils aux employeurs sur les ressources humaines et

autres sujets liés à l'emploi;

administrer et interpréter des tests afin de cerner les intérêts, les

aptitudes et les habiletés d'un client;

déterminer les besoins tels que la réadaptation, l'aide financière ou la

formation professionnelle complémentaire et diriger les clients vers les

services appropriés;

fournir aux travailleurs en emploi de l'information sur le maintien en

13

emploi ou les mutations au sein d'un organisme, la façon de faire face à

l'insatisfaction professionnelle ou les changements d'orientation en

cours de carrière;

recueillir des renseignements sur le marché du travail et informer le

client des possibilités d'emploi, des conditions d'accès à la profession,

des compétences requises et autres renseignements sur les professions;

fournir des services de consultation aux groupes et organismes

communautaires, aux entreprises et à l'industrie ainsi qu'à d'autres

organisations qui s'occupent de fournir des ressources dans la

collectivité au niveau de la planification de carrières.

Possibilité de travailler auprès d'une clientèle présentant divers

handicaps physiques ou intellectuels

Référer vers diverses ressources selon les besoins.

Sources : Site internet de la CNP (2006) ; Relance des diplômées et des diplômées de l’université de

Sherbrooke (2010)

Le développement de l’employabilité consiste à évaluer la situation de la

personne selon différentes dimensions, dont les ressources et les lacunes, à

mobiliser son potentiel humain, ainsi qu’à intervenir sur certaines

caractéristiques du fonctionnement personnel et social. Si la répartition

géographique des problématiques sociales, psychologiques, culturelles,

économiques et autres propres aux clientèles de conseillers en développement

de carrière s’étend sans aucun doute à l’ensemble des régions du Québec, force

est de constater que c’est dans la région de Montréal qu’il est possible d’y

retrouver la plus forte concentration et le plus grand nombre de personnes aux

prises avec une ou plusieurs de celles-ci.

1.3 Spécificité montréalaise en développement de l’employabilité

Dans la région de Montréal, la population présente certaines particularités

faisant en sorte que cette région du Québec présente des défis pour les

14

intervenants en employabilité qui sont différents du reste de la province. Tout

d’abord, la part des personnes titulaires d’un diplôme universitaire (certificat,

baccalauréat et diplômes d’études supérieures) correspond à près du tiers

(31,8 %) de la population montréalaise, ce qui est bien au-dessus de la moyenne

québécoise (21,4 %) (Emploi-Québec, 2010). Il apparaît toutefois que ce

pourcentage de personnes possédant un diplôme universitaire sur l’île de

Montréal varie beaucoup d’un secteur à l’autre de l’île. En effet, ce pourcentage

passe de 14 % pour le territoire du centre local d’emploi (CLE) de Pointe-aux-

Trembles, à 48,3 % pour le territoire du Plateau-Mont-Royal. Aussi, près du

tiers des personnes de 15 ans et plus ne possèderaient aucun diplôme dans les

secteurs de Montréal-Nord et de Saint-Michel (Emploi-Québec, 2009). Des

disparités apparaissent donc avec le reste du Québec, mais aussi à travers les

différents secteurs de l’île de Montréal. Selon cette même étude, la présence des

personnes nées hors Canada et des personnes issues des minorités visibles serait

très marquée sur l’île de Montréal puisque ces deux groupes rassemblent

respectivement 602 060 et 455 700 des personnes de l’île. À l’échelle du

Québec, 66,1 % des personnes nées hors Canada et 69,7 % des personnes issues

des minorités visibles résideraient sur le territoire de l’île de Montréal. Aussi,

en comparaison avec le reste de la province de Québec, l’île de Montréal

comporterait une plus grande part de jeunes adultes de 20 à 39 ans, tant chez les

hommes que les femmes. Sur l’aspect salarial, les personnes vivant sur l’île de

Montréal auraient un salaire annuel inférieur au reste du Québec. Pour la

population des 25 à 44 ans cela représenterait un salaire d’environ 12 % de

moins. La situation serait davantage préoccupante pour les personnes nées à

l’extérieur du Canada et vivant sur l’île de Montréal, puisque leur revenu

médian serait inférieur à ceux des personnes nées au Québec et vivant eux aussi

sur l’île de Montréal (respectivement 18 183 $ et 25 561 $).

1.4. Portée des interventions des conseillères et des conseillers en

emploi

Le répertoire en ligne « Itinéraire pour l’emploi » fournit une liste de sites

15

Internet d’organismes du grand Montréal offrant des services en développement

de l’employabilité. L’analyse exhaustive des informations contenues sur les

sites Internet d’une quarantaine de ces organismes indique une prépondérance

de services offerts plus particulièrement aux jeunes adultes et aux adultes visant

à insérer ou réinsérer, à s’adapter, sinon à se maintenir sur le marché du travail.

L’analyse a également permis de mettre en lumière la variété des

problématiques – parfois imbriquées les unes aux autres - qui accompagnent ces

services, que ce soit les enjeux d’immigration, de toxicomanie, de

judiciarisation, de santé mentale et d’adaptation psychosociale (Appendice A).

Les conseillères et les conseillers en emploi possèdent généralement une

formation de 1er cycle universitaire en développement de carrière ou dans une

discipline connexe. Au Québec, trois universités offrent le programme de

formation spécialisée en orientation et en développement de carrière : Laval,

Université du Québec à Montréal et Sherbrooke. Toutefois, la Classification

nationale des professions (CNP, 2010) apporte les précisions suivantes

concernant la formation des conseillers et conseillères en emploi actuellement

sur le marché de travail :

Un baccalauréat ou un diplôme d'études collégiales dans un

domaine connexe tel que la psychologie, les services sociaux

ou l'éducation est habituellement exigé. Un diplôme d'études

secondaires, ainsi que plusieurs années d'expérience dans les

services liés au counseling ou dans une profession d'aide

peuvent suppléer aux études officielles.

Ainsi, la formation des conseillères et conseillers en emploi s’avère plus ou

moins définie et rien ne semble garantir que toutes et tous présentent les

qualifications initiales couramment associées aux tenants d’un baccalauréat en

orientation ou en développement de carrière. Cette réalité est d’autant plus

préoccupante que 40 % des conseillères et conseillers en emploi ne

16

possèderaient pas de formation universitaire et que près de 10% auraient un

diplôme d’études secondaires 5 ou moins (Site internet de Services Canada,

2010). Le tableau qui suit présente la répartition de l’emploi selon le plus haut

niveau de scolarité atteint par les conseillers et conseillères en emploi au

Québec :

Tableau 1.2

Scolarité des conseillères et des conseillers en emploi au Québec

Moins d’un diplôme d’études secondaire 1,4 %

Diplôme d’études secondaires complété (DES) 9,0 %

Diplôme postsecondaire non universitaire 29,6 %

Diplôme universitaire de baccalauréat et plus 60,0 %

Source : Service Canada (2010)

Les cursus de formation de premier cycle universitaire spécialisés en orientation

et en développement de carrière permettent aux étudiantes et aux étudiants

d’acquérir les compétences théoriques et pratiques sur le plan du counseling de

carrière, de la psychométrie, du traitement de l’information, de la psychologie

de la personnalité et de l’information scolaire et professionnelle. Néanmoins,

comme il est possible de le constater en analysant les cursus de formation de

chacune des universités (Appendice B), les compétences acquises suite à la

formation demeurent lacunaires au plan de l’intervention clinique auprès de

personnes présentant des troubles de santé mentale et d’adaptation

psychosociale. La formation de baccalauréat leur fournit beaucoup de notions

théoriques et pratiques comme des stages, mais la dimension du fonctionnement

psychologique y semble très peu approfondie.

Les conseillères et conseillers en emploi ne sont pas seuls à intervenir dans le

domaine de l’employabilité. Les conseillères et conseillers d’orientation

œuvrent aussi dans ce domaine. Le comité responsable des travaux menés dans

17

le cadre du mandat de modernisation de la pratique professionnelle en santé

mentale et en relations humaines (Comité d'experts sur la modernisation de la

pratique professionnelle en santé mentale et en relations humaines, 2005)

propose la définition suivante quant au rôle des conseillères et des conseillers

d’orientation :

L’exercice de l’orientation consiste à évaluer le

fonctionnement psychologique, les ressources personnelles et

les conditions du milieu, à intervenir sur l’identité, à

développer et à maintenir des stratégies actives d’adaptation

dans le but de faire des choix personnels et professionnels tout

au long de la vie, de rétablir l’autonomie socioprofessionnelle

et de réaliser des projets de carrière chez l’être humain en

interaction avec son environnement. L’information, la

promotion de la santé, la prévention du suicide, de la maladie,

des accidents et des problèmes sociaux font également partie

de l’exercice de la profession auprès des individus, des

familles et des collectivités.

Ce même comité d’experts (2005) mentionne aussi que lorsqu’on prend en

considération le rôle du travail dans la préservation de la santé mentale et

l’impact des problèmes liés au travail dans l’équilibre de la personne, le

conseiller d’orientation pourra être mis à contribution dans le cadre de la

réalisation du Plan d’action en santé mentale du ministère de la Santé et des

Services sociaux du Québec. Cournoyer (2009), mentionne quant à lui :

Par leur travail d’évaluation, d’interventions et de suivi du

développement de l’employabilité de leur clientèle, les

conseillers d’orientation sont en mesure, entre autres, de

participer à la reconnaissance de compétences génériques et

techniques, de préparer les personnes aux réalités qui les

attendent sur le marché du travail, à porter des actions

18

préventives en matière de décrochage scolaire et enfin, à

donner un sens à la vie personnelle et professionnelle de

personnes plus ou moins éloignées du marché du travail.

(p.29)

L’analyse des formations de niveau maîtrise (deuxième cycle universitaire) des

conseillères et conseillers d’orientation permet de remarquer que les notions

enseignées sont plus approfondies quant au fonctionnement psychologique de la

personne (Appendice C). La formation semble mieux outiller ces dernières et

ces dernières à intervenir auprès de clientèles présentant des problématiques

plus complexes. D’ailleurs, la profession de conseillères et conseillers

d’orientation (Comité d’experts, 2005) est aujourd’hui appelée légalement à

voir ses interventions dirigées sur la prise en compte des multiples dimensions

de l’individu et entre autres sur celle du fonctionnement psychologique. Par

exemple, les caractéristiques de la personne, l’organisation dynamique de son

expérience et les effets sur sa vie quotidienne. Ces professionnels doivent aussi

prendre en compte la présence de troubles mentaux ou neuropsychologiques,

d'un retard mental, de situation de handicap, de difficultés d'adaptation en

contexte scolaire ou professionnel, ou d'autres troubles décelés par des

référentiels reconnus en santé mentale (OCCOQ, 2010). Cela est d’autant plus

vrai depuis l’apparition du projet de loi 21, qui avait pour objectif de modifier

le Code des professions afin de prévoir une redéfinition des champs d’exercices

professionnels dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines

pour plusieurs métiers en relation d’aide, dont le métier de conseiller

d’orientation. Entre autres, ce projet de loi inclut des activités d’information, de

promotion et de prévention communes à l’exercice de certaines professions de

la santé, tel que la prévention du suicide. Il établit pour les conseillers

d’orientation une réserve d’exercice pour des activités à risque de préjudice

dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines et prévoit

l’encadrement de la pratique de la psychothérapie (gouvernement du Québec,

2009).

19

Ces différents aspects du métier de conseillère et de conseiller d’orientation

témoignent d’une meilleure préparation à l’exercice d’interventions portées sur

des problématiques psychosociales toujours plus présentes sur le marché du

travail. Néanmoins, il demeure que les conseillères et conseillers en emploi,

qu’elles et qu’ils le veuillent ou non, sont aussi confrontés quotidiennement à

ces problématiques difficiles et complexes. Ils n’auront toutefois pas

nécessairement le bagage pour intervenir et se sentiront peut-être dépassés au

niveau de l’intervention.

À ce propos, il existe au niveau de l’intervention en général, une multitude de

courants de pratique différents pouvant être utilisées par les conseillers et

conseillères en emploi dans le cadre de leur pratique. Parfois utilisées seules ou

en combinaison, les choix ne manquent pas. Suite à une étude sur l’identité

professionnelle des conseillers canadiens, Gazzola et coll. (2010) ont démontré

que l'orientation théorique la plus utilisée par les conseillers canadiens ayant

participé à l'étude, est l'approche humaniste centrée sur le client, tandis que les

approches psychodynamiques seraient le moins utilisées. 40% des répondants

affirmeraient utiliser au moins trois approches différentes dans leur pratique et

30 % en utiliseraient même six et plus.

Les approches et les modèles conceptuels et théoriques en counseling de

carrière sont aussi nombreux. Dans le champ plus étendu de la psychologie et

de la psychothérapie, d’où le counseling de carrière retire ses principales

influences théoriques, quatre grands courants d’intervention sont généralement

reconnus. La prochaine section vise à décrire et faciliter la compréhension de

ces courants, ainsi que d’examiner plus en détail la plus-value possible d’une

approche psychodynamique en émergence au sein des pratiques, soit

l’Approche Masterson.

20

2. CADRE THÉORIQUE

Cette section propose tout d’abord une exploration conceptuelle des courants

psychologiques d’intervention d’approches humanistes, systémiques,

cognitives comportementales et psychodynamiques. Dans un deuxième temps,

une approche liée à ce dernier courant, soit l’Approche Masterson est présentée

de façon plus approfondie, de façon générale, puis plus spécifiquement en lien

avec l’exercice professionnel de conseillères et de conseillers en emploi.

2.1. Différentes conceptions du counseling de carrière

Cette sous-section propose un survol des quatre principaux courants

d’intervention en psychologie, psychothérapie et counseling. Il s’agit dans

l’ordre des approches humanistes, systémiques, cognitives comportementales

et psychodynamiques.

2.1.1. Approches humanistes

Les approches humanistes se regroupent généralement en trois écoles de

pensées ayant des bases communes, mais qui diffèrent sur certains points. Les

approches centrées sur la personne (Carl Rogers), l’approche gestaltiste (Fritz

Perls) et les approches existentialistes (Frank Yalom). Au niveau des bases

communes, chacune d’elles misent avant tout sur la valorisation de l’expérience

du sujet, tant consciente, qu’inconsciente. Elles accordent donc une grande

place à l’expérience subjective de la personne, en prétendant que chaque

personne est unique et que chaque client est l’expert de sa propre expérience.

Au niveau du processus, le conseiller mise davantage sur sa croyance dans les

capacités d’autodétermination et de liberté de choix du client plutôt que sur la

modification de comportements ou de cognitions qu’il pourrait interpréter

21

comme inadéquate. Aussi, la plupart des approches du courant humaniste

accordent une place de choix à l’instauration d’une relation de confiance

empreinte de compréhension et d’acceptation pouvant faciliter la

reconsidération des problèmes et des inquiétudes, ainsi qu’une mise en action

subséquente plus rationnelle (Lecomte et Drouin, 2007). Les approches

humanistes sont actuellement très utilisées en contexte du développement de

l’employabilité. Elles sont toutefois très générales et ne conviennent pas pour

tous les types de problématiques.

2.1.2. Approches systémiques

Ces approchent ont pour objet de comprendre l’individu en partant du fait que

celui-ci est en interaction constante et circulaire avec son ou ses systèmes de

vie. Dans cette approche, le thérapeute participe à la coconstruction de la réalité

du système, mais sans essayer de comprendre la place du symptôme dans ce

système et n’encouragera pas non plus l’expression des émotions. Il va plutôt

s’attarder à ce qui contribue à maintenir le problème ou le modifier

(Bellemarre, 2000). L’approche systémique est principalement utilisée dans la

thérapie familiale. Elle met de l’avant l’importance de l’influence des contextes

sociaux dans lequel évolue l’individu, le groupe ou la famille. Il peut aussi être

utile en contexte de thérapie individuelle. Cette approche utilise entre autres

comme instruments : le récit de vie, le génogramme ou la carte familiale et des

techniques d’intervention comme : la prescription de tâches, l’utilisation du

recadrage et du paradoxe, le questionnement circulaire et les injonctions

comportementales. Cette approche est toutefois plus difficile à appliquer en

contexte de relation d’aide individuelle. On la retrouve le plus souvent en

contexte de groupe ou en thérapie familiale.

22

2.1.3. Approches cognitives comportementales

Parmi l’ensemble des écoles de pensées inscrites au sein de ces courants, trois

d’entre elles se sont distinguées lors du vingtième siècle, soit l’école

comportementale de Skinner, l’école cognitive d’Ellis et l’école émotionnelle

de Linehan et les thérapies cognitives comportementales (TCC) inspirés des

travaux de Beck. Toutes convergent vers un travail centré sur la modification

des comportements et des cognitions, sur le développement d’habiletés et sur la

résolution des problèmes de la vie des personnes. Cette approche utilise des

techniques d’intervention telles que l’analyse empirique, l’analyse logique et

l’expérimentation, afin de modifier des comportements ou des cognitions

(Young, Klosko et Weishaar, 2005). Ce type d’approche est de plus en plus

présent au Québec au sein des cursus de formation universitaire en

développement de carrière. Par contre, elle est souvent moins adaptée pour les

troubles de la personnalité, due à son cadre rigide, à la difficulté des personnes

à avoir accès à leurs cognitions et leurs émotions et du besoin de l’implication

des clients pour la thérapie. De plus, elle s’intéresse peu aux difficultés

rencontrées dans la relation, elle présuppose que le client sera capable d’établir

une relation avec le thérapeute ou le conseiller et finalement, elle exige des buts

précis des clients qui peuvent s’avérer difficiles dans le cas de clients ayant un

trouble de la personnalité ou de santé mentale autre.

2.1.4. Approches psychodynamiques

Les approches psychodynamiques peuvent se regrouper sous plusieurs points

communs tant au niveau de la théorie, que de la pratique. Au niveau théorique,

les approches psychodynamiques mettent toutes de l’avant l’importance des

premières expériences de vie dans le développement de la personnalité,

l’importance de l’instinct et des pulsions (plus ou moins inconscient) sur le

comportement, les affects et la pensée. Finalement, l’importance des

mécanismes de défense pour maîtriser l’influence des motivations inconscientes

23

(Bujold et Gingras, 2000). Comme elle s’intéresse à comprendre les

mécanismes de défense comme modalités d’autorégulation et d’autoprotection

des individus, elle peut donc aider à l’analyse du fonctionnement psychologique

des individus. Elle fournit aussi un cadre d’analyse permettant d’identifier

certains troubles de la personnalité et accorde beaucoup d’importance au

jugement du conseiller. Et finalement, l’intervenant, par la prise en compte de

ses contre-transferts, peut arriver à s’améliorer comme intervenant, et ainsi

diminuer l’impact de ses propres réactions émotionnelles dans la relation avec

l’autre.

2.2. L’Approche Masterson (AM)

Au sein du courant psychodynamique, une approche se révèle de plus en plus

présente en matière de formation initiale et continue chez les professionnelles et

les professionnels de la relation d’aide, soit l’Approche Masterson. L’auteur de

cette approche, le docteur James F. Masterson, a créé une approche qui, à

l’intérieur d’une psychologie du soi, intègre plusieurs théories différentes : la

théorie de l’attachement, la théorie développementale, la théorie des relations

d’objets précoces et les nouvelles avancées sur la neurobiologie du cerveau.

Inspiré des concepts fondamentaux de la théorie freudienne des pulsions :

transfert, compulsion de répétition, résistance, conflit psychique, existence de

l'inconscient et perlaboration, l'Approche Masterson est une approche

psychothérapeutique des troubles de personnalité qui oriente son accent

thérapeutique sur la période préoedipienne (avant l’âge de trois ans), plutôt que

sur le conflit oedipien lui-même (Orcutt, 1997). L’approche s’inscrit dans les

courants de la psychologie du Soi (Kohut 1971; 1977) et de l’école américaine

de la théorie des relations objectales (Mahler, 1968; Kernberg, 1967). Elle

intègre les recherches touchant la théorie de l’attachement (Bowlby, 1969;

Ainsworth et coll., 1978) et le développement psychologique de l’enfant

(Mahler, 1968). L’approche utilise aussi les nouvelles avancées dans le domaine

24

de la neurobiologie du développement affectif et social (Schore, 1994).

2.2.1. Origine et développement

L’AM découle tout d’abord d’études empiriques menées auprès d'adolescents

état limite internés dans un hôpital de New York (Masterson, 1967, 1972,

1980), ainsi que d’intervention auprès de centaines d'adolescents et d'adultes en

consultation et en traitement en pratique privée (Masterson, 1976; 1981). Ces

recherches cliniques, combinées aux travaux de Margaret Mahler (1968) sur le

développement de l’enfant dans la période préoedipienne emmenèrent

Masterson à penser que le trouble de la personnalité état limite était avant tout

un problème développemental. S’ajouta ensuite les théories des relations

d’objet, afin d’expliquer l’existence d’un lien possible entre l’indisponibilité de

la mère et l’arrêt du développement du soi et de la structure intrapsychique.

Durant les années 80, le docteur Masterson décida d’élargir la portée de son

approche en appliquant celle-ci à la compréhension des troubles de la

personnalité narcissique. Il s’intéressa aussi davantage à la théorie du Soi en

intégrant celle-ci à son approche et en ajoutant des concepts qu’il utilisait lui-

même dans ses thérapies : le vrai Soi ou Soi-Réel et le Soi défensif. De 1988 à

aujourd'hui, l’AM s’est enrichie de nouvelles notions importantes, entre autres

grâce au travail de Ralph Klein et Candace Orcutt qui ont intégré les travaux de

Guntrip et Fairbairn sur les troubles schizoïdes à la théorie de Masterson.

Ensuite, les récentes études sur la théorie de l’attachement qui sont venues

confirmer l’influence de la mère dans le développement du soi et les nouvelles

avancées en recherches neurobiologiques sur le cerveau, qui elles, sont venues

ouvrir la porte à la compréhension des connexions neurobiologiques qui sous-

tendent le développement du soi.

25

2.2.2. Influences théoriques et articulation conceptuelle de l’AM

Masterson (2004), distingue quatre structures de personnalités pathologiques

(état limite, narcissique, schizoïde et antisocial) et propose pour chacune de ces

structures des stratégies de communication adaptées. Parmi les concepts clés

utilisés par Masterson, notons le développement de l’alliance thérapeutique,

l’analyse des résistances, des mécanismes de défense et des passages à l’acte

qui font obstacle à l’alliance thérapeutique, ainsi que le cycle de l’individu

appelé « Triade dynamique du trouble du soi ». Le tableau ci-dessous présente

les différentes inspirations théoriques de l’Approche Masterson :

Tableau 2.1

Influences théoriques de l’AM

Théorie de

l’attachement de

Bowlby (1969)

De l’enfance, puis de façon répétitive tout au long de

leur vie, les individus tendent à adapter leurs

comportements personnels et interpersonnels en

fonction de la satisfaction de besoins instinctifs

d’attachement. Entre autres, l’histoire

développementale de la personne au plan de la

satisfaction ou de la non-satisfaction de ces besoins

affectifs pourra témoigner de l’adoption de

comportements fondée sur une dynamique de sécurité

ou d’insécurité personnelle ressentie selon les individus

dans leur vie adulte (Ainsworth et coll., 1978), de

même que leur capacité à autoréguler leurs actions

personnelles, et ce, dès le l’enfance (Siegel, 1999;

Fonagy, 2001). Sroufe et coll. (1999) sont venus

corroborer ces faits en démontrant la persistance du

style d’attachement de l’enfant dans l’âge adulte et

26

l’implication du style d’attachement du parent dans la

détermination de celui de l’enfant. Tout cela amenant le

développement d’un faux soi défensif chez l’enfant,

résultant de l’accommodation de celui-ci aux besoins

émotionnels de son parent et brimant du même coup

l’expression de son « soi réel », tel qu’utilisé par

Masterson (Orcutt, 1997, p. 74).

Théorie

développementale

(Mahler, 1968)

À travers le développement d’un enfant normal, il vient

un moment où celui-ci doit développer une identité

(sens de soi), qui soit séparé de celle de sa mère. Cela

se produit à travers le stade de séparation/individuation

selon Mahler. Entre autres, la disponibilité ou

l’indisponibilité de la mère à répondre au besoin

affectif de l’enfant entre 5 et 30 mois aurait une

incidence majeure sur le développement d’un soi sain

chez celui-ci. L’arrêt du développement normal à la

phase de séparation-individuation, provoqué par une

réponse parentale insuffisante à soutenir le soi

émergent de l’enfant serait à l’origine des troubles de la

personnalité. Cet arrêt du développement viendrait

limiter les capacités d’autorégulation de l’enfant

(Masterson utilise les expressions activation autonomes

ou activation du soi réel). Conséquemment, les

personnes présentant une faible capacité

d’autorégulation se verraient donc porter à

l’adolescence et à l’âge adulte à utiliser des

mécanismes de défense primitifs tels que le clivage, le

déni, la projection et l’évitement, ainsi qu’à utiliser des

objets externes pour se réguler (Masterson, 1972).

