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1 Energies renouvelables : mais où sont donc passés les emplois promis ? Par Michel Gay Le 14 novembre 2017 N° 324 Le développement des énergies renouvelables devait créer 100 000 emplois en France en quelques années selon les déclarations de Ségolène Royal 1 (alors Ministre de l’écologie) en août 2015, lors de la promulgation de la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV). Mieux encore. Delphine Batho, qui l’avait précédé à ce poste, déclarait en décembre 2012 "La prévision, à ce jour, sans effort supplémentaire de l’Etat, c’est 295.000 créations d’emplois d’ici 2020. Quand on dit 100.000 emplois en trois ans, c’est un objectif crédible, réaliste". L’ex-députée de l'Ardèche, Sabine Buis, s'enthousiasmait 2 encore en octobre 2013 des milliers d’emplois supplémentaires qu'allaient créer les énergies solaires et éoliennes. Benoit Hamon, l'ancien ministre délégué à l'Economie sociale et solidaire, a même réaffirmé en mars 2017 «Cette transition énergétique va être riche en emplois 3 . Là où on fait de l'énergie renouvelable, on fait six fois plus d'emplois qu'avec de la production d'énergie classique ou nucléaire». Est-il besoin de rappeler les autres promesses fallacieuses de centaines de milliers d'emplois qui auraient dû accompagner le développement des énergies renouvelables ces dernières années ? Quel est le bilan aujourd’hui ? "Un vent froid souffle sur les industriels de l'éolien" indique Véronique Le Billon dans « Les Echos » du 10 novembre 2017. L'industriel allemand Siemens, qui a déjà abandonné la construction de panneaux solaires devant la concurrence chinoise, mais qui reste encore impliqué dans les éoliennes, s'apprête à supprimer plus de 10 000 emplois 4 en Allemagne. Après avoir fusionné leurs activités dans l'éolien, Siemens et l'espagnol Gamesa ont annoncé 6000 suppressions de postes, soit près d'un quart de leurs effectifs. Ce mois-ci, le cours de l'action de Vestas, un grand constructeur d'éoliennes, a fortement chuté en bourse après la publication de ses résultats trimestriels. Le constructeur allemand d'éolienne Nordex a annoncé la suppression de 10% de ses effectifs 5 , soit plusieurs centaines d'emplois en septembre dernier. 1 https://www.usinenouvelle.com/article/place-aux-100-000-emplois.N345745 2 https://www.contrepoints.org/2014/08/25/178251-la-farce-tragique-des-emplois-verts 3 http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/le-vrai-du-faux/2017/03/03/29003-20170303ARTFIG00221-emplois- dans-les-energies-renouvelables-pourquoi-benoit-hamon-peche-par-optimisme.php 4 http://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/territoire-de-belfort/belfort/siemens-s-apprete- supprimer-plus-10000-emplois-allemagne-1363621.html 5 http://www.boursier.com/actualites/reuters/nordex-supprime-des-emplois-et-reduit-ses-couts-208689.html

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Energies renouvelables : mais où sont donc passés les emplois promis ?

