enquêtes de santé

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Enquêtes de santé l’information complémentaire pour la santé Sept.-Oct. 2015 - N°29 Bimestriel - 3 euros 62 pages sans publicité EMI : Expériences de mort imminente Christine Audry, Stéphane Drouet, Dr Jean-Jacques Charbonier La Vie après la vie, perspectives de la physique quantique Éric Escoffier La permaculture pour la santé de la planète et de l’humanité Écologie Santé Un point sur les régimes : un équilibre bénéfices-risques pas toujours facile à trouver À découvrir en DVD Les blés d’or, de Honorine Perino www.enquetesdesante.com

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Magazine sur la santé et sur le paranormal

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Enquêtes de santél’information complémentaire pour la santé Sept.-Oct. 2015 - N°29

Bimestriel - 3 euros

62 pages sans publicitéEMI : Expériences de mort imminente

Christine Audry, Stéphane Drouet, Dr Jean-Jacques Charbonier

La Vie après la vie, perspectivesde la physique quantique

Éric Escoffier

La permaculture pour la santé dela planète et de l’humanité

Écologie

SantéUn point sur les régimes : un équilibre

bénéfices-risques pas toujours facile à trouver

À découvrir en DVDLes blés d’or,

de Honorine Perinowww.enquetesdesante.com

2 enquêtes de santé n°29 septembre/octobre 2015

Chères lectrices, chers lec-teurs... cher(ère)s ami(e)s,

Comme vous avez pu le constater,lectrices/lecteurs fidèles etabonné(e)s, notre numéro de juil-let/août n’est pas paru cette année.Il s’avère, en effet - tout à fait logi-quement d’ailleurs -, difficile dejoindre les intervenants durantcette période, profitant d’un reposbien mérité... C’est pourquoi nousavons pris la décision de ne plusparaître en été. Une nouvelle for-mule qui nous a amenés à modifiernos tarifs. L’abonnement de 1 anreste à 13 euros, mais pour 5 nu-méros au lieu de 6 ; et l’abonne-ment de 2 ans demeure à 22,50

euros, mais pour 10 numéros aulieu de 12. Le numéro uniquepasse de 2,50 euros à 3 euros. Noslecteurs étant en cours d’abonne-ment de un ou de deux ans rece-vront bien leurs six ou douzenuméros.Nous en profitons pour vous rap-peler que les N°2 à 17 en versionpapier sont toujours disponibles.La question bassement matérielleayant été évoquée, passons à deschoses plus «élevées».Dans ce numéro, nous vous invi-tons à la découverte de la perma-culture qui s’attelle à prendre soinde la Terre et de toutes ses formesde vie, à prendre soin des per-sonnes et bâtir la communauté, et

à redistribuer les surplus à la Terreet aux personnes. Une pratiqueculturale qui laisse plus de place àl’intelligence qu’au travail, qui faitavec la Nature et non contre :mode sur lequel l’agriculture hu-maine fonctionne depuis 10 000ans, particulièrement inefficace etsurtout profondément destructeur.Mais qui reste le mode le plus do-minant... C’est aussi la pensée dominante,matérialiste, «raisonnable», qui niefarouchement, malgré des vécusbien réels et scientifiquement étu-diés de par le monde, l’existencedes NDE (Near Death Experience)ou EMI (Expériences de mort im-minentes) et autres phénomènespéri-mortels, que nous vous invi-tons à découvrir en dossier princi-pal (où l’on y parle de Vie, malgréles apparences...). Cette attitude dedéni nous fait penser à cette ré-flexion si pertinente d’Ervin Lazlo,philosophe des sciences et spécia-liste hongrois de la théorie des sys-tèmes : «Les parents disent à leursenfants de ne pas imaginer des choses, lesenseignants se font un devoir de les empê-cher de rêver et de les forcer à être raison-nables, et les enfants qui ont déjà subi unlavage de cerveau se moquent de leurspairs qui renâclent devant cette contrainte.Résultat ? Les enfants modernes grandis-sent et deviennent des adultes raisonnablespour qui tout ce qui n’est pas en accordavec la notion dominante matérialiste dumonde est nié et réprimé». Inversonsdonc le système, soyons d’éternelsrêveurs...Très bonne lecture, n

Myriam Marino

L’édito

«Enquêtes de santé» est une publication bimestrielle numérique de l’asso-ciation loi de 1901 «Enquêtes de santé».N°ISSN : 2272-9917.Tél: 09 52 23 82 37/07 83 16 79 88.Courriel : [email protected]

Fondateurs : Laurent Lutaud, réalisateur de films documentaires, et Jean-Yves Bilien, réalisateur de films d’investigation dans le domaine de la santé.Directrice de publication et rédactrice en chef : Myriam Marino, journa-liste. Maquette : Myriam Marino.Infographie : Jean-Luc Marino, auteur-réalisateur de films documentaires.

Ont participé à ce numéro :Amandine Geers et Olivier Degorce, créatrice et photographe culinaires ;Éric Escoffier, formateur en permaculture ; Christine Audry, praticienne enpsychothérapie et hypnothérapeute ; Stéphane Drouet, coach et psycho-praticien, spécialisé en neurosciences et physique quantique ; DocteurJean-Jacques Charbonier, médecin anesthésiste-réanimateur ; CatherinePicard, naturopathe iridologue ; Guillaume Mariais, Chef privé et végétaliencru ; Jean-Luc Marino, auteur-réalisateur de films.

Enquêtes de santé

Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

3enquêtes de santé n°29 septembre/octbre 2015

SOMMAIRE

ACTUALITÉ DE LA SANTÉ

ÉCOLOGIE

4 Tour d’horizon des dernièresactualités de la santé et del’environnement

À la découverte dela permaculture,avec Éric Escoffier

15 Zoom sur la permaculture : une solution auxproblèmes de l’humanité et de la planète

17 Éric Escoffier : «Permaculture : prendre soinde la Terre, des personnes, et reforester mas-sivement»

ACTUALITÉ DE LA SANTÉ MENTALE

6 Des nouvelles du DSM 5...

7 Humour... :«Proposition de classer le bon-heur comme trouble psychiatrique»

DOSSIER

EMI et physique quantique,avec Christine Audry, Sté-phane Drouet et le Dr Jean-Jacques Charbonier 30 Expériences de mort imminente : et s’il exis-

tait une forme de vie après la vie ?

33 Christine Audry et Stéphane Drouet : «La Vieaprès la vie, perspectives de la physiquequantique»

43 Dr Jean-Jacques Charbonier : «Les récitsd’EMI changent radicalement notre regardsur la vie et la mort»

SANTÉ

50 Un point sur les régimes : un équilibre bénéfices-risques pas toujours facile à trouver...

RENCONTRE

13 «Notre cuisine allie plaisir, santé et bon sensécologique», avec Amandine Geers et OlivierDegorce

JEUX

58 Les mots de Jean-Luc

ÉVÉNEMENT

60 8e Congrès de Quantique Planète : Tous mu-tants demain !

LE COIN DES LIVRES

59 - Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu’estdevenue l’agriculture, de Fabrice Nicolino- Faune sauvage, biodiversité et santé, quelsdéfis ?, sous la direction de Serge Morand, Fran-çois Moutou et Céline Richomme

Notre recette à base debetterave, par Guillaume Mariais, p.56 Offres d’abonnement p.61

Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

CÔTÉ DVD

55 - Les blés d’or, de Honorine Perino- Rencontre avec un boulanger-paysan, de Ber-nard Bonnamour

4 l’actualité de la santé et de l’environnement

LES MOUSTIQUES GM NE PASSE-RONT PAS PAR L’ESPAGNEEn voilà une très bonne nouvelle ! Lasociété britannique Oxitec prévoyaitla libération de mouches de l’olivegénétiquement modifiées en Es-pagne (Catalogne). Elle avait l’inten-tion de lâcher jusqu’à 5000 mouchespar semaine près de la ville de Tar-ragone, pour un essai d’une duréed’un an, couvrant une zone-filet de1000 m2. Qui pourrait croire que desinsectes connus pour se propagerrapidement dans un habitat conve-nable ne s’échapperaient pas...Bref, c’était la catastrophe annon-cée pour ce pays (et pas que...)«premier producteur d’huile d’olivebiologique dans le monde entieravec une extension de 170 000 hec-tares de terres arables», comme lerappelait dès cette annonce VictorGonzálvez, dont l’organisation, laSociété espagnole pour l’AgricultureÉcologique, est l’une des 17 signa-taires d’une demande d’interdictionde toute libération de ces espèces.Et ça a marché ! Début août, Oxitecretirait sa demande, ayant été infor-mée par les autorités régionales queles expériences ne seraient pas au-torisées. À surveiller de près... Source : www.testbiotech.org/en/node/1321 (en anglais)

Le travail, c’est pas du tout la santé...

Les vaccins anti-HPV sous surveillance européenne

Une équipe de pas moins de 44chercheurs s’est penchée surle lien entre de longues

heures de travail et les risques de ma-ladie coronarienne et d’accident vas-culaire cérébral (AVC). Les auteurs ont inclus 25 études de 24cohortes en Europe, aux États-Unis eten Australie. La méta-analyse pour lamaladie coronarienne comprenait lesdonnées de 603 838 hommes etfemmes exempts de maladie corona-rienne à l’inclusion ; la méta-anaylsepour l’AVC comprenait les données de528 908 hommes et femmes exemptsd’AVC au départ.Résultat, sans grand étonnement : «Lesemployés qui travaillent de longues heures (49à 54 heures de travail par semaine, etplus encore pour une durée de travailde 55 heures et plus...) ont un risque plusélevé d’AVC que ceux qui travaillent un nom-bre d’heures normal (35-40 heures par se-maine). L’association avec la maladiecoronarienne est plus faible». Et les auteurs de conclure : «Ces résul-

tats suggèrent que plus d’attention devrait êtreaccordée à la gestion des facteurs de risquevasculaire chez les personnes qui travaillent delongues heures»... Certes.Où la phrase de Paul Lafargue, écriteil y a maintenant 135 ans résonne dansnos têtes et nous laisse quelque peuméditatifs sur notre société du XXIesiècle où le travail continue de tuer... :«Notre époque est, dit-on, le siècle du travail ;il est en effet le siècle de la douleur, de la misèreet de la corruption», Le Droit à la paresse(Réfutation du Droit au travail de1848), 1880*. nSource : «Long working hours and risk of co-ronary heart disease and stroke : a systematicreview and meta-analysis of published andunpublished data for 603 838 individuals,Mika Kivimäki et al., The Lancet, 19 août2015, à cette adresse : http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736%2815%2960295-1/fulltext*À lire intégralement en PDF à cette adresse :http://classiques.uqac.ca/classiques/la-fargue_paul/droit_paresse/le_droit_a_la_pa-resse.pdf

Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

L’Agence européenne des médi-caments (EMA) a entamé unexamen des vaccins anti-HPV

(papillomavirus) afin de «clarifier davan-tage les aspects de leur profil de sécurité».L’EMA souligne que ces vaccins ontété utilisés chez près de 72 millions depersonnes dans le monde, ce pour«prévenir de nombreux cas de cancer du colutérin et divers autres cancers et maladies cau-sées par le HPV». Cet examen, précisel’Agence (qui nous prend pour des im-béciles) «ne remet pas en cause les bénéficesde la vaccination anti-HPV qui l’emportentsur les risques». C’est le Comité de phar-macovigilance (PRAC) de l’EMA qui s’y

attellera. En fait, il s’agit de clarifierl’existence d’un lien possible entrecette vaccination et la survenue dedeux complications : le syndrome dou-loureux régional complexe (SDRC) etla syndrome de tachycardie orthosta-tique posturale (STOP). Plusieurs casde femmes développant ces symp-tômes peu de temps après avoir étévaccinées ont, en effet, été signalésmais, persiste l’Agence, «aucun lien decause à effet n’a encore été démontré»...Pour rappel, deux vaccins anti-HPVsont actuellement autorisés en France :Gardasil (contre les valences 6, 11, 16et 18) et le Cervarix (valences 16 et 18).

En pleine polé-mique sur leurspossibles effets secondaires et lemanque de recul quant à leur efficacitéet sécurité, voilà que pointe son nez unnouveau vaccin encore plus miracu-leux : le Gardasil 9 (contre les valences6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58) auto-risé par l’EMA en juin 2015, sur la base,notamment, d’une étude (www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1405044), finan-cée par Merck et dont 100% des au-teurs avaient un lien avéré avec cettesociété et/ou Sanofi Pasteur MSD,GSK, Roche, Abbott... nSource : EMA

5l’actualité de la santé et de l’environnement

Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

La vapo : 95% moins nocive que le tabac

La meilleure estimation actuelleest que les e-cigarettes sont en-viron 95% moins nocives que la

fumée, premier point. Deuxième point :près de la moitié de la population(44,8%) ne réalise pas que les e-ciga-rettes sont beaucoup moins nocivesque de fumer. Trois : il n’y a aucunepreuve à ce jour que les e-cigarettesagissent comme une passerelle pourfumer chez les enfants et les non fu-meurs. Ces trois points figurent parmiles principales conclusions d’uneétude menée par des chercheurs indé-pendants anglais et publiée sur le siteinternet du Public Health England(PHE), une agence du Département dela Santé anglais. «Les e-cigarettes sontnettement moins nocives pour la santé que letabac et ont le potentiel d’aider les fumeurs àcesser de fumer». Une conclusion qui re-joint ce que nous disait Jean-JacquesLe Houezec, tabacologue, conseillerscientifique, consultant en santé pu-blique (et chercheur indépendant luiaussi...) dans notre précédent numéro(p.39 à 42). Le directeur du PHE sou-ligne pour sa part : «Les e-cigarettes nesont pas complètement sans risque, mais par

rapport au fait de fumer, la preuve montrequ’elles portent une fraction du préjudice. Leproblème, c’est que les gens pensent de plus enplus qu’elles sont au moins aussi dangereuseset cela peut empêcher des millions de fumeursd’arrêter de fumer». La cause de cela : ladésinformation, qu’elle soit faite parbêtise ou par intérêt... Pour le Pr Ann McNeill, du King’s Col-lege de Londres, co-auteur de l’étude,«preuve est donnée systématiquement que lese-cigarettes sont un autre outil pour arrêter defumer et à mon avis, les fumeurs devraient es-sayer de vapoter et les vapoteurs devraient ces-ser complètement de fumer». Tandis que ledeuxième auteur de l’étude, le Pr PeterHajek, de l’Université Queen Mary deLondres, souligne : «ma lecture de lapreuve est que les fumeurs qui passent au va-potage suppriment persque tous les risquesque le tabagisme pose à leur santé. Les fu-meurs diffèrent dans leurs besoins et je leurconseillerais de ne pas abandonner l’e-ciga-rette s’ils n’ont pas aimé la première qu’ils ontessayée. Il faudra peut-être expérimenter dif-férents produits et e-liquides pour trouver lebon». nSource : PHE, 19 août 2015 (https//www.gov.uk/government/news)

Addyi la petite pillule rose qui n’est pas sans risque

Le 18 août, l’Agence américainedu médicament (FDA) a ap-prouvé un médicament pour

traiter la baisse du désir sexuel chezles femmes préménopausées : Addyi(flibanserin). Un médicament «peu effi-cace» selon le New York Times, pour le-quel «nous ne saurons probablement jamaissi l’Agence a fait un jugement purement scien-tifique ou si elle a été indûment influencée parune campagne, en partie financée par le fabri-cant (Sprout Pharmaceuticals) et organi-sée avec l’aide de l’un de ses assistants, pour

dépeindre l’Agence comme sexiste de n’avoirjamais approuvé un médicament pour traiterla dysfonction sexuelle chez les femmes tout enapprouvant de nombreux médicaments pourles hommes»... Bon. Mais ce médicamentparaît bien loin d’être anodin. Addyiest un agoniste du récepteur 1A de lasérotonine et un antagoniste du récep-teur 2A de la sérotonine, «mais le méca-nisme par lequel le médicament améliore ledésir sexuel et la détresse qui accompagne labaisse de désir, n’est pas connu», soulignela FDA. C’est rassurant... Encore plus

rassurantssont les pos-sibles effetssecondaires :chute de tension (hypotension) sévèreet pertes de connaissance (syncopes).Des risques accrus, en outre, et plussévères avec la consommation d’alcoolou de certains médicaments. Mieux vaut donc une bonne tranchettede gingembre : réputé aphrodisiaqueet extrêmement bon pour la santé ! nSources : FDA et The New York Times

LE GOUVERNEMENT DU CANADANE VEUT PAS DES MICROBILLESUne bonne initiative. Au Canada, leGouvernement Harper a annoncécet été être en train d’élaborer uneréglementation visant à interdire lafabrication, l’importation, la vente etl’offre pour la vente, de produits desoins personnels contenant des mi-crobilles de plastique et utiliséspour exfolier ou nettoyer. À l’originede cela : l’examen scientifique ap-profondi comportant une analyse deplus de 130 articles scientifiques etdes consultations d’experts ont ré-vélé que la présence de ces micro-billes dans l’environnement peutavoir des effets à long terme sur ladiversité biologique et les écosys-tèmes. «Un projet de décret pourajouter les microbilles à la Liste dessubstances toxiques en vertu de laLoi canadienne sur la protection del’environnement de 1999 sera pu-blié», est-il souligné dans le commu-niqué. Et de préciser, entre autres,que ces microbilles pénètrent es-sentiellement dans l’environnementvia les effluents des stations de trai-tement des eaux usées, après queles produits aient été libérés dansles égouts. Elles contribuent à la dis-persion des plastiques ; elles ont étémesurées dans l’environnement ca-nadien.Sources : Gouvernement du Canadaet Réseau Environnement Santé

(© Allen G. Breed/AP)

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Tout d’abord un exemple de nou-velle maladie...

De l’autre côté de l’Atlantique, où leDSM 5 est une véritable bible pour lamajorité des psychiatres, les ondeshertziennes et colonnes de journauxont diffusé un mois durant (en débutd’année) le témoignage de MonicaSeles, ancienne championne de ten-nis, vendant la nouvelle maladie in-ventée par le DSM 5 : le Binge-EatingDisorder (BED), accès de gloutonnerie(ou accès de boulimie) en français, etsa solution miracle : le Vyvanse, dérivéamphétaminique déjà utilisé au Ca-nada et aux USA dans l’hyperactivité(TDAH). Shire, fabricant du Vyvanse,venait de décrocher l’approbation pourcommercialiser son médicament leplus vendu pour traiter le BED : cette«maladie» existait autrefois dans l’om-bre des troubles de la boulimie oul’anorexie, mais le BED a été reconnuofficiellement comme étant un troublepropre par l’Association Américaine dePsychiatrie (rédactrice du DSM) en2013, avant de figurer dans la dernièremouture du DSM. Bref, Shire devaitfaire la promotion de son Vyvansedans cet autre cadre, elle s’est doncpayé Monica Seles comme porte-pa-role afin de sensibiliser le public surcette «maladie» et son traitement... Le communiqué :«Au moment où le DSM 5 est publié en fran-çais, nous tenons à réaffirmer notre oppositionradicale aux fondements et à l’utilisation de cemanuel.Depuis plus de trente ans, le DSM a imposé

sa domination sur la psychiatrie mondiale.Conçu comme un instrument statistique pourla recherche épidémiologique et pharmacolo-gique, il a, petit à petit, envahi l’ensemble desdomaines de la psychiatrie et, en particulier,l’enseignement aux différents acteurs de lasanté mentale, ainsi que la pratique clinique.Se voulant un instrument de renouvellementet de modernisation de la démarche diagnos-tique et de sa fiabilité, il a échoué : les diag-nostics qu’il répertorie ne sont ni fiables, nivalides, comme le prouvent la généralisationdes comorbidités. Qui plus est, ils ne sont pasvraiment utiles pour la recherche scientifique. Le DSM a contribué à détruire les bases de laclinique traditionnelle au nom d’un espoirdans l’arrivée prochaine de marqueurs biolo-giques, qui ne sont pas au rendez-vous. Il aainsi, en soutenant cette croyance, fait le lit dupire réductionnisme scientiste en privilégiantle modèle biologique et médical, au détrimentde l’environnement social et de la réalité psy-chique. Sa démarche, fondée sur une mise en couperéglée, comportementale, des troubles men-taux, a brouillé la ligne de partage entre lenormal et le pathologique, entraînant desfausse épidémies, l’invention de chimères, unesurpathologisation des émotions et des com-portements, jusqu’aux excès qui font partie dela vie, avec des surdiagnostics, en particulier

chez les enfants.En isolant les troubles mentaux de leurcontexte d’apparition, il en a fait des cibles pri-vilégiées pour les médicaments et a favoriséla surprescription en abaissant les seuils d’in-clusion.Le DSM, qui n’a aucun fondement scienti-fique solide, s’est imposé néanmoins commeinstrument de référence de l’économie de lasanté et des pratiques d’évaluation des admi-nistrations sanitaires. Il a permis le dévelop-pement d’une pensée unique, d’unenovlangue, ruinant les conditions d’un débatscientifique honnête dans le champ de la santémentale d’autant que les conflits d’intérêts quiont émaillé son histoire ont créé une grave crisede confiance, de légitimité et de fiabilité au seinde la psychiatrie mondiale.Pour toutes ces raisons cliniques, éthiques,scientifiques et de santé publique, nous appe-lons à récuser la référence au DSM 5, à utili-ser préférentiellement la CFTMEA (laClassification française des Troubles Mentauxde l’Enfant et de L’Adolescent) et la futureCFTMA (Classification Française des TroublesMentaux de l’Adulte) qui va paraître à la finde l’année 2015, et à ouvrir un large débatsur les classifications».Les signataires :Jean-Claude Aguerre, Guy Dana, Ma-rielle David, Francis Drossart, TristanGarcia Fons, Nicolas Gougoulis, Fran-çois Kammerer, Patrick Landman,Claude Léger, François Leguil, Gene-viève Nusinovici, Bernard Odier, Mi-chel Patris, Gérard Pommier, LouisSciarra, Jean- François Solal, Domi-nique Tourrès Landman, Jean-JacquesTyszler, Alain Vanier.

actualité de la santé mentale... Des nouvelles du DSM 5

Des nouvelles duDSM 5....La parution en français du DSM 5 donne l’occasion au Collectif Initiativepour une Clinique du Sujet, Stop DSM, de réfuter une nouvelle fois la ré-férence à ce dernier, dont les diagnostics ne sont ni fiables, ni viables, en-traînant des fausses épidémies et une surpathologisation des émotionset des comportements. Nous en livrons le communiqué, suivi (humour !)d’une «Proposition de classer le bonheur comme trouble psychiatrique»...

La traduction française du très contro-versé DSM 5 est parue le 17 juin 2015

Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

7humour... et si le bonheur était une maladie psychiatrique ?

«Proposition de classer le bonheur comme trouble

psychiatrique»Ça ne date certes pas d’hier, mais c’est toujours d’actualité... En 1992, dans une expérience de pensée, Richard P. Bentall, maître deconférence dans le Département de Psychologie clinique de l’Universitéde Liverpool (Royaume-Uni) a proposé que le bonheur puisse être classécomme un trouble psychiatrique. Le but du document était de démontrerl’impossibilité de définir un trouble psychiatrique sans référence à des va-leurs.

Résumé de l’auteurIl est proposé que le bonheur soitclassifié comme un trouble psychia-trique et soit inclus dans les futureséditions des manuels diagnostiquesmajeurs sous le nom Trouble affectifmajeur : type agréable. Dans une revuede littérature pertinente, il est montréque le bonheur est statistiquementanormal, consiste en un ensemble dis-tinct de symptômes, est associé à unegamme d’anormalités cognitives et re-flète probablement le fonctionnementanormal du système nerveux central.Une objection possible à cette propo-sition demeure que le bonheur n’estpas évalué négativement. Cependant,cette objection est rejetée en tant quescientifiquement non pertinente.

IntroductionLe bonheur est un phénomène qui areçu très peu d’attention de la part despsychopathologues, peut-être parcequ’il n’est pas normalement considérécomme une cause de préoccupationthérapeutique. Pour cette raison, la re-cherche sur le thème du bonheur a étéplutôt limitée et toute déclaration desconnaissances sur le phénomène doit,par conséquent, être complétée par

une observation clinique non contrô-lée. Cependant, j’affirmerai qu’il y a uncas prima facie pour classifier le bonheuren tant que trouble psychiatrique, ap-proprié pour son inclusion dans les fu-tures révisions des manuels dediagnostique comme le Manuel Diag-nostique et Statistique de l’Associa-tion Américaine de Psychiatrie ou laClassification International des Mala-dies de l’OMS. Je suis conscient quecette proposition est contre intuitiveet susceptible de provoquer une résis-tance de la part de la communautépsychologique et psychiatrique. Ce-pendant, une telle résistance devrajustifier la validité relative du bonheurcomme maladie psychiatrique encomparaison avec des maladiesmoins validées mais, elles, bien recon-nues comme la schizophrénie. Pouranticiper la résistance probable à maproposition, je vais donc préfacer mesarguments avec une brève revue de lalittérature scientifique existante sur lebonheur. Une grande part de l’exposésuivant est basé sur le travail d’Argyle1.

Il est peut-être prématuré de tenterune définition exacte du bonheur. Ce-pendant, en dépit du fait que des cri-

tères diagnostiques formels ont déjàété convenus, il paraît vraisemblableque le bonheur a des composantes af-fectives, cognitives et comportemen-tales. Ainsi, le bonheur esthabituellement caractérisé par une hu-meur positive, parfois décrite commele «ravissement» ou la «joie», bien quecela peut être relativement absentdans les états heureux plus légers, par-fois qualifiés de «contentement». Ar-gyle, dans sa revue de la littératureempirique pertinente, met l’accent surles composantes cognitives du bon-heur, qu’il décrit en termes de satisfac-tion générale dans des domainesspécifiques de la vie, comme les rela-tions avec les autres et le travail, etaussi en termes de croyance de la per-sonne heureuse dans ses propres ca-pacités et son auto efficacité. Lescomposantes comportementales dubonheur sont moins faciles à caracté-riser, mais des expressions facialescomme «sourire» ont été relevées ; demanière intéressante, il y a despreuves que ces expressions sont com-munes à toutes les cultures, ce quisuggère qu’elles pourraient être biolo-giques à l’origine2. Des observationsnon contrôlées, comme celles

1 - Argyle M. The psychology of happiness. London : Methuen, 1987.2 - Eibi-Eibesfeldt I. Ethology: the biology of behaviour. New York: Holt, Rinehart and Winatnn, 1975.

(«A proposal to classify happiness as a psychiatric disorder»)

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Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

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3 - Andrews F. M., Whitey S. B. Social indicators of well-being. London: Plenum, 1976; Batson D., Coke J. S., Chard F., Smith D., TalinferroA. Generality of the 'glow of goodwill': effects of mood on helping and information acquisition. Social psychology quarterly 1979; 42: 176-179;and O’Malley M. N., Adnrews L. The effects of mood and incentives on helping: are there some things that money can’t buy ? Motivation andEmotion 1983; 7:179:189.4 - Voir référence (i): 2.5 - Torrey E. F. Prevalence Studies in Schizophrenia. British journal of psychiatry 1987; 150: 598-608.6 -Warr P., Payne R. Experience of strain and pleasure among British adults. Social science and medicine 1982; 16: 498-516.7 - Voir référence (3): Andrews and Withey.8 - Bradburn N. M. The structure of psychological wellbeing, Chicago: Aldine, 1969.9 -MacPhillamy D. J., Lewison P. M. Manual for the pleasant events schedule. University of Oregon, 1976.10 - Campbell A. The sense of well-being in America. New York: McGraw-Hill, 1981.11- Costa P. T., McRae R. R., Norris A. H. Personal adjustment to ageing: longitudinal prediction from neuroticism and extraversion. Journalof gerontology 1981; 36: 78-85.

que l’on retrouve dans les jeux et lesromans, suggèrent que les gens heu-reux sont souvent sans soucis, impul-sifs et imprévisibles dans leursactions. Certains types de comporte-ments sociaux ont aussi été rapportéscomme accompagnant le bonheur,ceux-ci comprenant une fréquence im-portante de contacts interpersonnelsrécréatifs et d’actions pro sociales en-vers d’autres identifiés comme moinsheureux3. Cette dernière observationpeut aider à expliquer la persistancedu bonheur malgré ses conséquencesdébilitantes (qui seront décrites ci-dessous) : les gens heureux semblentvouloir forcer leur état sur leurs com-pagnons malheureux et leurs parents.En l’absence de marqueurs physiolo-giques bien établis du bonheur, il pa-raît vraisemblable que l’état subjectifde l’humeur continuera d’être l’indica-teur le plus largement reconnu de lacondition. En fait, Argyle a remarqué que «si lesgens disent qu’ils sont heureux, alors ils sontheureux»4. À cet égard, les règles pouridentifier le bonheur sont remarqua-blement semblables à celles utiliséespar les psychiatres pour identifier d’au-tres troubles, par exemple la dépres-sion.

L’épidémiologie du bonheur a très peufait l’objet de recherches. Bien qu’ilsemble vraisemblable que le bonheurest un phénomène relativement rare,les taux d’incidence exacte doivent dé-

pendre de critères pour le bonheuremployés dans toute enquête particu-lière. (À cet égard, le bonheur n’est pasnon plus quelque chose d’unique : desproblèmes similaires ont été rencon-trés quand des tentatives ont été faitespour examiner en détail l’épidémiolo-gie d’autres troubles psychiatriquescomme la schizophrénie5). Ainsi, bienque Warr et Paync6 aient trouvé quejusqu’à 25% d’un échantillon de Bri-tanniques se disaient «très satisfaits deschoses qui se sont déroulées hier», Andrewset Whitey7, étudiant un large échan-tillon américain, ont trouvé que seuls5,5% se notaient eux-mêmes au maxi-mum de 9 points sur l’échelle d’une viesatisfaisante. Le problème avec cegenre de données est qu’elles ont étéproduites en l’absence de bons cri-tères opérationnels pour le bonheur etont mis l’accent sur les composantescognitives de l’état (peut-être parcequ’elles sont comparativement plus fa-ciles à mesurer), plutôt que sur lescomposantes affectives et comporte-mentales. Il est donc tout à fait possi-ble que l’observation informelle soitun meilleur guide pour la prévalencedu bonheur dans les échantillons col-lectifs de communauté. Certainement,si les feuilletons télévisés reflètent enfin de compte la vie réelle, le bonheurest un phénomène très rare en faitdans des endroits aussi éloignés queManchester, l’East End de Londres etl’Australie. De manière intéressante,malgré l’incertitude entourant l’épidé-

miologie du bonheur, il y a des preuvesqu’il est réparti de façon inégale parmiles classes sociales : les individus desgroupes socio-économiques les plusélevés rapportent généralement deplus grands affects positifs8, ce quipeut refléter le fait qu’ils sont plus fré-quemment exposés aux facteurs derisque environnementaux pour le bon-heur.

