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••••• •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• Septembre 2017 N°95 www.cdc-mutuelle.org Mutuelle CDC Envisager un changement de vie MAGAZINE Le portage salarial Page 12 Arthrose : des traitements «naturels» pour soulager les douleurs Page 14 La location collaborative comment ça marche ? Page 17 Les déserts médicaux Page 20 Hémochromatose : quand le fer devient poison Page 26 Pages 6 à 11

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••••••• ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••Septembre 2017N°95

www.cdc-mutuelle.org

MutuelleC

DC

Envisager un changementde vie

M A G A Z I N E

Le portage salarial Page 12

Arthrose : des traitements «naturels» pour soulager les douleursPage 14

La location collaborativecomment ça marche ? Page 17

Les déserts médicaux Page 20

Hémochromatose :quand le ferdevient poison Page 26

Pages 6 à 11

Som

mai

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CDC Mutuelle Infos

Page 4 Résumé AG CDC Mutuelle Nouveaux partenaires pour votre mutuelle.

Page 5 Du nouveau dans la prise en charge des médicaments.

Dossier

Pages 6 à 8 Changer de vie : témoignages et conseils.

Pages 9 à 11 Le rêve américain, La Green Card, Interview de Dominique Gouteron.

Trimestriel de CDC Mutuelle • Mutuelle régie par le Livre II du Code de la Mutualité 784 301 434 • Rédaction et Administration : 12 av. Pierre Mendès-France Paris • Téléphone: 01 58 50 04 05 • Fax: 01 58 50 03 48 • site Internet : www.cdc-mutuelle.org • Directeur de la publication: Gérard Lesage • Rédacteur en chef : Christian Cursol • Secrétariat de rédaction : Sophie Pardo • N° 95 – Septembre 2017 • Le numéro 0,76 €• Abonnement annuel: 3,05 € • CPPAP 0920 M 07522 - ISSN 2556-6784 • Tirage 7 000 exemplaires • Conception graphique BMVO-Capnet - Olivier Corviole • Impression et routage : Routage et Messageries de France • Dépôts légal 3eme trimestre 2017 • Ont participé à ce numéro : N. Allain, L.Fouchet, P. Bourdonneau, I. Coston, C. Chausseray, L. Vandeputte, Aliisa Waltari G. Lesage, S. Pardo, B. Saint-Sever - Photos : Fotolia, Shutterstock. Couverture : Fotolia

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hères adhérentes, chers adhérents,

Nous voici déjà en cette rentrée 2017 et les dernières élections ont modifié profon-dément le paysage politique français en faisant accéder au pouvoir une majorité gouvernementale totalement inédite.

Faisant suite au premier discours de politique générale du Premier ministre, je souhaite évoquer un sujet très important qui concerne la mutualité Française en général et votre Mutuelle CDC en particulier : l’objectif du « reste à charge zéro » pour les frais d’optique, de prothèses dentaires et audioprothèses.

Ce défi à relever a pour vocation principale de lutter contre le renoncement aux soins et en faciliter l’accès. Noble mission en soi, mais très difficile à mettre en œuvre sans volonté commune et concertation de tous les acteurs : pouvoirs publics, professionnels de santé, assurance maladie, mutuelles et patients.

Il n’y aura pas de concertation sans débat, et celui-ci pose déjà des questions claires :

Quels soins et prestations sont réellement concernés par cet objectif ?

Est ce que toutes les catégories de population seront concernées ?

Cette évolution ne va-t-elle pas entraîner une baisse de qualité des produits et prestations ?

Est ce que les efforts nécessaires seront bien partagés et assumés par tous ?

Pour répondre concrètement à toutes ces questions, les mutuelles devront d’abord engager des discus-sions avec les professionnels de santé, afin de fixer avec eux les objectifs de prix adaptés, permettant d’atteindre ce principe de « reste à charge zéro ».

Elles le font déjà avec les opticiens et les audiopro-thésistes, via les accords des « réseaux de soins », ayant déjà obtenu une réduction de 30% sur les factures de lunettes pour les assurés. Mais il faudra aller bien plus loin.

Les exigences du défi réclamé par le nouveau gouvernement, seront nombreuses : discussions, négociations, régulations sans excès, encadrement raisonnable des tarifs, préservation de l’innovation et liberté de développement des techniques de pointe.

Ce n’est qu’en travaillant ensemble que les acteurs de la santé publique pourront espérer atteindre cet objectif, pour le bien de tous !

Nous aurons largement l’occasion de revenir en détails sur ce vaste sujet dans les colonnes de nos prochains numéros.

Bien cordialement,Gérard LESAGE.

N°95 Sept. 2017

Mutuelle

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M A G A Z I N E

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Page 12 Le portage salarial

Page 14 Arthrose : des traitements «naturels» pour soulager les douleurs.

Page 16 Dossier médical : comment y avoir accès ?

Page 20 Les déserts médicaux.

Page 26 Hémochromatose : quand le fer devient poison.

Système de Soins

Page 24 Mon enfant va être hospitalisé, comment l’aider.

Forme Bien-être

Page 18 Le financement participatif, comment ça marche ?

Economie Sociale

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Page 17 La location collaborative, comment ça marche ?

Vie Pratique

CDC Mutuelle Infos

CDC Mutuelle Magazine n°95 • Septembre 20174

CDC Mutuelle Infos

CDC Mutuelle Magazine n°95 • Septembre 2017 5

Mais le véritable évènement de cette rencontre annuelle fut le résultat exceptionnel de la participation au vote : 31,02 % des adhérents ont participé au scrutin, contre 25 % en 2016 ! Rappelons que 25% est le taux minimum de participation requis pour valider l’AG et les décisions qui y sont prises … sans abandon de ce quorum lors d’une 2ème assemblée. La mutuelle avait donc décidé de s’employer pour mobiliser les adhérents

autour d’un scrutin essentiel pour son fonctionnement et sa vie démocratique. Et le résultat est excellent, l’un des tout meilleurs des mutuelles de la Fonction Publique … Des moyens identiques, voire supérieurs, seront engagés en 2018, avec également un effort d’amélioration du contenu de ce moment fort, afin d’encourager la participation et la présence des adhérents à leur assemblée générale.

> Assemblée Générale de CDC Mutuelle

L’Assemblée générale de CDC Mutuelle s’est tenue le 18 juilletdernier à Paris. Les adhérents présents à ce rendez-vousannuel ont assisté à la présentation des comptes ainsi que des orientations prises par CDC Mutuelle au cours de l’année écoulée. Les 13 résolutions soumises au vote de cette Assemblée générale ont toutes été adoptées.

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> Votre Mutuelle diversifie ses partenairesToutes les mutuelles doivent pouvoir disposer d’accès aux réglementations, à l’actualité et aux conseils d’experts. Lorsque les ressources correspondantes n’existent pas en interne, il est nécessaire de faire appel à des parte-naires qui peuvent apporter leur savoir et savoir-faire pour assurer aux adhérents des garanties sur l’ensemble de l’activité de leur mutuelle. CDC Mutuelle a déjà une longue histoire avec de tels partenaires. En effet, de-puis 1947, notre mutuelle est adhérente à la Fédération Nationale des Mutuelles de France (FNMF) .

Cette fédération vient en soutien des mutuelles afin d’être en mesure de remplir les exigences qualita-tives et quantitatives qui s’imposent à elles. Tou-tefois, les besoins des mutuelles peuvent être différents selon l’importance du nombre d’adhérents et la taille de votre mutuelle ne la range pas parmi les plus grosses. C’est la raison pour laquelle, CDC Mutuelle doit s’allier à un partenaire ayant pour mission de fédérer et de défendre les mutuelles « à taille humaine ». La FNIM créée en 1989, fonctionne comme un système d’entraide et de mutualisation de moyens. La FNIM est

reconnue par les pouvoirs publics et en est un inter-locuteur privilégié. Cette fédération met à disposition des mutuelles des outils et des services dans des domaines variés et utiles : contrôle interne mutualisé, aide aux démarches administratives, consultations juridiques, formations, bases de données, veilles réglementaire et concurrentielle, revues de presse, et différents services « à la demande » ciblés sur les petites et moyennes mutuelles. Considérant l’intérêt que représente ce partenariat, la Conseil d’administration de notre mutuelle a décidé le 29 Août 2017 d’adhérer à la FNIM.

La FNIM apportera des réponses concrètes aux questionnements de notre mutuelle, par exemple, par la mise en place d’un baromètre annuel pour connaître les besoins et les attentes de nos adhérents.

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> CDC Mutuelle améliore la prise en charge de ses prestations

La Commission des Prestations, le Bureau, le Conseil d’administration et finalement l’Assemblée Générale ont décidé d’améliorer la prise en charge de plusieurs prestations : en optique, en pédicure et en ostéopathie. Pour l’optique, l’objectif était de mieux prendre en charge les prescriptions complexes et coûteuses (+75%) mais de donner également un coup de pouce aux verres simples foyer (+20%). Pour la pédicure le nombre de séances prises en charge passent de 4 à 6 par an. Enfin pour l’ostéopathie, si le nombre de séance prises en charge par an a été maintenu à 5, le remboursement de ces séances sera doublé (de 15 € à 30 €). Toutes ces modifications sont détaillées dans le tableau reproduit ci-contre.Retrouvez l’ensemble des prestations sur notre site : www.cdc-mutuelle.org

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> Les accueils de la CDC Mutuelle à l’heure de la relation adhérent

Depuis l’été 2017, CDC Mutuelle a réuni sur un seul étage l’ensemble de ses équipes dans un nouvel espace de travail convivial et chaleureux. Un réaménagement nécessaire pour mieux accueillir et répondre aux attentes de ses adhérents, qui disposent désormais d’un lieu dédié pour un service-client personnalisé et sur mesure. La réflexion sur le projet de réunification des équipes sur un même étage a débuté il y a plusieurs mois. L’idée était de rapprocher les collaborateurs du même département pour gagner du temps dans la gestion des dossiers, en veillant à respecter leur mode de travail. En parallèle, la CDC Mutuelle souhaitait satisfaire les besoins de ses adhérents, désireux d’une relation-client personnalisée pour un suivi optimal.

Avec ce nouveau lieu de travail, la CDC Mutuelle joue la carte de la proximité pour des échanges entre collaborateurs et adhérents rapides et simplifiés. Un seul étage, pour éviter la scission entre collaborateurs et rapprocher les gestionnaires de leurs adhérents. Côté collaborateurs, ils bénéficient toujours de bureaux individuels dans un espace rappelant les valeurs fédératrices de la mutuelle, sociale et solidaire. Cette néces-saire réorganisation relève les défis d’une expérience adhérent indivi-dualisée, face à un public sensible à une écoute privilégiée.

