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Éléments de théologie politique dans le livre des psaumes

Éthique de l’Ancien Testament

J.-B. Kapinga Katshi

11.1 638079

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 130 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 11.1 ----------------------------------------------------------------------------

Éléments de théologie politique dans le livre des psaumes Éthique de l’Ancien Testament

J.-B. Kapinga Katshi

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Introduction

La théologie politique dans le livre des psaumes est définie par un certain nombre d’éléments caractéristiques de la prière d’Israël. Pour les citer, à titre indicatif, la justice, la paix et la solidarité. Ces éléments permettront non seulement de mieux cerner ce qu’est la théologie politique, son originalité et sa raison d’être dans le psautier, mais aussi de juger de l’intérêt que peut comporter une telle étude.

Dans le judaïsme ancien, l’engagement pour la justice, condition première de la paix et de la solidarité, était un critère indispensable pour juger de la validité du culte, de la bonne gouvernance et de la légitimité du pouvoir aussi bien politique que religieux. La passion d’Israël pour la justice était fondée sur son histoire avec le Dieu de l’Exode, présent dans la vie des opprimés, mais à la fois « juge et libérateur » (Psaume 94,2-23) ; un Dieu qui « aime le droit et la justice » (Psaume33, 5). Cette passion l’a

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conduit à cultiver le sens de la justice sociale dans les rapports interpersonnels :

« Tu n’opprimeras pas l’étranger […] car vous-mêmes avez été étrangers au pays d’Égypte » (Exode 23, 9) ; « Tu n’exploiteras pas ton prochain […] Le salaire de l’ouvrier ne demeurera pas avec toi jusqu’au lendemain matin »

(Lévitique19, 13).

Le thème de la justice sociale passe ainsi pour un fil rouge qui traverse l’ensemble des livres de l’Ancien Testament, en l’occurrence le livre des psaumes faisant l’objet de cette étude. Mais cependant, nous n’étudierons pas tout le psautier. Tout en suivant la numérotation hébraïque des psaumes, nous ferons un travail d’inventaire et de sélection, d’analyse et d’interprétation des passages où l’on parle de Dieu et les puissants de ce monde, la figure du roi ou du Messie, la justice, la paix et la solidarité.

Cette étude a pour but de rappeler aux tenants du pouvoir de ce monde leur noble mission en faveur de ceux dont ils ont la charge : rendre justice à tous ceux qui la revendiquent, surtout les plus faibles qui ne peuvent pas se défendre par eux-mêmes. La paix sociale en dépend : « La paix est le fruit de la justice, et la justice produit le repos et la sécurité pour toujours » (Isaïe32, 17). Mais l’injustice, source de désordre social,

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défigure en l’homme l’image de Dieu qu’il est lui-même, c’est-à-dire un être doué d’intelligence, de volonté et de liberté, de mémoire et d’imagination, de raison et de bon sens, d’attention et de maîtrise de soi, donc un être capable de connaître Dieu et de vivre avec les autres en bonne intelligence dans le monde et dans les sociétés.

Pour mener à bien notre démarche, nous diviserons cette étude en trois parties assorties d’une conclusion générale. La première traitera de la notion de théologie politique par une ébauche de définition. La deuxième partie passera en revue les différents aspects du sujet grâce à l’exploitation sélective des écrits bibliques. La troisième partie fera la lecture chrétienne du sujet pour plus d’actualité et de mise en œuvre.

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1ère partie

Notion de théologie politique

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Aborder ce point consiste non seulement à définir

la théologie politique et à montrer sa pertinence comme critère de lecture du livre des psaumes, mais aussi à établir le rapport entre la prière et l’engagement pour la justice dans le psautier.

