entrevues de jeunes sur les conseils d'administration et les instances décisionnelles
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8/19/2019 Entrevues de jeunes sur les conseils d'administration et les instances décisionnelles
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ÊTRE JEUNESUR UNE INSTANCE
DÉCISIONNELLE OU UNCONSEIL D’ADMINISTRATION
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Créé en 1998, Force Jeunesse est un regroupement de jeunes travailleurs oeuvrant àl’amélioration des conditions de travail et des perspectives d’emploi de la relève ainsiqu’à la défense de l’équité intergénérationnelle dans les politiques publiques. Son conseild’administration est composé exclusivement de jeunes bénévoles provenant d’unediversité de milieux et ses membres sont à la fois des associations et des individus. L’équité
intergénérationnelle et une préoccupation pour l’avenir collectif de notre société sont aucoeur des valeurs défendues par l’organisme, dont le nancement est assuré par des fondspublics octroyés par le Secrétariat à l’action communautaire autonome et aux initiativessociales. Les interventions et prises de position publiques de Force Jeunesse se fonttoujours sur une base non partisane.
Conception du guide d’entrevue :
Luis-Gaylor Nobre, administrateur (2012-2013)
Damien Auger, trésorier (2015-2016) et ex-président (2014-2015)
Réalisation et transcription des entrevues :
Luis-Gaylor Nobre, administrateur (2012-2013)
Révision et édition des textes :
Nolywé Delannon, présidente (2015-2016)Organisation de l’événement « Place aux jeunes dans les lieux décisionnels » :
Vincent Carignan, VP aux affaires internes (2015-2016)
Julien Nepveu-Villeneuve, VP exécutif (2015-2016)
Jean-François Thibault, membre
Rédaction de la lettre ouverte :
Eloi Lafontaine Beaumier, administrateur (2014-2016) et ex-président (2013-2014)
Nolywé Delannon, présidente (2015-2016)
Relations avec les signataires :
Julien Nepveu-Villeneuve, VP exécutif (2015-2016)
A propos de
Équipe Force Jeunesse de réalisation du projet
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Eloi Lafontaine-Beaumier
AdministrateurRetraite Québec Ancien président du CAet administrateurForce Jeunesse
Quel âge avais-tu lors de ta première entrée dansune instance décisionnelle ?
Quels comportements ou habitudes as-tu dûadopter une fois entré ?
Qu’as-tu retiré de tes expériences ?
Quels dés as-tu rencontrés à ton arrivée sur
un CA ?
Que dirais-tu à un(e) jeune qui hésite à se lancer ?
J’avais 20 ans. J’ai été élu sur le bureau exécutif de la
Fédération des associations étudiantes de l ’Université
de Montréal (FAÉCUM) et j’ai assumé le poste desecrétaire du conseil d ’administration.
La première habitude est une excellente préparation.
La légitimité de nos interventions tient à la rigueur
du travail et de la réexion effectués en amont.
Comprendre la culture de l’organisation et saisir le
raisonnement des autres administrateurs permettent
également de mieux calibrer ses interventions.
Il faut aussi apprendre à établir des objectifs
réalistes et, lorsque l’on assume un rôle plus actif,
à titre de président par exemple, savoir mobiliser
judicieusement l’apport de chacun est crucial pour le
succès de l’équipe et de l’organisation.
Sentir que l’on contribue à une cause et à une
organisation auxquelles on tient, cela a toujours été
au coeur de mes implications. Faire partie d’un groupe
qui fait une différence est gratiant et procure uneerté collective qui dépasse notre propre personne.
J’ai aussi acquis de l’assurance à force de débattre et
de me prononcer tant au sein du conseil qu’en public,
lorsque je devais représenter l’organisation.
Le dé est de prendre la place qui nous revient. Sur un
conseil, tous ont les mêmes devoirs et responsabilités.
