elles et ils font l’égalité · cette année, le 8 mars, journée internationale pour les droits...

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Cette année, le 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes, aura sans doute en France une résonnance toute particulière puisque le Président de la République doit annoncer un certain nombre de mesures visant à permettre la réalisation effective de l’égalité femmes-hommes, déclarée « grande cause nationale » du quinquennat. L’académie d’Amiens participe à cette mobilisation avec des actions spécifiques : au mois de no- vembre un concours a été lancé auprès des collèges et lycées pour illustrer la Charte de l’éduca- tion à l’égalité filles-garçons des Hauts de France et au mois de décembre quatre lycées du bassin creillois ont participé au Tour de France de l’Egalité lancé par le gouvernement. Par ailleurs, l’égalité entre les filles et les garçons a été choisie comme thème de travail au sein des inter-CVL (conseils de la vie lycéenne) de bassin auxquels se sont joints des CVC (conseils de la vie collégienne). En effet, même si des progrès certains ont été réalisés dans le domaine, cette égalité apparaît encore comme une conquête inachevée dans toutes les sphères de la société : à la maison, au travail, en politique, dans le sport, dans les médias et la culture, dans l’espace public… A l’école aussi il existe des inégalités entre les filles et les garçons mais elles ne sont pas toujours prises en compte car non identifiées comme telles. Cependant, l’étude de l’occupation de la cour de récréation, de la répartition des sanctions, de la réussite scolaire ou de l’orientation révèle que filles et garçons adoptent des attitudes et font des choix qui sont largement influencés par les stéréotypes de sexe. Par ailleurs, les adultes qui les encadrent n’ont pas toujours conscience que leur comportement peut, lui aussi, accentuer ces inégalités. Ce numéro présente donc des ressources et des exemples d’actions pour travailler la question des inégalités femmes-hommes et la conquête des droits en France et dans le monde, au sein même des disciplines. Il fait également une large place au problème de la mixité des filières et des formations. Filles et garçons hésitent encore trop souvent à emprunter certaines voies par peur d’être minoritaires et des jugements qui pourraient être portés à leur encontre : ces choix « contraints » constituent non seulement un frein à l’égalité professionnelle mais aussi à l’épanouissement personnel. Enfin, vous trouverez à la fin de ce numéro une nouvelle rubrique intitulée « boîte à outils » : son but est de présenter succinctement des activités ayant été menées en classe et facilement transposables. Elles permettent d’aborder l’égalité entre les filles et les garçons sous différents aspects et de mettre en œuvre une démarche pédagogique favorisant l’implication des élèves. Bonne lecture ! Laurence Ducousso-Lacaze, chargée de mission égalité filles-garçons rectorat d’Amiens [email protected] Filles et garçons à l’école : elles et ils font l’égalité N°4 – Mars 2018 Editorial Pensez à diffuser largement ce journal en l’envoyant ou en l’imprimant (quelques exemplaires en salle des profs…)