Après une phase de réorganisation et de concertation avec les salariés, le choix de la réunification des équipes est devenu une évidence indispensable pour harmoniser et fluidifier la communication interne et externe. Aujourd’hui, la CDC dispose d’une infrastructure cohérente au design moderne. Décloisonné, le concept répond à la volonté de

la CDC Mutuelle d’offrir à ses collaborateurs une méthode favorisant la communauté et les liens, une flexibilité maximale dans la gestion des dossiers et une proximité pour une meilleure relation-adhérent. «Nous étions dans un bâtiment dont les aménagements avaient conduit à la séparation des salariés, sur deux plateaux. Nous souhaitions donc leur apporter davantage de confort et de satisfaction, éviter la rupture entre eux. Par ailleurs, nous nous devions de prendre en compte les attentes et besoins de nos adhérents, parfois désorientés lors de leur venue. Enfin, nous avions l’objectif de fluidifier les échanges entre collaborateurs et entre collaborateurs/adhérents», explique le chef de projet, en charge du pilotage de celui-ci. «Nous sommes particulièrement attentifs au bien-être de nos salariés et à l’accueil de nos adhérents et ces nouveaux bureaux sont plus proches des valeurs fédératrices qui font notre différence et de notre esprit mutualiste». « Nous avons ainsi gagné en efficacité et optimisé notre relation avec nos adhérents grâce à une zone-repère centralisée. Nous avons voulu exploiter le maximum de la capacité de l’espace pour en faire un lieu central de vie, d’accueil, de convivialité, propice à l’écoute et aux échanges ». Ce lieu d’activité ouvert a opté pour des espaces de travail individuels : chaque collaborateur dispose de son propre bureau et de rangements individuels. Pour l’accueil, une signalétique claire et des kakémonos aux couleurs de CDC Mutuelle ont été mis en place pour identifier d’un simple coup d’œil l’espace adhérents. Comme une vitrine, c’est un point d’ancrage pour les visiteurs, un fil conducteur pour mieux les orienter et les guider pour une expérience-adhérent de qualité.

Consciente de l’impact que le projet d’aménagement peut avoir sur le fonctionnement et la performance de ses prestations, CDC Mutuelle a souhaité trans-former ses accueils en un lieu de travail collaboratif, faisant rimer, fluidité, proximité et efficacité… pour offrir à ses adhérents un accueil premium. Bienvenue dans la nouvelle implantation des accueils de CDC Mutuelle, 2ème étage d’Austerlitz 2.

Prestations : Sécurité sociale Mutuelle

Osthéopathie Néant 30€ par séance dans la limite de 5 séances par an.

VerreAdulte complèxe 60% TR 50% TR + 205€

Montures Adultes 60% TR 150 €

> Chers adhérents, voici la bonne nouvelle de la rentrée !Suite au tirage au sort parmi les votants à notre Assemblée Générale du 18 Juillet 2017, les heureux gagnants sont :

1er prix : Mme Stella PICAULT (Ploermel 56800)2ème prix : Mme Dominique LATHENE (Pleguien 22290)3ème prix : M. Joseph ANDRADE (St. Clément-de-la-place 49370)

1er prix : une semaine en pension complètepour deux personnes (hors période scolaire)au chalet de Courchevel !

2ème prix : une nuit en pension complètepour 2 personnes !

3ème prix : un coffret Smartbox !

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Les personnes ayant décidé de changer de vie ont eu des parcours étonnants, tous différents. Avec des points communs : le courage, l’envie de se trouver et l’intelligence de profiter du hasard ou d’une rencontre… Il ne faut craindre ni les passages à vide ni l’échec, mais croire en soi et à sa capacité à réinventer sa vie. Témoignages.

Cheveux châtains coupés courts, grand sourire de bat-tante, à 56 ans, Guillemette, est devenue une véritable professionnelle du changement de vie. « J’ai vécu de nombreux bouleversements affirme cette femme du nord née dans une famille d’industriels du textile mar-qués par l’effondrement de cette industrie. A la routine que je déteste, je préfère la découverte de nouvelles compétences. Aujourd’hui, j’en suis à mon cinquième métier ! » Et pourtant, à l’école, Guillemette se dit « très mauvaise ». Elle qui n’aime que le sport s’oriente vers le métier de kinésithérapeute. Echec au concours. A 20 ans, elle n’a ni diplôme, ni métier. Mais elle pratique le modern jazz avec plaisir et obtient le Brevet d’Etat de danse. Elle sera professeur de danse pendant 15 ans.

«En 1989, j’épouse un agriculteur, reprend Guillemette. Après quelques hésitations, je quitte tout et pars m’installer à Framerville, son village de 300 habitants dans la Somme.

Je participe activement aux travaux de la ferme que nous ouvrons au public pour des animations autour de la pomme, notre produit-phare. Mais son cours s’effondre. Prime de Bruxelles pour abattre nos 16 ha de pommiers. Un crève-cœur. Mon mari doit se reconvertir.»

Il en faut plus pour décourager Guillemette. Devenue fonctionnaire après un concours, elle est embauchée comme directrice de la médiathèque créée par un ami à Rosières-en-Santerre (Somme). «Recrutement de l’équipe, organisation d’un pôle multimedia, expos… je m’occupe de tout et cela marche très bien. Malheureusement, un changement à la tête de la Communauté de communes signe aussi la fin de mon activité » se souvient Guillemette.

> Rallyes pour touristes« Pierre Douay, un ami photographe créateur du projet « Un cadeau pour la Terre », une exposition événe-mentielle, me demande alors de travailler avec lui, reprend-t-elle. « Pendant 6 ans, j’installe des expositions sur le développement durable. « Je me déplace beaucoup pour rencontrer des partenaires. Je m’éclate dans le boulot, mais mon couple souffre et je demande la séparation. Puis, en 2006, je suis licenciée. Que faire ? Je pars à Lille, changeant mes enfants d’école en un temps record. Mais c’est le chômage. Pendant 6 semaines, je suis une formation de création d’entreprise. Attirée par le tourisme, je créée l’agence « 3-4 jours » avec l’idée d’organiser des escapades pour des par-ticuliers. » Comme cette activité ne lui permet pas de gagner sa vie, Guillemette se lance dans la création de rallyes pour des offices de tourisme. « Cela démarre bien. Plusieurs villes m’ont déjà passé commande. » constate-t-elle.

CHANGER DE VIE !

> « J’arrête tout »Visage souriant où le rire n’est jamais loin, anneaux d’or aux oreilles, Ingrid Desjours, 41 ans, écrit des romans policiers. Après des études « un peu partout en France », très jeune, elle devient psychologue et se spécialise dans la criminologie en Belgique. A ce titre, elle est aussi experte auprès des tribunaux. Elle est donc « profiler ». A cause des séries TV américaines, cette technique fait beaucoup fantasmer. « Ce métier valorisant que j’ai exercé pendant 6 ans m’apportait beaucoup, reconnaît Ingrid. Mais je me sens saturée par son côté glauque, les cadavres, toutes ces atrocités côtoyées quotidien-nement. Sans signes avant-coureurs pour mon entou-rage, je me sens progressivement désensibilisée. Je ne me reconnais plus. Du jour au lendemain, j’arrête tout sans savoir ce que vais faire : ouvrir un cabinet de psy-chologie ? Rejoindre une institution ? Encore très jeune, je crains de ne pas inspirer confiance. Je décide alors de partir en Irlande où je postule pour un job alimen-taire de téléacteur pour le centre d’appels d’un groupe américain. Au moins, je vais parfaire mon anglais ! Pro-gressant, je deviens formatrice de directeurs de centres d’appels. Mais la France me manque. »

> 40 pages en une semaineToute petite déjà, Ingrid aimait écrire. Un jour, survient le coup du destin qu’elle attendait inconsciemment : « Un éditeur de chez Plon ayant lu les nouvelles que j’écris pour des revues d’associations, me conseille de m’orienter vers l’écriture de romans policiers. « Tu serais crédible, m’affirme-t-il.» Je n’ai jamais écrit de polars, mais je sens qu’il ouvre des vannes. En une semaine, j’écris les 40 premières pages de mon nouveau roman dont le premier jet est bouclé en 6 semaines. Je le portais en moi depuis si longtemps ! C’est «Echo»*. Désormais, depuis une dizaine d’années, j’écris des thrillers, des romans fantastiques pour les jeunes, des nouvelles et des scenarios de séries TV. J’orga-nise aussi des « murder parties ». Avant, je côtoyais la mort, les agressions…Maintenant, je créé, je suis dans l’émotion, dans la vie. J’ai le sentiment de faire ce pour quoi je me sens faite. »

> Des ressources humaines à l’éditionLa littérature est aussi au cœur de la reconversion de Corinne d’Argis, 59 ans. Au début de sa carrière, elle travaille pendant 7 ans dans un cabinet de chasseur de têtes avant d’être DRH pendant 15 ans dans une grosse société. « En 2005, un généreux plan social nous est proposé. Certes, j’adore mon boulot, mais je me dis : « et si je faisais autre chose ? » Afin de « donner un sens à sa vie », Corinne souhaite s’investir dans le secteur associatif. Elle fait un bilan de compétences, puis suit une formation au management des associations à l’Ecole des Mines. Ensuite, avec plus ou moins de bonheur, elle exerce des responsabilités dans différentes associations. Autre virage professionnel, il y a quatre ans. « Je commence à travailler à temps partiel avec ma belle-sœur qui possède une boutique d’objets de décoration à Versailles, explique-t-elle. En parallèle, j’écris des romans humoristiques. Mon dernier livre est « Le bonheur au travail - le journal d’un jeune stagiaire » (Ed. St Léger Edition). Et, depuis des années, je rêvais de travailler dans le monde de l’édition. J’ai eu la chance de rejoindre St Léger Edition, un éditeur de Saumur. Désormais, je dirige la collection « Les Passagères » dédiée à des livres écrits par des femmes. Je lis les ma-nuscrits que nous recevons, j’en repère un, je travaille le texte avec l’auteur... ». Un métier très excitant et créatif. *« Echo », édité chez Plon. Le dernier livre d’Ingrid Desjours est « La Prunelle de ses yeux ». Edition Robert Laffont.

>La Tentation de l’Amérique

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> Un rêve de librairie en Bretagne A 50 ans passés, Sophie Blot, cheveux blonds foncés et pull rouge, a enfin concrétisé un projet mûrement réfléchi : ouvrir sa librairie, « Césarine », la librairie des enfants et du spectacle, à Bécherel, la cité du livre, près de Rennes. « Je souhaitais profiter d’une meilleure qualité de vie que celle offerte par la banlieue pari-sienne, présente-t-elle. Pendant trois ans, elle fait des allers-retours pour rejoindre son mari, libraire, déjà ins-tallé à Bécherel et étudie la possibilité d’y ouvrir une librairie tout en vendant des livres sur le Net.« La difficulté était de trouver une maison en centre-ville assez grande pour y installer une boutique et un lieu de vie. » se souvient Sophie. Coup de chance : elle vend sa maison en banlieue et achète presqu’en même temps une maison de 400 m2 sur la place principale de Bécherel. « Après, le plus dur commence : travaux pour installer « Césarine » et dans la partie habitation reprend Sophie. Aujourd’hui, la librairie est ouverte depuis quatre mois et l’activité démarre bien. Le cadre de vie est agréable, la mer à 35 minutes. »

> Un rêve de librairie en Bretagne La Bretagne a aussi joué un rôle déterminant dans le changement de vie de Martine Mangeon, 66 ans, aujourd’hui conteuse. Quinze ans lui ont été néces-saires pour se consacrer exclusivement à sa passion. « Et pourtant, j’aimais mon métier de technicienne as-surances affirme-t-elle. Mais, il a suffi d’une seule ren-contre, un beau soir au bord de la mer à Quiberon pour que Martine, sous le charme d’un conteur se dise et affirme à tous ses proches, incrédules : « c’est cela que je veux faire ! » Elle se forme alors auprès des plus

grands. Michel Hindenoch, Isabelle Sauer, Abbi Patrix et Henri Gougaud, entre autres, lui apprennent le métier. Dans sa tête, les projets se bousculent. Il ne suffit pas à Martine de conter. Infatigable, elle veut aussi faire partager sa passion aux autres. Elle crée plusieurs associations, organise des festivals et anime des formations.