Évidemment, tous n’ont pas la même inuence car
cela dépend beaucoup de l ’expérience et du parcours
de chacun. Mais cette inuence s’acquiert aussi par la
rigueur et la précision de nos interventions.
Il faut s’impliquer pour les bonnes raisons. Choisis ce
qui t’interpelle, un enjeu, une cause, un domaine qui
te tient à coeur; le reste s’apprend en le faisant. La
motivation sincère est la condition nécessaire an de
contribuer pleinement et d’en tirer du plaisir.
Marie-Christine Demers
Administratrice | JCCMConseillère principaleCommunications et affaires
publiques | Gaz Métro
Quelles ont été tes motivations premières à
t’engager sur un CA ?
Je me suis d’abord impliquée parce que j’apprends
au contact des gens, de leurs expériences. Cela me
stimule intellectuellement, me pose des dés et me
mène vers de nouvelles réexions. On apprend sur
soi, sur ses propres réactions et on les modie avec
le temps car on s’inspire de ce que chaque personne
nous apporte.
As-tu vécu des obstacles avant ton implication ?
Comment as-tu fait pour développer taconance en soi ?
Je n’ai pas vécu d’obstacle à mon inclusion dans
un CA. En revanche, j’ai vécu des situations où desorganisations, même bien intentionnées, n’étaient pas
prêtes à faire une place aux plus jeunes, notamment
en raison du changement culturel que cela requérait.
Une première étape est de se dire que si on a été
choisi pour faire partie d’un CA, c’est que l’on y a sa
place. Ensuite, j’ai compris qu’il fallait préparer mes
interventions si je voulais apporter une valeur ajoutée
à la discussion. Et en osant prendre la parole, j’ai
constaté que les gens se montraient à l’écoute peu
importe ce qu’ils pensaient du propos tenu. Au-delà
d’exprimer son opinion, l’enjeu est de dire ce qu’il faut
pour inuencer la décision. Pour cela, les organismes jeunesse sont le lieu par excellence pour découvrir le
fonctionnement du jeu politique.
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Quels seraient tes conseils pour un(e) jeune qui
hésite ?
Qu’as-tu retiré de ton implication sur des CA ?
Ne choisis pas une cause pour ajouter une ligne à
ton CV, car tu vas le regretter. Et fais conance à ton
intuition : si tu hésites, c’est qu’il y a des raisons. Enn,il y des formations pour s’outiller et gagner conance
en soi.
La capacité de prendre du recul vis-à-vis des
opérations quotidiennes, an de développer une
perspective vraiment plus globale et prendre des
décisions orientées vers l’avenir. Cette vue d’ensemble
s’acquiert au l des expériences sur les CA.
Félix Marzell
Président | RAEDIUM
Président Co-fondateurDIX au carré
Quelle était ta motivation première à
t’impliquer ?
Quels dés as-tu rencontrés avant d’entrer sur
un CA ?
Que dirais-tu à un(e) jeune qui hésite à se
lancer ?
Quels sont selon toi les dés à relever en
arrivant sur un CA ?
Je pense que ma motivation était la même que cellequi m’a poussé à devenir designer : identier des
problèmes et se doter des moyens de les régler.
La magie réside dans l’équipe, le fait que des gens
travaillent vers un objectif commun m’a toujours
beaucoup motivé.
Peut-être une mauvaise compréhension de la
mission de l’organisme sur lequel j’étais appelé à
siéger. J’avais l’impression qu’il y aurait beaucoup de
compétition. Mais mon expérience m’a plutôt indiqué
le contraire, j’ai l’impression que les administrateurs
plus expérimentés sont désireux d’aider.
Si c’est en toi, fais-le ! Et dis-toi que si tes rêves ne te
font pas peur, c’est qu’ils ne sont pas assez grands. Ilne faut pas avoir peur de provoquer des changements.