Plus de lumière peut être faite sur lanature du bonheur en considérant sonétiologie. Bien que les causes du bon-heur restent encore à être identifiées,les théories étiologiques ont impliquédeux facteurs : environnemental etbiologique. À l’égard de l’environne-ment, il semble peu douteux que desépisodes distincts de bonheur suiventgénéralement les événements positifsde la vie9. Cependant, l’observationque quelques personnes sont généra-lement plus heureuses que d’autressuggère que des facteurs moins tran-sitoires peuvent aussi jouer un rôleimportant. Tandis qu’il a été suggéré que la dis-position générale au bonheur est liéeà l’estime de soi10 et à des qualités so-ciales1, deux variables qui reflètentprobablement des expériences d’ap-prentissage précoces, la constatationque l’extraversion est une bonne pré-diction du bonheur même dans les an-nées futures11 suggère que desfacteurs biologiques peuvent être im-pliqués.

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12 - Rolls E. T., Effects of electrical stimulation of the brain on the behaviour, Psychological survey.London: Allen and Unwin, 1979: 151-169.13 - Iversen S. D.; Iversen L. L. Behavioural pharmacology (end. Ed.) New York: Oxford University Press, 1981.14 - Szasz T. The myth of mental illness, New York: Harper and Row, 1961 and Szasz T. Schozophrenia: the sacred symbol of psychiatry. NewYork: Basic Books, 1971.15 - Kendell R. E., The role of diagnosis in psychiatry. Oxford Blackwell, 1975.16 - Kendell R. E. Clinical Validity. In: Robins L. N., Barrett J. E. eds. The validity of psychiatric diagnosis. New York: Raven Press, 1989.

La preuve que le bonheur est lié à desanormalités cognitives sera esquisséeci-dessous quand je discuterai de laproposition que le bonheur est irra-tionnel. Les études génétiques dubonheur sont un boulevard négligé derecherches, mais la preuve neurophy-siologique se dirige vers l’implicationde certains centres cérébraux et desystèmes biochimiques. Ainsi, on aconstaté que la stimulation de régionscérébrales diverses provoquait descomposantes affectives et comporte-mentales du bonheur chez les ani-maux12 après qu’on leur ait administrédes drogues qui affectent le systèmenerveux central, comme les amphéta-mines et l’alcool13.

En prenant ensemble la preuve envi-ronnementale et biologique, il peutêtre nécessaire de faire la distinctionentre les types différents variés debonheur. Ainsi, il peut être utile defaire la distinction entre le bonheurréactif, se manifestant habituellementcomme un épisode aigu suivi d’une ra-pide rémission des symptômes, et lebonheur endogène qui peut surgir demanière relativement chronique et

être moins souvent suivi d’une amélio-ration des symptômes. Le diagnosticdifférentiel de ces deux types de bon-heur est un projet évident pour desétudes ultérieures. Étant donné les si-militudes apparentes entre le bonheuret la dépression, il semble possibleque le bonheur endogène soit caracté-risé par une humeur positive dès lematin, un gros appétit et une érotoma-nie persistante.

Le bonheur est une maladie psychia-triqueDepuis l’émergence de la professionde psychiatre au 19e siècle, il a com-munément été supposé que les trou-bles psychiatriques sont des formes demaladie. Tandis que cette suppositionn’a pas été sans contestation ces der-nières années14, cela reste si convain-cant dans le mental des professionnelsde santé que la démonstration que lebonheur qualifié comme maladiepourrait être un argument puissantpour l’inclure dans les futures nosolo-gies du trouble psychiatrique.Historiquement, il y a eu deux ap-proches de la définition de la mala-die15. La première, qui est la mieux

illustrée par le travail du Dr ThomasSydenham au 18e siècle, impliquel’identification de syndromes compre-nant des groupes de symptômes qui seproduisent ensemble. La seconde, quiest la mieux illustrée par le travail ul-térieur de Virchow, implique l’identifi-cation d’un processus pathologiquequi est fortuitement impliqué dansune perturbation du corps ou du com-portement. En pratique, les scienti-fiques médicaux espèrentgénéralement que les deux types declassification vont converger pour per-mettre la génération de modèles cau-saux de la maladie. Cependant, pour laplupart des troubles psychiatriques,cette perspective se situe quelque partdans le futur16. Pour cette raison, lorsde l’examen de la preuve que le bon-heur est une maladie, il sera utile degarder à l’esprit pour la comparaisonde la preuve relative à l’état de maladiede troubles psychiatriques reconnuscomme la schizophrénie.

La question de savoir s’il est possibleou non d’identifier un syndrome signi-ficatif de bonheur a été le sujet de re-cherches très limitées. •••

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Thomas Sydenham (Portait de Mary Beale) et Rudolf Virchow

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Selon Argyle1, la plupart des investiga-tions s’accordent sur le fait que lebonheur est mieux pensé comme unedimension de l’affect plutôt qu’en tantque catégorie distincte de déséquilibreémotionnel : à cet égard au moins, lebonheur apparaît comme étant sem-blable à la schizophrénie et peut-êtreà la majorité des troubles psychia-triques17. Cependant, le rapport entrela dimension du bonheur et d’autresdimensions affectives ne reste pasclair. Ainsi, dans une investigationd’analyse factorielle, il a été observéque les rapports d’états de bonheur etles rapports d’états affectifs évaluésnégativement étaient saturés en fac-teurs distincts, suggérant qu’ils sontindépendants les uns des autres. Demanière intéressante, les gens qui rap-portent de grandes intensités de bon-heur rapportent aussi de grandesintensités d’autres émotions18, ce quipourrait être considéré comme unepreuve de l’hypothèse (à discuter ci-dessous) que le bonheur est lié à unétat neurophysiologique de désinhibi-tion. Néanmoins, les fréquences aveclesquelles les gens rapportent desétats de bonheur et des états affectifsévalués de manière négative apparais-sent comme étant corrélées négative-ment19. Une certaine confusion existeaussi à propos du rapport entre le bon-heur et le trouble psychiatrique de la

manie ; bien que l’on peut s’attendre àce que attendu qu’il y a les conditionssoient liées, Argyle1 a noté que lamanie, contrairement au bonheur, estprincipalement caractérisée par del’excitation. Néanmoins, le critèrediagnostique des épisodes hypoma-niaques employé par l’AssociationAméricaine de Psychiatrie20 semblepermettre de considérer le bonheurcomme un sous-type d’hypomanie. Enrassemblant toutes ces preuves, onpourrait affirmer qu’il n’y a qu’un mo-deste support empirique à la notion desyndrome de bonheur distinct. D’autrepart, la preuve est vraiment très favo-rable quand elle est comparée avec lespreuves à l’appui d’autres syndromespsychiatriques largement acceptéscomme la schizophrénie21.

Des preuves que le bonheur est lié àun dérèglement du système nerveuxcentral ont été déjà été relevées. Toutcomme il est possible de provoquerdes symptômes schizophréniques chezcertains individus en stimulant leslobes pariétaux, il est aussi possiblede produire du bonheur par stimula-tion cérébrale, via les centres sous-cor-ticaux12. Les centres corticauxsemblent aussi être impliqués cepen-dant, puisque aussi bien les crises co-mitiales de l’hémisphère gauche quel’hémisphérectomie droite ont été as-

sociées à des états euphoriques pro-longés ; en fait, il a été suggéré que lesétats émotionnels, en général, sontrégis par un équilibre complexe decentres excitateurs et inhibiteurs dansles deux hémisphères et que les étatsaffectifs anormaux de toute nature re-flètent une perturbation de cet équili-bre22. Clairement, des recherchesbiologiques plus poussées sont néces-saires pour préciser en détail le rôledes anormalités neurophysiologiquesdans le bonheur, mais un début pro-metteur a été fait et une image trèsclaire est apparente en comparaisonavec les résultats mitigés de près decent ans de recherches sur la schizo-phrénie21.En fait, c’est l’absence de progrès dansl’identification d’une pathologie biolo-gique pour la schizophrénie et d’autrestroubles psychiatriques qui a conduitcertains auteurs à rejeter l’idée que laschizophrénie est une maladie14 etd’autres à affirmer que les critères pourla maladie ne devraient pas exigerl’identification d’une pathologie biolo-gique sous-jacente23. Clairement, si,comme je l’ai affirmé, le bonheur ré-pond aux critères les plus restreints dela maladie utilisés en médecine phy-sique, il est également susceptible derépondre à tous les critères plus largespréconisés pour la psychiatrie. Parexemple, il a été suggéré que,

17 - Claridge G. S. The origins of mental illness. Oxford : Blackwell, 1985.18 - Diener E. Subjective well-being. Psychological Bulletin 1984; 95: 542-575.19 - Diener E., Larsen S., Levine S., Emmons R. A. Intensity and frequency : dimensions underlying positive and negative affect. Journal ofpersonality and social psychology 1984; 48: 1253-1265; Kammann R., Flett R. Affectometer 2: a scale to measure current level of generalhappiness. Australian journal of psychology 1983; 35: 259-265 and Warr P., Barter J., Brownbridge G. On the independence of positive andnegative affect. Journal of personality and psychology 1983; 44: 644-651.20 - See the criteria for hypomania in the American Psychiatric Association’s Diagnostic and Statistical Manual for Psychiatric Disorders(revised 3rd ed.) Washington: APA, 1987.21- Bentall R. P., Jackson H. F., Pilgrim D. Abandoning the concept of schizophrenia: some implications of validity arguments for psychologicalresearch into psychotic phenomena. British journal of clinical psychology 1988; 27: 303-324 and Bentall R. P. The syndromes and symptomsof psychosis: or why you can’t play twenty questions with the concept of schizophrenia and hope to win. In: Bentall R. P. ed Reconstructing schi-zophrenia. London: Methuen, 1990.22- Stackelm H. A neurodynamic perspective on the self: brain, thought and emotion. In: Hartman L. M., Blankestein K. R., eds. Perceptionof self in emotional disorder and psychotherapy. New York: Penum, 1986.23 - Boorse C. What a theory of mental health should be. Journal of the theory of social behaviour 1976; 6: 61- 84.24 - Cohen H. The evolution of the concept of disease. Proceedings of the royal Society of Medicine 1948; 48: 155-160 and Kendell R. E. Theconcept of disease and its implications for psychiatry. British Journal of psychiatry 1975; 127: 305-315.

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aux fins de recherche en psychiatrie,une maladie soit simplement considé-rée comme toute déviation de lanorme par le biais de l’excès ou du dé-ficit, qui confère à la victime une cer-taine forme de désavantagebiologique24. La preuve que le bonheurest statistiquement anormal a été déjàété discutée et, malgré le manque dedonnées claires, il y a au moinsquelque raison de supposer que lebonheur confère un désavantage bio-logique, au moins dans le court terme.La preuve clinique cohérente d’une as-sociation entre le bonheur, l’obésité etl’appétence pour les boissons alcooli-sées a existé avant l’ère de la méde-cine scientifique (Jules César, parexemple, est réputé pour avoir de-mandé la compagnie d’hommes grospour ces motifs24). Étant donné le lienbien établi entre l’alcool et l’obésité etles maladies mortelles, il semble rai-sonnable de supposer que le bonheurprésente un risque modéré pour la vie.Le constat commun que le bonheurconduit à un comportement impulsifest une autre source de préoccupation.Une preuve plus claire que le bonheurconfère un désavantage biologiquepeut être déterminée d’après la littéra-ture concernant diverses mesures cog-nitives de l’état de l’humeur, maisavant de discuter de cette preuve, ilsera tout d’abord utile d’examiner laproposition, défendue par certainsphilosophes, que l’irrationalité, plutôtque la maladie, soit considéréecomme critère de trouble psychia-trique.

Bonheur, irrationalité et cognitionPrincipalement à cause des doutespersistants sur la valeur de l’applica-tion du concept de maladie aux trou-bles psychiatriques, un certain nombre

de philosophes ont suggéré que laqualité de rationalité est le critère leplus approprié pour faire la distinctionentre de tels troubles et des types decomportement et d’expérience qui nesont pas dignes de l’attention psychia-trique. Selon Radden26, le comporte-ment peut être décrit commeirrationnel quand il est bizarre et so-cialement inacceptable, qu’il réduit lesutilités individuelles attendues, oun’est pas fondé sur de bonnes (c’est-à-dire logiquement cohérentes et accep-tables) raisons ; dans ce dernier cas, enparticulier, Radden estime que le com-portement devrait faire l’objet d’unexamen psychiatrique. Un point de vuesemblable a été pris par Edwards27 quiaffirme que des cas bona fide de trou-bles psychiatriques sont caractériséspar des actions qui échouent à réaliserdes objectifs manifestes, une penséequi est illogique et pleine de contra-dictions, des croyances qui pourraientêtre faussées par l’expérience, une in-capacité à donner des raisons à ses ac-tions, une pensée inintelligible ouabsurde et un manque d’impartialitéet d’équité.Certaines définitions de l’irrationalitéfont clairement plus sens que d’autres.La bizarrerie et la désapprobation so-ciale sont des critères faibles pour l’ir-rationalité parce qu’ils sontculturellement limités et difficiles àappliquer avec cohérence : la prédilec-tion du Lancastrien pour le sang séchéde cochon peut paraître bizarre au Ho-tentot, qui préfère manger des li-maces. Face à cela, certains auteursont affirmé que les croyances déli-rantes doivent être testées contre leurcontexte culturel, bien que cela pré-sente l’inconvénient de permettre auxrégimes totalitaires de diagnostiquerles dissidents politiques comme

fous28.Pour tester si le bonheur est irration-nel ou non, il peut donc être plus sûrde se rabattre sur les autres approchespour définir l’irrationalité décrite parRadden et Edwards. Ainsi, bien qu’ilexiste un manque de données perti-nentes, il semble raisonnable de sup-poser que le bonheur se traduitsouvent par des actions qui ne par-viennent pas à réaliser des objectifsmanifestes et qui, par conséquent, di-minuent les services attendus de lapersonne heureuse. Les conséquencespotentiellement mortelles du du bon-heur ont déjà été discutées. En outre,les gens heureux peuvent éprouver degrandes difficultés lorsqu’ils sontconfrontés face à des tâches banales,mais essentielles.Aussi bien Radden qu’Edwards sous-entendent que l’irrationalité peut êtredémontrée par la détection de déficitset de distorsions cognitifs d’une es-pèce ou d’une autre. Il y a une excel-lente preuve expérimentale que lesgens heureux sont irrationnels dans cesens. Il a été montré que les gens heu-reux, en comparaison des gens quisont malheureux ou déprimés, sonthandicapés quand ils retrouvent desévénements négatifs de leur mémoireà long terme29. Il a été montré que lesgens heureux s’exposaient à diversbiais de jugement qui les empêchaientd’acquérir une compréhension réalistede leur environnement physique et so-cial. Ainsi, il existe des preuves solidesque les gens heureux surestiment leurcontrôle sur les événements environ-nementaux (souvent au point de per-cevoir des événements complètementaléatoires comme sujets de leur vo-lonté), donnent des évaluations posi-tives irréalistes de leurs propresréalisations, croient que

25 - Shakespeare W. Julius Caesar. Cambridge University Press, 1965.26 - Radden J. Madness and reason. London: Unwin, 1985.27 - Edwards R. Mental health as rational autonomy, the Journal of medicine and philosophy 1981; 6: 309-322.28 - Bentall R. P. Compulsory care. In: Evans D., ed. Why should we care ? London: MacMillan, 1990.29 -Williams J. M. G., Watts F. N., Macleod C., Mathews A. Cognitive psychology and emotional disorders. London: Whiley, 1989.

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d’autres partagent leurs opinions ir-réalistes d’eux-mêmes, et montrent unmanque général d’impartialité quandils se comparent aux autres30. Bien quel’absence de ces biais chez les per-sonnes déprimées ait conduit beau-coup de chercheurs psychiatriques àconcentrer leur attention ce qui est de-venu connu comme le réalisme dé-pressif, c’est l’irréalisme des gensheureux qui est la preuve la plus re-marquable et sûrement claire que detelles personnes devraient être consi-dérées comme dérangées psychiatri-quement.

Objections possiblesJ’ai affirmé que le bonheur remplittous les critères raisonnables pour untrouble psychiatrique. Il est statisti-quement anormal, se compose d’ungroupe distinct de symptômes, il y a aumoins une certaine preuve qu’il reflèteun fonctionnement anormal du sys-tème nerveux central et il est associé àdiverses anormalités cognitives - enparticulier, l’absence de contact avec laréalité. L’acceptation de ces argu-ments conduit à la conclusion évi-dente que le bonheur doit être inclusdans les futures taxonomies de la ma-ladie mentale, probablement commeune forme de trouble affectif. Cela leplacerait dans l’Axe 1 du Manuel destatistiques et diagnostiques de l’As-sociation Américaine de Psychiatrie20.Avec cette perspective à l’esprit, je sug-gère humblement que le terme de lan-gage ordinaire «bonheur» soitremplacé par la description plus for-melle Trouble Affectif Majeur : Type Agréa-ble, dans l’intérêt de la précisionscientifique et dans l’espoir de réduiretoute ambiguïté diagnostique possi-ble.Il y a deux objections possibles à l’in-

clusion proposée du Trouble Affectif Ma-jeur : Type Agréable, en tant que troublepsychiatrique. Tout d’abord, on pour-rait faire valoir que le bonheur n’estpas normalement une cause de préoc-cupation thérapeutique. La préoccu-pation thérapeutique a en fait étéproposée comme critère pour la mala-die par Kraupl-Taylor31, en raison desdifficultés de la formulation d’un cri-tère moins arbitraire. Cependant, Ken-dell15 a critiqué cette définition commeétant pire qu’aucune définition du touten raison de son évidente circularité età cause des implications inévitablesque les maladies sont des phéno-mènes culturellement et socialementrelatifs. Pour cette raison, la drépano-cytose, l’anorexie mentale et la psy-chopathie (pour ne citer que troisexemples sans équivoque de maladiesdécrites seulement dans des temps ré-cents) n’étaient pas des maladiesavant leur découverte. Dans tous lescas, une fois que les conséquences dé-bilitantes du bonheur seront recon-nues largement, il est probable que lespsychiatres commenceront à concevoirdes traitements pour cette conditionet nous pouvons compter sur l’émer-gence de cliniques du bonheur et demédicaments anti-bonheur dans unfutur pas trop lointain.La seconde objection liée à la propo-sition que le bonheur soit considéré

comme un trouble psychiatriquepointe le fait que le bonheur n’est pas,normalement, évalué négativement.En fait, c’est le témoignage des effetsinsidieux du bonheur sur certains desplus grands esprits de l’histoire quecertains philosophes ont affirmé quela poursuite du bonheur est le but ul-time de toutes les activités humaines.Cependant, il est à noter que mêmecertains de ceux qui ont été assez té-méraires pour défendre le plus grandbonheur pour le plus grand nombreont été explicites en rejetant cesformes extrêmes de bonheur associéesà la gourmandise des sens32. Plus im-portant encore, les arguments que lebonheur soit exclus des futures classi-fications des troubles mentaux au seulmotif que ce n’est pas évalué négative-ment conduit à l’implication que lesjugements de valeur doivent détermi-ner notre approche de la classificationpsychiatrique. Une telle suggestion estclairement contraire à l’esprit de lapsychopathologie considérée commeune science naturelle. En fait, seuleune psychopathologie qui déclare ou-vertement la pertinence des valeurs declassification pourrait persister dans lefait d’exclure le bonheur des troublespsychiatriques. n Richard P. Bentall

Maître de conférence, Département de Psychologie

clinique, Université de Liverpool

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30 - Alloy C. B., Abramson L. Y. Depressed and nondepressed students: sadder but wiser. Journal of experimental psychology, general 1979;108: 441- 485; and Alloy C. B., Abramson L. Y. Depressive realism: four perspectives. In: Alloy C. B., ed Cognitive processes in depression.New York. Guilford Press.31 - Kraupl-Taylor F. A logical analysis of the medicopsychological concept of disease. Psychological medicine 1971; 1: 356-364.32 -Mill J. S. Utilitarism, on liberty, and considerations on representative government. London: Everyman Library, 1972.

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Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

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«Notre cuisine allieplaisir, santé et bonsens écologique»

Interview

Amandine Geers et Olivier Degorce

Comme annoncé dans notre précédent numéro (Enquêtes de santé N°28), après avoirdécouvert deux succulentes recettes à base de plantes sauvages, allons à la rencontred’Amandine Geers et Olivier Degorce, créatrice et photographe culinaires, auteurs (no-tamment) de Je cuisine les plantes sauvages. Ils proposent, à travers leur association«What’s for dinner ?», des ateliers de cuisine bio.

rencontre... cuisiner les plantes sauvages

Pouvez-vous nous présenter tout d’abord votre parcours ?Cela fait pratiquement 15 ans qu’Olivier Degorce et moinous sommes lancés dans l’aventure de la cuisine bio.Nous avons en effet commencé en 1999, mais cela est de-venu vraiment concret en 2001 avec la mise en place denotre premier atelier culinaire bio. À l’époque, le bio n’avaitpas la même image qu’aujourd’hui : il était associé à unecuisine végétarienne austère, aux mangeurs de graines… Iln’y avait pas de magasins bio ou de supermarchés démo-cratisant le bio. Il n’y avait pas non plus de beaux livres cu-linaires : le métier de photographe culinaire n’existait eneffet pas comme aujourd’hui.Olivier s’est passionné pour la nutrition en 1999, il s’estformé en diététique et nutrition. Les bases de nutritionnous ont semblé tellement simples à appréhender et indis-pensables à appliquer pour se nourrir sainement, que nousavons décidé de faire connaître cela au plus grand nombre.C’est ainsi que nous avons lancé notre association « What’sfor Dinner ?», afin de faire passer le message.

L’ouvrage Je cuisine les plantes sauvages fait donc éga-lement partie de cette démarche. Pouvez-vous nous endire quelques mots ?Je suis une «fille de la campagne» d’adoption. J’ai grandidans la nature avec mes parents et j’ai toujours aiguisé mesregards sur les plantes, les arbres. Très tôt, j’ai fouillé lesherbes et glané des trésors : écorces, fleurs, feuilles… Cela fait donc longtemps que je m’intéresse aux plantes,les observant en détail, qu’elles soient comestibles ou non. J’ai donc pu mettre en place également des stages de cueil-lette de plantes en vue de les cuisiner. C’est ce qui nous a

donné envie de faire ce livre. Bien sûr, toute la richesse dela nature ne peut y être représentée ! Nous avons donc sé-lectionné parmi les plantes celles qui pourront aider les lec-teurs à se lancer dans la promenade gourmande. Unesélection de 24 plantes en tout, réalisée selon quatre cri-tères : elles sont faciles à reconnaître et à identifier ; ellesprésentent peu de risque de confusion avec des plantesdangereuses ; elles ont un intérêt gustatif ou nourricier im-portant (pas besoin d’en mettre beaucoup, ce sont desconcentrés de nature !) ; et enfin, elles offrent un attrait es-thétique ou permettent un contact ludique avec la nature.

Un contact ludique et respectueux de la nature, ainsique vous le soulignez… Tout à fait. Il n’est, en effet, pas question de venir piller lanature pour faire des économies ou ne plus faire vivre lepetit producteur local chez qui vous achetez vos légumes.Il s’agit de mieux contempler cette nature si belle et demieux la respecter. Quand on porte un regard sur un seulmètre carré de prairie, le nombre de plantes diverses, co-mestibles ou non, qui peut s’offrir à nos yeux et à tous nossens permet de mieux la connaître et de s’en émerveiller. En même temps, c’est maintenant un peu dans l’air dutemps, on assiste à une volonté de plus en plus importantede retour à la nature et d’autonomie. Ce qui est une bonnechose en soi. n (Voir la recette d’Amandine et Olivier page suivante)

En savoir plus :- Le site de «What’s for dinner ?» : http://whats-for-dinner.info- Facebook : https://www.facebook.com/WhatsfordinnerAmandineOlivier

Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

14rencontre... cuisiner les plantes sauvages

Présentation de l’ouvrage

50 recettes pour accommoder mes cueillettes Observer, récolter, cuisiner ! Amandine Geers et Oli-vier Degorce présentent 24 plantes comestibles : plan-tain, pourpier, ail des ours, lierre, menthe, amarante,etc. Elles ont été sélectionnées pour leur identificationfacile. Les nombreuses illustrations permettent de lesreconnaître afin de les récolter sans risque dans la na-ture. Ils rappellent leurs vertus et donnent des conseilsde cueillette. 50 recettes, salées et sucrées, prolonge-ront les balades jusque dans l’assiette avec des saveurs originales.Amandine Geers et Olivier Degorce sont auteurs de plusieurs livres culinaires dont Au-jourd’hui, je cuisine végétarien, Je mange « paléo » (ou presque !), et tout dernièrementJe cuisine les œufs (paru en mai).Le site Internet des Éditions Terre vivante : www.terrevivante.org

Kasha à l’amarante et tomates séchées

Une recette d’amarante réfléchie (Amaranthus retroflexus), par AmandineGeers et Olivier Degorce : elle figure parmi les 50 recettes de Je cuisine

les plantes sauvages (p. 32). Comme le soulignent les auteurs, l’amarante se récolte du printemps à l’au-tomne. Elle est riche en protéines, vitamines A et C, ainsi qu’en minéraux (fer,calcium, phosphore et soufre). Ses feuilles ont des vertus astringentes émollientes. Elles sont très nourris-santes. On cueille les bouquets de jeunes pousses quand la plante ne mesure que 20à 30 cm, puis les feuilles plus tendres. Elle se consomme cuite à la façon des épinards et peut être ajoutée à descakes, omelettes, soupes, tartes, ou proposée en accompagnement…

Pour 2 personnesIngrédients150 g de kasha (graines de sarrasin tor-réfiées)1l d’eau8 jeunes tiges d’amarante5 quartiers de tomates séchées àl’huile4 c. à s. d’huile d’olive (prélevées dansles tomates séchées)1 c. à c. de sauce soja1/2 c. à c. de piment d’Espelette

La préparation :1) Faites chauffer de l’eau dans unecasserole. Plongez le kasha dans l’eaubouillante pendant 4 minutes, puis

égouttez et rincez-le.2) Lavez l’amarante et ciselez-la.3) Coupez les tomates séchées en mor-ceaux.4) Dans une poêle, faites revenir lesfeuilles d’amarante avec l’huile parfu-mée des tomates à feu doux. Ajoutezles tomates séchées coupées en petitsdés.Après 5 minutes, ajoutez le kasha, lepiment d’Espelette et la sauce soja. 5) Mélangez soigneusement et prolon-gez la cuisson quelques minutes seu-lement. Servez chaud ou froid ensalade.

Un régal... (© Olivier Degorce)

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Écologie La permaculture 15

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● Zoom sur la permaculture : une solution aux problèmes de l’humanité et

● Éric Escoffier : «Permaculture : prendre soin de la Terre, des personnes et•

Dossier réalisé par Myriam Marino

reforester massivement»

de la planète»

Zoom sur lapermacultureUne solution aux problèmesde l’humanité et de la planète«... répandre de la paille... est le fondement de ma méthode pour fairepousser le riz et les céréales d’hiver. C’est en relation avec tout, avec lafertilité, la germination, les mauvaises herbes, la protection contre lesmoineaux, l’irrigation. Concrètement et théoriquement, l’utilisation dela paille en agriculture est un point crucial. Il me semble que c’est quelquechose que je ne peux faire comprendre aux gens», Masanobu Kukuoka,agriculteur japonais, père de l’agriculture naturelle, dans La Révolutiond’un seul brin de paille.

1 - «La Révolution d’un seul brin de paille. Une introduction à l’agriculture sauvage», Masanobu Fukuoka, Éd. Guy Trédaniel, 20052 - «Des arbres et des champs», Emmanuel Torquebiau, Éd. L’Harmattan, 2007, cité par Marie-Monique Robin dans : «Les moissons du futur»,Éd. La découverte & Arte Éditions, 20123- «L’agriculture naturelle, l’art du non-faire. Théorie et pratique pour une philosophie verte», Masanobu Kukuoka, Éd. Guy Trédaniel, 19894 - op. cit. «Les moissons du futur»

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16 écologie ● ● la permaculture comme solution pérenne et soutenable•

Parce qu’un jour, «passant par ha-sard dans un ancien champ ni utiliséni labouré depuis de nombreuses an-

nées», il y vit «de magnifiques pieds de rizpoussant à travers un fouillis d’herbes»1, Ma-sanobu Kukuoka (1913-2008), micro-biologiste et spécialiste enphytopathologie, a tout quitté. Il a dé-missionné de son poste de la Divisionde l’Inspection des plantes desdouanes japonaises et s’est retiré dansune hutte, au milieu d’une plantationde mandariniers appartenant à sonpère. «Je réfléchissais sur la relation entreagriculture scientifique et naturelle, écrit-il. Laquestion qui m’occupait était de déterminer si,oui ou non, l’agriculture naturelle pouvaittenir tête à la science moderne».2

Le fondement de l’agriculture natu-

relle, agriculture du non-agir ou l’artdu non-faire3, mode cultural qu’il prô-nera tout au long de sa vie : une obser-vation rigoureuse de la nature. Uneintervention minimale, de simples«ajustements». L’agriculture naturellese résume en cinq principes fonda-menreux : pas de labourage, pas desarclage, pas d’engrais, pas de pesti-cides, «y compris «naturels», car l’équilibrede l’écosystème est assuré par la biodiversité etla rotation minutieuse des cultures»4, et pasd’élagage.Pourquoi parler de Masanobu Kukuokadans un dossier sur la permaculture ?Parce que c’est lui qui inspirera, dansles années 1970, divers courants del’agriculture biologique, dont la per-maculture.

Comme dans l’agriculture naturelle, lapermaculture, initiée par Bill Mollisonet David Homlgren (comme nous leverrons en détail ensuite), fait avec lanature et pas contre elle, même si ellesdiffèrent sur la mise en pratique.À la découverte de la permaculture,«solution la plus rapide, la plus facile et la plusefficace face aux problèmes de l’humanité et dela planète», ainsi qu’elle se présente. n

Pour Bill Mollison (à g.), Masanobu Fukuoka (à dr.) est «un génie»

Exemple de cultures en permaculture

écologie ● ● à la découverte de la permaculture•

Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

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Prendre soin de laTerre, des personnes etreforester massivement

Interview

Éric Escoffier

Éric Escoffier est enseignant et consultant en permaculture et systèmesrégénératifs au sein de l’organisation Permaculture et reforestation sansfrontières et de l’association Les Mains Sages - Permaculture.