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Cette année, le 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes, aura sans doute en France une résonnance toute particulière puisque le Président de la République doit annoncer un certain nombre de mesures visant à permettre la réalisation effective de l’égalité femmes-hommes, déclarée « grande cause nationale » du quinquennat.L’académie d’Amiens participe à cette mobilisation avec des actions spécifiques : au mois de no-vembre un concours a été lancé auprès des collèges et lycées pour illustrer la Charte de l’éduca-tion à l’égalité filles-garçons des Hauts de France et au mois de décembre quatre lycées du bassin creillois ont participé au Tour de France de l’Egalité lancé par le gouvernement. Par ailleurs, l’égalité entre les filles et les garçons a été choisie comme thème de travail au sein des inter-CVL (conseils de la vie lycéenne) de bassin auxquels se sont joints des CVC (conseils de la vie collégienne).En effet, même si des progrès certains ont été réalisés dans le domaine, cette égalité apparaît encore comme une conquête inachevée dans toutes les sphères de la société : à la maison, au travail, en politique, dans le sport, dans les médias et la culture, dans l’espace public… A l’école aussi il existe des inégalités entre les filles et les garçons mais elles ne sont pas toujours prises en compte car non identifiées comme telles. Cependant, l’étude de l’occupation de la cour de récréation, de la répartition des sanctions, de la réussite scolaire ou de l’orientation révèle que filles et garçons adoptent des attitudes et font des choix qui sont largement influencés par les stéréotypes de sexe. Par ailleurs, les adultes qui les encadrent n’ont pas toujours conscience que leur comportement peut, lui aussi, accentuer ces inégalités.Ce numéro présente donc des ressources et des exemples d’actions pour travailler la question des inégalités femmes-hommes et la conquête des droits en France et dans le monde, au sein même des disciplines. Il fait également une large place au problème de la mixité des filières et des formations. Filles et garçons hésitent encore trop souvent à emprunter certaines voies par peur d’être minoritaires et des jugements qui pourraient être portés à leur encontre : ces choix « contraints » constituent non seulement un frein à l’égalité professionnelle mais aussi à l’épanouissement personnel.Enfin, vous trouverez à la fin de ce numéro une nouvelle rubrique intitulée « boîte à outils » : son but est de présenter succinctement des activités ayant été menées en classe et facilement transposables. Elles permettent d’aborder l’égalité entre les filles et les garçons sous différents aspects et de mettre en œuvre une démarche pédagogique favorisant l’implication des élèves.

Bonne lecture ! Laurence Ducousso-Lacaze,chargée de mission égalité filles-garçons rectorat d’Amiens

[email protected]

Filles et garçonsà l’école : elles et ils font l’égalité

N°4 – Mars 2018

Editorial

Pensez à diffuser largement ce journal en l’envoyant ou en l’imprimant (quelques exemplaires en salle des profs…)

RessourcesLes ressources présentées ici permettent d’aborder et de travailler la question des droits des femmes, mais aussi celle des discriminations et des inégalités, provoquées et entretenues par les stéréotypes.

Les chiffres des inégalitésDeux recueils statistiques ministériels paraissent chaque année et dressent un état des lieux des inégalités entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes. Ces chiffres demandent bien sûr à être interprétés mais permettent de dépasser les constats individuels et les cas particuliers forcément partiels. Ces docu-ments sont accessibles en ligne.

Vers l’égalité réelle entre les hommes et les femmes, Chiffres-clés ras-semble les dernières données statistiques sexuées dans différents domaines tels que l’éducation et la formation, l’emploi, la précarité, la santé, la culture, le sport, les violences faites aux femmes. Avec ses infographies, la version synthétique est facilement utilisable avec des élèves.

Filles et garçons sur le chemin de l’égalité de l’école à l’enseignement supérieur propose une photographie qui montre qu’à l’école filles et gar-çons connaissent des réussites et des parcours scolaires différents. L’ab-sence de mixité dans certaines filières est ainsi mise en évidence.

La conquête des droitsCe site propose de retracer une partie de la conquête des droits par les femmes en France sur quatre générations grâce à des images d’archives télévisuelles décryptées par des spécialistes. Plu-sieurs domaines sont abordés : vie publique, vie familiale, vie intime, vie professionnelle et vie à l’école.

https://education.francetv.fr/education-jeux/mr-mme/

Les stéréotypes sexués véhiculés par les images A l’heure où l’image est devenue la première pratique culturelle, les images stéréotypées s’ancrent dans l’inconscient collectif et contribuent à figer la place des femmes et des hommes dans la société. Le site met à disposition des vidéos et images analysées, des ressources et un outil d’annotation d’images fixes et animées pour conduire des séances de sensibilisation qui croisent éducation à l’image et éducation à l’égalité femmes-hommes.

http://www.genrimages.org/plateforme/?q=genrimages/accueil

Donne-Mujeres-WomenUne exposition inter-langues autour de la condition des femmesCéline Bettin, Laurence Calmels, Delphine Delamotte et Lucile Rouvellac, respectivement professeures d’an-glais, espagnol, italien et lettres au lycée européen – Villers-Cotterêts

Traitant ce sujet en cours de Langues Vivantes avec nos classes de Terminales, nous avons eu l’idée d’ex-poser des travaux d’élèves dans notre établissement pour valoriser leur investissement et aussi apporter notre contribution à une réflexion sur l’égalité entre les femmes et les hommes. C’est pourquoi cette expo-sition a débuté le 25 novembre, lors de la Journée Internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes.

