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RESSOURCES NATURELLES Valoriser la pierre et le bois Les infos de ALBOIS R.N. 2 e TrimesTre 2010 Mai - Juin - Juillet V Bureau de dépôt : 6099 Charleroi X P401047 Le matériau bois exige l’excellence un séminaire pour bien enfoncer le clou ! page 22 À Découvrir Dossier Les normes, moteur ou frein pour le développement des entreprises des secteurs pierre et bois? page 14 Le secteur du béton et du ciment de la vision technique à la réalité du terrain page 6 L’audit PEFC des propriétaires forestiers publics une mission de contrôle et de progrès page 11

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Valoriser la pierre et le bois

Les infos deALBOIS R.N.

2e TrimesTre 2010Mai - Juin - Juillet

V

Bureau de dépôt :6099 Charleroi XP401047

Le matériau bois exige l’excellence

un séminaire pour bien enfoncer le clou ! page 22

À Découvrir

Dossier Les normes, moteur ou freinpour le développement des entreprisesdes secteurs pierre et bois? page 14

Le secteur du bétonet du cimentde la vision techniqueà la réalité du terrain page 6

L’audit PEFC des propriétairesforestiers publicsune mission de contrôleet de progrès page 11

2 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010

Les normes,outil de développement

Si l’actualité nous pousse parfois à réagir sur-le-champdevant la portée des événements, d’autres fois, elle nousoffre du temps. Un temps précieux pour bien com-prendre, un temps nécessaire pour évaluer les imbrica-tions des choses, un temps indispensable pour avoir unsain recul vis-à-vis de toute conclusion hâtive.

Dans ce numéro des « Infos de Valbois R.N. », nous avonseu le temps pour mûrir notre réflexion sur les normes etnous vous proposons, au travers d’un dossier, de les dé-mystifier.

Depuis plusieurs années, le marquage CE, que nos inter-locuteurs en page 15, définissent comme étant le passe-port pour la libre circulation des produits sur l’espaceeuropéen, touche de plus en plus de produits et imposeses obligations aux entreprises notamment celles des sec-teurs pierre et bois.

Tout n’est pas toujours simple… Au niveau du sciage,avec la prochaine entrée en vigueur du marquage CE desbois de structure, il a fallu batailler. Les normes ne nais-sent pas toujours parfaites, mais grâce à l’engagementde chacun et à la prise en compte des spécificités des unset des autres, elles peuvent évoluer pour le bien de tous.

Après, il convient de les appliquer, or le changement esttrop souvent mal vécu!Pourtant, et c’est tout l’enjeu du dossier que nous vousproposons, il semble relativement aisé d’appliquer lesnormes. Nos entreprises pierre et bois, par leurs pratiqueset au travers de leurs produits, n’ont rien à craindre. Bienau contraire ! En appliquant des normes, l’entrepriseaméliore sa performance, accroît la confiance de sesclients et augmente ainsi ses parts de marché. D’autrepart, grâce aux méthodes de travail qu’elles promeuvent,les normes sont aussi un accélérateur d’innovation.

Plus ou moins consciemment, nous savons tous que desnormes sont nécessaires.J’en veux pour exemple le séminaire sur la constructionbois dont nous parlons en page 22. N’a-t-il pas commequalité première de mettre en exergue l’état de l’art enmatière de construction bois ? En prenant du recul parrapport au quotidien, il brosse aux yeux des acteurs dela construction bois le tableau de ce qu’il convient defaire : nous sommes au cœur des normes !

Ou encore, lorsqu’en page 11, nous évoquons l’audit PEFC.Ce système fonctionne sur cette même idée. Exigences,normes… des milliers de propriétaires forestiers en Europey ont adhéré. Comme on peut le lire dans cet article, lesnormes n’empêchent en rien le dialogue, elles le suscitent.

Alors soyez dans la norme… mais cultivez votre diffé-rence !

VALBOIS Ressources Naturelles asbl

44, rue de la Converserie - B-6870 Saint-HubertTél. 061 29 30 70 - Fax 061 61 27 32

E-mail : [email protected] - www.portailpierre.org

Toute reproduction, même partielle, des textes et des documents de ce numéroest soumise à l’approbation préalable de la rédaction.Photos © Valbois R.N. sauf indication contraire.

Les Infos de Valbois sont réalisées avec le soutien financierde la Région wallonne, de l’Union européenne

et de la Province de LuxembourgPROVINCE DELUXEMBOURG

Réseau bois- La filière bois wallonne

au Carrefour international du bois de Nantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3- L’audit PEFC des propriétaires forestiers publics,

une mission de contrôle et de progrès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11- Le matériau bois exige l’excellence

un séminaire pour bien enfoncer le clou ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22- 5èmes « Rencontres Filière Bois »

Le bois, une planche de salut ou une planche d’envol ? . . . . . . . . . . . 28

Détails techniques- Le secteur du béton et du ciment,

de la vision technique à la réalité du terrain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

Le dossier du trimestre- Les normes, moteur ou frein pour le développement

des entreprises des secteurs pierre et bois? . . . . . . . . . . . . 14

Marchés / tendances- Le négoce de bois,

préservé grâce aux spécificités du matériau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

Lectures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

éditorial sommaireNadine GodetDirectrice

Équipe de rédaction : Nadine Godet, Bastien Wauthoz, Eugène Bays,François Deneufbourg, Frédéric Castaings

www.espacemedia.com - Tél. 061 23 34 76Conception et réalisation :

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010 - 3

réseau bois

La filière bois wallonneau Carrefour international du bois de nantes

Le Carrefour international du bois deNantes reste, malgré une conjoncture tou-jours fortement teintée d’incertitude, uneplaque tournante du commerce européendu bois et des produits en bois. D'année enannée, ce salon est devenu le rendez-vousincontournable des entreprises wallonneset des organismes du secteur.

Un salon orienté vers le matériaubois et les produits bois dérivés

Au vu des champs d’activités des participants,essentiellement scieurs, fabricants de lamellé-collé, parqueteurs et négociants en bois, on nes’étonne pas de trouver essentiellement desproduits sciés en bois et des produits dérivés.Les produits composés de plus grande enver-gure comme les maisons en bois y sont plutôtassez discrets pour ne pas dire totalementabsents.

Parmi l’armada des gros importateurs et négo-ciants belges, peu manquaient à l’appel.Les scieurs de résineux wallons, avec Fruytier,Industrie du Bois Vielsalm & Cie, Barthel Paulset Pauls Saint-Vith se présentaient en force au

salon. Belwood Amel manquait à l'appel maisFreddy Pauels, son administrateur-délégué,s'était déplacé pour « prendre le pouls du sec-teur ».

Par contre, côté scieurs de bois feuillus, c’étaitl’absence totale ! Il est clair que ces derniers, dufait de leur taille réduite, souffrent de capacitésde production limitées et d’un manque demoyens tant humains que financiers pour déve-lopper une promotion commerciale plus percu-tante.À quand une action concertée dans ledomaine? On pourrait l’envisager pour l’édi-tion 2012 avec une plaquette générale de pro-motion des produits chêne et hêtre wallons etune présentation groupée de ces entreprises etde leurs capacités de production.Ces développements font en tout cas partieintégrante du programme européen Interreg IV« Regiowood » que Valbois pilote et danslequel se retrouvent la quasi-totalité des forcesvives de la filière bois wallonne.

Interrogés sur ce point, les négociants belgesmettent en avant les difficultés de nos scieursde bois feuillus à pouvoir répondre à leursdemandes en quantités, qualités, délais et prix

et de ce fait se voient obligés de chercherailleurs leurs approvisionnements.

Une collectivité régionaleen expansion

Signe du succès croissant de la collectivitérégionale, les exposants wallons – Acoustix,Barthel Pauls SA, Bois Certifié SPRL, Industriedu Bois Vielsalm & Cie SA, Pauls St-Vith SA, Ser-vice Public de Wallonie – Direction des réseauxd’entreprises, Stabilame S.A., Trap Ciney SA etValbois RN – en arrivent à se sentir à l’étroit surleurs 108 m2.À leur décharge, il faut bien dire que cette sur-face est restée inchangée depuis la premièreorganisation de la collectivité par Valbois RNpour le compte de l’AWEX en 2000.Qui plus est, un exposant arrivé tardivement n’apu trouver place et ce, malgré une réductiondrastique de l’espace commun, alors qu’uneentreprise visitant le salon a déjà manifesté sonintérêt d’intégrer la collectivité en 2012!Les autres participants faisant preuve d’unebelle fidélité à l’événement, on s’acheminedonc vraisemblablement vers une extension dela surface à réserver pour la prochaine édition.

4 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010

réseau bois

Une satisfaction prudentepour les produits classiques, un intérêt plus marqué pour les produits plus originaux

Alors que la prudence reste toujours de mise auniveau de l’évolution de la situation écono-mique générale, la majorité des entrepriseswallonnes tirent un bilan satisfaisant de leurparticipation.

Michel Chanut, responsable du négoce BoisCertifié SPRL, se montre extrêmement satisfaitet annonce un volume de ventes important. Ilexplique ce succès par le fait qu’il a axé sa par-

ticipation sur un produit original, le carrelet eneucalyptus lamellé-collé trois épaisseurs certifiéFSC à destination des châssis de fenêtre. Il luiest donc possible d’axer sa promotion sur leproduit lui-même et non simplement sur le prixcomme c’est le lot des entreprises présentantdes produits classiques plus standardisés.

D’autres exposants comme Robert Lekane, res-ponsable de la société Acoustix, fabricant depanneaux acoustiques, viennent servir de sup-port à leur réseau de distributeurs locaux qu’ilsreçoivent avec leurs clients sur leur stand.

Il en va de même pour Stabilame, fabricant depanneaux contre-cloués MHM et de structureset de maisons en bois qui s’appuie dorénavant

sur un réseau de partenaires attitrés belges etfrançais pour la commercialisation de ses pro-duits.

Nouveau venu au sein de la collectivité, JamesPeters, représentant la société TRAP, fabricantde plans de travail en lamellé-collé et de par-quets contrecollés, se montre un peu plusmitigé.

De leur côté, les scieurs de bois résineux telsIndustrie du Bois Vielsalm & Cie, Barthel Paulset Pauls Saint-Vith affichent une réelle satisfac-tion tout en craignant néanmoins de ne pou-voir répercuter sur leurs prix de vente leshausses importantes enregistrées au niveau desachats de bois sur pied.

La filière bois wallonne au Carrefour international du bois de Nantes

Plans de travail en lamellé-collé et parquet sur le stand de la société Trap Ciney. Panneaux MHM sur le stand de la société Stabilame.

Petite visite guidéeau travers du salon

En visitant ce 11e Carrefour international dubois de Nantes, outre les classiques bois sciés etpanneaux en tous genres, le visiteur n’aura pasmanqué d’être interpellé par l’omniprésencedes éléments structurels en lamellé-collé, desbardages, des platelages pour terrasses et desparquets. Plus rares étaient les produits nova-teurs comme l’hélipoutre présentée en enca-dré.

Côté traitement, notre attention s’est focaliséesur les bois modifiés thermiquement – BMT1 –et dont plusieurs producteurs utilisant diversestechniques étaient présents ; leurs produits sedéclinant essentiellement sous forme de bar-dages, de platelages pour terrasses et de par-quets, usages de plus en plus reconnus. À côtéde cela, leurs usages sous forme de menuiseriesou de meubles restent encore assez confiden-tiels, peut-être par manque de cadre normatifcomme cela nous l’a été signalé par ailleurs. �

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010 - 5

1 Bois modifié thermiquement – BMT : bois chaufféentre 160 et 245 °C sous atmosphère contrôléepauvre en oxygène. Il se produit des modificationschimiques de la structure du bois : dégradationdes hémicelluloses qui possèdent des propriétéshydrophiles et réticulation des lignines signifiant laformation de liaisons chimiques entre les molé-cules. Ces modifications interviennent sur les pro-priétés physiques et mécaniques du bois. Le boisgagne nettement en durabilité mais perd sensible-ment en résistance mécanique. Plan de travail en éléments lamellé-collé aboutés.

Plan de profil en lamellé-collé ajouré pour châssis de fenêtre avec finition en hêtre modifié thermiquementtravail en éléments lamellé-collé aboutés.

Différents exemples de bardages en bois modifiéthermiquement.

HélipoutreL’hélipoutre est une poutre creuse composéed’éléments longitudinaux emboîtés les uns dansles autres pour former une section triangulaire,carrée, ronde, ovale, octogonale… Du fait de sonâme creuse, la poutre peut faire office de gainetechnique tout en offrant un design adapté à sonenvironnement.

(Menuiserie des Pyrénées – 64200 Biarritz)

6 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010

détails techniques

Dans notre précédente édition des Infos de Valbois, nous nous étions intéressés de près à la genèse du béton, matériaucomposite issu de la rencontre entre le ciment, le sable et des granulats (ou du gravier) agglomérés grâce à l’eau. Commenous avions pu le constater ensemble, les usages du béton sont innombrables à tel point qu’on n’imagine pas le mondede la construction se passer de nos jours d’un tel compagnon.

Pour compléter le panorama général, nous avions interrogé la FEBELCEM, fédération des producteurs de ciment, et laFEBE, fédération des producteurs de béton, concernant leur perception sur ce secteur d’activité très important dans l’éco-nomie wallonne. Une expérience enrichissante que nous vous proposons de prolonger dans ce numéro, en partant à ladécouverte d’un panel d’entreprises, actrices dans des domaines différents et pourtant fédérées par le même ciment.

Le secteur du béton et du cimentde la vision technique à la réalité du terrain

Cinq témoins, cinq horizons

Avec notre liste de questions sous le bras, nousavons sillonné la Wallonie - seul le sol de la Pro-vince du Brabant wallon n’aura pas été foulé -à la rencontre d’entreprises du secteur dubéton et du ciment. Entrons directement dansle vif du sujet via une brève présentation dechacune, de l’amont vers l’aval.

CBR HarmigniesPierre Koch, le Directeur du site nous a faitl’amabilité de nous recevoir. Nous sommes icichez un géant du secteur, filiale du groupe alle-mand HeidelbergCement qui totalise quelque65000 salariés répartis sur 2700 sites, couvrantainsi 50 pays.Le site d’Harmignies, et ses 106 collaborateurs,a la particularité de ne produire que du cimentblanc (voir l’encadré en page 10 pour en savoir

plus). Ce ciment n’a vraiment pas grand-choseà voir avec le ciment gris, il se destine aux ap-plications les plus esthétiques en autorisant ai-sément sa coloration.Le ciment blanc présente aussi la particularitéde s’exporter facilement car c’est un produitrare : 2 milliards de tonnes de ciment gris sontproduites dans le monde chaque année, et seu-lement 12 millions de tonnes de ciment blancau travers d’une poignée de producteurs, 73pour être exact.Le ciment blanc, produit high-tech à très hautevaleur ajoutée, trouve naturellement son essorgrâce à son excellente qualité, sa prise rapide etune multitude d’innovations potentielles.

