emi_medialibre 2011
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DOSSIER
PigalleSe rhabille
écOnOmIE
en bas de chez vous dailymotion défie google
SOcIété
médecins : contrer la pénurie
cultuRE
la bande dessinée met belleville en bulleS
L’actualité des 18e et 19e arrondissements de ParisMédialibre n° 98, magazine-école de l’école des métiers de l’information (EMI-CFD)
2 €
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Le magazine que vous tenez entre les mains est le fruit d’une collaboration inédite et originale entre les sites dixhuitinfo.com, dixneufinfo.com et l’école des métiers de l’information, EMI-CFD. Ce journal est la continuation d’un partenariat commencé le 14 février, qui a vu dans un premier temps les stagiaires de l’EMI nourrir les deux sites en articles, vidéos, photos et diaporamas. Un travail stimulant auquel ils ont participé avec beaucoup d’enthousiasme : c’était l’occasion pour eux de se frotter au réel, en travaillant pour deux sites d’information locale à la personnalité affirmée, dont l’audience est loin d’être négli-geable. Nous avons décidé de poursuivre notre association sous forme d’une déclinaison papier des sites, en réalisant un journal de A à Z : défini-tion du concept, de la ligne graphique, comme du travail d’enquête et de reportage.Pour cela, nous avons mobilisé les compétences des élèves des différentes formations dispensées à l’école : journalistes rédacteurs, secrétaires de rédaction, photojournalistes et graphistes. Au total, près de quatre-vingts personnes !Une implication de chaque stagiaire, mais aussi un investissement collectif pour l’encadrement de l’école et pour les responsables des sites, tant nous avions à cœur de réussir, tous ensemble.
Marc Mentré
UN PARTENARIAT FRUCTUEUX
Directrice de la publicationMarie-Geneviève Lentaigne
Directeur de la rédactionPhilippe Bordier
Rédacteurs en chefSophie Le Renard (www.dixneufinfo.com), François Longérinas, Marc Mentré, Fidel Navamuel, Dominique Patte, Jean Stern
Conseillers à la rédaction Laurent Catherine, Wilfrid Estève, Hédi Kaddour
Directeurs artistiquesMartine Billot, Dominique Morvilliers, Dagui Tanaskovic
Secrétaires généraux de rédaction Guillaume Falourd, Sébastien Ruszniewski
Concepteurs graphiques Yohann Jacob, Marie-Laure de Montalier, Laurence Papin, Fanny Parisot
Responsables photo Émilie Wood, Maurice Virivau
Rédacteurs Marlène Andrezo, Frank Aubry, Laura Bittoun, Claire Cecchini, Violaine Desmons, Marie-Carolyn Domain, Édouard Dropsy, Carla Ferrand, Juliette Gheerbrant, Jocelyn Hue, Alix de La Roncière, Thomas Roure, Julie Sabatier, Élisa Vazquez, David Zarader
Secrétaires de rédaction Claudine Alizon, Marie Bourdellès, Gaëlle Desportes-Maillet, Guillaume Falourd, Arnaud Gancel, Francis Gimelet, Julien Grunberg, Caroline Heurteau, Marylène Lacerenza, Isabelle Lakomy, Fabienne Moncelle, Anne-Cécile Nguyen-Thanh, Claire Nicolas, Marina Péhé, Jacky Péraud, Julien Retaillaud, Sébastien Ruszniewski
Graphistes Thibault d’Argent, Damien Barquero, Nathalie Brigardis, Sandrine Chantelot, Marie-Élise Chocroun, Gilles Fonteny, Émilie Formoso, Yohann Jacob, Hervé Krakenberger, Laurence Lachèvre, Marjorie Lequeux, Marie-Laure de Montalier, Léo Pajon, Laurence Papin, Fanny Parisot, Hélène Pavie, Véronique Pouplier, Aurélie Romanacce, Gwenaëlle Serre, Nina Testut
Photojournalistes Laurent Carré, Adeline Dufresne, Jéremie Jung, Jean Larive, Lucien Lung, Adrien Matton, Julien Pebrel, Alexandre Pieroni, David Rodrigues, Thomas Rothé, Élodie Sueur, Miguel Templon, Théophile Trossat, Émilien Urbano, Delphine Vaisset, Antoine Vincens de Tapol, Maurice Virivau, Christophe Voisin, Émilie Wood
Impression Delta Papiers 75019 Parisdixhuit-dixneuf info n° 1 / Médialibre n° 98, avril 2011
Commission paritaire n° 65547ISSN 7-590-997Dépôt légal : 2e trimestre 2011
Ce magazine a été conçu et réalisé par les promotions 2011 de rédacteurs bimédia, de secrétaires de rédaction bimédia, de graphistes bimédia et de photojournalistes de l’École des métiers de l’information
école des métiers de l’information (EMI-CFD)7, rue des Petites-écuries - 75010 Pariswww.emi-cfd.com
Cré
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SOMMAIRE
4 DOSSIER
PIGALLE SE
RHABILLE
18 SOCIÉTÉ
MédEcInS :contRER LA PénuRIE
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28
12 SOCIÉTÉHôtels sociaux : la précarité dans18m2
Les caméras zappent les tours
Écoles du 19e : des CP à vingt-cinq
Femmes du 19e : la paix en fabrique
Espaces verts : en mal de gardiens
POLITIQUEDaniel Vaillant : la journée d’un maire
Pierre-Yves Bournazel : « Depuis 3 ans, ma priorité absolue reste le 18e »
BONS PLANSNos dix-neuf adresses coup de cœur
ÉCONOMIEDailymotion success story : en bas de chez vous
Kiosques des 18e et 19e : la grande déprime
Coulisses de la mode : la création a sa voie
ENVIRONNEMENTCité Michelet Curial : le chantier s’éternise
SPORTLa jeune génération monte sur le ring
Au taekwondo : frère et sœur de combat
Monter en national : l’espoir fou des footeux
CULTURELa bande desssinée met Belleville en bulles
Julie Navarro : « Créer un véritable réseau social et culturel »
Petits théâtres du 18e : le grand jeu de rôles
Photographie : une légende à Montmartre
Conférences publiques : le savoir pour tous
Boutique éphémère : alternatives et découvertes
Le Sacré-Cœur non-stop : 125 années d’adoration
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Autour de la place Pigalle, le long des boulevards de Clichy
et de Rochechouart, s’étale un quartier populaire historique
étiqueté comme celui des touristes et des sex-shops.
Mais, depuis quelques années, les vagues de bobos successives
font émerger commerces bio, boutiques de créateurs, bars
« tendance » et salles de concerts relookées. Adieu, vieux rades !
Adieu cabarets et boîtes de strip-tease traditionnels ! Bonjour,
spéculation immobilière... Le prix du mètre carré a déjà plus
que doublé en dix ans. Au grand dam de ses anciens habitants,
la métamorphose de Pigalle ne fait que commencer.
PIGALLESE RHABILLE
exemple. Le magasin Naturalia, ouvert en janvier 2010 sur le boulevard de Clichy, est spacieux, lumineux. « Il y avait une attente de la part des habitants qui, jusqu’à présent, se rendaient dans notre magasin de la rue Lepic, beaucoup plus petit », assure une vendeuse. Même si le coût du panier moyen reste plus élevé à Abbesses, la fréquentation dans ce nou-veau lieu reste honorable. Une épicerie fine, Le Marché des gastronomes, avec plats traiteur, produits biologiques et équitables, avait déjà fait son apparition sur la place Pigalle en mai 2009.L’installation des créateurs dans le bas de Pigalle, côté 9e arrondissement, a valu au quartier d’être surnommé « SoPi », pour « South Pigalle », une sorte de SoHo (quartier chic de New York) parisien. Plusieurs boutiques de vêtements se sont implantées depuis deux ans rue Henri-Monnier. Le maga-sin Cancan, par exemple, a sélectionné
iIl suffIt de se promener sur le boule-vard de Clichy pour s’en rendre compte : Pigalle a changé. Des travaux, terminés au milieu de l’année 2010, ont transfor-mé le terre-plein central en promenade plantée, délimitée par une piste cy-clable. L’éclairage a été modernisé, et les passages piétons, sécurisés par des feux de signalisation. Même les mul-tiples sex-shops semblent avoir trouvé une seconde jeunesse. Certains signes montrent que le quar-tier est en train de s’adapter à sa nou-velle population. Une population dite « bobo », identifiée depuis une dizaine d’années, mais qui reste difficile à cir-conscrire : jeune (35-40 ans), aisée, elle recherche des produits originaux, bran-chés, tout en gardant le goût de l’au-thentique et du pittoresque. Des commerces spécialisés révèlent le changement des habitudes de consom-mation : l’alimentation biologique, par
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Des clubs emblématiques comme Le Folie’s Pigalle
ou Le Divan du monde , conçus pour les classes
populaires du XIXe siècle, draînent à présent de jeunes
noctambules aisés du quartier et d’ailleurs.
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de jeunes créateurs internationaux dont la plupart sont diffusés en exclusivité en France. Sur les vingt-sept marques choisies, dix sont scandinaves, et toutes proposent des habits décalés mais sobres. Warmi, une marque franco- colombienne de mode éthique, s’est spécialisée dans les collections faites à la main. « Mes clientes recherchent des pièces originales, qui se différencient des chaînes de magasins chics que l’on trouve à Abbesses. Ce sont généralement des femmes d’une quarantaine d’années qui gagnent bien leur vie, confie Lisa Muscinesi, gérante de la boutique. J’ai choisi de m’installer à Pigalle car c’est un quartier vivant qui va continuer à se développer. »Dans cette même rue se trouve Gals Rock, un commerce consacré à la culture rock féminine qui vend vête-ments, CD, vinyles, livres et DVD musi-caux. La petite salle attenante permet à une trentaine de personnes d’assister à
un concert ou d’écouter des disques. « Notre clientèle est jeune : ce sont des personnes entre 25 et 40 ans, qui recherchent une relation personnalisée avec le vendeur. Ils aiment être conseillés », remarque Pauline Dutheil, l’une des deux fonda-trices du magasin. Les produits propo-sés chez elles renouent avec la tradition musicale du coin : « Nous nous sommes installées dans le quartier des magasins de musique, des labels et des salles de concert », se réjouit la commerçante.
2,80 ¤ le café Ces deux dernières années, quelques établisse-ments musicaux ont fait leur réap-parition. Le Moulin-Rouge a ainsi ra-cheté la discothèque La Locomotive, et l’a rebaptisée La Machine du Moulin-Rouge : elle comprend à présent un club et une salle de concert à la pro-grammation électro, hip-hop ou new
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wave. À quelques mètres, Les Trois Baudets, salle mythique de Pigalle, a rouvert ses portes en février 2009, en mettant au premier plan la nouvelle scène de la chanson française.Les bars branchés qui ont émergé n’ont plus rien à voir avec les cabarets popu-laires et les établissements où se produi-saient des danseuses dévêtues. Chez Moune, rue Jean-Baptiste-Pigalle, était depuis 1936 un cabaret lesbien, avant d’être racheté en 2008 par La Clique, l’équipe de Lionel Bensemoun (le gérant du Baron). L’aff uen ce dans cette disco-thèque a entraîné une hausse de la fré-quentation du Sans Souci, le bar situé sur le trottoir d’en face. « On vient boire un verre ici le soir avant d’aller Chez Moune », explique Thomas, 23 ans, étudiant en sciences politiques. « Et puis ils passent de la bonne musique rock et électro », précise-t-il. L’équipe du Sans Souci, en place de-puis trois ans, a transformé ce bistrot de
quartier, dans lequel les clients locaux avaient coutume de suivre les matchs de rugby, en bar « tendance ». « On aime les bars branchés, mais on aime aussi les vieux rades comme L’Arsouille, à Abbesses », af-firme Fabien, l’ami de Thomas.Sur le boulevard de Clichy, le luxueux Café La Cigale, ouvert en août 2010 par Thierry Costes et deux autres associés, a remplacé un bar-tabac-PMU. Si le fils de l’aîné des frères Costes, magnats de la restauration chic, a décidé de s’im-planter dans ce quartier, c’est parce qu’il savait qu’il y trouverait une clientèle aisée. Ici, le café est à 2,80 €. Il est à 1,60 € à La Fourmi, le bar voisin (cf. notre
Le luxueux Café La Cigale, ouvert en août
2010 par Thierry Costes et deux associés,
a remplacé un bar-tabac-PMU
Avec Le Moulin-Rouge, temple mondial de la revue,
les néons de ses sex-shops et de ses discothèques
(comme Chez Moune,ci-dessus, ex-cabaret lesbien reconverti en
2008), Pigalle ressemble pour beaucoup aujourd’hui
à un décor pour touristes.
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Au Bus Palladium, dans le South Pigalle,
comme à la Fourmi, rue des Martyrs
(à droite), la clientèle est plutôt jeune
et rock’n’roll.
