Elève, jeune, à l’ère du numérique

Des espaces et des temps nouveaux ?Nouveaux besoins ?Bruno Devauchelle

8 étapes

• Contraindre la jeunesse• Le livre en question• De la bibliothèque au CCC• Audiovisuel, informatique, télématique• Penser l’éducation• Les TPMC, néo-nomadisme• Ré-inventer des lieux de savoirs• Apprendre : nouvelle contrainte ?

Préambule• La création de l’école voulait sortir le jeune de

l’influence néfaste de la famille et de l’esclavagisme, en l’amenant dans les lieux scolaires,

• Le numérique, libéral autant que libertaire, semble ouvrir de nouveaux horizons, au-delà des murs de l’école,

• L’injonction potentielle d’une société envahie par les moyens numérique contraint désormais à l’apprendre tout au long de la vie, à savoir gérer son temps

Une vidéo d’introduction

• Jocelyn Lachance– L’adolescence hypermoderne (PUL 2012)– Les temps « incertains »– La peur du vieillissement– La volonté d’autonomisation– « à l'adolescence, les actes de désynchronisation

se multiplient car ils témoignent de cette volonté de prendre une distance par rapport aux horaires des adultes, ce qui s'exprime autant à l'école qu'au sein de la famille »

CONTRAINDRE LA JEUNESSE

Instruire, éduquer

• Le projet d’instruire impose aux enfants de ne pas rester ignorant

• La massification a progressivement imposé un modèle industriel de scolarisation

• Les lieux et l’organisation du temps sont la base d’un modèle qui est basé sur le support écrit (manuel, tableau)

Contraindre d’apprendre

• Un cadre moral qui associe l’apprentissage scolaire au travail, participation de tous à la société,

• La construction de l’élitisme républicain au cœur d’un système qui instrumentalise la maîtrise de certaines compétences intellectuelles

• La disparition progressive du corps, de l’activité manuelle, au profit de l’abstraction

LE LIVRE EN QUESTION

Le livre, mémoire de stockage

• L’écriture, puis le livre, imposent des lieux de stockage, de conservation de la mémoire qui y est inscrite,

• L’industrialisation du livre a fait rêver :– Démocratiser l’accès aux savoirs– Normaliser les apprentissages scolaires– Diffuser les messages auprès de la population

Le livre, quelle fracture ?

• Le livre, l’écrit imprimé sont complétés par l’écriture manuscrite et l’invention de la grammaire pour organiser les apprentissages scolaires,

• Facteur discriminant, le rapport à l’écrit papier est devenu essentiel dans notre société,

• Loin d’être naturel, le livre reste un objet ambivalent car obligatoire mais peu accessible, (malgré les bibliothèques)

DE LA BIBLIOTHÈQUE AU CCC

Bibliothèque des professeurs ?

• La bibliothèque est, dans l’établissement, le prolongement de l’activité apprenante des enseignants à l’université

• Le livre est l’ancrage de la légitimité enseignante et la bibliothèque, l’espace de l’objet transactionnel avec les élèves

• Puis on passe du livre à la duplication… et photocopie

Vs CCC des élèves ?

• Le numérique décuple les possibilités de duplication, mais surtout de diffusion,

• Mettre les élèves au contact direct des documents sources : une utopie ?

• Hésitation originelle sur le lieu, son projet, son usage, et à cause du statut du livre ! Mais aussi frein lié au fonctionnement scolaire centré sur les cours et non sur les apprentissages

AUDIOVISUEL, INFORMATIQUE, TÉLÉMATIQUE

Des technologies inquiétantes

• Les trois piliers du numériques ont progressivement étendu leur pouvoir au cours du XXè siècle

• Porteuses de changements de mode de vie en société, elles accompagnent une évolution plus globale– Progrès technique et scientifique– Evolution de la société et des modes de vivre,

Déclin de l’écrit, du livre, du papier ?

• Basculement progressif d’objets symboliques réservés aux élites vers des objets ordinaires détenus par tous

• Et pourtant tous ces nouveaux terminaux offrent le même potentiel d’accès aux savoirs

• Le support matériel change de forme, tout en poursuivant l’idée démocratique utopique de l’écrit ancien.