Par Michel Gay

Le 14 novembre 2017 N° 324

Le développement des énergies renouvelables devait créer 100 000 emplois en France en quelques années selon les déclarations de Ségolène Royal1 (alors Ministre de l’écologie) en août 2015, lors de la promulgation de la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV). Mieux encore. Delphine Batho, qui l’avait précédé à ce poste, déclarait en décembre 2012 "La prévision, à ce jour, sans effort supplémentaire de l’Etat, c’est 295.000 créations d’emplois d’ici 2020. Quand on dit 100.000 emplois en trois ans, c’est un objectif crédible, réaliste". L’ex-députée de l'Ardèche, Sabine Buis, s'enthousiasmait2 encore en octobre 2013 des milliers d’emplois supplémentaires qu'allaient créer les énergies solaires et éoliennes. Benoit Hamon, l'ancien ministre délégué à l'Economie sociale et solidaire, a même réaffirmé en mars 2017 «Cette transition énergétique va être riche en emplois3. Là où on fait de l'énergie renouvelable, on fait six fois plus d'emplois qu'avec de la production d'énergie classique ou nucléaire». Est-il besoin de rappeler les autres promesses fallacieuses de centaines de milliers d'emplois qui auraient dû accompagner le développement des énergies renouvelables ces dernières années ? Quel est le bilan aujourd’hui ? "Un vent froid souffle sur les industriels de l'éolien" indique Véronique Le Billon dans « Les Echos » du 10 novembre 2017. L'industriel allemand Siemens, qui a déjà abandonné la construction de panneaux solaires devant la concurrence chinoise, mais qui reste encore impliqué dans les éoliennes, s'apprête à supprimer plus de 10 000 emplois4 en Allemagne. Après avoir fusionné leurs activités dans l'éolien, Siemens et l'espagnol Gamesa ont annoncé 6000 suppressions de postes, soit près d'un quart de leurs effectifs. Ce mois-ci, le cours de l'action de Vestas, un grand constructeur d'éoliennes, a fortement chuté en bourse après la publication de ses résultats trimestriels. Le constructeur allemand d'éolienne Nordex a annoncé la suppression de 10% de ses effectifs5, soit plusieurs centaines d'emplois en septembre dernier.

1 https://www.usinenouvelle.com/article/place-aux-100-000-emplois.N345745

2 https://www.contrepoints.org/2014/08/25/178251-la-farce-tragique-des-emplois-verts

3 http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/le-vrai-du-faux/2017/03/03/29003-20170303ARTFIG00221-emplois-

dans-les-energies-renouvelables-pourquoi-benoit-hamon-peche-par-optimisme.php 4 http://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/territoire-de-belfort/belfort/siemens-s-apprete-

supprimer-plus-10000-emplois-allemagne-1363621.html 5 http://www.boursier.com/actualites/reuters/nordex-supprime-des-emplois-et-reduit-ses-couts-208689.html

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En France, Alstom a jeté l'éponge depuis plusieurs mois après des espoirs déçus et une expérience désastreuse dans l’éolien. Les promesses dans le domaine des énergies renouvelables n’engagent vraiment que ceux qui les écoutent et y croient…. Mais où sont donc les "gisements d'emplois non délocalisables" tant vantés ? Des emplois éphémères ont bien été créés (parfois avec de la main d'œuvre étrangère), mais l'augmentation du prix de l'électricité, incluant les faramineuses subventions aux énergies renouvelables, a détruit d'autres emplois durables en France. La Commission de régulation de l'énergie estime le prélèvement financier sur les factures d'électricité des Français à… 8 milliards d'euros6, uniquement en 2018. La ruineuse LTECV

Rendre possible l'exploitation ruineuse de moyens de productions intermittentes d'électricité et

massacrer des paysages préservés devaient passer par une loi ! Et nos élus "bien conseillés" y

sont parvenus. Elle s’appelle la LTECV.

La LTECV veille sur le magot des énergies renouvelables que se partage des affairistes sans

scrupules qui profitent de textes légaux élaborés dans le sens de leurs intérêts.

Mais comment ont-ils réussi à faire passer des lois qui leur permettent d’appauvrir les Français

en toute légalité ?

Se réfugier derrière ce qui est légal pour défendre ce qui n’est pas moral est une stratégie

politique qui ne tiendra pas longtemps. Comme pour le secret bancaire, le moment est venu

d’ouvrir les yeux sur les "Panama" et autres "Paradise papers" verts.

Cette loi « scélérate » est un bel exemple d’anesthésie des citoyens par des promesses

mirifiques pour mieux les piller. Les initiateurs de cette loi inique peuvent ainsi brandir un

laisser-passer qui a été validé par les représentants du peuple. Ils ont avec eux le droit et, dans

le respect de la démocratie, ils vont coloniser les espaces libres avec d'immenses éoliennes et

se servir dans le portefeuille des Français.

Pour "sauver la planète" et au nom de "l'avenir de nos enfants", le monde politico-médiatique

n’est-il pas majoritairement le défenseur de ce système légal mais immoral ?

Une autre loi permettant de faciliter et d’accélérer les procédures pour avancer plus vite dans le développement des énergies renouvelables est en préparation dans le cadre plus général des lois de simplifications administratives7. "Un groupe de travail" s'y est attelé activement8 fin octobre. Et sans la vigilance de nos élus, ils arriveront à créer le « choc de simplification » promis. Les Français auront alors un vrai choc… financier et émotionnel !