Les Carrières du Fond des VaulxSituée à Wellin, la S.A. “Les Carrières du Fonddes Vaulx” a été fondée en 1946. Elle exploiteun gisement d’environ 90 hectares pour pro-

duire annuellement environ 900000 tonnes degranulats et sables calcaires lavés.Forte de 47 salariés, la carrière wellinoise est fi-liale du groupe Cimescaut d’Antoing.Les produits commercialisés sont d’une grandevariété et destinés à de nombreux marchés : bâ-timent, construction et travaux publics, voirie,construction routière, centrales à béton, cen-trales d’enrobés, préfabrication…En plus de l’activité dédiée aux concassés, LesCarrières du Fond des Vaulx possèdent trois cen-trales à béton (Wellin, Libramont et Achêne)avec une flotte de 12 mixers, 1 mixer-pompe et2 pompes à béton. Cette infrastructure permetde couvrir la majeure partie de la province deLuxembourg et une partie de la province deNamur.

Nous avons dialogué avec Bertrand Lejeune, Di-recteur de la carrière, et Jules Lambert, Respon-sable technico-commercial.

Vue générale sur le site d’extraction des Carrières du Fond des Vaulx, à Wellin.

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010 - 7

Interblocs saInterblocs sa, fondée en 1979, se situe à Libra-mont, sur la zone industrielle de Recogne.Spécialisée dans la fabrication de blocs enbéton, l’entreprise rajoute très vite une corde àson arc en proposant des pavés en béton dansdifférents formats, épaisseurs et coloris. Unchoix judicieux pour ce fabricant qui devient lea-der du pavé rustique 14,5 x 14,5.Interblocs emploie à ce jour onze personnes,sept ouvriers, trois employés et son dirigeant.Dans l’atelier, 60 % du temps de production estconsacré aux blocs, 40 % aux pavés, maischaque activité pèse 50 % du chiffre d’affaires.Fort d’un équipement moderne, Interblocs pro-duit 120000 à 130000 m2 de pavés par an et,pour les blocs, l’équivalent de 200 maisons.Sa clientèle est de deux types : les négociants enmatériaux qui vendent blocs et pavés au grandpublic, les entrepreneurs de voirie pour les pavésdestinés aux aménagements d’espaces publicsou gros aménagements privés.Embauché en 1998, Jean-Guy Delhaise, notrehôte pour cette interview, a pris les rênes del’entreprise en 2007.

Prefer saLa société Prefer, une filiale du Groupe Portierétablie à Awirs (Flémalle), intervient dans le do-maine du béton au travers de trois activités :� les traverses en béton pour les voies ferrées,� les blocs en béton pour la construction,� et son atelier de préfabrication qui produit

des pièces sur mesure pour l’aménagementroutier, la construction ou le génie civil.

Dans le cadre de la diversification de cet atelier,Prefer a développé un panneau en béton debois, particulièrement adapté à la constructiongroupée, à savoir 10 à 15 maisons.Ce panneau prend la forme d’un mur fini avecune ossature bois noyée dans une épaisseur debéton léger, réalisé à partir de copeaux de boisminéralisés. Préfabriqué en atelier ce qui est ungage de qualité, rapide à mettre en œuvre, ex-trêmement isolant par lui-même et recyclable,ce produit présente bien des avantages.Connu depuis longtemps, avec des variantessuivant les pays, ce composant a été remis augoût du jour et amélioré par Prefer. La société,via son chargé de missions Gilbert Hansoul,évoque cette activité entamée en 2008.

Ronveaux saL’entreprise cinacienne Ronveaux jouit d’undouble savoir-faire :� l’électricité qui correspond au démarrage del’entreprise, en 1923. De la plantation de po-teaux et le tirage de lignes pour la distribu-tion de l’électricité, l’activité s’est diversifiéevers l’installation d’armoires de commandes,groupes de secours…

� la construction et plus spécifiquement la pré-fabrication d’éléments en béton avec, depuis1950, la mise en œuvre de la technique dela précontrainte (voir notre précédent nu-méro pour les détails techniques).

Comptant parmi les rares entreprises belges ex-pertes en béton précontraint, cette société de400 personnes dont 170 ouvriers pour la seuleactivité béton, est particulièrement bien posi-tionnée dans la fourniture d’éléments pour legénie civil et le bâtiment.Sa renommée, Ronveaux la doit d’une part à sespoutres de franchissement et ponts-bacs desti-nés aux ouvrages d’art, et, d’autre part, à sescolonnes, poutres, dalles et “modules” indus-triels ou de bureaux pour le bâtiment.Gontran Mairesse, Directeur d’études et ventesdu département construction, nous reçoit.

Pierre Koch, le Directeur de CBR Harmignies, afficheun optimisme et une détermination communicatifs.

Exemple de voiles en béton armé, fabriqués par Ronveaux sa, pour la réalisation d’hôpitaux ou de bureaux.

8 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010

détails techniques

Une crise brutale

Au petit jeu des questions, fatalement l’actua-lité prend le dessus et la situation économiqueest le premier sujet qui vient à l’esprit. Assuré-ment, la crise est passée par là !

La société Prefer, touchée dans ses secteurs tra-ditionnels, les blocs et les éléments préfabri-qués, a décidé de « promouvoir avec autantplus d’énergie les panneaux préfabriqués enbéton de bois. Cette diversification doit nouspermettre de surfer sur la vague des éco-constructions » confie Gilbert Hansoul.

Pierre Koch, de CBR Harmignies, évoque « unebaisse significative des ventes dès la fin de l’an-née 2008, vers septembre octobre. Les ventesse sont tassées à cause de la crise économiqueet de la crise de la construction ».Grâce à d’importants efforts consentis en2009, comme l’arrêt d’installations ou la réali-sation d’opérations de maintenance durant lescreux d’activité, le chômage a été évité.Pour ce cimentier, « les ventes ont pu être sta-bilisées dès 2009. Quant à 2010, l’hiver rigou-reux a engendré un retard de production surjanvier-février, néanmoins les mois suivantssont en phase avec nos prévisions ».« Globalement, nous n’avons pas perdu declient, c’est leur consommation qui a reculé »observe Pierre Koch, avec soulagement.

Les Carrières du Fond des Vaulx n’auront pasconnu meilleur sort. Deux chiffres suffisentpour s’en convaincre : « en 2009, notre activitébéton a reculé de 25 % en volume ; et pour lapartie concassé, c’est - 8 % » relève résigné ledirecteur du site, Bertrand Lejeune.Son responsable commercial, Jules Lambert,tient à nuancer ces pourcentages car « 2008

avait été une année exceptionnelle pour lebéton. Le problème à partir de 2009, c’est à lafois la forte baisse de la demande, publique ouprivée, et une concurrence qui est devenuebeaucoup plus rude dans ce secteur ».Pour 2010, le marché de la grenaille ne devraitpas trop varier car les contrats sont majoritaire-ment annuels et correspondent à des volumespour la plupart reconduits à l’identique. S’agis-sant du béton, Bertrand Lejeune note « un bondébut d’année grâce à quelques gros chantierscomme un site d’éoliennes ou la réfection deponts ». Pour autant la visibilité sur le reste del’année reste très faible.

Interblocs, le fabricant de blocs et pavés enbéton, porte un regard nuancé sur l’évolutionde ses marchés.Pour Jean-Guy Delhaise, « le marché du blocbéton est en recul général car il pâtit de lamésentente du secteur. Nous sommes nom-breux et n’arrivons pas à parler d’une mêmevoix, alors ce marché se fait manger par desproduits alternatifs présentant d’autres avan-

tages mais aussi d’autres inconvénients : blocscellulaires, terre cuite… Cette concurrencereprésente peu de fabricants qui exercent uneforte pression en matière de marketing ».Pour lui, « on a connu de belles années mais cemarché est désormais en surcapacité de pro-duction avec des tensions sur les prix ».Concernant les pavés en béton, « on se défendun peu mieux car notre pavé 14,5 x 14,5 nousa permis de créer une niche. 2009 a été un boncru, mais le recul est très prononcé en 2010 »constate-t-il. Son explication est simple : « deuxou trois gros chantiers manquent cette année.La situation économique générale ne permetpas de dégager autant d’argent que par lepassé pour construire des aménagementspublics. À l’heure d’aujourd’hui, l’argent va plu-tôt à des travaux basiques de remise en état ».

Pour Ronveaux, l’année 2009 aura été particu-lièrement compliquée car à la crise s’est rajou-tée une réorganisation interne. « Nous avonsmal commencé 2009 » détaille Gontran Mai-resse « car notre réforme interne n’était pasachevée, mais nous avons bien réagi par la suiteen retrouvant toute notre place sur le marché.Par contre, c’est un secteur où les volumes sesont considérablement restreints ce qui a pro-voqué une forte baisse des prix ».Marges anémiques, marchés en réduction, ledirecteur des ventes doit faire face à une concur-rence exacerbée: « concurrence en provenancedes pays voisins en ouvrages d’art. Et pour le bâti-ment, ce sont les Flamands qui élargissent leur ter-rain de chasse en direction de la Wallonie ».Le début 2010 n’a pas apporté de certitudes àRonveaux. Comme l’indique Gontran Mairesse,« le marché est imprévisible. La partie “privés”a connu un quasi-arrêt, les marchés publics sesont complexifiés. Notre carnet de commandesest rempli pour les deux ou trois prochainsmois, dans notre activité il est rare de voir plusloin. Aussi l’année 2010 reste très floue ! ».Un échantillon des panneaux préfabriqués en béton de bois produits par la société Prefer.

Bertrand Lejeune et Jules Lambert des Carrières du Fond des Vaulx espèrent une reprise de la commande publique.

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010 - 9

Perspectives à moyen terme

Interrogé sur sa vision de l’activité pour les deuxou trois prochaines années, le représentant deRonveaux fait remarquer « la difficulté del’exercice pour qui ne sait déjà pas ce qu’il feradans trois mois ! Ce qui est certain, c’est que letravail commercial va devenir très exigeant : ilfaut être proches des entrepreneurs, desbureaux d’études pour connaître les projets ».Une tendance des marchés publics qui risquede s’accentuer est le concours. « On demandeaux entrepreneurs de constituer des équipespluridisciplinaires qui accouchent de projetstrès différents. Pour nous, c’est beaucoup plusde travail car nous apportons notre expertiseaux équipes qui nous sollicitent comme s’ils’agissait d’un projet spécifique. Mais un seulsera retenu… Nous espérons à chaque fois quece sera l’un de nos clients ».

Pour Bertrand Lejeune et Jules Lambert des Car-rières du Fond des Vaulx, la situation ressemble,sur un point, trait pour trait à celle de l’entre-prise Ronveaux : une absence de visibilité. Alorsles hommes en sont rendus à espérer un sur-saut notamment de la commande publique,forte consommatrice de béton.

Pour Gilbert Hansoul de Prefer, faire connaîtreson produit est la priorité. « Nos efforts, pourles années à venir, se concentrent sur l’actioncommerciale. Les panneaux préfabriqués enbéton de bois ont les qualités nécessaires pourprendre une part de marché significative dansla construction. Nous visons surtout laconstruction groupée car la relative standardi-sation engendre une meilleure efficacité et desbaisses de coûts, ce qui rend notre produitencore plus attractif ».

Du côté d’Interblocs, on se veut très circonspect.« Les années 2010 et 2011 seront des années àtraverser avec prudence, en gérant l’entreprisede manière rationnelle. Heureusement, nous dis-posons d’un bel outil industriel et d’un personnelcompétent » déclare Jean-Guy Delhaise. Pour lui,« le recul de l’activité doit être mis à profit pourinnover et sécuriser l’avenir de la société. Onconstate dans le milieu que les concurrentsdeviennent de plus en plus gros. Avec ce mou-vement de concentration, ces géants ont du malà maintenir une qualité de service correcte ; et lesclients apprécient de moins en moins leur côtéprocédurier. Des petits, comme nous, avonsencore plus de raisons d’être! ».

Enfin CBR Harmignies, par l’entremise de PierreKoch, se montre la société la plus optimiste denotre panel.« Nous ressentons quelques signes de reprise »se réjouit le directeur du site pour qui, néan-moins, « il ne faut pas attendre de miracle. Pourégaler à nouveau le niveau de 2008, il faudrapatienter au moins jusqu’en 2012 ».Pour notre témoin, « une crise est toujours uneopportunité pour se remettre en cause, s’inter-roger, réfléchir… » Et à ce jeu, Pierre Koch nemanque pas de répondant !

La R&D et l’environnementcomme moteurs

Le directeur de CBR Harmignies dessinequelques pistes qui devraient conforter l’avenirde son site. « Il faut innover, rechercher de nou-veaux produits et créer des marchés de spécia-lités. Nous faisons énormément de recherche etdéveloppement en aidant par exemple nosclients à développer des applications inédites.

Nous les aidons également à mettre au pointde nouvelles recettes ».L’amont n’est pas oublié car « nous menonsdes recherches, avec des universités belges, surl’inventaire et la qualification des ressourcesdisponibles. Notre but est d’exploiter nos gise-ments de façon optimale. Nous avons une ges-tion durable de notre ressource ».Gestion durable des matières premières, voilàaprès la R&D le second thème cher au cœur dePierre Koch… L’homme est intarissable à cesujet. Son argumentation précise fait mouche.« Dans l’industrie minière, la demande en matièrepremière a doublé tous les vingt ans. Des pénuriessont annoncées. Alors quel est le défi? Je croisque nous devons appliquer la meilleure tech-nique: celle qui consomme le moins de matière etqui produit en polluant le moins. À ce jeu, pro-duire local, avec des techniques modernes, estune bonne réponse. C’est ce que nous nous effor-çons de faire » souligne Pierre Koch.

Face à CBR Harmignies et la puissance Heidel-bergCement, nos autres interlocuteurs peinentà rivaliser. Pourtant R&D et écologie sont desaxes forts de leurs stratégies.

À l’image de la société Ronveaux, la réorganisa-tion de 2008 a amené à la création d’une celluleR&D. Pour Gontran Mairesse, « la R&D est néces-saire. Elle nous permet d’optimiser notre processde fabrication mais elle est également incontour-nable pour se développer sur des marchés nou-veaux. Béton auto-plaçant et béton haute per-formance sont des domaines qui nousintéressent tout particulièrement ». En matièred’écologie, l’entreprise se montre très attentive.« Collecte des déchets et tri pour valoriser aumieux »mais aussi « analyse de notre productionpour rédiger des fiches d’impact écologique denos produits » relève le directeur des ventes.

