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EDI TO EDI EDI TO N°91 R EPÈRES RSE Sommaire Focus n n n L’enquête Quelle stratégie RSE pour le secteur aérien ? ......................... p2 et 3 n n n Métier et innovation Responsable de la prévention des risques psychosociaux ............... p4 n n n Reporting Reporting RSE : quel standard international? .................................... p5 n n n Indicateurs Climat et Egalité professionnelle ........................... p6 et 7 n n n Recherche & débats BOP et Social business : entretien avec François Perrot ......... p5 n n n Stratégie et outils La politique des grands groupes en matière d’Achats Responsables....... p9 n n n Brèves internationales ................... p10 et 11 ISO 26 000 : la norme enfin adoptée Après 5 années de discussions, la norme ISO 26 000 a été approuvée le 12 septembre dernier et sera publiée le 1er novembre 2010. Ce projet de norme internationale et non contraignante, couvrant l’ensemble des politiques RSE des entreprises, a été adoptée par 66 pays sur les 99 ayant participé à sa rédaction. La Chine et les pays du Golfe ont voté pour l’Inde, les États-Unis, le Luxembourg, la Turquie et Cuba ont voté contre. Reporting : nouvelle version de la GRI Publiées pour la première fois en 2000, les lignes directrices de la GRI ( Global Reporting Initiative) font l’objet d’une révision qui met l’accent sur quatre domaines : impact sur les communautés locales, droits de l’homme, égalité des sexes et contenu des rapports RSE. Les groupes de travail multipartites proposeront leurs recommandations finales en novembre, puis le comité consultatif technique de la GRI votera en faveur, ou non, des révisions proposées. Une publication Novethic sur la Responsabilité Sociale et Environnementale des entreprises OCTOBRE 2010 Les focus du trimestre C hers lecteurs, la RSE, un sujet en pleine évolution, implique une expertise sur de nombreux enjeux ! Cette nouvelle formule, trimestrielle, avec une pagi- nation augmentée, a été créée pour y répondre. Repères RSE est désormais consacré au décryptage et à l’analyse de tout ce qui construit la respon- sabilité sociale aujourd’hui : la réglementation, les standards, les initiatives volontaires, mais aussi les acteurs - parties prenantes, institutions et profes- sionnels -. Illustré par des cas pratiques et des exemples d’innovations, cette nouvelle formule présentera les métiers émergents de la RSE, à travers le témoignage de praticiens. Vous pourrez également suivre, chaque trimestre, des indicateurs sur l’implémentation des politiques RSE dans les entreprises, réalisés avec des experts. Dans ce numéro, le CFIE (Centre Français d’In- formation sur les Entreprises) et l’ORSE (Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises) présentent respectivement un indicateur environ- nemental et un indicateur social liés à l’actualité. Le premier concerne les objectifs que se fixent les entreprises en matière d’émissions de gaz à effet de serre, le second dresse un état des lieux de la parité en entreprise et des bonnes pratiques existantes… Autant de sujets stratégiques et d’enjeux de reporting ! Enfin, nous ouvrons nos colonnes aux universitaires et chercheurs qui alimentent les débats, réflexions et questions que toute entreprise impliquée par la RSE se pose. La rédac- tion de Novethic espère vous apporter les réponses et se joint à moi pour vous souhaiter une bonne lecture ! Véronique Smée Rédactrice en chef Nouveaux enjeux, nouvelle formule ! Repères RSE - N°91 Octobre/Novembre/Décembre 2010 1

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N°91Repères RSeSo

mm

aire

Focu

s

n n n L’enquête• Quelle stratégie RSE pour le

secteur aérien ? ......................... p2 et 3

n n n Métier et innovation• Responsable de la prévention

des risques psychosociaux ............... p4

n n n Reporting• Reporting RSE : quel standard

international? .................................... p5

n n n indicateurs• Climat et Egalité

professionnelle ........................... p6 et 7

n n n Recherche & débats• BOP et Social business :

entretien avec François Perrot ......... p5

n n n Stratégie et outils • La politique des grands groupes en

matière d’Achats Responsables ....... p9

n n n Brèvesinternationales ................... p10 et 11

iSo 26 000 : la norme enfin adoptéeAprès 5 années de discussions, la norme ISO 26 000 a été approuvée le 12 septembre dernier et sera publiée le 1er novembre 2010. Ce projet de norme internationale et non contraignante, couvrant l’ensemble des politiques RSE des entreprises, a été adoptée par 66 pays sur les 99 ayant participé à sa rédaction. La Chine et les pays du Golfe ont voté pour l’Inde, les États-Unis, le Luxembourg, la Turquie et Cuba ont voté contre.

Reporting : nouvelle version de la GRI Publiées pour la première fois en 2000, les lignes directrices de la GRI ( Global Reporting Initiative) font l’objet d’une révision qui met l’accent sur quatre domaines : impact sur les communautés locales, droits de l’homme, égalité des sexes et contenu des rapports RSE. Les groupes de travail multipartites proposeront leurs recommandations finales en novembre, puis le comité consultatif technique de la GRI votera en faveur, ou non, des révisions proposées.

Une publication Novethic sur la Responsabilité Sociale et Environnementale des entreprises octoBRe 2010

Les focus du trimestre

Chers lecteurs,la RSE, un sujet en pleine évolution, implique une expertise sur de nombreux enjeux ! Cette nouvelle formule, trimestrielle, avec une pagi-

nation augmentée, a été créée pour y répondre. Repères RSE est désormais consacré au décryptage et à l’analyse de tout ce qui construit la respon-sabilité sociale aujourd’hui : la réglementation, les standards, les initiatives volontaires, mais aussi les acteurs - parties prenantes, institutions et profes-sionnels -. Illustré par des cas pratiques et des exemples d’innovations, cette nouvelle formule présentera les métiers émergents de la RSE, à travers le témoignage de praticiens. Vous pourrez également suivre, chaque trimestre, des indicateurs sur l’implémentation des politiques RSE dans les entreprises, réalisés avec des experts. Dans ce numéro, le CFIE (Centre Français d’In-formation sur les Entreprises) et l’ORSE (Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises) présentent respectivement un indicateur environ-nemental et un indicateur social liés à l’actualité. Le premier concerne les objectifs que se fixent les entreprises en matière d’émissions de gaz à effet de serre, le second dresse un état des lieux de la parité en entreprise et des bonnes pratiques existantes… Autant de sujets stratégiques et d’enjeux de reporting ! Enfin, nous ouvrons nos colonnes aux universitaires et chercheurs qui alimentent les débats, réflexions et questions que toute entreprise impliquée par la RSE se pose. La rédac-tion de Novethic espère vous apporter les réponses et se joint à moi pour vous souhaiter une bonne lecture !

Véronique SméeRédactrice en chef

Nouveaux enjeux, nouvelle formule !

Repères RSE - N°91 Octobre/Novembre/Décembre 2010 1

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2 Repères RSE - N°91 Octobre/Novembre/Décembre 2010

Enquête

B ien que le transport aérien ne repré-sente actuellement que 2 à 3%

des émissions de CO2, les prévisions de croissance du trafic laissent entre-voir une augmentation considérable de ses émissions. Celles qui sont dues aux vols internationaux ont ainsi augmenté de 73% entre 1990 à 2003 malgré les efforts réalisés pour augmenter la performance énergétique des avions. D’après les projec-tions de la Commission européenne, elles devraient augmenter de 150% d’ici à 2012 si aucune mesure n’est prise. Une telle croissance annulerait alors plus d’un quart de la réduction de 8% de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre que l’UE est censée réaliser entre 1990 et 2012 en vertu du Protocole de Kyoto. Ce risque a conduit l’UE, en 2008, à décider que tous les vols inter-Europe, mais aussi les vols internationaux à l’arrivée ou au départ du sol européen, seront soumis au système ETS à partir de 2012. Contestée depuis le début des négociations avec le secteur aérien, cette réglementation n’est toujours pas acceptée par les compagnies. Bien que leurs futurs quotas de CO2 leurs soient alloués gratuitement à 85%, elles estiment ne pas devoir payer les 15% restants… Jean-Cyril Spinetta, PDG d’Air France-KLM, s’est fait l’écho de la profession en rappelant « le contexte actuel de crise économique du secteur aérien ». Déjà, en 2007, les compa-gnies estimaient à 40 milliards d’euros minimum la perte de profits entre 2011 et 2022. En juin dernier, Wolfgang Mayrhuber, PDG de la Lufthansa, a demandé le report d’une année de l’entrée du secteur aérien dans le marché carbone, en raison « des temps très durs qu’a traversé le secteur »… De fait, alors que les transporteurs aériens d’Asie-Pacifique profitent à plein de la reprise, avec un bénéfice prévu de 5,2 milliards de dollars cette année, l’Europe reste toujours à la traîne et devrait enregis-trer une perte de 1,3 milliard de dollars.

Réduire les émissions de GES par l’innovation ?