« En dix ans, le prix du mètre carré a été multiplié par deux, voire deux et demi à Pigalle. Il est aujourd’hui de 8 000 € », dit Brice Moyse. Il faut savoir qu’il est de 12 900 € dans le 6e arrondissement – le plus cher de Paris – et de 6 300 € dans le 19e – le moins cher de la capitale. Cette hausse des prix remet en cause la mixité de la population. Les classes po-pulaires et moyennes ont de plus en plus de mal à se loger dans ce secteur à cheval sur deux arrondissements. Pourtant, côté 9e, quelques immeubles vont être transformés en logements so-ciaux par la mairie de Paris. Côté 18e, l’opération la plus importante concerne plusieurs dépendances du Moulin-
Rouge, boulevard de Clichy, qui ont ré-cemment fait l’objet de préemption, c’est-à-dire de rachat par la mairie de Paris. Mais ces projets sont vraiment peu nombreux. « Il faut saisir toutes les occasions de rachat pour créer du logement social et enrayer la spéculation immobilière », insiste Ian Brossat, un élu com-muniste du 18e arrondissement. « Evidemment, le logement social coûte plus cher à Pigalle qu’à la porte de la Chapelle. Mais il est nécessaire de rééquilibrer tous les quartiers et de ne pas concentrer ce type de logements dans certaines zones, car sinon, c’est la paupérisation qui attend ces dernières », estime Ian Brossat. Josette, habi-tante de Pigalle depuis quarante ans, ne se réjouit pas des changements de ces dernières années : « Le quartier a perdu son âme. Avant, c’était plus populaire, plus ordinaire. Les gens étaient plus sympas. Les vieux sont partis ou sont morts, je ne connais plus personne. » Malheureusement pour elle, la transformation de Pigalle comme de nombreux quartiers de Paris est en marche et n’est pas près de s’arrê-ter. D’autres « bobos » viendront bientôt s’installer dans le quartier de Josette…
Texte : Elisa Vazquez Photos : Emilien Urbano
en cadré). La configuration des lieux a été pensée par le célèbre designer français Philippe Starck et la fresque aux couleurs vives, visible dès l’entrée, est l’œuvre de l’artiste new-yorkais Phil Frost. Les prix, liés au prestige du lieu et du nom « Costes », sont plus élevés que dans la plupart des autres établissements du quartier. Dans la journée, la clientèle est aussi touristique que locale. Les salariés de La Cigale (la salle de concert) y tien-nent leurs rendez-vous professionnels. Le soir, ce sont les noctambules sortant des concerts de La Cigale et du Divan du monde voisins qui viennent investir le Café. Ce dernier se veut un « pub rock moderne ». Tous les jeudis soirs, deux ou
trois groupes s’y produisent dans le cadre de tremplins musicaux. « Ces dernières années, à Pigalle, il n’y avait plus d’endroits où on pouvait boire un verre et écouter de la musique », raconte Olivier Marzetto, l’un des actionnaires et directeur de l’établis-sement. Il assure qu’« au jourd’hui, il y a une offre artistique dense dans le quartier ». Mais ce n’est pas l’avis de Sylvie, la soixan-taine, ancienne danseuse de cabaret : « Il n’y a plus de lieux pour aller danser à Pigalle, c’est fini. Le quartier est plein de bobos, et les bobos ne savent pas s’amuser ! »
Mixité Les bobos en question ont commencé par s’installer dans le quar-tier des Abbesses il y a une dizaine d’années, au moment du succès du film de Jeunet, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (sorti en 2001). Cinq ou six ans plus tard, une deuxième vague est arri-vée et a élu domicile un peu plus bas, à Pigalle. « Ce qui a attiré cette population, rapporte Brice Moyse, directeur des agences immobilières Immopolis dans le 18e arrondissement, c’était le contraste entre le côté populaire du quartier et la beauté des immeubles du boulevard de Clichy. » L’arrivée de ces habitants aisés a fait prendre de la valeur au quartier.
À Pigalle, la hausse du prix du mètre carré
pose un problème. Les classes populaires
ont de plus en plus de mal à se loger
Les pionniers : Le bar La Fourmi
« Quand nous avons ouvert La Fourmi il y a quatorze ans, raconte José Madureira, le responsable du bar, il n’y avait autour que des vieux troquets avec des serveurs habillés en pingouins. Nous avons voulu faire quelque chose de différent. » Son café aux allures de bistrot tradi a tout du bar branché : grands volumes, comptoir design de forme ondulée, murs aux couleurs chaudes, peints à l’éponge. Au plafond, un lustre pittoresque en fer, planté de bouteilles de vin vides renversées. Dans ce bar, tous les profils se mélangent : des gens ordinaires, des musiciens, des artistes... « J’aime les grandes baies vitrées et la musique en fond sonore, explique David, la quarantaine, comédien. Je suis venu lire ici avant de me rendre à une audition dans le quartier. »
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SOCIÉTÉ
LLogée dans un hôtel social avec ses trois enfants, Blebleko s’étonne de son loyer : « 2 200 € par mois pour mon 18 m² ! » Un prix exorbitant, et cepen-dant à peine supérieur à ceux prati-qués dans ce type d’hébergement. À Paris, en 2009, les services sociaux de la mairie ont versé 23 millions d’eu-ros pour loger 1 200 familles, dont environ un quart vivent dans le 18e arrondissement. Le 7 février dernier, le conseil de Paris a voté des mesures visant à réduire ces dépenses. Les fa-milles doivent résider depuis au moins trois mois dans la ville. Et leur héber-gement en hôtel meublé ne pourra dépasser un an, au maximum. Le PC, le Parti de gauche et les Verts se sont opposés au texte. Ils souhaitent limiter la durée d’hébergement en logement précaire, mais dénoncent le manque de solutions au-delà de l’année passée en hôtel social. « On confie au privé une pro-blématique de politique sociale », regrette
Hôtels sociaux
la précarité dans 18 m2
Le 18e concentre le plus grand nombre d’hébergements sociaux de la capitale. 300 familles vivent dans des chambres de fortune, aux loyers élevés. Parfois pendant plusieurs années. La mairie finance ce système, que l’élu PC Gérald Briant qualifie de « véritable bombe sociale ».
Gérald Briant (PC), adjoint au député-maire du 18e Daniel Vaillant (Parti so-cialiste), chargé des Affaires sociales et de la lutte contre les exclusions. Sur les 777 hôtels sociaux de la ville de Paris, 144 sont situés dans le 18e, ce qui repré-sente 300 familles. En comparaison, le 7e arrondissement en compte cinq.
ISOLÉES Aujourd’hui, ces hô tels sont généralement occupés par des femmes isolées. Pour la plupart, elles sont d’origine africaine. À leur arrivée, elles sont sans-papiers. « C’est le Samu social ou les associations qui s’occupent de leur trouver un hôtel tant qu’elles sont en situation irrégulière, précise M. Briant. L’hébergement d’urgence est du ressort de l’État, mais il s’est totalement désengagé. » Mickaël Couillaud, patron de l’hôtel du 27, rue du Poteau, dans le 18e, expli-que, quant à lui, qu’il ne travaille plus avec le Samu social.
Pour Brazedi T. et sa fille (ci-contre),
comme pour toutes les familles vivant en hébergement
social, chaque jour est un combat
contre l’exclusion.
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SOCIÉTÉ
« Ils me versaient 15 à 16 € par jour et par personne », détaille-t-il. Soit un manque à gagner de 10 à 20 €. Les chambres sont prévues pour deux personnes au maxi-mum, conformément aux critères de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), service départemental dédié à la protection des enfants et de leur famille. En plus, pour en bénéficier, les ménages doivent avoir des papiers en règle.« Depuis la loi sur le droit au logement opposable (Dalo) [votée en mars 2007, Ndlr] la durée d’attente pour obtenir un logement en HLM s’est un peu raccourcie : un an et demi à deux ans en moyenne », explique M. Couillaud. Or, cela fait maintenant pas moins de sept ans que Blebleko est logée dans son hôtel !Les conditions d’hébergement sont par-fois très mauvaises, témoigne Fatou (1).
Âgée de quarante ans, elle est arrivée à Paris en 2001. Expulsée de sa chambre de bonne en 2008, elle est relogée par la mairie du 9e, dans un hôtel social proche du quartier de la Chaussée-d’Antin. Là-bas, elle passera trois mois dans des conditions déplorables : les toilettes sont hors service, la moquette se décolle et la chambre est sale. « On n’avait droit ni au réfrigérateur, ni aux
plaques chauffantes, se souvient Fatou. Dans le bar d’à côté le café était à 2,50 €, je me suis demandé comment j’allais man-ger ! » L’hôtel du 27 de la rue du Poteau jouxte des immeubles haussmanniens.
VOISInagE L’été, les enfants ne partent pas en vacances. Alors M. Couillaud les laisse jouer dans la cour. Mais les riverains n’apprécient pas le chahut. Ni l’impact de ce voisi-nage sur la valeur de leurs propriétés. « L’autre jour, un agent est venu me demander à quelle heure les jeunes sont les plus calmes. Forcément, il devait faire visiter un appartement juste à côté ! », raconte le patron dans un grand éclat de rire. Ici, la mixité sociale reste un projet. Pour ces mères célibataires,
assurer une éducation stable à leurs enfants est une gageure. M. Briant avertit d’ailleurs : « L’hébergement en hôtel meublé est une véritable fabrique de “bombes sociales”. » Selon lui, une telle précarité annihile toute chance de réus-site scolaire. « Les enfants font leurs devoirs sur le lit. Quand la maîtresse appelle pour parler de ma deuxième fille, c’est compliqué », se désole Blebleko.
Les toilettes sont hors service, la moquette
se décolle et la chambre est sale
Le coin cuisine du 18 m2,ci-dessous. A l’heure des devoirs, les enfants travaillent sur le lit.
Ci-dessous, à gauche : la promiscuité et parfois l’insalubrité, deux maux principaux au quotidien.
« Un jour, j’ai entendu ma fille dans le cou-loir qui disait “non, je ne viens pas, mon-sieur, non”, murmure Fatou, les yeux baissés. Le voisin tentait de l’attirer dans sa chambre. » Le soir même, elle est allé en parler au gardien qui lui a conseillé la vigilance : l’homme avait été condamné deux fois pour pédophilie. Par chance, deux semaines plus tard, Fatou obtenait enfin un logement HLM.Un véritable Graal pour ces familles : « Ici, quand une cliente trouve un loge-ment social, c’est la folie. On fait une fête terrible ! », sourit M. Couillaud. Mais pour décrocher ce sésame, il faut justi-fier d’un CDI. « Et le plus souvent, on ne me propose qu’une succession de CDD», confie Blebleko. Les ménages placés en meublé ne sont pas prioritaires pour l’accès aux appartements des HLM. Nombreux sont ceux qui ne bénéficient
Gérald Briant, élu communiste, adjoint au maire du 18e,chargé des Affaires sociales et de la lutte contre les exclusions.
Jusqu’à 1 395 €, le coût du loyer mensuel pour 15 m2.La nuit, Daouda (à droite) dort sur le sol, laissant le lit à sa femme enceinte et à son fils.
pas de l’hébergement d’urgence et sont donc en situation difficile. « Souvent, nous sommes confrontés à un “combat de misère humaine” », déplore M. Briant.Quant à Fatou, début 2010, elle a ob-tenu un CDI pour des heures de mé-nage dans des bureaux . « La semaine passée, mon patron m’a dit : “Toi, tu fermes ta gueule !” Ce n’est pas normal de parler comme ça aux gens, mais je n’ai rien ré-pondu. J’avais peur de perdre mon travail et mon logement. Je ne veux jamais retourner en hôtel social. »
Texte : Edouard Dropsy et David Zarader
Photos : Julien Prebel, Jérémie Jung et Jean Larive
1. Son prénom a été changé.
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Posées trop bas, les caméras de vidéosurveillance ont rapidement été occultées à l’aide de bombes de peinture. « On ne sait pas si elles fonctionnent ! Moi, je pense qu’elles ne fonctionnent pas », déclare M. Arfaoui, président de l’Amicale des locataires du 7783, boulevard Ney, dans le 18e arrondissement de Paris.Depuis dix ans, cet homme a tout essayé pour rendre sa résidence vivable : grillager les coursives et le petit parc à l’intérieur de l’immeuble, poser des barres pour éviter que les scooters ne tournent dans l’enceinte, réparer les portes pour un coût de 2 000 euros (aux frais de France Habitation, l’organisme bailleur). Mais rien à faire, intrusions et dégradations ont continué.
aveugle Il y a deux ans, M. Arfa oui décide, avec l’accord d’une vingtaine d’autres locataires et du bailleur social, de faire poser quatre caméras, pour dissuader les intrus. Elles sont désormais aveugles. « De toute fa-çon, on ne sait même pas qui visionne les images. Nous, on a demandé à France Habi-tation que les gardiens des immeubles aient
Les caméras zappent
les tours À la demande de l’opposition municipale, l’installation de la vidéosurveillance dans les logements sociaux fait régulièrement débat dans le 18e arrondissement. Ces équipements existent dans certains HLM. Où l’avis des habitants est contrasté.
un écran de contrôle. On n’a toujours pas de réponse. » expliquetil.« Vous savez, on ne s’oppose pas aux loca-taires par principe, répond M. Leverve, directeur de la communication à France Habitation. Les images sont uniquement destinées à la police et on ne peut pas laisser tout un chacun regarder les films. » Le responsable ignore où est situé le poste de contrôle et ne sait pas qui visionne les bandes : « La vidéosurveillance n’est pas la panacée. Mais c’est un outil dissuasif qui peut aider à résoudre des enquêtes. »Sur ce point, M. Leverve rejoint les positions de Michel Neyreneuf, chargé de la politique du logement et adjoint au maire PS du 18e arrondissement, Daniel Vaillant. L’élu assure que ces caméras « ne sont qu’un outil complémentaire aux moyens existants, comme le Groupement parisien interbailleurs de surveillance (GPIS) ». Ni plus, ni moins.