La permaculture

Qu’est-ce que la permaculture ? Le terme «permaculture» a été inventé dans les années1970 par les Australiens Bill Mollison et David Holmgren.Le mot est une contraction de «permanent» et «culture»,initialement de «permanent» et «agriculture». Essentiellement, la permaculture a pour objet la concep-tion et la maintenance intentionnelles de systèmes trèsproductifs1, ayant la soutenabilité2, la diversité et la résilience3,des systèmes naturels, dans le but de produire partout lo-calement la nourriture, l’énergie, les matériaux et les autresbesoins matériels et immatériels des sociétés humaines, etce de manière la plus efficace4 possible (et, de surcroît,éthique).Le concept clé est le design5, au sens de l’ingénierie des sys-tèmes, ce qui signifie à la fois conception, planification, or-ganisation et aménagement (et n’a donc aucun rapport avecla décoration ni l’esthétique).Plus exactement, la permaculture est à la fois une éthique,une philosophie, une science et une méthode pratique dedesign5 de systèmes et d’écosystèmes ayant certaines pro-priétés : Ils doivent être hautement efficaces4 et productifs1, soutena-bles/régénératifs2, diversifiés et auto-régulateurs3.Bill Mollison dit que la permaculture est l’intégration har-monieuse et écologique de la géographie, des groupes so-ciaux et des personnes, pour produire l’eau, la nourriture,l’énergie, l’habitat, les matériaux, la sécurité, la gestion desdéchets et les autres besoins des groupes humains, d’unemanière soutenable, efficace et éthique, et ce à toute échelle,depuis l’individu jusqu’à la collectivité.C’est une philosophie et un guide de l’usage de la terre etde la Terre, qui fonctionne avec les rythmes, les échelles etles patterns6 de la nature, tressant ensemble les éléments et

les relations du microclimat, des plantes annuelles et pé-rennes, des animaux, des eaux, du sol et des besoins hu-mains pour en faire des territoires et des groupes sociauxproductifs et interconnectés.David Holmgren résume la permaculture ainsi : c’est ledesign intentionnel d’écosystèmes qui imitent les patterns6

et les relations que l’on trouve dans la nature, tout en pro-duisant localement une abondance de nourriture, maté-riaux et énergie pour la satisfaction des besoins humains.L’Australienne Robyn Francis, une des pionnières mon-diales de la permaculture, propose une excellente défini-tion, à peu près dans les termes suivants : la permacultureconsiste essentiellement à concevoir/planifier/aménagerdes environnements soutenables/régénératifs en s’assurant quela façon dont nous produisons de quoi satisfaire nos be-soins fonctionne avec l’écologie et les processus de la na-ture. Basée sur les mots «culture» (incluant l’agri-culture)et «pérenne» (au sens soutenable/régénératif), la permaculturerépond à tous les aspects des cultures humaines, pas seu-lement la production de la nourriture, mais aussi commentnous construisons, comment nous nous organisons et com-ment nous utilisons toutes nos ressources, y compris lesressources humaines.La permaculture embrasse donc non seulement la produc-tion de nourriture, de l’énergie et des matériaux, l’architec-ture, l’urbanisme, le paysagisme, la gestion desécosystèmes, des forêts et des eaux, mais aussi les autresdomaines-clés que sont les «structures invisibles» : l’ar-gent, le foncier, la loi, la gouvernance et plus globalementla façon dont s’organise le corps social (proposant notam-ment des outils pour gérer de manière à la fois efficace etéthique les discussions, les prises de décision et la réso-lution des conflits…).

Nota : Toutes les références des notes sont en fin d’interview, p.27•••

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Finalement, la permaculture propose des concepts et desoutils (trois éthiques, trois modèles, une vingtaine de prin-cipes universels, des méthodes, des stratégies et des tech-niques) qui permettent aux personnes et aux groupes decréer partout des systèmes pérennes qui produisent loca-lement de quoi satisfaire abondamment leurs propres be-soins sans produire aucun déchet, et ce de manièrehautement productive, soutenable/régénérative et auto-régula-trice.De plus, comme la quasi-totalité des problèmes que nousrencontrons aujourd’hui ont pour cause première la des-truction des systèmes et la déforestation de la planète àgrande échelle depuis des millénaires, et comme la solu-tion fondamentale consiste bien évidemment à réparer ceque l’on a détruit, la permaculture se donne pour principalobjectif de régénérer les écosystèmes, de reforester massi-vement et rapidement la planète, et plus globalement deréhabiliter la capacité de la Terre à porter la vie et à suppor-ter l’humanité. Et elle nous donne les moyens de le faire fa-cilement et rapidement.

Comment la permaculture est-elle née exactement ?Elle a été créée dans les années 1970 par Bill Mollison (néen 1928), écologiste et professeur à l’Université de Tasma-nie, et David Holmgren (né en 1955), environnementaliste.Mais tout est parti d’un constat fait sur le terrain, en forêtplus précisément. En effet, Bill Mollison avait passé de nom-breuses années dans les forêts, observant comment les sys-tèmes naturels fonctionnaient. Plus les années passaient, etplus il faisait face à la destruction de ce qui l’entourait. Pour y remédier, il décida de travailler à une solution posi-tive. Cette solution, pensa-t-il, serait de vivre sur la basedes processus qu’il avait observés dans la nature, de sebaser sur la façon dont fonctionnent les systèmes naturels,notamment les arbres et les forêts. Car ce qui l’avait frappé dans ses observations, c’était, d’uncôté, l’inefficacité totale des systèmes sur lesquels nous

fonctionnons depuis 10 000 ans, et de l’autre côté, l’incroya-ble efficacité des systèmes naturels, et notamment des fo-rêts. En effet, les systèmes naturels sont soutenables et régénératifs,et fonctionnent en systèmes fermés, en produisant leurspropres besoins énergétiques et matériels et réutilisantleurs déchets de manière nutritive (les déchets des uns sontles nutriments des autres). Ils sont incroyablement diversi-fiés, productifs et résilients.Toutes les différentes parties d’un système naturel effec-tuent un travail utile et collaborent de manière durable, fa-briquant des ressources et s’auto-régulant avec uneefficacité impressionnante, alors que les systèmes humains,incluant l’agriculture, consomment beaucoup plus d’éner-gie qu’ils n’en produisent et ont une espérance de vie trèslimitée. Bill Mollison et David Holmgren ont donc théorisé leurs ob-servations, ainsi que d’autres idées, afin de concevoir dessystèmes humains durables produisant plus qu’ils neconsomment (soutenables).Ils ont écrit et publié des livres exposant la théorie et la pra-tique de la permaculture (voir les références en fin d’arti-cle).Bill Mollison a par ailleurs fondé en 1978 l’Institut de Per-maculture de Tasmanie, centre de recherche et d’enseigne-ment.La permaculture est aujourd’hui un mouvement populaireet scientifique mondial.

Avant d’entrer dans le détail des concepts de la perma-culture (éthique, modèles, principes), quels sont ses do-maines d’application ?Comme on l’a vu au premier chapitre, la permaculture s’ap-plique à la production et la sécurisation de la nourriture etdes autres ressources vitales de l’humanité : stabilisationdu climat et des cycles planétaires cruciaux (oxygène, eaudouce), production de la nourriture, des

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Qui sont Permaculture et reforestation sans frontièreset Les Mains Sages-Permaculture ?

L’organisation Permaculture et reforestation sans frontières propose des formations en permaculture etsystèmes de culture régénératifs, ainsi que des sorties botaniques et ethnobotaniques. Les Mains Sages - Permaculture est une association fondée par Sylvaine Anani, masseuse-kinésithérapeuteet permacultrice certifiée (PDC Robyn Francis, 2012). Elle propose des activités dans les Alpes-Maritimesautour de la permaculture, du soin de la terre et du soin des personnes : conférences sur la permaculture etles systèmes régénératifs, ateliers jardin et jardin-forêt en permaculture, création de jardins-forêts vivriersurbains, massages bien-être et massages pré/post-natal, cours de danses, musiques et percussions tradi-tionnelles d'Afrique de l'Ouest, contes… Particulièrement concernée par les enjeux environnementaux ethumains des pays du sud, Sylvaine travaille sur des projets de reforestation, de systèmes régénératifs, dejardins-forêts nourriciers et médicinaux et de santé naturelle. (permaculture.mains-sages.org/activites)

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médicaments, des matériaux et de l’énergie, mais aussi or-ganisation du corps social, architecture, urbanisme, paysa-gisme. Et bien sûr, restauration de la pluviométrie, des solset de la fertilité, réhabilitation des écosystèmes aquatiques,reforestation...Elle s’applique donc à tous les champs d’activité des socié-tés humaines et à toutes les échelles, des plus petits sys-tèmes aux plus gros, depuis la conception d’une gouttière,d’un balcon ou d’une terrasse jusqu’à la gestion de la bio-région, en passant par l’école, la crèche, les transports, l’en-treprise, le quartier, le bassin d’emploi, le bassinhydrologique...

Quelle est l’éthique de la permaculture ?La permaculture se donne explicitement trois éthiques : - prendre soin de la Terre et de toutes ses formes de vie ; - prendre soin des personnes et bâtir la communauté ; - redistribuer les surplus (à la Terre et aux personnes).Ce dernier point a pour corollaire le fait d’agir localementet de se donner des limites de taille, de distance, de travail,d’énergie, de puissance, de vitesse, de consommation, deproduction matérielle, de complexité artificielle, de tech-nologie, de dangerosité, de risque industriel… Mais aucunelimite de diversité, de complexité naturelle, d’intelligence,de bonheur ! Il s’agit également de partager équitablement les res-sources : justice matérielle et sociale, empreinte écologiquepartout localement - et donc globalement - «inférieure à 1»,responsabilité transgénérationnelle.

Quels sont les modèles sur lesquels s’appuie la perma-culture ?La permaculture se donne principalement trois modèles.1) Le premier est le modèle qui a donné naissance à la per-maculture, la façon dont fonctionnent les écosystèmes sau-vages, l’écologie scientifique, les propriétés des systèmesnaturels : non-linéarité7, patterns6, rythmes et échelles des phé-nomènes, diversité, interconnexion, redondance et multi-fonctionnalité, densités horizontale et verticale,auto-régulation et résilience, autosuffisance, soutenabilité/régé-nérativité, fabrication des sols et de la fertilité, rôles et fonc-tions des forêts et des micro-organismes, contrôle duclimat, stablisation des cycles...

2) La permaculture prend également modèle sur les savoirset pratiques des peuples premiers et des sociétés soutenables. Par exemple, les systèmes de «non culture» ou de «semi-culture» très productifs de certains peuples premiers, tellesles forêts multi-étagées traditionnelles d’Indonésie. Ou en-core les systèmes, très productifs aussi, particulièrementbien adaptés à certaines conditions géographiques parti-

culières, comme les chinampas des zones marécageuses duMexique, les systèmes «ahupua‘a» des îles volcaniques duPacifique (ou systèmes ohana). Ou encore les limonias duMoyen-Orient. Et plus globalement les savoirs indigènes(«indigenous knowledge», «traditional knowledge») et lesphytopratiques («phytopractises») des sociétés anciennes,avec leurs panoplies incroyablement diversifiées de straté-gies et de techniques créativement et efficacement adap-tées à leurs conditions géographiques.

3) Troisième modèle : sciences et techniques (et non pastechnologies) naturelles et environnementales. Théorie dessystèmes fermés, systèmes passifs, énergies véritablementrenouvelables, architecture passive solaire, ethnobota-nique, biogéographie, écologie et dynamique des forêts,biocondensation, gestion des pentes, de l’eau et de l’éro-sion (keyline design de P. A. Yeomans), cultures sur courbesde niveau, reverdissement des déserts, séquestration ducarbone, cultures sous canopée, Analog forestry, agroforeste-rie, systèmes de culture régénératifs, pédologie et micro-biologie des sols, fabrication de la fertilité,micro-organismes, interactions bénéfiques, plantes com-pagnes, phyto-remédiation...Et si l’on considère l’environnement au sens du corps so-cial : l’économie sociale et solidaire, la gouvernance parti-cipative, les AMAP, les SEL, les monnaies locales, etc.

Quels sont les principes de la permaculture ?Tout d’abord, il est à noter que les principes que se donnela permaculture sont puissants et universels, c’est-à-direapplicables très efficacement partout sur la planète. Il y ena une vingtaine. Ce sont des principes de design. Ils permet-tent de faire émerger partout des solutions très diverses,mais toujours pertinentes et créativement adaptées auxconditions locales, y compris sociales. Ce sont notammentdes principes d’observation, d’intelligence, d’utilisation despatterns des systèmes naturels, d’efficacité,

Un exemple de chinampas au Mexique

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Les 12 principes de David Holmgren

• Observer et interagir• Collecter et stocker l’énergie• Créer une production• Appliquer l’auto-régulation et accepter le feedback• Utiliser et valoriser les services et les ressources renouvelables• Ne produire aucun déchet• Concevoir/planifier en allant des forces générales vers les détails• Intégrer plutôt que séparer• Utiliser des solutions petites et lentes• Utiliser et valoriser la diversité• Utiliser les lisières et valoriser les marges et le marginal • Utiliser le changement et y répondre de manière créative

de diversité, de concentration, d’intégration, d’empilementdes fonctions, de redondance, d’interdépendance...La littérature présente traditionnellement les douze prin-cipes de David Holmgren (voir encadré ci-dessus), maisdans les formations que je donne j’explique d’abord d’au-tres principes qui me paraissent venir en amont de ceuxd’Holmgren. Voici quelques exemples : • Remplacer le travail par l’intelligence et le savoir, faire tra-vailler le système.• Faire les plus petits changements qui font la plus grandedifférence.• Observer et observer encore, avec les outils de la perma-culture. Faire une analyse minutieuse du système (physiqueet humain) avant de se lancer dans un design. Puis faire undesign lentement et sérieusement avant de se lancer dans laréalisation. Commencer par des actions à petite échelle. Ac-cepter le feedback et les erreurs. Réagir de manière créativeaux erreurs et perturbations, apprendre de nos erreurs.Parcourir ainsi, au fil des saisons et des années, la spiralevertueuse «observation/analyse, réflexion/design, réalisa-tion/expériences, feedback/retour d’expérience».• Chaque chose est connectée à toutes les autres.• Tout peut travailler dans les deux sens : positivement ounégativement. Par exemple, si on augmente la quantitéd’humidité d’humidité/eau présente dans le système, celapeut accroître la dynamique végétale, ou au contraire lastopper complètement.• Ainsi, il faut concentrer les ressources suffisamment pourfaire une (grande) différence. (Mais pas indéfiniment, car sion concentre trop une ressource, cela peut jouer négative-ment.)• Autrement dit : inoculation dans le système des nucleusde régénération, de fertilité, puis laisser travailler le système.Notamment, il est assez souvent inutile de cultiver des sur-

faces : des bandes suffisent...• Plus généralement, les systèmes naturels ne sont pas li-néaires7 : il faut bien identifier et comprendre où se situentles non-linéarités du système.• ... et plus globalement, bien identifier et comprendre com-ment travaillent le système, ses rythmes, ses échelles et sespatterns. Cela va conditionner le potentiel et la productivitédu système.• Distinguer structures/systèmes dégénératifs etstructures/systèmes régénératifs (input initial, niveau techno-logique, énergie incorporée, pollution, input de mainte-nance, productivité, multifonctionnalité, pérennité).Basculer en structures et systèmes régénératifs.• Distinguer, pour chaque élément du système : besoins,facteurs intrinsèques et produits/fonctions.• Clôture des systèmes : distinguer systèmes ouverts et systèmesfermés. Basculer en structures et systèmes fermés : aucuntravail requis, aucun déchet produit. (Les déchets des unssont les nutriments des autres.)• Diversité/densité : concevoir des système très diversifiés(et, pour les systèmes végétaux, à très grandes densités ho-rizontale et verticale (multi-étagement)).Applications :

- Résilience, auto-régulation et non-concurrence sont despropriétés spontanément émergentes si le système est suf-fisamment diversifié/densifié ;

- Diversité/densité permettent de compléter la clôturedu système. • La lenteur à laquelle une ressource traverse le système,ainsi que la richesse et la complexité (naturelle) des inter-actions qu'elle met en jeu avec les éléments du système,fait une bien plus grande différence (d'efficacité, producti-vité, soutenabilité, résilience) que la quantité de cette ressourcedans le système.• Beaucoup de petits valent mieux que peu de grands.

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• Effet de lisière, de bordure, de bord : les lisières et bor-dures sont plus productives et plus diversifiées (ex : mares,transitions milieux ouverts / milieux fermés...). Valoriser lamarge et le marginal.• Principes fondamentaux pour les eaux, les pentes et l'éro-sion : - commencer de l'amont ;- cultiver et faire des structures (multi-étagées) en bandes

sur courbes de niveau (pas de surface : on utilise les dimen-sions 1 et 3, pas 2) ;- utiliser les keylines et keypoints (voir les travaux de P. A.

Yeomans).• S S S S (les «4 S», autre principe fondamental pour leseaux, les pentes et l'érosion) : «slow, spread, sink, store» :- ralentir- répartir- infiltrer- stocker (dans la biomasse et dans le sol avant tout)

Il apparaît clairement que ces principes universels se com-binent et s'articulent de manière à sur-multiplier le poten-tiel d'efficacité du système, à condition d'avoir un bondesign. (Relire les définitions de design dans la note dédiéepourra s'avérer utile à ce stade.)Un principe de la permaculture illustre ce potentiel : la pro-ductivité d'un système est théoriquement infinie, elle n'estlimitée que par notre imagination.Un autre l'illustre aussi indirectement, en soulignant queles problèmes ne sont jamais que des erreurs de design : leproblème, c'est la solution ; ou plutôt : la solution estcontenue dans le problème.Les systèmes naturels regorgent d'illustrations de ce prin-cipe (les systèmes biens conçus en permaculture aussi).Par exemple, au cours de l’évolution des organismes terres-tres à endosquelette, tels les mammifères, par exemple, lacellule, intoxiquée par l’élément calcium, polluant trop pré-sent dans le système, s’en est vue débarrassée au profit dela constitution des os : finalement, l’organisme résiste àune pression atmosphérique en fixant ses organes mous àun squelette dur constitué des excréments de son métabo-lisme.De la même manière, la lignine (le bois), molécule dure quiest l’excrément principal du métabolisme d’un arbre, donneà ce dernier la possibilité de rigidifier certains de ses tissuspour permettre son activité métabolique, qui est essentiel-lement liée à la circulation de fluides (les deux types desève) dans ses capillaires, activité qui ne pourrait pass’exercer si ces capillaires étaient comprimés. La ligninepermet aussi à l’arbre de porter ses panneaux solaires quesont les feuilles et d’y acheminer les fluides, lui permettantd’assurer la photosynthèse, autre élément majeur de son

métabolisme. Comme le dit Francis Hallé, l’arbre est ainsitenu debout sur ses excréments.La permaculture consiste donc en tourner les problèmes ensolutions : c'est assez facile si on a les bons outils, une vi-sion holiste du vivant, une compréhension des patterns, deleurs interactions et de la façon dont fonctionnent les sys-tèmes vivants et les systèmes naturels en général.

Quelle est votre vision de la situation actuelle, et quelleplace la permaculture peut-elle y avoir ?Une chose est claire, regardez la situation d'Haïti, ou de cer-tains pays d'Asie ou d'Afrique par exemple : même si nousne nous en rendons pas toujours compte dans les paysriches, lorsqu'on n'a pas pris soin des écosystèmes, les po-pulations finissent toujours par se retrouver sans eau, sansnourriture et sans abris. Or nous avons détruit les écosys-tèmes à une telle échelle aujourd'hui que nous sommes entrain d'achever la Terre en tant qu'organisme vivant, et doncd'épuiser sa capacité à porter la vie, et au passage notrepropre espèce.Si donc nous ne changeons pas rapidement la façon dontnos sociétés gèrent et génèrent leurs ressources, ce sont lamère (à savoir la Terre) et l'enfant (l'humanité) qui vont tousdeux disparaître, et ce assez rapidement.

Pour moi, il s'agit donc de relever les quatre défis suivants :• arrêter (a minima) le changement climatique ;• réhabiliter massivement et rapidement les écosystèmes ;• redonner à toutes et tous l'accès à une eau douce potableet une nourriture correcte (par exemple, la moitié de l'hu-manité n'a pas accès à l'eau douce aujourd'hui, sans parlerde la nourriture...) ;• produire (partout localement) et de manière soutenable/ré-générative cette nourriture, ainsi que notre énergie et nos ma-tériaux vitaux.

Un exemple de déforestation massive, ici en Indonésie (© Greenpeace)

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Une chose me frappe :- côté diagnostic, nous connaissons parfaitement la causefondamentale de tous ces problèmes, à savoir la défores-tation massive de la planète depuis des millénaires, essen-tiellement due à l'agriculture entre 10 000 ans avant JC etaujourd'hui,- de l'autre côté, et indépendamment, il se trouve que lapermaculture apporte la preuve concrète que la solution laplus efficace à nos quatre problèmes n'est autre que la re-forestation et la réintroduction massive d'arbres dans nossystèmes de production.La stratégie est donc claire : il s'agit de mettre en place par-tout localement des systèmes de production régénératifs,tout en reforestant massivement. Or il se trouve que la per-maculture nous offre des clés cruciales pour le faire.Par exemple, à cause de l'agriculture, il y a aujourd'hui surla planète plus de 40 millions de km carrés de terres agri-coles qui ne sont plus cultivables en agriculture, et le calculdes énergies thermiques en jeu montre qu'il suffirait d'enreforester la moitié en permaculture pour stopper rapide-ment le changement climatique global, tout en produisantde manière soutenable sur ces mêmes surfaces les ressourcesd'un très grand nombre de personnes.Plus généralement, les systèmes en permaculture et les sys-tèmes régénératifs contiennent beaucoup d'arbres et dezones de forêts, car c'est une des conditions essentiellesd'une grande productivité, soutenabilité/régénérativité et rési-lience. De tels systèmes participent donc de fait à la refores-tation globale de la planète. Inversement, de bons programmes de reforestation, doi-vent, selon moi, être conçus pour «produire» non pas des«plantations d'arbres» mais de véritables écosystèmes fo-restiers sauvages à but de conservation naturaliste (biodi-versité, régulation du climat, du cycle de l'eau douce, etc.),et simultanément des forêts alimentaires, médicinales, àbois énergie ou matériau, etc. Bref, des forêts qui produi-sent ce dont les groupes humains locaux ont besoin.Les systèmes en permaculture et les systèmes régénératifsdonnent ainsi un continuum d'écosystèmes compris entre

la forêt sauvage et le jardin sous canopée (plus ou moinsdense), en passant par les «forêts alimentaires», les jardins-forêts, etc.C'est d'ailleurs pourquoi j'ai intitulé les formations que jedonne «Permaculture et systèmes de culture régénératifs».J'aimerais donc maintenant résumer une dizaine de clés quime paraissent les plus stratégiques pour mettre en placedes systèmes de production soutenables et régénératifs,dans le but de produire partout localement notre nourri-ture, notre énergie et nos matériaux, tout en reforestantmassivement la planète, stoppant l'érosion, et réhabilitantle climat et le cycle de l'eau douce.

Les clés des systèmes régénératifs.Clé 1 : la permaculture en elle-même. En effet, comme onl'a vu, la permaculture nous offre un corpus de connais-sances théoriques et pratiques crucial et donne le cadreglobal et la méthode pour concevoir des systèmes soutena-bles/régénératifs. C'est la clé principale pour faire rapidementet facilement une grande différence...

Clé 2 : conjonction de la chaleur et de l'humidité, clé fon-damentale pour une vision lucide et fonctionnelle du climatlocal et de la dynamique végétale. Parler de climat sec ouhumide, chaud ou froid, cela n’a pas grand sens. La seulequestion qui fasse une différence cruciale est la suivante :y a-t-il au cours de l'année une (ou deux) saison(s) de végétationdans l'écosystème, c'est-à-dire des périodes de conjonctionde la chaleur et de l'humidité ; et si oui, de quelles durées ?En effet, les végétaux ont besoin d'une certaine plage dechaleur et d'humidité simultanément, et c'est sous ce cri-tère que l'on doit bien connaître son climat.C'est ainsi que, à condition de maîtriser la permaculture etles clés des systèmes régénératifs, il sera généralementétonnamment facile de reforester ou de cultiver dans lesdéserts et les tropiques secs d'une part, ou, disons pourmarquer les esprits, le Canada et la Sibérie d'autre part, cartoutes ces zones bénéficient d'au moins une période dansl'année de conjonction de chaleur et d'humidité : •••

Un «jardin-forêt» cultivé selon les principes de lapermaculture, en Nouvelle Zélande (© Rue89)

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pour les premières, même s'il y pleut peu, lorsqu'il pleut, ily fait chaud ; et pour les secondes, il y a une longue saisonà la fois chaude et humide en été. Même chose pour les cli-mats continentaux et océaniques. Dans ces climats, il y aune bonne dynamique végétale.En revanche, les climats méditerranéens très secs sontparmi les plus difficiles de la planète, car ils ne bénéficientd'aucune saison de végétation et la dynamique y est extrê-mement lente.

Clé 3 : arbres et dynamique des forêts, et dynamique desmilieux ouverts (incluant la théorie des plantes bio-indica-trices du sol de Gérard Ducerf : www.promonature.com).Cette clé est le fondement pour la compréhension et l'uti-lisation des processus qui sont au cœur de la dynamiquedes végétaux et des sols. Elle nous permet entre autres decomprendre l'importance des concepts de série et deplantes pionnières...Une autre chose importante est de comprendre que les vé-gétaux sont des organismes autotrophes, c'est-à-dire qu'ilsse nourrissent eux-mêmes directement à partir de la ma-tière minérale de l'air et du sol (98 % étant pris dans l'air età peine 2 % dans le sol).De cette clé vont découler toutes les autres (sauf la der-nière).

Clé 4 : les végétaux poussent à l'ombre. L’observation desvégétaux en conditions naturelles nous apprend une loitrop rarement mise en lumière : la photosynthèse ne se faitfondamentalement pas avec la lumière directe du soleil,mais fonctionne avec la lumière indirecte (réfléchie).Pour donner une idée, un banal arbre de nos villes a unesurface foliaire totale qui se compte en centaines d'hec-tares. A 1/100 000ème près environ, ses feuilles fonctionnentdonc en lumière réfléchie. En fait, seules les espèces dites «pionnières» (10% environdes espèces végétales) sont capables de germer et de croî-tre en pleine lumière, même si elles préfèrent une ombreadaptée.Retenons donc que l’ombre est essentielle. Cultiver des vé-gétaux sous une ombre dosée leur assure une plus grandedynamique et une production supérieure, de meilleure qua-lité, et pendant plus longtemps.Note : un bon design consiste notamment à bien piloter letaux d'ombre de chaque mètre carré du système et à captertous les photons verticalement sur des multi-étagements,de manière à les transformer en productions végétales. Onpeut, bien entendu, faire en sorte de conserver suffisam-ment de lumière qui atteint le sol pour cultiver, en sous-étage, des herbacées et plantes basses...Note : concurrence pour la lumière. Une conséquence très

importante de cette clé 4 est que, sauf erreur de design, onpeut faire pousser divers végétaux sur le même mètre carréà plusieurs étages superposés, sans que les végétaux desétages inférieurs souffrent de concurrence pour la lumière.Les expériences montrent d'ailleurs que les taux d'ombreoptimums pour la photosynthèse et la productivité de noscultures multi-étagées sont bien supérieurs à ce que l'onimagine...

Clé 5 : diversité/densité. Plus la diversité végétale (et parvoie de conséquences la diversité d'animaux sauvages quiont un rôle essentiel, tels les insectes, les batraciens, lesreptiles et les oiseaux) est élevée, plus le système sera rési-lient/homéostatique/auto-régulateur et en mode non concurren-tiel.De plus, plus la diversité est élevée, plus on pourra accroîtrela densité végétale (c'est-à-dire la proximité entre les végé-taux) tout en restant en mode non concurrentiel : les dé-chets des uns deviennent les nutriments des autres (ce quin'est pas vrai si la diversité est trop faible).En fait, plus diversité et densité seront élevées, plus il yaura de nutriments pour les plantes et les animaux (et leshumains) et plus le système sera soutenable/régénératif.Il est donc primordial de diversifier et de densifier au maxi-mum, tant horizontalement que verticalement (multi-éta-gement), la seule limite étant essentiellement notreimagination - ou notre imaginaire dévoyé par les habitudesjardinières et agricoles !

Clé 6 : litière (mulch) - fabrication du sol et de la fertilité -micro-organismes. Cette clé est le fondement de la com-préhension de la fabrication du sol, du fonctionnement desracines, de la dynamique de la fertilité et de la nutrition desvégétaux. Tout est basé sur l'activité des micro-orga-nismes (champignons et bactéries aérobiques).

En effet, il se trouve que la fabrication du sol et des horizonspédologiques repose, à chacune de ses étapes cruciales (fabri-cation des argiles, fabrication de l'humus, libération des ca-tions depuis la roche mère, attache du complexeargilo-humique), sur l'activité de micro-organismes spéci-fiques, dont la survie dépend, de manière nécessaire et suf-fisante, de la présence de la litière (branches et

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Un exemple demulch

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feuilles tombées au sol).Il est donc absolument indispensable d'avoir un sol couvertpar une litière ou un mulch (généralisation de paillis).La fixation de l'azote de l'air au niveau des racines ainsiqu'une bonne alimentation en les autres nutriments (in-cluant l'eau) sous forme métabolique dépendent égalementde l'activité de micro-organismes spécifiques (notammentles mycéliums des champignons de la rhizosphère), et doncde la présence de mulch.Par ailleurs, l'intensité de l'activité des micro-organismes,la fabrication du sol et de la fertilité et la nutrition des vé-gétaux dépendent, après la présence de mulch, de la den-sité de racines présentes dans le système : ce sont lesvégétaux qui fabriquent le sol sur la Terre (plus précisé-ment, ce sont les micro-organismes qu'ils font vivre).Conclusion : il n'y a pas de mauvais sols, il n'y a que dessols non mulchés et/ou insuffisamment densément occu-pés par des végétaux diversifiés, et il est en fait extrême-ment facile de refabriquer du sol et de la fertilité à partir desols morts.Note : le sol au sens pédologique est le complexe argilo-humique. Il a une texture, une structure de semoule, unecouleur et une odeur caractéristiques. Son rapport C/N etson pH sont équilibrés (cf clés 8 et 9).Note : il faut faire attention à ne pas enfouir de matière or-ganique, ni faire d'inversion ni de mélange d'horizons.(L'humus est sous le mulch, les racines sous l'humus, c’est-à-dire dans le sol (au sens pédologique). Enfouir de la ma-tière organique fraîche ne crée pas d'humus.) Note : concurrence pour l'eau et les nutriments : une consé-quence très importante d'un bon sol (conséquence d'uneintense activité des micro-organismes, elle-même consé-quence d'un bon mulch) est qu'il n'y a plus concurrencepour les nutriments entre les végétaux (même entre arbreset herbacées), à condition que leur diversité soit la plus im-portante possible.Ce point est capital. Il constitue une illustration du principeselon lequel tout peut jouer dans les deux sens (positive-ment ou négativement) : en effet, les systèmes agricoles etcertains systèmes d'agro-foresterie à faible diversité végé-tale se trouvent en mode concurrentiel pour l'eau et les nu-triments des végétaux, alors que certains systèmesd'agro-foresterie, les systèmes en permaculture et les sys-tèmes régénératifs sont en mode non concurrentiel pourl'eau et les nutriments, lorsqu'ils sont suffisamment diver-sifiés et densifiés. (Dans les cas de diversités intermé-diaires, tout peut arriver, ce qui alimente généralementnombre de spéculations et incompréhensions, d'autant quela diversité/densité minimale pour passer en mode nonconcurrentiel est dépendante de divers paramètres, et gé-néralement bien supérieure à ce que nous imaginons...)

