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AUGMENTED REALITY Erwan Soumhi

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Page 1: ERWAN SOUMHI - Augmented Reality

AUGMENTED REALITYErwan Soumhi

Page 2: ERWAN SOUMHI - Augmented Reality

INTRODUCTION

Le projet Augmented Reality s’est inscrit dans le cadre de la 1re édition du festival de performance KINACT à Kinshasa en RDC. Il s’est déroulé en août 2015 dans 19 quartiers différents, des plus aisés au plus dému-nies, entrecoupés de trois tables rondes/conférences qui ont eu lieu à L’échangeur de Limete.

Le projet est un cycle de performance que j’ai réalisé dans les rues, plac-es, et autres endroits de l’espace public. Il a donné lieu à une captation filmique qui a été tournée durant une de mes performances et à partir de mon point de vue en tant que performeur. C’est un projet hybride qui se situe quelque part entre performances, carnet de voyage, expérience anthropologique et réalisation d’un film. Les performances prenaient la forme de déambulation nocturne d’un personnage équipé d’une struc-ture en métal porté sur les épaules. Fournis en objet hétéroclites elle lui permettait de diffuser au mégaphone une sirène ou des échantillons sonores collecter sur place. Ce projet questionne la manière d’aborder une réalité aussi complexe que celle de Kinshasa.

En brisant les codes classiques et en hybridant comme ici performance et recherche, expérience sociologique/anthropologique et propos artis-tique, j’ai essayé de faire émerger cette « réalité invisible » dont Filip de Boeck parle dans son texte « Kinshasa, ville invisible » et que j’ai forte-ment ressentit durant mon premier séjour sur place.

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LE CONTEXTE // KINACT 2015 - Oyo Nini

KinAct est une rencontre internationale de performeurs. 20 artistes en provenance de France, d’Allemagne, d’Ethiopie, du Bénin, de Côte d’Ivoire viennent se joindre aux artistes kinois lors de cette première édition 2015. Chaque jour, du 8 au 28 août, des quartiers de Kinshasa (Gombe, Lingwala, Njili, Kigansani, Ngaliema (UPN) , Bandal, Matonge, Masina, Kinshasa, Kigansani, Barumbu …) accueil-leront les projets artistiques : performances, ateliers, projections vidéo, concerts, spectacle d’arts vivants, et un colloque qui aura lieu les trois mercredis du mois autour de la question du patrimoine culturel et artistique à Kinshasa au musée d’art contemporain et des multimédias (MACM) de l’échangeur, à Limete.

Pourquoi KinAct ?

La performance ouvre une brèche dans le temps quotidien. Elle offre à chaque participant un nouvel endroit pour se poser, face à la réalité. Tous ceux qui sont simplement là, touchés par l’onde performative, sont déjà participants. Cet acte artistique est une expérience partagée, une proposition de partage de sensible.

À la suite de leur formation académique, les artistes du Collectif EzaPossibles s’étaient posés cette question: comment créer une oeuvre qui touche tout le monde ? Dans les rues de Kinshasa, des carcasses de voiture trainaient là, aux yeux de tous. Ce groupe de jeunes artistes ont décidé de les ramener, par leurs propres moyens d’abord, dans l’enceinte de l’Académie des Beaux Arts. C’est en-suite devenue une grande installation et c’est là où le collectif s’est créé. C’était en 2003, « KinWenzeWenze ». Depuis, ils ont refait de nombreuses performances et ont fortement contribué à la dynamique culturel et artistique de Kinshasa, notam-ment au travers d’un lieu qu’ils géraient et qui permettaient: ateliers, workshop, expositions, concerts, spectacles…etc.

La performance propose de restituer l’artiste en tant qu’être agissant dans le monde. Par son caractère insaisissable, elle questionne des endroits laissés pour compte, elle déplace les regards vers d’autres évidences, parfois laissées en non lieux. L’artiste, personnage étonnant d’une société, devient élément perturbateur et interrogateur d’une situation donnée.