leurres Pour Mme Albingre, habitante du 1, rue FirminGémier, « Les caméras, ça a servi au début. Ce n’est pas vain comme système, mais ce n’est pas prendre le mal à la racine. Ce qu’il faudrait, ce sont des éducateurs de rue. » Il y a quelques années, sa résidence était une zone bien connue de trafic de drogue. Alors présidente de l’Amicale des locataires, elle avait demandé la pose de caméras.Si c’était à refaire, cette retraitée énergique n’y serait plus aussi favorable. Et ne venez pas lui parler de protection de la vie privée : « À l’heure où tout le monde s’affiche sur Facebook, ça ne me fait pas peur ! » se fâche Mme Albingre. Pour elle, « c’est surtout du gaspillage. »Cas semblable au 247251, rue Marcadet. Une demande a été faite à la suite des propositions de l’opposition municipale UMP du 18e. M. Chabbi, qui habite l’immeuble, n’y croit pas : « Je suis pour l’installation de leurres (des fausses caméras), mais je m’oppose aux dépenses d’argent inutiles. Le GPIS passe régulière-ment, une porte sécurisée a été installée, un gardien est sur place, des grillages empê-chent les intrusions… C’est suffisant ! »
Texte : Edouard Dropsy Illustration : Léo Pajon
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SOCIÉTÉ
LLes écoLes primaires Barbanègre et 9 Tan-dou dans le 19e, Torcy et Richomme dans le 18e - toutes classées en zone d’éduca-tion prioritaire (Zep) -, ont échappé à la fermeture de classes pour la rentrée 2011. Telle est l’issue du Conseil départemen-tal de l’éducation nationale (Cden) qui s’est tenu le 11 février dernier. Dans le 19e, six écoles restent menacées : les écoles primaires Carrel, Curial A, 67 Bo-livar, Ourcq B et Goubet (mais cette der-nière ne conteste pas la décision), ainsi que l’école maternelle Maroc.Pour Eve Heinrich, secrétaire de la Fé-dération des conseils de parents d’élèves (Fcpe) du 19e et parent d’élève élue au Cden, les fermetures sont un nouveau coup dur porté à des écoles déjà fragilisées : « Je pense notamment à Curial et Ourcq, qui commençaient tout juste à sortir la tête de l’eau. » L’exemple de l’école primaire Ourcq B illustre bien la logique comptable de l’académie : à ce jour, 321 élèves sont inscrits pour la
ÉCOLES DU 19e
DES CPÀ VINGT-CINQ
Le 11 février 2011, l’académie de Paris a renoncé à la fermeture attendue de quatre classes. Nouvel espoir pour syndicats et parents d’élèves, qui poursuivent leur mobilisation dans six autres établissements scolaires du quartier.
rentrée prochaine. Or, la fermeture d’une classe intervient s’ils sont moins de 325 ! Une institutrice s’insurge : « On avait obtenu l’ouverture d’une quatorzième classe l’année dernière. Si maintenant on nous la supprime à nouveau, on va encore se retrouver avec des CP à vingt-cinq élèves ou plus. En Zep, c’est beaucoup trop. »
contexte L’enseignante compte sur la mobilisation des parents, « très forte » jusqu’ici, pour faire évoluer la situation. Ils y sont bien arrivés dans le 18e ! Laure Letondel, chargée de mis-sion aux affaires scolaires à la mairie du 18e, précise : « À l’école Torcy, il manquait vingt-quatre élèves pour arriver au seuil de non fermeture ». Soutenus par la mairie, les parents et les syndicats ont dure-ment bataillé. L’académie a cédé, de même que pour l’école Richomme qui « subit le trop plein d’effectifs des autres écoles de l’est de la Butte Montmartre ».
Logique budgétaire oblige : le maintien
d’une classe se joue à quatre
inscriptions près.
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SOCIÉTÉ
« Si l’on travaille avec la règle à calcul, c’est facile de justifier ces fermetures. Si l’on considère le contexte social des écoles, c’est une grosse erreur », estime Daniel Marco-vitch, adjoint aux affaires scolaires de la mairie du 19e. À l’école 67 Bolivar, la fer-meture d’une classe se joue à trois élèves près. Par ailleurs, cette école, qui n’est pas classée en Zep, est la seule de l’arrondissement à accueillir une classe
d’initiation aux non-francophones (Clin) : « Nous avons toutes les caractéris-tiques d’une école de Zep sans en avoir les avantages, déplore M. Défosse, son di-recteur. On souhaiterait donc, au moins, une attention plus particulière à nos effec-tifs, sociologiquement fragiles ».
négocier Syndicats d’ensei-gnants et parents d’élèves ont tenté de négocier en plaidant le maintien de postes de Rased (Réseaux d’aides spé-cialisées aux élèves en difficulté). Mais, s’agace Jérôme Lambert, se crétaire dé -partemental du Snuipp-FSU-Paris : « Le problème, c’est que lorsque l’on obtient quel-
Gérard duthy* : « Ne faisoNs pas uN tabLeau apocaLyptique de La situatioN »« Les décisions ne sont pas mécaniques. Pour chaque école, nous prenons en compte le nombre d’élèves par classe. Mais nous avons aussi une approche qualitative, en observant comment chacune d’elle peut s’organiser après une fermeture. Ne faisons pas un tableau apocalyptique de la situation, qui ne correspond pas à la réalité. Les taux d’encadrement dans le 19e arrondissement sont particulièrement favorables, avec une moyenne de 22 élèves par classe. Il y a un petit peu de psychodrame autour de ces fermetures. »
* Inspecteur de l’académie de Paris
que chose, l’aca démie le récupère ail leurs ». Ainsi, trois postes d’instituteurs rem-plaçants ont été supprimés en 2010 afin de maintenir trois postes d’enseignants spécialisés du Rased.Pour la rentrée prochaine, on compte vingt-sept suppressions de postes de Rased à Paris ( une dans le 19e et quatre dans le 18e). Une institutrice de CP du 19e s’en inquiète : « Les personnels du
Rased permettent de saisir la situation par-ticulière d’un enfant en grande difficulté, c’est un travail très spécifique. » Elle avoue ne pas savoir comment continuer à en-seigner correctement sans eux.Daniel Marcovitch dénonce une poli-tique qui fragilise les minorités sociales : « On ne peut pas vivre qu’avec les con train-tes budgétaires, surtout quand elles sont liées à la baisse des impôts des plus riches. Ni toujours taper sur les mêmes quartiers ! ». Le sort des six écoles du 19e concernées sera scellé au conseil de juin.
Texte : Thomas RourePhotos : Delphine Vaisset
et Émilie Wood
une institutrice de CP avoue ne pas savoir
comment continuer à enseigner correctement
Grâce à la pugnacité des parents et des enseignants, quatre classes au moins seront sauvées en 2011.
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MÉDECINS : contrer la pénurie
RRue Léon, dans le quartier de la Goutte d’Or, la salle d’attente du docteur Gian-notti est toujours pleine. Avec sa consœur, elles reçoivent sans rendez-vous. Entre vingt-cinq patients les « petites » jour-nées et quarante les « très grosses ». Et s’il faut faire venir d’urgence un média-teur du quartier pour servir d’inter-prète, la consultation, malgré l’afflu-ence, peut dépasser la demi-heure. En vingt ans d’exercice, Agnès Gian-notti a appris à connaître tout le mon-de : « C’est un peu comme un village ! Le travail de médecin de proximité est pas-sionnant, même si les journées sont fati-gantes. Pour rien au monde je n’irais tra-vailler à l’hôpital. »Dans le 19e arrondissement, le quartier Flandre a perdu la moitié de ses méde-cins libéraux entre 2000 et 2009 : on comp-te dix-neuf installations contre trente-huit départs. Pour une popu lation de 42 000 habitants, il compte trente- neuf généralistes et trente-cinq spécialistes, mais un seul gynécologue, un seul psy-chiatre et deux pédiatres. Résultat, les urgences de l’hôpital pour enfants Ro-bert Debré, près de la porte des Lilas, sont constamment surchargées.
disparités Dans le 18e arron-dissement, où la population a augmenté de 12 000 habitants en dix ans, la situa-tion n’est guère différente. Les urgences de l’hôpital Bichat, porte de Saint-Ouen, elles non plus, ne désemplissent pas. Si la capitale est nettement mieux dotée en médecins que le reste du pays, les 18e et 19e sont en dessous et il existe de très
grandes disparités au sein même de ces deux arrondissements. Surcharge de tra-vail, prix de l’immobilier, isolement : seuls 10 % des jeunes diplômés choisis-sent d’exercer en milieu libéral, et très peu en tant que généralistes. Pour le docteur Agnès Giannotti, il y a égale-ment un problème dans le cursus des études : « La filière généraliste n’est pas du tout valorisée, explique-t-elle, les études restent centrées sur l’hôpital. C’est pourtant intéressant ! Il faut donner ce goût aux jeunes pendant leur for mation. »C’est ce qui est arrivé au Dr David Faure. Pendant ses études, ce jeune médecin a fait un stage chez le Dr Margelich, ave-nue de Flandre. Séduit par sa façon de travailler, il a franchi le pas après quelques années de remplacements. « Je ne comprends pas les jeunes qui ne veulent pas s’installer », dit cet homme de trente-trois ans qui a toujours eu envie de faire un travail de proximité et de suivi avec ses patients. Le cabinet reçoit sur ren-dez-vous l’après-midi et fait des visites à domicile et dans les maisons de re-traite le matin. La charge de travail n’est pas insupportable, selon lui. Mais ce qui l’a réellement convaincu, c’est le projet de maison de santé auquel il va partici-per avec le docteur Margelich. En sep-tembre prochain, il est prévu que tous deux s’installent au rez-de-chaussée de la tour « M » de la cité Michelet Curial, dans le 19e, en compagnie d’une dizaine de praticiens (médecins, infirmiers, ki-nésithérapeutes) qu’ils sont en train de réunir. Il s’agira de la première maison de santé parisienne (cf. notre article sur les travaux de la cité Michelet Curial, p. 36-37).
Contrairement au reste de la capitale, le Nord-Est parisien se situe largement au-dessous de la moyenne nationale en nombre de médecins par habitant. Les praticiens et les élus se mobilisent donc, afin d’éviter ce phénomène de désertion médicale.
Le docteur Agnès Giannotti, dans le 18e arrondissement, peut recevoir jusqu’à quarante patients dans la journée, sans pour autant lésiner sur le temps des consultations.
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« Je crois beaucoup à cette idée de regroupement, explique le doc-teur Olivier Margelich, car c’est efficace pour les patients, mais aussi pour les professionnels. Si une infir-mière cons tate un problème avec un malade, il est plus facile d’intervenir rapidement. L’information passe mieux entre les soignants. La proxi-mité des praticiens facilite l’adhé-sion des gens au parcours de soin. C’est le principe des centres médi-caux sociaux, mais nous, nous pra-tiquerons en libéraux. Un secréta-riat commun nous déchargera d’une partie du travail administratif. Bref, c’est à la fois plus confortable et plus
opérationnel. » Le docteur Agnès Giannotti est convaincue que l’avenir des généralistes est de se réunir. Mais pour cela, ajoute-t-elle, il faut des locaux. « Si nous avions davantage de place au cabi-net, les deux remplaçantes qui tra-vaillent avec nous s’installeraient tout de suite ! Il y en a qui en ont envie. Trois sont passées chez nous et ont ensuite décidé de s’installer en ville, parce qu’elles ont apprécié cette manière d’exercer. Mais ici, dans le quartier de la Goutte d’Or, il n’y a pas de locaux disponibles qui répondent aux normes de sécu-rité et d’accessibilité. »
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L’idée de la maison de santé Michelet a été promue par la mairie suite à une étude ciblée sur le quartier Flandre. Les élus sont inquiets : « On ne veut pas subir la désertification médicale », déclare Chris-tophe Najem, conseiller municipal du 19e arrondissement délégué à la santé. Les résultats de cette étude, ainsi qu’une concertation avec les pro fes sion nels, ont permis de retenir deux pistes. La première est d’aider les cen tres de santé associatifs à se développer ou à s’instal-ler ; des projets sont à l’étude dans le quartier des entrepôts Macdonald, où de nouveaux logements vont être cons-truits. La seconde est le regroupement de praticiens comme à la maison de santé. Cette structure aura par ailleurs une mission de prévention et d’éduca-tion, par exemple sous forme d’ateliers ou de réunions de patients. Le quartier Danube devrait lui aussi bénéficier d’une attention particulière dans les prochaines années.
aCCOMpaGNEMENt Le 18e arrondissement est également mobilisé. Dominique Demangel, adjointe au maire en charge de la santé, rappelle que la santé n’est pas une compétence municipale, mais relève de l’État. « Il y a des choses à faire, ajoute-t-elle. Con crè-tement, nous réfléchissons à une sorte de
plateforme de service ou d’accompagne-ment qui aiderait les médecins libéraux dans leurs projets de regroupement. Car les structures juridiques et administratives sont compliquées et les médecins déjà sur-chargés de travail n’ont pas toujours les compétences pour les mettre en place. Nous devons aussi aider à la circulation de l’in-formation : y a-t-il des locaux disponibles ? Où ? Quels sont les projets en cours ? » D’autres mesures sont envisagées, tel l’élargissement des horaires d’ouver-ture des centres municipaux. Celui de la rue Marcadet, par exemple, ferme à 17 heures, ne permettant pas aux tra-vailleurs de s’y rendre. Enfin, la création d’un centre géria-trique de proximité est à l’étude. Ce lieu spécialisé facilitera une prise en charge complète des personnes âgées, qui se-ront ensuite suivies par leur médecin habituel ou en structure hospitalière si besoin. Une manière de prévenir les ac-cidents et de maintenir plus longtemps les personnes à domicile. Avec un nom-bre de centenaires qui pour rait tripler d’ici à 2050 sur le plan national, selon les prévisions de l’Ined (Institut natio-nal des études démographiques), ce genre d’initiatives pourrait se multi-plier dans les années à venir.