Voici les différents travaux effectués :

des biographies de femmes ayant résisté et fait évoluer les mentalités de leur époque comme La Pasionaria, engagée contre le fascisme en Espagne avec son célèbre slogan « ¡No pasarán! », la guatémaltèque Rigoberta Menchú, défenseuse des droits des indigènes, ou encore quatre femmes résistantes italiennes : Gisella Floreanini, Carla Capponi, Nilde Iotti, Clelia Corredini, ainsi que des militantes pour les droits des femmes comme Mary Wollstonecraft (1ère fémi-niste), les suffragettes anglaises Emeline Pankhurst, Emily Davison et leurs slogans : « Deeds, not words ; We are no law breakers, we are law makers ». Ces biographies ont pris la forme d’affiches, d’émissions radiophoniques ou de présentations à l’oral avec diaporama.

des récapitulatifs des grandes avancées pour l’égalité entre les genres : le droit au divorce au XIXe siècle avec le pamphlet de Caroline Norton, l’obtention du suffrage universel, la légalisation de la contraception et de l’avortement. Les affiches ont été complétées par une comparaison des droits acquis par les femmes entre la France et l’Italie.

des débats sur différents sujets : « Le féminisme est nécessaire », « Nous vivons dans une société en-core trop sexiste », « La parité hommes femmes n’existe pas » et « L’éducation traditionnelle est un frein à la parité » (pour l’italien). Puis une table ronde en deux temps a été organisée : tout d’abord un dé-bat à partir de l’affirmation catégorique « Les femmes et les hommes du XXIème siècle sont égaux à 100% », puis une recherche de mesures pour atteindre cette égalité. Ont été abordés l’évolution né-cessaire de l’image véhiculée par la publicité, le rôle de l’éducation – rôle de l’institution et de la fa-mille -, le poids de manifestations citoyennes pour rester vigilants face aux discours rétrogrades (pour l’espagnol). En anglais, une réflexion a également été menée autour de différentes citations : celles de Malala lorsqu’elle a reçu le prix Nobel de la paix en 2014, d’Emma Watson, ambassadrice d’ONU femmes, d’Hilary Clinton ou bien encore de Michelle Obama.

des exposés devant d’autres classes : suite à l’exposition, des élèves de Terminale sont allés présen-ter à leurs camarades de 1ère les exposés qu’ils avaient réalisés en cours de langue sur les grands thèmes et les grandes figures du féminisme en Italie, en Espagne et dans les pays hispanophones. Ce fut l’occasion pour les élèves de 1ère d’enrichir leurs connaissances et leur réflexion sur «La condition des femmes», thème développé en cours de Lettres et qu’ils présenteront pour l’oral du Baccalauréat. Cette rencontre enthousiasmante a conduit à un échange autour de l’égalité des hommes et des femmes dans la société actuelle.

Les 3èmes contre le sexisme

Rencontre avec Simon et Charlotte qui ont participé au projet

Interviewés par Noémie Martin, CPE et référente à l’égalité filles-garçonsCollège Quentin de La Tour - Sains-Richaumont

Des élèves de 3ème volontaires se sont engagés dans le concours « Conjuguez les métiers du bâtiment au féminin ».On a souhaité participer au concours sur la proposition de notre professeure documentaliste madame Olivier et de notre CPE madame Martin. Après avoir été sensibilisés en groupe au projet, nous avons découvert les différents métiers du bâtiment. Nous nous sommes intéressés aux voies professionnelles de l’artisanat. Le par-tenariat avec la CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment) nous a mis en lien avec une entreprise de plomberie-chauffagiste.

Une date a été fixée pour le chantier : après avoir pris contact avec l’entreprise FRED’EAU, on a préparé notre déplacement. En groupe de recherche, la fiche de présentation de l’entreprise a été créée, les questions de l’interview ont été sélectionnées, et les schémas des affiches ont été préparés avec les slogans dénonçant les clichés sexistes associés aux métiers du bâtiment. Chacun a pu apporter du matériel pour organiser les mises en scènes.