Conscient néanmoins des enjeux envi-ronnementaux, du « risque carbone » et de sa dépendance aux produits pétro-liers, le secteur s’est lancé dans plusieurs programmes de recherche visant à réduire, par l’innovation technologique, ses émis-sions de GES. A l’image du Sesar Join Undertaking, une structure qui fédère l’en-

semble des parties prenantes européennes (syndicats de contrôleurs, industriels, compagnies, autorités de l’aviation civile et autorités politiques). Cette plateforme a pour mission de réduire, d’ici 2020, de 10% les émissions de CO2 via les pratiques de vol. Les premiers modèles performants de gestion du trafic devraient être en test d’ici 2012. Entre-temps, le Sesar JU finance les compagnies pour tester les procédures vertes dans le cadre du projet transatlantique AIRE (Atlantic Interopera-bility Initiative to Reduce Emissions). En 2009, 1152 vols commerciaux ont fait l’objet de tests grandeur nature sur une partie du vol. En avril dernier, le vol Air France Paris/ Miami a appliqué les procédures « vertes » tout au long du vol. 6 à 9 tonnes de CO2 ont pu être évitées par le Boeing 747-400 (plus de 500 passagers), ce qui constitue un bilan modeste, sachant que l’émission par passager est évaluée à 1,62 tonne sur un tel vol… Autre programme, le vaste plan européen « Clean Sky » lancé en 2007 doit aider le secteur à améliorer l’efficacité éner-gétique de ses appareils. Doté d’1,6 milliard d’euros, il réunit 86 organisations issues de 16 pays, comprenant 54 entreprises (notamment EADS, Saab, Dassault, Rolls-Royce, Safran et Thales…), 15 centres de recherche et 17 universités. Enfin, plusieurs programmes de recherche sur les biocar-burants de seconde génération (utilisant le jatropha, la cameline ou les algues) ont également été lancés. Si leurs rendements s’avèrent plus prometteurs que ceux de la première génération, les problématiques liées à leur culture restent entiers – notam-ment celle de la concurrence avec les terres agricoles. Bilan : malgré les efforts de recherche, l’« avion de demain » reste à inventer, mais le risque carbone, lui, est bien présent.

Véronique Smée n

Le secteur aérien face au risque carbone dès 2012, le transport aérien sera intégré au marché de quotas d’émission de co2 européen. Les compagnies aériennes auront à réduire de 3% leurs émissions de co2 par rapport à leur niveau de 2005 si elles ne veulent pas avoir à payer de « droits à polluer ». Une réglementation que les compagnies continuent à contester.

Les contre-propositions du secteur aérienCraignant les fuites de carbone et les distorsions de concurrence avec les compagnies non soumises à l’ETS, les 35 compagnies membres de l’AEA (Association of European Airlines) plaident pour un système de « Global Approach », autrement dit une « égalité de traitement » pour tous les transpor-teurs opérant au sein d’une zone définie. Pour le « bloc A » -Europe/USA et pays du Nord-, les compagnies de cette zone s’engageraient « à maîtriser leurs émissions à un niveau spécifié », celles du « bloc B » -Grands émergents- s’enga-geraient dans la « maîtrise de l’efficacité énergétique (X litres / Passager / x Km) », et le « bloc C » -Afrique, pays en déve-loppement- n’aurait « pas de contrainte, si ce n’est celle de rendre compte des émissions ». L’Association internationale du transport aérien (IATA) a récemment réitéré cette approche, estimant que les compagnies ont besoin d’un « cadre de travail mondial ». « L’Assemblée de l’OACI (Organisation internationale de l’avia-tion civile) représente notre meilleure chance de réaliser cela à temps pour la conférence de Cancún. Les obstacles politiques étant écartés, l’industrie pour-suivra son engagement envers des cibles audacieuses et nos antécédents démon-trent que nous les atteindrons », a déclaré Giovanni Bisignani, directeur général et chef de la direction de l’IATA. n

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Repères RSE - N°91 Octobre/Novembre/Décembre 2010 �

F in des années 90. La « jet mania » déferle sur le marché de l’aviation

régionale. Les constructeurs misent tous sur la dernière technologie en vogue : le moteur jet. Plus puissant, plus moderne, il symbolise l’avènement des avions du futur, et relègue les turbopropulseurs à hélices au rang des technologies du passé. D’autant que la réputation de l’aviation à hélices vient d’être sérieusement écornée par le crash de l’ATR 72-210 au dessus de l’Indiana, le 31 octobre 1994, faisant 68 morts. Un temps interdits de vol aux États-Unis suite à des rumeurs sur les failles du constructeur et la non-fiabilité de l’appareil, les avions ATR, et plus généralement les avions à hélices perdent la confiance des passagers. Embraer, Saab, Fokker, Dornier, British Aerospace : tous les constructeurs cessent donc leur activité turboprop. Tous, exceptés le Canadien Bombardier et le franco-Italien ATR, qui se partagent désor-mais ce marché moribond.

Entre 1994 et 2004, l’industrie mondiale des turboprop verra donc disparaître près de 90% de ces constructeurs. Au début des années 2000, la question de la fermeture d’ATR est sur la table : les commandes n’ex-cèdent pas les 10 appareils par an. Pourtant, les dirigeants y croient. Les années noires n’ont pas terni leur foi en cet appareil moins énergivore que ses homologues jet, adapté aux pistes courtes, et de moins en moins bruyant. Les deux actionnaires principaux – EADS et Finmeccanica – soutiennent le constructeur malgré cette crise et lui lais-sent quelques années de répit. D’autant que les perspectives de croissance du prix du carburant laissent penser que bientôt, les compagnies se tourneront à nouveau vers le turboprop pour leurs vols régio-naux.

L’heure de la performance environnementale sonne la renaissance d’ATR

Le milieu des années 2000 va marquer un tournant salvateur pour ATR. La conscience environnementale imprègne peu à peu l’économie mondiale et l’industrie aéro-nautique doit désormais répondre à une nouvelle exigence : la performance énergé-tique. « Avec la flambée du prix du pétrole, l’aviation à hélice est redevenue attractive. Il faut dire que sur une distance de 550 km, un ATR 72-500 consomme 40% de carburant en moins qu’un jet régional équivalent », souligne David Vargas, respon-

sable des relations presse chez ATR. Un argument qui séduit les compagnies aériennes, bientôt soumises au système de quotas européen ETS. À cela s’ajoute de nouvelles contraintes réglementaires en matière de pollution sonore. Mais les appa-reils d’ATR sont bien en deçà des seuils fixés par l’ICAO (International Civil Aviation Organization) et le constructeur anticipe déjà le futur durcissement de la réglemen-tation.

Outre leurs bonnes performances environ-nementales, les avions ATR présentent un atout de marque pour les pays émergents désireux de développer leur trafic régional : ils sont moins onéreux que les jets. En plein développement économique, l’Inde, la Chine et certains pays d’Afrique disposent désormais de ressources financières suffi-santes pour s’offrir une petite flotte. Les moindres coûts d’achat, de maintenance et d’exploitation des avions ATR auront raison de leurs concurrents jet.

2005, l’année du salut

En 2005, les turboprop, finement rebaptisés « turbo propres », tiennent leur revanche pèsent désormais 60% des ventes d’avions régionaux de 60 à 70 sièges. Chez ATR, les années noires appartiennent définitivement au passé, et les livraisons augmentent à une vitesse exponentielle. 15 en 2005, 24 en 2006, 44 en 2007 pour atteindre le record historique de 55 livraisons en 2008. La crise économique ? ATR ne la sent quasiment pas passer, et confirme sa bonne santé en livrant 54 appareils en 2009. Plus de trois cent collaborateurs ont été embauchés depuis fin 2005 (l’effectif global atteint aujourd’hui 870 personnes) et l’es-pace de production a été multiplié par trois sur le site industriel de Toulouse-Blagnac. Avec 58% de parts de marché, ATR s’im-pose aujourd’hui comme le leader de la construction d’avions régionaux.

Conserver le leadership face à la future concurrence

Pour David Vargas, « la question n’est plus "qui sera le dernier à tenir ?" mais bien, "qui sera le troisième sur le marché ?" » Car depuis quelques mois, la presse interna-tionale se fait le relai de multiples projets de construction, plus ou moins réels. Une tendance se confirme néanmoins : les pays émergents, notamment la Chine, l’Inde et le Brésil envisagent de développer ces

AtR : la renaissance verteAu bord du gouffre au début des années 2000, le constructeur franco-italien de turbopropulseurs à hélice AtR a su tirer son épingle du jeu en profitant de l’avènement d’une économie verte mondiale. Retour sur le parcours chaotique de cet industriel sauvé par la flambée du pétrole.

« avions verts ». Mais les dirigeants d’ATR observent sereinement cette agitation. Car comme le souligne David Vargas, « le « Made in China » ne rime pas toujours avec sécu-rité et fiabilité. Il n’est pas certain que les compagnies prennent aujourd’hui le risque d’acheter des avions chinois ». D’autant que s’installer sur ce marché suppose de développer des compétences techniques spécifiques, un réseau de supports clients et de centres de maintenance performants. Un travail de longue haleine.