Texte : Juliette GheerbrantPhotos : Julien Pebrel
Face à la pénurie de médecins de quartier, les salles d’attente sont saturées en permanence. Les habitants se reportent massivement sur les hôpitaux.
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DDes grains de sucre sur la langue, du rose, du vert, un goût de datte, de miel et de cannelle. Comme autrefois, toutes ensemble. C’est autour des pratiques culinaires que des femmes juives, arabes et musulmanes souhaitent à nouveau partager leur temps, au sein d’une association appelée Les Bâtis-seuses de paix. La création d’un atelier de pâtisserie orientale a été l’une des premières activités proposées par les Bâtisseuses. Mêmes ingrédients, mêmes contraintes rituelles (halal/casher) et même goût des petites dou-ceurs sucrées. Un exemple concret de concordance entre les cultures. « On joue sur l’inconscient, la douceur de l’enfance, le passé. La sociologie et la psychologie occu-pent une place essentielle dans notre ac-tion », avoue Annie-Paule Derczansky. La fondatrice de l’association œuvre de-puis neuf ans au rapprochement entre les juifs et les musulmans de France, loin de la guerre qui fait rage au Moyen-Orient. « Il n’y a aucune volonté de conver-tir l’autre. Je tiens à ce que tout soit fait dans le respect des religions et des traditions. »
SOLIDARITé L’as so ciation d’Annie-Paule voit le jour en 2004. Les statuts sont déposés au Journal officiel. À Paris, où elle réside, la journaliste lance cette « machine de la solidarité » après deux ans de préparation. Elle se tourne vers les femmes, piliers de l’édu-cation des enfants, pour rapprocher les communautés. Une règle d’or chez les Bâtisseuses de paix : « Ne jamais parler du conflit israélo-palestinien, sous peine d’ex-clusion de l’association » (cf. notre enca-dré à droite). Le 19e arrondissement est un lieu idéal pour initier des ren-contres : la population juive séfarade y
FEMMES DU 19e LA PAIX
EN FABRIQUE
« Renouer le dialogue et regarder ensemble le passé », tel est le credo de l’association Les Bâtisseuses de paix, dédiée à l’amitié judéo-musulmane. Initiatrice du projet, Annie-Paule Derczansky voudrait étendre l’expérience à toute la France.
vit en forte proportion. Grâce au sou-tien de la mairie de Paris et de celle du 19e, les dé marc hes d’Annie-Paule lui permettent de disposer de lieux straté-giques. Une salle municipale est mise à la disposition des femmes de l’associa-tion, et le centre culturel Danube les ac-cueillent une fois tous les deux mois. Visites de lieux de mémoire, dîners-dé-bats et pique-niques s’organisent. Les thèmes sont toujours liés à ce qui a pu rapprocher les juifs et les musulmans à travers le temps. L’association compte quarante adhérents, mais ce chiffre ne reflète pas le taux de participation aux rassemblements. Les femmes membres amènent leur famille et convient leur mari. « Je regrette qu’il n’y ait pas plus de femmes juives. Elles ont du mal à bouger dans le 19e », déplore Annie-Paule.
PARTEnARIAT Mais la première des Bâtisseuses ne se décou-rage pas. Pour fédérer encore, elle lance des appels sur les ondes de Radio Shalom qui lui a offert la possibilité d’enregistrer chaque mois l’émission « La voix des femmes ». Journaliste de presse écrite et de radio, Annie-Paule n’a aucun mal à animer et annoncer, dans les quinze minutes qui lui sont imparties, l’agenda des prochaines ren-contres. L’émission est diffusée pour la première fois en décembre 2010. En fé-vrier 2011, « La voix des femmes » réu-nit Pierre Djiki, président du centre culturel Danube, et Salah, musulmane du 19e : « J’ai grandi avec des amis juifs, raconte-t-elle. Aujourd’hui, j’aimerais re-trouver cette proximité à Paris. » Son message est sans ambiguïté : « Mes-dames, n’hésitez pas à nous retrouver dimanche 20 mars prochain, à l’occasion
Société
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de “Pourim expliqué à mon quartier et à mes copines“. Réunissons-nous pour que nos enfants n’aient pas peur les uns des autres. » L’association mise sur la connaissance interculturelle pour une meilleure compréhension entre les dif-
férentes communautés. Un partenariat avec la radio nationale Beur FM est à l’étude. Annie-Paule y tient, pour que son message soit relayé de manière bila-térale et sur de plus larges ondes. L’as-sociation possède aussi une antenne à Lyon, et de nouvelles initiatives pour-raient voir le jour dans d’autres villes.
REnCOnTRES Dans un pre-mier temps, Annie-Paule Derczansky et ses Bâtisseuses veulent amener les fem-mes juives orthodoxes du 19e à adhé rer. Ensuite, elles aimeraient étendre la sphère d’influence de l’association à
tous les arrondissements de la capitale, avant d’essaimer dans la France entiè-re. Les membres souhaitent aussi po-ser une plaque commémorative à l’en-trée de la Grande Mosquée de Paris, pour rappeler l’aide que les mus ul-
mans ont apporté aux juifs pendant la seconde guerre mondiale. Et, encore et toujours, continuer à réunir les fa-milles et les enfants pour détruire les clichés sur l’une ou l’autre des com-munautés. « Le jour où les femmes des deux cultures comprendront qu’elles ne sont pas ennemies, que le conflit israélo-palestinien ne concerne pas leur citoyen-neté et que leur intégration au sein de la collectivité nationale est primordiale, nous pourrons alors dissoudre notre asso cia-tion », conclut Annie-Paule.
Texte : Laura Bittoun et Violaine DesmonsPhoto : Delphine Vaisset
La création d’un atelier de pâtisserie orientale
a été l’une des premières activités de l’association
Annie-Paule Derczansky, fondatrice des Bâtisseuses de paix, Salah, membre de l’association, et Pierre Djiki,
président du centre culturel Danube, (de gauche à droite) enregistrent leur émission mensuelle sur Radio Shalom.
ENTENTE LocaLEComment parler d’amitié entre juifs et musulmans en mettant de côté le conflit israélo-palestinien ? En 2001, lors de la seconde Intifada, Annie-Paule Derczansky est envoyée en reportage à Créteil. Une école juive et une synagogue y ont été vandalisées. Le lien entre ces actes et la situation au Moyen-Orient semble évident. Alors que le débat sur la recrudescence des violences antisémites fait rage, la journaliste comprend que la vraie question n’est pas là. Son association se donnera pour but la lutte « contre les discriminations au sein de la communauté nationale ».
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SOCIÉTÉ
‘‘« Là-bas, il y a du trafic de came, des groupes qui rapportent leurs cocottes-minute et tout leur attirail, laissant des saletés derrière eux. » Marylou Zacharie, riveraine du quartier, désigne le petit espace vert qui fait face au square de la Madone, porte de la Chapelle.
Rondes Incivilités, consomma-tion de drogues et d’alcool, agressions et bagarres y seraient trop fréquentes. Les habitants imputent ces problèmes au manque de gardiens.La mairie de Paris gère la surveillance des espaces verts selon leur superfi-cie. Un site de plus d’un hectare est considéré comme prioritaire. Au moins un gardien doit y être affecté en permanence. Les parcs plus petits, dits secondaires, font l’objet de rondes. Pour gérer un secteur, comme celui du nord de l’arrondissement (dans les environs de la mairie et de la porte de Clignancourt), un gardien doit gérer au moins trois squares.Les trente-quatre squares du 18e comp-tent une cinquantaine d’AAS (agents d’accueil et de surveillance). Un gardien en congé ou en arrêt maladie, c’est toute l’équipe qui est déstabilisée et cela cause parfois la fermeture de certains parcs.Le parc Léon Serpollet est un site priori-taire. Communément appelé parc des Cloÿs (du nom de sa rue), il est situé à proximité de la mairie, quartier com-merçant et animé du 18e. Comme en té-moigne Marie-Pierre Dauloudet, une habituée de l’endroit : « L’été dernier, un jeune à l’allure un peu efféminée a failli être étranglé. Des bandes de jeunes dont certains ont à peine dix ans se battent souvent. Les gardiens le savent, mais ne bougent pas. »À cela, Roger*, un agent, réplique : « Nous faisons de notre mieux pour que tout aille bien, et nous essayons d’intervenir quand il y a des problèmes. En été lorsqu’il y a plus de mille personnes, comment voulez-vous qu’on ait l’œil partout ? »
Certains habitants du 18e arrondissement ne se sentent pas en sécurité dans les jardins municipaux de leur quartier. Ils incriminent le nombre trop réduit d’agents de surveillance.
Pascal Julien, adjoint au maire du 18e, chargé des espaces verts et de l’environ-nement, reconnaît l’existence de pro-blèmes dans certains parcs. Le square Léon, à proximité de la Goutte d’Or, était réputé difficile. Mais grâce au tissu asso-ciatif et à la mobilisation des riverains, des animations quasi quotidiennes ont eu lieu tout l’été, lui donnant un nou-veau visage. Les difficultés ne sont pas chroniques et fluctuent d’un square à l’autre. Pour Pascal Julien : « C’est la mise en place d’initiatives comme les jardins partagés ou des animations qui permet-traient de résoudre les problèmes, plutôt que de rajouter des gardiens. »
InItIatIves La sécurité concerne aussi les agents. En 2008, la hausse globale est de 41,55 %, et de 24,77 % pour les seules agressions verbales et physiques visant des agents de la DEVE (direction des espaces verts et de l’environnement). Une agression d’agent de la ville sur quatre concerne un gardien de jardin public. L’heure de fermeture des parcs est souvent un moment de tension. Les usagers rechi-gnent à quitter les lieux et les agents doivent composer avec leur humeur.L’absence ponctuelle de gardiens ne dé-range pas Marylou Zacharie. Elle évoque les toxicomanes de l’espace vert en face du square de la Madone, mais reste optimiste. « On est dans un quartier où il y a une grande mixité sociale, et je vois cela d’un bon œil. On sait où l’on est ici, donc on sait à quoi s’attendre. Les SDF aussi ont le droit de se poser quelque part », note-t-elle. S’il y a des soucis, la bonne cohésion so-ciale fait que les personnes s’entraident et règlent les problèmes entre elles, même si elles ne se connaissent pas.
Texte : Julie SabatierPhoto : Émilie Wood
EspacEs vErts en mal de gardiens
* Le prénom a été modifié
Lors de la fermeture, certains usagers
rechignent à partir.
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9 h 45 - Le maire socialiste du 18e arrondissement de Paris débute sa journée municipale. Sur la cheminée de son bureau est posée, entre autres, une photographie des membres du gouver-nement Jospin dans la cour de Mati-gnon. Un cliché souvenir d’un passé de ministre des relations avec le Parle-
DANIEL VAILLANT
La JOURNÉE D’UN MaIRE
Maire du 18e arrondissement, député de la 19e circonscription de Paris, l’ancien ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin, entre 2000 et 2002, est un homme pressé. À 62 ans, il gère son emploi du temps avec pragmatisme. Récit de douze heures dans sa vie.
ment, puis de l’Intérieur, entre 1997 et 2002. Désormais, outre le mardi et le mercredi, voués au travail de l’Assem-blée nationale, Daniel Vaillant consacre l’essentiel de ses journées à la gestion des affaires de l’arrondissement. Et son temps lui est compté.« On traitera donc du menu en trois quarts
POLITIQ
UE
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d’heures », annonce-t-il à son interlocuteur, un respon-sable de la SNCF. Ordre du jour : la restructuration du quartier La Chapelle-international. Daniel Vaillant or-chestre la partie : il résume chaque point, consulte, conclut. Sa voix, forte, imposante, contraste avec le ton calme et discret du responsable de la SNCF. Le maire du 18e est direct, franc.
11 h 00 - Daniel Vaillant prend l’ascenseur. Di-rection une grande salle du sous-sol où a commencé, il y a une vingtaine de minutes, la réunion des chefs de circonscription. Elle se déroule une fois par mois et rassemble les directions des services techniques de la mairie, le commissaire de police, Paris Habitat, etc. Les débats ont commencé. Daniel Vaillant entre, le pas pressé. Son directeur de cabinet lui apporte une grande tasse de café. Interruption du débat. « Merci, je reprends. Vous savez à quel point j’apprécie ces réunions
de chefs de circonscription. […] Je dois m’absenter pendant quelques minutes, pour célébrer un mariage, mais vous allez voir, cela peut être très rapide », annonce Daniel Vaillant. Le plus souvent, les adjoints s’occupent des mariages. « C’est rarement le maire, explique son chef de cabinet. Il le fait pour des amis ou parce qu’on lui de-mande personnellement, mais c’est compliqué à caser dans son emploi du temps. »
12 h 35 - « On va terminer là-dessus, on est déjà presque en retard pour le repas. […] Est-ce que ce sera du poulet ? », demande le commissaire Clouzot. « Non, on n’a pas osé ! », répond en riant Daniel Vaillant. Excep tion nel-lement, un repas est organisé pour le passage en 2011. L’édile confesse un « bon coup de fourchette ». Ça se voit. Il assume. « Je me porte bien ! »
14 h 30 - Il est temps de rallier une petite salle de la mairie. Une vingtaine de personnes attendent le maire. Architectes, représentants de la préfecture de po-lice et de la région Ile-de-France, tous appartiennent au Comité de suivi de l’Opah (Opération programmée d’amélioration de l’habitat) des secteurs Belliard Dou-deauville. Daniel Vaillant pose les termes du débat. Donne la parole. Écoute. Sa présence ne semble pas in-dispensable. Ses conseillers techniques suivent le dos-sier. « J’ai besoin d’être là, indique-t-il pourtant. Des infor-mations remontent des quartiers. C’est une manière de me tenir in formé. »
15 h 30 - Retour dans son bureau. Lecture du jour-nal Le Monde. Café. Daniel Vaillant devrait écrire. Pour-suivre la rédaction de son livre, 40 ans d’histoire du parti socialiste. À paraître en avril 2011. Mais l’homme préfère dialoguer. Raconter ses projets. Son 18e arrondissement, où il vit depuis cinquante ans. Il évoque aussi sa famille : « Elle vit en province. J’y consacre mes fin de semaines. » Dif-ficile à prendre en défaut, l’homme n’élude aucune question. Il a réponse à tout. Exemple, la saleté dans plusieurs quartiers du 18e souvent mise à l’index : « Est-ce que je salis volontairement ? Au-delà de l’action des services concernés, c’est une question d’éducation. »
16 h 00 - Remise d’une médaille de Chevalier de l’Ordre national du mérite à une habitante du 18e arron-dissement pour la remercier de son action en faveur de quartiers défavorisés du 18e. Discours. Petits-fours. Le maire trempe ses lèvres dans une coupe de champagne.
