electrothérapie des nucalgies et des cervicalgies
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Ann. Kinésithér., 1984, t. 11, nO 3, pp. 89-93© Masson, Paris, 1984
,Electrothérapie des nucalgieset des cervicalgies
F. BERTHELIN (1), B. DECORY (2)(1) MG.MK. 187, Corniche Kennedy, F13007 Marseille, (2) MK., 111, Bd Chave, F13005 Marseille.
La réussite de la physiothérapie et del'électrothérapie des nucalgies et des cervicalgies est dépendante d'une parfaite compréhension des mécanismes qui les procurent.
Il est pour cette raison capital de reconnaîtreet de situer d'une façon précise les élémentsresponsables de la douleur, de préciser l'originede celle-ci pour traiter à la fois avec méthodeet en utilisant les agents les plus efficaces.
Mécanismes
La douleur peut trouver son origine dans lapeau, les téguments et la couche cellulograisseuse dont les pelotons adipeux peuvent êtreinfiltrés, sensibles. Cette couche sous-cutanéerenferme (fig. 1) postérieurement et en haut, lesdeux premiers nerfs cervicaux en relation avecl'artère vertébrale. Ils comprennent la branchepostérieure du premier nerf cervical ou nerfsous-occipital, et la branche postérieure dudeuxième nerf cervical ou grand nerf occipitald'Arnold .
A ces branches viennent s'ajouter les branches C3 qui donnent l'innervation sensitive autrapèze et au sterno-cléido-mastoïdien.
Compression ou irritation de ces racinesnerveuses peuvent provoquer des anesthésies,des hyperesthésies ou des hypoesthésies dans larégion du cuir chevelu. Ce réseau sensitif se
Tirés à part: F. BERTHELIN, à l'adresse ci-dessus.
ramifie en avant dans la région frontale supraorbitaire. Pour cette raison, une irritation desnerfs soit au niveau de leur racine, soit dans leurtraversée de plans musculaires contracturés(grands complexus, trapèze) peut provoquer desdouleurs frontales et périorbitaires.
Latéralement, postérieurement et plus basl'innervation sensitive des téguments de la nuqueet du cou sont sous la dépendance des branchescutanées ou superficielles issues du plexuscervical et, constituant le plexus cervical superficiel (fig. 2).
Ces branches sont au nombre de quatre : unebranche auriculaire, une branche mastoïdienne,une branche transverse, et u~e branche susclaviculaire.
On notera que ces différentes branches apparaissent en un point situé sur le bord postérieurdu muscle sterno-cléïdo-mastoïdien, environ àmi-distance entre l'insertion supérieure et laclavicule. Ce point est important à considérerlors des traitements analgésiques par stimulationélectrique transcutanée (SET). Les rétractions,la contracture du sterno-cleïdo-mastoïdien, del'angulaire ou des scalènes peuvent irriter ces
. différentes branches et être à l'origine dedouleurs pouvant se situer à la base latérale ducrâne, à la partie postérieure de l'oreille, dansles régions cl~viculaires acromiales ou sternales,dans la région du moignon de l'épaule, au-dessusde l'omoplate, ou enfin vers la mâchoire.
Dans l'aponévrose recouvrant le trapèze et quirejoint l'aponévrose superficielle du cou : cesaponévroses peuvent devenir rétractiles et tirer
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Disposition CI'erectrodes( exempl e)
FIO. 1. - Contenu de la couche sous-cutanée: veines et plexusnerveux superficiel,' en (1) la région rétromandibulaire, en (2)la région préclaviculaire. (Le pointillé indique la taille et leplacement des électrodes).
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d'une part sur les muscles qu'elles enveloppent,d'autre part sur le ligament cervical postérieurd'où elles se détachent et qui les divise. Celigament est très sensible. Les aponévroses, leursattaches musculaires sont responsables d'irritations des éléments nerveux sensitifs se situantdans les téguments.
Dans les couches sous aponévrotiques comprenant quatre plans musculaires: les muscles sontfréquemment le siège de contractures importantes et très douloureuses. Les contractures parsurcharges dynamiques sont vue chez les travailleurs de force et chez les sportifs; les contractures d'attitudes sont typiquement rencontréeschez les dactylographes; les contractures musculaires sont dues aux irritations (nerf de VonLuscka) suite à des atteintes dégénératives,discales. Enfin, il peut s'agir de contracturespost-traumatiques.
Le résultat de ces tensions musculaires entretenues est l'inflammation débouchant, sur unemyosite (1). La douleur, dans tous les cas estintimement liée aux conséquences ischémiques.
Quand à l'unité fonctionnelle mécaniquel'irritation et l'inflammation sont responsablesde douleurs pouvant trouver leur origine sur leligament commun vertébral postérieur, pourcertains innervé par de fines fibres nerveusesrécurrentes de Von Luscka (irritation pouvantêtre due à un annulus endommagé); sur lescapsules des apophyses articulaires, sur leligament interépineux, ou bien au niveau de ladure-mère richement innervée, liée aux nerfsvertébraux par un manchon.