Anne Farthouat n

Enquête

interview : trois questions à Natacha Ayari, coordinatrice environnementale chez AtRDans quelle mesure êtes-vous concernés par l’entrée de l’aviation civile dans le système de quotas européen ETS ? D’abord, en tant que constructeurs, nous sommes considérés comme opérateurs aériens pour nos vols standards ou ferry. Nous serons donc soumis au système de quotas, dès 2012, pour ce type de vols (déplacement vers un salon de l’aéro-nautique, ou vers un site de peinture de l’avion). Depuis deux ans, nous travaillons donc avec la Direction générale de l’Aviation civile, à qui nous fournissons des données de surveillance de nos émissions de CO2, pour évaluer les quotas qui devront nous être alloués.

Et par rapport à vos clients ? Les compagnies sont forcément intéressées par les économies d’émissions de CO2. Nos bonnes performances en la matière, par rapport à des jets équivalents, sont un argu-ment commercial de poids. C’est aussi pour cela que nous développons avec intérêt les innovations éco-technologiques

Comment ?En participant notamment au programme européen CleanSky, qui vise à faire émerger les meilleurs technologies pour économiser du carburant et réduire tant les émissions de CO2 que les nuisances sonores du trafic aérien. Nous sommes également membre affilié du projet SESAR, pour optimiser le tracé des voies aériennes, et économiser là-aussi des émissions de CO2. n

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� Repères RSE - N°91 Octobre/Novembre/Décembre 2010

Métiers et innovations

Vous êtes responsable de la prévention des risques psychosociaux. En quoi consiste votre mission ?F.P. : Ma fonction est originale à double titre : il s’agit d’un poste à temps plein, unique chez DuPont dans le monde. Cette mission de « préventeur » est par ailleurs assez peu connue dans les entreprises européennes qui confient en général ce rôle, de façon informelle, à un responsable des ressources humaines interne ou à des consultants exté-rieurs. Mes responsabilités sont étendues : j’anime des formations pour les collabora-teurs de l’entreprise, je coiffe la casquette de médiatrice en cas de différends, j’interviens dans le traitement des plaintes, j’écoute et conseille les salariés fragilisés par des problèmes professionnels ou personnels, je conseille le mana-gement… Je suis également chargée de mettre en place des groupes de travail « climat social » dans chaque site, de coordonner les actions de préven-tion avec les différents acteurs dans et hors de l’entreprise, d’accompagner les changements… Ce n’est pas un hasard si ma fonction - qui pourrait faire des émules dans d’autres organisations - a été créée chez DuPont. Ce chercheur et inventeur français a été précurseur en matière de sécurité. En 1805 déjà, le personnel bénéficiait d’un médecin ; en 1915, un département « santé et bien-être » était créé… A l’époque, dix règles de sécurité physique ont été édictées. En toute logique, certaines sont applicables à la prévention des risques psychosociaux. Avec un principe de base : comme pour les risques physiques, les salariés ne doivent pas se blesser au travail… C’est selon cette philosophie que j’ai élaboré, depuis 2000, avec une autre psychothérapeute, Annie Fortems, un modèle d’organisation et

d’audit psychosocial (Reciprox®) qui permet à l’entreprise de se situer par rapport à plusieurs critères. Un outil qui nous semble utile pour diminuer les risques

Pouvez-vous donner un exemple de dispositif mis en place pour prévenir et gérer les risques psychosociaux ?F.P. : En 1998 déjà, une procédure en cas de plainte pour « incident interpersonnel ou pour harcèlement » a été mise en place chez DuPont. Cette démarche formalisée permet à tout salarié de faire appel à une tierce personne en interne, de façon confi-dentielle. Si cette voie échoue ou dans des

cas plus graves, une procédure formelle peut être engagée, par écrit. Lors

de la phase initiale d’investiga-tion, une commission d’enquête paritaire interne que j’anime, se réunit pour interviewer le plai-gnant, la personne incriminée et les témoins. Notre mission

consiste à confirmer ou infirmer les dires du plaignant. Si le harcèle-

ment est avéré, la commission informe le management qui prendra les mesures qui s’imposent, et s’assurera que le harcè-lement ou le conflit a cessé.

L’actualité a montré que les risques psychosociaux peuvent aboutir à des suicides. Qu’avez-vous envisagé en termes de prévention ?F. P. : Ces drames surviennent en général dans les organisations où les salariés se sentent isolés, sans soutien. Chez DuPont, les signes avant-coureurs de mal-être sont pris très au sérieux. Dans les formations que j’anime, je sensibilise en particulier les managers au repérage de ces signaux dans leur équipe. Conformément à un dispositif précis, si j’estime qu’un collaborateur est en danger grave, je n’hésite pas à intervenir au plus vite. J’informe son manager, les Ressources Humaines ainsi que le médecin du travail ; un arrêt de travail s’impose, voire un accompagnement psychologique, si le salarié l’accepte. Nous avons heureusement très rarement eu recours à ce dispositif. Ce type de programme d’alerte devrait être impératif, et pas seulement dans les organi-sations de plus de 1000 salariés, soumises à l’obligation de mettre en place des plans de prévention des risques psychosociaux. Toute entreprise de plus de 500 salariés devrait disposer d’un préventeur formé au repérage

Responsable de la prévention des risques psychosociaux, un métier d’avenirAlors que les risques psychosociaux concernent de plus en plus d’organisations, duPont de Nemours France, filiale française du groupe chimique américain, est l’une des rares entreprises à avoir crée un poste de responsable de la prévention des risques psychosociaux. chargée de cette fonction sur les sept sites français de l’industriel, Françoise Papacatzis explique les enjeux de sa mission.

et à la gestion des situations délicates. Ce qui est loin d’être le cas en France… Quelles sont les contraintes et les limites de votre fonction ?F.P. : Il s’agit d’une nouvelle fonction dans l’entreprise. Elle répond à un réel besoin, mais ses contours et sa déontologie restent à préciser. On ne peut en tous cas exercer cette mission sans un engagement fort de la Direction. Celle-ci doit montrer qu’elle se soucie de ses salariés et que la problé-matique psychosociale n’est pas un tabou. Il n’empêche qu’au quotidien, la mission de conseiller en prévention des risques psycho-sociaux est complexe et difficile. Il faut savoir gagner la confiance de tous en interne, en sachant travailler en réseau. Cela suppose d’avoir des qualités essentielles : souplesse mais fermeté, neutralité, humilité, diplo-matie, disponibilité, confidentialité… Il faut aussi avoir une très bonne connaissance de l’entreprise et de disciplines telles que la psychologie, la sociologie, la dynamique de groupe, la macro-économie, bref être pluridisciplinaire. Et surtout, développer une approche systémique de l’entreprise, faute de quoi il est impossible d’appréhender les interactions entre les individus, l’organisa-tion et les situations.

Quel bilan dressez-vous de votre mission ?F. P : Bien qu’il soit difficile de mesurer mon action, au bout de cinq ans, je pense avoir peu à peu gagné la confiance des salariés. Ils n’hésitent plus à solliciter mon intervention. Je pense que mon côté « terrain » et « anti langue de bois » y sont pour beaucoup ! Récemment par exemple, j’ai engagé une médiation à la demande de dix collabora-teurs qui se plaignaient d’une surcharge de travail. Leur manager lui-même sous pres-sion n’en avait pas conscience. J’ai informé de la situation son N+2 qui a accepté de revoir ses objectifs. Le malaise dans l’équipe est en train de se dissiper. Ce type d’inter-vention évite d’aboutir à des situations de stress, de dépression, voire de harcèlement. Autre exemple, une des plus grosses unités de DuPont a pris en compte, suite à mes recommandations, le facteur stress avant de mettre en place une nouvelle organisation. Depuis ces deux dernières années, aucune plainte formelle ni informelle n’a été enregis-trée, c’est un bon indicateur !

Propos recueillis par Marie-José Gava n

Référencesdossier spécial prévention des risques professionnels sur www. inrs.fr

des informations sur les initiatives des préventeurs et des les branches professionnelles sur le site du Ministère du travail : http://www.travailler-mieux.gouv.fr/Stress-les-risques-psychosociaux.html

Françoise Papacatzis

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Repères RSE - N°91 Octobre/Novembre/Décembre 2010 �

L ’entrée en vigueur de l’article 225 de la loi Grenelle 2 en France, la refonte des prin-cipes directeurs de l’OCDE et l’adoption de la norme ISO 26 000 à l’international créent un contexte particulier, incitant fortement les entreprise à organiser leur reporting sur des critères Environnemen-taux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) pour mieux valoriser leurs politiques de RSE. La multiplication des normes dans ce domaine crée une situation complexe et une absence de lisibilité et de comparabi-lité qui freine l’intégration de la RSE dans la valorisation financière des entreprises. Les divergences de points de vue entre celles qui bataillent contre toute norme et/ou de règlementation sur le sujet, celles qui appellent de leurs vœux un système fran-çais spécifique et celles qui militent pour un seul système international commun ne facilitent pas les choses. Etat des lieux.