Puis élaboration de son agenda avec son chef de cabinet. C’est serré. Son mandat de député de la 19e circonscrip-tion s’ajoute à son quotidien de maire.
18 h 30 - Il s’engouffre dans sa voiture. Accom-pagné par son officier de sécurité. Direction Radio Orient, en proche banlieue. La journaliste l’interroge sur les événements qui secouent le Maghreb. « Ces ré-volutions sont une bonne chose. » Prière dans la rue. « L’Institut des cultures d’Islam et ses salles de prière per-mettront aux musulmans du 18e de pratiquer dignement leur religion. C’est bien beau de critiquer, moi, je suis dans l’action. » La journaliste rétorque en riant : « Vous avez réponse à tout » .
20 h 00 - Retour dans le 18e. Une salle de la sec-tion du PS local, rue de Trétaigne. Le maire intervient devant les militants. Débat sur la légalisation du canna-bis et des salles de consommation à moindre risque. La salle écoute, attentive.
21 h 30 - Fin de la journée de travail. « Je vais rentrer chez moi, rue Ernestine dans la Goutte d’Or. Il sera temps, alors, d’ouvrir une brique de soupe ! »
Texte : Philippe Bordier et Simon Gouin
Photo : Adrien Matton
DIFFICILE À PRENDRE EN DÉFAUT, L’HOMME N’ÉLUDE
AUCUNE QUESTION. IL A RÉPONSE À TOUT
‘‘« Je viens d’être nommé au bureau politique de l’Ump en tant que secrétaire national en charge des grandes métropoles. C’est une décision de Jean-François Copé, notre secré-taire général, ainsi qu’une grande chance pour moi qui ne suis qu’un élu local sur Pa-ris et la région. » À la demande de Xavier Bertrand, Pierre-Yves Bournazel s’occu-pe depuis dix-huit mois du dossier du Grand Paris, rencontrant architectes, sociologues et associations d’Île-de-France. Ses statuts de con seiller à la ré-gion et à la Ville de Paris l’ont préparé à cette tâche. « Paris est une grande métro-pole européenne et internationale, mais qui ne peut plus rester une ville autocentrée. Elle doit s’inscrire dans sa région, comme d’autres capitales de pro vince », déclare l’élu à l’allure encore estudiantine. Le ton est ferme, l’argumentaire construit. « Tous les thèmes ont été abordés : du déve-lop pement durable au maillage des trans-ports, en passant par le développement éco-nomique, le logement ou encore le rayonne-ment culturel. » Le militant est déjà aguer-ri : « C’est un projet du président. Il nous faut porter sa parole. »« Mais, depuis trois ans, ma priorité absolue reste le 18e. » L’objectif politique est clair : gagner la mairie d’arrondissement. Cela lui prendra le temps nécessaire.« Je travaille sur le long terme. Il ne s’agit pas simplement de se présenter lors des élec-tions. ». Il habite le 18e depuis 2008, d’abord rue Damrémont, puis rue du Mont-Cenis (qui donne sur la mairie). Deux cent mille personnes y vivent, qu’il faut aborder, entendre puis con vaincre. « Je me consacre au travail de terrain avec
Pierre-yves bournazel « DEPUIS TROIS ANS, MA PRIORITÉ ABSOLUE RESTE LE 18e »
mon équipe d’élus et de bénévoles. Nous rencontrons les habitants de l’arrondisse-ment. Ma méthode, c’est l’écou te et l’aide à la démarche, et il y en a beaucoup : sécurité, propreté, voirie, logement, insalubrité, gar-de des enfants… »
permanence « Nos moyens sont encore faibles, surtout par rapport à ceux de la majorité, mais nous avançons. Courant mars, nous ouvrons une perma-nence rue du Mont-Cenis et un site inter-net. Ma lettre mensuelle est diffusée à quelques milliers d’exemplaires. Mon ana-lyse est que “la gauche s’essouffle à Paris. À nous d’assumer l’alternance”, et de ne pas la laisser à Europe Écologie », pré cise-t-il en abordant les élections municipales de 2014. « Nous gagnerons sur les idées, sur les projets. Avec une droite moderne et so-ciale, qui a acté l’évolution sociologique de la ville », celle qu’il revendi que incarner. Il soutient le Pacs, n’est pas hostile à l’aménagement des voies sur berge, veut favoriser le développement des transports en com mun : « À nous d’avoir un temps d’avance sur la gau che. »Convaincu par son discours, il affir me : « C’est le même électeur parisien qui a voté pour Sarkozy en 2007, réélu en 2008 Ber-trand Delanoë et soutenu Europe Écologie en 2009. L’électorat parisien n’est pas idéo-logique ; nous gagnerons en étant décom-plexés, en innovant sur les questions d’ur-banisme et de logement. »
Texte : Franck AubryPhoto : Moland Fengkov
Entre la préparation des élections municipales de 2014 et le dossier du Grand Paris, le jeune conseiller régional d’Île-de-France est occupé… Portrait d’un homme qui incarne la droite moderne.
Pierre-YvesBournazel, 33 ans.
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ÉCONOMIE
CC’est comme si Pepsi-Cola se cachait derrière une porte cochère. Face au ci-metière Montmartre, au 49, rue Gan-neron, la plaque « Dailymotion », dis-crète, signale pourtant la première so-ciété européenne d’hébergement et de partage de vidéos sur Internet.Martin Rogard, la trentaine, est direc-teur général France de Dailymotion de-puis juillet 2007. Il n’a pas renoncé pour autant à porter Nike et jeans, un souve-nir des études de droit qu’il a abandon-nées avant de travailler chez un éditeur de jeux vidéos, puis auprès du ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, comme conseiller technique.« Nous sommes implantés dans le 18e de-puis janvier 2008 », précise-t-il d’emblée. Son bureau surplombe celui des déve-loppeurs commerciaux, qui signent des
Dailymotion success story
en bas de chez vous
L’entreprise installée dans le 18e est devenue un des leaders du partage de vidéos en ligne, derrière son concurrent, l’américain YouTube. Martin Rogard, le directeur général, entend conserver l’esprit start-up pour continuer à se développer.
partenariats avec les producteurs de contenus : presse, radios, télévisions… « Nous voulions rester dans Paris, sans re-joindre les pôles médias d’Issy-les-Mouli-neaux ou de Boulogne. Nous avons trouvé ici tout un écosystème d’entreprises de créa-tion de vidéos qui nous convient. »L’immeuble ? 1 350 m2 loués. Des pla-teaux de travail sur quatre niveaux, oc-cupés par une centaine de collabora-teurs, en majorité des hommes, et des bureaux pour les managers. Aucune porte n’est fermée. Dans la « cathé-drale », rue Ganneron, les salariés se partagent les tâches techniques et de développement, mais aussi la régie pu-blicitaire, les ressources humaines, le juridique et les finances. « La moyenne d’âge est de 29 ans et je fais déjà partie des plus anciens », précise
Au 49, rue Ganneron, on compte au total
quatre niveaux de bureaux dans une même pièce.
Les employés de Dailymotion l’appellent « la cathédrale ».
31dix huit dix neuf info
ÉCONOMIE
Martin Rogard. Dailymotion est égale-ment implanté à New York et à Londres, mais le pilotage de la vingtaine de sites mondiaux est effectué depuis le 18e arrondissement.
Déjeuner Le directeur géné-ral ne cache pas l’ambition du site : « Être un succès français ne nous a jamais intéressé. » Il n’a aucun complexe vis-à-vis de la concurrence internationale, et il a toujours le même business model : hé-bergement gratuit de vidéos et musique pour le grand public, financement par la publicité. Facebook, toute proportion
gardée, fonctionne pareil. Tout comme YouTube, propriété de Google, seul vé-ritable concurrent avec ses 500 mill ions de visiteurs, contre 93 mil lions pour Dailymotion.Malgré la pression, Martin Rogard veille à ménager ses salariés : « On a gar-dé l’envie d’innover des start-up, mais le quotidien du travail est bien français. Les gens prennent des pauses déjeuner. Ils ont des horaires normaux. Ce n’est vraiment
Bientôt repris par Orange ?Dailymotion a été créé en mars 2005. Aujourd’hui, 93 millions d’internautes, dont 15 millions de Français, visitent le site chaque mois.Avec 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010 et une croissance de 40 %, l’entreprise est bénéficiaire cette année pour la première fois. Elle a connu plusieurs levées de fonds : le FSI (Fonds stratégique d’investissement) est entré à son capital en 2009, et depuis février 2011, Orange est en négociation pour racheter 49 % des actions, avec une option sur les 51 % restants. Les investisseurs et les opérateurs y croient.
pas sain de consacrer vingt heures par jour à la boîte. » Ils déjeunent au McDo de la place Clichy ou chez Puccinella, rue Damrémont, mais aussi au Berkeley, rue Fauvet, au Perroquet Vert, à la Galère des Rois ou au Bouclard, rue Cavallotti. « On ne vit pas en vase clos, mais avec les commerces alentour. On joue aussi tous les jours au foot et au basket square Carpeaux. » Le soir, pour ceux que cela tente, il y a pot au Carambol, à côté. Enfin, tous les premiers jeudis du mois, certains se rendent au Cinéma des ci-néastes. Mais là, c’est dans le 17e.Aucune autre raison de quitter l’arron-dissement, donc, sauf si le développe-
ment de l’activité exigeait de nouveaux locaux. « Nous n’avons qu’une seule de-mande à présent : pouvoir traverser le cime-tière sans avoir à le contourner », sourit Martin Rogard. « Nous sommes enclavés de ce côté, et donc trop loin des Abbesses. Mais notre porte est toujours ouverte aux autres entreprises du quartier. »
Texte : Frank Aubry Photos : Antoine Vincens de Tapol
aucune raison de quitter l’arrondissement
sauf si le développement de l’activité l’exigeait
Martin Rogard, DG France de Dailymotion depuis 2007.
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ÉCONOMIE‘‘
KIOSQUESDES 18e ET 19e
la grandedéprime
Gérant d’un kiosque près de la Porte
de Pantin, M. Lanaya recherche
un autre emplacement.
Sous-représentés dans la capitale, les kiosquiers de nos arrondissements sont, comme tous les autres, inquiets pour leur avenir.Et ce ne sont pas les aides annoncées qui les rassurent.
« La presse papier va mal, alors nous aussi », déplore M. Mabire dans son petit kiosque à la sortie du métro Laumière. Aujourd’hui plus que jamais, les kiosquiers parisiens sont menacés. Ils ne cachent pas la difficulté de leur mé-tier, de plus en plus précaire. Présents dans la capitale depuis 150 ans, les kiosques sont pourtant le symbole du commerce de quartier et de proximité.Avec un ratio d’un magasin ou kiosque de presse pour près de 7 000 habitants, les 18e et 19e arrondissements sont repré-sentatifs des craintes de la profession. Sur les 340 kiosques parisiens, il y en a 12 dans le 19e et une quinzaine dans le 18e.
EXIGUÏTÉ L’avenir de tous les points de vente de presse s’annonce in-certain. Depuis 2009, certaines des nombreuses mesures adoptées lors des États généraux de la presse ont été
appliquées. Mais en décembre 2010, les diffuseurs de presse, engagés dans un conflit social, sont restés en grève pen-dant près de trois semaines. Et les kiosquiers ont observé une baisse fla-grante des ventes due, entre autres, à la concurrence des titres gratuits et d’In-ternet. « J’ai perdu 20 % de mon chiffre d’affaires en 2010 », constate M. Mabire, dans le métier depuis 25 ans. Son prin-cipal problème : l’exiguïté. « On n’a pas l’espace nécessaire pour étaler les maga-zines. » Néanmoins, il ne compte pas pour autant échanger sa place.Gérant du kiosque près du métro Porte-de-Pantin depuis 2005, M. Lanaya trouve sa situation « moyenne ». Il attend la prochaine commission, qui réunit les gérants de kiosques tous les six mois, pour pouvoir demander une mutation. « Heureusement, nous recevons des subventions qui complètent notre chiffre d’affaires », reconnaît-il.
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ÉCONOMIE
souvenirs touristiques, tickets de trans-ports ou cartes de stationnement de-vrait leur permettre de mieux gagner leur vie. Mais cette proposition de di-versification des activités n’est pas rentable : « Les commissions sur ces produits sont infimes », explique M. Lanaya. « Tout dépend de la situation géographique », précise M. Traore, qui travaille au métro Parmentier et qui peine à écouler ses plans de Paris.
