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TROP VITE ! par Jean-Louis Servan-Schreiber 1 En librairie le 6 mai 2010 Contact Presse : Joëlle Faure : 01 42 79 10 05 / [email protected] Assistante : Judith Ott : 01 42 79 18 86 / [email protected] Et Chantal Mamou-Mani : 01 47 54 91 28 / [email protected] Assistante : Jennifer Gaucher : 01 42 79 19 13 / [email protected]

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TROP VITE ! par Jean-Louis Servan-Schreiber

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En librairie le 6 mai 2010

Contact Presse : Joëlle Faure : 01 42 79 10 05 / [email protected]

Assistante : Judith Ott : 01 42 79 18 86 / [email protected]

Et Chantal Mamou-Mani : 01 47 54 91 28 / [email protected] Assistante : Jennifer Gaucher : 01 42 79 19 13 / [email protected]

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TROP VITE ! par Jean-Louis Servan-Schreiber

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Pourquoi j’ai écrit « Trop vite ! »

« Depuis que j’ai compris que le temps nous était compté, donc précieux, je n’ai cessé de l’étudier pour essayer de comprendre son meilleur usage. J’ai écrit L’Art du temps en 1983, puis Le Nouvel art du temps en 2000, pour aider mes lecteurs à desserrer l’étreinte des heures et des jours. Aujourd’hui, pendant que les individus ont constamment l’impression de manquer de temps, l’ensemble de nos sociétés souffre du même syndrome. Et les conséquences en sont de plus en plus lourdes. Tout se passe comme si, plus les problèmes deviennent complexes, moins nous disposons collectivement de temps pour y réfléchir et les traiter au mieux. L’urgence de l’action, de la décision, domine l’horizon des dirigeants, comme des citoyens que nous sommes. Il en résulte un nouveau syndrome : le « court-termisme », qui sévit en politique, économie, rythmes de vie, relations aux autres et, plus grave encore, écologie. Pendant l’écriture de « Trop vite ! » chaque fois que j’évoquais ce court-termisme, mon interlocuteur me disait « Bien sûr, c’est le sujet ! Nous vivons tous comme ça. » Curieusement, personne jusqu’ici ne l’avait traité en tant que tel. Cette enquête et les témoignages qu’on y trouve, ont pour but d’aider chaque lecteur à prendre conscience de cette spirale périlleuse pour essayer d’en sortir. »

JLSS Mars 2010

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SOMMAIRE

1. L’accélération : Comment la vitesse a engendré le court-termisme Depuis moins de 200 ans, la vitesse transforme notre société et jusqu’à notre manière de penser. L’horizon de notre réflexion s’est raccourci. Le « court-termisme » règne en maître. 2. La politique : La démocratie peut-elle survivre ? Nicolas Sarkozy a accéléré le tempo politique français et le rythme de travail des institutions de la République. L’exécutif est harassé, le législatif se plaint de lois bâclées et souvent inapplicables. Le court-termisme de la démocratie d’opinion, entre sondages et médias, est désormais exacerbé par internet. 3. La finance : Quand le court-termisme financier fait vaciller la planète Le court-termisme financier a explosé en crise depuis 2007. L’obsession du profit rapide aidée par la créativité des acteurs financiers, tourne au « capitalisme mafieux ». La valorisation extrême du présent domine les choix des investisseurs qui se détournent du futur. 4. L’entreprise : L’impératif des résultats raccourcit l’horizon stratégique Les rapports trimestriels poussent à « lisser » les résultats et donc à les fausser. L’actionnariat des entreprises impose des profits rapides aux managers et au détriment de l’investissement. Les plans à trois ou cinq ans n’ont plus de sens. Les rôles sociaux et sociétaux des entreprises s’estompent. 5. La consommation : Acheter trop, tout de suite, trop souvent On est passé de la satisfaction des besoins à la création des désirs. La fièvre acheteuse est stimulée par l’obsolescence programmée des produits, relancée par la publicité et débridée par le crédit. 6. Rythmes de vie : Une profonde révolution culturelle L’urgence est devenue notre mode d’action par défaut. Une attente de quelques secondes déclenche l’impatience des plus jeunes. Nous sommes interrompus 70 fois par jour et notre capacité d’attention s’est dramatiquement réduite. Nous frôlons la démusculation de nos neurones. 7. Les relations aux autres : Avoir mille amis et vivre l’amour comme un jeu vidéo ? Au siècle dernier, les liens familiaux et amoureux se sont à la fois multipliés et réduits en durée. Depuis les réseaux sociaux et les sites de rencontres ont intensifié la vitesse du kaléidoscope relationnel. Même la relation à soi-même pâtit d’un manque de temps et de réflexion. 8. L’environnement : Et le long terme devint l’urgence… A l’égard de la nature et des ressources de la planète, notre insouciance traditionnelle s’est muée en irresponsabilité. Personne ne peut ignorer les risques que couvrent notre éco système. Des décisions salvatrices à long terme sont devenues urgentes. Mais, ainsi que l’a démontré Copenhague, aucun système de gouvernance ne permet encore d’y faire face. Conclusion Voulons-nous vraiment sortir du court-termisme ? Le principal obstacle est en nous. Nous aimons la vitesse et le court-termisme nous arrange. Le salut de la démocratie et de l’espèce ne peut passer que par une transformation des valeurs et des comportements de chacun d’entre nous.

