encyclopédie de l'ésotérisme (5). l'éveil initiatique

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L'ÉVEIL INITIATIQUE

DU MÊME AUTEUR

• Encyclopédie de l'ésotérisme : I. Mythologies, éditions du Jour, 1974.

II. Religions non chrétiennes, éditions du Jour, 1974. III. Les avatars du christianisme, J.-P. Delarge, 1975. IV. Au delà du christianisme, J.-P. Delarge, 1976. • En collaboration : — L'Atlantide atlantique (avec Paul Le Cour et Doru Todericiu),

Atlantis, 1971, épuisé. — Dictionnaire des Sociétés secrètes en Occident, C.A.L., 1971. — Les Compagnons en France et en Europe, éditions Roger Gar-

ry, 19800, Eyrein. • Préfaces pour : — L'Ere du Verseau, de Paul Le Cour, avec un important cha-

pitre additionnel, Dervy-Livres, 22e mille. — Ma vie mystique, de Paul Le Cour, Omnium Littéraire, 1955,

épuisé. — Le cycle de l'humanité adamique, de Jean Phaure, Dervy-

Livres, 1973. — Terre du Dauphin et Grand-Œuvre solaire, de G. Béatrice et

S. Batfroi, Dervy-Livres, 1976. — Le Vaisseau du salut et l'or des alchimistes, de Guy Béatrice,

éditions de la Maisnie, 1979. — L'Evangile ésotérique de saint Jean, de Paul Le Cour, 2e édi-

tion revue et corrigée, avec notes et commentaires critiques de Jacques d'Arès, Dervy-Livres, 1980.

• A paraître : — Histoire secrète du Val de Loire (Albin Michel). — Dictionnaire de l'ésotérisme (Presses Universitaires de Fran-

ce). — Encyclopédie de l'Esotérisme, suite et fin.

Revue ATLANTIS, fondée en 1927 par Paul LE COUR. Archéo- logie scientifique et traditionnelle, histoire, symbolisme, tradi- tions, religions, ésotérisme.

Rédacteur en chef (depuis 1959) : Jacques d'ARÈS, 30, rue de la Marseillaise, F. 94300 Vincennes — Tél. 328.31.95.

JACQUES D'ARÈS

L'ÉVEIL INITIATIQUE

ENCYCLOPÉDIE DE L'ÉSOTÉRISME Tome 5

Collection ATLAN TIS 30, rue de la Marseillaise

94300 VINCENNES

ENCYCLOPEDIE DE

L'ESOTERISME

1. Mythologies 2. Religions non chrétiennes 3. Les avatars du christianisme 4. Au delà du christianisme 5. L'éveil initiatique 6. Les symboles traditionnels 7. Du feu à l'étoile 8. Métaphysique et herméneutique

L'auteur, Sociétaire des Gens de Lettres de France, est membre de l'Association des Auteurs Auto-édités.

La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute reproduction inté- grale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

© Jacques d'Arès, 1982 ISBN : 2-904216-00-6

INTRODUCTION

« Les perfections invisibles de Dieu, son éternelle puissance et sa divinité éclatent aux yeux depuis la création du monde pour quiconque sait regarder ses œuvres. » SAINT PAUL, Romains, 1 20.

Le présent volume est le cinquième tome d'une « ency- clopédie » qui en comprendra huit. Il est indispensable de rappeler au lecteur que cette vaste tentative de synthèse de la pensée humaine, à travers les enseignements cachés des diverses traditions qui constituent « l'ésotérisme », forme un tout et qu'il est donc conseillé de prendre d'abord connais- sance des quatre premiers volumes. Au surplus, le plan glo- bal ainsi que la méthode ont été exposés dans l'avant-propos du tome I Mythologies de l'« Encyclopédie de l'ésotérisme », auquel il convient de se référer.