Jacques, son mari, s’occupe de la logistique de ses interventions. Animateur pour enfants, son fils Damien l’accompagne dans certaines histoires. A la fin de chaque contée, Martine va à la rencontre du public et lui parle de son métier. Elle explique : « Le conte est un espace de liberté, tu racontes ce que tu veux, quand tu veux, où tu veux avec les mots que tu veux, comme tu veux. A une condition : le respect de l’histoire». Et si le respect de sa propre histoire consistait à aller à la rencontre de soi-même pour changer de vie, enfin.

« L’Amérique, l’Amérique je veux l’avoir et je l’aurai » chantait Jo Dassin dans les années 70…C’est aus-si le rêve de Julian, un beau jeune homme brun de 28 ans. Petit dernier d’une fratrie de trois garçons, très jeune, il espère un jour brûler les planches. A 7 ans déjà, il fréquente aux côtés de Maryse, sa mère, la Compagnie du Message, la troupe de théâtre de La Poste et de France Telecom. Pendant toute sa jeunesse, il suit des cours de théâtre et fréquente des troupes d’amateurs. Son bac en poche, le jeune homme suit une année de droit à l’université d’Assas, à Paris. « C’est suffisant pour que je constate que ce n’est pas du tout ma voie ! » reconnaît-il au-jourd’hui. Puis il se lance dans des études conduisant aux professions de l’immobilier. A 21 ans, il est agent immobilier à Paris.

Mais, l’attraction pour le monde du spectacle est la plus forte. A 23 ans, il décide de quitter sa famille et son pays pour s’installer à Los Angeles où il suit pendant 2 ans les cours très coûteux (10000 $ par an, pris en charge par ses parents) de théâtre, de cinéma et de caméra du Citrus College. Dans la capitale internationale du cinéma, Julian s’active. Avec un ami parisien avec lequel il est en colocation, il ré-alise des courts métrages de promotion pour se faire connaître. Il se présente à des castings et multiplie les petits boulots, la plupart du temps pas ou peu rémuné-rés : publicités, courts métrages pour des étudiants en audiovisuel, photos, DJ dans des soirées dansantes…

> Enfin la green card !2015 est l’année de la rencontre avec Shirley, une jeune femme d’origine philippine. Coup de foudre à la fois sentimental et professionnel. Actrice, chanteuse, c’est une battante. Il l’épouse en décembre dernier. En 2016, son professeur de théâtre lui « offre » son premier grand rôle dans une pièce de théâtre qu’il joue (à titre gracieux !) en Norvège, « The Epi-phany ». Julian vient enfin d’obtenir la green card permettant à un étranger de travailler aux Etats Unis. Depuis 2 mois, pour gagner sa vie, il est aide-soignant le matin pour 1600$ par mois. De 15h à 22h, il travaillait comme hôte d’accueil dans un café. Mais il ne s’enten-dait pas avec sa responsable, très autoritaire, et elle l’a licencié. Bref, au pays de « La la land », pour seule-ment espérer devenir acteur de cinéma, des années de galères et de bohème attendent les jeunes (et moins jeunes) postulants à la gloire…Dépressifs s’abstenir.

> De Meudon à La MartiniqueL’Amérique, ce sont aussi les Antilles et là-bas, pas besoin de green card. C’est l’histoire de Juliette, 44 ans. Toute bronzée, elle a l’air sérieux derrière ses grosses lunettes à la monture noire. Née à Meudon (Hauts de Seine), elle y passe toute sa jeunesse jusqu’à ses 24 ans. « C’est une commune que je porte dans mon cœur, son histoire, son patrimoine culturel, ses forêts…Après des études d’espagnol et l’obtention d’un BTS Tourisme, embauchée par Les Voyages Fram, Juliette quitte la Mé-tropole pour les Antilles en 1998.

> Leurs conseils pour un changement de vie réussi

> Guillemette • Rester optimiste. Il n’y a pas d’échec dans la vie. Ce n’est pas parce que l’on n’y arrive pas tout de suite que l’on n’y arrivera jamais.• Etre déterminé. Avoir une vraie conviction personnelle.• Etre bien entouré par des proches bienveillants • Se faire conseiller par un réseau de professionnels compétents • Eviter de se lancer à l’aveuglette• Conserver une certaine humilité et ne pas hésiter à solliciter les autres, y compris pour un prêt d’argent. J’ai dû emprunter 20000 € à des proches pour monter mes projets.

> Ingrid• Etre à l’écoute de soi-même.et de son évolution personnelle. • Ne se fixer ni limites, ni freins• Ne pas se dire : « je n’ai pas la formation »

> Corinne• Essayer la méditation pour se débarrasser de ses angoisses et rester zen.

> Sophie• Réaliser l’importance de l’enjeu du changement : énergie, argent, mode de vie… • Prendre son temps avant de déménager définitivement dans une autre région : se rendre plusieurs fois sur place à des saisons différentes, faire de nouvelles connaissances.

> Martine• Il faut s’écouter avant tout. On souffre à aller contre soi-même.

> Juliette• Aller de l’avant car non seulement la vie est courte mais qu’il est important de s’épanouir dans ce que l’on entreprend.

L’Amérique séduit encore de nombreux Français tentés par de nouvelles aventures. Ce n’est pas toujours l’eldorado dont ils rêvent. Les Antilles françaises, c’est aussi l’Amérique et sans « green card » !

CDC Mutuelle Magazine n°95 • Septembre 2017 CDC Mutuelle Magazine n°95 • Septembre 201710

Dossier

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Dossier

Elle est animatrice de sport le jour et réalise des spectacles le soir dans des hôtels club pendant 2 ans en Guadeloupe, puis en Martinique.

> Les échelons à toute vitesse« Ma vie privée est ma première motivation pour changer de vie. J’ai décidé de rester en Martinique pour l’homme que j’aime, le Papa de mes deux enfants, explique Juliette. «Toujours chez Fram, je deviens hôtesse d’accueil et guide touristique. Un métier très enrichissant. Cependant, comme j’aime le changement et les challenges, après 10 ans d’ancienneté, je décide de quitter cette entre-prise et d’évoluer dans un autre domaine. » Juliette

est alors engagée par Heliblue Hélicoptère comme hôtesse chargée d’encadrer les clients souhaitant découvrir les beautés de l’île vue du ciel. Au bout de 6 mois, elle s’ennuie déjà et souhaite se reconvertir. « Partant du principe que je savais recevoir la clientèle et que j’appréciais beaucoup les échanges, des qualités appréciées dans le commerce, je dépose un CV chez Promod, une marque française de prêt à porter, à Fort de France. » Rapidement embauchée, la jeune femme gravit les échelons à toute vitesse : interim, CDD, première vendeuse, adjointe à la responsable d’un magasin, puis responsable du premier magasin Promod de Fort de France. Enfin, avec le titre de brand manager, elle gère trois magasins. « J’ai pris beaucoup de plaisir à cette activité. Et mon équipe et moi avons obtenu deux « awards » pour meilleure progression du chiffre d’affaires, 2ème de France après les Champs Elysées ! » Une expérience professionnelle passionnante mais très chronophage. Juliette aimerait consacrer plus de temps à sa petite famille. L’un des responsables de la marque de vêtements Dody lui propose alors de prendre la responsabilité de son magasin en Martinique. « Mes proches m’ont toujours soutenue et mes décisions se sont toutes prises très rapidement, se souvient Juliette. Si c’était à refaire, je le referais sans aucune hésitation ».

> La Green CardLa carte de résident permanent aux États-Unis plus connue sous le nom de green card (carte verte) est un document d’identification émis par le service de citoyenneté et d’immigration américain (US-CIS). Il permet aux citoyens non-américains de s’installer et de travailler légalement aux États-Unis sans besoin de visa. Les droits et devoirs des porteurs de la carte sont identiques à ceux d’un citoyen américain à l’exception du droit de vote et de servir comme juré. Le titulaire a l’obligation d’avoir toujours sur lui la carte en cas de contrôle de la régularité de son séjour.

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Rencontrez-vous souvent des personnes souhaitant changer de vie ?

Tout le temps. Compte tenu de ce que sont devenues les entreprises. Notamment avec l’arrivée des écrans et de la dématérialisation. Tout ce qui donne l’impression d’être un travailleur mécanique. A l’exception des personnes chargées de contrôles à forte responsabilité : contrôle aérien, contrôle de centrales nucléaires…Ces derniers ont du mal à expliquer leur job, mais ils bénéficient d’un fort esprit d’équipe, de journées à la fois conviviales et très in-tenses en cas de crise. Ce n’est pas le cas de tous les cadres et certains souffrent d’un management souvent pres-surisant, d’une sorte de pesanteur hiérarchique pas très éloignée du harcèlement moral, souvent accompagnée d’une lenteur des décisions…Ces personnes s’angoissent. Récemment, j’ai rencontré un homme de 55 ans, licencié, s’interrogeant sur son avenir. C’est le passage délicat de la « vraie-fausse » retraite. Il y a aussi des personnes mariées sur le tard ayant un enfant de 10 ans à plus de 50 ans et qui s’inquiètent pour leur vie future.

Que vous disent ces personnes ? Quelles raisons les poussent à changer de vie ?

Chaque situation est unique. Mais, globalement, elles sont en quête d’un sens à donner à leur vie. Je vois beaucoup de femmes divorcées bon gré mal gré et qui se plaignent. J’ai envie de leur dire : « oui, la vie est dure ». Il peut y avoir une illusion du changement de vie, source de déceptions. Certaines rêvent de devenir coach. Mais attention si l’on a déjà des problèmes relationnels dans son entreprise. Le métier de coach nécessite de s’occuper des autres. Et, comme tous les métiers, il s’apprend. On ne devient pas coach du jour au lendemain. Autre cas, celui d’un homme de 55 ans habitant Rouen mais travaillant à Paris dans

la grande distribution : il se sait obligé de « redistribuer son temps ». Je lui ai donné des pistes pour trouver des emplois dans l’enseignement et le tutorat dans de grandes écoles. Ils lui conviendront mieux que la relation singu-lière du coach à son client. Il y a aussi les cas des jeunes gens qui veulent créer une start-up…

Les raisons sont-elles les mêmes pour les hommes et pour les femmes ?

Malgré l’évolution de la société et du statut des femmes dans le monde du travail, hommes et femmes restent attirés par des métiers différents. Les hommes sont plus souvent dans l’expertise. Ils changent de métier à des âges différents. Les jeunes pour créer des start-up. Plus âgés, vers 45 ans, ils s’orientent vers le conseil. Grâce à leur ex-périence professionnelle, ils peuvent changer de métier et deviennent médiateur, juge de proximité, un avocat de-vient juge…Il reste assez rare que quelqu’un suive une for-mation pour changer radicalement de métier. Les femmes restent dans le « care », le soin, le maternage. Elles ont envie, par exemple, de devenir professeur de yoga.

Quels conseils leur donnez-vous ?

