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ENQUÊTE E mballage d’expédition N°97 SUPPLY CHAIN MAGAZINE - SEPTEMBRE 2015 62 5 grandes questions à se poser L’emballage d’expédition est un maillon essentiel de la Supply Chain, dans l’ensemble des processus industriels et lors de la livraison jusqu’au client final. Sa mission principale : protéger les produits durant toute la phase de transport. Mais c’est aussi un maillon où le temps est compté, parce qu’il faut parfois rattraper les retards pris en amont en production ou en préparation pour tenir les délais d’expédition imposés. Nous vous proposons dans ce dossier un tour d’horizon des 5 grandes questions brûlantes en matière d’emballages d’expédition. ©SEALED AIR EMBALLAGE D’EXPÉDITION

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ENQUÊTEEmballage d’expédition

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5 grandesquestions

à se poserL’emballage d’expédition est un maillon essentiel de la Supply Chain,dans l’ensemble des processus industriels et lors de la livraison jusqu’auclient final. Sa mission principale : protéger les produits durant toute laphase de transport. Mais c’est aussi un maillon où le temps est compté,parce qu’il faut parfois rattraper les retards pris en amont en productionou en préparation pour tenir les délais d’expédition imposés. Nous vousproposons dans ce dossier un tour d’horizon des 5 grandes questionsbrûlantes en matière d’emballages d’expédition.

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1Un emballage adapté, mais sur quels critères ?

Carton, bois, plastique, métal ? Tout commence par unephase d’expertise, à partir d’un cahier des charges, pourbien comprendre le cycle de vie complet de l’emballage etdéterminer les contraintes. Les fondamentaux sont bien sûrles critères produits (dimensions, poids, fragilité), logis-

tiques (destination finale, modes detransport, ruptures de charges, condi-tions de stockage et de manutention) etréglementaires (notamment dans lapharmacie ou l’alimentaire). Lorsqu’ils’agit de protéger des pièces indus-trielles volumineuses et de grandevaleur, notamment en grand export(transport maritime), le choix se portegénéralement sur un emballage en bois.Mais pour l’expédition de produits pluspetits, au niveau national, la caisse car-ton règne en maître. Mais attention, le

mode d’expédition joue ici un rôle primordial. « Selon queles marchandises sont destinées à être transportées surpalette ou bien en messagerie (comme pour l’e-commerce),l’étude de l’emballage va être radicalement différente »,explique Thierry Chevallot, Business Development & Inno-vation Manager de Smurfit Kappa France.

Le RCV, critère numéro undes caisses palettisées

Pour les produits palettisés, qui transitent éventuellementpar des plates-formes de préparation de commandes, lescaisses situées en bas de la palette doivent être capables desupporter le poids de celles gerbées au-dessus. Outre larésistance à la perforation, le critère essentiel est le RCV, larésistance à la compression verticale. Cela détermine legrammage, la qualité et le type de carton utilisé (simple,double ou triple cannelure). Dans cette catégorie palettisée,une sous-famille est le prêt-à-vendre, où le rôle de l’em-ballage est non seulement la protection durant le trans-

port mais aussi celui de présentoir des produits dans leslinéaires de la grande distribution. Le choix du type de car-ton peut être différent selon que ces displays promotion-nels sont montés et remplis de produits dans des entrepôtsde copacking (voir article page 66) ou lors de la mise enrayon. Autre caractéristique du monde palettisé : le dimen-sionnement du carton doit permettre d’optimiser la sur-face palette en y mettant un maximum de produits et enjouant éventuellement sur le PCB (par combien).

Robustesse et calage en messagerieL’autre grande famille utilise les circuits de messagerie. Lescartons, souvent des emballages unitaires dans le mondedu BtoC, vont être brinquebalés violemment dans descamions, dans des centres de tri, leurs 8 angles et leurs 6 faces vont être soumis à rude épreuve. La résistance à laperforation et la capacité d’amortissement des chocs sontles critères majeurs dans le choix de la structure du carton.Des paramètres plus difficilement modélisables que le RCV,d’où l’utilité des centres d’essais proposés par certains car-tonniers pour tester la solidité des emballages avec les pro-duits. Autre différence avec le monde palettisé : il estinimaginable d’ajuster le volume intérieur au millimètrepour chaque produit ou regroupement de produits, notam-ment dans l’e-commerce (à moins de mettre en place dessolutions d’emballage « sur mesure », voir article page 68).Il faut donc généralement prévoir plusieurs formats de car-tons et recourir à un système de calage des produits le plusmodulable possible.