La seconde mesure propose une aide exceptionnelle de 200 000 euros au Centre d’entraide parisien de la presse et de l’édition (CEPPE), qui répartira ensuite la somme de manière équitable entre les 340 kiosquiers parisiens. En février 2011, Presstalis, principal intermédiaire entre les éditeurs de presse et les points de vente, a annoncé une aide exceptionnelle de 500 000 euros pour les marchands de presse parisiens, afin de pallier les pertes qui avaient été engendrées par les grèves récentes.Cependant, les kiosquiers restent scep-tiques quant à leur avenir. « Tant que le fond du problème n’est pas réglé, les grèves vont recommencer et nous conti-nuerons à perdre du chiffre d’affaires », soupire, fataliste, M. Mabire.
Texte : Violaine Desmons et Marie-Carolyn Domain
Photos : Émilie Wood
Les kiosquiers observent une baisse flagrante
des ventes due à la presse gratuite et à Internet
M. Mabire, kiosquier à Laumière,se plaint de l’exiguïté de sa boutique.
Zélium, Le magazIne quI soutIent Les kIosques
« Une noble initiative » selon certains, « un exemple à suivre » pour d’autres. Quoi qu’il en soit, l’action de Zélium est largement plébiscitée par les kiosquiers. Ce nouveau mensuel satirique, dans la lignée d’Hara-Kiri ou de Bakchich, a décidé de ne pas proposer d’abonnement à ses lecteurs. Cette décision, fondée sur le constat que « pour faire vivre la presse, il faut des gens qui la vendent », est jusqu’à présent unique en son genre.
Justement, cette année, les subventions « pleuvent ». Le ministère de la Culture et de la Communication a décidé de faire de la vente de presse une priorité pour 2011. Parmi les initiatives : des mesures d’urgence exceptionnelles en faveur du déploiement des points de vente (en par-ticulier les kiosques), des solutions pour préserver le commerce de proximité, une enveloppe de plus de 12 millions d’euros, la mise en place d’un « plan kiosques ». L’objectif serait d’ouvrir 300 nouveaux points de vente sur l’en-semble du territoire national d’ici à trois ans, soit une progression de près de 40 % par rapport au réseau existant.
AIDES Rendre le métier plus attrac-tif est également une des priorités du rapport relatif à l’implantation des kiosques à journaux, publié en juillet 2009 par l’Inspection générale des af-faires culturelles. Il indique que « l’ac-croissement du nombre de kiosques passe obligatoirement par une amélioration de la situation des kiosquiers (…). »
En 2001, la ville de Paris avait réduit considérablement la redevance des kiosquiers. En 2005, elle en avait modifié la gestion, considérant leur travail comme un service public, ce qui a évité leur fermeture progressive. En 2010, elle avait renoncé à percevoir sa redevance, afin d’alléger les frais pesants sur la profession.Par ailleurs, depuis 2009, les États généraux de la presse ont décidé d’oc-troyer des aides financières exception-nelles à tous les diffuseurs et des aides nécessaires à la modernisation du réseau. Entre 2005 et 2011, les kiosques parisiens sont ainsi passés de 252 à 340. Malgré tout, ils restent menacés.En janvier 2011, à l’occasion de ses vœux à la presse, Bertrand Delanoë a annoncé deux mesures en leur faveur.La première vise à permettre aux kiosquiers d’élargir leurs activités de vente hors presse. Le commerce des
Le nombre des kiosques parisiensest passé de 252 à 340 en six ans.
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ÉCONOMIE
DDifficile De Dénicher la fameuse rue des Gardes, petite enclave fashion parmi les commerces populaires de Barbès. De part et d’autre de cette rue pentue, des enseignes carmin surmontent les vitrines dans lesquelles des vêtements de toutes sortes, d’abondantes et singu-lières créations, attirent le regard. Au fond des boutiques, les ateliers déploient leurs trésors : boutons, bobines, aiguilles, tissus colorés, croquis.
Métissage Au milieu de ce foisonnement, Márcia de Carvalho va et vient, pique et repique dans le tissu, conseille une jeune stagiaire, vérifie la finesse d’un voile. La créatrice brési-lienne a été l’une des premières à s’ins-taller ici, en 2002. Son style chamarré marie savamment les contrastes. « Je viens d’une culture où le mélange est important. Je m’efforce de retranscrire ce métissage dans mes réalisations. » Selon elle, la rue des Gardes apporte cette même diversité dans le quartier : « C’est un îlot exotique, qui valorise les talents et savoir-faire de chacun. »Márcia a hérité de sa mère son attirance pour la mode, de son père son goût pour le recyclage. Aujourd’hui, cette sociologue de formation met son talent au service des autres. Elle recycle, par exemple, des « chaussettes orphelines » sous forme de patchworks et d’acces-soires, et son projet de réinsertion sociale profite aux femmes du quartier, qui bénéficient de l’apprentissage des techniques artisanales de couture.
Depuis 2001, la rue des Gardes, à la Goutte d’Or, est devenue un pôle fashion. Des ateliers boutiques sont loués aux jeunes stylistes à des prix dérisoires. Márcia de Carvalho, Tessa Delpech et Sakina M’Sa s’y sont installées.
coulissesDe lA MoDe
LA CRÉATION A SA VOIE
Sa clientèle est aussi éclectique que son style : elle vient de la rue d’à côté ou du bout du monde. De nombreux guides touristiques mentionnent l’adresse : « Les touristes qui viennent nous voir recherchent avant tout une expérience shop-ping originale à Paris. »La « rue de la mode » naît en 2001 d’une initiative de la mairie de Paris et de la Fédération française du prêt-à-porter féminin. Objectif : soutenir la création dans un quartier cosmopolite. Quatorze jeunes espoirs de la mode se lancent alors dans l’aventure. Pour démarrer leur activité, ils louent leurs locaux – d’une surface allant de 30 à 170 m2 – 61 euros le mètre carré, un prix très
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raisonnable dans la capitale. Pourtant, dix ans plus tard, ils ne sont plus que neuf. La dernière créatrice arrivée rue des Gardes est Tessa Delpech. Elle tient
depuis près d’un an une boutique très girly, sise au numéro 7, où elle s’occupe de tout : couture, communication et même comptabilité. « Je souhaite explorer toutes les facettes de la féminité. Mon style s’inspire des icônes de mode telles Marilyn Monroe ou Audrey Hepburn. » Après des études de styliste, elle lance sa marque en 2008 et travaille à domicile dans le quartier du Trocadéro. Lui manquait un point de vente pour se faire connaître. La mairie de Paris lui propose cette« belle opportunité ». Est-elle toujours aussi enthousiaste ? « Ce projet qui soutient les jeunes créateurs peu fortunés mérite d’être valorisé et développé », mais elle regrette « le manque de dynamisme du quartier ». Son ancienne clientèle des quartiers chics peinant à rejoindre sa boutique de la Goutte d’Or, elle s’est adaptée aux nouvelles riveraines et réalise des robes africaines sur mesure. « Cela m’a permis de me diversifier, explique-t-elle. Je ne pensais pas pouvoir toucher autant de personnes différentes. » Tessa espère néan-moins migrer, dans un an ou deux, vers
Saint-Germain-des-Prés. À l’inverse, Sakina M’Sa, créatrice marseillaise d’ori-gine comorienne, s’est installée rue des Gardes avec la ferme intention d’y rester.
insertion Arrivée en 2005, elle fait de sa marque une entreprise d’insertion. Au sous-sol de sa boutique, le fer à repasser lisse le tissu encore et encore, alors que la radio crachote un petit air de rock. Au fil des saisons, ses collections sophistiquées au style contemporain se sont rehaussées d’une touche ethnique. En hommage à la classe ouvrière, Sakina a créé un blouson qui revisite le bleu de travail. « La création doit s’ancrer dans la réalité et le tissu social du quartier. Il reste néan-moins encore beaucoup à faire pour déve-lopper ce projet. La “rue de la mode” ne doit pas s’endormir sur ses lauriers. »Plusieurs créateurs, venus « rue de la mode », sont ensuite repartis vers des quartiers plus centraux, menaçant la
pérennité du projet. Aujourd’hui, l’ini-tiative survit grâce à la détermination de quelques artisans, durablement installés.
Texte et photos : Carla Ferrand et Alix de La Roncière
La « rue de la mode », enclave au cœur de Barbès,
apporte de la diversité au quartier Dans l’atelier de Sakina M’Sa (photo de gauche). La créatrice d’origine comorienne forme des femmes sans emploi à la couture.
La boutique de Márcia de Carvalho (en haut et ci-dessous) a été une des premières à s’installer dans la rue des Gardes. La Brésilienne, sociologue de formation, se distingue par ses collections aux mélanges ethniques et colorés.
ENVIRO
NNEM
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‘‘Les habitants des seize tours de la cité du 19e vivent depuis plus d’un bail au cœur des travaux. Et la réhabilitation de l’ensemble est loin d’être terminée.
Rue Cambrai, l’entrée principale de la cité
Edmond-Michelet Curial se métamorphose
au gré du grand chantier qui prendra !n en 2014.
ENVIRO
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DROIT DE CITÉ
En 1995, la cité Michelet est estampillée « site de développement social urbain » (DSU) et devient un projet d’urbanisme prioritaire pour la ville. Son habitat dégradé et son fort taux de chômage lui valent d’être classée « zone urbaine sensible » (ZUS) l’année suivante. Elle !gure dans les projets de développement de la périphérie de Paris Nord-Est. Ce programme s’inscrit dans le cadre plus général du Grand projet de renouvellement urbain, qui porte sur sept arrondissements de la capitale et vise à améliorer la qualité de vie de 200 000 habitants.
En septembre prochain, un cabinet médical
d’une dizaine de praticiens ouvrira ses portes
Pierres, gravats et chenillettes
émaillent le parcours
quotidien des riverains (ci-contre et
en haut à droite).
Contre-partie
des travaux, les habitants
de la cité disposent
des nombreux services sociaux de
l’Espace Cambrai, que dirige
Sophiane Lafa (en bas à droite).
LLa salle de boxe du 87, avenue Jean-Jaurès, dans le 19e, accueille des sportifs de tous âges, de tous niveaux et de toutes origines. Kevin, Igor, Youssef et Adrien s’y entraînent chaque jour sous l’œil attentif et nostalgique de Jacques Chiche, 73 ans, ancien professionnel et gardien du temple.
Aux murs, des portraits de boxeurs légendaires.
SPORT
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Jacques Chiche dirige la salle depuis près de trente ans..
INFOS PRATIQUES
Pour cette année, c’est complet, mais vous pouvez toujours tenter votre chance auprès de Jacques Chiche…Les lundi, mardi, mercredi et vendredi, de 17 h à 20 h. Le samedi matin est réservé aux préparations des compétitions du lendemain.Tarif : 200 euros par an pour les cours + 50 euros pour la licence et l’assurance. Un tarif raisonnable : chez Jacques, « on est Chiche, mais pas radin ! »Gymnase Jean Jaurès, salle Jean Bretonnel, 87, avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris.Tél. : 01 48 08 57 11Les enfants peuvent commencer dès l’âge de dix ans, si leur morphologie est suffisamment développée. La compétition, en revanche, est réservée aux plus de seize ans.
sion à l’époque : du rap craché d’un poste que l’entraîneur s’est résolu à ac-cepter, même s’il préférait, lui, la « mu-sique des coups » d’autrefois. Une quin-zaine de personnes, de toutes profes-sions, âges et origines, s’affairent. Jacques Chiche se plaît aussi à souli-gner le caractère multiconfessionnel de ses élèves. Il y tient, dans ce quartier où les communautés religieuses se sont parfois affrontées. « C’est la maison du bon Dieu… de tous les dieux », pré cise-t-il. Avant d’ajouter : « La boxe, c’est avant tout le respect de l’autre. »Ici, Igor soulève des poids, assis sur un banc d’école. Là, son ami Youssef fait
des tractions. Il ne faut pas négliger la préparation, car « la boxe, c’est moitié physique, moitié technique », disent ces quadras habitués du lieu. Quelques filles sont présentes, même si le « pa-tron », au départ, n’y était pas vraiment favorable. Parmi elles, Stéphanie, édu-catrice spécialisée dans le quartier. Les débuts ont été difficiles. Il a fallu se faire accepter d’un milieu viril, où elle était perçue comme une « touriste ». Quatre ans plus tard, elle a gagné sa place. Pour elle, la boxe, c’est le « noble art » qui né-
cessite technique et analyse, un sport très agréable à pratiquer comme à re-garder « lorsque c’est bien fait », ajoute Stéphanie.
Poids Plume Les aspirants champions arrivent au compte-gouttes. Certains s’échauffent en faisant le tour du gymnase, les plus courageux sor-tent courir au parc des Buttes Chau-mont. Dans les vestiaires, qui sentent la sueur et l’huile de camphre, Whalid enroule un ventre rebondi de papier cellophane afin de « suer plus, pour mai-grir plus ». Jacques Chiche, partout à la
fois, lace des gants, replace un casque et donne sans cesse des conseils. Ce pe-tit homme vif aux yeux malicieux, qui boxerait aujourd’hui en poids plume, n’a rien perdu de sa combativité et a mouillé sa chemise pour en arriver là. Une touche de nostalgie, mais « pas de regrets », pour ce Juif tunisien débarqué en France en 1955. Il a combattu deux fois contre Marcel Cerdan… junior. Question de génération, il avait dix ans à l’époque de la gloire du « boxeur aux mains d’argile », dont le décès tragique
Emal, jeune Afghan, se fait mieux comprendre
avec ses poings qu’avec son français Alex Anglio, l’entraîneur des scolaires.
