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Éloge de la légèreté

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Dominique Loreau

Éloge de la légèreté

Jeter l’inutile pour vivreplus libre

Flammarion

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© Flammarion, Paris, 2018ISBN : 978-2-0814-3343-4

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SommaireIntroduction .................................................................. 9

PRENONS CONSCIENCE DE NOTREENCOMBREMENT..................................................... 11Nous étions tous des minimalistes avant

l’industrialisation ..................................................... 13Comment en sommes-nous venus à posséder

autant ?....................................................................... 15La dictature des objets et la souffrance de trop

posséder...................................................................... 20Les dangers pour la santé de trop posséder ................ 30

LES PEURS NOUS EMPÊCHENT DE NOUSDÉSENCOMBRER ....................................................... 37Introduction .................................................................. 39La peur de perdre de l’argent ....................................... 42La peur d’être pauvre.................................................... 57La peur de gaspiller....................................................... 62La peur de manquer...................................................... 72La peur du vide ............................................................. 85La peur du regard des autres........................................ 94La peur du changement ................................................ 102La peur de perdre ses souvenirs ou de les regretter... 113

L’ART DE PRENDRE DES DÉCISIONS ..................... 123Introduction ................................................................... 125Prendre des décisions s’apprend .................................. 127Les freins aux prises de décision ................................. 132

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DOMINIQUE LOREAU

Quelques alternatives pour ceux qui sont plus lentsà se décider… ........................................................... 139

Vendre, donner ou jeter ? ............................................. 150Osez aller au-delà de votre propre score ..................... 162La vraie simplicité, c’est le juste milieu ..................... 166Le danger des extrêmes ............................................... 168

LES BIENFAITS DU DÉSENCOMBREMENT ......... 189« Yutari » ou l’art de vivre avec aisance et ampleur ... 191Un mental plus clair .................................................... 198Une autre perception de la vie .................................... 202Un cœur libéré des attachements ................................ 207Conclusion ..................................................................... 211

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Introduction

La vie est comme une perle de roséeVide et éphémère.HAÏKU DU MOINE RYÔKAN

Vivre simplement est devenu, de nos jours, le souhait pro-fond d’un nombre croissant de personnes. La popularitégrandissante du minimalisme leur a fait comprendre com-bien il est urgent, dans les grandes villes en particulier, deréduire leur trop-plein de possessions. Elles sententqu’elles doivent faire quelque chose, elles le désirentardemment, mais voilà, un problème majeur les freinedans leur élan : elles se disent incapables de se séparer deleurs biens.Oui, se séparer de ses objets est difficile. Oui, cela faitpeur. Oui, cela fait mal. L’on a peur de regretter, peur demanquer, peur de se rendre coupable de gaspillage, peurde perdre de l’argent, peur de prendre les mauvaises déci-sions… Le fait de se défaire définitivement de quelquechose équivaut parfois à une perte, à une séparation, à unchangement, à une sorte de petite mort. Se désencombrerimplique de prendre des décisions douloureuses auquelles

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personne n’a envie d’être confronté. Se départir de sesobjets, on le sait, nécessite mentalement du temps, maté-riellement des efforts, émotionnellement un face-à-faceavec ses possessions mais aussi (et surtout !) une confron-tation avec soi-même : pourquoi avons-nous fait entrer telou tel objet chez nous ? Pourquoi le gardons-nous ?Qu’est-ce qui nous rattache si fortement à lui ?Se désencombrer matériellement n’est pourtant pas si dif-ficile. Ce n’est qu’un acte. Mais pour l’accomplir, il fautd’abord le décider ; ensuite en comprendre les méca-nismes, puis les motivations, et enfin entrevoir ses mul-tiples bienfaits.Je vous suggère donc quatre étapes pour y parvenir :

1. Prendre conscience que trop posséder est non seule-ment anormal et contre nature mais dangereux pourl’équilibre mental et la santé physique.2. Comprendre les peurs qui nous empêchent de nousséparer de certains objets, afin de les surmonter et de lesvaincre.3. Identifier ce dont nous avons exactement besoin,s’entraîner à prendre les bonnes décisions et trouver le« juste milieu ».4. Renforcer ses motivations en réalisant combien sontgrands et nombreux les bienfaits de la simplicité.

C’est donc pour aider les personnes désireuses de simpli-fier leur vie, mais qui ont du mal à dire adieu à certainesde leurs possessions, que j’ai décidé d’écrire ce livre.