Révision des principes directeurs de l’OCDEIls concernent les multinationales des pays membres de l’OCDE mais l’organisation a voulu associer à leur révision de grands pays émergents. Programmée pour le prin-temps 2011, elle se fait au pas de charge par sessions de travail thématiques : droits de l’homme, chaîne de fournisseurs, chan-gement climatique, environnement, lutte contre la corruption, organisation des points de contacts. L’objectif est de contri-buer à une norme générale et internationale

de RSE. Or, l’ISO 26 000 qui vient d’être adoptée par 92 pays y ressemble fort. Les observateurs estiment encourageants que le texte de l’ISO 26 000 ait été annexé aux documents de travail de l’OCDE pour que les deux initiatives convergent.

IIRC : projet de reporting intégré mondialPendant l’été une nouvelle initiative destinée à harmoniser le reporting mondial sur les enjeux financiers et extra-financiers a vu le jour. L’IIRC pour International Inte-grated Reporting Comitee fédère l’initiative pilotée par le Prince Charles et la Global Reporting Initiative pour tenter d’élaborer une norme de reporting intégrant toutes les dimensions, financières, sociales, environ-nementales et de gouvernance. L’objectif est de publier pour la fin de l’année un refé-rentiel élaboré avec de multiples parties prenantes à destination du G20.

Les dispositifs nationaux au sein de l’Union EuropéenneLa RSE gagne du terrain au sein de l’Union. L’ Allemagne veut lancer un plan d’ac-tion national pour la RSE tout comme la Finlande. A la mi-septembre s’est déroulée à Bruxelles une réunion du groupe de Haut Niveau sur la RSE qui réunit les Etats membres de l’Union Européenne et la Commission. Le Danemark y a dressé un bilan de la première année d’obligation de reporting ESG pour les 1100 plus grandes

entreprises danoises. 97% des entreprises ont respecté cette obligation née d’une loi de 2008. 29% d’entre elles ont fait réfé-rence à des normes internationales dont 9% à la GRI. La France a évoqué le travail en cours de rédaction des décrets d’appli-cation de l’article 225 de la loi Grenelle 2 qui fait obligation aux entreprises d’orga-niser, pour leur exercice 2011, un reporting RSE dont les modalités sont loin d’être encore clairement définies. Le gouverne-ment français va organiser un séminaire avec d’autres Etats, la Commission et quel-ques organisations privées pour « réfléchir à la cohérence de sa future règlementation avec les principales initiatives internatio-nales », d’ici la fin de l’année. Michel Doucin, ambassadeur français de la RSE qui participait à cette réunion, y a analysé les liens existants entre les diffé-rentes négociations internationales. « Les questions clefs sont le rôle de l’Etat dans la définition des politiques nationales, les relations de priorité entre les normes nationales et internationales, les sanctions susceptibles d’être mises en place en cas de manquement à des normes RSE, la responsabilité étendue à la chaîne de valeur, le concept de sphère d’influence. Toutes ces initiatives mettent exergue la place des pratiques de « soft law » et des entreprises dans la construction d’une gouvernance mondiale. ».

A.-C. Husson Traore n

Reporting RSe : quel standard international ?

trois questions à olivier Luneaudirecteur développement durable et Affaires publiques du groupe cimentier Lafarge

Reporting

Disposer d’un standard international de reporting de RSE vous semble-t-il possible et nécessaire ? Lafarge est un groupe dont 90 % de l’activité sont réalisés à l’in-ternational, et nos principaux concurrents sont de grands groupes mondiaux. C’est pourquoi nous espérons que puisse émerger un protocole de reporting extra-financier uniforme qui permettra aux entreprises d’un même secteur de se comparer sur ces dimen-sions, de la même façon que le système comptable.

Vous avez choisi pour votre reporting RSE les lignes direc-trices de la GRI qui vous note A+ . Pensez-vous que le décret d’application de l’article 225 de la loi Grenelle 2 doit faire mention de standards internationaux comme celui-ci ? Nous faisons partie des entreprises qui souhaitent une standar-disation des indicateurs environnementaux et sociaux et la GRI est aujourd’hui le standard le plus répandu dans le monde occi-dental Mais, au sein des associations professionnelles auxquelles

nous appartenons, beaucoup d’autres entreprises ne partagent pas encore ce point de vue. Elles n’ont pas forcément d’activité à l’international et sont donc plus réservées sur ces dimensions. Si la France choisissait de vouloir essayer de créer son propre réfé-rentiel et ensuite de le diffuser à l’international, il faudrait mettre beaucoup d’argent et de temps d’experts autour de la table. Cela ajoute en complexité, alors que des protocoles existent déjà.

Concrètement, la multiplication des standards vous pose quel type de difficultés dans l’évaluation des émissions de CO2 qui est très importante dans votre métier ?Il existe aujourd’hui au moins une dizaine de protocoles de mesure du CO2 différents au plan international. Certains font référence aux autres mais globalement cela oblige l’entreprise à mettre en place une organisation complexe en interne et des systèmes de double ou triple comptage. C’est plus compliqué, plus onéreux et para-doxal. La France est en train de développer son propre système pour les obligations liées à la généralisation du bilan carbone. Nous allons donc avoir deux chiffres d’émissions, l’un pour la France suivant ce protocole, l’autre pour l’international avec le système que nous utilisons déjà. Il y a dix ans, Lafarge et d’autres acteurs cimentiers se sont mis autour de la table pour choisir un système de reporting CO2 commun, celui du WBCSD / WRI. Aujourd’hui, nous pouvons nous comparer dans ce domaine. Cela crée une émulation qui pousse chacun à réduire ses émissions.

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indicateurs de reporting environnemental et social

L’analyse du

La plupart des rapports d’entreprises – mais pas tous – évoquent la question des émissions de gaz à effet de serre (GES) avec plus

ou moins de précision et de conviction. L’étude annuelle du CFIE sur le reporting RSE met en évidence les progrès réalisés en matière de transparence dans ce domaine mais aussi ceux qui restent à enregistrer. L’étude fait en particulier ressortir que les rapports présentent souvent des informations globales mais peu détaillées. Quoiqu’il en soit et compte tenu des enjeux relatifs à la question des émissions de GES, de l’ampleur des moyens qu’il convient de mettre en oeuvre et du délai entre les mesures prises et les effets sur le climat, il s’avère indispensable que les entreprises prennent des engagements chiffrés et fixant des échéances.

L’analyse des rapports des entreprises du SBF 120 fait ressortir que 35 % d’entre eux présentent un objectif d’émissions quantifié assorti d’une ou plusieurs échéances. Le message du président reprend parfois ces objectifs positionnant au passage l’enjeu assez haut dans l’échelle des

priorités du groupe. Mais force est de constater que les objectifs sont le plus souvent mal mis en valeur, perdus dans le texte, parfois ambigus du fait d’un manque de précision. On n’identifie, par exemple, pas toujours très bien le champ pris en compte pour leur élaboration (unités de production, tertiaire, déplacements, logistique, émissions indirectes…) ni le périmètre adopté. Ce qui constitue en soit une difficulté pour évaluer la portée des engagements dans la mesure où il faudra bien au terme du délai fixé ou des échéances intermédiaires, vérifier si les objectifs imposés ont été atteints ou non.

Une autre difficulté mérite d’être soulignée. On ne sait pas toujours si les objectifs assignés sont exprimés en quantité absolue ou rapportés à une unité quelconque (émissions mesurées par quantité transportée ramenée à une distance fixe, par équivalent temps plein, par quantité produite, par rapport au chiffre d’affaires, rapportées à la surface utile…). Cette information revêt d’autant plus d’importance que les résultats publiés n’auront pas le même sens. Le premier cas donnera une idée de l’évolution de l’impact absolu du groupe sur le changement climatique, l’autre renseignera le lecteur sur la performance opérationnelle de l’entreprise. Pour simplifier, réduire de 10 % les émissions de GES par tonne transportée est une bonne nouvelle mais si les quantités transportées augmentent dans le même temps de 15 %, le résultat s’avère moins intéressant pour le climat. Les deux types d’indicateurs méritent donc d’être fournis.

Les rapports font souvent la distinction entre émissions internes, rejets résultant de l’utilisation des produits proposés (automobiles, avions, bateaux…) et avantages procurés par les services offerts sur la réduction des émissions de GES (limitations des déplacements grâce aux technologies de l’information…). La prise en compte des effets externes dans le calcul des rejets offre l’avantage d’exercer une pression sur les partenaires de l’entreprise mais comporte aussi le double inconvénient de rendre plus aléatoires les résultats attendus, qui dépendent des performances des prestataires, et d’aboutir sur un plan global à une double comptabilisation des effets.

Pour conclure, si la publication d’objectifs dans les rapports devrait vraisemblablement progresser, du fait que nombre de sociétés ont réalisé une mesure récente de leur empreinte carbone, de nombreux axes de progrès subsistent avant d’avoir une idée précise des perspectives à court ou à moyen termes des rejets de GES : distinguer les objectifs en volume et par unité en séparant ceux qui se rapporteraient aux réductions à proprement parler de ceux qui proviendraient de mesures de compensation ; bien définir le champ et le périmètre concerné ainsi que l’évolution des règles de mesures dans le temps ; différencier ce qui relève des émissions directes, indirectes ou induites.

