Dans un immeuble emblématique du New London, la décoratrice Tara Bernerd a fait de son appartement un manifeste lumineux et cinématographique.Reportage et photos BÉNÉDICTE aussET-DRuMMOND Texte CaRINE KEyvaN avec IsaBEllE sOINg

Rêverie au fil de l’eau dans un fauteuil design Jeffrey Bernett, B&B Italia Metropolitan. Tableau de Ben Johnson. En arrière-plan, l’Albert Brigde.

n vue sur la Tamisee Entrée en matière brute. Dans le couloir qui relie la cuisine

au salon, Tara Bernerd a fait recouvrir les murs de panneaux en béton, Mass Concrete. Tirage du photographe hollandais Erwin Olaf.

Banquette, “T904” de Gastone Rinaldi pour Poltrona Frau.

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La cLé avec La couLeur ? Ne pas eN avoir peur, Ne pas eN abuser

“ ”d ans Chelsea, les prix

flambent tellement que j’ai préféré m’installer sur la rive gauche de la Tamise”, confie Tara Bernerd. Surnommée la “First lady of interiors” par la presse anglaise, cette autodidacte, qui a travaillé auprès de Philippe Starck puis créé sa propre agence en 2002, réputée pour ses rénovations de restaurants et d’hôtels comme le Russel, à Londres, a élu domicile dans le quartier de Battersea. “Si je devais présenter mon style ‘industriel glam’, à un client, résume-t-elle, je l’amènerais au Sixty à New York, au Thomson à Hollywood ou au Four Seasons à Fort Lauderdale que j’ai réalisés.” C’est à l’Albion Riverside, un “immeuble paquebot” dont la courbe évoquant une vague est signée Foster and Partners, qu’elle pose sa valise entre deux vols. De son appartement qui surplombe le fleuve, Tara Bernerd aperçoit d’ailleurs son ancien quartier. “J’ai eu un coup de cœur pour la vue. Le vrai charme de cet apparte-ment ? La proximité de l’eau qui offre un spectacle permanent !” Pour accentuer, dès l’entrée, les jeux de perspective vers le fleuve et faire pénétrer encore davantage la lumière, Tara a remplacé les portes en bois qui ouvraient sur le salon, par des portes en verre. “C’est ma pièce préférée. Pas trop meublée, elle a une atmosphère de loft parisien où, la nuit, on voit “l’Œil de Londres” (la grande roue du Millénaire), les toits environnants… et dans la journée, la verdure.” Pour reconfigurer l’espace à son mode de vie, elle a trans-formé la petite salle de bains dans l’entrée en vestiaire pour les invités et l’une des trois chambres en dressing. Fidèle à son style qui jongle avec les matériaux bruts et les matières nobles – cuir, velours, laine –, elle a choisi un parquet en chêne noir, opté pour des pan-neaux de béton aux murs qui évoquent l’espace épuré d’une galerie d’art contemporain et des travertins dans la salle de bains. “J’ai toujours aimé le béton et les matières brutes comme le métal, le bois et certaines pierres. Cet attrait est lié à ma première grande passion, l’architecture.” Et à son goût du décalage, à l’image de grands tirages animaliers, contrastant avec une lampe des années 50, du mobilier design et contemporain… et un objet de famille : une sculpture abstraite d’Henry Moore, “donnée par mon père, confie-t-elle, et qui m’accompagne partout où je vis.”

EN HAUT À GAUCHE. un profil international. Tara Bernerd multiplie les projets, de la réalisation du Four Seasons Hotel à Fort Lauderdale (Floride) à l’habillage de yachts ou de résidences de luxe à Shanghai. L’ouvrage “Place”, édité par Rizzoli, retrace son parcours.

Lampes de bureau, Parma Antiques. Chaise de bureau “Soft-Pad”, design Eames, Vitra.À DROITE. Photo, série “Messengers” de geoff Weston, pouf en cuir et bois “New Objectivity” d’Amy Somerville,

tableau de Ben Johnson, fauteuils David Linley, Lampe Stilnovo, Against, tables Retrouvious.

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ici, j’ai mis moN cœur et ma persoNNaLité, c’est ma maisoN”

“

une terrifiante beauté. Comme un objet sublimé, une tarentule, extraite de la trilogie “Venenum” consacrée aux serpents, araignées et méduses par le photographe italien Guido Mocafico, capte le regard. Sur le canapé “Powell” (Minotti), coussin “Hummingbird”, Alexander McQueen pour la Rug Company. Table d’appoint “Wilson”, Minotti, fauteuil “Kilin” par Sergio Rodrigues pour Espasso, lampe des années 50, Philip Thomas. Tapis Luke Irwin, table basse Merrow Associates de Retrospectiveinteriors.com. À gauche, tableau “A Decisive Blow Against If” de Harland Miller.

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je vouLais uNe chambre sereiNe et eNveLoppaNte, où me reLaxer et regarder uN fiLm”

“

Dans les veines. Dans la petite salle d’eau destinée aux invités, Tara a recouvert le mur de panneaux en chêne “Café Noir Crème”, Silvan. Miroir rectangulaire, Jaques Adnet, réédition du modèle 50’s, Gubi, vasque taillée dans le marbre par la société italienne Kreoo, robinetterie One Collection, Kalista. À droite, l e mur est recouvert de cuir Silkroad Collection, chez Blackstock.

Écrin lumineux. La chambre adopte le minimalisme chic, avec pour unique touche de couleur, un tableau du peintre britannique James Nares, Galerie Hamilton. Lit “Platform Onda” par Paola Piva pour Poliform. Lampes de chevet sur cuir, Cassina. La table basse années 50 a été chinée. Rideau “Caravan Natural” en laine, Donghia.

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Bronze abstrait. Pour mettre en valeur une sculpture d’Henry Moore,

cadeau de son père, Tara l’expose sur une table

chinée des années 30 bleu pétrole, une de ses

couleurs favorites.

L’esprit d’uNe gaLerie d’art coNtemporaiN de poche ”“

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