On est jeunes et inexpérimentés, on va inévitablement
échouer dans un premier temps; c’est normal,
légitime et même souhaitable. De mon point de vue
d’entrepreneur, c’est important de prendre quelques
risques calculés. C’est formateur à peu de coûts.
L’un des dés majeurs pour un CA est de bien
communiquer l’objectif et la mission de l’organisme,
pour s’assurer que tout le monde travaille dans la
même optique en dépit des divergences d’opinions.
Pour un(e) jeune, le dé est de se faire prendre au
sérieux et d’établir sa crédibilité. Il faut bien rééchir
avant de parler, tout en étant conscient que parfois
l’inverse peut être bénéque, notamment en raison de
la fraîcheur de notre pensée. Enn, notre génération a
grandi avec les nouvelles technologies. C’est un atout
supplémentaire pour amener de nouvelles façons detravailler, de nouvelles applications ou programmes
qui facilitent les tâches d’un CA.
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Laurent Lévesque
Président du comité jeunesse et administrateurChantier de l’économie
sociale
Quelles sont les premières difcultés que tu as
rencontrées à ton arrivée sur un CA ?
Être nouveau, souvent le seul jeune, dans des CA qui n’ont
pas un fort taux de renouvellement. Ou encore arriver
dans un réseau avec un passif ou de la politique internequi peut parfois dater de très longtemps. Il faut pourtant
naviguer au sein de tout cela pour avoir un impact.
Quels enseignements as-tu tirés jusqu’à
présent de tes implications sur un CA ?
Quels comportements ou habitudes as-tu dûadopter une fois arrivé sur un CA ?
J’ai beaucoup appris sur le pouvoir d’inuence dans
une structure politique. C’est vraiment formateur de
travailler avec des gens qui font cela depuis vingt
ans et il ne faut pas le négliger. Mais mon plus grand
enseignement vient de mon contexte personnel : je suis
entrepreneur collectif et je vois le lien entre le contexte
politique et mon travail. J’ai réalisé que ce que je fais au
quotidien fait partie d’un mouvement beaucoup plus
grand, qui porte une voix forte à laquelle je contribue.
Développer mon pouvoir d’inuence informelle. Au
Chantier, je siège sur un grand CA et je n’ai pas le droit
de vote. Il faut donc apprendre à utiliser sa jeunesse
comme une force. Dans mon cas, je n’hésite pas à
faire valoir que ce serait particulièrement ironique
que ce ne soit que des personnes plus âgées qui
rééchissent à l’économie de demain.
Que dirais-tu à un ou un(e) jeune qui hésite à
s’investir sur un CA ?
Les jeunes apportent une vision rafraîchissante,
orientée vers les résultats et le long terme, sensible
à l’environnement. Il faut bâtir sur cette vision pourlancer un véritable projet de société. Il faut savoir
décliner ses sensibilités de manière concrète, amener
des objectifs, an d’éviter d’être le « jeune de service ».
Quelles ont été tes motivations premières à
t’engager sur un CA ?
Le REPAF est né d’une conviction : une société forte
de sa diversité est garante d’un avenir prospère. Je le
crois profondément. Cela m’a donc donné envie d’ycontribuer activement et ce, à un niveau stratégique
an d’être en mesure d’inuencer les orientations.
Siéger sur un conseil d’administration demande d’y
investir beaucoup de temps et d’énergie. Il est alors
primordial d’avoir un réel intérêt pour la mission de
l’organisation pour être en mesure de persévérer
malgré les dés qui se présenteront.
Quels dés ou difcultés as-tu rencontrés une
fois entrée ?
Que dirais-tu à un(e) jeune qui doute de ses
compétences ?
Au sein d’un conseil d’administration, la pression
de l’imputabilité est bien réelle. Dans ce contexte,
jouer adéquatement son rôle d’administrateur tout
en contribuant au développement des affaires est
un dé constant à relever. Pour réussir, il faut savoirtravailler en équipe, faire preuve de résilience et de
persévérance et, malgré tout, ne pas avoir peur d’user
d’audace pour innover !