Il y a les créateurs, les vendeurs ambulants, les musiciens, les shegues, les in-génieurs robotiques, le cosmonaute, les artistes des beaux arts, sculpteurs, pein-tres, les photographes, les comiques et les comédiens…etc. Comme le dit l’artiste

Freddy Tsimba dans System K, le film documentaire de Renaud Barret qui sera tourné à l’occasion de cette grande performance KinAct :

« Il y en a plein, plein, plein…Je ne sais même plus faire la limite entre l’Art, les artistes, les créateurs, les créateurs ambulants, … les fous… ça com-mence où l’art ? et ça se termine où ? »

Et puis la population mère de tous ces artistes, elle aussi a sa version de la performance. Depuis le jour où Mobutu a déclaré à sa population « Article 15 : débrouillez – vous ! », c’est une parole qui ne s’arrête jamais d’être transmise et redite; c’est elle qui donne le « la » du quotidien : chacun doit imaginer la voie performative pour justement se « débrouiller ».Riche en énergies, en « mayele » à inventer, réinventer toujours un système de « coop », les kinois est bel et bien un public Challenge pour les artistes. Le challenge pour les artistes kinois est de toujours nourrir la plateforme informelle et officieuse de l’art; le challenge pour les artistes étrangers est de créer les possibilités d’un échange et de savoir en recueillir les fruits.

KinAct est aussi l’écho de InAct, festival annuel de performances qui prend place à Strasbourg

“source Site internet du festival / Kinact.org”

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LE PROJET

Ce n’est donc pas la première fois que je me rends à Kinshasa. Déjà, en novembre 2014, je me trouvais sur place, invité à la première biennal d’art contemporain de la République Démocratique du Congo. Une expérience intense et riche marquée par la découverte d’une ville et de ses habitants. Kinshasa est tout simplement incroyable au sens premier du terme. Un autre monde, traversé d’énergies puissantes et contradictoires, de croyances profondes et magiques, où les identités sont métissées, hybrides et complexes. Une infinité de calques qui se superposent, un chaos magnifique qui s’agite nuit et jour, violent vivant brûlant profond ... Tout y est exacerbé.

Mon premier projet artistique se nommait “Le Détail de l’Histoire”. C’était un travail contex-tuel qui a pris la forme d’une installation. Ma réflexion a été nourrie d’une part par l’histoire du lieu particulier où j’exposais. Le musée situé à la base de la tour de L’échangeur, monu-ment national construit par Mobutu dans les années 70. Et d’autre part, par le concept politique d’authenticité développé par le même Mobutu au début de son règne dictato-rial. Je me questionnais sur la profondeur de ce concept nationaliste et identitaire, tentant de trouver dans la réalité qui m’environnée des résonances. J’observais et essayais de comprendre en passant par l’histoire politique du pays la réalité de Kinshasa qui semblait m’échapper à mesure que le temps passé. Je me rendais compte petit à petit que j’étais en train de faire un deuxième voyage, à l’intérieur même du premier. Un deuxième voyage qui avait commencé au moment où j’avais posé le pied sur le tarmac de l’aéroport de N’djili.

Après un mois sur place, je suis rentré avec l’impression d’avoir finalement découvert seulement 1 % de cette ville. Et encore. J’avais l’impression que la façon dont j’avais pro-cédé pour imaginer et construire mon installation, finalement la façon dont je pensais ma création, n’était pas pertinente à Kinshasa. Je me suis résolu à penser que le territoire est tellement différent que celui où je construis habituellement mon œuvre que ma pratique ne raisonner plus ici. Ce fut un choc silencieux. Et les mois qui suivirent étaient peuplés de questionnement sur le sens d’une pratique artistique qui n’aurait en fait qu’un rayon d’action limité à la culture et le territoire dont elle provient.