Clé 7 : le rapport air sur eau. Ce rapport est absolumentcrucial pour la fertilité du sol et la nutrition des végétaux :en effet, le sol doit toujours être humide mais jamaismouillé (pas de continuité liquide verticale) : c'est l'humi-dité métabolique contenue dans les mycorhizes (associa-tions symbiotiques entre les racines et lesmicro-organismes de la rhizosphère) qui permet une bonneactivité des micro-organismes et une bonne nutrition desracines.

Il est crucial de comprendre que la macrofaune et la micro-faune responsables de la fertilité et de la nutrition des ra-cines sont aérobiques, c'est-à-dire qu'elles ont besoind'une quantité suffisante d'air.Si un horizon est en anaérobiose (trop d'eau, rapportair/eau trop bas), macrofaune et microfaune aérobiquessont tuées par asphyxie, le sol et la fertilité sont détruits,des hydrocarbures toxiques sont fabriqués dans le sol, duméthane (25 fois plus à effet de serre que le gaz carbonique)se dégage en grande quantité, des ions ferreux (Fe2+) et alu-minium (Al3+) hautement toxiques pour les humains sontlibérés et viennent polluer les sols et l'alimentation, et desions nitrites (NO2-) toxiques pour les sols et les eaux sontégalement libérés...Inversement, si un horizon pédologique est trop sec (tropd'air, rapport air/eau trop élevé), la macrofaune et surtoutla microfaune de cet horizon sont tuées par oxydation (avecdégagement de gaz carbonique)...Conclusion : un bon rapport air/eau est absolument indis-pensable à la structure et à la fertilité du sol, ainsi qu’à lanutrition des végétaux. Là encore, ce sont les micro-orga-nismes du sol, et donc en amont la présence de mulch, quiconditionnent la fabrication et le maintien d'un rapportair/eau correct, métabolique pour les végétaux. Un chiffre absolument frappant : un sol forestier plat peutinfiltrer jusqu'à 50 cm et plus de hauteur de

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Pommier sylvestre my-corhizé par un cèped’été dans une forêt dehêtres et de charmes (© www.permforet.fr)

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pluviométrie à l'heure, alors qu'un champ de vignes labourépar exemple pourra voir des flaques dès 1 à 2 mm à l'heure... !Il nous appartient de nous assurer de ne pas commettred'erreur de design qui aurait pour conséquence de mettrede la matière organique en anaérobiose.

Clé 8 : le rapport carbone sur azote (C/N). Second rapportcrucial pour la fertilité du sol et la nutrition des végétaux,ainsi que pour la compréhension et la gestion de la matièreorganique (composition des tissus végétaux (feuilles,branches, pailles, compost, BRF, mulch..., urines, excré-ments, toilettes...).Un bon rapport C/N (entre 12 et 15) est indispensable à lafertilité du sol et à une bonne nutrition des végétaux. (No-tamment, l'azote étant très toxique pour le sol lorsqu'il esten trop grande quantité, si le rapport C/N est trop bas, lafertilité et la vie du sol seront détruites et des toxicités ap-paraîtront...)Là aussi, ce sont les micro-organismes du sol, et donc enamont la présence de mulch, qui conditionnent la fabrica-tion et le maintien d'un rapport C/N correct, métaboliquepour les végétaux.Il nous appartient de nous assurer de ne pas commettred'erreur de design qui aurait des conséquences négativespour la fertilité. (Notamment, il s'agira de ne jamais enfouird'engrais verts, ce qui cumulerait trois graves erreurs : onne doit pas enfouir de matière organique, ni plus générale-ment mélanger des horizons, et lorsqu'on enfouit de la ma-tière organique verte et fraîche, c'est encore plus grave carle C/N est très bas (à un niveau toxique) et car le rapportair/eau est très bas aussi, créant de surcroît une anaéro-biose. Une telle pratique peut avoir pour conséquence unlâchage du complexe argilo-humique et même une déstruc-turation des argiles avec intoxication aluminique des sols,des plantes, des animaux et des humains...)

Clé 9 : pH (caractère acide ou basique). Bien que surveilléde près en agriculture, le pH n'est pas particulièrement unepréoccupation dans les systèmes en permaculture et lessystèmes régénératifs car la présence de mulch et d'unebonne densité de racines dans le sol assure une intense viedes micro-organismes aérobiques qui maîtrisent le pH enle maintenant à des seuils équilibrés (autour de 7), tout aumoins dans les premiers horizons.À noter seulement que certaines espèces comme le châtai-gner n'apprécient pas des pH trop élevés (alcalins).

Clé 10 : granulométrie de la matière organique. La granu-lométrie de la matière organique doit être surveillée pourcertains usages, notamment pour le mulch. Ainsi, un mulch trop grossier (gros bouts de bois, pierres...)

peut avoir l'inconvénient de ne pas limiter efficacementl'évaporation du sol, ce qui peut être fort préjudiciable dansles climats secs l'été ou dans les tropiques. À l'inverse, unmulch trop fin (sciure, copeaux...) empêche leséchanges gazeux entre le sol et l'air, ce qui aboutit à samort biologique et à sa compaction.En revanche, la sciure est un excellent mulch pour empê-cher l'évaporation du sol sur les allées entre les buttes po-tagères, par exemple (puisqu'on ne cultive pas le sol desallées !).La sciure, encore plus que la paille, est aussi une excellentematière organique très carbonée (rapport C/N de plusieurscentaines) et très absorbante des liquides, ce qui en faitprobablement le meilleur moyen de transformer les urines(très azotées, rapport C/N=1) en fertilité.

Clé 11 : les graminées, quatrième et dernier cas de concur-rence potentielle. Là encore, les systèmes en permacultureet les systèmes régénératifs ne sont pas en mode concur-rentiel par les graminées, à condition de ne pas commettred'erreur de design.

En effet, le système passera en mode concurrentiel si lesgraminées sont mal gérées, à savoir si elles sont fauchéesou pâturées avant épiaison (alors qu’elles n’avaient pas en-core fait leurs épis), ce qui est hélas le cas général en agri-culture, arboriculture et gestion de jardins et espaces verts.Dans ce cas (fauchage ou pâturage avant épiaison), les gra-minées réagissent en multipliant le nombre de talles qu'ellesgénèrent et accroissant démesurément la surface de leursplateaux de tallage, ce qui aboutit à un feutrage par plateaux detallage pouvant être extrêmement concurrentiel pour les au-tres végétaux, y compris pour les arbres, avec pour consé-quences possibles le désaisonnement des fruitiers parexemple (certaines années sans fruits, ce qui est totalementanormal), de faibles récoltes et des fruits de mauvaise qua-lité, voire la mort précoce de certains arbres. C'est pourquoiil ne faut jamais associer pré (pâturé ou fauché/tondu)

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Graminées sur le bord d’un chemin

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et verger. Une autre conséquence de faire taller ainsi les graminéesest que le feutrage par plateaux de tallage peut être totalsur la surface de la parcelle avec un taux de recouvrementpar les graminées tendant vers 100%, ce qui signifie unequasi absence de plantes à fleurs colorées, telles que sa-lades sauvages, plantes médicinales et autres herbacéesutiles aux végétaux/insectes/animaux et à nous-mêmes.À l'inverse, ne pas faucher ni pâturer les graminées avantépiaison, et, mieux, les laisser monter à graines (et se res-semer à leur guise) aura pour conséquence le rétrécisse-ment des plateaux de tallage et à terme un taux derecouvrement par les graminées tendant vers 20% à peine,le reste étant progressivement colonisé par les plantes àfleurs colorées...C'est la seule façon possible de gérer l'enherbement spon-tané au sol sous les systèmes d'arbres de production (frui-tiers, «foodforest», forêts à bois et de récolte, etc.).Voilà donc onze clés simples qui permettent une haute pro-ductivité du système pour un faible travail. Le seul facteurlimitant est probablement dans nos têtes : on n’a peut-êtrepas assez d’imagination pour concevoir une telle diversitéet une telle densité ! Ni une telle productivité !

Conséquences d'une bonne utilisation de ces clés :- très peu de travail et forte productivité (en tout cas aprèsla transition),- peu de surface nécessaire pour une grande abondance,- pas de travail du sol,- pas de maladies, pestes ni ravageurs,- plus aucune mauvaise herbe,- aucun besoin de fertilisant, aucun besoin de pesticide,- sous multi-étagement : on peut produire sur plusieursétages sur la même surface au sol,- hyper-diversifié, hyper-densifié (dont de très nombreusesespèces compagnes et multi-usages),- sans concurrence pour l'eau et les nutriments,- et plus globalement système non concerné par les 4 casde concurrence usuels en agriculture,- ok sur pente,- sans irrigation,- sans désherbage, car il n'y a plus de mauvaises herbes,- et globalement système résilient (incluant incendie, inon-dation, vent, sécheresse...).

Qu’avez-vous envie de dire pour conclure ?«La forêt précède les peuples, le désert les suit» : comme le faisaitdéjà remarquer Chateaubriand avec cette phrase d'une in-croyable lucidité, et comme nous l'avons évoqué un peuplus tôt dans cet entretien, l'anthropocène apparaît au-jourd'hui comme une fin annoncée des principaux systèmes

vivants de la planète, ainsi que de notre propre espèce.Dans ce contexte des plus sombres, la permaculture ob-serve avec la même lucidité que «la différence entre la forêt et ledésert, ce n’est pas l’eau, mais l'homme», avec son agriculture et sesautres systèmes dégénératifs historiques (non soutenables).Elle propose alors une solution simple, rapide et efficace :leur substituer un système utilisant des forces spontanéeset gratuites - les processus régénératifs fondamentaux dessystèmes naturels, offrant ainsi une issue enthousiasmanteà l'humanité, et un futur juste à la Terre.«Alors que les problèmes du monde deviennent de plus en plus com-plexes, les solutions demeurent honteusement simples...», Bill Molli-son. n

Bibliographie :- Permaculture One : A pe-rennial Agriculture forHuman Settlements (1978),Bill Mollisson et DavidHolmgren- Permaculture Two : Practi-cal Design for Town andCountry in Permanent Agri-culture (1979), Bill Mollison(Ces deux livres sont gra-tuits en PDF sur internet) - Permaculture - A designer’sManual (1988), Bill Mollison- Permaculture : Principles and pathways beyond sustainabi-lity, David Holmgren- The Earth' user guide to permaculture, Rosemary MorrowVidéos :- (3min) «How to Repair the World» :www.youtube.com/watch?v=Gh8RpgtW4s0- (9min) Rosemary Morrow : «Qu'est-ce que la permacul-ture ?» : www.youtube.com/watch?v=y6j103TDhMg- (4min34) «Comment les loups changent les rivières ?»,un exemple d’interaction de plusieurs patterns : www.youtube.com/watch?v=rWOb8qKGbOUEn savoir plus :- Le site de Permaculture et reforestation sans frontières :www.permaculture-sans-frontieres.org- Facebook : www.facebook.com/PermacultureSansFron-tieres- Le site de Les Mains Sages - Permaculture : http://perma-culture.mains-sages.org- Site web de Robyn Francis : permaculture.com.au- Les travaux de Marc Bonfils, Lydia et Claude Bourguignon,Francis Hallé, Gérard Ducerf, François Couplan (www.cou-plan.com)...

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1 - Productivité : la productivité enpermaculture se mesure en énergietotale : c'est le rapport entre la pro-duction totale (output) du système oude la parcelle (exprimée en énergie)et l'énergie totale qui y est investie(input). Par exemple, les systèmes de produc-tion de la nourriture en permaculturesont très productifs : 10 à 15 caloriesproduites pour 1 calorie investie enmoyenne, soit un rapport output surinput très largement supérieur à 1(systèmes soutenables et régénératifs).Par comparaison, les différents typesd'agriculture ont une productivitémoyenne 150 à 300 fois plus faible : 1calorie produite pour 15 à 20 investiesen moyenne, soit un rapport outputsur input de 0,05 à 0,07, donc très in-férieur à 1 (d'où leur non soutenabilité).La productivité totale réelle est fon-damentalement liée à l'empreinteécologique (qui doit être partout lo-calement inférieure à 1).

2 - Soutenable/régénératif : soutena-ble, ou mieux régénératif, est le termeapproprié pour durable ou pérenne.Selon l'ONU, un système est soutenable(sustainable en anglais) s'il neconsomme pas les ressources des gé-nérations futures.La permaculture préfère une défini-tion énergétique précise : un systèmeterrestre (naturel ou humain) est sou-tenable s'il produit plus qu'il neconsomme (en énergie totale, soleilexclu...). C'est donc synonyme de ré-génératif.Un système non soutenable n'est pasdurable. Les systèmes naturels sontsoutenables et régénératifs. L'agricultureet les systèmes humains majeurs nele sont pas. Les systèmes en perma-culture sont justement conçus pourêtre soutenables/régénératifs (et donc pé-rennes).

3 - Résilient, homéostasique, auto-régulateur : signifie stable, résistantaux brusques variations : catas-trophes, sécheresses, inondations, in-cendies, froids, canicules, vents,pollutions, maladies, pestes et rava-geurs, conflits, perturbations so-ciales...Résilience, homéostasie et auto-régulationsont des propriétés spontanémentémergentes dans un système lorsqu'ilest bien conçu, soutenable/régénératif etsuffisamment diversifié.Les systèmes naturels sont résilients,homéostasiques et auto-régulateurs.L'agriculture et les systèmes humainsmajeurs ne le sont pas. Les systèmesen permaculture sont justementconçus pour être résilients, homéosta-siques et auto-régulateurs.

4 - Efficacité : il s’agit de minimiserle travail, l’énergie totale consom-mée, la complexité technologique, lamaintenance..., ainsi que les dysfonc-tionnements administratifs et socié-taux. Et de maximiser la productivitéet l’intelligence, ainsi que l'harmonieet le bon fonctionnement du corpssocial. Il s’agit de remplacer le travailpar de l’intelligence et de la connais-sance, et de faire travailler le systèmeà notre place. Voir aussi la note sur laproductivité.

5 - Design : design en permaculture si-gnifie à la fois conception, planifica-tion, organisation et aménagement(et n'a aucun rapport avec l'esthé-tique ni la décoration).Le design est le concept opérationnelfondamental en permaculture, quipermet de mettre en oeuvre leséthiques de la manière la plus effi-cace.Une autre définition de design, cohé-rente avec la première : le design estl'art de placer (ou de déplacer, ou de

faire se déplacer, ou de laisser se dé-placer...) les éléments du système auxbons endroits et aux bons momentsles uns par rapport aux autres de ma-nière à sur-multiplier les interactionsbénéfiques et maximiser l'efficacitédu système (productivité, soutenabilité,résilience).

6 - Pattern : le concept de pattern aune importance capitale en permacul-ture, tant pour l'observation éclairéeet la compréhension holiste des sys-tèmes naturels que pour le design dessystèmes humains.Il est lié à la façon dont les phéno-mènes se manifestent et interagissentpour tisser la réalité, incluant lescomportements du vivant. Les patternsapparaissent souvent les uns dans lesautres. L'interaction entre les patternsconstitue le coeur, le moteur du fonc-tionnement des systèmes naturels.Nous proposons la définition sui-vante pour exprimer ce que signifie leconcept de pattern au sens de la per-maculture : pattern : motif, cycle.Schème, structure, processus. Mo-dèle, canevas. Façon, manière,forme... Spatiale et/ou temporelle...sous laquelle les phénomènes se ma-nifestent et interagissent pour tisserla réalité, incluant les comportementsdu vivant.Les patterns sont universels : l'im-mense diversité et multiplicité descréations de l'univers (incluant laTerre et la vie sur terre, avec toutesses expressions) se manifestent selonun nombre étonnamment petit depatterns universels et partout présents,facilement observables lorsqu'on saitles identifier.Les patterns ont un sens. Ils sont liés àdes fonctions, sont associés de ma-nière déterminée et universelle à desordres…Ils sont fondamentalement liés

Notes..écologie ● ● à la découverte de la permaculture•27

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à la non-linéarité qui caractérise lesphénomènes naturels...Plus de détails sur les patterns, exem-ples d'interactions entre des pat-terns, voir la page internet : http://per-maculture-sans-frontieres.org.fr/pat-tern.

Voir aussi le livre de Peter S. Stevens :Patterns in nature (traduction françaisesous le titre Les formes dans la nature).

7 - Non-linéarité : la non-linéarité peutgrossièrement se résumer ainsi :lorsqu'on multiplie par 2 une cause,sa conséquence est multipliée parbeaucoup plus (ou beaucoup moins)

que 2. Ainsi, un petit changementpeut avoir des conséquences expo-nentielles. On peut aussi avoir desplateaux, des seuils, des «courbes enclôche», etc.La permaculture exploite ce phéno-mène pour sur-multiplier son effica-cité.

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écologie ● ● à la découverte de la permaculture• 28

Les prochaines formationsDu 10 au 26 novembre : à Montescot(66) près de Perpignan : «Permacultureet systèmes de culture régénératifs».Formateurs : Éric Escoffier et SylvaineAnani (Les Mains Sages - Permacul-ture)Plusieurs modules successifs sont pro-grammés, couvrant notamment les do-maines suivants (non exhaustif) :bases de botanique et de détermina-tion des plantes, plantes sauvages co-mestibles et utiles, définitions etfondamentaux de la permaculture(contexte, histoire, définitions,éthiques, modèles, principes, mé-thodes, productivité, exemples etanecdotes, formations et cursus, etc.),clés pour la gestion de l'eau, des

pente, de l'érosion et des inondations,systèmes de culture régénératifs (5,5jours), analyse des ressources natu-relles et pré-analyse de site, potagersur buttes pérennes.Vous pouvez consulter le contenu dé-taillé de chaque module sur la page«Contenus des formations» de notresite internet.

Du 28 novembre au 3 décembre àMontescot également : 5 formationsd'une journée chacune sur des thèmesconnexes à la permaculture : «Struc-tures et habitat bioclimatiques et effi-cacité énergétique» par BertrandOllivier, «Spiruline, algoculture, aqua-culture et aquaponie naturelles et in-

tégrées» également par Bertrand Olli-vier, «Sensibilisation aux probléma-tiques de survie : bases contextuelleset théoriques + divers ateliers pra-tiques (notamment, allumer un feu enconditions de survie)» par PhilippeCailllaud, «Argile et santé naturelle auquotidien, + boire, se nourrir et se soi-gner en conditions de survie» par JadeAllègre, formation sur la greffe parMaurice Chaudière (à confirmer), ainsiqu'une balade botanique et plantescomestibles par Éric Escoffier.

Tous les détails sur ces formationssont consultables sur notre calendrieren ligne : www.permaculture-sans-frontieres.org/fr/calendrier-formations

Un exemple d’interactions entre patterns

Comment les loups changent les rivières, interaction de plusieurs patterns :Écologique : les proies fuient les lieux exigus si des prédateurs sont présents dansl’écosystème ;Topographique : les lieux exigus dans la nature sont les gorges et les vallées, c’est-à-dire ceux où l’eau est la plus présente ;Biologique : les endroits où l’eau est la plus présente sont particulièrement importants pour les herbivores ;Dynamique des écosystèmes : ce sont justement ces lieux qui font la grande différence de dynamique et ce,de manière non linéaire ;Biologique (2) : les herbivores, quand trop nombreux, détruisent les peuplements végétaux par surpâtu-rage ;Et plus généralement, tous les patterns d’interaction entre la dynamique des peuplements végétaux, le reliefet l’hydrologie, puis les peuplements animaux.Source : Permaculture et reforestation sans frontières (www.permaculture-sans-frontieres.org/fr/pattern)

dossier EMI et physique quantique29

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● Expériences de mort imminente : et s’il existait une forme de vie après lavie ?

● Christine Audry et Stéphane Drouet : «La Vie après la vie, perspectives de la physiquequantique»

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Dossier réalisé par Myriam Marino

43 ● Dr Jean-Jacques Charbonier : «Les récits d’EMI changent radicalement notre regardsur la vie et la mort»

Le Dr Philippe Charlier, médecinet archéologue, semble avoirdécouvert la plus vieille descrip-

tion médicale de Near Death Expe-rience, NDE, ou EMI, ou plusexactement, comme le souligne per-tiemment le Dr Jean-Jacques Charbo-nier (que nous interviewons ensuite),expérience de mort provisoire. Elle re-monte au XVIIIe siècle et est l’œuvrede Pierre-Jean du Monchaux. Une des-cription rapportée dans : Anecdotes demédecine ou choix de faits singuliers qui ontrapport à l’anatomie, la pharmacie, l’histoirenaturelle, et auxquelles on a joint des anec-dotes concernant les médecins les plus célèbres(Lille, J.B. Henry, 1766. tome I, p. 43-5).Une petite perle.Pierre-Jean du Monchaux (1733-1766),un médecin du Nord de la France, dé-

cédé d’une fièvre à l’âge de 33 ans surl’île de Saint Domingue, décrit ceci :

«Monsieur L.C., l’un des plus célèbres apo-thicaires de Paris a eu en Italie, il y a 25 ans,une fièvre maligne, et a été traité par des mé-decins et des chirurgiens français, et a subi denombreuses pertes de sang. Après la dernièresaignée - qui fut très importante - il eut unesyncope et resta inconscient si longtemps queles assistants furent particulièrement inquiets.Il indiqua qu’après avoir perdu toutes les sen-sations extérieures, il vit une telle lumière pureet extrême qu’il pensa qu’il était au Ciel (litté-ralement : au Royaume des Saints). Il se rap-pela très bien cette sensation, et affirma quejamais de toute sa vie il n’avait eu un meilleurmoment. D’autres individus de différents âgeset sexes ont rapporté une sensation très simi-laire dans les mêmes circonstances. Ces obser-vations semblent être comparables à celles d’unthéologien du XIIe siècle, qui a dit qu’au mo-ment où la dissolution de notre corps•••

Expériences demort imminenteEt s’il existait une forme de vieaprès la vie ?La NDE a été décrite scientifiquement comme «un événement psycho-logique profond avec des éléments transcendantaux et mystiques», sui-vant une crise potentiellement mortelle (réanimation principalementcardio-pulmonaire) : la conscience d’être mort, des émotions positives,une expérience de sortie de corps, le sentiment de se déplacer à traversun tunnel, la communication avec la lumière, l’observation de couleursd’un paysage céleste, la rencontre avec des personnes décédées, la revuede vie, la présence d’une limite1... Et si la mort n’était pas une fin ?

1 - Introduction de l’étude du Dr Philippe Charlier, présentant la description la plus ancienne d’une NDE, Near Death Experiment, EMI, ex-périence de mort imminente en français : «Oldest medical description of a near death experience (NDE), France, 18th century, Philippe Charlier,Resuscitation, septembre 2014

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30 dossier ● ● ● expérience de mort imminente •

Détail du tableau de Jérôme Bosch : Ascension vers l’Empyrée,1500-1503

(© Archive.org - Book contributor : Fisher - University of Toronto. Digitizingsponsored by University of Ottawa)

dossier ● ● ● expérience de mort imminente 31•

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•••et de notre âme approche, cette dernière estéclairée par un rayon de lumière primaire (lu-minositas lucis primae) ?».En comparant ce cas avec d’autres cassimilaires causés par la noyade, l’hy-pothermie et la pendaison, l’auteur -un médecin militaire -, précise le DrCharlier, a suggéré une explicationneurophysiologique : «Dans tous cesexemples, la cause de la sensation agréablesemble être la même. Les effets des liens, dufroid, de la pression de l’eau environnante, ladépression due à une saignée importante, ex-cluent tout à fait entièrement les veines cuta-nées de sang ou en laissent une très petitequantité. Qu’advient-il alors ? Tout le sang etles humeurs coulent abondamment et tran-quillement dans les vaisseaux internes, en par-ticulier les vaisseaux cérébraux, à l’abri detoute compression extérieure. Et c’est précisé-ment cette effusion de sang qui excite toutes cessensations vives et fortes ; c’est sa distribution(vasculaire cérébral) calme et égale qui rendcette sensation plaisante». Une théorie «encontradiction totale avec la théorie ac-

tuelle de la diminution de la perfusioncérébrale entraînant l’hypoxie céré-brale locale, mais peut être expliquéepar la période historique, c’est-à-direle début précoce des explorations phy-siologiques de l’organisme humain,souligne le Dr Charlier.Puisque nous évoquons la théorie del’hypoxie pour expliquer les NDE, si-gnalons que le Dr Jean-Jacques Char-bonier pense qu’elle ne tient pas laroute. Il rappelle dans son ouvrage Les7 bonnes raisons de croire à l’au-delà quel’hypoxie (manque d’oxygène) et l’hy-percapnie (excès de gaz carbonique)«produisent des tableaux cliniques particuliersassez typiques regroupant une lenteur d’idéa-tion, une irritabilité, des difficultés de concen-tration et des troubles de la mémoire, bref descomportements qui contrastent énormémentavec la perception et la clarté mentale de ceuxqui vivent une NDE». Nous décrivonstout ceci en détail ensuite. Il met à cepropos en avant le cas très intéressantrapporté par Pim van Lommel, cardio-

logue des Pays-Bas, d’un homme donton avait mesuré les taux sanguins enoxygène et en dioxyde de carbone aumoment précis de sa NDE, secondaireà un arrêt cardiaque. «Alors qu’il semblaittotalement inconscient, le patient a clairement«vu» le médecin qui lui introduisait l’aiguilledans son artère fémorale pour analyser les gazsanguins». Or, les résultats de cet exa-men étaient tout à fait normaux : ni hy-poxie ni hypercapnie. «Le fait que cetexamen se soit déroulé au moment même dela NDE - puisque le patient se trouvait en de-hors de son corps pour observer la scène - dé-montre bien que les NDE ne sont pas plussecondaires à un manque d’oxygène qu’à unexcès de gaz carbonique», conclut le DrCharbonier. Pour Pim van Lommel (voir encadré ci-dessous), «la NDE est une expérience au-thentique qui ne peut être attribuée àl’imagination, la psychose ou la privationd’oxygène. Après une telle expérience profonde,la personnalité des patients a subi un change-ment permanent».

Au cours de la phase pilote de l’étude de Pim van Lommel*dans l’un des hôpitaux, une infirmière de l’unité de soins co-ronariens a rapporté une expérience véridique de sortie decorps d’un patient réanimé :«Au cours d’un poste de nuit, une ambulance apporte uncyanosé âgé de 44 ans, un homme dans le coma, à l’unité desoins coronariens. Il avait été retrouvé environ une heureavant dans une prairie par des passants. Après l’admission, ilreçoit la respiration artificielle sans intubation, tandis que lemassage cardiaque et la défibrillation sont également appli-qués. Lorsque nous voulons intuber le patient, il se révèleavoir des prothèses dentaires dans la bouche. Je retire cesprothèses supérieures et les mets dans le chariot. Pendant cetemps, nous continuons la réanimation cardio-pulmonaire(RCP). Après environ une heure et demie, le patient a unrythme cardiaque et une pression artérielle suffisants, maisil est toujours ventilé et intubé, et il est toujours dans lecoma. Il est transféré à l’unité de soins intensifs pour conti-nuer la respiration artificielle nécessaire. Seulement aprèsplus d’une semaine puis-je rencontrer à nouveau le patient,qui est maintenant de retour dans le service de cardiologie.Je distribue ses médicaments. Dès qu’il me voit, il dit : «Oh,cette infirmière sait où sont mes prothèses». Je suis très sur-prise. Puis il m’éclaire : «Oui, vous étiez là quand j’ai été

amené à l’hôpital et vous avez enlevé les prothèses de mabouche et les avez mises dans ce chariot, il y avait toutes cesbouteilles dessus, et il y avait ce tiroir coulissant en dessouset vous avez mis mes dents ici». Je suis particulièrementétonnée parce cela est arrivé alors que l’homme était dansun coma profond et dans le processus de RCP. Quand je lequestionnais un peu plus, il apparut que l’homme s’était vului-même couché dans le lit, qu’il avait perçu de là-haut àquel point les infirmières et les médecins étaient occupéspar la RCP. Il a également été en mesure de décrire correcte-ment et en détail la petite pièce dans laquelle il avait été réa-nimé, ainsi que l’apparence des personnes présentes, commemoi. Au moment où il observait la situation, il avait très peurque nous arrêtions la RCP et qu’il meure. Et il est vrai quenous avions été très négatifs dans le pronostic du patient enraison de son état de santé pauvre quand il a été admis. Lepatient me dit qu’il a essayé désespérément et sans succèsde nous faire comprendre qu’il était encore en vie et quenous devions continuer la RCP. Il est profondément impres-sionné par son expérience et dit qu’il n’a plus peur de la mort.Quatre semaines plus tard, il a quitté l’hopital comme unhomme en bonne santé».* Near-death experience in survivors of cardiac arrest : a prospective

study in the Nederlands, Pim van Lommel et al., The Lancet, 2001

Un exemple de NDE

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dossier ● ● ● expérience de mort imminente •

Le patient dont il est raconté la sortiede corps ne voulait pas mourir, il avaittrès peur que l’on arrête la réanima-tion. D’autres personnes ayant vécuune NDE rapportent ce même témoi-gnage, cette même crainte de ne pasêtre «récupérées» par l’équipe médi-cale. Mais pas toutes. Dans beaucoupde cas, en effet (nous le verrons en-suite), les personnes «rattrapées» parla réanimation décrivent une immensetristesse, nostalgie, de quitter cette lu-mière d’amour, pour réintégrer leur en-veloppe charnelle. Tel Lazareressuscité puis rendormi par le Christà sa demande... «O maître, pourquoim’as-tu réveillé ? Pourquoi cette cruauté d’ar-racher le pauvre mort à sa joie de goûter l’éter-nité du sommeil ?», implore-t-il dans lepoème lyrique Lazare d’Émile Zola(1840-1902). Le compositeur AlfredBruneau (1857/1934) en a fait uneœuvre musicale, à la demande deZola. Ce dernier ne l’entendra jamais.C’est en effet en 1902, mais après lamort de l’écrivain, que Bruneau com-mença la composition de Lazare.Dans cette œuvre, Lazare dit à son fils :«La vie, oh ! Je l’ai aimée de tout mon effort,de toute ma passion. J’ai vécu comme on aime,je me suis donné tout entier à la joie d’être. Etc’est ainsi, mon enfant, que tu vivras en conti-nuant ma besogne !... Moi, j’ai fait ma tâche,et je me suis couché, le soir venu, et personnen’avait le droit de me réveiller de mon sommeil,

de mon bon sommeil». Puis à la fin, Lazarese rendort, «heureux à jamais pour l’éter-nité»...

