enseigner et apprendreekladata.com/jvtgmwj6rtxdicnhleg7h9mi6jm/fiche-23-cse... · 2015-07-03 ·...

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Enseigner et apprendre 1 Enseigner F) Les pédagogies nouvelles Fiche 23 On regroupe sous le nom de « pédagogie nouvelles » les courants novateurs qui au 2àème siècle veulent fonder une nouvelle école. On lui oppose fréquemment la pédagogie traditionnelle, caractérisée par le cours magistral, l’autorité du maitre, l’école fermée et la priorité donnée à l’acquisition des connaissances. La pédagogie traditionnelle ne se réduit pas à cette caricature, elle a eu ses succès et elle est encore largement pratiquée. A l’inverse, les nouvelles pédagogies ne sont pas des remèdes miraculeux, elles sont critiquables et restent souvent cantonnées à des écoles expérimentales, souvent privées. Actuellement, l’école publique utilise le plus souvent un mélange de pédagogies traditionnelles et d’apport de nouvelles pédagogies, en particulier celle de Freinet. N’oublions pas que les enseignants sont libres de choisir leur pédagogie. ! Le contexte historique Au début du 20 ème siècle, 3 facteurs au moins peuvent expliquer l’apparition de ces mouvements de rénovation pédagogique, baptisés « écoles nouvelles ». A) La massification de l’école L’école n’est plus réservée aux élites mais s’ouvre peu à peu au peuple. La pédagogie traditionnelle, héritée des collèges jésuites et des Frères des écoles chrétiennes, parait caduque car trop fondée sur l’autorité du maitre et trop théorique. Les instituteurs cherchent alors une pédagogie plus populaire, plus égalitaire et plus active. B) l’émergence de la psychologie de l’enfant sous l’influence des idées Rousseau et de l’exigence de scientificité Début 19 ème , Rousseau ou encore Jean Itard font avancer les recherchent sur les enfants grâce aux expériences menées sur les enfants sauvages et les enfants sourds. www.mission-crpe-2016.eklablog.com

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Enseigner et apprendre 1 Enseigner F) Les pédagogies nouvelles

Fiche 23

On regroupe sous le nom de « pédagogie nouvelles » les courants novateurs qui au 2àème siècle veulent fonder une nouvelle école. On lui oppose fréquemment la pédagogie traditionnelle, caractérisée par le cours magistral, l’autorité du maitre, l’école fermée et la priorité donnée à l’acquisition des connaissances. La pédagogie traditionnelle ne se réduit pas à cette caricature, elle a eu ses succès et elle est encore largement pratiquée. A l’inverse, les nouvelles pédagogies ne sont pas des remèdes miraculeux, elles sont critiquables et restent souvent cantonnées à des écoles expérimentales, souvent privées. Actuellement, l’école publique utilise le plus souvent un mélange de pédagogies traditionnelles et d’apport de nouvelles pédagogies, en particulier celle de Freinet. N’oublions pas que les enseignants sont libres de choisir leur pédagogie. ! Le contexte historique Au début du 20ème siècle, 3 facteurs au moins peuvent expliquer l’apparition de ces mouvements de rénovation pédagogique, baptisés « écoles nouvelles ».

A) La massification de l’école L’école n’est plus réservée aux élites mais s’ouvre peu à peu au peuple. La pédagogie traditionnelle, héritée des collèges jésuites et des Frères des écoles chrétiennes, parait caduque car trop fondée sur l’autorité du maitre et trop théorique. Les instituteurs cherchent alors une pédagogie plus populaire, plus égalitaire et plus active.

B) l’émergence de la psychologie de l’enfant sous l’influence des idées Rousseau et de l’exigence de scientificité

Début 19ème, Rousseau ou encore Jean Itard font avancer les recherchent sur les enfants grâce aux expériences menées sur les enfants sauvages et les enfants sourds.