2Quels sont les principaux facteursd’évolution ?

Une solution d’emballage n’est pas figée dans le temps. Lesmanières de consommer et les attentes des clients évo-luent, les technologies progressent, les volumes fluctuent,les dimensions et la typologie desproduits peuvent varier. Les pistesd’évolution doivent être envisagéesdès le départ, même si la méthodecouramment employée, en particu-lier dans les produits expédiés enmessagerie, est celle de l’apprentis-sage progressif, en s’appuyant surles retours de l’exploitation au quo-tidien. « Quand vous lancez un pro-duit, les emballages sont souventsurdimensionnés, et au fur et àmesure que les volumes décollent etque vous récoltez des retours du point de vue qualité, l’optimisation devient un vrai sujet, intéressant du point devue du R.O.I. », rappelle Christophe Morin, Fondateur de lasociété de conseil en packaging Pack Ethik IngénieurPackaging.

La menace d’une tarification au volumeD’autres fonctions peuvent par ailleurs s’ajouter à la voca-tion principale de l’emballage, qui est la protection pen-dant le transport. En particulier dans l’e-commerce, où le

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fait d’être le premier contact physique entre l’entreprise etson client confère à l’emballage un rôle d’ambassadeur dela marque, avec des conséquences sur la mise en valeur de

la présentation, l’ouverture facile, lapossibilité de réutiliser le conditionne-ment pour les retours, etc. Mais autantdans le retail cette fonction de présen-tation se traduit par des signes exté-rieurs sur l’emballage, qui peuvent êtreutiles pour rendre visible le produitdans le fond de rayon des magasins,autant dans l’e-commerce, il est préfé-rable de conserver l’anonymat, et de nepersonnaliser que l’intérieur du colis.Une autre évolution pourrait être trèsimpactante pour les emballages, celle

de la tarification au volume sur certaines destinations. « Aujourd’hui, à l’international, le poids volumétrique[ndlr : selon une formule du type L x l x h en cm divisé par4.000, 5.000 ou 6.000] est pris en compte par quasimenttous les messagers, sauf La Poste, dans le calcul du prix dutransport », constate Virginie Ducrot, Directrice Généraled’envoimoinscher. Une tendance qui risque à terme deconcerner les envois nationaux, comme aux Etats-Unis.L’offre qui permet de réduire le vide dans les cartons existedéjà, que ce soit chez Packsize (découpe à la demande) ouavec des systèmes mécanisés de chez Savoye, B+Equip-ment, racheté cet été par Sealed Air (voir interview page 65), e3neo ou encore Neopost Shipping.

3Pourquoi optimiser le poste d’emballage ?

Trois grandes raisons poussent les entreprises à engagerdes efforts d’optimisation de leurs postes d’emballages. Lalutte contre la pénibilité et la recherche d’ergonomie et

d’un meilleur confort de travail en est une. Le coût moyenpour l’entreprise d’un TMS (trouble musculo-squelettique),estimé de source ministérielle à 21.300 €, et le durcisse-ment des lois contre la pénibilité ne sont sans doute pasétrangères à la banalisation dans les entrepôts de bande-roleuses automatiques, dont les plus performantes ont desvitesses de rotations de 15 tours par minute (comme leCub-X de Atecmaa Packaging). Le filmage est en effetl’une des activités les plus intenses du point de vue car-diaque pour les opérateurs. « Beaucoup d’usines ont main-tenant un programme Health & Safety et mettent en placedes postes d’emballage ajustables en hauteur, afin d’offrirune meilleure ergonomie aux opérateurs. Les tables fixes,c’est fini ! », note par ailleurs Nicola Opitz, Directrice Com-merciale Packaging Europe de l’Ouest chez Antalis. Larecherche de productivité et de rapidité d’exécution sontles 2 autres raisons qui incitent certaines entreprises àmécaniser leurs postes d’emballages. En particulier pourles livraisons e-commerce, qui doivent être toujours plusréactives. Même les cartonniers comme DS Smith, Smur-fit Kappa ou International Paper se mettent à proposer dessolutions mécanisées. Encore faut-il avoir des volumessuffisants justifier économiquement ce choix. Mais lessolutions tendent à se démocratiser, à l’image du nouveausystème e-Cube de réduction de hauteur de caisse que pro-pose B+ Equipment, envisageable avec des volumes de300.000 boîtes par an (contre 500.000 boîtes par an pourson système i-Pack).