6 http://www.cre.fr/documents/deliberations/decision/cspe-2018

7 http://www.gouvernement.fr/action/le-choc-de-simplification

8

https://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/cs/ContentServer?pagename=Territoires/Articles/Articles&cid=1250279931988

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15 novembre 2017

Risques de coupures électriques en France, dès cet hiver

Le 25 janvier 2017, à 19 heures, « nous sommes passés à un cheveu d’enclencher la

mesure d’interruptibilité » déclarait le Président du directoire de RTE, François Brottes, lors

de ses vœux, quelques jours plus tard. En effet ce jour-là et bien que la France connaisse

une vague de froid ordinaire avec des températures plus clémentes que prévues, le

système électrique français n’avait plus que 1 000 MW de marge soit 1% de sa capacité

de production mobilisable.

Ce jour-là, à cette heure-là (à la pointe de la consommation) la demande s’est élevée à

92 788 MW. Pour faire face à cette situation tous les moyens de production ont été

sollicités : le nucléaire a fourni 61% de la demande, l’hydraulique 13%, le gaz 10%, le fioul

5%, le charbon 3%, l’éolien 1,5%, le photovoltaïque 0% (à 19 heures, en hiver il fait nuit), les

bioénergies 1% et l’importation 5,5%.

Aujourd’hui, à l’approche de l’hiver, les élus du CCE d’EDF exercent leur devoir d’alerte

sur les risques de coupures électriques. Depuis l’hiver dernier, les centrales thermiques au

fioul ont été fermées par EDF, pour cause de rentabilité insuffisante, ce qui fait un

manque à produire de 2 400 MW. RTE, dans un communiqué de presse du 7 novembre

2017, indique qu’ : « il pourrait être amené à prendre des mesures exceptionnelles, allant

jusqu’à des coupures programmées cet hiver. »

Pour les élus du CCE, le pire est à venir pour les étés et hivers prochains. En effet, la

capacité à assurer la sécurité d’approvisionnement par les parcs de production

hexagonaux, s’est largement dégradée. L’expertise réalisée par IED, sur demande du

CCE, démontre que les risques de rupture de fourniture deviennent inévitables.

D’une part, des moyens de productions pilotables thermiques, nucléaires et fossiles, dont

la puissance est garantie au moment nécessaire, sont fermés ou condamnés à court

terme, et ce malgré les avis négatifs des représentants du personnel unanimes.

D’autre part si la capacité installée de production d’électricité augmente ce n’est qu’au

travers du développement de nouveaux moyens de production centrés sur les énergies

renouvelables intermittentes et non pilotables (photovoltaïque et éolien). Ces moyens

avec un taux de disponibilité de 15 à 25% sont pas ou peu mobilisables à la pointe.

Par ailleurs, l’appel aux pays limitrophes via les interconnexions est techniquement limité

et les aléas climatiques les frappent souvent aux mêmes périodes (le 25 janvier 2017, à

19 heures, par exemple, il n’y avait presque pas de vent ni en France, ni en Allemagne...).

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Pour empêcher le scénario catastrophe, les élus du CCE proposent de :

revenir à la mission première d’EDF et assurer le service public de la fourniture

d’électricité, à l’opposé de la logique d’effacement ;

conforter le mix électrique français peu émetteur de CO2 en s’opposant à la

fermeture de moyens de production pilotables (puissance garantie au moment

nécessaire) : le thermique dont le palier charbon menacé à très court terme

comme la centrale de Fessenheim, sont emblématiques de choix déraisonnables ;

conserver les concessions hydrauliques dans le giron d’EDF et ne pas céder aux

injonctions de Bruxelles qui veut imposer leur don au secteur privé alors que les

principes d’efficacité et de sécurité doivent compter avant tout. Pour exemple,

l’hydraulique assure le secours électrique aux centrales nucléaires et aussi le débit

des fleuves. Seule EnR pilotable, l’hydraulique, est un bien public amorti

économiquement, mais c’est aussi un outil de service public en ce qui concerne la

gestion de l’eau, mission d’EDF.