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Au 20ème, Alfred Binet et Théodore Simon mettent au point les tests de QI. Freud invente la psychanalyse, Piaget développe la psychologie cognitive. L’ensemble de ces découvertes permet d’alimenter les nouvelles pédagogies. C) Le mouvement révolutionnaire qui secoue l’Europe touche l’école Lors de la Révolution bolchevique de 1917, nombreux sont les instituteurs à vouloir que l’école nouvelle prépare à la société nouvelle. La rénovation pédagogique est alors un facteur révolutionnaire. La classe doit être une école de démocratie où l’élève sera formé à la solidarité, l’égalité et la coopération. Apparaît « l’internationale pédagogie » (LIEN = ligue internationale pour l’éducation nouvelle) fondée par Adolphe Ferrière. ! Les principes communs aux pédagogies nouvelles Activité de l’élève : l’enseignement ne doit plus se faire sous forme de cours magistral mais s‘appuyer sur l’activité de l’élève qui expérimente, recherche et construit son savoir de façon concrète. Les méthodes actives sont privilégiées. Socio construction du savoir : l’élève n’apprend pas seul mais toujours au sein d’un groupe par l’enrichissement des échanges et des confrontations. Education collectiviste et coopérative : l’école et la classe ne sont pas des lieux de concurrence entre individus égoïstes, les élèves doivent s’intégrer à un projet collectif, travailler en équipe ou en atelier, gérer la classe de façon démocratique par des décisions collectives. Partir de la motivation et de l’intérêt naturel : l’élève n’est pas soumis à une autorité absolue. C’est l’école qui doit servir l’élève et s’adapter à ses besoins. Les apprentissages doivent tenir compte des intérêts mentaux variables avec l’âge. Donner du sens aux apprentissages s’obtient en partant de l’utilité que l’enfant trouve dans ses activités. Une pédagogie de l’expérience : l’enseignement doit être expérimental, c’est à dire que l’élève doit apprendre par expériences et que le maitre doit sans cesse être en situation de recherche et d’innovation pédagogique (contre la routine et la tradition). Développer les compétences transversales et méthodologiques : l’essentiel n’est pas de mémoriser des lasses de connaissances mais de devenir autonome dans ses apprentissages par l’acquisition de méthodes de travail et de recherche. Ouvrir l’école : l’école nouvelle doit être ouverte sur le monde et sur la vie sociale. Elle ne doit plus être un sanctuaire qui coupe les élèves des réalités de la société des adultes. L’école ouverte doit participer aux problèmes sociaux et politiques, elle doit mettre l’élève dans des situations d’apprentissage authentiques et refuser les situations scolaires artificielles. Respecter l’élève comme personne : l’élève est traité dans le respect de ses droits comme personne de dignité égale à celle du maitre.

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Différencier et individualiser : on ne peut pas imposer à tous un même enseignement. Il faut prendre en considération les différences et les besoins de chacun. Un nouveau rôle pour le maitre : le professeur n’est plus le détenteur d’un savoir à transmettre mais une aide ou un guide pour l’élève, une personne ressource qui accompagne l’élève dans la construction de son savoir. Célestin Freinet (1896-1966)

La classe coopérative

Instituteur, il créé l’école de Vence et l’institut coopératif de l’école moderne. Méthode naturelle de lecture

Technique Freinet, correspondance scolaire, imprimerie à l’école, texte libre, fichier autocorrectif, bibliothèque de travail

Maria Montessori (1870-1952)

Pédagogie du jeu adaptée aux jeunes enfants

Pédiatre, elle fonde à Rome une école pour enfants autistes ainsi que du mobilier adapté.

Etendre aux enfants normaux la méthode d’enseignement des enfants retardés mentaux. Elle s’appuie sur l’éducation des 5 sens et crée un matériel didactique.

Benjamin Bloom (1913-1999)

Pédagogie par objectifs. Définir des opérationnels pour rationaliser l’enseignement

Permet une évaluation critériée. Les objectifs dépendent d’une logique disciplinaire fixée par l’enseignement. Conception linéaire de l’apprentissage.

Prise en compte des différences individuelles. Pédagogie proche du préceptorat et de l’enseignement individualisé. 3 variables : les pré-requis, la motivation, la qualité de l’enseignement.

John Dewey (1859-1952)

Pédagogie de Projet. Une démarche de projet contre le compartimentage disciplinaire.

Il fonde l’école laboratoire du Massachusetts qui privilégie les besoins des enfants et les activités manuelles.

La motivation remplace la contrainte.

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Ovide Decroly Pédagogie des centres d’intérêt

Médecin belge qui créé l’école de plein air où l’enseignement part des centres d’intérêt de l’enfant. Il privilégie la méthode globale pour apprendre à lire et le travail par groupes de niveau.

Trois écoles : Saint-Mandé Barcelone Buenos Aire

Roger Cousinet Pédagogie de l’apprentissage qui remplace l’enseignement par le maitre

Promoteur du travail de groupe, il donne la priorité aux méthodes. Apprendre c’est chercher des informations, non les concevoir.

