ernest bosc - isis devoilée

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Bosc, Ernest (1837-1913). Ernest Bosc. Isis dvoile, ou l'gyptologie sacre. Hiroglyphes, papyrus, livres d'Herms, religion, mythes, symboles, psychologie, philosophie, morale, art sacr, occultisme, mystres, initiation, musique. 1897.

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PRINCIPAUX OU OUVRAGESMCME UTEUR A ARTS RAISONNA D'ARCHITECTURE SCIENCES DICTIONNAIRE ET DES 4 ETARTS S'VRATTACHENT. vol, gr. in-8*Jsus, QUI d'environJ50 i 600 page*chacun, et contenantenviron 4,000boisdansle texte, 60 gravures part et 40 chro et molithographies. Paris, Firmin-Didot C'\ diteur, a* 1879-1880; dition,1881-1883. DEL'ART, ELACURIOSIT BIBELOT. D DICTIONNAIRE ETDU 1 vol. gr. in-8*Jsus illustre de 709gravuresintercalesdans le texte, 35 pi. en noir et -I en couleur,broch (Epuis). D CONSTRUCTIONS 1 vol. in-8Jsus, TRAITE ES RURALES, de xui-509pages,accompagn 576 figuresintercales. de dansle texteou hors texte. Paris,VveA. Morelet C'%diteurs.. LES IVOIRES. Brochurein-16illustre de i\ bois dan de le texte. Paris, Librairie l'Art. SCIENCES GNRAL L'ARCHOLOGIE ANTIDE DICTIONNAIRE ET DES C LESDIVERSEUPLES. i vol in-8*de P QUITSHEZ sur vni-^76 page*,illustrde 4)0 gravures bois. Paris, Firmin-Didot Cie, diteurs. et C ET DU TRAITOMPLET THORIQUE PRATIQUE, CHAUFFAGE DESHABITATIONS ET DELA VENTILATION ET PRIVES, DES DIFICES PUBLICS.i vol. in-8*Jsus,de 361pages, avec 4)0 figures intercalesdans le texte. Paris, VveA. Morelet C'*,diteurs. ET DX DICTIONNAIRE D'OCCULTISME PSYD'ORIENTALISME, ou Dictionnaire h Science cculte. a vol. de o CHOLOGIE in-u, avecfigures. OUrOccullisme dans l'Inde antique. t vol. ADDHA-NARI in-ii de xiv-359 pages. LA PSYCHOLOGIE LA SCIENCET LES SAVANTS. E DEVANT t vol. in-i8de XVII pages. 1-500 et autressubstances TRAIT HASCHISCH DU psychiques, 1 vol. in-10. plantes et herbes agiques, narcotiques m et Dr. LAVIVISECTION, physiologique, Elude psychologique philosophique. 1 vol.in-18. HISTOIRE SOUS HISTOIRE NATIONALE DESGAULOIS VERCINGTORIX. 1 vol. in-8*illustrde nombreuses ignettes. Paris, v FirmlnTJidot.

ERNEST

BOSG

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DVOILE ou

^O^RTOLOGIE

SACRE

DEUXIME DITION

REVUE ET CORRIGER

PARIS LIBRAIRIE ACADMIQUEDIDIER PERRIN ET C'% LIBRAIRES-DITEURS DES 3) 3j, QUAI ORANOS-AVOUSTIKS, 1897 Tousdroits rservs

PREFACE DE LA PREMIRE DITION

Quand vous traiteun sujet il n'est pas ncessaire l'puiser, de il suffitde faire penser. MONESQUIEU, des Lois, Esprit Le sujet que nous traitons dans ce volume est tris tendu; par certains cts il touche une question des plus attachantes, la psychologie, et n'a pat encore t abord par aucun auteur franais. Il n'existe pas, en effet, de livre sur l'Egyptologle sacre , cependant on se met aujourd'hui tudier l'Egypte, comme on ne l'avait jamais fait jusqu'ici, surtout en ce qui concerne sa philosophie. . Autrefois, au commencement du sicle, on ne s'occupait que des arts et de la civilisation de rAntique Egypte; quant sa Mythologie\ sa Mystique, son Art sacr, sa Religion, on ne s'en proccupait gure, on n'y attachait aucune importance, parce qu'on supposait, bien tort,

Il

PRFACE

comme nous allons voir, que la religion Egyptienne consistait uniquement adorer des chats, des chiens, des ibis, des perviers, des boeufs et mme des oignons ; de pareils dieux ne mritaient certes pas de fixer t'attention ! Les prtres de diverses religions, de mme que les Pres de l'Eglise qui ne voulaient pas que les mythes de leur propre religion fussent, en grande partie du moins, drivs des mythes Egyptiens, ne sont pas tout fait trangers aux fables et aux absurdits dbites sur la religion Egyptienne. Ainsi, Clment d'Alexandrie peut servir d'exemple, de tmoin ce que nous venons de rapporter. Aprs avoir dit que les temples Egyptiens taient de superbes difices, tout resplendissants d'or, d'argent et de pierreries, il ajoute : Les sanctuaires sont ombrags de voiles, tissus d'or ; mais si vous alle\ au fond du temple et que vous cherchiez la statue, un fonctionnaire du temple s'avance vers vous en chantant, d'un air grave, un hymne en langue gyptienne ; ilsoulve ensuite un peu le voile comme pour vous montrer le Dieu : que voye\-vous alors ? Un chat, un crocodile, un serpent indigne, ou quelque autre animal dangereux l Le Dieu des Egyptiens parat /,., C'est une bte sauvage se vautrant sur un tapis de pourpre t.. Nous avons cit ce passage pour montrer que

PRFACE

III

chaque sanctuaire contenait, en effet, un animal vivant; mais, comme nous le verrons dans la suite de notre tude, ce n'tait pas l'animal qu'adorait l'Egyptien, mais la divinit, dont il tait consacr le vivant symbole. Les exclamations de Clment d'Alexandrie sont donc fort dplaces et ne prouvent rietu ou du moins ceci : que les Egyptiens pensaient qu'il tait plus digne d'adorer leurs Dieux dans des symboles anims par le souffle du Crateur, que de les adorer dans desftiches, dans des simulacres ou des idoles faites en matires inertes, en des sculptures polychromes quelconques. Ils croyaient, du reste, que l'intelligence des animaux tes liait, pour ainsi dire, par un lien de parent, avec les Dieux et les hommes ; de plus, cette reprsentation des divinits par des animaux, rendait le peuple plus humain envers ceux-ci, qu'il considrait presque comme nosfrres infrieurs. Aujourd'hui, grce aux travaux d'minents gyptologues, on revient de cette fausse donne; on ne croit plus que les Egyptiens fussent asse{ insenss pour adorer des animaux et mme des oignons. Ces grands civiliss ne sont plus la grande nigme d'autrefois, surtout depuis que nous commenons pouvoir non seulement dchiffrer, mais lire encore couramment les innombrables papyrus de l'Antique Egypte. Aussi corn-

IV

PRFACE

menons-nous avoir une tout autre ide de la philosophie religieuse de cette belle et noble contre, et apportons-nous beaucoup plus de soin et d'attention l'tude de cette religion, parce que nous la voyons sous un tout autre jour que celui sous lequel on nous avait jusqu'ici habitus la voir, en un mot, parce que nous comprenons /'so* trisme ou sens cach, de la Religion Egj'ptienne. C'est cet sotrisme, cet occultisme Egyptien que nous nous proposons de rvler dans le prsent volume dont le titre : Isis DVOILSu /'Egyptoo logie sacre, est, comme on voit, caractristique. On connat beaucoup dfaits positifs, certains, sur l'Egyptologie sacre, mais on en ignore un bkn plus grand nombre; ce sont ces faits que nous allons divulguer. Nous connaissons ce que sont les Petits Mystres de l'Initiation, mais nous sommes persuads que les Grands Mystres ne sont pas aussi connus que quelques auteurs veulent bien le supposer. Qu'taient, en ralit, les Mystres del Grande Initiation ? Personne ne saurait le dire exactement; ils comprenaient) sans aucun doute, avec des preuves matrielles subir, un ensemble d'tudes et de connaissance que devait parfaitement savoir l'Adepte ou Initi, pour obtenir le haut gradedeSdr ou Mage.

PRFFACR

V

Ces tudes, qui duraient de longues annes, taient considrables, les vingt ans parfois, connaissances exiges, trs approfondies ; elles embrassaient toutes les sciences, que les anciens dsignaient sous le terme gnrique de Science Occulte ou Occultisme. Aujourd'hui, des esprits minents recherchent cette science, on commence ta comprendre, nous n'osons dire la discuter, en formuler, certaines lois, mais certains principes. Mais quel immense labeur faudrait-il accomplir encore pour arriver des conclusions; pour tablir dans toute sa vrit, dans son entire lumire, cette science occulte, cet Art Sacre des Anciens Initis? Ce sera l une vaste tche, il est vrai, mais non impossible parfaire. Pour la mener bien, il faudra la runion d'un grand nombre de travailleurs dtermins. Cest pour fournir notre contingent ces nobles tudes, que nous avons entrepris le prsent travail (i), qui nous a demand des recherches longues et pnibles et une somme d'efforts constants. Ce que nous avons fouill de livres, de manuscrits, de matriaux de toute sorte, est considrable; nous avons relev de tous cts, droite et gauche, ou (i) Dansle mmebut nous avons publi ADDFA-NARI l'Occultisme ans l'Inde et, prochainement, d nous publteron BISLISAMA ou l'Occultisme eltiquedans les Gaules. C

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PRFACR

des documents et matriaux; puis, nous les avons runis, condenss, comments et expliqus. Il nous a fallu faire, pour ainsi dire, oeuvre de mosaste, mais enfin notre oeuvre est termine et, toute rsu me qu'elle soit, nous pensons avoir produit une belle, brillante et solide mosaque, c'est--dire une oeuvre sinon parfaite, du moins d'une utilit incontestable. Puisse te lecteur, en fermant ce livre, aprs sa dernire lecture, partager cette opinion t S'il en tait ainsi nous serions doublement rcompenss de notre travail : par le plaisir de l'avoir produit et de te voir quelque peu apprci ensuite. E. B. Le Val-des-Roses Nice,5 Dcembre 189t. a*dition, fvrier 189J. f

PREMIRE

PARTIE

LES 0YPTOLO0UE8 - LES HIROGLYPHES LE8 CRITURES LES PAPYRUS - LES LIVRE8 D'HERMS

ISIS

DVOILE ou

L'GYPTOLOGIE

SACRE

CHAPITRE PREMIER CHAMPOLLION ET LES GYPTOLOGUES L y a cinquante ou soixante ans, on ne se doutait gure, pas du tout mme, que sous les mythes et les symboles gyptiens se cachaient de trs grandes ides philosophiques et une morale des plus saines, des plus parfaites et des plus avances a*ussi. Que pouvait nous apprendre, en effet, le P. Kircher ? Fort peu de choses ; d'normes faussets mme; ce n'est pas nous qui avanons le fait, mais un homme dont personne ne saurait nier la haute comptence ; cet homme, c'est Champollion. Or voici ce que disait le pre de l'Egyptologie ii

ISISDVOILE dans le discours d'ouverture de son Cours an Collge de France (i) : Le jsuite Kircher, ne gardant aucune rserve, abusa de la bonne foi de ses contemporains, en publiant, sous le titre 'OEdipus sEgyptiacus, de prtendues traductions de lgendes hiroglyphiques sculptes sur les oblisques de Rome, traductions auxquelles il ne croyait pas iui-mme, car souvent il osa les tayer sur des citations d'auteur qui n'existrent jamais. Du reste, ni l'archologie, ni l'histoire ne pouvaient recueillir aucun fruit des travaux de Kircher. Qu'attendre, en effet, d'un homme affichant la prtention de dchiffrer les textes hiroglyphiques a priori, sans aucune espce de preuves ; d'un interprte qui prsentait comme la teneur fidle d'inscriptions gyptiennes des phrases incohrentes remplies du mysticisme le plus obscur et le plus ridicule ? Par cette simple citation de Champollion, on peut voir que ce fameux jsuite, si clbre par royale crant la nouvelle (i) 10 mai i8)f, l'ordonnance est Le chaired'Egyptologie datedu n mars i8_je. produ tait ainsiconu: gramme cour* l d EOVPTIEHNE Exposeresprincipes e la GRAMMAIRE COPTE, le et dvelopper s/s Urneentier des ECRITURES en SACRES, t les usites dans faisant connatreoutes formesgrammaticales les lexUS ETHIRATIQUES. HltROOLYPIIIQUES le Malheureusement savant professeurne put exercer caril mourut Tige de 41ans, le 4 s longtemps es fonctions, Mars 1832,c'est-i-diredix mois aprs l'ouverturede son cours; il expira dans une propritsitueA Vineuil (Oise).