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dans un accident d’avion, en octobre 1949, l’affectera tellement qu’il séchera l’école « pendant deux semaines ».
passion En 1960, il écrit une lettre à Jean Bretonnel, l’un des plus grands managers français d’alors, pour le supplier de l’entraîner. Il ne le quittera plus jusqu’à sa mort. La salle porte aujourd’hui le nom de son mentor et ses yeux s’embrument encore à l’évocation du parrain de ses enfants. C’est « Monsieur Jean » qui, à la fin d’une carrière honorable, lui conseille de pas ser le diplôme d’État. Jacques obéit. Autre combat. Autre victoire. Il sera aussi entraîneur. En 1984, il bataille contre les ingénieurs de la mairie de Paris pour transformer les anciens bainsdouches en salle de boxe. Dans le courant des années 1990, il y organise chaque mois des combats qui réunissent jusqu’à 2 500 personnes.Mais l’âge d’or est révolu. Il pense raccrocher les gants l’année prochaine, après plus d’un demisiècle de boxe, dégoûté par la disparition de la « vieille
école du respect et de l’élégance ». Pour cet « ouvrier du ring », comme il se définit, « la boxe fout le camp » à cause du « fric qui a tout pourri », des gens qui « n’ont plus faim » et sont « plus sur Internet que dans les salles de sport ». À ce moment, Adrien, qui boxe dimanche prochain en huitième de finale du championnat des novices, met son adversaire au tapis et rallume l’œil de l’entraîneur après avoir détruit celui d’Emal : la passion est toujours là, dans le sang. D’ailleurs, chez les Chiche, c’est une affaire de famille : la fille a épousé le neveu de l’ancien champion du monde, Young Perez, et le fils, Thierry, lui aussi entraîneur diplômé, prendra la relève, pour de bon, l’année prochaine.L’entraînement touche à sa fin. Quelques étirements, une centaine d’abdos et une douche plus tard, les plus motivés continueront à la brasserie d’en face, nommée Le Gymnase, bien sûr. Comme le dit Jacques Chiche devant un demi : « On ne sort jamais du sport ! »
Texte : Joce Hue Photos : Jean Larive
Six filles prennent part
aux séancesd’entraînement.
Dans la salle
de boxe,l’ambiance
mêle concentration
et blagues lancées entre deux rounds.
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‘‘« Traduction littérale : la voie du pied et du poing. Mais chaque pratiquant possède son taekwondo propre, c’est un style que tu adaptes, tout en coups de pieds, en accéléra-tion et en vélocité », explique Mathias. Le frère et la sœur ne se voient pas vivre sans ce sport, ils ont été élevés avec. Chez eux, le taek wondo est une affaire de famille ; leur père, Lucien Maizeroi, est lui-même entraîneur et ancien com-pétiteur. « Il a tout d’abord eu un club dans le 19e, rue Archereau. Au début des années 1990, il s’est installé à la Goutte d’Or, dans le 18e », précise Cannelle.Le 5 février dernier, les championnats de France seniors de taekwondo se sont déroulés à Strasbourg. Mathias est sa-tisfait : « Cette année, j’ai bien combattu. Après cinq tours, j’ai rencontré Pascal Gentil [quatorze fois champion de France, Ndlr] en finale. » Le manque de temps pour s’entraîner a desservi Mathias. « J’ai manqué de réaction, de pré-cision, mes combats étaient brouil lons. » Mathias a fini second, ramenant chez lui la médaille d’argent, et Pascal Gentil a remporté son quinzième titre natio-nal. Cannelle a décroché la troisième place dans sa catégorie. Pour atteindre des niveaux aussi élevés, il a fallu des années de préparation.
discipline Mathias n’a pas de souvenirs de l’époque où il a commencé, quand il était en CP. « Notre père nous imposait une rigueur à tenir qui n’est pas toujours évidente quand tu es gamin. La discipline, ce n’était pas trop mon fort à l’époque. » Il s’est investi dans le taekwondo lors de son arrivée au collège. Pour Cannelle, les souvenirs sont flous également. Ils ne sont sûrs que d’une chose : l’entraînement dispensé par leur père leur a donné de très bonnes bases. « Il m’a fait faire
énormément de préparation physique. J’ai passé mon enfance à courir, à faire des flexions, à marcher en canard, à faire des pompes. Il m’a assuré un physique solide », raconte Mathias.Très jeunes, ils ont aussi appris à gérer la douleur avec leur père : « Il nous a tou-jours répété que la blessure est une illusion de l’esprit », raconte Cannelle. Son frère précise : « La psychologie de Cannelle, c’est que, si tu es blessé à une jambe, tu en as une deuxième ! »
expérience La compéti-tion demande beaucoup de temps et de l’argent. Le reste de l’année, il faut continuer à vivre. « On est obligé d’avoir un travail », explique Mathias. En 2008, encore étudiants, ils avaient pu s’in-vestir plus intensément dans le taekwondo et combattre au niveau international. Les entraînements ont alors payé : Mathias a fini 4e au classe-ment européen et Cannelle, 8e. « Après, j’ai trouvé un travail. Maintenir le niveau international n’était plus possible. On avait une compétition par mois, qui t’im-mobilise au moins un week-end complet. Les patrons aiment bien que tu fasses des arts martiaux, mais pas que tu sois blessée », ajoute Cannelle.Malgré les nombreuses séances d’en-traînements suivies, Mathias reste lu-cide : « Nous sommes très loin de bien d’autres compétiteurs en termes d’expé-rience et de réactivité. » L’essentiel : « Combattre sans se blesser pour pouvoir continuer. Comme on est en élimination di-recte, il faut gagner les combats en s’écono-misant pour les suivants. » L’année pro-chaine, ils tenteront de faire encore mieux pour les championnats de France.
Texte : Marie-Carolyn Domain
au taekwondofrère et sœurde combat
Depuis l’enfance, ils pratiquent l’art martial coréen sous l’œil attentif de leur père. Mathias et Canelle Maizeroi s’entraînent dans le 18e.Compétiteurs, ils évoluent chez les seniors au niveau national comme international.Avec succès.
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SPORT
MONTER EN NATIONAL
L’ESPOIR FOU DES FOOTEUX
C’est au stade des Poissonniers (18e) que l’équipe de foot des moins de dix-neuf ans s’entraîne. à mi-championnat de division d’honneur, ses joueurs rêvent de gravir les échelons, en terminant premiers ou deuxièmes de leur groupe.
À mi-parcours du championnat de divi-sion d’honneur, l’équipe première des moins de dix-neuf ans (U19 A) de l’Es-pérance sportive parisienne (ESP) est classée quatrième ex-æquo avec le FC Saint-Leu PB 95. Elle a peu à peu gravi les échelons en quelques années, pas-sant avec brio les divisions départe-mentales et régionales. Elle affronte aujourd’hui les meilleurs joueurs d’Île-de-France de la même classe d’âge.L’équipe pourrait monter en national la saison prochaine. Pour cela, il faut finir à la première ou deuxième place du clas-sement. Robert Weinberger, président de l’ESP, y compte bien, mais considère qu’« il n’est jamais bon de brûler les étapes. L’équipe est à cinq points de la deuxième place ; elle a la meilleure attaque de la divi-sion d’honneur avec vingt-trois buts mar-qués depuis le début de la saison. Elle est au sommet, mais il ne faut pas rêver. » Réaliste, il ne croit pas que ses joueurs pourront
remplir cet objectif dès leur première an-née en division d’honneur. Il reste néan-moins satisfait : « Il vaut mieux finir dernier dans cette division, que premier dans la dernière division du district. » L’équipe des U19 A joue également en coupe de la ligue de Paris, qui rassemble les quatre-vingt-douze meilleurs clubs de la ligue. « En division d’honneur, douze clubs sur deux mille trois cents appartien-nent à l’élite et nous avons la chance d’y être », précise Robert Weinberger. L’ESP est en huitième de finale, « c’est-à-dire parmi les seize meilleurs en coupe ».
plÉBISCITÉS Sur le terrain, les joueurs « donnent du grand spectacle », ce qui ne les empêche pas d’avoir « intégré la citoyenneté » et adopté « un comportement courtois », souligne le président du club. S’ils jouent dans une ambiance familiale, c’est parce que
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SPORT
équipes qu’il prend en main parce qu’il sait parler aux jeunes. » Ses joueurs sont plé-biscités par de nombreux clubs français. « Quand on a rencontré le Red Star de Saint-Ouen en février, leurs agents et re-cruteurs étaient là et certains voulaient em-baucher chez nous tout de suite », confie le
président, avant d’ajouter que l’ESP se refuse par principe de « casser l’équipe » en milieu de saison. Et que l’essentiel reste le beau jeu, dans le respect des règles du football et des joueurs. »
Texte : Marie-Carolyn DomainPhotos : Théophile Trossat
Sur le terrain, les joueurs « donnent du grand
spectacle », selon le président du club
Ci-dessus, Bala Sidibi, entraîneur, jouit d’une bonne réputation auprès des clubs français et des recruteurs.À gauche, l’Espérance sportive parisienne. Ce club amateur court après la division supérieure.
Dans la chaleur des vestiaires, à l’heure des commentaires « après match »...
LES CLÉS DU footbaLL amatEUr
La France est composée de trente ligues régionales, dont huit dans les DOM-TOM. L’Espérance sportive parisienne (ESP) joue dans la ligue Paris-Île-de-France. Au niveau départemental, le territoire français est constitué de 101 districts. Paris, l’Alsace, la Corse et les DOM-TOM n’ont pas de structures propres, leurs clubs sont donc répartis sur d’autres districts. L’ESP est classée dans les championnats de Seine-Saint-Denis, comme tous les clubs des 9e, 10e, 11e, 18e, 19e et 20e arrondissements. Chaque ligue régionale se scinde en différentes divisions ; idem pour chaque district départemental. La ligue régionale de Paris comprend la division d’honneur, la division supérieure régionale, la division d’honneur régionale et la promotion d’honneur. Le district départemental de la Seine-Saint-Denis compte la division Excellence, le plus haut niveau, puis s’échelonne de la première à la quatrième division. Chaque division est ensuite partagée entre différentes poules ou différents groupes. à la fin de la saison, les deux premiers de chaque championnat montent et les équipes qui terminent dernières et avant-dernières descendent.
l’ESP a instauré un « programme de réus-site solidaire. Nous aidons nos jeunes à outrance, poursuit-il, mais à leur tour, ils deviennent une “ressource pour la société”. C’est un contrat tacite. Nous avons une trentaine de jeunes volontaires pour s’occuper des plus petits qu’eux. Ils
sacrifient deux soirs par semaine et le samedi après-midi, bénévolement. » Une manière de souder l’ensemble du club.C’est en suivant ce programme que Bala Sidibi est devenu l’entraîneur des U19 A. Il croit que son équipe pourra at-teindre son objectif. Robert Weinberger le juge « ambitieux », mais reconnaît ses qualités : « Bala a toujours ‘‘monté’’ les
CULTU
RE
Après minuit, deuxième tome de Belleville Story, cosigné par Arnaud Malherbe et Vincent Perriot, plonge au cœur du «!Chinatown!» parisien. Un polar "évreux et ténébreux, ancré dans la vie du quartier.
Place de Belleville, 24 février 2011. Vincent Perriot s’est imprégné de l’atmosphère du quartier pour mettre en scène, dans un décor nocturne rehaussé de tons fauves, les héros de Belleville Story (en haut, ci-contre).
CULTU
RE
Boulevard de Belleville, 23 février 2011.Dans le scénario de la bande
dessinée, les vendeurs à la sauvette s’enfuient par crainte de représailles.
Le scénariste Arnaud Malherbe a choisi d’inscrire son polar dans un cadre qui re!ète au plus près la réalité de Belleville.
Place de Belleville, 23 février 2011.L’authenticité du quartier et les qualités du scénario ont également séduit Arte.
QPROCHAINS RENDEZ-VOUS
À l’occasion de l’anniversaire des accords d’Évian, signés le 19 mars 1962, le festival proposera un parcours spectacle sur l’identité maghrébine, avec la complicité du Cabaret sauvage. Au rendez-vous!: un hammam, un bar kabyl et de nombreux concerts.
Collaboration avec le squat artistique La Gare aux gorilles. Des photos d’habitants du 19e
seront projetées sur des façades.
Le festival Les Uns chez les autres organise une rencontre culturelle par mois dans le 19e. Chargée de la culture et de l’animation des quartiers, l’adjointe au maire revient sur ces rendez-vous.
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“« Je veux être maître chez moi, même si cela est difficile parfois. » Rue Coustou, Michèle Tollemer a ouvert l’Atelier Théâtre de Montmartre en 2002. En toute indépen-dance. « Le métier est précaire, le choisir c’est accepter succès et échec. » Ne percevant au-cune subvention, l’établissement subit les soubresauts de la crise économique depuis deux ans. Pour autant, les spectateurs sont étonnés de la qualité de sa programma-tion. Et reviennent souvent. « J’arrive mieux à tenir avec les spectacles pour enfants qu’avec ceux pour adultes », précise Michèle Tollemer. La fidélité du public pour les spectacles jeunesse tient en partie à des rai-sons financières : la place ne coûte que 6 €. Si Michèle réussit des prouesses avec peu de moyens, c’est aussi grâce à un réseau de connaissances créé par le passé. Dans le même esprit d’autonomie et de créativité, Catherine Larousse, directrice de l’association Le Tremplin Théâtre , fait vivre la salle du même nom depuis 1991.
PETITS ThéâTrES du 18e
le grand jeude rôles
Perles de culture discrètes, les salles de cinquante à soixante places proposent des spectacles où culture et création se partagent la distribution. Si les statuts, l’activité et le succès ne sont pas les mêmes pour tous, l’amour du spectacle vivant les réunit.