Penser la globalité de l’établissement

• Un collège qui tente d’apporter des réponses, malgré l’organisation scolaire traditionnelle :– Des locaux, des projets, des acteurs– Un esprit de vivre ensemble

– VIDEO du collège de Chanteloup les Vignes

PENSER L’ÉDUCATION

Deux penseurs indiens à découvrir

• Shiyali Ramamrita Ranganathan– « Il définit lui-même sa technique d’enseignement

: « peu de conférences, un minimum de discours unilatéral, pas de dictées de notes, pas de gavage ». L’élève doit apprendre par auto-instruction, en communiquant et en discutant dans la classe ou dans des groupes. Il doit faire des « tutorial work » ou travail guidé. » (Madras 1916)

– http://www.cndp.fr/savoirscdi/societe-de-linformation/le-monde-du-livre-et-de-la-presse/histoire-du-livre-et-de-la-documentation/biographies/shiyali-ramamrita-ranganathan.html

Deux penseurs indiens à découvrir

• Sri Aurobindo • Il ne perçoit pas l’éducation intégrale comme la

juxtaposition de disciplines, ni même comme la juxtaposition de différentes facultés. Son idée est de favoriser le développement d’un certain nombre de facultés, de sujets d’étude et de combinaisons dans la quête de la connaissance, des pouvoirs, de l’harmonie et des compétences dans le travail.

• http://www.ibe.unesco.org/fileadmin/user_upload/archive/publications/ThinkersPdf/aurobinf.pdf

Sri Aurobindo suite

• L’enseignant n’est pas un donneur d’ordre ou un maître qui mène ses élèves à la baguette; il est un appui et un guide. Son devoir est de suggérer, et non d’imposer».

• Le deuxième principe est qu’«il faut s’adresser à l’esprit à mesure qu'il se développe». Il fait remarquer que l’idée qui consiste à couler l’esprit de l’enfant dans un moule prescrit par les parents ou l’enseignant relève d’une superstition barbare et ignorante.

LES TPMC, NÉO-NOMADISME

Vers le nomadisme connecté

• Les Terminaux Personnels Mobiles Connectés sont à la base de l’évolution actuelle.

• Ils s’inscrivent dans la suite du « lent » développement des technologies depuis le début du XXè siècle,

• On est parti de la diffusion :– de tous vers un (Massification)– On est passé par le un vers un (Individualisation)– On arrive au un vers tous (Collectifs)– On va au tous vers tous (Collaboratif)

Adapter le scolaire ?

• Le scolaire est basé sur le modèle de massification :– Des locaux adaptés

• Il envisage aujourd’hui l’individualisation– Des locaux inadaptés

• Il ira vers les espaces collaboratifs– Des locaux à inventer : désaffectation a priori

RÉ-INVENTER DES LIEUX DE SAVOIRS

La distribution des rôles

• Perte de repères de tous les territoires issus de la culture de l’écrit et du livre, (Stiegler, Chartier, Eco)

• Mise en lien des savoirs (Morin, Kahn) à l’opposé de la structuration disciplinaire,

• Construction des apprentissages (Bruner, Vigotsky, Barth) qui repose sur les principes d’élaboration par interactions et sur le respect du parcours de chacun au sein du collectif

Des lieux de savoirs ?

• Ouverture des espaces temps de l’apprendre– J’apprends dans le contexte qui me convient

• Développement du potentiel d’adaptation permanente– Je suis amené à évoluer selon les contextes

• Importance des formes d’accompagnement structurant– J’ai besoin d’étayer mon développement auprès

des autres

APPRENDRE : NOUVELLE CONTRAINTE ?

Former des autodidactes

• François Taddei propose que l’école forme des autodidactes !

• Un pari pour l’avenir

Nouvelles contraintes ?

• Désormais apparaît l’injonction à l’apprendre tout au long de la vie

• Les compétences clés qui émergent– Autodirection de l’apprentissage (Boutinet)– Autorégulation dans la progression (Cosnefroy)– Autodidaxie collaborative (Carré)– Métacognition (Barth, Pastré, Vergnaud)– Autoefficacité (Bandura)

Quelles exigences pour les jeunes

• Le travail d’apprenant devient de plus en plus exigeant– Sans limite dans le temps et dans l’espace– Nécessitant une forte maîtrise personnelle– Imposant des contextes humains structurants

• L’injonction à devenir soi– Pénalise les plus faible– Impose de repenser le monde scolaire

• Si l’on veut encore faire société

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