engager sans tarder la construction de nouveaux moyens de production

thermiques, nucléaires et hydrauliques :

1. Thermique : CCG (Cycle combiné gaz) et biomasse ;

2. Nucléaire : EPR nouveau modèle ;

3. Hydraulique : STEP (Station de transfert d’énergie par pompage).

Si les politiques européennes et françaises actuelles concernant l’énergie perdurent, elles

conduiront à :

une augmentation significative du prix de l’électricité et en conséquence une

augmentation de la précarité énergétique pour les particuliers (onze millions de

foyers sont en précarité énergétique actuellement) ;

une diminution des activités économiques pour lesquelles le prix bas de l’électricité

en France est un levier de développement ;

une dégradation de la fourniture (baisse de tension) ;

des restrictions de consommation (effacements et délestages massifs) dues au

manque de moyens de production.

Contact presse

Jean-Luc Magnaval 06 68 29 54 80

[email protected]

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Le Mont Champot

vendredi 10 novembre 2017

Pourquoi Nicolas Hulot a repoussé

l’échéance de la loi de transition

énergétique.

Jean Pierre Riou révision de Jean Fluchère

La raison majeure ne peut en être que dans la responsabilité qui lui incombe de par sa fonction

et qui stipule :

6° - III. - Au titre de l'énergie et du climat, il élabore et met en œuvre la politique de l'énergie,

afin notamment d'assurer la sécurité d'approvisionnement, la lutte contre le réchauffement

climatique et l'accès à l'énergie, et de promouvoir la transition énergétique.

Car la difficulté n’est pas de fermer un réacteur nucléaire, mais d’assurer cette sécurité.

Et bien que la France ait régulièrement été, il y a peu de temps encore, 1° exportateur mondial

d’électricité, le gestionnaire du réseau européen (Entsoe) la considère désormais parmi les

pays les plus exposés à une rupture d’approvisionnement, en cas de combinaison de vague de

froid et d’absence de vent.

Comme c’est le cas de toute période de grand froid anticyclonique.

Malgré les mécanismes d’effacement, qui s’apparentent d’ailleurs à la suppression d’autant de

fusibles, et le recours possible à des délestages partiels par zones.

Le mécanisme d'effacement, qui introduit de nouveaux acteurs dans le système électrique,

permet de rémunérer le report d'une consommation prévue lors de périodes tendues pour le

réseau.

Et de compenser ainsi la perte, notamment de production industrielle.

Ce mécanisme ne résout pas pour autant le problème de consommation globale à l’échelle

d’une journée.

Et le non respect obligé des normes de sécurité (N-1) accompagne fréquemment ces périodes

tendues et rendent crédible la possibilité d’un blackout total sur le pays, comme celui que la

France a frôlé le 25 janvier dernier à 19 heures, malgré des températures tout à fait normales

pour la saison.

Une telle rupture n’excluant pas d’entrainer avec elle le reste de l’Europe, par effet domino

sur le réseau.

Le compte rendu de la panne de courant de grande importance du 4 novembre 2006 qui

a affecté l'Europe montre que non seulement le pire ne saurait être exclus, mais il

identifie, à plusieurs reprises, les difficultés supplémentaires et incontrôlables

qu'entraîne la production décentralisée éolienne en pareil cas.

Des conséquences apocalyptiques

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Le site http://www.blackout-simulator.com/ permet de simuler le coût financier de tels

événements qui se sont notamment répétés en Australie en raison de la forte proportion de

productions intermittentes.

Il le chiffre à 7,6 milliards d’euros pour 24 heures en France. Sans préjudice des émeutes et

pillages qui accompagnent presque chaque fois de tels événements, ni du nombre de décès,

dans de telles situations, coincés dans les ascenseurs, dans d’inimaginables embouteillages,

mouvements de foule incontrôlés ou absence de toute possibilité de communication.

Cette estimation du seul préjudice financier semblant bien modeste en regard des 10 Mds d’€

de PIB de tout jour ouvrable.

Un tel événement est inacceptable en France.

Or, notre système électrique, capacités d’importations comprises, est actuellement incapable

de passer un pic de consommation tel que celui de février 2012 (102 GW), pourtant loin d’être

exceptionnel.