Ces quatre premiers volumes ont rappelé au lecteur le cadre historique dans lequel la pensée ésotérique tradition- nelle a été véhiculée, ce qui lui a sans doute permis une réflexion personnelle et une vue de synthèse permettant de mieux comprendre le « pourquoi » et le « comment » de l'époque dans laquelle nous vivons.

Hélas, celle-ci est de plus en plus caractérisée dans tous les domaines et sur l'ensemble de la planète, par un déferle- ment des forces du Mal, fruits obligatoires de l'arbre de la Science du Bien et du Mal dès lors que l'on n'a plus en même temps les fruits de l'arbre de Vie.

Dans sa conclusion du tome IV, Au-delà du Christianisme, l'auteur a rappelé que « Seul l'ésotérisme, entendu sur le plan de l'hermétisme et non de l'occultisme, est en mesure d'éclairer chaque homme et de lui permettre une véritable évolution individuelle face à l'involution collective actuelle. »

Il convient maintenant, dans la mesure du possible, d'ai- der le lecteur à accomplir cette évolution, par un approfon- dissement de l'ésotérisme universel. C'est ce vers quoi vont tendre les quatre derniers tomes de cette « Encyclopédie », plus particulièrement consacrés aux différentes formes du symbolisme religieux envisagé, à titre d'hypothèse, comme preuve de l'unité des religions, et donc d'une authentique Révélation primitive.

LA SYMBOLIQUE INITIATIQUE

Qu'est-ce donc que le symbolisme ? La définition la plus courante est celle-ci : « Système de symboles destiné à rap- peler des faits ou à exprimer des croyances. » Qu'est-ce donc qu'un symbole ? : « Figure, marque, objet physique, ayant une signification morale fondée sur un rapport naturel. »

Le grand philosophe que fut le « poète-paysan » Philéas Lebesgue, dans le numéro 33 de la revue Atlantis, a déve- loppé en quelque sorte ces définitions : « Quand l'homme s'ingénia à tracer les premières figures, il ne le fit point sans doute par dessein de pure imitation, mais bien par uti- lité, pour fixer une pensée. Et cette pensée, à la différence de ce que nous décorons de ce nom, ne visait point à séparer l'individu de la nature, mais au contraire à marquer les liens qui l'y rattachent. Nul travail d'analyse : c'est le mouvement instinctif de la vie qui ouvre à l'âme attentive les portes de la Révélation. »

Ces définitions soulignent la notion de rapport, de lien

entre deux ou plusieurs éléments, ce qui est confirmé par l'étymologie du mot symbole, issu du verbe grec ballô : jeter ou lancer, et de la préposition sun : avec.

Mais le symbole n'est pas une figure de pure imitation, a dit Philéas Lebesgue. C'est qu'en effet, tout symbole, même simplement scientifique, a un double caractère, car le signe ou la figure doit être interprété, cette dualité étant sa carac- téristique propre.

Dans le domaine religieux et initiatique, le symbole appa- raît — sous quelque forme qu'il se présente — comme le véhicule privilégié de la connaissance hermétique, donc de l'ésotérisme. Mais dans ce domaine, qui est celui de l'esprit, le symbole a une triple signification.

Le symbole a, en effet, pour rôle essentiel de rapprocher l'homme de son créateur, puisque seul, il lui a permis de connaître, et donc de comprendre ce créateur, le symbolisme étant une méthode de connaissance. Or, une des idées ma- jeures qui ressort des quatre premiers tomes de cet ouvrage est que presque tous les peuples ont appréhendé Dieu comme une triade-unité à quelques variantes près. Par ail- leurs, l'homme tel qu'il nous apparaît est lui-même triple : corps, âme, esprit, contrairement aux humanoïdes et à tous les autres êtres vivants qui n'ont que le corps et l'âme. Le symbole ayant essentiellement un caractère analogique et servant de lien entre l'homme et Dieu ne peut donc avoir qu'une triple signification.