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Chaque chapitre est illustré par un dessin de Xavier GORCE.

Xavier GORCE, est dessinateur de presse au Monde.fr et Psychologies Magazine. Ses dessins sont visibles sur son site indegivrables.blogspot.com

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C.V. de Jean-Louis Servan-Schreiber Adolescent, JL SS aurait voulu être psychanalyste. Mais l’atavisme en a décidé autrement. Né dans une famille de presse (son père Émile et son oncle Robert avaient créé Les Échos, il y a un siècle) il est entré, en 1960, à la sortie de Science Po, dans le quotidien familial, dont il a pris la direction de la rédaction. Quatre ans plus tard, après avoir étudié la presse américaine, il a rejoint son frère Jean-Jacques à L’Express, pour faire de ce dernier le premier newsmagazine français. Depuis tous les autres news ont été créés par des anciens de L’Express. À 29 ans, désireux de voler de ses propres ailes, JLSS a lancé L’Expansion et développé, pendant 25 ans le premier groupe de presse économique français, puis européen. La première crise du Golfe, en 1991 l’a amené à céder le Groupe Expansion à la C.E.P. Pour repartir « à la base » il dirige pendant quatre ans, au Maroc le principal hebdomadaire du pays, à l’époque, « La Vie économique » qu’il vend en 1997 pour relancer Psychologies magazine. Avec sa femme, Perla, il en fera passer la diffusion de 75.000 à 350.000 exemplaires. En 2008 il vend Psychologies au groupe Lagardère et entreprend d’écrire « Trop vite ! » sur un sujet qui lui tenait depuis longtemps à cœur : les risques du court-termisme actuel. Depuis 2007 JLSS a créé et pris la présidence de la section française de l’ONG Human Rights Watch, qui recense et dénonce les atteintes aux Droits de l’homme dans le monde entier. Il est aussi membre du Board international de HRW. Mélomane JLSS a créé Radio Classique en 1982. Il est l’auteur de onze livres, dont L’Art du temps et Vivre content. Sa biographie détaillée est à jour sur Wikipedia.

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Photos libres de droits téléchargeables sur http://timperceval.com/jlservan-schreiber-tropvite Crédit photo obligatoire – Tim Perceval

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Résumé du livre

1. L’accélération Comment la vitesse a engendré le court-termisme La vitesse est entrée dans notre vie il y a moins de 200 ans. Depuis, elle nous a grisés, elle s’est emballée, elle a transformé les conditions de fonctionnement de notre société, jusqu’à notre manière de penser. Aujourd’hui, dans beaucoup de secteurs matériels, en particulier les transports, elle a atteint son maximum. Alors que la communication électronique lui a fait tangenter la vitesse de la lumière. Elle introduit ainsi une nouveauté dans la vie des hommes : l’instantanéité. Les informations, les paroles, les images, se transmettent immédiatement. À elle seule, cette novation nous ouvre un siècle différent. La vitesse est devenue une valeur centrale dans nos fonctionnements. En politique, en finance, sur le marché comme dans notre vie personnelle. C’est sa pression constante, qui a engendré le court-termisme. Contraint d’aller plus vite, l’horizon de notre réflexion est devenu plus court. De par son accélération la vitesse nous a dépassé, nous courons derrière elle, intellectuellement et même physiquement. Nous fonçons plus souvent que nous ne pensons.