Etre femme et artisan Notre groupe est parti à la rencontre de Marie, étudiante en formation CAP plomberie-chauffagiste, après avoir quitté des études de design. Elle souhaite lier ses goûts pour la décoration et les tâches concrètes per-mettant de réaliser des chantiers. Nous sommes arrivés chez des clients très accueillants. Marie et ses collègues étaient ravis de nous recevoir. Le premier contact était timide mais Marie a su détendre l’atmosphère et nous avons pu échanger. Ses res-sentis nous ont surpris, elle a su partager son vécu. Par exemple, elle explique qu’elle a eu du mal à s’intégrer dans son CFA.

Elle raconte également que certains clients ont eu des propos blessants comme un client qui ouvre la porte et dit : « Ils embauchent vraiment n’importe quoi ! ». Cela l’a déstabilisée mais elle a répondu qu’en effet les métiers se féminisent dans le bâtiment. Elle affirme ses objectifs professionnels car elle souhaite reprendre l’entreprise de son père. Son choix d’un métier manuel, dans un univers masculin, a renforcé son caractère et elle n’a plus de doutes.

Elargir ses choixEnsuite, on a fait les photos et Marie a bien joué le jeu. On lui a présenté nos schémas et nos slogans, et les photographes et les personnages se sont mis en action. Il y a eu une bonne cohésion, cela a été un bon mo-ment de partage. Enfin, on a réalisé toutes nos affiches et envoyé notre projet dans les délais impartis pour le concours. Ce travail a permis de développer des connaissances sur les métiers manuels et des progrès dans la manipu-lation des outils informatiques (logiciels de création d’affiche). Peu importe le métier, tous et toutes peuvent le faire. Les élèves ont fait preuve d’ouverture d’esprit et comprennent qu’il faut dépasser les appréhensions sur l’orientation. Par exemple, Simon a choisi une filière où il y a peu de garçons : ASSP (Accompagnement Soins Services à la Personne), malgré les réticences qu’il avait. La CAPEB a remercié chaque participant par un petit carnet avec une moustache « Conjuguez les métiers du bâtiment au féminin ».Tous les élèves engagés ont fait preuve d’organisation et de coopération. On a tous compris qu’il y a beau-coup de sexisme et qu’il faut refuser les stéréotypes et lutter contre ces clichés.

Pour en savoir plus http://www.capeb.fr/evenements/concours

Un Partenaire : «Elles bougent»L’association, partenaire de l’Education nationale, propose désormais de favoriser un « Premier stage collégiennes / lycéennes » dans les secteurs industriels et technologiques.

Créée en 2005, l’association « Elles bougent » a pour mission de faire découvrir aux jeunes filles les métiers d’ingénieures et de techniciennes dans tous les secteurs industriels ou technologiques en manque de talents féminins.

Les secteurs du transport, de l’énergie et du numérique emploient beaucoup d’ingénieurs et de techniciens. Pourtant les jeunes, et les jeunes filles en particulier, connaissent mal les métiers proposés par ces entreprises. Pour leur faire découvrir les nombreux débouchés de ces secteurs, l’association « Elles bougent » et ses par-tenaires ont créé la plateforme « Premier stage collégiennes / lycéennes » afin de faciliter l’obtention d’un stage en entreprise pour les jeunes filles en 3e au collège et en 2nde au lycée.

Cette plateforme web gratuite regroupe tout au long de l’année scolaire, dans chaque région, les offres et les propositions de stages. Elle permet ainsi aux jeunes filles d’ouvrir leurs horizons et de découvrir des univers de travail auxquels elles n’auraient pas accès, à moins d’avoir un proche travaillant dans ces secteurs. L’as-sociation met également à la disposition des futures stagiaires un carnet d’adresses bien fourni et un guide donnant quelques conseils pour mettre à profit leur stage. http://stages.ellesbougent.com/

Délégué régional de l’association : Jean-François Serlippens,professeur de Sciences Industrielles de l’Ingénieur au lycée Marie Curie de Nogent-sur-Oisehttp://www.ellesbougent.com/regions/picardie/

Pourquoi est-il important d’employer à la foisle genre grammatical fémininet le genre grammatical masculinpour parler des métiers aux enfants et adolescents ?