Je conseille de faire un point à froid sur les avantages et les inconvénients du métier quitté pour ne pas en minimiser les avantages. Demander aux professionnels du secteur et/ou du nouveau métier envisagé quels sont ses incon-vénients. Réfléchir sur soi-même pour savoir ce que l’on est capable de supporter dans la durée et s’imaginer dans 10 ans. S’interroger sur les facteurs auxquels on est le plus sensible : la technicité du métier, une atmosphère, la convivialité, la tolérance hiérarchique, voire l’égalité d’hu-meur…Quand je demande à mes clients : « quelle est votre journée de travail idéale ? » je réalise très vite ce qui ne va pas. Je les prépare psychologiquement. Ainsi les jeunes souhaitant monter une start-up doivent s’interroger sur une éventuelle association avec d’autres professionnels.

Vous-même, avez-vous déjà changé de vie ?

Oui, souvent ! Avec un mari ingénieur chimiste, comme les usines ne sont pas installées Place de la Concorde…j’ai dû changer de vie plusieurs fois pour le suivre. Je ne suis pas sûre que je l’accepterais aujourd’hui !

Propos recueillis par Nadine Allain.

>Interview de Dominique Gouteron : consultant coach

« Il peut y avoir une illusion du changement de vie, source de déceptions. »

A mi-chemin entre le travail en indépendant et le salariat, le portage salarial noue une relation entre trois acteurs : un collaborateur « porté » signe un contrat de travail avec une société de portage salarial et effectue une prestation pour le compte d’une entreprise cliente. ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

une forme d’emploi atypique

Vie PratiqueEmploi

Benoît Saint-Sever

Créé il y a une vingtaine d’années, le portage salarial concerne aujourd’hui 50 000 travailleurs. Il offre les avantages du salariat, tout en permettant la liberté d’entreprendre. Le Code du travail définit cette forme d’emploi comme « un ensemble de relations contractuelles organisées entre une entreprise de portage, une personne portée et des entreprises clientes, comportant pour la personne portée le régime du salariat et la rémunération de sa prestation chez le client par l’entreprise de portage ». Ce mode de fonctionnement atypique connaît un certain succès. Le chiffre d’affaires du secteur a en effet affiché une croissance de 42 % entre 2012 et 2015, pour atteindre environ 550 millions d’euros. En 2015, plus de 250 entreprises de portage salarial étaient recensées. Selon la Fédération des entreprises de portage salarial (Feps), ce dispositif peut être utilisé dans plus de 750 métiers. Les « portés » interviennent dans divers domaines comme les prestations intellectuelles (consultant en recrutement ou développeur Web, par exemple), commerciales (courtier en travaux, apporteur d’affaires…) ou artisanales (écrivain public, paysagiste...). Il est toutefois interdit d’effectuer en portage salarial des missions de service à la personne, comme la garde d’enfant ou les travaux ménagers.

> Une relation tripartiteConcrètement, et quel que soit le secteur professionnel, le futur porté signe avec une société de portage une convention qui fixe les modalités de son activité. Il prospecte ensuite sa clientèle et négocie lui-même les termes de son intervention (objet, conditions financières, calendrier…). Une fois cette négociation achevée, deux contrats sont signés : un contrat de prestation entre la société de portage et le client, et un contrat de travail entre le salarié et la société de portage. Cette dernière se charge d’envoyer les factures au client et de verser le salaire du « porté ». Pour se rémunérer, elle ponc-tionne entre 3 et 10 % du chiffre d’affaires généré par le salarié.

> Indépendance et protectionLe salarié peut être embauché en contrat à durée déterminée (CDD) ou indéterminée (CDI). Il bénéficie également d’une rémunération minimale définie par un accord de branche étendu ou, à défaut, correspondant à 75 % du plafond mensuel de la Sécurité sociale, soit 2 452 euros brut par mois pour une activité à temps plein en 2016. Angélique, consultante en informatique, a opté pour le portage, une forme d’emploi qui lui permet « de disposer du cadre administratif, juridique et comptable de la société de portage ainsi que d’un accompagnement » : « Je conserve une certaine liberté dans mes missions sans avoir à m’occuper de formalités administratives, tout en cotisant à la retraite et au chômage », souligne-t-elle. Ces avantages intéresseraient d’ailleurs de plus en plus d’actifs. Selon une étude Ifop menée pour la Feps en avril 2016, « 57 % des personnes interrogées seraient prêtes à devenir indépendantes tout en conservant des éléments de protection liés au statut de salarié (affiliation au régime général, assurance chômage, complémentaire santé). […] Les générations les plus jeunes (64 % des moins de 35 ans) et les actifs en reprise d’études (75 %) apparaissent comme les plus attirés » par ce mode de fonctionnement.

> Une nouvelle branche professionnelleFace à de tels chiffres, le secteur s’organise. Depuis le 1er décembre 2016, le portage salarial est officiellement reconnu comme une branche d’activité professionnelle. Suite à cette annonce, une commission mixte paritaire a été mise en place pour ouvrir les négociations en vue de la rédaction d’une convention collective. Sa priorité sera, notamment, de fixer les critères permettant au salarié porté de bénéficier des allocations chômage après la fin de son contrat, de définir le budget réservé à la formation, mais aussi d’ajuster le niveau minimal de rémunération.

LePortageSalarial

CDC Mutuelle Magazine n°95 • Septembre 2017

Vie PratiqueEmploi

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En France, près de la moitié des 10 millions de personnes at-teintes d’arthrose ont moins de 60 ans. C’est la maladie articu-laire la plus répandue et la première cause de handicap après 40 ans, car les douleurs dues à l’inflammation des zones arti-culaires entraînent à la longue une perte de mobilité. L’arthose ne se guérit pas, mais pour ralentir son évolution et limiter les symptômes, neuf personnes atteintes sur dix se disent à la recherche de solutions pour soulager la douleur et beaucoup se tournent vers les médecines alternatives pour restreindre la prise de médicaments (antalgiques, anti-inflammatoires, corticoïdes). « Le rhumatologue n’est souvent consulté qu’en deuxième intention », confirme Eric Senbel, rhumatologue à Marseille et président du Syndicat national des médecins rhu-matologues (SNMR), qui précise que « les “petits arthrosiques”, ceux qui connaissent une arthrose débutante, privilégient plu-tôt les compléments alimentaires aux médicaments ».

> Les compléments alimentaires« L’objectif de vouloir réduire les anti-inflammatoires est louable et certains compléments alimentaires tels que la chondroïtine sulfate, le glucosamine ou les granions de cuivre peuvent être utiles lorsqu’ils sont utilisés sur le long cours », reconnaît Eric Senbel. En tant que scientifique, le médecin rhumatologue ne donne son avis que sur les pro-duits « dont les bénéfices sont prouvés » et à condition, bien entendu, « qu’ils soient compatibles avec la santé ou le traitement du patient ». Cependant, « même si les bénéfices sont modestes », le spécialiste souligne l’efficacité du gluco-samine ou de la chondroïtine, « évalués sur la base d’études et qui présentent des propriétés anti-inflammatoires compa-rables à celles des médicaments ». Il signale par ailleurs « un

effet placebo non négligeable ». Le docteur Senbel met aus-si ses patients en garde contre la tentation de piocher sans discernement dans le rayon « compléments alimentaires » du pharmacien, car les produits sont nombreux et parfois « farfelus » : « On trouve de tout. Cela va de l’huile de krill (plancton des mers froides formé de petits crustacés, NDLR) au cartilage de requin. En tant que médecin et scientifique, je ne peux que conseiller la modération. En plus d’être inutiles, ces produits sont souvent chers », prévient-il.

> Arthrose : des traitements « naturels » pour soulager les douleursCou, genou, hanche, épaule, doigt…, toutes les articulations du corps peuvent être tou-chées par l’arthrose. Cette maladie, qui se caractérise par la dégradation des cartilages situés autour des articulations, fait souffrir près de dix millions de Français. Si elle sé-vit particulièrement chez les personnes âgées, elle n’épargne pas pour autant les plus jeunes. Pour soulager les douleurs arthrosiques, que valent les méthodes « naturelles » ?

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> La phytothérapieCertaines plantes, comme le cassis, l’harpagophytum, appelé aussi griffe du diable, ou encore le curcuma, sont reconnues pour leurs vertus anti-inflammatoires. « Elles ont l’avantage de réduire la prise de médicaments qui peuvent provoquer des effets secondaires », explique Elodie Poudroux, qui exerce à Toulouse comme praticienne en santé naturelle et en médecine énergétique chinoise. Lors de la première consultation, cette professionnelle, qui reçoit « beaucoup de patients souffrant de douleurs au niveau des articulations, hanche, épaule, genou, dos… », fait un bilan complet : « Je les interroge sur les diffé-rents troubles de santé qu’ils peuvent connaître, je cherche les déséquilibres dans le corps, je les questionne sur leur hygiène de vie, leur alimentation », détaille-t-elle. Elle leur prescrit en-suite des complexes de plusieurs plantes sous forme de com-pléments (gélules), mais leur conseille également « d’arrêter les produits laitiers, de limiter les viandes rouges, grasses, comme les charcuteries, car elles produisent beaucoup de toxines qui viennent s’accumuler au niveau des articulations ». Hormis les plantes aux propriétés anti-inflammatoires, Elodie Poudroux en préconise d’autres, comme la prêle, riche en silicium, ou le bambou, tous deux « bénéfiques pour les tissus de soutien, les os et les cartilages par leur effet à la fois reminéralisant et an-tidouleur ». En raison des minéraux qu’elle contient, l’ortie fait aussi partie de la liste des plantes intéressantes « pour main-tenir la vitalité des articulations », selon la phytothérapeute. « Le lithothamne, une algue anti-acide, apporte du calcium et du magnésium végétal », complète-t-elle, en insistant sur l’im-portance de « vérifier qu’il n’y ait pas d’interactions entre les plantes et un traitement pour d’autres pathologies ». Elle re-commande enfin les bourgeons de plantes (gemmothérapie), comme ceux du cassis pour la santé des muscles, du pin pour le cartilage articulaire, du frêne ou encore du bouleau verru-queux, présentés sous forme de gouttes à répartir tout au long de la journée. En renfermant, au stade embryonnaire, toutes les parties de la plante (de la sommité aux racines), le bourgeon cumule en effet les diverses propriétés de cette dernière.

> L’aromathérapieUtilisées en massages, certaines huiles essentielles, comme celles de gaulthérie, d’eucalyptus citronné et d’épinette noire, par « leur action à la fois analgésique (antidouleur) et anti-in-flammatoire », participent à diminuer la douleur, indique Elo-die Poudroux, qui précise qu’« il faut surtout compléter avec des plantes qui vont drainer l’organisme, les articulations, pour favoriser l’élimination des toxines ».