2. La politique Les institutions démocratiques sont-elles adaptées au court-termisme ? « Le Président ne peut pas changer la société à la vitesse où il parle » (Dominique Wolton). Nicolas Sarkozy est arrivé à point pour incarner la politique de la vitesse. Il en a fait son levier, sa méthode, au point d’en devenir à son tour prisonnier. Le temps politique actuel est depuis longtemps hachuré par les élections, qui créent une tension de campagne électorale permanente. Il est activé par les médias qui en font le commentaire heure par heure. Le rythme du pouvoir exécutif est depuis longtemps dénoncé, par les occupants de Matignon comme un enfer. Ils se plaignent de n’avoir le temps ni de réfléchir ni bien sûr de lire ou d’approfondir quoi que ce soit.

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Pour Pascal Perrineau, « Il n’y a pas de fast democracy ». L’accélération du travail parlementaire, bombardé en permanence de textes de lois bâclés, est dénoncé par ceux qui doivent voter et qui n’ont pas le temps de discuter ou d’améliorer les textes. Résultat : beaucoup de lois incompréhensibles ou qui ne sont pas suivies d’effet ni de décrets d’application. Mais l’accélération majeure vient de la démocratie d’opinion. Par la pression quotidienne des médias et des sondages, le pouvoir exécutif est en face-à-face permanent avec les citoyens, réduisant en peau de chagrin le rôle des parlementaires et des pouvoirs intermédiaires. Cette situation, née avec la télévision s’est encore accélérée du fait d’internet. Désormais le citoyen dispose de la capacité de retour. L’expression individuelle et collective s’exerce sur chaque responsable politique à tout niveau. Il favorise les dérives populistes et la perte de stature d’un pouvoir kleenex, vite usé par cette pression et vite jeté.

3. La finance Quand le court-termisme financier fait vaciller la planète « La finance a toujours été court-termiste. Elle est, par nature spéculative » (Claude Bébéar). La crise de 2007 a porté à son comble le court-termisme financier. Le système des subprimes déresponsabilisait en principe au maximum chaque émetteur. Il a suffi qu’un bout du système fasse défaut pour que l’ensemble soit immédiatement contaminé. Parallèlement, la cupidité, millénaire a trouvé, grâce à l’électronique les moyens exponentiels d’accélérer ses rendements. Le turnover des placements financiers est de ce fait de plus en plus court. Quand au système des bonus, calculés sur une période très brève (un an), il a contribué à propager chez les acteurs financiers la mentalité du « Take the money and run ». Pour le philosophe Bernard Stiegler, « la financiarisation a remplacé le capitalisme bourgeois par un capitalisme mafieux qui ne prend aucun engagement dans la durée. Il est structurellement je-m’en-foutiste ». L’État seul pourvoyeur du temps long, s’est de plus en plus désengagé et a démantelé ses moyens d’action. Selon Élie Cohen, les cellules mêmes du Ministère de l’Industrie ne sont plus en mesure de faire des études secteur par secteur et sont obligées de les confier à des cabinets privés. Le libéralisme vise à la liquidité de tout. La valeur qui compte est celle d’aujourd’hui. Selon Daniel Cohen, le présent n’a pas de prix. De ce fait on se détourne du futur. Le résultat, c’est que la seule vraie mondialisation est celle des circuits financiers qui esquivent tout contrôle national. Même les Etats-Unis avouent leur impuissance à les réguler.