Un exemple permettra de mieux comprendre. Le vase sacré, plus particulièrement étudié dans le dernier chapitre du présent volume, est tout d'abord un vase, au sens maté- riel du terme, un récipient destiné à contenir quelque chose. L'objet, ou sa simple représentation, suggère un rapport (c'est l'essence même du symbole) entre le contenant et l'éventuel contenu. C'est le sens « profane » du symbole, au plan inférieur. Si ce même vase, au lieu d'être employé dans une maison, se trouve dans un temple pour une utilisation religieuse ou initiatique, il devient un symbole « sacré ».

Pour prendre l'exemple du christianisme (dans son principe fondamental et non pas actuellement), ce vase sacré est celui destiné à contenir le vin devant être consacré : c'est le calice. Ce même vase va revêtir enfin un caractère « divin » après la transsubstantiation parce que le vin sera devenu le sang du Christ, le breuvage d'immortalité ; ce vase est alors l'équi- valent du Graal. Le lecteur remarquera qu'en fonction de ces trois significations différentes le même récipient prend un nom distinct : vase, calice, graal, ce qui démontre bien qu'il ne s'agit pas de la même chose.

Mais le problème est plus complexe. En effet, si toutes les manifestations divines paraissent caractérisées par le nombre trois, le monde manifesté est régi par des lois de dualité, positif-négatif, blanc-noir, bien-mal, etc.

De ce fait, et sur ce plan, la plupart des symboles ont une double signification antinomique, l'une d'entre elles étant exactement l'inverse de l'autre. Deux exemples précis, qui seront développés dans leurs chapitres respectifs, vont per- mettre de comprendre :

Monnaie antique avec le trident De chaque côté de la « hampe », deux dauphins A droite figurent trois « besants » soulignant

l'aspect trinitaire de ce grand symbole traditionnel méconnu

Le trident, qui est l'arme magique tri-unitaire du dieu Poséidon, deuxième personnage de la triade hellénique, lui permettant de faire jaillir les fontaines initiatiques des sanc- tuaires grecs, est également, par antinomie, l'arme magique du diable ou de Satan. Si l'on utilise un tel symbole en réfé- rence au premier cas, ce sera de la magie blanche, de l'her- métisme ; si l'on se réfère au second cas, ce sera de la magie noire, de l'occultisme.

La tradition populaire veut que le fait d'offrir des roses rouges à une femme soit un moyen discret de lui déclarer son amour. Pourquoi alors la même couleur rouge symbolise- t-elle la révolution, la lutte, en un mot la haine ?

Pour bien préciser les choses, il convient également de distinguer nettement le symbole de l'allégorie. La statue de la jeune fille tenant un vase renversé duquel s'écoule de l'eau sera l'allégorie d'une source. Le vase est pris au sens pro- fane. Par contre, une représentation similaire dans laquelle la jeune fille est remplacée par Ganymède, l'échanson des dieux, prend une signification toute différente, sur un autre plan, et le vase revêt un caractère, et sacré, et divin. L'en- semble constitue alors un symbole et non une allégorie (à propos de Ganymède, voir ci-après la deuxième partie du chapitre III, « Ere du Verseau et loi traditionnelle des cy- cles »).

En quelque sorte le symbolisme en général, est une mé- thode analogique de connaissance. Lorsque cette méthode est appliquée à l'histoire des religions et à son aspect éso- térique, on emploie habituellement le substantif « symbo- lique » au lieu de symbolisme, ce dernier terme pouvant s'appliquer à toutes les disciplines.

En fait, le lecteur s'apercevra à travers les tomes 5 à 8 de cette « encyclopédie » que le domaine de la symbolique est très vaste et se présente sous des formes extrêmement va- riées. La raison en est que l'homme, depuis les origines, a toujours recherché le « pourquoi » et le « comment » de lui- même, de sa vie, et de son environnement micro et macro-

cosmique. Et la seule méthode à sa disposition a été l'ana- logie, d'où le symbole, et cela à travers toutes les manifes- tations de la vie.