« Nous donnons leur chance à de petites compa-gnies, amateurs ou professionnelles, qui n’ont pas les moyens de se produire dans de grandes salles parisiennes », explique Romain Landry, le régisseur. Comme son nom l’in-dique, Le Tremplin Théâtre est aussi une passerelle pour des projets sociaux. La co-médienne Séverine Hinschberger y anime des séances d’alphabétisation pour ado-lescents et des ateliers d’expression théâ-trale pour adultes chômeurs de longue durée. Sans fonds de soutien, ni subvention, ni lien avec le CNT (Centre national du théâtre), seul le taux de remplissage du théâtre permet de mener à bien tous les projets. Les tarifs adaptés à chaque catégo-rie de population (de 10 à 17 €) et le renou-vellement régulier des spectacles expli-quent le succès de cette salle auprès du public. Place Charles-Dullin, L’Atalante accueille soixante spectateurs dans une « salle-scène », un concept mixte qui
L’Atelier Théâtre de Montmartre :
à 95 %, la programmation repose sur les créations.
CULTURE
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permet une plus grande proximité entre le public et les comédiens. Alain-Alexis Barsacq, son directeur artistique, est un en-fant de la balle : son père, André, a dirigé le grand Théâtre parisien de l’Atelier pen-dant trente ans. La renommée de L’Ata lan-te n’est plus à faire. Ouvert en 1984, ce théâtre compte parmi les plus vieilles
salles du genre. Sa programmation est faite à 95 % de créations contemporaines et d’adaptations de classiques et à 5 % de spectacles achetés à l’extérieur. Il ne pro-pose pas de spectacles jeune public. Propriété de la famille Barsacq, ce théâtre privé est dirigé par la Compagnie des Matinaux. La troupe bénéficie d’une aide au fonctionnement de 74 000 € par an, ver-sée par la Drac (Direction régionale des af-faires culturelles) d’Ile-de-France.
Passion L’Alambic, en revan-che, ne perçoit ni subventions ni droit de suite. Repris en 2008, ce théâtre, rue Neuve-de-la-Chardonnière, est géré par-Loïs Le Dû, qui est en permanence à l’affût de spectacles de qualité . Il reconnaît que c’est difficile financièrement : « Monter un théâtre, c’est avant tout de la passion. Le sys-tème n’est pas équitable. Les grandes structures méprisent les petites comme nous, mais lorsque les pièces deviennent rentables, elles les récupè-rent » L’intérêt artistique des petites salles est avant tout de faire connaître de jeunes talents. « Les comédiens veulent jouer. Les grands théâtres ne travaillent qu’avec des têtes d’affiche », rappelle Loïs Le Dû. Le seul mo-teur des gestionnaires de petites salles reste l’amour de l’art. Leurs théâtres reçoi-vent chaque soir une grande diversité de spectateurs. Plusieurs sites Internet propo-sant d’acheter les billets à tarif réduit, à 10 € maximum. Le manque de visibilité les rend vulnérables. Souvent cachés dans de petites rues, derrière des façades quel-conques, sans accroche lumineuse, les pe-tits théâtres sont difficiles à repérer. « Chacun a son public dans le 18e, et à Montmartre, on peut tout se permettre », s’enthousiasme Romain Landry, le régis-seur du Tremplin Théâtre, rue des Trois-
L’ Atalante : 10, place Charles-Dullin - 75018 Paris. www.theatre-latalante.comLa Nuit de l’ours, d’Ignacio del Moral, jusqu’au 31 mars.
Le Tremplin Théâtre : 39, rue des Trois-Frères - 75018 Paris. www.tremplintheatre.frL’ Amant, de Harold Pinter, jusqu’au 21 mai.
L’Atelier Théâtre de Montmartre : 7, rue Coustou - 75018 Paris. www.ateliertheatredemontmartre.ifrance.frC’est toujours ça de pris, avec Vanessa Hidden.
L’Alambic Comédie : 12, rue Neuve-de-la-Chardonnière 75018 Paris. www.alambic-comedie.com
La Crypte du Martyrium de Saint-Denis : 11, rue Yvonne-Lse-Tac - 75018 Paris. www.cryptemartyrium-paris-cef.fr
Frères. Et pour les amateurs d’étrange, il y a la Crypte du Martyrium de Saint-De-nis, rue Yvonne-Le-Tac. Le comédien et metteur en scène Zygmunt Blazynsky, partage cet endroit sacré avec des jé-suites. Soixante personnes peuvent y prendre place pour l’écouter réciter, le vendredi soir et le week-end, des poésies
tirées du répertoire universel : Rainer Maria Rilke, Fernando Pessoa ainsi que d’autres grands auteurs. Toutefois, en dépit de tarifs attractifs et d’entrées libres, si les thèmes abordés sont reli-gieux, le spectacle de poésie n’attire plus guère. Lieu de création et de partage so-cial, les petits théâtres ont un rôle culturel important à Paris. Ils permettent à de nouvelles générations de comédiens de s’affirmer en leur proposant un accueil devant un public très chaleureux.
Textes : Marlène Andrezo
et Frank Aubry Photos : Laurent Carre
« Les grandes structures méprisent les petites
comme nous. Mais récupèrent les pièces rentables »
Alain-Alexis Barsacq, directeur artistique de l’Atalante.
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LMagnum photos est installée dans le 18e depuis huit ans. Ce symbole de l’âge d’or du journalisme photo poursuit son activité presse, diversi!e ses activités dans la com’ et participe à la vie sociale et culturelle du quartier, que certains de ses photographes ont exploré.
Le cardinal Lustiger,photographié par Abbas en 1999, sur les marches du Sacré-Cœur pendant
la procession pascale.
Personne n’a jamais vu son visage. En photo, tout du moins. Abbas, photographe à l’agence Magnum depuis trente ans, cultive l’anonymat : « Il faut être invisible, sinon on ne peut plus travailler. » En 1980, il quitte l’Iran, son pays natal, et rejoint Magnum. Son travail s’oriente vers la spiritualité, les religions. Il préfère l’expression « photographe amateur », spécialiste de Dieu. Pourquoi"? « Demandez-lui », répond-il. Personne n’en saura plus. Sa relation à Dieu est « purement professionnelle ». Abbas habite le 18e depuis onze ans. Il connaît d’autant mieux le coin qu’il l’a photographié en 1999, avec d’autres confrères de l’agence, pour la mairie. L’homme visite tous les lieux où les confessions religieuses sont présentes, « l’église, la mosquée, la synagogue, le temple indien… » Il est surpris par « ce quartier, le plus hétéroclite de France ». Il se décrit comme celui qui écrit, quand d’autres dessinent avec la lumière : un « photo-graphe ». Il conçoit chacune de ses photos comme l’élément d’une chronique, qui s’articule avec la précédente et justi!e la suivante. Quelle est sa photo favorite ? Il ne sait ou ne veut pas répondre": « C’est comme si on demandait à un père quel enfant il préfère. »Abbas continue son exploration des religions. Avec comme prochaine étape, l’hindouisme.
La presse est devenue au !l des années
la portion congrue des activités de l’agence
PORTRAIT
L’agence, créée en 1947, permet aujourd’hui à plus de quatre-vingts photographes d’exercer leur métier.
Deux universités populaires s’ouvrent aux habitants du 18e. Cellede la mairie propose des conférences en partenariat avec l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). La seconde, fondée par des professeurs de lettres et d’histoire, organise des cycles de cours via l’association UP18.
L’intégralité des cours et débats du premier cycle de l’UP18 et le programme de la session de printemps sont disponibles sur www.up18.org.Le programme des conférences de l’université populaire de la mairie du 18e se trouve quant à lui en ligne à la rubrique « actualités culturelles » sur www.mairie18.paris.fr.
MLa boutique Sawa propose des produits
modernes « made in Africa ».
Le Centquatre, établissement culturel de la rue d’Aubervilliers, dans le 19e, loue périodiquement une partie de son espaceà des enseignes et à des artistes. L’objectif de cette initiative est de promouvoir un autre aspect de la création.
INFORMATIONS PRATIQUES
104, rue d'Aubervilliers 5, rue Curial 75019 Paris
Billetterie 01 53 35 50 00
Administration 01 53 35 50 01
Mardi au samedi : 11 h – 20 h Dimanche : 11 h – 19 h.
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CULTU
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SSelon le recteur de la basilique, le père Laverton, le Sacré-Cœur n’a jamais dé-sempli : « On veille à ce qu’il y ait toujours des personnes devant le Saint-Sacrement. Le cas échéant, les sœurs font alors appel à des volontaires. » Les seize bénédictines de l’église parisienne s’occupent elles-même de l’organisation des veillées. Parmi elles, une « sœur gestionnaire » dirigeant cette armée dévouée.Dès 19 h 30, dans la maison d’accueil qui avoisine la basilique, au 5, rue du Chevalier-de-La-Barre, deux nonnes re-çoivent chaque jour les visiteurs. Elles inscrivent les personnes seules et les groupes. Parmi eux, « il y a des Parisiens qui repartent travailler dès le lendemain matin, des familles pour qui l’adoration est un rituel annuel. Et, à l’occasion du jubilé, de nombreux diocèses sont venus avec leur évêque », précise le père Laverton.
le sacré-cŒurnon-stop
125 années d’adorationDepuis 1885,
les fidèles prient 24 heures sur 24 et 365 jours par an dans la basilique parisienne. Rencontre nocturne avec certains d’entre eux, en cette « année jubilaire ».
À leur arrivée, les pèlerins choisissent entre une chambre et un box en dortoir, selon leur envie et leur budget. La mai-son d’accueil dispose de cent treize lits. À ceux qui prennent une chambre indi-viduelle, la sœur remet une grosse clé dont la forme reprend celle de La Savoyarde, la plus grosse cloche de France (3 mètres de diamètre pour 19 tonnes). En revanche, les fidèles dor-mant en box n’ont le droit qu’à un simple document en papier. Lors de la ferme-ture des portes, à 23 h, l’une ou l’autre pièce fait office de laissez-passer.
Planning Une fois ces menus détails matériels réglés, l’introduction à l’adoration commence. Dans la salle Saint-Irénée, une trentaine de personnes écoutent avec attention Sœur Marie-
Au Sacré-Cœur, des fidèles du monde entier
se succèdent dans l’adoration eucharistique
du Saint-Sacrement.
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CULTU
RE
Judith venue livrer ses derniers conseils avant le « cœur-à-cœur » avec le Christ. De sa voix douce, elle prêche l’amour et l’espérance. Elle invite les auditeurs à « contempler le cœur de Jésus pour rencon-trer celui du Père. » Forts de ces préceptes, les participants rejoignent la nef pour as-sister à la célébration de 22 h.
Dans le même temps, les derniers visi-teurs nocturnes les retrouvent dans la basilique. Une heure plus tard, le sur-veillant leur demande de sortir, seuls restent ceux qui sont munis de leur per-mis de nuitée. Chaque adorateur s’est, au préalable, inscrit sur un planning d’adoration. Selon Annick, une habi-tuée sexagénaire : « La règle c’est une heure, mais ça passe tellement vite que par-fois je reste plus longtemps sans m’en aper-cevoir. » De la fin de la messe à l’ou ver-
Le père Laverton, recteur du Sacré-cœurL’adoration est une prière contemplative devant le Saint-Sacrement. À l’origine, l’hostie était conservée pour les malades
et les personnes âgées qui ne pouvaient pas se déplacer. Puis, l’Église a considéré qu’il était important que les bien portants puissent aussi se recueillir devant la « présence réelle » de Jésus. Placée dans l’ostensoir, l’hostie domine l’assemblée des prieurs. Le moment de l’adoration, c’est celui où l’on regarde Dieu et où l’on se laisse regarder.
Toutes les heures, de nouveaux visages apparaissent dans la basilique. À trois heures, nous rencontrons Jeanne, les yeux ensommeillés, le pyjama mal ajus-té et les cheveux électrisés. Cette Strasbourgeoise de vingt-neuf ans ap-partient au groupe des Fraternités de Jérusalem, et son adoration s’inscrit
dans un programme de pèlerinage. Elle apparaît plutôt mécontente de ce réveil matutinal : « L’adoration n’est pas vrai-ment ma forme de prière favorite. Je préfère chanter le Seigneur pour le célébrer. »Participer à l’adoration perpétuelle à la basilique du Sacré-Cœur est un événe-ment important dans la vie d’un catho-lique. Hélène confirme : « C’est grandiose de faire une nuit d’adoration car c’est un lieu dans lequel Dieu nous offre sa pré-sence. » La basilique domine la capitale
de la fin de la messe à l’ouverture des portes,
des couples, des enfants se relaient pour prier
ture des portes, le matin à 6 h, des couples et des enfants se relaient pour prier. Agenouillée ou assise dans la nef, l’assemblée des fidèles se tourne vers l’ostensoir où repose le corps du Christ, véritablement présent selon le dogme catholique. Dans un silence absolu, la « communion des cœurs » commence. Pour Hélène, jeune professeure de fran-çais, la très grande discrétion de l’en-semble des pèlerins « rend la rencontre avec Jésus plus intense. »
et, en ouvrant ses portes, elle tourne alors « l’hostie consacrée vers les Parisiens qui peuvent répondre à son appel. »Au petit matin, les fidèles, groggy, se re-trouvent dans le réfectoire de la maison d’accueil pour un petit-déjeuner en commun. Les adorateurs diurnes pren-nent alors le relais pour ne jamais aban-donner Jésus aux affres de la capitale.
Texte : Claire CecchiniPhotos : Alexandre Pieroni
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