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E.P.I A la découverte de Damas

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Page 1: E.P - Lycée Franco-Libanais Alphonse de Lamartine

E.P.I

A la découverte de Damas

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Départ

25 juin 743

- Aujourd’hui, un jour comme tous les jours, un vendredi comme tous les vendredis, je me rends à la taverne rejoindre mon ami pour discuter de tout et n’importe quoi. A peine ai-je ouvert la porte, que mon ami hurle « Dimitris !» comme si nous n’étions pas vus depuis trois ans. « Allez, viens mon ami, que je te paye un verre ! ». J’accepte d’un air bête. Nous nous asseyons à une table un peu en retrait comme à notre habitude, puis, n’y tenant plus, je lui confie mon désir inlassable de découvrir le monde. Mon ami me répond : « Si j’étais toi, j’irai voir au vieux port. Mais méfie-toi, c’est un trou à rats rempli de corruption. ». Je le remercie de sa bienveillance et de son aide et je paie un verre à tout le monde.

- Maintenant, je cours rejoindre ma femme Maria Pilimix à l’atelier couture.

« - Viens donc, chérie. J’ai quelque chose d’important à t’annoncer.

- Attends chéri, je n’ai pas fini de réparer ta tunique.

- Ma tunique attendra. Ce que j’ai à te dire est plus important que tout ! - Bon. » et elle passe la tunique dans son casier, puis me suit jusqu’à ma demeure qui, sans vouloir me vanter, est imposante. Une fois arrivé dans ma pièce privée avec ma femme, je prends une grande inspiration et lui annonce ma décision : « - Nous partons pour Damas. Juste le temps de négocier la traversée en bateau au vieux port et nous partons. Ma décision est irrévocable. Il paraît que c’est une ville commerciale importante. - Que venez-vous de dire ? Je lui demande alors quel est le problème. Elle s’esclaffe et m’explique que c’est sa ville natale. Quel hasard ! Dieu est avec moi ! Mais pourquoi a-t-il choisi de m’aider, moi qui ai pêché en épousant une femme musulmane. En effet, Maria, de son vrai nom Nadine Chehab est musulmane. J’étais loin de me douter qu’elle est originaire de Damas.

- Je pars au vieux port avec mon ami, effectivement, il n’est pas sage d’y aller seul, et me dirige vers la taverne la plus proche, lieu où se réservent tous les bateaux. Je me dirige vers la seule personne qui me paraît honnête et expérimentée. Je discute avec lui, puis, aborde progressivement la raison de ma venue. « Quel curieux hasard !» me dit-il. Il m’explique alors qu’à bord de son bateau, le « Bacchus », faire des allers retours Athènes-Damas est son quotidien et que bien que ce ne soit pas prévu, il est prêt à partir dès ce soir. Au début, étant récalcitrant, j’ai dû ruser et lui a montré la taille de ma bourse. Il accepte sans hésiter. Je rentre alors, fier d’avoir mené à terme une négociation importante. Ma femme, ayant fini nos bagages, Il ne me reste plus qu’à donner quelques ordres pour emmener toutes les marchandises et nourritures à bord du Bacchus.

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Arrêt no1

26 juin 743

- Arrivé devant la ville de Damas, je m’extasie devant les remparts hauts comme 10 hommes et larges de 5 coudes. Je suis impressionné par la taille de la porte où peuvent probablement passer 5 caravanes de marchands, et suis émerveillé par la beauté et la diversité du paysage qui ne me laisse pas indifférent. De la végétation à perte de vue ! Des animaux à bosses très étranges que les indigènes appellent les vaisseaux du désert, aussi bien dans leur comportement que dans leur aspect. Désorienté par toute cette nouveauté, je demande quelques conseils au capitaine ainsi qu’une carte de la ville.