4Quelles sont les pistes d’économies ?

Depuis 2009, la hausse des prix des matières premières aconduit les entreprises à être nettement plus attentives aucoût des produits d’emballages. La problématique étant deréaliser des économies (réductiondes volumes, du poids, des surfaces,des épaisseurs) sans augmenter lesdommages ou nuire à la qualité.« Nous proposons régulièrement dessolutions d’emballage alternatives ànos clients, comme par exemple lespoches plastiques opaques pouremballer et expédier les vêtements àla place de caisses. Mais actuelle-ment, la tendance est à la qualité del’emballage plus qu’au prix, car l’in-satisfaction client coûte bien pluscher », prévient Etane Derhy, Directeur Grands Comptes duGroupe Raja. Dans la recherche d’économie, il faut atta-quer la « partie immergée de l’iceberg » : l’organisation desapprovisionnements, le niveau de stocks, les coûts detransport, de main d’œuvre etc. « La plupart des grandsgroupes raisonnent aujourd’hui en coût complet, ce quiimplique l’intervention des achats, mais aussi d’autresfonctions telles que la logistique sur des problématiques detransport ou de gestion des stocks », confirme LaurenceVincent, Manager au sein du Pôle Supply Chain de Karis-tem. C’est par exemple l’occasion, dans certains grands

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groupes, d’un dialogue plus cons-tructif entre les directions SupplyChain et Achats sur la réduction desstocks immobilisés, ou la pertinenceou non de dépasser les seuils decommandes pour bénéficier de tarifavantageux sur les produits d’em-ballages. Cette démarche globalepermet aussi de faire émerger desconcepts novateurs chez les presta-taires, comme la notion de LPP chezSoflog (voir page 70). Quant aux

distributeurs, ils mettent en avant l’étendue de leur gammede produits, leur réactivité et leur capacité de stockage.« L’une de nos grandes forces, c’est la disponibilité du pro-duit, et le respect de l’engagement d’une livraison entre 24 h et 48 h, et en 24 h en Ile de France pour toute com-mande passée avant 16 h », martèle Marie Pierre Baumont,Directrice Logistique de Raja France.

5Comment réduire l’impact environnemental ?

Taxes écoemballages, Supply Chain verte, entreprisescitoyennes, la pression s’accentue sur l’emballage pourlimiter les déchets et choisir les matériaux les plus recy-clables et dont la fabrication est la moins « impactante »

en matière d’émissions CO2. Et cemême dans le domaine de l’embal-lage industriel, où la caisse bois estpourtant largement utilisée. « L’as-pect développement durable estquelque chose que l’on intègre deplus en plus, à la demande de nosclients, que ce soit dès la conceptionmais aussi sous forme de plan deprogrès, afin par exemple de limiterquand c’est possible l’emploi demousses, de plastique ou de métal »,

précise Olivier Coursimaux, Directeur Industriel Emballagede Soflog. Un autre grand chantier concerne les embal-lages réutilisables, en plastique ou en métal, comme dansl’industrie automobile ou la grande distribution. Dans l’e-commerce, l’amélioration du bilan carbone passe plu-tôt par la réduction de certains matériaux de calage (cous-

sins d’air, bulles, mousses, poly-styrène). De quoi réjouir les pro-moteurs d’équipements mécani-sés de réduction de hauteurdes caisses, qui promettent dediminuer de 75 % la consomma-tion de produits de calage. ■

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Jérôme Péribère, CEO de Sealed Air« L’emballage de l’e-commerce en est encore

à l’âge de pierre »Le géant américain de l’emballage Sealed Air (avec sa division Product Care) a racheté cet été la société B+ Equipment (36 personnes, 12 M€), dont il était le représentant exclusif aux Etats-Unis. Explications de Jérôme Péribère, CEO du groupe.