Sans doute convient-il de rappeler que les premières connaissances précises que l'on a sur l'homme conscient et organisé (pas l'hominien) remontent à l'époque de l'homme dit de « Cro-Magnon » — nom d'ailleurs caractéristique en fonction des lettres qui le constituent et dont le lecteur trou- vera l'explication cabalistique dans la deuxième partie du chapitre 1 du présent volume. Mais cet homme de Cro- Magnon a reçu deux surnoms bien caractéristiques : homo sapiens, l'homme « connaissant » et homo religiosus, l'hom- me « religieux ». Cela explique tout à la fois les rapports étroits, pour ne pas dire intimes, existant entre les religions et la symbolique d'une part, et la variété, pour ne pas dire l'universalité, des symboles utilisés, d'autre part. Car la sym- bolique devrait être en mesure d'expliciter la totalité des manifestations du cosmos.

Le symbole est un « condensé » de connaissance, d'où, la plupart du temps, son aspect apparemment indéchiffrable et donc « ésotérique ». Mais il faut avoir à l'esprit que l'ésoté- risme ne constitue en rien un secret. Il n'est pas du tout réservé à quelques-uns, et, selon la formule de l'évangile, il suffit d'avoir des oreilles... pour entendre.

Encore faut-il accepter d'entendre. La symbolique des religions est trop souvent laissée de côté par les historiens, ce qui leur fait nier l'existence même de l'ésotérisme. Certes, l'interprétation des symboles n'est pas toujours facile, et il est évident que les constructeurs des cathédrales, par exem- ple, n'ont pas laissé de traités pour nous indiquer que telle sculpture, à tel emplacement, avait telle signification. D'au- tre part, il ne faut surtout pas tomber dans l'erreur consis- tant à voir des symboles partout. Mais il y a aussi, malheu- reusement, l'attitude qui consiste à nier l'évidence.

Qu'il soit permis, à ce propos, de citer une anecdote au- thentique qui s'est passée il y a quelques années. L'auteur

guidait un groupe d'une trentaine de personnes pour une visite du haut-lieu de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) et plus particulièrement, en la circonstance, du musée du Hiéron (le problème sera abordé en détail dans le tome 8 de la pré- sente « encyclopédie »). Le monument a été construit à la fin du siècle dernier par les dirigeants du Centre d'ésoté- risme chrétien intitulé le Hiéron de Paray-le-Monial, et ceux- ci ont inclus dans leur construction, volontairement, un nombre impressionnant de données symboliques, et, pour une fois, les auteurs s'en sont expliqués en détail dans un livre paru en 1900, écrit par Félix de Rosnay, secrétaire du Hiéron, et intitulé Le Hiéron du Val d'Or. Le groupe avait rendez-vous devant le monument avec un chapelain de la basilique de Paray-le-Monial qui devait présenter le musée dont le supérieur des chapelains est conservateur. Ayant un peu d'avance, l'auteur commença une présentation générale et donna connaissance de quelques passages typiques du livre de Félix de Rosnay qui expliquait les raisons de telles dimensions, formes ou représentations que le groupe avait sous les yeux. C'est alors que le chapelain se présenta. L'au- teur lui ayant naïvement donné ses sources en lui montrant le livre, le chapelain rétorqua textuellement : « Ah, ces far- felus du Hiéron ! Cela ne tient pas debout ! »

Si donc les constructeurs eux-mêmes ne savent pas ce qu'ils ont fait et écrivent pour ne rien dire... sans doute le chapelain le sait-il mieux qu'eux !

L'EVEIL INITIATIQUE

Tel est le titre du présent tome 5, premier de la série consacrée à la symbolique. Il convient immédiatement de mettre en garde le lecteur contre une éventuelle interpré- tation erronée de ce titre. L'auteur ne prétend en rien confé- rer une initiation quelconque, ni révéler des secrets qui

n'existent pas, ni donner des « recettes » pour obtenir une illumination quelconque.