Les entreprises face aux gaz à effet de serre

35%

n 35% des entreprises du SBF 120 affichent un objectif de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre

centre Françaisd’information sur les entreprises

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Repères RSE - N°91 Octobre/Novembre/Décembre 2010 �

indicateurs de reporting environnemental et social

De 2001 à 2010, l’ORSE (Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises) a répertorié sur son site www.

egaliteprofessionnelle.org, 83 accords de branche et 225 accords d’entreprise* dans le domaine de l’égalité professionnelle. Ce sujet reste un chantier d’actualité sur le marché de travail. Les femmes continuent à être discriminées par rapport aux hommes dans leur parcours professionnel, dans leur rémunération et, en fin de carrière, dans leur retraite. Elles peuvent alors se retrouver dans des situations de précarité. Les raisons de ces inégalités résident dans leurs parcours de carrière non-linéaires, voir incomplets dus à des interruptions pour les congés parentaux, au temps partiel, au travail en CDD, aux périodes où elles sont restées au foyer.

On observe quelques innovations dans la négociation en matière de conciliation vie professionnelle et vie privée. Ce sujet est formalisé soit dans des chapitres dédiés dans les accords d’égalité professionnelle, soit dans des accords spécifiques dédiés à l’équilibre « travail et vie privée » (Alstom, L’Oréal, France Télécom,…), au « temps partiel et au forfait jours réduit » (Sanofi-Aventis), à « la seconde partie de carrière des salariés » (Rhodia, France Télécom,…). Toutefois, des obstacles dans la mise en place de cette conciliation demeurent. Les enquêtes menées en interne par les entreprises (en particulier les verbatims) ont permis d’en identifier plusieurs :

• les stéréotypes encore existants dans la société, dans l’entreprise et même dans le couple, liés aux rôles des femmes et des hommes dans la vie familiale

• les systèmes de management basés sur la culture du présentéisme qui prône que la motivation équivaut à la présence sans

préoccupation pour la conciliation entre vie professionnelle et vie privée

• la relation parentalité/évolution de la carrière professionnelle du salarié (critères discriminants dans l’évaluation et l’accès aux hauts potentiels).

dispositifs mis en place par les entreprises

Afin de permettre aux femmes d’évoluer dans leur carrière professionnelle, les entreprises se concentrent notamment sur les dispositifs de conciliation vie privée/vie professionnelle. Ces dispositifs s’adressent à l’ensemble des salariés, notamment aux hommes, en les poussant à s’impliquer davantage dans les tâches domestiques ou dans l’éducation des enfants, aux seniors qui sont des grands-parents et qui, en dépit du fait que certains sont encore sur le marché de travail, peuvent aider les couples pour la garde des enfants.

Quelques exemples de dispositifs prévus dans les accords : les aménagements d’horaires et les autorisations d’absences non-rémunérées, les horaires de réunion, les mesures autour du congé de maternité (entretiens avant le départ et au retour du congé, augmentations salariales,…), les mesures autour du congé parental d’éducation et du temps partiel, les mesures autour du congé de solidarité familiale et du congé de soutien familial. Enfin, des modes d’organisations comme le travail à domicile et l’aménagement de fin de carrière pour les seniors qui sont grands-parents (congé grand parental à temps partiel) ainsi que des aides aux modes de garde (CESU, crèche entreprise ou interentreprises,…) peuvent également faire partie des dispositifs.

*Il s’agit d’une estimation car certaines entreprises ne souhaitent pas communiquer

Observatoire sur la Responsabilité Sociétale des EntreprisesL’analyse de l’

Les entreprises face à l’égalité professionnelle

83 accords de branche

225 accords d’entreprise

Pour aller plus loin• Répertoire « Pratiques d’égalité professionnelle entre les

hommes et femmes dans les entreprises », ORSE, 2009 http://www.egaliteprofessionnelle.org/index.php?p=enjeux

• « Guide parentalité : promouvoir la parentalité auprès des salariés masculins », ORSE, 2008

http://www.orse.org/site2/maj/phototheque/photos/actualite/ guide_promotion_parentalite.pdf

• « Patrons papas – paroles de dix dirigeants sur l’équilibre entre travail et vie privée», livre publié aux Editions « Le Cherche Midi », Fatoux F., Gaillard M., Roques H., mars 2010

• « Les pères dans la publicité. Une analyse des stéréotypes à l’oeuvre », première étude européenne de la représentation des pères dans la publicité, ORSE, BETC EURO RSCG, Macé E., juin 2010

http://www.orse.org/site2/maj/phototheque/photos/actualite/

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Quelle différence entre BOP et social busi-ness ?Il y a souvent confusion et ces deux notions sont mouvantes. Le BOP correspond d’abord à une catégorie de gens ayant moins de 3000 dollars de revenus par an, mais par extension il désigne aussi l’ensemble des stratégies mises en place par les multinationales pour cette cible. On est toutefois en train de revenir à son sens premier, car il existe des dizaines de stratégies, allant de la plus « business » à la plus philanthropique. Le social business est, lui, défini strictement par son inventeur Muhammad Yunus : il s’agit d’une entreprise dont la finalité est la résolution d’un problème social, ce qui implique que tous les bénéfices soient réinvestis dans la struc-ture pour, au final, baisser le coût pour les consommateurs. Mais les acteurs du social business ne mettent pas forcément le curseur aussi loin. Jusqu’à présent le flou a été entretenu et cela pose problème. Par exemple au Bangla-desh, voyant que le projet marche bien, la compagnie Telenor qui travaille avec la Grameen, a voulu récupérer sa part pour la redistribuer aux actionnaires…

Quelle est leur articulation avec l’économie « conventionnelle » ?Aujourd’hui, ces projets restent au stade de l’expérimentation. Très peu d’entreprises en ont fait un modèle économique…L’articulation avec le business traditionnel de ces groupes est donc très limitée si ce n’est en termes d’apprentis-sage et encore cela n’est pas systématique. Le reste de l’organisation de l’entreprise ne béné-ficie pas forcément de l’expérience créée par ces projets. Pour cela, il faut s’engager dans une démarche spécifique comme Danone, qui a mis

en place le « social innovation lab » qui permet de financer des projets à dimension sociale et qui organise des réunions où se réunissent les porteurs de projets sociaux et les managers « plus classiques » du monde entier.

Est-ce que ces programmes sont renta-bles pour les entreprises? Quelles sont les barrières à leur généralisation ? Certains programmes phares le sont comme celui de Cemex au Mexique ou celui d’Unilever en Inde. Mais ils ne sont pas forcément devenus des leviers majeurs pour les entreprises, ils sont plutôt des laboratoires d’innovations. Chez Unilever, qui a développé des gammes de

produits d’hygiènes et de soins vendus en petits sachets à travers des réseaux

de vendeuses ambulantes, il y a bien eu généralisation mais dans le cas de Cemex, qui propose des bureaux de micro-crédit et des conseils à la construction pour des personnes qui veulent agrandir leur

maison, beaucoup moins. Ils ont près de 30 000 clients /an mais cela

ne compte que pour moins d’1% de leur production annuelle de ciment. Il existe des barrières internes à cette généralisa-tion, comme la difficulté à former des managers et à intégrer les résultats dans les bonus, sans oublier l’incompréhension, voire le rejet par les équipes. Dans les barrières externes que j’essaye d’analyser, on peut reprendre le cas de Cemex : l’entreprise s’est mise à faire du micro-crédit, ce qui était légitime car personne ne le faisait sur place. Cela marche pour 30 000 clients mais si l’on augmente l’échelle, il s’agit d’un autre métier… A partir d’un certain seuil, il faut donc savoir déléguer les activités annexes à celles de son cœur de métier. Depuis, Cemex a d’ailleurs changé d’approche dans un nouveau projet, en impliquant les municipalités et une banque pour la partie financement.

C’est ce côté laboratoire d’innovations qui séduit autant les entreprises, aujourd’hui nombreuses à s’intéresser au sujet ? Il y a aussi d’autres choses, notamment la recherche de sens au quotidien. En interne par exemple, les gens sont prêts à déployer une énergie sans commune mesure avec la taille du projet. Cela créé un « affectio societatis » qui n’existait plus chez les entreprises.

Pour une multinationale, existe-t-il aussi des risques à adopter ce type de stratégie ? Peut-être d’y aller de façon trop visible. Les conséquences se font non seulement sentir à l’extérieur par rapport à l’attente envers l’en-

«Les BoP* et le social business sont des laboratoires d’innovation »Fortement médiatisés et souvent présentés comme des projets intégrés à la stratégie RSe des entreprises, les programmes BoP ou de Social business ont la cote. François Perrot, doctorant à Polytechnique et chargé d’un projet de ce type chez Lafarge, analyse les enseignements de ces nouveaux business.

treprise, mais aussi en interne car vous mettez votre entreprise dans une telle tension par rapport à l’atteinte de résultats que cela peut être déstabilisant pour les managers. Notam-ment lorsque l’on sait qu’il s’agit souvent d’un marché qui n’existe pas, pour des clients qui n’ont pas d’argent, et pour un produit qui n’est pas encore développé… Mais cela peut aussi être un bon apprentissage de la gestion du long terme. Le principal risque est de survendre des projets sous-réalisés.