ET LESOYPTOLOOUES 5 CHAMPOLLIOM soit rudition, a t un homme funeste en ce qui concerne la science gyptologique ; disons toutefois la dcharge du P. Kircher, qu'il crivit son OEdipns s&gyptiacus de 1648 1650 (1), c'est--dire une poque o il tait bien difficile, sinon impossible, de dire quelque chose de raisonnable sur les hiroglyphes ; ensuite dans son mysticisme obscur, nous trouvons des observations parfois intressantes ; mais passons d'autres travaux. On mentionne comme promoteurs des tudes archologiques gyptiennes, le P. Montfaucon et le comte de Caylus ; les essais de ceux-ci ne furent pas d'une grande utilit. Les travaux rellement profitables n'ont gure commenc qu'avec le grand ouvrage de Zoga sur les oblisques ; le premier il souponna Vlement phontique dans le systme de l'criture sacre ; hoc (i) OEdipusAZgjrpliacHS, est unhersalis doctrinx e instauralio,a t publien 1652-55, n ) vol. hierogl/phiea r in-fol.;c'est le tome III qui contientles inscriptionseleves sur les principaux alors connus,ainsi que divers oblisques dtailssur les momies les idoles gyptiennes. et Pour donner une Ide de l'aplomb du clbre jsuite n l s allemand, ousmentionneronsa mystificationuivantecommisea son gard par un certain Andr Mlier. Celui-ci barbouilla un vieux parchemindes caractres sur baroques, de son invention.Il adressale dit parchemin P. Kircher au en lui insinuant que ces caractrespourraientbien tre gyptiens.Kircherrponditsur te champque c'taientbien deshiroglyphes, il en donnaex abruptoune traduction et : Ahuni disetomnetl

ISIS DVOILE tandis qu'avant les travaux du savant Danois, on admettait que les inscriptions hiroglyphiques fournissaient des textes ne traitant que de sujets mystrieux, connus seulement d'une caste privilgie, parce que ces textes roulaient uniquement sur les doctrines occultes de la philosophie Egyptienne. On croyait du reste, alors, que la masse entire des signes composant l'criture sacre des Egyptiens tait d'une nature purement idographique, c'est--dire que les caractres n'avaient aucun rapport direct avec le son des mots de la langue parle ; qu'ils reprsentaient seulement chacun une ide distincte. Les travaux de Saumaise, de Wilkins, de la Croze, de Jablonsky firent faire un pas en avant la science Egyptologique ; mais le premier ouvrage vraiment utile et important fut la Description de l'Egypte par la Commission Franaise institue par Bonaparte pour accompagner l'arme franaise en Egypte. Cet important ouvrage fut publi Paris de i8ao 1830, et ne comporte pas moins de 36 volumes de texte ou de planches. Ce fut galement le monument bilingue trouv Rosette, en aot 1799, par un officier du gnie, Bouchard, qui occupait la ville de Rosette, alors qu'il excutait des fouilles l'ancien fort. Ce monument pigraphique se compose d'un bloc de granit noir de forme rectangulaire ; il porte

ET LES CHAMP0LL10N OYPTOLOUES 7 sur l'une de ses faces trois inscriptions superposes en trois caractres diffrents, ce qui l'a fait dnommer aussi Inscription trilingue de Rosette. L'inscription suprieure, en partie fracture, est en criture Hiroglyphique ; le texte intermdiaire appartient une criture cursive gyptienne ; enfin la troisime est en langue et en caractres grecs. Chacune de ces inscriptions exprime un mme dcret rendu Memphis par la caste sacerdotale, pour dcerner des honneurs magnifiques au roi Ptolme V, Epiphane. C'est en comparant ces textes que Champollion trouva la Clef des hiroglyphes. Ds qu'il fut en prsence de ce monument, il fut persuad que les deux inscriptions Egyptiennes n'taient que l'expression fidle d'un seul et mme dcret en langue gyptienne de deux critures diffrentes; en effet l'une tait l'criture sacre ou hiratique et l'autre l'criture vulgaire ou dmotique, l'criture populaire. La possession de ces textes gyptiens avec leur traduction en langue grecque connue venait permettre la fin de pouvoir tablir des points nombreux de comparaison certains.et indiscutables. On pouvait ds lors abandonner le champ des hypothses et se circonscrire dans la recherche des faits.. Aussi, depuiscette dcouverte,les tudes

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gyptiennes marchrent lentement peut-tre, mais srement; on tait persuad d'obtenir des rsultats positifs, incontestables. C'est ce qui arriva. Ajoutons, nanmoins, que longtemps avant Franois Champollion, c'est--dire vers 1802, Silvestre de Sacy, qui avait reu un fac-simil de l'inscription de Rosette, avait examin le texte dmotique et l'avait compar avec le texte grec ; il publia mme bientt le rsum de ses observations et de ses recherches dans une lettre adresse Chaptal, ministre de l'Instruction publique d'alors. Plus tard, en 1844, l'Allemand Lepsius trouva un nouvel exemplaire de la mme inscription sur un oblisque de Philoe, laquelle inscription ne fit que confirmer ce qu'on savait dj, mais cette nouvelle preuve avait bien son importance (1). Champollion avait ouvert la voie et une pliade d'gyptologues poursuivit l'oeuvre du matre. Nous donnerons une mention spciale Ch. Lenormant, Prisse d'Avesne, Hector Horeau, Girault de Prangey, Mariette-Bey, Maspro, Chabas, de Roug, Grbaut,Pierret,D.M.-J. Henryetd'autrcsencore; mais de tous les gyptologues franais, celui qui a contribu le plus la lecture des hiroglyphes, c'est Champollion ; il mrite bien le nom de de (1) On peut voir l'inscription Rosetteavecun commentaire par Letronne, in fragmenta hislorieorumGracorum, 1 vol. in-8*,Paris, P. Didot, 1848.

CHAMPOLLION OYPTOLOOUES 9 ET LES Dchiffrenr des hiroglyphes que lui dcerne Georges Ebers dans son bel ouvrage sur l'Egypte moderne (i) : Le levier dont avait besoin la science pour forcer la porte derrire laquelle tait rest cach si longtemps le secret du sphinx tait trouv. Deux grands hommes, l'Anglais Thomas Young, qui s'tait dj distingu dans des sciences diverses, et Franois Champollion, en France, se mirent au travail en mme temps, mais indpendamment l'un de l'autre. Le succs couronna leurs efforts tous deux, mais Champollion mrite meilleur droit que son rival le titre de Dchiffrenr des hiroglyphes ; ce que Young conquit par instinct, notre Champollion le gagna pardes procds mthodique!* et le poursuivit avec tant de bonheur qu' sa mort, en 1832, il pouvait laisser une grammaire et un dictionnaire fort riches de l'ancien gyptien. Nous ne pouvons manquer de rappeler les belles paroles que Chateaubriand (ce n'est pas peu dire) pronona au sujet du savant pass trop tt l'immortalit : Ses admirables travaux auront la dure du monument qu'il nous a fait connatre. > Voici la voie que suivit Champollion pour arriver son but. (1) L'Eg/ptedu Caireh Phita, parGeorgesEbers,traduction de G. Maspro;Paris, Firmin-Didot, p.^et^. 1881,

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Les noms hiroglyphiques de Ptolme et de Cloptre, s'ils rendaient rellement lettre par lettre les noms de Ptolme et de Cloptre, devaient renfermer plusieurs lettres communes. Dans Ptolme le premier signe, un carr [~] devait signifier P, et il se retrouvait en effet dans c-l-e-o-Patra au cinquime rang, c'est--dire la place o on s'attendait le rencontrer. Do mme le troisime signe (le noeud de corde) de P-t-O'lme devait tre un O, et le quatrime (le lion) un L ; et ces hypothses furent reconnues exactes. Le Sudois Akerblad parvint, au moyen des noms de Ptolme Brnice et Alexandre, dcomposer les groupes de lettres qui les formaient, et lire ainsi un certain nombre de mots dont la langue copte lui fournit une explication, ce qui lui permit de dresser une sorte d'alphabet que Young prit pour point de dpart de ses recherches, et qui permit celui-ci de conclure la possibilit d'un alphabet semblable utilis pour crire des noms trangers dansles hiroglyphes. Mais, dit E. de Roug (i), de cette ide si juste et si ingnieuse en elle-mme, il ne sut tirer aucun parti. N'ayant pu saisir les rgies qui avaient t s du d'Ahmis, hefdes (l) Mmoireur t inscription tombeau c i nautonnters; aris, 1851, P in-4, s,fig.color.et 1 tableau

CHAMPOLLION ETLESEOYPTOLOOUES II suivies dans l'criture de ces noms propres, il manqua compltement l'analyse des cartouches de Ptolme. Si l'on ajoute cette premire ide d'alphabet sacr, des progrs assez notables dans la connaissance de l'criture vulgaire, la part d'Young sera faite avec justice. Le peu de place que sa mthode tient dans la science hiroglyphique se prouve clairement par sa strilit ; elle ne produisit pas la lecture d'un seul nom propre nouveau, et l'on peut affirmer hardiment que tous les sceaux du livre mystrieux taient encore ferms quand Champollion tendit la main pour les briser. Young n'avait reconnu que deux sortes d'critures; Champollion en distingue trois dans les manuscrits et il dtermine immdiatement leurs principaux caractres. Il reconnat d'abord Penchanement qui lie les hiroglyphes, signe par signe, avec une trs ancienne criture abrviative cursive, qu'il nomme criture hiratique. Il signale les diffrences plus tranches qui sparent de celle-ci l'criture dmoliqtte ou vulgaire, et c'est lorsqu'il a la mmoire toute pleine de ces formes diverses et de l'esprit mme de ces textes encore incompris qu'un nouveau point vient tomber entre ses mains : l'oblisque de Philoe lui est communique La dcouverte des lettres gyptiennes em-

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ployes pour crire les noim trangers n'taient qu'un premier pas; il suffit Champollion pour ouvrir toutes les portes de l'criture sacre, l'aide de nouvelles lettres hiroglyphiques, et lire quelques mots de l'Inscription de Rosette ; le sens lui est connu par le texte grec ; l'interprtation de ces mots se trouve naturellement dans la langue copte, et l'antique idiome de l'Egypte est ainsi dtermin. Nous avons voulu mentionner ici l'opinion d'un Allemand et celle d'un Franais pour bien dmontrer ce que la science doit Champollion, dont les travaux ont t le point de dpart de tous les autres gyptologues devenus ses vritables disciples.