Généralement, suite à une expérience de ce genre, le temps permet le recul et la com-préhension à postériori d’éléments qui étaient trop proches pour être perçu clairement. Mais d’une façon étonnante, pour Kinshasa et le séjour que j’ai vécue sur place, c’est le sentiment contraire qui émergea. Ce qui m’a amené à penser que Kinshasa ne se pense, en quelque sorte, que de l’intérieur. Sur place pour un occidental, la pensée prend douce-ment une autre forme, se déconditionne de sa géométrie initiale pour s’adapter au climat de Kinshasa. Une fois partie et de retour chez soi, le reconditionnement inverse opère et ne permet plus de saisir les sens des choses qui, quelques semaines avant, paraissaient plus tangible. L’expérience s’éloigne donc et laisse derrière elle des souvenirs en mémoire qui semblent de plus en plus improbable, voir irréel. Étrange sensation qui rend difficile de penser à posteriori.

J’ai par la suite découvert le travail de Filip de Boeck qui a su enfin me sortir d’une réflexion

stérile où je sombrais. J’étais dans un cul-de-sac, ne sachant plus vraiment quoi penser. Pourquoi et comment Kinshasa en est arrivé à ce point de complexité ? Pourquoi était-il pratiquement impossible de la cerner même globalement ? A la lecture des articles anthro-pologiques de Filip de Boeck notamment “La ville de Kinshasa, une architecture du verbe” des éléments de réponses commençait à se dessiner. Ou plutôt des outils de compréhen-sions. Ces analyses résonnaient fortement avec des impressions et intuitions personnelles sur lesquelles je ne parvenais pas jusqu’alors à mettre des mots. L’idée que Filip De Boeck développe dans ses textes, cette façon de voir Kinshasa comme un espace mental, ou le principal matériau de construction est le verbe, ou le langage devient fondation du vivant et de ce qui se transforme en continue. Quand il écrit que “ dans se sens Kin est une ville parlé une ville mantrique, une inlassable prière. Et quotidiennement, ses habitants la réinventent dans leur langage, l’exorcisent et la refondent sans cesse”. Je commençais à saisir un peu mieux.

L’art doit être en prise avec la réalité, sinon il n’est rien. Une coquille vide, jolie tout au plus. Arrivé dans une réalité à laquelle on ne comprend finalement pas grand chose oblige l’artiste à tout reprendre à la base. Basculé dans une étude de cette réalité, transformer ou trouver d’autres outils de compréhension. Car ceux qu’il utilise chez lui deviennent inutiles dans ce nouvel environnement. Et c’est d’ailleurs à cet endroit précis que se trouve l’enjeu créatif d’un tel projet. Car l’artiste doit tout appréhender d’une nouvelle façon. Comme un enfant qui découvre le monde, l’insouciance en moins.

C’est à ce moment que j’ai reçu l’invitation pour participer au premier festival de perfor-mance Kinact à Kinshasa. Un épisode deux qui se profilait donc pour moi. Ma première expérience et les réflexions qui en ont découlé préparaient le terrain à un travail beaucoup plus expérimental. Accès sur une rencontre frontal et direct avec les Kinois. Je commençais à imaginer “Augmented Reality”.

Cette fois, je voulais agir sur un autre niveau de réalité. Je souhaitais me laisser porter par le courant des intuitions sans soumettre mon processus de travail à une logique issus de mon intellect. Je voulais en quelque sorte arriver équipé d’un outil d’exploration concret avec lequel je pouvait me laisser dériver tout en gardant trace des déambulations ou er-rances. Essayer de faire apparaitre cette réalité subtil, cette “ville invisible” par des actions ou propositions, tout en la captant par le biais de l’image et le son. Je voulais rentrer en ré-sonance avec elle et monter en crescendo, sous forme de spiral : la faire, réagir , observer, donner, recevoir, transformer, redonner, ré-observer, ré-enregistrer ... Pour finalement es-sayer d’incorporer à ma propre existence et comprendre un peu cette réalité. Finalement c’est moins mon intellect que mon intuition qui a mené à la réalisation du projet. En territoire si lointain, immergé dans une culture si différente, au dénuement si grand, mon intellect ne me servait à rien, comme inactif. Je me suis donc construit un dispositif qui me permettait de dériver dans la ville via des performances déambulatoires. J’essayais de faire apparaitre ce que je sentais, mais que je ne réussissais pas à voir ou concevoir.