Pour Les Carrières du fond des Vaulx, « on tented’innover autour du béton, moins de la pierre.Notre taille ne nous permet pas de faire de laR&D pure et dure, on avance plutôt à lademande du client » note Bertrand Lejeune.La carrière de craie de CBR Harmignies, avec sa pelleteuse à bras court permettant une exploitation sélective pour

éviter les contaminants (Fe, Cr…) principalement concentrés dans les failles et certains interlits.

Le dirigeant d’Interblocs, Jean-Guy Delhaise, prône laprudence pour les deux années à venir.

© Valbois R.N.

Prefer, quant à elle, sort tout juste d’un longparcours de R&D, « l’enjeu consiste maintenantà obtenir un Agrément Technique (ATG) pournos panneaux en béton de bois. Tous les testsont été réalisés, ils sont positifs. C’est une pro-cédure longue, nous arrivons à la fin car il nereste plus que la rédaction du document final ».Ici bien sûr l’écologie est prise au sérieux.« Notre process n’est pas énergivore et nousutilisons un matériau renouvelable, le bois, issude forêts locales. Tout est fait pour limiter notreimpact sur l’environnement ».

Enfin, Interblocs, la plus petite des entreprisesinterviewées, affiche également son attache-ment à la R&D et sa sensibilité aux questionsenvironnementales. « Nous sommes une petitestructure aussi ces questions ne peuvent êtreabordées qu’en fin de journée, quand on a finil’essentiel » confesse Jean-Guy Delhaise.Et de nous livrer un secret : « nous avons desidées pour développer des produits encore plusrespectueux de l’environnement, laissez-nousencore un peu de temps ! ». Comme quoi R&Det environnement peuvent aller de paire.

Béton et ciment sont-ils encoredes matériaux d’avenir?

Notre dernière question se voulait un peu pro-vocante mais quel bonheur de voir la réactionde nos interlocuteurs, surpris par l’incongruitécette interpellation.Cinq horizons différents, cinq entreprises, uniespar le béton et le ciment, et par la convictionqu’il s’agit des matériaux de demain. Les rai-sons ne manquent pas.

« On est capable de faire des choses de plus enplus belles avec le béton, avec une technicité depoussée. Regardez les prouesses réalisées àDubaï » lâchera l’un. « Excellent isolant, maté-

« Le ciment blanc est au ciment gris ce quela haute couture est au prêt-à-porter »

Tout commence par l’exploitation sélective decraie blanche, kaolin de Libin et argile d’Hautragedont la qualité est analysée avant de préparer lecru, qui sera lui-même contrôlé avant son injec-tion dans le four à clinker. La cuisson se fait parvoie humide qui, combinée à la très faible teneuren Fe du mélange, la rend très énergivore : pasmoins de 9GJ par tonne de clinker produite.

Dans le four, le cru est séché et pelletisé (trans-formé en petites boules) par l’action combinée dela chaleur et de chaînes. Peut alors commencer latransformation chimique des éléments pour for-mer les C2S, C3S et C3A qui composent le clinker(voir numéro précédent). Elles se terminent àproximité immédiate de la flamme (près de 2000°C) dans une atmosphère réductrice et avant unetrempe salvatrice pour la couleur du clinker.Le clinker est alors dirigé vers un broyeur à bou-lets où lui seront ajoutés des régulateurs deprise (sulfates de calcium et fillers calcaires). Le

ciment ainsi mouturé, finement broyé et parfai-tement blanc se dirige alors vers l’unité d’ensa-chage, le dépôt en vrac ou les voies maritimes.

L’usine d’Harmignies, la septième plus grosse aumonde, produit 200000 tonnes de cimentblanc par an et exporte ses produits dans 57pays différents.

Cette phrase de Pierre Koch, directeur de la cimenterie d’Harmignies, exprime, avec hu-mour, sa fierté de confectionner un produit minéral noble dont la fabrication est trèscontraignante.

Gilbert Hansoul de Prefer croit énormément au potentielde ses panneaux : c’est un produit coup de cœur !

L’intérieur du four à clinker au niveau de la flamme(en haut à gauche). En bas à droite, on peut voir le

clinker qui s’écoule par la trappe d’évacuation.

Pour Gontran Mairesse de la société Ronveaux, l’avenirpasse par le contact commercial et l’innovation.

riau durable, composant recyclable à faibleempreinte écologique » argueront deux autres.Un quatrième mettra l’accent sur l’innovationet « le travail réalisé avec les cimentiers pourcréer des bétons dépolluants ou auto-net-toyants ». Enfin, le cinquième évoquera « uneactivité en lien avec le développement, car onne peut espérer d’essor économique sans utili-sation du béton ».

Et vous, quel avenir entrevoyez-vous pour lebéton et le ciment? �

10 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010

détails techniques

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LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010 - 11

Après une double page introductive, puisla découverte de l’Inventaire permanentdes ressources forestières de Wallonie,notre feuilleton consacré aux diverses res-ponsabilités de la Direction des ressourcesforestières (DRF) du DNF trouve ici un pro-longement nouveau.L’épisode du jour présente la particularitéd’avoir été tourné à la fois en salle, à la foisdans des décors naturels, ceux qu’offrentles magnifiques forêts virtonaises. Augénérique, pas moins d’une quinzained’acteurs, tous des premiers rôles ; dans ledomaine qui nous préoccupe, les figurantsn’ont pas leur place.

Cette aventure, de plus de quatre heures,prend corps dans certaines de nos forêts,se focalisant sur un aspect particulier de lagestion forestière : la certification PEFC.

Au travers d’un cas réel - merci aux repré-sentants de la commune de Virton et àl’ensemble des agents de ce cantonnementd’avoir accepté la présence d’un journa-liste - découvrons ensemble la missiond’audit PEFC conduite par Étienne Gérardet Christian Laurent, auditeurs internespour les propriétaires publics, appartenantà la DRF.

Le rendez-vous a été fixé à 13h30, salle duconseil, à l’Hôtel de ville de Virton.

La commune est représentée en nombre,preuve de l’intérêt qu’elle porte à cet audit.

Bernadette Roiseux, Échevine en charge del’agriculture, de l’environnement, de la forêt, dutourisme et de la ruralité nous accueille. Elle estaccompagnée des principaux responsables com-munaux concernés : Jean-Paul Stévenin du ser-vice territoire et patrimoine, Étienne Hubert duservice environnement et Serge Authelet, res-ponsable des ouvriers forestiers.

Autour d’eux, le personnel du cantonnementconcerné par la ville de Virton est présent augrand complet. Bernard Van Doren, Ingénieurchef de cantonnement, est entouré d’une di-zaine d’agents.

Alors qu’on pourrait penser qu’avec le renfortde nos deux auditeurs tous les personnages decette histoire sont réunis, on voit émerger untroisième visage. Il s’agit de Vincent Hibon dubureau Ecopass. Sa présence est capitale car cetauditeur externe vérifie la parfaite neutralitéd’Étienne Gérard et Christian Laurent, crédibili-sant ainsi tout le processus de contrôle.

L’audit PEFCdes propriétaires forestiers publics,

une mission de contrôle et de progrès

Dans la salle du conseil, le chef de cantonnement présente la forêt virtonaise dans toutes ses composantes.

Le groupe se dirige vers une coupe martelée pour voir les spécimens sélectionnés et comprendre le processus qui a mené à leur choix.

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Explications en salle

Le premier à prendre la parole est Étienne Gé-rard. Son introduction, concise et précise, resi-tue l’enjeu de sa visite en compagnie deChristian Laurent. « Nous sommes ici dans lecadre de la certification PEFC, le plus importantsystème de certification forestière au monde.Ce système a pour but de garantir la gestiondurable de nos forêts pour que le consomma-teur qui achète un produit en bois soit certainqu’il ne participe pas à la déforestation »amorce-t-il.

Et l’homme de préciser qu’ « adhérer à PEFC estune démarche volontaire des propriétaires, pu-blics comme privés. La commune de Virton,comme de nombreux autres propriétaires pu-blics wallons - 222 pour être exact, soit 96 %de la surface forestière publique - a souhaitéprouver son attachement à la gestion durablede ses forêts en signant la charte PEFC. Elle s’estengagée sur des principes de gestion, le but denotre audit est de vérifier qu’elle agit bien enconformité avec ces principes ».

Long travelling, la caméra s’attarde maintenantsur Bernard Van Doren, le chef du cantonne-ment. Il lui incombe de présenter la forêt com-munale de Virton et ses caractéristiques.

L’ingénieur s’acquitte de cette mission avecbrio, relevant « l’importance de la surface fores-tière de la commune, 3 644 ha, dominée trèslargement par les feuillus qui représentent3280 ha, 90 % de la surface ».Le territoire est décrit dans le détail avec notam-ment « ses trois cuestas, et surtout la troisième,à proximité de la frontière avec la France, qui serévèle la plus riche : hêtres, chênes, frênes, meri-siers, érables, ormes et tilleuls forment de beauxensembles mélangés » indique le responsable.

Son intervention durera environ quarante-cinqminutes. Chiffres et cartes à l’appui, il expliquela façon dont les aménagements sont réalisés :« nous opérons sur la base d’une rotation de 12ans » expose-t-il.Puis il évoquera la gestion de la forêt commu-nale de Virton. Régénération naturelle, prise encompte précise de l’inventaire, objectifs de

coupe à partir de 240 cm de circonférence pourle hêtre, concertation avec les agents pour réa-liser le martelage, sont quelques-uns des élé-ments mis en avant. Les deux auditeurs du DRF,visiblement très intéressés, prennent des notes.

Mais la forêt, ce n’est pas que la production,Bernard Van Doren ne l’a pas oublié. Il abordeles aspects cynégétiques, son rôle social danscette région relativement touristique et enfin laconservation du territoire avec environ 55 % dela propriété forestière communale reprise en Na-tura 2000.

Au terme de cet exposé très fourni, les auditeursmanifestent leur volonté de se transporter enforêt : ils veulent voir de leurs propres yeux,confronter les mots à la réalité.Étienne Gérard et Christian Laurent se concer-tent. Ils tombent vite d’accord : « nous souhaite-rions visiter la troisième cuesta, la plus riche, afinobserver les méthodes mises en œuvre pour fa-voriser la régénération naturelle. S’il est égale-ment possible d’observer une coupe martelée? ».La décision est prise d’aller vers Saint-Mard. Ilest 14h30, nous sommes en route.

Un contrôle de visu

Notre premier arrêt se situe, comme attendu,au bord d’une régénération naturelle. Devantdes arbres marqués pour une éclaircie, les audi-teurs questionnent, sans concession : « surquelles bases sont choisis ces arbres ? ».Plus d’un pourrait être désarmé, ce n’est pas lecas de Bernard Van Doren. Sans vouloir rentrerdans le détail de sa réponse, entre surface ter-rière, accroissement moyen, inventaire… il res-sort que le chef de cantonnement et seshommes n’ont rien laissé au hasard.Nous continuons notre chemin sur le petit sen-tier forestier jusqu’à ce que nos auditeurssoient interpellés par une plantation de feuillus.

Bernadette Roiseux, Échevine en charge notamment dela forêt, a vécu cet audit comme un moment importantdans la vie de sa commune.

« C’est la première fois que nous vivons un audit PEFC et c’estquelque chose de positif car il nous a permis de voir que l’ongérait bien notre forêt » témoigne l’élue.« C’est la reconnaissance de notre travail en synergie avec lesagents du cantonnement car nous ne prenons aucune déci-sion relative à la forêt sans leur en référer et avoir leur aval ».Preuve de l’importance accordée au rendez-vous, « nousavons eu une matinée de préparation avec l’ingénieur chef decantonnement pour être prêts le jour de l’audit ».Pour Bernadette Roiseux, une conclusion s’impose : « nous avons quelques points à améliorermais je crois que nous pouvons être fiers de nous, commune tout autant que DNF ! ».

Le point de vue de la commune

Les deux auditeurs, Étienne Gérard et Christian Laurent (au centre), interrogent les forestiers, mais aussi la commune.

Les arbres d’intérêt biologique sont recensés avec pourobjectif de parvenir à un arbre de ce type pour deux hectares.

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LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010 - 13

Nous stoppons. Nouvelle mise à l’épreuve pourle chef de cantonnement puisqu’il s’agit desavoir comment il procède en matière dedétourage. La réponse est immédiate, elle satis-fait pleinement Étienne Gérard et ChristianLaurent qui continuent à noter les réponses.

Une petite excursion à pied dans les bois est l’oc-casion d’observer une coupe martelée durantl’hiver 2009, et promise à la vente versoctobre 2010. Bernard Van Doren s’explique surles arbres sélectionnés, comme par exemple cetarbre qui a atteint la dimension d’exploitabilité :« une flèche indique le sens de chute pour nepas mettre à mal la régénération naturelle ».À quelques mètres, Étienne Gérard remarqueun arbre d’intérêt biologique. « Pas de pro-blème » fait remarquer le chef de cantonne-ment, « il est déjà répertorié, au même titre queles bois morts ».

Cette halte est aussi mise à profit pour interro-ger la commune sur ses pratiques suite à lasignature de la charte PEFC. « Les habitants

sont-ils au courant? Vous leur avez expliqué cequ’était la certification PEFC? Dans ses achatsde bois, la commune incite-t-elle les presta-taires à proposer des bois certifiés ? » sontautant de questions qui suscitent le dialogue.

Tout à coup, notre scénario connaît un virageinattendu. Un agent forestier parle de la miseen lumière de la paroi d’une ancienne carrièreet d’étangs réhabilités par la commune dans lecadre du PCDN. Nous partons illico vers la pre-mière cuesta pour observer ces efforts entreprisen faveur de la biodiversité. Le lieu est pitto-resque car il s’agit du site des Zygomars.Grâce à la mise à nu de la paroi, l’été, abeilleset guêpes solitaires viennent désormais pondre.En face, trois étangs à faible profondeur per-mettent le développement des libellules et desinsectes, tandis que trois autres à haute profon-deur sont un refuge pour les batraciens.

Après deux heures à sillonner le territoire com-munal, Étienne Gérard et Christian Laurentsemblent mûrs pour le clap de fin.

Mis sur le gril, le chef de cantonnement de Virton aura passé près de quatre heures sous le feu nourrides questions. Il ressort paisible de cette expérience tant pour lui il est évident que notre gestion fo-restière est durable, à l'image de ce qui se pratique dans toutes les forêts européennes.