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- De cette manière, je me retrouve, avec ma femme, dans la plus grande église (Ste-Marie), le seul lieu où l’on puisse trouver une ou plusieurs personnes parlant ma langue. C’est là que je fais la connaissance de Youssef, un monsieur d’un âge assez avancé. Je lui explique mon périple et lui demande un lieu où l’on puisse faire halte. Il me conseille alors d’aller aux hammams, bien qu’aujourd’hui soit le jour réservé aux femmes. « Ce n’est point un problème. » pense-je. « Je visiterais les souks réputés de la ville ». J’accompagne ma femme au hammam de la grande mosquée. Je décide donc de me rendre au souk « Al Khadra ».

- C’est ainsi que je me retrouve devant la porte de la Grande Mosquée. Je suis impressionné par le grand édifice. Jamais je n’avais jamais vu auparavant pareille architecture. Ce gigantesque monument est surmonté de coupoles me rappelant la boule de Charlemagne qui me fait penser à la chrétienté. Des dessins stylisés de végétaux forment un demi-cercle au-dessus de l’entrée. Mon désir de la visiter augmentant chaque seconde, je me dirige vers l’intérieur. Voyant que la majorité des personnes enlèvent leurs souliers, je fais de même. Je suis émerveillé par l’immensité de la salle de prière. Étonnamment, toutes les personnes rentrées en même temps que moi ne s’arrêtent pas dans la salle de prière, mais se dirigent vers une autre salle. Entrainé par le mouvement de foule, je la suis. J’arrive dans une cour extérieure, au centre de laquelle je découvre une fontaine, où tout le monde se purifie. Ne sachant pas que faire, je m’assois dans un coin et attend.

- Je suis intrigué par une voix à la fois brutale et douce. On aurait dit un ange chantant. Bercé par le chant irréel de l’inconnu, je ne vois pas un pratiquant atypique avec une longue barbe ainsi qu’un chapeau assez spécial avancer vers moi. Voyant qu’il s’intéressait à moi, je le salue. Il me répond avec des paroles in-com-pré-hen-sibles. On m’avait dit que l’arabe était difficile mais je ne pensais pas que c’était aussi dur ! Par hasard, Youssef, en musulman pratiquant, est dans la mosquée et voyant que j’avais du mal à comprendre, me rejoint et je suppose qu’il explique ma situation. Puis, il me dit qu’il serait mon traducteur. Nous commençons alors la visite. Je ne peux la décrire. Aucun mot tel qu’incroyable, extraordinaire, inimaginable ne saurait la qualifier. C’est quelque chose qu’il faut voir pour croire.

- Une fois sortis de la mosquée, je reprends le plan du capitaine pour aller à la découverte de la ville et de ses habitants. Des fortes odeurs d’épices inconnues embaument le souk, le rendant plus agréable à visiter. Je me promène dans le dédale de rues typiques de Damas. La façon de vendre des indigènes est radicalement différente de la nôtre. Contrairement à nous, qui restons discrets, eux, crient de partout leurs réductions et le nom de leurs produits. Je me demande comment se traitent les affaires importantes dans cette ville. Néanmoins, cette pratique me rappelle mon métier. Brusqué par la foule, je me retrouve devant un atelier

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de couture au milieu de ces puissantes odeurs d’épices. Je suis séduit par la beauté d’une étoffe. Elle est bleu marine brodé de fils d’or, une merveille ! Sans réfléchir, je décide de l’acheter. Mais il y a un problème : ma bourse ! Introuvable ! Je comprends tout de suite qu’il s’agit d’un vol. Que vais-je faire ? Anéanti, je m’assois sur une dalle en pierre du souk, en face de l’étoffe, et cherche une solution. Quand soudain, mes yeux s’éclaircissent. Voilà la solution ! Vendre ma marchandise ! Je vais donc au port où je retrouve le Bacchus et son capitaine. Je lui raconte ma mésaventure. Il m’aide alors à déposer la marchandise près du souk à l’aide de connaissances amicales, et à monter le comptoir. Cette idée a plutôt bien marché De nombreux indigènes, sont intrigués par ces tissus, ces accessoires pourtant banals à Athènes. Après quelques heures de ventes, le comptoir est vide. Je suis fier de cette enchère qui a très bien marchée. J’ai réussi à gagner l’argent que j’avais perdu lors du vol.