Rodrigue Ozenne - psychologue de l’éducation nationale - CIO de Compiègne

Les intérêts qu’une personne exprime pour une profession ne s’expliquent pas seulement par l’attrait qu’elle développe pour les activités qui s’y rapportent mais aussi par le fait que cette profession est préférentiel-lement associée à un sexe. A ce titre, le genre grammatical utilisé pour désigner une profession est une composante essentielle des représentations profes-sionnelles développées par les filles et les garçons.

Le masculin n’est pas neutreDans les langues où le genre constitue une catégo-rie grammaticale (comme le français, l’allemand ou l’espagnol), l’interprétation du nom d’une profes-sion est souvent ambiguë car il est habituel d’utiliser le masculin comme générique : à un même nom peut correspondre soit un homme, soit une femme. La recherche scientifique en psycholinguistique a démontré que le genre grammatical masculin utili-sé comme un générique pour désigner une profes-sion ne conduit pas à une représentation équilibrée mais à une représentation biaisée en faveurs des hommes ou des activités « réservées » aux hommes. Autrement dit, lorsqu’un nom de profession est ex-primé au masculin générique, une personne s’ima-gine plus volontiers un homme qu’une femme.L’usage de différentes formes linguistiques va donc influer sur les intérêts professionnels, moduler la va-leur qui va être attribuée à une profession. Ainsi, dans le monde du travail, une annonce d’emploi rédigée en utilisant le masculin générique dimi-nue l’intérêt que des femmes peuvent avoir pour l’emploi en question. La description d’un emploi qui combine des termes masculins et féminins est jugée plus motivante par des femmes que la même description formulée au masculin géné-rique. Enfin, une annonce d’emploi dans un do-maine d’activités majoritairement occupé par les hommes est perçue comme plus intéressante si elle comporte des termes féminins. L’usage du masculin générique dans ces annonces a donc une influence négative sur l’intérêt que les femmes manifestent pour ces emplois. Ici, les marqueurs du genre sont utilisés pour estimer le degré d’iden-tification, c’est-à-dire dans quelle mesure la per-sonne ressemble à celle supposée exercer l’emploi.

Focus

La réflexion sur l’importance d’une communi-cation équilibrée en matière d’orientation est bien présente chez les rédacteurs et rédac-trices de l’ONISEP, comme l’illustre cette copie d’une liste de métiers proposée par le moteur de recherche du site www.onisep.fr.

La force des stéréotypes Au quotidien, nous sommes confrontés à des sup-ports d’information (images, livres, films, émissions de télévision…) et à des situations sociales qui ins-crivent les hommes et les femmes dans rôles so-ciaux distincts ou leur assignent des professions typiques de leur sexe. A mesure des répétitions, en-fants et adolescents remarquent que les femmes seraient pressenties dans les domaines de l’assis-tance et de l’aide aux autres alors que les hommes seraient contraints à occuper des professions plus techniques ou des positions hautes dans les organi-sations… Cette lecture spontanée de la répartition des hommes et des femmes dans la société, de la ségrégation verticale et horizontale du monde du travail, est à l’origine de nombreux stéréotypes. Sur la base de quelques éléments d’information, notamment à la lecture du genre grammatical as-socié aux métiers, filles et garçons vont s’imaginer quel type de personne pourrait travailler dans tel type de profession, quel type d’activités serait ap-proprié pour chaque groupe social. Bien que ces filtres soient assez grossiers et imprécis, ils influencent durablement les choix d’orientation. Et cela ne s’ar-rête pas là, car filles et garçons associent égale-ment ces représentations stéréotypées à leurs senti-ments d’efficacité personnels. Ce processus a pour conséquence d’affaiblir la croyance qu’une per-sonne a en ses possibilités de réussite dans certaines activités professionnelles, d’amoindrir ses ambitions et l’étendue de ses choix professionnels.