4. L’entreprise L’impératif des résultats raccourcit l’horizon stratégique La hantise de huit directeurs financiers sur dix de grandes entreprises est le rapport trimestriel (quarterly report ) inventé par les analystes financiers pour forcer à une plus grande transparence des comptes. Cette pression trimestrielle absurde aboutit à l’inverse du résultat souhaité. Au lieu d’apporter plus de clarté, elle pousse les

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responsables à « lisser les comptes », donc à les fausser par le jeu des provisions. Historiquement c’est la baisse tendancielle de la productivité dans les pays industriels, qui a accentué la pression sur les résultats des entreprises et poussé à l’utilisation de leurs fonds à des buts spéculatifs. Pour une firme comme General Electric, les activités purement financières représentent déjà le tiers de son chiffre d’affaires. L’actionnaire a pris le dessus sur les dirigeants, transformant la finalité de l’entreprise. Elle est moins orientée vers le long terme, la qualité du produit ou son rôle social que vers la production de bénéfices assurés. Les actionnaires, comme les fonds de pension conservaient leurs actions sept ans ; désormais guère plus de sept mois. Ce sont eux qui nomment les dirigeants, de plus en plus sont des financiers, au lieu d’hommes de marketing ou de relations humaines. En même temps la durée des mandats de ces derniers se raccourcit. Aux Etats-Unis, deux à trois ans maximum. Résultat : toutes les durées sont abrégées. Depuis la crise il est devenu presque absurde de prétendre faire des budgets à cinq ans, ou même à trois ans. En même temps, les contrats de travail pour les jeunes sont devenus des CDD. La notion même de plan de carrière fait rire les DRH, lorsque les jeunes qui arrivent sur le marché du travail leur posent la question.

5. La consommation Acheter trop, tout de suite, trop souvent La consommation naît quand la prospérité a permis de passer de la satisfaction des besoins à la création et à l’activation des désirs. La logique économique implique alors de susciter une consommation répétitive et accélérée. Pour y parvenir plusieurs techniques doivent être mises en œuvre. Créer l’impression de renouvellement par la notion de mode, le design ainsi que les soldes. Activer l’obsolescence psychologique des produits, bien que leur rôle d’usage ne soit pas vraiment transformé. On fabrique de même une obsolescence technologique réelle, la méthode efficace des créateurs de produits électroniques et numériques. Mises à jour permanentes, lancements de nouvelles gammes pour créer une addiction chez le consommateur. Entre temps, l’idée même de réparer un objet, a pratiquement disparu au profit du jetable. La publicité orchestre et amplifie. Elle sait faire ressentir des besoins qui ne sont ni vitaux ni prouvés. Enfin, activateur suprême, le crédit, qui permet à chacun d’avoir l’illusion de la richesse au moment de l’achat. Le crédit hypothèque l’avenir, non seulement des individus mais des nations, dont l’endettement s’impose aux générations futures. À ces différents modes d’activation de la consommation s’est surajouté internet qui a tout poussé à son comble. Le désir est face à un hyperchoix et s’assouvit d’un clic. De plus en plus l’acte d’achat bascule vers la spontanéité. La réflexion, le mûrissement de la décision, sont traqués comme des freins au développement économique

6. Rythmes de vie Une profonde révolution culturelle L’urgence est devenue notre mode d’action par défaut. Elle comprime artificiellement le ressort du temps. Nous habitons désormais la société de l’impatience. Pratiquant intensément les outils numériques, les jeunes perçoivent les secondes comme un temps

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d’attente. C’est l’ère du « one minute everything ». Notre temps d’attention est formaté par les spots de pub de 30 secondes où tout doit être exprimé, conclusion comprise. Si l’on visionne un long métrage réalisé il y a 30 ou 40 ans pour voir à quel point le rythme et les séquences étaient plus longs. Le comble est atteint par Twitter : raconter sa vie en 140 signes. Nous vivons interrompus, jusqu’à soixante-dix ou quatre-vingt fois par jour. Pour trouver le calme durable, nous n’avons souvent plus d’autre solution que de nous sortir de notre univers familier. Le multitasking des jeunes, leur rapport Google, à la connaissance pour tous modifie leur capacité de concentration. Mais la nôtre aussi. Qui aujourd’hui peut lire Proust ou Tolstoï ? Nos neurones sont en risque de démusculation.