Ces projets sont largement relayés à l’extérieur, notamment dans les rapports développement durable. Est-ce qu’ils sont pour autant socialement responsables ? Dans les rapports, ces projets sont souvent alimentés par de belles histoires, alors qu’on peut faire un programme BOP en ayant une approche totalement irresponsable. Il faut se poser plusieurs questions : est-ce que le produit répond à une problématique de déve-loppement ? Quel est le business model ? Est ce qu’il permet d’employer des petits sous-traitants ? Est ce que la distribution permet de créer des emplois ? On voit des projets comme ceux d’Unilever où l’entreprise n’a pas du tout cherché à impliquer les personnes en amont, dans le conditionnement des produits par exemple, et où il n’y a pas d’innovation concer-nant la fabrication des produits. A l’inverse Danone cherche à impliquer les petits produc-teurs de lait en les aidant à développer leur cheptel… Mesurer l’impact réel de ces projets constitue désormais un enjeu central.

Où en est-on sur cette question ? Par exemple, EDF, qui a aujourd’hui près de 200 000 clients dans le BOP, sait beaucoup mieux analyser l’impact de l’électrification sur le développement : en fonction des solutions techniques, des caractéristiques du terrain, cela peut créer de l’emploi ou « seulement » apporter du confort. Nous sommes encore au début, car il faut prendre en compte l’impact sur la durée. Pour le micro-crédit, qui a 20 ans, on commence tout juste à avoir les premiers résultats. Aujourd’hui, il existe des approches scientifiques très rigoristes, mais qui sont extrê-mement compliquées et coûteuses à mettre en place dans une entreprise. Ces projets renvoient à la question plus large de la mesure de la RSE en entreprise, que l’on n’a pas encore trouvée…

Propos recueillis parBéatrice Héraud n

*BOP : Bottom Of the Pyramid. Terme qui résume les prati-ques commerciales à destination des pauvres, qui constituent la base de la pyramide.

Recherche et débats R

éfér

ence

s

« the fortune at the bottom of the pyramid » C.K. Prahalad, 2004, Wharton school publishing

Vers un nouveau capitalisme Muhammad Yunus, JC Lattès, 2008

Rapport du PNUd “creating value for all: strategies for doing business with the poor”2008. Téléchargeable sur le site du PNUD (http://www.undp.org/gimlaunch/download.shtml)

L’observatoire du BoP : www.bopobs.com

François Perrot

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Repères RSE - N°91 Octobre/Novembre/Décembre 2010 9

Stratégie et outils

d e toute évidence, les achats respon-sables sont devenus un des axes

privilégiés par les entreprises dans leurs politiques RSE, et, par extension, dans leur reporting. C’est ce révèle l’étude de l’ORSE et du cabinet Ecovadis, qui ont analysé la communication externe de 125 entreprises asiatiques, améri-caines et européennes du Global 500. « 64% des entreprises présentent leur démarche achats durables comme un objectif prio-ritaire de leur politique RSE », souligne l’étude, tandis que « 50% des entreprises affichent des objectifs chiffrés, l’autre moitié indiquant des obligations de moyens et quelques objectifs de résultats ».En revanche, la formation aux achats responsables n’est évoquée que par 30% des entreprises, tandis que l’existence d’une fonction et d’équipes dédiées ne sont mentionnées que dans 13% des cas. L’ORSE regrette que « les entreprises communiquent encore trop peu sur leur organisation interne : moins de 1% des entreprises abordent les objectifs individuels RSE des acheteurs ». Enfin, les entreprises qui incluent des objectifs d’achats respon-sables dans la rémunération des acheteurs restent des exceptions, à l’image d’Axa et de Danone.

L’environnement demeure en tête

L’intégration des fournisseurs dans la démarche constitue un sujet clé de ce reporting, qui ne se contente plus d’afficher seulement les engagements. « Beaucoup d’entreprises délaissent désormais les chartes et les autres supports du même type, jugés peu engageants et trop assi-milés à de la communication », souligne Pierre-François Thaler, directeur d’Ecovadis. Les trois quarts d’entre elles indiquent en revanche procéder à une analyse de la performance RSE de leurs fournisseurs, 59% au moyen de questionnaires (dont le contenu reste très variables selon les cas : de 3 à 500 questions), 41% font des audits (d’une durée très variable là aussi, de quelques heures à une semaine). 38% ont introduit une clause RSE dans leurs contrats. Enfin, 33% exigent un niveau minimum de certification et 22% indiquent introduire

des critères RSE dans leurs appels d’offres. Pour autant, leur poids est encore symbo-lique, par rapport aux critères de qualité et de coût – ils ne représentent en effet que 3 à 10% de l’ensemble critères.L’environnement reste le sujet phare des

achats responsables. Il est en effet cité par 87% des entre-prises, qui encouragent leurs fournisseurs à développer une offre plus verte ou à réduire leur bilan carbone. Les sujets sociaux, cités par 73% du panel, font sans surprise l’objet d’un reporting plus faible dans la région Asie (45%). Enfin l’éthique (47%) est abordée par moins de la moitié du panel. Elle demeure avant tout une préoccupation des entre-

prises nord-américaines : 60% abordent le sujet contre 30% des entreprises asiatiques et 48% des entreprises européennes.

Disparités géographiques et sectorielles

L’étude montre également de grandes disparités géographiques. L ’Europe est plus avancée mais les « best in class » sont des groupes américains. « Aux Etats-Unis, mener une politique d’achats responsables reste de l’ordre de l’initiative volontaire, et c’est une véritable stratégie de différenciation, tandis que la réglementation européenne demande un engagement « standard » aux entreprises », décrypte Pierre-François Thaler. Enfin, seulement 7% des entre-prises asiatiques incluent des critères RSE dans leurs appels d’offres. De manière globale, 75% des entreprises en Europe atteignent un « niveau de trans-parence des rapports avancé », souligne l’étude, contre 40% en Amérique du Nord et 18% en Asie.

Ces disparités concernant également les secteurs d’activités. Si les équipementiers électroniques ou l’informatique font preuve d’un reporting approfondi, le secteur du BTP et des matériaux, qui communiquent beau-coup sur leurs achats en général, donnent peu d’information sur les achats responsa-bles. Enfin, « aucune entreprise du secteur des télécommunications ne déclare exiger de ses fournisseurs qu’ils soient certifiés, contrairement à 62% des entreprises du secteur de l’automobile », souligne l’étude.

Le reporting sur les achats responsables en net progrèsRéalisée en partenariat avec le cabinet ecovadis, une récente étude de l’oRSe analyse le reporting sur les politiques achats responsables de 125 entreprises, dans 18 pays et 8 secteurs. Si 95% de ces grandes entreprises abordent le sujet, l’étude révèle de grandes disparités géographiques et sectorielles.

En conclusion, même si le reporting n’est qu’un indicateur des pratiques réelles des entreprises, « force est de constater que la communication achats responsables est devenue en 2010 extrêmement struc-turée et quantifiée », affirme l’Orse. « Avec un niveau de transparence qui progresse, il devient plus difficile pour les entreprises de se contenter d’actions symboliques en matière d’achats durables ».

Véronique Smée n

Références

intégrer le levier de la RSe dans la relation fournisseursGuide pratique de l’Orse.

etude benchmark de la communication des entreprises du cAc 40 en matière d’achats responsables (2008-2010)par l’Orse.

Un observatoire des achats responsables a été créé en juillet 2010 à l’initiative du cabinet Mazars et de A2 Consulting. Il invite tous les acteurs, publics et privés, à partager les bonnes pratiques en la matière.

Les chiffres clé• 55% des entreprises affirment accom-

pagner leurs fournisseurs par le biais d’un suivi et de formations

• 59% des entreprises publient des informations sur leurs indicateurs de performance Achats Responsables, données variables d’une entreprise à l’autre. 38% ont introduit une clause RSE dans leurs contrats.

• 64% des entreprises présentent leur démarche Achats Durables comme un objectif prioritaire de leur politique RSE.

• 51% des entreprises se sont fixés des objectifs quantitatifs en matière d’Achats Responsables.