Bernard Van Doren aura vécu cet audit « à l’aise, caron sait qu’on est dans des forêts qui ne posent guèrede problèmes. Avec la qualité des sols qu’on a ici et larégénération naturelle, si nous n’étions pas certifiés,on voit mal qui le serait ! ».Des réflexions formulées par les auditeurs, le chef decantonnement relève « des remarques surtout posi-tives et guère négatives. Je m’attendais à ce que l’in-formation du grand public sur la certification PEFC soitévoquée car nous péchons un peu dans ce domaine.

Nous gérons du mieux que l’on peut, et le travers desgens du DNF, c’est que l’on ne dit pas assez ce qu’onfait ! ».Concernant la gestion durable, il insiste sur « une trèslongue tradition forestière en Europe occidentale. Onsait depuis longtemps ce que c’est qu’être durable.Nous avons connu des excès, c’était en 1850. Depuis,nous avons pris les mesures pour gérer durablement,nous sommes partis sur de nouvelles bases. C’est ceque l’on souhaite aux forêts tropicales ».

Bernard Van Doren, un chef de cantonnement serein…

La paroi d’une ancienne carrière, mise en lumière, attire immédiatementdes espèces rares comme les guêpes et les abeilles solitaires.

Des conclusions discutées

De retour dans la salle du conseil, les auditeursconfrontent leurs notes et exposent à hautevoix leurs remarques. Comme l’indique ÉtienneGérard, « il s’agit de passer en revue chaquepoint de la charte et de rédiger le rapport final.Mais attention, c’est une discussion ouverte, lesconclusions sont rédigées ensemble ».

Un à un, les engagements de la charte PEFCsont évoqués. Il y en a une quinzaine : une syl-viculture appropriée, la régénération, lesmélanges, les intrants, les zones humides, larécolte, l’équilibre forêt/grand gibier, la forêtsociale, pour n’en citer qu’une partie.

Ce n’est pas une surprise, les auditeurs sonttrès satisfaits de ce qu’ils ont vu et entendu.Ils font état de points très positifs, soulignantque « la régénération naturelle et la grandediversité des espèces montrent ici que l’avenirest assuré. Les inventaires actualisés avantmartelage garantissent un prélèvement enphase avec l’accroissement. La volonté d’équi-libre entre forêt et gibier est manifeste, lacommune ayant notamment prévu l’interdic-tion du nourrissage dans son cahier descharges. Les actions pour favoriser la biodiver-sité sont une réalité ».

Un petit axe d’amélioration sera pointé parÉtienne Gérard et Christian Laurent, « quand lacommune souhaite s’approvisionner en bois,qu’elle aille vers des bois certifiés. Une informa-tion à destination du public, sur PEFC, seraitégalement bienvenue ». Des détails faciles àmettre en œuvre, nul doute que la communeagira dans un bref délai.

Un tel audit touche environ quinze communespar an, tirées au sort. C’est un excellent moyenpour s’assurer de leur bonne gestion forestièreet contribuer à l’améliorer. Fin de l’épisode. �

Garantes d’équité concurrentielle, de qualité, de sécurité…

mais difficiles à comprendre, à appliquer, voire coûteuses…

Les normes, moteur ou frein pourle développement des entreprisesdes secteurs pierre et bois ?Les normes, voilà un sujet qui pourrait paraître nouveau aux yeux de certains, or il suffit de se replonger dans les diffé-rents numéros des Infos de Valbois pour constater que ce thème tient une place non négligeable dans nos colonnes.Effectivement, depuis 1988, date à laquelle l’Union européenne a publié à son Journal officiel la Directive Produits deConstruction (DPC), les matériaux pierre et bois - partenaires majeurs du monde de la construction - sont directementconcernés par une série de règles normatives. Leur but : garantir que les produits de construction sont appropriés à lafonction qu’ils ont à assumer pour que l’ouvrage puisse répondre à des exigences essentielles.

Peut-être qu’en évoquant le terme “marquage CE”, preuve qu’un produit est conforme aux dispositions réglementairescommunautaires, vous revient-il en mémoire des articles ici abordés? Il faut vous confier que Valbois RN, favorable àl’établissement de normes qui sont souvent de nature à sécuriser le consommateur, n’en demeure pas moins critique danscertains cas.En compagnie de nos partenaires Hout Info Bois et le Belgian Woodforum, nous nous étions montrés particulièrementsceptiques sur l’applicabilité du marquage CE des bois de structure. Avec d’autres partenaires internationaux, nous avionsété entendus, son application a été reportée à 2012 et il semblerait que le pragmatisme soit en passe de l’emporter !

Au travers de ce dossier, alors que de nombreuses normes s’imposent déjà aux entreprises des secteurs pierre et bois,nous avons souhaité repositionner l’enjeu de ce processus et voir auprès de fabricants l’accueil qui leur était réservé.Bonne lecture…

dossier du trimestre

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Les normes, le sujet semble vaste, à ne passavoir par quel angle l’aborder ! Qui mieuxque NBN, le bureau de normalisation belge,pour nous aider à y voir plus clair ? À l’évi-dence, le choix est judicieux.

Marc de Poorter, Directeur technique deNBN, a le don de transmettre son savoir.« Aurait-on pu construire les pyramides sansdes pierres normalisées? » lâche-t-il, sûr deson effet. Et de rajouter : « la métrologie,c’est-à-dire les unités de mesure comme letemps ou l’espace, sont à l’origine de la nor-malisation. Sans elles, on ne sait rien faire ».

Délaissant la vision historique, Marc de Poor-ter délimite la norme : « c’est un documentvolontaire qui remet en lumière l’état desrègles de l’art dans un domaine technique ounon. Elle peut toucher un produit mais ellepeut aussi être relative au management, àl’environnement… C’est très large ».Pour lui, « ce n’est pas qu’un document tech-nique. La norme fait progresser la société engarantissant la qualité, l’hygiène, la sécurité,la traçabilité ».

Ainsi la norme permet de définir un langagecommun entre les acteurs économiques -producteurs, utilisateurs et consommateurs -de clarifier, d’harmoniser les pratiques et dedéfinir le niveau de qualité, de sécurité, decompatibilité, d’impact environnemental desproduits, services et pratiques.Grâce à elles, les échanges commerciauxnationaux et internationaux sont facilités.

« Mais la norme, acte volontaire, peut deve-nir obligatoire. Quand on y fait référencedans un Arrêté Royal, un décret, une Direc-

COMPRENDRE LA NOTION DE NORME ET LES IMPLICATIONS DU MARQUAGE CE

tive européenne, elle est alors imposée »,indique le Directeur technique.Et c’est le cas de la Directive Produits deConstruction, « pour le bois et la pierre, ellepose, sur une série de sujets, des exigencesqui tiennent par exemple à la glissance, auxdimensions… La Directive liste des impératifsessentiels mais pas des normes. C’est leComité Européen de Normalisation (CEN) quiva réaliser ce travail normatif ».

Sans rentrer dans les détails, il faut tout demême préciser l’importance du CEN. « Le CENcompte des centaines de Commissions Tech-niques, fondées sur des groupes de travail.Dans chaque pays de l’Union, on retrouve, enmiroir, une organisation semblable. C’estimportant de le signaler car les groupes de tra-vail sont ouverts aux entreprises qui peuventparticiper directement à l’élaboration denormes en orientant le marché vers les pra-tiques qu’elles jugent préférables ».

Des opérateurs sectorielspour la pierre et le bois

Aujourd’hui, le CEN rédige de nombreusesnormes, sans parler de la révision des normesexistantes tous les cinq ans. « En 2003, suc-cédant à l’IBN, NBN a décidé de s’appuyer surdes opérateurs sectoriels. Ce sont des struc-tures qui ont prouvé leur savoir-faire et leurindépendance dans leurs secteurs respectifs.Au nombre de vingt-quatre, ces opérateursassurent le suivi technique et administratifdes Comités Techniques et des groupes detravail au sein desquels les normes sont éla-borées », conclut Marc de Poorter.

Fort logiquement, nous nous sommes dirigésvers ces opérateurs sectoriels… Pour la pierrenaturelle, ils sont au nombre de deux :• le Centre de Recherche de l’IndustrieCimentière (CRIC-OCCN) représenté parJean Wustenberghs, Chef du service Nor-malisation,

• le Centre Scientifique et Technique de laConstruction (CSTC), en la personne deDominique Nicaise, Chef de laboratoireminéralogie et microstructure.

Pour le bois, l’opérateur de référence est leCentre Technique de l’Industrie du Bois(CTIB) et son Directeur, Alain Grosfils.

Le béton et ses constituants est le secteur prin-cipal d’activité du CRIC-OCCN. Comme le

note Jean Wustenberghs, « la pierre est abor-dée dans deux Comités Techniques euro-péens: le CEN/TC 154 pour les normes se rap-portant aux granulats, et le CEN/TC 246 propreà la pierre naturelle… Le CRIC-OCCN a encharge le premier Comité Technique. Nous tra-vaillons à la fois sur les normes, et sur le voletcertification pour la délivrance des certificatsCE, obligatoires pour pouvoir mettre son pro-duit sur le marché de l’Union européenne ».

Ce dernier point mérite d’être approfondi.CRIC-OCCN, CSTC, CTIB, leur fonctionne-ment est assez proche. Ces opérateurs parti-cipent d’une part à la rédaction des normeset d’autre part, avec la certification, ils véri-fient en entreprise que le processus de fabri-cation permet d’assurer une productionconforme aux exigences. « Pour les granu-lats, nous avons quatre normes de base »précise Jean Wustenberghs, « mais il y en aenviron quinze autres, juste pour les essais ».

Pour avoir le marquage CE, il faut attesterd’une conformité par rapport à la norme maisil existe une gradation du système en fonctionde l’enjeu sécurité du produit. Pour un pro-duit qui présente peu de risques, une simpledéclaration par le fabricant, après un essai ini-tial, suffit. Pour les produits où la sécuritérevêt une grande importance, un organismeexterne certifie chaque année le bon respectdes procédures de production par des visitesd’inspection, et réalise des essais comme évo-qué ci-dessus par le CRIC-OCCN.

Schématiquement, le marquage CE revient àcontrôler les caractéristiques de son produitet conserver le même process de fabricationpour garantir que les caractéristiques rele-vées perdureront dans le temps.

Marc de Poorter, fervent défenseur des normes,voit en elles un outil pour progresser et innover.

Pour Jean Wustenberghs, les normes peuvent être untremplin vers une marque de qualité, comme le Benor.

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010 - 15

Pour ces composants, « la norme se fonde leplus souvent sur le principe de la bonne foi,à savoir que le contrôle initial du produit etles contrôles de production sont réalisés parle fabricant lui-même. Sur l’étiquette CE, onretrouve des mesures des caractéristiques duproduit comme son usure, sa glissance, laflexion, la réaction au gel et aux chocs ther-miques… » détaille Dominique Nicaise.

Elle rejoint Jean Wustenberghs soulignantque « le marquage CE ne garantit pas la qua-lité du produit : l’étiquette indique une valeurmoyenne suite aux tests à renouveler certainstous les ans, d’autres tous les dix ans. Cemarquage ne fait que rarement référence àdes exigences sauf des tolérances dimension-nelles ». Pour elle, ATG et NIT (voir ci-des-sous) constituent des pistes d’avenir.

Consciente des difficultés de mise en appli-cation du marquage CE dans les entreprises,elle relève « le coût et la lourdeur pour unepetite carrière. Ce sont des gens qui ont latradition, ils connaissent très bien leur maté-riau. Il leur est difficile de comprendre l’utilitédu marquage CE quand il s’agit simplementde reporter des valeurs, sans aucune exi-gence. Pour cette raison, beaucoup de petitsproducteurs ne procèdent pas au marquageCE. Or, il faut bien le savoir, ce marquage estobligatoire ! ».

Alain Grosfils, Directeur du CTIB, opérateursectoriel pour le bois, note pour sa part que« depuis dix ans, la certification des produitsà base de bois et des meubles s’est fortementaccrue, mais elle est très variable. Le niveaud’exigence s’adapte au risque ».

Le directeur prend un exemple : « on peutavoir un plancher en bois ou une poutre enbois. Le plancher a le niveau le plus bas de

risque, la poutre le plus élevé. Les attentesvis-à-vis de ces composants seront donc trèsdifférentes. Pour le plancher, le fabricant seratenu de déclarer certaines propriétés essen-tielles comme la réaction au feu. Il peut lefaire s’en recourir à un organisme extérieur.Pour la poutre, une résistance mécaniquesera attendue. Dans ce cas, il faut un orga-nisme de certification notifié pour faire descontrôles du process de fabrication et pourtester les caractéristiques du produit ».

À ses yeux, « les normes engendrent unehausse des coûts du fait du contrôle des pro-duits et de la mise en œuvre de la traçabilité.En contrepartie, le produit est de meilleurequalité et peut être considéré comme plustechnologique ». Mais le principal problèmede telles réglementations « c’est quand unsecteur est trop petit. Les frais de contrôleengendrent la disparition d’entreprises. Il y aun équilibre à trouver entre coût et produitmieux contrôlé » achève-t-il.

Et si justement nous demandions leur pointde vue à quelques entreprises ?

On l’a dit et redit, marquage CE n’est pas sy-nonyme de niveau de qualité. Pour cela,d’autres pistes s’offrent aux entreprises.

La marque BenorIl s’agit d’une marque de qualité volontaire, doncnon obligatoire, attribuée à un produit ou maté-riau de construction traditionnel conforme auxexigences de normes belges ou de prescriptionstechniques.Pour Jean Wustenberghs, « aller vers la marqueBenor était nécessaire car le marquage CE desgranulats ne porte que sur une sélection limitéede caractéristiques. En garantissant davantagede critères, cette marque apporte de la valeurajoutée et constitue un avantage concurrentiel ».

L’agrément technique volontaire (ATG)L’ATG donne un avis technique en incluant unedescription et des caractéristiques techniques.L’ATG est un avis favorable sur un produit deconstruction déterminé, d’un seul fabricant etpour une application bien définie. Il doit per-mettre à l’utilisateur de vérifier la conformité desproduits livrés sur chantier avec l’agrément exis-tant. Comme le souligne Dominique Nicaise,« l’ATG porte sur la matière alors que le Benorse concentre sur le produit fini ».

Les spécifications techniques (STS)Les STS sont des documents qui tentent de faci-liter le travail des acteurs du secteur de laconstruction. Les STS donnent des informations

sur la relation entre un produit et ses applicationsspécifiques, les exigences de performances desouvrages de construction, les directives pour lamise en œuvre d’un système de construction.Les STS sont élaborées à l’initiative du SPF Éco-nomie, par des d’experts de la construction.