Partir de la psychologie de l’élève, non de la logique des programmes.

Neil (1883-1973)

Pédagogie libertaire

Jeux et cours facultatifs, sans contraintes ni interdits. Epanouissement individuel hors des normes sociales.

Adolphe Ferrière (1879-1960)

Ecole ouverte Sociologue suisse, il propose d’ouvrir l’école et défend l’idée d’une loi biogénétique d’un développement parallèle de l’individu et de l’humanité : de la pensée végétative et intuitive (sauvage) à la raison pure (savants).

Développer le solidarisme et l’esprit critique.

Edouard Claprède (1873-1940)

L’éducation fonctionnelle : c’est celle qui prend le besoin de l’enfant comme levier de l’activité.

Psychologue suisse, il crée l’institut Rousseau en 1914. Contre la gratuité du savoir. Exercer l’esprit à travers des situations-problèmes.

Le maitre est un stimulateur et un éveilleur. Susciter le besoin par le jeu.

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Rudolf Steiner (1861-1925)

Pédagogie de l’épanouissement harmonieux

Equilibrer les matières intellectuelles et les activités artistiques, éveiller chez l’enfant ses facultés, selon ses phases d’évolution.

921 écoles privées laïques surtout en Allemagne. Pas de notes, pas de redoublements.

! Un exemple développé : La pédagogie Freinet Les techniques Freinet :

ð La sortie enquête : les élèves vont rencontrer le boulanger du village et enquêtent sur son métier.

ð Le texte libre : de retour d’une promenade, les élèves écrivent ce qu’ils désirent (poésie, article).

ð La correspondance scolaire : deux classes distantes échangent des lettres collectives sur leur vie et leur région.

ð L’imprimerie : Freinet installe une imprimerie dans la classe pour que les élèves produisent un journal.

ð Bibliothèque de travail : collection de fascicules sur tous les sujets servant de supports à des activités en classe.

ð Le fichier autocorrectif : un ensemble de fiches individuelles, dans toutes les matières, permettant à l’élève de travailler seul, avec questions et réponses.

ð Le « quoi de neuf » : rituel instauré en début de journée ou de semaine, permettant un libre-échange des élèves sur le sujet de leur choix.

Le conseil de coopérative : C’est le cœur de cette pédagogie, fondée sur l’organisation collective de la classe. Le maitre fait partie à égalité avec tous les élèves d’un conseil qui se réunit régulièrement pour décider du travail de tous. En début de semaine, le conseil décide du plan de travail, de la répartition des tâches, du calendrier. En fin de semaine il fait un bilan. Le conseil décide aussi des évaluations sous forme de brevets attribués aux élèves ayant acquis une compétence reconnue dans un domaine. Il décide aussi de la discipline : il élabore les règles collectives et examine les cas des élèves qui ont transgressé ces règles à travers un échange d’explications. La sanction est absente. Le maitre jour un rôle de guide, de conseil. Ce conseil s’appuie sur un tableau de trois rubriques : je félicite, je critique, je propose. Principes et méthodes :

ð partir de l’enfant et de ses besoins ð pédagogie de l’intérêt général et du projet, pas de morcellement du

programme ð coopération collective contre individuelle ð tâtonnement expérimental : on progresse par essai et par erreur ð méthode naturelle de lecture et d’écriture : créer un milieu stimulant et une

situation authentique de communication

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ð Le travail contre le jeu qui infantilise l’enfant ð Organisation en ateliers ð Evaluation par projets et chefs-d’oeuvre. Exemple : pour un brevet d’écrivain,

on aura comme épreuves le récit d’un événement, une lettre aux correspondants, une poésie. Le chef-d’œuvre consistera à réaliser un petit album illustré.

! Quel bilan pour les pédagogies nouvelles ? Elles ont changé notre vision de l’école et de l’enfant : il paraît difficile de revenir à une école fermée. L’enseignant n’est plus maitre absolu : il s’attache à donner du sens à son travail, à tenir compte des besoins et intérêts des élèves ainsi que leur rythme. La pédagogie est aussi moins magistrale : il faut faire participer les élèves, leur faire construire leur savoir. Cependant l’école conserve des contraintes réglementaires comme les horaires, les programmes et des habitudes magistrales : c’est le maitre qui parle.

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