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Photographie numérique - [Sans-titre] - dimension variable- août 2015

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Le Dispositif

Le dispositif est une sorte d’exosquelette en métal. J’aimais bien l’appeler ainsi parce qu’il avait pour moi et dans sa fonction quelque chose de protecteur. Je m’apprêter à faire un saut dans le vide sans trop savoir ce que cela aller générer comme situa-tion. Cet exosquelette est fait d’une structure en aluminium qui la rend légère à porter et me permet de me déplacer avec. Elle est munie d’un jeu de petites lampes qui permettent de m’auto-éclairer et de me déplacer même dans le noir complet. Fonction utile, car je souhaitais que mes performances se déroulent seule-ment une fois la nuit tombée. Il est aussi équipé d’un mégaphone qui me permettait de diffuser des sons de façon puissante. Ce mégaphone a une fonction sirène que j’utilisais régulièrement au cours de mes performances. Au-devant de la structure se trouve une plate-forme sur laquelle je pouvais disposer diverses objets notamment ma caméra. Dans ce cas, le dispositif remplissait aussi le rôle de steadycam en stabilisant le mouvement des plans filmés.

Au fil du temps cette structure a fini par devenir une sorte de jour-nal de bord d’objets diverses que je trouvais sur mon chemin. Des objets aussi hétéroclites qu’un bouquet de plante artificielles, l’étiquette que l’on trouve sur les bouteilles de bière local Primus (consommé en très grande quantité sur place), un petit drapeau de la RDC que les vendeurs ambulants monnayent dans les rues pour quelques centaines de francs congolais, une pochette vide d’un vinyle d’Isaac Hayes titré «Black Moïses», mon gilet de sé-curité fluo, et beaucoup d’autre encore. Si pour une raison ou une autre l’objet avait attiré mon attention ou suscité mon interêt, je l’emmenais avec moi comme autant d’échantillon ou témoin à étudier plus tard, une fois revenue de l’expédition.

Cette structure remplissait donc plusieurs fonctions. Elle avait aus-si quelque chose de militarisant tout en ressemblant à une sorte de gadget ou de jouet en plastique. Une esthétique ambiguë qui me plaisait bien. Cette accumulation d’objets, composées sur la structure, finissaient par raconter une histoire subjective.

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PERFORMANCE

Munie de mon dispositif, je réalisais donc mes performances déambulatoires au fil du festival et dans différents lieux de la ville de Kinshasa. Je voulais proposer à voir aux spectateurs et aux cu-rieux un personnage ambigu, intriguant, voir dif-ficile à décrypter. Torse nu et muni d’un pantalon militaire. Le simple fait d’être un blanc dans cette situation suffisait à créer l’événement et générer tout un tas de questionnements parmi la foule. Un autre élément important et récurent a été le band-age blanc, celui qu’on utilise en cas de blessure. C’est parfois le visage bandé et la vue obturer que je me lancais à l’aveugle dans mes parcourts, dirigé par qui voudra bien me prendre la main et me guider. Je me donner à voir sans aucune pro-tection devenant vulnérable et fragile. Le milieu autour de moi pouvait finalement faire de moi ce qu’ils souhaitaient. Une façon de dire que la suite des évènements étaient potentiellement entre leurs mains. Nous devenions avec le public co-sujet de l’expérience que je déclenchais.

Tout, ces éléments que je portais sur moi ou sur la structure avaient une fonction de déclencheur. Dans un contexte comme Kinshasa, marqué par une histoire violente ou la parole et la dénoncia-tion fut souvent réprimer extrêmement brutale-ment, les insignes militaires, le drapeau national, la marque de bière Primus , le bandage médical, évoquent aux Kinois des choses très différentes de ce qu’on pourrait s’imaginer. Dénoncé la dic-tature du pouvoir en place, l’état corrompue , les coupures d’électricités incessantes, les dégâts d’un alcool moins chère que l’eau, l’hommage à tous les morts qui pavent l’histoire du Congo ... La volonté était quelque part de perturber la réalité en venant chercher une réaction, un déplace-ment. Les sons que je diffusais étaient forts, mes