La diversité des points de vue est un facteur favorable à
la performance des conseils d’administration. Assumer
les éléments qui nous distinguent et mettre de l’avant
nos compétences avérées ne peut qu’être bénéque
pour l’ensemble de l’organisation. Par ailleurs, investir
dans une formation permet d’agir en connaissance
de cause. Personnellement, j’ai été formée par
le programme « Administrateur de la relève » du
Regroupement des jeunes chambres de commerce duQuébec. Cette formation m’a certainement apporté
le savoir-faire nécessaire pour exercer mon rôle
d’administratrice avec plus de conance.
Gracia Kasoki Katahwa
PrésidenteREPAF (Réseau des
entrepreneurs et
professionnels africains)
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Me Caroline Healey
Membre du CAOSMPrésidente du CA
Art Souterrain
Quelle a été ta motivation initiale à t’impliquer
sur un CA ?
Comment es-tu passée du club des jeunesambassadeurs au CA de l’OSM ?
J’avais le désir de m’impliquer et de faire une
différence en siégeant sur un CA et je ne savais pas
par où commencer. Je suis donc allée à un atelier de laConférence régionale des élus sur la place des jeunes
sur les CA. Une personne sur place m’a informée
qu’un organisme recherchait une personne avec un
bagage en droit et, comme j’étais avocate, j’ai été
mise en contact.
Il a fallu faire ses preuves. On nous a dit : « il y a un
poste au sein du CA de l’OSM qui vous attend si
vous nous prouvez que vous êtes sérieux et à votre
affaire ». C’est un peu la carotte au bout du bâton,
mais je pense qu’il y avait un vrai désir de compter
un jeune autour de la table, pourvu qu’il prouve
d’abord sa pertinence. Le club a donc été une porte
d’entrée vers un CA bien établi de personnes qui sont
beaucoup plus âgées que nous mais qui ont à coeur
d’avoir un volet jeunesse.
Qu’as-tu retiré de tes implications ?
J’ai fait des rencontres très enrichissantes que je
n’aurais pas pu faire hors de ce cadre. Comme je suis
restée cinq ans dans cet organisme, j’ai pu voir son
évolution et son apport concret à la communauté : lors
des assemblées générales annuelles, des personnes
ayant eu recours à nos services témoignaient sur
l’impact que notre action avait eue sur leur vie.
A quelles difcultés as-tu été confronté avant
ton entrée sur un CA ?
Mes difcultés, je les ai d’abord eues vis-à-vis de
moi-même : quelle valeur ajoutée allais-je apporter ?
Ensuite, je me suis demandé quelle était réellement lavision que je porterais, la cause que je défendrais. Je
me suis posé beaucoup de questions.
Quels comportements recommanderais-tu à
un(e) jeune à son arrivée ?
Quels enseignements as-tu tirés de tesexpériences d’implication ?
Je lui dirais d’observer le plus longtemps possible
avant de prendre des responsabilités car il est
important ensuite de livrer. Un préalable est de
comprendre la culture organisationnelle, les jeux
politiques. Par exemple, à la Régie des rentes du
Québec où j’étais le seul jeune, j’ai quasiment mis un
an avant d’oser intervenir.
J’ai acquis une plus grande conance en moi et à
me concentrer sur des contributions qui soient à ma
portée. On apprend aussi à développer une vision
d’ensemble, à appréhender les aspects légaux,
nanciers, techniques.
Sébastien Lemire
Que dirais-tu à un(e) jeune qui hésite à se
lancer ?
Je lui dirais de choisir une organisation en fonction
de ses passions, ses motivations et ses disponibilités.
Beaucoup d’organisations ont besoin de jeunes, car
ils apportent un regard pratique, et permettent de
toucher une nouvelle clientèle. La force d’un CA, c’est
sa diversité, alors quand on peut apporter la sienne,
il ne faut pas hésiter. Et puis, des formations existentpour devenir un bon administrateur, par exemple à la
Jeune chambre de commerce de Montréal, mais pas
seulement.