Vers la possibilité d’une formed’après-vie...Ainsi que Pim van Lommel l’introduitdans son étude, les expériences demort imminente se produisent avecune fréquence croissante en raison del’amélioration des taux de survie résul-tant de techniques modernes de réa-nimation. Ces phénomènes font l’objet d’étudesscientifiques très sérieuses. Pim vanLommel faisait part en 2001 dans sonétude des différentes théories propo-sées pour expliquer les NDE. Certainspensent que l’expérience est causéepar des changements physiologiquesdans le cerveau tels que les cellules ducerveau meurent à la suite d’uneanoxie cérébrale. Comme nous l’avonsdéjà évoqué. D’autres théories englobent une réac-tion psychologique à l’approche de lamort ou la combinaison d’une telleréaction et de l’anoxie.De telles expériences pourraient aussiêtre liées à un changement d’état deconscience (un état modifié deconscience, une transcendance), danslequel la perception, le fonctionne-ment cognitif, l’émotion et le sens del’identité fonctionnent indépendam-

ment de la conscience de veille nor-male liée au corps. Cette dernière «théorie» est particuliè-rement intéressante et se rapprochecertainement plus de la «réalité».Comment expliquer que ce patient aitvu l’infirmière mettre son dentier dansle tiroir du chariot alors qu’il était dansun coma profond et en plein processusde réanimation ? Comment expliquer la «formidableacuité» (vision à 360° à travers la ma-tière et à distance, sens et perceptionsdécuplés...), pour reprendre les termesdu Dr Jean-Jacques Charbonier, decette conscience qui se poursuit en de-hors de tout fonctionnement cérébral... si ce n’est en avançant la possibilitéque la conscience ne se situe pas auniveau du cerveau ? Qu’elle est délo-calisée : une conscience de naturequantique...Plongée dans le monde merveilleuxde ces expériences transcendantesavec Christine Audry et StéphaneDrouet, puis le Dr Jean-Jacques Char-bonier. Une invitation à «ouvrir nos consciences àl’existence d’autres dimensions de la réalité etde l’Univers», comme le dit très bienStéphane Drouet. «Ces témoignages sontporteurs d’un message essentiel et vital surla nature de notre essence, de notreconscience et sur le sens de la Vie, de nos viessur Terre». n

Death of the strong, wicked man, fromBlair’s «grave» Engraving by L. Schiavo-netti after design made by Blake. Publi-shed 1808

33 dossier ● ● ● EMI et physique quantique•

«La Vie après lavie, perspectivesde la physiquequantique»

Christine AudryStéphane Drouet

Christine Audry est praticienne en psychothérapie et hypnothérapeute. Elle pratiquel’hypnose ericksonienne et humaniste. Elle s’intéresse aux NDE Near Death Experience,expériences de mort imminente (EMI) en français depuis quelques années et proposedes conférences sur le sujet la plupart du temps en binôme avec Stéphane Drouet.Stéphane Drouet est coach et psychopraticien, spécialisé en neurosciences et physiquequantique. Il anime des séminaires et conférences autour de ces disciplines combinéeset forme des praticiens de la santé et de l’accompagnement à cette approche pluri-disciplinaire autour de la pensée. Stéphane, à l’époque consultant, a vécu en 2006 uneexpérience d’état modifié de conscience très déstabilisante, qui l’a amené à se poserdes questions déterminantes pour sa vie future : qui suis-je ? Quelle est la nature dela matière et de la pensée ? Sommes-nous autre chose que de la matière ? Attaché àconserver une démarche scientifique dans ses recherches et expériences, même enlien avec l’invisible, Stéphane a trouvé des réponses à travers ses trois passions. C’estce qu’il partage dans cet article.

Enquêtes de santé : Avant de voir précisément ce qui sepasse au cours d’une expérience de mort imminente(EMI), pouvez-vous nous présenter le sujet en quelquesmots ? Christine Audry : Tout d’abord, on utilise généralement leterme d’EMI, expérience de mort imminente, mais il seraitplus exact de parler de mort temporaire ou provisoire.Les EMI sont un phénomène étudié très sérieusement auniveau scientifique et médical. Nombre d’études sont pa-rues sur le sujet et des recherches sont menées dans plu-sieurs pays, notamment aux États-Unis. Ces phénomènes concernent entre 40 et 60 millions de per-sonnes dans le monde : beaucoup plus de personnes dansl’hémisphère nord où les centres de réanimation en centreshospitaliers sont plus nombreux que dans l’hémisphèresud. En effet, ces expériences sont vécues la plupart dutemps par des personnes en danger de mort, soit lors d’uneintervention chirurgicale, d’un accident ou d’un arrêt car-diaque et ces personnes sont ensuite réanimées. Les expérienceurs (c’est ainsi que l’on appelle les per-sonnes vivant cette expérience) font état d’un même vécu

au-delà de la culture, de la religion, de l’âge des patientsou des conditions du décès temporaire.On définit la mort clinique comme «l’arrêt complet et définitifdes fonctions vitales d’un organisme vivant, suivi de la destruction pro-gressive de ses tissus et organes». Les expérienceurs sont «mortscliniquement» : on constate un arrêt cardiaque (Électrocar-diogramme, ECG, plat), suivi, dans les 15 secondes, d’unarrêt des oscillations électriques au niveau cérébral (Élec-troencéphalogramme, EEG, plat). C’est intéressant car il semble que la conscience continuede fonctionner puisque les expérienceurs ramènent un vécusouvent très précis de leur voyage, qui suit toujours à peuprès la même séquence événementielle.

Stéphane Drouet : Dans les années 1980-1990, le biophy-sicien Fritz Albert Popp a démontré que nos cellules, à tra-vers leur ADN, émettent en permanence des particules delumière qu’il a appelé biophotons. Notre cellule, lorsqu’ellea besoin de rééquilibrer son milieu intérieur, en cas destress notamment, va émettre des biophotons via son ADN,pour se remettre à l’homéostasie. •••

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dossier ● ● ● EMI et physique quantique 34•

Ces biophotons sont issus notamment de notre alimenta-tion biologique et notre captation de la lumière solaire.Lors d’un stress accru qui devient permanent, Fritz Poppnote un pic soudain de biophotons, puis plus rien. Se met-tent alors en action les symptômes et les pathologies. Cedernier sursaut semble correspondre à une forme de «cride désespoir» de la cellule qui ne trouve plus de solutions.Fritz Popp note le même pic lors du dernier soupir d’un êtrehumain. Un grand pic de biophotons puis plus rien.

EDS : Quelle est cette séquence événementielle ?C. A. : La sortie de corps

Elle est rapportée par 60% des expérienceurs. Ils décriventsortir de leur corps sans éprouver de douleur ou d’angoisse,ni aucune souffrance de quitter ce monde malgré des liensaffectifs souvent très forts avec leur famille, leur conjointou leurs proches. La sortie de corps se vit de façon sereine,la personne se voit comme au-dessus d’elle-même pendantque le personnel médical tente de la réanimer. L’expérienceur découvre alors un état inconnu. Ses percep-tions sont démultipliées, extraordinairement performantes,avec une vision à 360° à travers la matière et à distance,ainsi que la possibilité de se déplacer vers l’infiniment petitcomme vers l’infiniment grand. Il se déplace instantané-ment dans l’endroit de son choix avec une extraordinairecapacité de clairvoyance.Les expérienceurs peuvent entendre et voir leur environne-ment proche et lointain : on peut ensuite vérifier la véracitéde leurs dires. Tous les sens sont décuplés : rien à voir avecceux que nous utilisons dans notre vie quotidienne. C’estquelque chose de difficilement traduisible par des mots :les expérienceurs ont en effet beaucoup de difficultés à dé-crire leur véritable ressenti spatio-temporel de l’expérience.

La télépathie Les expérienceurs ont la capacité de deviner les pensées del’entourage. Vous savez que nous pensons avec des mots

et des phrases entières : ce sont ces mots et phrases quisont entièrement captés avec beaucoup de précision.L’expérienceur communique de façon subtile. Il est « bran-ché » sur une autre longueur d’ondes, celle qui induit et gé-nère les pensées. Il a en outre la capacité d’être émetteuret récepteur sue cette longueur d’ondes.

S. D. : Vous-êtes vous demandé comment nous captionsles pensées et les idées des autres êtres humains ? Qui n’apas capté la même pensée qu’un autre camarade, compa-gnon ou ami, au moment où il l’exprimait ? Ou reçu un SMSau moment où il pensait à la personne en question ? Cesexpériences sont courantes. David Bohm, physicien de lafin du siècle dernier, émettait déjà l’hypothèse que notreADN, par sa structure cristalline, se comporte comme uneantenne qui émet et reçoit des ondes avec son environne-ment. Nathan Cohen, également physicien, spécialiste desfractales, formes auto-répliquées mathématiques, va dé-montrer à la fin du 20ème siècle, que les structures fractalesfacilitent la captation d’une très large bande passante. Orl’ADN est fondamentalement fractal. Ce qui nous permet-trait de communiquer à distance entre nous. Via les travauxd’Ervin Laszlo, physicien, nous savons également, que toutce qui a existé dans cet univers est conservé sous forme demémoire holographique, dans un champ d’information etd’énergie immatériel dont nous sommes entourés et fai-sons partie. Le potentiel de notre ADN serait donc stockédans le champ quantique et pourrait continuer à agir sousforme de «mémoire dynamique» dans un autre espace-temps après la mort. Ce qui expliquerait, selon lui, égale-ment notre capacité à échanger avec des défunts, avec leurmémoire dynamique stockée sous forme d’information etd’énergie.

C. A.: La rétrocognition L’expérienceur a la capacité de se souvenir de tous les évé-nements de sa vie dans les moindres détails, y compris lesévénements oubliés. Une sorte de revue de vie où il revisitetoute sa vie en ressentant, à travers son propre filtre, toutle bien et tout le mal qu’il a pu faire aux autres. Il fait l’ex-périence que nous sommes tous reliés : le bien que l’on faità une personne nous fait du bien, tout comme le mal quenous faisons nous fait du mal., Il n’existe pas alors de jugeou d’autorité Supérieur(e) capable de culpabiliser l’expé-rienceur, c’est plutôt une sorte d’autocritique. L’expérien-ceur comprend alors les conséquences de ses actes surl’autre, actes qui pouvaient paraître insignifiants et qu’ilavait souvent totalement oubliés. Souvent, les expérien-ceurs se retrouvent face à deux questions : qu’as-tu fait pourles autres ? Comment as-tu aimé les autres ? Peut-être est-ce cela le cœur profond de l’expérience.•••

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35 dossier ● ● ● EMI et physique quantique•

La précognitionC’est un phénomène plus rare : l’expé-rienceur reçoit des informations concer-nant son futur. C’est l’expérience qu’avécue Nicole Dron, par exemple, qu’elleraconte dans son livre 45 secondes d’éternité(Éditions KYMZO). Elle a eu accès à desinformations durant son EMI qu’elle a puvérifier tout au long de sa vie. Cela a étéassez difficile pour elle car il s’agissait dedécès concernant des membres de sa fa-mille.

Cette séquence événementielle ne se dé-roule pas toujours dans le même ordrechronologique. La télépathie, la rétroco-gnition et la précognition peuvent arriveravant ou après l’épisode du tunnel, quenous allons voir maintenant.

Le tunnelC’est une étape extrêmement fréquente.L’expérienceur dit s’être senti aspiré ouattiré avec une force invincible, à une vi-tesse incroyable, extrêmement rapide,dans un trou noir, obscur. Cette étapepeut se vivre dans un silence total, oubien les expérienceurs entendent deschants religieux, des mélodies, des cho-rales liturgiques, des carillons, des mu-siques très agréables et mélodieuses, d’une beauté et d’uneintensité qui ne sont pas de ce monde. De retour «surterre», certaines personnes ont même recherché toute leurvie ces musiques en assistant à des chants dans les égliseset cathédrales, mais elles ne les ont jamais retrouvées…Elles ne sont pas de ce monde.

La lumièreElle est au bout du tunnel. Une étape où prédominent ceque les expérienceurs appellent l’amour inconditionnel etle phénomène d’omniscience. Cet amour inconditionnel estressenti comme très intense et difficile à décrire avec nosmots humains. Il repose sur le don et le partage, et n’aaucun lien avec notre conception humaine de l’amour sou-vent associé à la possessivité, l’exclusivité, l’attente, la ja-lousie… L’amour inconditionnel n’attend rien en retour.L’amour EST simplement.

S. D. : Ce phénomène de «neutralité quantique», qui cor-respondrait à cet état inconditionnel, est un phénomènequi serait très proche de l’expérience de «l’annihilation du

photon» proposée par le physicien Ri-chard Feynman, où l’on constate quelorsque l’électron se sépare en deux par-ticules positive (positron) et négative(électron négatif), ces deux particules,lorsqu’elles se retrouvent pour former unnouvel équilibre, émettent une particulephotonique, comme une décharge de lu-mière.

C. A. : Le phénomène d’omniscience sevit dans cette lumière. Au contact decette dernière, l’expérienceur a pu seconnecter à la connaissance, aux lois in-trinsèques à l’univers ; l’expérienceur dittout comprendre, tout savoir et toutconnaître en même temps. C’est uneétape très puissante, très bien décrite parle Dr Eben Alexander, neurochirurgienaméricain, qui a vécu une expérience unpeu différente au cours de son EMI (il ladécrit dans : La preuve du paradis, ÉditionsGuy Trédaniel).

S. D. : Nous savons aujourd’hui via denombreuses études de physique quec’est dans de hauts états de cohérence,lorsque toutes nos ondes cérébralesémettent sur une même fréquence, sansdistorsion, que nous sommes en mesure

de communiquer avec le champ quantique et recevoir del’information. C’est comme si alors toutes nos pensées neformaient plus qu’une seule, comme les états de cohérenceque nous constatons dans les bancs de poissons ou lesnuées d’étourneaux.

C. A. : Au contact de cette lumière, les expérienceurs fontétat de rencontres avec des entités, des proches, des amisdécédés ou même de simples connaissances, mais aussiparfois avec des guides, des anges ou des êtres de lumière.Plus rarement, ils rapportent des rencontres divines : avecDieu, Marie, Jésus ou Bouddha.Ils reçoivent des messages réconfortants ou encourageantspour leur vie sur terre. Des messages bienveillants, conseil-lant le don de soi, l’amour et la bonté.Il peut arriver que les entités leur disent que ce n’est pasencore le moment de quitter leur vie terrestre.

La limite Et là, ils rencontrent une limite : elle peut être matérialiséepar un mur, une haie, une rivière ; ou cette limite

Tableau de Jérôme Bosch : Ascension vers l’Empyrée,1500-

1503

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dossier ● ● ● EMI et physique quantique 36•

peut être aussi symbolique. L’expérienceur sait ici qu’iln’est pas autorisé à franchir le point de non-retour. Cela se passe ainsi dans la plupart des cas, mais il arriveparfois que la personne ait le choix de rester ou de revenirsur terre.

Le retourL’expérienceur quitte la lumière pour réintégrer son corpsterrestre. Une étape vécue avec beaucoup de tristesse et denostalgie tant il est difficile alors de quitter cette Lumière.La personne retrouve alors les douleurs physiques et lessouffrances psychiques liées à son état. À ce moment, lesexpérienceurs réincorporent leur corps, disent-ils, commeune main enfile un gant, avec un profond regret de quitterce lien d’amour vécu très intensément.Beaucoup d’expérienceurs témoignent que cette rencontreavec cette lumière a été pour eux beaucoup plus intenseque toute une vie passée sur terre.

Les transformationsLes expérienceurs ne conçoivent plus la vie comme avant.Ils sont détachés des valeurs matérielles. Ils sont dansl’échange et la communication avec les autres, se tournentvers des missions humanitaires ou caritatives. On assiste àun élargissement et un déploiement de la conscience.Certains expérienceurs font souvent face à une incompré-hension de la part de leur entourage ; ce qui peut conduireà des séparations, des changements professionnels, leursvaleurs ayant radicalement changé. On dit souvent qu’il y aun avant et un après EMI. C’est l’autre versant de la vie…où l’on voit donc que lorsque l’on parle d’expérience demort temporaire, on parle de vie !Enfin, certains expérienceurs développent des facultés pa-ranormales et deviennent magnétiseurs, guérisseurs, mé-diums, alors que qu’ils n’étaient pas intéressés par cesdomaines auparavant.

S. D. : De nombreuses autres études, rapportent nos facul-tés à communiquer à distance, notamment à travers lesondes scalaires du professeur K. Meyl, portées par des neu-

trinos (particules neutres), qui traversent la matière et quis’échangent de l’information à distance quelque soit la dis-tance. À distinguer des ondes électromagnétiques vivantesqui, elles, interagissent sur quelques mètres. Nous commu-niquons dans l’invisible. Dans les années 1980, les expé-riences d’Alain Aspect, physicien français, avaient déjà misen évidence la communication à distance entre les parti-cules, de manière instantanée, via le phénomène d’intrica-tion entre des particules jumelées et séparées de plusieursmillions de kilomètres. Aujourd’hui, nous savons qu’ellesle font via des «trous de ver», des trous d’espace-temps.

C. A. : On peut retrouver toutes les étapes que je viens devous évoquer dans le livre du Dr Jean-Jacques Charbonier :Les preuves scientifiques d’une vie après la vie (Éd. Exergue). Je re-commande vivement les différents ouvrages de ce médecinanesthésiste et réanimateur, spécialiste des EMI en France.

Je terminerai en soulignant que certaines personnes nepeuvent pas faire part de cette expérience par peur d’êtreincompris ou de passer pour folles. Elles peuvent donc serefermer sur elles-mêmes et devenir dépressives ou plusgrave encore développer des maladies psychiatriques.C’est pourquoi je pense qu’il est important d’informer surce type d’expériences en étant attentif, à l’écoute et sansjugement. Les EMI concernent tout de même 4% de la po-pulation européenne et nord-américaine !C’est aussi pour cette raison que j’anime des conférencessur ce sujet : il faut diffuser l’information.Beaucoup de groupes de paroles se sont déjà créés dansles grandes villes, et des associations proposent de parta-ger sur ces expériences.

EDS : Certains expérienceurs vivent des EMI négatives…C. A. : Il semble en effet que dans 4 à 11% des cas, les EMIsoient négatives, l’expérienceur décrivant des visions apo-calyptiques, des lacs de feu, une sorte d’enfer avec un vécutrès angoissant. Plusieurs études ont été menées pour es-sayer de comprendre la cause de ces témoignages angois-sants. Il semble qu’il y avait plus d’EMI négatives

«Le bon usage des ondes longitudinales - scalaires,quelle qu’en soit la vitesse, créées par un appareilou bien par la pensée, est un bon moyen - simpleet efficace - d’apporter de la lumière et donc del’énergie aux tissus et aux organes d’une personnemalade», Pr Konstantin Meyl.

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chez les personnes souffrant d’états dépressifs, les suici-daires ou les toxicomanes ; en résumé, des personnes ayantdes visions négatives de la vie. Dans son ouvrage Les preuvesscientifiques d’une Vie après la vie, le Dr Charbonnier expliquequ’une étude récente faite sur un plus grand échantillon dela population a prouvé que c’était contestable : il n’existe-rait aucun facteur prédictif pour vivre ce genre d’expériencenégative.Cela dit, on observe tout de même, que les expérienceursconcernés par ces EMI négatives vivent aussi par la suitedes transformations positives derrière cette expérience. Lespersonnes reprennent goût à la vie et profitent de chaqueinstant. Elles se détachent aussi de l’aspect matériel deschoses, comprenant que l’amour est la valeur essentiellede la vie, et se tournent vers les autres.

EDS : Des récits d’EMI ont-ils aussi été rapportés chezles enfants ?C. A. : Oui. Des enfants et des adolescents ont aussi vécudes EMI. Les enfants les rapportent avec leurs mots, maisl’on reconnaît tout à fait les étapes que vivent les adultes. Et, ce qui est assez incroyable et surtout très beau, ce sontles EMI chez les aveugles de naissance, qui n’ont donc ja-mais vu, et qui rapportent un vécu avec des images : la salled’opération, l’équipe médicale œuvrant autour de leurcorps, etc. Il s’agirait alors d’une «vision» liée à cette autredimension…

EDS : Assez incroyable également : pouvez-vous nousparler de ce que l’on appelle les expériences de mortpartagée ?C. A. : Le psychiatre américain Raymond Moody, qui a étéle premier à mettre en lumière le phénomène des EMI en1975 avec la publication de son livre La vie après la vie (Édi-tions J’ai lu), a co-écrit (avec Paul Perry) un ouvrage très in-téressant à ce sujet : Témoins de la vie après la vie : enquêtes surles expériences de mort partagée (Éditions Robert Laffont, 2010).Des personnes rapportent en effet avoir assisté au décès,disons plus exactement au départ de leur parent alorsqu’elles étaient à leur chevet, voyant le tunnel se dessiner,la lumière au fond de celui-ci, et leur parent empruntant le

tunnel. Elles revoient comme un film la vie du mourant…Le Dr Jean-Pierre Postel, par exemple, médecin anesthé-siste-réanimateur a vécu cette expérience. Il raconte son ex-périence de mort partagée avec son père dans son ouvrageLa mort a-t-elle un sens ? Itinéraire d’un anesthésiste (Éditions S17Productions). Lui-même, son épouse, médecin, et l’un deses fils, alors étudiant infirmier, ont tous trois assisté au dé-part de son père. Le Dr Olivier Chambon, psychiatre, raconte quant à lui desexpériences extraordinaires autour de la mort, ce sous laforme d’une interview avec William Belvie, dans son ou-vrage Expériences extraordinaires autour de la mort - Réflexion d’unpsychiatre sur la science et l’au-delà (Éditions Guy Trédaniel). Unouvrage simple, accessible et passionnant. Il y est réperto-rié tous les phénomènes péri-mortels (PMM) : les NDE(EMI), les NDA (Near Death Awareness : conscience accrueau seuil de la mort), les ADC (After Death Communication :communications spontanées avec les morts), et enfin lesIADC, communications induites avec les morts. Le Dr Chambon parle de la nécessité de l’émergence d’unescience nouvelle que l’on pourrait appeler une science in-tégrative associant le monde sensible et matériel, et inté-grant tout ce monde de l’invisible. En font partie les étudessur les états modifiés de conscience (EMC) induits par laprière, la méditation, l’hypnose, la prise de psychédéliques,la respiration holotropique ; ces deux derniers points ayantété très étudiés en particulier par Stanislav Grof, psychiatretchèque. Nous le verrons un peu plus en détail par la suite.D’une manière générale, ces phénomènes nous parlent dela preuve de la survie de la conscience après la mort phy-sique, c’est-à-dire avec un ECG et un EEG plats. Ces per-sonnes sont mortes temporairement. Et l’on ne peut pasvraiment parler d’hallucinations, puisque le cerveau nefonctionne plus…On serait donc face à une sorte d’autonomie de laconscience qui est comme délocalisée, une conscience denature quantique, non secrétée et générée par la chimie oula biologie du cerveau.Une conscience quantique, non localisée, indépendante ducerveau, comme le souligne très bien le Dr Olivier Chambondans son ouvrage : «Les phénomènes péri-mortels

Raymond Moody et Eben Alexander : «L’expérience de mortimminente du Dr Eben Alexander est la plus étonnante quej’ai jamais entendu en plus de quatre décennies d’étude de cephénomène... l’un des joyaux de la couronne de toutes les ex-périences de mort imminente... Le Dr Alexander est la preuvevivante d’une vie après la mort».

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(phénomènes autour de la mort) indiquent que la conscience utilise lecerveau pour interagir avec le monde matériel, mais n’est pas créée parle cerveau. Le cerveau a besoin de la conscience pour fonctionner maisla conscience n’a pas besoin du cerveau. Quand le poste de télévision sedétraque, les programmes existent toujours et continuent à être diffusésmême si plus rien ne s’affiche à l’écran. De même, quand le cerveautombe en panne, même si la conscience ordinaire s’efface, les PPM nousmontrent qu’un autre niveau de conscience persiste, que l’on peut ap-peler «conscience quantique». La vraie conscience dite quantique peutse déplacer dans le temps et dans l’espace et agir sur la matière….Elleest interconnectée à toutes les consciences».Cette conscience est capable de se connecter à toutes lesconsciences, ce qui explique le phénomène de télépathie.

EDS : «La conscience originelle est de nature quan-tique» : pouvez-vous expliciter ce propos ?S. D. : La conscience n’est pas un phénomène nouveau,étudié en physique quantique notamment. De nombreuxchercheurs se sont pour le moment plutôt cassé les dentssur le sujet. «Ce sera l’objet de la physique de troisième génération»,comme le dit Maxence Layet, journaliste scientifique. Cequi émerge du courant majoritaire, c’est que la consciencen’est pas l’apanage du cerveau ; elle n’y résiderait pas, maisplutôt passerait par le cerveau, qui deviendrait une inter-face.Les travaux en «vision à distance», dans les années 1970-1990, portés par la CIA et le KGB, ont mis en évidence quedes médiums entraînés à ces pratiques étaient capables devoir à distance ou dans le futur des cibles stratégiques etde les décrire de manière détaillée. La nature d’une choseest quantique quand la perception se fait au-delà des li-mites de l’espace et du temps. Comme le dit Karl Pribram,neurologue quantique, la conscience serait délocalisée, etpourrait s’exprimer dans tout espace-temps. Elle serait par-tout à la fois, et une fraction d’elle serait captée par nosémetteurs récepteurs, en l’occurrence nos cerveaux. Elle se-rait à la fois «état» et «moyen» d’accéder à l’information duchamp.

C. A. : Régis Dutheil, agrégé de physique, physicien et bio-physicien, décédé en 1995, est l’un des premiers à avoirtrouvé une théorie pour expliquer ces phénomènes. Il a co-écrit avec Brigitte Dutheil L’homme superlumineux (ÉditionsSand).Il expose la théorie de l’existence de trois types de monde :- Le monde sous-lumineux : notre monde ordinaire, c’est laphysique de Newton. Un monde constitué de bradyons,particules dont la vitesse est inférieure à celle de la lumière.- Le monde lumineux : celui de la relativité d’Einstein etdes luxons, particules dont la vitesse approche ou atteintla vitesse de la lumière.

- Le monde super-lumineux constitué de tachyons, parti-cules dont la vitesse est supérieure à celle de la lumière.Cette théorie ne peut pas être vérifiée parce qu’il n’existepas aujourd’hui d’appareil capable de mesurer de tellesparticules pouvant dépasser la vitesse de la lumière. C’est une théorie plausible pouvant expliquer les phéno-mènes que nous avons décrits précédemment.Pour Régis Dutheil, la conscience et le cerveau auraientdeux modes de fonctionnement : l’un normal, local et spa-tio-temporel ; l’autre, plus rare, non local.Le mode de fonctionnement non local correspond à lasupra-conscience qui est composée de particules super-lu-mineuses et se situe en dehors de notre corps, dans lemonde super-lumineux.Le mode de fonctionnement normal, c’est la conscience lo-cale, ou «moi sous-lumineux», qui se compose de photons.Cette conscience locale se partage (avec le système ner-veux) l’exploitation des informations qui lui parviennent dela supra-conscience. C’est la conscience locale qui pense,décide et résout les problèmes de la vie quotidienne. Quand la supra-conscience communique avec laconscience locale, le transit serait réglementé par le cortexcérébral. Tout ce qui est nécessaire à notre vie quotidienneest filtré et transmis à la conscience locale. Le cerveautransforme les informations abstraites en hologrammes,c’est-à-dire en images tridimensionnelles qui représententpour nous la réalité.En revanche, il n’existerait pas de communication dans lesens conscience locale vers la supra-conscience durant lavie, sauf dans certaines situations : le rêve, la méditationou l’usage de certaines drogues ou psychédéliques.La véritable communication se ferait au moment de la mortphysique. Les auteurs enseignent l’immortalité de laconscience locale qui, lors de la mort, se détache du corpsphysique et cherche à s’unir à son homologue super-lumi-neuse. Il existerait un mur de la lumière séparant le monde sous-lumineux (monde tangible) et l’univers super-lumineux.Dans ce dernier univers, il serait possible d’observer un évé-nement avant sa cause. Selon Régis Dutheil, il y aurait pourun être vivant dans l’univers super-lumineux une instanta-néité complète de tous les événements constituant sa vie,et les notions du passé, présent et futur disparaîtraient.

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Un espace où les particules (les tachyons, donc) se dépla-cent à une telle vitesse qu’il n’y a plus de notion de temps,ni d’espace. L’information passe en direct. Ces particules super-lumineuses transportent probable-ment une qualité d’information très signifiante ; c’est peut-être la raison pour laquelle la lumière est si apaisante.On peut utiliser une métaphore :La conscience serait comme un iceberg : on en voit la par-tie émergée «ordinaire», sous-lumineuse, dans la réalitéquotidienne, mais la partie la plus importante, immergée,serait la partie super-lumineuse. La mort ne serait alorsqu’un déplacement ou un élargissement de la consciencepar passage du mur de la lumière.Ce modèle quantique de la conscience rejoint tout à fait ceque beaucoup de civilisations anciennes avaient déjà com-pris, c’est-à-dire que nous sommes tous reliés, que nousfaisons partie d’un Tout dans l’univers, et il n’y a qu’uneseule énergie, c’est celle de l’Amour. On en revient donc àl’origine de la spiritualité des plus anciennes traditions spi-rituelles, en particulier égyptiennes et tibétaines, qui s’in-téressaient à comprendre l’après-vie, pour accompagner aumieux les mourants. C’est donc un peu comme si la boucleétait bouclée, où l’on revient progressivement aujourd’huià la source, à l’origine de la spiritualité.