Théorie des relations

d’objet

S’insérant dans le courant américain des relations

objectales (Mahler, Kernberg) et le courant britannique

27

(Fairbairn, Guntrip), Masterson (2004, p.24) définit la

notion de relation d’objet comme étant les

représentations internes qu’ont les individus d’eux-

mêmes et des autres. Ces représentations internes sont

reliées à des affects parfois négatif, parfois positif et

influence la relation que les individus entretiennent

avec eux-mêmes et avec les autres. Dans le cas des

personnes présentant un trouble de la personnalité,

celles-ci auraient seulement des relations d’objet

partielles. Conséquemment, elles ont une vision

extrême et irréaliste d’elles-mêmes et des autres qu’on

pourrait concevoir comme étant tout bon ou tout

mauvais et qui fait en sorte que leurs relations d’objet

ne sont pas entières.

Théorie du Soi Stern (1985) dans sa théorie développementale du soi,

stipule que l’enfant développe des « sens du soi » qui

évoluent à travers ses interactions sociales. Ces

interactions sociales sont elles-mêmes régulées et

organisées par le filtre subjectif du soi de l’enfant. La

transformation psychique des individus se fait donc à

travers les interactions sociales qu’ils ont et par leur

capacité à s’actualiser par celles-ci (Orkutt, 1997).

Neurobiologie de

l’attachement

(Schore, 1994;

2003)

Le développement du soi serait grandement influencé

par le style d’attachement du parent nourricier, selon

qu’il soit sécure ou insécure. Conséquemment, un style

d’attachement insécure chez le parent peut entraîner

une incapacité de se synchroniser avec les besoins

affectifs de l’enfant. L’incapacité à répondre aux

besoins affectifs de l’enfant qui ferait en sorte que les

connections neuronales nécessaires au développement

d’un soi sain ne se ferait pas, ce qui entrainerait le

28

développement d’un trouble de la personnalité ou

trouble du soi, tel que décrit par Masterson. De plus,

ces traumatismes d’attachement seraient incorporés

dans la mémoire autobiographique à long terme, ce qui

appuierait l’hypothèse des relations d’objet

pathologiques. Notons aussi l’hyperexcitation de la

branche sympathique du système nerveux autonome

décrite par Schore comme caractéristique des

pathologies préoedipiennes du Soi et qui correspondrait

à la dépression d’abandon décrite par Masterson

(Bessette, 2010).

Ce qu’il faut retenir, c’est que James Masterson s’est inspiré de plusieurs

théories provenant de divers horizons, afin de mettre des bases théoriques et

cliniques à son approche psychothérapeutique. Tout d’abord influencé par la

théorie de l’attachement, d’une théorie développementale et de la théorie des

relations objectales, l’AM a évolué et s’est ensuite enrichie des concepts d’une

théorie du soi pour expliqué la transformation psychique des individus à travers

leurs relations, mais aussi de notions plus modernes en neurobiologie, afin de

solidifier ce qu’elle avançait sur l’influence des relations d’attachement sur le

développement des enfants. Il apparaît donc que l’AM s’est construite au fur et

à mesure d’expériences cliniques, de recherches personnelles par Masterson,

mais aussi de collaboration avec d’autres chercheurs. Cette construction de

l’AM a aussi donné naissance à plusieurs concepts centraux dont il faut prendre

connaissance si on veut bien comprendre l’application pratique de cette

approche.

2.2.3. Enjeux et concepts clés de l’AM

Masterson utilise plusieurs termes, propres à son approche et qui méritent d’être

expliqués plus en détail. Dans le but de faciliter la compréhension du lecteur et

29

de faire l’inventaire des concepts importants devant se retrouver dans une

formation portant sur cette approche, le tableau ci-dessous rassemble et

explique les concepts clés de l’Approche Masterson.

Tableau 2.2

Articulation conceptuelle de l’AM

Triade dynamique

du trouble du soi

(de la personnalité)

Réfère au cycle où l’individu tente d’activer son « Soi

réel » ou activation autonome, ce qui entraine chez lui

l’apparition d’affects négatifs appelés « Dépression

d’abandon ». Pour s’en protéger, l’individu doit alors

mobiliser des mécanismes de défense primitive. Ce cycle

permet entre autres à la conseillère ou au conseiller qui

l’utilise de former des hypothèses cliniques sur les clients

et sur eux-mêmes, dont la validité pourra ensuite être

vérifiée à travers les rencontres.

Activation

autonome

Tel de décrit par Bessette (2007), l’activation autonome

ou activation du Soi réel correspond à « toute situation

qui requiert la mobilisation et l’utilisation des capacités

d’adaptation et d’autorégulation de l’individu ».

L’activation des capacités de l’individu déclenche donc

l’émergence des d’affects négatifs que Masterson appelle

la «dépression d’abandon ».

Dépression

d’abandon

Le terme dépression d’abandon est en fait le terme que

Masterson utilise pour décrire les réactions émotionnelles

intolérables de l'enfant face à un désajustement d'avec sa

mère. Il fait référence au sentiment subjectif qu’éprouve

l’individu d’être abandonné ou à une menace ressentie

par l’individu concernant sa survie, ainsi que ce qui

compose cet état. Lorsque les besoins affectifs de l’enfant

ne trouvent pas de réponse appropriée, ou se butent à une

réponse hostile de la part des figures d’attachement,

30

l’enfant se trouve laissé à lui-même pour gérer des

situations qui le dépassent, et il est envahi à répétition par

les affects de dépression, de colère, de peur, de culpabilité

de passivité, d’impuissance, de solitude, de vide et de

nullité (Masterson, 1976 : 38; 2004; Bessette, 2007).

Mécanismes de

défense

Corresponds aux moyens utilisés par n’importe quel

individu pour éviter d’avoir à vivre la dépression

d’abandon et ses affects ressentis comme intolérables. La

réactivation de la dépression d’abandon entraînerait la

mobilisation de défenses primitives, efficaces pour ne pas

avoir à vivre les affects intolérables, mais destructeurs

pour l’adaptation et le fonctionnement psychosocial. Les

principaux mécanismes de défense utilisés chez les

personnes ayant un trouble de la personnalité sont : le

clivage, le déni, la projection, l’identification projective,

l’évitement, la fuite dans les fantaisies et le passage à

l’acte. Dans la vie de la personne, ces passages à l’acte se

traduiraient par des gestes suicidaires et parasuicidaires,

de l’abus de substance, des explosions colériques et de la

violence verbale ou physique. Tandis que dans le

processus thérapeutique, en plus des passages à l’acte, on

pourrait les constater par des retards et des absences

fréquents, un non-respect du cadre d’intervention, parler

de sujet secondaire ou changer continuellement de sujet

(Bessette, 2007).

Vrai Soi ou Soi réel Tel que décrit par Klein (Masterson et Klein, 1989), le

« vrai soi » de Masterson représente une personnalité qui

s’est développée de façon saine, mais aussi une structure

de personnalité saine. Cela se traduit par la capacité à

vivre la séparation, la capacité à pouvoir s’attacher, la

capacité d’individuation et à faire preuve d’autonomie.

31

On peut aussi penser au fait d’être capable de vivre avec

et sans les autres, ainsi qu’être capable d’intégrer ces

différentes capacités à travers les structures de sa

personnalité. Ce «Vrai Soi», serait ressenti par les

individus comme un sentiment de continuité, de stabilité

et de réciprocité dans l’expérience à soi, avec et sans les

autres. Tandis qu’un individu ayant de la difficulté à

exprimer son «Vrai Soi» se plaindra généralement de

problèmes reliés à sa capacité à vivre l’intimité, à avoir de

l’empathie et à partager. Des difficultés dans l’expression

du « Vrai Soi » emmèneraient aussi l’individu à avoir de

la difficulté à admettre ou à partager ses pensées, ses

sentiments et ses désirs.

Structure

intrapsychique

Masterson (2004) définit la structure intrapsychique

comme étant le résultat de la somme des expériences en

bas âge avec le donneur de soins principal et de nos

représentations objectales, ainsi que des affects qui y sont

reliés. La structure intrapsychique organise donc la façon

dont nous nous percevons en relation avec les autres, ce

qui se répercute par la suite dans la vie adulte. Tel

qu’expliqué par Bessette (2007), cette structure

intrapsychique est pathologique chez les personnes ayant

un trouble de la personnalité, faisant en sorte qu’ils vont

être clivés dans leurs perceptions. Le côté positif du

clivage, correspondant au système d’attachement

pathologique de la personne qui focalise sur les besoins

de l’objet et le côté négatif du clivage, correspondant à un

état d’abandon où les personnes perdent le sentiment

d’être connectées à l’objet et aux relations.

Acting-out

transférentiel

Par l'acting-out transférentiel, l’enfant tente par ses

comportements d'éviter d'avoir à évoquer la

32

désapprobation parentale ou la négligence durant les

premières années de son développement. Ce qui devient

par la suite chez la personne atteint d’un trouble du soi,

une partie intégrante de sa réponse fondamentale aux

relations. Le concept d’acting-out transférentiel prend une

importance particulière dans la relation thérapeutique, où

l’individu, au lieu de présenter une attitude nuancée des

relations humaines (distorsion de la réalité, combinée à

une vision réaliste et raisonnable), présente plutôt une

vision clivée, constituée essentiellement de sentiments et

d’émotions distorsionné3s envers le ou la thérapeute. Par

exemple, le client pourrait se sentir choqué, désappointé

ou à l’écart lorsque le thérapeute n’agit pas comme il le

désire (Orkutt, 1997 : 74 ; Masterson, 2004). Lorsqu’une

personne fait de l’acting-out transférentiel dans sa vie

adulte, elle tente par ce comportement ou compromis

psychique d’éviter d’avoir à vivre la dépression

d’abandon (Orkutt, 1997 : 74).

Neutralité

analytique

Ce concept clé dans l’Approche Masterson est

directement lié à l’acting-out transférentiel, car il

implique la création par la conseillère ou le conseiller,

d’un climat thérapeutique qui donne toute la place au

client. L’approche accorde une grande attention à ce que

la conseillère ou le conseiller, face aux problèmes du

client, n’introduisent pas de matériel personnel, tel que

leurs réactions émotionnelles dans la relation. Comme il

est inévitable pour un intervenant d’avoir des réactions

émotionnelles dans une rencontre, il doit donc éviter de

faire lui-même des acting-out contretransférentiels, soit

de réagir aux acting-out des clients par un autre « acting-

out », ce qui laisserait le patient et l’intervenant pris dans

33

une dynamique malsaine (Masterson, 2004).

Distance

thérapeutique

Masterson (2004) considère que le thérapeute doit garder

une neutralité avec son client. Cette neutralité n’a

toutefois rien à voir avec une attitude froide, détachée ou

indifférente de la part du thérapeute, mais elle permet

plutôt d’éviter d’être en collusion avec les transferts du

client. Et ce, afin qu’il puisse se permettre de relever les

comportements défensif, régressif ou autodestructeur de

celui-ci (Roberts, tirés de Masterson, 2005).

Cadre

thérapeutique

Consiste à l’établissement de règles claires et constantes,

sans toutefois être rigides, afin de définir dès le départ la

façon de travailler et ce qui est attendu du client. Par

exemple, justification des absences, retards fréquents et

moment du paiement (Masterson, 2004).

Technique de la

confrontation

La technique de la confrontation sert à confronter de

façon empathique les défenses mises en place par le client

et lui servant à préserver son faux soi. Comme les

personnes ayant un trouble de la personnalité ont la

plupart du temps des perceptions de la réalité qui sont

clivées ou partielles, la technique de la confrontation est

utilisée ici pour fournir au client une perception de la

réalité qui soit plus juste et plus complète (Masterson,

1998 : 131).

Capacités du Soi

réel

Masterson (2004) ;

Bessette (2007)

Les capacités du soi réel (capacités d’adaptation)

sont :

La régulation de l’humeur et de l’estime de soi ;

La capacité de vivre les émotions profondément, avec

vivacité, joie, vigueur, excitation et spontanéité ;

La capacité d’identifier ses intérêts et ses objectifs

personnels, de s’activer et de faire preuve d’initiative,

de s’affirmer et de se défendre ;

34

La capacité d’apaiser les affects douloureux (émotions

douloureuses), de contrôler ses impulsions et de

tolérer la frustration;

La capacité d’engagement face à un objectif ou à une

relation, et de persévérance pour atteindre ses buts

malgré les obstacles;

La créativité;

Capacité d’intimité : la capacité d’exprimer qui on est

réellement dans une relation intime, sans craindre de

façon démesurée d’être abandonné ou d’être englouti;

L’autonomie.

Ces concepts mettent tout d’abord l’emphase sur la compréhension de

l’individu au niveau de son ressenti et des comportements et attitudes qui

l’accompagnent. Ainsi, l’utilisation de la triade dynamique, les notions de vrai

soi ou soi défensif, la notion d’acting-out transférentiel, celle des capacités du

soi réel et le concept de structure intrapsychique servent ici d’outils pour la

conceptualisation des clients que les conseillères ou les conseillers rencontrent.

Les autres concepts tels que la neutralité analytique, la distance thérapeutique,

le cadre thérapeutique et la technique de la confrontation représentent

davantage des aspects techniques liés à l’utilisation de l’AM. Il est important de

retenir que les concepts au cœur de l’AM ont été construits au regard de

clientèles présentant des troubles de la personnalité. Il est donc important de

bien comprendre l’étiologie de ces troubles selon Masterson, afin de saisir

l’origine et l’utilité des concepts proposés pour des clientèles présentant un

trouble de personnalité ou présentant des traits de personnalité marqués, nuisant

à leur fonctionnement.

2.2.4. Notion de trouble de personnalité, au cœur de l’AM

Selon Masterson (Masterson et Lieberman, 2004), les troubles de la

35

personnalité résulteraient d’un arrêt dans le développement du Soi et d’un

syndrome angiodépressif particulier, appelé la « dépression d’abandon »

(Bessette, 2007 : 11.04). Ils seraient principalement causés par un problème lors

de la phase de séparation-individuation dans l’enfance, où l’enfant introjecte la

gratification et le retrait de la mère comme étant les deux seules réponses

possibles à ses besoins (clivage) (Poirier, 1997). Les troubles de personnalité

pourraient aussi être causés par des facteurs qui n’ont rien à voir avec le

développement en bas âge. Par exemple, des facteurs tels que le tempérament,

les caractéristiques de l’enfant et les évènements stresseurs du hasard de la vie,

peuvent être reliés au développement d’un trouble de la personnalité et sont

généralement pris en considération dans l’étiologie du trouble. (Masterson et

Klein, 1989, p.11). L’individu présentant un trouble de la personnalité, tout

comme les personnes ne présentant pas de tels troubles, tente de satisfaire ses

besoins psychologiques (« activation du Soi réel ») par la mobilisation et

l’utilisation de ses capacités d’adaptation et d’autorégulation. Toutefois, au lieu

de ressentir des émotions tempérées pouvant être positives et négatives comme

la plupart des gens, il ressent plutôt des affects négatifs que Masterson appelle

la « dépression d’abandon ». La personne peut alors ressentir des émotions

telles que la dépression, la rage, de l’anxiété, de la honte, du désespoir ou un

sentiment de vide. Afin de contrer ces sentiments négatifs et ainsi ne pas avoir à

les supporter, l’individu développera un faux soi défensif, en mettant en place

des mécanismes de défense primitifs tels que le déni, le clivage, la projection,

l’identification, la fuite ou l’évitement. La dynamique qui s’exerce entre

l’activation des capacités du soi réel de la personne, les affects négatifs qui en

résultent et les mécanismes de défense mis en place, est appelé pas Masterson la

triade dynamique du trouble du soi et constitue la pierre angulaire de son

approche. (Masterson et Klein, 1989; 1995).

2.2.4. Structures de personnalité selon l’AM

Les troubles de la personnalité peuvent être regroupés dans l’Approche

36

Masterson selon quatre grandes catégories : état limite, narcissique, schizoïde et

antisocial. Cette dernière serait semble-t-il non-traitable et correspondrait au

type psychopathe du DSM-IV (Diagnostic and Statistical Manual of Mental

Disorders). Masterson a aussi ajouté des sous-catégories à celles d’état limite,

de narcissique et de schizoïde. L’auteur différencie son approche de celle du

DSM-IV (1994), par le fait que ce dernier fournit plus un portrait des

comportements et attitudes dysfonctionnelles observables associés aux

psychopathologies, tandis que sont approche irait plus en profondeur en

analysant la structure intrapsychique des personnes c’est-à-dire des

représentations internalisées du soi et de l’objet. Pour Masterson, les critères

diagnostiques du DSM-IV constitueraient en quelque sorte des défenses qui

sont partagées par tous les troubles de la personnalité et qui se traduiraient

différemment selon la structure interne des personnes.

Personnalité limite

Au niveau de la correspondance avec le DSM-IV (2004), on retrouve à

l’intérieur de ce type de personnalité de l’Approche Masterson, les types de

personnalité histrionique, dépendante, passive agressive et compulsive. Dans la

formulation de James Masterson du trouble limite du soi, l’individu tente, par

des comportements mésadaptés, d’éviter à tout prix de ressentir la dépression

d’abandon. Concrètement, cela se traduit de deux façons dans le processus

thérapeutique. Du côté positif du clivage, le client va s’en remettre au

thérapeute, de façon à ce que celui-ci lui donne des solutions, le prenne en

charge, le réconforte et le rassure dans ce qu’il croit ou ce qu’il fait. Il va donc

se soumettre à l’objet (thérapeute). Lorsque le thérapeute ne répond pas

positivement à ces demandes de prises en charge, le client se retrouvera du côté

négatif du clivage. Le client verra alors le thérapeute comme rejetant et

abandonnant et se sentira alors comme étant indigne de recevoir de l’amour ou

sans valeur. Le thérapeute devra alors faire attention à ne pas être contaminé par

les projections du client et ainsi, éviter de se sentir responsable du client et de le

prendre en charge (Bessette, 2007).

37

Personnalité narcissique

Au niveau de la correspondance avec le DSM-IV, le type narcissique tiré de ce

même manuel ne correspond qu’au sous-type exhibitionniste de Masterson.

L’auteur a ajouté les types à grandiosité inhibée « closet narcissistic » et

dévaluant dans son approche. Dans la personnalité narcissique décrite par

Masterson, les représentations du soi et de l’objet sont fusionnées. Lorsque ça

se passe bien, la personne voit l’objet comme étant parfait et tout puissant, donc

parfaitement capable de répondre au besoin narcissique du Soi : fournir le

regard admirateur qui confirme la grandiosité du Soi. Donc lorsque le

narcissique obtient ce sentiment d’être supérieur, merveilleux ou spécial, il s’en

sert pour réguler son humeur et s’accorder la valeur qu’il mérite. Lorsqu’il ne

l’obtient pas, le narcissique aura tendance à voir le thérapeute comme étant

dévaluant ou attaquant et à se sentir fragmenté, pas à la hauteur, minable ou

dévaluée. Le type exhibitionniste est celui qui correspond en grande partie au

type narcissique du DSM-IV, car sa grandiosité est exprimée au maximum afin

qu’il puisse se réguler. Toutefois, les clients ayant une grandiosité plus discrète

ne semblent pas ressortir si on se fit au critère du DSM-IV. C’est pourquoi

Masterson a ajouté deux autres types de narcissiques. Le type narcissique à

grandiosité inhibée se distingue, car il utilise davantage l’idéalisation de l’objet

pour se réguler, en maintenant ses projections de la fusion grandiose. Il voit

alors les autres comme supérieurs, performants, spéciaux ou puissants. Ce

maintien de la personne dans le côté positif de son clivage fait en sorte qu’il

arrive à ressentir qu’il peut répondre aux besoins et aux attentes des autres et à

se sentir adoré. Il évite ainsi d’avoir à vivre la dépression d’abandon et de

passer du côté négatif du clivage, où il se sentira inadéquat et fragmenté par

rapport à l’objet. Le type dévaluant se distingue quant à lui dans le fait qu’il se

situe uniquement du côté négatif du clivage. Il y a deux scénarios possibles du

côté négatif du clivage : sois je suis le dévaluant et tu es le minable; sois je suis

le minable et tu es le dévaluant. Le type dévaluant peut donc adopter deux

attitudes ou jouer deux rôles dans la relation. D’un côté, s’il prend le rôle du

38

dévaluant, il fera sentir au conseiller qu’il est minable, inférieur et inadéquat.

La dévaluation est ici une défense pour le client et lui permet de projeter sur

l’autre le rôle du minable. De l’autre côté, quand la dévaluation ne fonctionne

plus (la défense de la dévaluation n’est plus assez forte), le client est alors

coincé à reprendre le rôle du minable, de l’inadéquat. Il n’arrive plus à « se

remonter en écrasant l’autre». Le contre-transfert se répercutera alors chez les

intervenants de façon différente que chez le client état limite. Comme le client

projette ses idéalisations sur le conseiller, celui-ci peut alors sentir qu’il doit

performer de façon exceptionnelle, certains parlent d’un sentiment de marcher

sur des œufs dans la relation avec le client.

Personnalité schizoïde

Contrairement aux deux autres structures de personnalité, la structure schizoïde

ne croit pas qu’il est possible pour lui de créer de véritables relations avec les

autres et ainsi obtenir un apport affectif. Par conséquent, on ne retrouve pas

dans cette structure un côté positif dans le clivage, comme dans les deux autres

structures de personnalité. La personne schizoïde voit d’un côté du clivage

l’objet comme étant le maître qui manipule, qui exploite, qui impose ses

volontés et qui ne veut pas entrer en relation. Elle se voit donc comme étant

l’esclave qui exécute les désirs du maître, un robot, une victime. Celui-ci trouve

alors une forme de sécurité dans la relation maître-esclave, jusqu’à ce que les

sentiments associés à cette dynamique soit trop insupportables et que la

personne passe de l’autre côté du clivage, appeler pôle exil. La personne

schizoïde voit alors l’objet comme sadique, dangereux et abandonnant. La

personne se sent alors isolée, étrangère aux humains, aliénée. Le fait de ne

pouvoir être ni trop près, ni trop loin de l’objet est appelé le dilemme schizoïde.

Tandis que le compromis schizoïde correspond au fait de trouver une distance

sécuritaire entre l’objet et le schizoïde. La réponse contre-transférentielle à

laquelle il faut faire attention dans l’intervention avec les schizoïdes est de ne

pas répondre à la projection de maître faite par le client sur le thérapeute (objet)

et de se mettre à diriger le client comme un robot ou un esclave. Ou de l’autre

39

côté du clivage, de se détacher du client et de s’isoler comme lui-même le fait.

Personnalité antisociale

Selon Masterson (2004), les symptômes de la personnalité antisociale dans

l’AM demeurent les mêmes que ceux décrient dans le DSM-IV. Toutefois, la

façon de faire le diagnostic diffère, car elle est plutôt basée sur la nature

détachée des émotions en lien avec les relations d’objet internalisées du client,

plutôt qu’être uniquement basé sur les symptômes de celui-ci, comme c’est le

cas avec le DSM-IV. La structure de personnalité antisociale ne répondrait

toutefois pas aux traitements psychodynamiques en général. En se basant sur

une vision intrapsychique des relations d’objet, il n’y aurait, chez les personnes

atteintes de ce trouble, aucune connexion affective entre le soi et l’objet. Ces

connexions affectives seraient essentielles pour intervenir avec une

psychothérapie de type psychodynamique, ce qui explique pourquoi il ne serait

pas traitable selon Masterson.

2.2.5. Recension des écrits sur l’AM

L’approche Masterson (Masterson et Klein, 1989; Masterson et Lieberman,

2004) a fait l’objet de plusieurs études tant au niveau théorique, qu’empirique.

Suite à une recension des écrits en lien avec cette approche, il appert que

l’approche a été utilisée avec diverses problématiques de santé mentale et aussi

qu’elle a été utilisée pour aider une multitude de clientèles différentes.

Les premières recherches de Masterson (1967, 1972, 1976; 1980; 1981) furent

menées auprès d'adolescents ayant un trouble de personnalité limite d’une

clinique psychiatrique de New York et auprès de centaines d’adolescentes et

d’adolescents rencontrés en contexte de pratique privée par Masterson lui-

même. Ces recherches ont en fait permis de soutenir et de critiquer les principes

de base de l’Approche Masterson. D’autres auteurs (Poirier, 1997; Orkutt,

40

1997) se sont aussi attardés à décrire les modalités de traitement de personnes

présentant un diagnostic de troubles état limite à partir des principes de

l’approche Masterson en décortiquant les concepts clés reliés à celle-ci. Le

docteur Masterson décida ensuite, dans les années 80, d’élargir la portée de son

approche en appliquant celle-ci à la compréhension des troubles de la

personnalité narcissique. Klein (1993) et Orcutt (1995) ont par la suite intégré

les travaux de Guntrip (1969) et Fairbairn (1984) sur les troubles schizoïdes à la

théorie de Masterson. Morrison (2008) a quant à lui mené une recherche afin de

mieux comprendre les particularités des personnes présentant un trouble de la

personnalité limite, combiné à un historique de traumatismes dans l’enfance.