Ancien président du CAClinique juridique JuripopAncien administrateur
Régie des Rentes du Québec
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Louis-François Brodeur
Membre du CAFRQSC (Fonds de recherche
du Québec – Société et
culture)
Quelle a été ta première implication dans uneinstance décisionnelle ?
Quelles ont été tes motivations premières à
t’impliquer ?
Quels dés et difcultés as-tu rencontrés avant
d’entrer ?
Qu’as-tu retiré de tes implications ?
Ma première implication a été au CÉGEP. J’ai par la
suite eu des implications à l’exécutif de la FAECUM,
l’Association francophone pour le savoir, la présidence
de Force Jeunesse, au Fonds d’investissement des
Cycles supérieurs de l’Université de Montréal (FICSUM).
Au début, j’étais surtout motivé par la curiosité et
l’envie de travailler avec des amis. Maintenant, c’est le
désir de faire une différence et d’avoir un impact réel
qui me motive. C’est un processus par gradation qui
permet d’être de plus en plus inuent dans ses prises
de parole et contributions.
Le premier dé, c’est d’entrer ! Faute de processusouverts, il faut connaître des gens pour y arriver. Une
fois entré, le dé consiste alors à comprendre les
responsabilités des administrateurs et à les assumer.
Enn, un dé important est de savoir travailler en
équipe, cela est même crucial.
J’en ai retiré une capacité au travail collégial et une
meilleure connaissance des domaines reliés à chacune
de mes implications. J’ai aussi acquis la conance, à
travers l’expérience, dans ma capacité à apporter une
contribution de qualité à une organisation. Ceci étant
dit, il faut être conscient que l’implication bénévole
n’est pas très valorisée professionnellement. Il est
donc important d’avoir autre chose que l’avancementde sa carrière comme motivation. Mon expérience est
que l’implication donne du sens, en permettant de
contribuer concrètement au bien-être collectif.
Que dirais-tu à un(e) jeune qui hésite à se
lancer ?
Si un jeune n’est pas certain de vouloir se lancer, je
lui dirais d’éviter de le faire, car c’est une activité
chronophage. Cependant, s’il pense avoir uneperspective ou une expertise à apporter… qu’il
fonce ! Qu’il contacte les présidents des conseils
d’administration auxquels il croit pouvoir contribuer
et se vende. C’est présentement la seule manière de
faire !
Jocelyn CaronPrésident du CAHabitations les II Volets
Quelle a été ta motivation première àt’impliquer ?
C’est un peu prosaïque, mais ma première motivation
a été d’obtenir la case horaire que je voulais à la radio
étudiante, pour avoir mon émission quand je voulais
! (rires) J’ai ensuite découvert qu’il y avait tout un
éventail d’implications possibles pour animer la vie
étudiante, ce qui m’a amené au journal étudiant puisà l’association étudiante. Très vite, je me suis rendu
compte que je pouvais changer les choses, même si
cela peut faire cliché.
À ton entrée dans des CA, as-tu rencontré desobstacles ?
Les gens ont parfois des doutes face à la jeunesse
et notre opinion est écoutée avec bienveillance mais
pas nécessairement prise en compte. À l’agence de
santé et des services sociaux, il y avait un forum de
la population qui conseillait le CA. J’ai présenté ma
candidature pour devenir porte-parole et cela a
abouti. Mais il y avait beaucoup de scepticisme autour
de la table et pour le contrer, il m’a fallu démontrer
que j’étais à ma place.
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Force Jeunesse 8
Quels comportements ou habitudes as-tu dûadopter?
La base est de préparer scrupuleusement ses réunions
en lisant les documents et en n’hésitant pas à poser
des questions. Les gens ne prennent pas forcémentle temps de s’informer et lorsqu’on le fait, on a une
grande inuence, on peut poser les bonnes questions,
se faire une opinion structurée sur ce qui est proposé.