> L’homéopathieMême si une étude menée en 1993 a démontré que Rhus toxi-codendron, une plante utilisée en homéopathie, obtenait de meilleurs résultats qu’un placebo, les avis sont partagés sur cette médecine douce, car son efficacité n’est pas prouvée et semble être très variable selon les patients. L’homéopathie étant sans danger, pourquoi ne pas essayer ? Il faut toutefois savoir que les traitements sont spécifiques selon que l’on est atteint d’arthrose au niveau du pouce, du genou, du talon… Si toutes ces solutions « naturelles » peuvent diminuer les douleurs, elles ne ne soigneront malheureusement pas l’ar-throse, qui poursuivra inexorablement son évolution. L’infil-tration de cortisone reste un moyen vraiment efficace pour réduire les douleurs lorsqu’elles deviennent trop difficiles à supporter. Les injections d’acide hyaluronique, essentielle-ment pratiquées pour l’arthrose du genou, procurent aussi un soulagement et permettent peut-être de retarder l’opération chirurgicale (prothèse) lorsque les cartilages et les os sont plus atteints. Malheureusement, l’injection d’acide hyaluronique n’est plus remboursée par la Sécurité sociale depuis le 1er juin 2017, une situation que déplorent médecins et patients.

Isabelle Coston

« Toutes les recommandations nationales ou internationales sont de pratiquer une activité physique, sauf pendant la poussée arthrosique et si l’articulation est gonflée et douloureuse, indique le docteur Eric Senbel, président du Syndicat national des médecins rhumathologues (SNMR), qui conseille de pratiquer plutôt « des activités adaptées, douces et régulières. » L’activité physique vient même en première intention, car elle permet d’entretenir les muscles situés autour des articulations. « Mieux vaut n’importe quelle activité physique que pas d’activité physique du tout : le sport fait partie du traitement », souligne-t-il.

> Bouger permet (vraiment) de réduire la douleur arthrosique

Le patient (et ses ayants droit sous certaines conditions) a la possibilité de prendre directement connaissance de l’ensemble des informations concernant sa santé détenues par des professionnels et établissements de santé. La communication du dossier médical est une obligation pour l’établissement et un droit pour l’usager qui en fait la demande. Ce droit devrait toutefois être renforcé, car les établissements ou les médecins qui refuseraient d’accéder à la demande du patient n’encourent aucune sanction.

> Qui peut consulter le dossier ?Il peut s’agir du patient lui-même, de son tuteur s’il est sous tutelle, de son médecin s’il l’a choisi comme intermédiaire, de sa personne de confiance, voire d’une personne qu’il a mandatée. Un mineur peut tout à fait consulter son dossier médical, mais il peut aussi désigner un médecin ou son représentant légal pour qu’il le fasse à sa place. S’il ne souhaite pas que ses parents ou tuteurs aient connaissance de certains soins, il peut s’opposer à ce que le médecin leur transmette son dossier. Sous certaines conditions, les ayants droit ont accès au dossier d’une personne décédée (lire l’encadré).

> Comment formuler la demande ?La demande doit être adressée directement au professionnel de santé libéral lorsqu’il s’agit de son médecin traitant, d’un spécialiste vu en ville ou d’un chirurgien-dentiste, ou au responsable de l’éta-blissement de santé quand il s’agit d’informations concernant une hospitalisation. Un appel téléphonique suffit en général pour obtenir son dossier médical auprès d’un médecin de ville. Pour consulter son dossier médical dans un hôpital, mieux vaut en revanche en faire la demande par lettre recommandée avec accusé de réception, en précisant la ou les dates d’hospitalisation et en joignant une photocopie de sa pièce d’identité.

> Quel délai ?Quand un patient demande à accéder à son dossier médical, celui-ci doit lui être remis sous huit jours pour les informations datant de moins de cinq ans, sous deux mois pour les informations plus anciennes.

> Combien ça coûte ?La consultation du dossier est gratuite lorsqu’elle a lieu sur place, des frais d’affranchissement et de reproduction peuvent être facturés en cas d’envoi de copies.

> Que contiendra ce dossier médical ?Plusieurs documents médicaux sont accessibles : les résultats d’examen, les comptes rendus de consultation, d’intervention, d’exploration ou d’hospitalisation, les protocoles et les prescriptions thérapeutiques (ordonnances), les feuilles de surveillance ou les correspondances entre professionnels de santé. En revanche, les informations recueillies auprès de tiers n’intervenant pas dans la prise en charge thérapeutique ou concernant, par exemple, un membre de la famille, une assistante sociale, les documents de travail et les notes des professionnels de santé ne contribuant pas à l’élaboration et au suivi du diagnostic et du traitement font exception à ce principe du droit d’accès aux informations de santé et ne seront donc pas communiqués au patient.

> Que faire en cas de non-obtention ?En cas de refus ou de retard, vous pouvez effectuer un recours auprès de la commission d’accès des documents administratifs, la Cada, s’il s’agit d’une clinique ou d’un hôpital. S’il s’agit d’un médecin libéral, il faut en référer au conseil de l’ordre de son département.

Catherine Chausseray

> Dossier médical : comment y avoir accès ?

Tout patient peut accéder directement à son dossier médical, sans avoir à passer par l’intermédiaire d’un médecin. Ce droit, acquis suite aux revendications des associations de patients et inscrit dans la loi depuis mars 2002, est pourtant méconnu. Près de la moitié des Français pense encore, en effet, que l’autorisation d’un médecin est indispensable.

CDC Mutuelle Magazine n°95 • Septembre 2017 CDC Mutuelle Magazine n°95 • Septembre 2017

ViePratique

Systèmede Soins

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L’ayant droit, le concubin ou le partenaire lié par un pacte civil de solidarité (Pacs) d’un patient décédé peut avoir accès au dossier médical du défunt, sauf volonté contraire exprimée par ce dernier de son vivant. Seules les informations nécessaires pour connaître les causes de la mort, défendre la mémoire du défunt ou faire valoir des droits seront transmises, car le dossier de la personne décédée n’appartient pas à l’ayant droit. Celui-ci doit donc toujours indiquer le motif de sa demande d’accès. Tout refus de la part du médecin ou de l’hôpital l’établissement de santé doit être motivé. Si la personne décédée est mineure, ses représentants légaux peuvent accéder à la totalité de son dossier médical – sauf si le mineur s’est opposé à ce que certaines informations soient transmises – sans avoir à motiver leur demande.

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> Et si le patient est décédé ?

Utiliser un objet est plus important que de le posséder, telle est l’idée de départ de l’économie collaborative, aussi appe-lée économie du partage. Sur Internet, de nombreuses plate-formes mettent ainsi en relation des particuliers qui souhaitent échanger des biens ou des services pour arrondir un peu les fins de mois et faire des rencontres. Le marché est florissant : plus de 90 000 start-up composent le marché mondial de la consommation collaborative. Le chiffre d’affaires du secteur était estimé à 20 milliards d’euros en 2013 et devrait atteindre 302 milliards d’euros d’ici à 2025. De plus, 89 % de la popu-lation française déclarait, à la fin de l’année 2014, avoir eu au moins une fois une pratique de consommation collaborative. Ce type d’échanges se développe dans tous les secteurs : lo-gement, transports, alimentation, équipements, service d’aide, culture ou enseignement. Et peu importe ce que l’on souhaite échanger ou partager, la procédure est toujours la même : après avoir créé un compte en ligne, l’internaute renseigne les informations concernant son annonce, indique la période de location, ajoute des photos et définit un prix. Le site publie le message et met en relation le loueur et le futur bénéficiaire. Certaines plateformes se rémunèrent en prenant une commis-sion, d’autres facturent la mise en ligne de l’annonce, d’autres encore proposent un service totalement gratuit.

> Une durée adaptée aux besoinsAvec l’économie collaborative, tout se prête et se partage. Pour les propriétaires d’un véhicule, en plus du désormais classique covoiturage, il est possible de louer sa voiture au lieu de la lais-ser dans son garage. Les tarifs vont de 3 euros l’heure et 10 euros la journée et évoluent en fonction de l’âge de la voiture, du modèle et de la période. La plupart des sites assurent le véhicule spécifiquement. Suivant le même principe, de nom-breux portails proposent de louer son logement le temps des vacances. A titre d’exemple, un appartement accueillant trois personnes peut se louer 130 euros la nuit à Paris ou 70 euros à Toulouse. Du côté des obligations légales, aucune autorisation n’est requise dès lors qu’on loue sa résidence principale moins de quatre mois par an. En revanche, il faut déclarer son activité en mairie. Les locataires doivent, eux, demander une autorisa-tion écrite de sous-location à leur bailleur. Dans certaines com-

munes, le loueur doit collecter et reverser la taxe de séjour sur les hébergements touristiques, si la plateforme Internet choisie ne s’en occupe pas directement. D’autres sites se sont spéciali-sés dans la location des espaces de stockage. Un garage, un gre-nier ou une cave peuvent accueillir les meubles et les cartons d’un particulier. Une fois signé le contrat proposé par le site, le propriétaire récolte entre 3 et 15 euros par mètre carré et par semaine selon la taille, la situation et l’accessibilité de l’espace.

> Un moment de détenteDans la majorité des cas, les revenus provenant des plateformes collaboratives, qu’ils soient réguliers ou occasionnels, sont sou-mis à l’impôt. L’administration fiscale distingue tout de même deux types de revenus. Ceux issus des activités de co-consom-mation, comme le covoiturage, sont exonérés d’impôts à condi-tion que la somme perçue n’excède pas les coûts directs en-gagés lors de la prestation. En revanche, ceux découlant des activités de location de biens immobiliers ou mobiliers sont imposables et soumis aux prélèvements sociaux. La loi de finan-cement de la Sécurité sociale pour 2017 a d’ailleurs défini des seuils à partir desquels il est obligatoire de s’affilier au régime social des indépendants (RSI). Les cotisations sociales sont dues au RSI au-delà de 23 000 euros par an de recettes pour les acti-vités de locations immobilières de meublés (location de son ap-partement pendant les vacances, par exemple) et de 7 720 eu-ros de recettes annuelles pour les activités de location de biens meubles (location de son véhicule, notamment). En dessous de ces seuils, les revenus sont soumis aux prélèvements sociaux au titre des revenus du patrimoine. Par ailleurs, la loi de finances 2016 impose aux plateformes de transmettre à l’administration le montant des revenus perçus par les utilisateurs. Elles ont également l’obligation d’informer ces derniers sur le régime fiscal et social auquel ils sont soumis. Ainsi, depuis le 1er mars, des liens hypertextes renvoyant aux sites des impôts et de la Sécurité sociale doivent être visibles sur les sites collaboratifs.

Benoît Saint-Sever

>La location collaborative, comment ça marche ?

En facilitant les relations, Internet a donné un nouvel élan à la location de biens et de services entre particuliers. Cette nouvelle économie, dite collaborative, permet de gagner un peu d’argent tout en favorisant l’entraide. Elle est cependant soumise à certaines règles.

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EconomieSociale

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EconomieSociale

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Le financementparticipatif

Comment ça marche ?

Apparu tardivement en France – compa-rativement à son développement dans les pays anglo-saxons ou asiatiques –, le marché du crowdfunding, oufinance-ment participatif, y est aujourd’hui en plein essor. Ce nouveau système permet à des particuliers, des entreprises ou des associations de financer leur projet en faisant appel au soutien des inter-nautes via une plateforme Web servant d’intermédiaire. Il y a ainsi, d’un côté, un donateur, un investisseur ou un épar-gnant (généralement non professionnel) et, de l’autre, un porteur de projet qui ne possède pas les fonds nécessaires au démarrage ou au développement de son activité. Avec le crowdfunding, trois grands types de financement sont possibles : les dons avec ou sans contre-partie, les prêts avec ou sans intérêts et la souscription de titres appartenant à une société. Il peut donc s’agir soit d’un financement participatif à caractère social (projet caritatif, associatif, pour lequel le financeur n’a pas réellement d’objectif lucratif) ou d’un financement participatif d’investissement (crowdlen-ding ou equity crowdfunding, déterminé

par la recherche de rendement). C’est le regroupement de nombreux petits financeurs qui permet de récolter les fonds nécessaires.