• 74% des entreprises déclarent procéder à l’analyse de la performance RSE de leurs fournisseurs, que ce soit par le biais de questionnaires ou d’audits (pour respectivement 59% et 55% des entreprises du panel). n

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10 Repères RSE - N°91 Octobre/Novembre/Décembre 2010

Lancement de cdc climatAMCDC Climat a annoncé le 28 septembre dernier la création de CDC Climat Asset Management, filiale à 100% de CDC Climat, au sein du groupe Caisse des Dépôts. Dotée de 60 millions d’euros, CDC Climat AM est chargée d’investir dans des projets éligibles aux mécanismes de projet du protocole de Kyoto, les MDP (Mécanisme de Développement Propre) et la MOC (Mise en Oeuvre Conjointe), ainsi que dans des projets labellisés Gold Standard et VCS (voluntary carbon standard). CDC Climat AM prévoit d’investir 60 millions d’euros afin d’éviter sept millions de tonnes d’émissions de CO2 d’ici fin 2011, principalement « dans des zones peu couvertes » comme l’Afrique subsaharienne et la Méditerranée, mais aussi en Europe et en France. Les projets retenus concernent le dioxyde de carbone et le méthane. Ils obéissent à des règles strictes : un projet ne peut dépasser 20% de la ligne budgétaire, pas plus d’un tiers des investissements ne peuvent être concentrés sur un seul grand promoteur, pas plus de 60% des fonds ne peuvent être alloués à des projets d’énergies renouvelables, pas plus de 50% dans un continent et pas plus de 34% dans un pays. Par ailleurs, des études d’impact environnemental des projets sont réalisées. Ils seront également évalués selon une grille d’analyse extra-financière ou selon des normes internationales et de RSE.

Le cdP publie son 8ème rapportLe huitième rapport du CDP, qui interroge les entreprises du Global 500 sur leurs politiques de réduction des émissions de GES, révèle que 82% ont répondu à son questionnaire, soit 410 d’entres elles. Un taux de réponse identique à celui-ci de 2009. Parmi celles qui n’ont pas répondu figurent Berkshire Hathaway (finance), Bank of China (finance), Rosneft (énergie) ou encore Amazon.com (consommation). Les plus avancées en matière de gestion du CO2 font l’objet du classement suivant : Siemens (industrie), Deutsche Post (industrie), BASF (matériaux), Bayer (santé), Samsung Electronics (technologies de l’information) et Lafarge (matériaux). De manière globale, 85% affirment avoir « créé de nouvelles fonctions liées à la gestion du CO2 ou du changement climatique », avec deux grands objectifs : « augmenter l’efficacité énergétique des opérations » et « déve-lopper des services qui permettent aux clients de réduire leurs propres émissions ». Par ailleurs, 73% des entreprises publient des informations dans leur rapport annuel sur leurs émissions mais seulement 50% se sont fixé des objectifs de réduction. En Chine notamment, peu d’entreprises parmi les cent premières du pays ont mis en place un système de reporting de leurs émis-sions de CO2, et très peu disposent de plans et d’objectifs de réduction. http://www.cdproject.net

Réforme du Giec : la liste des rédacteurs est rendue publiqueLa liste complète des rédacteurs principaux du prochain rapport du Giec, qui réunit 831 noms, est rendue publique, conformé-ment aux recommandations des Nations-Unies formulées début septembre. Tout le monde peut ainsi connaître la liste des scien-tifiques qui participeront au prochain rapport du GIEC, prévu pour 2014, et leur rôle - coordinateur, rédacteur principal, réviseur-. Le Bureau du Giec a reçu plus de 3000 propositions des pays

Brèves internationales

CLIMATmembres, soit 1000 de plus que pour le rapport précédent, ce qui lui a permis de renouveler les experts (60% de nouveaux), mais aussi de les rajeunir et de mieux représenter les femmes (25%), ainsi que les représentants de pays du Sud. Le GIEC fait également preuve de transparence en publiant tous les CV de ses contributeurs. Les deux institutions scientifiques françaises les mieux représentées sont l’Institut Pierre-Simon Laplace, un regroupement de laboratoires de sciences du climat en région parisienne et le Cired, Centre international de recherche sur l’en-vironnement et le développement.

distribution : « les consommateurs européens trouvent davantage de produits verts » Le Forum européen de la vente au détail, qui regroupe vingt enseignes de la distribution, s’était engagé de manière volon-taire à élargir les offres vertes et à communiquer sur ces produits auprès de leurs clients. Ce « code de conduite écolo-gique non contraignant » concerne l’approvisionnement de produits durables, l’efficacité énergétique dans les magasins, l’optimisation des transports et de la distribution, la gestion des déchets et la communication avec les consommateurs. Dans un rapport exhaustif de 160 pages, la Commission estime que « les détaillants ont tenu leurs promesses. Les consommateurs européens trouvent davantage de produits verts dans les rayons (…) Des efforts restent toutefois à consentir en ce qui concerne la communication avec les consommateurs sur les questions de durabilité », souligne le rapport qui suggère d’organiser « un système de trophées destiné à récompenser les meilleures prati-ques ». Dans la catégorie « produits vendus », le rapport cite l’exemple de Carrefour, qui a augmenté de 83% (par rapport à 2006) le nombre de produits biologiques vendus sous sa propre marque « et contribue ainsi à démocratiser la consommation durable ». Dans la catégorie « distribution », le leader espagnol de la distribution Mercadona annonce avoir atteint un score de 100% de récupération des déchets d’emballage dans ses maga-sins et centres de distribution. Dans cette même catégorie, Walmart a réduit de 40% les émissions de CO2 de sa flotte de transport (par rapport à 2005), tandis qu’en 2009, Lidl a réduit de 10 000 tonnes ses émissions de CO2 en ayant recours à des sacs fabriqués en matériaux recyclés. Dans la catégorie « communica-tion auprès des clients », le rapport relève les bonnes pratiques de Carrefour (mise en avant des produits éco-certifiés lors de campagnes nationales et internationales), de Colruyt (informe ses clients de ses actions en matière d’efficacité énergétique) ou encore de Lidl (information via son site internet et prospectus sur les produits verts).http://ec.europa.eu/environment/industry/retail/index_en.htm

La surpêche mauvaise pour les poissons et l’économieLa surpêche est une catastrophe pour la biodiversité mais aussi pour l’économie, soutiennent des chercheurs canadiens, améri-cains et britanniques, dans le Journal of Bioeconomics. Chaque année en effet, les pêcheries contribuent à l’économie mondiale pour 225 à 240 milliards de dollars. Mais si les pratiques avaient été plus durables, elles auraient pu rapporter plus : 275 milliards de dollars ! Ce sont les populations pauvres qui pâtissent de la situation ; les chercheurs ont calculé que sans surpêche, les poissons disponibles auraient permis de nourrir 20 millions d’in-

CONSOMMATION

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Repères RSE - N°91 Octobre/Novembre/Décembre 2010 11

Brèves internationales

dividus. Car entre 1950 et 2004 ce sont entre 36 et 53% de réserves de poissons qui ont été pêchées en excès, soit près de 10 millions de tonnes de prises aujourd’hui perdues… Les chercheurs pointent notamment la responsabilité des gouverne-ments qui subventionnent la pêche à hauteur de 27 milliards de dollars par an et dont 60% seraient dédiés à des pratiques non responsables. Cette étude intervient alors que le label Marine Stewardship Council (MSC) a récemment été accusé de servir de caution à la pêche industrielle et aux entreprises agroalimentaires. Ainsi, en septembre, une étude de la revue Nature épinglait le label MSC, créé à l’initiative du WWF et d’Unilever en 1997, expli-quant que celui-ci tolérait des pratiques destructrices comme le chalutage des fonds marins. De fait, le stock de colin d’Alaska en mer de Béring, la plus grande pêcherie labellisée MSC du monde, aurait chuté de 64% en cinq années à peine…

L’inde veut renforcer la protection des populations localesEn Inde, le cas Vedanta a provoqué une onde de choc dans tout le pays et pourrait être à l’origine de nouvelles mesures destinées à redonner du poids aux populations locales face aux projets industriels. Ainsi, le Premier ministre a créé un « Conseil national pour le bien-être tribal », qui, sous sa direction, réexaminera et pilotera les politiques gouvernementales concernant les 80 millions d’autochtones qui vivent dans le pays. Celui-ci réunira les ministres responsables des finances, des mines, de l’énergie, de l’environnement et les représentants élus des régions tribales du pays. Par ailleurs, un projet de loi vient d’être validé par un panel de ministres pour réformer le code minier. L’une des proposi-tions consiste à ce que les compagnies minières versent 26% de leurs profits provenant de projets affectant les populations locales à ces communautés, par le biais d’une « district mineral foundation » chargée de la redistribution. Une mesure qui est loin de plaire à l’industrie minière mais qui pourrait être adoptée par le Parlement cet hiver.