II CHAPITRE CRITURE GYPTIENNE EScaractres gyptiens ont ceci de particulier, qu'ils imitent avec plus ou moins d'exactitude des objets existant dans la nature; c'est ce genre de caractres qui compose rcriture hiratique ou sacre des anciens gyptiens, criture dnomme par les anciens Grecs grammata hiera et mieux encore grammata hieroglyphica, d'o le terme de caractres hiroglyphiques, sous lesquels nous les dsignons aujourd'hui. A la grande rigueur, le nom de hiroglyphiques ne doit tre appliqu qu'aux seuls caractres sacrs peints, sculpts ou gravs, lesquels reprsentent des objets naturels, caractres dessins avec le plus grand soin et qu'on distingue des hiroglyphes linaires et des signes abrviatifs. CRITURE HIROOLYPHIQUE Cette criture tait ordinaire ment employe pour les inscriptions monumentales, soit dans les di-

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fices publics, soit dans les belles demeures prives; ces signes taient, nous venons de le voir, de vrais dessins parfois assez complexes; aussi, dans les manuscrits, pour faciliter la rapidit de l'criture, on substitua aux hiroglyphes dessins un abrg de l'objet reprsent ; ce n'tait plus pour ainsi dire que la structure, la carcasse de cet objet, ce qui permettait d'effectuer trs rapidement, mais de faon trs reconnaissable cependant, l'objet que le scribe voulait reprsenter. C'est ce genre d'criture qu'on nomme hiroglyphes linaires. Les hiroglyphes sont l'criture primitive gyptienne. Tous les monuments gyptiens, depuis le colosse jusqu'au plus petit amulette, tous, peu d'exceptions prs, portent des hiroglyphes;il est donc facile d'y tudier les caractres, l'criture, et par suite les arts et la civilisation de l'Antique Egypte, car ces inscriptions sont, pour ainsi dire, l'histoire mme du peuple gyptien grave, tant sont varies les reprsentations figures. Les hiroglyphes linaires desmanuscrits taient crits l'encre noire ou rouge sur des feuilles de papyrus lisses et colles bout bout; nous en parlerons plus loin, dans un chapitre spcial (chap.V). En rsum, les hiroglyphes linaires servaient pour l'criture usuelle, celle des manuscrits, abso-

GYPTIENNE CRITURE

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lu ment comme l'criture dmotique ; tandis que les grands hiroglyphes, correctement dessins, furent toujours employs pour les inscriptions monumentales ou lapidaires, et souvent comme moyen dcoratif, comme nous le verrons plus loin. CRITURE HIRATIQUE Cette criture prsentait la forme abrge des objets reprsents ; cette forme tait parfois si abrge qu'elle constituait une vritable tachigraphie hiroglyphique. Il fallait donc, pour l'crire, une grande sret demain, une longue pratique du dessin, ce qui nous explique en partie l'habilet et la haute valeur des artistes dessinateurs de l'Egypte, qui apprenaient ainsi dessiner en mme temps qu' crire, c'est--dire ds leur enfance. Il fallait donc s'exercer longtemps et longuement pour esquisser rapidement et sans confusion possible de si nombreux caractres, qui souvent ne se distinguaient entre eux que par de trs lgres diffrences. La caste sacerdotale soumit les caractres linaires une abrviation plus grande encore; elle simplifia tellement la forme des caractres qu'elle cra, pour ainsi dire, une criture nouvelle qui racheta par son extrme facilit tracer les

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signes, l'lgance et la richesse de l'criture hi roglyphique primitive. Cette seconde abrviation fut dsigne par les Grecs sous le nom de hiratique, parce qu'elle fut Imagine probablement parla classe sacerdotale, ou principalement employe par elle, Les caractres hiratiques sont galement dis poss en lignes horizontales et se succdent de gauche droite, et trs rarement en colonnes verticales. Parfois, certains manuscrits funraires prsentent, la fois, dans le mme texte, un mlange de caractres hiroglyphiques proprement dits et de signes hiratiques. CRITURE DHOTIOJJE Cette criture, bien que la plus rpandue puisqu'elle tait employe pour tous les actes civils : naissances, morts, mariages ; contrats, ventes et achats, etc., cette criture, disons-nous, est celle dont il reste le moins de spcimens ; aussi est-elle moins connue. M. Brugsch a ouvert la voie son dchiffrement par une grammaire et un recueil de textes dmotiques, c'est avec cette criture qu'on tablissait les textes magiques et mme les ' forme de il existe un roman rdig romans; conversation entre deux momies. L'criture dmotique, drive de l'criture hi

CRITURE OYPTIENNE

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ratique, qui est elle-mme l'abrviation premire de l'criture hiroglyphique, est fonde sur les mmes principes que celle-ci ; elle comporte le mme mlange d'lments phontiques et symboliques. Les dcrets de Canope et de Rosette nomment l'criture dmotique, l'criture des livres; elle est fort difficile dchiffrer pour plusieurs raisons; d'abord parce que souvent une mme ligature rpond des groupes hiratiques diffrents, ensuite parce que, gnralement, ces textes sont tracs avec de gros kasch ou haschamphti (roseau, calame ou pinceau), de sorte que les caractres sont gras et empts, ce qui rend trs difficile l'analyse et la sparation des lments de chaque mot, A quelle poque remonte l'invention de l'criure gyptienne? Il est bien difficile d'assigner une date et de rien prciser de certain cet gard ; mais par la perfection des formes des caractres de divers monuments, il est permis de conclure que cette invention remonte trs avant dans l'histoire du peuple gyptien ; elle a d survenir dans les premiers temps de son origine mme, si toutefois elle n'a pas t importe par les premiers habitants du'pays ayant migr de l'Asie en Afrique. Au dbut, les images reprsentes devaient tre des plus naves, elles taient loin d'avoir la finesse

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et la perfection que nous remarquons, par exemple sur les grands sarcophages de basalte ou de granit du Muse du Louvre ; ce n'est que par une longue pratique que cette criture a d atteindre la perfection que nous lui connaissons, et qui est si admirablement consigne sur les beaux monuments de la belle poque de l'art gyptien. DES DIFFRENTES DESIGNES ESPCES Aprs avoir dcrit les divers genres d'criture, il nous faut revenir l'criture hiratique pour dire qu'elle comporte trois classes de caractres nettement tranches : A, Lescaractres figuratif s ; B. Les caractres symboliques ; c, Les caractres phontiques. Chacune de ces classes de caractres procde par des moyens diffrents la notation des ides. Les caractres figuratif s expriment l'objet, dont ils prsentent h la vue une image plus ou moins fidle : ainsi le soleil est figur par une circonfrence avec un point central; la lune, par un croissant *, l'homme, la femme, les animaux; par leur reprsentation respective. Cette mthode de peinture des ides, la plus

CRITURE OYPTIENNE

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ancienne de toutes, a t dsigne par ls auteurs grecs sous le nom de curuola gich cata mimesin ou mthode mimique, mthode s'exprimant au propre pat imitation (i) Les caractres symboliques, dits aussi tropiques (de trop, forme), se formaient suivant des mthodes diverses, par lesquelles le signe se trouvait plus ou moins ressemblant l'objet servant noter l'ide. On procde la formation des signes tropiques par synedoche, c'est--dire en prenant la partie pour le tout : ainsi deux bras tenant, l'un, un trait, l'autre, un bouclier signifiaient une arme ou le combat (a) ; une tte de cheval, un cheval ; une tte de chacal, cet animal ; les prunelles de l'oeil signifiaient les yeux ou mme la tte en* tire. Ou bien encore l'crivain procdait par mtonymie c'est--dire qu'on reprsentait l'effet, pour la cause, l'instrument du travail pour le travail produit, la cause pour l'etTet ; par exemple le feu tait reprsent par un rchaud o par une colonne de fume ; le jour par le Soleil, la huit par la Lune et: les toiles ; l'criture par le roseau (i) Clment d'Alexandrie, Stromates,liv. V, p. yj. d. Potier. (a) Pierrot, Dlchd'arthologie^Egyptieune, p. 6. 2

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crire (calamus) ou par un pinceau runis la palette du scribe ou une critoire. On procdait encore par nigmes en utilisant, pour exprimer une ide, la repisentation d'un objet n'ayant que des rapports loigns avec l'ide exprimer, ainsi une feuille de palmier reprsentait Tanne, parce qu'on supposait que cet arbre ne donnait que douze feuilles par an ; une plume d'aile d'autruche reprsentait la justice, parce que toutes les plumes de l'aile de cet animal sont, dit-on, gales ; une tige de lis ou de glaeul signifiait la Rgion haute ou h.Haute Egypte, tandis que la tige ou la houpette du souchet (papyrus) dsignait la Rgion basse ou Basse Egypte, parce que le souchet ou papyrus croissait surtout dans les bas-fonds, dans les marcages du Delta de l'embouchure du Nil. Enfin, on procdait par mtaphores; on peignait un objet qui avait quelque similitude plus ou moins relle avec l'objet qu'il s'agissait de dsigner : ainsi on indiquait les airs, l'lvation par un pervier; la priorit, la supriorit, la prminence par la partie antrieure du lion ; la puret, la vertu, la.tendresse, par une tte de coucoupha, parce qu'on croyait que cet animal nourrissait ses parents devenus vieux ou infirmes ; le scribe sacr, le Hirogrammate tait figur par un chacal sur ses pieds ou pos sur un socle,

OYPTIENNE CRITURE

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pirce que ce fonctionnaire devait garder comme un chien fidle les choses sacres et les crits qu'on lui confiait (i). Les caractres phontiques procdaient par la notation de la voix (phdn) ou des articulations isolment exprimes, au moyen de caractres particuliers et non par l'annotation des syllabes, de sorte que la srie des signes phontiques constituaient non un syllabaire, mais un vritable alphabet. considrs dans Les caractres phontiques, leur forme matrielle, furent des reprsentations, des images d'objets matriels, plus ou moins dvelopps ; le principe fondamental de la mthode phontique consiste reprsenter une voix ou une articulation par la reprsentation d'un objet physique dont le nom, en langue gyptienne, avait pour initiale la voix, le son ou l'articulation qu'il s'agissait de noter. Que les caractres fussent idographiques ou phontiques, on lisait un texte gyptien, comme nous lisons aujourd'hui une page d'algbre. Disons, en terminant ce chapitre, qu'il y avait galement des noms communs exprims symboliquement ; dans ce cas, des signes symboliques ou tropiques remplaaient souvent dans l'criture (i) Horapollon,lv. I, lli/rogl., 38. l

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un grand nombre de noms communs ; les caractres phontiques ne notaient donc pas ici les sons de ces mots : ainsi le miel tait not par une abeille et un vase ; la soif par un veau courant, au-dessus duquel se trouvait le signe eau ; le mois, par le croissant de la lune renvers, au* dessous duquel se trouvait une toile, etc., etc.