« Ferme ta centrale » est un slogan médiatiquement vendeur, mais bien peu responsable.

Le survol de nos centrales nucléaires par des drones avait d’ailleurs fait craindre une menace

terroriste, le danger majeur en provenait de la rupture de fourniture de leur production, par la

destruction de leurs transformateurs, ou de postes d’interconnexion, et non d’une quelconque

attaque des réacteurs, dont les murs ont prouvé leur résistance au crash d’un avion de chasse.

La prétendue « complémentarité » nucléaire renouvelable a pour principale conséquence de

fragiliser nos réacteurs, sans permettre la fermeture du moindre d’entre eux, comme le montre

l’évolution du parc allemand ou français, mais en aucun cas de constituer une sécurité,

puisque le taux de couverture garanti du solaire est de 0% et celui de l’éolien autour de 0,1%.

L’extrême vigilance de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN), et les contrôles et rechargements

en combustible imposent une rotation des réacteurs disponibles.

Et le manque d’anticipation dans l’entretien/renouvellement de nos réacteurs fait déjà courir à

la France un risque majeur dès cet hiver en cas de grand froid.

Décider la moindre fermeture d’un réacteur considéré fiable par l’ASN dénoncerait l’absence

de connaissance de cette situation.

Nucléaire et climat En second lieu, la décision de N.Hulot en pleine COP 23 a fait couler beaucoup d’encre sur ce

qui a également été considéré comme une « reculade » face aux engagements climatiques.

La réduction du nucléaire allemand vient pourtant d’être stigmatisée dans un rapport qui la

classe parmi les pires élèves de la lutte pour le climat, tandis qu’une autre met en évidence le

rôle majeur du nucléaire et de l’hydraulique dans les bilans de réduction d’émissions,

parallèlement à l’inefficacité du solaire et de l’éolien.

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Et la palme de la mauvaise foi semble devoir être décernée aux ONG qui ont attribué le « prix

fossile du jour » à la France, pour la décision de N.Hulot en regard des négociations sur le

climat de la COP 23, à Bonn.

L’efficacité du combat climatique consiste, en effet, à réduire les émissions de gaz à effet de

serre (GES) et non à développer des moyens qui, à l’origine, étaient supposés y participer.

Et la France, qui s’est vu décerner le meilleur indice de performance climatique au monde ,

n’a guère de leçon à recevoir sur la façon d’y parvenir.

Deux points nécessaires pour préciser la situation du nucléaire français :

La santé d'EDF Les difficultés d’EDF lui sont généralement imputées sur la foi du syllogisme :

EDF est malade – EDF repose sur le nucléaire – donc le nucléaire rend EDF malade.

Un regard sur la santé de ses homologues européens dénoncera efficacement cette absence de

raisonnement

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Source Colombus Consulting

Et c’est, bien au contraire, le déversement massif de surplus d’électricité intermittente,

décorrélée des besoins et subventionnée qui a ruiné le marché de l’électricité et privé de

rentabilité tous les électriciens européens.

A cette situation, il convient d’ajouter la dette de 4,6 milliards d’euros qu’EDF a été contraint

d’avancer à l’Etat pour le surcoût des énergies renouvelables (CSPE) et dont le

remboursement n'en finit plus d'être retardé, et les 20 milliards d’euros de dividendes que

l’État actionnaire s’est octroyés en 10 ans sur le compte d’EDF.

Le coût de l'uranium D’autre part, les coûts des importations de combustible ont fait couler beaucoup d’encre en

regard du vent, qui, bien que capricieux, serait gratuit.

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Pour son parc nucléaire, EDF indique dans son bulletin d'information de novembre 2017 qu’il

achète chaque année 9000 tonnes d’uranium naturel.

Ce qui correspond à 404 M€ pour ces 12 derniers mois, en raison du cours de 20$ la livre de

l’U3O8, qui entraîne le coût de 52$ le kg d’U une fois le poids de l’oxygène enlevé.

Cette valeur est corroborée par le site des douanes françaises qui indique, pour les 12 derniers

mois, la valeur de 548 611 k€ pour les importations de combustible nucléaire traité … et

141 362 k€ pour les exportations.