EDS : Finalement les expériences extraordinaires quesont les EMI nous font voir la mort d’une manière com-plètement différente, où il est effectivement plus judi-cieux de parler d’une forme de vie après la vie...C. A. : Oui, je pense que ces expériences ne parlent en effetque de la VIE.L’étude de ces phénomènes est destinée aussi à nous fairecomprendre le but de la vie. Elle nous donne des informa-tions précieuses, un message important pour nous permet-tre de mieux vivre notre vie sur terre, avec plus de sens.Les deux questions : «comment as-tu aimé ?» et «qu’as-tufait pour les autres ?» ont, pour moi, une portée spirituelle

puissante. C’est pour cette raison que j’ai écrit un mémoiresur «L’apport thérapeutique des EMI». Je reçois en cabinetdes personnes qui sont en situation de deuil difficile ou quisont gravement malades, atteintes de maladies potentiel-lement mortelles. Dans un cadre éthique, bien entendu, jevais aborder ces témoignages.Il ne s’agit pas d’essayer de convaincre mais simplement dediffuser et de partager ces témoignages d’expériences ; ilfaut beaucoup d’humilité pour aborder ces sujets et cetteapproche thérapeutique doit entrer dans un cadre éthiqueprécis.Il est important aussi de citer le Dr Ervin Laszlo, philosophedes sciences et spécialiste hongrois de la théorie des sys-tèmes, qui nous parle quant à lui du «champ akashique»ou «champ A», qui conserve et transmet l’information. Desdécouvertes récentes en physique quantique indiquent quece champ est bien réel et qu’il a son équivalent dans lechamp du point zéro qui sous-tend l’espace comme tel. Lechamp du point zéro consiste en une mer subtile d’énergiesfluctuantes à partir desquelles tout émerge : les atomes, lesgalaxies, les étoiles, les planètes, les êtres vivants, et mêmela conscience. Il est la mémoire constante et éternelle del’univers. Il conserve les données de tout ce qui s’est pro-duit sur la terre et dans le cosmos, et les met en corrélationavec tout ce qui doit arriver.Science et spiritualité sont aujourd’hui indissociables pourcomprendre la nature et l’essence de l’être humain et de laconscience universelle ou quantique.

EDS : Vous avez travaillé sur la symbolique des EMI.Pouvez-vous nous expliquer cela ? C. A. : J’ai en effet repris une par une toutes les étapes desEMI afin d’aborder ces expériences sur les plans symbo-lique et spirituel.

La sortie de corpsElle amène à voir les choses «de plus haut», avec

Dr Ervin Laszlo, à propos de «Science et champ akashique» : «Dans ce livre, je traite desorigines et des éléments essentiels de la vision du monde émergeant présentement à la finepointe des sciences nouvelles. J'examine pourquoi et comment cette vision apparaît mainte-nant en physique et en cosmologie, en sciences biologiques et dans le nouveau champ de larecherche sur la conscience. Je mets ensuite en lumière la caractéristique fondamentale decette vision émergente : la découverte révolutionnaire qu'aux racines de la réalité ne se trouventpas uniquement la matière et l'énergie, mais aussi un facteur plus subtil et tout aussi fonda-mental, que l'on pourrait décrire comme une information active et puissante, soit l'in-forma-tion.L'information relie tout ce qui existe dans l'univers, des atomes aux galaxies, des organismesaux esprits. Cette découverte transforme l'idée d'un monde fragmenté, qui est celle que pré-sente la science dominante, en une vision du monde intégrale, holistique. Elle nous fournit unevision plus complète de nous-même et du monde, une vision dont nous avons grandementbesoin en cette époque de changement accéléré et de désorientation croissante».

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une distanciation, comme une «prise de recul» pourrait-ondire. C’est ce que l’on pourrait appeler «prendre de la hau-teur». La personne se trouve alors dans un état d’hypersen-sibilité perceptive et sensorielle qui lui permet de capterpar télépathie les pensées des personnes présentes. Symboliquement, on pourrait dire que le fait de ne pluss’identifier à son corps, c’est-à-dire à «sa petite personne»permet de s’ouvrir totalement à l’autre et d’y être relié enprofondeur et en vérité. N’est-ce pas, au fond, le cheminque nous avons à accomplir sur cette terre ?Se détacher de nos propres besoins, envies, exigences per-sonnelles pour apprendre à être sensible à l’autre. Ce pour-rait bien être cela le chemin de l’Amour.

Le tunnelC’est le passage dans une autre dimension, celle de cetteconscience Supérieure ou conscience quantique que nousavons largement évoqué.Cela veut peut-être dire que le chemin vers l’Amour néces-site une ouverture de conscience, un détachement des va-leurs matérielles (le corps), comme une sorte derenoncement à l’acquis des biens terrestres pour pouvoiraccéder à une véritable voie spirituelle et retrouver notreâme.

Puis se trouve l’étape de la revue de vie, symbolisant quenous avons régulièrement à effectuer sur terre un examende conscience, une remise en cause concernant notre rap-port aux autres ainsi qu’à nous-mêmes. Réfléchir à noscomportements, nos attitudes, nos actes, notre manière depenser et de vivre pour décider d’aller plutôt vers le beau,le bon et le bien, et devenir témoin et acteur de notre lu-mière intérieure afin de révéler le Soi de Jung. En effet, à ce moment-là, l’expérienceur devient conscientque nous sommes tous reliés aux autres et également àtout le règne du vivant. Ce qui incite à l’amour de ce vivant.

Les deux questions qui sont alors posées à l’expérienceursont : «Qu’as-tu fait pour les autres ? » et « Comment as-tuaimé les autres? »Ces deux questions peuvent symboliquement mettre en lu-mière le but de notre incarnation. Il semble que nous fas-sions sur cette terre l’expérience du renoncement à l’ego,l’expérience de la dualité et du libre-arbitre. C’est symboli-quement le passage dans cette autre dimension d’amourque nous devons nous efforcer de vivre sur terre. C’est fina-lement comme une rencontre avec le Soi, le divin en nous.Là, l’expérienceur rencontre et vit l’Amour inconditionnel,difficile à accomplir sur terre, mais c’est peut-être le but denotre incarnation : tenter de ressentir et de diffuser cetamour qui constitue notre essence.

La limiteSur le chemin, l’expérienceur baigne dans un universd’amour jusqu’à atteindre le point de non-retour, la limiteà ne pas franchir ; une limite qui se vit douloureusementpour l’expérienceur. Là aussi, on peut dire que sur le chemin de l’accomplisse-ment de l’amour, nous rencontrons des points de non- re-tour, des limites à l’expression de cet amour dans nos viesmalgré, parfois, tous les efforts fournis. Cette limite, vécuesi douloureusement, symbolise toutes ces fois où noussommes déçus, où nous avons «les ailes coupées» parcequ’il semble, dans certaines situations, que ce ne soit pasl’amour qui triomphe. S’ensuit une période de transformation profonde pour l’ex-périenceur. Et c’est bien comme cela aussi que nous noustrouvons transformés à chaque fois que nous osons aimer.

Ce qui m’intéresse, c’est la portée thérapeutique de toutcela dans la prise en charge des dépressions, des crisesexistentielles où les personnes n’ont plus de repères, chezles adultes tout comme les adolescents qui cherchent unsens à leur vie ou qui ont du mal à devenir adultes. Les EMI apportent un éclairage permettant de se reconnec-ter à son essence profonde.

S. D. : Dans les années 1990, Rick Strassman, psychiatre, vaétudier à but thérapeutique, les effets d’une substance pro-duite par la glande pinéale, la DMT, la diméthyltryptamine,substance qualifiée d’hallucinogène en forte quantité qui,selon Strassman, permet de rassembler les informationscaptées par la conscience et de construire notre réalité. Enfort dosage, les patients passent en trente secondes en étatmodifié de conscience et font part d’expériences analoguesà celles des EMI. De retour de leurs expériences, les per-sonnes interrogées ont changé, ils ont capté de nouvellesinformations et semblent plus en paix avec eux-mêmes.Strassman va émettre l’hypothèse qu’en cas d’EMI, lesquantités de DMT produites par la pinéale sont alors dé-multipliées, juste avant l’arrêt du cerveau.

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EDS : C’est le moment pour vous de détailler les travauxde Stanislav Grof...C. A. : Oui. Je voudrais évoquer en dernier lieu les liensentre la naissance et la mort, en m’inspirant des travaux dece psychiatre. Stanislav Grof est le pionnier, avec AbrahamMaslow, de la psychologie transpersonnelle (créée en 1969),et aussi des études sur les états modifiés de conscience. Ila beaucoup travaillé, aux États-Unis, sur l’utilisation théra-peutique des drogues psychédéliques et mené dans cecadre des expériences sur le LSD comme outil de guérison. Dans son livre : Les royaumes de l’inconscient humain (1975), ildistingue quatre structures expérientielles, qu’il nommematrices périnatales fondamentales (MPF), périodes de lavie in utero à la naissance. On y retrouve des vécus sembla-bles à ceux des expérienceurs :• MPF I - Juste avant le déclenchement de l’accouchement :une expérience où sont absentes les limites. L’enfantbaigne dans un océan, l’espace interstellaire, la Mère Na-ture… c’est un peu comme une connexion intrinsèque àDieu.Au niveau archétypal, cela correspondrait à la notion de pa-radis.• MPF II - L’accouchement se déclenche, l’utérus secontracte, le col n’est pas encore ouvert : là, interviennentla menace, des sentiments d’anxiété croissante.Au niveau archétypal, cela correspondrait à la descente auxenfers.• MPF III - C’est le passage difficile à travers le canal pelvi-génital, une fois que le col est suffisamment dilaté : ce sontdes expériences de lutte titanesque, de rencontre avec lefeu. Un vécu extrêmement angoissant.Au niveau archétypal, cela correspondrait au purgatoire etau jugement dernier.• MPF IV - Au moment de la naissance et juste après l’ac-couchement: c’est la renaissance.Au niveau archétypal, cela correspondrait à la libération et

la rédemption.

La phase I présente un vécu commun avec celui des expé-rienceurs. Il semble que l’enfant in utero baigne dans unétat de conscience élargie, dans un équilibre qui le relie audivin, où il n’y a pas de notion de temps. C’est la plénitudetotale vécue comme un état de grâce. Il semble donc qu’en quittant la vie terrestre, nous retrou-vions notre essence profonde, notre nature réelle empreinted’amour et de reliance avec tout l’univers.Ce qui se vit à la fin de la vie ressemble étrangement à cequi était là au tout début !Les phases II et III sont très difficiles à vivre. Après l’état degrâce, la connexion avec notre propre lumière, c’est la ren-contre avec notre ombre, tout ce qui psychologiquementpeut être noir en nous.Durant la phase IV, on revoit la lumière, c’est le moment dela naissance. Après la pression, il se produit une importantedécompression. Le nouveau-né arrive dans un mondebruyant, froid, lumineux. Une lumière extérieure quil’éblouit, car «elle n’est plus sa lumière, la luminosité inhérente àl’étendue intérieure», comme le souligne très bien le Dr Jean-Marie Delassus, psychanalyste, créateur de la maternologie,dans son ouvrage Psychanalyse de la naissance (Éd. Dunod,2005). Ce sont les premiers cris, puis un court silence et le premierregard, un regard essentiel selon le Dr Delassus, qu’il a ap-pelé «protoregard» (à distinguer du «lever des yeux» ulté-rieur). Il est d’une grande intensité, bouleversant pour celuiqui le reçoit : «à l’instant de la naissance physique, bien longtempsaprès la nativité, il ne s’ouvre que dans la stupéfaction provoquée parla suspension de sa vision intérieure dont il attend la reprise immédiate.C’est le moment inaugural du protoregard». Un protoregard es-sentiel, mais malheureusement souvent empêché par la«mise en peau à peau» immédiate ou par la prise en chargenéonatale.

Un regard «fixe et d’une intensité impressionnante»,comme le décrit très bien le Dr Marc Pilliot, pédiatre,dans son article «Le regard du naissant», paru dans«Les cahiers de Maternologie», 2005, n°23/24, etdans «Spirale», 2006 ; 37. (Découvrir l’histoire decette adorable petite fille, Julie, et tout savoir sur leregard du naissant à cette adresse : http://maternolo-gie.info/wp-content/uploads/2014/09/Le-regard-du-naissant.pdf)

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Quand l’enfant naît, il n’est qu’amour. À ce moment-là, il ya des similitudes avec la phase I. L’expérience de la nais-sance est vécue comme une renaissance spirituelle qui s’ac-compagne de sentiments d’unité cosmique.L’enfant, juste après sa naissance, vit un élargissement etun déploiement de conscience et d’amour.Et là encore, nous pouvons faire le lien avec les témoi-gnages d’EMI.Nous pouvons constater là sur un plan symbolique ce pro-cessus de mort-renaissance qui me semble refléter aussinotre cheminement terrestre. En effet, chaque mouvementvers l’évolution de conscience de nous-mêmes, des autres,des lois de la vie, va souvent s’accompagner d’une phased’épreuves et de souffrances psychologiques, de rencontreavec notre ombre, pour ensuite renaître à la lumière del’amour.Je pense que le processus biologique de la naissance peutreprésenter le chemin initiatique que nous avons à parcou-rir dans nos vies. Et l’on retrouve ce processus de mort-re-naissance dans les EMI à la fois dans le vécu bien réel desexpérienceurs au moment de l’EMI et ensuite à travers lestransformations positives qui suivent leur retour à la vie ter-restre.

EDS : Quel message avez-vous envie de faire passerpour conclure ?C. A. : J’ai envie de dire que quand on travaille sur les EMI,on ne parle que de la vie.

Il est en train de se produire, en ce moment, un changementde paradigme où l’on est en train de passer de la consciencepersonnelle à la conscience universelle.Avec Stéphane Drouet, quand nous abordons ces récitsd’expérience de mort imminente, nous ne parlons que dela vie : c’est un message d’amour universel, un message dusens, du rapport à la vie, du rapport aux autres, de notre di-mension la plus élevée, spirituelle.

S. D. : La seule véritable vérité pour nous, c’est celle quinous fait évoluer, peu importe si elle est différente de celledu voisin. Des années 1950 aux années 1980, des véritésscientifiques nouvelles ont fait grandir le monde, tellel’ADN notamment. Aujourd’hui, ces vérités n’apportent plusl’évolution à l’humanité, il est temps de les remettre enquestion. Ce qui a marché hier ne marche qu’un temps,c’est la loi de la vie. Nous ne considérons jamais nos tra-vaux en cours comme un résultat final, mais comme uneétape vers la vérité. n

En savoir plus :- Facebook de Christine Audry :https://www.facebook.com/christine.audry.7?fref=ts- Site inetrrnet de Stéphane Drouet pour plus d’infos :www.arquantis.euSur Facebook :https://www.facebook.com/stephane.drouet.545?fref=ts

«La mort est une renaissance»

«Ce qui m’a touché le plus dans la mort, c’est... à quel pointelle est vivante ! Ce qui m’a aussi touché en tant que psy, c’està quel point l’expérience de la mort peut s’avérer une excel-lente psychothérapie qui modifie profondément la vie despersonnes qui la croisent. Ceux qui la côtoient de près disentque la mort est une renaissance. C’est pour cela que j’aimebien parler de «phénomènes péri-mortels» comme d’autres parlent de phénomènes périnataux. Cesphénomènes péri-mortels (PPM) ont été décryptés et «décortiqués» depuis une quarantaine d’annéespar des équipes de chercheurs du monde entier. Les études ont déjà porté sur des dizaines de milliersde personnes, mais ces phénomènes concernent bien sûr potentiellement toute personne habitant surnotre Terre. Notre livre propose aux professionnels de santé de prendre en considération la valeur thé-rapeutique des PPM et d’utiliser ces «expériences extraordinaires» comme des leviers de transforma-tion bénéfique pour celui qui les a vécues. Il propose aussi à tous ceux qui vont mourir un jour - et là,du coup, le public est large (!) - de se préparer à ce qui les attend ou de mieux savoir accompagner ceuxqui vont les précéder dans cet «ultime voyage». Dr Olivier Chambon.Extrait de : «Expériences extraordinaires autour de la mort : réflexion d’un psychiatre sur la science etl’au-delà», Chapitre 1 : La mort dans tous ses états, Dr Olivier Chambon et William Belvie, préface duDr Jean-Jacques Charbonier.

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«Les récits d’EMI changentradicalement notre regardsur la vie et la mort»

Interview

Dr Jean-Jacques Charbonier

Le Dr Jean-Jacques Charbonier est médecin anesthésiste-réanimateur depuis25 ans. Il exerce actuellement dans l'une des plus importantes cliniques deToulouse, est membre de la Société Française de Réanimation, conférencier,et auteur de plusieurs ouvrages sur les états de conscience modifiée et les ex-périences de mort provisoire, dont : Les 7 bonnes raisons de croire à l’au-delà.

1 - Le métier d’anesthésiste-réanimateuir consiste à surveiller, traiter, et même souvent à provoquer des états comateux (Extrait de : Les preuvesscientifiques d’une vie après la vie). Un coma est «un état caractérisé par la perte des fonctions de relation (conscience, mobilité, sensibilité), avecconservation de la vie végétative (respiration, circulation)», définition de Petit Larousse, édition 2007.

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Comment en êtes-vous venu à vous intéresser aux expé-riences de mort provisoire ?C’est une expérience personnelle, qui m’est arrivée enSAMU. J’étais alors préposé à devenir médecin généralisteet j’effectuais un stage en urgence. Ce que j’ai vécu ce jour-là a, en quelques secondes, transformé toute ma vie . Je fai-sais une découverte essentielle : celle de l’existence d’unevie après la mort, une vie après la vie. J’ai décidé assez rapidement, dès que je suis rentré chezmoi, de devenir médecin réanimateur pour savoir ce qui sepasse après la mort ou au moment du coma1. J’avais pour-tant tout programmé pour devenir médecin généraliste ;avec mon épouse, nous avions même envisagé le rachatd'une clientèle à la campagne. Mais l’expérience a été sipuissante que j’ai lâché tout cela et repris le chemin desétudes : trois ans de spécialisation, et un concours à Paris.Dans cette expérience, j’ai eu l’occasion de soigner un pa-tient polytraumatisé. C’était au cours d’une de mes pre-mières gardes d’urgentiste au SAMU, il y a plus de trenteans. Je suis intervenu sur un grave accident de la route, mor-tel. Le patient était incarcéré, coincé sous un enchevêtre-ment de tôles et de plastique sur toute la partie inférieuredu thorax ; seuls son buste et sa tête émergeaient. Je mesuis faufilé par un trou fait à l’arrière du véhicule par lespompiers à l’aide de pinces hydromécaniques et je me suistrouvé seul devant ce jeune homme, tout près de lui. Dansce genre de cas, afin d’éviter le désamorçage de la pompecardiaque, et donc un arrêt du cœur, il faut perfuser très vitede grandes quantités de liquide de substitution dans lesveines. J’ai essayé plusieurs fois de le perfuser, mais n’y suis

pas parvenu : il est mort sous mes yeux... Là, j’ai vécu uneexpérience de mort partagée, comme le décrit très bien Ray-mond Moody. J’ai vu l’étincelle de vie s’éteindre dans sonregard, et surtout, j’ai eu le ressenti physique, «palpable»,d’une présence partant de son corps par le haut de sa tête.Elle m’a frôlé le visage sur la droite et s’est élevée à une vi-tesse incroyable au-dessus de moi… C’est-à-dire quequand la vie s’en va, il y a quelque chose qui part - que l’onpeut appeler esprit ou âme, je ne sais pas. Là, c’étaitquelque chose de vivant et de joyeux, comme une libéra-tion, une délivrance.Cela a complètement changé ma façon de concevoir la vieet la mort.Je me suis rappelé aussitôt du livre de Raymond Moody :La vie après la vie (1975) que j'avais lu dans les années 1970dans lequel les expérienceurs parlent, notamment, de leursortie de corps par le haut de leur crâne.Je me suis donc spécialisé en réanimation, métier que j’aiexercé tout d’abord en neurochirurgie, spécialité où les co-mateux sont plus nombreux, ainsi que les patients en étatde conscience modifiée, et j’ai commencé à recueillir destémoignages. J’ai ensuite écrit mon premier livre, un roman :Coma dépassé (2001) et j’ai commencé à rencontrer le public,des lecteurs qui étaient intéressés par les expériences demort provisoire. J’ai continué ainsi de collecter de nom-breux témoignages.

Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?Je continue de recevoir des témoignages, mais je ne peuxpas tous les lire. Il ne se passe pas une semaine

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2 - NDE chez les survivants d’arrêts cardiaques : une étude prospective aux Pays-Bas, The Lancet, décembre 2001

sans que j’en reçoive trois ou quatre de plus. Il y aurait 60millions de témoignages potentiels d’expérience de mortprovisoire ! C'est dire l'importance du phénomène.Aujourd’hui, je souhaite plutôt m’orienter vers d’autreschoses : l’expérience est réelle, ce n’est pas une hallucina-tion, on retrouve quasiment constamment la même sé-quence événementielle. Mais seuls 18% des adultes sesouviennent avoir fait une EMP (d’après une étude réaliséepar le chercheur Pim van Lommel sur sa série de 344 arrêtscardiaques récupérés2), tandis que le chiffre monte à 65%chez les enfants, d'après les études menées par le pédiatreaméricain Melvin Morse qui s'est spécialisé dans ce do-maine. Je pense que ce blocage en fin d’expérience, cetteamnésie lors du retour à la vie terrestre, sont dus à la cen-sure de la conscience analytique. Personnellement, je distingue conscience analytique céré-brale et conscience intuitive extracérébrale. Ce modèle queje propose - je ne dis pas que c’est le bon, mais je pensequ’il se rapproche un peu plus de la réalité -, est nié par lamajorité des médecins, tout comme ils nient la médium-nité, l’intuition, la télépathie, l'inspiration ou encore la pré-monition... En un mot, toutes les sensationsextrasensorielles qui sont des informations données à laconscience intuitive sont farouchement niées...Ceci étant précisé, je pense donc qu’il y a deux formes deconscience : la conscience analytique, qui est la seule re-connue par le monde médical en tant que telle. Elle est re-liée à toutes les perceptions sensorielles : nos cinq sens(vue, odorat, goût, toucher et ouie) qui vont nous donnerles informations pour nous repérer dans le temps et dansl’espace et avoir conscience d'être soi-même. La conscienceanalytique, ajouterais-je, est celle qui nous rend malade carelle analyse et mesure tout : elle génère de l’angoisse parrapport au futur, de la nostalgie par rapport au passé, elle

renforce l’ego en nous comparant aux autres et c’est lui quinous rend si malheureux. Une fois que l’on n’a plus ces cinqsens en éveil, quand ils sont coupés, c’est-à-dire au mo-ment du sommeil, dans le coma, sous anesthésie généraleou lors d’un arrêt cardiaque, on assiste à l’émergence d’uneautre forme de conscience, qui est reliée à toutes nos per-ceptions extrasensorielles : la conscience intuitive. Cettedernière est d’autant plus importante que la conscienceanalytique s’éteint. Inversement, plus la conscience analy-tique est active, «s’allume», moins la conscience intuitiveapparaît. La conscience analytique se renforce dans nos ap-prentissages d'humains. L'éducation actuelle lui consacretout son temps. On apprend à compter, à mesurer et à ana-lyser, mais absolument pas à développer nos intuitions.Les enfants ont très peu de conscience analytique ; ils ont«naturellement» une conscience intuitive plus présente ;c’est pour cela que 65% des enfants ayant eu un arrêt car-diaque peuvent raconter leur expérience de mort provisoire.Les enfants croient aux choses magiques, ils jouent avecdes amis invisibles, etc. Ce qui n’est plus du tout le cas chezles adultes, ancrés dans le monde rationnel et matérialisteavec une censure analytique omniprésente bien que nonperceptible ; une censure inconsciente en somme.Cette conscience intuitive serait délocalisée, c’est-à-direqu’elle n’est pas contenue dans le cerveau : elle seraitcontenue dans une sorte d’icloud, c'est à dire une sourcepersonnelle d'informations délocalisées pouvant être cap-tée par notre «ordinateur» cérébral.

C’est la grande toile suprale d’Emmanuel Ransford, phy-sicien, qu’il nous explique en postface de votre ouvrageLes 7 bonnes raisons de croire à l’au-delà…Oui. La physique quantique est la plus ouverte à ce genrede choses.

La grande toile suprale est l’ensemble des liens suprals qui entourent toute parti-cule dans l’univers formant à tout moment un gigantesque réseau. Cette toile

s’étend à tout le firmament. Elle est une immense toile d’interdépendances, de so-lidarités, de partage et d’échanges, à laquelle nous participons tous. Nous recevonsbeaucoup d’elle, et nous lui donnons aussi - généralement à notre insu. La supralitéconfère à chacun une vertigineuse ampleur dans l’invisible. Avec elle, nous devenonsun moi supral, infiniment plus vaste que notre petit moi ordinaire. Par définition, lemoi supral est ce que devient ce moi ordinaire quand on lui rajoute toutes les liaisons suprales qui le rattachentà autrui et, plus généralement, à la grande toile suprale. La toile suprale, discrète à l’excès car faite de ‘psi’, anéanmoins d’importantes conséquences pratiques. Elle est une sorte de réseau télépathique. Elle contient, ar-chive et transmet des informations qui y sont déposées et ajoutées en permanence, depuis la nuit des temps. Cesinformations sont des informations suprales. Emmanuel Ransford.Extrait de : Les 7 bonnes raisons de croire à l’au-delà, postface. Pour plus de détails sur le sujet, lire notre ITWd’Emmanuel Ransford dans le N°8 d’Enquêtes de santé : «La psychomatière : une nouvelle physique de l’esprit».

Emmanuel Ransford

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Continuons sur Les 7 bonnes raisons de croire à l’au-delà : pourquoi ce livre ?En fait, ce livre est une peu une réponse à plusieurs de-mandes émanant de lecteurs au cours de signatures de li-vres, particulièrement à deux demandes récurrentes : je suispersuadé de l’existence d’une vie après la mort, est-ce quej’ai au moins une seule bonne raison de l’affirmer ? L’autredemande venant de personnes qui veulent offrir un livre surla vie après la vie à leur conjoint, un parent ou un ami quin’est pas très ouvert à ce genre de sujet ; un livre en outrequi ne soit pas trop compliqué à lire, c’est-à-dire encombréde termes médicaux. Alors, j’ai fait ce livre en cherchant des bonnes raisons decroire en une vie après la mort et j’en ai trouvé sept. J’ai voulu donner les réponses les plus simples et les plusconcises possible aux questions classiques posées par lebéotien, d’une part, mais aussi pour répondre au scepti-cisme et au matérialisme de mes détracteurs. Ainsi, pourchacune de ses preuves, je donne aux contradicteurs dontles arguments, tant ils sont faibles on le voit bien, s’effon-drent sans peine un à un devant la logique d’une analyserigoureuse et objective.

En 25 ans de réanimation, vous avez pu rassembler plu-sieurs centaines de témoignages de patients revenusd’une mort clinique : qu’est-ce que cela vous a appris ?Qu’est-ce qui vous donne une telle envie de diffuser toutcela à travers les nombreuses conférences que vousfaites en plus d’écrire des ouvrages ?Quand on conçoit la vie telle que les expériencieurs la

conçoivent pour la grande majorité - je ne parle pas de Phi-lippe Labro, que tous les médias mettent en avant mais qui,à mon avis, n’a pas fait d’expérience de mort provisoire -notre société apparaît tout autre.Les expérienceurs reviennent, je le rappelle, complètementtransformés : ils pensent que la vie continue après la mort,ils n’ont plus peur de la mort, ils ont envie d’aider les au-tres, ils sont détachés des valeurs matérielles... Seulecompte pour eux la réponse aux deux questions qui leuront été posées dans l’au-delà : «Qu’as-tu fait de ta vie ?» et«Comment as-tu aimé les autres ?». On est bien loin des«valeurs» et des objectifs de notre société actuelle, centréssur la représentation sociale et la possession matérielle.Si nous n’étions entourés que d’expérienceurs, la sociétéchangerait donc du tout au tout : on serait davantage dansla communication avec les autres, nous faisant ainsi passer,de fait, de la méfiance aujourd’hui de mise à la bienveil-lance envers autrui, ce qui améliorerait grandement la so-ciété alors centrée sur les valeurs humaines. Entourésd’expérienceurs, on aurait toutes les bonnes clés pour évo-luer avec de véritables objectifs. Car les changements poli-tiques suivraient.On ne serait plus aussi effrayés par la mort : beaucoup depersonnes qui disent croire en Dieu en ont peur et pensentque c’est le néant après la mort. Nous avons un comporte-ment assez aberrant vis-à-vis de cette dernière : on ne veilleplus les morts, on meurt à l’hôpital, les funérariums sont àl’extérieur des villes... Bref, on cache la mort car elle faitpeur et rend les objectifs matérialistes de nos sociétés oc-cidentales totalement absurdes. Il faut réhumaniser

Un exemple d’argument de détracteurs

Argument : «Ces gens n’étaient pas morts puisqu’ils sont revenus», ou en-core : «Ce n’est pas parce qu’il n’y a aucune activité électrique décelable quele cerveau ne fonctionne plus. Il existe peut-être une activité résiduelle quenous sommes encore incapables de mesurer !».Réponse du Dr Jean-Jacques Charbonier : Sur le premier point, la réponseest facile. La définition de la mort clinique est sans équivoque et nous avonsdésormais la preuve objective qu’un cœur arrêté signe en moins d’une mi-nute l’arrêt de toute activité cérébrale décelable. Les sujets sont revenus decet état de mort clinique parce que des réanimateurs sont allés les chercher.Si personne ne les avait réanimés, ils ne seraient jamais revenus !En ce qui concerne l’activité cérébrale résiduelle indétectable, même si l’on suit cette proposition diffici-lement opposable, il n’en demeure pas moins qu’elle n’explique en rien comment en période d’arrêt car-diaque, un cerveau aussi déficitaire serait en mesure de produire un état de conscience plus performantque lorsqu’il se trouve dans les situations habituelles de bon fonctionnement ; possibilité de déplacementdans le temps et dans l’espace ; traversée de murs, télépathie, etc.Extrait de Les 7 bonnes raisons de croire à l’au-delà

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la mort, et la faire accepter comme une étape normale denotre court passage terrestre. C'est ce que nous permettentles expérienceurs. Ils nous apprennent par leur vécu extra-ordinaire qu’il faut accompagner le passage des mourantsparce que cet ultime voyage est facilité par la présence etl’amour de ceux qui assistent au trépas. Tout ceci nous aideà accepter notre propre mort, mais aussi à soulager la dou-leur du deuil.Ce vécu nous donne accès à des domaines de connais-sances, à l’ouverture d’autres portes et d’autres recherches,par exemple la communication avec les comateux.