Les notes d’information technique (NIT)Conçues le plus souvent comme des codes debonne pratique, les NIT étudient en détail un do-maine bien déterminé de la construction, àl’image de la NIT 228 relative aux pierres natu-relles. Dans cet exemple, on trouve une classifi-cation des pierres suivant plusieurscaractéristiques, et des spécifications chiffréesqui vont au-delà du marquage CE.

Benor, ATG, STS, NIT… pour aller plus loin que les normes

Et de la théorie à la réalité ? Jean Wusten-berghs ne le cache pas, « les carrières sontsouvent des PME, avec une expérience degestion qu’il est difficile de transcrire en élé-ments conformes à la norme. Les normes ontété faites surtout pour les gros producteurs !Nous avons donc imaginé des adaptationspour trouver des solutions acceptables ».

C’était la mise en route du système, « aujour-d’hui, l’expérience nous a fait évoluer. Nousnous rendons compte qu’il faut aller vers lasimplicité ». Et de conclure : « les carrières ontcompris que le marquage CE était un atout.Sans faire beaucoup plus d’efforts, nousavons développé une marque Benor Granu-lats (à lire ci-dessous), véritable gage de qua-lité. En effet, il ne faut pas perdre d’espritque le marquage CE n’est pas une indicationde qualité mais simplement un passeportpour la libre circulation des produits ».

Dominique Nicaise du CSTC se consacre,quant à elle, à la pierre naturelle : tranches,plaques de façade, blocs, dallages de sol,pavés et autres produits liés au bâtiment.

Pour Alain Grosfils, le marquage CE est affaire dedosage entre exigences de contrôle et risque produit.

Malgré les explications, Dominique Nicaise constate queles petites entreprises peinent avec le marquage CE.

16 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010

dossier du trimestre

Caractérisations des propriétés desproduits et garanties des marchés

Manu Defays : Le secteur de la constructionest un secteur de plus en plus normalisé,notamment pour une simple question desécurité (c’est l’esprit de la Directive Produitsde Construction). La majorité des produitsissus de l’industrie transformatrice de boisfait partie de ces produits de construction. Ilsdoivent donc répondre inévitablement auxexigences propres à ce marché sous peine dene plus pouvoir être commercialisés.C’est l’objectif majeur de la démarche “mar-quage CE” menée par le groupe que nousavons constitué : aider les entreprises à satis-faire aux exigences de la DPC, donc à pouvoirapposer cette fameuse marque CE, le sésamequi donne accès aux marchés.

Hugues Frère: Dans le cadre de la promotionde l’usage du bois en extérieur, les démarchesde Hout Info Bois vont également dans le sensd’une adaptation des différents produits boisà une série d’exigences qui font ou feront l’ob-jet de normes, afin d’offrir des garanties auxprescripteurs, entrepreneurs et clients finaux.L’appui technique apporté aux modificationsdes différentes spécifications techniques trai-tant du matériau bois, notamment la STS 23,

Structures en bois, en est un des multiplesexemples : « cela doit permettre d’éviter lesdérives dans un secteur comme la construc-tion bois qui est en pleine expansion ».

François Deneufbourg : Les réglementa-tions allant croissant, il est en effet illusoirede promouvoir à l’heure actuelle l’utilisationde certains matériaux ou de favoriser l’inno-vation technologique en entreprise, entraî-nant l’apparition de nouveaux produits, sansapporter au préalable toutes les garantiesindispensables à leur commercialisation etleurs utilisations. La reconnaissance descaractéristiques techniques des produits estdonc indispensable.Les normes constituent également un recueild’informations techniques vaste et utile, àportée de main des entreprises qui veulentétablir les bases techniques d’un nouveaumarché sur lequel elles souhaitent évoluer.

Manu Defays : Les nouvelles normes, parti-culièrement celles dont l’application est obli-gatoire, sont généralement mal perçues parles entreprises qui les considèrent souventcomme jetant le doute sur leurs bonnes pra-tiques professionnelles et sur la bonne maî-trise de leurs procédés et de leurs produits.« Ces produits ou ces pratiques ont fait leurspreuves, pourquoi leur imposer de nouvellesexigences? ». En principe, une entreprise nedoit pas rencontrer de difficultés majeurespour satisfaire à de nouvelles contraintes nor-matives si ses produits et pratiques satisfont

déjà à un certain nombre d’exigences fonda-mentales (performances techniques, sécu-rité, toxicité…). La norme répond ici à un deses principaux objectifs qui est de protégerles marchés contre des produits de fabrica-tion mal contrôlée, problématique rendueplus aiguë par la mondialisation des marchésou l’explosion anarchique de certains mar-chés locaux.

Uniformisation des terminologiestechniques et commerciales

Hugues Frère : Les normes permettent éga-lement l’uniformisation des terminologies.Elles constituent un outil de communicationdans la mesure où elles offrent à ceux qui lesutilisent, professionnels et clients, un lan-gage technique commun, et elles permettentde s’accorder commercialement autour determes clairs et précis dont les définitionssont référencées objectivement sur un planinternational.

Standardisation des essais

François Deneufbourg : Les normes per-mettent également d’assurer la répétitivitédes essais par l’établissement de protocolesstandardisés. Les caractéristiques techniquesdes matériaux sont ainsi déterminées demanière très objective selon des procéduresstrictes et communes à tous les centres tech-niques en Europe.

Hugues Frère (Hout Info Bois), Manu De-fays (Belgian Woodforum, Expert bois) etFrançois Deneufbourg (Valbois RN) ontlonguement planché sur la question dumarquage CE.

Observateurs aguerris des entreprises dela filière bois, nous leur avons posé laquestion suivante :

Le référencement aux normes techniqueset leur intégration (application) dans lesentreprises de la filière bois, tant au ni-veau de la production que de la commer-cialisation, peuvent-ils constituer uneopportunité économique ou ne sont-ilsqu’une simple source d’ennuis et decontraintes?

Regards croisés de trois spécialistes de la filière bois

Manu Defays Hugues Frère François Deneufbourg

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010 - 17

Normes : www.nbn.be - Normes : www.cric-occn.be - Normes : www.ctib-tchn.beNormes et notes d’informations techniques : www.cstc.beSpécifications techniques: http://statbel.fgov.be/fr/entreprises/domaines_specifiques/Qualite_construction/Goedkeuring_voorschriften/index.jspNormes granulats : http://www.bbri.be/antenne_norm/beton/fr/index.htm Normes bois : www.houtinfobois.be

Quelques adresses pour en savoir plus sur les normes

Sur le terrain, la mise en œuvre desnormes divise. Nous avons croisé laroute de cinq entreprises des secteurspierre et bois pour essayer de nous for-ger une opinion. Ce ne sont peut-êtrepas elles les plus révélatrices des pro-blèmes, mais très certainement les deuxautres qui ont refusé de nous parler. Ten-tons une explication…

Les grosses entreprisesplébiscitent les normes

Le propos liminaire de Benoît Misonne, Direc-teur qualité-sécurité-environnement des Car-rières de la Pierre Bleue Belge nous éclaireimmédiatement sur la situation. Glissant,« l’application des normes n’est pas un pro-blème pour une entreprise qui a un passécomme le nôtre et qui s’est déjà structuréeen interne autour de normes qualité », on voitse dessiner le gouffre entre cette entreprisede 250 personnes et une PME.

Didier Martin, Administrateur de la Menuise-rie Martin sa, qui compte 41 salariés dévouésà la construction de châssis en bois, confirmecette scission. « Quand une entreprise grossit,comme nous qui n’étions que sept en 1987,on est obligé d’intégrer de plus en plus deprocédures. Sur notre ligne de fabrication,nous avons mis en place, depuis très long-temps, des méthodes de contrôle qui garan-tissent la qualité de nos produits. Dans un telcontexte, mettre en place les normes n’estpas difficile ».Chose heureuse, car depuis le 1er février2010, le marquage CE est obligatoire pour lesportes et fenêtres extérieures.

Pour les deux hommes, la mise en œuvre denormes semble tenir du détail. D’ailleurs Be-noît Misonne ne s’en cache pas : « nous ap-pliquons environ une dizaine de normesdifférentes dans notre entreprise. Il s’agitd’exigences qui viennent de l’extérieur, maison n’a pas attendu après elles ! Nous tra-vaillons au millimètre près alors que lesnormes européennes sont souvent pluslarges ».

C’est d’ailleurs ce point relatif au niveau d’exi-gence qui fait réagir l’administrateur de lamenuiserie Martin. « Depuis très longtempsnous faisons tester nos produits dans des or-ganismes indépendants. Nous savons parfai-tement comment ils évoluent. L’intérêt dumarquage CE est d’assurer un minimum deperformances techniques, c’est une garantiepour le client. Pour autant, ce marquage nepermet pas de distinguer un produit meilleurqu’un autre ».

Pour cette raison, Didier Martin est favorableà une augmentation des niveaux de perfor-mances requis, mais quid du contrôle (à liredans l’encadré en page 20). Ou alors, se-conde option, « les meilleurs fabricants pour-raient se fédérer autour de labels avec unaffichage des performances comme cela sepratique beaucoup en France et trop peu enBelgique ».Exemple d’une étiquette marquage CE avec, complètement à gauche, le logo CE et la référence à la norme.

DES NORMES DIVERSEMENT APPRÉCIÉES, SUIVANT LA TAILLE DES ENTREPRISES

Pour Benoît Misonne, le marquage CE est une formalité,son entreprise s’impose des contraintes bien plus strictes.

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dossier du trimestre

Le test ci-dessus est destiné à mesurer les performances des fenêtres en bois, et plus particulièrement l’étanchéité àl’eau des assemblages d’angle : la quantité de colle utilisée dans les angles doit être suffisante. Pour atteindre la norme,on verse 50 mm d’eau dans l’angle posé à 45°, aucune infiltration ne doit apparaître durant 20 minutes.

Les normes, une difficultéinsurmontable pour certains

On ne peut le passer sous silence, les entre-prises qui nous ont reçus pour ce dossier sontsoit pro-normes, soit acceptent leur mise enœuvre car leur process de fabrication ne serapas trop perturbé.

Deux PME, une carrière de pierre naturelle etune scierie, n’ont pas souhaité répondre ànos questions. L’échange d’idées fut brefmais il révèle deux tendances.

Tout d’abord, un frein par rapport à la lour-deur administrative, liée au marquage CE.

Pour Benoît Misonne, « c’est un fait. On sentla frilosité des entreprises de petite taille, alorsque cela ne devrait pas être ».Pour lui, « on pense que les normes sont desexigences lourdes, qui demandent des enre-gistrements, des écrits, un travail documen-taire important… alors que ce n’est pasvraiment le cas. Il y a bien moins d’adminis-tratif que l’on pense : cela peut se faire dansla quotidienneté du poste ».

Le second problème lié aux normes est sou-levé par le scieur. Il est plus grave car il s’agitni plus ni moins de la pérennité de son entre-prise. Il faut en effet savoir que le marquageCE des bois de structure perturbe profondé-ment le monde du sciage.

Longtemps repoussé, ce marquage prévupour 2012 va obliger les scieurs à classer leursbois soit visuellement, soit à l’aide d’une ma-chine. Ce dernier investissement étant impos-sible pour une petite entreprise, on comprendleur crainte à payer simplement une personnepour effectuer un tri… et l’incidence de cetteétape sur la cadence de production !

Ce mouvement, Didier Martin le perçoit déjàclairement dans le monde de la menuiseriealors que le marquage CE des portes et fe-nêtres extérieures n’est en vigueur que depuismoins de six mois.

« Les normes conduisent progressivement àla disparition des petits » constate le menui-sier. Cette tendance, il l’explique par « lemanque de moyens pour pouvoir conserverun personnel qualifié et stable. Il est impos-sible d’avoir une linéarité dans la production.Dans un tel contexte, il paraît inconcevablede mettre en place des procédures et d’avoirles moyens de s’améliorer ».Pour Didier Martin, le constat est amer, d’uncôté, car « les petits menuisiers n’auront pasd’autre choix que d’arrêter leur production etd’acheter leurs produits à des plus gros ».Mais c’est aussi un bienfait car « cela va aug-menter le niveau de qualité des produits surle marché. C’est le consommateur qui en res-sort gagnant ».

L’analyse de Didier Martin porte certes surl‘univers de la menuiserie, mais une transpo-sition à la scierie semble tout à fait réaliste.

Composer avec les normes

À quelques kilomètres de notre scieur “ano-nyme”, en plein cœur de Vaux-sur-Sûre, nousrencontrons Jean-Marc Louis, Administrateurde la scierie familiale Louis & Cie. Une quin-zaine d’hommes y travaillent.

Ici, le ton est tout autre. Cette scierie « privi-légie des produits de niche, avec de la haute

La ligne de production de la scierie Louis & Cie amène les hommes à être en contact, à tout moment, avec la matière et àcontrôler visuellement la qualité du bois.

Le scieur Jean-Marc Louis appréhende posément lemarquage CE tout en soulevant quelques questions.

Didier Martin souhaite s’appuyer sur les normes pourévoluer vers des labels de performance.

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qualité. Contrairement à des scieries hypermodernes, la productivité n’est pas notrepriorité » déclare Jean-Marc Louis.Et c’est vraisemblablement ce qui fait la dif-férence quand il s’exprime sur les normes etle marquage CE.

« Nous achetons nous-même nos grumes, durésineux uniquement, avec une qualité adap-tée aux attentes de nos clients. Donc, à la dif-férence des scieries qui font du volume, oneffectue un premier tri à l’achat ».Autre particularité d’une petite scierie commecelle-ci, sa main-d’œuvre. « Il y a beaucoupde manutention humaine » complète-t-il.Une évidence quand on regarde le chemine-

Julie Abraham, Secrétaire générale des Carrièresde la Pierre Bleue Belge, une entreprise qui pro-cède au marquage CE depuis 2001, fait remar-quer que « des concurrents étrangers, souventasiatiques, pénètrent encore sur le marché eu-ropéen en apposant des étiquettes marquageCE sans aucun fondement ». Les noms, les ré-férences, les valeurs notées ne correspondentpas à ce que la norme réclame!Pour elle, mais aussi pour les autres entreprisesrencontrées, « le vrai problème, c’est qu’il n’y aaucun contrôle organisé. Il peut y en avoir, maisseulement sur base de plaintes ».Et la jeune femme de surenchérir : « si le mar-quage CE était cohérent et contrôlé, nosconcurrents asiatiques ne pourraient que rare-

ment rentrer sur le sol européen car leurs mar-chandises ne remplissent ni les exigences pro-duits ni les conditions dimensionnellesexigées ». Le marquage CE, atout concurren-tiel ?