lumières éclairaient autant qu’elles aveuglaient. Je cherchais à poser question en restant ambiguë et non-explicite, car dénoncer ou revendiquer trop clairement peut valoir beaucoup de problèmes malgré que la situation sur place est tout simple-ment révoltante. Et puis surtout, qui suis-je pour venir dénoncer des réalités qu’ils vivent dans leur chair depuis des générations. Sur ce sujet, je n’ai rien à leur apprendre de nouveaux. Ce n’est pas la conscience des choses qui leur fait défaut. bien au contraire.

Les sons que je diffusais étaient des pièces so-nores composées de musique ou d’enregistrement de tout type. L’esprit était le même que pour les objets sur la structure. Au fil de mon parcours et des rencontres, j’ai pu enregistrer pas mal d’interventions musicales ou vocales. Le tout venait petit à petit s’agréger dans une pièce so-nore mêlant interventions, poésie, musique, son d’environnements divers. Je travaillais sur cette pièce sonore à mes heures perdue, souvent la nuit quand il y avait de l’électricité à l’endroit où nous vivions.

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FILM

Le film est constitué d’un seul plan-séquence. Il retrace à partir de mon point de vue et durant une de mes performances une longue déambula-tion dans le marché central de Kinshasa. C’est un quartier d’une vitalité extraordinaire durant la journée qui fourmille de commerçants à la sau-vettes, de bars, d’étalages de toutes sortes, de vendeurs d’unités téléphoniques, mouchoirs, stands de fortunes, vendeurs ambulants ...C’est de là que proviennent les premiers groupes de kuluna (gang de jeunes extrêmement violent). J’ai sélectionné et décidé de montrer sous forme brute un fragment d’une des déambulations. Durant ce moment, deux sons sont diffusés, ici deux mu-siques. L’un est un enregistrement d’un morceau de guitare hawaïenne joué par Roger, un vieux monsieur de 80 ans rencontré sur place, et qui avait appris cette technique de guitare dans sa jeunesse. Il interprète le titre “By the way”. L’autre est un morceau d’électro occidental basique “No beef” d’Afrojack. À travers ma performance, je me proposais en en tant qu’objet du regard. Mais un objet particu-lier dans le sens où j’étais aussi, via ma caméra , un objet regardant. Je voulais annuler le rapport classique regardé-regardeur. Qui observais qui à ce moment-là ? Objet du regard et sujet ob-servant rentrait en quelque sorte en résonance pour générer durant le temps de la performance un élément unique. Nous devenions co-sujets de l’expérience en cours.

La référence à la réalité augmentée du titre de ce projet n’est pas à lire dans le sens commun. La définition qui consiste à définir la réalité aug-mentée comme l’augmentation de la réalité vis-ible, en train de se dérouler sous nos yeux, par

l’ajout d’informations superposées. Quand je parle de réalité augmentée, je cible plutôt celle qui s’apprête à éclore, l’instant d’avant, la réal-ité encore virtuelle. C’est la virtualité des possi-bles qui suivront cet instant d’avant que j’essaye d’augmenter en générant par le dispositif perfor-matif une sorte de rupture de pattern qui ouvre grand les possibles, l’inconnue, la rencontre sera-ce qu’elle sera. Voyons donc ce qui va se passer. J’avance, ils proposent.

En brisant les codes classiques et en hybridant comme ici performance et recherche, expérience sociologique/anthropologique et propos artis-tique, j’ai essayé de faire émerger cette réalité invisible dont je parle dans les textes précédents.

Ce projet fait écho à un autre projet réalisé à Mar-rakech en 2014 où j’ai réalisé une vidéo basée sur une déambulation du même type dans les ruelles historiques de la médina. Elle se nomme “L’Adhan de Marrakech”

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Capture d’ecran - Vidéo “Augmented Reality”

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Photographie numérique - [Sans-titre] - dimension variable - septembre