> Comment lancersa campagne ?Si vous souhaitez lancer une action solidaire, réaliser un court-métrage ou ouvrir une boulangerie bio et que votre apport initial n’est pas suffisant, le crowdfunding peut vous aider. Avant tout,

vous devez choisir la structure de financement qui vous convient le mieux. Certaines plateformes, comme Ulule, KissKissBankBank ou My Major Company, sont par exemple plutôt spécialisées dans le domaine créatif et artistique, alors que d’autres, comme Lendopolis ou Prêt PME, s’occupent davantage des prêts aux petites et moyennes entreprises. Le choix de votre type de financement (don, prêt ou investissement) vous aidera aussi à sélectionner une plateforme, puisque la plupart n’en proposent qu’un ou deux. Intéressez-vous également au taux de succès des plateformes : sur le nombre total de projets lancés, combien réussissent vraiment à être financés ? Quelle est la somme moyenne investie par les contributeurs ? Il faut savoir que plus l’audience de la plateforme est élevée, plus vous aurez de chances d’atteindre vos objectifs (c’est généralement via les réseaux sociaux et le bouche à oreille que les donateurs potentiels sont sollicités).

En plein essor en France, le crowdfunding est un système de financement participatif qui, via une plateforme Internet, permet la rencontre d’un donateur, d’un prêteur ou d’un investisseur avec une personne, physique ou morale, à la recherche de fonds pour financer un projet. S’il permet de contourner la toute-puissance des banques, ce dispositif n’est pas toujours sans risque pour ceux qui l’utilisent.

N e s o u s - e s t i m e z p a s l e t e m p s nécessaire à la préparation de votre campagne (réalisation d’une vidéo de présentation de votre projet, anima-tion des réseaux sociaux, teasing…), ainsi que la commission demandée par la plateforme pour ses services. Sachez enfin que l’Autorité des marchés financiers (AMF) a publié un guide qui permet aux porteurs de projet de connaître la réglementation qui s’applique en fonction des modalités choisies*. > Soutenir un projetL’AMF a également édité un dépliant destiné à ceux qui souhaitent soutenir un projet de financement participa-tif**. Ces derniers doivent être par-ticulièrement vigilants, en se posant les questions suivantes : la plateforme est-elle autorisée ? Quels sont les cri-tères de sélection des projets présen-tés ? Quels seront les frais à supporter (les plateformes se rémunèrent en partie auprès des contributeurs en prenant un

pourcentage sur les montants investis) ? Par ailleurs, depuis un décret de sep-tembre 2014, le financement partici-patif bénéficie d’un cadre juridique allégé, destiné à encourager son dé-veloppement. Or, dans certains cas, ce cadre ne favoriserait pas forcément les contributeurs, notamment ceux qui souhaitent épargner ou investir. Dans un rapport publié le 23 février, l’UFC-Que Choisir dénonce les promesses de rendements surestimées de certaines plateformes, parmi lesquelles Len-dix ou Unilend, les leaders du prêt aux PME. Les risques réels d’incidents de remboursement et de perte de capital seraient en outre minimisés. Prudence, donc. Même s’il s’est construit en réac-tion à la toute-puissance du système bancaire, le financement participatif semble, lui aussi, avoir sa part d’ombre.

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Véritable alternative au financement traditionnel des banques et des investisseurs privés, le financement participatif, plus simple et moins coûteux, favorise le lien social, la proximité et permet de s’adresser directement au financeur. C’est donc tout naturellement que certaines plateformes de crowdfunding se sont spécialisées dans le soutien aux projets de l’économie sociale et solidaire (ESS) ou d’intérêt géné-ral. Sur son site Internet, l’Avise (portail du développement de l’ESS, partenaire de nombreux acteurs du secteur) en présente quelques-unes, parmi lesquelles Arizuka, le premier site de crowdfunding entièrement dédié à l’intérêt général, Bulber, qui encourage les initiatives de solidarité internationale, la plateforme Prêt de chez moi, mise en place par la coopérative financière La Nef pour le financement de projets en Rhône-Alpes, ou encore Graines de start, qui se concentre quant à elle sur des projets bourguignons d’utilité sociale. Citons également 1001pact.com, première plateforme d’investissement participatif dédiée au financement de l’entrepreneuriat social et des entreprises de l’ESS, et Wedogood.co, spécialisée dans les projets à fort impact sociétal.

Pour plus d’infos : Avise.org ; https://lc.cx/JEiL.

> Des plateformes dédiées aux projets ESS

Aliisa Waltari* Guide du financement participatif à destination des plates-formes et des porteurs de projet, téléchargeable sur le site de l’AMF : Amf-france.org.** La finance participative : participer à l’économie différemment, téléchargeable sur : https://lc.cx/JEdv.

Samu vers la maison médicale de garde, quand il y en a une. Le patient trouve une solution de proximité et évite des heures d’at-tente ; l’Assurance maladie, elle, fait des économies. Le coût d’un patient aux urgences atteint en moyenne 200 euros, contre une soixantaine d’euros pour une consultation simple un samedi soir.

> Les professionnels de santé s’organisentLes médecins eux-mêmes lancent des initiatives pour trouver des remèdes à la désertification médicale. Les internes tou-lousains ont ainsi organisé un forum pour aider les futurs mé-decins à rencontrer leurs aînés en secteur rural et à entrer en contact avec les collectivités territoriales. L’Aveyron, où la dé-mographie médicale et le vieillissement des médecins posent problème, est l’un des rares territoires ruraux à avoir redres-sé la barre et à compter plus d’installations que de départs à la retraite. Le mérite en revient aux deux tiers de médecins retraités aveyronnais qui sont restés actifs pour accueillir et former des internes. Dans les Hauts-de-France, l’application Remplanord.org a été créée pour permettre aux praticiens installés de déposer des annonces lorsqu’ils souhaitent être remplacés. A la faculté de médecine de Brest, c’est un « géné-raliste dating » qui s’est tenu. Des médecins, des pharmaciens ou des infirmières ont fait la promotion de la commune dans laquelle ils exercent pour inciter des jeunes médecins à y faire des remplacements, voire à s’y installer. En Aquitaine, des mé-decins généralistes libéraux, équipés du matériel d’urgen-tiste, sont habilités à administrer les premiers secours en zone blanche. A Sens (Yonne), où, comme dans beaucoup d’autres endroits en France, les médecins, débordés, ne prennent plus aucun nouveau patient, SOS Médecins a signé une convention avec le centre communal d’action sociale (CCAS) pour tenter de limiter les répercussions du manque de praticiens sur la santé des personnes les plus vulnérables.

> Des médecins « prêtés » par l’hôpitalDans la région parisienne, les habitants de Grigny (Essonne) pâtissent d’une désertification médicale. Pour pallier le manque, la commune a signé un partenariat avec l’ARS, afin

que l’hôpital détache auprès des habitants un médecin volon-taire. Ce dernier exerce trois jours par semaine dans un cabi-net médical prêté par la ville, entièrement équipé et doté d’un secrétariat. Les patients peuvent le consulter dans des délais raisonnables et ne plus renoncer aux soins.

L’Ordre national des médecins vient de dévoiler une nouvelle cartographie interactive sur la démogra-phie médicale, disponible sur le site Demographie.medecin.fr. Grâce à cet outil, l’ordre espère pro-poser une vision au plus près de la réalité du ter-rain. Sur le site, usagers ou professionnels peuvent consulter pour chaque année la répartition des mé-decins à différentes échelles : région, département, bassin de vie et intercommunalité. Ils peuvent aus-si sélectionner différents critères : la spécialité, le mode d’exercice, l’origine des diplômes, le sexe, l’âge ou la régularité de l’activité.

> Une cartographie de la démographie médicale

> Créer des maisons de santé pluridisciplinaires (MSP)Le territoire français compte aujourd’hui 910 maisons de san-té pluridisciplinaires (MSP) et 334 autres sont en projet, sous l’égide des agences régionales de santé (ARS). Regroupant des activités médicales et paramédicales, les MSP favorisent les prises en charge coordonnées. Elles répondent au souhait des jeunes médecins de bénéficier d’horaires de travail préservant leur vie personnelle ou familiale et de travailler en groupe, pour échanger avec d’autres professionnels de santé. Les étudiants en médecine semblent intéressés par ces structures ; certains y voient leur avenir médical, ils les privilégient pour leur stage au détriment des cabinets isolés. Outre le fait d’apporter un cer-tain confort de travail aux praticiens ainsi qu’un allègement de leurs charges, la mutualisation des ressources médicales garan-tit aux patients un meilleur suivi.

Le développement des MSP a fait ses preuves et permis de sau-ver la démographie médicale dans des départements ruraux comme la Mayenne, l’Aveyron ou la Meuse, se félicite le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) dans son rapport « Améliorer l’offre de soins : initiatives réussies dans les terri-toires », publié en décembre 2016. Mais la désertification mé-dicale ne concerne pas seulement les zones rurales, et des MSP voient le jour dans certaines villes d’Ile-de-France sous-dotées. Ainsi, depuis 2014, une structure de ce type regroupant une vingtaine de professionnels de santé libéraux (généralistes, spécialistes, dentiste, infirmiers…) s’est installée à Clichy-sous-Bois. Loin de l’image de la clinique habituelle, les patients sont accueillis dans un château, lieu emblématique de la ville, qui a été réhabilité. En Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de France en généralistes, parfois perçu comme dange-reux par les médecins qui y exercent seuls, plusieurs municipa-lités ont également misé sur les maisons de santé.

> Des permanences de soins dans les villages Dans certains départements, comme la Corrèze ou la Côte-d’Or, des maires ont signé des conventions afin que les mé-decins des MSP se déplacent dans les villages. Ils y tiennent une permanence au moins une fois par semaine, dans un local municipal spécialement dédié, doté de matériel informatique relié à la MSP. Par ailleurs, les ARS appellent les généralistes à s’organiser pour assurer la permanence des soins quand les cabinets médicaux sont fermés, afin que chaque malade puisse accéder à un médecin de garde en soirée, le week-end ou les jours fériés. Sur le secteur de Quillan et de Limoux (Aude), l’ARS a participé avec les élus locaux à l’installation d’un local de consultation de garde tout équipé, au sein du centre hospitalier, évitant ainsi l’engorgement des urgences. Il existe aujourd’hui plus de 200 maisons de garde médicales dans toute la France. Le patient qui appelle le 15 pour un pro-blème de santé – par exemple une forte fièvre ne nécessitant pas un passage aux urgences, mais relevant de la médecine générale – sera orienté par le médecin régulateur du Samu

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En raison, notamment, du départ à la retraite d’un grand nombre de généra-listes, certains territoires manquent de médecins. Selon une étude publiée en 2016 par l’association de consomma-teurs UFC-Que Choisir, 15 à 21 millions de Français vivent à plus d’une demi-heure du premier médecin ou spécialiste. Mal-gré les mesures mises en place pour lut-ter contre les déserts médicaux, le pro-blème persiste. Face à cette pénurie, des initiatives ont émergé au niveau local.