Jean-Marc Louis, Administrateur de la ScierieLouis et Cie, se pose des questions qui déton-nent. Tout d’abord le scieur se demande « com-ment va être perçue la marque CE par leconsommateur final ? Je crains que le grand pu-blic ne fasse une confusion en assimilant lamarque CE à un “Made in Europe” ». Une pisted’autant plus fondée que le marquage CE se faitpar rapport aux caractéristiques du bois, et nonà son origine.

Autre réflexion plus philosophique du person-nage : « on dit que le marquage CE va faciliterles échanges. L’Europe aime bien voir voyagerles produits, mais est-ce vraiment écologique?Pour moi, plus on consomme proche, mieuxc’est ! ». Une remarque pertinente pour tousceux qui travaillent localement : « si on fournitune charpente complète, l’entrepreneur a notrefacture et nous retrouve immédiatement. Pourun distributeur, il est forcément local, et idem,la traçabilité est immédiate ».Forcément, il se pose une question : « qu’est ceque le marquage CE va m’apporter ? ».

Quelques réflexions discordantessur le marquage CE

Depuis longtemps, Rémy Émond réalise des tests sur sapierre et prouve qu’elle répond aux normes.

ment de la grume à la planche. « Le long duprocessus de sciage, les gens voient en per-manence la matière. Le tri a toujours existé etil est présent à tout moment ! ».La mise en place du marquage CE ne sembledonc pas poser de problème. On s’y apprêted’ailleurs activement : « l’un de nous a suiviune formation à Libramont. Il a son numérode classeur pour la traçabilité ».

Avec le recul, ce scieur juge que « le mar-quage CE ne handicape pas beaucoup lesscieries modestes. Par contre, lorsqu’on estplus gros, on est obligé d’avoir beaucoup devolume pour amortir une machine automa-tique de tri. Je pense que ce marquage poseplus de problèmes pour les scieries semi-in-dustrielles : le contrôle visuel y est impossibleavec les cadences élevées, et le volume ne jus-tifie pas l’achat d’une machine ! ».

Mais Jean-Marc Louis souhaite conclure surune note optimiste pour sa branche. Il évoquele test réalisé il y a quelques mois, à l’initiativede la Fédération Nationale des Scieurs.« Nous, ainsi que quatre autres scieurs, avonsfourni des bois sortis de scierie, sans aucunclassement. Après séchage, ces bois ont ététestés, notamment par rapport à leur résis-tance. 95 % de ces bois étaient conformes aumarquage CE ! ».Démonstration est faite que les normes nesont pas si difficiles à atteindre.

Une autre rencontre nous permet de mesurerà quel point le respect des normes et les testspeuvent être bénéfiques pour l’essor d’unproduit. Il s’agit de notre rendez-vous avecRémy Émond de la carrière éponyme.L’homme exploite le grès de Fontenoille, « uncalcaire gréseux, issu de Gaume, qui disposed’une teinte jaune qui en fait sa caractéris-tique commerciale », précise-t-il.

Rémy Émond a repris la carrière en 1991 alorsque la production était confidentielle.Aujourd’hui, l’homme est fier du chemin par-couru. « Nous faisons surtout de la roche or-nementale, essentiellement clivée ou sciée, ettravaillons dans trois directions.Tout d’abord pour les entreprises de construc-tion auxquelles nous fournissons de la ma-çonnerie lorraine, des moellons de parement,des angles, des têtes de moule…Deuxième type de clientèle, les entreprises devoirie pour lesquelles nous produisons despavés, des bordures, des enrochements dedifférents calibres…Enfin, nous travaillons avec les jardiniers pourréaliser des murs de soutènement en maçon-nerie à sec », énonce Rémy Émond.

Ce succès, il l’impute au fait que « depuis1993, nous avons fait établir, auprès d’orga-nismes indépendants, des procès-verbauxd’essais pour caractériser notre pierre. Cettedémarche volontaire nous a permis d’infor-

Les entreprises que nous avons rencontrées, qu’elles soient astreintes au marquage CEou en passe de l’être, démontrent une grande maturité quand il s’agit de pointer du doigtles dysfonctionnements, les carences, les risques… du marquage CE. Petit florilège.

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dossier du trimestre

mer les bureaux d’études et les administra-tions. Alors que le grès de Fontenoille n’étaitpas considéré avant, les tests ont mis en évi-dence ses qualités - son ingélivité et sa granderésistance mécanique - lui conférant de la va-leur ! ».

Rémy Émond a ainsi multiplié les tests pourmontrer qu’il répondait aux exigences belgeset des pays limitrophes. « En 1993, les testsde gélivité, de résistance à la compression età l’usure réalisés sur mes pavés m’ont permisde me placer sur le marché du Grand-Duché,et en 1997 au niveau des Monuments Histo-riques, en France ».

Pour Rémy Émond, « l’existence de normesn’est vraiment pas une contrainte ». On lecomprend, vu son parcours !

Dernière entreprise à nous accorder de sontemps, il s’agit de Rail Europe. Pierre-YvesGuesse, Responsable de projets et de R&D dela société mariembourgeoise, évoque l’impactdes normes sur leur activité.

« Nous travaillons dans la seconde transfor-mation du bois, avec comme spécialité la tra-verse de chemin de fer et les bois d’appareilqui sont des bois de grandes dimensions,entre 5 et 6 m », entame Pierre-Yves Guesse.Cette activité se déploie « en Belgique, en Eu-rope et dans le monde entier avec une majo-rité de bois, essentiellement du chêne,provenant de scieries wallonnes et fran-çaises ».

Rail Europe et ses huit salariés sont « éminem-ment sensibles à la qualité des produits car latraverse d’aujourd’hui n’a plus rien à voir aveccelle d’il y a cinquante ans » prévient notreinterlocuteur.

Dans son quotidien, l’entreprise est baignéedans les normes : « chaque produit que l’onvend répond à une norme. Deux sont les plusimportantes et reprennent les standards pourla qualité du bois. Il s’agit des normes UIC8630 diffusée par l’Union Internationale desChemins de fer, et de la norme européenneEN 13145. Toutes deux posent des exigencesen matière de qualité du bois et de tolérancesdimensionnelles ».

Pour Pierre-Yves Guesse, « ces normes sontquelque chose de positif car elles donnent uncadre au travail et de la rigueur. Par exemple,les opérateurs sont très sensibilisés à la qualitésur leurs différents postes, via un affichagedes normes qui les concernent. De cette ma-nière, nos façons de travailler et notre qualitéévoluent positivement ».

Il met en lumière l’importance de normes auniveau des clients qui « sont d’autant plus at-tentifs que l’on travaille un matériau vivant.Ils attendent beaucoup de nous et sont trèspointilleux, or un bois peut énormément va-

rier dimensionnellement à cause de la chaleurou de l’humidité. Le long de la chaîne de pro-duction nous avons différents instrumentspour vérifier que nos cotes sont conformes ».

Le Responsable de projets et de R&D de RailEurope, fort de son expérience, incite à allervers les normes, déclarant que « si on veutavoir une entreprise prospère, et qui évolue,il faut faire avec les normes. On y estcontraint, mais on en tire un bénéfice concur-rentiel ! ».

Les normes, quel bilan?

Sur des marchés ouverts, où n’importe quelfabricant peut proposer ses produits, lesnormes sont un bien. D’une part, parcequ’elles apportent une sécurité au consom-mateur. D’autre part, parce qu’elles permet-tent de définir un périmètre, l’Unioneuropéenne, où des exigences minimalessont imposées.

Pour autant, et comme ont pu le soulignercertains intervenants, l’irruption d’une normene doit pas mettre à mal un secteur écono-mique. La norme est prévue pour faciliter lalibre circulation des produits et non pour tuerla concurrence.Le système issu de la Directive Produits deConstruction (DPC) est encore jeune. Il pro-gresse chaque jour.

Pour une entreprise de la pierre ou du bois,aller vers les normes doit se faire sans appré-hension. Nos produits et nos façons de tra-vailler répondent aisément aux exigences,sans contrainte excessive.S’y préparer aujourd’hui, c’est conforter lesmarchés de demain. �

Les normes sont la base du travail, pour Pierre-YvesGuesse, et un moteur pour une amélioration continue.

La Carrière Rémy Émond avec, au premier plan, des pierres qui trouveront un usage en maçonnerie lorraine, profitant de la couleur spécifique et des qualités du grès de Fontenoille.

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réseau bois

Il semble aujourd’hui difficile de l’ignorer,la construction bois est dans une phaseresplendissante. Tous les protagonistes dela construction bois, au premier rang des-quels les architectes, font face à une fortedemande, du rarement vu!Dans un contexte aussi favorable, il seraitdommage que quelques projets initiésaujourd’hui deviennent des contre-réfé-rences demain. Le bois, en effet, ne sup-porte pas l’à-peu-près ! La technique sedoit d’être parfaitement maîtrisée.Heureuse initiative que celle de l’Associa-tion des Architectes de la Province deLuxembourg, en partenariat avec le SPW(Division de l’Urbanisme - Direction deLuxembourg), la Province de Luxembourg,l’Ordre des Architectes et Valbois RN, dereprendre un concept rodé en 2006 et quiavait montré tout son bien-fondé.Entre exposés techniques, illustrationspédagogiques, réflexions sur le matériauet un espace exposants, tout était réuni ence 1er juin 2010, au Centre culturel de Libra-mont, pour “repasser” en revue les basesde la construction en bois / avec le boisdans une perspective de durabilité.

La journée promettait d’être longue avec, auprogramme, un discours introductif à 9h00, lesexposés d’une dizaine d’experts d’horizons dif-férents, puis une conférence de clôture prévuepour s’achever à 18h00.Pourtant, et de l’avis général, la qualité des in-terventions et le délai imparti à chacun, jamaisplus de quarante-cinq minutes, ont fait naîtreun enthousiasme communicatif dont le credo

peut ainsi se résumer : aller à l’essentiel !N’oublions pas de mentionner au crédit de cetteréussite, le savoir-faire de l’architecte et expertjudiciaire Henri Poncin, Vice-Président de l’As-sociation des Architectes de la Province deLuxembourg (AAPL) et pour l’occasion anima-teur du séminaire, qui aura su créer le lien entreles exposés successifs et se montrer un gardiendu temps redoutable d’efficacité.

Le matériau bois exige l’excellenceun séminaire pour bien enfoncer le clou !

Le public, mixant architectes, entrepreneurs, étudiants… a assisté avec beaucoup d’attention aux différents exposés.

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9h00, début des travaux. Après l’allocution debienvenue de la Présidente de l’AAPL, LauraDachouff, les discours des personnalités poli-tiques résonnent dans l’amphithéâtre duCentre culturel de Libramont.

Tout d’abord Isabelle Poncelet, Députée Provin-ciale au Développement durable. Elle voit danscet événement « un séminaire en phase avecl’actualité et notamment la mise en place de laréglementation sur la performance énergétiquedes bâtiments (PEB), en vigueur depuis le1er mai 2010 ». Pour la Députée Provinciale, untel rendez-vous participe à « mettre l’accent surles détails techniques qui permettent de faire ladifférence avec le bois, et ainsi d’atteindre uneexcellente efficacité énergétique ». Et la Dépu-tée Provinciale de conclure, se félicitant que « laBelgique rende hommage aux qualités du boiset que ce séminaire, via les échanges d’expé-riences, permette d’aller plus loin ! ».

Daniel Ledent, Député Provincial et Présidentdu Collège Provincial en charge du Développe-ment citoyen et des Ressources Naturelles,prend alors le micro. L’homme, il n’est plusbesoin de le préciser, a beaucoup agi pour ledéveloppement de la filière bois en général etpour le bois dans la construction en particulier,dans la Province. Ses premiers mots attestentd’une mobilisation demeurée intacte. « Nousavons la volonté de continuer à promouvoir cematériau naturel, durable, disponible, issu deforêts proches, et qui permet une bien moindregabegie d’énergie que les autres matériaux deconstruction » lance l’élu. Pour lui, la croissanceforte du secteur, avec une construction bois quireprésente environ 17 % de la construction engénéral, « est une opportunité et une voie dediversification pour les entreprises de la Pro-vince. Mais attention, il faut absolument suivreles règles de construction imposées par cematériau. Il faut démystifier, expliquer, faireprogresser la connaissance ». Voilà qui donneses lettres de noblesses aux exposés à suivre.

Des exposés techniquesà forte valeur ajoutée…

Jean-Luc Aubertin, fonctionnaire délégué/directeur de la Direction générale opération-nelle Aménagement du territoire, Logement,Patrimoine et Énergie - Province de Luxem-bourg, est le premier conférencier du jour. Saprésentation, plus largement détaillée en page25, révèle à quel point la construction enbois/avec le bois a progressé en une dizained’années, allant jusqu’à l’invention d’une véri-table architecture bois.

Laura Dachouff et Henri Poncin, respec-tivement Présidente et Vice-Présidentde l’Association des Architectes de laProvince de Luxembourg (AAPL) onttout pour être heureux. Ce séminaire estun véritable succès, réunissant plus de125 participants. Si le public a ainsirépondu en masse, il faut vraisembla-blement y voir la concomitance de deuxfaits majeurs : un plateau d’invitésexemplaire et une manifestation quitombe à point nommé car l’utilisationdu bois pose encore beaucoup question.

Pour la petite association qui quotidiennement apporte son soutien aux architectes de la Pro-vince, organise des manifestations pour leur formation, leur permet d’être en relation dans uncadre peu contraignant, l’enjeu était de taille. Comme s’en fait l’écho Henri Poncin, « l’Ordredes Architectes de la Province de Luxembourg, et en y intégrant les stagiaires, représente envi-ron 300 personnes alors que l’AAPL ne dénombre qu’entre 30 et 50 inscrits. Effectivementadhérer à l’association est un geste volontaire à la différence de l’Ordre qui est obligatoire ».

On l’aura immédiatement noté, l’AAPL a été capable d’attirer bien au-delà de ses rangs, c’estune première prouesse ! Et le Vice-Président ne cache pas son bonheur. « Pour nous, c’est ungrand succès. Récemment, j’ai eu la possibilité d’assister à un séminaire d’envergure, avec despersonnalités de tout premier plan, et pourtant le public n’avait pas fait le déplacement. Icinous dépassons les 125 personnes et nous avons même dû refuser des inscriptions pour desraisons de contraintes traiteur ».

Deuxième clé de la réussite de cette manifestation : le choix des sujets. « Depuis le précédentséminaire de 2006, nous nous sommes rendu compte que des problèmes continuaient à seposer dans la construction bois, et que des préoccupations nouvelles étaient apparues commela durabilité ou la performance énergétique des bâtiments. C’était donc intéressant de faire lepoint en 2010. Le bois est en quelque sorte en adolescence, il faut bien le cadrer. D’un côté ilimporte que la technique soit assimilée, et de l’autre il faut bien resituer ce type de constructionsinon le bois va se décrier lui-même! » soulignent les responsables de l’AAPL.