Supply Chain Magazine: Le rachatde B+ Equipment traduit-il unevolonté de votre groupe de proposerdes solutions et non plus seulementdes produits d’emballage ? Jérôme Péribère : C’est en effet uneévolution complète de notre société,dont les 3 piliers sont le développe-ment durable, des coûts compétitifs etla recherche de la performance. Il y aaujourd’hui énormément de gâchisdans la chaîne logistique, notammentau niveau des emballages de protec-tion du e-commerce. C’est encorel’âge de pierre. L’emballage ouvert parles consommateurs est généralementlaid, peu optimisé, bourré de billespolystyrène ou de kilomètres depapier. Cela ne reflète pas une imagede professionnalisme. C’est pour celaque nous sommes si intéressés par

l’apport de B+ Equipment et de sessolutions d’emballage automatisées.

SCMag : Comment voyez-vous la nouvelle génération d’emballagee-commerce ? J. P. : Dans la prochaine étape, celle del’expérience consommateur, l’embal-

lage va véhiculer uneimage. Les boîtes vontêtre décorées à l’intérieur.Et la taille des boîtes seraoptimisée. L’industrie vafaire la chasse au videcar le transport sera fac-turé en fonction duvolume et du poids. C’estdéjà le cas aux Etats-Unis, et l’Europe va sui-vre. Dans une secondeétape, je pense que pour

certains produits qui n’ont pas besoind’une protection contre la casse,comme le textile, la boîte en carton nesera plus nécessaire. C’est pour atta-quer ce marché que nous allons sortiren 2016 un système automatisé d’en-sachage à haute vitesse, dénomméFloWrap Automailer. ■ JLR

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Le copacking s’industrialise chez FM LogisticLa plate-forme logistique FM Logistic de Château-Thierry, surtout connue pour abriter le pool Changes, a totalementrepensé l’organisation de son atelier de copacking pour faire face à l’accroissement des volumes des opérations promotionnelles de la grande distribution.

Les grandes boîtes de « prêt à ven-dre » qui cherchent à attirer l’œildu consommateur en tête de gon-

dole lors des opérations de promotionen grande surface, appartiennent ellesaussi à la famille des emballages d’ex-pédition. Même si leur fonction s’étendévidemment au-delà du regroupementet de la protection des produits lors dutransport (pendant lequel elles sontgénéralement recouvertes d’une simplecoiffe), puisque leur conception a faitl’objet d’une attention très forte de lapart des équipes marketing sur l’aspectdesign. La production et le remplissagede ces box relèvent du copacking, uneactivité qui s’est fortement développéedepuis quelques années, en raison de lamultiplication des opérations de pro-motions lancées par les acteurs de lagrande distribution. L’un des plus groscopackers français, le prestataire « wall-to-wall »* FM Logistic en sait quelquechose, puisque sa plate-forme de Châ-teau-Thierry a dû faire face à cette crois-sance de la demande en repensant et enmodernisant ses lignes de copacking.

Un atelier de copacking multi-client

Le site FM Logistics de Château-Thierry,situé en bordure de l’A4, à 1 h 15 deParis, est constitué de 16 entrepôts com-municants les uns avec les autres, dis-posés en U sur une surface totale de105.000 m2. On y traite en moyenne90.000 colis par jour. La plate-forme,qui emploie près de 430 salariés (sanscompter le recours à l’interim, de 100 à150 ETP en moyenne) est surtout con-nue pour abriter depuis 2006 le poolcosmétique baptisé Changes, avec lesclients Colgate, Henkel Cosmetics,Glaxo et Eugene Perma. L’objectif est demutualiser et de massifier les expédi-tions en camions complet à destinationde certaines bases de la grande distribu-tion. Mais outre le stockage, la prépara-tion de commandes et le pilotage desexpéditions, ces 4 industriels sont éga-lement clients de FM Logistic pour l’ac-tivité de conditionnement, de même que