L'ambition de l'auteur est à la fois beaucoup plus simple et beaucoup plus profonde et, du moins, il l'espère, beau- coup plus efficiente. Comme chacun sait, le mot « initia- tion » vient du latin initium qui signifie « commencement ». L'initié, c'est celui qui décide d'emprunter le chemin difficile de l'Amour et de la Connaissance, et de le poursuivre afin d'obtenir, s'il se peut, l'Illumination intérieure qui le mènera à l'Harmonie en lui-même, à l'Harmonie avec ses frères et avec le cosmos.

L'essentiel du travail est à accomplir personnellement, mais l'Initié cependant peut être guidé, afin d'éviter certains écueils et afin de découvrir les voies essentielles parmi la multitude de chemins, qui, théoriquement « mènent à Ro- me », alors qu'un grand nombre s'avère sans issue, lorsqu'ils ne sont pas dangereux.

Depuis la fin du siècle dernier, et plus particulièrement depuis une quinzaine d'années, l'ésotérisme est à la mode et l'on ne compte plus le nombre de charlatans qui prétendent conférer des initiations — moyennant grosse finance — en assurant le nigaud qui se laisse prendre d'une réussite com- plète en tous domaines. Ce n'est hélas, en la circonstance, que bas occultisme.

En réalité, ce qu'il faut d'abord faire, pour mettre le pied à l'étrier, c'est prendre connaissance, pour en avoir pleine conscience, d'un certain nombre d'éléments de base, abso- lument indispensables, et que trop d'auteurs ne rappellent jamais, préférant entraîner leurs lecteurs dans des domaines pseudo-scientifiques à travers une logomachie et un langage abscons, gage pour de trop nombreux snobs d'une certaine authenticité !

Les préoccupations de l'auteur de cette « encyclopédie » sont tout autres : proposer au lecteur, à partir de bases so- lides provenant des plus authentiques tradition, un certain

nombre de thèmes de réflexion sur des sujets fondamentaux, dont certains sont trop souvent passés sous silence. L'auteur a parfaitement conscience du fait que son travail est très incomplet, tant le sujet est immense et les ramifications, toutes importantes, innombrables. Au surplus, comme l'avait déclaré le premier éditeur de cette collection, « chaque cha- pitre devrait faire l'objet d'un livre ».

C'est de la confrontation de ces différents éléments, de leur comparaison permanente, que doit sortir pour l'Initié, un état d'esprit de synthèse qui lui permettra, peut-être, d'aborder les chemins plus difficiles qui restent à parcourir pour la plupart d'entre nous, et qui devraient mener vers « l'illumination de l'entendement » selon la merveilleuse expression de saint Jean de la Croix.

Sur le plan pratique, rien n'étant susceptible d'être isolé totalement en ce monde, il est bien évident que dans les quatre premiers volumes de l'Encyclopédie de l 'ésotérisme, il a été fait allusion, à de nombreuses reprises, à différents aspects de la symbolique sacrée. Les chapitres qui suivent et ceux des trois prochains volumes regrouperont de manière logique et approfondiront les notions citées antérieurement et qui, pour la plupart n'étaient qu'à peine effleurées. Il arri- vera cependant que l'auteur fasse parfois explicitement réfé- rence à tel passage d'un volume antérieur, lorsque le sujet aura été abordé de manière concrète. Cela, afin d'éviter des redites de texte, encore qu'en matière d'ésotérisme il y ait souvent mille et une manières convergentes et complémen- taires d'aborder certains sujets, lorsqu'il n'est pas nécessaire d'explorer ces diverses voies. Il est d'ailleurs souvent fort utile de répéter certaines choses de manières différentes : chaque « répétition » constitue un enrichissement.