Quelles sont les habitudes que tu as dû adopteren arrivant en CA ?
Quels enseignements as-tu tirés de tonimplication ?
Quelles étaient tes craintes à l’époque et
comment tu les as-tu vaincues ?
Que dirais-tu à un(e) jeune qui doute de ses
compétences ?
J’ai dû développer le courage et la capacité de
reporter des décisions quand il me manquait des
éléments d’information. J’ai aussi dû bâtir maconance personnelle. Je me suis bien entourée et j’ai
beaucoup écouté.
Dans mon milieu d’intervention – la prévention de
la criminalité – j’étais souvent la seule femme et la
seule jeune, alors j’ai appris à me positionner et à oser
m’exprimer avec conance, sans avoir peur de ne pas
être crédible. Par ailleurs, cela a été très révélateur
pour moi de voir que mes décisions pouvaient avoir
un impact concret. Cela m’a certainement préparée à
faire le saut en politique municipale.
Je n’avais aucune idée du fonctionnement d’un CA, je
ne pensais pas vraiment pouvoir avoir une contribution
valable. Le président du CA de l’époque m’a convaincue
en proposant de me coacher. Je me remémore encore
ses mots : « Essaie, ce n’est qu’un mandat d’un an, etpuis tu verras si tu aimes cela ». Quelques mois plus
tard, il quittait pour des raisons de santé et je devenais
présidente par intérim : j’avais déjà la piqûre!
Quand on se voit offrir une opportunité, il faut la
saisir car cela veut dire que l’organisation est déjà
bienveillante à notre endroit. Ensuite, même s’il n’est
pas judicieux de prendre trop de responsabilités
rapidement, il faut dédramatiser et se dire que nos
erreurs, quelles qu’elles soient, ne peuvent pas faire
planter tout un CA ou une organisation.
Marie-Ève Brunet
Conseillère municipaleVerdun/MontréalPrésidente de l’Aile jeunesseÉquipe Denis Coderre pourMontréal
Quelle a été ta première expérience sur uneinstance décisionnelle ?
Ma première expérience a été celle de vice-présidente
du regroupement des organismes de TANDEM, le
programme de la Ville de Montréal en prévention de
la criminalité.
Que dirais-tu à un(e) jeune qui hésite àparticiper à un CA ?
L’authenticité fait vraiment une différence. Il faut faire
ses devoirs, connaître ses dossiers, car cela a beaucoup
d’inuence sur les membres plus expérimentés. Mais
un administrateur n’a pas à être un expert en tout; il
doit surtout être ouvert à toucher un peu à tout. Plus
tes connaissances sont diversiées, plus tu pourrasnuancer tes décisions.
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Quelles difcultés as-tu rencontrées avant
d’entrer sur un CA ?
J’étais assez jeune quand je me suis impliqué pour la
première fois, sur le CA d’un CÉGEP. Je dois avouer
que je n’ai pas rencontré de difcultés particulières.
J’ai plutôt été étonné de constater que l’instance était
assez accessible. En revanche, j’ai dû vaincre mes
craintes de m’exprimer en public.
Quels comportements ou habitudes as-tu dûacquérir une fois entré ?
Quels enseignements as-tu tirés de tesimplications ?
Il m’a surtout fallu adopter un langage qui soit
adapté à mon contexte. J’ai également découvertl’importance du travail de préparation. Il est essentiel
d’avoir un comportement professionnel face au
CA et cela passe par le travail. Tout cela permet
de construire sa crédibilité. Dans ce processus, on
apprend à développer une vue d’ensemble sur son
organisme et sur son fonctionnement interne, ce qui
est très formateur.