Désertsmédicaux : des initiatives pour faciliter l’accès aux soins

Systèmede Soins

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CDC Mutuelle Magazine n°95 • Septembre 2017 CDC Mutuelle Magazine n°95 • Septembre 201720 21

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Systèmede Soins

Brèves

CDC Mutuelle Magazine n°95 • Septembre 2017 CDC Mutuelle Magazine n°95 • Septembre 201722 23

> Appel à des médecins étrangersDepuis plusieurs années, le nombre de médecins diplômés à l’étranger exerçant en France augmente. A la ville ou à l’hôpital, ils comblent le manque de praticiens formés dans l’Hexagone. En 2017, plus de 22 000 médecins sur environ 200 000 avaient obtenu leur diplôme à l’étranger. Plus de la moitié ont été for-més dans un pays situé hors de l’Union européenne, rapporte la nouvelle cartographie du Cnom. Comparé à 2010, le nombre de médecins diplômés à l’étranger a augmenté de quatre points. A

Flogny-la-Chapelle, dans l’Yonne, un département où le nombre de généralistes diminue chaque année, deux médecins généra-listes et un dentiste roumains exercent depuis 2009, pour la plus grande satisfaction des 1 000 habitants de la commune et des en-virons. Le maire de Thourotte, dans l’Oise, s’est tourné quant à lui vers une coopérative, basée à Naples, qui met en relation les com-munes françaises à la recherche d’un médecin de proximité et les praticiens italiensprêts à émigrer. L’Ordre des médecins voit d’un bon œil ce type d’initative, car l’Italie et la France respectent l’équivalence des diplômes d’un pays à l’autre. A condition, toutefois, que les praticiens d’origine étrangère démontrent qu’ils parlent suffisamment français pour exercer sur le terri-toire et qu’ils s’inscrivent à l’Ordre des médecins.

> Développer la télémédecineDes plateformes et des cabines permettent d’avoir accès à un médecin par visioconférence. Dans la pharmacie mutualiste de Roanne (Loire) est testé un cabinet médical connecté. Cette ca-bine, équipée d’un siège, d’un écran et de différents outils de mesure (balance calculant l’indice de masse corporelle, tensio-mètre, stéthoscope, dermatoscope, rétinographe, etc.), permet de consulter un médecin à distance, dans une région où l’on compte peu de praticiens et où plus d’un tiers de la popula-tion est âgée de plus de 60 ans. Le village d’Oberbruck, dans le Haut-Rhin, s’est lui aussi lancé dans la télémédecine depuis septembre 2016. Le maire de ce village de 450 habitants – des personnes âgées pour la plupart –, a restauré un local et mo-bilisé des médecins salariés travaillant à distance, par écrans interposés. Une infirmière accueille les patients sur place.

> Inciter des médecins à s’installerTrouver un travail au conjoint, fournir un logement, simplifier les démarches administratives : certaines petites communes se battent et font preuve d’imagination pour attirer des médecins. L’initiative de Landudec, une petite ville du Finistère de 1 400 habitants, dotée d’une maison médicale avec une infirmière, un kinésithérapeute et un ostéopathe, mais qui ne parvient pas à trouver un généraliste, a fait grand bruit. Durant l’été 2016, une vidéo décalée intitulée « Toubib or not toubib » a été tournée pour vanter ses atouts. En dépit du buzz généré sur les réseaux sociaux (près de 500 000 vues), le bourg, situé en zone médicale blanche, n’a pas réussi à attirer de praticien. Depuis peu et pour une durée de six mois, les habitants bénéficient des services d’une start-up bretonne proposant des consultations médicales par téléphone. Le maire de La Roche-Derrien (Côtes-d’Armor), Jean-Louis Even, a eu plus de succès. En mars 2016, il fait savoir sur France Info que sa commune de 1 000 âmes va recruter un druide pour remplacer son médecin. Cette annonce, qui n’est qu’un canular, va se révéler une bonne opération de communi-cation : « Il y a eu des articles de presse jusqu’aux Etats-Unis. Le buzz a été énorme », se réjouit le maire. Depuis octobre 2016, une jeune femme médecin s’est installée dans la commune. Catherine Chausseray

Pour repeupler les déserts médicaux, le gouvernement a lancé en 2012 le Pacte territoire-santé. Formation des médecins, mesures d’incitation à l’installation, développement d’infrastructures sont les principaux axes autour desquels se développe le plan d’action. Il comporte des engagements dans ce sens, dont : • Les contrats d’engagement de service public (CESP), permettant au jeune étudiant ou interne de bénéficier d’une bourse en contrepartie d’un engagement d’installation dans une zone sous-dotée.

• L’élargissement du champ de compétences de certains pro-fessionnels de santé, comme les orthoptistes, les infirmières, les sages-femmes…

• La garantie d’un accès aux soins urgents en moins de trente minutes, notamment en augmentant le nombre de médecins correspondants du Samu, qui est passé de 150 à 600 entre 2012 et 2015. D’ici à 2017, 700 médecins généralistes auront été formés à l’aide médicale d’urgence. Les moyens héliportés seront optimisés pour permettre des délais d’acheminement à trente minutes maximum.

• L’augmentation du numerus clausus de 478 places, soit une hausse de 6 % du nombre total d’étudiants admis à l’issue du concours de fin de première année. En 2017, 8 124 places, réparties en fonction des besoins des régions, seront ainsi ouvertes.

> Les mesures mises en place depuis 2012

Dans son deuxième rapport annuel « Pacte santé », la Croix-Rouge s’inquiète de la hausse de la précarité chez les jeunes et de ses conséquences sur leur santé. Selon l’association, envi-ron 55 % d’entre eux ont dû renoncer à des soins depuis le dé-but de l’année, faute de ressources financières suffisantes pour 48 % d’entre eux. Le renoncement aux soins est d’ailleurs plus significatif au sein de la jeunesse que dans les autres classes d’âge : il concerne « 5,3 % des 18-39 ans, contre 4,7 % des 40-64 ans et 3,2 % des plus de 65 ans ». La précarité a aussi un impact sur l’alimentation : à Paris, plus de 13 000 étudiants se priveraient de quatre à six repas par semaine pour des raisons financières. Face à une telle situation, le président de la Croix-Rouge, Jean-Jacques Eledjam, demande aux pouvoirs publics l’accès aux minima sociaux à partir de 16 ans, la hausse des financements destinés aux actions éducatives de promotion de la santé, l’intégration d’un volet santé dans le cadre du service civique et le déploiement des maisons des adolescents et des espaces santé jeune sur l’ensemble du territoire.

Le calendrier vaccinal version 2017, publié fin avril par le ministère de la Santé, comporte plusieurs nou-veautés. Le vaccin BCG est désormais proposé aux jeunes enfants au cours du deuxième mois de vie, à l’exception des nourrissons de Guyane et de Mayotte,

pour lesquels la vaccination est recommandée avant la sortie de la maternité. L’âge de la première vaccination contre le méningocoque C est fixé à 5 mois, contre 1 an auparavant. La vaccination contre les papillomavirus humains est quant à elle disponible pour les hommes homosexuels jusqu’à l’âge de 26 ans. Chez les jeunes filles et les jeunes femmes non vaccinées antérieure-ment, il est préconisé d’utiliser le vaccin qui protège contre neuf souches de papillomavirus (contre quatre pour la précédente recommandation). Par ailleurs, le calendrier 2017 simplifie les recommandations vac-cinales contre les infections à pneumocoque pour les enfants âgés de 5 ans et plus. Enfin, des schémas de vaccination alternatifs sont proposés, compte tenu des difficultés d’approvisionnement rencontrées pour cer-tains vaccins (notamment le BCG et les vaccins contre la coqueluche et les hépatites A et B). Pour plus d’infos : Vaccination-info-service.fr.

> Les nouveautés du calendrier vaccinal 2017

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Deux nouveaux cancers reconnus comme maladies professionnellesLe tableau des maladies professionnelles vient de s’allonger avec deux nouvelles pathologies : le carcinome hépatocellulaire et la

leucémie myéloïde chronique, deux cancers induits par l’exposition à des substances chimiques. Le premier est causé par le chlorure de vinyle monomère, une substance utilisée dans la fabrication des plastiques PVC que l’on retrouve dans les ate-liers de polymérisation ou de bombes aérosols. Le second cancer est quant à lui lié au butadiène, un gaz utilisé dans les usines de caoutchouc, de nylon et dans le raffinage pétrolier. Rappelons que, si une maladie est reconnue comme professionnelle, le sala-rié a droit à des indemnités versées par la Sécurité sociale et à des indemnités complémentaires versées par l’employeur.

Plus de la moitié des jeunes concernés par le renoncement aux soins

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FormeBien-être

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FormeBien-être

Votre enfant va bientôt être hospitalisé. C’est un moment angoissant à la fois pour vous et pour lui. Pour le rassurer et être en mesure de répondre à toutes ses questions, vous devez être parfaitement informé de la façon dont cette hos-pitalisation va se dérouler. N’hésitez pas à vous renseigner auprès du médecin ou du chirurgien qui l’a programmée, ainsi qu’auprès des différentes personnes que vous allez rencontrer pour l’organisation du séjour : secrétaires, in-firmières, cadres de santé, assistante sociale, anesthésiste. « Même s’il est petit, votre enfant sent votre inquiétude, explique Françoise Galland, directrice de l’association Spa-radrap*. Il a besoin de savoir pourquoi il va à l’hôpital et ce qui va se passer. » En sachant à l’avance ce qui va lui arriver, il adhérera plus facilement aux soins et aux traitements et aura davantage confiance dans les adultes qui s’occuperont de lui. « Les jeunes enfants pensent souvent que, s’ils sont hospitalisés, c’est parce qu’ils n’ont pas été sages, ajoute Françoise Galland. Si on ne les informe pas, ils peuvent s’imaginer des choses bien pires que la réalité. Ne rien dire à un enfant de ce qui pourrait être difficile pour lui, c’est risquer qu’il se sente trahi et abandonné à un moment où il aurait plutôt besoin d’être soutenu. »

> Séparation souvent obligatoireDans un parcours d’hospitalisation, l’enfant doit donc com-prendre pourquoi il va être opéré ou subir des examens afin de donner du sens à ce qu’il va vivre, en particulier lorsqu’il y a des contraintes. Première de ces contraintes : la sépara-tion d’avec ses parents. Si les hôpitaux sont de plus en plus nombreux à accepter la présence de la mère ou du père pendant les soins, c’est loin d’être le cas pendant l’induc-tion qui précède l’opération (le moment où on lui injecte les produits d’anesthésie). Il va donc falloir lui expliquer qu’à un moment donné on se séparera, mais que cela ne durera pas longtemps et que l’on se retrouvera, soit dans la

salle de réveil, soit dans la chambre. Pensez aussi à le pré-venir du jeûne qui lui sera imposé plusieurs heures avant l’intervention. En principe, votre enfant doit pouvoir boire un liquide clair – eau sans gaz, jus de fruit sans pulpe, thé sucré, sirop à l’eau – jusqu’à deux heures avant l’interven-tion, n’hésitez pas à le demander. Vient ensuite la question de la douleur. « Il ne faut ni la banaliser ni la dramatiser, précise François Galland. L’enfant doit savoir qu’il aura cer-tainement un peu mal, mais aussi que l’on fera le maximum pour qu’il souffre le moins possible. » On conseille aux parents de bien se renseigner sur les moyens antalgiques qui seront utilisés pour le soulager et sur ceux à prévoir pour le retour à la maison. Pour le séjour, prévoyez tout ce qui pourra détourner son attention : tablette, livres, jeux, jouets, doudous et de quoi dessiner. Préparez bien toutes ces choses avec lui la veille du grand jour.