L’auteure questionne le fait que pour ce type de trouble de la personnalité

particulier, les traitements actuels ne seraient pas adaptés. Elle suggère donc un

traitement qui est spécifique à cette problématique, en intégrant des éléments de

deux perspectives sur le sujet. Celle de Masterson sur les troubles de la

personnalité et celle de Van der Kolk sur le syndrome de stress post-

traumatique. L’auteur conclut en suggérant que d’autres études soient menées

afin de valider empiriquement ce qu’elles avancent. Roberts (2000), propose

quant à lui, une adaptation de l’Approche Masterson pour les traitements de

psychothérapie courte durée sur les personnes état limite. L’auteur propose des

buts limités au traitement, dus à la contrainte de temps engendré par le

processus court-terme. Les buts évoqués étant, l’augmentation du contrôle des

défenses nuisibles, l’apprentissage par le client de sa dynamique

comportementale et l’augmentation de l’adaptation du patient. Les conclusions

de l’étude démontrent que la thérapie court-terme à opéré un changement chez

la personne en ce qui à trait à la gestion des défenses nuisibles par une

compréhension de sa dynamique et démontrent aussi une augmentation de

l’adaptation du patient. En ce sens, l’étude aura aidé à maximiser les bénéfices

des traitements pour les clients état limite suivis en thérapie de courte durée. De

son coté, Katz (2010) s’est intéressée à mieux comprendre la pertinence d’une

telle approche fondée à partir de principes de psychanalyse relationnelle sur le

traitement de personnes présentant un trouble état limite où leur thérapeute

partage avec eux ce qu’ils pensent de leur situation, ainsi que l’utilisation

41

explicite de l’intersubjectivité est la meilleure façon de travailler en

psychanalyse. Pour Katz (2010), la neutralité thérapeutique entre le thérapeute

et son client telle que défendue par l’Approche Masterson s’avère une

dimension des plus importantes en raison de l’emphase mise sur les capacités

du soi réel du client (souvent niées) et la démonstration de sa réticence à

accepter ou à agir selon les projections du faux soi défensif de celui-ci.

D’autres recherches sur l’Approche Masterson et traitant des applications

possibles de l’approche ont aussi été menées. Mulherin (2001) présente une

analyse de cas traitant de l’utilisation de l’Approche Masterson à l’intérieur

d’une thérapie par le jeu, pour le traitement d’un enfant possédant un trouble de

la personnalité en émergence. L’approche est ici utilisée essentiellement pour

son cadre théorique et ses outils servant à diagnostiquer et à traiter l’enfant

pendant le jeu. Sachs (2003), dans un article traitant de l’alcoolisme en tant que

trouble du soi, a émis l’hypothèse que la propension pour l’alcoolisme pourrait

être due à un problème dans la relation d’attachement de l’enfant avec ses

parents. L’auteur a donc combiné l’Approche Masterson avec des rencontres

d’alcooliques anonymes (AA), afin de comparer cette combinaison avec les

rencontres aux AA seules. Sachs mentionne que la combinaison des AA et de

l’Approche Masterson apparaît comme étant un traitement de choix. Selon lui

les rencontres AA n’étant pas suffisantes à elles seules pour créer un

changement dans la structure de la personnalité. Avec ce type de traitement, la

personne serait plus en mesure d’identifier ce qui le rend vulnérable et les

modes de défenses qu’il utilise pour s’en préserver. Une autre étude est ressortie

en lien avec le développement de l’employabilité (Affsprung 1998) et suggère

le fait que beaucoup d’étudiants recherchant de l’aide dans les centres de

counseling des collèges américains souffriraient du trouble de la personnalité

narcissique à grandiosité inhibée de Masterson (closet narcissistic), ce qui

nuirait à leur performance à l’école et dans leurs relations interpersonnelles.

Affsprung souligne que les pressions induites pour se développer sont très

fortes au collège et que cela peut favoriser l’apparition de troubles du soi. Si ces

troubles ne sont pas relevés par le conseiller, alors le développement

42

vocationnel et personnel de la personne pourrait être entravé. Bien que cette

étude ne concerne pas directement les conseillers en emploi, l’auteur souligne

clairement un lien avec l’employabilité et renforce l’idée de cette recherche

quant au fait que l’utilisation d’une approche qui s’intéresse davantage au

fonctionnement psychologique trouverait son utilité dans un contexte

d’employabilité.

2.2.6. Interventions de l’AM adaptées pour chacun des types de

personnalité

Une des particularités de l’Approche Masterson est qu’elle fournit aux

intervenants des interventions différentes dépendamment du type de

personnalité dominant chez les clients. Le type de personnalité dominant chez

une personne apparaît généralement plus évident à la suite de l’application de la

triade dynamique des troubles du soi sur l’expérience des clients. Ces

interventions adaptées aident ainsi la conseillère ou le conseiller à augmenter

l’efficacité de ses interventions et lui permet surtout d’éviter de tomber dans des

contre-transferts avec son client. Ces interventions sont décrites dans le tableau

qui suit. Notons que le trouble de personnalité antisocial ne fait pas partie de ce

tableau, car il serait jugé comme étant non traitable (Masterson, 2004).

Tableau 2.3

Interventions adaptées à chacun des types de personnalité

Types de

personnalité

Interventions

État limite de

Masterson

Le conseiller, de par ses interventions, doit confronter de façon

empathique les défenses clivées du client état limite. L’objectif

étant de favoriser la création d’une alliance thérapeutique avec

le Soi réel du client.

43

Angles de confrontation possibles :

projections partielles vs réalité;

comportement défensif vs conséquences destructrices;

l’ampleur d’une réaction émotionnelle négative vs le

caractère bénin ou positif d’une situation;

la perception subjective du client vs la réalité.

Positionnement contre-transférentiel :

Le conseiller doit s’efforcer de voir et de s’adresser au Soi réel

compétent du client état limite, plutôt qu’au faux Soi défensif

de celui-ci.

Narcissique

de Masterson

Le conseiller, de par ses interventions, doit mettre l’emphase

sur l’interprétation empathique de la vulnérabilité du client

narcissique. Il devra donc porter une attention particulière au

vécu subjectif interne du client. L’objectif général étant de

diminuer les défenses et l’intensité des projections clivées du

client.

Exemples de buts visés :

clarifier l’hypersensibilité à la réponse de

l’environnement et faire le lien avec l’état affectif du

client;

clarifie le passage de l’état grandiose à l’état de

fragmentation du client;

clarifie les projections de l’objet, du Soi et des affects;

Positionnement contre-transférentiel :

Le conseiller doit s’efforcer de voir au-delà de la

façade égocentrique, agressive et arrogante du client,

pour s’adresser au Soi réel du client narcissique.

Schizoïde de Le conseiller, de par ses interventions, doit mettre l’emphase

44

Masterson sur : l’interprétation du dilemme schizoïde

les anxiétés d’une intrusion du conseiller ou des autres;

les mouvements de retrait du client;

les anxiétés de l’exil et d’un retour au mode possible au

mode maître-esclave.

Ainsi que sur : l’interprétation du compromis schizoïde

distance sécuritaire aménagée par le schizoïde comme

solution à son dilemme;

partage d’opinion sur la valeur du compromis en lien

avec les objectifs du client.

Positionnement contre-transférentiel :

Le conseiller doit s’assurer que le client sache qu’il a

droit à sa propre subjectivité et sa propre liberté. Donc

de clarifier les projections maître-esclave et la position

du thérapeute dans le processus.

Malgré la grande quantité de recherches menées à ce jour sur l’AM, ainsi que

malgré les pistes d’intervention psychothérapiques validées au sein de celles-ci,

peu d’études semblent s’être attardées à examiner le rôle possible de

l’Approche Masterson en contexte de développement de l’employabilité. Suite

aux constatations faites jusqu’à présent concernant le rôle des conseillers et

conseillères en emploi, de la complexification des problématiques auxquelles

ils font face, de la faiblesse de leur formation de baccalauréat quant à la

compréhension du fonctionnement psychologique et des approches d’influence

psychodynamique, le questionnement suivant s’impose : quels pourraient être

les apports possibles pour les conseillères et les conseillers en emploi de se

former à l’utilisation de l’Approche Masterson afin d’accroître leurs

compétences cliniques au niveau du fonctionnement psychologique?

45

2.2.7. Intégration possible de l’AM en développement de carrière

À la lumière des informations présentées, l’utilité de l’approche semble de plus

en plus claire quant à l’aide qu’elle peut fournir aux conseillères et aux

conseillers pour les aider à mieux comprendre le fonctionnement psychologique

de leurs clients. Entre autres, l’utilisation de la triade dynamique du trouble du

soi comme outil de travail fournit aux intervenants une sorte de grille d’analyse

leur permettant en quelque sorte de cartographier le fonctionnement de leurs

clients. Et ce, qu’ils aient ou non un trouble de santé mentale diagnostiqué. Plus

spécifiquement, cette façon d’analyser les individus permet aux intervenants, à

partir des évènements qui activent les clients, de faire ressortir les affects

négatifs reliés à ces événements et par la suite d’identifier les mécanismes de

protection nuisibles mis en place par la personne pour se protéger de ces affects.

Les événements activateurs dont il est question, représentent ici toutes

situations qui requièrent la mobilisation et l’utilisation des capacités

d’adaptation et d’autorégulation des clients. Ces capacités faisant partie de la

dimension du fonctionnement psychologique. Au niveau du développement de

l’employabilité, les événements activateurs de l’autonomie pourrait entre autres

se traduire par une transition de vie comme le passage à l’adolescence, un

départ du foyer familial, le début d’un nouvel emploi, un événement stressant

dans la vie des clients, tels qu’une séparation ou la naissance d’un enfant ou par

des problèmes dans la vie de couple.

L’AM offre un cadre théorique décrivant les principes, les concepts et les

modalités d’intervention clinique auprès de personnes manifestant entre autres

des difficultés d’adaptation au plan du stress et de l’anxiété, sur le plan de

l'autonomie, sur le plan de la connaissance de soi (identité), sur le plan des

relations interpersonnelles et sur le plan de la régulation émotionnelle. Pour le

champ disciplinaire du développement de carrière et de l’employabilité, celle-ci

permet un travail approfondi au niveau des résistances, des passages à l’acte, de

la mise en place de mécanismes de défense pouvant faire entrave au processus

46

de relation d’aide et de stratégies personnelles d’insertion professionnelle. En

suivant la logique de l’Approche Masterson, les clients aux prises avec des

difficultés d’adaptation auraient des capacités du Soi réel réduites par rapport

aux clients ne présentant pas de telles difficultés. Lorsque ça se passe bien,

l’individu est capable d’activer son Soi réel3, c’est-à-dire d’identifier ses

intérêts et ses besoins, de les exprimer dans la réalité et de les défendre

lorsqu’ils sont attaqués sans être envahi pas des émotions négatives. L’individu

réagit donc de façon adaptée aux situations de la vie qui se présentent à lui. Le

Soi réel a deux fonctions, il est le véhicule émotionnel pour l’expression de soi

et il maintient l’estime de soi à travers l’apprentissage et la maîtrise des tâches

de la vie. Par contre, lorsque ça se passe moins bien, on dit que les capacités du

Soi réel sont réduites. Cela fait surgir des réactions émotionnelles excessives,

vécues comme difficilement gérables, engendrant chez l’individu la mise en

place d’un Soi défensif4 et de mécanismes de défense (mécanismes de

protection nuisible). Ces mécanismes de défense sont efficaces pour bloquer

les affects douloureux, mais nuisent souvent à l’adaptation de la personne. Au

niveau du questionnaire de recherche, l’emphase a davantage été mise sur les

capacités réduites du soi réel, qui se traduisent dans la vie des individus par des

difficultés d’adaptation. Les questions ont donc été posées en termes de

difficultés d’adaptation plutôt qu’en termes de capacités d’adaptation. Les

capacités d’autorégulation et d’adaptation sont à la base de l’identité et de

l’autonomie (Bessette, 2010) et s’insèrent à l’intérieur de la dimension du

fonctionnement psychologique décrit précédemment et qui compose les

individus avec les dimensions des ressources personnelles et des conditions du

3 Le terme « soi réel » fait référence à un Soi sain et en santé, composé principalement d’aspects

conscients de la réalité et, dans une moindre mesure, d’aspects inconscients et de l’ordre de

l’imaginaire. (Masterson et Lieberman, 2004)

4 Contrairement au Soi réel, le Soi défensif maintien l’estime de soi non pas par des efforts pour

maîtriser la réalité, mais en se défendant contre des affects douloureux. Le Soi défensif fait

référence à une façon d’être, de se percevoir et de percevoir les autres qui est étrangère au Soi

réel, qui est principalement « en réaction » aux autres et qui manque de spontanéité. (Masterson

et Lieberman, 2004)

47

milieu.

Même si le secteur du développement de l’employabilité fournit des services

quotidiens auprès des différentes clientèles présentées plus haut, tels que la

clientèle étudiante, les clients aux prises avec des problèmes d’alcoolisme,

d’autres souffrant de stress post-traumatique ainsi qu’auprès d’une population

pouvant présenter des symptômes de santé mentale divers, peu d’études

semblent s’être intéressées directement à l’utilisation de l’Approche Masterson

dans le contexte du développement de l’employabilité. Néanmoins, Bessette

(2007) mentionne des utilisations de l’approche avec lesquelles il est aisé de

faire des parallèles avec le domaine de l’employabilité. Elle mentionne que bien

que l’Approche Masterson a été développé principalement pour les traitements

de psychothérapie à moyen et long terme, celle-ci éclaire et enrichit les types

d’interventions à l’intérieur de processus court-terme dans des contextes non

psychothérapeutiques, en emmenant aux intervenants une compréhension du

monde intérieur et de la dynamique relationnelle propre à chacune des

structures de personnalité. L’auteure nous informe entre autres que l’Approche

Masterson pourrait être utile dans certains contextes, tels que l’éducation en

diététique pour les personnes diabétiques, le maintien à domicile et les groupes

d’entrainement aux habiletés parentales. Elle pourrait aussi être utile pour

contourner les difficultés relationnelles et contrer les comportements faisant

obstacles aux interventions ne visant pas spécifiquement le trouble de la

personnalité. Malgré que le domaine de l’employabilité n’y soit pas mentionné,

on comprend aisément que l’Approche Masterson pourrait sûrement être

utilisée dans le domaine non psychothérapeutique du développement de

l’employabilité et y être d’une grande utilité. En particulier concernant tout ce

qui concerne les difficultés relationnelles et les comportements faisant obstacles

aux interventions, qui sont souvent présents dans le contexte des interventions

en employabilité. Bessette précise de plus pour appuyer ces dires, que lorsqu’un

individu présentant un trouble de la personnalité utilise un mécanisme de

défense tel que le passage à l’acte à l’intérieur d’une relation d’aide, il est facile

de s’en apercevoir dans la relation. Par exemple, cela pourrait se manifester

48

sous forme de retards et d’absences fréquentes du client aux rencontres, par une

attitude passive et impuissante face au processus, par le non-respect du cadre

d’intervention, par des demandes irréalistes dépassant le cadre de l’intervention,

par la dévaluation ou l’idéalisation de la conseillère ou du conseiller ou encore

lorsqu’un client ne cesse de parler de sujets secondaires pendant les rencontres.

L’auteur mentionne que c’est par ces types de comportements que le client

exprime ses affects. Or, ce genre de comportements est assez fréquent et peut

s’observer aisément dans un contexte de relation d’aide en développement de

l’employabilité. Il n’est pas exclusif au seul monde de la psychothérapie. Cela

pourrait donc s’avérer fort utile en contexte de développement de

l’employabilité.

À la lumière de ces informations, plusieurs interrogations apparaissent : est-ce

que les conseillers en emploi sont suffisamment outillés pour travailler avec des

gens présentant ces problématiques? Sont-ils suffisamment outillés pour arriver

à modifier leurs interventions de façon à rejoindre ces clients dans leur

dynamique personnelle? S’ils ne sont pas suffisamment outillés pour déceler

ces problématiques, comment pourront-ils référer ces clients vers des ressources

mieux adaptées à leur situation?

49

3. OBJECTIF DE RECHERCHE

Il a beaucoup été question de problématiques de santé mentale dans les sections

précédentes; or les clients rencontrés par les conseillers en emploi n’ont pas

tous, bien sur, des problèmes de santé mentale ou d’adaptation psychosociale.

Toutefois, comme il a été démontré que l’augmentation et la complexification

des problématiques dans le domaine de l’employabilité étaient bien réelles, il

est facile de penser que des types de clientèles de toutes sortes peuvent un jour,

se présenter dans le bureau de ces conseillers, dont des problématiques de santé

mentale. Les problématiques de santé mentale de ces clients n’étant la plupart

du temps pas la raison première de leur visite en employabilité, celles-ci ont

tout de même des impacts négatifs sur le déroulement des processus de relation

d’aide. Il a aussi été démontré que les formations de baccalauréat offertes au

sein des universités québécoises n’étaient que très peu orientées vers

l’utilisation d’approches d’origine psychodynamique ou d’autres approches

mettant l’emphase sur la compréhension du fonctionnement psychologique des

individus.

L’objectif de cette recherche est donc de décrire les impacts d’un atelier de

formation continue misant sur le fonctionnement psychologique des individus,

en contexte de développement de l’employabilité. Plus spécifiquement, cette

recherche vise à 1) décrire les perceptions de compétences professionnelles de

conseillères et de conseillers en emploi au regard de l’intervention sur des

modalités du fonctionnement psychologique de leurs clientèles, avant, puis

après avoir suivi une formation centrée sur l’Approche Masterson en

counseling d’emploi; 2) examiner les différences perçues par les conseillères et

les conseillers en emploi quant à leur perception de compétence à intervenir sur

des modalités du fonctionnement psychologique chez leurs clients à la suite

d’une formation centrée sur l’Approche Masterson en counseling d’emploi.

50

4. MÉTHODOLOGIE

Ce chapitre traite de la méthodologie employée dans le cadre de ce projet de

recherche. Celui-ci comprend 5 sections. Ces sections traitent entre autres de

l’échantillonnage des participantes et des instruments développés et utilisés.

Ensuite, la façon dont les instruments d’enquête ont été construits et la méthode

d’analyse utilisée pour traiter les données sont explicitées. Finalement, le

protocole éthique relié à cette recherche est abordé.

4.1. Échantillonnage

La méthode d’échantillonnage utilisée fut une méthode non probabiliste, soit

celle de l’échantillonnage par choix raisonné. Ce type d’échantillonnage

consiste à choisir des participantes et des participants selon les caractéristiques

typiques de la population à l’étude. Bref, pour recruter des sujets qui répondent

à des critères d’inclusion définis (Fortin, 2010). Dans le cas de cette recherche,

les sujets devaient occuper un emploi de conseillère ou conseiller en emploi et

ne pas avoir complété de formation de 2e cycle en orientation. Pour ce faire, un

envoi massif proposant une formation sur l’Approche Masterson en contexte

d’employabilité a été fait à la direction de 77 organismes en employabilité de la

grande région de Montréal. L’offre de formation était accompagnée d’un

formulaire d’inscription à celle-ci et d’une demande de participation volontaire

à un projet de recherche en lien avec cette même formation. Les personnes

intéressées devaient faire parvenir leur réponse par la poste à madame Jacinthe

Fortier, formatrice et partenaire au projet. Les sujets intéressés à l’atelier de

formation sur l’Approche Masterson et aussi intéressées à participer au projet

de recherche ont ensuite été approchés de façon individuelle par courriel par le

chercheur attaché à la recherche.

Vingt-deux conseillères en emploi intervenant directement auprès de chercheurs

d’emploi dans un organisme communautaire de la région du grand Montréal se

sont montrées intéressées à participer à l’enquête. Des vingt-deux personnes

51

ayant assisté à la formation, 17 ont assisté à la première formation et cinq à la

deuxième. Les vingt-deux participantes ont répondu au premier questionnaire et

dix-sept d’entre elles ont retourné le deuxième questionnaire suite à la

formation. Les cinq personnes ayant décidé de ne pas remplir le deuxième

questionnaire ont toutes été rejointes par courriel afin de solliciter leur

participation. Toutefois, une seule a répondu et a mentionné que dû à son

horaire chargé elle n’avait malheureusement pas le temps de remplir ce

deuxième questionnaire.

Tel qu’illustré par le tableau 6 (Appendice C), les sujets étaient tous des

femmes. Sept d’entre elles étaient dans la vingtaine, sept étaient dans la

trentaine, quatre étaient dans la quarantaine et quatre dans la cinquantaine. Trois

participantes possédaient une formation technique de niveau collégial, seize

possédaient une formation de niveau universitaire de 1er cycle complétée et

trois d’entre-elles une formation universitaire de 2e cycle complété, mais dans

un domaine différent de l’orientation. Deux participantes étaient à compléter

une formation de 2e cycle lors de leur participation à cette recherche.

Tableau 4.1

Répartition du niveau de scolarité des conseillères interrogées

Collégial complété Universitaire 1er

cycle

complété

Universitaire 2e cycle

complété

3 16 3

Un total de dix participantes avait une formation menant directement au métier

de conseillère en emploi, soit un baccalauréat en développement de carrière, en

orientation et counseling, en orientation, en information scolaire et

professionnelle ou un certificat en développement de carrière. Le reste des

participantes possédaient donc des formations dans des domaines connexes.

Douze participantes possédaient au moins six années d’expérience, tandis que

huit d’entre elles avaient une année ou moins d’expérience de travail comme

conseillère en emploi.

52

4.2. Les instruments développés et utilisés

Dans le but de répondre à l’objectif principal de la recherche et aux deux sous-

objectifs de celle-ci, trois questionnaires de collecte de données ont été

développés : 1) questionnaire sociodémographique; 2) questionnaire pré

formation à questions ouvertes et à court développement; 3) questionnaire post

formation à questions ouvertes et à court développement.

4.2.1. Questionnaire sociodémographique

Le questionnaire sociodémographique était composé de questions nominales

(nom, prénom, sexe, âge) et de questions sur la scolarité, l’emploi et le nombre

d’années d’expérience des personnes interrogées. Une copie de ce questionnaire

est disponible en annexe (Appendice D).

4.2.2. Questionnaires pré et post formation

Les deux questionnaires de recherche à questions ouvertes étaient composés

chacun de sept questions à court développement (Appendices E et F) et

portaient sur l’auto-évaluation des participantes sur leurs besoins, leur

impression de compétence à intervenir sur des difficultés d’adaptation chez

leurs clients et la description de leurs pratiques professionnelles avant et après

la formation. Les difficultés d’adaptation dont il est question, touchent les

difficultés au plan du stress et de l’anxiété, de l’autonomie, de la connaissance

de soi, de l’estime de soi, des relations interpersonnelles, ainsi que de la

régulation émotionnelle. La motivation à utiliser ces difficultés en particulier au

sein des questionnaires résulte de l’analyse l’Approche Masterson. Les clients

aux prises avec des problématiques plus complexes ou présentant des difficultés

plus profondes auraient des capacités du Soi réel réduites par rapport aux

clients ne présentant pas de telles difficultés. Lorsque ça se passe bien, on dit

que le client est capable d’activer son Soi réel, sans être envahi pas des

émotions négatives. Il réagit donc de façon adaptée aux situations de la vie qui

se présentent à lui. Par contre, lorsque ça se passe moins bien, on dit que les

53

capacités du Soi réel sont réduites. Cela fait surgir des réactions émotionnelles

excessives, engendrant chez l’individu la mise en place de mécanismes de

défense (mécanismes de protection nuisible). Ces mécanismes sont nuisibles,

car ils bloquent l’adaptation de la personne. Au niveau du questionnaire,

l’emphase a davantage été mise sur les capacités réduites du soi réel, qui se

traduisent dans la vie des individus par des difficultés d’adaptation. Les

questions ont donc été posées en termes de difficultés d’adaptation plutôt qu’en

termes de capacités d’adaptation. Les capacités d’adaptation font parties de la

dimension du fonctionnement psychologique décrit précédemment, qui

composent les individus avec les dimensions des ressources personnelles et des

conditions du milieu.

4.3. Méthode de collecte des données

La collecte de données qualitatives et quantitatives s’est opérée en deux temps

et sur une période de 2 mois. En acceptant de participer à cette recherche, les

sujets avaient à remplir un consentement libre et éclairé (Appendice G). Cette

fiche présente les objectifs de la recherche, les considérations déontologiques et

les mesures mises en place pour le respect de la confidentialité. Ensuite, les

participantes devaient remplir un questionnaire sociodémographique et à deux

reprises un questionnaire portant sur leur capacité à intervenir sur des difficultés

d’adaptation rencontrées par les clients (avant et après la formation). Tout

d’abord, le questionnaire sociodémographique, le questionnaire pré formation,

ainsi que le consentement libre et éclairé sur la participation au projet de

recherche ont été envoyés par courriel (9 décembre) aux personnes intéressées.