Au surplus, il convient de rappeler que le tome 4 com-

porte in fine un important index relatif aux quatre premiers tomes, et que le tome 8 en comportera un autre. Si le lecteur veut tenter de réaliser lui-même une véritable vision synthé- tique, l'index du tome 4 lui sera d'un grand secours tout au long de la lecture des quatre tomes suivants.

Le lecteur qui a déjà pris connaissance des quatre pre- miers volumes de cette « Encyclopédie » aura remarqué que la couverture de ce cinquième volume est de couleur diffé- rente. Il y a une intention évidente dans ce choix. Les quatre premiers tomes constituent un ensemble cohérent qui repré- sente en quelque sorte le « narthex » du sanctuaire, c'est- à-dire la trame historique et événementielle de la transmis- sion de la Tradition primordiale. La couverture était « ar- gent », couleur « lunaire ». Les quatre tomes suivants, dont celui-ci est le premier, forment un autre ensemble, mais à caractère plus nettement ésotérique, et donc initiatique. Le lecteur s'élève à un plan supérieur. D'où le choix d'une cou- leur « or », c'est-à-dire « solaire », symbolisant la transmu- tation de caractère alchimique susceptible de s'opérer chez le lecteur lui-même. Mais cette transmutation permet d'at- teindre la rubification, d'où le choix d'un or « rouge » et non d'un or « jaune ».

CHAPITRE I

LA CABALE : SCIENCE DU VERBE

« Dans le Principe était le Verbe et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. »

Evangile selon saint Jean, chapitre I, verset 1.

Ces quelques mots plongent leur lecteur dans la grande forêt des symboles, car le Verbe apparaît comme le Symbole des symboles, le Symbole de Dieu lui-même, d'où tout dé- coule.

Bien sûr, le mot Verbe, parfois traduit par « Parole » n'est pas à prendre au sens grammatical du terme. Le Verbe, c'est le Logos (mot grec employé par saint Jean), c'est le langage (mot qui provient de logos). Or, ce langage est la caractéristique essentielle de l'Homme par rapport aux au- tres manifestations de la Vie sur la Terre. L'homme utilise un mode d'expression d'essence divine dont le décryptage doit correspondre à une Connaissance.

KABBALE ET CABALE

La Kabbale est considérée comme étant essentiellement

d'essence juive et le mot hébreu Kabbalah signifie « Tradi- tion ». Le problème a été évoqué dans le tome 2, Religions non chrétiennes de l'« Encyclopédie de l'ésotérisme » (p. 190 sq.). Il s'agit d'un commentaire ésotérique de la Thora à travers diverses valeurs données aux lettres de l'alphabet hébraïque en tenant compte de la correspondance numérale de chacune de ces lettres, puisqu'à l'époque le système nu- méral était exclusivement constitué par les lettres de l'alpha- bet. Autrement dit, il s'agit d'interpréter, en fonction de la Tradition, le message transmis par les textes sacrés.

En fait, tous les peuples, sans aucune exception, d'une manière plus ou moins complète, ont des textes sacrés, re- flets de la Tradition primordiale, qu'il convient d'essayer d'interpréter à la lumière de leurs traditions respectives, dont il s'avère à l'examen qu'elles ont toutes un fonds com- mun.

Au surplus, la particularité essentielle de la double signi- fication littérale et numérale des signes alphabétiques n'est pas l'apanage de l'hébreu.

Autrement dit, la Tradition s'exprime à travers le Verbe, le Logos, c'est-à-dire Dieu, au moyen de toutes les langues traditionnelles y compris l'hébreu bien sûr, mais pas exclu- sivement, comme cela a déjà été affirmé dans l'avant-propos du tome I, Mythologies, tant la question est importante.

Pour ne pas confondre avec la seule Kabbale hébraïque dont la plupart des auteurs se préoccupent, il est donc pro- posé d'utiliser la graphie Cabale pour exprimer sa signifi- cation universelle.