CHAPITREIII SIGNIFICATION DE DIVERSES FIGURES

GROUPEMENTS IROGLYPHIQUES H avoir expos la signification des PRS diverses critures ou caractres gyptiens, il nous parait utile d'expliquer la signification de diverses figures. LE ROI est reprsent par un personnage ayant la tte couverte de la coiffure nomm Pschent, symbole de la domination sur les rgions suprieure et infrieure de l'Egypte ; il tient dans la main un sceptre. Ou bien encore par un personnage sur le front duquel on voit, attach sur sa coiffure, l'aspic ou serpent royal nomm Uraws, insigne du pouvoir suprme. Ce serpent, en gyptien haj, a la queue replie sous le reste du corps, nous dit Horapollon (i) ; les gyptiens l'appellent Ouranos, les Grecs BasHiscoir'-et son image en or est place sur la tte des Dieux >.'> " .--.*. ' .. V. t^ ;J>^vti . .';., M -.'.j:> il *.**A'S.; V : : [tyUVifHUrOfl.i - a.

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I5ISDVOILE

Ce mme personnage peut tre assis l'gyptienne, le front toujours orn de X'Urctus et tenant dans sa main un Pcdum ou bton recourb et un fouet, signes du commandement ; le premier de ces attributs divins est l'emblmede la modration, et le second de l'excitation. Une troisime reprsentation du roi consiste en un personnage portant la coiffure du Dieu Ptah, instituteur de la royaut, coiffure commune ce dieu et aux souverains de l'Egypte. ' UNE est REINE reprsente par une femme coiffe duPscheni et tenant dans la main un fouet; disons on passant que le fouet et le Pedum (bton pastoral), lorsqu'ils sont employs isolment dans les textes hiroglyphiques, expriment l'ide de roi, de chef ou Directeur Suprme. UNAN,en un mot le -'UN CHEF,UN.COMMANDANT, Premier Personnage d'une hirarchie quelconque, est figur par un homme debout, tenant un sceptre dans sa main droite et une bourse dans sa main une gauche; et, rciproquement, une COMMANDANTE, AtsE par une femme portant les mmes insignes. . LEPRTRE charg dfaire des libations est figur par un. homme debout, toujours tte' rase, JLenant dans sa main droite un vase libations, duquel s'coule de l'eau..-; .-..:... Grainmate ou Hirogrammate, LE SCRIBEACR, S est reprsent par un homme accroupi, tte rase,

DISDIVERSES FIGURES SIGNIFICATION

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qui tient dans sa main droite ramene sur sa poitrine une palette d'crivain, dnomme canon chez les Grecs, parce qu'elle servait aussi de rgle (i). LE un LE SOLDAT, GUERRIER, membre del caste militaire, sont figurs par un homme accroupi portant en bandoulire un carquois rempli de flches, tenant dans sa main gauche une lance. Nous ne mentionnerons pas d'autres exemples, car, on le conoit, cela nous entranerait fort loin, et nous passerons au groupement des objets figurs par les hiroglyphes ; ces objets ont t groups par les Egyptologues en seize genres principaux. i. Corps clestes : soleil, lune, toile, ciel. 3. Hommes ou Femmes de tout ge, dans des positions et des attitudes diverses ; }. Divers membres on parties du corps humain : tte, yeux, oreilles, bouche, bras, mains, cuisses, jambes, pieds, etc. ; 4. Animaux domestiques ou sauvages : boeuf, taureau, vache, veau, cheval, cinocphale, chacal, gazelle, lion, etc. ; Oiseaux : aigle, pervier, chouette, hiron5. delle, ibis, geai, pluvier, etc. Uv. (1)Horapollon, I. Hirojl.,\'

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6. Reptiles : craste, couleuvre, serpent, vipre, crocodile, grenouille, lzard, etc. ; j. Certains insectes : scarabe, scorpion, mante ou religieuse, libellule, abeille, etc.; 8. Poissonst Latus, lpidote, oxy ry nchus, etc. ; ~ Vgtaux: lotus et sa fleur, palmier 9. et sa fronde, persa et son fruit, papyrus (souchet), etc. ; 10. Objets du costume ou Vtements:diverses coiffures; pschent, couronne, mitre, bracelet, collier, pagne, sandales, etc. ; 11. Armes, insignes divers : arc, flches, traits, pedum, sceptre, fouet ; lit funbre, trne, coffre, siges, etc. ; 19. Vases et ustensiles divers : vase brler l'encens [amschir), vase parfums, vase libations, bassin,corbeille, natte, van, etc. ; Instruments et ustensiles divers Mhorbe, \y. palette d'crivain, critoire, calame ou roseau crire, papyrus vierge, couteau ou grattoir, scie, hache, croix ovode, faussement dnomme anse ; 14. Edifices et constructions diverses : Ob-

SIGNIFICATIONDIVERSES DES FIGURES

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lisques, statues, stles, autels, naos, bari (barque sacre), propylons, pylnes, etc. ; 15. Formes gomtriques et mesures ; carr, triangle, rectangle, pyramide, coude, cercle, quart de cercle, toile, etc. ; 16. Enfin des Monstres ou Animaux: sphinx, blier corps humain ; Uroeus, etc. Ajoutons que dans chacun des groupes que nous venons de mentionner, il y avait des subdivisions, de sorte qu'on peut dire que les signes figurs taient certainement au nombre de prs de deux mille.

IV CHAPITRE LES HIROGLYPHES

MOTIFS DCORATION DE ous avons vu prcdemment que l'criture hiroglyphique tait destine aux monuments, nous ajouterons qu'elle tait galement utilise pour leur dcoration. Aussi, les Egyptiens, en grands artistes qu'ils taient, ne ngligrent rien pour augmenter l'effet dcoratif des hiroglyphes; ils employrent la couleur pour enluminer et orner les colonnes et les chapiteaux, les plafonds et les murs, sur lesquels se trouvaient des sortes de bas-reliefs, forms par les inscriptions; celles-ci taient tantt peintes simplement sur une paroi lisse, tantt graves en creux avec ou sans couleur, enfin en relief mplat dans le creux mme de la sculpture, ce qui indique un bas-relief tout fait plat. En rsum, l'criture hiroglyphique monumentale fut excute de quatre manires: i Sculpte et sans couleurs;

LESHIROGLYPHES

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a Grave avec ou sans couleurs ; 0 a, Sculpte et peinte monochrome ou polychrome ; 4 Dessine sur des parois lisses fond blanc ou de couleur, et peinte ensuite en peinture polychrome. C'tait seulement au moyen de teintes plates que les Egyptiens enluminaient leurs hiroglyphes ; il y a lieu d'observer ici, que certaines couleurs ou teintes taient toujours employes d'une manire conventionnelle pour reprsenter certains objets ; par exemple le bleu reprsentait le ciel, le jaune la lune, le rouge la terre, un bleu vert (pers) ou vert ple (eau du Nil) l'eau. Dans la figure humaine, les chairs sont en rouge d'un ton plus ou moins fonc, la tunique est blanche ; la coiffure, quand elle se compose uniquement d'une perruque, est bleue. Quant aux plis des draperies, ils sont reprsents par des traits rouges d'une grande tnuit dans les lumires et de traits renforcs, pais dans les ombres ou les noirs. Chezla femme, les carnations sont jaunes ; leurs vtements sont tantt blancs, tantt verts ou rouges. Quand les signes hiroglyphiques reproduisent les diffrents membres du corps humain, ils sont toujours colors en rouge.

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Les objets de bronze sont peints en vert, ceux de fer en minium, brun Van-Dyck () ou rouge brun ; les objets en bois, les charpentes sont peintes en jaune; quant au bleu, cette couleur parait avoir t surtout rserve aux formes gomtriques et aux plans des difices. Nous n'insisterons pas davantage ici sur la coloration des hiroglyphes et leur emploi dcoratif ; nous aurons occasion d'en parler incidemment en traitant des boites momies, ainsi que des hypoges qui les renferment, et nous terminerons ce court chapitre en disant que rien n'galait la richesse dcorative des monuments gyptiens, temples, pylnes, hypoges, palais dcors de toute part de ces peintures hiroglyphiques, qui non seulement charmaient la vue, mais qui souvent encore prsentaient l'esprit du penseur et du philosophe de grandes et nobles penses. (t) Ce terme > Le P. Kircher joue ici sur les mots; en effet, comment peut-il savoir si les Egyptiens faisaient de l'or avec un lixir ou avec une pierre ? Pour nous, il suffit qu'il constate le fait. Or, le P. Kircher le constate formellement dans le mme passage de son OEdipe, quand il dit : Il est constant que ces premiers hommes (les Egyptiens) possdaient l'art de faire de.l'or, soit en le tirant de toute sorte de matires,.soit en transmuant les mtaux, que celui qui en douterait ou qui voudrait le nier se montrerait parfaitement ignorant en histoire. (C'est nous qui avons soulign ces lignes.).... Les prtres, les Rois, les chefs de famille en taient seuls instruits. Cet art fut toujours conserv dans un grand secret, et ceux qui en taient possesseurs gardrent toujours un profond silence cet gard, de peur que les laboratoires et les sanctuaires les plus cachs de la Nature tant dcouverts au peuple ignorant, il ne tournt cette connaissance au dtriment et la ruine de la Rpublique. L'ingnieux et prudent Herms, prvoyant ce danger qui menaait l'tat,

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eut donc raison de cacher cet art de faire de l'or sous les mmes voiles et les mmes obscurits hiroglyphiques, dont il se servait pour cacher au peuple profane la partie de la philosophie qui concernait Dieu, les Anges et l'Univers. Ainsi, que ce soit au moyen d'une pierre ou au moyen d'un lixir, le P. Kircher reconnat parfaitement que les Egyptiens pouvaient faire de l'or. Mais un auteur, Haled, dans ses Commentaires sur Herms, est encore plus explicite; il nous dit en effet : qu'il y a une essence radicale primordiale, inaltrable dans tous les mixtes, qu'elle se trouve dans toutes les choses et en tous lieux; heureux celui qui peut comprendre et dcouvrir cette secrte essence et la travailler comme il faut t Herms dit aussi que l'eau est le secret de cette chose, et l'eau reoit sa nourriture des hommes. Marcuna ne fait pas difficult d'assurer que tout ce qui est dans le monde se vend plus cher que cette eau; car tout le monde la possde; tout le monde en a besoin. Abuamil dit, en parlant de cette eau, qu'on la trouve en tout lieu, dans les. plaines, les valles, sur les montagnes, chez le riche et le pauvre, chez le fort et le faible. Telle est la parabole d'Herms et des Sages touchant leur pierre ; c'est une eau, un esprit humide, dont Herms a envelopp les connaissances sous des

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figures symboliques les plus obscures et les plus difficiles expliquer. - Cette matire, cette essence provenant d'un feu cach et d'un esprit humide, il ne faut pas s'tonner que Herms nous l'ait reprsente hiroglyphiquement sous le symbole d'Osiris, qui veut d\re feu cach, car il est roi de la rgion infrieure (regio inferna) et d'isis qui, considre comme identification de la Lune, signifie Nature humide. Nous conclurons donc en disant que l'Art sacr gyptien est devenu, au moyen ge, l'alchimie et, de nos jours, la chimie. Ce qui dmontre une fois de plus que la science, toujours une, toujours la mme, revt des formes diverses pour chacune des priodes qu'elle traverse. Cette filiation montre aussi combien notre chimie moderne doit l'alchimie, et par suite l'Art sacr gyptien. Cependant une certaine coterie n'a pas assez de sarcasme pour ce moyen ge, auquel nous devons tant. En effet, en feuilletant l'histoire, nous voyons, livre en main, que du ix au xvi* sicle, si les artistes et les savants n'taient pas aussi nombreux qu' notre poque, ils furent, la plupart, des hommes trs illustres; ce sont eux qui ont cr notre architecture nationale, peupl nos muses, malgr tout ce qui a pri, d'un trs grand nombre d'oeuvres d'art; ensuite, nous somms bien obligs

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de reconnatre que les alchimistes ont t les crateurs, les pres de notre chimie moderne (i). Ces pauvres alchimistes ne clamaient pas leurs dcouvertes par-dessus les toits, mais ils les consignaient dans les livres et les enveloppaient de symboles et d'allgories que, seuls, pouvaient comprendre les initis. S'ils cachaient avec tant de soin leur science, c'est qu'ils avaient de bonnes raisons pour agir ainsi, il pouvait leuren coter la vie ou tout au moins la libert. Ensuite, les alchimistes du moyen ge avaient une grande qualit : la patience. Jamais un insuccs ne les rebutait. Un philosophe hermtiste, en train d'oprer, venait-il mourir au milieu de l'opration du Grand-OEuvre? son fils la continuait, car il n'tait pas rare de voir un pre lguer, par testament, son fils les secrets d'une exprience incomplte. Quant nous, au lieu de nous moquer de ces ce (i) A propos des chimistesgyptiens,.voici que nous disonsdansnotre Dictionnaire aisonn R tome d'Architecture, EGYPTIEN 11,verbo (art.). mPeinture. Si les gyptiensne furent pas de grands i e peintres,ls furent,jusqu'un certainpoint,coloristes; ntous colorantes cas, leurs prparations pourraientles faire passer, pour d'excellentschimistes,car aprs quatre mille ans, les tonsqu'ilsont employs e sont conservs, s dans beaucoup de locauxferms,aussivifset aussibrillantsque le jour de leur emploi. C'tait aux prtres qu'tait rserve la charge de peintre...etc. et 4 vol. in-8 Jsus, dition. Paris, Firmin-Didot G*.