« Plutôt que d'imiter le bois avec du PVC ou des matériaux composites, optons pour le bois correctement dimensionné et bien à sa place »

Rappelant les grands principes de l’isolation thermique et allant jusqu’à en détailler la mise en œuvre sur le chantier,André Baivier a fait forte impression auprès de l’assemblée présente.

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réseau bois

André Baivier de la société IsoproC prend lerelais pour quarante-cinq minutes de haut vol.Son intervention porte sur “l’étanchéité à l’air,l’élément déterminant”. Le public est véritable-ment happé par cet intervenant. L’ensembledes règles de base pour isoler d’une façondurable et efficace est passé en revue.Comme le précise André Baivier, « que ce soitavec le bois ou un autre matériau, les problèmesde mise en œuvre viennent le plus souvent del’étanchéité à l’air des bâtiments ». Pour ce spé-cialiste, « les détails ont toute leur importanceen matière d’étanchéité, mais attention, rendreétanche ne signifie pas absence de ventilation.Il faut savoir créer un circuit d’air ».Sans rentrer dans les détails, entre explicationsthéoriques, applications pratiques et astucesconstructives, il s’agit là d’une intervention quiaurait pu couvrir toute la matinée, le publicsemblait en redemander !

Laurent François, dans la continuité de l’exposéprécédent, et plus spécifiquement sur la ques-tion des ponts thermiques, est venu vulgariserla technique de l’audit thermographique.Comme le relève cet ingénieur de la Directiondes Services Techniques de la Province deLuxembourg, « cette technique, qui s’appuiesur une caméra infrarouge, offre la possibilitéd’identifier visuellement les défauts d’isolation,les infiltrations d’air et les défauts d’étan-chéité ». Une technologie de contrôle à garder

à l’esprit car elle concourt à moins consommer.Pour parachever ce volet essentiellement tech-nique, Nicolas Syben du bureau d’études Arca-dis a fait un rappel opportun des grands prin-cipes de la construction bois. « Le bois a despropriétés particulières qui le distinguent desautres matériaux de construction. Au momentde la conception, ou en termes de contraintesd’exécution, il faut en tenir compte pour quisouhaite construire un bâtiment pérenne ».

Et des exposés qui donnentà réfléchir

Loin des calculs de l’ingénieur, et si près durepas de midi, quel plaisir de voir arriver l’archi-

Il n’aura pas fallu longtemps au Député Provincial pour mettre le doigt là où cela fait mal.Parcourant du regard l’hémicycle, détaillant chaque visage, Daniel Ledent se confie à l’as-sistance. « Je suis déçu de voir le peu d’élus provinciaux, d’élus communaux et fonction-naires en charge des travaux présents ici » avoue-t-il.

Pour le Président du Collège Provincial en chargedu Développement citoyen et des Ressources Na-turelles, « trop peu de responsables élus ou defonctionnaires osent le bois. Pourquoi? Parcequ’ils le connaissent trop peu! ». Pour lui, ferventpromoteur de ce matériau, « les élus locaux ontpris un retard certain. Pourtant l’essor de la filièrebois passe inéluctablement par la réalisation deréférences impulsées par les pouvoirs publics ».

Il va falloir se retrousser les manches semble-t-on entendre en filigrane…

Effectivement, Daniel Ledent insiste notant que« vu le nombre de marchés que passent les com-munes, notamment en matière de bâtiments pu-blics, je trouve que la plus belle promotion dubois dans la construction passe par son utilisation

«Trop peu d’élus osent le bois »

s’appuyant sur des exemples réels, pourconduire les élus de notre région à mieuxprendre en compte le bois dans leurs projets.Ce matériau mérite toute notre attention pourses qualités. Il serait également intéressant unjour de réaliser un bilan énergétique de laconstruction, je pense que le bois sortirait làaussi grand gagnant » parachève l’élu.

dans les bâtiments publics. Tous les pays qui nousentourent nous montrent des réalisations remar-quables construites avec le bois. Il n’y a pas be-soin d’aller bien loin, dans les Vosges, à 300kilomètres, on crée des écoles, des bâtimentssportifs, des bibliothèques, des maisons d’ac-cueil… Le pouvoir public fait l’effort de montrerqu’il utilise le produit régional dans la construc-tion. Chez nous, cela n’existe pas! » regrette-t-il.Et pour qui ne l’aurait pas compris, le DéputéProvincial se veut encore plus clair : « je trouveanormal que des élus se contentent de recopierdes cahiers des charges et ne prennent pas l’ini-tiative d’être un peu originaux pour montrer cequi peut être fait avec le bois ».

« Cette situation nous indique le chemin à par-courir. Il faut imaginer des actions concrètes, en

tecte Françoise Buyse, complice de l’asbl Val-bois RN, qui vient présenter le bois dans lesconstructions agricoles et forestières. Unexposé essentiellement visuel où l’exemple avaleur de témoignage. « Le bois, dans les bâti-ments agricoles et forestiers, est tout à faitadapté par son caractère naturel, durable,facile à travailler, et cette prédisposition à s’in-sérer en harmonie dans son l’environnement »martèle l’architecte. Le public acquiesce.

La pause de midi est certes mise à profit pourse restaurer - un walking-dinner d’un grand raf-finement nous attend - mais c’est aussi l’oppor-tunité de découvrir les stands des entreprises deconstruction bois présentes.

Dans le hall d’accueil du Centre culturel, quelques exposants ont pu faire connaître leur(s) produit(s) ou leur(s) métier(s).

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Il est 14h15, l’heure est grave. Il s’agit de touteévidence du moment le plus épineux de la jour-née car le conférencier à venir aura la lourderesponsabilité de captiver son auditoire, fautede quoi une certaine somnolence digestiverisque de s’emparer de l’assemblée repue.

À ce jeu, le choix de l’architecte Étienne Regins-ter se révèle fructueux. Son exposé, vivant ettonique, tient le spectateur en haleine. Il pré-sente “le bois et les bâtiments publics”, unthème qu’il maîtrise pour y avoir travaillé delongs mois au sein de Valbois RN. Au gré de saprésentation, il relève un secteur public assez fri-leux par rapport au bois, « mais un réveil desmentalités est en cours. Le bois s’impose désor-mais dans tellement de domaines de la construc-tion que les pouvoirs publics sont confrontés àcette option. Il faut un dialogue entre l’adjudica-taire, l’architecte, le bureau d’études, les servicesd’incendie, les entreprises de construction pourvoir enfin émerger de nombreux bâtimentspublics en bois en Wallonie ».

Henri Poncin, fort de sa double casquette d’ar-chitecte et d’expert judiciaire se frotte ensuiteà un thème difficile : “le bois doit-il / peut-il êtreimité, à sa place?”Se basant sur des exemples vécus, l’expertmontre à quel point « le bois, matériau vivant,exige dans sa mise en œuvre l’excellence. Onl’imite depuis longtemps avec par exemple desprofilés ou des frises en PVC, ou plus récem-ment avec des produits composites. Mais cesproduits se déforment, travaillent… Ils ne sontpas nécessairement adéquats, les règles depose ne sont pas forcément respectées de tellesorte que la pérennité et la durabilité ne peu-vent exister ! ». L’expert en appelle à l’utilisa-tion du bois, correctement dimensionné ; tandisque l’architecte qui sommeille en lui aspire à« retrouver le bois bien à sa place. Le bois doitjouer sur ses qualités d’intégration, c’est là qu’ilest le meilleur et c’est ainsi qu’il s’affirmeradans la durée » conclut Henri Poncin.

Le Commandant Joël Even du Service Régionald’Incendie d’Arlon reprend à ce moment del’après-midi le flambeau, délaissé peu avant lerepas, de l’intervention technique. En unedemi-heure, le combattant du feu détaille laprotection incendie et les lignes directrices àrespecter en matière de construction bois.Quelle joie de l’entendre introduire son proposen lâchant que « contrairement à des préjugéstrop répandus, le bois n’est pas un problèmeen matière d’incendie ». Et de rajouter que« pour nous, sapeurs pompiers, une construc-tion en bois, bien réalisée, ne présente quedes avantages : le bois résiste bien au feu, iln’explose pas, il conserve très longtemps sesqualités mécaniques de portance, il brûle trèslentement et ne dégage pas de fuméetoxique ».

Son successeur sur scène, P. de Thier, ChannelManager IARD - Groupe AXA, confirme l’inter-vention du Commandant J. Even. Pour l’assu-reur, « les constructions en bois sont considé-rées de la même manière qu’une constructionen brique : l’évaluation du risque est normale,le tarif est normal. Les maisons en bois ou àossature bois ne subissent aucune restriction degarantie. Il n’y a que les chalets, ces petitsouvrages typiques des Ardennes, pour lesquelsla couverture incendie n’est pas aussi large ».

Dernier intervenant avant la conférence de clô-ture, il appartient à Marc Georges, Coordina-teur Wallonie-Bruxelles du Centre de FormationBois, de mettre en lumière les efforts déployésdepuis des années pour le développement deformations adaptées aux métiers de la construc-

tion bois. Comme il l’expose, « sur la base d’uneétude permanente des besoins en formation, etnotamment l’enquête bois diligentée en 2005,nous avons pu lister les besoins de la filière etplanifier des formations. Nous avons mis enplace des actions tant au niveau de l’enseigne-ment, que pour les salariés ou à destination desprescripteurs ». Un sujet vaste…

Pour parachever cette riche journée, Yves Wei-nand du bureau d’Études Weinand et, parailleurs, professeur associé et directeur del’Ibois, la chaire de construction bois de l’EPFL(Lausanne), a exposé les nouvelles architecturesdu bois. Déjà connu de nos lecteurs puisquenous lui avions consacré un article dans la pré-cédente édition des Infos de Valbois, son expé-rience pratique et les travaux de recherche qu’ilchapeaute en Suisse suscitent immanquable-ment curiosité et interrogation. Et comment nepas le croire en fin d’intervention quand il pro-met que « ce siècle sera celui du bois car noustravaillons à libérer ce matériau avec de nou-velles applications structurelles et une nouvellearchitecture ». Pour celles et ceux qui ont vu sesprojets, effectivement une nouvelle formed’écriture avec le bois est en train de naître.

Ce séminaire, foisonnant au demeurant, auradémontré par l’imposant public qu’il a su drai-ner toute son utilité. Il n’est pas interdit de pen-ser qu’une nouvelle édition puisse aborderd’autres thèmes tout aussi pointus ! Rendez-vous très prochainement? �

Jean-Luc Aubertin, fonctionnaire délégué respon-sable de la D.G.O. 4 en Province de Luxembourg, a vuen quelques années se développer la constructionbois sur son secteur. Pour cet homme de terrain, lemouvement ne semble pas prêt de s’atténuer.

Se remémorant une intervention publique lors de la pre-mière édition du salon Bois & Habitat, en 1998, Jean-LucAubertin met en exergue « la progression phénoménale dubois dans la construction. Alors qu’il représentait moins de1 % des permis de bâtir déposés à l’époque, le bois s’accapare aujourd’hui 10 % du volume ».Un bond significatif que le fonctionnaire attribue à une évolution des mentalités et à un trans-fert progressif des responsabilités de la Région vers les communes.Pour illustrer encore mieux cette ascension, il cite des outils réalisés pour promouvoir le bois.« Lorsque nous avons lancé la première édition de “Bâtir en Bois en Province de Luxembourg”,ouvrage qui recense des exemples classés par commune, nous manquions de références ; ornous avons dû en refuser lors de l’édition suivante, à peine quelques années plus tard ! Le boisa désormais toute sa place dans notre quotidien. Il sait s’intégrer au contexte bâti, il s’appuiede plus en plus sur la mixité et il est devenu moteur de la création architecturale ».

Pour autant, Jean-Luc Aubertin a un rêve secret : « je désespère de voir se construire une école enbois en Province de Luxembourg ». Mobilisons-nous et faisons de cette aspiration une réalité!

Le point sur la construction boisen Province de Luxembourg

Bois et incendie, la fin des idées reçues grâce àl’argumentation du Commandant Joël Even du SRI Arlon.

marchés / tendances

Dans la famille Jehoulet, le bois est uncomplice depuis trois générations. Tout adébuté en 1936, lorsque le grand-père selance dans le sciage à Fallais, entre Hannutet Huy. Dans l’immédiat après-guerre, c’estau père d’élargir les activités de la sociétéfamiliale en lui adjoignant la branchenégoce, principalement dans le domainede la couverture, mais sans pour autantoublier le bois.En 1974, les fils, Philippe et Étienne Jehou-let, créent la société Jehoulet Bois et démé-nagent à Latinne. L’entreprise se concentreuniquement sur le négoce avec l’abandonde la scierie. Vers la fin des années 1990, ilsamorcent un virage couronné de succès entablant fortement sur le bois. Très rapide-ment les locaux d’une superficie de24000 m2 deviennent trop exigus et c’estfort naturellement que l’entreprise investitdans un nouveau site de 18000 m2 à Vaux-Chavanne, sur la commune de Manhay.Olivier Louis, Directeur général de l’entre-prise depuis 2007, revient sur ce succès etnous éclaire sur les tendances actuelles quipermettent aux négociants en bois de tra-verser la crise avec une relative sérénité.

Une montée en puissanceprogressive du bois

« Depuis 1997, Jehoulet Bois a décidé de misersur le bois » nous confie Olivier Louis pour quice mouvement semble bien naturel « sachantque Philippe Jehoulet, l’un des deux frères ad-ministrateurs de la société, est un fin connais-seur dans ce domaine. C’est un ancienscieur ! ».Durant cette période, le négociant a renforcé saflotte de délégués commerciaux, privilégiant descollaborateurs issus du milieu du bois.

« Ainsi, en à peine dix ans, notre activité a ététotalement transformée. De plus gros négoceen couverture et en charpente, avec un secteurbois ne représentant qu’environ 30 % du chiffre

d’affaires, nous avons inversé la tendance » pré-cise le Directeur général. Et l’homme de quan-tifier : « depuis 2007, le bois équivaut à 75 %de notre chiffre d’affaires. Une mutation quis’explique par le développement du secteur dela menuiserie tout en maintenant notre pré-sence dans le secteur de la charpente ».

Pour construire ce succès, Jehoulet Bois s’esttoujours attaché à satisfaire une frange de clien-tèle spécifique à savoir les artisans et les petitesentreprises. « Les gros industriels du bois ou lesclés sur porte ne sont plus servis par les négo-ciants, les importateurs ont pris ce marché »constate, sans d’ailleurs le regretter, OlivierLouis.