Celles-ci devaient rapporter les trois documents dument rempli et signé, lors de

la première journée de formation, sans quoi elle ne pourrait participer au projet

de recherche. Elle pouvait toutefois assister à la formation. Avant de récupérer

les questionnaires pré formation, chaque répondant devait avoir remis le

formulaire de consentement libre et éclairé sur sa participation à la recherche à

la formatrice. L’anonymat et la confidentialité ont été assurés à tous les

participants. Le deuxième questionnaire devait quant à lui être rempli environ 1

54

mois après avoir suivi la formation et il devait être retourné par courriel au

chercheur principal. Cette façon de faire a été mise en place afin de limiter les

coûts qu’un envoi par courrier aurait pu engendrer pour chacune des

participantes.

4.4. Analyse des données

Ce rapport d’activité dirigée repose sur une méthodologie mixte simultanée

imbriquée. Cette démarche comporte une phase de collecte de données au cours

de laquelle des données qualitatives et quantitatives sont recueillies

simultanément et où une des deux méthodes d’analyse prédomine (Fortin, 2010

p.376). Dans le cas de cette recherche, la méthode d’analyse qualitative est

prédominante et la méthode quantitative sert à enrichir les phénomènes dégagés

qualitativement.

4.4.1. L’analyse qualitative des données

Afin de répondre au premier objectif de cette recherche, soit de décrire les

perceptions de compétences des conseillères, l’analyse des données qualitatives

a été faite et consistait en l’identification de thèmes émergents au sein du

matériel discursif des participantes lors de chacune des vagues d’enquête, ainsi

qu’au regard des différentes dimensions examinées. Tel que mentionné par

Paillé et Mucchielli (2008), lorsqu’on procède à une analyse thématique, il ne

s’agit pas d’interpréter, ni de théoriser, ni de dégager l’essence de l’expérience

des participantes et des participants, il s’agit plutôt de chercher la cohérence

entre les différents segments d’entretiens analysés. La démarche retenue afin de

thématiser le corpus de cette recherche est celle de la thématisation en continu.

Celle-ci consiste à une attribution ininterrompue de thèmes, et en même temps

de construction de l’arbre thématique. Les thèmes sont donc identifiés à mesure

que la lecture du texte se fait, puis ajoutés progressivement à l’arbre

thématique. De sorte que ce n’est qu’à la fin de la l’analyse du corpus que les

thèmes auront pris leur forme plus définitive (Paillé et Mucchielli, 2008). Selon

55

ces mêmes auteurs, l’avantage de cette démarche est qu’elle permet une analyse

plus fine et plus riche du corpus que la démarche d’analyse séquencée. Ces

mêmes auteurs mentionnent aussi que ce type d’analyse est particulièrement

approprié pour l’analyse des réponses aux questions ouvertes d’un

questionnaire. Afin de bien circonscrire le processus d’analyse utilisé pour cette

recherche, les étapes de réalisation d’une analyse thématique en continu sont

explicitées plus en détail dans le tableau suivant.

Tableau 4.2

Étapes de réalisation d’une analyse thématique en continu

Consignes

1er

verbatim

Consignes

générales

Ne pas découper le texte

Ne pas surligner ni préthématiser

Faire une analyse en continu. Travailler en mode

d’inscription dans la marge

Ne pas thématiser les extraits hors d’ordre

Retarder optimalement les regroupements

thématiques

Attendre les effets de récurrence d’un verbatim à

l’autre

Algorithmes

(étapes) de

l’analyse

Lecture du verbatim

Mise en point de la compréhension initiale

Retour sur l’objectif de l’entretien

Conscientisation de la posture

Réduction phénoménologique

Thématisation progressive du corpus

Réflexion concomitante sur la sensibilité

théorique et expérientielle en opération

Constitution concomitante d’un relevé de

thèmes

2e verbatim

Consignes

générales

Procéder comme pour le 1er

verbatim

Commencer, en outre, à être sensible aux effets

de récurrence et à la vaillance de toute sorte

Utiliser la même thématisations en cas de

récurrences fortes

Commencer également à être sensible à de

possibles regroupements thématiques

56

Algorithmes

(étapes) de

l’analyse

Procéder comme pour le1er verbatim

Initier, en plus, la tenue d’un journal de

thématisation

3e verbatim

Consignes

générales

Procéder comme pour le 2e verbatim

Commencer, lorsque pertinent, à faire des essais

de regroupement

Algorithmes

(étapes) de

l’analyse

Procéder comme pour le 2e verbatim

Débuter, en plus, l’analyse du relevé de thèmes

Enrichir et préciser le journal de thématisation

4e verbatim et suivants

Consignes

générales

et algorithmes

(étapes) de

l’analyse

Procéder comme pour le 3e verbatim

Construire peu à peu l’arbre thématique

Vérifier la précision des thèmes

S’assurer de la robustesse de l’analyse proposée

Source : Paillé et Mucchielli (2008). P. 200.

En somme, ce tableau présente la structure de fonctionnement utilisé dans cette

recherche pour effectuer l’analyse thématique du corpus. Elle comporte entre

autres des consignes générales et des étapes qu’il est suggéré de suivre afin de

bien débuter et ensuite mener l’analyse.

Afin de répondre au deuxième objectif de cette recherche, soit d’examiner les

différences perçues par les conseillères et les conseillers en emploi quant à leur

perception de compétence à intervenir sur des dimensions du fonctionnement

psychologique. Les résultats de l’analyse thématique en continu des deux

temps d’enquête présentés afin de répondre au premier objectif ont été analysés,

puis interprétés afin de faire ressortir les différences perçues dans les propos des

conseillères avant et après la formation.

57

4.4.2. L’analyse quantitative des données

Dans cette recherche, l’analyse de données quantitative sert de complément à

l’analyse qualitative, dans le sens où elle vient ajouter à la compréhension de la

perception de compétence des conseillères interrogées. Pour ce faire, l’auto-

évaluation des conseillères sera rapportée sous forme de moyennes et d’écarts-

types. Fortin (2010), mentionne que si l’on veut traiter des données ordinales

comme si elles étaient d’intervalles, la moyenne peut alors être utilisée pour

décrire le centre des données. C’est le cas ici avec l’échelle de 1à 10 sur

laquelle les conseillères doivent se positionner. Elle mentionne aussi que cette

mesure représente la plus stable des mesures de tendance centrale, qu’elle

fournit la meilleure estimation de la tendance centrale de la population mesurée,

mais qu’elle est sensible aux valeurs extrêmes. Les moyennes et les écarts-types

seront ensuite comparés dans le but de dégager des tendances quant à de

possibles impacts reliés à la formation sur l’AM.

4.5. Considérations éthiques

Ce projet de recherche est conforme aux politiques usuelles de la recherche et

répond aux normes établies par le Cadre normatif pour l’éthique de la recherche

avec des êtres humains de l’Université du Québec à Montréal (1999) et

l’Énoncé de politique des trois Conseils : éthique de la recherche avec des êtres

humains (1998).

Le formulaire de consentement libre et éclairé utilisé dans le cadre de cette

recherche présente d’abord les informations générales concernant le chercheur

principal et les collaborateurs associés au projet. Ensuite, le protocole décrit le

but général du projet de recherche et le nom de la personne qui en assure la

direction, puis la demande de participation formulée auprès des participantes et

des participants (implications de participer au projet, types de questionnaires

utilisés, méthodes de transmission des questionnaires, échéancier du projet) et

les avantages à participer à la recherche sont abordés. Aussi, les risques

potentiels reliés à la participation au projet, le protocole d’anonymat et de

58

confidentialité, le côté volontaire de la participation à la recherche et l’absence

de compensation financière rattachée au projet font partie du protocole éthique

utilisé.

Le formulaire de consentement comporte également un point mentionnant que

les données recueillies sont traitées de façon confidentielle et anonyme. Le

formulaire de consentement libre et éclairé est disponible en Appendice de cette

recherche (Appendice G). Aucune identification personnelle des participantes et

des participants ne sera possible lors de la présentation des résultats. Tous les

documents servant à la cueillette de données utilisent un code numérique pour

identifier les participantes et les participants.

59

5. PRÉSENTATION ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS

Ce chapitre aborde la présentation et l’analyse des résultats selon la méthode

d’analyse thématique en continu présentée par Paillé et Mucchielli (2008). La

première section de ce chapitre vise à décrire la perception des conseillères en

emploi au regard de leurs compétences à intervenir sur des modalités du

fonctionnement psychologique chez leurs clientèles, avant et après avoir suivi

une formation centrée sur l’AM en counseling d’emploi. Les résultats présentés

et analysés permettent de répondre au premier objectif de recherche. La

deuxième section de ce chapitre vise quant à elle à examiner les différences

perçues chez les conseillères en emploi quant à leur sentiment de compétence à

intervenir sur des modalités du fonctionnement psychologique de leurs clients à

la suite d’une formation centrée sur l’AM en counseling d’emploi. Les résultats

qui y sont présentés et interprétés permettent de répondre au deuxième objectif

de recherche.

5.1 Compétences perçues par les conseillères : avant et après la

formation

Cette section vise à présenter les résultats de cette recherche, en lien avec le

premier objectif de celle-ci, soit de décrire les perceptions de compétences

professionnelles de conseillères et de conseillers en emploi au regard de

l’intervention sur des modalités du fonctionnement psychologique de leurs

clientèles, avant, puis après avoir suivi une formation centrée sur l’Approche

Masterson en counseling d’emploi. Tout d’abord, les propos pré formation des

conseillères et des conseillers en emploi sont présentés selon les thèmes

dégagés à partir d’une démarche visant dans l’ordre : 1) l’identification d’un

thème possible; 2) la référence à une définition opérationnelle auxquels doivent

se rattacher des passages pouvant être associés à ce thème, puis 3)

60

l’identification des conditions d’existence d’un tel thème, soit la capacité de

décrire les éléments, les caractéristiques ou les autres circonstances requises

pour qu’il soit possible de rendre « existant » un tel thème. Dans un deuxième

temps, les propos post-formation des conseillères et des conseillers en emploi

sont présentés selon les thèmes dégagés à partir de la démarche décrite

précédemment. Les deux temps d’analyse mettent ainsi en lumière la perception

des conseillères en emploi au sujet de leur compétence à intervenir sur des

modalités du fonctionnement psychologique de leurs clients avant et après avoir

suivi la formation sur l’Approche Masterson.

5.1.1 Auto-évaluation des conseillères et des conseillers avant la formation

Analyse quantitative

Voici des tableaux présentant les résultats quantitatifs de l’auto-évaluation des

participantes sur certaines dimensions du fonctionnement psychologique, avant

de suivre une formation sur l’Approche Masterson. Il a été demandé aux

participantes d’auto-évaluer leurs compétences en matière d’intervention auprès

de personnes présentant des difficultés d’adaptation en s’attribuant une note

allant de 1 à 10. Une note de 1 représentait une perception de compétence très

faible et une note de 10 représentait une perception de compétence très forte à

intervenir sur des dimensions précises du fonctionnement psychologique.

61

Tableau 5.1

Résultats quantitatif pré-formation

Dimensions du fonctionnement psychologique

Str

ess

et a

nxié

Auto

nom

ie

Connai

ssan

ce d

e

soi

Rel

atio

ns

inte

rper

sonnel

les

Rég

ula

tion

émoti

onnel

le

Moyennes 7,3 6,9 7,8 6,9 6,9

Écarts-

type 0,9 1,2 1,5 1,2 1,9

Ce qu’il faut retenir ici, c’est que la dimension de la connaissance de soi est

celle dont l’auto-évaluation des participantes semble être la plus élevée parmi

les cinq dimensions évaluées. Au niveau de l’écart-type des mêmes résultats, on

peut constater qu’il est assez grand et que 68 % des participantes se sont

attribué un score se situant entre 6,3 et 9,3 sur 10 pour cette dimension. Ces

données laissent croire que cette dimension serait celle sur laquelle les

conseillères se sentent le plus à l’aise d’intervenir. Les résultats aux dimensions

du stress et de l’anxiété, de l’autonomie et des relations interpersonnelles

semblent similaires quant à l’auto-évaluation des participantes. Ces résultats

sont un peu moins élevés que pour la dimension de la connaissance de soi, mais

semblent tout de même démontrer une certaine confiance des conseillères quant

à leur capacité à intervenir sur ces trois dimensions. La dimension de la

régulation émotionnelle semble être quant à elle, celle ayant la plus grande

répartition au niveau des résultats. Environ 68 % des participantes se sont

attribué un score se situant entre 5 et 8,8 sur 10 pour cette dimension. De sorte

que l’auto-évaluation de la capacité d’intervenir des conseillères sur cette

62

dimension, semble être difficile pour plusieurs d’entres-elles, mais très facile

pour d’autres, ce qui pourrait expliquer le grand écart-type de cette dimension.

Analyse qualitative

Cette section a pour objectif de décrire les perceptions de compétences

professionnelles de conseillères et de conseillers en emploi au regard de

l’intervention sur des modalités du fonctionnement psychologique de leurs

clientèles, avant et après avoir suivi une formation centrée sur l’Approche

Masterson en counseling d’emploi. Les phénomènes qui y sont présentés ont

été obtenus à partir d’une lecture flottante du matériel recueilli.

Être en relation avec l’autre

Plusieurs conseillères ont évoqué la relation avec l’autre et les différentes

dynamiques au sein de cette relation pour expliquer que celle-ci a un impact sur

leur perception de compétences professionnelles. Certaines ont d’abord

souligné la dynamique personnelle des clients dans la relation et l’effet de cette

dynamique sur la façon dont elles se sentent. Il est ici question de réactions

émotionnelles surgissant chez les intervenantes lors des rencontres et qui sont

causées par la façon d’être ou de se comporter des clients.

[…] il est difficile de rester motivé lorsque la personne

n’avance plus dans ses démarches. (6.2);

Il me demandait toute mon énergie pour seulement l’écouter.

(19.5)

Je me sens impuissante, impatiente, voire même exaspérée par

moments devant l’inaction… le désengagement, le

désintéressement, car j’en suis affectée. (17.2)

63

D’autres conseillères ont fait état de l’impact produit par la rencontre de clients

avec lesquels elles se reconnaissent et des réactions émotionnelles que cela

suscite.

Lorsque j’entre en contact avec une clientèle ayant des

difficultés au plan de la régulation émotionnelle, je me sens

déstabilisée et déboussolée. Je me reconnais en elle cette

clientèle. (17.5);

Dépendamment des difficultés je serai plus ou moins à l’aise.

Une personne timide ou réservée me ressemblera plus et

j’aurai plus de repères. (7.4);

Tandis que d’autres conseillères ont mentionné l’impact émotionnel produit par

la rencontre de clients qui représentent en quelque sorte leur opposé.

Étant moi-même très autonome, responsable de mes actes et

qui aime être dans l’action, je trouve difficile d’être en face de

mon contraire. (10.2);

Un manque à combler réside dans l’évaluation de la difficulté

apportée par la personne en ce sens qu’un laisser-aller

volontaire est difficilement acceptable pour moi […] (18.2)

L’impact que la dynamique personnelle ou le type de personnalité des clients

peut avoir sur les interventions des conseillères lorsqu’elles sont en relation a

aussi été souligné par celles-ci.

Selon certains types de personnalité, il arrive que mon

intervention ne fonctionne pas. […] j’ai tendance à avoir un

comportement opposé à cette personne. (14.5);

64

[…] il m’est arrivé d’entrer dans leur jeu malgré moi et de

donner des réponses qui normalement devraient venir de la

personne elle-même. (15.2);

Tandis que deux conseillères ont plutôt insisté sur l’importance de comprendre

leur propre dynamique dans la relation avec l’autre. Entre autres, elles ont

démontré dans leurs réponses une sorte de capacité à s’autoanalyser et à tirer

des conclusions quant à leur propre dynamique lorsqu’en relation avec l’autre.

Longtemps, par ma propre dynamique relationnelle ayant

grandi avec un parent colérique et violent, j’ai appris à ne pas

éveiller l’ours qui dort, donc j’ai appris à taire sentiments et

émotions en cours de route. (17.5);

Tout en sachant d’où je viens et comment cela me modèle en

tant que personne ayant un schéma de carence affective

prédominant dans ma dynamique relationnelle, je porte

attention à prendre soin de mes besoins de l’enfance n’ayant

pas été satisfaisants et comblé pour moi, tel mon besoin

d’être aimée, considéré, valorisé, reconnu, entendu, respecté.

(17.4)

[…] j’évite de dire réellement ce que je pense de peur de

blesser. J’ai tendance à mettre des gants blancs […]. (2.4);

En somme, la perception de compétences professionnelles d’une majorité de

conseillères interviewées, semble grandement variée selon les types de clients

avec qui elles sont en relation. La façon d’être de ces clients, la perception que

les conseillères ont de ces clients et les chocs de valeurs provoqués par ceux-ci

semblent être des éléments qui déstabilisent les conseillères dans leur pratique,

affectent leur perception de compétence professionnelle et influencent leur

65

façon d’intervenir. En utilisant un langage issu du courant psychodynamique, il

est ici question de transferts et de contre-transferts. Alors que la plupart des

conseillères se sont retrouvées à énumérer des problématiques qu’elles

rencontrent au niveau relationnel et les réactions qu’elles suscitent, un petit

nombre de conseillères a quant à lui démontré une certaine capacité

autoréflexive sur ces difficultés, sans toutefois démontré une maîtrise à ce

niveau.

Faire l’éloge de l’«avoir vécu»

Certaines conseillères tendent à se servir d’expériences vécues dans leur vie

personnelle, afin de transférer ces expériences dans leurs interventions et ainsi

s’attribuer un certain niveau de compétence.

J’ai de l’expérience en tant que chercheur d’emploi, employé

et employeur de laquelle je peux tirer des références qui

m’aident à comprendre et à donner des pistes de solutions.

[…] Mon expérience personnelle me sert grandement dans

mes interventions. (2.1)

Je cherche avec ma clientèle à y trouver leurs solutions à elle,

tout en m’appuyant sur mes ressources en moi faisant partie

intégrante de mon bagage de connaissances, de compétences

et de mon vécu.» (…)

« J’ai moi-même à conjuguer avec le stress et l’anxiété…

(17.1)

Ayant moi-même de la difficulté avec l’autonomie […], je

suis aussi bien placé pour savoir ce que vivent les personnes

[…]. (14.2)

66

Le fait de l’avoir vécu soi-même permet aux conseillères de se reconnaître une

plus grande compétence – plutôt qu’une plus grande sensibilité – à l’égard de

l’expérience traversée par les clients. Cela semble entre autres leur permettre

d’avoir une certaine confiance quant à la compréhension qu’elles pourront

dégager de la situation de leurs clients.

Tandis que d’autres mettent davantage l’emphase sur l’importance d’avoir vécu

une situation au plan de l’intervention afin de jauger de leur capacité à

intervenir sur des problématiques particulières ou dans des situations précises.

[…] je possède les outils nécessaires et l’expérience dans ce

genre de situation. Je me suis retrouvé souvent en situation ou

l’individu vivait de la colère ou avait de la difficulté à rester

positif ou à s’apaiser. (3.5) ;

Dans mon expérience […], j’ai travaillé en relation d’aide,

avec des personnes soumises à beaucoup de stress et de

l’anxiété. (4.1) ;

Ce qui me permet d’accorder 3/10 : peu d’exposition à cette

problématique. (21.5)

Ainsi, la notion de compétence relationnelle est intimement liée aux

expériences personnelles et professionnelles vécues par la conseillère

antérieurement. Autrement, peu, sinon moins de reconnaissance est permise.

S’autoattribuer des compétences sensorielles

Les conseillères rencontrées tendent pour plusieurs à procéder à une action

d’auto attribution de compétences ou de non-compétence. Plus

particulièrement, ladite auto attribution de compétences ne porte pas tant sur la

67

maîtrise du processus, de techniques ou d’outils particuliers, mais sur une sorte

de sensibilité relationnelle que les conseillères se reconnaissent.

Je comprends, je saisis, je conçois, bref, il m’est facile de

ressentir les émotions vécues. (2.1) ;

Je considère que mes principales forces sont l’écoute,

l’empathie et ma capacité à valoriser la personne. […]

jumelés à mes compétences soulignées précédemment, les

clients sont généralement proactifs et les résultats sont

positifs. (1.1)

Ou dans d’autres cas d’une sorte de sensibilité relationnelle qu’elles ne se

reconnaissent pas d’emblée.

Ayant moi-même de la difficulté avec l’autonomie […]. Ma

patience, ma capacité à établir un lien de confiance et une

bonne communication, m’aide à pallier cette compétence qui

n’est pas innée chez moi. (14.2) ;

Étant de nature introvertie les relations interpersonnelles ne

sont pas quelque chose que je maîtrise parfaitement. (14.3);

Tandis que certaines conseillères semblent parler davantage d’une sorte de

clairvoyance naturelle, sans véritable fondement avec leur expérience ou encore

leur formation initiale.

[…] je considère avoir la capacité de démasquer les éléments

qui causent le stress et l’anxiété chez les participants. (19.1) ;

[…] ma capacité à cerner les besoins de chaque personne.

C’est une de mes forces. Je sais, souvent intuitivement, ce que

68

vivent les personnes autour de la table, leur angoisses, leur

négativisme, leurs frustrations, et ce, même dans le non-dit.

(16.5) ;

Je me sens outillé pour intervenir en lien à la connaissance de

soi étant appuyée divinement par mon sens de l’analyse, mon

imagination fertile et mes idées créatrices auprès de ma

clientèle. (17.3)

Donc, chez ces conseillères, la notion de compétence semble presque

exclusivement passer par une reconnaissance de capacités intrinsèques, des

capacités qui les rendraient plus clairvoyantes ou plus aptes à comprendre leurs

clients. Du moins, leur laissant croire qu’elles pourront y arriver.

Utiliser ses compétences relationnelles

Ici, il est question de l’utilisation par les conseillères en emploi de compétences

relationnelles dans leurs interventions avec les clients. Beaucoup de

conseillères ont identifié la capacité à utiliser leurs compétences relationnelles

lors de l’intervention comme étant quelque chose les rendant compétentes à

intervenir sur les difficultés d’adaptation des clients. Certaines conseillères ont

abordé l’importance d’utiliser des compétences de base en relation d’aide pour

justifier leur compétence. La compétence de base qu’est l’écoute active a été

abordée.

J’établie un lien fiable par une écoute active, sans préjugé, en

prenant soin que la personne voit, ressente et accepte

l’accompagnement. (11.2)

J’écoute et rassure la personne, l’encadre, la questionne, la

supporte […]. » (14.1)

69

Ce qui me permet d’accorder 5/10 : formée aux techniques

d’écoute active et je les utilise. Bonne capacité d’écoute.

(21.1)

Elles ont aussi abordé l’utilisation de compétences avancées dans leur pratique,

telle que la confrontation.

Lorsque je les confronte à leur comportement […]. (6.2)

Au niveau de l’employabilité, il arrivera à un certain moment

qu’il faille confronter le client si ses difficultés sont cernées.

(8.4)

Tandis que d’autres parlaient plutôt de compétences spécifiques telles que

l’importance d’utiliser les reflets empathiques dans leur pratique pour justifier

leurs perceptions de compétences professionnelles.

Si une personne vit des difficultés tant au niveau familial,

amical et/ou au travail, j’arrive facilement à refléter la

situation. Faire des reflets et ajouter des défis est simple pour

moi. (9.4)

Lorsque je rencontre un jeune avec cette difficulté (régulation

émotionnelle), je peux ramener des faits concrets sur ses

réactions et lui amenés à prendre conscience de ceci. (20.5)

Donc pour ces conseillères, le seul fait d’utiliser des compétences relationnelles

telles que l’écoute active et la présence, la confrontation ou le reflet empathique

dans leurs interventions, semble être quelque chose de suffisant pour se sentir

efficace à intervenir sur les difficultés d’adaptation des clients.

70

Bénéficier de conditions facilitantes

Il est ici question de toutes les conditions que les conseillères considèrent avoir

ou non et qui font en sorte que leur travail est facilité. Ces conditions peuvent

se présenter de différentes façons, parfois en lien avec la technique, parfois en

lien avec le contexte et même en lien avec la relation. Tout d’abord, plusieurs

conseillères mentionnent l’importance d’établir un lien de confiance dans la

relation avec leurs clients comme étant une condition facilitant leur travail.

Lorsque le lien de confiance est bien établi, il est plus facile

par la suite de regarder plus en profondeur sur les raisons de

ce stress et comment faire pour mieux le gérer. […] certaines

participantes […] sont plus méfiantes de nature et/ou il leur

faut plus de temps avant de s’ouvrir à quelqu’un (10.1);

Dans mon approche il est nécessaire d’instaurer un lien de

confiance […], il m’apparaît primordial d’inviter

régulièrement la personne à exprimer ses besoins. Celle-ci

doit se sentir à l’aise de demander des ajustements à son

intervenante […]. (15.4);

J’arrive généralement à établir un lien de confiance auprès de

la clientèle stressée et anxieuse qui me permet de

l’accompagner dans sa démarche. (14.1)

D'autres insistaient plutôt sur l’importance d’avoir l’aide du client dans la

relation.