Bic et l’Occitane. Chaque jour, 60.000 lotssont conditionnés et 600 box sont réa-lisés et remplis sur le site, qui est l’undes 3 plus gros pôles de copacking deFM Logistic. A la différence d’autressites du prestataire, où ces activités sontsouvent « atomisées » sur les quais d’ex-pédition dédiés à chaque client, l’atelierde copacking de Château Thierry estmutualisé depuis début 2012 sur unecellule dédiée de 6.000 m2 qui concen-tre tout de même environ un tiers deseffectifs de la plate-forme (pour 7 % dela surface).

Une démarche lean« Chez nous, l’activité copacking a prati-quement doublé ces 3 dernières années,il était nécessaire d’entrer dans unelogique d’optimisation, de gérer les pro-cessus de manière plus industrielle »,explique Gérald Descamps, Directeur dela plate-forme FM Logistic de Château-Thierry. La réflexion, inspirée d’unedémarche lean, est engagée en 2014avec une large implication des collabo-rateurs. L’enjeu : gagner à la fois en

capacité et en confort de travail en trou-vant le moyen d’aller plus vite dans unespace restreint. La réflexion porte à lafois sur l’organisation, les flux et l’ou-tillage. Il en résulte une refonte com-plète des processus du site, avec lacréation de 4 lignes d’assemblage debox depuis novembre 2014, pour uninvestissement de quelques centaines demilliers d’euros, ainsi que la mise enplace d’un processus d’améliorationcontinue avec les collaborateurs. Lesbox en cartons sont d’abord montés etagrafés sur leurs supports bois, puispoussés sur un convoyeur vers la zonede remplissage (sur table élévatrice),avant les opérations de coiffage, de cer-clage et de mise en palette. Chaque chefde ligne dispose d’un poste informatiquepour le suivi de production et la mesurede la productivité en temps réel, heurepar heure. Chaque lancement d’un ordrede fabrication déclenche la préparationd’un « chariot kanban » sur lequel sontdisposés tous les consommables néces-saires à la réalisation d’un box. Uneéquipe est dédiée aux opérations d’ap-provisionnement des produits qui vontêtre copackés et d’évacuation des box,qui sont remis en stock dans l’entrepôten attendant l’expédition. En effet, lesvolumes des opérations spéciales depromotion dans les grandes enseignes(2 fois par an) sont d’une telle ampleurqu’il faut anticiper la production plu-sieurs mois à l’avance. A tel point qu’àcertains moments, jusqu’à 20 % desespaces de stockage de l’imposant sitede Château-Thierry sont occupés par desbox de copacking ! Depuis le début del’année, les équipes de copacking tra-vaillent 5 j/7, en 3x8. La capacité de pro-duction peut atteindre aujourd’hui les2.000 boîtes cartons par jour. ■

JEAN-LUC ROGNON

*Copacking wall-to-wall : à la différence desacteurs dédiés aux activités de copacking, lesprestataires « wall-to-wall » sont également3PL et gèrent le stockage des produits sur lemême site, ce qui représente un avantage entermes de réactivité et de réduction des délaisde mise à disposition des box.

Gérald Descamps, Directeur de la plate-forme FM Logistic de Château-Thierry

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L’emballage « sur mesure »s’inscrit dans la logique d’e-Logik

L’e-logisticien toulousain e-Logik était à la recherche d’une solution d’emballage capable de répondre à une triple pro-blématique liée aux contraintes spécifiques de son métier. Depuis quelques mois, il a mis en place 2 machines Packsize.