Pour ce manager, « les entreprises de 1 à 5 per-sonnes sont notre cœur de cible. Nous leur li-vrons de petites quantités, directement sur lechantier. Nous leur apportons tout le conseilqu’ils sont en droit d’exiger dans un domaine,le bois, qui demande une forte expertise ».

Mais l’esprit de partenariat ne s’arrête pas là !« Ils bénéficient de nos salles d’expositioncomme celle de 1000 m2 à Vaux-Chavanne où,avec leurs clients, ils vont pouvoir sélectionnerune porte parmi plus d’une centaine de mo-dèles, choisir un revêtement de terrasse, un bar-dage, un parquet… C’est pour eux uneformidable vitrine, impossible à créer seul ».

Le négoce de bois,préservé grâce aux spécificités du matériau

Pour Olivier Louis, directeur opérationnel de la société, l’expertise de Jehoulet Bois est un atout indéniable pour l’avenir.

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010 - 27

Quelques tendances de fond

Interrogé sur les grands courants qui façonnentle négoce de bois moderne, la réponse de notretémoin fuse en un éclair : « l’explosion de laconstruction en bois et de l’ossature bois enparticulier, car la moins chère ».Pour lui l’évolution est très nette. « On remarquequ’il y a encore trois ans, le public en général semoquait du coefficient d’isolation de l’habitationou encore du passif. Avec la crise du pétrole, etun baril qui a culminé à 150 dollars, les genssont désormais sensibles aux problèmes de dé-perdition d’énergie ». Et cela tombe bien parceque dans ce domaine le bois est particulièrementperformant. « Les clients sont prêts, aujourd’hui,à payer plus à la construction pour moinsconsommer après » ponctue Olivier Louis.

Autre constat émis par ce spécialiste, le publicqui va vers la construction bois a changé. « Il ya encore cinq ans, il s’agissait de personnes à lafibre environnementale travaillant avec un né-goce de pionniers qui proposaient des produitsécologiques. De nos jours, le client dispose en-core d’une vision écologique quand il va vers laconstruction bois mais il recherche avant toutune performance ».

Également à noter, la prise de conscience denotre responsabilité en matière de développe-ment durable. « Avant, le consommateur necherchait pas à connaître l’origine du bois ouses périples dans le monde. En 2010, le clientne veut pas participer à la déforestation, il sou-haite savoir d’où vient le padouk ou l’ipé qu’ilenvisage d’utiliser pour sa terrasse ».

Le mouvement est même plus profond. « Le pu-blic demande des bois issus de forêts gérées du-rablement, donc certifiés PEFC ou FSC. Cela setraduit par une hausse très forte de la demandeen essences locales, tel le pin ou l’épicéa traitésde façon adaptée ».

Ce comportement nouveau de nos concitoyens,associé à la hausse prévisible du coût du trans-port, amène d’ailleurs le Directeur général de Je-houlet Bois à penser que « d’ici une dizained’années, bien que nous soyons les plus grosvendeurs en négoce de méranti, nous sommespersuadés que nous n’en vendrons plus. Les boislocaux, traités, se substitueront à cette essence ».

« Les progrès techniques facilitent l’adaptationde nos bois » relève avec à-propos Olivier Louis.La réalité lui donne en tout point raison pourqui sait que depuis deux ans, la terrasse chassegardée des bois exotiques s’est ouverte inexo-rablement aux bois locaux thermo-traités.

L’avenir du négoce de bois

La crise actuelle n’est pas un phénomène in-connu pour un négociant comme Jehoulet Bois.Toutefois son effet reste circonscrit.Comme l’observe Olivier Louis, « il existe uneffet crise dans le sens où il y a un recul dunombre de permis de bâtir. Nos clients n’ontplus une visibilité à six mois, ils doivent secontenter désormais de deux mois. Mais cesnouvelles conditions n’ont pas un impact sur lesvolumes qui restent constants. La tensions’exerce prioritairement sur le prix ».

À Vaux-Chavanne, le show-room de 1 000 m2 permet d’exposer un large éventail de portes, revêtements de terrasse, bardages, parquets, placards… De quoi satisfaire tous les goûts !

De nos jours l’artisan fait faire plusieurs devis, ila également du temps pour négocier et se re-trouve lui-même de plus en plus en concurrenceavec des collègues. « Ce mouvement nousamène tous à être particulièrement attentifs auxprix pratiqués ».

Comme on peut le remarquer, la situation que tra-verse le négoce de bois est sans commune mesureavec la situation critique que côtoie le négocelourd. Ce dernier souffre bien plus et enregistredes reculs de l’ordre de -30 % de l’activité.D’ailleurs Olivier Louis est lucide à ce sujet, « le né-goce lourd essaie de s’orienter vers le bois, plusporteur. Heureusement pour nous, c’est un mar-ché complexe, il faut connaître les produits, les fi-lières d’acheminement… En plus le négoce de boisexige beaucoup de surface pour le stockage caron achète beaucoup de lots d’avance. C’est unefaçon de travailler très différentes qui expliquepourquoi ils ne nous font pas encore d’ombre! ».

Pour le Directeur général de Jehoulet Bois, lesecteur du négoce de bois va connaître une pro-fonde mutation. « Il ne restera bientôt que despetits négociants locaux, flexibles, réactifs etavec peu de personnes ; et les gros, avec descoûts fixes importants mais qui feront jouer leurpuissance d’achat. En plus d’un positionnementgéographique au plus prêt de nos marchés,c’est cette logique qui a prévalu à la construc-tion de notre nouveau site de Vaux-Chavanne,inauguré le 22 avril dernier : atteindre une taillesuffisante pour négocier nos achats et en fairebénéficier nos clients ».Chacun l’aura compris, il ne fait pas bon être detaille moyenne sur ce secteur ! �

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réseau bois

un secteur au potentiel de développement éco-nomique colossal, portée par l’utilisation d’unmatériau naturel et renouvelable.

Les éclairages ont été multiples : européens,français et wallons.

Dès son allocution inaugurale, Jean-Pierre Del-wart, Président de l’Union wallonne des Entre-prises, n’a pas manqué de souligner « le rôleprépondérant de la forêt en Wallonie et le po-tentiel énorme que cette ressource naturelle, re-nouvelable et disponible représente pourl’économie régionale ».

L’homme, exhortant les décideurs politiques àdévelopper la filière, a également confié lescraintes des 661 entreprises qu’il représente.Pour lui, « il faut faire attention à ce que la ma-

tière première reste disponible, la fonction en-vironnementale de la forêt ne doit pas devenirprépondérante ». Jean-Pierre Delwart a égale-ment mis en avant « les usages du bois et lesdéséquilibres récents au profit du bois énergie.Ceci au détriment de l’économie représentéepar le bois de transformation ». Pour l’éminentorateur, « la filière prône un programme puis-sant de recherche et développement, et letransfert de technologies pour apporter un nou-veau souffle au secteur ».

Les invités qui lui succéderont, par leurs propos,n’auront pas manqué d’apaiser ces peurs etdresser des pistes prometteuses.

Une fois de plus les « Rencontres Filière Bois », et cette 5ème édition qui s’est tenue le 29 mars2010 en marge du salon Bois & Habitat à Namur n’y dérogea pas, ont démontré à quel pointce rendez-vous est devenu incontournable. Véritable ruche à idées, le thème de cette annéedemandait aux Politiques de se positionner clairement par rapport à la filière et de fairepart de leurs engagements, actuels et futurs, concernant cette filière et le matériau bois.Des intervenants de grande qualité et l’irruption de caricatures ciselées de main d’orfèvrepar Pierre Kroll, qui nous a fait la gentillesse d’autoriser la publication de quelques extraits,ont donné un souffle nouveau à ce rassemblement. Manifestement, un grand cru!

5èmes « Rencontres Filière Bois »

Le bois, une planche de salutou une planche d’envol?

Face à une double perspective, lutter contre lacrise économique et lutter contre la crise écolo-gique, quel est l’intérêt porté par les politiquesau bois et à la filière bois en général ?Une question simple et brûlante d’actualité pour

“Habitués” emblématiques des Rencontres, il importe également de citer la présence du Professeur Claude Javeau, et l’animation de grande qualité assurée par Michel Lecomte.

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 2e trimestre 2010 - 29

transcription par un plan d’actions européen. Laressource, la récolte, l’innovation au service de lacompétitivité, ou la réflexion en matière des mar-chés publics… » sont quelques pistes citées parla déléguée de Bruxelles. Pour elle, pas de doute,« le XXIe siècle est une opportunité pour le bois ».

Le Ministre français Jean Puech et son bras droitJean-Marie Ballu (Ingénieur général des ponts,des eaux et des forêts - Ancien Président de lasection “nature, forêt, paysages” du CGAAER- conseiller forêt-bois), évoquant le rapport re-pris par le Président Sarkozy pour dynamiser lafilière hexagonale, auront également marqué lesesprits. Ils proposent des actions chocs comme« une réglementation plus stricte pour contenirla concurrence déloyale de certains pays. Il fautcréer des règles du jeu communes à tous ! ». Lesdeux hommes souhaitent aussi voir « émergerun véritable esprit de filière » et listent dans leurrapport 42 propositions qu’il conviendra de sur-veiller une fois appliquées. Les bonnes expé-riences sont toujours intéressantes à imiter…

Enfin, Brieuc Quévy aura démontré parl’exemple que la Région wallonne est particu-lièrement soucieuse de l’essor du patrimoine fo-restier et de l’économie du bois en général. « Entant que producteur de bois, nous sommes at-tentifs à voir comment la filière bois utilise lesbois que l’on produit. Nous essayons de nousposer les bonnes questions et, par la concerta-

Pour concevoir les « Rencontre Filière Bois », tous les parte-naires de la filière travaillent ensemble : le Centre de Forma-tion Bois, l’Union Régionale des Entreprises du Bois (fusionde Fedemar Wallonie avec la Fédération Nationale des Négo-ciants en Bois), Valbois RN, Wallonie Bois, Paper Chain Forum,le Service public de Wallonie - DGARNE - Département Natureet Forêts, Fedustria, HoutInfoBois, Belgian Woodforum, Bois& Habitat et enfin NTF (Nature, Terre et Forêts).Pour autant, trois hommes s’illustrent particulièrement danscette organisation :• Marc Herman du Département Nature et Forêts,• Emmanuel Defays du Belgian Woodforum,• Hugues Frère de HoutInfoBois.

On ne peut que se féliciter du travail réalisé. La barre esthaute, puissions-nous, tous ensemble, faire encore mieux en2011!

Un coup de chapeau aux organisateurs

De gauche à droite : Marc Herman, Emmanuel Defays, Marc Georges du Centre de Formation Bois - visiblement heureux d’être pris en photo ! - et Hugues Frère.

tion, nous tâchons de faire les bons choix » in-diquera-t-il, soulignant « la spécificité de la Wal-lonie où la mobilisation des bois est déjà del’ordre de 90 à 100 % par rapport à l’accroisse-ment ! ». Il faut le garder à l’esprit.

De l’ensemble des interventions, il transpire claire-ment une volonté politique d’appui en faveur dela filière bois. Pour autant, il ne faut pas crier vic-toire : la Commission européenne ne peut pro-mouvoir un matériau contre un autre, tout commel’exposé français retranscrit une réalité locale diffi-cilement transférable, tel quel, à notre territoire.Par contre, il est patent que le bois est très cer-tainement de nos jours l’un des matériaux lesplus prometteurs qui soient, tant d’un point devue économique qu’écologique. Chez nous, leplan Marshall 2.vert ne l’a pas oublié. Alors, ca-ressons l’espoir de voir cette filière s’envoler en-core plus haut ! �

Des initiatives convergentesen faveur du bois

La Commission européenne représentée parMme Maria Gafo Gomez-Zamalloa (Direction gé-nérale Entreprises et Industrie - Unité G4 : Tex-tiles, mode et industrie forestière), la France autravers Jean Puech (ancien ministre de l’Agricul-ture et auteur du rapport “Mise en valeur de laforêt française et développement de la filièrebois”) ; ainsi que Brieuc Quévy (Chef de cabinetadjoint du Ministre wallon en charge des Tra-vaux publics, de l’Agriculture, de la Ruralité, dela Nature, de la Forêt et du patrimoine) ont dé-montré successivement l’importance de la filièreà ces différents échelons.

La déléguée de la Commission européenne a in-sisté sur les priorités accordées à « une filière boisnovatrice et durable. Une position qui trouve sa

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lectures

Identification et gestion intégrée des habitats et espèces d’intérêt communautaire.Comment prendre en compte la diversité biologique dans la gestion quotidienne?

Sylviculteurs, techniciens, gestionnaires de forêts et d’espaces naturels, naturalistes, enseignants etétudiants disposent maintenant d’un outil pour :• identifier les habitats forestiers (et ceux associés à la forêt),• assurer leur gestion en intégrant le maintien de leur diversité biologique.

Présentée en classeur, chaque édition comporte :• Un livret général sur la biodiversité, son intérêt, sa prise en compte…• Un ensemble de fiches largement illustrées, actualisables, présentant des clés de déterminationdes habitats, les habitats forestiers et habitats associés (éboulis…), des espèces présentes danschaque zone.

Fruit d’une réflexion transnationale et d’observations de terrain, rédigés par une équipe inter-orga-nismes (ENGREF, ONF, IDF) en collaboration avec les meilleurs spécialistes, ces guides sont conçusdans un souci de pédagogie et de clarté.

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Gestion forestière et diversité biologique

France - domaine continental

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Manuels d’application des Eurocodes pour les structures en bois

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Ce CD-ROM a pour objectif de faciliter la compréhension et l’application pratique des méthodes édictéespar les Eurocodes, et en particulier l’Eurocode 5 applicable aux structures en bois. Il comprend unensemble de cinq documents au format PDF destinés aux concepteurs et calculateurs des structures enbois :

• Charpente industrialisée (72 pages)• Construction à ossature bois (72 pages)• Poutres en « I » (55 pages)• Charpente en bois lamellé-collé (115 pages)• Charpente traditionnelle (58 pages)

Ces manuels sont complétés par un Tronc commun (159 pages) dans lequel sont développés les principesgénéraux des Eurocodes 0, 1, 5 et 8, et un manuel Assemblages (136 pages) dans lequel sont regroupéstous les assembleurs utilisés dans le domaine des structures en bois.

L’ensemble de ces manuels constitue un véritable guide de référence de plus de 600 pages, indispensablepour comprendre et maîtriser les futures règles de conception et de calcul des ouvrages en bois.

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