Ces exportations correspondent notamment à la part de combustible valorisée auparavant en

France soit par l’enrichissement soit par le retraitement pour le compte de clients étrangers.

C’est pourquoi le coût du combustible nucléaire peut être évalué à 1,14€ pour chacun des 384

millions de MWh produits par notre parc nucléaire en 2016, si on retranche des importations

la valeur du combustible exporté.

Et donc bien moins encore actuellement, en raison de la baisse du cours de l’U3O8 depuis.

Ce qui représente une quantité négligeable, quand bien même le cours de l’uranium en

viendrait à doubler ou même à tripler. Et ces chiffres doivent être mis en regard des plus de 2 milliards d'euros d'exportation

d'électricité annuelle, dont le parc nucléaire assure les 3/4 de la production.

Le spectre du risque On sait enfin que le charbon tue des dizaines de milliers de personnes chaque année, même en

dehors de ses frontières, et que c’est le nucléaire qui a provoqué le moins de mort par unité

d’énergie produite.

Et que la gestion des risques est un métier qui ne devrait céder ni à l'émotion ni à une opinion

publique susceptible d'être manipulée.

C'est sous sa pression qu'une promesse électorale a entrainé la décision de porter la part de la

production nucléaire à 50% au lieu des 77% actuels.

Non pas de la puissance installée, puisque notre parc nucléaire ne représente déjà que

48,3% de la puissance de celui-ci, comme l’indique le bilan RTE.

Car ce n’est en fait que son efficacité qu’on semble lui reprocher et qui tend à justifier qu’on

lui impose une « complémentarité » avec des énergies intermittentes, l'astreignant à des

régimes chaotiques qu’il est capable d’assurer, malgré une sollicitation accrue des

installations et une plus grande quantité d’effluents radioactifs lors de tels régimes.

La vraie question Et plutôt que de s’interroger sur les raisons qui ont conduit N.Hulot à repousser l’échéance de

la loi de Transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), il est permis de

s’interroger sur les avantages qui sont supposés en résulter.

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Puisque des énergies intermittentes n’ont jamais permis de fermer de moyens pilotables, et

qu’aucun avantage n’est à attendre de la « complémentarité » nucléaire/renouvelable, ni en

termes de sécurité, ni en termes d’émissions de CO2, ni surtout en termes de coûts.

L’avocat A.Gossement analyse les raisons qui rendent la révision de cette loi nécessaire.

Et pose une intéressante question :

« De deux choses l’une : soit la loi de 2015 comporte un objectif « irréaliste » et il faut

s’interroger sur la raison pour laquelle il a quand même été voté par la majorité d’alors.

Soit cette loi, faute d’avoir été appliquée plus tôt, est devenue inapplicable. »

En tout état de cause, sa première hypothèse semble devoir être approfondie. Publié par Le Mont Champot à 09:43

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COP23: les transitions énergétiques

contrastées de la France et l’Allemagne

Par : Dominique Pialot | La Tribune

13 nov. 2017

Les émissions de gaz à effet de serre allemandes sont due au poids du charbon plus qu'à la

sortie du nucléaire. [SvedOliver/Shutterstock]

En pleine COP23, l’ONG « Energy for humanity » érige l’Allemagne comme contre-modèle

absolu de la transition énergétique, et salue la décision française de reporter la réduction du

nucléaire dans son mix énergétique. Au prix de quelques arrangements avec les faits. Un

article de notre partenaire, La Tribune.

Energy for Humanity, ONG ouvertement pro-nucléaire, ne fait pas dans la dentelle dans son

rapport sur « les bons et les mauvais élèves du climat en Europe ». L’Allemagne y est

montrée du doigt pour ses piètres performances en matière d’émissions de gaz à effet de serre.

L’ONG n’hésite pas à qualifier le pays hôte de la COP23 de « pire menace sur le climat en

Europe ».

Non seulement l’Allemagne est le premier émetteur européen, et pèse même 18% des

émissions totales de 33 pays regroupant l’Union européenne, l’AELE (Association

européenne de libre-échange) et la Turquie. Certes, ses énergies renouvelables représentent

30% de son mix électrique (contre 17% pour la France), mais c’est moins que le charbon et le

lignite cumulés, qui pèsent 42%.