Depuis sa création en 2008 àToulouse, e-Logik s’est faitprogressivement une place

dans le monde de la logistique du e-commerce, au point d’exporter dés-ormais ses process clés-en-main à unréseau d’e-logisticiens franchisés quicompte en France 5 entrepôts parte-naires, avec un objectif d’une tren-taine d’ici 5 ans. Son implantationtoulousaine est passée progressive-ment en 7 ans d’un atelier de 500 m2

(200 commandes par jour), à un entre-pôt vitrine de 4.500 m2 capable d’ab-sorber des pics de 2.000 commandesquotidiennes, à l’aide de convoyeursmodulaires intelligents et de solutionsde pick-to-light. Fin 2013, e-Logikentame une réflexion portant surl’évolution du flux emballage, pourtenter de répondre à une triple pro-blématique : améliorer le ressenticlient, composer avec la grandevariété des produits et affronter lesnouvelles contraintes tarifaires du trans-port. « Dans notre approche de proxi-mité, nous voulons être le garant del’image du e-commerçant, et cela passepar une qualité de l’emballage irré-prochable, car c’est la première choseque perçoit le consommateur », insiste

Thierry Dupré, Dirigeant d’e-Logik.C’est pourquoi la société choisit d’uti-liser un carton d’une élégante couleuranthracite pour conférer une imagepositive à ses colis.

60 % du référentiel changechaque année

La seconde problématique est liée àl’extrême diversité des produits àemballer, qui vont de la clé USB à lapaire de skis, en passant par le siègebébé. De plus, la part d’activité impor-tante liée aux ventes privées fait que60 % du référentiel article changechaque année. Difficile dans ces condi-tions de trouver la bonne formule

d’emballage sans compter moins d’unevingtaine de références de cartons,avec un large recours au calage (papierkraft et film à bulles). Et même dansces conditions, certains produits horsnormes nécessitent de « bricoler » unemballage qui s’accorde mal avec les exi-gences de réactivité et d’image vis-à-visdes clients. « Nous avions 2 personnespour préformer les cartons en amont et les déposer au niveau des postes de colisage. Cela entraînait d’immobi-liser une surface environ 100 m2 pourstocker en piles 400 à 500 cartons »,précise par ailleurs Thierry Dupré. Sanscompter la surface dédiée au stockd’emballages, car pour bénéficier detarifs intéressants, il faut pouvoirdépasser un certain seuil de com-mandes et donc acheter des dizaines depalettes par référence. La troisièmecontrainte, apparue il y a moins d’unan, est liée à la décision de certainstransporteurs de prendre en compte lepoids volumétrique dans leurs tarifsd’expédition à l’international. Enrêvant d’une solution permettantd’adapter automatiquement le carton àla volumétrie de la commande, ThierryDupré apprend l’existence « un peu parhasard » du concept « On demandpackaging » de la société Packsize.Depuis quelques mois, deux machinesIQ Fusion et EM7 de Packsize décou-pent, plient et perforent le cartonondulé selon les mesures exactes de lacommande. Dès 2016, un algorithmeinformatique devrait permettre de cal-culer automatiquement le volume de lacommande mono ou multi-articles àpartir des dimensions de chaque pro-duit, mesuré en réception. S’il est troptôt pour faire un bilan complet, e-Logikestime toutefois qu’elle a déjà gagné 20 % de productivité, qu’elle peut maî-triser son budget expéditions à l’inter-national malgré les hausses tarifaires,et qu’elle a gagné de la place, ce quipermet d’augmenter la capacité destockage de ses clients. ■

JEAN-LUC ROGNON

Thierry Dupré, Dirigeant et fondateur d’e-Logik

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Patrick Pépin, PDG de Soflog « Nous lançons une offre

de Lead Packaging Provider »A la fois spécialiste de l’emballage industriel et de la logistique, Soflog propose désormais à ses grands clients uneprestation de pilotage et d’orchestration des solutions d’emballage, dans une démarche d’optimisation globale de laSupply Chain. Explications de son PDG, Patrick Pépin.