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alchimistes, nous les admirons, et loin d'tre surpris du peu de valeur des travaux alchimiques du moyen ge, nous sommes plutt tonn du peu de progrs accomplis par notre chimie moderne. Il ne faut pas perdre de vue, en effet, que si, aujourd'hui, une dcouverte rapporte son auteur honneur, gloire et profits, c'tait tout le contraire au moyen ge. Puis, nos chimistes ont eu leur disposition des matriaux, ceux que leur ont lgus les alchimistes; ceux-ci n'avaient rien, il leur a fallu crer de toutes pices l'Art sacr des Egyptiens; ils ont eu le grand mrite de renouer la chane interrompue entre l'antiquit et les temps modernes. Honneur donc aux alchimistes, les dignes disciples de l'Art sacr Egyptien I Que de dcouvertes par eux faites, qu'ils ont t obligs d'entourer de mystres si pais, que la plupart ont t perdues, pas peut-tre pour tous les savants I L'illustre et regrett Chevreu!, notre grand chimiste contemporain,, l'auteur ) Au momentmmeo nous corrigeonsces preuves, 30 janvier 1897,la peste nous venantde Bombayvient de faire son apparition en Europe.Si ce flaunousvient de l'Inde, il n'en passe pas moins par l'Egypte, en traversantle canal de Suez.

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criptions liturgiques et sauvegard par les prires et crmonies religieuses, le dfunt disait par la bouche du ker-heb : J'arrive ayant fait embaumer mes chairs. Mon corps ne se dcomposera pas. Je suis intact, aussi intact que mon pre Osiris-khpra, dont l'image est l'homme, dont le corps ne se dcompose pas. Viens former mon corps en matre de mes souffles, puisque tu es le Seigneur des souffles, aussi bien que pour... Etablis-moi, fais-moi matre de la spulture (1) . Le grand-prtre (Sam) ou l'assistant du ker-heb (Sotem) accomplissait la crmonie de l'ouverture de la bouche l'aide du Non, instrument lame de fer plusieurs fois coude, qui avait un manche en ivoire ou en bois. Cet ustensile tait consacr Anubisten Egyptien Ancpou), Dieu funraire, comme Osiris, mais qui lui tait suprieur dans la hirarchie divine. Anubis, Dieu de l'ensevelissement, tait dit : Prsidant Vembaumement, Guide des chemins, qui fraye les chemins d'outretombe. Pourquoi ouvrait-on la bouche de la momie? C'tait pour permettre au dfunt de profrer le Ma-hherou c'est--dire la Vrit de la parole. C'tait alors (aprs l'ouverture de la bouche) du (1)Ch. CLIV, Litre des Morts, trad. Pierret. A du partird'ici noussuivronsdansce qui suit la traduction mmeauteur.

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que souvent on plaait sur la tte du dfunt une couronne funraire de paille, la couronne de vrit, afin de l'investir du Ma-kherou, cet attribut divin que lui confrait le chapitre xix du Livre des Morts, dont voici une partie : Dit l'Osiris N... : ton pre Toutu a dispos cette belle couronne de vrit de parade ton front ; tu vis aim des Dieux et vivras toujours, car Osiris rsident de l'Ouest a fait ta parole, tre vrit contre tes ennemis ; ton pre Seb t'a transmis tout son hritage. Va, commande par la vrit del paroled'Horus, fils d'Isis et d'Osiris sur le trne de ton pre Ra pour le renversement de tes ennemis... L'homme qui dira ce chapitre (i) aprs s'tre purifi dans l'eau de Natron, sortira avec le jour aprs l'ensevelissement, il fera toutes ls transformations que lui suggrera son coeur, il passera travers le feu en vrit. Cette premire crmonie accomplie la maison mortuaire, la momie tait dpose dans ses gaines ou cercueils et le cortge se mettait en marche pour se rendre au lieu de la spulture. Les parents et les pleureuses ouvraient la marche ; c'tait ensuite le coffret funraire, ou les vases canopes, la barque monte sur des roues, et dans laquelle reposait le cercueil. Devant ou derrire (i) Chap, xx, du mmelivre,

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la barque, on voyait les sacrificateurs conduisant une gnisse et un veau ; ce. dernier, symbole de la nouvelle naissance qui devait donner au dfunt la vie ternelle. Il y avait ensuite huit personnages ou prtres portant des enseignes sacres, enfin la foule des invits. Arriv au lieu de la spulture, les prtres offraient un sacrifice aux Dieux et de nombreuses offrandes. Chaque prtre lisait tour de rle certains passages du Livre des Morts, et l'un d'eux faisait des libations en l'honneur de la momie qu'il confiait Anubis. Dans les funrailles, le deuil se manifestait par des danses particulires; un bas-relief de Saqqarah nous montre une scne que Mariette-Bey dcrit ainsi (1) : Des femmes sautent avec les plus tranges contorsions; d'autres font retentir une sorte de tympanutn. Des hommes marchent grands pas en agitant une tige de roseau. Ces danses funbres sont encore pratiques de nos jours dans la plupart des villages de la Haute Egypte. Ce que les bas-reliefs de Saqqarah n'ont pu rendre, ce sont les ululations discordantes, dont ces danses sont accompagnes. * Ces crmonies accomplies, le cercueil tait dpos dans son tombeau, il tait soit adoss l'une des parois de la chambre spulcral soit (1)Sur lestombes et ancien d empire Vonfrmve a Saqque qarak,in-8,Paris, 1868.

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enferm dans un sarcophage de porphyre ou de granit. le dfunt tait un roi ou un personnage Quand del famille royale, c'tait une pyramide qui lui servait de tombeau ; quand la momie tait celle d'un haut fonctionnaire seulement, on la plaait dans un hypoge.

CHAPITRE XXII HYPOGES, PYRAMIDES, NCROPOLES, SPHINX ARMI monuments de l'Egypte, ceux les qui frappent le plus d'tonnement le voyageur par leur masse imposante, ce sont les pyramides. Leur destination a fourni matire de nombreuses dissertations, mais aujourd'hui, on sait fort bien que ces constructions purement funraires taient destines des spultures royales. Hrodote, qui confirme cette destination, nous donne l'gard de ces difices des renseignements que nous allons reproduire ici en partie, pour permettre au lecteur de se faire une ide de l'immense travail qu'il a fallu accomplir pour riger ces constructions gigantesques. Voici ce qu'Hrodote nous apprend relativement la pyramide de Chops (i) : Il (Chops) condamna indistinctement les Egyptiens aux travaux publics. Les uns furent contraints tailler les pierres, dans les carrires de la chane Ara(i) T. I", liv. H, p. 146,traductn Miot,EditionDidot, M

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bique, et de les traner jusqu'au Nil; d'autres recevoir ces pierres qui traversaient le fleuve sur des barques et les conduire dans la montagne du ct de la Lybie. Cent mille hommes, relevs tous les trois mois, taient continuellement occups ces travaux; et dix annes, pendant lesquelles le peuple ne cessa d'tre accabl de fatigues de tout genre, furent employes faire seulement un chemin pour voiturer les pierres, ouvrage qui ne parat pas infrieur l'lvation mme de la qui cota vingt annes de trapyramide vaux..... Sur une des faces de la pyramide, on a marqu en caractres Egyptiens, la quantit de raves, d'oignons et d'aulx qui ont t consomms par les ouvriers ; et si je me rappelle bien ce que mon interprte m'a dit en me traduisant l'inscription, la dpense pour ces seuls aliments a t de mille six cents talents d'argent (1) Chops pour subvenir ces dpenses en vint de tels excs, que, manquant de ressources, il exigea de sa fille qu'elle se prostitut, et qu'elle lui procurt de cette manire autant d'argent qu'elle le pourrait. On ne m'a pas dit quelle somme elle amassa par ce moyen d'aprs les ordres de son (1) Bien qu'il soit difficilede dterminer exactement cette valeur en francs, on peut l'valuer a 8,800,000francs, le talent attique reprsentantune valeur de 5,500francs; c'est probablement le talent attique qu'Hrodote vise dans son texte.

HYPOOKS

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pre, mais on m'a assur qu'ayant form le projet dlaisser aprs elle un monument sous son propre nom, elle avait exig que chacun de ceux avec qui elle avait' eu commerce lui ft don d'une pierre, propre tre employe dans les ouvrages qui s'excutaient alors, et qu'elle avait fait lever avec ces pierres la pyramide qui se trouve au milieu des trois, en face de. la grande. Nous ne poursuivrons pas ce rcit d'Hrodote, qui nous parat un peu bien fantaisiste. Il nous parait difficile d'admettre qu'un Pharaon ait pu exiger la prostitution de sa fille pour se procurer des ressources, surtout quand il s'agit de trouver des vingtaines de millions, car si les radis, les oignons et les aulx consomms par les ouvriers s'levaient prs de neuf millions de francs, combien faut-il compter de millions pour payer l'outillage, la machinerie, les vtements et autres dpenses ncessites par ces travaux (i). Ht quel contingent aurait pu fournir la pauvre fille du Pharaon dans tout cela ? On doit donc ranger parmi les fables ce petit conte d'Hrodote, de mme que la haine que nous informe (t) Un papyrusde la fia de la xx*dynastie qu'on payaitles ouvriersen nature, mais il nousapprend aussiqu'indpendamment raifortset des oignons, n leur des o distribuait des d du galement bl, de la viande, es poissons, e des lgumes t certainement vtements, uoiquele papyrus q n'en fassepasmention.