[…] le client doit vouloir aussi adresser ces problématiques et

faire du travail par lui-même sinon c’est un cercle vicieux.»

(8.5)

71

La réussite des interventions varie selon la motivation, la

détermination et le vouloir de modifier un comportement de la

part de la clientèle. (14.4);

[…] il faut une ouverture de part et d’autre. (16.4)

Certaines conseillères soulignaient la notion du temps d’intervention comme

étant un facteur facilitant et influençant leur capacité à intervenir sur les

difficultés des clients.

[…] nous avons des contraintes au niveau du temps qui ne

nous permet pas d’insister sur cet aspect. (5.3);

[…] je considère agir plus comme un coach qu’une

intervenante à cause du peu de temps et du contexte dans

lequel je travaille. (8.4)

Plusieurs conseillères ont fait ressortir des aspects plus techniques de leur

métier qui leur semblent être des conditions facilitantes pour intervenir. Tout

d’abord, l’importance d’avoir des stratégies d’intervention semble avoir été

grandement abordée par les conseillères. Un petit nombre de conseillères a

d’abord abordé le fait qu’elles se sentaient compétentes dû aux stratégies

d’intervention qu’elles possédaient.

J’emmène le client à réfléchir sur les causes de cette inaction

et on élabore un plan d’action répondant à ces premiers

besoins et souvent le client finit par se mettre en action. (22.2)

Je peux aussi les aider à nommer leurs émotions, démystifier

les fausses croyances, les distorsions cognitives et même

désamorcer l’escalade possible. (2.1)

72

La personne avec ces difficultés (relations interpersonnelles)

pourrait utiliser le groupe comme un champ d’essai où il

pourrait se donner des petits objectifs avec mon aide chaque

semaine afin d’améliorer ses relations avec les autres. (20.4)

Tandis qu’un grand nombre de conseillères ont plutôt fait ressortir un manque à

ce niveau. Cela semble donc être une grande source de questionnements pour

plusieurs conseillères et cela semble affecter leur perception de compétence

professionnelle.

[…] certains clients ne changent pas leur attitude malgré mes

interventions. Ces difficultés au plan de la régulation

émotionnelle deviennent donc des entraves à leur réussite et

j’aimerais obtenir davantage de stratégies d’intervention me

permettant de les aider à se diriger vers un changement

d’attitude. (22.5)

J’aimerais donc développer des stratégies d’intervention

aidant les participants à se mettre en action et à persévérer

après le programme de façon autonome. (22.2);

J’aimerais avoir une mise à jour au niveau des techniques

d’intervention auprès d’une clientèle éloignée du marché du

travail. Mieux connaître les mécanismes de défense. (1.2)

Certaines conseillères ont quant à elles, mentionné l’importance d’avoir une

formation spécialisée dans le domaine de la carriérologie comme un facteur de

compétence professionnelle.

Je ne possède pas de formation en orientation ou autre qui me

permettront d’intervenir en profondeur dans ce domaine.

73

(5.3) ;

Ce qui permet de comprendre la valeur de 6/10 que je

m’accorde, c’est que j’ai une formation sur le domaine

(12.5) ;

Je me sens compétente car j’ai suivi des formations

supplémentaires […]. (13.5)

Finalement, des conseillères mentionnent l’importance de posséder des outils

d’intervention dans leur pratique. Certaines disent se sentir compétente dû au

fait qu’elles possèdent des outils d’intervention qu’elles utilisent dans leur

pratique.

Je possède et ai expérimenté plusieurs outils pouvant m’aider

à accompagner l’individu […]. (3.3);

Je me sens bien outillé. Nous avons plusieurs ateliers sur les

intérêts et les valeurs, etc. (12.3);

Ma boite à ressources à outils est remplie d’activités liées à la

connaissance de soi et je carbure devant ces activités. (17.3)

Alors que d’autres expriment plutôt un manque à ce niveau et un besoin de

connaître davantage d’outils d’intervention. Elles semblent donc beaucoup

miser sur la possibilité d’utiliser des outils d’intervention, afin d’augmenter

leurs perceptions de compétences professionnelles.

Il existe des situations de stress qu’il est difficile de

solutionner. Ici j’aimerais avoir plus d’outils. (19.1);

[…] je serai amené à adapter davantage mon intervention et à

74

chercher des outils appropriés pour être plus adéquate. (15.2);

Je ne me sens pas outillé pour intervenir avec une clientèle

ayant des troubles de comportement diagnostiqués. (13.5)

En somme, plusieurs conditions peuvent faire en sorte que le travail des

conseillères est facilité. Le seul fait qu’une de ces conditions se produise ou non

semble suffisant pour faire augmenter ou diminuer la perception de

compétences des conseillères.

Concernant les résultats de ce premier temps d’enquête, il est important de

retenir que les conseillères interrogées ont semblé justifier leur perception de

compétences professionnelles en se basant sur plusieurs dimensions inhérentes

au métier de conseillère en emploi, dimensions qu’elles reconnaissent comme

étant des conditions facilitant leur travail. Celles-ci ont entre autres mis

beaucoup d’importance sur la dimension relationnelle dans l’intervention et les

différentes dynamiques qui composent les relations, ainsi que sur l’importance

des qualités personnelles et intrinsèques propre à chaque intervenant. Les

conseillères ont aussi mis beaucoup d’importance sur l’aspect technique du

métier de conseillère en emploi pour justifier leurs perceptions de compétences

professionnelles. Finalement, de l’emphase a été mise sur le contexte dans

lequel se pratique le métier de conseillère en emploi pour justifier leurs

perceptions de compétences professionnelles.

75

5.1.2 Auto-évaluation des conseillères et des conseillers après la formation

Au niveau quantitatif

Voici des tableaux présentant les résultats de l’auto-évaluation des participantes

sur certaines dimensions du fonctionnement psychologique, à la suite d’une

formation sur l’Approche Masterson. Il a été demandé aux participantes d’auto-

évaluer leurs compétences en matière d’intervention auprès de personnes

présentant des difficultés d’adaptation en s’attribuant une note allant de 1 à 10.

Une note de 1 représentait une perception de compétence très faible et une note

de 10 représentait une perception de compétence très forte à intervenir sur des

dimensions du fonctionnement psychologique précises.

Tableau 5.2

Résultats quantitatif post-formation

Dimensions du fonctionnement psychologique

Str

ess

et a

nxié

Auto

nom

ie

Connai

ssan

ce d

e

soi

Rel

atio

ns

inte

rper

sonnel

les

Rég

ula

tion

émoti

onnel

le

Moyennes 7,8 7,6 8,2 7,6 7,2

Écarts-type 1,1 0,9 1,2 1,1 1,7

Ce qu’il faut retenir ici, c’est que la dimension de la connaissance de soi est

celle dont l’auto-évaluation des participantes semble être la plus élevée parmi

les cinq dimensions évaluées. Au niveau de l’écart-type, on peut constater

qu’environ 68% des participantes se sont attribué un score se situant entre 7 et

76

8,4 sur 10 pour cette dimension. Ces données laissent croire que cette

dimension serait celle sur laquelle les conseillères se sentent le plus à l’aise

d’intervenir. Les résultats aux dimensions du stress et de l’anxiété, de

l’autonomie et des relations interpersonnelles semblent similaires quant à

l’auto-évaluation des participantes. Ces résultats sont un peu moins élevés que

pour la dimension de la connaissance de soi, mais semblent tout de même

démontrer une certaine confiance des conseillères quant à leur capacité à

intervenir sur ces trois dimensions. La dimension de la régulation émotionnelle

semble être quant à elle, celle ayant la plus grande répartition au niveau des

résultats. Environ 68 % des participantes se sont attribué un score se situant

entre 5,5 et 8,9 sur 10 pour cette dimension. L’auto-évaluation des conseillères

quant à leur capacité à intervenir sur la dimension de la régulation émotionnelle

indique que l’intervention sur cette dimension semble être difficile pour

plusieurs d’entres-elles, car c’est sur celle-ci que l’on retrouve les notes les plus

faibles.

Au niveau qualitatif

Être en relation avec l’autre

Suite à la formation sur l’Approche Masterson, plusieurs conseillères ont

évoqué les différentes dynamiques au sein de la relation avec l’autre. Deux

grands axes ont principalement été soulevés pour représenter ces dynamiques,

soit celui de la compréhension de soi en relation et celui de la compréhension

de l’autre en relation.

Tout d’abord, le sens donné à la compréhension de soi en relation signifie qu’à

travers la formation sur l’Approche Masterson, les conseillères ont mentionné

avoir augmenté la compréhension de leurs réactions lorsqu’en relation avec

l’autre. Certaines d’entre elles ont entre autres démontré une capacité à s’auto-

analyser se reflétant sous la forme de constats sur leur fonctionnement

psychologique (mécanismes de protection, craintes, besoins).

77

[…] cette démarche m’a procuré l’opportunité de me regarder

en tant qu’intervenante, mais plus encore, quels sont mes

propres mécanismes d’autoprotection, de régulation, mon

type, etc. (4.5)

Je comprends plus ce qui se passe en moi dans ces moments

là, c’est-à-dire de vouloir satisfaire le client rapidement ou

d’avoir peur de ne pas répondre la bonne chose et c’est

rassurant de voir que c’est normal. (6.5)

[…] la formation m’a fait prendre conscience que je ne peux

contrôler leur anxiété et leur angoisse à leur place. […].

Comme j’aurais inconsciemment souhaité. (3.3)

Tandis que pour d’autres conseillères, cette capacité à s’auto analyser s’est

plutôt manifesté sous la forme d’une intention de vouloir modifier leur

fonctionnement personnel dans la relation et ainsi s’améliorer comme

intervenante.

Bref, mon but maintenant est de ne plus me laisser influencer

par leurs réactions en leur donnant raison. (3.3)

L’attitude à développer sera de mieux cerner où moi je me

situe dans cette dynamique […]. (12.5)

Donc la formation m’a aidé à être plus motivé à faire face à

mes propres craintes/peurs afin d’oser plus dans mes

interventions. (14.1)

D’autres conseillères ont plutôt démontré suite à la formation, une prise de

conscience de ce qui leur appartenait dans la relation avec l’autre, comme une

78

sorte de responsabilisation face à leurs émotions et leurs réactions dans la

relation avec les clients.

L’impuissance que je ressens m’appartient et j’ai à en prendre

soin tout en demeurant responsable de ma réaction. (1.2)

Il me semble essentiel d’éveiller ma conscience à ces facteurs

qui teintent ma façon de voir le monde, mon monde et ma

réalité. (1.3)

Je pars de l’idée qu’ajuster mon intensité émotionnelle s’avère

ma responsabilité à moi considérant ma dynamique familiale

et relationnelle qui m’est unique. (1.5)

Finalement, plusieurs d’entre elles ont abordé la compréhension de soi en

décrivant l’impact que les attitudes et les comportements des clients pouvaient

avoir sur elles lorsqu’en relation. Des conseillères ont d’abord décrit cet impact

sous l’angle des réactions émotionnelles qui sont suscitées chez elle par la

dynamique des clients.

J’ai toujours trouvé difficile de travailler avec ce genre de

personnalité (non autonome), car je me retrouve face à mon

contraire. […] J’ai essayé cette technique et j’ai constaté un

changement d’attitudes : plus en ouverture, moins rebelle,

moins de discours « je ne suis pas capable ». Et par le fait

même, moi-même, je me sens moins en colère et impuissante.

(2.2)

[…] la clientèle plus anxieuse et j’entends par là, celle qui

demande et redemande et qui en ont jamais assez d’info

provenant de toutes sources confondues… me procure un

sentiment d’incompétence et d’imposteur. (4.1)

79

Par contre, je m’explique mieux la déception que je ressentais

quand les clients n’ont pas complété les devoirs que j’avais

demandés lors de la rencontre précédente. (6.2)

Alors que d’autres l’ont abordé en parlant de l’impact de la dynamique des

clients sur leurs comportements et attitudes lorsqu’en relation.

La personne que j’accueille […] lorsqu’elle adopte une

attitude de déresponsabilisation, je réagis. Cela a un impact

sur la relation. (1.2)

Avant je devenais contrôlante puis je devenais détachée.

Maintenant, lorsqu’il n’y a pas de consensus, je continue de

faire des formulations hypothétiques. (2.4)

Concernant le deuxième axe, soit la compréhension de l’autre lorsqu’en

relation, il est ici question de la perception qu’ont les conseillères de leurs

clients et de la capacité de celle-ci à conceptualiser les clients et leurs

problématiques. Plusieurs conseillères ont démontré une certaine capacité à

conceptualiser les clients et leurs problématiques.

Maintenant avec la formation […] je constate que certaines

personnes ont des capacités réduites et des problématiques

nuisant à leur santé et agissant sur leur comportement. (1.1)

Ce que je retiens est surtout de l’ordre que certaines

dynamiques engendrent des difficultés d’adaptation

comportementales et émotionnelles pouvant affecter voire

même bloquer la capacité à se positionner quant à ses intérêts

ainsi qu’à se mobiliser vers l’atteinte d’objectifs. (4.3)

80

Avec les explications, les exemples, je vois qu’il faut tout de

même voir plus loin que cette réaction-défense. (6.5)

Tandis que d’autres se sont plutôt exprimés dans des propos généralisant où la

conceptualisation des clients, de leurs problématiques et de l’origine de leurs

problèmes étaient parfois sous-estimés, généralisés ou réducteurs.

Je comprends très bien par quoi ces personnes sont passées :

l’expression des intérêts et des besoins n’a pas été assez

supportée […]. (2.1)

Notre clientèle est très loin du marché du travail et très peu

scolarisée alors, elle ne se connaît pas. (2.3)

J’aurai quand même possiblement une meilleure

compréhension de ce type de client (difficulté au niveau de la

connaissance de soi), sachant que fort probablement la

personne n’a pas été soutenue adéquatement au cours de sa

vie, possiblement n’a pas été écoutée, etc. (14.3)

En somme, suite à la formation, les conseillères ont abordé la relation avec

l’autre sous deux grands axes. Celle de la compréhension de soi et celle de la

compréhension de l’autre. L’analyse de ces deux axes permet de distinguer

plusieurs choses quant aux perceptions de compétences professionnelles des

conseillères. Tout d’abord, une assez grande conscience d’elles-mêmes et de

leur fonctionnement psychologique, ainsi qu’une prise de conscience de

l’influence de l’autre. Cela permet aussi de distinguer qu’un écart existe entre

les conseillères quant à leur capacité à conceptualiser les clients.

Avoir des stratégies d’intervention

81

Il est question du fait que les conseillères ont justifié leurs perceptions de

compétences professionnelles en intervention par le fait d’avoir ou non des

stratégies d’intervention suite à la formation sur l’Approche Masterson. Celles-

ci ont tout d’abord exprimé des bénéfices tirés de la formation en s’appuyant

sur des exemples concrets de cas ou de problématiques. Les exemples fournis

traitaient d’abord de l’apprentissage par les conseillères, d’interventions

adaptées aux types de personnalité des clients.

J’ai appris que selon le type de personne à qui on a affaire

(grandiose, soumis-farouche, immature, etc.), qu’il faut

adapter ses méthodes d’intervention pour que l’impact soit

direct et plus efficace. (3.1)

Si la personne est très grandiose, […]. Par exemple, de leur

dire qu’on sait qu’il est important pour eux de réussir et de

faire des choses grandioses, et que lorsqu’ils vivent l’échec,

ils se sentent rejetés et pas à la hauteur. (9.4)

[…] j’ai maintenant de nouveaux outils à ma disposition qui

pourraient me permettre d’identifier plus rapidement à quel

type de personnalité j’ai à faire. Cela peut me permettre entre

autres d’économiser du temps d’intervention individuel. (7.4)

D’autres apprentissages soulevés par les conseillères concernent des stratégies

d’intervention spécifiques à des difficultés d’adaptation présente chez les

clients.

J’ai pu mettre en pratique quelques techniques reliées aux

difficultés avec l’intimité et la peur d’être envahi. Cela m’a

été très bénéfique […]. (2.4)

[…], Je suis plus en mesure de comprendre d’où viennent les

82

difficultés sur le plan de l’autonomie (voulu ou réelle) et

surtout, quelles interventions privilégiées dépendamment du

style de la personne. (16.2)

Donc la formation m’a aidé à augmenter mes capacités de

compréhension et d’empathie envers des personnes qui

démontrent des réactions démesurées ou intenses face à leur

recherche d’emploi. (14.1)

Tandis que d’autres conseillères ont plutôt fait ressortir ces apprentissages sous

la forme de nouvelles façons d’analyser et de communiquer avec les clients.

[…] avec des phrases suggérées lors de la formation qui

disent exactement les choses comme on les voit, mais de

façon non agressante, cela ouvre beaucoup de possibilités

pour dénouer les impasses. […] Être attentive à ce que cela

me fait vivre et en même temps le refléter au client lui sera

probablement bénéfique éventuellement. (6.4)

En plus de mes interventions pour tenter de responsabiliser les

personnes, la formation m’aide dans la manière de dire et de

formuler plus efficacement mes propos. (11.2)

Par contre, les diverses techniques d’intervention apprises lors

de la formation me permettent de parler différemment au

client et je remarque que les résultats semblent encore plus

venir d’eux. Pour l’autonomie, cette formation aura été très

utile. (13.2)

Malgré qu’un bon nombre de conseillères aient mentionné avoir retiré des

bénéfices de la formation, quelques-unes d’entres-elles ont mentionné n’avoir

peu ou pas retiré de bénéfices pouvant les aider à augmenter leurs perceptions

83

de compétences professionnelles suite à la formation sur l’AM. Trois aspects

sont principalement ressortis après l’analyse des réponses et reflètent ce qui a

déçu ces conseillères. D’abord, une conseillère mentionnait le peu d’impact de

la formation sur sa façon d’intervenir concernant des difficultés spécifiques.

La formation n’a pas vraiment changé ma façon d’intervenir à

ce niveau (difficultés au plan du stress et de l’anxiété). (13.1)

D’autres soulignaient, elles aussi, avoir peu retiré de la formation, mais cette

fois quant à l’acquisition de nouveaux outils ou de nouvelles stratégies touchant

des difficultés spécifiques.

La formation ne m’a pas permis d’augmenter ou de préciser

mes compétences pour aider plus efficacement ce type de

clientèle (ex-détenu, problèmes psychiatriques, immigrants).

(3.2)

Je ne considère pas que l’AM m’ait donné des outils à ce

niveau (Difficultés au plan du stress et de l’anxiété) (5.1)

Tandis qu’une autre conseillère a semblé déçue du peu de compétence de base

qu’elle a pu développer suite à la formation. Celle-ci a soulevé la durée de la

formation qui lui semblait trop courte afin de pouvoir acquérir des

compétences.

Le reste relève du counseling empathique, Masterson ou

plutôt la courte séance d’info ne peut m’apporter ces

compétences de base. (4.2)

Cette formation est beaucoup trop courte pour permettre

d’acquérir des compétences voir aptitudes à […] (4.4)

84

L’utilisation du terme « compétence » a aussi été remise en question, car la

conseillère jugeait ce terme trop fort compte tenu de la durée et de la forme de

la formation.

Le développement ou l’acquisition d’une compétence

demande une implication (autant sur le plan de la pratique que

l’assimilation de nouvelles connaissances) bien au-delà de ce

que nous avons reçu. De réviser tout d’abord le terme

« compétence » serait de mise. (4.1)

Donc, chez plusieurs conseillères, la notion de compétence semble intimement

liée au fait de posséder des stratégies d’intervention qui les rendraient plus

aptes à intervenir avec des types de personnalité ou des difficultés d’adaptation

spécifiques. Des stratégies qui fourniraient un apport significatif à leur pratique

et faciliteraient leur travail dans l’avenir. Le fait d’avoir des stratégies

d’intervention afin d’intervenir sur des types de personnalité ou sur des

difficultés d’adaptation semble aussi emmener chez les conseillères une sorte de

sentiment de sécurité ou du moins ont-elles l’impression d’être plus en sécurité

si elles comprennent comment intervenir indépendamment du type de clientèle

ou du type de problématique à laquelle elles ont à faire. Tandis qu’un petit

nombre de conseillères ont semblé avoir minimisé les bénéfices de la

formation. Il apparaît toutefois que ces conseillères ont orienté leurs

commentaires en fonction de clientèles ou de problématiques spécifiques, ainsi

ces attentes spécifiques n’ont pas semblé avoir été comblées par la formation.

Avoir confiance en ses acquis

Ce thème traite du fait que certaines conseillères ont soulignées se sentir déjà

compétentes avec les outils, les techniques ou les façons de faire qu’elles

utilisaient avant de suivre la formation sur l’Approche Masterson. Certaines

conseillères ont énuméré certains outils ou stratégies d’intervention qu’elles

utilisaient pour intervenir sur des difficultés d’adaptation avant de suivre la

85

formation et qui justifient leurs perceptions de compétences professionnelles.

Nous avons au fil des années, développé une foule d’outils

adaptés à notre clientèle et qui permet à celle-ci un travail en

profondeur sur la connaissance de soi. (7.3)

Comme mentionnés dans le questionnaire précédent, nous

sommes outillés pour ce type de difficultés chez les jeunes.

(10.1)

Nous utilisons des questionnaires de connaissance de soi,

d’intérêts et de compétences acquises, des tests d’orientation,

des stages d’observation et d’exploration, des entrevues, etc.

(10.3)

D’autres ont plutôt partagé des expériences professionnelles antérieures pour

faire valoir qu’elles se sentaient compétentes avant la formation.

J’ai pu valider que mes connaissances et mon expérience en

intervention sont très appropriées pour faire face à ce genre de

problématique. (5.1)

[…] voilà 6 ans que je travaille en employabilité pour le

Carrefour jeunesse emploi, alors plusieurs formations

(congrès) m’ont permis d’acquérir de la confiance dans mes

interventions grâce à mes expériences auprès des jeunes.

(13.1)

En résumé, ces conseillères ont semblé dans une certaine mesure apprécier la

formation, non pas pour les nouvelles connaissances ou les nouvelles

techniques enseignées, mais plutôt parce que celle-ci leur apportait une sorte de

rafraichissement venant confirmer leur niveau de compétence et venant

86

légitimer leurs façons de faire actuelles. Comme une sorte de prise de

conscience qu’elles possédaient déjà les outils pour intervenir sur ces difficultés

d’adaptation.

Faire face à des contraintes

Il est ici question de toutes les conditions que les conseillères considèrent vivre

ou non et qui font en sorte que leur travail est facilité ou entravé. Plusieurs

conseillères, lorsqu’elles justifiaient leur niveau de compétence, ont soulevé des

contraintes pouvant faire entrave à leur compréhension et leur capacité à

appliquer l’Approche Masterson dans leur pratique.

Tout d’abord, le manque d’expérience suite à un manque de pratique a été

souligné. En effet, un certain minimum de temps de pratique semble nécessaire

pour que certaines conseillères arrivent à avoir une augmentation de leur

sentiment de compétence.

Possiblement en me référant à mes notes je pourrais gagner

des notions d’intervention que je pourrais appliquer, mais ça

prendrait plus d’expérience/mise en pratique afin de pouvoir

intervenir de manière efficace. (14.5)

D’autres conseillères ont quant à elles souligné le manque de temps entre la fin

de la formation et le deuxième temps d’enquête comme étant une contrainte à

l’intégration de l’Approche.

Cependant, il s’est écoulé peu de temps depuis la formation

et à ce jour, je n’ai pas encore eu tellement d'opportunités de

tester les outils proposés. Cela rend difficile une évaluation de

mes compétences avant/après. (15.1)

La raison pour laquelle la note demeure la même, c’est que je

87

n’ai pas encore mis en pratique la nouvelle information. […]

je crois que ce sera facilitant, lorsque j’aurai intégré

davantage la théorie. (11.1)

Quelques autres contraintes quant à l’application de la formation sont ressorties

suite à l’analyse des résultats post formation, mais cette fois sous formes de

limites associées à la fonction et aux tâches du métier de conseillère en emploi.

Quelques-unes des conseillères ayant exposé leur perception du métier de

conseillère en emploi semblaient se sentir limitées dans le type d’intervention

qu’elles pouvaient faire, et ce, à cause de la nature même du travail de

conseillère en emploi.

L’intervention en employabilité a ses limites, nous ne pouvons

pas travailler ces problématiques en profondeur.» (5.4)

D’autres semblaient percevoir qu’elles devaient travailler sur les

problématiques profondes des clients et exprimaient leurs inquiétudes dans leur

capacité à faire ce travail.

[…] une problématique qui empêche le client de fonctionner

doit être référée à une ressource externe avec la possibilité de

poursuivre la démarche de recherche d’emploi en parallèle.

(6.4)

Pour certaines personnes la souffrance est trop grande et trop

profonde, c’est avec d’autres professionnels qu’elles pourront

cheminer plus en profondeur. (11.2)

Pour d’autres, leur milieu de travail ne permettait pas d’appliquer l’Approche

Masterson ou d’intervenir sur les difficultés d’adaptation des clients.