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Essai de définition

Dans le cadre de cette étude, la théologie politique peut être définie comme une réflexion religieuse sur les exigences de la bonne gouvernance selon le cœur de Dieu, à savoir la justice, la solidarité et la paix. Certains auteurs l’identifient à l’objet de la théologie fondamentale, c’est-à-dire la Révélation divine qui a pour contenu la promesse de liberté, de paix, de justice, de pardon et de réconciliation. Il s’agit pour les bénéficiaires de cette promesse, de se situer, chacun pour son compte et pour celui des autres, par rapport à la façon dont le donné révélé est vécu dans le concret de la vie personnelle et communautaire, car la « Révélation n’est pas d’abord une doctrine, mais une promesse appelée à se vérifier dans sa réalisation dans l’avenir du monde, elle ouvre sans cesse sur l’avenir d’une nouvelle création, d’un nouvel Exode »1.

1 Ela, J.-M., Le cri de l’homme africain, Paris, éd. L’Harmattan, 1980, p.45.

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Les croyants sont ainsi appelés à témoigner constamment de leur foi en la Révélation divine, le but étant de rendre effectives les promesses de justice et de paix dans le monde et dans les sociétés. Sans l’engagement de la communauté croyante, le Règne de Dieu ne pourra pas advenir comme par enchantement. La foi en la Révélation divine ne peut se vivre que dans une « théologie dialectique », c’est-à-dire dans un « rapport de réciprocité » entre l’existence humaine et les commandements de Dieu, mais aussi entre « un passé qui n’est plus et un avenir qui n’est pas encore », entre un « indicatif » (annonce du salut) et un « impératif » (appel à la conversion). Voilà pourquoi la foi chrétienne n’est ni un « état » ni une « possession d’une qualité », elle est toujours un « mouvement »2, c’est-à-dire une expression au quotidien dans tout ce que les croyants entreprennent dans leur milieu de vie respectif.

D’autres critiques pensent plutôt que, la théologie politique est une « idéologie sacralisante d’une structuration politique de domination ou encore la politisation directe des représentations de la foi »3. De ce point de vue, la théologie politique consiste à conférer un caractère religieux au pouvoir politique et un caractère politique au pouvoir religieux. Elle se veut

2 Marlé, R., Bultmann et l’interprétation du Nouveau Testament, Paris, éd. Montaigne, 1966, pp.128-129. 3 Xhaufflaire, M., La théologie politique, Paris, éd. du Cerf, 1972, p.17.

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être le lieu par excellence de la coexistence du politique et du religieux, les deux faces d’une même médaille, c’est-à-dire l’homme au service duquel les deux pouvoirs doivent s’exercer pour plus de crédibilité, de justice et de paix. Autrement dit, une foi libératrice ne peut se vivre que dans un contexte politique de telle sorte que le lieu politique devienne également un lieu fertile dans lequel s’actualise cette force théologique4.

Mais la théologie politique ne plaide pas seulement pour la coexistence du politique et du religieux, elle consiste aussi et surtout à « porter un certain jugement théologique sur la cité et ses organisations, ses prérogatives et ses prétentions »5. Le jugement théologique a pour but de rappeler aux tenants du pouvoir de ce monde que, « nulle société humaine, nul État ne peut être considéré comme une fin en soi. Ils n’ont de sens qu’en tant qu’instrument de Dieu »6. Une telle assertion ne peut être comprise que par ceux qui ont conscience de la fragilité du pouvoir politique. Elle dénonce non seulement les ambitions démesurées de l’homme politique, enclin à observer l’immédiateté de la vie, ses intérêts égoïstes, son mépris de l’homme créé à l’image de Dieu, mais aussi son aveuglement quant à sa vie limitée par le temps qui passe aussi vite que l’éclair.

4 Aristide, J.-B., Théologie et politique, éd. Cidihca, Montréal, 1992, p.35. 5 Biot, F., Théologie du politique, Paris, éd. Universitaires, 1972, p.13. 6 Sfez, L., L’enfer et le paradis, critique de la théologie politique, Paris, éd. Gallimard, 1985, p.63