Techniques
2"· Arnold
3 PREMIERS NERFS CERVICAUX
Br. Post.
DISPOSITION d'ELECTRODES
FIO. 2. - Placement des électrodes (1) et (2) pour traitement desnévralgies d'Arnold.
Les douleurs, l'inflammation, les contractures"rendent souvent difficile l'approche de techniques kinésithérapiques de la nuque et du cou.La physiothérapie et l'électrothérapie sont capables de réduire l'un, l'autre ou l'ensemble de cesphénomèpes. Le traitement médical est ainsirenforcé dans son action antalgique, antiinflammatoire, décontracturante. La thérapiemanuelle et la rééducation s'en trouvent plusrapidement abordées, facilitées, efficaces.
1. A LA PHASE AIGUË
Sur la douleur : dans le cas d'hyperalgie, lachaleur sous toutes ses formes est contreindiquée. Les courants antalgiques habituelsvont parfois à l'encontre du but recherché. Ainsiles résultats les plus constants sur une douleurintense, au cours des tout premiers soins sembleêtre apportés par l'action antalgique du courantcontinu, la seule galvanisation, 30 à 45 minutessouvent associé à la diélectrolyse de substancesanti-inflammatoires ou décontracturantes sontles moyens les plus sûrs, les moins sujettes à uneexacerbation douloureuse. Après deux ou troisjours de ce traitement, l'observation, la précisiondu diagnostic clinique perrp.ettrons la mise enplace du traitement définitif.
Sur l'inflammation : l'irritation qui la crééedoit s'apaiser. Là encore, savoir être progressif.Le même traitement que précédemment voitassocier au cours de la diélectrolyse, un antiinflammatoire et un enzyme de diffusion (lesmicro-œdèmes résultants de l'inflammation yseront sensibles). Dans le but de les réduire, ilest encore possible d'utiliser les ultra-sons avecun gel (percutalgine) dans lequel nous incorporons un enzyme de diffusion (alphamucase),nous appliquons l'ultrasonophorèse soit sur lesmuscles cervicaux, d'abord 2 à 3 minutes enémission continue (2 watts, 2 watts 5/cm2 demanière à provoquer une vaso-dilatation superficielle. Ensuite l'émission est pulsée, pouvantatteindre 15 minutes à 1 watts 5/cm2, évitantainsi la chaleur et une réaction douloureuse àune émission mécanique contraignante. Si laracine nerveuse est le siège d'inflammation ~td'œdème, les ultra-sons sont encore utilisables.Dans ce cas, l'insonnation se pratique sur lapartie latérale du cou, juste en avant desapophyses transverses correspondant à la racine,bien en arrière de l'artère carotide et de la veinejugulaire. L'orientation de l'émetteur est alorslégèrement antéro-postérieure.
Sur les contractures : les contractures et lesdouleurs qu'elles déterminent sont le résultatessentiel de l'ischémie. On utilise la diélectrolysed'un décontracturant de synthèse (flaxédyl2 ampoules de la solution injectable sur une électrode). Les ondes centimétriques, les ultra-sons
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en émission continue (2 watts, 2 112 watts cm2)
en application prolongée, 15 à 20 minutespermettrons quelque fois dès la fin de la premièreséance d'aborder la massothérapie et les mobilisations articulaires.
2. A LA PHASE RÉGRESSIVE
L'inflammation s'apaise, les contracturesmusculaires passent d'un état de tension globaleau stade de nodules isolés réductibles grâce auxtechniques de massothérapie.
La douleur est moins envahissante, moinsdiffuse. Des précisions peuvent alors été apportées par la palpation, par la description dumalade. Des territoires nerveux douloureuxpeuvent être repérés. La stimulation électriquetranscutanée devient alors possible et peutapporter une aide précieuse; elle n'est efficaceque si elle découle d'un diagnostic parfaitementposé.
L'électrothérapie des nucalgies, des cervicalgies latérales, ou des névralgies cervico-brachiales doit tenir compte de la topographie etde l'innervation différente de ces régions. Onadmettra alors que la forme du courant, sesparamètres électriques et la situation des électrodes soient aussi diverses que sont les sourceset les raisons de la douleur. L'application de laSET autopratiquée par le mal!lde' nous paraîtbien souvent insuffisante. L'utilisation à cet effetde petits stimulateurs ne nous semble valablequ'en application satellite et intercalaire à untraitement pratiqué par le thérapeute possédantun matériel plus performant dans la forme descourants d'impulsions et dans leurs fréquences.
3. EXEMPLES DE TRAITEMENT
Névralgie-cervico-brachiale. Un traitement. journalier, puis tri-hebdomadaire de fond avecagent thermique ou cyrothérapie en fonction del'inflammation ou de la contracture musculaire(radar et/ou .ultra-sons, ou cryothérapie). Diélectrolys~ de conception identique au traitementmédical assurée par un courant continu. Superposé à ce courant continu dès la régressionhyperalgique : un courant à l'état variable ouencore plus efficace, un courant d'impulsions à
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variations de signaux (fig. 3) que nous avonsexpérimenté. Il est formé de signaux différents,se succédant pendant des temps de passagesinconstants, avec des modulations d'amplitudeet de fréquence variables, tantôt alternatifs,tantôt de valeur positive puis négative.