Pour ma part, l’accompagnement d’un client très peu

88

autonome me causerait des problèmes simplement à cause de

mon manque de disponibilité (1 rencontre aux 2 semaines).

(6.2)

[…] il reste néanmoins pour les OSBL, un problème de

statistiques et de pression dû au renouvellement des contrats.

L’intervenant n’a aussi que peu de temps pour appliquer ces

principes dans toute leur complexité. (9.2)

[…] le manque de temps en intervention dans notre milieu est

le facteur qui pose problème à ce niveau. (5.1)

Bref, ces « témoignages » exposent les difficultés rencontrées par les

conseillères à la suite de la formation et les multiples raisons pouvant justifier

leurs perceptions de compétences professionnelles ou expliquer leurs difficultés

perçues ou réelles à mettre en application la formation sur l’Approche

Masterson.

Relever une complexification de la clientèle

Beaucoup des conseillères questionnées mentionnaient la complexification de

la clientèle comme étant un facteur limitant leurs perceptions de compétences

professionnelles à intervenir sur des difficultés d’adaptation. Le phénomène de

complexification a d’abord été abordé sous l’angle d’une diversification des

clientèles dites lourdes.

Mon talon d’Achille reste le type de clientèle qui traîne avec

elle un passé très lourd. […]. En effet, celle-ci prend de plus

en plus de place dans nos groupes. (ex-détenus, problèmes

psychiatriques, immigrants) (3.2)

La complexification est ensuite ressortie sous forme de problématiques

89

rencontrées par les conseillères dans le cadre de leur travail.

En ce sens, nous avons une clientèle qui correspond de plus

en plus à ces caractéristiques (difficultés au plan de

l’autonomie) et je serai emmené à y adapter davantage mon

intervention et à chercher des outils appropriés pour être plus

adéquate. (7.2)

Par ailleurs, il est plus fréquent de voir des personnes qui ne

semblent pas capables de ressentir des émotions positives.

(7.5)

Nous devons apprendre à adapter notre approche auprès d’une

clientèle de plus en plus démunie sur le plan social et

financier, sur le plan de l’expérience et des connaissances

générales. Nous rencontrons aussi davantage de gens sous

scolarisés. […] notre clientèle se diversifie de plus en plus sur

le plan interculturel. (7.6)

En somme, les notions transmises dans la formation semblent avoir permis aux

conseillères de faire des liens avec leur propre clientèle et ainsi prendre

conscience qu’elle celle-ci se complexifiait. Cette complexification de la

clientèle concerne les problématiques vécues par celle-ci et l’augmentation de

la fréquence à laquelle se présentent ces clientèles difficiles pour obtenir des

services. Les conseillères expriment aussi à travers leurs réponses, le besoin

d’adapter leur pratique pour répondre à l’augmentation de ces clientèles.

Concernant les résultats de ce deuxième temps d’enquête, il faudra retenir que

les conseillères interrogées ont semblé justifier leurs perceptions de

compétences professionnelles à travers plusieurs dimensions de l’intervention.

Tout d’abord, les conseillères ont souligné l’importance de la dimension

relationnelle et l’importance d’avoir un niveau technique suffisant. Elles aussi

90

laissé paraître que le fait d’avoir de l’expérience et des acquis expérientiels

serait suffisant pour se sentir compétente et ont mentionné l’impact de certaines

contraintes sur leurs perceptions de compétences professionnelles. Finalement,

l’impact de la complexification de la clientèle sur la perception de compétence

des conseillères a été soulevé.

91

5.2 Différences perçues dans le discours des conseillères quant à

leurs perceptions de compétences professionnelles suite à la

formation sur l’Approche Masterson

Tel que mentionné précédemment, cette deuxième section vise quant à elle à

examiner les différences perçues chez les conseillères et les conseillers en

emploi quant à leurs perceptions de compétences professionnelles à intervenir

sur des modalités du fonctionnement psychologique chez leurs clients à la suite

d’une formation centrée sur l’Approche Masterson en counseling d’emploi.

Pour ce faire, les résultats des deux temps d’enquête présentés dans la section

précédente ont été analysés, puis interprétés afin de faire ressortir les

différences perçues dans les propos des conseillères avant et après la formation.

Concrètement, les thèmes ressortis suite aux réponses du questionnaire pré

formation ont été utilisés, puis comparés aux thèmes du questionnaire post

formation, afin d’en faire ressortir les différences.

Au niveau quantitatif

Tableau 5.3

Moyennes comparées

Dimensions du fonctionnement psychologique

Str

ess

et a

nxié

Auto

nom

ie

Connai

ssan

ce d

e

soi

Rel

atio

ns

inte

rper

sonnel

les

Rég

ula

tion

émoti

onnel

le

Moyennes

pré-formation 7,3 6,9 7,8 6,9 6,9

Moyennes

post-formation 7,8 7,6 8,2 7,6 7,2

92

Tableau 5.4

Écarts types comparés

Dimensions du fonctionnement psychologique

Str

ess

et

anxié

Auto

nom

ie

Connai

ssan

ce

de

soi

Rel

atio

ns

inte

rper

sonnel

l

es

Rég

ula

tion

émoti

onnel

le

Écart-type

pré-

formation

0,9 1,2 1,5 1,2 1,9

Écart-type

post-

formation

1,1 0,9 1,2 1,1 1,7

Ce qu’il faut retenir de ces deux tableaux c’est que suite à la formation, la

perception des conseillères quant à leur capacité à intervenir sur des difficultés

d’adaptation chez leurs clients a augmenté pour chacune des difficultés. Aussi,

si on se fit à l’écart-type après la formation, on peut constater une augmentation

de la majorité des notes que se sont attribuées les conseillères pour toutes les

difficultés d’adaptation mesurées. La majorité des notes les plus basses que se

sont attribuées les conseillères sont plus élevées qu’avant la formation, mais on

voit aussi que la majorité des notes les plus élevées sont elles aussi supérieures

qu’avant la formation.

93

Au niveau qualitatif

Être en relation avec l’autre

La relation avec l’autre et les différentes dynamiques au sein de cette relation

ont été abordées dans le premier questionnaire. Les conseillères semblaient

alors faire un constat des difficultés rencontrées lorsqu’en relation avec l’autre.

Ces difficultés se sont entre autres reflétées sous la forme d’une énumération

des différentes émotions surgissant chez quelques conseillères, affectant leur

perception de compétences professionnelles et influençant leur façon

d’intervenir. Les conseillères ne fournissaient toutefois pas dans leurs réponses,

la cause ou les événements activateurs de ces émotions. Seulement un nombre

limité de conseillères a démontré cette capacité à s’autoanalyser et à avoir une

pratique autoréflexive. À la suite de la formation, les conseillères ont démontré

à l’inverse par leurs réponses, une plus grande capacité autoréflexive sur leur

pratique et sur elles-mêmes lorsqu’en relation. Entre autres, leur discours

laissait transparaître une prise de conscience accrue face à l’importance de la

compréhension de leurs réactions émotionnelles et de l’impact de celles-ci

lorsqu’en relation. Beaucoup de conseillères semblent aussi beaucoup mieux

comprendre l’influence de l’attitude et de la personnalité que l’autre peut avoir

sur leurs propres réactions émotionnelles lors de l’intervention. Cet état de fait

s’observe en grande partie par la multitude de conseillères différentes s’étant

exprimées sur le sujet, mais plus encore par la nature très spécifique des propos

utilisés pour conceptualiser les clients. En effet, les conseillères tendent dans

une plus grande mesure suite à la formation, à nommer des problématiques

précises ou des événements dans les rencontres, tout en fournissant les réactions

émotionnelles, les comportements et les attitudes que ceux-ci suscitent chez

elles. Les résultats post formation semblent donc indiquer une capacité

autoréflexive qui s’est accrue suite à la formation, une compréhension plus

élaborée des problématiques rencontrées et une plus grande facilité à se

positionner sur des problématiques, des comportements ou des attitudes

précises. Bref, les conseillères semblent être davantage à l’affût de se qui se

94

passe lorsqu’en relation avec l’autre.

L’importance d’avoir vécu

Comme il a été relevé précédemment, plusieurs conseillères tendaient avant la

formation à se servir d’expériences vécues au niveau personnel ou au niveau

professionnel afin de se reconnaître une plus grande compétence à l’égard de la

compréhension de l’expérience traversée par les clients. Suite à la formation,

l’évolution du thème faisant l’éloge du « avoir vécu » est intéressant, puisque

ce thème réapparaît sous des formes différentes dans le questionnaire post

formation. Tout d’abord, la disparition de l’utilisation du « vécu personnel »

dans l’évaluation des compétences des conseillères suite à la formation, est à

noter. Cet aspect, très présent lors du premier temps d’enquête, n’a pas été

utilisé suite à la formation pour justifier les perceptions de compétences

professionnelles des conseillères, ce qui suggère que la formation a fait évoluer

le jugement des conseillères quant à leur perception de compétences

professionnelles, de sorte qu’elles semblent se l’expliquer différemment.

Toutefois, l’importance du vécu professionnel est réapparue suite à la

formation. Certaines conseillères ont partagé dans leurs réponses au

questionnaire post-formation, des exemples de cas vécus au niveau

professionnel, afin de démontrer qu’elles possédaient déjà un certain niveau de

compétence pour intervenir sur ces difficultés avant d’avoir suivi la formation.

D’autres conseillères ont aussi fait référence à ce thème, suite à la formation.

Cette fois, à travers le thème « avoir confiance en ses acquis », où elles faisaient

l’énumération d’outils ou de stratégies d’intervention qu’elles utilisaient déjà

avant de suivre la formation et qui leur conféraient un niveau de compétence

qu’elles jugeaient suffisant, malgré la formation, pour se sentir compétente à

intervenir sur les difficultés d’adaptation des clients. Dans la même lignée,

certaines conseillères mentionnaient dans le premier questionnaire que

l’utilisation de leurs seules compétences relationnelles était quelque chose de

suffisant pour se sentir efficace à intervenir sur les difficultés d’adaptation des

95

clients. Les conseillères mentionnaient entre autres le fait de faire des reflets,

d’être empathique et d’instaurer un climat de confiance comme étant suffisant

pour justifier leur perception de compétence à intervenir sur des difficultés

d’adaptation. Cela suggère donc qu’une bonne partie des conseillères

interrogées s’accordaient déjà avant la formation un certain niveau de

compétence à l’égard des difficultés d’adaptation des clients. Cela suggère

aussi, indirectement, que la formation a peut-être moins rejoint certaines

conseillères, puisque pour justifier leur perception de compétence, celles-ci

mettaient davantage l’emphase sur leur vécu professionnel, leurs acquis ou leur

façon de faire avant la formation, que sur les nouvelles façons de faire ou les

nouvelles notions enseignées dans la formation pour justifier leur perception de

compétence.

Un autre thème est apparu dans ce deuxième questionnaire en lien avec

l’importance d’avoir vécu une situation au plan professionnel pour se sentir

compétente, soit celui de « faire face à des contraintes ». En effet, plusieurs

conseillères ont soulevé des contraintes se dressant devant elles quant à

l’application des nouvelles notions apprises lors de la formation sur l’Approche

Masterson. Celles-ci mentionnaient entre autres le manque de temps ou des

difficultés à utiliser l’approche due à leur contexte de travail. Un lien peut ici

être soulevé entre l’importance d’avoir vécu une situation au plan professionnel

pour se sentir compétente et celui de vivre des contraintes empêchant ou

nuisant à l’expérience concrète. De sorte que dû à un manque de temps et de

pratique à la suite de la formation, plusieurs conseillères ont semblé avoir eu du

mal à auto-évaluer l’impact de la formation sur leur perception de compétence

et se sont donc retrouvées à traduire leurs perceptions de compétences

professionnelles en utilisant d’autres moyens, tels que leur vécu professionnel.

La récurrence de ce thème suggère premièrement que le temps entre la

formation et le deuxième questionnaire a pu être insuffisant pour permettre à

plusieurs des intervenantes interrogées de développer une aisance dans

l’utilisation des concepts de l’Approche Masterson. Mais ces faits nous

informent aussi sur l’importance pour ces conseillères de vivre une situation au

96

plan professionnel pour arriver à s’évaluer comme étant compétente à intervenir

sur des difficultés particulières. Il est aussi possible de dégager chez beaucoup

de conseillères, une certaine confiance en leur compétence et en leur capacité à

intervenir sur des difficultés d’adaptation présente chez leurs clients, et ce, peu

importe la formation qu’elle suivrait.

Capacités intrinsèques

Lors du premier temps d’enquête, un thème s’est avéré très récurrent dans les

propos des conseillères en emploi, soit celui de l’auto-attribution de

compétences intrinsèques. Les conseillères semblaient, avant la formation,

mettre beaucoup l’emphase sur le fait de posséder une sensibilité relationnelle,

se traduisant parfois sous la forme d’une clairvoyance naturelle, afin de justifier

leurs perceptions de compétences professionnelles. Alors que dans les propos

recueillis suite à la formation sur l’Approche Masterson, la reconnaissance de

capacités intrinsèques expliquant les compétences des conseillères à intervenir

sur des difficultés d’adaptation n’est pas apparue.

Bénéficier de conditions facilitantes

Tout comme lors du premier temps d’enquête, les conseillères interrogées suite

à la formation ont mis beaucoup d’importance sur l’aspect technique, entre

autres sur le fait d’avoir des outils et des stratégies d’intervention pour faciliter

leur travail. Il apparaît toutefois, une différence majeure entre le discours avant

la formation et celui après la formation. Dans un premier temps, les conseillères

mentionnaient l’importance d’avoir une relation de confiance solide avec leurs

clients comme étant quelque chose de central dans leur perception de

compétences. Ensuite, le discours de la majorité des conseillères laissait

transparaître le besoin d’avoir des outils et des stratégies d’intervention pour

qu’elles puissent s’attribuer plus de compétences à intervenir sur des difficultés

d’adaptation. Leur discours était toutefois très général et très peu précis au

niveau de ces besoins. Un peu comme si elles étaient conscientes d’une lacune à

97

ce niveau, mais sans toutefois arriver à nommer ce dont elles auraient

réellement besoin. Par contre, leurs réponses au questionnaire post formation

semblaient quant à elles laisser transparaître plus de précision quant aux types

d’outils et aux types de stratégies d’intervention faisant augmenter leur

sentiment de compétences. Par exemple, celles-ci mentionnaient des

interventions adaptées aux types de personnalité des clients, des interventions

adaptées à des difficultés d’adaptation spécifiques ou de nouvelles façons

d’analyser et de communiquer avec les clients. Cela laisse croire que plusieurs

des conseillères ayant participé à la formation ont intégré de nouvelles notions

et qu’elles sont plus conscientes de leurs lacunes et par le fait même, de leurs

besoins. Par exemple, l’importance accordée à l’utilisation de notions issues des

approches humanistes semble avoir diminué pour être remplacé par des notions

appartenant entre autres à l’AM.

Relever une complexification de la clientèle

Le thème de la complexification des clientèles a été abordé à la suite de la

formation, où les conseillères ont mentionné qu’elles avaient à travailler avec

des clientèles de plus en plus complexes. Ce thème n’a toutefois pas été présent

lors du premier temps d’enquête. À titre d’exemple, suite à la formation sur

l’AM, les conseillères ont mentionné dans leur pratique une augmentation de la

clientèle immigrante, une augmentation des clients ayant des antécédents

judiciaires et une augmentation des problématiques de santé mentale, comme

étant des facteurs affectant leur perception de compétence. L’apparition de ce

thème laisse croire que la formation a eu un impact sur la perception des

conseillères quant à l’importance de la compréhension du fonctionnement

psychologique de leurs clients, mais plus encore, elles ont pris conscience de

l’importance d’adapter leur approche pour répondre aux besoins des ces

diverses clientèles. De sorte qu’elles n’étaient peut-être pas conscientes, avant

la formation, que leur clientèle se complexifiait.

98

6. DISCUSSION

L’analyse de 22 questionnaires pré formation et de 17 questionnaires post

formation contenant chacun 5 questions et traitant de difficultés d’adaptation a

permis de faire ressortir plusieurs impacts de la formation sur la perception de

compétence professionnelle de conseillères en employabilité. Cette discussion

vise donc une meilleure compréhension de ces impacts dans la pratique de

conseillères en employabilité. Tout d’abord, les résultats quantitatifs seront

discutés, suivis des résultats au niveau qualitatif.

Quantitatif

Tout d’abord, 3 conseillères en emploi parmi les 22 interrogées ont indiqué

posséder un diplôme d’études collégiales et 12 d’entre elles ont mentionné

posséder une formation autre qu’un baccalauréat en développement de carrière

ou en orientation. Ces informations concernant le niveau de scolarité et le

domaine d’études des conseillères semblent venir corroborer les données

fournies par la CNP (2010) et Services Canada (2010), quant au fait que malgré

qu’une formation de premier cycle universitaire existe dans le domaine du

développement de l’employabilité, plusieurs conseillères en emploi ne

possèderaient pas de formation en employabilité ou en information scolaire et

professionnelle et que plusieurs ne possèderaient même pas de formation

universitaire. Hawley et Calley (2009) rapportent quant à eux que 25% des

conseillers en relation dans le domaine de l’éducation aux États-Unis ne

possèdent pas de diplôme en lien avec le counseling. Ces faits soulèvent des

questionnements concernant l’homogénéité des services rendus en

employabilité et sur la capacité des intervenants à intervenir sur des clientèles

complexes et possédant souvent de multiples problématiques comme c’est le

cas actuellement.

99

Aussi, les conseillères interrogées devaient pour cette recherche s’attribuer

avant et après la formation, une note allant de 1 à 10 afin de quantifier la

perception de compétence qu’elles avaient d’elles-mêmes pour intervenir sur

des difficultés d’adaptation chez leurs clients. Une note de 1 signifiant une

faible perception de compétence et une note de 10 signifiant une forte

perception de compétence. Au regard des notes autoattribuées, il apparaît que la

formation a eu un impact positif sur la perception de compétence des

conseillères à intervenir sur chacune des cinq difficultés mesurées. Les

conseillères semblent donc se sentir davantage en confiance à la suite d’une

formation sur l’AM pour intervenir sur des difficultés touchant le

fonctionnement psychologique des individus plus spécifiquement sur des

difficultés d’adaptation pouvant être vécue par les clients.

Au niveau qualitatif

L’importance de la compréhension de la dynamique relationnelle

Le thème « être en relation avec l’autre » apparaît comme étant un élément

majeur des résultats de cette recherche. Entre autres, dû à l’augmentation de la

présence de ce thème dans l’analyse du matériel post formation, mais plus

encore dû au fait que l’importance de la compréhension des différentes

dynamiques à l’intérieur de la relation, y est clairement démontrée. Concernant

la compréhension des dynamiques relationnelles, celles-ci jouent d’ailleurs un

rôle majeur dans les approches psychodynamiques et dans l’AM qui nous

concerne. Par exemple, l’AM (2004), avec son concept de neutralité

thérapeutique, accorde une grande attention à ce que la conseillère ou le

conseiller, face aux problèmes des clients, n’introduisent pas de matériel

personnel, tel que leurs réactions émotionnelles dans la relation. Masterson

mentionne justement l’inévitabilité pour un conseiller d’avoir des réactions

émotionnelles lorsqu’en relation et du besoin pour celui-ci d’éviter de réagir

aux acting-out des clients par un autre « acting-out », ce qui laisserait le patient

et l’intervenant pris dans une dynamique malsaine. Il est donc intéressant de

100

constater que la formation sur l’AM a semblé modifier la façon dont les

conseillères s’expliquent les événements relationnels dans leurs rencontres.

Plus spécifiquement, quelques conseillères avaient fait état avant la formation

de difficultés rencontrées lorsqu’en relation avec l’autre, des émotions que des

clients difficiles pouvaient leur faire vivre et de l’impact sur leur perception de

compétence. Cette énumération de difficultés qui était en majeure partie

dépourvues d’explications quant à leur origine exacte, suggère que les

conseillères vivaient, avant la formation, une sorte de sentiment d’impuissance

avec certains types de clients ou lorsque confrontées à certaines

problématiques. Ces difficultés qu’énuméraient les conseillères cadrent bien

avec le concept de triade dynamique du trouble du soi de Masterson (2004). En

effet, celles-ci décrivaient, avant la formation, des événements activateurs

(rencontre avec un client qu’elles jugeaient plus difficile), ce qui suscitait des

émotions négatives chez elles et faisaient en sorte qu’elles en venaient à vouloir

se protéger de ces affects par des mécanismes de protection qui nuisaient à la

relation. Il est intéressant ici de constater que le concept de triade dynamique ne

s’applique pas uniquement à la compréhension du fonctionnement des clients et

à la compréhension des différentes dynamiques inhérente à ce fonctionnement,

mais aussi à la compréhension de la dynamique personnelle des conseillères.

Ces difficultés relationnelles dont faisaient état les conseillères rejoignent aussi

le concept de neutralité thérapeutique utilisé dans l’Approche Masterson. Ces

difficultés interviennent sur leur capacité à offrir une neutralité thérapeutique à

leurs clients, et ce, dû aux émotions paralysantes qu’elles ressentent et au

matériel contre-transférentiel qu’elles introduisent dans la relation. Leur

discours ne semblait toutefois pas laisser transparaître qu’elles étaient

pleinement conscientes qu’elles subissaient l’influence de transferts venant de

la dynamique des clients et que leurs interventions pouvaient en être affectées.

Du moins, elles ne l’ont pas exprimé de cette façon à travers leurs réponses.

Suite à la formation, les réponses ont semblé laisser transparaître une tout autre

réalité pour une majorité de conseillères. Celles-ci semblaient consciemment

101

faire référence à des notions de transfert et de contre-transfert telles

qu’abordées par Masterson (2004) et utiliser le concept de triade dynamique

afin de conceptualiser leurs clients et aussi afin d’expliquer l’influence des

clients sur leur perception de compétence. En bref, elles semblaient mieux

arriver à se comprendre, ainsi qu’à avoir une analyse de leurs clients qui soient

plus poussés sur le plan du fonctionnement psychologique. Cela suggère donc

qu’à la suite de la formation, ces conseillères ont vu leur capacité d’auto-

analyse, leur capacité d’analyse des autres et leur capacité d’analyse des

différentes dynamiques relationnelles s’accroître, comme si elles arrivaient

maintenant à prendre un certain recul pour sortir des situations relationnelles

difficiles et ainsi mieux observer ce qui s’y passe. Cette capacité est d’autant

plus pertinente si on tient compte que ces conseillères devront faire face à des

clientèles de plus en plus difficiles (Emploi-Québec, 2007) et qui mettront

certainement à rude épreuve leur sentiment de compétence ou d’incompétence.

Comme le mentionnait Rivière (2008), le fait de connaître ses propres besoins

de contrôle, de performance, de pouvoir et d’affirmation de soi ainsi que ses

forces et fragilités peut aider les intervenants à mettre leurs limites et ainsi

éviter d’être aspiré dans l’univers du client.

Quelques participantes ont semblé avoir de la difficulté à percevoir l’utilité de

la formation, entre autres sur les aspects de la compréhension du monde

intérieur et de la dynamique relationnelle des clients en contexte du

développement de l’employabilité. Celles-ci semblaient comprendre l’utilité

d’une telle formation pour des intervenants œuvrant dans le domaine de la

psychothérapie, mais pas dans le contexte de leur travail de conseillère en

emploi. Elles exprimaient donc des insécurités quant à leur capacité à intervenir

avec l’Approche Masterson, plus souvent utilisé en psychothérapie et de la

nécessité d’une telle approche dans le contexte de leur travail en employabilité.

Pourtant, Bessette (2007) mentionne que, bien que l’Approche Masterson ait

été développé principalement pour des traitements psychothérapeutiques de

moyenne et longue durée, celle-ci éclaire et enrichit les types d’interventions à

l’intérieur de processus court-terme dans des contextes non

102

psychothérapeutiques. Elle ajoute que cette approche emmène aux intervenants

une compréhension du monde intérieur et de la dynamique relationnelle propre

à chacune des structures de personnalité des individus.

Outils et stratégies d’intervention

D’autres résultats laissent apparaître avant, comme après la formation, de

grands besoins chez les conseillères au niveau des outils et des stratégies

d’intervention. Cela laisse sous-entendre que ces conseillères sont à la

recherche de solutions afin d’arriver à diminuer leur sentiment d’impuissance

lorsque des situations plus difficiles ou avec lesquelles elles sont moins

familières apparaissent dans la relation. Rivière (2008), aborde justement le

sujet du sentiment d’impuissance en relation d’aide et souligne que face aux

demandes irréalistes des clients, les intervenants peuvent parfois se sentir

démunis et donc vivre un sentiment d’impuissance. Toujours concernant les

besoins des conseillères en matière d’outils et de stratégies d’intervention,

l’évolution de leurs réponses, plus particulièrement leur façon d’énumérer ces

besoins, amène à penser que la formation semble avoir été bénéfique pour les

participantes. En effet, celle-ci semble leur avoir permis d’être plus pointues

dans leur auto-évaluation et leur avoir permis de connaître davantage leurs

besoins. Cela se reflète par l’utilisation d’exemples plus élaborés et précis quant

aux types de stratégies d’intervention faisant augmenter leur sentiment de

compétences. Ce qui est intéressant c’est que ces exemples font spécifiquement

appel à des notions enseignées lors de la formation sur l’AM. Plusieurs

conseillères mentionnaient entre autres des interventions adaptées aux types de

personnalité des clients, des interventions adaptées à des difficultés

d’adaptation spécifiques ou de nouvelles façons d’analyser et de communiquer

avec les clients, dont on pouvait voir qu’elles étaient tirées de la formation sur

l’AM.