J’ai surtout appris à appréhender les problèmes
complexes en m’appuyant sur des perspectives
différentes. En fait, j’ai pris conscience de l’importance
de solliciter des avis différents et de m’entourer de
compétences diversiées. J’en ai surtout tiré l’envie
de m’impliquer davantage.
Jonathan Plamondon
MédiateurConseil canadien desrelations industrielles
Ancien PrésidentForce Jeunesse
Que dirais-tu à un(e) jeune qui hésite à se
lancer ?
Je lui dirais que l’implication bénévole est une des
meilleures façons d’acquérir de l’expérience et de
gagner en maturité. On en sort nécessairement avecun enrichissement qui mérite assurément que l’on se
lance. Il ne faut pas avoir peur et simplement foncer.
Claudia Lacroix-Perron
AdministratriceSTM (Société de Transport
de Montréal)
Quelle était ta motivation première à
t’impliquer sur un CA ?
Je souhaitais vraiment contribuer au développement
d’organisations qui touchent les jeunes. Je voulais
m’investir dans des organisations qui me parlent et
au sein desquelles je puisse apporter une perspective
pertinente.
Quels comportements ou habitudes as-tu dûacquérir une fois entrée ?
Quels dés ou difcultés as-tu rencontrés à ton
arrivée sur le CA ?
Je n’avais aucune expérience en arrivant et ce
n’était pas très rassurant. Mon approche a alors été
de me dire : « tu y es, alors essaie ». J’ai ensuite prisconscience de l’importance d’arriver aux rencontres
en étant bien préparée. Il m’a également fallu devenir
bonne observatrice du milieu. En développant une
connaissance ne de son contexte, on se donne les
moyens de prendre de bonnes décisions.
J’ai dû apprendre à prendre mes responsabilités, à
oser poser toutes les questions qui me venaient à
l’esprit, sans craindre d’être perçue comme étant
incompétente. Et puis je me suis rendu compte que
les attentes sont somme toute très similaires entre les
membres, peu importe leur niveau d’expérience.
Que dirais-tu à un(e) jeune qui hésite à se
lancer ?
J’ai surtout envie de m’adresser aux lles et de leur
dire : « Fais-le, surtout parce que tu es une lle, ne te
pose pas de questions et fonce, tout simplement ! ». Le
dé, c’est de faire le premier pas, car on se rend vite
compte que c’est l’une des meilleures expériences quel’on puisse avoir. Et de plus en plus d’organisations
sont soucieuses de former une relève, alors il ne faut
pas hésiter.
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8/19/2019 Entrevues de jeunes sur les conseils d'administration et les instances décisionnelles
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Me Alexandre Forest
AdministrateurThéâtre du Nouveau MondeAdministrateur
Théâtre de la Ligue Nationaled’Improvisation
As-tu rencontré des obstacles dans tesimplications sur des CA?
A l’OSM, il a fallu convaincre le CA qu’il avait besoin
d’un jeune, ce qui a quand même pris 2 ou 3 ans.
Désormais, c’est la première chose que je dis à
l’organisme dans lequel je veux m’impliquer, comme
au TNM où nous sommes deux co-présidents : « il faut
qu’un jeune ait une place sur le CA chaque année ».
Tous les organismes culturels ont le dé de renouveler
leur clientèle et ils se rendent compte qu’en mettant
une personne jeune sur leur CA, ils peuvent mieux
comprendre les attentes des jeunes envers leur
organisme, et ainsi mieux les atteindre.
Quels sont les dés qui attendent un jeune sur
un CA ?
Le principal dé est de tout faire pour ne pas être
l’aspect « cute » du CA. Le but est d’aller au-delà du
préjugé selon lequel un jeune ne peut pas s’impliquer
dans les discussions monétaires, stratégiques ouautres qui dépassent les enjeux générationnels. Un
jeune peut être multidisciplinaire et utile sur un CA, y
compris sur les questions de gouvernance.
Quels comportements ou habitudes as-tu dûmettre en place ?