ISISDVOUA *-*-=- - * -p----s'taient attire, d'aprs cet auleur, (Jhops, Chephrem et Mycrinus, en imposant aux Egyptiens de ces corves considrables pour la construction de leur pyramide; nous savons, au contraire, que ces trois pharaons furent honors aprs leur mort d'un culte tout spcial, probablement cause des travaux qu'ils avaient excuts. Mais n'insistons pas plus longtemps sur ce rcit et parlons des pyramides, qui font partie de la vaste Ncropole de Memphis(i) qui s'tnd des pyramides de Gizeh aux tombeaux de Saqqarah, village arabe, dont les principaux monuments sont la pyramide degrs, les tombeaux de 77 (a}, de Ptah-Hotep (3), enfin le Sraju'uin, c'est--dire le lieu de spulture des Apis morts pendant une longue suite de sicles. La Pyramide de Saqqarah daterait de la seconde dynastie, de la premire mme, suivant Mariette (4); sa construction, bien que remontant 1)8 le (1) D'aprsde Rong nom populairede Memphistait Mentftr, c'est--direle bonPort, maisce terme ne figurepas dansles textes antiques. d (s) Haut fonctionnaire e la v* dynastie. ()) Rdacteurdu Papyrus Prisse d'Avant, qui tait fils d'un roi de la v* dynastie. (4) Itinlralrt Jet invlUs du Kk/dhti Si les traditions sont vraies, si le lieu dont cette pyramideoccupe le centre s appellekkomJ si le roi Ounnphsfit btircette pyraet mide en ce lien, il s'ensuivrait que la pyramidei degrs remonte la premiredynastie et qu'elle est par consquent le plus ancienmonument e l'Egypte et do monde, d

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pl\)s de 6,000 ans, tmoigne, cependant, d'un art trs avanc, soit par sa superbe taille, soit par l'appareillage exact de ses normes blocs. La plus grande pyramide deGizeh, dont la base est un carr de 997 mtres de ct devait mesurer primitivement 146 mtres de hauteur; cet ensemble donne en chiffres ronds un cube de 9,577,000 mtres qui aurait pu fournir des pierres pour construire un mur de deux mtres de hauteur, un mtre d'paisseur et 1,288 kilomtres ou laa lieues de longueur et cette norme masse ne servait qu' abriter une momie ! La pyramide renfermait plusieurs chambres spulcrales et un ou plusieurs couloirs qui avaient des directions diverses, afin de djouer les calculs coupables de ceux qui auraient t tents de violer les spultures. Les matriaux employs pour la construction sont des calcaires, mais parfois l'intrieur de la chambre principale a les revtements de ses parois en granit ; c'est dans cette chambre que se trouve la momie pour laquelle le monument a t rig. L'entre de la pyramide est toujours cache avec le plus grand soin sur le parement extrieur qui tait une pierre polie. Parfois, les couloirs qui vont d'une chambre l'autre communiquent entre eux, mais, ils sont 14.

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toujours coups dans leur parcours par des puits trs profonds, creuss dans le roc mme qui sert d'assise la pyramide. de certaines pyramides D'aprs Manthon, Memphis seraient les plus anciens monuments de l'Egypte, ce qui confirmerait l'opinion de Mariette (i). Nous venons de voir que dans la Basse Egypte, les pyramides taient la dernire demeure des rois et des grands fonctionnaires de l'tat. Dans la Haute Egypte, les mmes personnages ainsi que les divers membres de leur famille taient enterrs dans des hypoges ou immenses excavations creuses dans les flancs des montagnes. L'entre de ces hypoges tait parfois visible, mais plus souvent cache ; un simple simulacre de porte tait taill sur le flanc mme du rocher. Un grand nombre de couloirs conduisaient, par des issues dissimules, dans la grande. chambre spulcrale, dans laquelle se trouvait ordinairement un sarcophage en granit ou en basalte. Bien des hypoges ont leurs parois latrales et mme leurs plafonds couverts de sculptures intailles et colories ; ces mmes parois sont souvent dcores d'inscriptions hiroglyphiques. Ces peintures reprsentent des crmonies fun(i) Voir la note 4 de la page938.

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bres, des dtails sur l'inhumation, la pompe des funrailles, la visite de l'me du mort aux Divinits principales, les offrandes aux Dieux, la prsentation do l'aine du dfunt par son gnie protecteur au Dieu suprme de YA menti, enfin l'apothose de cette mme me. Trs souvent, les scnes de la vie civile figurent concurremment avec les scnes funraires ; ce sont les travaux de l'agriculture, les occupations domestiques, des runions de musiciens et de danseurs; quant aux plafonds, ils sont gnralement dcors de sujets astronomiques. Les peintures des hypoges sont du reste trs diverses ; quelques-unes mmes nous montrent des femmes acrobates excutant quantit de tours de force ou d'adresse, des danseuses de corde, des sauteuses excutant des sauts prilleux et des mouvements de souplesse extraordinaires, pliant leur corps de toutes faons et excutant des dislocations la manire de nos clowns modernes. Les hommes faisant les mmes exercices devaient tre fort rares, car on voit bien moins de leur reprsentation. Les femmes saltimbanques avaient, comme do nos jours les ntres, un costume spcial, une sorte de gros caleons courts couvraient depuis le haut des cuisses jusqu'aux reins, et, afin que leurs seins ne pt les gner dans leurs exercices ou pour les

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protger de tout froissement, ils taient renferms dans des sortes d'tuis dont une toffe souple et lastique serrait les globes, mais l'toffe tait si fine et si transparente qu'elle constituait un vritable trompe-l'oeil et que les seins paraissaient entirement nus. Les bayadres modernes qui, en Orient, excutent des tours d'adresse ont le globe de leurs seins ainsi retenu. Dans un ouvrage intitul : Livre de ce qui est dans Yhmisphre infrieur(i) nous voyons, avec la description de cette rgion, des scnes et des lgendes qui taient graves sur les parois des tombes royales et quelquefois sur les sarcophages mmes. Les figures se terminent gnralement droite du spectateur par une reprsentation du soleil et du mort passant d'un hmisphre l'autre, c'est-dire une image du lever de l'astre et de la rincarnation de l'me, de l'tre ; celui-ci avant sa renaissance est figur sous la forme d'une momie (Sahou) (a). (i) Ce livre est divis n douze sections correspondant aux douzeheures de la nuit, durant lesquellesle Soleil, qualifi par le texte de Dit* grand, parcourt dans sa barque divine, un certain espacedes eaux de l'Outrais. A cet espace cleste correspond le champ dnomm VAanron (Elysesgyptiens) cultiv par les mneson Esprits, lequel champ Atron de long sur uo de large. mesure"309 tait aussi le nomde la constellationOrion, la(s) SakoM quelle devait tre identifi VOsirisou dfunt, d'o le nom de Sakoitdonn parfois la momie.

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Les riches particuliers se faisaient galement inhumer dans les hypoges, .'eur tombeau se composait d'une ou plusieurs sali >s funraires, mais c'tait toujours dans la dernire qu'on plaait le sarcophage do la momie. On parvenait la premire par un puits de plusieurs mtres de profondeur, l'entre des chambres tait place sur un des cts du puits, mais toujours dissimule soigneusement, car le mme appareil en pierre rgnait sur les faces du puits carr ou sur le pourtour du puits circulaire. De cette entre, on pntrait dans la premire chambre, de celle-ci, une seconde porte galement cache donnait accs dans une seconde ou une troisime chambre ; dans la dernire se trouvait, comme nous venons de le dire, un sarcophage qui contenait deux ou trois cercueils s'embollant l'un dans l'autre ; deux taient en bois, et le dernier, en carton, constituait ce qu'on nomme la Botte de la momie. Indpendamment des peintures dcoratives, qui ornaient les chambres spulcrales, on y voyait encore des figurines en bois hautes de 0,80 cent., 1 mtre ; elles reprsentaient la femme ou la fille du dfunt apportant des offrandes dans un coffret charg sur la tte et dans une amphore porte la main. Ces figures avaient chacune ct d'elles, des barques de 0,60 0,65 cent, de

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longueur ; l'une dcore d'un baldaquin attend la momie et pour occuper leur loisir jusqu' l'arrive de celle-ci, l'une des femmes coule la lessive dans une grande jarre, l'autre lave une tunique sur une planchette incline, la manire de celle de nos lavandires modernes. La seconde barque montre la momie dj place sous le baldaquin ; autour d'elle, on voit la femme et la fille du mort, la face incline sur la momie, elles versent des larmes abondantes et leur chevelure couvre leur visage. Leur attitude exprime la plus profonde douleur (i); la barque va partir sous l'effort vigoureux que se prparent donner seize rameurs arms de leur aviron. Ils vont commencer le voyage qui |doit conduire la momie travers le lac noir qui aboutit PAmenti. Enfin d'autres reprsentations montrent des scnes des plus varies. L'intrieur des tombeaux taient garnis de meubles et d'ustensiles ayant appartenu au dfunt, et pour lesquels, il avait tmoign pendant sa vie, une prdilection marque; c'taient de petits meubles, des figurines ou statuettes d'offrandes, dont nous venons de parler. On a trouv dans quelques tombeaux, des rt, (i) Dans la collectiond M. Ern. Gamba a Nice, on voit un tableau d'AlmaTadema,qui rprsenteune femmeEgyptienne se lamentantainsi sur le sarcophage son poux. de

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boites pour cosmtiques, onguents, aromates, enfin de menus objets de toilette qui nous montrent des spcimens de l'bnisterie antique. Les coffrets ou boites sont ouverts ou pourvus de couvercles, qui pivotaient sur une cheville ; quelques boites sont en ivoire sculpt ou grav. On voit galement dans les tombeaux, auprs des boites momie, des critoires et des palettes de scribe de diverses matires; nous avons vu prcdemment que les mmes objets taient placs parfois auprs de la momie mme ; ceux-ci taient dposs auprs du dfunt, pour satisfaire un devoir que nous trouvons consign dans le chapitre xciv du Livre des Monts, lequel chapitre contient une prire Thoth, idieu de l'criture, prire que devait rciter le dfiunt en prsentant ce dieu une critoire et une palette ; voici, d'aprs M. Pierret, le texte de ce chapitre : O grand voyant qui voit son pre I O gdrdien des Livres de Thoth, je me prsente, j'arrive, j'ai mon intelligence, j'ai mon me, je praux, je suis muni des crits de Thoth. Le serpent^Aker de Set recule. J'apporte la palette, j'apporte* l'critoire, mes mains tiennent les Livres de T *oth, les mystrieuses archives des Dieux. Me \Mci. Je suis scribe en vertu de ce que j'ai crit, /apporte les impurets d'Osiris. Les livres que j'fi

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faits, Thotr un que ce sont de bons livres chaque jour. Toute spulture Egyptienne possdait une chaouverte certains pelle extrieure (Oratoire), anniversaires ; elle contenait des bas-reliefs, des stles, des statues, des tables d'offrandes, etc. Les pyramides avaient des temples dans leur voisinage ; les Cotchjftes taient prposs la garde des hypoges, des pyramides et de leurs ddendances. C'taient eux qui taient chargs d'accomplir les rites funraires, tels que libations, offrandes, etc. ; ces offrandes expliquent pourquoi on a trouv dans des tombeaux, des dattes, des grenades, des pains, des figues, des lentilles, des mcres ou chtaignes d'eau et des fruits dnomms knkii, provenant de l'arbre nomm sesilikiki, qui ne serait autre, selon nous, que le cocotier (cocos nue (fera). Nous ne saurions terminer ce chapitre sans parler du Sphinx, non seulement parce que les avenues conduisant aux temples taient dcores parfois de ces animaux symboliques, mais surtout cause de celui situ au Sud-Est de la grande pyramide de Gizeh, dnomm le Grand Sphinx et qui a fourni matire de nombreuses fables, qu'il est indispensable de rfuter. - Ainsi le petit conte d'OEdipe et du Sphinx est une purilit sans nom, qui n'a servi qu' dna-