La spéculation risque d’entraîner une nouvelle crise alimentaire« La flambée des prix alimentaires de 2007-2008 a brutalement plongé 150 millions de personnes supplémentaires dans la malnutrition », a déclaré le rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, Olivier de Schutter. « Cette crise a été largement alimentée par la spéculation des grands groupes d’investisse-ment opérant dans un cadre financier totalement dérégulé. Or, deux ans après ce drame planétaire rien n’a changé. On constate une réelle résistance à règlementer les marchés à terme, les produits dérivés et les fonds indiciels. Dans ces conditions, nous courons droit vers une nouvelle crise alimentaire ». Les initiatives prises depuis deux ans sont en effet relativement restreintes. Si Les Etats-Unis ont adopté le Dodd-Franck Act, qui devrait limiter le nombre de matières premières pouvant être détenues par les traders, l’Europe reste à la traîne. Pour le rapporteur spécial et la présidente de la commission du développement du Parlement européen, Eva Joly, il faut « un cadre multilatéral de lutte contre la spéculation sur les prix alimentaires (…) dont la coordination doit revenir aux Nations Unies ». Des mesures régulatrices qui doivent s’accompagner d’un appui aux pays pauvres dans la reconstitu-tion et une gestion transparente de leur stock alimentaire.

Forages pétroliers : accord européen sur six zones protégéesDans le cadre de la Convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du nord-est (Ospar), les représentants des quinze pays européens riverains et de la Commission européenne ont défini six zones protégées des forages pétroliers, au-delà des juridictions nationales. Sur une superficie totale de 285.000 km², les activités humaines devront être limitées pour sauvegarder « une variété d’habitats et d’espèces d’eaux profondes vulnéra-bles », souligne l’Ospar dans un communiqué. « Le moment est historique, c’est une première mondiale », s’est réjoui le ministre français de l’Écologie Jean-Louis Borloo. « Nous venons de montrer que nous sommes capables enfin de prendre en compte la protection de l’océan dans son entier et de ne pas nous enfermer dans nos limites juridiques », s’est-il félicité. Pour Greenpeace, il s’agit au contraire d’un « manque de courage politique », les Etats ayant rejeté la proposition allemande d’un moratoire sur les forages pétroliers en eaux profondes dans l’At-lantique nord-est.

Greenpeace contre FacebookEn 2020, les centres de stockage de données et de réseaux de télécommunications consommeront près de 2 milliards de kilo-watts/heure d’électricité, l’équivalent de la consommation de la France, de l’Allemagne, du Canada et du Brésil réunis. C’est ce que révélait Greenpeace dans un rapport sur le « cloud compu-ting » il y a quelques mois. L’ONG passe désormais à la deuxième phase de sa campagne avec une stratégie qui a déjà largement fait ses preuves : la parodie. Cette fois la cible s’appelle Face-book, dont le plus grand centre de stockage des données en construction sera alimenté au charbon… L’ONG profite donc de la sortie du film sur le fondateur du site, « The social network », pour lancer sa propre vidéo « The so coal network », qui tourne très bien sur… Facebook ! Le groupe créé sur le trombinos-cope -« We want Facebook to use 100% renewable energy »-, rassemble déjà 300 000 supporters. Aura-t-il le même impact que le précédent, qui a détourné la publicité Kit Kat pour dénoncer l’approvisionnement en huile de palme de Nestlé ?

L’oNU crée un groupe de haut niveau sur la croissance durableDepuis la fin de l’été un groupe de 21 personnes, membres de la société civile et personnalités politiques, planchent sur un sujet aussi ambitieux qu’indispensable : « comment sortir les popu-lations de la pauvreté tout en respectant et en préservant les systèmes naturels et le climat ». Ce groupe de haut niveau sur la croissance durable sera co-présidé par Tarja Halonen et Jacob Zuma, les présidents de la Finlande et de l’Afrique du Sud, et devra rendre ses travaux fin 2011 afin de préparer la conférence de l’ONU sur le Développement durable, qui se tiendra à Rio de Janeiro en 2012 ainsi que la Conférence annuelle de la Conven-tion-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. « J’ai demandé au Panel de voir grand. Le temps des agendas étriqués et des petites idées est terminé », a déclaré le secré-taire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, lors de la conférence de lancement du groupe, ajoutant qu’il attendait « des réponses pratiques ».

IMPACT LOCAL

ACTIVISME

DÉVELOPPEMENT DURABLE

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12 Repères RSE - N°91 Octobre/Novembre/Décembre 2010

Rédactrice en chef : Véronique Smée.

Rédaction : Anne Farthouat, Marie-José Gava, Béatrice Héraud, A.-C. Husson et Véronique Smée.

Indicateurs réalisés par le CFIE et l’ORSE.

Directeur de la publication : Jean-Pierre Sicard, Novethic.Repères RSE est imprimée sur papier recyclé à 60 % et 40 % d’origine FSC avec des encres végétales.

Copyright Novethic. La reproduction du contenu de la revue est interdite pour tous pays, tous supports, tous procédés, sauf autorisation expresse de l’éditeur.`

4 numéros/an :300€ HT + TVA 19,6% soit 358,80€TTC

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Lettre éditée par Novethic - ISSN 2101-5252SASU au capital de 1 668 260 eurosRCS Paris B 437 499 29656 rue de Lille 75007 Paris

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n n n Sur le netwww.rapportsdeveloppementdurable.com

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que la loi Grenelle 2 constitue un accéléra-teur pour leurs projets DD. Enfin, seulement 22% ont mis en place des indicateurs ou un système d’équivalences pour chiffrer la créa-tion de valeurs apportée par les projets DD. Etude disponible sur le site du C3D (www.cddd.fr – rubrique Infos).

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L’observatoire de la communication responsable. La communication sur le développement durable et la RSE se généralise, c’est en tout cas ce que veut démontrer la troisième vague de l’observatoire mené par Limelight consulting. 88% des répondants se sont déjà engagés dans une telle démarche, essentielle-ment dans une optique d’image. En revanche, fini les 4X3 tapageuses, la communication sur le sujet se fait plus discrète. Pour parler environnement (et de plus en plus démarche sociale et sociétale), les entreprises privi-légient la relation directe avec leurs clients (marketing direct), leurs parties prenantes (relations publiques) ou leur personnel (intranet), en respectant de plus en plus les recommandations de chartes professionnelles et des principes d’éco-conception, du moins en partie. Pour les aider, elles font de plus en plus appel à des experts, principalement en interne, mais aussi à des agences de conseils ou de communication qui doivent désormais être capables de répondre aux critères DD des briefs qu’elles leurs soumettent. Reste encore à développer la mesure de toutes ces démar-ches...http://www.uda.fr/fileadmin/documents_pdf/Developpement_durable/Etude_observatoire_com_responsable_140910.pdf

n n n À suivreLe « danone social innovation lab »

Ils étaient plus de 200, en juillet dernier, à plancher sur les pratiques sociales innovantes mises en place - ou en cours de réflexion - chez Danone. Pour la troisième année, la communauté des « danoners » qui travaille sur des projets d’innovation sociétale un peu partout dans le monde, a confronté ses points de vue avec les ONG partenaires ainsi que des blogueurs au cours d’ateliers axés sur la façon de mesurer les projets socialement innovants et les changements qu’ils induisent dans l’or-ganisation du groupe. « C’est intéressant de pouvoir confronter nos expériences et de réflé-chir avec nos collègues de différents pays. Le plus difficile ensuite est de savoir comment le traduire dans notre travail au quotidien…», confie Hadinegoro Parmaningsih, secrétaire vice-présidente de Danone Aqua en Indo-nésie.

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Les enseignements de l’observatoire de l’opinion des directeurs dd

Selon la 4ème étude de l’opinion des directeurs DD réalisée par Opinion Way pour le C3D, 80% des sondés estiment que leur entreprise est aujourd’hui engagée dans un processus de transition vers un modèle économique plus responsable, soit 5 points de plus que l’an dernier. 44% pensent que le développement durable est perçu dans leur entreprise comme une stratégie d’actualité et un levier de sortie de crise, soit 8 points de plus que l’an dernier. Les directeurs DD restent partagés sur les impacts du Grenelle, puisque 52% estiment

n n n EngagementsLe Manifeste pour l’efficacité énergétique des bâtiments,

lancé par le WBCSD en février dernier, a été signé par 15 entreprises membres d’EpE (dont EDF, GDF Suez, Lafarge, RATP, Air France, Schneider Electric). Ce manifeste préconise cinq actions à mettre en place : « Créer une mesure de référence pour les bâtiments et établir un échéancier d’objectifs de réduction », « publier les politiques et les objectifs de l’entreprise », « déployer un programme d’audit », « publier tous les ans la consommation d’énergie et les émissions de CO2 », « promouvoir l’efficacité énergétique parmi les employés et les fournisseurs au travers d’activités de marketing, de formation, etc. » Schneider a indiqué avoir pu ainsi économiser 156 762 euros depuis le 1er janvier 2009.

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Manifeste de l’entreprise responsable

Ce texte lancé l’initiative de Philippe Vasseur, président du World Forum de Lille qui se tient du 24 au 26 novembre 2010, a pour vocation d’encourager la promotion d’une économie responsable par la diffusion de bonnes pratiques. Ses signataires doivent s’engager à propager des centaines d’initiatives recensées avec le texte à des entreprises de toutes tailles et de toutes nationalités. Lancé fin septembre, le manifeste a déjà été signé par une cinquantaine de dirigeants d’entre-prises, des PME et des grands groupes comme Auchan ou GDF-Suez.En savoir plus sur www.entreprise-responsable.org

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