>Mon enfant va être hospitalisé comment l’aider ?

L’hospitalisation d’un enfant est un moment important, pour lui comme pour ses parents. Celle-ci sera d’autant plus difficile à vivre si elle est mal préparée. Voici quelques conseils pour rassurer votre petit et l’aider à vivre cette expérience le mieux possible.

> Présence rassuranteVotre présence à ses côtés aidera beaucoup votre enfant. « Les mentalités ont beaucoup évolué ces dernières années, constate Françoise Galland. Les parents sont de mieux en mieux acceptés et intégrés dans l’organisation des ser-vices pédiatriques, mais il reste encore des endroits où leur présence est à peine tolérée alors qu’elle est pourtant essentielle. Il faut bien se renseigner en amont. » Si l’hos-pitalisation est longue, vous ne pourrez toutefois pas être présent tout le temps. Peut-être pourrez vous faire appel à un membre de votre famille ou de votre entourage pour prendre le relais ? Des bénévoles de certaines associa-tions peuvent vous aider dans ce sens (Les Blouses roses, par exemple). Au début de l’hospitalisation, vous pourrez en outre transmettre à l’équipe soignante tous les rensei-gnements qui lui permettront de bien s’occuper de votre enfant : quelles sont ses habitudes, ce qu’il aime ou pas, ce qui le rassure (sur son site Internet, Sparadrap propose un poster type – « le poster qui parle » – à remplir et à af-ficher dans la chambre à l’intention des soignants). Enfin, sachez qu’aujourd’hui de plus en plus d’hôpitaux autorisent les parents (généralement le père ou la mère) à passer une ou plusieurs nuits avec leur enfant, même si les conditions d’accueil sont encore très loin d’être idéales.

Aliisa Waltari

* Sparadrap est une association de sensibilisation et d’information dont l’objectif est d’aider les enfants à avoir moins peur et moins mal pendant les soins et à l’hôpital.Pour plus d’infos : Sparadrap.org.

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L’hospitalisation de jour (hospitalisation ambulatoire ou hôpital de jour) signifie que votre enfant entre à l’hôpital le matin pour une opération, des examens ou un traitement et qu’il en ressortira le jour même. Un lit lui est attribué, le plus souvent en chambre multiple. Si la formule est intéressante dans la mesure où votre enfant ne passe pas la nuit sur place, lui et vous aurez moins de temps pour vous adapter à ce nouvel environnement. Il est donc essentiel de bien vous informer en amont sur le déroulement de la journée, afin de pouvoir rassurer votre enfant. Si c’est possible, demandez à visiter les lieux à l’avance et notez toutes les questions que vous souhaitez poser. Comme pour une hospitalisation classique, enseignez-vous également sur les moyens antalgiques qui seront disponibles pour soulager la douleur et pensez à apporter tout le nécessaire pour occuper votre enfant.

> Le cas particulier de l’hospitalisation de jour

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> Trisomie 21 : un test de dépistage sanguin plus précis

Le test de dépistage prénatal non invasif de la trisomie (DPNI) pour les femmes enceintes à risque fait désormais partie de la liste officielle des examens de diagnostic prénatal. Son remboursement par la Sécurité sociale devrait donc être décidé très prochainement. Introduite par un décret paru au Journal officiel du 7 mai, cette mesure devrait permettre de réduire le nombre d’amniocentèses et le risque de fausse couche associé. Le test non invasif permet, par un simple prélèvement d’échantillon sanguin, d’analyser l’ADN fœtal libre circulant dans le sang maternel et de prédire ainsi avec une très faible marge d’erreur (de l’ordre de 1 %) si le fœtus est porteur de la trisomie 21, 13 ou 18. Jusqu’à présent, le dépistage s’appuyait sur une stratégie associant des analyses de sang et des échographies durant le premier trimestre de grossesse. Si le risque de trisomie semblait élevé, une amniocentèse pouvait être pratiquée. Cet examen, qui consiste à prélever du liquide amniotique dans le ventre de la mère, pourra désormais être évité dans un certain nombre de cas grâce à la précision du DPNI.

> Hémochromatose : quand le fer devient un poisonMéconnue, l’hémochromatose est pourtant une maladie génétique très répandue. Elle se caractérise par une hyperabsorption intestinale de fer, qui se dépose alors dans les or-ganes et altère leur fonctionnement. Bien qu’elle soit très simple à dépister et à traiter, elle est malheureusement souvent diagnostiquée très tard. Pendant ce temps, le fer qui s’accumule agit comme un poison lent et silencieux.

Médecine

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« En France, 310 000 patients sont affectés par une mu-tation génétique et courent le risque de développer une hémochromatose, soit un Français sur deux cents et une femme pour deux hommes. Cette anomalie génétique touche les populations de nord de l’Europe, c’est-à-dire les personnes de type caucasien », souligne le professeur Henri Michel, président de l’association Hémochroma-tose France. « Une hémochromatose entraîne une aug-mentation du taux de fer dans l’organisme, il peut alors aller de 10 à 40 g, s’alarme le spécialiste. Chez un sujet sain, on trouve 4 à 5 g de fer, soit le poids d’un clou. Ce taux est immuable et doit rester dans ces valeurs. » Sur les 20 mg de fer procurés quotidiennement par l’alimen-tation, 1 mg seulement est en effet absorbé par l’orga-nisme et 19 mg sont éliminés dans les selles. Ce métabo-lisme du fer est régulé par l’hepcidine, une hormone qui a disparu chez les patients atteints d’hémochromatose. « En raison d’une modification du chromosome 6, 4 à 5 mg de fer s’accumulent chaque jour dans leur organisme », indique le professeur Michel.

> Une surcharge délétèreLe taux de fer augmente progressivement et ce n’est qu’entre 20 et 35 ans, si la maladie n’est pas détectée et traitée, que les premiers symptômes surviennent. Une fatigue chronique, un essoufflement, des douleurs arti-culaires dans les doigts et les chevilles, des troubles de l’érection (impuissance), une aménorrhée (absence de règles) peuvent signaler une hémochromatose. « Ce sont des troubles banals, aussi le médecin prescrit-il souvent du fer ou de la vitamine C, qui favorise l’absorption du fer. Cela a pour conséquence d’aggraver l’hémochroma-

tose », déplore le médecin, qui rappelle que la maladie commence par altérer les organes les plus petits, comme l’hypophyse (qui règle toutes les glandes endocrines comme les glandes surrénales, la thyroïde, les glandes sexuelles), avant de s’attaquer aux plus gros organes tels que le pancréas, le foie ou le cœur. « Les personnes peuvent connaître une fatigue extrême, une dépression, de très fortes douleurs rhumatismales. Parmi les patients, 30 % ont le cœur atteint, 35 % souffrent de diabète sucré, 15 % ont une cirrhose, certains sont touchés

par un cancer du foie. Il y a aussi des facteurs de comor-bidité comme l’alcool, le tabac, l’obésité, qui aggravent la maladie », relève le professeur Michel. Ainsi, l’hémo-chromatose, en l’absence de traitement, peut avoir des conséquences gravissimes.

> Faire connaître la maladie« Cela entraîne des retraites prématurées, des invali-dités, des décès. La gravité de cette maladie est due au retard de diagnostic, regrette le médecin. Il faut en moyenne huit à dix ans pour établir le diagnostic. » Il es-time que « tous les patients connaissant une maladie de cœur, une fatigue chronique [devraient se voir] prescrire une prise de sang de dépistage, car parmi eux, 2 % sont atteints d’hémochromatose et l’ignorent ». Et d’ajouter que « les médecins aussi devraient être mieux informés sur cette maladie ». Le spécialiste insiste sur la nécessité de faire connaître l’hémochromatose auprès du public, car tout patient qui consulte peut demander une prise de sang de dépistage. D’après lui, « l’idéal serait, d’effectuer systématiquement une prise de sang à 25 ans afin de do-ser la saturation en fer de la transferrine », la protéine qui transporte le fer du tube digestif jusqu’à la moelle osseuse. Chez un sujet sain, le coefficient de saturation, un marqueur du métabolisme du fer, se situe en dessous de 45 % ; chez un patient atteint d’hémochromatose, il peut atteindre les 100 %. Pour confirmer le diagnostic, un dosage sanguin de la ferritine, qui permet le stockage du fer dans l’organisme, est nécessaire. Son taux normal doit être compris entre 200 et 300 µg par litre de sang. Le diagnostic sera ensuite confirmé par un test génétique. « Ce dépistage génétique pourrait être réalisé dès la nais-sance, comme pour la mucoviscidose, mais il n’est pas autorisé pour l’instant, car cette maladie ne se déclare qu’à partir de 20 ans », précise le professeur.

> Des saignées pour unique traitementUne fois diagnostiquée, l’hémochromatose peut régres-ser et le taux de ferritine être contrôlé. « Mais dans 90 %

des cas le diagnostic est réalisé trop tardivement, entre 40 et 70 ans, voire jamais », se désole le professeur Mi-chel. Il n’existe pas de médicament pour traiter la mala-die. L’unique traitement consiste en des prélèvements sanguins* pour faire baisser le taux de fer dans le sang et diminuer les dépôts de ferritine dans les organes. Le fer se trouve dans les globules rouges, qui se reforment en puisant le fer dans la surcharge. « En pratiquant une saignée par semaine (une saignée de 500 ml permet de retirer 250 mg de fer), on peut désaturer l’organisme en un an », affirme le professeur Michel. Il suffit ensuite, tout au long de sa vie, de faire une ou deux saignées par an. Celles-ci sont efficaces et procurent une espérance de vie et une qualité de vie normales lorsqu’elles sont pratiquées dès l’apparition des premiers signes d’hémo-chromatose, c’est-à-dire lorsque le diagnostic est posé suffisamment tôt. Isabelle Coston

* Simple et peu coûteux, ce traitement permet que le sang prélevé soit réutilisé (dons-saignées), l’hémochromatose génétique n’étant pas une contre-indication au don du sang. Pour plus d’infos : Hémochromatose France, Hemochromatose.fr, tél. 04 66 64 52 22.

Une fois diagnostiquée, l’hémochromatose, dans ses formes avancées, est prise en charge à 100 % par l’Assurance maladie en tant qu’affection de longue durée (ALD 17). Pour faire valoir les droits de son patient auprès des organismes concernés, le médecin établit un certificat précisant que le malade est atteint d’hémochromatose. Ce certificat est remis à l’organisme d’assurance maladie dont relève l’as-suré. Après demande d’accord préalable faite par le médecin, les frais de transport liés au déplacement pour effectuer les saignées peuvent sous certaines conditions être pris en charge à 100 % si le malade bénéficie de l’ALD. Une « prescription médicale de transport » devra être remplie à chaque saignée. La prise en charge du dépistage des membres de la famille est acceptée par la Sécurité sociale. Dans les formes graves, les malades ont la possibilité d’obtenir une allocation d’adulte handicapé en déposant un dossier auprès de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH).

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