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PRENONS CONSCIENCEDE NOTRE

ENCOMBREMENT

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Nous étions tous desminimalistes avantl’industrialisation

« Dans l’esprit de bien des Japonais,l’Occidental est un être troublé, plein de scorieset de caillots… Aussi la perfection de cettechambre nue m’écrase. Me réprouve… Il y adans ce décor – comme d’ailleurs dans lanourriture – une immatérialité qui répète sanscesse : faites-vous petits, ne blessez pas l’air, neblessez pas notre œil avec vos affreux blousonsde couleur, ne soyez pas si remuants etn’offensez pas cette perfection un peu exsangueque nous jardinons depuis huit cents ans. »NICOLAS BOUVIER,CHRONIQUES JAPONAISES

Feuilletez un magazine d’il y a cinquante ans, regardez unfilm des années 1950 : vous n’y verrez pas d’encombre-ment. Les gens vivaient alors « normalement », possé-daient ce dont ils avaient besoin, mais sans excès. Ilsvivaient dans une belle mais raisonnable prospérité.Avant cela, on possédait encore moins même si les plusriches, quel que soit leur pays, leur culture ou leur époque,ont toujours vécu dans l’abondance et une pléthore debiens. Les personnes du commun, elles, vivaient autrefois

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très simplement. Un Japonais ordinaire n’avait que deuxou trois kimonos, toujours frais et propres. Sa maisonétait démontable et il n’habitait pas toute sa vie au mêmeendroit. En Occident, les gens avaient leur tenue de lasemaine et leurs habits du dimanche. Partout à travers lemonde, on travaillait les champs, on élevait des animaux,on cuisinait les produits de sa ferme, on confectionnaitses propres vêtements, ses meubles, on construisait de sesmains sa maison, on achetait ses outils de travail, ses cas-seroles et ses poteries au marché du village. Les magasinsn’existaient pas.

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Comment en sommes-nousvenus à posséder autant ?

Autrefois, tout était cher,donc rare

Autrefois, les limites dépendaient de facteurs externes,notamment du prix et de la disponibilité du matériel. Lesobjets étaient généralement fabriqués à la main et vendussur place. Ils étaient rares et chers par rapport à maintenant.Il y a cent ans, il était donc normal d’être « minimaliste », carmême les objets de première nécessité étaient difficiles àtrouver. On ne se posait pas la question de savoir quoi possé-der ou non. On possédait ce dont on avait besoin. De nosjours, il suffit d’aller dans un centre commercial pour satis-faire le moindre de ses désirs. La production de masse et lamondialisation ont fait baisser les prix, ont rendu tout etn’importe quoi disponible et facile à obtenir. Bien sûr un telmode de vie est pratique et personne ne voudrait vraimentrevenir en arrière, mais le trop dans lequel nous étouffonsmaintenant devient un réel problème de civilisation. Nousne réalisons pas que si nous ne limitons pas volontairementnotre consommation, nous finirons englouti dans la sur-abondance, la surconsommation et l’excès.

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C’est après la Seconde Guerremondiale que tout a changé

La classe moyenne s’est alors enrichie et a pris les habi-tudes des riches. Dans les années 1950, un supermarchéproposait environ trois mille articles, en 1990 dix fois pluset aujourd’hui, si l’on inclut les achats en ligne, le chiffren’est probablement même plus calculable. C’est à partirdes années 1960 et 1970 que le marché commença àexploser en offrant toute une kyrielle de nouveauxarticles dans l’habillement, l’aménagement de la maison,les produits électriques, etc. Qui ne se souvient pas dufilm Mon oncle, de Jacques Tati, avec ses intérieurs où toutce qui était nouveau, neuf et rutilant était signe derichesse et de félicité ? Tout le monde s’est alors mis àconsommer parce que les biens devinrent de plus en plusaccessibles à chaque bourse, et chaque bourse, elle, de plusen plus pleine grâce à l’essor économique. Aujourd’hui,nous pouvons nous offrir, et ce pour trois fois rien, desquantités incroyables de choses de qualité et fort bellesparfois (brocantes, achats de seconde main sur Inter-net…). Alors nous consommons. Sans limites. Sans dis-cernement. Ensuite… nous ne savons plus que faire detoutes ces choses. De plus, alors qu’autrefois nos aïeulsne nous transmettaient que leurs propriétés et leur argent,de nos jours, ils laissent derrière eux des maisons rem-plies. Résultat ? Nos intérieurs sont bondés, les objets yprolifèrent à une rapidité incroyablement croissante.Nous multiplions les unités de rangement sans pourautant résoudre les problèmes, et psychologiquement, un

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ÉLOGE DE LA LÉGÈRETÉ

conflit de conscience nous taraude : faut-il garder seschoses ou s’en débarrasser mais gaspiller ?

Le minimalisme du xxie siècle,une nouvelle ère qui commence

« Trop est pire que peu. »PROVERBE JAPONAIS

Éclatement de la bulle économique, chances amoindriesde s’enrichir, aspiration à une vie plus mobile, moinsencombrée, Internet… : aujourd’hui, tout est en pleinemutation. Mais nous continuons à être envahis de choses.Pourquoi ?Une nouvelle génération de minimalistes commence àémerger. Une génération qui en a assez des obligations duménage, du rangement, de l’accumulation d’objets et desouvenirs, et qui rêve de grands espaces, de liberté, quitteà sacrifier carrière et avancement salarial. Notre culture esten pleine remise en question : « Qu’est-ce qui nous suffit,réellement ? De quoi avons-nous besoin exactement ?Comment voulons-nous utiliser notre temps ? Qu’est-cequi, réellement, a de l’importance ? » Vivre avec peu estdevenu un choix et non plus, comme autrefois, une fatalité.Nous sentons que nous ne pouvons plus continuer à vivreainsi. Il faut faire quelque chose. Mais quoi ?