Le terme de Hiérologie serait d'ailleurs plus précis : hieros, sacré et logos, langage. La Cabale est en quelque sorte la science du « Verbe sacré ». Dieu a créé le monde par son souffle divin, selon toutes les traditions. L'Homme, reflet de Dieu, crée par la parole, reflet de ce Verbe divin. Cette vibration qu'est en effet la parole, scientifiquement parlant, est Lumière et Vie : définition du Logos selon saint Jean.

Il faut d'ailleurs tout de suite attirer l'attention sur une distinction capitale dont la plupart des auteurs ne parlent jamais. Dans son Dictionnaire hébraïque, Tempestini signale que le mot Kabbale aurait deux sens suivant la prononcia- tion de sa première lettre. Avec une prononciation dure, il signifie « corrompre » ou « pervertir » ; c'est ce que l'on peut appeler la Kabbale occultiste, celle qui utilise de nombreuses formules magiques destinées, dit-on, à assurer la santé, pro- téger la vie, procurer le bonheur et le succès et à nuire aux ennemis. La Kabbale, en raison même de la force du Verbe, est alors un procédé de magie noire. Seule cette signification est restée dans le mot français « cabale », pratiquement syno- nyme de « complot ». Par contre, avec une prononciation douce, le même mot signifie « enfanter », idée qui est en rapport avec la Création et la Tradition primordiale. C'est essentiellement de cette Cabale qu'il sera fait état ici.

NOMBRER UN NOM

Les chiffres employés actuellement sont des chiffres ara- bes, encore que de temps à autre les chiffres romains soient encore usités. Ces chiffres arabes sont récents, ils ne datent que du Moyen Age. Antérieurement au christianisme, toutes les langues, araméen, sanscrit, hébreu, grec et autres, avaient pour signes représentant les chiffres les lettres mêmes de l'alphabet avec lesquelles ces peuples comptaient. Toute let- tre ayant une valeur numérale, un nom correspondait obli- gatoirement à un nombre.

Des liens étroits existent donc entre les noms et les nom- bres ; on remarque d'ailleurs que ces deux mots sont cons- truits sur la même racine puisqu'ils viennent de nomen, désigner, nommer.

Il faut reconnaître que l'on ignore totalement l'origine

des noms. Qui, le premier les a donnés ? et selon quelles règles ? On peut toutefois rappeler que, selon la Genèse (chapitre II, versets 19 et 20), c'est l'homme qui, à l'invita- tion de Dieu, nomme toutes les choses que ce dernier façonne pour que l'homme ne soit pas seul. Et c'est le fait de les « nommer » qui leur donne la vie.

Cette dernière remarque est essentielle, car elle souligne le caractère « créateur » du Logos.

L'un des grands symboles de l'Initiation : Le Pélican nourrissant ses enfants de sa propre chair

PREMIERE PARTIE

LES NOMBRES SACRÉS

« C'est Lui, le Seigneur, qui a créé la Sagesse, il l'a vue et il l'a nom- brée. »

Ecclésiastique, I, 9.

On utilise indistinctement et couramment le mot chiffre et le mot nombre. En réalité le chiffre est le signe permet- tant de représenter les nombres ; il s'agit d'une question de forme. Le nombre n'existe que par rapport à un autre ; tout nombre est une proportion par rapport à l'unité indéfinis- sable, unité qui est l'Unité divine. Il est évident que la sym- bolique ne s'intéresse qu'aux nombres.

Il y a deux façons d'envisager le nombre : d'une manière quantitative pour désigner un nombre x de choses, ce sont les mathématiques, du grec mathésis ; puis d'une manière qualitative à travers sa signification profonde que les Grecs appelaient gnosis, la Connaissance, la signification métaphy- sique qui se cache derrière le nombre.