La variation des paramètres électriques enrésultant nous paraissent éviter tout effet d'accommodation néfaste à la stimulation des fibresA de gros diamètre, et d'adaptation rapide.L'intensité donnée procure des paresthésies dansle territoire douloureux. La sensation tactileprocurée par les stimulations se voit maintenuepar le caractère substitutif et variable dessignaux.
La fréquence de ces cou~ants est variable de1 à 300 Hz. Des plages de fréquence peuventêtre sélectionnées de niveau élevé dans lesdouleurs anciennes, diffuses, tenaces, plus basseslors de névralgies récentes, très basses sur despoints gachettes ou réflexes.
Dans les névralgies cervico-brachiales, nousdisposons une électrode fixe, latérale au niveaudes racines et nous cherchons, à très faibleintensité en déplaçant l'électrode distale, desparasthésies dans le territoire douloureux. Nousimmobilisons l'électrode à l'obtention de cerésultat. L'électrode distale se situe donc variablement suivant le territoire douloureux. Lesfréquences utilisées débutent dans une plage sesituant entre 200 et 300 Hz, avec l'améliorationelles descendent entre 40 et 60 Hz (4). L'actionvise ainsi les fibres A de gros diamètre. Le
duree du signai 1 secondeEXEMPLE
courbe enveloppe 4 secondes
de forme polarisee
résultat est généralement d'action rapide, malSde durée limitée.
Le relais analgésique peut être recherché parstimulation de points gachettes (ou pointsd'acupuncture), telle point « Ho Ku » dansle premier espace intermétacarpien. La stimulation de ces points déterminerait plus spécifiquement l'action des systèmes inhibiteurs à enképhalines au niveau médullaire (2). La fréquenceest ici entre 3 et 5 Hz (3), l'intensité procure unelégère action excito-motrice ..
L'association simultanée des deux types destimulation précitée, portant à la fois sur lesfibres A de gros diamètre et sur les pointsgachettes nous paraît apporter des résultats plusrapides, plus stables dans la majeure partie d'unecinquantaine de cas traités. Notre comparaisonest faite avec plusieurs centaines de cas oùétaient utilisés des modifications d'amplitude etde fréquence mais conservant un signal identiquede l'impulsion.
Les douleurs plus profondes, hypéralgiques del'épaule, siégeant davantage dans les tendons,les muscles comme on peut en rencontrer danscertaines tumeurs paraissent mieux soulagéespar la diélectrolyse seule de chlorure de calcium(à visée sédative) au niveau du creux axillaire,l'autre électrode est placée au niveau du rachiscervical. La stimulation même à fréquence haute300 Hz étant parfois, lors d'intenses douleurs,mal tolérée. Au contraire .la stimulation àdistance de points gachettes, semble apporterdavantage de soulagement.
Idem deforme alternative
8 2 .'. _ . '4: 8. 2 secondes
modifications du temps et de la forme dela courbe enveloppe
COURANT A SUBSTITUTION DE SIGNAUXFIG. 3. - Les variations du signal antalgique.
Les névralgies occipitales et particulièrementles névralgies d'Arnold : elles relèvent au débutuniquement de la diélectrolyse de salycilate deNa au pôle (-), et de chlorure de magnésiumau pôle (+).La stimulation n'est entreprise qu'àla régression de la douleur. Nous l'avonspratiquée avec un battement de basse fréquence,Wobulant entre 25 et 60 Hz issu de courantsde moyenne fréquence de 2500 Hz à 2560 Hzavec des résultats rapides et à peu près constants.
Les cervico-nucalgies dues à l'anxiété : outrela douleur, elles perturbent le sommeil. Nousalternons diélectrolyse fronto-occipitale, dechlorure de magnésium au début. La stimulationest ensuite entreprise, elle est calquée sur lerythme alpha du cerveau sOit7 à 13 Hz. Associéau Biofeedback, elle apporte des résultatsintéressants.
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Conclusion
La physiothérapie est utile au traitementkinésithérapique par son action décontracturante, anti-inflammatoire et antalgique. Elleréduit le temps où ces phénomènes entravent larééducation.
Références
1. CAILLET.- Les névralgies cervico-brachiales. (Chapitre II),Masson. La douleur, 42e Congrès français de médecine, Liège1979. Proccaci P. et Maresca M.
2. Bossy J. - Bases neurobiologiques des réjlexothérapies. Paris,Masson, 1975.
3. BOUREAUF., WILLER J.-C., DEHEN H. - L'action del'acupuncture sur la douleur. Bases physiologiques. Nouv.Presse Méd., 1977, 21, 1871-1874.
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