L’IMPRESSION DE CE LIVRETA ÉTÉ RÉALISÉE AVEC LE
SOUTIEN DE
Quels seraient les conseils à un(e) jeune qui
hésite à se lancer ?
Que t’ont apporté ces implications ?
L’approche cartésienne : on peut avoir des idées
originales et des projets originaux, mais la méthode
de présentation doit être assez classique, an de
démontrer qu’on fait partie du même monde et
que l’on comprend la culture de l’organisme. C’est
un travail de « vulgarisation générationnelle », en
quelque sorte.
Tu es meilleur(e) que tu ne le penses, même si tu
es encore aux études. Par exemple, pendant mes
études en droit, je contribuais de manière concrète
aux travaux du CA en apportant des informations
juridiques. On ne réalise pas à quel point nos étudesnous donnent des habiletés importantes par rapport
à des personnes qui proviennent d’autres domaines.
Sentir que l’on est une partie prenante d’un organisme.
Les habiletés m’intéressent moins que d’être er
d’appartenir à un organisme qui est plus grand que
soi et de faire partie de ses décisions. La erté desavoir que les idées que je donne vont apporter à un
organisme qui est merveilleux, qui est fantastique et
dans lequel je crois. J’apprécie énormément aussi le
fait que d’autres personnes écoutent et respectent
notre opinion, ça nous forge le caractère, une
conance qui nous prépare dans l ’avenir, peu importe
les implications qu’on aura par la suite.
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Ce document de sensibilisation vise à encourager l’engagement de jeunes dans des lieux décisionnels.
Force Jeunesse continuera à promouvoir l’apport distinctif que peuvent avoir les jeunes pour la qualité
des décisions prises au sein d’organisations publiques, parapubliques et privées.
5 conseils lors de l’arrivée sur un CA ou
une instance décisionnelle
EN RÉSUMÉ
1. Faites vos devoirs. Lisez les documents etpréparez vos interventions. Ceci assure votre
conance, votre pertinence et donc votre
crédibilité.
2. Fixez-vous des objectifs clairs à réaliser lors devotre implication dans l’organisme. Partagez-les
avec les autres membres du CA ou de l ’instance.
3. Observez attentivement les dynamiques –notamment politiques – au sein du CA ou de
l’instance. Prenez le temps de comprendre les
enjeux et la manière dont l ’organisme a l’habitude
de s’y attaquer.
4. Si vous émettez une critique, accompagnez-la d’une proposition, d’une porte de sortie an
de suggérer une solution concrète au problème
soulevé.
5. Vous y êtes, bravo ! Maintenant, ayez conance
en vos interventions, présentez-les clairementet basez-les sur votre réexion et le vécu des
personnes que vous souhaitez représenter et
que vous connaissez certainement un peu... en
l’occurrence, les jeunes (entre autres) !
5 conseils pour la recherche d’un CA ou
d’une instance décisionnelle où siéger
1. Vériez si l’organisme qui vous intéressepossède une instance jeune. Si ce n’est pas le
cas, demandez à la créer et à en faire partie.
2. Demandez à ce que l’un(e) des membres de
l’instance jeune de l’organisme sur lequelvous siégez obtienne un siège sur le conseil
d’administration (CA).
3. Parlez à l’un(e) des membres du CA et essayezde déterminer les besoins de l’organisme an
de savoir si vous pouvez combler un vide ou
apporter votre aide. Protez-en pour vérier si
la culture interne de l’organisme vous intéresseet vous donne envie de vous engager dans cette
activité prenante mais enrichissante.
4. Faites-vous former, présenter ou recommanderpar un(e) membre du CA, il/elle est dans
l’organisme, sa parole a de la valeur auprès des
autres membres.
5. Si vous connaissez les besoins de l’organisme,préparez un plan qui soit pertinent et qui
réponde aux besoins identiés et tentez de le
présenter au CA directement à travers un(e) ou
plusieurs de ses membres.
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