7. Les relations aux autres Peut-on avoir mille amis et vivre l’amour comme un jeu vidéo ? Les changements dans nos modes relationnels, vers le fractionnement et la brièveté, ont commencé avant Facebook et Meetic. La structure familiale et les relations amoureuses n’avaient déjà plus guère à voir avec celles en vigueur jusqu’à en 68. Le changement de rôle des femmes, le refus de la hiérarchie traditionnelle avaient déjà cassé les règles et traditions. Désormais les sites de rencontre a permis de faire passer le libertinage à l’ère industrielle, mais aussi de permettre à un mariage américain sur huit de venir d’Internet. De la même manière, les réseaux sociaux, par une inflation considérable du nombre d’amis potentiels a quelque peu dévalué la notion d’amitié. Mais en pratique, l’intensité des rapports aux autres, leur fréquence, en nombre a beaucoup moins augmenté qu’il n’y paraît. Pour de simples raisons de temps, le nombre de ceux avec qui on peut entretenir une vraie relation reste limité. De son côté, la famille, décriée il y a une trentaine d’années a repris son rôle de refuge affectif central. Mais dans des configurations différentes qui doivent s’inventer au gré de chaque vie. Enfin le court-termisme affecte durablement notre relation à nous-mêmes. Le temps personnel est, pour la plupart d’entre nous une aspiration inassouvie. C’est pourtant dans ce rapport à soi, dans l’effort de chacun pour se retrouver que peut commencer la reconquête du long terme. Individu par individu, elle pourrait gagner l’ensemble de la société.

8. L’environnement Et le long terme devint l’urgence… La vraie novation est que maintenant nous savons ce qui nous attend. L’insouciance millénaire des hommes à l’égard de la nature devient de l’irresponsabilité. L’opinion n’en a pris conscience qu’avec le début du siècle. Le principal enjeu du risque court-termiste se joue d’évidence là. La principale cause de l’emballement récent de l’action des hommes sur la nature est la marée démographique du 20e siècle. Or en démographie comme en écologie, les temps de freinage sont de l’ordre de 50 ans. En rapport avec les calendriers électoraux moyens dans le monde on peut être saisi de vertige. Le seul débat : comment un ensemble hétéroclite de dirigeants nationaux, aux priorités à court terme, pourront-ils produire des décisions à longue portée ? L’obstacle principal est le même qu’en

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matière de régulation financière (l’autre crise mondiale) : comment se mettre d’accord sur de mesures qui s’imposent à tous. Or il faudra prendre décisions qui vont affecter la liberté de consommation et d’action de chacun de nous : « réduire, réduire et encore réduire » (Jancovici). Copenhague a eu son utilité pour faire progresser une double prise de conscience. D’une par il y a urgence, d’autre part les mécanismes existants ne permettent pas d’y faire face. Lester Brown a imaginé trois scénarios « pour le salut de l’espèce. » : Pearl Harbor, le Mur de Berlin et le… sandwich. Face à quoi la ressource la plus rare n’est ni l’énergie, ni la ressource alimentaire, mais le temps.

Conclusion Voulons-nous vraiment sortir du court-termisme ? Même si, à long terme, les menaces sont extrêmes, le plus difficile est de le faire comprendre, aussi bien aux citoyens/consommateurs/électeurs, qu’à ceux qui les gouvernent. Le long terme n’est ni coté en bourse, ni intégré dans les indicateurs économiques courants. Le futur va se jouer entre deux pôles bien distants : la vitesse du progrès scientifique d’une part, nos attitudes individuelles et collectives d’autre part. Les moyens de faire face aux crises annoncées existent. Pour la volonté de les mettre en œuvre à temps, ce sera plus compliqué. Le tribalisme mondial rend improbable des modifications rapides de modes d’action. Car le court-termisme est en nous. Il nous arrange souvent pour des raisons psychologiques. Les satisfactions immédiates et les objectifs très proches allègent nos angoisses et nous consolent des duretés quotidiennes. Même le stress nous donne le sentiment d’exister. C’est par chacun d’entre nous que passent les meilleures chances de reconquête du long terme. Une fois convaincus nous adoptons spontanément des comportements différents. Et les mieux informés, sensibilisés, sont quelquefois aux commandes des systèmes humains. Sauront-ils éviter la faillite des systèmes démocratiques paralysés par l’impuissance ? La seule raison d’optimisme, mais elle n’est pas vaine, c’est que l’humanité s’en est toujours sortie. Mais à quel prix ? JL SS / 2010