- Mais même tout ceci ne m’avait ôté l’image de l’étoffe bleu marine. Certes, je la trouve divine, mais c’est aussi à ma femme de décider. D’ailleurs, le hammam est surement fini. Je pars la chercher, et reviens devant l’atelier de couture. L’étoffe est toujours là. Ma femme est également surprise par une telle magnificence. Sana aucune hésitation, elle me donne son accord. Elle m’a coûté cher, mais cela en valait la peine. J’aurais moult choses à raconter lors de mon retour à Athènes.

Arrivée

27 juin 743

- Je commence à regretter Damas, ses vastes étendues de verdure, ses puissantes odeurs de cuisine traditionnelle et sa magnifique architecture digne d’un génie. Le dallage gris en pierre monotone et répétitif me rend maussade. Néanmoins, me voici à Athènes et je ne peux rien y faire. Mais les couleurs éclatantes de l’Orient tournent en boucles dans ma tête. Tout à coup, je me rappelle ma magnifique étoffe bleu marine .Je commence donc à chercher dans nos bagages la boule de vieux tissus dans laquelle j’avais soigneusement enveloppe mon unique souvenir d’Orient. Et là, malheur ! J’ai beau fouiller les moindres recoins, soulever les tapis, bouger les meubles, le tissu qui fait ma fierté se cache toujours quelque part. Puis, il me vient une lumière. Le bateau ! Si mon étoffe ne s’y trouve pas, le petit malin qui s’est amuse a me la voler va souffrir ! Je cours a grandes enjambées vers le port où je retrouve une vieille connaissance : le Bacchus. Evidemment, elle ne s’y trouve pas. Je suis persuadé

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que c’est un coup des marins. Toujours en train de chercher sur le pont, j’aperçois un marin. Aveuglé par la colère, je lui saute dessus et le secoue comme un prunier en criant :« Vaurien ! Vas-tu parler ?! Où est mon étoffe, ma plus grande fierté ?! Espèce de Sarrasin ! » Le marin, abasourdi, commence alors à bégayer :« C’est… le… le pa… le patron. » Je lui hurle : « Où est-il ?! »

- Il me désigne une imitation de taverne peu accueillante. Je me dis qu’il ne serait pas prudent d’y aller seul. Peut-être que des gardes pourront m’aider. Et puis, l’argent n’a pas de couleur. Je cours dans les ruelles à leur recherche. Finalement, à un tournant, j’en rencontre trois qui font une patrouille. Je leur explique que j’ai besoin de leurs services et s’ils acceptent, ils pourraient être grassement payés. Après avoir mûrement réfléchi, ils acceptent avec enthousiasme. Je leur indique le faux-semblant de taverne, et les gardes font irruption dans la salle. C’est alors que je découvre que la fausse taverne était un cabaret. Je leur désigne du doigt le capitaine du Bacchus et le leur définis comme un dangereux criminel. Après un long et pénible interrogatoire mené par les gardes, ce gredin avoue enfin avoir volé l’étoffe dans le but de la revendre ensuite. Après avoir récupéré cette merveille, je commence à me rappeler mon voyage en Orient et à me sentir prêt à me convertir à l’islam.

- Ne devrais-je pas me convertir ? Je retourne à mon domicile la tête remplie de questions pour demander conseil à ma femme, qui est à l’origine musulmane. Elle me dit alors que c’est un chois que moi seul peux prendre. Après maintes réflexions, je me dis que je ne pourrais pas prendre le bon choix sans retourner à Damas. J’annonce la nouvelle à ma femme qui saute de joie à l’idée de revenir dans son pays natal. Je réserve de nouveau un bateau – mais pas le Bacchus, n’ayant pas confiance en son capitaine –.

J’aurai coupé tous les ponts avec ma vie passée mais je sens qu’une vie bien meilleure va commencer…

FIN

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Carte du Voyage :

Archibald Belotti-Cormorand

Jana Alameddine