Le masculin & le fémininDans la mesure où les représentations des profes-sions sont significativement influencées par les mar-queurs du genre grammatical, il serait prudent de proscrire l’usage du masculin générique pour parler métiers aux enfants et aux adolescents. Dans les travaux d’orientation, utiliser une communication équilibrée pour désigner les professions, à l’oral et à l’écrit (« un technicien ou une technicienne » par exemple), rendra explicite le fait que les hommes comme les femmes peuvent s’y engager et y réus-sir. Cette double référence viendra contrarier les stéréotypes de sexe qui cantonnent les filles comme les garçons à certaines professions ou à certaines activités. C’est un moyen simple à mettre en œuvre pour transformer au quotidien la perception de la dimension sexuée des professions et faire évoluer les représentations stéréotypées des professions.

Le site ONISEPAmiensLe dossier « L’égalité des filles et des gar-çons » propose des séquences pédago-giques autour des choix d’orientation.

http://www.onisep.fr/Pres-de-chez-vous/Hauts-de-France/Amiens/Equipes-educa-tives/Egalite-filles-garcons/L-egalite-entre-les-filles-et-les-garcons/Sequences-peda-gogiques-autour-des-choix-d-orientation

Contact : Marie-Hélène Minot,référente ONISEP égalité filles-garçons pour l’académie d’Amiens, [email protected]

Rédaction : Laurence Ducousso-Lacaze, chargée de mission égalité filles-garçons rectorat d’AmiensConception - Mise en page : Jérôme Debuigny, service communication du rectorat de l’académie d’Amiens

Cette rubrique propose des activités sur des thématiques liées à l’égalité filles-garçons. Elles ont été me-nées par des enseignants et enseignantes qui les présentent de façon synthétique afin qu’elles soient faci-lement transposables.

Prendre conscience des stéréotypes qui influencent l’orientationet argumenter

Sélectionner quatre ou cinq cas dans la fiche ONISEP « Argumenter ses choix professionnels » (choix pouvant être considérés comme « atypiques ») http://www.onisep.fr/Pres-de-chez-vous/Hauts-de-France/Amiens/Equipes-educatives/Egalite-filles-garcons/L-egalite-entre-les-filles-et-les-garcons/Sequences-pedagogiques-autour-des-choix-d-orientation

Constituer des groupes mixtes qui réfléchiront chacun à un cas à l’aide de deux questions : Que pensez-vous de la réaction de l’entourage de l’élève ? Quels arguments pourrait-elle ou il donner pour défendre son choix ?.

Projeter chacun des cas : le groupe concerné apporte ses réponses et le débat s’engage avec le reste de la classe. Cela permet ainsi de faire émerger les stéréotypes à l’œuvre.

Interroger les inégalités femmes-hommes et débattre

Commencer par un « remue-méninges » pour recenser les inégalités entre les hommes et les femmes afin de dégager les différents domaines dans lesquels elles se manifestent.

Constituer des groupes mixtes qui travailleront sur un domaine

Proposer la réalisation d’une affiche (à l’aide de Picktochart par exemple) comportant : une statis-tique sourcée, un exemple pris dans l’actualité ou la vie quotidienne, des pistes pour changer

Organiser un débat à partir des affiches.(Merci à Joris Badol, professeur d’histoire-géographie-EMC)

Décrypter les stéréotypes dans les médias à l’occasion deLa Semaine de la presse et des médias dans l’École® (du 19 au 24 mars 2018)

Proposer des couvertures de magazines dits « féminins » pour adultes et adolescentes

Organiser une récolte de données à partir des questions suivantes : Quels sont les titres de magazines qui sont proposés ? A quel public sont-ils destinés ? Comment le sait-on?

Analyser les données à partir des questions suivantes : Si on se réfère aux thèmes abordés dans ces magazines, qu’est-ce qui intéresse les femmes ? Selon ces magazines, à quoi doit ressembler une femme aujourd’hui ? (Ses goûts, son physique, ses activités...). Pensez-vous que les lectrices de ces magazines sont libres d’être elles-mêmes ou doivent-elles plutôt suivre une norme (si oui, laquelle) ?

Ce travail, s’il est associé à d’autres ateliers, peut permettre une discussion à visée philosophique au sujet du traitement de l’égalité des sexes au sein de notre société. (Merci à Aline Folgalvez, professeure de lettres)

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