Supply Chain Magazine : Pourquoipensez-vous que l’emballage industriel joue un rôle plus importantdans la Supply Chain aujourd’hui ? Patrick Pépin : Beaucoup d’entre-prises se sont rendu compte que lamanière de concevoir une solutiond’emballage pouvait impacter directe-ment les éléments de coûts (transport,manutention) et de qualité de leursSupply Chain. Auparavant, toute l’at-tention était focalisée sur les fonda-mentaux de l’emballage, sa capacitéde protection, de résistance auxcontraintes du transport, et son côtéréutilisable afin de minimiser l’impactenvironnemental. Car la Supply Chainétait segmentée, l’emballage étaitconçu pour partir d’un point A et arri-ver à un point B dans de bonnesconditions. On est en train de s’aper-cevoir que l’emballage est un levierimportant, soit d’optimisation descoûts logistiques, soit de satisfactiondes clients de nos clients. Prenez parexemple le cas d’un transfert ou d’une

création d’usine, qui met en œuvre surun chantier complexe une multiplicitéd’équipements de natures très diversesdevant converger à un moment

donné. Le rôle de l’emballage, au-delàdes fonctions intrinsèques de protec-tion du produit, n’est-il pas aussi dechercher à faciliter le regroupement de ces colis sur le chantier ? Il s’agit là d’une fonction de pilotage d’infor-mation autour de ces emballages,d’orchestration de l’ensemble desaccessoires et des équipements secon-daires, qui peuvent être livrés pard’autres opérateurs ou fournisseurs denotre client, pour faire en sorte quel’ensemble arrive à destination demanière synchronisée.

SCMag : Quelles sont les conséquences de cette tendanceen ce qui concerne l’activité de Soflog ? P.P. : Nous travaillons de plus en plussur cette partie-là parce que noussommes convaincus que cela crée dela valeur à l’intérieur de la SupplyChain. La vocation et le positionne-ment stratégique de Soflog, c’est deconduire la mise en performance de laSupply Chain, notamment dans unsecteur historique à l’entreprise, celuide la conception et de la fabricationde solutions sur mesure d’emballagepour les industriels, mais aussi en tantqu’acteur logistique, et dans les opé-rations de production et de comanu-facturing (mise en peinture, débitmatière, manutention de pièces déli-cates, contrôle qualité, etc.). Or laconception d’un emballage peut avoirdes conséquences positives sur lesopérations de manutention par exem-ple, ce qui accrédite l’idée qu’undécloisonnement est nécessaire etqu’il faut raisonner systématiquementSupply Chain. C’est pourquoi noustravaillons en ce moment dans cettelogique à une offre de pilotage desapprovisionnements et des solutionsd’emballage, baptisée LPP, pour LeadPackaging Provider, à l’image de ce

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qui existe déjà en logistique et qui s’appelle LLP(Lead Logistic Provider).

SCMag : Lead Packaging Provider, en quoi cela consiste-t-il ? P.P. : L’objectif de cette fonction de LPP est d’amé-liorer durablement la chaîne d’approvisionnementdes produits liés au conditionnement et à l’embal-lage, et d’essayer de bien appréhender l’ensemble desprocessus qui concourent à améliorer cette chaîneincluant le conditionnement, la manutention et letransport. En clair, c’est éviter les surstocks, lesimmobilisations, le gâchis, et faire en sorte de stan-dardiser, de rationaliser les gammes, que ces embal-lages soient fabriqués par Soflog ou non d’ailleurs.Avec un engagement sur des résultats mesurables entermes de coûts, de délais et de qualité. C’est un véri-table travail de pilotage qui s’appuie à la fois surnotre expérience et notre savoir-faire en tant que

fabricant et concepteur de solutions d’emballage,mais aussi comme opérateur dans les opérations delogistique industrielle. Nous mettons en place cetteoffre dès cette rentrée, pour le groupe Safran.

SCMag : En quoi le fait d’être un emballeur logisticien ou un logisticien emballeur a-t-il aidéSoflog dans cette démarche ? P.P. : Cela nous a permis d’appréhender la conceptionet la réalisation de nos produits et leur process defabrication avec un autre regard. Nous avons engagéune démarche « lean packing », depuis le 2e semestre2014, en montant 2 sites pilotes dont nous avons ter-miné le déploiement. C’est une petite révolution eninterne dans la fabrication et la culture de fabricantd’emballage sur mesure, et cela interfère non seule-ment sur les process de fabrication mais égalementsur la façon dont sont conçues les solutions embal-lages. C’est quelque chose de très nouveau, que nousallons déployer sur l’ensemble de nos sites de fabrica-tion emballage. ■ JEAN-LUC ROGNON

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