103

L’importance du vécu

Des conseillères ont soulevé lors de cette recherche, l’importance d’avoir vécu

une situation au niveau professionnel afin de se sentir compétente à intervenir

sur des difficultés d’adaptation chez les clients. Lecomte (2004) décrit les

sources du sentiment d’efficacité personnel chez les individus. Ils mentionnent

entre autres que la principale source du sentiment d’efficacité personnelle se

trouve dans les expériences actives de maîtrise, en ajoutant que le fait de vivre

des succès sert d’indicateur de capacité et permet de construire une plus grande

croyance en ses capacités, tandis que les échecs minent le sentiment d’efficacité

personnelle. L’apparition de ce thème n’est donc pas étrangère à la réalité du

métier de conseillère en emploi ou à tout autre métier du domaine de la relation

d’aide, où les conseillères sont elles-mêmes leur propre instrument de travail et

au fait qu’elles se construisent inévitablement à travers les multiples

expériences relationnelles auxquels elles font face. On peut donc penser que de

vivre des situations d’intervention positives, permet aux conseillères de

s’attribuer plus de compétences, puisque leur sentiment d’efficacité personnelle

est plus élevé dans ces circonstances.

Relever une complexification de la clientèle

L’analyse des résultats pré formation n’a pas laissé transparaître de

questionnements particuliers chez les conseillères quant à la complexification

de la clientèle fréquentant les organismes en employabilité. Cette réalité d’une

complexification des clientèles dans les organismes est toutefois apparue lors de

l’analyse des résultats post formation. Les conseillères interrogées mentionnent

suite à la formation, des difficultés à composer avec la diversification et la

complexification des problématiques rencontrées, par exemple la problématique

des clients présentant des problèmes de santé mentale. La complexification des

clientèles relevées dans cette recherche concorde avec ce que l’OCDE (2004)

mentionnait concernant les types de clientèles sollicitant de l’aide à

l’employabilité, soit que celles-ci avaient non seulement augmenté, mais qu’elle

104

se diversifiait. Cette complexification des problématiques est aussi corroborée

par Cournoyer (2010) qui soulève une augmentation des clientèles présentant

des troubles de santé mentale, telle que la dépression, des troubles bipolaires et

des troubles de personnalité limite, dans les organismes en employabilité.

Emploi-Québec (2008) mentionnait aussi que 59 % des diagnostics médicaux

des prestataires du programme de solidarité sociale concerneraient la santé

mentale, ainsi que des difficultés intellectuelles et d’apprentissage. L’analyse a

aussi démontré une prise de conscience par les conseillères, de l’importance

d’adapter leur approche d’intervention pour répondre à cette complexification

des diverses clientèles. L’apparition de cette prise de conscience chez les

conseillères laisse en quelque sorte sous-entendre des lacunes dans leur pratique

et le besoin d’avoir de nouveaux outils d’intervention ou de nouvelles façons

d’intervenir, par rapport à ce qu’elles connaissent déjà. Concernant le besoin

d’avoir de nouvelles façons d’intervenir, Gazzola et coll. (2010) mentionnent

l’éclectisme dont font preuves les conseillères et conseillers en relation d’aide à

travers le Canada quant aux approches utilisées. Ils mentionnent que près de

40 % d’entre eux utilisent au moins trois approches différentes dans leur

pratique et que 30 % en utilisent jusqu’à six.

Formation versus perception de compétences

Tel que l’indique les résultats de cette recherche, la réalité vécue par les

conseillères en emploi concorde aussi avec ce qui a été avancé quant aux cursus

de formation au baccalauréat des universités québécoises (Appendice E) qui

serait déficients au niveau de l’approfondissement du fonctionnement

psychologique. En effet, les résultats indiquent que les conseillères interrogées

mentionnent manquer de ressources, d’outils et de stratégies pour intervenir sur

les difficultés d’adaptation psychosociale de leurs clients. Les formations de

baccalauréat en orientation ou en développement de carrière leur fournissent

beaucoup de notions théoriques et pratiques comme des stages, mais la

dimension du fonctionnement psychologique y semble très peu approfondie. De

plus, comme il a été mentionné précédemment, un certain pourcentage des

105

personnes oeuvrant en employabilité possède un diplôme dans un champ de

compétences autre, mais souvent connexe à celui du développement de carrière

ou de l’information scolaire et professionnel. Il y a aussi lieu de se questionner

sur l’approfondissement de la dimension du fonctionnement psychologique

dans ces formations de baccalauréat dans des domaines connexes au

développement de carrière et dans certaines formations collégiales. Les notions

acquises dans les formations des conseillères interrogées semblent donc

lacunaires au plan de l’intervention clinique auprès de personnes présentant des

troubles de personnalité et d’adaptation psychosociale.

106

LIMITES DE LA RECHERCHE

L’échantillon retenu ne peut être jugé représentatif de l’ensemble de la

population des conseillères et conseillers travaillant en développement de

l’employabilité au Québec, pas plus qu’il ne pourrait être jugé représentatif de

la population des conseillères et conseillers travaillant en développement de

l’employabilité dans la région du Montréal métropolitain. Premièrement, dû au

fait que la méthode de recrutement des participants utilisée, était la méthode

non probabiliste par choix raisonné et que l’échantillon ne comportait que des

femmes, car aucun homme ne s’est porté volontaire pour participer à cette

recherche.

Sur le plan de la collecte des données, l’utilisation de questionnaires à questions

ouvertes à court développement sous forme de réponses écrites peut avoir fait

en sorte de limiter les conseillères dans l’expression de leur sentiment de

compétence. De plus, dû au fait que les personnes interviewées répondaient aux

questions seules à la maison, il est possible que des questionnements quant au

sens des questions ou quant aux types de réponses attendues aient pu apparaître,

sans avoir été répondues. Cette incompréhension a pu avoir un impact sur la

qualité des réponses fournies. Le grand écart constaté au niveau de l’expérience

de travail des participantes au moment de remplir les questionnaires peut

également avoir joué un rôle important dans la qualité et la profondeur de leurs

réponses. Lors de la formation, certaines conseillères ont fait la demande à la

formatrice que les questionnaires sociodémographiques soient séparés des

questionnaires de recherche. De sorte qu’il a été impossible d’identifier les

participantes n’ayant pas participé au deuxième temps d’enquête et que leur

questionnaire pré formation n’a pu être retiré de l’analyse des résultats. Cela a

pu influencer les résultats d’une façon ou d’une autre.

107

CONCLUSION

Les pratiques d’aide en développement de l’employabilité sont marquées depuis

quelques années par une complexification importante des problématiques

touchant les bénéficiaires de services. En ce sens, cette recherche vise à décrire

les impacts d’un atelier de formation continue misant sur le fonctionnement

psychologique des individus, en contexte de développement de l’employabilité.

Deux sous-objectifs contribuent à l’atteinte de l’objectif principal : 1) décrire le

sentiment de compétence perçue par les conseillères et les conseillers en emploi

au regard de l’intervention sur des modalités du fonctionnement psychologique

de leurs clientèles, avant, puis après avoir suivi une formation centrée sur

l’Approche Masterson en counseling d’emploi; 2) examiner les différences

perçues par les conseillères en emploi quant à leur sentiment de compétence à

intervenir sur des modalités du fonctionnement psychologique chez leurs clients

à la suite d’une formation centrée sur l’Approche Masterson en counseling

d’emploi. Ce rapport d’activité dirigée de nature exploratoire s’inscrit dans le

cadre des exigences partielles pour l’obtention de la maîtrise en carriériologie

de l’Université du Québec à Montréal. Il présente une méthodologie mixte

simultanée imbriquée, portant sur un corpus de données issu de questions à

court développement et traitant de difficultés d’adaptation particulières chez les

clients. Les propos de conseillères avant (N=22) une formation sur l’Approche

Masterson en contexte de counseling d’emploi et après (N=17) cette même

formation y sont analysés à partir d’une procédure de thématisation en continu

du matériel.

L’analyse des résultats permet de décrire les impacts d’un atelier de formation

continue misant sur le fonctionnement psychologique des individus en contexte

de développement de l’employabilité. En se basant sur l’analyse des données

quantitatives, l’auto-évaluation des conseillères tend à démontrer que la

formation a eu un impact positif chez celles-ci. On constate une augmentation

108

de leur perception de compétence à pouvoir intervenir sur les cinq difficultés

d’adaptation évaluées (stress et anxiété, autonomie, connaissance de soi,

relations interpersonnelles et régulation émotionnelle). Chez les conseillères

questionnées, l’importance de la compréhension de la dynamique relationnelle

dans l’intervention s’est avérée être un élément central dans leur discours. Les

résultats pré formation semblent indiquer chez les conseillères, un sentiment

d’impuissance lors des rencontres avec des clients présentant des difficultés

d’adaptation et une difficulté à exprimer clairement la cause exacte de cette

impuissance. Suite à la formation, leurs réponses semblent démontrer un

accroissement de leur capacité à s’auto-analyser, de leur capacité à analyser

leurs clients, ainsi que de leur capacité à analyser les différentes dynamiques à

l’intérieur de la relation client/conseiller. Les deux temps d’enquête ont fait

ressortir de grands besoins au niveau des outils et des stratégies d’intervention.

À ce sujet, la formation semble avoir eu un impact sur la connaissance de soi

des conseillères. À la suite de celle-ci, les conseillères ont laissé transparaître

plus de précision qu’avant la formation, quant aux types d’outils et aux types de

stratégies d’intervention faisant augmenter leur sentiment de compétences. Les

conseillères interrogées semblent, en plus, avoir pris conscience de

l’importance d’adapter leur pratique afin de répondre à la grande diversification

et la complexification des clientèles demandant des services d’employabilité.

Les résultats devraient permettre d’enrichir les pratiques professionnelles en

développement de l’employabilité au plan de la conception, de la réalisation et

de l’évaluation des interventions en counseling. Ils pourraient aussi alimenter

d’éventuelles recherches en développement de l’employabilité et en orientation

professionnelle où l’impact de l’AM pourrait être évalué sur un échantillon plus

grand et plus représentatif de la population à l’étude. Les mêmes dimensions

pourraient alors y être étudiées plus en profondeur et même d’autres dimensions

de l’individu pourraient y être insérées. Dans le domaine de l’éducation, les

résultats pourraient conscientiser des directions de programmes de baccalauréat,

afin que celles-ci bonifient leurs formations, en incluant davantage d’approches

facilitant la compréhension du fonctionnement psychologique des individus.

109

Aussi, au regard des résultats qui dénotent l’importance pour les intervenants de

bien comprendre leur principal outil de travail, en l’occurrence eux-mêmes, il

est possible que les résultats puissent contribuer à faire évoluer la culture dans

le domaine de l’employabilité et même de l’orientation, quant à la pertinence

pour les intervenants d’avoir accès à de la supervision clinique ou leur vécu

intra et inter subjectif pourraient être travaillé. Un peu à l’image de la

profession de psychologue, où cette pratique est davantage répandue. Une

restitution des résultats auprès des milieux est d’ailleurs prévue sous la forme

de publications et de communications professionnelles.

110

Appendice A - Rôle des conseillers en emploi et de leur

clientèle

Afin d’arriver à décortiquer les différents rôles que les conseillères et les

conseillers en employabilité sont appelé à jouer et les différents types de

clientèles qui fréquentent les organismes du grand Montréal, le moteur de

recherche Google a été utilisé en recherchant par mots clés. Essentiellement,

l’utilisation des mots « répertoire organismes employabilité Montréal » a été

utilisée et a mené à la découverte du site Internet : itinéraire pour l’emploi. On

peut retrouver ce site à l’adresse suivante :

http://www.itinerairepourlemploi.ca/?action=searchdirectory&arrondissement=

0.

À l’aide de ses nombreux partenaires du milieu, tels que Ressources humaines

et développement social Canada, arrondissement.com, le réseau des carrefours

jeunesse-emploi du Québec, le Regroupement québécois des organismes pour le

développement de l’employabilité (RQuODE) et le Réseau des services

spécialisés de main-d’œuvre (RSSMO), le site du groupe l’Itinétaire en emploi

se veut un répertoire des entreprises qui offrent des services en lien avec

l’employabilité sur le territoire de Montréal.

Une quarantaine de site web d’organismes de la région de Montréal offrant des

services d’employabilité ont été exploré, les différents services ou types d’aide

offertes par les conseillères et conseillers en emploi, ainsi que les types de

clientèles visées par ces services ou programmes d’employabilité y ont été

répertoriées et disposées dans le tableau qui suit.

Organismes en employabilité (41)

Accès-Cible (Santé-Mentale-Travail)

Accès-Travail de Montréal

Accueil Liaison pour arrivants

Action main-d’œuvre inc.

Atelier d’artisanat du centre-ville inc.

111

Buffet Insère-jeunes

C.A.F.É paradoxe

CARI St-Laurent

Carrefour d’entraide et service d’aide à la recherche d’emploi pour immigrants

Carrefour jeunesse-emploi Montréal Centre-Ville

Carrefour Relance inc

Centre de main-d’œuvre OPEX’82

Centre de Réadaptation, d’Orientation et d’Intégration au Travail – AIM Croit

Centre de recherche d’emploi de Pointe-Claire

Centre de recherche d’emploi Côte-des-Neiges

Centre de recherche d’emploi de l’Est inc.

Centre des femmes de Montréal

Centre d’action, de développement et de recherche en employabilité

Centre d’apprentissage parallèle de Montréal

Centre d’intégration Multiservices de l’Ouest-de-l’Île

Centre Eureka

Centre Génération Emploi

Centre Intégration Travail YMCA Centre-ville

Chic Resto Pop

Cible Retour à l’emploi

CJE Ahuntsic-Bordeaux-Cartierville

Clef pour l’intégration au travail des immigrants

Club de recherche d’emploi du Sud-Ouest de Montréal

Corporation D-Trois-Pierres

CyberCap

DECLIC-Initiatives pour la formation et l’emploi des jeunes

Destination Travail

Distributions l’Escalier

Formation de base pour le développement de la main-d’œuvre

Formation Experts de Montréal

Formétal inc.

Groupe Conseil Saint-Denis inc.

Groupe Information Travail

Héberjeune de Parc-Extension - Service d’employabilité

Impulsion-travail

Insertech Angus

112

Tableau A

Portrait d’organismes du grand Montréal

Organismes Différents types de

clientèles ayant

différents types de

problématiques

Différents services ou

types d’aide offertes

Une quarantaine

d’organismes en

employabilité qui

opère sur le territoire

de Montréal (Annexe

A).

Jeunes de 16 ans et

plus

Adultes

Hommes et femmes

Clientèles avec des

problèmes de santé

mentale

Clientèle

immigrante sous-

scolarisée

Décrocheurs

Prestataires de

l’assurance-emploi

ou de l’aide sociale

Personnes adultes

judiciarisées

Personnes

handicapées

physique ou

sensoriel

Connaissances de soi

: personnalité,

intérêt, aptitude,

scolarité et

expériences de

travail

Travail sur les

stratégies

d’adaptation des

clients

Bilan professionnel /

plan d’action et

objectifs personnels

Aide à la

réappropriation du

fonctionnement

social et à la reprise

du pouvoir sur sa vie

Rencontre

préparatoire au

retour graduel en

emploi ou en stage

Francisation

Adaptation et

intégration à la

société québécoise

113

Nouveaux arrivants

français et

francophones

établis au Québec

ayant en leur

possession une

autorisation de

travail

Jeunes adultes de

16-35 ans en

situation de

détresse

(traumatisme,

dépendance,

exclusions)

Clientèle sous-

scolarisée

Femmes cheffes de

famille

monoparentale

Les chômeurs dits

chroniques en

intégration

socioprofessionnell

e

Jeunes aux prises

avec des difficultés

d’intégration

socioprofessionnell

es

Les personnes

fortement démunies

sur le plan de

l’emploi et ayant

vécu diverses

difficultés (sans

domicile fixe,

toxicomanie,

pauvreté, sous-

scolarisation, etc.)

Intégration socio-

économique et

professionnelle

Enseignement des

méthodes de

recherche d’emploi

Counselling

d’emploi et

accompagnement

individuel

Counseling de

relation d’aide

Séances

d’information

collective

Entrevue

d’évaluation

Rédaction du

curriculum vitae

Aide à la recherche

d’emploi

Pratique aux

entrevues de

sélection

Adaptation de postes

de travail pour

travailleurs ayant des

limitations

Suivi en l’emploi

développement de

l’autonomie;

Travailler à briser

l’isolement;

114

Jeunes itinérants ou

à risque

d’itinérance

Toutes personnes

avec des problèmes

de toxicomanie.

Travail sur la

confiance des

participants

Travail sur les

habiletés

personnelles,

sociales et

professionnelles des

clients

Développement des

habitudes et des

attitudes de vie et de

travail en vue d’un

retour à l’emploi

Travail en contact

avec d’autres

professionnels tels

que: spécialiste de la

santé; professionnels

en santé mentale

Ateliers de formation

(individuel ou en

petits groupes) sur

les valeurs, le

tempérament, la

résolution de

conflits, les qualités,

les aptitudes et les

capacités.

Raccrochage et

maintien scolaire

Offrir des formations

pour comprendre les

conduites culturelles

en emploi

115

Contribuer à

l’insertion sociale.

Offrir un support et

un accompagnement

personnel ainsi que

des références aux

ressources

alternatives et

complémentaires.

Tenir compte des

dimensions

physiques,

psychologiques et

spirituelles des

clients

Améliorer la

situation des jeunes

décrocheurs sur les

plans personnel,

social et

professionnel

Services liés à la

formation de base

préalable à un retour

aux études

116

Appendice B - Programmes de formations permettant

d’accéder au métier de conseiller en emploi

Cet appendice montre les différents programmes de formation universitaire

disponibles pour accéder directement au métier de conseillère ou conseiller en

emploi.

Université Laval - Baccalauréat en orientation

Activités de formation communes

Orientation

(75 crédits)

Cours Titre Crédits

exigés

ADS-1900 Orientation : perspectives sociologiques 3,0

CSO-1004 Psychologie des groupes restreints 3,0

CSO-1006 Développement des habiletés relationnelles I 3,0

CSO-1007 Information et processus d'orientation 3,0

CSO-1009 Orientation : perspectives éducative et psychologique 3,0

CSO-1002 Travail humain 3,0

CSO-1010 Orientation : perspectives psychosociologiques 3,0

CSO-2000 Choix professionnel et développement de carrière 3,0

CSO-2002 Développement des habiletés relationnelles II 3,0

MEV-1905 Conception et analyse de mesures psychologiques 3,0

CSO-1003 Introduction à la psychosociologie contemporaine 3,0

CSO-1005 Théories de la personnalité 3,0

CSO-2202 Intervention de groupe en orientation 3,0

MEV-3900 Utilisation de tests psychométriques 3,0

CSO-2001 Théories du counseling 3,0

CSO-2500 Stage en orientation 6,0

CSO-2201 Intervention individuelle en orientation 3,0

CSO-1008 Psychopathologie 3,0

CSO-2200 Intervention psychosociale 3,0

117

MEV-1903 Méthodologie de la recherche 3,0

1. 6 à 12 crédits parmi :

Différents secteurs d'intervention en orientation

2. 0 à 6 crédits

Pour l'admission à la maîtrise en sciences de l'orientation, selon le programme

Autres activités

Autres exigences

(15 crédits)

6 à 15 crédits parmi les sujets suivants

- Culture générale

- Compétences professionnelles

- Problématiques pertinentes aux sciences de l'orientation

Profils

Profil entrepreneurial

(12 crédits)

Cours Titre Crédits

exigés

ENT-1000 Savoir entreprendre : la passion de créer et d'agir 3,0

ENT-3000 Portfolio entrepreneurial I 3,0

ENT-3010 Portfolio entrepreneurial II 3,0

1. 3 crédits parmi :

MNG-1000, MNG-2000, MNG-2108, SVS-1119

Profil international

Cours Titre Crédits

exigés

EHE-1ORN

Études - Profil international - Baccalauréat en

orientation 12,0

118

Université de Sherbrooke - Baccalauréat en orientation

CRÉDITS EXIGÉS : 90

PROFIL DES ÉTUDES

TRONC COMMUN

Activités pédagogiques obligatoires (84 crédits)

CCO 101 Introduction au domaine de l'orientation (3 cr.)

CCO 102 Théories du développement de carrière I (3 cr.)

CCO 103 Information - communication en orientation I (3 cr.)

CCO 104 Orientation et dynamique des professions (3 cr.)

CCO 105 Développement humain : enfance et adolescence (3 cr.)

CCO 106 Théories du développement de carrière II (3 cr.)

CCO 107 Stage I : projets en orientation (3 cr.)

CCO 108 Processus d'apprentissage et orientation (3 cr.)

CCO 109 Développement humain : adulte (3 cr.)

CCO 110 Statistiques et orientation (3 cr.)

CCO 111 Approche orientante : fondements (3 cr.)

CCO 112 Approches en counseling de carrière (3 cr.)

CCO 113 Counseling de carrière individuel I (3 cr.)

CCO 114 Évaluation psychométrique I : notions de base (3 cr.)

CCO 115 Recherche d'emploi et de formation (3 cr.)

CCO 116 Psychopathologie et orientation (3 cr.)

CCO 117 Information - communication en orientation II (3 cr.)

CCO 119 Évaluation psychométrique II : personnalité (3 cr.)

CCO 120 Interculturalité et orientation (3 cr.)

CCO 121 Animation de groupes et orientation (3 cr.)

CCO 122 Phénomènes sociaux et orientation (3 cr.)

CCO 123 Intervention interdisciplinaire en orientation (3 cr.)

CCO 124 Carrière et organisations : fondements (3 cr.)

CCO 126 Counseling de carrière individuel II (3 cr.)

CCO 127 Évaluation psychométrique III : aptitudes (3 cr.)

CCO 128 Développement de programmes en orientation (3 cr.)

CCO 129 Éthique professionnelle en orientation (3 cr.)

CCO 130 Reconnaissance des acquis et des compétences (3 cr.)

119

RÉGIME RÉGULIER

84 crédits d'activités pédagogiques obligatoires du tronc commun

6 crédits d'activités pédagogiques obligatoires du régime régulier

Activités pédagogiques obligatoires (6 crédits)

CCO 118 Stage II : orientation et études (3 cr.)

CCO 125 Stage III : orientation et travail (3 cr.)

Université du Québec à Montréal – Baccalauréat en

développement de carrière

Cours à suivre

(Sauf indication contraire, les cours comportent 3 crédits ; les cours entre

parenthèses sont préalables.)

Bloc I Assises de la discipline

CAR1100 Développement vocationnel I

CAR1110 Développement vocationnel II (CAR1100 Développement

vocationnel I )

Bloc II Counseling

CAR1700 Counseling individuel: théories, techniques et practicum

CAR2700 Counseling de carrière (CAR1700 Counseling individuel:

théories, techniques et practicum)

CAR3720 Counseling en contexte pluriethnique (CAR2700 Counseling

de carrière ; CAR3330 Validation des acquis, bilan de compétences et

planification de carrière )

CAR3750 Counseling de groupe (CAR1700 Counseling individuel:

théories, techniques et practicum )

Bloc III Psychologie

PSY4090 Psychologie de la personnalité

PSY4110 Psychopathologie descriptive

120

CAR1000 Développement du concept de soi et de l'identité

Bloc IV Éducation

FPE1060 Orientation et système scolaire québécois

FPE2240 Apprentissage, épistémologie et éducation

CAR2600 Élaboration et animation d'activités de formation en

carriérologie

Bloc V Psychométrie

CAR2500 Instruments de mesure d'aptitudes et d'intérêts

PSY1282 Psychométrie et évaluation par les tests (PSY1300 Méthodes

et schémas quantitatifs en psychologie )

Bloc VI Environnement

ECO2431 Économie du marché du travail

ORH1600 Introduction à la gestion des ressources humaines

ORH1610 Fondements en organisation du travail (ORH1600

Introduction à la gestion des ressources humaines )

CAR1200 Dimensions humaines du travail Cours au choix parmi les

deux suivants :

SOC1400 Dynamique des problèmes sociaux contemporains ou le cours

ASC4500 Développement professionnel dans le contexte socioéducatif

contemporain

Bloc VII Employabilité

CAR1650 Documentation et classification

CAR2620 Méthodes dynamiques de recherche d'emploi

CAR3330 Validation des acquis, bilan de compétences et planification

de carrière

Bloc VIII Formation pratique

CAR3900 Atelier de synthèse et de préparation aux stages

CAR3901 Stage 1: Activités professionnelles obligatoires (6 cr.)