L’objet de vos recherches…Oui. Je reviens sur cette conscience intuitive dont je vousparlais.Il est important de savoir que, quelles que soient la gravitéet la profondeur d’un coma, la communication reste possi-ble.Bon nombre de témoignages d’anciens comateux prouventque l’on peut avoir des facultés cognitives et sensoriellesexceptionnelles avec une activité cérébrale quasi-nulle. Cer-tains comateux ont, en effet, eu la possibilité de voir etd’entendre avec une incroyable acuité des détails précis si-tués à distance de l’endroit où ils se trouvaient «physique-ment», comme la manière dont étaient habillés desvisiteurs installés dans une salle d’attente distante de plu-sieurs dizaines de mètres du lit sur lequel ils reposaient.Mais pour la plupart des comateux, c'est le néant. Ils ne sesouviennent de rien car leur conscience analytique a eu letemps de faire le ménage sans qu'ils en prennentconscience.Bien sûr, on ne peut pas aller fouiller dans la consciencedes patients comateux comme ça. Il existe tout un ensem-

ble de protocoles très précis avec une personne désignéede confiance pour obtenir un consentement éclairé. Je tra-vaille avec un avocat spécialisé pour éviter toute investiga-tion litigieuse. J’ai débuté ces recherches dans le cadre de l’anesthésie gé-nérale, avec un médium. Connaissant mes recherches, lespersonnes qui allaient être anesthésiées m’ont donné leuraccord pour y participer. Nous avons obtenu ainsi des mes-sages assez intéressants. Le médium, qui ne connaît pas du tout le patient et n’a enaucun cas accès à son dossier, est auprès de la personneendormie et entre en connexion, par un véritable état deconscience modifiée, avec ce que j’appelle la conscience in-tuitive (qui peut enfin s’éveiller puisque la conscience ana-lytique est complètement éteinte) du patient. Le médium«capte» l’information qui lui est ainsi donnée. La personneréveillée ne se souvient pas du tout avoir donné une infor-mation, mais celle-ci peut être facilement validée ensuite.Je vous donne l’exemple de cette femme qui s’inquiétaitbeaucoup d’être opérée parce que son fils allait devoir res-ter seul alors qu’il ne pouvait pas vraiment se débrouillersans elle. Le médium a capté cette inquiétude. À son réveil,la femme ne se souvenait pas du tout avoir donné cette in-formation mais a pu la valider.Cette démarche serait intéressante avec les comateux dansla mesure où cela nous permettrait d’être renseignés surleur état, de savoir ce qu’ils pensent, ce qu’ils ressentent,ce dont ils ont besoin, ce qu’ils ont envie de dire aux autres.Pourquoi ne pas introduire les médiums à l’hôpital commeon l’a fait avec les barreurs de feu ? Tout d’abord certes sanspublicité, mais il existe aujourd’hui des listes de garde debarreurs de feu dans certains services de grands brûlés deshôpitaux...

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Figure 5 : Opinion dessoignants sur la colla-boration des coupeursde feu aux urgences. Laplupart de soignantssont plutôt favorablesà la collaboration entreles services des ur-gences et les coupeursde feu (Graphique tiréde «Place des coupeursde feu dans la prise encharge ambulatoire ethospitalière des brû-lures en Haute-Savoieen 2007)

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Vous proposez également des ateliersOui. Je propose des ateliers d’hypnose pour tenter d'établirdes connexions avec l'esprit de personnes décédées. Enanesthésie, on utilise l'hypnose pour couper la conscienceanalytique des perceptions douloureuses. On peut, par ceprocédé hypnotique, envisager des opérations bénignessans utiliser de drogues anesthésiques : opération de lathyroïde, de la cataracte, des varices etc. Ces opérations sedéroulent donc sans médicament, parfois avec la prise d’unléger sédatif pour détendre un peu si besoin.Dans mes ateliers, je demande aux personnes de couperleur conscience analytique par cette même méthode maisen leur permettant de se brancher sur la conscience intui-tive d’êtres chers disparus afin de découvrir par eux-mêmesleur capacité médiumnique. J’ai eu des résultats très inté-ressants. Par exemple, une participante a pu être connectéependant une séance d'hypnose à l'esprit de son père quiétait venu lui demander pardon pour une chose qu'elle n'apas souhaité nous révéler, alors qu'elle avait voulu fairecette séance d'hypnose pour être connectée à l'esprit deson conjoint décédé dans un accident de voiture. Manifes-tement, elle était bouleversée jusqu'aux larmes par cecontact inattendu.Là encore c’est intéressant, car bien souvent les personnesse «réveillent» de l’hypnose avec pratiquement une amné-sie de ce qu’ils ont pu communiquer durant la séance. Laconscience analytique nous joue des tours en censurantdès le «réveil» les informations données sous hypnose !Idem pour les vécus durant le sommeil ; il est rare de sesouvenir de ses rêves alors que nous rêvons toutes les nuitset plusieurs fois par nuit.

Le monde médical rationnel a fini par accepter de«croire» aux EMP, mais, ainsi que vous le soulignez, vousn’êtes pas suivi sur le «terrain» de la TCI : pouvez-vousnous expliquer ce que c’est et votre expérience en lamatière ?La TCI ou transcommunication instrumentale, est une tech-nique permettant d’entendre et d’enregistrer les voix desdéfunts par le biais d’instruments. Ils sont le plus souventélectroniques : téléphone, téléviseur, haut-parleur radio,magnétophone, ordinateur, imprimante, fax, etc. Toutefois,par abus de langage, le terme «TCI» désigne la plupart dutemps des enregistrements de voix de disparus faits sur un« support vibratoire » servant de bruit de fond, comme desfréquences de radio particulières, de l’eau qui coule, du pa-pier froissé, des frottements d’objets, le clapotis d’un ruis-seau, le bruissement d’un feuillage sous le vent...Cela me paraît aujourd’hui logique que l’on puisse avoir

une communication, par le biais de certains instruments,avec le monde invisible qui peut, à un moment, donner dessignes matériels. Par exemple, les aiguilles d’une pendulequi se mettent à tourner en sens inverse comme cela m'estarrivé lors d'un reportage TV. On peut voir que derrière moi,dans le bloc opératoire où je me trouvais pour ce court do-cumentaire filmé par les caméras de TF1, l'aiguille de latrotteuse de la montre murale tourne... à l'envers3 !

Vous avez eu aussi d’autres signes, notamment avecvotre père...Sachant sa mort arriver, mon père m'avait effectivement ditque s'il y avait bien une vie après la vie, il me ferait dessignes avec ce qui indique le temps, comme les montres oules horloges. À l'instant précis de sa mort, l'horloge com-toise de son salon s'est arrêtée toute seule après avoir lon-guement carillonné !La première fois que j’ai entendu parler de la TCI, je ne pen-sais pas que c’était possible. Après avoir découvert la réalitéde l’expérience de mort provisoire, puis de la médiumnitéet de la télépathie, la TCI était encore un stade de plus. Jepensais que c’était de la supercherie, qu’il devait y avoir untrucage. J’avais écouté quelques messages, mais je n’étaispas convaincu, jusqu’à ce que je sois moi-même confronté,par l’intermédiaire du père François Brune qui est à la TCIce que Raymond Moody est à la NDE, à la situation en as-sistant à une séance. Je raconte en détail, dans mon livre :Les preuves scientifiques d’une vie après la vie, cette magnifiquejournée qui a été pour moi une véritable

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•••3 - 20h du 25 août 2010 : http://lci.tf1.fr/jt-20h/videos/2010/l-enquete-du-20h-ils-ont-voyage-aux-frontieres-de-l-au-dela-6046506.html

«En juin 1959, le ténord’opéra suédois Frie-

drich Jürgenson entendit desvoix et un solo de trompettesuivi d’une fanfare alors qu’ilenregistrait sur un magnéto-phone à bande des chantsd’oiseaux dans une forêtproche de Stockholm. Il en-treprit alors des rechercheset enregistra de nombreusesvoix de disparus, y compriscelle de sa mère. En octobre1987, lors de son enterrement, il donna un magnifiquesigne de survivance en apparaissant sur l’écran de télévi-sion de ses amis et collaborateurs en Suède. Jürgensonavait affirmé de son vivant que l’on aurait un jour la pos-sibilité de voir les disparus sur les écrans de télévision etce fut là son ultime clin d’œil». Extrait de : Les preuves scientifiques d’une vie après la vie,Dr Jean-Jacques Charbonier.

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révélation sur la réalité des contacts obtenus en TCI. J’ai euensuite une série d’expériences bouleversantes qui meconduisent à penser que dans des conditions bien particu-lières, les «consciences intuitives» des disparus peuvents’exprimer de cette façon.

Il faut l’avoir vécu soi-même pour y croire…C’est ce je pense en effet, il faut l’avoir vécu soi-même. C’estbien quelque chose de probant et de réel.Tout comme les récits d’expérience de mort provisoire, lamédiumnité, la télépathie…, la TCI rentre en dissonancecognitive avec tout ce que l’on a appris. C’est Louis Festin-ger, chercheur en neurophysiologie, qui a élaboré ceconcept dans les années 1950 (Festinger, 1957, A Theory ofCognition Dissonance). Selon cette théorie, l’individu, en pré-sence de cognitions incompatibles entre elles, ressent unétat de tension désagréable motivant sa réduction. Festin-ger ignorait bien sûr à cette époque les expériences de mortprovisoire. Mais, en l’occurrence, les récits des personnesayant vécu une EMP rentrent en dissonance au niveau descognitions des scientifiques en raison de deux phénomènesconnexes : la dissociation du corps et de la conscience, au-trement dit de la matière et de l’esprit, d’une part, et la pos-sibilité de survie à la mort biologique d’autre part.C’est tellement plus facile de crier au charlatanisme plutôtque d’essayer d’intégrer une nouvelle information. Quandon est scientifique, on se doit de ne rejeter aucune infor-mation, aucun phénomène. Si les récits d’EMP ou la TCIsont des vécus bien réels, ils doivent être intégrés à unautre mode de pensée.La pensée rationaliste est pulvérisée face à ces récits extra-ordinaires. Le modèle que je propose - c’est-à-dire la distinction entreconscience analytique cérébrale et conscience intuitive ex-traneuronale -, s’il n’est pas certain, est quand même révo-lutionnaire, car cette conscience intuitive est indépendante

du cerveau. C’est révolutionnaire dans un monde scienti-fique et médical qui pense que la conscience est fabriquéepar le cerveau.

Il se peut que le monde médical s’ouvre peu à peu àcette possibilité si l’on en croit la toute récente thèse demédecine de François Lallier, dont vous avez été direc-teur de thèse… En effet, j’ai eu cette chance. Cette thèse intitulée «Facteursassociés aux expériences de mort imminente dans les arrêtscardio-respiratoires réanimés» a été soutenue le 14 décem-bre 2014 et a reçu la récompense maximale : mention trèshonorable avec félicitation du jury.François Lallier a effectué un travail colossal de trois ansau CHU de Reims où il a recueilli 118 témoignages de pa-tients ayant fait une expérience de mort provisoire aprèsarrêt cardiaque. Ces patients n’avaient pas de passé psy-chiatrique, ni n’étaient sous l’emprise de psychotropes. Dans la thèse de François Lallier j'évoque la possibilitéd’une conscience intuitive extraneuronale, c’est-à-dire si-tuée en dehors du cerveau. On n’avait jamais dit ça aupa-ravant dans une thèse de doctorat en médecine ! Et c’estcette thèse qui lui a permis de recevoir le titre de docteuren médecine. On a donc franchi un grand pas.Je pense que nous avons encore tout à apprendre. Lemonde scientifique, et en particulier médical, doit restertrès humble face à des connaissances extrèmement faiblessur le fonctionnement de la conscience. Nous sommes si ignorants que nous ne savons même pascomment notre propre cerveau fonctionne, il n’y a pas dequoi pérorer !D’après moi, on a encore tout à découvrir, on est à l’écolematernelle en termes de connaissances !La recherche doit être conduite en toute humilité, sans re-jeter aucune piste, en acceptant, dans la tolérance et l’hu-milité, toutes les propositions sans être dogmatique.

Et le Renard put réduire sa dissonancecognitive...

Un exemple classique de la dissonance cognitive est donnée par la fabled’Ésope : Le Renard et les Raisins. Le renard veut manger les raisins qui luiparaissent bien mûrs mais il n’a aucun moyen de les atteindre, étant situésen haut de l’arbre. Il en conclut donc qu’il n’en a pas envie : «ils sont tropverts et bons pour des goujats». Une réduction de la dissonance cognitive. En médecine, la dissonance cognitive est réduite par le fait de nier les phé-nomènes qu’elle ne peut pas expliquer ou d’y voir du charlatanisme...(© Image : Milo Winter, 1919)

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Qu’avez-vous envie de dire pour conclure ?Je voudrais parler de mon prochain livre, à paraître en oc-tobre : La mort expliquée aux enfants, mais aussi aux adultes.L’enfance, car c’est là où tout commence. On est tellementformatés par nos préjugés, l’éducation, etc. que quand onarrive à l’adolescence, on est déjà un matérialisteconvaincu.Dans ce livre, je parle de la mort sans tabou. J’explique lesuicide, ce qu'est un cadavre, toutes les questions que l’onpeut se poser sur la mort quand on est enfant.Pour ce livre, mon éditeur m’appelle et me dit : j’ai trouvéune très belle couverture pour toi. Il y figurait un oiseaumort tenu dans une main. Étant en effet très belle, nouspartons sur cette couverture et je rentre chez moi. Le len-demain matin, je trouvais sur mon bureau, après le passagede la femme de ménage : deux pin’s smileys, une boîte decrayons de couleur (je ne sais pas d’où elle sortait…) et uncahier d’écolier. Je me mis alors à dessiner et en mêmetemps j’ai entendu : «on t’aide bien, voilà la couverture !» J’ai té-léphoné à mon éditeur et lui ai dit «j’ai la couverture !». Je n’aijamais dessiné de cette manière ! C’est comme si un enfantm’avait pris la main et l’avait guidée pour dessiner cela.Sans vouloir me flatter, je dessine beaucoup mieux quecela ! J’ai tout de suite remercié mes petits guides, là-haut...C’est en outre une chance d’avoir un éditeur qui croit auxsignes envoyés par l’au-delà ! Soyons rassurés, nous sommes tous guidés. Même, et peut-être surtout, dans nos multiples épreuves qui nous sont en-voyées.

Un jour, quand nous serons nous aussi dans cette fameuselumière d'Amour, nous comprendrons enfin le sens de notrevie terrestre. J'en suis absolument convaincu. n

Présentation de l’ouvrage

Je ne te connais pas. Je ne sais pas qui tu es, ni quel âge tu as : 7 ans, 12 ans, 17ans ?... Beaucoup plus ?Peut-être es-tu triste.Triste comme jamais car tu viens de perdre quelqu’un que tu aimes beaucoup ouun animal qui tient énormément de place dans ton cœur. Ou bien alors, peut-être as-tu simplement très peur que ces moments difficiles arrivent un jour.Peut-être aussi que la seule idée de mourir t’est insupportable.Peut-être préféreras-tu qu’une personne que tu auras choisie te lise à haute voixtoutes ces pages. Tu l’écouteras le soir avant de t’endormir ou bien dans la journéequand tout sera calme autour de vous. Ce sera comme une habitude ; votre petitrituel. Peut-être.Tu vois, je ne suis sûr de rien.Je suis pourtant certain d’une chose : quand tu sauras ce que raconte ce livre, tuauras beaucoup moins peur de la mort et tu seras moins triste à la simple idéede perdre celles et ceux que tu aimes.En fait, tu ne seras plus tout à fait la même personne qu’avant car tu considèrerasla vie et la mort d’une façon tout à fait nouvelle.Je vais t’expliquer pourquoi...

En savoir plus :- «4 regards sur la mort et ses tabous - Euthanasie, suicideassisté, soins palliatifs et expériences de mort immi-nente», co-écrit avec Annie Babu, Éd. Guy Trédaniel, 2015- «Les 3 clés pour vaincre les pires épreuves de la vie», Éd.Guy Trédaniel, 2013- «Les 7 bonnes raisons de croire à l’au-delà», Éd. Guy Tré-daniel, 2012- «La médecine face à l’au-delà», Éd. Guy Trédaniel, 2011- «Les preuves scientifiques d’une vie après la vie», Éd.Exergues, 2010- Le site internet du Dr Charbonier : http://jean-jacques.charbonier.fr

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50 santé point sur les différents régimes

«Un point sur les différents régimes»Par Catherine Picard, naturopathe-iridologue

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Les régimes : un équilibre bénéfices-risques pas toujours facile à trouver...

Le surpoids et l'obésité touchentrespectivement 32 % et 15 % despersonnes de plus de 18 ans en

France. Il s'agit d'un véritable pro-blème de santé publique, nécessitantla prise en charge par des profession-nels de santé spécialisés en diététiqueou nutrition. La prise en charge reste pluridiscipli-naire, associant dans de nombreux cas :une stratégie nutritionnelle, une re-prise de l'activité physique, un travailpsycho-comportemental et parfoismême une aide médicamenteuse.

Un rapport accablant...Malgré le fait que de nombreusesétudes montrent le bénéfice d'uneperte de 5 à 10 % du poids sur la santé,et en particulier dans la prévention dudiabète et des maladies cardiovascu-laires, un rapport de l’ANAES, conduitpar l'institut Pasteur de Lille en 2010,mettait en garde contre des effets no-cifs et dangereux à long terme des ré-gimes amaigrissants pour la santé. Cesconclusions accablaient particulière-ment certains régimes comme le ré-gime Dukan. Le Dr Lecerf, ayantconduit l’étude, souligne que «dans95 % des cas, il y a reprise de poids après lerégime». Pire : «des personnes qui n'avaientpas de problèmes de poids avant le régime peu-vent se retrouver en surpoids et développer lestroubles du comportement alimentaire».Cette étude a été réalisée par un co-mité d'experts spécialisés en nutritionhumaine. Les 15 régimes étudiés ont

été sélectionnés sur la base de leur po-pularité (Dukan, soupe au chou,Weight Watchers, Atkins, Citron détox,Fricker, Chrononutrition, Mayo, Monti-gnac...).Cette étude a été réalisée en deux vo-lets : Identification et caractérisation desrégimes amaigrissants afin d'étudierleurs impacts sur les apports nutrition-nels. Analyse de la littérature disponibleafin d'identifier d'une part, les consé-quences biologiques de ces régimes etd'autre part, les conséquences physio-pathologiques et psycho-comporte-mentales.Une évaluation spécifique a étéconduite également chez les per-sonnes en situation physiologique devulnérabilité particulière comme lesenfants, les adolescents, les femmesenceintes et allaitantes, les personnesâgées et les sportifs.D'une manière générale, tous les ré-gimes, à quelques exceptions près, en-

gendrent une carence en fer. La ca-rence en fer freine la fixation de la vi-tamine D ; cette dernière étantégalement fortement carencée (70%)dans ce type de régime. Par ailleurs, ila été constaté que dans plus de lamoitié des régimes, les apports en vi-tamine C étaient inférieurs à 50 % desapports journaliers recommandés. Denombreux régimes ne couvrent égale-ment pas les besoins en calcium, favo-risant la fragilisation de la masseminérale osseuse. Le déséquilibre nu-tritionnel le plus important estconstaté au niveau du taux de sodium :plus de trois quarts des régimes com-portent des quantités de sel supé-rieures aux normes recommandées, cequi accentue le risque de maladies car-diovasculaires.Outre ces conséquences nutrition-nelles, plusieurs risques ont été égale-ment identifiés : Dépression et perte d'estime de soi,conséquences psychologiques fré-quentes des échecs à répétition

(© Amy Walters/Fotolia)

51santé point sur les différents régimes

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des régimes amaigrissants ; Perte de masse musculaire et os-seuse, quel que soit le niveau d'apportprotéique ; Apports protéiques très élevés, enparticulier les régimes hyperprotéinés,pouvant présenter un risque importantau niveau rénal, osseux et cardiaque ; La situation récurrente de privationet d'exclusion alimentaires, quel quesoit le régime, entraîne une reprise,voire un surpoids : «plus on fait de régimeet plus on favorise la reprise pondérale, en par-ticulier en l'absence d'activités physiques» ; Risque de ralentissement du déve-loppement de la croissance fœtale etde conséquences sur la santé ulté-rieure de l'enfant s’il existe un régimerestrictif pendant la grossesse ; Ralentissement de la croissance etdu développement pubertaire chez lesenfants et les adolescents.Il est à noter que l'activité physiqueconstitue un facteur essentiel de lastabilisation.

Les conclusions et recommandationsde l’ANAES stipulent que les régimesamaigrissants présentent des risquesplus ou moins importants, et que la re-cherche de perte de poids par des me-sures alimentaires ne peut êtreenvisagée que pour des raisons desanté et doit faire l'objet d'une prise encharge par des spécialistes. Elles rap-pellent en outre que rien ne peut rem-

placer, en termes de santé, une ali-mentation équilibrée, diversifiée, veil-lant à ce que les apports énergétiquesjournaliers ne dépassent pas les be-soins. Afin de réduire le risque de prisede poids, l'évolution du comporte-ment et des habitudes alimentairesdoit être associée à une activité phy-sique.

Dukan et Cohen, deux régimesconcurrentsLe site régime.fr publiait le 12 février2014 une comparaison entre deux ré-gimes à la mode : Dukan et Cohen

Le régime Dukan est le plus célèbredu début du XXIe siècle. Il est basé surune alimentation hyperprotéinée ets'articule autour de trois phases : Première phase, phase d'attaque :elle permet de perdre du poids en peude temps (5 kg en une dizaine dejours). Durant cette phase, seuls lesaliments considérés comme étant desprotéines maigres à effet de satiété im-médiate sont autorisés. Ces alimentssont autorisés à volonté de jourcomme de nuit. Cette première phasen'excède pas 10 jours sous peine d'en-traîner d'importantes carences. Deuxième phase, appelée phase al-ternative : certains légumes sont intro-duits progressivement à raison d'unejournée sur deux. Une journée de pro-téines seules suivie d'une journée de

protéines + légumes. Ce cycle étantpoursuivi jusqu'à l'objectif de poidsdésiré. Troisième phase : certains féculents,légumes, fromages, fruits sont réintro-duits à raison d'un par jour. Les autresaliments sont introduits progressive-ment. La règle de base de cette phasede stabilisation est de respecter à viedeux règles : d'une part, se consacrerune journée par semaine à une ali-mentation exclusivement protéinée ;d'autre part, de consommer quotidien-nement trois cuillères à soupe de sond'avoine, à forte teneur en fibres solu-bles.

Le régime Cohen est le plus sérieuxconcurrent du régime Dukan. Première étape : elle exclut un seultype d'aliment : tous les sucres soustoutes leurs formes, et ce durant unmois. Les autres aliments doivent êtrepeu gras, peu salés, en somme un ré-gime minceur raisonnable. Ce régimeest également appelé régime «à effetbooster» permettant, tout comme lerégime Dukan, une perte de 5 kg en 10à 15 jours. Deuxième étape : elle porte le nomde «régime équilibré» et est axée surle nombre de calories ingérées par jour(entre 1200 et 1500 kcal). Troisième phase : elle est, commedans tous les régimes amaigrissants,une phase de stabilisation et

Le Dr Dukan et le Dr Cohen (© Montage photo REUTERS)

52 santé point sur les différents régimes

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de consolidation. La personne devra àvie garder les bases du régime à un desdeux repas de la journée. À la moindrereprise du poids, il est nécessaire derevenir à la première phase.Ces régimes peuvent fonctionner à lastricte condition que les règles indi-quées dans la phase de stabilisation etde consolidation soient respectées, cequi semble très peu probable tantpour le régime Dukan que pour le ré-gime Cohen.

Une étude a été menée, testant lesprincipaux régimes, sur une durée d'unan, entre le démarrage du régime et lapériode de stabilisation (les effetsréels à moyen terme, à savoir cinq ans,ne faisant pas partie de cette étude).Les régimes Weight Watchers, hyper-protéinés, dont le célébrissime régimeDukan, sont jugés très satisfaisants entermes de résultats à court terme ;alors que les régimes Atkins, chrono-nutrition, crétois et méditerranéen, nedonnent pas de satisfaction à courtterme.Les régimes évalués à action très ra-pide sont le régime hyperprotéiné et lejeûne, alors que les régimes Kous-mine, méditerranéen et crétois, sontlongs à faire leurs preuves.Des études ont été menées sur les dif-férents régimes, cinq ans après que lespersonnes aient arrêté pour raisond'objectif de poids atteint. Les résul-tats de ces dernières sont bien diffé-rents de ceux relevés sur l'étude àcourt terme. Deux paramètres consti-tuent des facteurs-clés d'un maintiende l'efficacité des régimes à long terme :la motivation et l'aisance de mise enapplication au jour le jour.De nombreux régimes sont considéréscomme faciles à suivre : Dukan, WeightWatchers, méditerranéen, crétois,Kousmine... D'autres sont accusés d'être difficiles :hyperprotéinés, chrononutrition, curede fruits, etc., voire difficiles à suppor-ter, comme le jeûne. Plus un régime

est difficile à suivre, moins les per-sonnes qui cherchent à perdre dupoids sont enclines à suivre un tel ré-gime, et surtout à le tenir. Le phéno-mène d'abandon ou celui qui consisteà craquer met en péril tant le régimeque le moral. Il est donc préférable demaigrir lentement, en douceur, avecpeu de risques de reprise de poids.

De nombreux régimes sont réputéspour être plus ou moins dangereuxpour la santé, en particulier à moyenet long termes : le régime Mayo, lejeûne, en tête de liste. D’autres sont àsurveiller de près : les régimes hyper-protéinés, chrononutrition... D’autressont sans danger : le régime crétois,méditerranéen, Weight Watchers...Une autre étude, menée par le site ca-nadien «Passeport santé», classe lesdifférents régimes en fonction de leurcapacité à engendrer une perte depoids, les régimes peu efficaces sur laperte de poids pouvant toutefois êtrebénéfiques sur d'autres aspects de lasanté.Vous pouvez le retrouver sur :http://www.passeportsante.net/fr/Solu-tions/DocumentsReference/Docu-ment.aspx?doc=tableau_regimes_comparatif_nu. En cliquant sur les diffé-rents régimes du tableau, à partir de cesite, vous pourrez accéder à la fiche dé-taillée de chaque régime en question.

Choisir de maigrir ? Une nouvelleapproche du surpoids

Ce programme a été mis sur pied en1982 par un groupe d’intervenants ensanté au centre local de services com-munautaires (CLSC) de Rosemont auCanada. Depuis 2003, après vingt an-

nées de recul, il a été réévalué et enri-chi. Son efficacité a été confirmée parles résultats d'une thèse de doctorateffectuée par Lyne Mongeau, au-jourd'hui conseillère scientifique àl'Institut National de Santé Publiqueau Québec. Cette nouvelle approchedu surpoids est basée sur des élé-ments fondamentaux : accepter sonpoids et cesser le recours au régimeamaigrissant. Dans cette approcheaxée sur la promotion de la santé, l'ex-cès de poids est considéré comme unefaçon d'être parmi d'autres, parce qu'iln'empêche pas nécessairement debien vivre. D'autre part, la conceptionde la beauté étant le fruit d'un appren-tissage culturel, on peut accepter quela beauté se manifeste dans une diver-sité de formes et de dimension.

Dans sa thèse, Lyne Mongeau, a ob-servé que ce concept améliore defaçon significative l'estime de soi desparticipants, de même que l'efficacitépersonnelle, les comportements ali-mentaires, la satisfaction face àl'image corporelle, des connaissancessur l'alimentation et les éléments pra-tiques de gestion du poids. Toutefois,certaines de ces améliorations ne sontapparues qu’après 12 mois, soit sur dulong terme. Une autre étude réalisée aux États-Unis, comparant ce type d'approcheaux approches traditionnelles des ré-gimes amaigrissants, a permis de dé-montrer une amélioration à long termedes habitudes de vie et que, même enl'absence de perte de poids, cette mé-thode favorise l'amélioration de plu-sieurs paramètres sanguins del’obésité : cholestérol, taux de HDL,pression artérielle, etc.

Ce programme est dispensé par unenutritionniste, une intervenante psy-chosociale et un spécialiste en activitéphysique. Il se déroule en quatorze rencontrespour une durée totale de

www.equilibre.ca/public-cible/grand-public/participez-a-choisir-de-maigrir

53santé point sur les différents régimes

Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

•••45 heures. Différents thèmes sontabordés : l'évaluation de sa consommationalimentaire ; l'examen de ses motivations à mai-grir ; l'écoute des signaux corporels ; l'influence du regard des autres sursoi ; l'exploration de son image corpo-relle ; le corps en mouvement ; le sens critique face au régime amai-grissant.Ce programme repose sur une ap-proche relativement nouvelle axée surl'acceptation de l'image corporelle,sans recours au régime amaigrissant etautre moyen draconien de perte depoids. Il propose un renforcement del'autonomie : grâce à l'observation deleur comportement, la prise deconscience et la compréhension deleurs problèmes, les participants sontalors en mesure de prendre les sillonséclairés et d'établir leurs propres plansd'action. Cette approche permet demettre fin au cercle vicieux des ré-gimes amaigrissants.