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turer le magnifique symbole que la Philosophie Grecque ne connut que du temps de Platon, Le Sphinx, nous ne l'ignorons plus aujourd'hui, est une clef de la science occulte, dont voici l'explication ; c'est un compos qui, dans son unit, renferme quatre symboles : Savoir, vouloir, oser, se taire, qui forme un quaternaire occulte. C'est pourquo* h Sphinx est reprsent avec une tte et une poitrine de femme: Savoir (intelligence); un corps de taureau, vouloir (avoir la force) ; les pattes et les griffes du lion, oser (audace) ; enfin, des ailes recouvrant les flancs de l'animal ; se taire (voiler ses desseins jusqu'au moment propice) (1), Le Grand Sphinx est un rocher naturel auquel on a donn grossirement la forme de l'animal, seule la tte a t sculpte. La hauteur du colosse mesure prs de ao mtres (exactement 19m. 97); sa longueur est de 39 mtres environ ; la tte a 8 m. 30 de hauteuret la figure, danssa plusgrande largeur, 4 m. ao ; l'oreille a 1 m. 80 de hauteur, le nez 1m. 85 et la bouche a m. 3a de largeur. Le contour de la tte mesure au niveau du front 36 m. 40 de circonfrence. On ne saurait se faire une ide du colosse sans l'avoir vu, l'effet est fantastique, mme aujourd'hui, o il est si e I) Eliphas Lcvy,Fables t Symboles, 5

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fortement ruin. Quand le colosse devait tre neuf, qu'un revtement de granit modelait son corps, il devait briller au soleil d'un vif clat, de mme que les ornements symboliques qui ornaient sa tte. C'tait sans doute une merveille lafssant bien loin, derrire elle, tous les grands monuments de notre ferronnerie crs, pourtant si remarquables par le puissant outillage de notre chaudronnerie moderne. Ce colosse avait un emploi, Jamblique (1) nous l'apprend, et voici ce qu'en dit Champolli >nFigeac (a) : Le sphinx des pyramides a t tudi, le sable qui l'encombrait momentanment dtourn, et il a t reconnu que ses colossales dimensions avaient permis de pratiquer entre le haut de ses jambes antrieures et son cou, une d'abord les montants d'une entre qu'indiquent porte ; celle-ci conduisait des galeries souterraines creuses dans le rocher sur une trs grande distance, et enfin, on se trouvait en communication avec la grande pyramide. Ce qui expliquerait : i Ce que disent les crivains arabes, savoir : qu'il y avait plusieurs puits et galeries souterraines dpendant de la grande pyramide ; (1) Jamblique, dt MjtsteriissBgypUorum, in-fol. OXOHU, 1678. (3) Egyptea/teitMtf,pi 18JI

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9 Qu'il y avait dans la tte du sphinx, une ou* verture qui menait ces galeries et la pyramide; enfin, on comprend pourquoi on ne pouvait entrer dans la pyramide par une porte extrieure, et comment les galeries qui y taient pratiques taient extrieurement fermes par une porte et par des blocs de granit.

CHAPITRE XXIII LA MAGIE GYPTIENNE LES MYSTRES, L'INITIATION ERTAISScrivains confondent dessein la Magie et la Sorcellerie ; ce sont cependant deux choses absolument contraires; celle-ci ne drive que de la et de l'ignorance, celle-l, au consuperstition traire, ne puise sa puissance que dans la science, la haute spiritualit et. l'amour du divin. Avec la Magie, l'homme, par la vertu de rites particuliers et surtout par la possession de la haute science, de la science intgrale, peut arriver jusqu'au pied de la Divinit, se rapprocher tellement d'elle de plus en plus, qu'il arrive partager, pour ainsi dire, son pouvoir et dominer les manations des puissances suprieures au point de pouvoir les faire servir ses volonts ; mais seulement dans le but de faire le bien ; telle est la Magie thurgique, la Magie transcendante, la MAGIE BLANCHE; telle tait la Magie Egyptienne. Cette magie est essentiellement divine, aussi les Noplatoniciens la nommrent-ils Thurgie*

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L'action de la Magie, nous venons de le dire, doit tre tout fait bienfaisante, c'est pourquoi, si des mes perverses abusent du pouvoir que leur accordent les Entits astrales suprieures pour faire le mal ou pour assouvir des convoitises coupables, ils commettent un vritable sacrilge, dont ils seront svrement punis; car ils ont transform la Thurgie en Magie noire ou Diabolique. La Magie de l'Egypte, nous venons do le voir, est thurgique par ses origines et par ses doctrines; c'est mme pour cela qu'elle a exerc une puissante action sur les Noplatoniciens. Quelques Egyptologues, notamment notre regrett ami, Franois Lenormant, ont avanc que certaines populations ngres de l'Afrique ont pu exercer une influence sur la Magie Egyptienne tayant leur dire sur ce que certains termes de Magie de l'Egypte paraissent drivs de l'Idiome des Ngres (Nahasi); nous ne le pensons pas, car la 'Magie de l'Egypte diffre profondment par ses origines et ses doctrines essentielles, des pratiques de la sorcellerie des ngres, nous pensons plutt que certains rites' en usage chez les Nubiens et chez les sorciers ngres, peuvent avoir t 'puiss chez les Mages de l'Egypte ; de l seulement, peuvent provenirquelques points de ressemblance entre les pratiques magiques des Egyptiens, des Nubiens et des Ngres.

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Il y a lieu de dire ici que la Magie Egyptienne a eu une si longue dure qu'iljs'agit de s'entendre sur les poques; qu' sa dcadence, elle ait pu emprunter des pratiques superstitieuses la sorcellerie des ngres, c'est fort possible ; mais la Magie de l'Antique Egypte n'a rien faire ici, elle tait toute thurgique, nous Pavons dit, toute mystique et son origine remontait une poque si recule que l'histoire ne nous en a conserv aucune trace. Aussi nous ne rechercherons pas cette origine si discute; nous nous bornerons donner ici certaines formules magiques, qui feront comprendre l'esprit de cette science chez le peuple qui nous occupe. Tout d'abord nous parlerons du Livre des Morts, puis du papyrus magique de Harris. En gnral, les Incantations qu'on trouve dans les Livres des Morts ont pour objet de protger le dfunt au cours de son plerinage dans l'Amenti ; les formules magiques, au contraire, sont surtout destines mettre le dfunt l'abri des innombrables animaux malfaisants. Ces mmes formules tendent galement empcher que le corps, tandis que l'me en est partie, ne devienne la proie de quelques mauvais esprits qui, s'en emparant, le transformeraient en vampire. Les Egyptiens, en eflet, taient persuads que lc-s mauvais esprits

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(obsesseurs et possesseurs) qui tourmentaient les vivants taient des dsincarns de la pire espce, qui revenaient sur la terre avant d'arriver l'anantissement de la seconde mort. M. Chabas a donn la traduction d'une formule usite dans les cas que nous venons de signaler ; la voici : O brebis, fils de brebis 1 Agneau, fils de brebis, qui ttes le lait de ta mre la brebis, ne permets pas que le dfunt soit mordu par aucun serpent mle ou femelle, par aucun scorpion, par aucun reptile ; ne permets pas que le venin matrise ses membres ! qu'il ne soit pntr par aucun mort, ni aucune morte! que l'ombre d'aucun esprit ne le hante ! que la bouche du serpent Amkakou-ef n'ait pas de pouvoir sur lui! Lui, il est la brebis. O toi qui entres, n'entre dans aucun des membres du dfunt I O toi qui tends, ne t'tends pas avec lui 1 O toi qui enlaces, ne t'enlace pas avec lui I Ne permets pas que le hantent les influences d'aucun serpent mle ou femelle, d'aucun scorpion, d'aucun reptile, d'aucun mort, d'aucune morte. O toi qui entres, n'entre pas en lui I O toi qui respires, ne lui souffle pas ce qu'il y a dans les tnbres 1 Que ton ombre ne le hante pas, lorsque le soleil se couche et n'est pas encore lev,

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J'ai prononc les paroles sur les herbes sacres places dans tous les coins de la maison ; puis j'ai asperg la maison tout entire avec les herbes sacres et la liqueur- Haq, et cela au coucher et au lever de Ra. Celui qui tend restera tendu sa place. COMMENTAIRES. Cette formule extrmement mystique prsente des passages fort obscurs pour le lecteur peu au courant de l'Esotrisme Egyptien. Gnralement dans leschapitres du Livre des ou qui Morts qui ont un caractre d'incantation renferment des formules magiques pour la protection du dfunt, c'est celui-ci qui parle et le plus puissant moyen de dfense contre les attaques du mauvais gnie, consiste diviniser sa propre substance en l'assimilant toute ou seulement en partie aux Dieux. En effet, des textes ou des passages de textes religieux innombrables attestent d'une manire certaine, indubitable, que la thosophie ou science des choses divines lve l'homme jusqu'aux Dieux, l'identifie eux et arrive fondre sa propre substance dans la substance divine. Pour arriver ce rsultat final, il existait certaines formules, certains mots mystrieux inconnus du vulgaire, mais que possdaient les Initis. Ces mots sacrs opraient cette identification, cette interpntration, cette fusion absolue par une vertu propre, certaine, dont la rvla-

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tion avait t donne l'homme par Thoth mme, le Dieu de l'Intelligence. Il suffisait de prononcer ces formules au nom du dfunt sur sa momie et de les dposer sur nhylactres ct de lui dans son cercueil pour faire bnficier de leurs effets, de leur puissance, le dfunt et lui permettre de parcourir sans dangers le Monde astral, dans lequel le dsincarn est environn de piges d toute espce (i). Ces mmes formules avaient aussi le pouvoir d'exercer sur les Dieux une trs grande influence; mais il y a lieu d'ajouter que les Incantations magiques qui avaient pour but de forcer pour ainsi dire, les Dieux obir, prsentaient, un trs grand danger pour celui qui utilisait ce pouvoir formidable, surtout s'il en tait indigne, soit par l'ignorance des choses divines, soit par un tat d'impuret et une vie de dbauches. Le Roman de Selua, traduit par Brugsch (a), montre les catastrophesextraordinairesqui peuvent atteindre ceux qui, sans y tre prpars par une s (i) C'eutde noslecteursqui voudraient e faireuneide de ce qui se passedans l'au-del, 'auraientqu'a lire un n EN : beauvolumed'un puissantintrtde M.-A.-B. VOYAGE d ASTRAL Vingtnuitscons/tulhes e digagtmtntconscient, OU i vol.in-18de 406pages.Paris,Chatnuel, 896; insique les 1 a d a NOUVELLES BSTBiqyss et sries) u mme uteur. (1" a anne1867. (s) In REVUE ARCHOLOGIQUE, Librairie cadmique,Didier; 15.

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initiation suffisante, veulent se servir du livre de Magie compos par Thoth. Mais ces formules et ces mots sacrs qui avaient un tel pouvoir dans l'existence d'outre-terre, de l'au-del, avaient ncessairement le mme pouvoir dans l'existence terrestre. nous passons l'tude et Si, maintenant, l'analyse de la formule mme, nous relverons les passages suivants: Le mort tant considr comme un tre doux, passif, est dnomm Brebis fils de Brebis, c'est un Agneau, qui, ds lors, dans l'Astral, est livr toute sorte d'ennemis symboliss par le serpent mle ou femelle, le scorpion ou tout autre reptile, et ds lors, le dfunt peut tre inocul par leur venin ; ne permets pas que le venin matrise ses membres, dit la formule, dans laquelle nous lisons ensuite : O toi qui entres, n'entre dans aucun des membres du dfunt, toi qui tends, ne t'tends pas avec lui ; O toi qui enlaces, ne t'enlace pas luil Ce qui veut dire sotriquement: O toi, entit mchante de l'Astral qui peux t'emparer des coques astrales, ne t'empare ni du dfunt tout entier, ni d'aucune de ses parties >; enfin, la formule loigne les monstrueux rapprochements de l'incubt et du succubat par ces paroles : O toi qui enlaces ne t'enlace pas lui.