CAR3902 Stage 2: Activités professionnelles optionnelles (6 cr.)

121

Bloc IX Recherche

PSY1300 Méthodes et schémas quantitatifs en psychologie

CAR3400 Introduction aux méthodes de recherches qualitatives

FPE2800 Initiation à l'évaluation de programmes et de projets en

carriérologie

Bloc X Cours libres

Deux cours au choix

ou cours stage II (6 crédits)

122

Appendice C - Programmes de formation donnant accès au

métier de conseiller d’orientation

Le présent document expose les différents cours incluent dans la formation de

deuxième cycle pour l’obtention du diplôme de conseiller d’orientation. Ces

cursus ont été analysés pour faire ressortir l’essentiel des sujets qui y sont

enseignés.

Université Laval – Maîtrise en orientation

Total exigé : 45 crédits

Activités de formation communes

Sciences de l'orientation

(45 crédits)

Cours Titre Crédits

exigés

CSO-6002 Essai 6,0

CSO-6014 Séminaire de recherché 3,0

CSO-7004 Éthique de l'intervention et de la recherche 3,0

CSO-7011 Modèles de l'intervention educative 3,0

MEV-7003 Élaboration/évaluation: programme d'intervention 3,0

1. 3 crédits parmi les secteurs suivants:

Secteur consultation et développement de services

Secteur de la réadaptation

2. 18 crédits parmi :

Stage court en intervention éducative en groupe et ;

Stage en counseling individuel I et;

Stage en counseling individuel II

ou

Stage court en intervention individuelle et;

Stage en intervention éducative en groupe I et;

123

Stage en intervention éducative en groupe II

ou

Stage court en intervention individuelle et;

Stage en intervention psychosociale I et;

Stage en intervention psychosociale II

3. Deux cours de 3 crédits parmi les cours suivants :

Culture organisationnelle; Femmes, école et société; Introduction à la sociologie

de l'éducation; Analyse critique d'interventions; Dynamiques interculturelles et

intervention; Intégration professionnelle et environnement de travail;

Intentionnalité et projets de vie; Intervention psychosociale; Problématiques

actuelles sur les trajectoires professionnelles; Santé mentale au travail;

Séminaire d'approfondissement; Séminaire: les processus de groupe;

Toxicomanie et réadaptation; Discrimination et trajectoires professionnelles;

Jeunes en transition entre école et monde du travail; Université féministe d'été;

Évaluation appliquée à la sélection du personnel; Médiation familiale.

Université de Sherbrooke – Maîtrise en orientation

CRÉDITS EXIGÉS : 45

PROFIL DES ÉTUDES

TRONC COMMUN

Activités pédagogiques obligatoires (24 crédits)

CCO 701 Counseling de carrière individuel III (3 cr.)

CCO 702 Analyse de pratiques I (1 cr.)

CCO 703 Évaluation psychométrique avancée (2 cr.)

CCO 707 Counseling de carrière groupal (3 cr.)

CCO 709 Méthodologie de recherche en orientation (3 cr.)

CCO 711 Stage en counseling de carrière groupal (2 cr.)

CCO 712 Analyse de pratiques III (1 cr.)

CCO 713 Stage en counseling de carrière individuel (2 cr.)

124

CCO 714 Analyse de pratiques IV (1 cr.)

CCO 717 Stage avancé de pratique professionnelle (6 cr.)

CHEMINEMENT DE TYPE COURS

24 crédits d’activités pédagogiques obligatoires du tronc commun

21 crédits d’activités pédagogiques obligatoires du cheminement de

type cours

Activités pédagogiques obligatoires (21 crédits)

CCO 704 Approche orientante : interventions (3 cr.)

CCO 705 Counseling de carrière individuel IV (3 cr.)

CCO 706 Analyse de pratiques II (1 cr.)

CCO 708 Intégration de savoirs professionnels (2 cr.)

CCO 710 Essai en orientation (6 cr.)

CCO 715 Agirs professionnels et société (3 cr.)

CCO 716 Carrière et organisations : intervention (3 cr.)

Université du Québec à Montréal – Maîtrise en carriérologie

Cours à suivre

(Sauf indication contraire, les cours comportent 3 crédits ; les cours entre

parenthèses sont préalables.)

Les neuf cours suivants (27 crédits) :

MAE7000 Recherche en éducation : nature et méthodologie

CAR7110 Théorie avancée du traitement de l'information

CAR7120 Développement vocationnel avancé

CAR7300 Évaluation individuelle, sélection et carriérologie

CAR7490 Éthique professionnelle en carriérologie et en orientation

125

CAR7500 Mesure et évaluation en carriérologie : practicum (CAR7300

Évaluation individuelle, sélection et carriérologie )

CAR7700 Théories et techniques avancées de counseling individuel en

carriérologie

CAR7710 Théories et techniques avancées de counseling de groupe en

carriérologie

CAR7730 Practicum en intervention individuelle (CAR7700 Théories et

techniques avancées de counseling individuel en carriérologie )

Un cours parmi les suivants (3 crédits) :

CAR7640 Conception et élaboration d'un plan de carrière

CAR7660 Éducation à l'entrepreneurship

CAR7740 Practicum en intervention de groupe (CAR7710 Théories et

techniques avancées de counseling de groupe en carriérologie )

MBA8107 Études spécialisées en personnel et relations du travail I

Les deux activités suivantes (15 crédits) :

CAR8900 Stage avancé et rapport de stage (9 cr.)

CAR8910 Rapport d'activités dirigées (6 cr.)

Conditions d'accès à l'Ordre professionnel des conseillers et conseillères en

orientation du Québec :

Les étudiants qui voudront être admis à l'Ordre professionnel des conseillers

et conseillères d'orientation du Québec lorsqu'ils auront terminé la maîtrise

en carriérologie, devront aussi avoir réussi les dix-sept cours de premier

cycle, décrit précédemment dans la section «conditions d'admission».

Université McGill – Counseling psychology (non-thesis) –

Professionnal / internship

Program Requirements (60 credits)

Required Courses (33 credits)

EDPC 606 (3) Theories of Counselling I

EDPC 607 (3) Theories of Counselling II

EDPC 608 (3) Group Counselling: Theory

126

EDPC 609 (3) Psychological Testing I

EDPC 615 (3) Assessment and Diagnosis in Counselling

EDPC 618 (3) Professional Ethics and the Law

EDPC 624 (3) Group Counselling: Practice

EDPC 662 (3) Career Psychology

EDPC 665D1 (3) Practicum

EDPC 665D2 (3) Practicum

EDPE 622 (3) Multiculturalism and Gender

Internship- Required (24 credits)

Four 6-credit components reflect various dimensions of the profession.

Completion of the internship is essential to becoming a member of the

OCCOQ.

EDPC 679D1 (3) Internship: General I

EDPC 679D2 (3) Internship: General I

EDPC 680D1 (3) Internship Research Seminar

EDPC 680D2 (3) Internship Research Seminar

EDPC 682D1 (3) Practicum: Psychological Testing

EDPC 682D2 (3) Practicum: Psychological Testing

EDPC 685D1 (3) Internship: Vocational and Rehabilitation Counselling

EDPC 685D2 (3) Internship: Vocational and Rehabilitation Counselling

Elective Courses (3 credits)

The following courses may be offered periodically and taken to complete or

exceed the academic requirements. Electives may also be chosen from other

500-level courses or above offered by the Department or other departments of

the University. Choice of electives requires approval of the

student’s faculty advisor.

EDPC 616 (3) Individual Reading Course

16

EDPC 630 (3) Feminism, Women and Psychology

127

EDPC 635 (3) Counselling for Sexual Adjustment

EDPC 636 (3) Theories of Sex Therapy

EDPC 660 (3) Selected Topics in Counselling

EDPC 670 (3) Current Trends in Counselling

EDPE 617 (3) Adolescent Development

128

Appendice D - Questionnaire sociodémographique

Approche Masterson

INFORMATIONS SOCIODEMOGRAPHIQUES

Prénom et nom _____________________________________________

Adresse postale _____________________________________________

Adresse courriel _____________________________________________

Numéro de téléphone ________________________________________

Genre

Âge :

o Féminin o Masculin

SCOLARITE

Dernier niveau de

scolarité complété

Domaine

d’étude :

o Université

1er

cycle

o Université

2e cycle Autres :________

Université fréquentée :

Étudiez-vous présentement? Si oui, indiquez le programme et l’institution :

EMPLOI ACTUEL

Organisme :

129

Années d’expérience :

Titre d’emploi :

130

Appendice E - Questionnaire pré-formation

QUESTIONNAIRE DE RECHERCHE PRE FORMATION

APPROCHE MASTERSON

Important : Tentez de justifier chacune de vos réponses dans un minimum de

5 lignes, de manière à ce que le contenu de votre réponse puisse être utilisé

pour la recherche.

Mes compétences au plan du fonctionnement

psychologique

1. Selon une échelle de 0 à 10, quelle est votre auto-évaluation de vos

compétences en matière d’intervention auprès de personnes présentant des

difficultés au plan du stress et de l’anxiété en contexte d’aide au

développement de leur employabilité? (Par exemple, évitement dû stress,

anxiété dû à la passation d’entrevue ou toute manifestation de stress ou

d’anxiété empêchant le client d’avancer)

/10

Qu’est-ce qui peut contribuer à justifier votre réponse?

Par exemple, si vous avez indiqué une auto-évaluation de 7 sur 10, qu’est-

ce qui permet de comprendre à la fois la valeur 7 que vous vous accordez

et le manque de 3 (sur 10) qu’il vous manque pour vous juger

parfaitement qualifié?

SVP. Tentez de justifier votre réponse en au moins 5 lignes de manière

à ce que le contenu de votre réponse puisse être utilisé pour la

recherche.

Votre réponse

131

2. Selon une échelle de 0 à 10, quelle est votre auto-évaluation de vos

compétences en matière d’intervention auprès de personnes présentant

des difficultés au plan de l’autonomie en contexte d’aide au

développement de leur employabilité? (Par exemple, le client s’attend à

être pris en charge, difficultés à s’engager et à persévérer, difficultés à

passer à l’action, difficultés à prendre des initiatives)

/10

Qu’est-ce qui peut contribuer à justifier votre réponse?

Par exemple, si vous avez indiqué une auto-évaluation de 7 sur 10, qu’est-

ce qui permet de comprendre à la fois la valeur 7 que vous vous accordez

et le manque de 3 (sur 10) qu’il vous manque pour vous juger

parfaitement qualifié?

SVP. Tentez de justifier votre réponse en au moins 5 lignes de manière

à ce que le contenu de votre réponse puisse être utilisé pour la

recherche.

Votre réponse

132

3. Selon une échelle de 0 à 10, quelle est votre auto-évaluation de vos

compétences en matière d’intervention auprès de personnes présentant

des difficultés au plan de la connaissance de soi en contexte d’aide au

développement de leur employabilité? (Par exemple, difficultés à

identifier ses intérêts ou à identifier ses objectifs personnels)

/10

Qu’est-ce qui peut contribuer à justifier votre réponse?

Par exemple, si vous avez indiqué une auto-évaluation de 7 sur 10, qu’est-

ce qui permet de comprendre à la fois la valeur 7 que vous vous accordez

et le manque de 3 (sur 10) qu’il vous manque pour vous juger

parfaitement qualifié ?

SVP. Tentez de justifier votre réponse en au moins 5 lignes de manière

à ce que le contenu de votre réponse puisse être utilisé pour la

recherche.

Votre réponse

133

4. Selon une échelle de 0 à 10, quelle est votre auto-évaluation de vos

compétences en matière d’intervention auprès de personnes présentant

des difficultés au plan des relations interpersonnelles en contexte

d’aide au développement de leur employabilité? (Par exemple, estime

de soi fragile, difficultés reliées à l’intimité, peur de l’abandon, peur

d’être envahi)

/10

Qu’est-ce qui peut contribuer à justifier votre réponse?

Par exemple, si vous avez indiqué une auto-évaluation de 7 sur 10, qu’est-

ce qui permet de comprendre à la fois la valeur 7 que vous vous accordez

et le manque de 3 (sur 10) qu’il vous manque pour vous juger

parfaitement qualifié?

SVP. Tentez de justifier votre réponse en au moins 5 lignes de manière

à ce que le contenu de votre réponse puisse être utilisé pour la

recherche.

Votre réponse

134

5. Selon une échelle de 0 à 10, quelle est votre auto-évaluation de vos

compétences en matière d’intervention auprès de personnes présentant

des difficultés au plan de la régulation émotionnelle en contexte d’aide

au développement de leur employabilité? (Par exemple, manque de

tolérance à la frustration, difficulté à s’apaiser, difficulté à ressentir les

émotions positives, manque de contrôle de ses impulsions)

/10

Qu’est-ce qui peut contribuer à justifier votre réponse?

Par exemple, si vous avez indiqué une auto-évaluation de 7 sur 10, qu’est-

ce qui permet de comprendre à la fois la valeur 7 que vous vous accordez

et le manque de 3 (sur 10) qu’il vous manque pour vous jugez

parfaitement qualifié?

SVP. Tentez de justifier votre réponse en au moins 5 lignes de manière

à ce que le contenu de votre réponse puisse être utilisé pour la

recherche.

Votre réponse

135

Appendice F - Questionnaire Post formation

QUESTIONNAIRE DE RECHERCHE POST FORMATION

APPROCHE MASTERSON

Mes compétences au plan du fonctionnement

psychologique

1. À la suite de la formation sur l’approche Masterson et selon une échelle

de 0 à 10, quelle est votre auto-évaluation de vos compétences en

matière d’intervention auprès de personnes présentant des difficultés

au plan du stress et de l’anxiété en contexte d’aide au développement de

leur employabilité? (Par exemple, évitement dû au stress, anxiété dû à la

passation d’entrevue ou toute manifestation de stress ou d’anxiété

empêchant le client d’avancer)

/10

Qu’est-ce qui peut contribuer à justifier votre réponse?

Par exemple, si vous avez indiqué une auto-évaluation de 7 sur 10, qu’est-

ce qui permet de comprendre à la fois la valeur 7 que vous vous accordez

et le manque de 3 (sur 10) qu’il vous manque pour vous juger

parfaitement qualifié?

SVP. Tentez de justifier votre réponse en au moins 5 lignes de manière

à ce que le contenu de votre réponse puisse être utilisé pour la

recherche.

Votre réponse

136

2. À la suite de la formation sur l’approche Masterson et selon une échelle

de 0 à 10, quelle est votre auto-évaluation de vos compétences en matière

d’intervention auprès de personnes présentant des difficultés au plan de

l’autonomie en contexte d’aide au développement de leur employabilité?

(Par exemple, le client s’attend à être pris en charge, difficultés à s’engager

et à persévérer, difficultés à passer à l’action, difficultés à prendre des

initiatives)

/10

Qu’est-ce qui peut contribuer à justifier votre réponse?

Par exemple, si vous avez indiqué une auto-évaluation de 7 sur 10, qu’est-

ce qui permet de comprendre à la fois la valeur 7 que vous vous accordez

et le manque de 3 (sur 10) qu’il vous manque pour vous juger

parfaitement qualifié?

SVP. Tentez de justifier votre réponse en au moins 5 lignes de manière

à ce que le contenu de votre réponse puisse être utilisé pour la

recherche.

Votre réponse

137

3. À la suite de la formation sur l’approche Masterson et selon une échelle

de 0 à 10, quelle est votre auto-évaluation de vos compétences en

matière d’intervention auprès de personnes présentant des difficultés

au plan de la connaissance de soi en contexte d’aide au développement

de leur employabilité? (Par exemple, difficultés à identifier ses intérêts

ou à identifier ses objectifs personnels)

/10

Qu’est-ce qui peut contribuer à justifier votre réponse?

Par exemple, si vous avez indiqué une auto-évaluation de 7 sur 10, qu’est-

ce qui permet de comprendre à la fois la valeur 7 que vous vous accordez

et le manque de 3 (sur 10) qu’il vous manque pour vous juger

parfaitement qualifié ?

SVP. Tentez de justifier votre réponse en au moins 5 lignes de manière

à ce que le contenu de votre réponse puisse être utilisé pour la

recherche.

Votre réponse

138

4. À la suite de la formation sur l’approche Masterson et selon une échelle

de 0 à 10, quelle est votre auto-évaluation de vos compétences en

matière d’intervention auprès de personnes présentant des difficultés

au plan des relations interpersonnelles en contexte d’aide au

développement de leur employabilité? (Par exemple, estime de soi

fragile, difficultés reliées à l’intimité, peur de l’abandon, peur d’être

envahi)

/10

Qu’est-ce qui peut contribuer à justifier votre réponse?

Par exemple, si vous avez indiqué une auto-évaluation de 7 sur 10, qu’est-

ce qui permet de comprendre à la fois la valeur 7 que vous vous accordez

et le manque de 3 (sur 10) qu’il vous manque pour vous juger

parfaitement qualifié?

SVP. Tentez de justifier votre réponse en au moins 5 lignes de manière

à ce que le contenu de votre réponse puisse être utilisé pour la

recherche.

Votre réponse

139

5. À la suite de la formation sur l’approche Masterson et selon une échelle

de 0 à 10, quelle est votre auto-évaluation de vos compétences en

matière d’intervention auprès de personnes présentant des difficultés

au plan de la régulation émotionnelle en contexte d’aide au

développement de leur employabilité? (Par exemple, manque de

tolérance à la frustration, difficulté à s’apaiser, difficulté à ressentir les

émotions positives, manque de contrôle de ses impulsions)

/10

Qu’est-ce qui peut contribuer à justifier votre réponse?

Par exemple, si vous avez indiqué une auto-évaluation de 7 sur 10, qu’est-

ce qui permet de comprendre à la fois la valeur 7 que vous vous accordez

et le manque de 3 (sur 10) qu’il vous manque pour vous jugez

parfaitement qualifié?

SVP. Tentez de justifier votre réponse en au moins 5 lignes de manière

à ce que le contenu de votre réponse puisse être utilisé pour la

recherche.

Votre réponse

140

Appendice G - Formulaire d’information et de

consentement

L’impact d’une formation axée sur la compréhension du fonctionnement

psychologique (Approche Masterson) sur les pratiques de conseillères et de

conseillers en développement de l’employabilité au sein d’organismes du

Montréal métropolitain.

IIDDEENNTTIIFFIICCAATTIIOONN

RReessppoonnssaabbllee dduu pprroojjeett :: JJeeaann--FFrraannççooiiss MMaallttaaiiss

PPrrooggrraammmmee dd’’eennsseeiiggnneemmeenntt :: MMaaîîttrriissee eenn ccaarrrriiéérroollooggiiee

AAddrreessssee ccoouurrrriieell :: mmaallttaaiiss..jjeeaann--ffrraannccooiiss@@ccoouurrrriieerr..uuqqaamm..ccaa

TTéélléépphhoonnee :: 551144--880022--99009988

BBUUTT GGÉÉNNÉÉRRAALL DDUU PPRROOJJEETT EETT DDIIRREECCTTIIOONN

Vous êtes invité à prendre part à un projet de recherche visant à décrire les

impacts d’un atelier de formation continue misant sur une meilleure

compréhension du fonctionnement psychologique des individus, auprès de

conseillères et de conseillers en emploi œuvrant en développement de

l’employabilité. Plus spécifiquement, le projet vise à 1) décrire les pratiques

actuelles des conseillères et des conseillers en emploi au plan du

fonctionnement psychologique des clientèles et à 2) examiner leurs perceptions

quant à l’impact de la formation sur leurs pratiques professionnelles.

Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la production d’un rapport d’activité

dirigée du programme de maîtrise en carriérologie de l’Université du Québec à

Montréal (UQÀM). Louis Cournoyer, professeur au département d’éducation et

de pédagogie, en assure la direction. En participant à ce projet, vous contribuez

à bonifier les compétences professionnelles des conseillères et des conseillers

141

œuvrant en développement de carrière, à alimenter le champ de la recherche en

carriérologie, ainsi qu’à contribuer au développement de la formation initiale et

continue en développement de carrière et en carriérologie.

PPRROOCCÉÉDDUURREE ((SS))

Votre participation implique de répondre à un questionnaire sur l’état actuel de

vos pratiques avant de compléter votre formation sur l’Approche Masterson à

laquelle vous êtes inscrit, ainsi qu’un autre questionnaire quelques semaines à

la suite à celle-ci. Ces questionnaires vous seront transmis par courriel. Vous

devrez remettre le premier questionnaire dument rempli, ainsi que le formulaire

de consentement éclairé signé lors de votre arrivée à la journée de formation. Le

deuxième questionnaire devra être retourné dument rempli par courriel à

l’adresse du chercheur. Les avantages à participer à la recherche sont

nombreux : contribution à l’enrichissement de connaissances spécifiques à leurs

activités professionnelles et à leur milieu de travail; opportunité de faire le point

sur sa pratique professionnelle; libre espace de parole et d’expressions de leurs

représentations personnelles, en raison de l’anonymat, de la confidentialité et

du droit d’arrêt de participation associé à la démarche; accès privilégié aux

résultats de recherche suite à la finalisation du rapport final de recherche;

contact privilégié pour toute activité de diffusion des résultats de recherche au

sein de leur milieu de travail dans le cadre d’une journée de formation continue,

de colloque ou de conférence.

RRIISSQQUUEESS DD’’IINNCCOONNFFOORRTT

Les seuls risques potentiels apparaissent être ceux que vous pourriez vous-

même entraîner en divulguant dans votre milieu de travail la teneur des

réponses que vous avez fournies. Nous vous suggérons donc d’éviter de telles

divulgations, ainsi que de garder confidentiel les informations vous concernant

et concernant l’identification de votre organisme.

142

AANNOONNYYMMAATT EETT CCOONNFFIIDDEENNTTIIAALLIITTÉÉ

Les renseignements recueillis au sein des questionnaires répondus sont

confidentiels. Seuls le chercheur étudiant et le directeur de recherche auront

accès à ces informations. L’ensemble du matériel de recherche sera conservé

sous clé par le chercheur responsable pour la durée totale du projet. Les

questionnaires seront conservés dans un classeur sous clé tout au long de la

recherche et même par la suite. Le matériel sera détruit après deux ans suivant

la diffusion des dernières publications.

PPAARRTTIICCIIPPAATTIIOONN VVOOLLOONNTTAAIIRREE

Votre participation à ce projet est volontaire. À tout moment, vous êtes libre

d’arrêter votre participation ou de retirer votre consentement, sans justification

ou pénalité de quelques sortes. Votre accord à participer implique également

que vous acceptez que le responsable du projet puisse utiliser aux fins de la

présente recherche (articles, conférences et communications scientifiques) les

renseignements recueillis à la condition qu’aucune information permettant de

vous identifier ne soit divulguée publiquement.

CCOOMMPPEENNSSAATTIIOONN

Aucune compensation ou rémunération financière n’est prévue. Toutefois, vous

serez privilégiés lors de l’envoi. Cependant, une copie des résultats de

recherche vous sera communiquée en priorité à la fin de celle-ci.

DDEESS QQUUEESSTTIIOONNSS SSUURR LLEE PPRROOJJEETT OOUU SSUURR VVOOSS DDRROOIITTSS??

Si vous avez des questions ou des commentaires concernant votre participation

ou le déroulement de la recherche, vous pouvez communiquer avec le

143

responsable du projet au (514) 802-9098 ou par courriel à

l’adresse [email protected]. Ce projet est approuvé par le

Comité institutionnel d’éthique de la recherche de l’Université du Québec à

Montréal. Si vous souhaitez communiquer avec les responsables du comité pour

des informations ou pour formuler une plainte à l’égard de la conduite de la

démarche, vous pouvez communiquer avec son président M. Joseph Josy Lévy,

au numéro (514) 987-3000 # 4483 ou (514) 987-3000 # 7753.

RREEMMEERRCCIIEEMMEENNTTSS

Votre collaboration est essentielle à la réalisation de ce projet et nous tenons à

vous en remercier.

SSIIGGNNAATTUURREESS ::

Je __________________________________________ reconnaît avoir lu le

présent formulaire de consentement et consent volontairement à participer à ce

projet de recherche. Je reconnais aussi que le responsable du projet a répondu à

mes questions de manière satisfaisante et que j’ai disposé suffisamment de

temps pour réfléchir à ma décision de participer. Je comprends que ma

participation à cette recherche est totalement volontaire et que je peux y mettre

fin en tout temps, sans pénalité d'aucunes forme, ni justification à donner. Il me

suffit d’en informer le responsable du projet.

Signature du participant Date : _____________

________________________________

Nom (lettres moulées) et coordonnées

________________________________

________________________________

144

________________________________

Signature du responsable du projet

________________________________

Date

________________

Nous vous invitons à conserver un exemplaire de ce formulaire de

consentement dans l’éventualité où vous voudriez communiquer avec l’équipe

de recherche et à remettre une copie signé à l’interviewer.

145

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