Mais de surcroît, elle ne pointe qu’au 14e rang en matière de vitesse de décarbonation. Elle

est même accusée de nuire aux performances de ses voisins en leur exportant son énergie

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carbonée, l’ONG soulignant la nécessité de prendre en compte, comme elle le fait pour la

première fois, les échanges frontaliers d’émissions de CO2 dans leurs calculs.

Plus de charbon et moins de gaz

Patrick Criqui, directeur de recherche émérite au CNRS, Université Grenoble Alpes, rappelle

en deux mots où en est la transition énergétique allemande : « La Energiewende [transition

énergétique] allemande est une fusée à trois étages. Le lancement des deux premiers, la sortie

du nucléaire et le développement des renouvelables, se déroule conformément aux prévisions.

Mais ce n’est pas le cas du troisième étage, à savoir la diminution des émissions de gaz à effet

de serre. »

Mais si la sortie progressive du nucléaire ne facilite pas la situation, le poids des émissions de

l’Allemagne tient en grande partie à la substitution des centrales à gaz par des centrales à

charbon.

En effet, l’Allemagne est devenue un importateur important de charbon exporté à bas prix par

les États-Unis devenus autosuffisants en énergie grâce à leur gaz de schiste. Or, au niveau

d’une centrale, le gaz est deux fois moins émetteur que le charbon.

Ainsi, selon les chiffres du bureau d’études économiques Enerdata, la part du charbon dans le

mix électrique allemand est passée de 43,2% en 2010 à 46,8% en 2013, avant de retomber à

42% en 2016. Celle du gaz est tombée de 14,3% en 2010 à 9,7% en 2015.

« Les conditions de prix du charbon exporté des États-Unis, où il est devenu plus cher que le

gaz de schiste ont mis les centrales à gaz allemandes dans une situation délicate, confirme

Sébastien Zimmer, consultant en énergie et associé chez Emerton ; certaines ont été mises

sous cocon, d’autres ont été fermées, d’autres encore ont été maintenues artificiellement en

état de fonctionner pour garantir la sécurité d’approvisionnement électrique notamment dans

le Sud du pays. »

Comme c’est le cas en France pour le nucléaire, la dimension sociale liée au charbon, avec

des régions susceptibles de réclamer des compensations financières en cas de fermetures de

centrales, vient encore complexifier l’équation.

Difficile d’accroître encore la part des renouvelables

Pour autant, la situation allemande ne se résoudra pas simplement. « L’Allemagne est un

acteur industriel majeur dont l’industrie ne peut se satisfaire uniquement d’énergies

renouvelables, par nature intermittentes, en l’état actuel des coûts des technologies de

stockage, observe Amaury Klossa, fondateur d’Emerton. Les Allemands ont déjà été très

proactifs dans le développement des énergies renouvelables. Aller significativement plus loin

dans la proportion de renouvelables, nécessiterait à la fois un investissement majeur dans les

infrastructures d’interconnexion et le développement de technologies – par exemple de

stockage – à des coûts économiquement compétitifs. »

« Pour compenser le poids du charbon, il faudrait pousser les énergies renouvelables bien au-

delà des niveaux déjà atteints, mais en veillant à ne pas déstabiliser la plaque européenne,

ajoute Patrick Criqui. Il existe un potentiel à exploiter en mixant stockage, flexibilisation de la

demande et la multiplication des interconnexions, mais cela reste encore à construire.»

Page 13: Energies renouvelables : mais où sont donc passés les ...leventtourne.org/wp-content/uploads/2017/12/Energies-renouvelable… · 15 novembre 2017 Risques de coupures électriques

À l’inverse, la Norvège, la France, la Suisse et la Suède reçoivent des lauriers pour leurs

bonnes performances. À l’exception du premier, essentiellement alimenté à l’hydroélectricité,

les autres, selon l’ONG, doivent leur rang à un mix entre nucléaire et renouvelables, dont une

partie d’hydraulique. Aux yeux d’Energy for Humanity, même certains pays de l’Est, y

compris la Pologne apparaissent comme de meilleurs élèves que l’Allemagne au motif qu’ils

sont parvenus à réduire leurs émissions tout en développant leur économie !