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Tout cet amoncellementde choses autour de nous,

est-ce naturel ? Rationnel ?« Le désir ! Il nous porte et nous crucifie… Maisil est si exténuant de désirer sans cesse ! »MURIEL BARBERY,L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON

Selon un article du Los Angeles Times de 2014, un ménageaméricain possédait alors environ 300 000 objets. Celasemble énorme mais si on se met à compter, le total peutmonter très vite. La plupart d’entre nous essayent à pré-sent de revendre ou de donner des choses, mais c’est sou-vent long et laborieux. Il est tellement plus facile derefourguer son bazar au grenier, à la cave ou dans un boxde location ! Se débarrasser de ses objets reste encore dif-ficile pour beaucoup. Nous ne réalisons pas assez à quelpoint nous possédons en excès. Nos sens, eux, n’ontaucun moyen de nous parler et de nous dire : « Vous aveztrop. » Mais ils souffrent autant (stress, déprime,fatigue…) qu’un estomac trop gavé.Prenons du recul : posséder tout cet amoncellement dechoses, pour la plupart à peine ou jamais utilisées, ou bienqui font doublon, est-ce naturel ? Est-ce rationnel ? Pour-quoi les gardons-nous malgré tout, et quel rôle jouent-ellesdans notre rapport au sens de la vie ? Réalisons-nousqu’elles agissent sur nous comme de petits dictateurs etque, au fond, elles nous font souffrir ? Steve Jobs l’avait

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bien compris, lui qui n’aimait ni ce qui est excessif ni cequi est compliqué : un seul bouton sur l’iPhone et lemonde nous appartient. Grâce à lui des millions de per-sonnes ont cessé d’employer appareils photo, lecteurs deCD, ordinateurs, bracelets-montres, cartes routières, dic-tionnaires, agendas, réveille-matin, calepins et livrespapier, et encore bien plus. Mais que faire de ce que nousutilisions avant ?

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La dictature des objetset la souffrance de tropposséder

À l’origine, l’homme n’aimepas jeter

« Faire du shopping pour notre ancienne maisonétait devenu un passe-temps. La plupart desobjets que nous stockions ne servaient aucunbut précis, si ce n’est celui de remplir des piècesimmenses. »BÉA JOHNSON, ZÉRO DÉCHET

L’instinct de l’homme le pousse à stocker. Dès l’enfance,il a vu glorifier la possession de l’objet. On lui promet telleou telle chose pour son anniversaire, lui présentant ainsil’achat d’objets comme quelque chose de rare, comme unerécompense synonyme de fête ou d’événement exception-nel. Dès son plus jeune âge, un enfant commence à parlerde SON camion. Il grandit donc avec cette perception et,à mesure qu’il vieillit, il veut se récompenser davantage.Pourquoi l’être humain est-il foncièrement attaché à seschoses ? Je n’ai pas la réponse, mais il est certain quenotre époque est caractérisée par une quantité d’objetstotalement disproportionnée par rapport à nos besoins, et

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c’est bien la première fois dans l’histoire de l’humanitéqu’un tel phénomène se produit. L’être humain n’a besoinque de très peu de choses pour vivre. Et l’écart démentielentre nos vrais besoins et les montagnes de choses quenous possédons aujourd’hui engendre une souffrance dontnous n’avons même pas conscience. Nous le réalisons troppeu souvent, mais tous ces objets en notre possessionpèsent de manière insoutenable et régissent nos vies.

Nous ne « voyons » même plusnos objets

« Un jour j’ai médité en regardantattentivement à l’intérieur de moi. J’ai vu cetattachement, cette avidité et toute la souffrancequ’ils provoquaient en moi. Voir ces émotions siclairement les a fait disparaître. »VICKI MACKENZIE,UN ERMITAGE DANS LA NEIGE

Même si vous n’utilisez pas un objet, penser que vous yêtes attaché vous empêche de vous en débarrasser. Vousconsidérez alors qu’agir ainsi serait du gâchis. Et commecela vous fatigue de réfléchir à savoir qu’en faire, vousfinissez par l’oublier : résultat, il retourne, abandonné,dans le fond de son placard, de la cave ou du grenier. Enréalité, ces objets délaissés deviennent des déchets. Maisnous sommes tellement habitués à vivre avec eux que

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N° d’édition : L.01EPMN001007.N001Dépôt légal : mai 2018

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