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Et ceci a une telle importance que la formule conjuratoire y revient encore par ces paroles : Ne permets pas que le hantent les influences d'aucun serpent mle ou femelle, d'aucun scorpion, d'aucun reptile, d'aucun mort (incube), d'aucune morte (succube). OI toi qui entres (le lingham ou serpent), n'entre pas en lui. O toi qui respires, ne lui souffle pas ce qu'il y a dans les tnbres 1 (c'est--dire toutes ces mauvaises influences des Entits malfiques, qui habitent dans les tnbres, dans l'Erbe, partie la plus noire, la plus dense de l'Astral). Que ton ombre ne le hante pas, lorsque le soleil se couche et n'est pas encore lev (c'est-dire pendant la nuit; en effet, c'est toujours dans les tnbres de la nuit que sont plus vivaces et plus puissants les vampires, les larves, les lmures et toutes les Entits malfiques de l'au-del). Enfin, la formule se termine sotriquement ainsi : J'ai prononc les paroles sur les herbes sacres places dans tous les coins de la maison, puis j'ai asperg la maison tout entire avec les herbes sacres et la liqueur Haq au coucher et au lever du Soleil. Celui qui tend, restera tendu sa place. > Ce qui veut dire sotriquement que la maison tait protge par les herbes consacres, comme chez les catholiques qui font consacrer le laurier

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et le buis, le jour des Rameaux, qui font galement asperger d'eau bnite leur maison ; quant la liqueur Haq, c'tait une boisson fermente, une sorte de bire, qui pouvait galement tre consacre ou bnie ; enfin, par cette expression : Celui qui tend restera tendu sa place , il faut entendre Osiris, l'Osiris infernal (KhentAment) dont le nom Egyptien, entre parenthses, signifie littralement celui qui rside dans YOccidenl ; qui devenait protecteur de la momie, nous ne l'ignorons pas, puisque le dfunt dans les formules conjuratoires tait dsign sous le nom de VOsiris un tel. A la fin d'un autre chapitre du Livre des Morts, nous lisons ( i) : Si ce chapitre est connu, il (le mort) sera proclam vridique sur la terre Kher-Neter (a); il fera tout ce que font les vivants. C'est l ce qu'a compos un grand Dieu. Ce chapitre a t trouv Sesennou (3), trac en bleu sur un cube d'hmatite, plac sous les pieds de ce Dieu. 11 a t trouv aux jours du roi Mycrinus le vridique, par le royal fils Hardoudouf, quand il voyageait pour inspecter les comptes des temples. Il retraait en lui tin hymne devant lequel il fut en extase; il l'emporta dans les chariots du Roi, ds qu'il . . (i)Chip. LXIV. (a) Les Enfers. "' (/) Hermopoliti

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vit ce qui y tait crit. C'est un Grand Mystre. On ne voit, ni n'entend plus (autre chose) en rcitant ce chapitre pur et saint. Ne t'approche plus des femmes ; ne mange ni viande, ni poisson. Alors fais un scarabe cisel en pierre, revtu d'or, mets-le la place du coeur de l'individu ; aprs en avoir fait un phylactre tremp dans l'huile, rcite dessus magiquement : Mon coeur est ma mre ; mon coeur est dans mes transformations. Nous voyons souvent: Fais un phylactre tremp dans l'huile . on trempait les phylactres dans l'huile de cdre pour les prserver de la pourriture et prolonger ainsi le plus possible leur dure. Voici une vocation tire du papyrus Harris : Viens moi, viens moi l O toi qui es permanent pour les millions de millions d'annes I O Noum, fils Unique, conu hier, enfant aujourd'hui I Celui qui connat ton nom est celui qui a soixante-dix-sept yeux et soixante dix-sept oreilles. Viens moi 1 Que ma voix soit entendue, comme le fut celle de la grande oieNukak (i) pendant la nuit ; je suis Bah le grand (a). Voici une d l'oeuf e la terre, (i) C'estl'oUdu DieuSetqui a pondu o (s) Identification connue, nl'aulmiUAHapl1*Kilt peu

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autre formule qui avait une efficacit directe dans les pripties de l'me, dans sa vie d'outre-terre ; cette formule tait considre comme un talisman vritable, elle se trouve trs souvent la suite du chapitre grav sur les scarabes de pierre dure, que les Egyptiens avaient l'habitude de dposer sur la poitrine des momies (i) : Prononc sur le Scarabe de pierre dure, qui doit tre revtu d'or et dpos la place du coeur du dfunt. Fais-en un phylactre oint d'huile et dis magiquement sur cet objet : Mon coeur est ma mre ; mon coeur est dans mes transformations. Les Egyptiens avaient galement des formules conjuratoires pour se garer des animaux dangereux ou assurer la tranquillit des animaux domestiques. Voici une Incantation contre la morsure des serpents venimeux; celle-ci tait renferme dans un tui et se portait galement comme talisman, elle appartient notre Muse du Louvre (a) : Il est comme Set, l'aspic, le serpent malfaisant dont le venin est brlant. Celui qui vient pour jouir de la lumire, qu'il soit cachet Celui qui demeure dans Thbes s'approche de toi, cde, reste en ta demeure 1 Je suis Isis la veuve brise de douleur. Tu veux t'lever contre Osiris; (0 Chapitrexxx. (a) Th. Overia, Cataloguedts manuscritsEgyptitnt d* Loutre, pages171et suiv.

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il est couch au milieu des eaux o mangent les poissons, o boivent les oiseaux, o les filets enlvent leur prise, tandis qu'Osiris est couch dans la souffrance ! Toum, Seigneur d'Hliopolis, ton coeur est satisfait et triomphant. Ceux qui sont dans le tombeau sont en acclamations ; ceux qui sont dans le cercueil se livrent l'allgresse, quand ils voient le fils d'Osiris renversant les ennemis de son pre, recevant la couronne blanche de son pre Osiris et atteignant les mchants. Viens I Relve-toi, Osiris-Sap, car tes ennemis sont tous abattus. Disons, en terminant ce court aperu sur la Magie Egyptienne que le nom mystrieux est considr comme une vritable hypostase divine, mais la conception Egyptienne est celle-ci dans cet ordre d'ides ; c'est que le nom mystique du Dieu auquel il appartient, exerce sur lui un pouvoir tel, que le Dieu obit toujours l'vocation ; et c'est pour cela que les Initis seuls en avaient la connaissance, parce que le vulgaire en aurait certainement abus, s'il en avait compris le pouvoir. Jamblique, l'auteur suppos des Mystres des Egyptiens, prtend que les noms Barbares, les noms tirs des idiomes des Egyptiens et des Assyriens ont une vertu mystique ineffable, qui tient la haute Antiquit de ces langues dont l'origine

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est divine et a t rvle par la Thologie de ces peuples (i). L'emploi de ces vocables, de ces noms trangers, de ces mots mystrieux, remonte, en Egypte, une trs haute Antiquit ; ainsi Devria qui nous donne (a) une traduction d'une Imprcation Magique de nature funraire; d'aprs un papyrus du Louvre, prtend que ce papyrus date de Rhamss II ; en voici la traduction : O Oualpaga ! O Kemmara ! O Kamala f O Karkhenmou ! O Amaga ! Les Remou ! La Outhoun(^) du Soleil! Ceci est pour recommander ceux qui sont parmi vous tous les ennemis (aabui). Il est mort par violence l'assassin de son frre (4); il a vou son me au crocodile. Pas un pour le plaindre. Mais il amne son me au tribunal de la double justice, par devant Mamoure Kahabou (5) et les quarante absolus (6) qui sont avec lui. Celui-ci rpond son ennemi : O lion, face noire, yeux sanglants, la bouche envenime, destructeur de son propre nom... de son pre, la (l) Jamblique,De mysteriis JEgyptiorum,vt, 4. (s) Devria, CataloguedesmanuscritsEgyptiens du Louvre, p.. 174. (3) Ce terme signifieennemis. (4) Set. (5) Un des nomsd'Osiris. (6) Cest-i-dfrele quarante assesseursdu tribunal d'Qiir.ii.

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facult de mordre n'est pas encore enleve ceux-ci. On voit au commencement de cette Imprcation magique des noms tout fait trangers l'Egypte et qui pourraient tre d'origine hindoue. L'acte le plus important de la religion Egyptienne consistait dans la Clbration des Mystres, c'est--dire dans la rvlation aux personnes trs instruites et depuis longtemps prouves, des vrits tenues caches dans le plus profond secret des sanctuaires, c'tait l l'initiation proprement dite, la Grande Initiation. Qu'taient au juste ces Mystres, cette grande Initiation? Malgr tout ce qu'on a crit sur ce sujet, nous sommes bien obligs d'avouer que nous n'en savons presque rien, en tout cas, fort peu de choses. 11est probable que les vrits rvles l'Initi tait d'abord le Dogme de l'Unit de Dieu. Nous en donnerons comme preuve ce qui suit. Orphe, le plus ancien des initis que nous connaissions et qui ait crit sur la matire, dit dans ses vers sur les ORGYES (mystres) qu'il va parler ceux qui peuvent le comprendre, les profanes tant exclus, car il va proclamer une grande vrit : Considre, dit-il, le LOGOSu VERBE IVIN; o D ne cesse de le contempler; dirige ton coeur et

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ton esprit dans la droite voie et regarde le matre du monde seul immortel, seul engendr de luimme. Toutes choses proviennent de lui seul et il rside en elles. Invisible tous les mortels, lui au contraire les voit tous (i). Dans un autre fragment, Orphe nous dit que tout est dans Jov (Jovis, Jhovah, Thoth, etc.) 1 tendue thre et son lvation lumineuse, la mer, les terres, l'ocan, l'abme du Tartare, les fleuves, tous les Dieux et toutes les desses immortelles; tout ce qui est n et tout ce qui doit natre, tout est renferm dans le sein de ce Dieu. M. Birch (a) le dit formellement : La gnose ou la connaissance des noms divins, dans leur sens extrieur et dans leur sens sotrique, tait en fait le grand mystre religieux ou l'Initiation chez les gyptiens. Le papyrus magique Harris, dont nous venons de parler, est rempli de formules qui font allusion l'importance magique des noms de Dieux ; en voici un exemple : Moi, je suis l'lu des millions d'annes (sorti du ciel infrieur), celui dont le nom n'est pas connu. Si l'on prononait son nom sur la rive du fleuve (oui, il le consumerait). Si l'on prononait son nom sur la terre (oui, il en ferait jaillir D'ALEXANDRIE, admonit,contra Genl. (i) In CLMENT (s) In, tome V de l'ouvragede Bunsensur l'cgypte, p. t$i de la traduction anglaise.

LA MAGIEGYPTIENNE

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des tincelles). Je suis Shou, sous la figure de Ra, assis au milieu de l'oeil de son pre (i). Pythagore dclare que c'est dans l'Initiation qu'il a appris connatre l'Unit de la Cause Premire et Universelle (a). Thae