NOMBRE ET HARMONIE

Nicomaque, père d'Aristote, a écrit :

« Tout ce que la nature a arrangé systématiquement dans l'univers paraît, dans ses parties comme dans l'ensemble, avoir été déterminé et mis en ordre en accord avec le nombre par la prévoyance et la pensée de celui qui créa toutes cho- ses, car le modèle était fixé comme une esquisse préliminaire par la domination du nombre préexistant dans l'esprit de Dieu, créateur du monde, nombre idée purement immatériel sous tous rapports, mais en même temps la vraie et éternelle essence, de sorte que d'accord avec le nombre, comme d'après un plan artistique, furent créées toutes ces choses et le temps, le mouvement, les cieux, les astres et tous les cycles de toutes choses. »

Pythagore, pour sa part, qualifie Dieu de « Nombre des nombres » et ajoute : « Qu'y a-t-il de plus sage au monde ? le Nombre. Qu'y a-t-il de plus beau ? l'Harmonie. » Cette harmonie résulte de proportions existant naturellement en- tre différents nombres. Les doctrines ésotériques de toutes les civilisations ont exprimé des idées semblables.

Saint Augustin considère les nombres comme des pensées de Dieu : « La sagesse divine se reconnaît aux nombres im- primés en toutes choses ; le monde physique et le monde moral sont construits sur des nombres éternels ; la beauté est une cadence, un nombre harmonieux ; la science des nombres est donc la science même de l'univers ; les nombres contiennent le secret du monde. Aussi devons-nous consi- dérer, avec une respectueuse attention, les nombres qui se rencontrent dans la Bible ; qui sait les comprendre entre dans le plan divin. »

LA REDUCTION CABALISTIQUE

En cabale, un nombre quelconque, dès lors qu'il appar- tient à une donnée traditionnelle, a une signification symbo- lique et parfois métaphysique précise, en lui-même. Les 153

JACQUES D'ARÈS

Par un hasard de circonstances, Jacques D'ARÈS, directeur de la revue Atlantis, se retrouve dans le sillage de ce merveilleux érudit qu'était Paul Le Cour, fondateur de la revue. Cette rencontre l'amène à quitter l'Administration où il occupe un poste élevé pour se consacrer à l'ésotérisme. Possesseur, avec le Vatican, de l'ensemble des archives du Centre d'Esotérisme Chrétien de Paray-le-Monial, aujourd'hui disparu, Jacques D'ARÈS puise sa connaissance aux meilleures sources. Après des années passées à enseigner l'histoire comparée des religions, il livre pour la première fois l'ensemble de ses recher- ches et de ses réflexions.

ENCYCLOPÉDIE DE L'ÉSOTÉRISME

A travers l'histoire comparée des religions, véhicule privilégié de la connaissance et les symboles mystiques, cette collection nou- velle se propose d'embrasser, dans une « synthèse encyclopédi- que », l'essentiel de l'ésotérisme. Cette vaste fresque de l'évolution de l'humanité plonge dans les aspects secrets et initiatiques des diverses religions et philoso- phies renouant avec la Tradition Primordiale et la Révélation Pri- mitive qui auraient été communes à toute l'humanité il y a quel- ques dizaines de millénaires.

5. L'ÉVEIL INITIATIQUE

Après les aspects secrets de la Tradition primordiale à travers les diverses formes des religions dans leur déroulement historique (tomes 1 à 4), voici le début d'un authentique cheminement ini- tiatique. Pour appréhender le Symbolisme, comme preuve de l'unité fondamentale des religions, il convient de retrouver les principes essentiels : Kabbale et cabale, nombres sacrés, lettres « couronnées » et « divine proportion » ; astrologie religieuse, rythmes et musiques sacrés ; lumière et couleurs ; mythes et con- tes de fées ; vase sacré et Graal. L'initié pourra, dès lors, en couronnement de sa « queste », deve- nir « épopte », c'est-à-dire « voir au-delà » de la réalité des cho- ses, et découvrir les causes qui engendrent les phénomènes et remonter ainsi à la Cause des causes.

Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

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