Les recommandations de l’HAS, hauteautorité de santé en France, en fontégalement dans ce sens (voir les fiches

de prise en charge du surpoids et del’obésité page suivante).L’obésité, en revanche, est une mala-die chronique. Sa prise en charge estbasée sur l’éducation thérapeutiqueavec un objectif pondéral réaliste de 5à 15% par rapport au poids initial. La prise en charge des facteurs de co-morbidités (maladies associées), ainsique le maintien de la perte de poidssont essentiels. L’approche est com-

plétée par des techniques cognitivo-comportementales ayant prouvéesleur efficacité. L’activité physique estun des éléments-clés de la stratégiethérapeutique.Une indication de chirurgie bariatriqueest proposée si l’IMC (Indice de massecorporelle) est ≥ à 35 avec co-morbi-dité et ≥ à 40 à la demande du patient,et en l’absence de trouble du compor-tement alimentaire. n

Bibliographie :- Tableau comparatif des régimes :http://www.passeportsante.net/fr/Solutions/DocumentsReference/Document.aspx?doc=tableau_regimes_comparatif_nu- La guerre des régimes entre Dukan et Cohenwww.regime.fr/2014/02/12/la-guerre-des-regimes-entre-cohen-et-dukan-comparatif/- Nocifs, dangereux…un rapport accable les régimes alimentaireshttp://www.leparisien.fr/societe/nocifs-dangereux-un-rapport-accable-les-regimes-alimentaires-25-11-2010-- Les régimes amaigrissants inefficaces et dangereuxhttp://www.e-sante.fr/regimes-amaigrissants-inefficaces-dangereux/breve/1287- Rapport ANAES novembre 2010https://www.anses.fr/fr/content/r%C3%A9gimes-amaigrissants- Rapport HAS Obésité et surpoids de l’adultehttp://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_964938/fr/surpoids-et-obesite-de-l-adulte-prise-en-charge-medicale-de-premier-recoursLes sites Internet de Catherine Picard :www.catherine-picard.comwww.naturoformleblog.wordpress.com

Exemples de techniques propo-sées par la chirurgie bariatrique,dont le but est de restreindre l’ab-sorption d’aliments, diminuant defait l’apport calorique journalier(© Obesity Center @ Cavell)

Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

54 santé point sur les différents régimes

Le patient est pesé et mesuré 25 kg/m2 � IMC (poids/taille2) < 30 kg/m2

SURPOIDS

Voir les fiches de conseils pour l’alimentation et exemples d’activités physiques

BILAN INITIAL Voir tableau Bilan initial d’un excès de poids

Prévoir des consultations dédiées avec un suivi programmé

Élevé Hommes � 94 Femmes � 80

Bas Hommes < 94 Femmes < 80

Présence de comorbidités

Tour de taille (cm)

Interventions proposées pour atteindre l’objectif thérapeutique en fonction de l’IMC, du tour de

taille et de la présence de comorbidités

SURPOIDS AVEC COMORBIDITÉS : conseils diététiques et sur l’activité physique, approche psychologique (objectif : réduire le poids)

SURPOIDS AVEC TOUR DE TAILLE �LEV� : conseils diététiques et sur l’activité physique, approche psychologique (objectif : prévenir une prise de poids supplémentaire et réduire le tour de taille)

SURPOIDS SIMPLE : conseils généraux sur un poids de forme et le mode de vie (objectif : prévenir une prise de poids supplémentaire)

• Prévenir une prise de poids supplémentaire • Ne pas inciter un patient en surpoids simple à perdre du poids • Alerter la personne sur les risques des régimes trop restrictifs et déséquilibrés • Réduire un tour de taille élevé • Prendre en charge les comorbidités associées • Éviter tout discours culpabilisant • Avoir une approche psychologique

FICHE DE PRISE EN CHARGE DU SURPOIDS

Le patient est pesé et mesuré IMC (poids/taille2) � 30 kg/m2

OBÉSITÉ

Voir les fiches de conseils pour l’alimentation et exemples d’activités physiques

BILAN INITIAL Voir tableau Bilan initial d’un excès de poids

Prévoir des consultations dédiées avec un suivi programmé

FICHE DE PRISE EN CHARGE DE L’OBÉSITÉ

> 40

35-40

30-35

Élevé Hommes � 94 Femmes � 80

Bas Hommes < 94 Femmes < 80

Présence de comorbidités

Tour de taille (cm) IMC (kg/m2)

Interventions proposées pour atteindre l’objectif thérapeutique en fonction de l’IMC, du tour de taille

et de la présence de comorbidités

Conseils diététiques et activité physique, approche psychologique (objectif : réduire le poids). Considérer la chirurgie bariatrique

Conseils diététiques et sur l’activité physique, approche psychologique (objectif : réduire le poids de 5 % à 15 %)

• L’obésité est une maladie chronique • La prise en charge de l’obésité est fondée sur les principes de l’éducation thérapeutique du patient • Établir avec le patient des objectifs de réduction pondérale réalistes (de 5 % à 15 % par rapport au poids initial) en définissant des moyens adaptés dans le cadre d’un contrat thérapeutique • Interrompre la prise de poids est déjà un objectif intéressant pour les personnes ayant une obésité qui sont en situation d’échec thérapeutique • Prendre en charge les comorbidités associées • Le maintien de la perte de poids est essentiel • Éviter tout discours culpabilisant • Avoir une approche psychologique complétée si nécessaire par une prise en charge spécialisée (en particulier en cas de trouble du comportement alimentaire, de trouble dépressif) • Les techniques cognitivo-comportementales ont fait la preuve de leur efficacité • La prise en charge du patient par le médecin de premier recours doit être poursuivie au long cours • Les modifications de comportement obtenues pour l’activité physique et l’alimentation doivent être maintenues sur le long terme • Être attentif à l’amélioration du bien-être, de l’estime de soi et de l’intégration sociale du patient

Faire appel à un professionnel de santé en deuxième recours dans les cas suivants : • Récidive après plusieurs régimes, échec de la prise en charge de premier recours. L’échec peut être envisagé au bout de 6 mois à un an en général (faire appel à un médecin spécialisé en nutrition ou un diététicien, à un psychiatre ou un psychologue clinicien, à un masseur-kinésithérapeute ou un enseignant en activités physiques adaptées) • IMC � 35 kg/m2 avec comorbidité et IMC � 40 kg/m2 si demande du patient ou avis pour une éventuelle indication de chirurgie bariatrique

55 à découvrir en DVD

Aujourd'hui, quoi de plus diffi-cile lors que l'on fait ses«courses» journalières que de

trouver du bon pain, que l'on soit enville ou à la campagne ?De surcroît, nombre d'entre nous sontdevenus plus ou moins intolérants augluten. Pourtant, le pain demeurel'aliment de base s'il en est, biologi-quement, symboliquement et spiri-tuellement.Alors pourquoi cette «mise en miette»de l'un de nos savoir-faire les plus an-cestraux ? Pourquoi ce «dépiche-ment» de nos habitudes culinaires ?

Nous vous proposons deux films pourredonner couleur et saveur au pain,deux documentaires qui montrentqu'être au four et au moulin est pos-sible...

Les blés d’orLe goût du pain

Un film de Honorine PerinoDocumentaire - 35 mnProduction : Addocs - 2005Rencontres Cinéma Nature - Prix dumeilleur reportage 2005

En bonus sur le DVD :Légalité et légitimité des semencespaysannes20 mn - Coproduit avec le réseau Se-mences PaysannesLa domestication des blés10 mn - L’évolution des blés du néoli-thique à nos jours.

Disponible sur www.filmsdocumen-taires.com

Regards croisés de chercheurs, depaysans et de boulangers autour dublé, une céréale qui a subi d'impor-tantes mutations.Ils défendent l'agriculture biologique

et les techniques traditionnelles desélection des graines et de fabricationdu pain. La question de l'alimentation quoti-dienne est essentielle pour tous. Lesexcès induits par la révolution indus-trielle conduisent directement à desproblèmes cruciaux de santé pu-blique, comme les allergies alimen-taires et les intolérances au gluten.Au modèle économique unique axésur la croissance et le développement,ils opposent une vision humaniste etéclairée de la culture. Leur connais-sance du monde du vivant, leurs sa-voir-faire et leur engagement citoyenfondent une réflexion sur les vérita-bles enjeux des décisions prises au-jourd'hui par une société tentée par leconformisme et l'uniformité.Passionnés par leur métier, ils sontengagés dans une démarche novatricede renouvellement de leurs pratiques,dans une perspective historique et enaccord avec la société actuelle.

Rencontre avec unpaysan-boulangerUn film de Bernard BonnamourDocumentaire - 102 mnProduction : Bernard Bonnamour -2003

Disponible sur www.filmsdocumen-taires.com

Alain Pommart vit avec sa famille aupied des Alpes près de Grenoble. Sonmétier est peu banal puisqu'il estboulanger-paysan. Il travaille depuisvingt ans en biodynamie et fabriqueun pain d'une rare qualité. Ce pain ob-tenu est le fruit d'un complexe et longtravail où le boulanger-paysan, tel unfunambule sur un fil, est en équilibreavec de multiples éléments : le travaildu champ, les semailles, la moisson,le stockage du grain, la mouture aumoulin, le vieillissement de la farine,le mélange des différentes farines, letravail du levain, le pétrissage, la miseen boule, l'allumage du four à bois, lamise au four...Rencontre avec un boulanger-paysanmontre en détails toutes ces étapes.Tout en accomplissant ces tâches,Alain Pommart nous livre généreuse-ment son savoir-faire.Pour lui, le pain véritable, celui quinourrit l'Homme dans toutes ses di-mensions, n'est plus ni du blé, ni dela farine, ni de l'eau, mais le résultatd'un processus alchimique où des élé-ments de vie sont transmutés grâce àla main de l'Homme.Cet artisan nous révèle, à travers sontravail, les mystères de cette transmu-tation, à l'instar d'une grappe de raisinqui peut devenir par le même proces-sus, un sublime nectar.

Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

À la découverte de deux documentaires autour du pain

2 grosses parts ou 4 mini partsLe gâteau1/2 tasse de noix de pécan1/2 tasse de noix du Brésil1/2 à 1 tasse de dattes fraîches1/2 betterave (petite ou moyenne)2 c. à s. de chocolat en poudre cruUne pincée de sel (optionnel)

Le glaçage1/2 betterave2 à 3 cuillères d'huile de noix de cocofondueSirop de noix de coco (en fonction devotre palais)

La préparation :Concassez grossièrement au mixeur ouau robot culinaire les noix puis réser-vez-les dans un bol pour plus tard.Mixez les dattes, la betterave, le cho-colat et le sel dans un mixeur ou unrobot culinaire. Vous obtiendrez unepâte plutôt liquide.Combinez cette pâte avec les noix

concassées afin d'obtenir une pâteplus ferme.Mettez le tout dans un moule et réser-vez au réfrigérateur le temps de faire leglaçage.Mixez le reste de la betterave avecl'huile de noix de coco fondue et ajou-tez le sirop de noix de coco en fonctiondu goût que vous désirez avoir.

Ajoutez le glaçage sur le gâteau et lais-ser au réfrigérateur quelques heuresafin que le glaçage se solidifie.Pour sortir le gâteau plus facilement,utilisez un couteau et découpez autourdu gâteau avant de l'extraire du moule.Astuce : vous pouvez remplacer lesnoix par des noisettes ou des noix deGrenoble.

56 notre coin cuisine

Gâteau au chocolat à la betterave

Notre recette sans cuisson et végétalienne

Aujourd'hui, épatez vos convives avec cette petite recette qui révélera à cesderniers que manger des légumes en dessert peut s’avérer exquis ! Sanscuisson, sans gluten, lait ou même œuf. La recette ne nécessite pas beau-coup d'ingrédients ou de temps. Bon appétit !

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* Chef Privé et Végétalien cru, Guillaume Mariais aime partager ses recettesavec le plus de monde possible. Il rédige des articles et des recettes sur lethème du végétalisme cru dans le magazine Le Chou Brave et anime sa proprechaîne youtube : AmouRaw, où il partage tout autant ses recettes que ses 5années d'expérience. Le végétalisme cru, c'est pas forcément que des sa-lades !

Par Guillaume Mariais*

57notre coin cuisine

FAIBLE EN CALORIES, RICHE EN FIBRESLa betterave... Elle est l’un des rares végétaux à contenir des bétalaïnes, une famillede pigments contribuant à sa couleur prononcée. Des composés qui sont de puissantsantioxydants. Elle contient des composés phénoliques, dont les flavonoïdes au pouvoirantioxydant. La pelure contiendrait au moins trois fois plus de composés phénoliquesque la chair. La betterave est une bonne source de vitamine B9 et une source de cuivre,de fer (seulement pour l’homme). Crue : elle est source de magnésium (seulementpour la femme) et de manganèse. Bouillie : elle est une source de potassium.

Les feuilles... Les caroténoïdes desfeuilles contribuent à prévenir cer-tains cancers, comme le cancer dusein et le cancer du poumon. Un ap-port régulier de lutéine et de zéaxanthine, des caroténoïdes conte-nus dans les feuilles de betterave, seraient associé à un risque plusfaible de dégénérescence maculaire, de cataracte et de rétinite pig-mentaire. Ils se concentrent en effet particulièrement dans la ma-cula et la rétine, protégeant ainsi l’œil d’un stress oxydatif pouvantlui causer des dommages. Elles sont très riches en composés phé-noliques. La feuille de betterave est une excellente source de vita-

mine K, une source de vitamines C et E, et de potassium. Bouillie : elle est une excellente source de vitamine A, une bonne source de vitamine B2, de cuivre, de fer, de magné-sium et de manganèse, une source de vitamines B1, B5, B6, et de calcium. Crue : elle est une bonne source de vitamineA (plus pour la femme), une source de cuivre, de fer, de magnésium, de manganèse.

Le jus... Le contenu du jus de feuille de betterave fraîche en composés phé-noliques est le plus élevé parmi plusieurs végétaux, dépassant le contenudu jus d’épinard et de brocoli. Des études ont montré que le jus de betterave,riche en nitrates, a des effets bénéfiques sur les performances sportives endiminuant le coût en oxygène lors d’efforts continus, sur la performancecardiovasculaire en altitude et sur la pression artérielle systolique et dias-tolique à raison d’un grand verre quotidien ou d’une soupe de betterave(telle le bortsch). Une étude parue il y a quelques mois* souligne cette der-nière vertu. Une méthode naturelle pour contrôler sa pression artérielle etlutter contre l’hypertension. * «Dietary Nitrate Provides Sustained Blood Pressure Lowering in Hypertensive Patients : A Randomized, Phase 2,Double-Bind, Placebo-Controlled Study», Vikas Kapil et al., Hypertension, American Heart Association, 24 novembre2014.Source : Passeport santé

Les bienfaits

Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

La betterave est aussi délicieusesimplement râpée, crue, accom-pagnée d’une vinaigrette, sur litde mâche, par exemple.

58 les mots de Jean-Luc

Horizontalement

Verticalement

I- Allergie II- Étonnante III- Prononcé - Grande nation musulmane - Condiment japonais IV- Frère de Lyncée - Missive- Enjambeur V- Énerver VI- Passage sans fin - Brise - Blanc ou bleu VII- Bêtasse - Précieuse unité VIII- Couleur - Ilmaintient la tête droite IX- Flamande - Ancienne province d'Espagne X- Parti de Barta - Étoiles - Fille péruvienne de Ge-rónimo XI- Sur la Côte des Blancs - Révolution - Protecteur de la couronne XII- Fer galvanisé au départ - Il fait rougir latomate - Antigang XIII- Érode - Pulsionnelles XIV- Opérateur Booléen - Habille - Surveillant de l'environnement - Ildonne de l'espoir XV- Sans addition - Règles.

1- Intéressés par les dépôts 2- Il voit la maladie en grand 3- Ne chassent pas le papillon - Préposition - Anticorps - Ilsort de la bouche des enfants 4- Sous-sol d'ascenseur - Pour la VO - Grey noir 5- Station balnéaire japonaise - Supplicions- Œuf primordial 6- Associé symboliquement à 35 - Dix-septième phénicienne - Elle permet le reflux - Grincera 7- Voca-liser en montagne - Long cours 8- Antidépresseurs 9- Accueil de marionnettes - Banque de pages - Inusité 10- Il peutêtre oriental, occidental ou méridional - Réfuter 11- Esprit du Caucase - Solution «technologique» de Christian Fouchet- Artiste métrophile new-yorkais 12- Papillote amérindienne - Graal du travailleur - Salut 13-Méconnaissables 14- Bienavant Tokyo - Représenter chez Madame Tussauds 15- Il abuse souvent du prétexte humanitaire.

(Solutions dans notre prochain numéro)

Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

59 le coin des livres

Lettre à un paysan...

Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

Lettre à un paysan sur ce vastemerdier qu’est devenue l’agricul-ture, par Fabrice Nicolino, à paraî-tre le 17 septembre aux ÉditionsLes Échappés.

Présentation de l’ouvrageDans cette lettre à un paysan de 90ans, Fabrice Nicolino revient, avec laverve, la précision et la limpiditéqu'on lui connaît, sur les révolutionsqui ont ébranlé l'agriculture : la stan-dardisation à outrance et la mécani-sation des cultures et de l'élevage,l'utilisation des pesticides et des en-grais, l'influence grandissante des in-génieurs agronomes, leremembrement des terres, la limita-tion des semences, la mise de l'agri-culture au service del'industrialisation. Et aujourd'hui, lebraquage des terres à l'étranger pourpallier le manque de surface agricole.Il déplore ces «commandos français venusde l'Inra, de la recherche, de la haute admi-

nistration, du syndicalisme paysan officiel»qui, «enivrés d'Amérique», ont sauté «surles campagnes, fusillant sans jugementquelques millions de paysans», «enfermantà triple tour veaux, vaches et cochons, inon-dant les champs de nouvelles molécules chi-miques, et finissant la journée en se tapantdans le dos de contentement». Reste au-

jourd'hui une question : «Ce qui a étéfait peut-il être défait ? Oui, jurent quelquessiphonnés, dont je suis, écrit-il. (...) Monvieux Raymond, (...) ne me dis surtout pasque tu ne regrettes rien. Moi, si. Une autrehistoire était possible. Un autre monde resteà construire». Dans ce texte percutant, Fabrice Ni-colino nous bouscule et appelle à re-trouver la raison ainsi que, pour citerPaul Ricoeur, «la simplicité des choix fon-damentaux».

L’auteurFabrice Nicolino est journaliste. Ilest notamment l’auteur de Pesticides,révélations sur un scandale français, Bi-doche, l’industrie de la viande menace lemonde, et de Qui a tué l’écologie ?Retrouver l’interview de Fabrice Nico-lino : «Il faut reconstruire un modèled’élevage tout à fait nouveau», dansnotre dossier sur la nutrition, Enquêtesde santé N°4 (décembre 2010-janvier2011).

Faune sauvage, biodiversité et santé, quels défis ?Faune sauvage, biodiversité etsanté, quels défis ?, sous la direc-tion de Serge Morand, FrançoisMoutou et Céline Richomme : ou-vrage paru le 1er juillet 2014 auxÉditions Quæ.

Présentation de l’ouvrage La crise environnementale actuelles’accompagne d’une crise de la biodi-versité et d’une crise épidémiolo-gique marquée par des émergencesde maladies infectieuses nouvelles is-sues de la faune sauvage et domes-tique. Existerait-il des liens entrebiodiversité et transmission des pa-thogènes ? Les pertes de biodiversités’accompagnent-elles d’une augmen-tation des risques sanitaires infec-tieux ? À l’inverse, la faune sauvage etla biodiversité au sens large subis-

sent-elles l’usage des antibiotiques ?Les services rendus par les écosys-tèmes, comme la pollinisation assu-rée par les abeilles, sont-ils menacés

par les pesticides ? La faune sauvageest-elle devenue, à son corps défen-dant, sentinelle de la qualité sanitairede notre environnement ?

Les auteursSerge Morand, chercheur au CNRSet au Cirad, étudie l’écologie évolu-tive des interactions hôtes-parasites.Il s’intéresse aux liens entre biodiver-sité et maladies infectieuses.François Moutou, est docteur vétéri-naire et épidémiologiste. Ses re-cherches ont porté sur des maladiesanimales strictes et sur des zoonoses.Céline Richomme, est docteur vété-rinaire et épidémiologiste. Elle estspécialisée sur les animaux sauvages,travaille à l’Anses en épidémiologiedes agents pathogènes d’importanceen santé animale ou humaine.

60 événement

8e Congrès de Quantique Planète : Tous mutants demain !

Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

Le 8e congrès de Quantique Pla-nète se tiendra les 21 et 22 no-vembre 2015 à Reims, et aura

pour thème : «Tous mutants demain».

L’initiatrice : Marion Kaplan, bio-nu-tritionniste, élève du Dr Kousmine etauteur d’une vingtaine d’ouvrages surle thème de la santé.Présentation par Marion Kaplan :«Nous avons créé un environnementde plus en plus artificiel et nous avonsvoulu nous substituer à la Nature.Bientôt, les robots exécuteront lestâches que nous ne voulons plus ac-complir, les cellules souches pourrontfabriquer des organes de substitutionet la viande se fabriquera en labora-toire...Aurons-nous le temps de nous adap-ter ? Qu’en est-il de notre humanité ?Nous ne sommes pas des machinesbiologiques et le temps est venu pourcomprendre que notre psyché, nos dé-cisions et nos intentions peuvent in-fluencer nos gènes et la qualité denotre adaptation à ce monde mutant...Les conférenciers que nous sélection-nons sont tous des gens de cœur, au-thentiques, animés de cette réellepassion de partager leurs connais-sances avec vous».

Les intervenants : Jacques Attali : «Devenir soi»

Pierre Weill, ingénieur agronome,scientifique et entrepreneur : «Tousgros demain ?»

Dr Joël de Rosnay, scientifique, pros-pectiviste, conférencier et écrivain :«Épigénétique : santé par la modula-tion de l’expression des gènes».

Dr Thierry Janssen, psychothérapeutespécialisé dans l’accompagnement despatients atteints de maladies psy-chiques : «Présence à soi : la clé d’unvrai changement».

Roger Lenglet, philosophe et journa-liste d’investigation : «Les nano-toxiques».

Pr Marc Henry, enseignant-chercheuret professeur à l’université de Stras-bourg : «De l’information à l’exforma-tion, une histoire de vide, d’eau oud’ADN ?».

Dr Paul-Hervé Riche, attaché des hô-pitaux en neurochirurgie à Montpellier :«Les bactérophages : les virus guéris-seurs, l’espoir contre les maladies no-socomiales ?».

Patrick Burensteinas, scientifique,auteur, conférencier et formateur inter-national : «Transmutation, modèled’adaptation à notre environnementintérieur et extérieur».

Dawson Church, chercheur en méde-cine énergétique : «Le génie dans vosgènes».

Lierre Keith, écrivaine, petite agricul-

ture et féministe radicale : «Le mythevégétarien : nourriture, justice et dura-bilité».

Jean-François Bouvet, agrégé desciences naturelles et docteur d’Étatès-sciences (neurobiologie) : «Mu-tants : À quoi ressemblerons-nous de-main ?».

Georges Vieilledent, ingénieur du sonde formation et directeur de la sociétéÉlectrophotonique Ingénierie, et Ray-mond Herren, ingénieur électronicienau laboratoire Physique Chimie del’université Paris Sud (CNRS) : «Lesphotons, témoignages des interac-tions du vivant».

Mario Beauregard, chercheur en neu-rosciences : «Nous ne sommes pas desmachines biologiques».

Pr Roger Durand, professeur hono-raire de l’université Blaise Pascal àClermont-Ferrand : «Une autre visionde la nature pour une autre civilisa-tion».

Rav Benchetrit : «Destiné ou testinné ?».

Stéphane Allix, réalisateur de films,auteur, journaliste fondateur de l’IN-REES (Institut de Recherche sur les ex-périences extraordinaires) : «Qu’est-ceque la conscience ?».

Marion Kaplan.

Renseignements et réservations :Contact : 04 94 01 22 61.Le site internet de Quantique Planète :www.quantiqueplanete.com

Les 21 et 22 novembre 2015

61

AGENDA

prochains rendez-vous

Le 9 septembre, à 19hLes Pr Romain Gire et Domi-nique Belpomme donnerontune conférence sur lesthèmes : «Effet du change-ment climatique sur le vi-vant» et «La santé endanger : un crime contrel’humanité».Pour tout renseignement etréservation : [email protected] (75 015) : Maison desAssociations, 22 rue de laSaïda.

Du 11 au 27 septembreLe Réseau Semences Pay-sannes organise sa 3e édi-tion de la Semaine desSemences Paysannes. Unesemaine d’action pour quevivent les semences. Cetteannée, la semaine se clôtu-rera par une grande rencon-tre internationale «Sème tarésistance !», organisée les24-25-26 septembre au seindu Village Emmaüs de Les-car-Pau (64). Le 26 sera unejournée ouverte au grandpublic avec bourse aux se-mences, exposition de labiodiversité, conférences-débats, ateliers pratiques,inauguration de la Maisondes Semences Paysannesdu Village d’Emmaüs...Toute la France

Le 12 septembreLe Pr Henri Joyeux organiseune journée de conférencessur la : Médecine du Futur -Les complémentarités entremédecines modernes et mé-decines douces. Les thèmesqui seront abordés : Préven-tion d’un fléau social : Lecancer du sein & Les pro-duits de la ruche pour lasanté.Informations et réservations :04 42 54 42 60.Mail : [email protected] (13) : Cen-tre des Congrès, 14 boule-vard Carnot.

Du 18 au 20 septembreLa Rotonde accueillera le31e édition de la Foire Éco-biologique : 100 exposants,conférences et ateliers, ani-mations.Renseignements auprès dePatrick Viot au 09 67 21 2437.Thaon-les-Vosges (88) : LaRotonde, 7 rue Pierre deCoubertin.

Le 20 septembreLe Groupement Apicoled’Entraide du Garlaban(GAEG) organise sa 12ème

fête de l’abeille et du miel.Seront proposés durant

cette journée : dégustations,expositions, démonstra-tions, conférences et ate-liers.Contact : [email protected] ; Tél : 06 3422 13 28.Roquevaire (13) : Salle Ray-mond Reynaud (quartier dela gare).

Le 12 octobreLes rencontres scientifiquesde l’Anses (Agence natio-nale de sécurité sanitaire del’alimentation, de l’environ-nement et du travail) : resti-tution du Programmenational de recherche envi-

ronnement santé travail(PNR-EST) «Exposition auxagents physiques et auxnouvelles technologies :quels effets sanitaires ?» LePNR-EST a financé des pro-jets de recherche sur lesthèmes des radiofré-quences, des nanomaté-riaux et du bruit. Lesrésultats de ces projets se-ront présentés à l’occasionde cette journée.Événement ouvert à tous.Renseignements sur le sitede l’Anses : www.anses.frParis (75 014) : Cité inter-nationale universitaire deParis, 17 boulevard Jourdan.

NOS TARIFSVous pouvez commander un nu-méro unitaire en ligne (avec paie-ment sécurisé Paypal) sur notre site :http://www.enquetesdesante.com

Ou nous adresser un mail :[email protected] commander par courrier,adressez un chèque à l’ordre de«Enquêtes de santé»

Les nouveaux tarifs d’Enquêtes desanté à partir du N°29 :En raison de la période des va-cances, Enquêtes de santé cesse la pu-blication du numéro de juillet/août. - Numéro unique : 3 euros.- Abonnement de 1 an : 13 euros (5numéros).- Abonnement de 2 ans : 22,50 euros(10 numéros).

Enquêtes de santé09 52 23 82 37/07 83 16 79 88

9 rue Carnot54 550 Pont-Saint-Vincent

Enquêtes de santél’information complémentaire pour la santé Juin-Juillet 2010 - numéro 1

Tout savoir sur le protocole du Dr André Gernez contre le cancer

Vraie/fausse pandémie, conflits d’intérêts....

L’heure des comptes

Pierre Méneton : Le sel, un tueur caché

Dossier cancer

Dossier grippe A et vaccins

Entretien

L’hypertension artérielleLa comprendre et la vaincre

avec le Dr Luc Bodin et Philippe Dargère

À découvrir en DVDLes chemins de la guérison,

de Jean-Yves Bilienwww.enquetesdesante.com

Bimestriel - 5 euros

Solutions des mots croisés N°28

Enquêtes de santé N°29 - septembre/octobre 2015

Dossier : Les microbes

SantéLa santé sexuelle : quand la biologie se mêle

à la culture, que faire pour l’optimiser ?

À découvrir en DVDSeul est vaincu celui qui renonce,

de Jean-Yves Bilienwww.enquetesdesante.com

Dr Olivier Soulier

Ces alliés qui nous ont fait naître etcontinuent de nous faire progresser

Philippe Baqué

Les dérives de l’agriculture bio :quand le bio se fait business

Écologie

Enquêtes de santél’information complémentaire pour la santé Mai-Juin 2014 - N°23

Bimestriel - 2,50 euros

Découverte

Ho’oponopono, avec le Dr Luc Bodin

5511 ppaaggeess ssaannss ppuubblliicciittéé

Enquêtes de santél’information complémentaire pour la santé Déc. 2014/Janv. 2015 - N°26

Bimestriel - 2,50 euros

4488 ppaaggeess ssaannss ppuubblliicciittééDossier

Dr Michel de Lorgeril

Prévenir l’infarctus du myocardeet l’AVC, c’est possible

Mylène Weill

Moustiques vecteurs : une guerrenon sans dommages collatéraux

Écologie

Société

Grippe saisonnière : la vaccination en question,avec le Dr Marc Girard

SantéLes troubles du sommeil,

quelles solutions naturelles ?

À découvrir en DVDDonner/Recevoir

de Michèle et Bernard Dal Molinwww.enquetesdesante.com

Enquêtes de santél’information complémentaire pour la santé Février-Mars 2015 - N°27

Bimestriel - 2,50 euros

4499 ppaaggeess ssaannss ppuubblliicciittééDossier

Pr Andrzej Górski, Jérôme Gabard

Les espoirs de la phagothérapiecontre l’antibiorésistance

André Cicolella, Pr Ana Soto

Les perturbateurs endocrinienssont à substituer de toute urgence

Santé environnementale

Découverte

Mode d’emploi de L’EFT, technique de libérationémotionnelle, avec le Dr Luc Bodin

SantéCholestérol, comment

le réguler avec des moyens naturels ?

À découvrir en DVDLe ventre, notre deuxième cerveau,

de Cécile Denjeanwww.enquetesdesante.com

Enquêtes de santél’information complémentaire pour la santé Mai-Juin 2015 - N°28

Bimestriel - 2,50 euros

5500 ppaaggeess ssaannss ppuubblliicciittééDossier

Dr Caroline Roos, Dr Jean Thomas, Michel Habif

Une autre compréhension pourune approche sans médicament

Christine Chemnitz

L’industrie mondiale de la viandeest de plus en plus destructrice

Santé environnementale

Alerte santé

Sécurité alimentaire : les dangers du TAFTA/TTIP,par Christian Berdot

SantéLe tabac, comment aider

le sevrage par des moyens naturels ?

À découvrir en DVDSuper Trash,

de Martin Espositowww.enquetesdesante.com

Enquêtes de santél’information complémentaire pour la santé Juillet-août 2014

Bimestriel - 2,50 euros

5511 ppaaggeess ssaannss ppuubblliicciittééDossier

Dr Jean-Pierre Willem

Troubles anxieux : comment sesoigner sans produits chimiques

Dr Patrick Landman

Hyperactivité infantile : une fausseépidémie qui rapporte...

Alerte santé

Découverte

La méditation de pleine conscience, avec JeanneSiaud-Facchin

SantéAllergies saisonnières,

quelles solutions naturelles ?

DVDCancer... business mortel ?,

de Jean-Yves Bilienwww.enquetesdesante.com

Enquêtes de santél’information complémentaire pour la santé

5599 ppaaggeess ssaannss ppuubblliicciittééDossier

Dr Luc Bodin

Analyses biologiques : savoir leslire et mieux les comprendre

Dr Mitchell Joachim

Villes du futur : quand l’urbanismese met au vert

Écologie

Découverte

Les soins esséniens : issus d’un autre âge ou soinsdu futur ?

SantéLe drainage des toxines :

le point sur cette pratique ancestrale

Ebola : le chlorure de magnésiumpeut stopper ses effets,

avec Pierre Lance et Marie Billiwww.enquetesdesante.com

Sept.-Oct. 2014 - N°25Bimestriel - 2,50 euros

Enquêtes de santé N°2 (bientôt épuisé) à 17 • TOUJOURS DISPONIBLES (PAPIER)

Enquêtes de santé N°1 à 28 • TOUJOURS DISPONIBLES (PDF)